D'ARTILLERIE D'ASSAUT
Le 508e R.A.S. a été formé par la réunion des anciens groupements de Saint-Chamond : 10e, 11e et 13e, et les 22e, 23e, 24e bataillons bataillons chars légers.
10e GROUPEMENT
FORMATION
Le 10e groupement d'artillerie d'assaut est formé, au mois de mars 1917, au camp de Champlieu, sous le commandement du Capitaine de Frégate de Perrinelle ; c'est le premier des groupements groupements constitué.
Il se compose alors de deux groupes de chars : le 31e, commandé par le Capitaine Calmels, qui est au camp depuis février, et le 33e, commandé par le Capitaine de la Fontaine, qui vient d'arriver d'arriver de Cercottes avec ses appareils.
LES DÉBUTS DE LA. NOUVELLE ARME
En avril 1917, l'artillerie d'assaut française reçoit le baptême du feu aux attaques du Chemin des Dames. Le 16, 8 groupes de chars Schneider se sacrifient héroïquement à Juvincourt en entraînant notre infanterie à l'assaut de positions formidablement armées.
Le 17, en Champagne, un second groupement, composé de 2 groupes de chars Schneider s'engage devant le mont Cornillet.
Pris sous le feu de l'artillerie ennemie, ayant eu plusieurs chars incendiés, ces groupes doivent revenir le soir à l'arrière. Pendant toute l'attaque, le 31e groupe reste en réserve et, spectateur impuissant, assiste à regret à cette lutte terrible, où viennent de tomber ses premiers camarades.
Mais, le 5 mai, le 31e groupe devra attaquer au Chemin des Dames ; il lui faudra réduire le saillant formé dans nos nouvelles positions par le moulin de Laffaux. Ses objectifs à atteindre sont les premières tranchées allemandes au sud de la route de Maubeuge.
Deux batteries parviennent seules à escalader les falaises à pic de Nanteuil-la-Fosse et de Sancy. 7 chars sur 16 franchissent nos lignes et partent à l'assaut devant l'infanterie.
Les chars écrasent de leur masse les réseaux de fil de fer et bombardent la première tranchée large de plus de 2 mètres ; 4 d'entre eux ne peuvent la franchir ; les équipages doivent les abandonner après avoir rendu les moteurs inutilisables, et emporter leurs mitrailleuses ; un cinquième, atteint par un obus, prend feu ; les Allemands le cernent et criblent de grenades l'équipage qui cherche à s'enfuir ; les survivants, conduits par le Maréchal des Logis Lenoir, se fraient un passage le poignard à la main et réussissent réussissent regagner nos lignes.
Des deux chars qui ont pu franchir la tranchée, seul celui commandé commandé le Sous-lieutenant Ragaine peut accomplir sa mission de nettoyage ; il démolit 8 mitrailleuses. L'autre, commandé par l'Aspirant Fourrier, criblé à bout portant de balles et de grenades, doit regagner nos lignes ayant ses 8 hommes d'équipage blessés.
Mais l'effet est produit ; l'ennemi s'enfuit et l'infanterie, guidée par le Lieutenant Bégarie, qui a quitté son char devenu inutile, vient occuper les positions conquises.
Les pertes ont été lourdes : la 1ère batterie a perdu les trois quarts de son effectif et un seul char lui reste, qui continue à combattre combattre épuisement de ses munitions.
Ramené à Champlieu, le Groupe 31 reconstitue son matériel et se tient prêt à être engagé avec le groupe 33 qui vient de terminer son instruction.
Et c'est le 23 octobre l'offensive victorieuse de La Malmaison.
Il faut coûte que coûte remporter un succès éclatant pour montrer au monde entier et à nos troupes elles-mêmes que quelques échecs passagers et quelques espérances déçues au mois d'avril n'ont pas affaibli la valeur du soldat français. Pendant huit jours, une artillerie formidable écrase les lignes ennemies. Malgré un temps des plus défavorables et une pluie qui tombe à torrents, l'attaque est fixée au 23 octobre.
Le Groupement 10 a pour objectif le saillant du moulin de Laffaux et le balcon qui domine la vallée de l'Ailette, depuis le château de La Motte jusqu'à la ferme Vaurains. L'heure d'attaque est 4h45.
