JOURNAUX DE MARCHES - HISTORIQUES

Unité constituée le 16 janvier 1940 à Bourges, avec du personnel provenant du dépôt 511 et armée de chars B1 bis.
ENCADREMENT
1ère COMPAGNIE | 2e COMPAGNIE | 3e COMPAGNIE | COMPAGNIE D'ÉCHELON |
Capitaine AULOIS Lieutenant AUBERTIN Sous-Lieutenant RAYNAUD Lieutenant PANTOU Lieutenant DOMECQ Sous-Lieutenant STOLTS Lieutenant VALOIS Sous-Lieutenant ROHON Lieutenant RANDOUIN |
Lieutenant DUMONT Lieutenant MEILLHAN Sous-Lieutenant GODINAT Lieutenant JACQUELIN Sous-Lieutenant NAU Sous-Lieutenant GARNIER Lieutenant HAPPERT Sous-Lieutenant SARTON Sous-Lieutenant BARTHÉLEMY Lieutenant CARPENTIER |
Lieutenant CARAVEO Lieutenant REMOISSENET Sous-Lieutenant MAXENCE Lieutenant FORT Sous-Lieutenant KLEIN Sous-Lieutenant RONOU Lieutenant LAHAYE Sous-Lieutenant LESCLAUX Lieutenant FONT Sous-Lieutenant de GRASSET Adj.-Chef SIMON |
Capitaine BRUNO Lieutenant PRUGNIOT Lieutenant MILLET Lieutenant PICARD Lieutenant TOURNIER Lieutenant BREYNAT |
L'histoire du 49e Bataillon s'établit en trois périodes.
I. - 22 JANVIER - 12 MAI 1940
II. - 13 MAI 1940 - 8 JUIN 1940
13 MAI. - Le bataillon est alerté. Les détachements précurseurs partent immédiatement à destination de Le Chesne. Au soir, tous les éléments sur chenilles font mouvement par l'itinéraire Ferme Milan, Mazagran, Vouziers, Bois du Chesne.
A partir de Vouziers, le mouvement des colonnes est très ralenti par le reflux des réfugiés ainsi que des nombreux éléments en désordre de la 55e D.I.
14 MAI. - Au jour, le bataillon stationne dans les bois 2 km au sud de Le Chesne et à midi, le mouvement est repris par le Chesne, Les Grandes Armoises pour se porter dans la région sud de Stonne. Un bombardement aérien entre Le Chesne et la Cote 166 crée un embouteillage indescriptible au pont de Le Chesne.
Le bataillon reçoit mission de se porter vers Stonne et de se mettre à la disposition du 67e R.I. en vue d'interdire la pénétration d'engins blindés ennemis en direction des bois de Mont-Dieu, de l'étang Fourchu et du bois de Raucourt. En fin de journée, la situation est confuse, des coups de feu partent du village.
A 20h45, le bataillon est établi en stationnement gardé au sud de Stonne, lorsqu'il est avisé que l'ordre primitif est annulé. Le bataillon est mis à la disposition du 91e RI (sous-secteur ouest de la 3e DIM) dans les conditions suivantes :
Une Compagnie (1ère), doit se porter dans la région nord-est de la ferme de la Tuilerie (route Tanay-Chemery).
Une Compagnie (2e) vers le château du Mont-Dieu.
Une Compagnie (3e), vers la Grange au Mont.
P.C. B.C.C., Ferme de la Tuilerie avec P.C. 91e R.I.
Le bataillon reçoit le renfort de cinq chars du 45e BCC (trois de la 1ère et deux de la 2e).
15 MAI. - Au lever du jour, après avoir recomplété les pleins d'essence, les compagnies se portent aux emplacements prescrits ; la dispersion des unités et la diversité des missions qu'elles vont recevoir vont faire éclater le bataillon sur un front de 5 kilomètres.
3e Cie. - A 5h30, stationne sur la route de la Tuilerie, entre les cotes 182 et 187 avec neuf chars.
A 0h30, les Allemands viennent d'occuper le village de Stonne, la Compagnie reçoit l'ordre de dégager ce village pour permettre à l'infanterie de le reprendre.
A 7h30, la Compagnie part à l'attaque.
Axe d'attaque : les Grandes Armoises, Stonne.
Par la route de la Tuilerie-Stonne, la Compagnie démarre en colonne. A hauteur de la cote 299, elle se déploie, première et deuxième sections à gauche, troisième à droite de la route.
Jusqu'à 9h30, les chars attaquent Stonne, la troisième section nettoie le village par l'est. L'infanterie ennemie se replie très rapidement, abandonnant le village ; aucune arme antichars ne s'est signalée.
L'infanterie et les chars H ne suivent pas ; le Commandant de Compagnie va personnellement la chercher, mais elle ne quittera sa base de départ qu'à 10h30.
L'inoccupation du terrain durant une heure a laissé à l'ennemi le temps de s'infiltrer à droite et à gauche et de mettre en place des armes antichars défilées aux vues des chars.
Les chars repartent à l'attaque, mais les antichars ennemis prennent nos appareils à partie et à très courte distance. A gauche, trois chars sont touchés ; ils continuent cependant à tirer et détruisent des pièces adverses. A droite, la 3e section disparaît et ne rentrera pas. Vers 11 heures, l'infanterie précédée des chars légers rejoint. Quelques éléments d'infanterie pénètrent dans le village ; le reste s'installe en arrière des chars à 150 mètres des lisières sud de Stonne.
A 11h15, la Compagnie reçoit l'ordre de rallier, mais l'infanterie n'étant pas encore installée, le Commandant de Compagnie maintient ses sections dans les rangs des fantassins jusqu'à 12h30. La Compagnie se regroupe aux lisières du bois, 500 mètres sud-ouest de 299. A 13h30, elle reçoit l'ordre de se porter entre la cote 237 et la Barbière Château (route des Grandes Armoises - La Tuilerie) et d'y attendre de nouveaux ordres. Emplacement qu'elle atteint à 14h30.
Vers 15h45, nouvel ordre de rejoindre les lisières du bois du Gros Boul pour être en mesure d'intervenir en cas d'attaque ennemie. Enfin, à la nuit, il lui est prescrit de rassembler tous les chars entre la cote 187 et le château de la Barbière. A ce moment, elle ne dispose plus que de deux chars.
Le 67e RI lui demande de se porter aux lisières sud de Stonne. Dans leur progression, les chars ne rencontrent que quelques éléments légers d'infanterie qui sont rapidement neutralisés. Jusqu'à la tombée de la nuit, les chars restent en surveillance devant Stonne, puis vont se rallier au carrefour 182 (route Grandes Armoises - La Tuilerie).
1ère Compagnie. L'unité stationne à la lisière sud du bois de Mont Dieu et depuis 5 heures est placée en situation défensive au carrefour 165 (500 mètres sud-ouest de la Ferme de la Tuilerie), avec mission de s'opposer à tout débouché d'engins ennemis vers le sud de la route de Chemery-Tannay.
2e Cie. - Stationne au château de Mont Dieu sur la route cote 182. A 16h45, elle reçoit mission de participer avec la deuxième Compagnie à l'attaque de la Ligne 191 - bois de la Basse et de Rouvroy avec le 291e RI. Une Compagnie de chars légers doit également participer à l'opération. L'attaque doit recevoir la protection de sept groupes d'artillerie. Après plusieurs contre-ordres retardant le débouché, c'est à 17h10 que le Commandant de Bataillon est informé que l'heure est fixée à 17h30.
Le premier objectif est limité au triangle formé à l'ouest par la route Tannay-Chemery ; au nord et à l'est par la cote 191, le ruisseau de Terron, le Grand Etang, au sud par les lisières des bois de Mont Dieu, triangle à neutraliser jusqu'à 3h30.
Ligne à ne pas dépasser : chemin de terre 191-197 (bois de la Basse).
Deuxième objectif : A H+30, se porter en protection sur la crête est de la route La Raillerie-La Neuville, vers la cote 181.
Positions de départ.
1ère Compagnie, lisière nord du bois du Mont-Dieu entre 170 et la Raillière.
2e Cie : Lisière du bois du Mont-Dieu à l'est de la route Tannay-Chemery.
A 17h30, sans le soutien d'artillerie promis, les chars partent seuls. Un contre-ordre a été donné aux autres troupes, sauf aux chars.
Première Compagnie. - Les sections débouchent en colonne par l'itinéraire 233, le Vivier, 188, la Raillière, franchissent un fossé antichars à 400 mètres de la base de départ, puis se déploient. A ce moment, un violent feu anti-chars se déclanche provenant du secteur de droite et non repérable par nos appareils.
L'artillerie ennemie entre en action. A la crête sud de Chemery, trois canons antichars ouvrent le feu sur nos chars, et sont immédiatement pris à partie et détruits ainsi qu'un détachement de trois véhicules qui circule sur la route Artaise-Chemery. L'infanterie ne suit pas. Les chars se replient dans la région de la Maison Forestière.
Deux appareils restent dans les lignes, dont celui du Capitaine.
Deuxième Compagnie. A 17h15, en colonne, la Compagnie part de la cote 233 par l'itinéraire Château du Mont-Dieu, Carrefour 181 et 233 - piste de la Raillerie et route de Neuville.
Les chars se déploient, une section de B à droite et une de H à gauche.
A 17h30, la Section de B engage le combat à 800 mètres sur des chars et des canons antichars puis à 18h30 la Compagnie rallie la cote 181. Au cours de l'engagement, les feux d'artillerie ennemie ont été d'une extrême violence, en particulier sur les bois de la Basse et de Rouvray ainsi que sur les lisières sud d'Artaise. Des chars allemands sont apparus dans les bois de Rouvroy. Quant à la défense antichars, son activité prouve que les armes sont nombreuses et qu'elle possède de nombreux 47 abandonnés par nos troupes.
21 heures, la Compagnie se rallie. Trois chars sont perdus, trois sont détériorés par antichars. Quatre canons de 47 SA sont hors d'usage par suite de la mauvaise qualité des douilles (explosion dans l'arme des obus explosifs).
Les missions données aux chars ont toutes été remplies et ce dans un temps record. Mais le retard mis par notre infanterie à venir occuper la position a été mis à profit par l'ennemi pour amener des renforts par l'unique route dont il dispose (lacets de la route cote 273 - Stonne). De plus, l'occupation du terrain par l'adversaire était d'autant rendue plus facile que l'action de notre artillerie était presque inexistante.
24 MAI. - Au point du jour, les unités vont s'installer dans les bois du Mont des Grues (200 m sud de la cote 230, route Brieulles sur St-Pierremont).
Alerte à midi, pour participer à une attaque en direction de la route de Tannay, la Tuilerie, bois Pré Naudin et Bon temps. L'attaque est montée par un bataillon du 36e RI (à ce moment en marche sur le bois de Sy).
A 14 heures, la liaison est prise avec le Commandant du BI, qui ne possède aucun moyen de transport pour amener les munitions de ses armes lourdes.
Deux sections de la Compagnie Dumont appuient l'opération. Une couverture aérienne doit être assurée, de H-20 à H+1 heure ainsi que par un appui d'artillerie de H à H+1 heure, H=18 heures.
A 16 heures, l'ennemi s'est infiltré en direction de Tannay et l'infanterie ne peut occuper sa base de départ. Il est demandé aux chars de fournir deux sections pour assurer la protection de l'infanterie dans les bois de Bontemps et Pré Naudin et également de permettre au 16e BCP de reprendre Tannay, sans toutefois dépasser la route Tannay-Chemery.
La Compagnie Caraveo reçoit l'ordre de prolonger la Compagnie Dumont avec une section en direction de Tannay et de garder l'autre en protection.
Les sections Valois et Meilhau viennent prendre leur PD au bois de Sy, par l'itinéraire route de Sy, cote 229, Ferme Noclère et la piste.
A 16h40, elles se déploient entre la ferme Moulinet, Mont Idée au nord, corne sud Pré Naudin au sud.
L'ennemie déclenche de violents tirs d'artillerie occasionnant de grosses pertes à l'infanterie qui, malgré tout progresse à droite vers la ferme des Moulinets et à gauche par les bois nord, cote 276.
Dans le secteur de la Compagnie Dumont, à 17h15, l'infanterie n'est pas en place. Il est demandé à la division de retarder l'heure H, demande qui est refusée et, à 17h30, sans protection aérienne, sans appui ni contre-batterie d'artillerie, les chars partent. Seule une compagnie d'infanterie du 36e RI est en mesure d'attaquer.
L'ennemi déclenche de violents tirs de barrage.
Après une heure trente de neutralisation des chars, l'infanterie réussit à border la route de Tannay mais, sous la violence du barrage ennemi, ne peut s'y maintenir.
Aux environs de la Ferme Noclève, les chars sont pris à partie par des armes antichars avec une telle violence et par un si grand nombre de pièces que leur repérage est extrêmement difficile. Quelques pièces de 47 français sont cependant repérées sur la crête est de Tannay.
A 19h30, les chars rallient la Ferme Noclève, puis le bois de Sy et enfin, au cours de la nuit, le bois des Grues.
Sur les 14 chars, dix ont été engagés, trois tombés en panne sous le feu ennemi ont été sabordés par les équipages ; les sept autres sont avariés par des armes antichars et sont inutilisables.
25 MAI. - Le regroupement des appareils s'opère au bois du Grand Colas (2 km au sud-ouest de Boult-aux-Bois).
7 JUIN. - Reconnaissance Bois de Semide et de Bleimont. L'inspection générale des chars prescrit de reformer une seule unité avec les éléments disponibles des 41e et 49e B.C.C.
III. - 9 JUIN - 31 JUILLET 1940
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
48e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Le 48e BCC est créé le 16 novembre 1939 à partir du Centre Mobilisateur 508 de Luneville.
Cette nouvelle unité, équipée initialement de chars FT et H 39 perçoit le 19 mai 45 chars R 35 et R 40. Elle est rattachée administrativement au 535e Groupe de Bataillons de Chars de Combat et doit entrer dans la composition d'une Division Cuirassée.
Le 20 mai, après avoir perçu ses matériels à Satory, le 48e BCC ne peut rejoindre la 2e DCR où il est affecté, la division étant détruite à cette date.
Début juin le bataillon, en renfort de la 4e DCR, se déplace dans la région de Caumont au sud d’Abbeville.
Le 4 juin 1940, avec la 51e division écossaise et le 15e RIA, le 48e BCC est engagé à partir de Behen à une action visant à s’emparer Mont Caubert par le flanc ouest. Progressant sur un terrain dégagé à l’Est de Bienfay plusieurs engins sautent sur des mines. L’intervention de l’aviation ennemie oblige les chars à se replier. A 17 heures les chars aptes au combat se trouvent en ravitaillement à l’arrière du champ de bataille dans la région de Huppy.
Le bataillon très éprouvé passe aux ordres du général Delestrain et avec les quelques blindés qui lui reste continue à se battre et couvre le repli de la Xe armée sur la route de la Loire.
Le 15 juin 1940, les restes du bataillon sont à Oinville au nord d’Orléans.
C’est à Valencey, le 25 juin 1940, que ces éléments apprennent l’armistice.
Du "Char d'Assaut"
au képi rouge
1ère partie. 10 mai – 6 juin
Ce changement qui m'avait été annoncé le 22 février, à la suite d'un coup de téléphone reçu par le commandant de Cissey mettait fin à une période militaire de mon existence particulièrement heureuse qui m'avait apporté un dérivatif à des difficultés d'ordre personnel et m'avait de plus, donné des satisfactions d'ordre professionnel et fait trouver dans mon commandement des joies que je ne croyais pas que l'Armée put en donner encore.
Affecté au 511e Régiment de chars à Verdun le 14 décembre 1937, j’avais après quelques semaines de stage dans les unités dotées de différents matériels, 2C, R35, et B1, pris le 1er mai 1938 le commandement de la 4e Compagnie, ayant le matériel B1.
Je succédai au capitaine Ziégler, qui venait d'être reçu à l'Ecole de Guerre et me laissait après deux années de commandement une unité parfaitement tenue, pourvue de gradés excellents, tels l'adjudant Maricot, le sergent-chef Etourneau, le sergent-chef Dourdonaud, tous pilotes expérimentés ayant à leur actif les essais des prototypes de chars B1, le sergent-chef Douvarel, aussi bon spécialiste radio que les précédents étaient excellents pilotes, sans compter un lot de jeunes sous-officiers et gradés pleins d'ardeur et de dévouement, de foi et qui au cours des deux années où je les eus sous mes ordres, m'apportèrent tout leur concours et ne me causèrent jamais aucune difficulté méritant d'être retenue.
Ma mise au courant de ce métier très nouveau pour moi en raison d'un matériel qui m'était jusqu'ici totalement inconnu, m'avait été facilitée également par les chefs très bienveillants et en même temps pleins de foi et d'ardeur sous les ordres de qui je me trouvais appelé à servir.
Le colonel Bruneau, un des créateurs des chars B, technicien émérite, ne vivant que pour son idée qui était de réaliser l'"Arme blindée" qui devrait d'après lui être l'arme par excellence de la guerre future .
L'avenir devait malheureusement lui donner étrangement raison en dépit de l'opposition acharnée et serait-on tenté de dire, malveillante que ses idées trouvèrent auprès de nos grands chefs de l'époque. Tout au plus pourrait-on lui reprocher d'avoir eu en son matériel une confiance trop totale. Il était certes excellent et le meilleur des diverses armées étrangères, mais il était cependant raisonnable de ne pas croire à sa valeur exclusive.
Avec un tempérament et des modes d'expression très différents, on peut dire que l'un des rares parmi nos chefs qui avaient des vues exactes de l'avenir et sentaient que quelque chose dans nos méthodes et nos règlements devait être changé était le colonel De Gaulle commandant à l'époque le 507e Régiment de char de Metz.
Si son rôle depuis les tristes errements de juin est sujet à discussions, il n'en reste pas moins que si les idées du colonel Bruneau et les siennes avaient été au moins écoutées, quelque chose eut été changé dans la conduite de la guerre à venir, certaines erreurs grossières sûrement évitées et peut-être quelques revers évités.
Le commandant Cardin qui commandait le bataillon B, breveté à l'Etat-Major, chef des plus bienveillants et doué lui aussi d'un tempérament ardent, avait su par l'exemple et sa foi absolue en notre matériel, par la chaleur de sa parole, faire de tout son personnel un ensemble fanatique du char B, animé du désir d'en tirer le meilleur rendement, et de faire du bataillon - le 1er bataillon B de l'armée – une unité d'élite. Cela n'allait pas sans quelques frictions avec le 1er bataillon, le bataillon léger 35R du régiment, mais cela nous importait peu et chacun, du haut en bas de l'échelle s'attachait à la tâche avec une volonté ferme et un enthousiasme raisonné.
Le commandant de Cissey, avait remplacé en septembre 1938, le commandant Cardin à la tête du bataillon. Aussi calme que son prédécesseur était exubérant, il ne tarda pas cependant à s'attirer les sympathies unanimes du personnel.
Les états de service de 1914 à 1918, dans les chasseurs à pied où il avait été six fois blessé, sa bienveillance cachée sous une apparence de froideur, l'attachement qu'il montra dès le début pour notre matériel et son emploi eurent vite fait de lui conquérir tous les esprits et tous les cœurs et d'en faire le chef que tous suivraient aveuglément, la malheureuse affaire en Belgique l'a parfaitement démontré.
Servi par ces éléments favorables je ne pus que me mettre facilement et rapidement au courant.
S'il n'y jouait le fait que des officiers de réserve fanatiques eux aussi de ce matériel moderne venaient fréquemment faire des périodes volontaires – dont la carte de surclassement – n'était pas le but principal. L'un deux venait même depuis Perpignan. Il n'y aura rien d'étonnant à ce que lors de la mobilisation de 1938, puis celle de 1939, j'aie eu la possibilité et la satisfaction d'avoir sous mes ordres une unité parfaitement au point, qui lors de tous les exercices du temps de paix, puis de ceux de la période d'attente de la guerre, réussit toujours parfaitement tant au point de vue matériel chars qu'au point de vue des liaisons radio les manœuvres les plus longues et les plus délicates qui lui furent demandées, même par les temps les plus défavorables.
Si j'y ajoute la parfaite camaraderie qui s'était cimenté au cours de six mois de popote commune, le dévouement affectueux et entier des sous-officiers et des hommes, il sera facile de comprendre les sentiments qui m'agitaient le matin du 27 février 1940, lorsque je quittai Saint Soupplets, cantonnement de cette compagnie que j'avais commandé deux ans, et qui allait dans un temps indéterminé, voir le feu sans moi.
Lesquels reverrai-je de mes camarades, de mes gradés et de mes chasseurs ? Je partais avec la certitude qu'ils seraient à hauteur de toutes les tâches, mais ce dont je ne pouvais me douter c'est que cette force magnifique serait anéantie dès le début de l'offensive allemande en Belgique, et ce en une demi-journée.
J’abrégeai le plus possible mes adieux aux officiers de ma compagnie car mon émotion était intense et mon chagrin profond en les quittant tous. Je trouvai le commandant en plein exercice de transmission ; il le fit arrêter un quart d’heure pour me dire encore quelques mots mais de notre fait à tous les deux, les silences furent encore plus éloquents.
Enfin, je dis enfin, car tout cela était affreusement pénible, la voiture de Grandjean se mit en route et nous gagnâmes Paris où je m’arrêtai trois jours avec lui avant de continuer.
Ce séjour à Paris me permit de sortir un peu, de voir pas mal d’amis et d’atténuer un peu la tristesse que j’éprouvais.
Après trois jours passés à Paris, je repris toujours avec Grandjean la route d’Aubigny-sur-Nère. Ma grande joie de la journée fut de m’arrêter au passage à Argent-sur-Sauldre où je fus l’hôte à déjeuner et à dîner du capitaine Aulois, commandant la 1ère Compagnie du 49e Bataillon de chars B.
J’avais fait sa connaissance au 37e où il était venu en décembre faire un stage d’un mois. Nous y avions tous apprécié ses qualités d’allant et de bonne camaraderie.
Avocat au barreau de Paris, ancien député, âgé de 46 ans, ayant fait dans les chars plusieurs attaques de l’autre guerre, après avoir appartenu à l’infanterie dans les groupes francs, il était officier de la légion d’honneur et porteur d’une magnifique croix de guerre. Alors que son âge aurait pu lui permettre de faire une guerre confortable il avait tenu à reprendre le commandement d’une compagnie. Il devait être blessé grièvement, amputé d’un bras, lors des premières attaques de sa compagnie. Il perdra par la même occasion son pilote et ami le sergent-chef Chapuis tué dans son char. Il fut fait prisonnier. Sa popote où je retrouvai un certain nombre de camarades du 37e, mutés au 49e pour la mise sur pied de son bataillon, était installée dans une vaste maison d’Argent, et sous son impulsion digne des meilleures traditions d’ambiance et de camaraderie du 37e. Ce fut une joie pour moi comme une transition, comme un prolongement du 37e et j’y puisai le courage nécessaire pour entrer dans mon nouveau corps, afin d’essayer d’y faire mettre à l’honneur, les mêmes qualités qui avaient fait pour moi du 37e un souvenir inoubliable.
Au dîner du soir, je rencontrai le commandant Préclaire, commandant le 49e avec son adjoint, le capitaine Macé de Gastine, ancien camarade du 501e de Tours, que j’étais très heureux de retrouver pour quelques temps.
Après le dîner, nous passâmes une soirée assez bruyante et à minuit rentré à Aubigny. Je faisais mes adieux à Grandjean. Ce dernier adieu nous trouva fort émus l’un et l’autre en raison du mois de vie commune que nous venions de vivre et de l’amitié personnelle qui s’était tissée entre nous.
Dans l’après-midi, j’étais allé au dépôt n° 511 à Bourges, me présenter au commandant Giot, commandant du dépôt, auquel le 47e devait être administrativement rattaché. Je rencontrai à Bourges le capitaine Gougenheim, commandant le détachement précurseur du 47e à Aubigny.
Le 47e ne devrait pas arriver avant le milieu de la semaine suivante, le dépôt m’avait donné une permission.
Je pris donc dès le lendemain matin le chemin de Paris où j’allais attendre le moment de rejoindre.
Le mercredi 6 mars à midi je reprenais le train pour Gien ; là, la voiture d’Aulois était venue me chercher. Elle me ramena à Aubigny, où je n’avais plus qu’à attendre l’arrivée du commandant Petit, commandant le 47e.
Il arriva vers 16 heures. Je me présentai à lui. Le 47e commençait.
Période active au 47e
I. Alerte et préparation au départ
10 mai 1940
Le 10 mai, peu après 8 heures, heure de début du tir, le bruit commença à courir que les allemands avaient dans la nuit envahi la Hollande, la Belgique et le Luxembourg. Nous y fîmes d’abord peu attention, comme à tant de bruits qui courraient sans cesse sans être confirmés. Mais la rumeur se précisa, petit à petit et il ne nous fut bientôt plus possible d’en douter.
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Les chars du 46e au tir d’Ennordres |
Le Commandant Bescond |
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Pendant l’interruption du tir au déjeuner, l’appareil de radio du sous-lieutenant Roy, branché sur une de nos voitures de liaison nous tint au courant des évènements de la matinée, en particulier du bombardement d’un certain nombre de villes françaises. Puis on vint chercher le commandant, le ministère le demandant au téléphone. En remontant au tir il nous dit qu’il a reçu l’ordre de tenir le bataillon prêt à partir dans les moindres délais, en procédant par compagnies successives, celles-ci pouvant être amenées à être dirigées sur les armées séparément au fur et à mesure de leur mise sur pied.
Cette hâte qui traduit peut-être les premières inquiétudes du commandement, ne nous semble pas encore de mauvaise augure, tant notre foi en notre résistance est complète.
Qui de nous à ce moment-là se doute de la vitesse à laquelle marcheront les évènements dans les prochaines semaines.
J’avais ce jour là invité mon camarade Duchart qui commandait une compagnie de D.C.A. à Valbris à venir déjeuner avec nous et assister à nos tirs, afin de lui montrer les chars B qu’il ne connaissait pas. L’alerte donnée immédiatement à la D.C.A. l’empêche bien entendu de venir.
