30e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Récit du Lieutenant Jacques Cahen
Le 30e bataillon était stationné sur la rive droite de la Moselle depuis le 19 octobre 1939 et avait reçu depuis lors de différentes missions de contre-attaque éventuelle derrière les ouvrages de la ligne Maginot ; il avait été porté en avant le 17 mai 1940 et avait reçu alors des missions de protection immédiate des dessus d'ouvrages et des intervalles - missions qui prenaient chaque jour une importance accrue pour les raisons suivantes :
1° depuis le 10 mai, notre ligne d'avant-poste devant les ouvrages sur tout le front de Lorraine, avait été peu à peu ramenée en arrière puis supprimée, laissant les ouvrages eux-mêmes au contact immédiat de l'ennemi.
2° les troupes d’intervalles, elles aussi, avait été ramenées en arrière, puis supprimées, les missions de surveillance et retardatrices éventuelles, n'ayant été laissées qu'à de très faibles effectifs échelonnés sur un très large front ; et les divisions ainsi récupérées étaient descendues des lignes et avait été envoyées sur d'autres fronts.
Depuis des jours nous avions ainsi vu se vider littéralement ce qui, depuis le début de la guerre, constituait notre seul front actif.
À la place des cantonnements si fiévreux de vie intense, plus rien. Sous les bois, jadis remplis de troupes, de matériel, de chevaux, de camions, plus rien. Partout le vide et la solitude. Nous restions à peu près seuls, nous les chars FT, avec les troupes des ouvrages, enterrées, invisibles. (Savez-vous que sur les positions de batteries, les pièces avaient été remplacées par des troncs d'arbres avec des roues simulées et des camouflage de branchages !)
Cette impression de solitude (triste réalité, hélas !) était augmentée du fait que nous avions vu redescendre toutes les troupes (y compris la 51e division anglaise, du général Fortune, montée en ligne 15 jours plus tôt). Cet abandon devenait plus angoissant à chaque heure, puisque les nouvelles nous parvenaient de l'avance irrésistible de l'ennemi.
Le 12 juin, rien n'était changé pour nous, théoriquement, mais nous nous savions pourtant définitivement tournés. Les ouvrages tenaient bon. Face au nord-est de rempli sur notre mission, mais nous sentions bien qu'un jour proche nous aurions à nous défendre aussi face à la Moselle, et qui sait, peut-être aussi face au sud-ouest. Nous connaissions admirablement le terrain ; les moindres replis du sol nous étaient familiers. Nous avions à notre disposition des ressources pour des semaines de lutte et de siège. Des vivres, des munitions, du carburant à ne savoir qu’en faire !
S'il avait fallu former un dernier carré avec les ouvrages, nous pouvions le constituer. Nos esprits et nos coeurs s'y étaient préparés. Nous ne pouvions plus rien faire pour arrêter le grand drame, c'est entendu. L'ennemi avait traversé la Seine, arrivait à Paris, déferlait vers la Loire, atteignait Dijon. De toutes façons, nous ne pouvions plus sortir de l'immense filet qui se refermait sur nous. Mais nous étions là, sur une position admirable. Nous allions aider nos camarades enterrés et nous allions tenir avec eux. Nous allions défendre notre Lorraine, miraculeusement intacte encore en ce 12 juin, derrière la ligne Maginot, alors que la moitié de notre pauvre pays connaissait déjà l'invasion. Quel symbole magistral ! Voyez-vous le sens admirable que prenait cette lutte désespérée ? Mais là. Là seulement, nulle part ailleurs.
Cela nous le sentions tous. Pour notre commandant, comme pour chacun de nous, comme pour le plus simple des chasseurs, c'était lumineux. Tragique, mais lumineux.
Mais voici que le jour se lève sur le 13 juin. Dès le matin, notre chef de bataillon, le commandant Vallangeon, est appelé à l'état-major de la D.I. je me souviendrai toujours de son retour à notre PC de Bettelainville. Cet homme, d'habitude si preste et si nerveux reste affaissé dans le fond de sa voiture, alors que depuis quelques instants déjà, elle s’est arrêtée devant la porte. Il est pâle et défait, au point que je me précipite pour l'aider, persuadé que je suis qu’en cours de route, il a été blessé. Ce n'est pas cela, c'est bien autre chose ! Il rapporte un ordre qui va nous bouleverser tous, comme il l'est déjà lui-même. C'est l'ordre de repli ! Simplement…. À la nuit, les compagnies décrocheront, quitteront les positions et le 30e bataillon battra en retraite, sans s'être battu !
Au lieu d'une défense sur place, sans espoir bien sûr, mais magnifique, nous recevons l'ordre de nous en aller. Nous allons abandonner nos camarades des ouvrages à leur sort de partir. Pour où ? Cela nul ne le sait naturellement.
Il n'est plus question de passer pour atteindre la zone encore libre puisque nous sommes englobés dans une division de marche, placée sous le commandement du général Besse, dont nous, vieux petits chars Renault de l'autre guerre, nous allons fermer la marche et couvrir la retraite.
Il y a plus aucun moyen de transport, les trains ne passent plus, l'aviation ennemie bombardant les convois et coupant les voies.
Les camions de la compagnie de transport 83, qui transportaient habituellement notre bataillon, ont été envoyé en Norvège au mois d'avril et n'ont jamais été remplacés. C'est donc sur chenilles que nous allons faire mouvement. Parfaitement… !
Nous quittons un secteur formidablement fortifié, admirablement connu de tous, pourvu d'inépuisables réserves de guerre pour nous jeter dans une zone où il n'y a pas la moindre tranchée, pas un mètre de barbelés, pas un dépôt de munitions, pas un magasin de vivres.
Rien…
Entretemps l'ennemi nous a rejoint, les hommes étaient harassés, le matériel usé, nous n'avions plus de carburant et comme munitions, nous ne disposions que de celles que nous avions pu transporter nous-mêmes. Et nous n'avions comme vivres - notre compagnie d'échelon nous ayant été enlevée et ayant disparue (sur un ordre venu d’où ?) - que ceux que j'ai pu acheter ou réquisitionner moi-même les 17 et 18 juin (même le 18 à Nancy et à Bayon, alors que les Allemands y étaient déjà).
Voilà qui aidera à comprendre maintenant notre état d'esprit lorsque nous avons vécu ses heures effroyables et qui situe mieux notre désespoir quand vint l’heure des derniers combats, de l'ultime sacrifice ! Désespoir, non pas de nous battre et de faire payer cher notre peau, mais désespoir d'engager le combat dans des conditions aussi lamentables et sans le plus minuscule espoir de vaincre et, même de remplir un rôle utile.
Vous lirez en les comprenant mieux, les lignes qui résument les événements de ces dures journées.
Journal de marche de la deuxième compagnie du 30e BCC
Du 13 au 18 juin, lamentable épisode de cet affreux repli effectué dans une cohue indescriptible, au milieu d'effectifs énormes, d'un matériel innombrable, de civils affolés, se sauvant dans toutes les directions, et parmi les destructions et les incendies des dépôts de munitions, d'essence et de vivres. Triste spectacle !
La 2/30 n'a perdu en chemin que quatre chars irréparables.
Le 18, le PC a été établi à Burthecourt. Le commandant se tient en liaison avec les compagnies établies sur la Meurthe, la 1ère compagnie (lieutenant Chantreau) à Rosières aux Salines, la 2e à Saint-Nicolas du Port. La moitié de la 3e encore présente devait être avec la 1ère ; l'autre moitié, enlevée par la CT 83, ayant pu passer en zone libre avec la compagnie d'échelon (capitaine de Lauzanne).
Le 18 juin, matinée consacrée à la mise en état des chars. Dispositif de l'infanterie (division de marche du général Besse) pour le secteur imparti à nos chars, sous le commandement du chef de bataillon, commandant le 21e bataillon d'instruction. En défense le long de la Meurthe, de La Soudière aux lisières ouest de Saint-Nicolas, un bataillon du 160e R.I. et le 21e B.I.
14h30 - Le génie fait sauter les ponts sur la Meurthe. Les premiers éléments Allemands apparaissent de l'autre côté.
15 heures - L'ennemi essaie de franchir la rivière en utilisant les restes du pont de Saint-Nicolas.
En l'absence du capitaine parti en liaison au PC, le sous-lieutenant Souchon emmène sa section au pont et ouvre le feu, interdisant le passage.