Dans un terrain bouleversé par l'artillerie, couvert de madriers, de tôles, de fil de fer, les chars, qui se sont élancés devant l'infanterie, avancent péniblement. Deux batteries parviennent à franchir les lignes allemandes et réduisent quelques mitrailleuses.
Mais les chars s'enlisent dans la boue ; ils sont immobilisés et servent d'objectifs à un canon anti-char, plusieurs sont atteints et flambent. Plus à droite, le 31e groupe se heurte aux mêmes difficultés ; la 3e batterie s'enlise, mais, quoique gravement blessé, le Capitaine Balland qui la commande, dirige lui-même les travaux de dépannage et parvient à la sauver d'une destruction complète.
Les deux autres batteries parviennent à accompagner l'infanterie l'infanterie son premier objectif.
Le Lieutenant Dufour réduit au canon un centre de résistance où l'ennemi s'accroche et n'hésite pas à sortir de son char, sous le feu, pour mieux régler son tir. Le lieutenant Bégarie, commandant la 1ère batterie, quoique blessé, quitte son char en panne, monte dans un autre qu'on vient de réparer, rejoint l'infanterie qu'arrêtent deux mitrailleuses, les démolit et, blessé de nouveau à la figure, revient à ses chars enlisés et réussit à les remettre en route.
L'Adjudant Moreau continue seul l'attaque sur le deuxième objectif ; il nettoie de ses défenseurs les ruines de la ferme Vaurains où se dissimulent des mitrailleuses ; il atteint le village de Vaudesson qu'il crible d'obus, puis revient vers le ravin des Gobineaux où des mitrailleuses ennemies cachées dans des buissons arrêtent nos fantassins. Avec un mépris absolu du danger, l'Adjudant Moreau descend de son char pour mieux distinguer les points d'où viennent les coups qu'il reçoit, puis, dirigeant son appareil sur les mitrailleuses ennemies qui tirent toujours, il les oblige à se rendre. Il atteint enfin la tranchée du Lézard, qui constitue l'objectif final de notre progression, la nettoie à la mitrailleuse et ne quitte cette position que lorsque l'infanterie y est solidement installée.
Son char a mené le combat sans arrêt pendant dix heures, s'enfonçant de plus de 5 kilomètres dans les lignes ennemies.
Quelques jours après, l'Adjudant Moreau recevait la Médaille militaire et son équipage était cité à l'ordre.
Le Général Maistre cite le groupe 31 à l'Ordre de l'Armée : Aux affaires du 23 et du 25 octobre, malgré un terrain très défavorable, a donné un bel exemple de ténacité, de mordant et d'habileté.
A rendu de précieux services à l'infanterie en détruisant au canon plusieurs mitrailleuses qui entravaient sa progression.
LA BATAILLE DE 1918
Aux combats d'avril, mai et octobre les chars d'assaut n'avaient pas donné les résultats qu'on attendait d'eux ; malgré toute la valeur et l'héroïsme des équipages, les chars étaient incapables d'évoluer sur un terrain trop bouleversé par une longue préparation d'artillerie.
Mais en 1918, de juin à novembre, le commandement français va jouer de la surprise : l'artillerie d'assaut aura un rôle de premier plan.
Le 11 juin.
Le groupement 10, dont le commandant de Violet a pris le commandement en décembre 1917, est affecté en février 1918 aux groupes des armées de l'Est. Une section de réparation, la 104e, sous les ordres du lieutenant Héricourt, lui est définitivement adjointe.
En mars, c'est la grande offensive allemande au point de jonction jonction armées françaises et anglaises. Le front est crevé, Amiens est menacé. Mais nos armées se réorganisent derrière les divisions qui se sacrifient héroïquement en se dressant en barrière devant l'ennemi. L'attaque a été si brusquée que les chars n'ont pu être engagés.
Enfin, on fait appel aux chars ; le 8 mai, le Groupement 10 quitte Martigny et débarque le 10 à Saleux ; on lui donne la place d'honneur : devant Amiens, au point de soudure de l'armée française et de l'armée anglaise.
