1916 La machine N° 1
Par Jean-Pierre Fouché
Les prototypes construits par les Maitres de la Chenille.
Le Lieutenant Charles Fouché a construit pour le compte du Service Technique Automobile et sur ordre du Général Léon Mourret, au cours du premier semestre 1916, les tracteurs offensifs suivants :
La machine N° 1 Type A.
Il s’agit d’un tracteur américain Caterpilar Baby Holt de 45 CV, dont le train de roulement a été rallongé d’un mètre par le Lieutenant Fouché et son équipe et qui a été doté à l’avant de deux solides longerons destinés à recevoir l’affut du canon de 75 mm long et à l’arrière de deux non moins solides longerons, supportant un patin d’aide au franchissement, dont le dessin légèrement différent sera ultérieurement proposé par la société Schneider, qui l’a fait breveter (voir la demande de brevet Schneider du 17 février 1916 et la lettre Schneider en date du 9 mars 1916). Il semble bien que l’idée de ce patin d’aide au franchissement, soit fixe, soit mobile revienne à la société Schneider.
La Machine N° 1 Type A du Lieutenant Charles Fouché, premier prototype de char français essayé à Vincennes le 17 février 1916 au matin. De gauche à droite Maréchal des Logis Courtois, Maréchal des Logis de Bousquet, Maréchal des Logis Pierre Lescudé. Source : collection famille Fouché Monginoux.
La machine N° 1 Type B.
Lors des essais comparatifs du 21 février 1916 à Vincennes, entre la machine Schneider (Tracteur B) et la machine N° 1 Type A (Tracteur A), cette dernière au cours d’un franchissement de tranchée mouvementé (trop forte inclinaison de l’engin) a calé, l’essence n’arrivant plus par gravité au carburateur. Il a donc été décidé pour remédier à ce défaut, de changer le carburateur américain Kingston par un carburateur français Solex, ce qui n’a que partiellement résolu le problème. Cet incident n’a pas changé le jugement du Général Mourret et du Sous-Secrétaire d’Etat Thomas sur les deux machines essayées (Tracteur A et Tracteur B) et il a donc été ordonné de construire le futur char avec une chenille allongée à 3, 960 mètres (voir le rapport Mourret du 25 février 1916 et la lettre du Sous-Secrétaire d’Etat au Général en Chef du 27 février 1916, SHD Vincennes Carton N° 16N 2122). Rappelons que la longueur entre l’axe du barbotin et de la poulie tendeuse du tracteur Baby Holt 45 CV qui a servi de base aux travaux du sous-lieutenant Charles Fouché était de 2 mètres.
La machine N° 1 Type B, à Vincennes, en février 1916, dans les réseaux de barbelé à piquets d’acier totalement détruits par l’engin. La Machine N° 1 Type B est très peu différente de la Type A, seul le carburateur a été changé. Sur la machine le Sous-lieutenant Charles Fouché et le pilote de Bousquet. Source : collection famille Fouché Monginoux.
La machine N° 1 Type C.
Cette machine qui n’est qu’un développement ultime du Type A et du Type B (une seule machine a été construite en trois versions) a été habillée d’une maquette de blindage en bois pour simuler le futur blindage du char final. En effet faute de temps l’équipe Fouché n’avait pas pu construire la maquette de blindage en bois prévue initialement et c’est sur les directives du Chef d’Escadron Ferrus que la maquette à l’avant a pris la forme d’une étrave de navire devant faciliter l’enfoncement des réseaux de barbelés à franchir et le rejet sur les côtés des fils sectionnés de façon à empêcher le bourrage des chenilles et l’immobilisation de la machine (Source : note Ferrus du 8 mars 1916 « pour déterminer la forme optima de l’avant, il semble que la forme doit être une étrave rejetant dessous les fils de fer non coupés ».
Sur la première photo, on distingue le train de roulement conçu par Charles Fouché par adjonction d'un troisième bogie à trois roues de route à un châssis de Caterpilar Holt, ce qui correspondait à un allongement de la chenille portant au sol d'un mètre.
La maquette de blindage est en bois d'un seul tenant et on aperçoit le haut du moteur quatre cylindres et le haut du radiateur à eau à l'avant.
Malheureusement cette disposition qui se révèlera fort judicieuse pour le franchissement des réseaux de barbelés les plus solides à piquets de bois ou d’acier sera totalement catastrophique en tout terrain car l’étrave de la machine va se ficher dans le premier obstacle abordé, comme en témoigne l’amorce de plantage de la Type C sur les photos ci-dessous, prises à Vincennes avec de Bousquet aux commandes et le Lieutenant Fouché dans la tranchée.
La Machine N° 1 Type C en franchissement difficile d’une tranchée à Vincennes en Février 1916. Aux commandes le Maréchal des Logis de Bousquet et dans la tranchée, de dos, le Sous-lieutenant Charles Fouché. Source : collection famille Fouché Monginoux.
La Machine N° 1 Type C, le même problème de « plantage » de l’avant apparaît sous un autre angle, toujours à Vincennes. On aperçoit le képi du Sous-Lieutenant Fouché qui est dans la tranchée, deux autres membres de l’équipe et le Maréchal des Logis de Bousquet aux commandes. Source : collection famille Fouché Monginoux.