Pendant toute l'après-midi, les sections Souchon et Bertoux se remplacent au pont de Saint-Nicolas : combats fragmentaires et décousus. Le chasseur Signac est blessé, ainsi que le sous-lieutenant Souchon qui, légèrement atteint au bras, ne se fera pas évacuer.
19 juin : 2h30 - Les trois sections de chars sont mises en place dans Saint-Nicolas, prêtes à intervenir.
4 heures - Début d'un très violent bombardement sur Saint-Nicolas avec 105 et 150 et qui durera jusqu'à 9h30.
9h30 - La première section (sous-lieutenant Souchon) se porte sur le pont pour repousser les infiltrations ennemies.
Le chef de bataillon Emery, commandant le 2e bataillon du 161e R.I. demande une section de chars à la Madeleine. La 2e section (sous-lieutenant Confida) de 9h45 à 12h30 y réduit avec succès les infiltrations ennemies qui se sont produites sur la rive sud de la Meurthe, près de La Soudière.
11h15 – La section Souchon tient toujours le pont de Saint-Nicolas, malgré les armes antichars. Le char du caporal Durand est détruit par une arme antichars ; l'équipage n'est pas atteint, le caporal Durand sauve sa mitrailleuse.
11h30 - Le char du sous-lieutenant Souchon reçoit plusieurs obus antichars. Son mécanicien, chasseur Pinçon est tué. Souchon, blessé à la cuisse et dans le dos (trois blessures légères) parvient sortir du char en flammes. Il ne se laissera pas évacuer, mais assurera la liaison avec le bataillon.
Le régiment d'infanterie qui tenait Saint-Nicolas abandonne son poste de combat, laissant sur place armes et munitions.
11h40 - La 3e section (aspirant Bertoux) remplace la section Souchon au pont de Saint-Nicolas et se maintiendra à ce point capital, sans aucune infanterie, jusqu'à 12h30.
Le capitaine commandant la compagnie de chars parvient à persuader le commandant du 21e B.I. d'établir son infanterie pour tenir les crêtes au sud de Saint-Nicolas.
De 12h30 à 14h30, la section Bertoux et les deux derniers chars de la section Souchon assurent, seuls, la défense de Saint-Nicolas.
14h30 - Les chars protègent l'installation de l'infanterie.
15h30 - L'infanterie abandonne ses positions sans même prévenir les chars. Le capitaine commandant la 2/30 est obligés d'aller lui-même à pied rechercher l'aspirant Bertoux à Saint-Nicolas.
16h30 - Le capitaine emmène les sept chars restant à Manoncourt, fait le plein des chars et demande des ordres au chef de bataillon à Burthecourt. Le commandant Vallengeon essaie de téléphoner au PC du général Besse, au château de Sandronvillers ; il ne répond plus.
Le capitaine de Billy que le commandant avait envoyé auprès du général, revient sans l'avoir trouvé : le château était vide.
18h30 - le commandant renvoie au capitaine commandant la deuxième compagnie, l'ordre suivant :
« si vous n'avez plus d'éléments de résistance avec vous, brûlez vos chars et repliez votre personnel sur Burthecourt. »
À la réception de cet ordre, le capitaine décide de se replier avec tout le personnel et ses chars. Mais avant d'arriver à Burthecourt, il reçoit l'ordre impératif de détruire les chars sur la route, ce qui fut fait dans le désespoir !
Vers 21 heures ces hommes qui voulaient encore se battre sont faits prisonniers avec tout l'état-major du bataillon ; et un peu plus tard l'échelon sur roues.
La section Confida, elle, est restée à la Madeleine. Pendant tout l'après-midi, sous un violent bombardement, elle a couvert le flanc ouest, sans infanterie. Le chef de section réussit à détruire un canon de 37.
À 19h30 il reçoit mission de reconnaître les premières lignes ennemies au sud ; mission qu'il remplit avec succès.
Le 20 juin à 4h30 la section Confida est faite prisonnière en même temps que le 2e bataillon du 161e R.I.F. après avoir détruit ses armes et ses chars.
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
29e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Au début de la bagarre, le 12 mai 1940, le 29e est à la disposition du 42e C.A. pour assurer la défense du goulot de l’Othain à Châtillon l’Abbaye et l'intégrité de la bretelle d'armée numéro 8 entre les IIe et IIIe Armées.
Dès septembre 1939, les reconnaissances avaient conclu (étant donné l'importance stratégique capitale de la mission) à l'emploi d'un bataillon de chars B et un bataillon de chars légers modernes !
Une défense antichar avait été minutieusement étudiée tout l'hiver.
Le 10 mai pas une fosse n'était creusée ; il n’y avait en place, aux endroits choisis que des petits écriteaux au ras du sol : «FM» ; «25» ! En octobre 1939, l'inspecteur de l'artillerie de la IIe armée avait rebuté 19 sur 39 canons de 37 SA, sans qu'ils aient été changés !
Du 12 au 20 mai, le bataillon occupe ses positions d’attente, sans incident. Le 20 mai, le commandant Bernier reçoit une nouvelle mission : «la défense des dessus d'ouvrages de la ligne Maginot (ouvrages de Coaffy, Fermont, Latiremont, Brehain, Rochonvillers, Molvange) pour deux compagnies, sur un front de 63 km ! (Une compagnie, la première, restant seule affectée à la mission initiale de bataillon).
En fait, l'accès des dessus d'ouvrages étant impraticable aux chars, il est décidé, d'accord avec l'infanterie, que les appareils collaboreront à la défense des intervalles.
Du 20 mai au 14 juin, jeu d’échec ! Les compagnies étant continuellement déplacées en un carrousel qui, sans qu'on ait à intervenir, épuise matériel et personnel. Le bataillon éparpillé échappe complètement au commandement du chef d'unité.
Le 14 juin, à 11 heures, le bataillon reçoit du G.B.C. 513, l'ordre de sacrifier sa première compagnie au décrochage de la 51e D.I.
Les 2e et 3e compagnies passent à la disposition d'un certain groupement Miserey dont le PC devrait être à Greux (11 km au Nord de Neufchâteau).
Tandis que les éléments du bataillon font mouvement vers le nouveau point de rassemblement, le commandant cherche le groupement Miserey. En vain. Aucune trace de ce groupement dont on entendra plus jamais parler.
Les mauvaises nouvelles se confirment. Le commandant Bernier voyant à Greux que l'infanterie est embarquée en cars à destination d'un point de regroupement en forêt de Clermont, décide d'y diriger ce qui subsiste des deux compagnies qui lui restent.
L'étape, excessivement pénible, se fait au milieu de l'horrible désordre du reflux. Sous le bombardement de l'aviation italienne, une partie du matériel est incendiée : un sous-officier tué, plusieurs officiers et chasseurs blessés.
À l'arrivée, pas d'instruction. Il n'est plus donné d'ordre, mais seulement cette tendance générale «essayer de passer au travers de l'ennemi qui cerne la poche, comme on pourra, à l'initiative de chacun» !
Le commandant Bernier donne un point de rassemblement : Quingey au sud de Besançon. Les divers éléments du bataillon emprunteront, pour s'y rendre, des itinéraires différents.
Le capitaine Le Corre a pris le commandement de la colonne des éléments de combat. Comme il est à deux kilomètres de Lure, il est appelé auprès du colonel Duluc (ancien commandant du 505e RCC) qui organise la défense de la ville et entend utiliser ces chars. L'ordre est donné à Le Corre.
«Ordre pour la 3e compagnie du 29e BCC :
La 3e compagnie du 29e BCC a pour mission initiale de protéger l'artillerie (un groupe de 75 du 69e R.A.) placée en antichars autour de Lure. Elle agira par sections au bénéfice de chacune des batteries de ce groupe.
Le 16 juin 1940 signé : Duluc
Mais dans l'indescriptible désordre des chemins de repli, quand celui-ci veut rejoindre sa colonne, il ne parvient à récupérer que huit chars.
Dans ces conditions troubles, une partie de son personnel et de son matériel s'est évanoui ! Quelques éléments individuels parviendront, seuls à passer hors de la poche.
Il reste en définitive huit chars FT avec le capitaine Le Corre, le sous-lieutenant Marchetti, trois sous-officiers, deux caporaux, 11 hommes. Le commandant du groupe d'artillerie demande le fractionnement des chars en quatre groupes de deux, placé aux différentes issues de Lure, en protection en avant des 75 ; ordre de se camoufler au mieux et de n’ouvrir le feu qu'à la dernière extrémité, sur personnel uniquement.