Le 1er juin, tout le Groupement se porte en avant. Le Groupe 36, déjà stationné au bois de Boves, franchit l'Avre ; le Groupe 33 et le Groupe 31 sont en réserve à côté de Boves ; on s'attend à être engagé d'un moment à l'autre. Mais, brusquement, l'ordre est donné d'embarquer pour Saint-Just-en-Çhaussée, à quelques kilomètres à l'ouest de Montdidier.
L'événement justifie les prévisions du commandement, car le 9 juin l'ennemi attaque au sud-ouest de Montdidier.
Une forte contre-attaque de 4 divisions et de 165 chars est décidée. Le Groupement 10 attaquera à l'extrême gauche avec les Groupes 33 et 36 seulement, car le 31e, retardé par un accident de chemin de fer, débarque trop tard.
Le 11 juin, à 11 heures, l'attaque se déclenche entre Tricot et Courcelles, et les vagues d'assaut avancent superbement.
Le Groupe 36, commandé par le Capitaine Malmenaide, engage deux batteries en ligne (Lieutenant Le Du et Sous-lieutenant Bruneaux) et une autre en soutien (Lieutenant Hurel).
La 1ère batterie gravit la cote 100, garnie de mitrailleuses ennemies, mais prise à partie par l'artillerie, la plupart de ses chars sont atteints et prennent feu.
Le Lieutenant Le Du et ses hommes d'équipage sortent de leurs chars en flammes et marchent vers l'ennemi en avant de l'infanterie. Depuis cet instant, nul ne sut ce qu'il advint de cette poignée de braves. Venu volontairement dans l'A.S. à la suite d'une blessure qui lui immobilisait le bras, le Lieutenant Le Du voulait se donner tout entier à son pays. Il a tenu parole le 11 juin.
La 2e batterie, à gauche, au nord de Courcelles, engage le combat sans l'aide de l'infanterie, arrêtée plus à droite par un violent tir de barrage. Des pièces ennemies ouvrent le feu sur les chars ; ceux du Maréchal des Logis Paulet et du Lieutenant Marchand avancent néanmoins et nettoient le terrain ; mais peu après ils sont atteints à leur tour. Le lieutenant Bruneaux, qui commande la batterie à pied, a la douleur de voir tous ses chars mis successivement hors de combat ; il est sur le point de se replier lorsqu'il aperçoit son fanion de commandement qui flotte encore sur son char ; se riant de tous les dangers, dédaignant les mitrailleuses ennemies qui ouvrent leur feu sur lui, il s'élance, arrache son fanion et revient dans nos lignes, laissant les Boches abasourdis de cette héroïque folie.
La batterie de réserve s'engage à son tour : 3 chars sont atteints ; seul celui du Lieutenant Ribière continue le combat ; malgré les avaries il avance toujours, 2 mitrailleurs sont blessés, mais aucun ne quitte son poste ; il regagne nos lignes après avoir marché et combattu sans arrêt pendant cinq heures.
L'échelon commandé par l'Adjudant Saussier part à son tour ; pris dans une rafale d'obus, les chars flambent les uns après les autres.
Sur 15 chars engagés par le Groupe 36, un seul revient, 12 ont été brûlés, dont 10 dans les lignes ennemies, et 2 ont été démolis après être restés en panne.
A droite de la division, entre Courcelles et Méry, les 3 batteries du Groupe 33 se portent en avant des chasseurs à pied du Lieutenant-colonel de Torquat.
Les 2 premières batteries (Lieutenant Maury et Sous-lieutenant Charpentier) balaient le terrain devant elles, détruisent de nombreuses mitrailleuses et pourchassent l'ennemi qui s'enfuit.
Obliquant un peu à gauche, cherchant la liaison avec le Groupe 36, les chars gravissent la cote 100, d'où ils délogent les Allemands.
Mais l'artillerie ennemie, qui a réglé Son tir, démolit successivement les chars de la 1ère batterie et 3 chars de la 2e. L'infanterie privée de l'appui de l'A.S. ne peut se maintenir sur la position.
Nombreux sont les actes d'héroïsme accomplis pendant ce combat.
Le Sous-lieutenant Sudre, tout jeune officier de vingt ans, quitte son char et revient jusque dans nos lignes. Mais un noble scrupule de chef le pousse encore une fois à retourner à son appareil, pour essayer de rallier l'équipage dispersé et constater l'état du matériel.