Le soir même je décommanderai le voyage que j’avais projeté à Paris et à Tours pour les jours de la Pentecôte.Le soir Suzanne Caron vint dîner avec moi et je la chargeai de m’excuser auprès des amis chez qui nous devions nous rendre.
(1ère Cie : 490 ARCOLE, 512 RIVOLI, 2e Cie : 426 VERCINGETORIX, 3e Cie : 410 DARDANELLES, 456 MARENGO, 457 LODI, 478 EYLAU, 479 ULM, 509 FRIEDLAND)
Le char CRECY-AU-MONT, perçu quelques jours plus tôt est reversé à Gien. A l’examen il s’est révélé en effet que son train de roulement était en piètre état. Le même fait a été constaté au 46e sur certains chars par le commandant Bescond et a fait l’objet d’un rapport dans chacun des deux bataillons.
Ces chars ont fait des essais à Satory devant la commission de réception.
Or par suite d’une scandaleuse négligence on ne s’est jamais préoccupé de les nettoyer et de les graisser, si bien qu’en très peu de temps les trains de roulement ont été secs et les axes se sont grippés.
Le résultat en est que des chars entièrement neufs doivent être reversés pour qu’on leur change le train de roulement et ceci au moment où les évènements exigent la mise sur pied des bataillons de chars dans les délais les plus rapides. La scandaleuse impéritie de certains services nous révolte, mais que dirions nous si nous devions dès maintenant imaginer les autres nombreux exemples bien plus ignobles encore qu’il nous sera donné de contempler dans les semaines qui vont suivre.
Vers midi, le bruit court qu’Avord a été bombardé le matin très violemment et a été détruit.
Cela me donne de grosses inquiétudes pour Chènevière, la propriété des Brusaut, située en limite du camp et où sont réfugiées Madame Brusaut, et ses trois enfants et sa sœur Zette Duchemin et ses deux filles.
Le soir vers 16 heures passe à Aubigny une jeune femme qui a fui Avord le matin, complètement affolée par le bombardement. Elle est encore en pyjama et confirme les dégâts dont on nous a parlé. Elle est passée à Savigny en Septaine, mais ne peut rien me dire au sujet de Chènevière.
Depuis hier soir, nous avons renforcé les mesures de défense passive à Aubigny. La ville est plongée dans l’obscurité la plus complète et le soir de nombreuses patrouilles commandées par des officiers, assurent la parfaite exécution de ces mesures.
A 15 heures, la subdivision de Bourges nous alerte ; des parachutistes seraient descendus dans différents points de la région et nous envoyons des reconnaissances dans tout le secteur Dampierre-en-Crol, Vailly-sur-Sauldre.
Je fais moi-même une tournée dans toute la région, mais nulle part personne n’a rien vu.
Dans l’après-midi j’ai pu faire téléphoner à Chènevière par mon camarade Sanglé-Ferrière, qui est à la subdivision. La maison et la famille sont saines et sauves, mais les bombes sont tombées à proximité. Jacqueline Brusaut est partie avec les enfants dans la propriété d’une amie, de l’autre côté de Bourges.
Le soir à 23 heures, alors que je viens de me mettre au lit, on m’alerte à nouveau. Cette fois, ce serait un avion qui, aux dires d’automobilistes de passage, se serait posé à la tombée de la nuit à proximité de la route d’Aubigny, la Chapelle d’Anguillon. J’organise une battue avec le concours des gendarmes, mais à deux heures du matin je rentre sans avoir rien trouvé.
Le Colonel De Gaulle qui vient de prendre le commandement de la 4e Division Cuirassée, annonce sa visite au bataillon pour le 17 mai.
Le lieutenant-colonel Sudre me dit que leur destination est Waterloo. Mais les évènements marchèrent plus vite qu’il n’était prévu, et comme je l’ai dit plus haut, que nous les retrouverons avec la douloureuse surprise de voir quatre jours plus tard le 46e déjà décimé et le commandant Bescond disparu.
Le même jour, nous recevons l’ordre de tenir deux compagnies immédiatement prêtes. La 3e, compagnie Ghislain a déjà tous ses chars. Pour compléter la 1ère, compagnie Dirand, on leur passe :
Le PETIT-VERLY de la C.E.
Le JEAN-BART, le JEMMAPES, le VERCINGETORIX de la 2e.
La 1ère va donc ainsi se trouver prête à embarquer dans les délais les plus courts, mais avec une instruction des plus rudimentaires. En particulier, à aucune des compagnies, les radios n’ont travaillé en char, pour la bonne raison que les postes de T.S.F. n’ont pas encore été montés. Beaucoup de pilotes n’ont pas encore conduit sur route et aucun n’a roulé de nuit.
Depuis deux jours déjà, la lamentable exode des réfugiés a commencé.
A midi je vois arriver à Aubigny mes amis Le Conte de Châlons-sur-Marne, qui ont quitté leur maison après les premiers bombardements. Il y a là Yvonne Le Conte, sa sœur Mme d’Evry avec ses deux enfants, et un de leurs frères. M. et Mme Le Conte avec leur autre fille Nick, sont restés dans leur propriété près d’Epernay. Elles nous disent que l’on met en hâte la région de Chalons en état de défense. Tous les canons disponibles ont été placés sur la Vesle. Malgré ce mauvais son de cloche, je ne me résigne pas encore à croire la partie si compromise. Je pense que certes nous avons été surpris !! et avons essuyé un gros revers du fait de la violence et de la rapidité de l’offensive allemande, mais que sous peu nous aurons endigué le flot et rétabli la situation. Quelle erreur !
Un des radios de l’E.M. du bataillon, le chasseur Raeder, employé des Postes, originaire de Strasbourg, qui avait tenu en public des propos hitlériens et violemment anti français, est incarcéré à la prison de Bourges.
Je lui fais en conséquence verser ses deux derniers chars, l’un le CONDE (423) à l’état-major du bataillon pour en faire le char de commandement, l’autre le MALMAISON (380), à la compagnie d’échelon où il entrera dans la composition de la section de remplacement avec le TOURVILLE (436) qui y figurait déjà. Le MALMAISON sera le char du lieutenant Oger, chef de section, le sous-lieutenant Bizet, chef du 3e char n’ayant pas d’appareil.
Entre temps, un détachement commandé par le lieutenant Charreyron part pour Versailles percevoir un complément de matériel auto, destiné paraît-il à remplacer le matériel tout-terrains qui ne peut nous être donné.
Il ramène quelques camions et huit voitures de liaison 202 Peugeot. Je me demande en quoi ce matériel est dans l’esprit de nos patrons susceptible de parer au manque de voitures six roues. C’est un complément de matériel appréciable parce qu’il nous permet d’emporter plus de bagages et d’augmenter les facilités de liaison, mais c’est tout !
Le manque d’engins de dépannage, tracteurs de dépannage Somua, est particulièrement regrettable. Nous ne tarderons pas, dès les premiers déplacements dans la zone des armées, à nous rendre compte à quel point.
De plus, Charreyron a également ramené des camionnettes aménagées en cuisines, à défaut de cuisines roulantes tractées que nous réclamons depuis le début et parce que paraît-il « il n’y en a plus ».
La compagnie Marcille est renforcée par un élément atelier prélevé sur la compagnie d’échelon et mis sous les ordres de Charreyron. Le capitaine Gimé, commandant la C.E., pensant que cet élément est destiné à aider la mise sur pied de la compagnie Marcille à Satory et qu’il le récupérera ensuite, lui a honnêtement donné ses meilleurs ouvriers. Comme nous ne les reverrons jamais, c’est donc amputée du meilleur de son personnel que la compagnie d’échelon va se mettre en campagne.
Ceci, qui nous gênera considérablement au début, deviendra malheureusement moins grave par la suite en raison du rythme accéléré des déplacements qui finiront par empêcher à peu près tout travail des ateliers.
Le soir j’ai pu aller, accompagné par l’Aspirant De Thoisy, à Chènevière faire mes adieux à Zette Duchemin et à ses parents qui préparent leur départ.
Ayant fait la route en auto avec sa compagnie, il est allé se présenter en arrivant au dépôt 503 où on l’a d’abord accueilli avec de grands yeux étonnés puis après quelques recherches on lui a dit qu’il était complètement détaché du 47e et destiné , aussitôt son matériel perçu, à former la compagnie autonome de chars n° 349.
On lui a donné comme cantonnement des fermes dans la région de Satory, et aussitôt sa compagnie installée tant bien que mal, il a repris avec sa voiture la route d’Aubigny pour nous mettre au courant et demander au commandant d’intervenir pour que le 47e récupère sa compagnie. Nous allons ensemble réveiller le commandant avec qui nous parlons jusqu’à quatre heures du matin, puis ayant tant que nous avons pu réconforté Marcille, il repart pour Satory.
Dès le matin, le commandant téléphone au ministère. On lui répond qu’il n’y a rien a faire, que ce sont des ordres supérieurs mais qu’il y a toutes chance que dans quelques jours, une fois aux armées, nous puissions regrouper le bataillon.
Autant d’eau bénite de cour ! Jamais la 2e Cie ne nous retrouvera. Elle sera accaparée par la 2e Division Cuirassée et sera même engagée avant nous. A chaque occasion qui se présentera nous demanderons à ce que la 2e revienne parmi nous. Ce sera en pure perte et le bataillon sera engagé quelques jours plus tard avec seulement deux compagnies.
424 RICHELIEU |
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18 mai La Compagnie Ghislain quitte Aubigny 479 ULM |
A dix heures du matin, la compagnie Ghislain, prête au départ, quitte son cantonnement du terrain de manœuvre pour aller s’embarquer à la gare de Gien. Elle traverse Aubigny, dans un ordre parfait, les mitrailleuses de D.C.A. montées sur les tourelles des chars, au milieu de la population.
Le défilé de cette compagnie, alors que tous les esprits sont tendus à l’extrême par les mauvaises nouvelles de ces derniers jours se fait au milieu d’une très grosse émotion, non seulement des civils, mais de nous-mêmes qui voyons ainsi partir malgré leur entraînement insuffisant et l’instruction rudimentaire de beaucoup de personnel, les premiers éléments que depuis deux mois et demi, nous nous sommes efforcés de préparer de notre mieux pour la rude tache qui les attend.
L’impression profonde que produit toujours à tous de la puissance du matériel, un défilé de B à travers une ville est cette fois considérablement accrue et transformée.
Je passe ma journée à m’occuper de toutes les questions que pose le départ du reste du bataillon prévu pour demain et à 4 heures, je prends avec Suzanne Caron, la route de Gien pour aller dire au revoir à la compagnie Ghislain et voir l’embarquement du 1er train de la Cie d’échelon.
Après avoir dépassé Argent, je m’arrête auprès d’un char que l’on est en train de réparer sur le bord de la route. Je trouve là, un sous-lieutenant du 28e bataillon, de la Compagnie Bruneau qui est avec son pilote, deux autres gradés et une camionnette. Il nous dit qu’il arrive de Belgique et que son bataillon après avoir perdu tous ses chars dans un engagement contre une « Panzerdivision » est complètement dispersé. Lui-même avec sa camionnette a reçu l’ordre de rejoindre le dépôt de Bourges pour s’y regrouper.
Cette terrible catastrophe eut pour ceux d’entre nous qui l’écoutent, en même temps qu’une surprise totale, un véritable écroulement. Nous envisagions toujours en effet que nos appareils ne pourraient faire autrement que de se mesurer victorieusement avec les chars allemands, même les plus puissants. Aussi ai-je du mal à y croire et à le réaliser. Nous saurons plus tard, que nous ne nous trompions qu’à moitié. Les B ont en effet nettement affirmé leur supériorité, mais engagés dans des conditions déplorables, presque à bout d’essence, et à un contre dix, ils n’ont pu, après avoir fait un magnifique travail, que s’incliner devant la triste fatalité.
Une pensée va aussitôt vers mon cher 37e et je demande à ____ s’il sait quelque chose de lui. Mais il n’a aucun renseignement et mon angoisse est grande au sujet de ces chers camarades et de l’incomparable ami qu’a été pour moi le commandant de Cissey.
Je rentre dîner à la popote d’Aubigny avec Suzanne Caron, puis après le dîner repars à Gien voir embarquer le train du Capitaine Citroën. Mais le train qu’on lui amène est formé de wagons qui ne peuvent porter ses lourds camions. Il faut donc demander un nouveau train. Je couche au Terminus de Gien et ce n’est qu’à midi le lendemain que Citroën pourra enfin embarquer et partir.
Je dois les prendre pour le bataillon et les emmener avec nous. Comme tous nos trains sont calculés au plus juste, je n’ai pas la place et après avoir passé la majeure partie de la journée à téléphoner dans toutes les directions : ministère, gare de Gien, Service des chemins de fer à la gare d’Austerlitz, entrepôt de Gien, par obtenir que les tracteurs ne seront pas débarqués du train qui les a amenés à Gien et qu’un train spécial, sous les ordres du Sous-lieutenant Bizet de la compagnie d’échelon, sera intercalé entre deux de nos trains normaux pour nous amener ces tracteurs de ravitaillement dans la gare de débarquement.
Entre temps, un camarade revenu de Bourges me dit qu’il a vu au dépôt les adjudant-chefs Pinault et Perrot du 37e qui a rejoint le dépôt, ayant perdu la bataille de Belgique. Ils ne savent rien de précis sur le 37e, mais tout laisse supposer que là aussi il y a eu un coup dur. Quand saurais-je quelque chose, mais tout cela n’est pas réconfortant au jour de notre départ.
A 19 heures part le train de la Compagnie Dirand qui emmène le Commandant et une partie de l’état-major du bataillon dont le médecin, le lieutenant Drapied adjoint technique. Grenelin, l’officier de renseignement est parti avec le 1er train, celui de Ghislain.
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19 mai Départ de Gien du train de la Cie Dirand |
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Je dîne à l’hôtel Beau-Rivage à Gien. Pendant le dîner la T.S.F. nous apprend la prise du commandement en chef par le général Weygand.
Les nouvelles disent qu’après un gros effort, les divisions blindées allemandes « devraient » en raison des nécessités du ravitaillement et des réparations, marquer un temps d’arrêt. Mais il y a peu de réconfortantes dans tout cela. L’ambiance est angoissante.
A vingt deux heures commence l’embarquement de mon train qui comporte 4 chars et le reste des véhicules de la compagnie d’échelon sous les ordres capitaine Gimé.
L’embarquement se passe bien, quoique un peu long et à cinq heures du matin nous prenons à notre tour la direction de la zone des armées.
L’aventure commence. Malgré l’angoisse des jours que nous venons de vivre nous sommes cependant pleins d’espoir encore et nous ne doutons pas qu’elle sera aussi brève et se terminera pour la France de si catastrophique manière.
A partir de la région de Dammartin en Gaël nos hommes commencent a être attirés par les premiers spectacles de guerre qu’ils voient, trous de bombes, quelques maisons détruites, des lignes télégraphiques arrachées.
Nous arrivons vers 18 heures en gare d’Ormoy, entre Nanteuil le Haudon et Crépy en Valois. L’arrêt se prolonge près de deux heures. A 19 heures, tous nos hommes sont en train de regarder un vol de 14 avions tous blancs dans le ciel, se demandant à quelle nationalité ils appartiennent, lorsque retentit le bruit de plusieurs chapelets de bombes. Ce sont les mêmes avions, des allemands, qui viennent de déverser leur chargement sur la gare de Crépy en Valois, juste devant nous. Immédiatement un énorme nuage de fumée s’élève, matérialisant les points de chute à nos regards.
Quelques instants après passe un groupe d’avions de chasse français, mais nous ne saurons jamais s’ils ont retrouvé les bombardiers allemands.
Nous restons encore un bon moment en gare et vers 20 heures, alors que nous nous attendons à repartir, le commissaire de réseau vient me trouver et me dit : « Les voies sont entièrement coupées au devant de nous par les bombardements aériens. Je ne peux assurer votre mise en route avant demain matin. A ce moment là vous risquez de nouveaux bombardements qui peuvent être très meurtriers si vous êtes encore sur wagon. Je vais donc dans votre propre intérêt et dans celui de vos chars vous débarquer ici. Il sera prudent de gagner votre destination sur chenilles ».
Cela me laisse perplexe car j’ignore ma destination définitive. Mais il revient quelques instants après et me transmet un message téléphoné au régulateur général me disant : Le colonel De Gaulle, Commandant la 4e division cuirassée vous donne ordre de rejoindre au plus tôt et par la route la Forêt de Dôle, au S.O. de Fismes.
Cela représente une étape de nuit de 60 km, en pays inconnu et comme je l’ai dit plus haut, à part l’adjudant-chef Barthélemy, pilote du CONDE, avec des pilotes non confirmés, n’ayant jamais roulé en B de nuit. Je suis inquiet de la façon dont cela se passera, mais c’est un ordre et il n’y a qu’à l’exécuter. Je serai heureusement servi par un beau clair de lune.
On commence donc le débarquement mais pour mettre à quai, une erreur d’aiguillage détruit l’aiguille et empêche l’accès du quai sauf aux quatre premiers wagons qui portent les chars. Je débarque ceux-ci et d’accord avec le commissaire de gare on me refoule l’échelon sur roues sur la gare de Nanteuil le Haudoire où Gimet le débarquera. Je reste avec les chars et fixe pour tous un point initial, à Vaumoise, au carrefour des routes Crépy en Valois – Villers Cotterêts de façon à garder la liaison avec mes deux éléments et à laisser partir les chars avant la C.E. pour que celle-ci les recueille en cas d’incidents.
La C.E. qui à Nanteuil a des difficultés de débarquement est lente à venir au rendez-vous. Arrivé à Vaumoise avec les chars je les fais filer devant puis laisse sur place un gradé chargé de dire à Gimet que je suis déjà parti et qu’il n’a qu’à suivre.
J’avais traversé Crépy en Valois où plusieurs maisons brûlaient encore suite au bombardement que nous avions vu à dix-neuf heures. Je traverse également Villers Cotterêts, très abîmé par endroits.
A l’entrée de la Forêt de Villers Cotterêts, ma voiture dans l’obscurité totale causée par les grands arbres, s’engage dans un trou. C’est une bombe qui a éclaté là juste au bord du chemin. La route est très étroite et la conduite difficile parce qu’on y croise quantité de voitures de réfugiés et ce sans aucune lumière dans l’obscurité profonde. Je me demande quels dégâts mes chars auront causé dans tout cela, mais en les rattrapant un peu plus loin, j’ai la bonne surprise de constater que tout marche bien ; le moral des pilotes et de tous est parfait. Malgré l’effort fourni le jour arrive alors que nous sommes encore loin de notre destination. Aussi je fais forcer l’allure pour tacher d’arriver le plus tôt possible dans notre forêt.

Itinéraire du débarquement à Nanteuil le Haubois à Rollot (Montdidier).
Devant l’impossibilité d’emprunter cet itinéraire je retourne rapidement sur ma colonne et prescris aux chars et aux véhicules de se détourner par Villers Halloy et Blanzy.
Par cet itinéraire, on suit pendant quelques kilomètres une longue croupe entièrement dénudée et maintenant qu’il fait grand jour, n’étant pas rassuré au point de vue aérien, je fais forcer l’allure au maximum. Enfin on retrouve la vallée et laissant ma colonne je pars en avant reconnaître la forêt de Dôle et voir qui s’y trouve.
J’arrive enfin vers cinq heures du matin à Mareuil en bordure de la forêt. Là je vois bien des traces de chenilles, mais pas de chars B et pas trace de personnel des chars. Je continue donc jusque dans la forêt. Je l’explore dans toutes les directions mais bien qu’elle soit garnie de monde je ne trouve personne de chez nous.
Je rencontre seulement des éléments arrière du bataillon 19, chars D2 du commandant Ayme. Il ne peuvent me donner l’emplacement exact du P.C. de celui-ci.
Je commence à me demander si je retrouverai les miens lorsqu’un officier peut enfin m’indiquer le P.C. du colonel De Gaulle.
Je repars au devant de Gimet, lui donne un emplacement approximatif dans la forêt, lui laisse le commandement du détachement et pars prendre liaison à la 4e Division.
Je traverse en auto Fismes, complètement évacuée, et sérieusement bombardée et prend la route de Chavigny.
En traversant le village de Crugny (6 km S.E. de Fismes) je vois des chars B. Je m’arrête et apprends à ce moment là de la bouche du lieutenant Bibes qu’il est là avec les 15 chars restants du 46e. C’est lui qui m’apprend la disparition de Bescond. C’est pour moi une véritable et douloureuse surprise.
Bibes me dit en outre que le P.C. de la demi- brigade est dans le village. Je m’y rends et trouve le lieutenant-colonel Sudre qui me mit au courant des opérations faites par la division les jours précédents. Elle a été engagée dans la région de Laon, a connu des combats très durs mais on peut dire qu’au prix de ses pertes elle a arrêté la ruée allemande sur Soissons. Elle est provisoirement retirée du combat en attendant de nouvelles opérations.
Le lieutenant-colonel Sudre me dit avant toutes choses d’aller me présenter au colonel De Gaulle, puis de tacher de retrouver les autres éléments du bataillon qui comme nous ont du être débarqués à l’improviste en différents endroits dont aucun de nous deux n’a idée.
Je repars pour Savigny à 3 km de là, P.C. de la 4e D.C.R. Je me présente en l’absence du colonel De Gaulle à son chef d’état-major lieutenant-colonel Rime-Bruneau et au chef du 3e bureau, le commandant Faivre dans le bureau de qui je trouve mon camarade du P01, le capitaine Vigret, attaché au 3e bureau.
Là j’apprends que Ghislain vient d’envoyer un message disant qu’il avait débarqué à Mont Notre Dame et qu’il se dirige vers Fismes au plus tôt avec sa compagnie.
Du train du commandant et du capitaine Dirant on ne sait rien.
Le Cdt Faivre me fixe pour le 47e le stationnement d’Arcis le Ponsard.
Je fais la reconnaissance des lieux et en revenant à la Forêt de Dôle je rencontre le capitaine Citroën. Son train a été débarqué à « ? » et il est actuellement avec son détachement à l’est de Fismes au village de Courlandon.
Je lui donne l’ordre de rejoindre le plus tôt possible Arcis le Ponsard, puis je retourne à Mareuil où je retrouve Gimet. Je laisse reposer le personnel qui a marché toute la nuit, une partie de la journée et à 16 heures j’emmène tout le monde à Arcis le Ponsard.
Sur ces entrefaites, le colonel Petit est arrivé en voiture. Son train a débarqué à Longpont et la compagnie Dirand est actuellement stationnée au Nord-Est de la forêt de Villers-Cotterêts où elle reste jusqu’à nouvel ordre.
Ghislain est arrivé non loin de nous et sa compagnie stationne à quelques kilomètres d’Arcis le Ponsard, près de Draregny.
A 18 heures, pensant que nos derniers éléments arrivent vers Arcis le Ponsard, où les derniers des chars de mon train arrivent vers 21 heures, se tient au P.C. de la Division une réunion de tous les chefs de corps. Les ordres suivants en ressortent :
La Division Cuirassée fera mouvement vers l’Ouest demain matin, pour se rendre dans la forêt de Compiègne. Tout le chemin que nous avons fait aujourd’hui et la nuit dernière est donc à refaire en sens inverse demain !
De plus cette étape de 80 km en plein jour, toute la division cuirassée en ruban sur la même route nous cause les plus grandes inquiétudes sur les réactions de l’aviation allemande. Nous pensons que si les allemands veulent s’en donner la peine, cela tournera pour nous au désastre. Mais ce sont les ordres !
La soirée se passe pour nous à donner des ordres pour le mouvement du lendemain ce qui n’est pas facile après la dispersion du bataillon telle qu’elle a été réalisée aujourd’hui. Il nous faut en particulier envoyer des liaisons de nuit, en pays inconnu et par l’obscurité totale au capitaine Dirand pour lui dire de rester sur place et d’attendre que nous le prenions demain au passage.
L’itinéraire prévu pour demain repasse par Mareuil, Longpont, la Forêt de Villers-Cotterêts, évitant cette ville en la laissant à gauche, Pierrefonds et le chemin forestier à la Croix-St Ouen sur lequel toute la Division doit stationner en colonne, les éléments de combat des différents corps en tête, les éléments arrière groupés derrière eux. Où sont les grands principes appris en temps de paix ?
Une partie de la nuit se passe à donner les ordres et nous sommes de nouveau debout de bonne heure pour les derniers préparatifs.
Le char MALMAISON (380), du lieutenant Oger a coulé une bielle près de Mareuil. Le lieutenant-colonel Sudre me donne pour lui un tracteur du 46e qui l’amènera dans la forêt de Compiègne. Enfin j’arrive à Arcis le Ponsard ; à peine ai-je donné mes instructions à Gimé qu’un motocycliste arrive me disant que le bataillon est enlevé à la 4e Division et mis à la disposition du général Frère.
L’ordre écrit est le suivant :
Forêt de Longpont. 13 h
1° Le bataillon est mis à la disposition d’une Armée.
Point de 1ère destination : Senlis.
Itinéraire : Villers-Cotterêts, Crépy en Valois, Senlis.
2° Exécution du mouvement, mêmes prescriptions générales que le matin.
Départ : dans le même ordre.
3° Le chef de bataillon se rend à Senlis prendre liaison avec le Q.G. de l’armée pour essayer d’avoir un point de 2e destination dans les forêts avoisinant Senlis. Le capitaine Laude prendra dès que possible le commandement du bataillon.
4° La C.E. et les éléments restés en arrière sous les ordres du capitaine Gimé se porteront également dès que possible sur Senlis.
Point de 1ère destination : Barbey
5° Prévenir le lieutenant Drapied des dispositions nouvelles en vue notamment de faire rejoindre les éléments en panne au bataillon.
Tous les éléments qui sont actuellement avec le capitaine Dirand partent avec lui.
Il est bien entendu que le départ de la C.E. est immédiat.