A 20 heures, l'ennemi se présente venant de la direction de Vesoul. La pièce de 75 protégée par le char du sous-lieutenant Marchetti fait mouche dans deux automitrailleuses qui flambent, tandis que le char détruit plusieurs side-cars, mais son percuteur de canon casse. Faute d'une pièce de rechange, l'appareil n'est plus d'aucun secours. Marchetti reçoit l'ordre de mettre le feu à son char.
À 21 heures, l'infanterie polonaise se replie et l'artillerie et les chars restent seuls à Lure.
Le 17 juin à six heures, les Allemands commencent le bombardement de la ville. À huit heures, comme les Allemands avancent sur la gare, l'artillerie reçoit l'ordre de repli et part. Aucun ordre pour les chars. Le capitaine Le Corre se rend au cimetière où était le PC ; plus personne…..
Mais, près de la mairie, il rencontre le maire et deux conseillers, ceints de leur écharpe qui lui disent que tout le monde s'est replié et le supplient de ne pas résister pour épargner la ville que les Allemands arrosent de fusants.
Le lieutenant Marchetti, envoyé pour reconnaître la route de Mélisey qui avait été indiquée comme route de repli éventuel revient dire qu'elle est coupée par l'ennemi. Seuls restent non occupés deux chemins qui ne peuvent être utilisés par des porte-chars chargés.
L'ennemi commence à tirer sans arrêt avec du 105 devant les chars. En se rendant à pied, à travers champs à un de ces appareils, le capitaine Le Corre aperçoit une caravane de gros chars allemands qui rentrent dans Lure. Il en compte 16.
Il donne l'ordre de mettre le feu aux quatre FT qui restent et embarque son personnel sur les porte-chars.
Par le chemin en direction de Mélisey, ils quittent Lure pour atteindre Le Thillot à 11h30.
Au PC de la 8e Armée on lui remet l’ordre suivant :
8e Armée
E.M. ORDRE
3e bureau
par ordre, le capitaine Le Corre du 29e BCC, avec le reste de sa compagnie, se ralliera à la C.E. du 16e BCC entre Le Thillot et Ferdrupt.
Et suivant le sort de cette C.E.
PC le 18 juin 1940 (14 heures 05)
Le 22, à 18h30, ils sont pris, ainsi que le commandant Bellanger et toute la C.E. du 16e BCC, personnel et matériel au complet.
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
28e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Au cours de la campagne de 1940, il y eut deux 28e B.C.C. En 14 jours de campagne en Belgique, la formation d'origine fut entièrement décimée. Reformé une seconde fois, le nouveau bataillon eut à peu près le même sort durant la campagne de France. La vie de ces deux formations se divise en sept périodes.
I. 26 AOÛT 1939 - 10 MAI 1940
26 AOÛT
Le Bataillon est alerté et le noyau actif mobilisé.
27 AOÛT
18h30, l'ordre de départ est donné.
28 et 29 AOÛT
Les trois compagnies s'embarquent à la gare de Chalons-sur-Marne et après débarquement à Gibeauvoisin vont cantonner à Montauville et Mamey en réserve de G.Q.G.
L'échelon B, mobilisé à Mourmelon rejoint par voie de terre.
1er SEPTEMBRE
L'arrivée de l'échelon B complète les unités.
2 SEPTEMBRE
Le stationnement s'étend à Blenodles-Ponts-à-Moussons. La 1/2 Brigade est constituée avec le 37e B.C.C.
10 SEPTEMBRE
Le bataillon fait mouvement pour aller cantonner, P.C. et C.E. à Flins ; 1ère Compagnie à Glonville ; 2e Compagnie à Fontenay-la-Soutte ; 3e Compagnie à Domptail.
10 DÉCEMBRE
Transporté dans la région de St Marc-s/le-Mont en vue de son endivisionnement.
1er JANVIER 1940
La 1ère D.C.R. est constituée. Nouveau déplacement dans la région de Suippes.
Le bataillon cantonne, P.C, 1ère et 3e Compagnie Souain ; 2e Compagnie Mourmelon/Suipes.
La région de Suippes-Mourmelon est bombardée. De nombreux combats aériens ont lieu au-dessus de Souain et Tahure. Un avion allemand atteint par la D.C.A. est descendu, le pilote est capturé. La 2e Cie est bombardée dans son cantonnement.
II. Du 11 MAI au 25 MAI
11 MAI
Les unités sont mises en mouvement. Les éléments chenilles embarqués à Suippes et les éléments sur roues dirigés sur Laon par Reims et Marchais. En cours de route le convoi est bombardé par avions à basse altitude.
12 MAI
Débarquement des trains a lieu à Jumet (nord de Charleroi). Les unités vont stationner, P.C., 1ère et 3e Cie., à Vieux-Campinaire.
5 heures. La colonne sur roues continue son mouvement par Sery, Stancourt et Urvilliers où elle parvient à 19 heures.
20 heures. Elle en repart par St-Quentin - Le Cateau - Maubeuge - Erquelines et Charleroi.
13 MAI
Au petit jour, la 2e Compagnie débarque et rejoint les boqueteaux sud-est de Fleurus.
14 heures. Les éléments sur roues arrivent après avoir été soumis à des attaques d'avions durant tout leur déplacement. Dans la matinée on apprend que l'ennemi a franchi la Meuse entre Namur et Dinant et y a créé une tête de pont.
15 heures. La 1ère D.C.R. reçoit l'ordre de se porter sur la poche créée par les Allemands et de les contre-attaquer.
14 MAI
15h30, le Bataillon se dirige sur Lambersart puis Fosse où sa mission est précisée "se diriger d'urgence sur le sud jusqu'à Mettet"
Position de départ : Nord de Flavion en liaison au nord avec le 37e qui doit se porter sur Biert-l'Abbé.
18h15. Les compagnies atteignent leur position de départ.
1ère Compagnie à gauche au sud du bois de Biert-l'Abbé.
3e Compagnie à droite, 1 km. nord de Flavion.
2e Compagnie en réserve, protégeant le flanc droit à la corne du bois, 1500 m nord de Flavion.
Ce déplacement s'exécute sans gêne appréciable, mais le 37e B.C.C. ne sera en place qu'à 22 heures. Le déclenchement de la contre-attaque est reporté au lendemain au petit jour.
22 heures. Des maisons de Flavion sont en flammes. L'angoisse devient grandissante. Durant deux heures on entend un bruit considérable de chenilles qui semble s'arrêter aux environs de Anthee. Puis un silence troublant succède à ces bruits. Autre sujet d'inquiétude, le ravitaillement d'essence n'arrive pas et les chars n'ont plus qu'une heure de marche dans les réservoirs : ce qui fait modifier la mission du bataillon. "Tenir coûte que coûte, interdire à l'ennemi le franchissement de la ligne générale Ermeton sur Biert - Flavion".
Durant cette journée, la compagnie d'échelon qui stationne à Fleurus y est bombardée. A 13 heures elle va s'établir au bois de Pironchamp et à 19 heures la Section de dépannage rejoint Oret.
15 MAI
3h30. Les T.C. des Compagnies sont regroupés dans les bois entre Oret et Florennes. Malgré tous leurs efforts, les chenillettes de ravitaillement ne parviennent pas à atteindre les unités.
5h30. Devant le front occupé par le bataillon, une compagnie de tirailleurs se replie sans être attaquée. On a l'impression qu'aucune troupe française n'existe devant le bataillon.
7 heures. Sur une longueur d'onde inférieure au réseau, la 3e Compagnie reçoit avec puissance une série de lettres et de chiffres. Ce qui laisse supposer que l'émetteur est proche et ennemi.
8h10. Le silence est rompu par quelques rafales d'armes automatiques.
8h30. L'attaque allemande se déclenche d'Anthee sur Flavion. La 5e Panzer Division dévale, déployée, les pentes d'Anthée et déferle sur Flavion en direction de Philippeville. La 3e Cie ouvre le feu, de nombreux chars ennemis sont touchés. Les PzKW III et IV entrent en action. La lutte devient intense sur tout le front du Bataillon.