C'est là que son corps fut retrouvé quelques jours après, à côté de celui de son ordonnance Poudeux, tué avec le chef qu'il n'avait pas voulu abandonner.
Le mécanicien Degolbert, cédant à son premier instinct qui le pousse à s'enfuir de son char démoli, revient, lui aussi, dans nos lignes. Là, il se rappelle qu'il a oublié d'emporter la magnéto du moteur, comme il est de règle, pour que personne ne puisse se servir du char en l'absence de l'équipage. Il retourne à son char, démonte sa magnéto : il est tué en revenant vers nos positions.
Le mitrailleur Thomas, resté seul indemne autour de son char détruit, sort avec sa mitrailleuse, l'installe sur son trépied, ouvre le feu sur l'ennemi et le tient en respect jusqu'à ce que notre infanterie l'ait rejoint.
La 3e batterie (Lieutenant Cochu), se dirigeant vers le bois de Cuvilly, réduit une batterie ennemie au silence ; mais, atteinte à son tour, ses chars prennent feu.
Le Lieutenant Hugues, grièvement blessé, brûle avec son char sans que, malgré tous leurs efforts, les survivants de son équipage puissent le sauver. Le Maréchal des Logis Cailloux est tué en luttant luttant à corps avec l'ennemi qui le cerne, Le mitrailleur Javanon ramène un de ses camarades blessé sur son dos, pendant plus de 3 kilomètres, sous un feu des plus violents. Les mitrailleurs Porcherat et Sapanel accomplissent le même acte de bravoure et de dévouement.
Quelques jours plus tard le groupe 33 était cité à l'Ordre de l'Armée :
Engagé en terrain inconnu, sous les ordres du Capitaine de La Fontaine quelques heures après son débarquement, a combattu comme à la manoeuvre, faisant l'admiration de son infanterie qui l'a salué de ses acclamations. A détruit plus de 50 mitrailleuses, repoussé 2 contre-attaques, contrebattu une batterie d'artillerie, entraînant sans souci de ses pertes la troupe d'attaque à la conquête de son objectif.
Les pertes du Groupement 10 étaient lourdes, mais le sacrifice n'avait pas été vain : l'attaque allemande dans la direction de Compiègne était arrêtée net et dès ce jour, « on commence à être sûr qu'on les aura ».
Quelques jours plus tard le Groupement 10 était ramené à Plainval, où il se reconstitue en toute hâte en hommes et en matériel pour pouvoir être prêt le jour proche où on fera appel à lui.
Le 18 juillet.
Dans la nuit du 13 au 14 juillet le 10e Groupement est alerté ; il embarque pour Villers-Cotterêts et le 15 gagne ses positions d'attente dans la forêt de Retz.
Du 15 au 17 juillet, dans le plus grand secret, des troupes françaises, anglaises et américaines se massent pendant la nuit derrière l'épais rideau constitué par la forêt.
La nuit du 17 au 18 juillet se passe dans un calme tragique ; serait-ce donc l'attaque décisive, « l'événement », comme disait Napoléon ?
A l'aube, à 4h35, trois coups de canon vibrent dans la forêt et aussitôt l'attaque se déclenche précédée d'un tonnerre formidable d'artillerie.
Le Groupe 31, commandé par le Capitaine Courty, part en tête.
Les chars s'engagent dans le ravin de Catifet. Vers 6h30, tout le groupe débouche au sommet du coteau.
Le Groupe 33 arrive à son tour, mais, par malheur, il est pris dans un barrage. Le Lieutenant Cochu, qui veut guider à pied sa batterie, est tué. Deux chars sont immobilisés. Enfin le Lieutenant Maury parvient à déboucher à son tour sur le plateau.
Pendant ce temps, le Groupe 31 a rejoint les vagues d'assaut à la sortie de la ferme Violaine et les précède dans la direction de Villers-Hélon.
Les 1ère et 2e batteries (Lieutenant de Pin et Lieutenant Dufour) permettent à l'infanterie d'occuper Villers-Hélon en détruisant les mitrailleuses ennemies qui le défendent ; puis ils contournent ce village, une batterie au nord, l'autre au sud, réduisant au silence quelques batteries de 77 et quelques mitrailleuses ennemies.