Je rencontre près de Mareuil le lieutenant-colonel Sudre à qui je rends compte de l’ordre ci-dessus qu’il ignore encore. Il me conseille de passer par Pierrefonds pour en rendre compte à la Division qui pense-t-il l’ignore aussi.
Je vais donc à Pierrefonds et trouve au château du Prieuré, le commandant Faivre qui fait fonction de chef d’état-major, le colonel Rime-Bruneau étant parti.
Il tombe des nues en lisant le papier, me dit qu’un message du régulateur n’est pas un ordre et commence à m’eng… me disant que jamais le bataillon n’aurait du partir ainsi sans demander confirmation. Je lui fais remarquer que le commandant n’a pas exécuté au premier ordre reçu, ce que je viens d’apprendre, mais qu’il a reçu un deuxième ordre impératif et a bien été obligé de l’exécuter. Comme le ton de la conversation de ce peu sympathique individu commence à monter, je lui fais remarquer qu’étant militaire et discipliné j’aurais agi exactement comme le commandant et qu’au surplus je ne suis pour rien dans tout cela. Je vois bien qu’il a surtout une peur bleue de la réaction du colonel De Gaulle quand il va rentrer du G.Q.G. Aussi comme il en a une sainte frousse, me dit-il d’attendre le retour de De Gaulle et de lui rendre compte moi-même et de recevoir ses ordres. Il peut ainsi détourner l’orage à mon profit. J’attends plus d’une heure et demie et quand De Gaulle arrive je lui rends compte des faits. Contrairement à toute attente il se contente de déclarer que le régulateur général est un c.. et que puisque nous sommes partis pour Senlis nous n’avons qu’à y rester ce soir et venir prendre ses ordres le lendemain quand il aura éclairé le malentendu.
Je crois que le commandant Faivre n’en est pas encore revenu. Pauvre type !
Quant à moi, je fonce sur Senlis. Tout cela m’a considérablement retardé et quand je rejoins le bataillon le commandant y est déjà revenu.
Le régulateur routier de Senlis lui transmet l’ordre de rejoindre au plus tôt un point qui est à une quarantaine de kilomètres. Le bataillon a fait, en ce qui concerne certains chars 92 km dans la journée. Une nouvelle étape est impossible et le commandant s’y refuse. Il fera très bien puisque les ordres de la 4e D.C.R. dans le sein de laquelle nous sommes revenus, ne nous ferons partir que le lendemain soir.
Le cantonnement reconnu du bataillon est un bivouac en forêt d’Halatte. La 2e et la 3e sont dans la forêt. La compagnie d’échelon est dans le parc du château d’Ognon et le P.C. du bataillon s’installe au village d’Ognon. Vers minuit tout le monde aura rejoint et nous pourrons dormir un peu après minuit.

Quelques bombardements d’avion aux alentours, mais rien pour nous.
Le pays est entièrement vidé de ses habitants, plus évacué que l’Aisne dont nous arrivons. Dans les maisons tout est resté en place, de la viande toute fraîche dans les garde-manger, le bétail et les basse-cour à l’abandon. Cela nous permettra d’aider aux manques de ravitaillement mais est la première vision de ces spectacles lamentables que nous allons contempler pendant plusieurs semaines.
Dans la journée nous arrivent les ordres de se tenir prêt à partir dans la soirée.
Cet ordre est confirmé vers 19 heures par les précisions suivantes.
La 4e D.C.R. se porte dans la région de Montdidier, en situation d’intervenir principalement dans les directions Est et Nord-Est.
Le bataillon se porte dans la région de Rollot en vertu de l’ordre ci-après.
47e Bataillon de chars Ordre de mouvement
1° Le bataillon se porte sans délai dans la région de Rollot : 10 S.-E. de Montdidier.
2° Itinéraire : Fleurines, Pont St Maxence, Carrefour 3 km S.O. Estrées St Denis, G.C. 52 jusqu’à La Heuville Roy - Tricot – Rollot.
Ordre de marche : 1ère Cie, 3 Cie. La C.E. fera mouvement derrière les compagnies jusque dans la région d’Estrée St Denis où elle recevra de nouveaux ordres.
3° Point initial : Fleurines
Le capitaine commandant la 1ère Cie rendra compte au Chef de bataillon à Fleurines lorsque la compagnie sera prête. La 3e Cie se formera sur la route Compiègne – Senlis et se portera dès que possible sur la route Senlis – Pont St Maxence, la tête à la hauteur du débouché des bois de la 1ère Cie et se mettra en marche sur l’ordre du chef de bataillon.
4° P.C. du bataillon : à Fleurines à partir de 0h15 ensuite avec la 1ère Cie.
5° Dépannage : 1 élément commandé par un officier de la C.E. derrière les 2 compagnies de combat et 1 élément derrière la C.E.
Le chef de bataillon
La première partie du voyage est rendue difficile du fait de l’obscurité totale qui règne sous les immenses arbres de la forêt, difficultés accrues par le fait qu’on m’a installé une chicane en un point de la route. L’écoulement de la colonne est long mais se fait cependant sans incidents et une fois sur la route les pilotes mènent bon train.
Nous avons reçu l’ordre d’arrêter au jour là où nous serions afin de ne pas nous faire repérer. Personne ne tient à rester isolé. Aussi la colonne file-t-elle à toute allure, si bien que vers Laneuville-Roy, le char JURANCON (358), de l’aspirant Jourdain, manque son virage, file tout droit sur un talus à pic et se renverse sur la route, obstruant la circulation.
En l’absence de moyens de levage, nous ne pouvons le dépanner et nous abandonnons Jourdain avec 4 jours de vivres et la perspective que le parc d’armée vienne le dépanner. Il ne nous rejoindra plus jamais (le jour même il sera bombardé).
Malgré la vitesse de l’étape, nous ne seront pas tout à fait arrivés pour le jour, mais un brouillard épais nous permettra de gagner notre étape sans inconvénients.
Les chars Somua sont encore derniers et plus en retard que nous.
A 6h du matin nous arrivons à destination, la 3e compagnie à Courcelles, la 1ère et l’état-major du bataillon à Rollot. Une demi-heure après notre arrivée nous recevons l’ordre de la demi-brigade de nous tenir prêts à repartir immédiatement. Des éléments de cavalerie motorisée assurent la découverte vers Amiens, Corbie et Péronne.
Vers 10 heures nous sommes survolés par un groupe de 27 avions allemands qui vont lâcher leur chargement non loin de nous. A leur retour la 1ère compagnie nous annonce qu’elle en a abattu un à coups de mitrailleuse. Ils l’auraient vu sous leurs rafales descendre rapidement en lâchant de la fumée. Je vais en avertir le commandant qui dort dans une maison. Nous envoyons immédiatement deux patrouilles motocyclistes rechercher le point de chute, mais ils ne trouvent rien.
L’ordre de départ consécutif à l’ordre préparatoire déjà reçu ne vient pas.
Dans l’après-midi je fais faire par chaque compagnie des liaisons par officiers dans tous les villages autour de nous pour savoir par quels éléments ils sont occupés.
Je vais voir moi-même en liaison auprès du lieutenant-colonel Sudre, au nord de Montdidier. La région est calme ; pas d’incidents.
Dans la soirée, un convoi de camionnettes passe. Ce sont des évacués d’un régiment étranger. Un médecin à deux galons qui est sur le siège de l’une d’elles nous crie au passage de préparer nos masques. Les allemands auraient attaqué avec des gaz à Péronne dans l’après-midi et ils emmèneraient des gazés. Cette nouvelle jette un certain émoi parmi nos hommes et je vais faire un tour dans la 1ère compagnie pour leur expliquer que ce doit être faux.
A minuit passe encore une de ces camionnettes de soi-disant gazés. J’interroge le conducteur longuement, lui demande sa destination et fait examiner ses malades par le toubib. Ces gens souffrent de conjonctivite mais n’ont nullement été gazés. Le fait me sera confirmé le lendemain lorsque je ferai prendre des renseignements à l’ambulance de Boulogne – Le Gresse où ils ont été évacués. Le médecin de la veille est un de ces nombreux affectés dont on verra tant de tristes exemples par la suite et qui échappèrent sans doute au traitement qu’ils ont largement mérité. Ou bien est-ce un « de la cinquième colonne » en train de semer la panique ?
Le reste de la nuit se passe sans incident.
A 15 heures nous recevons l’ordre de faire mouvement le soir pour la région de Poix et Conty au sud-est d’Amiens.
But : Contre-attaquer sur la Somme ou progresser au Nord de cette rivière si celle-ci a pu être franchie par nos éléments de 1ère ligne. Notre départ de Rollot se fait à 21 heures, avec le début d’un orage épouvantable.
Au point initial de Courcelles nous sommes survolés à très basse altitude par trois bombardiers qui passent dans l’averse. Mais ils viennent de décharger leurs bombes et passent très dédaigneux de nos salves de mitrailleuses dont les belles traçantes font avec les éclairs un magnifique feu d’artifice.
Le démarrage est difficile en raison du temps. L’orage se prolonge jusque vers deux heures du matin en rendant la conduite extrêmement pénible. Resté le dernier pour m’assurer que tout le monde est bien parti, et devant l’impossibilité de doubler la colonne par cette nuit d’encre. Je fais un grand détour pour essayer de la gagner de vitesse et d’en reprendre la tête. Je redescends jusqu’à Laneuville-Roy, puis reprends par Le Plessier-St Just en Chaussée mais une partie de la colonne est déjà passée lorsque je rejoins son itinéraire à Thieux.
Au cours de la marche, je remarque des lueurs qui se déplacent, s’éteignent, se rallument. Intrigué je me demande de quoi il s’agit et constate que c’étaient mes chars qui malgré les ordres donnés se servaient par intermittence de leurs phares. Je fais des observations à ceux qui me tombent sous la main. Mais comment leur en vouloir ! Quand on pense au métier que font ces gens depuis cinq jours, marchant à étapes forcées de jour et de nuit alors que ce sont pour la plupart des débutants. Le résultat obtenu est prodigieux et cette étape en particulier tient du miracle si l’on veut bien faire entrer en ligne de compte la fatigue, la nuit noire, l’encombrement des routes par les réfugiés, des véhicules militaires dans les deux sens. Normalement tout cela devrait se terminer par des accidents très graves. Pratiquement il n’en est rien. Nos types, gonflés à bloc, commencent à être rodés et marchent merveilleusement.
L’itinéraire est jalonné par de gros incendies allumés par les bombardiers venus à la tombée de la nuit. En particulier un énorme brasier dévore le centre de St Just en Chaussée barrant la grande route d’Amiens à St Just.
Grâce à un arrêt marqué à Froissy, j’ai pu doubler la colonne de chars et en reprendre la tête. A 2 h du matin, le temps s’est éclairci, la lune s’est levée et on repart par une nuit relativement claire. J’ai pu par des motocyclistes regrouper à peu près le bataillon et je repars sur Crèvecœur, puis Marseille en Beauvaisis.
Les pilotes marchent à bonne allure et le jour nous prend pas loin de l’arrivée après avoir traversé Grandvilliers où des maisons flambent.
J’espère déjà que tout va bien marcher lorsque par suite de je ne sais quels ordres, dans le chemin étroit qui quitte la route de Poix et mène à Guizancourt et Bergicourt, nous croisons la colonne du 46e qui se dirige vers Equènnes. Il faut faire garer certains chars, faire attendre les autres, ce qui fait qu’il est grand jour lorsque nous pouvons enfin arriver à destination.
Un avion vient bien nous survoler et nous nous attendons à voir arriver le renfort peu après, mais il n’en est rien et nous nous installons sans incidents.
L’étape a été menée rondement, 82 km à la moyenne de 13 km-heure ce qui est extraordinaire dans les conditions que nous avons eues.
Il reste cependant quelques véhicules et chars en panne, ce qui est normal vu la difficulté de cette étape qui servi à confirmer les pilotes et à leur donner confiance en eux.
Le C.R. de fin de mouvement est le suivant.
Mouvement terminé à 6h15.
Véhicules en panne.
char DARDANELLES (410) 3e Cie panne d’alimentation à Tricot, en cours de dépannage.
char MANGIN (418) 1ère Cie Joint de cloche de Naeder à changer. Sortie Ouest de Warrignies, en cours de dépannage.
Les deux véhicules rejoindront dans la journée.
char CONDÉ (423) char du chef de bataillon Joint de cloche de Naeder à changer, 800 m Est de Crèvecoeur.
char JEMMAPES (446) 1ère Cie Joint de cloche de Naeder à changer, sortie S.-E. de Crèvecoeur.
Ces deux véhicules rejoindront dans le courant de la nuit.
deux tracteurs de ravitaillement entre Tricot et Anjouvillers, seront remis en état dans la journée par l’atelier, rejoindront dans le courant de la nuit avec les chars.
Conditions générales d’exécution du mouvement.
Le chef de bataillon
Pratiquement le JEMMAPES suivra le bataillon mais n’arrivera pas à le rejoindre et ne sera pas à l’attaque sur Abbeville.

D’après les habitants demeurés dans le village l’activité aérienne a été violente les jours précédents ; de nombreux coins des environs ont été bombardés. Le site est très agréable, Bergicourt domine une vallée assez encaissée, verte et boisée très pittoresque. Un ruisseau y coule très rapide où certainement la pêche aurait du succès, mais nous avons bien autre chose à faire.
Pour arriver là, le bataillon a du fournir un gros effort. Débarqué le 20, tard dans la nuit, nous sommes ici le matin du 26 ayant réalisé, en quatre étapes 300 km, se répartissant en trois étapes de nuit :
Du 20 au 21 : 75 km
Du 23 au 24 : 53 km
Du 25 au 26 : 82 km
Et une étape de jour le 22 mai : 92 km.
Cela nous paraît déjà considérable ; que dirions nous si on nous annonçait maintenant qu’un mois plus tard nous serons près de Périgueux !
A 15 heures, le Lieutenant-Colonel Sudre nous convoque à son P.C. à Guizancourt, où se trouve la 1ère compagnie. C’est pour nous communiquer un ordre d’alerte.
Il s’agit d’appuyer une attaque menée à 19 heures pour nettoyer les éléments ennemis occupant les faubourgs sud d’Amiens. L’opération doit se faire sur l’axe de la route Poix – Amiens, limitée à droite par les marécages qui bordent la Celle vers Pont de Mez. Nous recevons les ordres de détail bien qu’il soit manifestement trop tard pour nous porter dan cette région dans le délai voulu. Nous ne devons nous mettre en route qu’après confirmation. Heureusement le contre-ordre arrive pour nous empêcher de faire route pour rien. Le commandement reconnaît que nous ne pouvons arriver à l’heure. C’est manifestement dommage car Amiens ne paraît pas suffisamment tenu par les Allemands. A telle enseigne que le 19e bataillon de chars D2 du commandant Ayme, fera cette attaque le lendemain, rentrera dans Amiens puisqu’un de ses chars est détruit par une torpille aérienne dans l’intérieur des faubourgs. Malheureusement ce succès ne sera pas exploité par la 7e division coloniale, sur la conduite ignominieuse de laquelle le commandant Ayme fera ensuite un rapport cinglant.
A dix neuf heures nous assistons au début d’un combat aérien entre un bombardier allemand et quatre Morane , mais leurs évolutions les éloignent de nous et nous ne verrons pas la conclusion de la bagarre.
Bergicourt représente pour nous un intermède reposant après la dure nuit de la veille. L’état-major du bataillon s’est installé dans une grande maison qui domine le village et la vallée. Les habitants en sont partis brusquement laissant tout dans le plus grand désordre et aussi très sale, ce qui fait que nous ne nous servons pas des lits, et préférons nous coucher sur nos lits de camp ou nos brancards dans le grand salon.
Cette maison abandonnée en hâte et qui contient des meubles riches du plus mauvais goût donne une impression d’abandon à laquelle nous commençons à nous faire mais qui n’en est pas moins pénible.
Nous y sommes quand même magnifiquement installés.
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Bergicourt Toilette au bord de l’eau |
De plus nous avons installé la popote au moulin, qui est la propriété du maire. Nous y faisons un excellent dîner en compagnie de 8 officiers du 4e bataillon de chasseurs, le bataillon porté de la 4e Division Cuirassée, dont le capitaine Pussis de Charonnes.
Nous y avons de splendides mottes de beurre, chance qui ne nous suivra tant que nous resterons dans cette région de la Somme.
Dîner évidemment gâché par la nécessité de donner les ordres, de prévenir tout le monde, de préparer le départ.
Nous n’avons reçu qu’un ordre préparatoire au départ. La soirée se passe sans confirmation et nous commençons à espérer passer une nuit tranquille lorsque peu avant minuit nous recevons l’ordre d’exécution alors que nous avons tenté de prendre un petit acompte de sommeil. Nous rédigions immédiatement l’ordre du bataillon.
Itinéraire : Poix – Eplessier – Lamaronde – Tronchoy – Liomer – Fresneville (Ouest) – Ecoreau – Frettecuisse – Fontaine le Sec.
Point initial : Poix Sortie Ouest.
Passage : 46e Bataillon 1.15
47e Bataillon 1.45
Seuls les éléments de combat feront mouvement.
Stationnement à l’arrivée :
46e Bataillon Fontaine le Sec – Bois au N.
47e Bataillon Bois de Bienflos.
En garde face au Nord et l’Ouest.
Il est donc minuit lorsque cet ordre peut être donné, et détaillé en ordres au bataillon. Poix est à 8 ou 9 kilomètres. Le temps de former les colonnes, nous ne serons manifestement pas à l’heure. Nous ne quittons en effet Bergicourt qu’à 1h40 alors que nous devrions déjà être à Poix.
Nous nous sommes présentés au point initial vers 2h40 soit avec une heure de retard. J’y trouve le sous-lieutenant Perbot, officier de liaison de la 6e demi brigade, qui me dit que le 46e, qui devait passer une demi heure avant nous ne s’est pas encore présenté. Je vois aussi que nous n’avons pas été les seuls à ne pouvoir satisfaire l’horaire et que les ordres tardifs en sont encore une fois la cause. Finalement le 46e passe et nous nous mettons en route.
Route de nuit sans incidents spéciaux et nous arrivons un peu avant le jour à Frettecuisse, le village avant Fontaine le Sec, où le 47e déboîte pour gagner le bois de Bienflos. Je m’installe au carrefour de Frettecuisse pour régler le mouvement car les chars du 46e qui continuent tout droit sont assez mélangés avec les nôtres.
Les rares habitants du village restés là nous donnent tout ce qu’ils peuvent comme œufs et comme beurre. Ils ont vu passer la veille des automitrailleuses allemandes. Nous sommes dans le pays entre Somme et Bresle et avons bien l’impression que si les allemands ont atteint la Bresle c’est avec des éléments légers, mais que nous pouvons néanmoins nous trouver à tout moment nez à nez avec eux mais nous ne savons toujours pas ce qu’on attend de nous.
Je suis entre temps parti reconnaître le bois de Bienflos et ai constaté qu’il est très difficile d’accès ; on y accède que par un chemin de terre très bourbeux, et je crains d’autant plus d’y laisser du matériel que je constate d’après les traces que des chars anglais s’y sont embourbés. Je fais donc passer une partie des miens par le même itinéraire que le 46e sur la route de Fontaine le Sec d’où ils pourront gagner le bois de Bienflos par un chemin un peu meilleur, sans être cependant très bon.
Mais il y a beaucoup de retard dans les colonnes par suite de l’embouteillage des routes. Pour comble de malheur, à la sortie de Frettecuisse nous sommes tout à coup bloqué par un convoi de 200 camions qui reviennent de monter en ligne un régiment de coloniaux, le 22e. Cela n’arrange rien car il est impossible de se croiser.
Finalement il est au moins dix heures du matin quand tout est à peu près en place et que j’arrive moi-même à Fontaine-le-Sec que je trouve complètement encombré par les éléments du 46e et la demi-brigade.
Le P.C. du commandant est installé dans un champ à l’entrée du village.
Il a donné à neuf heures l’ordre ci-après :
La position occupée est une position d’attente en vue d’opérations ultérieures.
Les unités doivent se tenir prêtes à partir au premier signal sans préavis.
Chacun doit être à son poste. Un service de guet sera organisé. Toutes mesures de défense immédiates seront prises.
Le char du commandant sera dirigé immédiatement sur le P.C. du bataillon dès les pleins faits.
P.C. de la demi-brigade : Fontaine-le-Sec.
Attente à Fontaine-le-Sec.
A 10 heures, le bataillon envoie à la demi brigade le C.R. suivant :
1° Le bataillon est installé à Bienflos dans le bois de Bienflos.
P.C. : Fontaine-le-Sec
2° Situation du Matériel
1ère Cie : réduite à six chars
3e Cie : au complet
3° Chars en panne
418 MANGIN : joint de cloche à changer, peut rejoindre en fin d’après-midi.
446 JEMMAPES : ventilateur cassé, radiateur percé, à évacuer.
426 VERCINGETORIX : Naeder à changer, essai de dépannage sur place.
A 13 heures le commandant et les capitaines sont convoqués à la demi-brigade.
Le lieutenant-colonel Sudre leur donne les ordres pour une attaque qui doit avoir lieu à 17 heures en direction d’Abbeville.
Le temps pressant, aucun ordre écrit n’est établi. De quelques notes prises au cours de la réunion on peut extraire les indications sommaires ci-après :
Ligne de départ de l’infanterie :
Warcheville, Bois de Couvrières (P.D. du 47e), Limeux, Bois de Bailleul.
Heure de franchissement : 17 heures
Axe de la 6e demi-brigade :
Warcheville, Huppy, Côte 104, Mont de Caubert.
Occupation de la P.D. : 10h45
Manœuvre : Attaque en 2 temps.
1er temps : atteindre au plus tôt la crête de la côte 104, s’y mettre en protection face au nord. Simultanément : neutralisation de Huppy : anti-chars signalés.
2e temps : débordant Villers, Mareuil par l’est, atteindre la route Mesnil-Trois-Fœtus – Mont de Caubert Caubert.
Renseignements :
Artillerie : Préparation sur Huppy – Crête – Moulin de Limeux de H-15 à H+1
De H+1 à H+60’ Encagement sur Bienfay et Villers/Mareuil.
P.C. 6e demi-brigade : Cimetière de Doudelainville.
1er bond Jusqu’à la côte 104 (01)
A la côte 104, épouser la forme du terrain : une compagnie de chaque côté de la route N 28.
Arrêt prévu 60’.
Le 46e dans le même temps attaque sur Huppy puis les Croisettes.
2e bond Objectif 02 du 47e : le mont de Caubert.
Ravitaillement en essence : à pousser dans le bois de Villers.
Ralliement du 47e : dans le bois de Poultières.
Tels sont en gros les renseignements donnés verbalement et très rapidement par le lieutenant-colonel Sudre.
Il est plus de 13h30 lorsque la séance est levée. L’attaque doit avoir lieu à 17 heures. Or les chars sont à l’heure actuelle à plus de 12 km de la position de départ et tout le personnel depuis le commandant jusqu’au dernier chef de char ignore totalement le terrain sur lequel le bataillon va être engagé.
Le chef de bataillon et les commandants de compagnie partent immédiatement en auto en direction de la base de départ pour faire un tour d’horizon et tacher de reconnaître sommairement le terrain de l’attaque.
Pendant ce temps je fais venir les chefs de section à Fontaine-le-Sec, leur donne l’ordre de préparer leurs unités et leur indique ce que l’on attend d’eux. Puis je les renvoie auprès de leurs chars dans le bois de Bienflos où ils attendront le retour de leurs capitaines.
Les capitaines et le commandant ont juste le temps de faire en auto une reconnaissance très rapide et de revenir chercher leurs compagnies. A 16 heures, celles-ci traversent Fontaine-le-Sec, se rendant vers la base de départ. Je les regarde passer, saluant un par un tous les chefs de char qui passent devant moi assis sur leurs tourelles. Combien de fois je les ai ainsi salués au passage, mais cette fois une émotion profonde m’étreint, car c’est la marche vers l’attaque que nous attendions depuis si longtemps, et je me demande quels sont ceux parmi eux que je ne verrai jamais revenir. Il s’y joint aussi l’angoisse de la savoir insuffisamment entraînés, jetés dans la bagarre par nécessité avant que l’instruction de tous ait pu être suffisamment poussée. Je sais en particulier que la radio ne marchera pas et que une fois lâchés ils seront livrés chacun à lui-même, à son initiative avec des chars qui leur sont encore peu familiers et des sections et des compagnies qui n’ont jamais fait une manœuvre d’ensemble, donc pas assouplis et habitués à manœuvrer à l’imitation. Ce sont là de fâcheuses conditions mais qu’y faire !
Il ne reste qu’à souhaiter que le combat soit le moins meurtrier possible et espérer que le cran de chacun dont je suis assuré palliera dans une certaine mesure aux défauts de préparation.
Lorsque le dernier char est passé je prends avec Drapied le tête des échelons de dépannage et de ravitaillement que je vais emmener à Marquenneville où je vais installer le P.C. arrière de façon à pouvoir suivre le déroulement du combat, pousser mes tracteurs soit vers Huppy à gauche, soit vers le bois de Limeux et le bois du Mont Beauce à droite.
Avec ma colonne de tracteurs je traverse Oisemont puis me dirige sur Marquenneville, rencontrant sur mon chemin quelques chars anglais détruits.
En arrivant vers Marquenneville il est 16h55. Depuis dix minutes j’entends le tir de la préparation d’artillerie et à 17 heures les coups de canon de 75 des chars.
Ceux-ci sont arrivés sur leur base de départ, cinq minutes avant l’heure fixée pour le déclenchement de l’attaque. Les chefs de char n’ont même pas eu le temps de descendre de char pour voir un peu leur terrain. La majorité d’entre eux n’a même pas de cartes. Que vont-ils pouvoir faire dans les déplorables conditions où ils sont engagés ? Il est trop tard pour regretter quoi que ce soit. Il ne reste plus qu’à attendre le déroulement des évènements et espérer !
Le message et l’ordre du jour ci-après indiquent l’importance de la partie ainsi engagée pour tenter de marcher vers le Nord et de couper les blindés allemands de leur gros.