Le tir des B est terriblement efficace, cependant, sans arrêt les vagues des blindés allemands se succèdent, les brèches qui sont faites sont immédiatement comblées. La 3e Compagnie est attaquée de front par de nombreux engins. D'autres se dirigent sur Flavion pour le contourner par le sud et la 3e Cie est lancée à la contre-attaque sur Flavion et ses lisières ouest.
9 heures. Le combat bat son plein. Sans relâche, les B tirent et luttent à 1 contre 15.
11 heures. L'attaque très durement éprouvée, fléchit. Le feu se ralentit. De nombreux chars allemands sont immobilisés et brûlent. Le calme semble revenir.
12 heures. De nouvelles masses de chars apparaissent. La 7e Panzer entre en ligne. Le combat reprend avec violence. L'attaque ennemie progresse sur le flanc droit, menaçant les arrières du bataillon.
14 heures. Le bataillon tient toujours. Les chars tirent quelquefois à bout portant et les pertes qu'il subit amenuisent de plus en plus son action. Pourtant à 17 heures, le Bataillon tient toujours et à 18 heures, la 1/2 brigade donne l'ordre de se replier sur Chastre et Beaumont. Les postes radio ne reçoivent plus. Il faut transmettre l'ordre par agent de liaison. Les rescapés qui peuvent être touchés se replient par Stave - Oret et Chastre, tandis que les chars en panne cloués sur place tirent jusqu'à l'épuisement de leurs munitions.
19 heures. On entend encore la voix des B en action dans la clairière de Flavion.
A aucun moment, le bataillon n'a reçu le moindre appui, ni de l'infanterie, ni de l'artillerie, ni d'autres chars, pas plus que de l'aviation, alors que le champ de bataille a constamment été survolé par l'aviation ennemie.
Dès 15 heures La S.D. se replie sur Fraire puis Beaumont et, ensuite, sur les Trois Pavés.
A 19 heures Les T.C. retraitent sur Castre - Walcourt - Cousoire - Berelles et Eccles.
Dans la nuit, quelques chars se regroupent à Solre-le-Château.
LE COMBAT DE FLAVION
Dès 10h30, après deux heures de lutte, les pots d'échappement sont percés ; les antennes arrachées ou cisaillées. Déjà le terrain est parsemé de cadavres de chars ennemis. Sans arrêt les B tirent de tous côtés en avant, en arrière, à droite et à gauche.
Devant la 3e Compagnie, sept PzKW IV sont inertes. Six autres chars sont en flamme devant le PHILIPPEVILLE. En un instant, le TAMATAVE et le SOUSSE en détruisent chacun trois. La 1ère Compagnie aura plus de 3 appareils ennemis à son tableau de chasse.
Le QUINCY, pris à partie par une quinzaine de PzKW III et PzKW IV a son radiateur percé. Son moteur s'arrête. Et ce n'est que grâce à la pente du terrain, en descendant "en roue libre", qu'il peut se soustraire aux feux de ces adversaires. Son équipage est recueilli par le TUNIS.
Le TOMBOUCTOU, par suite d'une fuite d'huile au Naëder, se trouve immobilisé dans le bois où il est parvenu. Ses freins de direction n'agissent plus. Le Chef de char veut entrer dans la lutte, demande à son appareil un suprême effort, tente une sortie du couvert. Il se trouve devant des pièces d'artillerie et derrière lui huit chars ennemis ouvrent le feu sur lui. Le feu prend à bord, l'aide-pilote réussit à éteindre le début d'incendie. La lutte reprend. Une chenille du TOMBOUCTOU est atteinte et projetée à 20 mètres de lui. Immobilisé, l'équipage sort, pistolet au poing, par la porte de secours du plancher, mais est cueilli par l'infanterie. allemande qui entoure le char ; l'équipage se doit de n'être fusillé par les assaillants que grâce à l'intervention d'un Colonel de Blindés allemand qui est touché de leur bravoure. (Ce Colonel n'est autre que Rommel).
Le BRAZZAVILLE est atteint par un coup direct de 150, son avant n'est pas percé mais une gerbe d'éclats jaillit à l'intérieur. Sous le feu, l'équipage évacue le char et ramène 3 blessés que le TUNIS et le CASABLANCA recueillent.
Un à un, à bout d'essence, les appareils s'immobilisent. Les munitions s'épuisent, le feu se ralentit alors que l'attaque allemande est toujours aussi violente. Sous le feu, la rage au cœur, les chars sont abandonnés et mis en feu par leur équipage qui, en rampant, traversent les formations ennemies. Quelques-uns seront fait prisonniers, nombreux seront ceux qui au prix de mille dangers, risquant leur vie, rejoindront plusieurs jours plus tard la division.
16 MAI
Au matin, il ne reste plus que 7 chars qui défendent Beaumont et les villages voisins. Toute la journée, ils tiendront l'ennemi en échec, jusqu'à leur destruction par les anti-chars adverses.
La Section de dépannage constamment harcelée par les attaques de l'aviation, après cinq six heures de trajet, rejoindra péniblement la Compagnie d'échelon dans la forêt de Nouvion.
12 heures. Un ravitaillement en essence part pour les Chars maintenus à Beaumont. Il est détruit avant d'atteindre le village.
15 heures. Les T.C. font mouvement sur Avesnes.
Au soir, ils se replient sur la fourche des Trois Pavés d'Avesnes puis sur la Capelle, deux B, quelques H 35 des 25e et 26e B.C.C. avec des éléments du 5e Bataillon de Chasseurs.
22h30. L'ennemi attaque Solre-le-Château, s'en empare et progresse sur Avesnes (en flammes). Le TUNIS et le LA BASSE-TERRE avec une section du 25e B.C.C. et quelques éléments du 5e Chasseurs, reçoivent l'ordre de se porter sur Etreungt, d'en interdire les accès nord et nord-est, de retarder l'ennemi, et, ensuite, de se replier sur La Capelle ou sur Guise.
Les convois de troupes et de réfugiés passent sans arrêt.
17 MAI
2 heures. Les convois cessent.
3 heures. Le TUNIS, qui n'a plus que 12 litres d'essence, décroche suivi des H 35 et des Chasseurs, passe à Le Nouvion, Etreux, St-Germain et Guise.
18 MAI
Le mouvement de retraite entraîne les restes du bataillon jusque dans la forêt de Traconne (région d'Esternay) où les rescapés, à la limite de la résistance physique, peuvent être regroupés à Launat.
25 MAI
Ils sont dirigés sur Guyancourt (région de Versailles).
III. COMBAT SUR L'AISNE 18 - 24 MAI
18 MAI Compagnie Gaudet
Quelques équipages des 28e, 37e et 15e B.C.C. ont rejoint Mourmelon avec les matériels laissés au Parc n° 1, B1 et B1 bis. Une compagnie de marche est constituée, sous le commandement du Lieutenant GAUDET du 37e B.C.C.
S/Lieut. DECRETE (28e) B1 n° 132 POITOU
S/Lieut. RAPP (28e) B1 n° 112 MULHOUSE
S/Lieut. RUDOLPH (28e) B1 n° 122 ALSACE
Sergent GRENNERAT (28e) B1 n° 127 JURA
S/Lieut. LE CAIGNAC (28e) B1 bis n° 217 CANTAL
S/Lieut. MALLET (28e) B1 bis n° 402 VILLERS BRETONNEUX
S/Lieut. BLANIE (28e) B1 bis n° 246 TEMERAIRE
Ce groupement improvisé, avec des effectifs très réduits jusqu'à destruction complète le 24 mai, combat dans les rangs de la 14e D.I.
IV. RECONSTITUTION 25 MAI - 2 JUIN
Commandant de la 1/2 brigade Chef de Bataillon PINOT
Commandant de bataillon Chef de Bataillon LEMUT
Chef d'État-major Capitaine GRAND
Adjoint technique Lieutenant LARCHEVEQUE
Officier de Transmission Lieutenant PRUNIER
Officier de Renseignements Lieutenant SAMSON
Officier des détails Lieutenant VALLEUR
V. COMBATS SUR LA SOMME 3 JUIN - 7 JUIN
3 JUIN
Le bataillon reçoit l'ordre de se porter en forêt d'Halatte. Départ à 21 heures par Versailles, St-Germain, Mery et stationne en forêt de l'Isle-Adam
NUIT DU 3 AU 4
Seconde étape par Mours, Viarmes, Chantilly.