Vincennes en mars avril 1916, Monsieur Louis Renault portant un chapeau melon noir, essayant la machine N° 1 type C. De Bousquet et le commandant Ferrus ont embarqué avec lui pour l'assister dans la conduite de cette machine complexe, mais l'espace est insuffisant sur la plate-forme arrière. Le sous-lieutenant Fouché déçu de ne pouvoir participer à la démonstration est debout à gauche de la photo et l'équipe se trouve à droite. La machine est très lourde à conduire avec sa propulsion classique, on voit que la garde au sol est insuffisante à l'avant et la machine amorce un début de plantage.
La machine N° 1 Type C photographiée à Vincennes lors d'un essai effectué dans des réseaux de barbelés électrifiés, qui avait été effectué à la demande du député Jules Louis Breton.
Debout à gauche se trouve le général Mourret, patron du STA, au centre le capitaine Leisse du STA et à droite le sous-lieutenant Fouché. Aux commandes du char de Bousquet, derrière lui Lescudé.
La photo a été prise le 3 mai 1916.
Rueil Malmaison le 24 juin 2014
Jean Pierre Fouché
1916 Char FOUCHÉ n°3
Par Jean-Pierre Fouché
Les prototypes construits par les Maitres de la Chenille.
Le Lieutenant Charles Fouché a construit pour le compte du Service Technique Automobile et sur ordre du Général Léon Mourret, au cours du premier semestre 1916, le tracteur offensif suivant :
La Machine N° 3 ou " l’étrange machine ".
Nous possédons peu d’informations techniques sur cette machine N° 3, qui semble avoir été construite sur la base du châssis de la machine N° 1, doté de la transmission universelle de Benjamin Holt. Elle a été habillée par une nouvelle maquette de blindage en bois aux formes assez élaborées (blindage latéral et toit aux plans inclinés). A l’avant l’équipe du Lieutenant Fouché a installé une sorte de lame "dozer" et il s’agit donc probablement du premier char du génie jamais créé en France, qui avait pour mission de combler et niveler les obstacles du champ de bataille pour aider les chars de bataille dans leur avance. Tout cela semble être l’application des idées du grand maitre de la chenille qu’était Edouard Quellenec avec son idée de chars "piocheurs".
La Machine N° 3 en essai dans les bois de Meudon, il semble s’agir du char "piocheur" d’Edouard Quellenec, premier char du génie de l’armée française, cette photo historique était totalement inconnue. Elle figure dans les archives de la famille Fouché – Monginoux sous forme de deux tirages contacts sur papier. Aucun des écrits du Lieutenant Fouché retrouvés à ce jour ne mentionne cette machine et ses essais.
La Machine N° 3 dans les bois de Meudon de profil. Source : collection famille Fouché-Monginoux.
La Machine N° 3 de face dans les bois de Meudon. Source : collection famille Fouché Monginoux.
Rueil Malmaison le 24 juin 2014
Jean Pierre Fouché
1915 Char de POIX
Imaginé par un officier du front, Charles de Poix, ce cuirassé terrestre étonne par son aspect moderne.
Le blindage arrondi et incliné, l'armement sous tourelles offrant un champ de tir à 360°, un train de roulement équipé de chenilles larges et prenantes, l'engin contraste avec les premiers chars en forme de boites qui verront effectivement le jour.
Lorsqu'il rend publique son étude en décembre 1915, l'inventeur ne dispose d'aucun appui dans les hautes sphères militaires et aucun soutien dans le monde industriel. Ses démarches suscitent un intérêt poli mais aucune suite n'est donnée.
Découragé Charles de Poix finit par abandonner mais demande à intégrer la nouvelle Artillerie d'Assaut en cours de formation.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES :
L'engin n'ayant pas dépassé le stade de l'avant-projet, aucune donnée précise n'existe mais l'examen des tracés permet de définir quelques caractéristiques.
Longueur : env 7,00 m
Largeur : env 2,50 m
Armement : 1 canon de 37mm sous tourelle + 1 Mitrailleuse sous tourelle
La motorisation est placée en position centrale.
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Source : Archives départementales des Vosges, fonds Albert Ferry
1915 Char de POIX
Imaginé par un officier du front, Charles de Poix, ce cuirassé terrestre étonne par son aspect moderne.
Le blindage arrondi et incliné, l'armement sous tourelles offrant un champ de tir à 360°, un train de roulement équipé de chenilles larges et prenantes, l'engin contraste avec les premiers chars en forme de boites qui verront effectivement le jour.
Lorsqu'il rend publique son étude en décembre 1915, l'inventeur ne dispose d'aucun appui dans les hautes sphères militaires et aucun soutien dans le monde industriel. Ses démarches suscitent un intérêt poli mais aucune suite n'est donnée.
Découragé Charles de Poix finit par abandonner mais demande à intégrer la nouvelle Artillerie d'Assaut en cours de formation.
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CARACTERISTIQUES TECHNIQUES :
L'engin n'ayant pas dépassé le stade de l'avant-projet, aucune donnée précise n'existe mais l'examen des tracés permet de définir quelques caractéristiques.
Longueur : env 7,00 m
Largeur : env 2,50 m
Armement : 1 canon de 37mm sous tourelle + 1 Mitrailleuse sous tourelle
La motorisation est placée en position centrale.
Source : Archives départementales des Vosges, fonds Albert Ferry