E.M. 3e Bureau
655 5/3
A tous les échelons
(à ne pas emporter en ligne – A détruire avant le départ)
« Tendre avec toute la vigueur possible à la jonction du G.A. 3 et du G.A. 1 tout en assurant un barrage de sécurité sur la Somme dès que cette rivière aura été dépassée.
Prévoir l’effort que feront les éléments allemands aventurés à l’Ouest pour se dégager. Empêcher leur retour en arrière.
Les Panzerdivisionen aventurées derrière notre dispositif doivent y trouver leur fin. »
Du Général Georges Commandant le front Nord-Est
Insister sur le rôle à jouer par le Groupement Altmeyer. Par ailleurs il a été demandé à la division cuirassée britannique de pousser sur Abbeville et ultérieurement Saint-Pol.
Signé : Baurès
Chef d’E.M. de la Défense Nationale
Cdt en chef de l’ensemble des
Théâtres d’Opérations
Aucune défaillance, d’où qu’elle vienne ne saurait et ne sera tolérée.
Résister est bien, rendre coup pour coup est mieux encore, mais seul obtient la victoire celui qui frappe plus fort qu’il n’a été frappé.

III. L’attaque du 28 mai
Aussitôt mon P.C. arrière installé à Marquenneville, je me rends avec des motocyclistes au P.C. de la demi brigade à Doudelainville afin de voir si le lieutenant-colonel Sudre a quelques renseignements sur le développement de l’attaque. Vers 17h30, il ne sait encore rien ; la liaison radio avec le 46e marche irrégulièrement et pas du tout avec le 47e. Je vais alors sur la route de Warcheville à la sortie de Doudelainville, seul point d’où l’on puisse espérer voir quelque chose. J’y trouve le bataillon de chasseurs qui n’a pas démarré encore en direction de Huppy.
J’aperçois quelques chars B qui évoluent à 7 ou 800 mètres en avant de nous, mais impossible de déterminer ce qui se passe exactement. On entend les chars tirer au canon et quelques rafales de mitrailleuses traversent la route à notre hauteur.
Le lieutenant-Colonel, puis le capitaine Mousquet, dans le char de la demi brigade font un tour vers Huppy pour voir ce qui se passe. Il se confirme que Huppy est très fortement tenu et que les chars du 46e sont engagés sur ce village. Quant aux chars du 47e, impossible d’avoir de leurs nouvelles et de savoir où ils sont et ce qu’ils font. Ne pouvant aller me rendre compte en passant par Huppy, je décide d’aller par la côte 104, en faisant un détour par la droite. Je prends ma voiture et file avec Drapied sur Frucourt. Un tir d’artillerie vient de s’abattre sur le village de Limeux lorsque j’y arrive pour prendre liaison avec les gens qui l’occupent. Je vois là un capitaine d’infanterie qui dans ce secteur avec une division renforcée d’un régiment de lanciers anglais attaque en même temps que nous. On ne nous l’avait jamais dit et lui-même ignore que la 4e Division Cuirassée est là. D’après lui, nos premiers éléments sont un peu au Nord du village sur la crête de l’ancien moulin de Limeux et des chars sont avec eux. Je laisse la voiture en bas de la côte et monte au moulin à pied suivi de Drapied et de mes motocyclistes également à pied. Tout le long de la montée, je croise des détachements, des blessés et des prisonniers qui redescendent. Vers le haut, dans le fossé de la route un allemand mort, le premier cadavre que nous voyons de cette guerre. Mes motocyclistes le contemplent au début avec un léger serrement de cœur, puis prennent immédiatement le dessus. Le premier contact avec les réalités de la guerre est pris pour eux ; maintenant ils sont endurcis et rien ne les étonnera plus. Et ces motocyclistes comme tous les autres feront preuve au cours de toutes les opérations des mêmes qualités d’allant, de mépris du danger et de dévouement absolu.
Nous voici enfin sur le haut de la crête de Limeux. Le jour commence à baisser et le spectacle qui s’offre à nous donne vraiment l’impression de la guerre. Des tirailleurs sénégalais sont couchés dans leurs trous individuels, des chars anglais détruits achèvent de se consumer, des blessés s’en vont ou sont transportés vers l’arrière, avec des prisonniers. C’est là des cadavres semblant dormir ; devant nous à quelques centaines de mètres des chars légers de chez nous tirent sans arrêt à la mitrailleuse, neutralisant les lisières des bois. Un ensemble de circonstances fait de cette soirée sur cette crête un vrai tableau de bataille tels qu’on les représente souvent en images. Cette impression d’ensemble ne se renouvellera plus au cours des jours et des semaines suivants où les combats prendront des formes brutales et localisées, ou la physionomie d’accrochages rapides avec des têtes de colonnes ennemies au cours de la retraite.
Mais je n’ai toujours pas trouvé mes chars. Un lieutenant me signale à quelques centaines de mètres le P.C. du lieutenant-colonel Simonin commandant la demi brigade. Je vais à lui et le trouve en effet avec sa voiture radio auprès d’une meule de paille. Il me dit avoir vu des chars B non loin sur la gauche. Je pars dans la direction indiquée et ne tarde pas en effet à tomber sur le lieutenant Robinet avec son char l’EYLAU qui se trouve là avec trois autres chars de sa compagnie. Sur les quatre chars, deux sont en état de démarrer, deux autres sont indisponibles par suite des obus anti-chars qui les ont frappés. Je réunis les chefs de char dans le fossé d’un silo à betteraves où se regroupent quelques coloniaux. Je leur donne l’ordre de retirer leurs chars un peu en retrait de la crête et d’y attendre le ravitaillement en essence que je leur enverrai dès mon retour à Marquenneville.
Que s’est-il passé ? Ils ne peuvent pas me donner grands renseignements. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont passé la base de départ avec leur compagnie, puis ont été pris à partie par de nombreux anti-chars auxquels ils ont riposté puis ont continué leur route mais en appuyant beaucoup trop à droite ce qui les a amenés entre Limeux et Caumont au lieu de la côte 104 où ils devaient se rendre. La nuit achevant de tomber, il est trop tard pour les renvoyer à 104 ; ils ont du reste besoin de ravitaillement. C’est la raison pour laquelle je les laisse provisoirement dans la région où ils sont.
Ceci fait, je reviens immédiatement rendre compte au lieutenant-colonel Sudre qui me dit qu’il faut absolument mettre la main sur le commandant Petit ; que l’attaque doit reprendre, qu’il faut immédiatement se maintenir à la côte 104 pour reprendre à 4 heures la 2e partie de l’attaque.
Je me dirige alors dans le terrain précédent le bois de Poultières où se trouve d’après les ordres le point de ralliement du bataillon. En pleine nuit je cherche puis finis par regrouper quelques chars dont le LODI du lieutenant Becquet, le JEAN-BART du lieutenant Foerst. Je les regroupe comme je peux sur la route entre Doudelainville et Poultières, les fait ravitailler puis vais avec le lieutenant Drapied jusqu’à Fontaine-le-Sec mettre en mouvement la compagnie d’échelon pour les dépannages et les ravitaillements.
Les dépannages et le ravitaillement font l’objet de l’ordre ci-après :
E.M. Le 29 mai 0h45
L’ennemi tient toujours la côte 104. La progression n’a été que de 2 kilomètres environ. Huppy est à nous.
Plusieurs chars sont en panne sur le terrain.
Mission de la C.E.
Le 29 mai, dès le jour, pousser sur Marquenneville des équipes de dépannage dont les missions seront précisées sur place par l’adjoint technique.
Un officier se portera avec ces éléments et dirigera les opérations de dépannage.
Commander une autre demi unité de feu.
Renseignements
Les chars ont tiré les 2/3 de leurs munitions. Les camions à munitions des compagnies ainsi que la citerne ont été conduits à Marquenneville pour assurer le recomplétement des tracteurs.
Le bataillon est tombé sur un terrain truffé de pièces anti-chars et très solidement tenu par des allemands pleins de cran, bien enterrés dans leurs trous et qui tiennent devant les chars jusqu’à la dernière minute. Les chars se dirigent sur eux, les tirant au 75 et au 47, presque jusqu’à bout portant. Mais il y en a des quantités et sans cesse de nouvelles pièces se dévoilent.
Le point d’appui de Huppy a tenu ainsi quatre heures et ce n’est qu’à 21 heures, à la nuit que complètement assommés, les allemands ont lâché.
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28 mai Pièce détruite probablement par le CROUY Carrefour des croisettes – Devant le tas de pierres : les restes informe des servants |
Huppy – L’Aspirant Aubry de Maraumont, pilote du JEANNE-D’ARC et l’une des pièces anti-chars écrasées sous ses chenilles. |
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Mais cela nous a coûté beaucoup de matériel chars qui est resté sur le terrain.
Les trous percés dans nos blindages nous laissent à penser que c’est avec des canons de 47 anti-chars français pris en Belgique et retournés contre nous, que nous avons été reçus.
Certains de nos chars ont cependant fait du bon travail. Le JEANNE D’ARC en particulier, dont le rapport de combat est relaté plus loin, le CONDÉ, char du commandant, dont le pilote, l’adjudant-chef Barthélemy a fait merveille, conduisant volet ouvert et n’étant par miracle touché que par un petit éclat au bras.
Les pertes en officiers à la fin de la journée s’établissent comme suit :
Lieutenant Bauché tué.
Dans son équipage, le sergent Rouyer est blessé, le caporal Hacré blessé et le chasseur Baulmont tué. Son char, le CROUY, a été pris à partie au carrefour des Croisettes par une pièce de 105 tirant à vue directe. Le tourelleau a été arraché par un obus et le char incendié à sauté.
Officiers blessés : Le capitaine Dirand.
Le capitaine Ghislain, légèrement, non évacué
Le lieutenant Ortel
Le sous-lieutenant Huberdeau (tourelleau de l’ARCOLE arraché)
L’aspirant de Thoisy, légèrement, non évacué
Un certain nombre de pilotes ont également été blessés dont, sur le VALMY, le caporal Hannoteaux André, mon ancien aide-pilote du GARONNE au 37e qui a eu la cheville brisée par l’arrivée d’un obus sur la plaque avant. Il continue néanmoins à tirer avec son char immobilisé jusqu’à ce qu’on l’évacue, permettant à son chef de char le sous-lieutenant André de ramener deux prisonniers. Il m’écrira après l’armistice de l’hôpital de Morlaix : J’ai appris que j’avais été cité. Je me demande pourquoi, car en continuant à tirer, je n’ai fait qu’exécuter ce que l’on m’avait appris au peloton des élèves-gradés.
Le sergent-chef Beurtheret, pilote du JEAN-BART est également blessé aux yeux.
Les constatations faites sur les chars permettront de voir que les allemands connaissent parfaitement les détails du char et ont visé avec une précision déconcertante tous les points sensibles.
Le char JEAN-BART du lieutenant Foerst a un obus de 37 qui est resté planté dans une des fentes de visée du 75 ; l’ULM du sous-lieutenant Grosborne a le chemin de roulement percé de deux obus et des impacts sur chacune des fentes de visée du 75. Les armes de certains chars ont été elles-mêmes touchées ce qui vient encore confirmer que les allemands non seulement ont bien visé, mais aussi ont tenu jusqu’au bout et visé de tout près.
Parmi les combats livrés ce 28 mai par les chars, celui du JEANNE D’ARC est particulièrement évocateur du cran des équipages et mérite d’être rapporté intégralement ci-dessous :
Des pièces anti-chars ennemies entrent en action : deux sont repérées et détruites au 75. Malheureusement un projectile pénètre dans l’âme du canon prêt à tirer, provoque son recul. La cartouche est coincée : impossible de se servir de l’arme.
Les deux postes de T.S.F. sont successivement mis hors d’usage.
Le JEANNE D’ARC prend alors la tête des chars de la compagnie, traverse Huppy (zone Est) tirant à la mitrailleuse sur les nombreux éléments d’infanterie ennemie qu’il y rencontre, continuant la progression il franchit la route nationale 28 au sur-ouest des Croisettes puis la route Croisettes - Moyenneville, se dirigeant vers la côte 104.
C’est alors qu’il est accueilli par un feu intense d’armes anti-chars de tous les calibres.
Les déplacements ne sont plus commandés désormais que par la nécessité de combattre.
Les appareils de vision sont pulvérisés. Le capitaine est blessé à la main droite (index coupé) et aux deux bras. Le lieutenant Ortel au bras gauche et à l’omoplate par deux obus qui traversent la tourelle (probablement du 47 français), celle-ci est bloquée par un projectile.
Dans l’impossibilité de se servir d’aucune arme, le char fonce sur les pièces anti-chars pour les écraser sous ses chenilles.
L’ennemi tire à bout portant, restant aux pièces jusqu’à ce que l’ennemi soit à quelques mètres. Le lieutenant Ortel est à nouveau atteint à l’œil gauche par des éclats de métal.
La porte du capot de conduite et celle de la tourelle s’ouvrent sous l’effet des projectiles ; le volet à fente variable du pilote est bloqué à 20 mm d’ouverture.
A toute seconde les projectiles ennemis frappent le char, dont l’intérieur est rayé d’éclairs par les fragments de projectiles qui pénètrent par toutes les ouvertures.
Une dizaine de pièces anti-char au moins, deux auto mitrailleuses postées à une lisière, sont abordées et détruites sous les chenilles.
Dans l’impossibilité de détruire toutes les pièces, le capitaine donne l’ordre de se replier en deçà des Croisettes sous le feu des pièces ennemies.
A hauteur des Croisettes, le char passe devant le CROUY détruit peu avant (vraisemblablement par une pièce de 105, la même qui va détruire le JEANNE D’ARC).
A ce moment il est pris à partie par une pièce anti-char de gros calibre. Un obus pénètre dans le réservoir de gauche et met le feu au char.
L’équipage l’évacue et se réfugie dans les taillis où il se dissimule jusqu’à la nuit, échappant aux patrouilles allemandes lancées à sa recherche. L’obscurité venue, l’équipage rejoint les lignes amies puis arrive à Huppy.
Les blessés sont soignés au poste de secours et évacués. Le reste de l’équipage rejoint la compagnie.
L’équipage été ainsi composé :
Chef de char : capitaine Dirand
Pilote : aspirant Guy Aubry de Maraumont
Aide-pilote : lieutenant Jean Ortel. N’ayant pas de char, il a demandé à embarquer comme aide-pilote.
Radios : caporal Paul Laversanne, chasseur Gaston Ricros.
Robinet que j’avais retrouvé la veille à Limeux a rejoint et il reste sur pied au 47e :
Le CONDÉ, commandant Petit
L’EYLAU, lieutenant Jean Robinet
Le TOURVILLE, sous-lieutenant Charles Jourdan
Le JEAN-BART, lieutenant Edouard Foerst qui a un obus dans les fentes du 75 et fait équipage avec le lieutenant Gazel comme pilote.
Le LODI, lieutenant Becquet
4 heures. Comme prévu, l’attaque reprend avec les chars du 46e et du 47e bataillon groupés sous les ordres du commandant Petit.
Huppy, occupé la veille est dépassé par les chars qui se portent vers la côte 104 et le mont de Caubert.
Je suis au plus près leur progression afin de me rendre compte de ce qui se passe et d’aviser à toute mesure qui serait nécessaire.
Je reste un bon moment dans Huppy où se trouve le lieutenant-colonel Sudre avec son P.C. et le colonel de Gaulle qui s’y maintiendra pendant une grande partie de la journée, malgré des bombardements d’artillerie et la proximité de notre ligne de chars qui à certains moments ne seront pas à plus de deux kilomètres en avant du P.C. la division.
Huppy porte les traces des violents combats de la veille. De toutes parts des pièces anti-chars allemandes et les cadavres des servants sont à terre et témoignent à la fois du dégât fait par nos chars et de l’opiniâtreté des allemands à défendre leurs positions jusqu’à la tombée de la nuit.
Pendant qu’accompagné de l’aspirant Aubry de Maraumont, je contemple les restes d’une pièce anti-chars détruite par lui la veille, à l’entrée Sud-Est de Huppy, exactement à la côte 109, une rafale d’artillerie allemande tombe autour de nous. Nous abandonnons l’endroit où j’ai cependant eu le temps de prendre une photo, et allons jusqu’à la sortie Nord de Huppy. De très nombreux prisonniers sont découverts dans les maisons du village, dont un très grand nombre dans le château. on les rassemble tous et ils sont conduits vers l’arrière par les chasseurs à pied du 4e. La plupart sont des autrichiens qui présentent un grand état d’abattement. D’après eux ils ont fait 500 km à pied jusqu’à leur arrivée en ligne. Je fais avec Drapied et nos motocyclistes une reconnaissance jusqu’à hauteur des Croisettes. Dans les prés entre les bois du château de Limercourt et les Croisettes, plusieurs vaches au pâturage sont blessées et les trous d’obus indiquent les traces d’un bombardement récent.
Marquenneville 29 mai |
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Marquenneville Un coin du P.C. arrière |
29 mai P.C. du château d’Huchenneville | ![]() |
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29 mai Les Croisettes |
Le caporal-chef Panhard un des meilleurs agents de liaison motocycliste |
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N’ayant rien vu d’anormal je reviens dans Huppy où l’on s’efforce de remorquer le FRIEDLAND du lieutenant Paul qui est immobilisé depuis la veille par un obus reçu dans le barbotin.
Au P.C. du lieutenant-colonel Sudre, ce dernier me dit que les chars sont provisoirement arrêtés à la hauteur de la côte 104, que la reprise de l’attaque est fixée à 9h15 et qu’auparavant il faut les ravitailler car ils ont déjà brûlé pas mal de munitions et d’essence et qu’on ne sait combien de temps pourra durer la 2e phase de l’opération, c’est à dire l’assaut du Mont de Caubert.
Je retourne donc chercher les tracteurs que j’ai laissé un peu en arrière à Poultières et je les ramène à travers Huppy vers les Croisettes.
A 50 mètres avant Les Croisettes une mine a sauté au beau milieu de la route sous une voiture de chasseurs à pied et les deux cadavres des malheureux qui la montaient sont répartis tout autour horriblement déchiquetés.
Je fais contourner le tout par mes tracteurs et franchis sans encombre le carrefour des Croisettes. Au delà je les engage sur le plateau en trois colonnes de trois, assez espacées et les dirige parallèlement à la route vers les chars que j’aperçois à 2 km environ devant nous.
Mais ces différents mouvements ont demandé pas mal de temps et lorsque j’arrive à 300 mètres des chars environ je vois ces derniers se mettre en mouvement et reprendre l’attaque, car il est 9h15, mais sans avoir pu se ravitailler.
Le plateau dénudé sur lequel je me trouve avec mes chenillettes n’offrant aucune sécurité, je leur fait faire demi-tour pour regagner les Croisettes et les dissimuler dans les jardins et les taillis qui entourent le hameau.
A peine suis-je revenu à peu près à la hauteur des Croisettes et alors que quelques tracteurs sont déjà cachés seulement un violent tir de 105 s’abat sur nous. Personne heureusement n’est touché et une fois le tir arrêté, comme il faut absolument ravitailler les chars je forme un groupe de six tracteurs sous les ordres du sous-lieutenant Feydeau pour le 46e et du sergent-chef Feydeau pour le 47e et leur donne l’ordre de suivre à distance la progression des chars en longeant en colonne le côté droit de la grande route jusqu’à Villers-Mareuil. C’est ce détachement qui permettra aux chars de se ravitailler les uns après les autres au cours de l’action, puis de tenir jusqu’au soir ou plutôt pour ceux du 47 jusqu’à leur destruction.
L’attaque en effet s’est heurtée, pour monter les pentes du Mont de Caubert, à un réseau anti-chars extrêmement dense.
Les allemands se sont renforcés pendant la nuit sur cette position dominante. Au pied de ces pentes les chars du 47e sauf le CONDÉ trouvent leur fin. Ils briseront cependant avant de mourir une puissante contre-attaque allemande qui tente de dévaler les pentes du Mont de Caubert, en rangs serrés.
A 16h50 le commandant Petit a envoyé au lieutenant-colonel Sudre, au château de Huchenneville le C.R. ci-après :
Tous les chars risquent d’être détruits au prochain débouché en raison de la multitude de pièces anti-chars tirant à vue directe et au petit nombre de chars restants.
Deux équipages hors de combat.
Je demande ordres et mesures spéciales pour attaquer. A mon avis attaque impossible sans tourner au désastre dans les conditions présentes.
Situation des chars à 16h30 :
SURCOUF reste avec une tourelle immobilisée.
EYLAU Hors de combat équipage compris
TOURVILLE idem
LODI coup de 105 dans le train de roulement.
Reste donc le char de commandement et un char avec tourelle immobilisée.
46e Bataillon : Cinq chars peuvent encore marcher.
Envoyer s.v.p. voiture médicale.
Je reviens au P.C. du lieutenant-colonel Sudre à Huchenneville au moment où le lieutenant-colonel Sudre veut reprendre contact avec le commandant Petit pour lui transmettre l’ordre formel d’attaquer coûte que coûte le mont de Caubert et de tenter d’y monter. « N’aurait-il plus qu’un char, dites lui que je veux qu’il y aille, et que je n’admets aucune observation ».
Telles sont les paroles que je suis chargé de transmettre au commandant Petit, en ajoutant qu’il tâche de gagner le Camp de César par le chemin qui monte de Bienfay.
Je ne me dissimule pas la vanité de cet ordre, étant donné l’effort fourni en vain depuis 24 heures sur ce point ; mais le lieutenant-colonel Sudre est des plus nerveux et il ne me reste plus qu’à tenter de trouver le commandant Petit dont on ne sait exactement où il est et à lui transmettre ce message pour ce qu’il vaut.
Personnellement je n’ai pas eu communication du C.R. du commandant Petit, et si je me doute que sa situation n’est pas brillante je ne sais cependant pas encore le détail des pertes.
Je reprends ma voiture et tente de gagner par le plus court le bois de Villers où je pense avoir le plus de chances de trouver le reste des chars. Mais à la côte 104, je suis arrêté par des artilleurs qui m’empêchent de passer. Une pièce anti-chars vient en effet de détruire deux de leurs pièces de 47 automoteurs juste au carrefour et le passage sur la route à cet endroit est impossible.
Je retourne en arrière et essaie l’itinéraire qui fait un grand détour en repassant par les Croisettes et Bienfay.
J’arrive jusqu’à Bienfay sans encombre et y trouve des chars H 39 et les chasseurs à pied du 4e. Le village, principalement la sortie vers le bois de Villers est soumis à un violent bombardement qui m’empêche de m’engager avec ma voiture. D’autre part, un sous-lieutenant qui revient vers nous en auto-mitrailleuse me dit que les infiltrations allemandes sont nombreuses sur les pentes du Mont de Caubert et que le chemin qui y conduit est pris sous les feux de l’infanterie. Pendant que nous parlons les obus tombent ; l’un d’eux nous éclate à 25 mètres devant le nez sur le chemin. Il faut pourtant que je passe et estimant que si j'y vais en voiture je serai obligé de marcher très vite et risquerait de passer près des chars sans les voir je décide de laisser ma voiture à Bienfay et de faire à pied la reconnaissance du bois. Au sud de la route qui nous mène à Villers Mareuil je trouve une compagnie du 4e B.C.R. mais nul n'a vu les chars par là.
Je continue ma route à pied le plus rapidement possible et à la sortie des bois j'aperçois trois chars B abandonnés ; il y a là le LODI affaissé sur un côté, les deux autres achèvent de brûler. Je vais vers eux et identifie le TOURVILLE. Je ne puis voir le nom du troisième. Je fais le tour des chars et constate qu'ils sont vides de leurs équipages. Le spectacle de ces trois débris offre quelque chose de très triste mais je n'ai guère le temps d'y réfléchir beaucoup car je commence à entendre siffler des balles. En regardant vers le Nord, je vois sur les pentes du Mont de Caubert les allemands debout, sans se gêner qui font des aménagements, installent des pièces. N'ayant rien à faire dans à faire dans le coin, je décide au lieu de retourner à Bienfay chercher ma voiture de regagner à pied Huchenneville pour rendre compte au plus tôt au Lieutenant-Colonel de ce que j'ai vu. Je me dirige donc en me dissimulant de mon mieux, car je me sens visé par les mitrailleuses qui tentent de faire un carton sur moi. Vers le village de Mareuil où je cesse enfin d'être en vue du Mont de Caubert. Je fais un tour dans le village, mais là aussi pas de trace du Colonel Petit et je me dirige sur le bois d'Huchenneville. En y arrivant, je n'y trouve plus personne. Le P.C. a déménagé et on a laissé personne pour me dire où ils sont. Comme j'ai entendu dire qu'ils devaient partir pour Bienfay, il ne me reste plus qu'à y retourner à pied. Sur le bled entre les bois et la route, j'ai droit à un mitraillage personnel par un petit avion qui m'a repéré par le fait que je me trouvais seul au milieu des champs. Il repasse une deuxième fois. Je vois quelques balles arriver autour de moi. Je fais le mort et l'avion s'étant éloigné, je peux repartir. Mais cette randonnée à pied m'a éreinté et c'est avec plaisir qu'en arrivant à la grande route je trouve la voiture tous-terrains de la demi-brigade avec le capitaine Broyet qui me dit qu'après être allé à Bienfay le lieutenant-colonel Sudre a décidé de revenir à Hucheneville. Il m'y ramène ; le lieutenant-colonel Sudre y arrive peu après ainsi que le commandant Petit qui a pu reprendre la liaison. On a renoncé à escalader le Mont de Caubert et les chars restant sont regroupés à Hucheneville.
Il reste à ce moment là :
au 47e: le CONDÉ, char de commandement, seul rescapé que je retrouve avec une joie sans mélange son équipage composé de l'adjudant-chef Barthélemy, de l'aspirant de Thoisy et du caporal-chef Aulois, le frère du capitaine Aulois du 49e bataillon.
Au 46e: cinq chars.
Je pense à ce moment-là prendre une moto et aller rechercher ma voiture à Bienfay. Mon chauffeur que j'y avait laissé plus de trois heures auparavant ne cache pas sa joie, car ma longue absence l'avait convaincu qu'il m'était arrivé quelque chose après l'avoir quitté.