4 JUIN
A Fleurines P.C. de la 1ère D.C.R.
La 1/2 Brigade est formée avec le 25e B.C.C. (également reconstitué avec les rescapés des 25e et 26e B.C.C. et des éléments provenant des dépôts).
L'ennemi a déclenché une violente attaque sur tous le front. La situation est grave.
NUIT DU 4 AU 5
Par la Nationale 17, les Compagnies se portent sur Gournay.
5 JUIN
A Cavilly, le bataillon reçoit la mission de se diriger sur le bois de Champien pour y prendre des positions de départ afin d'être en mesure, à la pointe du jour, "d'attaquer en direction du nord et nord-ouest. Par Conchyles-Cotes - Canny-sur-Matz - Fresnière - Crapeaurnesnil et Amy. Malgré l'encombrement des routes, le bataillon rejoint en temps voulu ses positions de départ et assure le ravitaillement d'essence au passage à Amy. Sans arrêt des équipes de la Section de dépannage travaillent sur sept chars en panne à Fresnières.
Depuis la veille la situation générale s'est encore aggravée. L'ennemi s'est infiltré dans le secteur de la 29e D.l. isolant les centres de Résistance de Marche-le-Pot, Licourt, Omiecourt, Fonches, Hattencourt, Liancourt, Rethonvilliers, Marche, Bellatre. Tous ces îlots tiennent, mais des engins blindés sont signalés à Parvillers.
La 1/2 Brigade a pour mission de dégager le flanc ouest de la 29e Division.
La marche du 25e B.C.C. freinée par l'encombrement des routes retarde sa mise en place, et l'heure H est reportée à 8h30.
Dispositif d'attaque de la 1/2 Brigade: 28e à droite, 25e à gauche.
Dispositif du bataillon : 1ère compagnie à gauche, 2e compagnie à droite, 3e compagnie couvrant la marche de la 1ère.
Direction Générale: Gruny-Fresnoy.
1er bond : Roye - Nesle
2e bond : Roye - Liancourt
3e bond: Lattache - Parvillers
4e bond : sur l'ordre de la 1/2 Brigade, redressement face au nord : Chilly - Hallu - Chaulnes.
Une patrouille de chasse protège le débouché durant une heure.
Le premier et le second bond sont atteints sans incidents.
11 heures. Des formations aériennes ennemies attaquent en piqué les chars, des 1ère et 3e compagnies. Les appareils se dispersent en zigzaguant à 40 kilomètres à l'heure sur un plateau entièrement dénudé. En rase-motte les avions les prennent en chasse. De nombreux chars sont atteints. En quelques instants le champ de bataille disparaît dans la poussière et la fumée, chaque char est escorté par des explosions de bombes. Plusieurs chars sortent leur mitrailleuse de tourelle et ripostent sur les avions qui les assaillent.
Lorsqu'au moment où les compagnies séparent sur le 3e bond, les chars sont soumis aux feux d'armes antichars. Et, sans arrêt, l'aviation continue sa ronde infernale.
L'action des chars est efficace car elle permet aux centres de résistance de la 29e D.I. de se dégager.
De 10 heures à la nuit. L'aviation ennemie aura déversé des tonnes de projectiles, tant sur le terrain de combat que sur les arrières.
Au soir, huit chars se regroupent dans le bois Mortemer. Par la suite, quatre seront dépannés par deux équipages de la Section Dépannage ; seize restent sur le terrain. Le Chef de bataillon et les Commandants de compagnie sont blessés plus ou moins grièvement.
7 JUIN
Une section assure la garde des lisières nord du lois Mortemer. PC. Brigade Lataule.
A 23 heures, ordre de repli sur la B. de Montigny en se gardant dans la direction de Coivrel.
VI. OPÉRATIONS SUR L'OISE 9 JUIN - 13 JUIN
8 JUIN
A partir du 8 au matin, l'insécurité est totale. L'ennemi est partout. A l'ouest, il a percé et fonce. Le bataillon rassemble tous ses moyens. Sans désemparer la S.D. et l'Atelier réparent. Pour faire face à toutes les missions, des groupements de B, de D et de Chasseurs sont constitués qui, les 8 et 9 Juin, vont combattre presque simultanément, dans trois directions (Saint-Just-en-Chaussée - Nomptel - Clermont) et permettre à notre infanterie de se dégager.
16h30 Dans la direction de Saint-Just-en-Chaussée, la lutte est sérieuse.
Une section B, deux sections du 25e et une compagnie du 5e Chasseurs sont dirigés sur ce village avec mission de prendre et de tenir toute la nuit le croisement de la N 16 et de la route Montdidier - Beauvais. Point de passage de repli de la 7e DINA.
Une section du 25e attaque par le sud, les B par le Plessier, au nord, précédant l'autre section du 25e.
19 heures. Les B pénètrent dans l'agglomération qui a été bombardée et est encombrée de convois abandonnés. Les chevaux encore attelés aux voitures. Le désordre est inextricable.
21 à 23 heures. Les convois passent sans arrêt.
9 JUIN
CLERMONT 6h30. Sur la route de Clermont, des feux de mitrailleuses arrêtant des isolés. Deux B sont chargés de neutraliser ces armes. Sept PzKW l sont détruits. Un PzKW IV et 2 AM fuient et s'échappent.
Opération identique sur la route de Montdidier où le KELLERMANN est détruit par un obus de 105 allemand.
9 à 12 heures. Des touristes et side ennemis sont pris sous le feu et refoulés.
13 heures. Le détachement se replie sur Estrées - St-Denis après avoir tenu 20 heures au lieu de 12.
A l'aube, quatre chars que l'atelier a pu réparer sont dirigés sur Nomptel, par Avigny et Catenay, pour protéger le repli d'une division.
De 6 à 19 h, sans incident, ils assurent la mission, quand à 19h15 des blindés légers allemands sont mis en fuite devant la charge du TURENNE et du FAIDHERBE.
A la nuit, cette section se replie sur Orry-la-Ville en franchissant l'Oise à St-Leu-d'Esserent.
3 heures. Clermont. Six chars disponibles sont dirigés sur Clermont pour y "stopper l'adversaire et, si besoin est, de s'enfermer dans la ville jusqu'à nouvel ordre".
A Erquinvilliers, les chars refont le plein, puis, par Remecourt et St-Aubin, atteignent Clermont en formant 3 colonnes de chacune deux B, 6 R 35 et une Section de Chasseurs. L'une par l'est, une au centre et une par l'ouest.
8h30. Les colonnes Est et Centre pénètrent dans l'agglomération par le Petit Fitz James. Celle de l'ouest par le Pont de Pierre. Des blindés ennemis sont chassés des lisières. Les chars entrent de force et libèrent un bataillon d'infanterie qui tient à grand'peine. Toute la journée se passe à refouler des attaques ennemies principalement sur les lisières nord et est où, sans arrêt, patrouillent des blindés adverses.
12 heures. Une attaque plus puissante est refoulée. Le SUFFREN est abandonné en feu.
21 heures. L’ordre de repli arrive, fantassins et chasseurs évacuent la ville par Nointel.
22 heures. Les chars partent sur Orry-la-Ville, par Rantigny - Nogent-sur-Oise - Montataire et St-Leu-d'Esserent.
Au cours du repli, le d'AUMALE casse un arbre de transmission. L'équipage fait sauter l'appareil.
10 JUIN
Les ponts sur l'Oise sautent.
11 JUIN
La 1/2 brigade se porte dans les bois St-Laurent et des Plailly.
Les Allemands ont franchi l'Oise à Baron et poussent des éléments en forêt de Chantilly. Il reste huit chars au bataillon qui sont dirigés sur le Lys-Chantilly pour interdire la progression ennemie. Dans la nuit, ils sont rejoints par des R 35 du 25e et une compagnie du 5e Chasseurs.
12 JUIN
Au jour, ce détachement contre-attaque et rejette l'ennemi au-delà de l'Oise.
9 heures. Le bataillon se dirige sur Dammartin-en-Goëlle pour y établir un barrage protégeant le repli des troupes sur le canal de l'Ourcq.
Le mouvement s'opère par la Chapelle-en-Serval ; Suvilliers ; Moussy-le-Neuf et le Vieux - Villeneuve.
Avec un GRDI la défense de Dammartin est assurée et pendant toute la nuit, permet le passage des troupes.