La 3e batterie (Lieutenant Hainerville), tenue jusqu'alors en réserve, part à son tour, accompagne l'infanterie jusqu'à son objectif limite : le sommet de la cote 92. L'ennemi, terrorisé par le tir systématique des chars, s'enfuit. Le Sous-lieutenant Moreau prend sous son feu une batterie allemande et permet ainsi aux tirailleurs de s'en emparer. La position était entre nos mains après une avance de plus de 5 kilomètres.
Le Groupe 36, maintenu en réserve, reçoit l'ordre de continuer l'attaque que le 31e Groupe soutient depuis le matin. Quand il arrive à Villers-Hélon un violent tir d'artillerie se déclenche sur lui.
Le Lieutenant Lelarge, mortellement blessé, envoie de son brancard une dernière pensée à sa femme et à ses cinq enfants et donne l'ordre de continuer le combat sans s'occuper de lui.
Le Capitaine Malmenaide est blessé grièvement par un obus qui lui arrache un bras.
Cependant les chars progressent dans la direction du bois de Mauloy, où ils détruisent à bout portant des nids de mitrailleuses.
Le 19, on fait appel au Groupe 31 pour faire taire des mitrailleuses qui défendent le village de Blanzy.
La 3e batterie (Lieutenant Haineville), qui attaque par le nord, a trois chars mis hors de combat par l'artillerie anti-char ; un char de la 2e batterie (Lieutenant Dufour) a le même sort, les deux autres rejoignent la première batterie qui attaque à l'ouest. Ils arrivent au village qu'ils mitraillent et canonnent à bout portant : l'ennemi s'enfuit et les tirailleurs occupent la position.
Les pertes sont fortes : sur 9 chars engagés 7 sont restés sur notre terrain, mais l'ennemi est en fuite.
En transmettant à la Xe armée le rapport du Commandant sur les journées du 18 et du 19, le Général Penet, commandant le 30e C.A., y ajoute :
Pris connaissance en exprimant toute ma satisfaction aux formations formations d'A.S., qui depuis deux jours appuient les opérations du 30e C.A. et qui font preuve d'un dévouement, d'une bravoure et de qualités manoeuvrières ne méritent que des éloges.
Le 19 juillet 1918.
Le Général commandant le 30e C.A.,
PENET.
Le 20, le commandement demande encore un effort au Groupement 10. Deux batteries du Groupe 33 (Sous-lieutenant Bachelin et Sous-lieutenant de Couet) et une du Groupe 36 (Sous-lieutenant Ruynat) doivent aider l'infanterie à conquérir le bois du Plessier-Huleu.
La batterie de Couet est en tête ; pris sous le feu de l'ennemi, ses trois chars sont rapidement détruits ; son commandant est tué en voulant sortir de son char en feu, ainsi que le Maréchal des Logis Ralitte, engagé volontaire de cinquante ans ; le Maréchal des Logis Boucanseau et le Brigadier Durand ; le mitrailleur Chasseport, au péril de sa vie, va porter secours à ses camarades blessés, et parvient à les ramener tous dans nos lignes sous une grêle de balles, après être resté pendant plusieurs heures sur le terrain.
Le Lieutenant Bachelin assiste impuissant à la destruction des chars de son camarade ; il ouvre le feu à son tour, mais, voyant que l'infanterie ne le suit plus, regagne la position de ralliement.
Un seul char de la 3e batterie, celui du Maréchal des Logis Audhuy, arrive en vue du bois du Plessier.
Il ouvre le feu, mais pris à partie par l'artillerie ennemie, il ne tarde pas à être immobilisé ; son équipage, quoique blessé, parvient à regagner nos lignes, emportant ses mitrailleuses.
Le 21 juillet, le groupement parvient avec peine à mettre trois chars en état de marche. Il faut prendre d'assaut le village du Plessier-Huleu où se cramponnent les Allemands.
Au petit jour, la 3e batterie, commandée par le Lieutenant Haineville, du bois de la Garenne à 300 mètres du village ; il ouvre un feu intense sur ce village et fait taire les canons qui s'y sont retranchés. Mais l'ennemi, revenu de sa première surprise, déclenche un barrage d'artillerie lourde : le char du Maréchal des Logis Mermet est détruit.