Vers 19 heures, un violent tir d'artillerie s'abat sur le bois où nous nous trouvons. Le capitaine Bousquet, chef d'état-major du lieutenant-colonel Sudre est grièvement blessé à la jambe. On entend des mitrailleuses allemandes tirer non loin de nous. Notre situation dans ce fond est un véritable traquenard. Aussi le lieutenant-colonel décide-t-il de déplacer tout le monde pour la nuit et de gagner les bois du château de Caumondel.
Le mouvement se fait à 21h30, mais en raison du bruit, au moment précis où je viens de dire à Gravelui qui est dans ma voiture : « Les allemands sont tout de même de bonne composition », un violent tir s'abat sur nous. Nous sautons de voiture, nous plaquons le long du talus de la route. Pendant vingt minutes, ça claque à qui mieux mieux, nous sommes couverts de cailloux et de débris puis le tir s'arrête. Il n'y a aucun mal et nous remettons en route et gagnons non sans difficultés, en raison de l'obscurité totale, l'allée du château de Caumondel où nous nous rangeons comme nous pouvons et allons passer quelques heures à nous reposer dans les chars et les voitures.
Ainsi se termine la journée du 29. Triste journée en définitive puisque malgré les efforts déployés depuis la veille, le résultat escompté n'est pas atteint : malgré des succès certains et une progression profonde, le Mont de Caubert n'est pas à nous. Le passage de la Somme et Abbeville ne sont pas sous notre feu.
Comme la soirée de la veille, la journée d'aujourd'hui a permis aux équipages de faire preuve de leur cran, de leur allant et ce n'est certes pas de leur faute si on aboutit en définitive à un échec.
Seul de tous les chars du 47e reste le CONDÉ et encore a-t-il des difficultés mécaniques avec son coupleur.
La citation à l'ordre de l'Armée de son pilote, l'adjudant-chef Barthélemy donne une juste idée de son attitude au feu :
« Pilote de char de commandement du bataillon. A brillamment combattu les 28 et 29 mai, sans prendre une heure de repos.
Profondément engagé dans les lignes ennemies avec le bataillon a détruit au canon ou écrasé sous les chenilles de son appareil une dizaine d'armes anti-chars le 28 mai et une douzaine le 29 mai, ainsi que de nombreuses mitrailleuses.
A participé également le 29 mai aux tirs des chars qui ont permis d'arrêter deux puissantes contre-attaques d'infanterie ennemie. ».
Par ailleurs l'aspirant Aubry de Maraumont a obtenu pour le combat du JEANNE D'ARC, relaté plus haut, la citation suivante :
« Pilote du char de commandement de la compagnie, s'est profondément engagé dans les lignes ennemies au cours du combat du 28 mai.
Ayant son capitaine blessé à bord, la tourelle hors d'usage et le canon de 75 bloqué par un projectile, n'a pas hésité à foncer sur les armes anti-chars pour les écraser sous ses chenilles.
Ayant ensuite son char incendié par le tir ennemi, a sorti son capitaine et les autres membres de l'équipage blessés et a réussi à les ramener dans nos lignes ».
De tous les combats livrés par les équipages au cours de ces deux journées, un autre mérite comme le JEANNE D'ARC, d'être rapporté en détail, c'est le combat du TOURVILLE :
Equipage : Chef de char : sous-lieutenant Charles Jourdan
Pilote : sergent Henri Hochard
Aide-pilote : caporal-chef Niederberger
2e Aide-pilote : caporal Guy Mossler
Ce dernier, dépanneur a supplié le sous-lieutenant Jourdan de le prendre à bord de son char pour le combat.
Le 28 mai.
Vers 20 heures le TOURVILLE est en surveillance aux abords de l'objectif que la compagnie vient d'atteindre.
Le pilote aperçoit à proximité du char le servant d'une mitrailleuse ennemie qui sort de son trou et tire dans le dos un fantassin du 22e R.I.C. Il le signale à son chef de char qui abat l'adversaire avec sa mitrailleuse.
Sur l'ordre du lieutenant, le cal-chef Niederberger et le caporal Mossler sortent du char pour ramasser le blessé et le ramener. Au moment de remonter à bord ils aperçoivent trois allemands qui tirent sur eux. Ils ripostent à coups de pistolet. Mossler abat un adversaire, les autres disparaissent dans le trou laissant leur mitrailleuse en place. Niederberger bondit sur l'arme et s'en saisit, la retourne et bien qu'ignorant tout de son maniement, fusille les servants à bout portant. Rejoignant leur char les deux caporaux aperçoivent un autre allemand. Sommé de se rendre celui-ci refuse et est abattu d'un coup de pistolet.
L'équipage se retrouve enfin au complet à bord avec le blessé qu'il ramène vers l'infanterie amie et repart ensuite au combat.
Le 29 mai.
Le TOURVILLE a repris l'attaque le 29 mai à 4 heures.
Vers 16 heures il se trouve en surveillance aux lisières du bois de Villers, face au Mont de Caubert ; il tire sur une contre-attaque ennemie qui en dévale les pentes.
L'EYLAU est touché par un obus de 105 et brûle.
Entendant les appels du sergent Douchet pilote de ce char, le S-Lt Jourdan et le caporal-chef Niederberger se précipitent à son secours et le trouvent affreusement brûlé au visage et aux mains, et avec une jambe brisée.
Ils sont eux-mêmes blessés en essayant de ramener le sergent Douchet au TOURVILLE qui est à son tour atteint par un obus de 105 et prend feu.
Les deux membres indemnes de l'équipage dont le caporal Mossler, ramènent leurs camarades blessés vers le village de Mareuil-Caubert où ils trouvent du secours.
On peut signaler à la suite de ceci que le caporal-chef Niederberger en traitement à Augen et non guéri a quitté à pied cet hôpital sur le point d'être occupé par l'ennemi et a fui pour retrouver le 47e bataillon dans la région de Périgueux. Il est âgé de 22 ans et père de deux enfants restés à Nancy.
Jeudi 30 mai.
Arrivés vers minuit dans l'allée du château de Caumondel nous reposons quelques heures d'un sommeil agité et sans cesse interrompu lorsque vers deux heures du matin un vacarme effroyable de détonations nous fait sursauter. Notre premier réflexe est de nous jeter dans les fossés mais nous ne tardons pas à nous rendre compte que nous avons stationné à moins de 200 mètres d'une batterie de 75 et que c'est cette dernière qui s'est mise à tirer. Nous réintégrons nos voitures et recommençons à dormir tant bien que mal.
Avant le jour le lieutenant-colonel Sudre nous remet en route car il veut que pour le jour levé les chars et son P.C. aient rejoint le bois d'Huchenneville qu'il nous a seulement fait quitter pour éviter les surprises nocturnes et nous installer sur une hauteur.
Je n'ai pas revu le commandant Petit qui était parti en voiture en même temps que nous. Mais son char est là et reprend avec les autres le chemin d'Huchenneville. Mais en cours de route, le coupleur le lâche. Il a besoin d'une réparation et de plus Barthélémy et Aulois sont épuisés, complètement à bout de forces. Ils n'arrivent même plus à passer les vitesses qui sont très dures. Je les laisse donc sur place et décide de faire le plus tôt possible réparer le CONDE par la compagnie d'échelon et de lui envoyer un équipage neuf.
Les chars du 47e n'existant plus, le lieutenant-colonel Sudre me donne l'ordre de rechercher le commandant Petit avant même d'arriver à Limeux. Il a passé la nuit là. Je le réveille, lui communique les instructions du colonel, puis nous prenons ensemble la route de Marquenneville.
Là, l'ordre ci-après est établi par l'adjoint technique :
a) L'ennemi a contre-attaqué et sa première ligne passe par les lisières nord d'Huchenneville et la côte 104.
b) Les chars engagés ont été arrêtés par l'ennemi sauf le CONDÉ.
La 1ère ligne amie passe par la côte 104 – Huchenneville.
Mission de la C.E.
- Envoyer de toute urgence tous les éléments de dépannage et d'atelier disponibles à Marquenneville avec au moins deux officiers.
- A Marquenneville, remettre en état les chars qui ont été rassemblés.
- A Huppy, dépanner le FRIEDLAND.
- Dans la région de l'ancien Moulin de Limeux, dépanner le KEMMEL et récupérer les autres chars.
- L'officier adjoint technique est à Marquenneville.
Signé : Drapied
1 camion d'ingrédients.
Véhicules rendus à 14 heures au plus tard.
2° Percevoir le plus vite possible
a) une demi unité de feu en obus de 47 explosifs.
b) une demi unité de feu en obus de 75 explosifs.
Signé : Drapied
2°) A 9h15 aucune équipe de la C.E. n'est encore rendue aux chars. Je ne comprends pas. Les envoyer de toute urgence à Marquenneville.
Confirmation de l'ordre d'urgence :
Le CONDÉ (lisière nord du bois ouest de Caumont) est à remettre en état sans délai (coupleur).
Signé : Petit
(au dos de l'ordre ci-dessus)
2°) Le présent message n'est parvenu qu'à 10 heures.
La camionnette qui vous le retourne part à 10h30.
Vos agents de liaison viennent-ils directement ?
Transmis à Biget qui se met en route dès que prêt.
Puis sur autorisation de la demi-brigade qui nous dit de retirer le P.C. Plus en arrière, le P.C. Du bataillon est installé à Frucourt en suite de l'ordre ci-après.
E.M. 14 heures
Le P.C. du bataillon s'installe en entier à Frucourt.
L'adjudant-chef Pade (resté à Fontaine-le-Sec avec le gros de la section de commandement) prendra toutes dispositions pour que la totalité du personnel et du matériel constituant le P.C. du bataillon soit rendu à Frucourt à 18 heures au plus tard.
Les échelons des compagnies de combat se porteront à Vaux – Marquenneville.
L'échelon de dépannage de la C.E. restera à Vaux-Marquenneville jusqu'à nouvel ordre.
Dans la soirée, le CONDÉ qui avait été remis en état a attaqué avec les chars du 46e.
Il est à son tour mis hors de combat, le tourelleau arraché par un obus et plusieurs autres obus lui ayant causé des avaries.
L'équipage, dont le sergent Jean Bigot qui a été blessé rejoint nos lignes.
Le CONDÉ détruit est à son tour abandonné entre les lignes. Tous les chars du 47e ont désormais payé leur tribut.
Quelques uns seront réparés et continueront.
Un seul, le KEMMEL, de l'aspirant Depigny, verra parmi nous le jour de l'armistice après avoir tant bien que mal effectué toute la retraite.
Frucourt 31 mai 1940
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II. Zone probable de stationnement du 47e :
IX. Jalonnement.
X. Point initial pour le bataillon :
Des précisions sur la sortie de Oisemont seront données lorsque l'itinéraire sera connu.
Signé : Petit
Frucourt 31 mai
Le toubib a toujours gardé le sourire
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Notre P.C. avait été fixé à Thérines, mais en allant à la 3e compagnie, le commandant Petit découvre le château de Lannoy que celle-ci occupe. Il est remarquablement installé et le commandant décide d'y installer également le P.C.
Château de Lannoy | ![]() |
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1 – 5 juin 1940
Château de Lannoy
La popote et le popotier
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Château de Lannoy 4 juin
Le fanion du bataillon porté par l'Adjudant-chef Barthélémy A sa gauche : le Sergent-chef Huchart, aumônier du bataillon En attendant l'inspection du Général de Gaulle. |
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RICHELIEU : arrivé par fer le 5 juin au P.E.B. 27.
V. Autour de Beauvais
Lt Dubois Cne Laude S-Lt Gravelin
GRUMESNIL 6 – 7 juin
Le P.C. du Bataillon
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Lt Dubois Docteur Dezaunay S-Lt Gravelin |
Le bulletin de renseignement n° 8 du 7 juin était rédigé comme suit :
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Autour de Beauvais 1–9 juin |
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De Beauvais au Sud de la Seine 9 juin 5 heures – 10 juin 5 heures |
Pire encore : une grosse proportion de voitures sont conduites par des officiers ou des militaires emmenant leur famille. Cela donne envie de les faire descendre et de les étendre sur le bord de la route.
Le 47e bataillon est depuis la Seine repassé aux ordres de la 6e demi-brigade commandée par le lieutenant-colonel Sudre.
1° La 8e division d'infanterie coloniale tient la lignes Chaignes – Bonnières – Mantes.
2° La 84e division d'infanterie tient à partir de Mantes vers l'est.
3° La 1ère division légère motorisée est à l'est d'Evreux.
4° La 2e division légère motorisée est à Breuilhon, 6 km S.E. de Pacy-sur-Eure.
Les renseignements sont complétés plus tard par le bulletin suivant :
Dans la journée du 11 juin l'ennemi a bordé la Seine et l'Oise ; la boucle de Poissy reste toutefois entre nos mains. D'autre part, il a cherché à faire passer entre Rouen et Vernon des éléments au sud de la Seine.
Situation dans la zone de la division :
Le long de la Seine et de l'Oise, entre Vernon et l'Isle Adam, l'ennemi a manifesté sa présence par l'activité d'éléments légers et quelques bombardements d'artillerie sur les localités de la rive gauche.
A l'ouest, nos éléments sont toujours en contact entre l'Eure et la Seine, au sud de Vernon, en particulier dans la forêt de Bizy.
De petits éléments sont signalés le long de l'Eure, en aval de Pacy et dans la forêt de Pacy.
Un officier a été fait prisonnier au nord de la route Bonnières – Pacy.
La mission du bataillon est de s'installer au sud de Houdan et d'y former un point d'appui en se gardant principalement face au nord et à l'ouest.
Le dispositif ci-après est adopté :
Compagnie Ghislain : la Hauteville
Compagnie Gaudet : le Tartre – Gaudran et elle interdit la route N 183.
Compagnie Bibes : n'a pas rejoint.
Le P.C. du bataillon est installé dans une ravissante maison de week-end, le Prieuré, appartenant à des tchécoslovaques qui sont partis et dont le gardien nous donne les clés. Nous y passons une bonne nuit sans incidents.
Au cours des durs combats de ces jours derniers, vous avez fait preuve d'un esprit de sacrifice et d'une bravoure magnifique, en résistant sur place, même encerclés, malgré l'aviation de bombardement, malgré les divisions allemandes.
Ayant reçu l'ordre de vous replier, vous avez manœuvré en bon ordre, en dépit des atteintes du bombardement et des chars ennemis, sauvant tout le matériel possible et tenant l'ennemi en respect.
Sur la Somme, puis entre la Somme et l'Oise, vous avez combattu avec un courage digne de la plus grande admiration.
Votre général est fier de vous commander et il vous exprime du fond du cœur, toute sa reconnaissance au nom de la patrie.
A huit heures, nous avons reçu l'ordre de nous tenir prêts à faire mouvement vers le sud-est de Chartres.

La mission générale de la 4e D.C.R. est de barrer les routes d'accès à Chartres en direction de l'est. La 8e demi- brigade barre la direction de Chartres, Santeuil, Dommerville et tient le passage de la voie ferrée Joves – Auneau et Chartres – Auneau, entre Monville et Santeuil.
La 6e demi-brigade barre la route d'Orléans et tient la voie ferrée Voves, Janville, Toury à hauteur de Prasville.
Le départ se fait à 15 heures et l'étape, assez longue, est rendue plus difficile encore par le flot de réfugiés qui se dirigent vers Chartres et Tours. Nous passons cependant à Epernon puis Gallardon où je fais un arrêt de ravitaillement. Le village est encombré de réfugiés. Je trouve une petite fille de 16 ans, pleine de cran, et qui accompagne sa sœur enceinte de six mois et qui poussant une voiture avec un autre enfant arrive à pied de Maisons-Laffitte. Elles me demandent leur route, ou plutôt dans quelle direction s'en aller. Mais quel conseil leur donner ? dans cette immense pagaille c'est bien difficile. Mais leur entrain et leur moral souriant fait plaisir à voir et je suis réconforté au milieu de tant de lâchetés ou d'abandons de caractère, de trouver ces deux femmes bien françaises dont l'attitude redonne un peu confiance.
Je trouve à acheter quelques provisions, et des commerçants nous donnent pour rien des victuailles et de la boisson. Les réfugiés, au contraire, dans leur ensemble se plaignent qu'on les exploite.
Gallardon 13 juin | ![]() |
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Après Gallardon, nous traversons la route d'Ables à Chartres, en un point où je suis passé si souvent en auto, en allant de Tours à Paris et inversement. Que tout cela ressemble peu à autrefois ; toujours les réfugiés qui arrivent à flots de la direction de Paris et qui à cet endroit bifurquent entre Chartres très proche d'où l'on voit s'élever des fumées et Tours.
Quelques avions passent, puis un grand bruit et une énorme colonne noire ; ils viennent de se décharger dans notre dos.
Le bruit court que ce sont des italiens mais aucun de nous ne peut le confirmer.
Après le passage de la route Ablis – Chartres, j'active le mouvement, confirmant la destination aux différents chars et véhicules qui sont assez espacés.
La route est longue et ce n'est qu'à la nuit tombée que le bataillon sera en place de la manière suivante :
Compagnie Ghislain à Guillonville,
Compagnie Gaudet et E.M. à Prasville,
Compagnie Bibes à Epiney et Mondoville-Sainte-Barbe qu'il doit rejoindre dans la nuit.
La base arrière de la Division qui regroupe désormais les compagnies d'échelon a fait également mouvement et doit se regrouper au S.O. d'Orléans, dans la forêt au sud de Saint-Hilaire – Saint-Mermin.
A 22h30 parvient le bulletin de renseignement ci-après :
Bulletin de renseignement n° 13
L'armée de Paris et les armées voisines opèrent actuellement un mouvement de repli stratégique vers le sud.
Situation dans la zone de la 4e D.C.R.
Pas de renseignements nouveaux sur les activités ennemies dans la région de Bonnières – Mantes. Pression ennemie sur Chauffour. Infanterie portée principalement.Les divisions légères qui se trouvaient au nord de Saint-André ont du se replier sur l'Avre, de Hunaucourt à Dreux.
Pas de modification. L'armée de Paris à laquelle est rattachée la 4e D.C.R. doit se retirer vers le sud sur de nouvelles positions.
Situation dans la zone de la 4e D.C.R.
Dans la région comprise entre la Seine et la ligne Saint-André de l'Eure, Houdan, l'ennemi n'a manifesté aujourd'hui aucune activité.
A 18 heures, il n'était pas au contact de nos éléments avancés.
Aviation ennemie peu active (jet de tract)
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Environ de Chartres
15 juin
Ravitaillement à bon marché |
Château de Montmureau
15 juin
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La nuit se passe cependant encore sans incidents, mais la journée du lendemain va rattraper largement ce manque d’émotion.
Dispositif de la compagnie :
section de tête (De Dufourcq) au carrefour central du village,
Section de queue (De La Romignière) en protection à la fourche des routes Fains – Ohe, vers ces deux directions.
La section intermédiaire ( Bounaix), retirée dans un hameau à l'est de la route, prête à intervenir dans toutes les directions en tournant le village.
À huit heures, un sous-lieutenant de tirailleurs me signale «des autos mitrailleuses allemandes harcèlent ma compagnie qui se replie à 300 mètres d'ici sur la route d’Ohe. Pouvez-vous intervenir ? »
section De Dufourcq en réserve (j’envoie le chef de section en observation dont le clocher de Fontenay),
j'utilise un des chars de cette section comme PC et suit en liaison radiophonique avec les deux autres sections :
section de La Romignière, élément de fixation,
section Bounaix élément de manoeuvre.
a) les chars sont absolument capables d'arrêter toute avance de chars ou d'engins blindés, mais sont impuissants pour stopper les infiltrations d'infanterie. Leur action doit être complétée par celle de l'infanterie.
III. SAINT-FLOVIER – 21 juin 1940.
Le 20 juin à 22 heures, la 3/37 est installée défensivement sur les lisières de Saint-Flovier ayant reçu comme mission de barrer les routes de Verneuil sur Indre, de Saint Senoch, de Flère la Rivière.
L’ordre est donné et compagnies prennent leurs nouvelles positions ; mais de plus en plus inquiet de ce qui se passe vers la direction de l’est, et afin de garantir le passage libre vers le sud, étant donné l’ordre qui vient d’arriver d’avoir à envisager le reprise de la marche jusque vers la forêt de Marchenoir, afin de s’y installer et d’en tenir les lisières nord ; le lieutenant-colonel Sudre décide d’envoyer la compagnie Gaudet très en avant.
Avec les voitures, je fonce à mon tour sur la route pour transmettre à la compagnie Ghislain l’ordre de départ et rejoindre la compagnie Gaudet à Binas et lui transmettre les nouveaux ordres.
Chambord 18 juin | ![]() |
Tous nos éléments sont alors au sud de la Loire et le pont s’écroule dans le fleuve.
I. En raison de la prise de contact allemande sur tout le front entre Beaucenay et Neung-sur-Bevron, et de la possibilité d’infiltrations ennemies dans la forêt de Boulogne , la 6e demi-brigade portera son gros dans la région Cour Cheverny – Cheverny, en situation de barrer les routes Bracieux – Cour Cheverny et de s’opposer à tout débouché ennemi de la forêt de Boulogne en direction du sud.
II. Dispositif à réaliser pour 5 heures du matin :
Bataillon 46/47 et 4e B.C.P., point d’appui de Cour Cheverny
III. Le décrochage se fera dans l’ordre suivant :
IV. Missions des unités en fin de mouvement.
2°) Etre en mesure de contre-attaquer de part et d’autre de la route les engins ennemis débouchant des lisières sud-ouest de la forêt de Boulogne.
Le mouvement commencera après le passage du 4e B.C.P. sur l’ordre du chef de bataillon.
D’ailleurs à ce moment là, les allemands qui avaient passé la Loire à Beaugency et à Orléans, avaient poussé très loin au sud, vers Romorantin et Loches-sur-Cher, à Blois il n’en était nullement de même.
Mais la situation de ce groupe d’armées, le 3e, dans la boucle de la Loire, n’était-elle pas également paradoxale. Par sa gauche, il défend le passage de la Loire avec succès à Saumur et à Tours. Par sa droite il tient encore par la VII e armée en avant du Cher. Mais le centre est enfoncé vers Romorantin et Selles-sur-Cher. Cette VIIe armée est donc menacée d’enveloppement sur ses deux ailes, puisqu’à sa droite les allemands qui ont franchi la Loire vers Nevers avancent sur Bourges.
Il est seize heures quand nous y arrivons, et nous cherchons à caser tout le monde de notre mieux, dissimulant chars et véhicules dans toute la mesure du possible.
Ordre pour l’installation
Tenir les directions est, Villeloin, Houans.
II. Compagnie Ghislain : Région nord.
Tenir la direction nord.
III. Compagnie Bibes : Elément de manœuvre.
Direction dangereuses : 1° est, 2° nord.
S’installer région ouest.
Reconnaître les itinéraires (assez compliqués) pour se porter dans les directions dangereuses rapidement – priorité est.
IV. P.C. du bataillon : château.
V. Etablir une situation succinte de fin de mouvement et l’adresser à l’arrivée au P.C. du bataillon.
Préciser l’emplacement du P.C. des compagnies.
VI. Etablir des liaisons solides dans les unités.
VII. On s’est battu ce soir à Saint-Aignan.
L’ennemi occuperait Saint-Romain
Signé Petit
Château de Montrésor
20 juin
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II. En conséquence se tenir prêts à toute éventualité et en particulier prendre toutes dispositions de combat, les équipages à leur poste.
III. Exécuter le présent ordre avec calme et une certaine discrétion
Le char VERCINGETORIX de la compagnie Ghislain sera passé à la compagnie Gaudet sans délai.
Angles sur l’Anglin 22 juin Adjudant ?
Lieutenant Pellerin
Lieutenant Bibes
Aspirant Pincemaille
Sous-lieutenant ?
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Lieutenant Gaudet
Commandant Franck (génie)
Lieutenant-colonel Sudre
Lieutenant Bounnaix
Sous lieutenant Gambart de Lignères
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Aspirant de Thoisy
Motocycliste Cocquart
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Ruines du vieux château d’Angles |
Itinéraire : n° 1
Dournazac, Nontron, Leguillac, Cercles, Montagrier, Tocane, Chanterac
2/24, 46/47 : Compagnie Gaudet, Section de commandement, Compagnie Bibes.
Zone de stationnement
46/47 y compris C.E. et T.R.
Saint-Astier
Les Aujelloux
Planeze
Fontanau
Campement : Capitaine Laude, un officier, deux sous-officiers des compagnies

Pointe vers Saint-Astier
arrêt à la Tour-Blanche.
Le 7e R.D .P. assurera une surveillance sur la ligne Mareuil, le Burdeau, pour qu'aucun militaire de franchisse cette ligne vers le nord.
P.C. sixième demi-brigade : Saint-Astier
P.S.D. : Lisle.
Point initial :Dournazac
On n’abandonne pas un char, on répare.
Départ immédiat
Le capitaine Gimé enverra immédiatement à Saint-Astier (Mairie) un campement qui se mettra aux ordres du capitaine Laude.
Sauf ordre contraire de la base, le capitaine Gimé portera son détachement immédiatement dans la zone de stationnement.
Matin de l'armistice devant le château de Montbrun -- près Dournazac
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De gauche à droite : aspirant de Thoisy, lieutenant Drapied, sous-lieutenant Moine, sous-lieutenant de Duffourq, conducteur ?
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Nous arrivons néanmoins vers Saint Mathieu, où conformément aux ordres, le parcours a un long arrêt. C'est pendant cet arrêt que nous est donné l'ordre notifiant l'armistice et spécifiant qu’à partir de maintenant on ne doit plus faire sauter aucun char mais tout dépanner et réparer.
Notre destination est également changée et maintenant ce n’est plus à Firbeix mais à Paulhiac, un hameau au sud de Dournazac que doit se rendre le bataillon.
Il fait grand jour lorsque que nous nous remettons en route.