13 JUIN
Les chars se replient en formant une tête de pont à Claye-Souilly. Passent le pont et complètent la défense de la route Dammartin - Meaux.
14h30. Les ponts sautent.
Une colonne motorisée allemande, descend à vive allure la route en ligne droite venant sur Souilly. Le CONDE attend qu'elle se rapproche pour ouvrir le feu. Deux chars sont détruits, une citerne à essence prend feu, un camion à munitions saute et un camion anti-chars est détruit avant d'avoir pu se mettre en batterie.
15h30. Le bataillon reçoit l'ordre de "se porter sur Pezarches par Villevaude - Lagny et le bois d'Armonviliers". Le LANNES tombe en panne grave et est détruit par l'équipage.
La colonne poursuit sa route par Rosny-en-Brie jusqu'à Nangis, où, toute la nuit, elle s'installe en bouchon, protégeant le reflux des colonnes qui franchissent la Seine à Montereau.
VII. COMBATS EN RETRAITE 16 JUIN - 21 JUIN
14 JUIN
A Montereau garde du pont.
15 JUIN
Cheroy, garde des issues. Il reste sept chars, deux sont évacués sur les parcs. La fatigue du personnel est extrême.
15 heures. Ordre est donné de se diriger à Sens, avec mission "de repousser les éléments ennemis franchissant l'Yonne". A la tombée de la nuit, repli sur Orry (bouchon antichars).
16 JUIN
Le bataillon réduit à trois chars se poste à St-Germain-des-Prés. Des blindés sont signalés à Château-Renard. Avec des R 35 du 25e, les B assurent la garde des issues et des ponts.
17 heures. Un escadron de SOMUA passe. Le dernier appareil vient de passer le pont quand deux PzKW II apparaissent. Le GALIENI et le DROUOT ouvrent le feu. Tous deux sont atteints et brûlent. Seul, le MURAT est intact.
Les restes du Bataillon se replient sur Gien.
17 JUIN
Ils arrivent à Argent au Parc de Réserve Général. Le bataillon récupère sept B.
Le repli se poursuit vers le sud et au soir, à Ste-Thorette, le Bataillon tient le pont du Cher.
18 JUIN
Par une étape de 80 km, la colonne atteint à la nuit Chabenet (près d'Argentan-sur-Creuse). Le personnel est à la limite de la résistance, les conducteurs s’endorment et doivent constamment se relayer.
21 JUIN
Repli sur la Poste où un barrage est établi.
23 JUIN
La Croisière.
27e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Ce bataillon (sous les ordres du commandant AUBERT), ainsi que le 14e B.C.C fait partie de la 4ème Demi Brigade de la 2ème Division Cuirassée. Celle-ci est commandée par le Lieutenant-Colonel GOLHEN. Ces bataillons ont été formés à Vannes. A eux deux ils rassemblent 99 chars.
Le 27e B.C.C est mobilisé par le C.M.N N° 505 à Vannes le 24 août 1939.
Ce bataillon sera affecté successivement :
- à la 3ème Armée du 11 septembre au 14 octobre 1939
- à la 9ème Armée du 15 octobre au 13 novembre 1939
- à la 7ème Armée du 14 novembre au 16 janvier 1940
- à la 2e D.C.r du 16 janvier au mois de juin 1940.
Après l'offensive éclair de l'armée allemande, un front va se constituer tout le long de la vallée de la Somme.
Le 27e B.C.C à la bataille d'Abbeville (campagne de France) :
Avec plus de 400 chars alliés engagés, la bataille livrée en trois phases entre le 27 mai et le 4 juin 1940, constitue une des plus importante attaque blindée de la seconde guerre mondiale.
Les préludes de la bataille :
Le 14 mai.
La 2e D.C.r quitte son cantonnement de Chalons sur Marne pour être acheminée sur le théâtre des opérations. Les éléments chenillés sont convoyés par voie ferrée, les autres éléments prennent les voies routières. Dans la journée du 14, la 3ème compagnie du 27e B.C.C débarque à ETREUX, après avoir subi des raids aériens de la Luftwaffe.
Le 15 mai.
La 3ème compagnie prend la direction de la BESACE afin de compléter le groupement du lieutenant colonel GOLHEN commandant la demi brigade. Celui-ci a pour mission de tenir la position de Novion - Porcien menacée par les blindés Allemands. Ces derniers ayant pour objectif d'atteindre la Manche le plus rapidement possible.
Cette journée est confuse du coté du commandement français, les unités éloignées les unes des autres errent en attendant les ordres. Les patrouilles Allemandes sont menaçantes et harcèlent sans cesse nos positions.
Le 16 mai.
Des ordres arrivent en tous sens des autorités. Les compagnies continuent à arriver par voies de chemin de fer. Trois compagnies de chars H (deux du 14e B.C.C, une du 27e B.C.C), arrivant à ETREUX, ne reçoivent pas d'ordre. Le commandant AUBERT décide alors de garder les ponts sur l'Oise. Un peu plus tard les ordres arrivent enfin. Le commandant AUBERT reçoit pour mission la défense des ponts de l'Oise d'Oisy au Nord, la Fère au Sud. Les compagnies du 27e B.C.C sont réparties suivant le dispositif suivant : la 2ème compagnie à BERNOT pour la défense des ponts de GRAND VERLY et la 1ère compagnie la défense des ponts d'ORIGNY SAINTE BENOITE à MOY. Quant à la 3ème Compagnie qui a été encerclée par l'ennemi à la BESACE, elle décroche et fait mouvement dans la direction du Sud Ouest. Il est à noter que les premiers ravitaillements en carburant commencent à être difficiles.
Pendant ce temps du coté allemand les ordres et les objectifs sont clairs, il faut continuer à foncer vers le Nord Ouest au-delà de l'Oise et de la Somme, pour gagner au plus vite le littoral de la Manche.
Rapport Particulier sur la défense de RETHEL
La 3ème Compagnie du 27e BCC débarquée à ETREUX le 15 mai à 2 heures, reçoit du chef de bataillon, à 6 heures l'ordre de gagner la région de la BESACE.
Au cours d'une halte à MONTCORNET, des ordres complémentaires lui sont donnés par le Capitaine CHARLET adjoint du Lieutenant Colonel GOLHEN : gagner d'urgence la route de SIGNY L'ABBAYE à RETHEL, à la sortie du village. Après cette marche de 80 km, à l'allure poussée, 11 chars sur 14 sont au point fixé à 17 heures et se mettent en position défensive sur la route.
Le Lieutenant Colonel GOLHEN organise vers 18 heures le repli progressif vers RETHEL, des arrêts, en attente de l'ennemi, sont marqués au carrefour de GRANDCHAMP, puis en amont de WASSIGNY, vers 11 heures, les chars en queue de dispositif entendent passer à quelques centaines de mètres de la colonne motorisée ennemie, puis les tirs de balles traçantes et à obus traçants se déclenchent en direction de NOVION - PORCIEN. A la nuit tombée, le repli sur RETHEL se poursuit par WASSIGNY, HERBIGNY, HAUTEVILLE, ECLY, RETHEL.
Vers 3 heures le 16 mai, le Lieutenant Colonel GOLHEN, décide que les chars B défendront seuls l'avant de RETHEL, les chars H devant se replier au sud de RETHEL, sur la route de REIMS.
Les tracteurs de ravitaillement de la 3ème Compagnie participent durant la matinée au ravitaillement en essence des chars B.
Restent abandonnés sur le terrain, par suite de pannes mécaniques, après toutes, tentatives de dépannage et remorquage : 3 chars, 1 tracteur de ravitaillement.
P.C le 1er juillet 1940
Le Chef de Bataillon AUBERT
Commandant le 27e B.C.C
Le 17 mai 1940.
La 2e D.C.Rr. est toujours aussi dispersée. De nombreux accrochages ont lieu sur les ponts de l'Oise. Les allemands ont décidé de s'emparer rapidement de ces ponts. La 3ème Compagnie du 27e B.C.C résiste très courageusement. Malgré cela les ponts de MOY, BERTHENICOURT et MEZIERES SUR OISE tombent dans les mains allemandes. La 3ème Compagnie est alors obligée de continuer son mouvement de repli. Les ponts de RIBEMONT tombent au premier assaut. La 2ème compagnie du 27e B.C.C contre attaque vigoureusement à HAUTEVILLE, ce qui permet d'arrêter provisoirement les allemands.