L'attaque n'a pas été vaine ; les Allemands, effrayés, évacuent le Plessier-Huleu où nos troupes peuvent s'infiltrer quelques heures après.
Enfin le 23, il est demandé un dernier effort au Groupement qui parvient à reconstituer deux batteries sous les ordres du Capitaine Courty.
Par malheur il a plu pendant la nuit, et bientôt les chars de la 1ère batterie commandés par le Lieutenant Bruneaux s'embourbent dans des trous profonds.
Dans la 2e batterie, le char du Lieutenant Ribière, qui la commande, casse ses chenilles ; le chef de char fait sortir ses mitrailleurs, il les installe dans des trous d'obus et ouvre le feu sur l'ennemi. Un autre char, celui du Maréchal des Logis van den Ende, est incendié ; tout l'équipage est brûlé sauf un homme, le canonnier Pierron, qui, voyant s'approcher un groupe d'ennemis, les somme de se rendre et les ramène dans nos lignes.
Seul le char de l'Adjudant Boucherit reste en bon état de marche et progresse jusqu'aux abords du Grand-Rozoy, réduisant plusieurs mitrailleuses. Ayant reçu l'ordre de repli, il regagne nos lignes et en revenant prend en remorque un char que l'ennemi cherchait à détruire.
RECONSTITUTION DU GROUPEMENT
Pour le Groupement 10, c'est la fin des attaques de juillet : il ne reste plus un seul char en état de combattre.
Quelques jours plus tard, le général Mangin passant la revue de l'A.S. de la Xe armée, les équipages eurent la satisfaction d'entendre dire par ce grand chef que, « grâce à eux et à leurs appareils il avait osé lancer ses divisions sur l'ennemi sans aucune préparation d'artillerie ».
Puis c'était la citation du Groupement 10 à l'Ordre de la Xe Armée :
Avait déjà, lors de la contre-attaque de Méry, le 11 juin 1918, montré tes plus belles qualités de courage et d'abnégation. A peine reconstitué, s'est engagé de nouveau le 18 juillet, entraînant au feu son infanterie et lui permettant par son aide efficace d'effectuer une progression importante importante les lignes ennemies. Puis, reconstituant inlassablement ses unités de combat, s'est engagé avec le même brio les 18, 19, 20, 21 et 23 juillet, se dévouant jusqu'à son dernier homme et son dernier char.
A ajouté ainsi à ses brillantes qualités d'allant, la ténacité et l'endurance.
Cette citation comportait pour le Groupe 33, déjà cité à l'ordre de l'armée, l'attribution de la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre.
Les mois de septembre et d'octobre sont employés à remettre les chars en état.
Au début de novembre, les ordres sont donnés et le groupement groupement doit s'engager au pied d'Arracourt avec la VIIIe armée.
Mais, à ce moment, l'ennemi, désemparé, demande grâce, sentant bien que le dernier coup lui était porté.
Depuis mars 1918, le Groupement 10, à l'effectif de 43 officiers, 63 sous-officiers, 548 brigadiers et canonniers et 53 chars, avait assisté à 4 grandes batailles. Il avait perdu : 10 officiers, 10 sous-officiers, 60 brigadiers et canonniers.
Il comptait en outre 22 officiers, 13 sous-officiers, 134 brigadiers et canonniers blessés, et 48 de ses appareils avaient été démolis par le feu de l'ennemi.
PERTES
Voici les noms des braves qui, au cours d'une guerre sans merci, ont fait le sacrifice suprême et voulant à tout prix conserver pure du contact ennemi la bonne terre française, n'ont pu trouver mieux que de s'incorporer à elle ; nous qui les avons vus à l'oeuvre, nous ne les oublierons jamais ; vous qui viendrez plus tard nous remplacer dans la tâche immense de défendre le pays, pensez à eux comme à des martyrs mais aussi comme à des vainqueurs.
Tués à l'ennemi.
COMBAT DU 5 MAI 1917
A.S.31 :
Brigadier Michel (André). Canonnier Chastenet (Jean).
COMBAT DU 23 OCTOBRE 1917
A.S.33 :
Lieutenant Frémond. Sous-lieutenant Beylard.