Parti en avant, j’arrive à Paulhiac que je trouve absolument inlogeable. C’est un hameau de quelques maisons misérables et de plus, tout est encombré par un bataillon de sénégalais qui sont arrivés dans la nuit et occupent le peu de place disponible.
J'en suis réduit à disperser le bataillon. La compagnie Bibes qui occupera la ferme des Bordes et la compagnie Gaudet, une grande ferme à 3 km de Paulhiac sur la route de Dournazac. A Dournazac où la 6e demi-brigade installe son P.C. ainsi que le bataillon 2/24, la situation est la même et le village est encombré de troupes de toutes sortes.

À 14 heures le bataillon se met en route. Une étant chargé du campement, je prends les devants et sans emprunter l'itinéraire normal prescrit à la colonne, je me dirige vers Saint-Astier en passant par Nontron, Brantôme et le Pas-de-l’Anglois, banlieue nord de Périgueux.
Je me présente comme prévu à la mairie de Saint-Astier, mais j'y trouve un colonel, commandant le magasin central automobile ; celui-ci me déclare que parti la veille pour Montauban il a reçu l'ordre du ministre (?) de revenir à Saint-Astier et que la ville étant archipleine il ne peut être question de nous y loger. Saint-Astier, en effet, grouille de monde. En plus du M.C.A. il y a des tirailleurs. La grande salle de la mairie est noire de réfugiés qui couchent sur la paille. Le M.C.A. a, de plus, amené avec lui ses femmes sanitaires et dactylographes. Tout cela n'est pas beau à voir et je comprends que c'est la grande foire d'empoigne, et qu'en l'absence de tout ordre, chacun se débrouille comme il peut. J'ai vite fait de comprendre que toute insistance est inutile et qu'il sera impossible de nous loger. Je réunis les officiers chargés du campement de chaque unité et les charge de reconnaître les environs et de voir si les points de stationnement, ou tout autre, qu'on nous a fixé peuvent être utilisés.
J'attends à la mairie que mes reconnaissances reviennent. Les résultats en sont négatifs. Je les renvoie dans d'autres coins et finalement le lieutenant Urruty , de la compagnie Bibes découvre un stationnement à Jeyvat, de l'autre côté de l’Isle, ainsi que de Duffourcq pour la compagnie Gaudet à Heuric.
Par ailleurs, j'ai envoyé au devant du capitaine Gimé qui arrive par Périgueux pour le prévenir de ne pas pousser son détachement jusqu'à Saint-Astier et de s'arrêter sur la route pour la nuit là où il trouvera de la place.
Ceci fait, je laisse l'aspirant Aubry de Maraumont en permanence dans la voiture, devant la mairie pour renseigner ce qui se présente et je vais au devant de la colonne afin d'éviter qu'elle vienne jusqu'ici où tout au moins la prévenir que j'ai dû modifier les points de stationnement.
En cours de route, je rencontre le lieutenant Maurice du 4e Dragons de Verdun qui me dit que la 1ère D.L.M. est dans la région et me donne des nouvelles du 4e Dragons et du 6e Cuirassiers. Très éprouvés à Dunkerque, ils ont été embarqués sur l'Angleterre, puis rejetés rapidement dans la bagarre, ils ont fait, à notre gauche, toute la retraite.
J'apprends cependant avec plaisir, que les camarades de notre petit groupe d'amis sont tous sauvés. En passant à Locaux – Saint-Apre, je trouve l'état-major de la 6e demi-brigade ainsi que le lieutenant colonel Sudre.
Celui-ci déjà informé de l'occupation de Saint-Astier par d'autres troupes, a décidé d'arrêter tout le monde et la demi-brigade va stationner plus au nord dans la région de la Tour-Blanche.
Munis de ces renseignements, je retourne à Saint-Astier, prévenir les campements de rester sur place dans les points qui sont reconnus, d’y passer la nuit et d'attendre les nouveaux ordres pour le lendemain. Puis je repars vers le nord, rendre compte au bataillon.
La nuit me prend vers Montagrier et je suis tout étonné de la sensation nouvelle de rouler avec des phares, alors que depuis des semaines ne nous permettions pas la moindre lumière.
Vers 22h30, je suis à la Tour-Blanche où je rend compte au commandant Petit des dispositions prises, et cela fait je vais à la demi-brigade, dire au lieutenant colonel que tout est en place et que le détachement du capitaine Gimé est à Montaneix, sur la route de Périgueux à Mussidan, où il s’est arrêté.
De son côté, la compagnie d'échelon du 46, campe sous les ordres du lieutenant Büchsenschütz à quelques kilomètres de Saint-Astier, sur la route de Locaux, à hauteur de Laguillac-de-Lauche.
Lorsque tout est terminé, il est près de minuit et je reste coucher au PC de la demi-brigade.
capitaine Barrelet, commandant le 2/24
lieutenant-colonel Sudre
lieutenant ?
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1er juillet inspection du général Keller et du général Delestraint
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félicitations au caporal-chef Niederberger proposé pour la médaille militaire. | ![]() |
Commandant le groupement cuirassé
Caylus juillet 1940
Vous avez fait votre devoir, simplement, consciencieusement, jusqu'au bout. Si tout le monde avait agi de même, nous n'en serions pas où nous en sommes.
Je tiens à vous apporter mes remerciements personnels, ceux que m'a exprimé d'une façon si élogieuse le général Weygand, ceux de la France. La France s'écroule aujourd'hui dans un désastre effroyable ; la veulerie générale en est la cause. Il dépend de nous cependant, il dépend de nous surtout, les jeunes, que la France ne meure pas.
De grands soucis, de durs sacrifices dont nous ne mesurons pas bien encore toute la portée nous attendent.
Allons au-devant de ces nouvelles épreuves avec courage, avec énergie et aussi avec confiance.
Ainsi que nous le disait si bien l’abbé, dimanche dernier, la résurrection glorieuse de Pâques a suivi le sanglant et douloureux calvaire du vendredi saint.
Si nous conservons la foi dans les destinées de notre pays, si nous nous comportons en français, avec une âme de français, si nous savons vouloir, la France ressuscitera un jour, elle aussi, du calvaire présent.
En vous faisant mes adieux, je vous dis : courage ; je répète à tous : confiance, confiance encore, confiance toujours.
Le bataillon stationne toujours à Mainzac mais ils m'apprennent que le 16 juillet sera son dernier jour.
Tous les bataillons de chars, par ordre des Allemands doivent avoir cessé d'exister le 17.
Déjà, la veille, nous chars ont été amenés à Périgueux où ils ont été versés au parc d'artillerie où ils seront stockés sous contrôle de la commission allemande d'armistice.
En sortant de Périgueux, nous croisons la colonne de chars Somua qui viennent à leur tour être rendus au parc.
Le lendemain 16 juillet, dernier jour d'existence du bataillon et de toutes les autres unités de chars.
C'est pour nous tous un véritable crève-cœur de voir la suppression de cette arme à laquelle nous sommes attachés après de longues années et dont, au surplus, nous sommes fiers, parce que nos équipages ont été splendides et en tous points dignes de leurs anciens de l'artillerie d’assaut.
À 11 heures, les officiers du bataillon se sont réunis à la popote pour faire leurs adieux au commandant Petit qui part prendre le commandement du canton de Maissac, dans la Corrèze. En qualité de plus ancien, je suis chargé de lui dire quelques paroles, mais je ne puis m'empêcher de déborder du sujet et de dire ce que son départ signifie à nos yeux, le symbole de la disparition des chars et surtout de nous unités de chars B, qui représentent pour nous, toute une époque avec ses peines, ses joies et ses espoirs.
Et puis, le départ de tous nos chefs (le lieutenant-colonel Sudre est parti le matin mêmes à Brives) nous laisse la pénible impression que dans cette débâcle, chacun s'est empressé de s'assurer une place, nous laissant abandonnés, aux prises avec toutes sortes de difficultés. Cette sensation s’avivera lorsque nous les reverrons, revenir à toute allure à la formation du régiment de cuirassiers.
Mainzac
Aspirant de Thoiry
Docteur Dezaunnay
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Docteur Dezaunnay
Lieutenant Ogé
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Lieutenant Drapied
Aspirant de Thoisy
Sous-lieutenant Gravelin
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Lieutenant Drapied Avec ce sourire, il doit pour une fois, ne pas lire le Temps. |
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Le bataillon dissout le 17 juillet, forme à cette date plusieurs éléments distincts dont on ne sait trop ce qu’ils sont :
La compagnie d'infanterie de chars à numéro 46. Commandée par le lieutenant Gaudet
La compagnie d'infanterie de chars numéro 47.Commandée par le capitaine Ghislain.
La compagnie d'ouvriers des chars commandée par le lieutenant Bibes qui part pour Périgueux.
Les répartitions de personnels entre ces unités sont faites par ancienneté de classe et les classes les plus anciennes forment en outre :
la compagnie de travailleurs de la 6e demi-brigade qui rassemble les classes les plus anciennes des corps de la 6e demi-brigade et dans laquelle le détachement du 47 est sous les ordres du capitaine Citroën.
Toutes ces unités s'administrent isolément, mais ne savent pas comment les compagnies d'infanterie doivent être rattachées à des régiments régionaux ; mais ceux-ci ne sont pas encore créés et les compagnies n’ont aucune vie administrative.
Dès le 16, on leur a refusé le ravitaillement, parce qu'elle n'avait pas de fonds pour les payer.
Il faut à tout prix une solution. Dès le 16 au soir, après le départ du commandant Petit j'ai fait le voyage de Confolens pour tâcher de m'arranger avec l’intendance.
Le 17 et de 18 j’arpente à nouveau les routes, pour agir tantôt à Limoges auprès du colonel Bonnet de la Tour, commandant les chars de la deuxième région et à l'état-major de la deuxième région, tantôt auprès du général Vermeil de Conchard, commandant le département de la Charente et de nouveau avec l’intendance.
Mainzac
Sous-lieutenant Gravelin
Aspirant de Thoisy.
Docteur Dezaunay
Lieutenant Ogé
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Lieutenant Drapied
Lieutenant Robinet
Aspirant de Thoisy.
Lieutenant Gautier
Docteur Dezaunay
Lieutenant Ogé
Sous-lieutenant Paulien
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47ème Bataillon de CHARS DE COMBAT
3ème Compagnie
COMPTE RENDU DES OPERATIONS
COMPTE RENDU DE FIN D'OPERATIONS AU NORD OUEST DE BEAUVAIS
Composition de l'unité : 1 Section du 46e B.C.C.
2 Sections de la 3e Cie du 47e B.C.C.
Relation de l'Opération.
A 3 heures les chars débouchent, la section du 46e B.C.C. en 1er échelon, la 1ère section du 47e B.C.C. en 2e échelon. Quelques tirs d'artillerie ennemie aux lisières Nord du bois de MOIMONT, à 3 heures 30, les unités de cavalerie et des chars de St-OMER ont dégagé, les chars B rentrent à leur position de départ.
Rien à signaler autre que les tirs d'artillerie au Sud de ST-OMER et aux lisières Nord de MOIMONT.
Déplacement de MILLY vers VAUROUX.
Le 9 Juin à 5 heures, la compagnie reçoit l'ordre de se porter dans le petit bois carré à 1 km au Sud de MILLY puis de gagner VAUROUX par l'itinéraire PIERREFITE – LE MONT ST-ADRIEN – LE BECQUET - VILLERS – ST-BARTHELEMY - LE VAUROUX.
Arrivée à VAUROUX, le 9 Juin vers 11 heures.
Ordres reçus : Poster la Compagnie aux fermes de QUEIREVER et Ferme NEUVE à 1,5 km à l'ouest de VAUROUX pour interdire le débouché de l'ennemi et protéger le déplacement de la Division vars le Sud.
Relation de l'action :
Vers 12h30 l'aviation ennemie survole et reconnaît la position des chars. Les mitrailleuses de D.C.A. ouvrent le feu ; à 13 h des Éléments ennemis sont signalés au Nord Ouest de la position des Chars.
Vers 13h30 la position est soumise à un tir précis de l'artillerie en particulier 2 obus de 105 tombent près des chars du lieutenant PAUL et de l'Aspirant DEPIGNY. L'embranchement de la route de VAUROUX et du chemin du TROU MAROT est particulièrement visé.
A 14 heures la Compagnie reçoit l'ordre de quitter la position en formant l'arrière gauche de la Division.
La Compagnie a effectué dans la journée du 9 Juin et la matinée du 10 une marche de 93 kilomètres, de MILLY sur THERAIN à BEYNES au Sud de la Seine.
Compte rendu des opérations dans les environs de BLOIS
Dans la nuit du 17 au 18 Juin 1940 la compagnie se déplace de BINAS à BRACIEUX au Sud de la Loire sur des routes encombrées par les réfugiés.
Dans la matinée du 18 Juin, le commandant de Compagnie se rend à MER et à MUIDES pour prendre les ordres du Chef de Bataillon et pour se renseigner sur la situation du char TURENNE en panne au Nord de la Loire. Le Chef de bataillon donne l'ordre de s'installer à BRACIEUX.
Le char TURENNE non réparable est abandonné au Nord d'AUNAY.
Vers 16 heures la Compagnie reçoit l'ordre de former un bouchon au village de MONT à MONT, la compagnie trouve le reste d’un Bataillon de Zouaves venant de BLOIS.
Installation de la Compagnie à MONT
Rien à signaler pendant la nuit du 18 au 19 Juin. BLOIS est bombardé et en feu.
Le 19 Juin vers 8 heures, le Commandant de Compagnie reçoit l'ordre de barrer la route de Blois - Cour-Cheverny à 5 kilomètre en avant de Cour-Cheverny et de se garder vers l'Est.
Installation de la Compagnie au Nord de COUR-CHEVERNY
La liaison est assurée à l'Est avec le 4e B.C.C. installé le long de la voie ferrée.
Survol par l'aviation ennemie.
A 14 heures, la compagnie reçoit l'ordre d'envoyer le char du capitaine AQUITAINE accidenté dans le déplacement précédent vers la base arrière.
Le compagnie n'a plus que deux chars, et 4 side-cars armés de mitrailleuses.
A 15 heures, le Commandant de Compagnie reçoit l'ordre de se déplacer vers CHAUSSY en constituant l'arrière garde de la Division.
MONTRESOR du 20 Juin à 3 heures au 21 Juin 18 heures.
La Compagnie prend position face au Nord. Calme parfait durant le stationnement.
ST-FLOVIER du 23 Juin 6 h au 23 Juin 21 heures.
La Compagnie reçoit l'ordre de prendre position au Sud et à l'Ouest de ST-FLOVIER et de surveiller la direction du Sud.
Rien à signaler pour la journée du 22 et la nuit du 22 au 23 Juin.
Dans la matinée du 23 Juin ST-FLOVIER est survolé par l'aviation ennemie. La D.C.A. de l'Unité ouvre le feu.
Vers 17h les Commandants d'unité sont appelés au P.C. du Bataillon situé au Centre du Village. L'ordre est donné de préparer le déplacement des éléments sur roues et les chenillettes sont mis en route d'urgence sur PREUILLY sur CLAISE.
Vers 18 heures un tir d’armes d'infanterie éclate au Nord de ST-FLOVIER, il est suivi d'un tir d'artillerie sur les lisières Nord et Est.
Dans l'ordre donné par le Chef de Bataillon, la Compagnie doit fermer la marche de la Division et attendre le passage des colonnes d'artillerie, chasseurs, chars, avant de quitter la position.
Des dispositions sont prises pour se garder vers le Nord. Vers 21 heures la Compagnie quitte ST-FLOVIER, le char du Lt Becquet est immobilisé par suite de rupture de l'arbre du barbotin.
Le char irréparable étant donné la situation est abandonné après l'avoir incendié.
La Compagnie gagne PREUILLY sur CLAISE où elle stationne la nuit du 23 au 24 Juin.
COMPTE RENDU D'OPERATIONS DU LIEUTENANT PAUL
B1bis 509 FRIEDLAND
Sources : Jacques Guérout, Archives du SHAT Vincennes.
JOURNAL DES MARCHES et OPÉRATIONS
du 47e Bataillon de Chars de Combat
pendant la campagne 1939-1940
du 15 Novembre 1939 au 17 Juillet 1940
15 Novembre 1939 -
En exécution des prescriptions de la D.M, N° 4862 BT/I.C.C.S. du 29 Octobre 1939, le Bataillon de Chars de manœuvre n° 47 est formé par le Dépôt de Chars n° 507.
Son encadrement est le suivant :
Chef de Bataillon : Commandant PETIT Etat-Major : Capitaine Chef d’E.M. : Capitaine MARCHIONI Lieutenant Adjoint technique : Lt. CITROEN Lieutenant des transmissions : Lt. TABARD Lieutenant des renseignements : S/Lt GRAVELIN Lieutenant chargé des Détails : Lt. GAULTIER Médecin-Lieutenant : S/Lieut. DEZAUNAY Compagnie d'échelon Commandant de Cie :Lieutenant VEVER Lieutenant Chef de Section A.D : Lieutenant CHARREYROU Lieutenant Chef de Section ...................... Lieutenant Ravitaillement approvisionnements : S/Lieut. PAULIEN |
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1ère compagnie Commandant de Compagnie : Capitaine DIRAND Lieutenant ARNOULT S/Lieutenant OGER Lieutenant ORTEL Lieutenant MAYET Lieutenant FOERST |
2ème compagnie Commandant de Compagnie : Capitaine MARCILLE Lieutenant BURDY Lieutenant BORDES Lieutenant SCHILTZ Lieutenant NASO |
3ème compagnie Commandant de Compagnie : Capitaine GOUGUENHEIM Lieutenant DUBOIS Lieutenant PAUL Lieutenant GRAUFOGEL S/Lieutenant ANDRE S/Lieutenant BECQUET |
Le Bataillon s'installe dans son cantonnement à AURAY (Morbihan) au quartier DUGUESCLIN
16 Novembre 1939
Lieutenants TABARD et FOERST rejoignent le 47e B.C.C.
21 Novembre 1939
En exécution des prescriptions de la D.M. 08902 S 2/3 du 13 Novembre 1939, un détachement de 5 sous-Officiers et 21 chasseurs commandés par le Lieutenant CITROEN, quitte AURAY à destination de PARIS, pour toucher au P.R.R.E.M. de Vincennes et de Versailles, le matériel suivant :
1 camion Panhard, type chars
1 camion Panhard porte machines outils, type Chars
2 camions Renault 3t5
1 voiture de liaison Peugeot 402 - six places
2 voitures de Liaison Peugeot 402- quatre places
8 motocyclettes T.T. avec side-car ordinaire René GILLET
1 camionnette sanitaire Renault
24 Novembre 1939
Le Lieutenant VEVER commandant le C.E. quitte le Bataillon, rappelé à PARIS pour recevoir une nouvelle affectation (D.M. 5540 CP/I du 30.11.39 ).
Le Lieutenant CHARREYROU prend provisoirement le commandement de la C.E.
25 Novembre 1939
Quittant SATORY par la route le 24 au matin, le détachement parti le 21 rejoint AURAY le 25 à 18 heures.
27 Novembre 1939
Le Lieutenant CITROEN prend le commandement de la C.E.
Le Lieutenant OGER de la 1ère Compagnie devient adjoint technique du bataillon
Un détachement commandé par le Lieutenant ARNOULT (Adjoint Lieut. MAYET) et composé de 9 Sous-officiers, 9 gradés et 22 chasseurs se rendent à PLOUHARNEL.
Reconnaissance du Champ de Tir, d'un terrain de manœuvres.
Essai de divers modèles de chenilles (D2 - H39 - FT) en terrain sablonneux.
5 Décembre 1939
Les Lieutenants DEBIEVRE et RENAULT rejoignent le 47e B.C.C. Le Lieutenant DEBIEVRE est affecté à la 2e Compagnie.
Le Lieutenant RENAULT à la C.E.
10 Décembre 1939
Extrait du Journal Officiel du 3.72.39. Par décret du 24.11.39 sont promus au grade de Lieutenants de réserve, les sous-Lieutenants dont les noms suivent :
OGER Pierre, Henri du 47e B.C.C, Rang du 25.6.39
BECQUET Louis, Jean, Marie, du 47e B.C.C. Rang du 25.8.39
14 Décembre 1939
Un secteur postal est affecté au Bataillon : S.P. 5495
19 Décembre 1939
Le Bataillon prend livraison en gare de son matériel chars (45 Chars FT) et son matériel d'armement.
2 Janvier 1940
Le 1er Janvier 1940 vers 13 heures, un incendie s'est déclaré à BRECH (route de PLUVIGNE). Le piquet d'incendie du Bataillon et des Volontaires ont combattu cet incendie. Parmi les volontaires, les chasseurs COLLIN, MESTIVIER et HUCQUET ont été superficiellement brûlés aux doigts. La brillante conduite des gradés et chasseurs a valu au Bataillon une lettre de félicitations et de remerciements envoyée par le Capitaine Commandant le Corps de Chasseurs Pompiers et par le Maire (Lettre classée aux archives du Bataillon sous le n° 235/EMA).
Le Lieutenant BURTY quitte le 47e B.C.C. étant affecté au dépôt de Chars n° 503 - par D.M. N° 0017 CP/I du 29.12.39.
8 Janvier 1940
Par D.M. N° 282 BT/ICE du 6.1.40 le Capitaine MARCHIONI Chef Major du Bataillon est désigné pour suivre un cours d'information organisé à l'école de Chars de Versailles du 10 au 24 Janvier. Il quitte le Bataillon le jour même dans la soirée.
15 Janvier 1940
La 1ère Compagnie part avec son matériel Chars et Armement pour une période de 2 semaines à PLOUHARNEL en vue d'utiliser le Champ de tir de la Commission de GAVRE.
22 Janvier 1940
Départ de la 2e Compagnie de PLOUHARNEL.
24 Janvier 1940
Retour du Capitaine MARCHIONI de son stage à Versailles.
25 Janvier 1940
Le Chef de Bataillon PETIT part en mission à PARIS, appelé au Ministère de la Défense Nationale.
Le Capitaine MARCHIONI prend le Commandement du 47e B.C.C.
27 Janvier 1940
Retour de la 1ère Compagnie de PLOUHARNEL.
29 Janvier 1940
Départ à PLOUHARNEL de la 3e Compagnie.
30 Janvier 1940
Le Chef de Bataillon PETIT rentre de sa mission à PARIS.
3 Février 1940
Retour de PLOUHARNEL de la 2e et 3e Compagnies.
8 Février 1940
Par D.M, N° 1270 BT/ICC du 5.2.40 les Officiers dont les noms suivent sont désignés pour suivre un stage d'information (Chars B) à l'école des Chars de Versailles, du 12.2.40 au 9.3.40.
Capitaine DIRAND
Capitaine MARCILLE
Lieutenants CITROEN, CHARREYROU, MAYET, OGER, ORTEL, GRAUFOGEL, DUBOIS, SCHILTZ, RENAULT, PAUL.(Le Lieutenant RENAULT est remplacé par le Lieutenant NASO).
9 Février 1940
Un détachement précurseur, commandé par le Capitaine GOUGENHEIM et comprenant 2 aspirants, 5 sous-Officiers, 6 caporaux, et 8 chasseurs est mis en route à destination d'AUBIGNY sur NERE pour y préparer le cantonnement du 47e B.C.C.
22 Février 1940
Par D.M. N° 1454 BT/I.C.C. 5 du 13 Février 1940, il est décidé que le 47e B.C.C., serait armé de Chars B1 Bis au lieu de Chars D2.
1er Mars 1940
Par ordre de Bataillon n° 3 sont inscrits au tableau d'avancement pour le grade de :
Adjudant-chef : TOURNEUX Georges, Adjudant C.E., PETTE Venant, Adjudant E.M,
Adjudant : MAUCLERT Edmond, Sergent-chef 2e Cie,
Caporal-chef : VEYSSIERE Maurice, Caporal 1ère Cie, PEUHOUD Georges, Caporal 3e Cie, HORELLOU Albert, Caporal 3e Cie, DEJOUQUE Charles, Caporal 2e Cie, MARTIN Paul, Caporal E.M., SERRE Paul, Caporal C.E.
Caporal : HARLE Antoine, 1ère Classe C.E., BOURE Pierre, 1ère Classe 2e Cie, AUMASSON Albert, 1ère Classe 2e Cie, CARON Paul, 1ère Classe 3e Cie, GUEDEN Francis, 1ère Classe 2e Cie, COURAU René, 1ère Classe 1ère Cie, LAUWAGIE Jean, 1ère Classe 3e Cie, COUREAU Pierre, 1ère Classe 1ère Cie, MARTIN Lucien, 2e Classe 1ère Cie, GELARD Yves, 1ère Classe, C.E., MARCHAND Henri 2e Classe, 3e Cie, COLAS Roger, 2e Classe, C.E.
Par ordre du Bataillon N° 4, Le Chef de Bataillon PETIT, Commandant le 47e B.C.C., nomme au grade de :
Adjudant-Chef : TOURNEUX - Adjudant C.E., maintenu, PETTE Venant Adjudant E.M., maintenu,
Adjudant : MAUCLERT E. sergent-chef – 2e Cie, affecté 3e Cie
Caporal-chef : VEYSSIERE, Caporal, 1ère Cie maintenu, PEUHOUD G., Caporal, 3e Cie, maintenu, HORELLOU, Caporal, 3e Cie, maintenu, DEJOUQUE, Caporal, 2e Cie, maintenu, MARTIN, Caporal, E.M., maintenu, SERRE, Caporal, C.E., maintenu,
Caporal : HARLE, 1ère Classe, C.E., maintenu, BOURE, 1ère Classe, 2e Cie, maintenu, AUMASSON, 1ère Classe, 2e Cie, maintenu, CARON, 1ère Classe, 3e Cie, maintenu, GUEDEN, 1ère Classe, 2e Cie, maintenu, CONAN, 1ère Classe, 1ère Cie, maintenu, LAUWAGIE, 1ère Classe, 3e Cie, COURREAU, 1ère Classe, 1ère Cie, maintenu, MARTIN, 2e classe, maintenu, GELARD, 1ère Classe, C.E., maintenu, MARCHAND, 2e classe, 3e Cie, maintenu, COLAS, 2e classe, C.E., maintenu.