En fin d'après midi, le lieutenant Colonel GOLHEN donne l'ordre de repli. Cet ordre ne parvient pas à toutes les unités, notamment celles stationnées au Nord de VADENCOURT. La 2ème compagnie du 27e B.C.C de LONGCHAMPS gagne BOHAIN.
La 2e D.C.r a subi de lourdes pertes tout au long de cette journée, malgré la belle défense individuelle de chaque unité.
Toutefois les allemands vont connaître en cette journée une crise dans leur commandement. En effet l'élan des divisions de panzer est freiné, l'ordre de ne plus franchir l'Oise est donné. En effet au vu de la progression trop rapide de ses unités de blindés, l'armée allemande, même avec ses unités mécanisées, a du mal à suivre le rythme !
Cela n'empêche pas les unités les plus avancées de consolider leur tête de pont sur la Serre et de s'emparer quand même des ponts de l'Oise. Une unité de panzer fait route vers MONTCORNET pour répondre aux attaques de chars Français encore présent dans le secteur.
Le 18 mai.
La lutte est âpre et disproportionnée pour les dernières unités de chars sous les ordres du lieutenant Colonel GOLHEN. Toutefois, un groupement se constitue avec le reste des éléments cuirassés en état de marche placé sous les ordres du commandant AUBERT. Ce groupement est constitué d'une section de chars B du 15e B.C.C, de quelques chars H de la 1ère compagnie du 27e B.C.C, et de quelques autres éléments. Ce groupe a pour mission de se porter sur le canal de CROZAT au pont de JUSSY et de LIEZ puis de se diriger sur l'Oise entre ORIGNY SAINTE BENOITE et ACHERY. Le détachement partant de GUY arrive vers 18 heures à GUISCARD près du canal de CROZAT.
La 3ème compagnie quant à elle se déplace vers la forêt de COMPIEGNE.
La riposte Française :
Les 19 et 20 mai.
Le groupement du commandant AUBERT lance son attaque prévue la veille.
La colonne du pont de SAINT SIMON.
La 1ère Compagnie du 27e B.C.C débouche du pont, soutenue derrière elle par l'infanterie du 108e R.I. Rapidement les chars prennent le village, occupé aussitôt par l'infanterie. Continuant sur ARTEMPS, les chars sont pris sous les tirs des canons allemands placés derrière des barricades, protégées elles mêmes par un champ de mines. Un combat de barricades acharné débute alors.
La colonne du pont de JUSSY.
Des chars H de la 1/27e B.C.C franchissent le pont de JUSSY, ils prennent ensuite la direction d'ESSIGNY LE GRAND, puis URVILLIERS. Tout au long de leur progression, ils détruisent sans trop de difficulté les unités avancées allemandes. A cours de munitions, les chars doivent revenir sur leurs pas.
Sous le nombre des blindés allemands, les chars français succombent les uns après les autres. D'autres seront abandonnés sur le terrain suite à des ennuis mécaniques. La situation au 20 mai est critique, car pratiquement tous les ponts de la Somme sont sous contrôle allemand. Quelques ponts sur l'Oise dans la région de COMPIEGNE sont toujours gardés par la 3ème Compagnie.
Si l'on en croit le compte rendu du lieutenant Colonel GOLHEN, sur 93 chars H, 12 sont encore en état de marche, 27 en révision, 54 hors de combat. Il ne reste plus qu'à vanter les actes de bravoure et d'héroïsme individuels menés lors de cette dure semaine de combats.
Le 22 mai.
La 3ème compagnie défend le pont l'Oise à VERBERIE.
Le 24 mai.
La 3ème compagnie passe à la disposition du groupement GIRIER. Elle dispose de 11 chars, elle se rend au "Bois de l'hôpital" à 15 kilomètres à l'est de ROYE.
Le 26 mai.
La 1ère compagnie rejoint la 3ème compagnie dans le "Bois de l'hôpital". Ces deux unités se mettent en position d'attente, afin de rejoindre le groupement BOURGIN.
Le 29 mai.
La nuit tombée, le bataillon fait mouvement de la forêt de Saint REMY et du bois de l'hôpital vers PAILLART (5 kilomètres nord de BRETEUIL, sud de ROYE ). La 351e compagnie autonome est affectée au bataillon. Le bataillon reformé à 4 compagnies prend le nom de 14/27.
Le 30 mai.
Le 27e B.C.C, stationne à PAILLART, il en profite pour effectuer une mise au point de son matériel.
Le 31 mai.
A 21 heures, le bataillon fait mouvement de PAILLART à GRATIBUS (6 kmM de MONTDIDIER).
Le 1er juin.
A 20 heures 30 le bataillon fait mouvement de GRATIBUS à BLANGY S/POIX.
L'ultime attaque :
Le 2 juin.
A 21 heures, le bataillon fait mouvement de BLANGY au bois de la CROIX.
Le 3 juin.
A 13 heures, le Chef de Bataillon et ses commandants de compagnies effectuent une reconnaissance en vue d'une attaque de la tête de pont d'Abbeville.
Les reconnaissances sont exécutées en liaison avec les officiers de la 152e Brigade Ecossaise.
Constitution des compagnies au moment de l'attaque :
3/27 : Lieutenant FAYE
351e : Compagnie : Capitaine COLOZIER
I/27 : Lieutenant LANTIVY
II/27 : Lieutenant TRAVERS
A partir de 21 heures 30, le bataillon exécute sa marche d'approche jusqu'au ravin de BOENCOURT afin de prendre sa position de départ.
Voir ci-après le rapport de l'attaque menée par la Compagnie FAYE pendant l'ultime attaque.
Le 4 juin.
A 3 heures 30, les compagnies du commandant AUBERT (y compris la 351e) partent à l'assaut d'Abbeville. Elles soutiennent les bataillons d'Infanterie des Highlanders. La défense allemande est acharnée. Plusieurs chars français sont détruits soit par des mines, soit par des obus. La 351e Compagnie perd ainsi quatre chars sur onze. La compagnie FAYE, qui s'est engagée dans les vergers de BIENFAY, souffre du terrain : pas moins de quatre chars basculent dans des chemins creux. L'objectif de MESNIL TROIS FŒTUS, bien que bordé, n'est pas pris. Quatre chars sur dix sont perdus.
Voir ci après le rapport des RAPPORT PARTICULIER POUR L'OPÉRATION D'ABBEVILLE.
3e Cie BATAILLON 14/27 : Lieutenant FAYE
RELATION DE L'OPERATION D'ABBEVILLE
I - RECONNAISSANCE - PRISE DE LIAISON AVEC LES ECOSSAIS.-
Le 3 Juin 1940, le Lieutenant FAYE (Cdt de la Cie), le Lieutenant BRETON et le S/Lieutenant GOURLET (Chefs de Section) vont reconnaître les positions de départ et l'itinéraire y menant.
P.D.: 300 m. N.O. du village de BOENCOURT. Le Capitaine PERRETTE conduit le Lieutenant FAYE au P.C. du Capitaine Ecossais dont la compagnie tient les abords de BIENFAY.
Durant cette reconnaissance, un tir d'artillerie assez intense se déclenche sur le carrefour des CROISETTES. Notre artillerie répond sur le bois de VILLERS.
A 18 heures 30, le Lieutenant FAYE prend les dernières liaisons au P.C. du Colonel Ecossais au château de BAINAST.
II - MISE EN PLACE SUR P.D.-
La Compagnie arrive à la P.D. vers 3 heures 25. Le Lieutenant FAYE cherche vainement à prendre liaison avec les écossais.
La compagnie dispose de 10 chars.
Char du Lieutenant FAYE - Cdt de Cie
Section complète du Lt DUBOST – 2e échelon
-d- Lt BRETON - 1er échelon
-d- S/Lt GOURLET
Débouché à 3 heures 30 exactement. On ne voit presque rien.
III - L'ATTAQUE -
Au moment du débouché, l'artillerie allemande déclenche un violent tir sur le village de BOENCOURT et le ravin à l'Ouest de BOENCOURT.
La section du Lieutenant BRETON progresse presque d'un seul trait jusqu'au village de MESNIL-TROIS-FŒTUS par la contre-pente Est de BIENFAY.
La section GOURLET marque un temps d'arrêt aux lisières Sud du Bois Nord du village de BIENFAY à hauteur de 3 chars B et 3 chars H détruits.