6 Mars 1940
Le 47e B.C.C. fera mouvement par voie de fer le 6 Mars 1940 pour se rendre d'AURAS (Morbihan) à AUBIGNY sur NERE (Cher) (Note 490 EM). Un détachement Postcurseur commandé par le Lieutenant ARNOULT quittera AURAY le 7 Mars.
8 Mars 1940.
Par suite du recomplètement en personnel (D.M., 1454 BT/ICC 5 13.2.40 pour passer de l'effectif d'un Bataillon D2 à l'effectif d'un Bataillon B.
L'encadrement du 47e B.C.C. est le suivant :
ETAT-MAJOR Commandant le 47e B.C.C. : Chef de Bataillon PETIT Capitaine Chef de l’E.M. : Capitaine LAUDE, Capitaine MARCHIONI Adjoint technique : Lieutenant GHISLAIN Officier des Détails : Lieutenant GAULTIER Officier de Renseignements : S/Lieut, GRAVELIN Transmissions : Lieutenant TABARD Service de Santé : S/Lieut. DEZAUNAY |
COMPAGNIE D'ECHELON : Commandant la Compagnie : Capitaine GIME Lieutenant OGER S/Lieutenant LOGOBLUTIS Lieutenant CITROEN Lieutenant RENAULT S/Lieutenant JOURDAN S/Lieutenant PAULIEN |
|
1ère Compagnie : Commandant la Compagnie : Capitaine DIRAND Lieutenant BAUCHE Lieutenant ORTEL Lieutenant MAYET Lieutenant ARNOULT Lieutenant FOERST Lieutenant GRAFFE Lieutenant GAZEL S/Lieutenant HUBERDEAU S/Lieutenant SALY Aspirant JOURDAIN |
2ème Compagnie : Commandant le Compagnie : Capitaine MARCILLE Lieutenant BORDES Lieutenant DEBIEVRE Lieutenant SCHILTZ Lieutenant NASO Lieutenant CHARREYROU (S.E,) Lieutenant DEBIONNE S/Lieutenant LARGY S/Lieutenant BIZET S/Lieutenant BARABES S/Lieutenant GIBOIN S/Lieutenant RICHARD Aspirant ARNOUX |
3ème Compagnie : Commandant la Compagnie : Capitaine GOUGENHEIM Lieutenant DRAPIED (S.E.) Lieutenant GRAUFOGEL Lieutenant BECQUET Lieutenant DUBOIS Lieutenant PAUL Lieutenant ROBINET S/Lieutenant ANDRÉ S/Lieutenant PHILIPPOT S/Lieutenant GROSBORNE S/Lieutenant REY Aspirant COGIS. |
8 Mars 1940
Le 47e B.C.C. percevra à GIEN le 12 Mars 1940, trois chars B1 Bis avec lot de bord : KEMMEL 383 - (3e Cie) JURANCON 358 (1ère Cie) MALMAISON 580 (2e Cie)
15 Mars 1940
Le Lieutenant FERRE, nouvellement arrivé est affecté à la 1ère Cie (en surnombre).
Le sous-Lieutenant BIZET de la 2e Cie est muté à la C.E. (section de remplacement)
28 Mars 1940
Le 47e B.C.C. perçoit à GIEN les chars suivants :
Char n° 418 - MANGIN - affecté 1ère Cie, Char n° 435 - JEAN-BART – affecté 2e Cie, Char n° 446 - JEMMAPES – affecté 2e Cie, Char n° 437 - SURCOUF – affecté 3e Cie, Char n° 447 - VALMY – affecté 3e Cie, Char n° 436 - TOURVILLE - affecté C.E. (section de remplacement), 1er Avril 1940
Par ordre de Bataillon n° 7 est inscrit au tableau d'avancement pour le grade d'adjudant : LECON Roger - sergent-chef -C.E.
Ordre du Bataillon n° 8
Le chef de Bataillon PETIT, Commandant le 47e B.C.C. nomme au grade d'adjudant LECON Roger, sergent chef C.E. maintenu C.E.
Remise du Fanion
Au cours d'une prise d'armes, qui a lieu le 31 Mars à 11 heures, le Fanion offert au Chef de Bataillon par Madame DAGROU marraine du Régiment est présenté à tous les Officiers - sous-Officiers - gradés et chasseurs en présence du Lieutenant-colonel SUDRE, Commandant la demi-brigade. La prise d'armes est suivie d'un défilé.
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2 Avril 1940
Par décret présidentiel en date du 2 Avril 1940 (J.O. du 3.4.40) le Lieutenant GHISLAIN Fernand Jules est promu au grade de Capitaine à titre définitif pour prendre rang du 25 Mars 1940.
24 Avril 1940
Par avis de mutation du 24.4.40 N° 4295 CP/IC D.I. Section personnel, les Lieutenants FEVRE Jean et NASO R.F. sont mutés du 47e B.C.C. au Dépôt de Chars n° 511.
28 Avril 1940
Le 47e B.C.C. perçoit à GIEN - 6 chars B1 Bis avec lots de bords affectations :
1ère Cie : 403 CRECY AU MONT – 404 CROUY - 425 JEANNE D’ARC
2e Cie : 423 CONDE
3e Cie : 424 RICHELIEU
C.E. : 405 PETIT VERLY
30 Avril 1940
Par avis de mutation du 30.4.40 – N° 4594 CP/I BS DI Section du personnel, le Lieutenant DEBIEVRE est muté du 47e B.C.C. au Dépôt de Chars n° 511.
4 Mai 1940
Par avis de mutation du 4.5.40 – N° 4732 CP/IC DI Section du Personnel, le Capitaine GOUGENHEIM Louis est muté du 47e B.C.C. à l’E.M. du G.B.C. N° 502
6 Mai 1940
Par D.M. N° 4510 CP/I BS du 29.4.40, le Capitaine MARCHIONI est muté du 47e B.C.C, à l’E.M. du G.B.C. N° 504.
7 Mai 1940
Par Décision du Bataillon n° 33, le Capitaine GHISLAIN prend le Commandement de la 3e Cie.
Le Lieutenant DRAPIED 3e Cie est muté à l’E.M. comme adjoint technique.
9 Mai 1940
Par décision n° 34 du 4 Mai 1940, ordre du Bataillon n° 9, sont inscrits au tableau d'avancement, pour le grade de :
Adjudant : VIOLEAU René, Sergent-chef, 3e Cie, BELLAIR Fernand - G.B.C,
Sergent-Chef : BEURTHERET Maurice, Sergent, 1ère Cie, PIERRARD Roger, 2e Cie,
Sergent : PARMENTIER Albert, Caporal Chef, 2e Cie, BLONDIAU Camille, Caporal-Chef, C.E., HEBERT Jean, 3e Cie, MEYER Adrien, 3e Cie, DARRAS François, 1ère Cie, RALLET Pierre 1ère Cie
Caporal-Chef : AUBOIS René Caporal E.M., LAVIOLETTE Robert 1ère Cie, ROILLE Lucien 2e Cie, LEROY Georges 3e Cie
Caporal : LAVERSANNE Paul, 2e Classe, 1ère Cie, CLEMENCET Lucien, 1ère Classe 1ère Cie, REVAUD Xavier, 2e Classe, 1ère Cie, COLLIN Louis, 2e Classe, 1ère Cie, MAILLOT Gustave, 2e Classe, 2e Cie, GASQUIER André, - 1ère Classe – 2e Cie, SIGORMAY Joseph, 2e Classe, 2e Cie, SIMONNEAU Jean, 1ère Classe - 2e Cie, SENAMAUD Marcel, 2e Classe, 2e Cie, PETIT Joseph, – 1ère Classe, 3e Cie, SIMON André, – 1ère Classe – 3e Cie, LIXON Serge, – 1ère Classe - C.E., MOSSLER Jean, – 2e Classe - C.E., LEGENDRE Henri, 1ère Classe - C.E, GOUACHE Maxime, 2e Classe – E.M.
1ère Classe : RICROS Gaston, 2e Classe - 1ère Cie, GRERE André, 2e Classe 1ère Cie, ARNOUX André-Henri, 2e Classe 2e Cie, VANTHY Guy Louis, 2e Classe 2e Cie, LARDET André, 2e Classe 3e Cie, DEFOSSEZ Marcel, 2e Classe C.E., DUREZ Jean, 2e Classe C.E.,
Par ordre du Bataillon n° 10 et en vertu des pouvoirs qui lui sont conférée, le Chef de Bataillon PETIT, Commandant le 47e B.C.C. nomme les sus-nommés aux grades proposés (effet à dater du 1er Mai). Les nommés sont maintenus à leur Unité.
10 Mai 1940
Le 47e B.C.C. perçoit à GIEN les chars suivants :
1ère Cie : 490 RIVOLI – 512 ARCOLE
2ème Cie : 426 VERCINGETORIX
3ème Cie : 410 DARDANELLES - 457 LODI - 456 MARENGO - 509 FRIEDLAND - 479 ULM – 478 EYLAU
La 1ère Cie reverse le char n° 403 (CRECY AU MONT) muni de son lot de bord.
11 Mai 1940
Par décret ministériel en date du 25.4.40 (J.O. du 27.4.40 P.3061 et 3062), les Lieutenants de Réserve CITROEN Louis - Hugues et TABARD Paul sont promus au grade de Capitaine de Réserve pour prendre rang du 25 Mars 1940.
17 Mai 1940
La 2e Compagnie, renforcée d'une partie de l'atelier sous le Commandement du Capitaine MARCILLE quitte AUBIGNY sans matériel char va embarquer à CERCOTTES à destination de SATORY pour y toucher des Chars.
18 Mai 1940
Embarquement de la 3e Compagnie - Capitaine GHISLAIN, en gare de GIEN, départ 22h30 (10 chars), l’O.R. prend également ce train.
19 Mai 1940
Embarquement d'un premier détachement de la C.E. -Capitaine CITROEN en gare de GIEN (départ 11h).
Dans l’après midi embarquement de la 1ère Cie - Capitaine DIRAND en gare de GIEN, départ 19 heures. Le Chef de Bataillon PETIT, l'Adjoint Technique et le Médecin partent avec ce train (10 chars).
La section de remplacement part avec la 1ère Cie (3 chars).
20 Mai 1940
Départ à 5 heures en gare de GIEN du 4e Train emmenant le reste de la C.E. capitaine GIME et de l’E.M. Capitaine LAUDE.
La 3e Compagnie débarque dans la matinée à la FERTE MILON et stationne dans les bois en MAROLLES, 1 km sud de la FERTE MILON. En fin d'après midi, elle reçoit l'ordre de se porter au cours de la nuit du 20 au 21 dans la Région de VAUXTIN, VAUXERE et de se mettre à la disposition de la 44e D.I. (6e Armée) P.C. à BASLIEUX-les-FISMES.
Au cours da la nuit (vers 0 h), cet ordre est annulé et la compagnie est mise à la disposition de la 4e D.C.R. Elle se porte dans la région de CHERY CHARTREUSE, où elle stationne dans les bois avoisinants.
La 1ère Cie bombardée par avions à BEREY le SEC se réfugie jusqu'à la nuit dans le tunnel de VIERZY pour éviter les bombardements. Elle débarque à VIERZY et stationne dans la partie N.-E. de la forêt de VILLERS COTTERETS à l'Ouest de LONGPONT. Rejoint par un train de chenillettes livrées au Bataillon pendant le trajet et commandé par le Lieutenant BIZET, le Chef de Bataillon fait mettre également ce train dans le tunnel jusqu'à la nuit.
La C.E. (1er Détachement) débarque dans la matinée à FERE en TARDENOIS et stationne dans les environs. Dans la soirée elle se rend en vertu du même ordre que celui donné à la 2e Cie à PERLES (N.-O. de FISMES).
La C.E. (2e Détachement) débarque peu après 19 heures à NANTEUIL-le-HAUDOIN (éléments sur roues) et à ORMOY. Elle fait mouvement de nuit sur MAREUIL en DOLE.
21 Mai 1940
La Bataillon reçoit l'ordre de stationner à ARCYS le PONSARD. Seule la 1ère Compagnie reste en forêt de VILLERS COTTERETS. Dans la soirée, le Bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à faire mouvement sans délai.
22 Mai 1940
Le Bataillon quitte ARCIS-le-PONSARD le matin à 8 heures pour se rendre en position d'attente en forêt de Compiègne. La 1ère Compagnie stationnée en forêt de VILLERS COTTERETS doit se joindre à la colonne au passage de celle-ci. Devançant la colonne et arrivé vers 12h30 en forêt de VILLERS COTTERETS (à LONGPONT point de stationnement de la 1ère Cie), le Commandant reçoit l'ordre de se mettre à la disposition de la 10e Armée : Point de première destination : SENLIS.
En fin de journée, le Bataillon cantonne en forêt d'HALATTE de part et d'autre de la route nationale n° 32 à hauteur du village d’OGNON. Il y passe la nuit.
Le Bataillon est remis à la disposition de la 4e D.C.R. Le char 380 MALMAISON (sous Lieutenant OGER)( section rempl. C.E.) en panne de moteur est laissé sur place à la lisière S-SE de la forêt de Compiègne, à dépanner par le T.E.B.
23 Mai 1940
A 0 h le bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement immédiatement sur ROLLOT (7 kilomètres S.-E. de MONTDIDIER ), départ peu après minuit : itinéraire : FLEURINES - ESTREE ST-DENIS - LA NEUVILLE ROY - TRICOT et ROLLOT.
24 Mai 1940
Arrivé à 6 heures du matin, le Bataillon (P.C.) et la 1ère Cie stationnent à ROLLOT, la 3e Compagnie à COURCELLES, la C.E. à LA NEUVILLE ROY. Il reçoit l'ordre de se tenir prêt à partir immédiatement. Au cours de l'étape, le JURANCON (Aspirant JOURDAIN 1ère Cie) se retourne - impossible de le dépanner - laissé sur place à la NEUVILLE ROY, d'où il sera dépanné par le T.E.B.
25 Mai 1940
Le Bataillon reçoit l'ordre de se rendre au cours de la nuit suivante dans la Région de POIX (S.-O. d'AMIENS) Ordre reçu vers 15 heures.
Départ de ROLLOT à 21 heures itinéraire : MAIGNELAY – AUSAUVILLERS - WAVIGNIES - FROISSY - CRÈVECOEUR – MARSEILLE-en-BEAUVAISIS - GRAND-VILLIERS - GUIZANCOURT – BERGICOURT.
26 Mai 1940
Arrivé à destination vers 4 h. Le Bataillon stationne : 1ère Compagnie à GUIZANCOURT - P.C. et 3e Cie à BERGICOURT - C.E. à POLHAY (8 km sud de MARSEILLE-en-BEAUVAISIS).
Vers 15 heures le Bataillon reçoit l'ordre d'alerte immédiate (En vue d'une action éventuelle soit sur AMIENS - soit sur PICQUIGNY ). Aucun ordre ne parvient, nuit sur place.
27 mai 1940
Vers 20 heures, le Bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à faire mouvement au cours de la nuit.
28 Mai 1940
A 0h30, le Bataillon reçoit l'ordre de se porter immédiatement dans la Région de FONTAINE LE SEC (4 km S.-E. de OISEMONT) arrivé vers 7h le Bataillons s’installe :
P.C. à FONTAINE LE SEC,
1ère et 3e Cies dans le Bois de BIENCLOS (N.-E. de FONTAINE LE SEC), la C.E. reste à POLHAY.
Au cours de l'étape le JEMMAPES (Lieutenant GRAFFE reste en panne à LIOMER).
A 8h15 le Lieutenant Colonel SUDRE (Commandant la 6e 1/2 Brigade) précise que chacun doit être à son poste prêt à partir sans préavis .
A 13 heures le Lieutenant Colonel SUDRE réunit les Commandants d'Unité et de Compagnie, pour leur donner ses ordres, en vue d'une attaque qui doit avoir lieu à 17 heures.
Mission de la 6e demi-brigade (47 et 46e B.C.C.) Axe : WARCHEVILLE - HUPPY - COTE 104 - MONT de CAUBERT
1er Temps : Atteindre au plus tôt la cote 104 et s'y installer face au Nord - simultanément neutraliser HUPPY.
2e Temps : Débordant VILLERS sur MAREUIL, par l'ouest, atteindre la route MESNIL TROIS FOETUS - CAUBERT - et s'y installer en protection face à ABBEVILLE,
Mission du 47e B.C.C.
1er Temps : action directe sur la cote 104 avec les deux Compagnies en premier échelon,
2e Temps : atteindre la route MESNIL TROIS FOETUS – CAUBERT.
A 16h55, le 47e B.C.C, atteint sa P.D. lisière N. de VARCHEVILLE, bois de GAUVEIERES, sous le commandement du Chef de Bataillon PETIT (char CONDE).
Les 18 chars suivants montent à l'attaque :
1ère Compagnie :
JEANNE D'ARC (Capitaine DIRAND – Lt ORTEL)
RIVOLI (Lieutenant GAZEL)
CROUY (Lieutenant BAUCHE)
ARCOLE (S/Lieutenant HUBERDEAU)
JEAN-BART (Lieutenant FOERST)
PETIT VERLY (S/Lieutenant BOURRELY)
MANGIN (S/Lieutenant SALY)
TOURVILLE (S/Lieutenant JOURDAN)
3ème Compagnie :
RICHELIEU (Capitaine GHISLAIN)
MARENGO (Lieutenant DUBOIS)
LODI (Lieutenant BECQUET)
VALMY (Lieutenant ANDRÉ)
FRIEDLAND (Lieutenant PAUL)
ULM (Lieutenant GROSBORNE)
KEMMEL (Aspirant DEPIGNY)
EYLAU (Lieutenant ROBINET)
SURCOUF (Lieutenant PHILIPPOT)
DARDANELLES (Lieutenant REY)
A la tombée de la nuit (vers 21 heures), les chars disponibles regagnent les lisières d’HUPPY après avoir dépassé la côte 104 au cours de l'attaque. Lourdes pertes matériel : sur 19 chars partis à l'attaque, 4 seulement rejoignent HUPPY.
En fin de journée les pertes du Bataillon en Personnel sont les suivantes :
Tués : Lieutenant Paul BAUCHE (1ère Cie) et 1 Chasseur BAUMONT (1ère Cie - aide pilote du Lieutenant BAUCHE)
Disparus : néant
blessés : Capitaine DIRAND (évacué), GHISLAIN (non évacué), Lieutenant ORTEL (évacué), S/Lieutenant HUBERDEAU (évacué), Aspirant de THOISY (non évacué), 1 Sergent-chef, 2 Sergents et 3 Caporaux.
Vers 22 heures le Chef de Bataillon reçoit l'ordre de la 1/2 Brigade de repartir le lendemain matin à 4 heures en prenant le commandement de tous les chars disponibles du 47e et 46e B.C.C. et d'occuper immédiatement la côte 104 comme P.D.
29 Mai 1940
L'attaque reprend à 4 heures du matin. Chars du 47e engagés :
CONDÉ - EYLAU - SURCOUF - JEAN BART - TOURVILLE - LODI - VERCINGÉTORIX
Les chars ont pour mission en suivant l'axe : HUPPY - ABBEVILLE d'atteindre MENIL TROIS FOETUS - CAUBERT .
Vers 8 heures le Général Cdt la 4e D.C.r. demande au Chef de Bataillon de venir aux CROISETTES prendre ses ordres. Il lui précise de repartir avec tous les Chars disponibles du 47e et 46e jusqu'au mont CAUBERT (H : 9h15).
Vers 8h30 des éléments d'infanterie viennent demander au Chef de Bataillon de les aider à prendre pied dans le bois du château d'HUCHENNEVILLE. Le Chef de Bataillon détache 5 chars pour remplir cette mission.
A 9h15, tous les chars repartent sur l'objectif fixé.
Le Chef de Bataillon d'infanterie qui occupe MAREUIL vient par deux fois, demander au Chef de Bataillon de dégager ses Unités tournées par l'ennemi à l'Ouest de VILLERS.
Retour des chars à bout d'essence et de munitions à hauteur des Bois de VILLERS en vue de se ravitailler.
Deux contre-attaques ennemies dévalant les pentes du Mont CAUBERT sont arrêtées par les feux des chars. En fin de journée, ordre est donné de rejoindre le château d'HUCHENNEVILLE, le Chef de Bataillon s'y rend avec le CONDÉ, seul char restant en état de marche, ainsi que 5 chars du 46e B.C.C.
pertes : Blessés : S/Lieutenant JOURDAN, Adj-Chef BARTHELEMY, 8 caporaux-chefs.
30 Mai 1940
Le seul char disponible, le CONDÉ reçoit mission de se joindre sous le Commandement du sous-Lieutenant BIZET aux chars disponibles du 46e B.C.C.
Parti à l'attaque en fin de soirée, il est mis hors de combat par l'artillerie ennemie et laissé sur le terrain, sur les pentes du Mont de CAUBERT.
pertes : 1 sergent blessé.
31 Mai 1940
Le VERCINGÉTORIX (Lieutenant ARNOULT) et RIVOLI (Lieutenant GAZEL) une fois réparés se joignent à 3 chars disponibles du 46e B.C.C. et sont mis à la disposition du 4e B.C.P. (à BIENFAY) sous le Commandement du Capitaine MENET (46e B.C.C.)
Le stationnement du Bataillon le 31 Mai est le suivant :
P.C. du Bataillon FRUCOURT,
1ère et 3ème Compagnies : éléments sur chenilles MARQUENNEVILLE
Eléments sur roues : VAUX et MARQUENNEVILLE puis DOUDELAINVILLE.
C.E. 1ère et 2e Sections : FRESNEVILLE
4e section : POLNAY
Vers 23 heures parvient l'ordre de se préparer à faire mouvement dans la nuit vers MARSEILLE-en-BEAUVAISIS.
1er Juin 1940
Le Bataillon quitte FRUCOURT pour la région de MARSEILLE-en-BEAUVAISIS où il arrive vers 7h du matin ; il y cantonne :
P.C. et 3e Compagnie CHATEAU de LANOY,
1ère Compagnie : MONTAUBERT,
C.E. : THERINES.
Le Capitaine TABARD est mis provisoirement à la disposition du Chef d'Escadron commandant le P.A.D. à titre de conseiller technique (Note de service 4/DCR N° 44/I du 30.5.40).
L'aspirant DE THOISY devient Officier des transmissions du Bataillon.
2 Juin 1940
Le matin, messe pour le Lieutenant BAUCHE et le chasseur BAUMONT tués à l'ennemi.
3 Juin I1940
Remise en état du matériel. Depuis le 28 Mai au soir les équipages de dépannage de la C.E. s'efforcent de remettre en état de rouler et de ramener en arrière les chars mis hors de combat.
La situation des chars du Bataillon est la suivante :
1°) disponibles combat : 5
1ère Cie : RIVOLI - VERCINGETORIX – PETIT VERLY
3e Cie : KEMMEL et DARDANELLES.
2°) livrés au parc : MALMAISON et JURANCON
3°) laissés en ligne :
Chez nous : JEANNE D'ARC
Chez l'ennemi : LODI - CONDÉ - EYLAU - TOURVILLE
4°) à évacuer :
par remorquage : CROUY - ARCOLE - VALMY - SURCOUF
sur chenilles : JEMMAPES - MANGIN - JEAN BART - RICHELIEU – MARENGO – FRIEDLAND.
Par décision du Bataillon n° 47, le Capitaine CITROEN prend le Commandement de la 1ère Compagnie à dater du 4 Juin 1940, en remplacement du Capitaine DIRAND - blessé et évacué .
4 Juin 1940
Les chars suivants : MANGIN - JEAN BART - FRIEDLAND - ULM – MARENGO – KEMMEL, bien que hors d'état de combattre rejoignent leurs Unités dans la nuit.
A 21h50, le Bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à faire mouvement dans la nuit suivante (du 5 au 6 juin) vers la Région Ouest de BEAUVAIS (ordre préparatoire).
5 Juin 1940
A 12 heures le Chef de Bataillon est convoqué à l’E.M. de la 1/2 Brigade où il reçoit l'ordre de tenir son unité prête à faire mouvement immédiatement (Annulation de l'ordre préparatoire reçu la veille).
A 15h45, le Bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt a faire mouvement de nuit vers la Région Sud de BEAUVAIS (AUNEUIL – FRESNEAUX – NOAILLES).
A 17h15, le Bataillon reçoit finalement l’ordre de faire mouvement dans la nuit vers la Région Ouest de BEAUVAIS (AUNEUIL).
3 colonnes sont formées.
- éléments sur roues lourds qui partent en premier vers 21 heures.
- éléments sur chenilles et camionnettes départ 23 heures
- éléments de la C.E. qui rejoignent les T.R.
Le char ARCOLE est évacué à VIEUX-ROUEN (1 chasseur est blessé au cours de l’embarquement).
6 Juin 1940
Arrivé à destination vers 6 heures, le Bataillon stationne comme suit :
P.C. et 3e Cie : GRUMESNIL,
1ère Cie : TIERSFONTAINE,
C.E. : NEUVILLE sur AUNEUIL
Vers 8 heures, la 1/2 Brigade précise que le Bataillon n'est pas en stationnement mais en position d'attente et que les Unités doivent être prêtes à être engagées au premier signal.
Pertes du Bataillon pour la période du 1er au 8 Juin :
1 sous-officier et 1 chasseur blessés.
7 Juin 1940
Vers 23 heures le Bataillon reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement. Cet ordre n'est pas confirmé - nuit sur place - Il est décidé de constituer un Bataillon de Marché 46/47.
E.M. celui du 47
1ère Cie de marche : 1ère Cie du 46e (Lieutenant BIBES)
2ème Cie de marche : 3ème Cie du 47e (Capitaine GHISLAIN)
3ème Cie de marche : 3ème Cie du 46e (Capitaine MENET)
C.E. - C.E. 46 renforcée par des éléments de la C.E. 47 - Capitaine GIMET - Adjoint : Lieutenant BUTCHENSCHUTZ.
8 Juin 1940
La Chef de Bataillon est convoqué à 11 heures au P.C. de la 1/2 Brigade à AUNEUIL.
Le Bataillon de Marche 46 + 47 (7 chars) reçoit ordre de faire mouvement immédiatement vers la région N.-O. de Beauvais (MILLY). Arrivé à 15h30 à MILLY ; le Bataillon reçoit ordre de se porter le long de la route de MILLY ST-OUEN en vue de contre attaquer.
L’ennemi occupe la ligne GRILLON ST-OUEN,
9 Juin 1940
A 0 h l'opération suivante est décidée :
Repli de la 4e D.C.R. au sud de THERAIN :
a) Les Chars quitteront vers 3 heures leur P.D. avec mission de dépasser la lisière Nord du Bois de NOIRMONT pour permettre le repli des éléments du 7e R.D.P. qui s'y trouvent.
b) Dès ce repli effectué les chars de la Cie de marche du 48/47 (Cie GHISLAIN) se replieront au bois du MANOIR (3 km Ouest de HERCHIES).
c) le pont de Milly sera détruit ensuite par élément du génie.
Cette opération est réalisée comme prévue.
Vers 4 heures le Commandant est convoqué au P.C. de la demi brigade où il reçoit l'ordre de se rendre au VAUROUX (S.-O. de BEAUVAIS)
A 12h le 46/47 passe momentanément aux ordres du Lieutenant-Colonel SIMONIN Commandant la 8e demi brigade. Le Bataillon reçoit alors l’ordre de se rendre dans le bois de CHARS au Sud de la route CHARS - MARINES. Le Bataillon en réserve de Division doit se tenir au lieu fixé en stationnement gardé.
Les derniers éléments du Bataillon atteignent le lieu de stationnement vers 18 heures.
Vers 21 heures il est averti de se tenir prêt à faire mouvement à partir de 22h30.
Les chars "DARDANELLES" (Cie Ghislain) et "RIVOLI" (Cie Ghislain) sont abandonnés (moteurs grillés) respectivement entre ST PAUL et LE BECQUET et entre MILLY et LE VAUROUX.
10 Juin 1940
A 1 heure ordre parvient au Bataillon de se rendre dans la Région de BEYNES ST MARCHAIS (en passant la Seine au pont de POISSY).
Arrivé vers 7 h du matin le Bataillon stationne :
P.C. et Sect. Cdt à BEYNES,
3e Cie - Bois de BEYNES (lisière N. de la route (BEYNES - Saint-MARCHAIS)
C. E. et 1ère Cie : SAINT-MARCHAIS
Le Bataillon repasse sous les ordres de la 6e demi brigade (P.C. à MAUPHLE-le-VIEUX).
A 12 heures le Bataillon reçoit l'ordre suivant : Faire les pleins et repos.
La compagnie GAUDET (ex 3/37) est rattachée au 46/47 - voir 13 Juin).
11 Juin 1940
Le Bataillon à 17h45 est informé verbalement par le Lieutenant-Colonel SUDRE qu'il fera probablement mouvement au cours de la nuit. Cette information est confirmée par un ordre préparatoire.
12 Juin 1940
A 0 h le Bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement à 12 heures pour se rendre dans la région Sud de HOUDAN - Itinéraire : BEYNES - PONTCHARTRIN – BAZOCHES – LES MESNILS – LES BREVIAIRES - DOIGNY - BECHEREAU - METTAINVILLE - G.C. 80 - LA HAUTEVILLE.
Arrivé vers 18h le Bataillon stationne :
P.C. et Cie GHISLAIN à HAUTEVILLE
Cie GAUDET (3/37 rattachée au 47e B.C.C. - voir plus loin) à le PARTIE-GAUDRAU.
Dès l’arrivée le Bataillon reçoit l'ordre de garder les issues, mais de laisser le maximum de personnel se reposer au cours de la nuit.
Il est même envisagé de rester sur place le lendemain.
Pertes pour la période du 7 au 12 Juin.
Disparus : 3 Officiers : Lieutenant GRAUFOGEL, GAZEL, Aspirant JOURDAIN, 1 sous-Officier, 11 Chasseurs.
13 Juin 1940
La Composition du Bataillon est la suivante :
E.M. : 47e Bataillon : inchangé
Cne GHISLAIN : inchangé (ex 3e Cie du 47e)
Cne BIBES : (ex 1ère Cie du 46e)
Encadrement :
Commandant de Compagnie : Lieutenant BIBES
1ère Section : Lieutenant PELLERIU, Aspirant DINGEMIN, Aspirant ROBLOT.
2ème Section : Lieutenant AUDERUBLUY, S/Lieutenant KREBS, S/Lieutenant RAYMOND
3ème Section : S/Lieutenant LARTIGAUD, S/Lieutenant VINCIGUERRA, Adjudant-chef POUPENER
Section d'Echelon : S/Lieutenant FEYDAU
Compagnie GAUDET (ex Cie 3/37) rattachée au 47e B.C.C. le 10 Juin
Encadrement : Commandant de Compagnie : Lieutenant GAUDET - Char POITOU
1ère Section : Lieutenant BONNAIX Char JURA
S/Lieutenant MOINE char LUNEVILLE
S/Lieutenant BOURBIER char ALSACE
2ème Section : S/Lieutenant DUFOURCQ - Char VILLERS BRETONNEUX
S/Lieutenant BESNIER char TEMERAIRE
aspirant LADIE char VERDUN
3ème Section : S/Lieutenant de LAROCNIPIERE -char TROMBE
S/Lieutenant ADDE – char FLAMBERGE
S/Lieutenant BRUTHIAUX - char MULHOUSE
1 char de remplacement RHIN (S/Lieutenant GUENOT)
Section d'échelon : S/Lieutenant VEILER
éléments de C.R. : Lieutenant BOULIER
Adjoints : S/Lieutenant LAMBERT de LINIERE, S/Lieutenant DIDOT.
Vers 8h30 le Bataillon reçoit l'ordre de se tenir prêt à faire mouvement. A 14 h l'ordre est donné de partir immédiatement (passage au P.I. à 15 h) dans la direction S.-E. de CHARTRES : TIVEROLES - ST LUCIEN – EPERNON – GAS - GALLARDON - UMPAU – HOUVILLE - FRANCOURVILLE – PRASVILLE.
Arrivé à 20 h le Bataillon s'installe :
P.C. PRASVILLE - Compagnie GAUDET : PRASVILLE
Compagnie GHISLAIN : GUILLONVILLE
Compagnie BIBES : MONDOUVILLE STE-BARBE
P.C. 6e demi brigade : MONDOUVILLE STE-BARBE - Mission : barrer les voies d’accès venant de CHARTRES.
14 Juin 1940
Les chars VERDUN, MULHOUSE (Compagnie GAUDET), DUGUESCLIN (Cie BIBES) et PETIT VERLY (Compagnie GHISLAIN) sont renvoyée sur la base arrière.
La compagnie BIBES touche des chars neufs et rejoint le Bataillon dans la nuit.
15 Juin 1940
A 4 h le Bataillon reçoit l'ordre de se rendre à BARJOUVILLE (4 km S. de CHARTRES), les éléments sur roues devant rester à MORANCEZ. Le Groupement SUDRE (6e demi brigade – 4e B.C.P. - Batterie de 47) est en réserve.
A 15 h le Chef de Bataillon PETIT prend le Commandement d'un groupe composé de la Compagnie BIBES, de la Compagnie GHISLAIN et d’une Compagnie réduite du 2/24.
Mission : être en mesure d’agir immédiatement sur l'axe BARJOUVILLE -MAINDREVILLE - P.C. à MONTMUREAU.
A 18 h le Groupe reçoit l'ordre suivant pour la nuit : poster une section de 3 chars sur la nationale n° 10 au carrefour de la route venant de MONTMUREAU. Interdiction de la route - Surveillance de nuit assurée aux appareils.
Vers 20 h le P.C. est mitraillé en rase-mottes par une douzaine d'avions allemands - aucune perte - Nuit à MONTMUREAU.
16 juin 1940
Le Bataillon reçoit l'ordre de se rendre dans la Région de VILLARS, à MORSAUS (P.C.) et VILLEAU et BESSAY.
Mission : Tenir les issues des points de stationnement prêt à contre-attaquer en direction N. et N.-O,
Le Bataillon s’installe comme suit :
Compagnie BIBES à VILLARS (en réserve comme Cie de manœuvre),
Compagnie GHISLAIN à BESSAY,
Compagnie GAUDET à ROUVRAY – ST FLORENTIN et VILLARS.
Vers 18 h en vue de contre attaquer une action éventuelle des chars ennemis qui déboucheraient des sorties S. et S.-O. de VOVES, Le Bataillon adopte le dispositif suivant :
Compagnie GAUDET : inchangé,
Compagnie BIBES se porte à TILLEAU,
Compagnie GHISLAIN se porte à FAINS LA FOLIE.
Le P.C. avant du Bataillon est à TILLEAU - le P.C. arrière avec les éléments sur roues à la FOLIE – HERBAUET.
R.A.S. au cours de la nuit - Le 8e R.T.T, qui se trouvait dans la Région N. et N.-O. de VOVES se replie au cours de la nuit.
Char JURA (Cie GAUDET) est évacué de VILLEAU sur le C.E.
17 Juin 1940
A 5h30, le Bataillon reçoit l'ordre de se porter dans la Région d'ORGERES-en-BEAUCE, avec pour mission :
d'intervenir éventuellement au profit de la 84e D.I. (qui se replie) dans la direction d'ALLANIES ou de VIABON,
d'interdire la direction ALLANIES – ORGERES-en-BEAUCE.
Le dispositif du Bataillon en fin de mouvement est le suivant :
P.C. et Cie BIBES : ORGERES-en-BAUGE,
Cies GAUDET et GHISLAIN - FONTENAY S/COUIE,
P.C. arrière avec éléments sur roues à VILLEPREUX.
A 10h30 le Bataillon reçoit l'ordre de se rendre à VILLAMPUY (15 km Est de CHATEAUDUN - sur la route CHATEAUDUN - ORLEANS) itinéraire : COMAINVILLE - Nle 827 - BAZOCHES - BOISSAY – VILLAMPUY.
Au moment précis où arrive cet ordre, des éléments ennemis révèlent leur présence par quelques coups de mitrailleuses immédiatement suivis de coups de 105 - L'ordre est donné à la Compagnie BIBES de contre attaquer - de lourdes pertes sont infligées à l'ennemi, plusieurs pièces de 105 détruites La compagnie BIBES perd trois chars – N° 503 - 504 – 545.
Celui de l'Adjudant-chef POUPENEZ qui revient avec tout son équipage.
Celui du Lieutenant LARTIGAUD (Chef de Section) qui revient seul grièvement blessé, son équipage tué.
Celui du Lieutenant VINCIGUERRA disparu avec tout son équipage.
Les compagnies GAUDET et GHISLAIN ne se replient de FONTENAY sur CONIE qu'après avoir tenu en échec les éléments ennemis (destruction par la Cie GAUDET de plusieurs A.M, allemandes) permettant ainsi le repli d'éléments d'infanterie amis.
L'ennemi abandonnent la lutte et s'étant replié, le Bataillon exécute l'ordre de mouvement préalablement reçu.
Arrivé à VILLAMPUY, le Bataillon reçoit l'ordre d'envoyer une Compagnie (Cie GHISLAIN) à JUVRAINVILLE et une Compagnie (Cie GAUDET) à HARBOUVILLE.
La compagnie BIBES restant à VILLAMPUY.
Vers 16 heures des éléments ennemis sont signalés à 1 km N. Immédiatement après un vif engagement commence : le point d'appui dispose à ce moment des chars de la Compagnie BIBES d'une section de 3 chars 35 R (Lieutenant WEILL du 2/24) et d'une batterie de 75.
Les chars B et 35 R, se postent en direction de l'ennemi à défilement de tourelles.
Pendant une heure environ, très sérieux bombardement : 2 chars 35 R sont détruits.
A 18 h le Bataillon décroche en direction de la forêt de MARCHENOIR, par MEMBROLLES - VERDES - BINAS - ST-LAURENT DES BOIS - MARCHENOIR - point de première destination : LE PLESSIS L'ECHELLE.
Arrivé à BINAS vers 19h30, des éléments ennemis sont signalés en direction de BOUSSY - OZOUER-le-MARCHE. La Compagnie BIBES poursuivant son mouvement sur MARCHENOIR a déjà dépassé BINAS, ainsi que les premiers éléments de la Compagnie GHISLAIN. La compagnie GAUDET renforcée de 2 chars de la Compagnie GHISLAIN (Lieutenant PAUL et Lieutenant ROBINET) reste sur place pour couvrir le décrochement de l'infanterie amie et des cavaliers. Elle ne quitte BINAS que vers 21h30 après un vif combat avec des éléments motorisés allemands.
Au moment de quitter BINAS, le Bataillon reçoit l'ordre de passer la Loire au pont de MER-sur-LOIRE adoptant l'itinéraire suivant :
Point de première destination : BRACIEUX, par : LA GAHAUDIERE - LA COLOMBE ST-LEONARD - MARCHENOIR - LE PLESSIS L'ECHELLE - ROCHE - VILLIERS – TALCY - NER – MUIDS - CHAMBON – BRACIEUX.
Le Char 422 TURENNE (Cie GHISLAIN) est abandonné devant le pont de MER (panne de moteur), le char 252 FLAMBERGE (Cie GAUDET) est incendié à TALEY.
Pertes du 17 Juin :
Tués : 1 s /off. - 3 chasseurs
Blessés : 1 Officier : Lieutenant LARTIGAUD, 1 s/off.
Disparus : 1 Officier : S/Lieutenant VINCIGUERRA, 3 S/officiers, 12 chasseurs.
18 Juin 1940
Arrivé à BRACIAUX, le Bataillon reçoit la mission de tenir les issues du village et de conserver une unité de manœuvre ou en réserve.
Le dispositif adopté est le suivant :
Compagnie CAUDET : partie N. du village à l'Est de la route de CHAMBORD,
Compagnie GHISLAIN : partie N. du village à l'Ouest de la route de CHAMBORD,
Compagnie BIBES : éléments de manœuvre : partie Sud du village.
Au début de l'après midi la Division devant se mettre en mesure de parer à une action ennemie au sud de la Loire, le 46/47 reçoit l'ordre d'envoyer un détachement à MONT tout en assurant le défense de BRACIEUX. La Compagnie GHISLAIN part à MONT, les deux autres Compagnies restant sur place.
19 Juin 1940
A 0 h le Bataillon reçoit l'ordre de se porter à COUR-CHEVERNY (départ à 3h30 après le 4e B.C.P. pour y former un point d’appui).
Le Commandement de ce point d'appui est donné au Chef de Bataillon PETIT qui dispose en dehors des chars de son Unité, d'une Compagnie du 4e B.C.P.
A son arrivée le Bataillon prend le dispositif suivant :
P.C. : COUR-CHEVERNY,
Cie BIBES - Lisières N. et N.-E. du village,
Mission : interdire le route BRACIEUX COUR-CHEVERNY,
Etre en mesure de contre attaquer de part et d'autre de la route COUR CHEVERNY - BRACIEUX
Cie GAUDET - lisière N.-O. du village,
Mission : Interdire la route de BLOIS
Cie GHISLAIN - lisière S.-E. du village,
Mission : interdire la route de ROMORANTIN.
Dans le courant de la matinée le Bataillon reçoit un ordre préparatoire de mouvement vers le S.-O. Le char "AQUITAINE" est dirigé de COUR CHEVERNY sur la C.E. (Cie GAUDET). Le char n° 548 (Cie BIBES) en panne de démultiplicateur est incendié à BRACIEUX.
A 18 h la Bataillon reçoit l`ordre de se rendre à CHOUSSY en passant par COUBRES. Arrivé à 15 heures le Bataillon ne fait que stationner sans s'installer.
A 18 heures il reçoit une ordre préparatoire de mouvement ; l'ordre définitif arrive à 19 heures : passer le Cher à MONTRICHARD et se rendre à MONTRESOR par l'itinéraire MONTHOU - VINEUIL - PONT de MONTRICHARD - CERE ORRIGNY - MONTRESOR.
Arrivée du Bataillon à 24 heures à MONTRESOR.
20 Juin 1940
La mission du Bataillon est de contenir toute action ennemie venant de l'Est (NOUANS) des postes de guet avec mitrailleuses sont organisés.
Journée passée à MONTRESOR (P.C. au CHATEAU).
A 19 h parvient au Bataillon l'ordre de départ pour ST-FLOVIER en passant l'Indre au pont de ST-JEAN ST-GERMAIN.
21 Juin 1940
Arrivé à ST-FLOVIER à 0 h, le village est organisé, avec le 4e B.C.P, et une section de 47, et le Bataillon 2/24 en point d'appui fermé. Dispositif :
Compagnie GAUDET : forme un bouchon en direction N. - N.-E. interdisant les routes venant de VERNEUIL S/INDRE et de NERE-la-RIVIERE.
Compagnie BIBES : Interdit la route venant de CHATILLON sur INDRE.
Compagnie GHISLAIN : Au sud du Village, en réserve.
L'ennemi signalé sur la rive droite de l'INDRE entre ST-HIPPOLYTE et CHATILLON sur INDRE doit attaquer d'après les renseignements fournis par le Commandement. Le Bataillon reçoit en conséquence l'ordre de se tenir prêt à contre attaquer.
Vers 20 h au moment où l'ordre parvient au Bataillon de se replier sur MARTIZAY, des éléments motorisés ennemis arrivent à ST-FLOVIER par la route venant de VERNEUIL SUR INDRE.
Les chars de la Compagnie GAUDET attaquent, détruisent en quelques instants 3 A.M, allemandes et font subir de sérieuses pertes aux détachements de motocyclistes.
Pendant ce temps, la Compagnie du 4e B.C.P. parvient à se décrocher et le Bataillon, l'ennemi avant cessé le feu, amorce son mouvement sur MARTIZAY.
Le Bataillon arrive vers minuit à MARTIZAY où il s'installe sur la rive Sud de la CLAIZE (la rive Nord étant occupée par le 2/24).
Le char MARECHAL DES LOGIS DUMONTIER qui a son barbotin sauté est détruit sur place à ST-FLOVIER (Compagnie GHISLAIN).
Le Char n° 742 (Compagnie BIBES) et le char ALSACE (Compagnie GAUDET) sont évacués sur la C.E.
Le char POITOU (Compagnie GAUDET) bielle coulée, est incendié à la sortie S.-O. AZAY-le-FERRON.
22 Juin 1940
Matinée consacrée à faire les pleins et à graisser le matériel.
La section du sous-Lieutenant DUFFOURCQ (Cie GAUDET) est envoyée à LE FOI (à mi chemin, sur la route MARTISAY - TOURNON) pour protéger le mouvement vers le sud du Bataillon.
Ce mouvement (ordre reçu à 18 h) s'effectue par LUREUIL et TOURNON ST-MARTIN, en direction de NERIGNY
Accrochée par l'Infanterie ennemie, la section de DUFFOURCQ ne quitte LE FOI qu'après le passage de la colonne à LUREUIL et la rejoint à TOURNON ST-PIERRE
Vers 12h45 il est décidé de modifier l'itinéraire et de donner au Bataillon comme point de 1ère destination le croisement des routes à LURAIS - RIVES et ANGLES – FONTGOMBAULT (en passant par ANGLES).
Arrivé à ANGLES vers 14 h la 6e demi-brigade reçoit l'ordre d'y stationner provisoirement avant de recevoir un nouveau point de destination.
A 20 h l'ordre parvient de se rendre à LHOMMAIZE par l'itinéraire : ST-PIERRE DE MAILLE - LA PUYE - CHAUVIGNY - MORTHEMER - LHOMMAIZE.
Le char 402 VILLERS BRETONNEUX (Cie GAUDET) en panne de Naeder est incendié à 2 km N.-E. de TOURNON ST-PIERRE.
23 Juin 1940
Les divers éléments de la colonne arrivent successivement à LHOMMAIZE au cours de la nuit. Matinée à LHOMMAIZE
A 15h31 arrive l'ordre de faire mouvement sur JOUSSE, par VERRIERES - ST-LAURENT DE JOURDES - ST-SECONDIN – CHATEAU GARNIER – JOUSSE.
Le bataillon stationne à JOUSSE ainsi que l'E.M de la 6e demi-brigade et le Bataillon 2/24. Les issues N.-E. (Direction USSON du POITOU) et N.-O. (Direction de CHATEAU-GARNIER) sont gardées par les Chars et le 4e B.C.P.
24 Juin 1940
Au cours de la matinée on a confirmation de la présence d'une colonne motorisée allemande dans la Région N.-E. Un peu plus tard on apprend qu'un élément avancé du 4e B.C.P. a été attaqué par des éléments ennemis à USSON du POITOU. Une compagnie de 35 R (Btn 2/24) va les décrocher.
Vers 11 heures arrive l'ordre de repli sur AMBERNAC (S.-O. de CONFOLENS) par CHARROUX - CHATAIN – BENEST – ALLOUE – AMBERNAC.
Départ prévu pour 13 heures.
Vers 12 heures une colonne motorisée ennemie arrive par la route venant de CHATEAU GARNIER. Le char du Lieutenant ROBLOT (Cie BIBES) posté sur cette route ouvre le feu, une section de 3 R 35 le relève et permet le décrochement du 4e B.C.P. (éléments avancés)
A 12h30 le Bataillon reçoit l’ordre de modifier son itinéraire de repli comme suit :
PAYROUX – MAUPREVOIR - LA PETITE MOTTE - PLEUVILLE - EPENEDE - ALLOUE – AMBERNAC.
En outre le Bataillon ne doit quitter JOUSSE que lorsque la Compagnie de 35 R, partie décrocher les B.C.P. à USSON du POITOU aura rejoint.
De plus il reçoit mission d'assurer la sécurité de l'itinéraire de la façon suivante :
a) envoyer une section de chars à MAUPREVOIR constituer un bouchon en Direction de CHARROUX (la Compagnie GAUDET fournit cette Section)
b) envoyer une section à LA PETITE MOTTE sur la Nle 148 et interdire les issues E. et O. du village.
Arrivée à AMBERNAC vers 18 heures la colonne y attend des ordres. A 18 h parvient l'ordre de se rendre à GENOUILLAC, par LE BREUIL - CHANTREZAC - ROUMAZIERES – GENOUILLAC.
Ordre est donné de charger les éléments du 4e B.C.P, sur nos véhicules à roues et à chenilles, leurs véhicules ayant été pris par l'ennemi à USSON du POITOU.
Arrivé à GENOUILLAC à 20 heures, le Bataillon y stationne et reçoit un ordre préparatoire de mouvement pour le lendemain 3 heures.
Le char n° 547 (Cie Bibes) déchenillé est incendié au départ de JOUSSE.
Le char 245 LUNEVILLE (Cie GAUDET) en panne mécanique est incendié à 2 km N. d'ALLOUE.
25 Juin 1940
A 3 heures départ pour le région S.-O. de CHALUS.
1er Bond : LA POUILLERIE – LESIGNAC-DURAND - MASSIGNAC - St-MATHIEU.
2ème Bond : MILHAGUET - LA CHAPELLE-MONTBRANDEIX - DOURNAZAC – PAULIAC.
A ST-MATHIEU, le Bataillon apprend la signature de l'armistice.
Le 2e Bond s'effectue - arrivé à PAULIAC vers 6h50, seul le P.C. s'installe dans le village ; les Compagnies s'installent, faute de place, dans les fermes attenantes.
Le char 426 VERCINGETORIX en panne de Naëder est incendié à 1 km N.-O. de LESIGNAC-DURAND.
26 Juin 1940
Dans la matinée le bataillon reçoit l'ordre de quitter PAULIAC pour ST-ASTIER par DOURNAZAC - NONTRON - LEGUILLAC - ARDES – MONTAGRIER – CHANTERAC, départ à 14 heures.
Le détachement de Campement revient de ST-ASTIER sur l'itinéraire, informe le Lieutenant-colonel SUDRE que ST-ASTIER est déjà occupé par d'autres troupes. Il est décidé de diriger le Bataillon sur LA TOUR-BLANCHE.
Il s’y installe de la façon suivante :
P.C. et section de Commandement : LA TOUR-BLANCHE
Les Compagnies de Combat dans les hameaux avoisinants.
27 Juin 1940
Les éléments arrières, à savoir :
La Compagnie GHISLAIN, la Compagnie CITROEN (ex 1/47e), les C.E. 46 et 47 et les T.R. rejoignent le Bataillon à LA TOUR BLANCHE et s'installent dans les environs.
28 Juin 1940
Rien à signaler
29 Juin 1940
Le Bataillon reçoit l'ordre de se rendre à BEAUSSAC par LA CHAPELLE MONTABOURLET - VIEUX MAREUIL - ST-SULPICE DE MAREUIL - LADOSSE – BEAUSSAC.
Arrivé à 19 heures le Bataillon reçoit l'ordre de se porter immédiatement à MAINZAC.
Arrivée à MAINZAC vers 24 heures.
30 Juin 1940
Le Bataillon s'installe MAINZAC :
P.C., Sect. Cdt , Cies GHISLAIN et CITROEN à MAINZAC,
Compagnie BIBES à SOUFFRIGNAC,
Compagnie GAUDET - Fermes attenantes à MAINZAC,
C.E. /47 - LA FERRIERE
C.E. /46 - JAVERLHAC (sortie S.-O.)
1er Juillet 1940
Le Général KELLER, le Général DELESTRAING, le Général DE LA FONT se rendent à MAINZAC et y félicitent les Officiers, sous-Officiers, gradés et Chasseurs du Bataillon cités à l’ordre du C.A. et de l'Armée à l'occasion des opérations du mois de Mai.
10 Juillet 1940
Le Général DE LA FONT, Commandant la 4e D.C.R. se rend à MAINZAC et fait ses adieux à la 6e demi-brigade.
17 Juillet 1940
En exécution de la note 848/I du 8 Juillet 1940 de la 12e Région, le 47e B.C.C. est dissout.
Sources : Archives du SHAT Vincennes.