A ce moment, 4 chars sont en panne de terrain à la suite d'accidents consécutifs dus à l'obscurité.
Les premiers éléments d'Infanterie (15e Infanterie Alpine) se trouvent aux lisières Nord de BIENFAY et sont pris à partie par l'artillerie Allemande.
Le Lieutenant FAYE donne à la section GOURLET l'ordre de reprendre la progression sur le plateau reliant BIENFAY à MESNIL TROIS FŒTUS.
La section progresse malgré de violents tirs d'armes anti-chars en position aux lisières Sud et Ouest de MESNIL TROIS FŒTUS.
3 canons de 37 sont neutralisés ainsi que 2 mitrailleuses.
Malgré la neutralisation du village, l'Infanterie n'a pas suivi. La section du S/Lieutenant GOURLET revient pour prendre la liaison avec le Lieutenant FAYE qui, durant cet intervalle, à cherché à reprendre contact avec la Section du Lieutenant BRETON.
N'ayant pu prendre la liaison avec le Lieutenant FAYE, la section du Lieutenant GOURLET se met à la disposition du Capitaine Cdt la Cie Ecossaise qui a pris position dans le bois à 300 mètres au Nord de BIENFAY.
Il lui est demandé de servir de base de feu à l'Infanterie.
Cette mission accomplie, un char B lui communique qu'il à reçu l'ordre de repli en vue d'une contre attaque possible.
La section se rallie dans le ravin à l'Est de BOENCOURT et se met à la disposition du Capitaine COURTIER.
La section BRETON privée de son chef de section blessé à la jambe par une rafale de mitrailleuse hors de son char, est ralliée par le Lieutenant FAYE.
Un des chars est manquant, immobilisé par une arme anti-chars.
Le char du Chef de section s'est mis à la disposition des chasseurs du 17e B.C.P. avec lesquels il opère de brillantes actions locales. Le 3e char ralliera plus tard le Bois d'ERCOURT.
C'est au cours de ces opérations que le Lieutenant FAYE relève le Capitaine PERRETTE et le Lieutenant BRETON, tous les deux blessés et les mène à BOENCOURT.
L'ordre de repli sur le Bois d'ERCOURT est donné par le Lieutenant GIRARD, Officier de liaison, vers 10 heures 30, après un violent bombardement d'avions.
6 chars ont rallié ERCOURT.
REGIMENT CUIRASSE / I.S.C.D /2e D.C.r / 4e DEMI-BRIGADE / 27e BATAILLON DE CHAR
RAPPORT PARTICULIER POUR L'OPERATION D'ABBEVILLE du 4 JUIN 1940
Unités participant à l'opération :
3/27 : Lieutenant FAYE - 11 Chars ( Chars qui ont pris
351e Cie: Capitaine COLOSIER - 11 Chars ( effectivement part
1/14 : Lieutenant TRAVERS - 4 Chars ( à la bataille
Mission : Accompagnement d'Infanterie, 152e Brigade Ecossaise chargés de relever le 17e B.C.P sur l'objectif final.
Mise en place : I° Le bataillon est en place à 3 h à la hauteur de la route BOENCOURT , HUCHENNEVILLE . - Les compagnies orientées face à leur objectif.
Répartition des Unités : axes d'attaques et objectifs déterminés sur le terrain au cours de la reconnaissance du 3 .
351e Compagnie - I° Echelon à droite Objectif :Mt CAUBERT
3/27 -I° Echelon-à gauche-Objectif :TROIS FŒTUS )
I/14 - 2° Echelon en arrière de la 351e Cie protégeant le flanc droit.
Déroulement de l'attaque :
A 3 heures 20, pendant la préparation d'Artillerie, les compagnies serrent sur les Chars B. Le débouché s'effectue normalement. L'Infanterie Ecossaise avec laquelle on a pu reprendre une liaison précaire en raison de la nuit suit les chars de trop près, marchant par groupes à hauteur des appareils. Un violent tir de barrage ennemi est déclenché quelques minutes après le débouché. Aucun incident important à noter jusqu'à hauteur du bois de VILLERS où les chars de la 1/27, Cie réservée du Lieutenant de LANTIVY, commencent à arriver. Il est alors constaté que le bois de VILLERS est encore occupé par l'ennemi et que le nettoyage qui devait être effectué par un Bataillon autre que celui d'attaque ne l'a été que très sommairement. C'est ainsi que le personnel du P.C 14/27 a reçu des coups de fusil à bout portant, partis des lisières et que le Lieutenant DIRIBARNE reçut encore, au moment où il se ralliait : un coup de pièce antichar. Le Bois de VILLERS passé, les Compagnies progressent sur l'objectif 01.- La compagnie de gauche, qui avance avec plus d'aisance semble avoir été moins gênée par les résistances du Bois de VILLERS .
Il faut signaler que de ce coté, l'action du Capitaine PERRETTE, qui avait pour mission de faire exploiter la progression des chars par l'Infanterie, est aussi une des causes du succès de la progression. Vers 4 heures 45, les premiers chars sont signalés arrivés à MENIL TROIS FŒTUS et un peu plus tard à hauteur du MONT CAUBERT. Il est à signaler que pendant la progression, plusieurs Officiers de Chars, notamment le Capitaine COLOZIER, le Lieutenant BRETON, blessés en dehors de leur appareil, sont allés actionner l'Infanterie. Vers 8 heures 30, l'ordre du ralliement est transmis aux unités. Cependant, la section du Lieutenant DIRIBARNE reste à la demande des chasseurs portés (Lieutenant OLIVET) pour protéger un point d'appui qui tient encore.
CONCLUSIONS : S'il faut reconnaître que les équipages de chars ont été à la hauteur de leur tache, l'Infanterie, bien que composée de soldats très braves, n'avait aucune connaissance du combat avec les chars. Les équipages sont unanimes à déclarer que les Ecossais marchaient généralement par grappes, l'arme à la bretelle, tout près des chars. - Ils signalent aussi l'intensité des tirs de l'artillerie ennemie, son efficacité, telle que sitôt qu'un char s'arrêtait, il était pris à partie par des tirs massifs.
DEPANNAGE : Le dépannage pour les chars qui n'étaient plus immédiatement sous la ligne de feu s'est effectué assez normalement avec les moyens des Compagnies guidés par l'adjoint technique du Bataillon. Il faut signaler la perte de 8 Chars détruits, 2 par mines, 4 par pièces anti-chars, 2 par pannes de mécanisme et rendus inutilisables.
PERTES EN PERSONNEL :
Officiers : 1 Tué , 7 blessés
Sous Officiers : 2 Blessés
Chasseurs : 9 Blessés
P.C., le 1er Juillet 1940
Le Chef de Bataillon AUBERT
Commandant le 27e Bataillon de Chars
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
HISTORIQUE DU
26e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Le 26e BCC est constitué le 2 septembre 1939 à Maubeuge à partir du 509e Régiment de Chars de Combat (RCC).
Cette unité est équipée de 45 chars Hotchkiss H 39, aux ordres du commandant Bonnot et rattachée administrativement au 509e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC), affectée à la IXe Armée.
La création des quatre Divisions Cuirassées (DCR) de janvier à mai 1940 obligent l'Etat-major à de nombreuses réorganisations dans la répartition des bataillons de chars de combat au sein des armées et des groupements auxquels ils sont rattachés.
Le 16 janvier 1940, création au camp de Chalons, de la 1ère division cuirassée. Le 26e BCC est affecté à la 3e demi-brigade. Il la rejoint et stationne dans les environs de Suippes.
Le 10 mai 1940, la 1ère DCR fait mouvement sur la Belgique.
Le 14 mai 1940, le 26e bataillon de chars de combat va se positionner au sud de la Sambre.
Le 15 mai 1940, le 26e BCC renforcé de la 2e compagnie du 2e BCC de la 2e DCR va se placer en couverture au sud de Florennes.
En début d’après-midi, le 25e et 26e BCC attaquent les blindés allemands sur l’axe Anthée - Philippeville.
A 16 heures, après de durs combats le 26e BCC réduit à une compagnie se replie à l’ouest de la route Mettet - Florennes.
Le 16 mai 1940, les restes du 26e BCC passent au groupement Préaud (1er GRDI), puis à la 4e division légère de cavalerie qui a perdu la moitié de ses effectifs ; ils seront détruits ou capturés le 21 mai 1940 à Boussois.