Maréchal des Logis Le Sergeant de Bayenghem Maréchal des Logis Seyer.
S.R.R. 104 :
Canonnier Moine.
COMBAT DU 11 JUIN 1918
A.S.33 :
Lieutenant Hugues. Sous-lieutenant Sudre.
Maréchal des Logis Cailloux. Brigadier Poupel.
Canonnier Navizet. Canonnier Duray.
Canonnier Degolbert. Canonnier Enixon.
Canonnier Merle. Canonnier Giraudon
A.S.36 :
Sous-lieutenant Puget. Adjudant Saussier.
Maréchal des Logis Tellier. Brigadier Vandrevert.
Canonnier Fournel. Canonnier Andrieux
Canonnier Joubier Canonnier Rauch
Canonnier Lombard Canonnier Petit
Canonnier Verger Canonnier Bobin
Canonnier Bonneau Canonnier André
Canonnier Portefaix Canonnier Giraud.
COMBAT DU 18 AU 23 JUILLET 1918 A.S.31 :
Maréchal des Logis Mermet. Maréchal des Logis Piat
Canonnier Mounier Canonnier Descloux
Canonnier Granger Canonnier Huet
Canonnier Geny Canonnier Bouhier
A.S.33 :
Lieutenant Cochu Sous-lieutenant de Couet
Maréchal des Logis Latchère Maréchal des Logis Boucanseau
Maréchal des Logis Ralitte Brigadier Faury
Brigadier Maigne Canonnier Rochais
Canonnier Paveau Canonnier Lens
Canonnier Dubuc Canonnier Quantin
A.S.36 :
Lieutenant Lelarge Brigadier Zarandietta
Brigadier Barret Canonnier Martinelli
Canonnier Leduizet Canonnier Monicq
Canonnier Tollemer Canonnier Pigeon
Canonnier Voyer Canonnier Cazabat
A.S.104 :
Brigadier Gueheneux Canonnier Larrive
Disparus.
COMBAT DU 11 JUIN
A.S.36 :
Lieutenant Le Du Lieutenant Marchand
Brigadier Chevoleau Brigadier Guillon
Brigadier Peyreau Canonnier Fortier
Canonnier Pin Canonnier Pons
Canonnier Guinoiseau Canonnier Raingue
Canonnier Guizard Canonnier Brémaud
Canonnier Dupuis
COMBAT DU 18 AU 23 JUILLET
A.S.33 :
Brigadier Durand Canonnier Maréchal
RECOMPENSES
Liste des officiers, sous-officiers et canonniers qui ont obtenu au groupement 10 les plus belles récompenses pour leur conduite au feu :
Légion d'honneur.
Capitaine Calmels ; Commandant l'A.S.31. Combat du 5 mai 1917
Lieutenant Bécarie, A.S.31 Combat du 5 mai 1917
Lieutenant Hittier, A.S.31 Combat du 5 mai 1917
Lieutenant Ragaine, A.S.31 Combat du 23 octobre 1917
Capitaine de La Fontaine, A.S.33 Combat du 11 juin 1918
Sous-lieutenant Charpentier, A.S.33 Combat du 11 juin 1918
Lieutenant Puget, A.S.36 Combat du 11 juin 1918
Lieutenant Haineville, A.S.31 Combat du 18 juillet 1918
Lieutenant Dufour, A.S.31 Combat du 18 juillet 1918
Capitaine Malmenaide, A.S.36 Combat du 18 juillet 1918
Lieutenant Lelarge, A.S.36 Combat du 18 juillet 1918
Médaille militaire.
Adjudant Moreau, A.S.31 Combat du 23 octobre 1917
Adjudant Boisseau, A.S.33 Combat du 11 juin 1918
Maréchal des Logis Templier, A.S.33 Combat du 11 juin 1918
Maréchal des Logis Sentex, A.S.33 Combat du 11 juin 1918
Canonnier Brindejonc, A.S.36 Combat du 11 juin 1918
Brigadier Maitre, A.S.36 Combat du 11 juin 1918
Maréchal des Logis Vidomme, A.S.31 Combat du 18 juillet 1918
Maréchal des Logis Audhuy, A.S.36 Combat du 18 juillet 1918
NOTA. Un mois et demi après l'armistice du 11 novembre un travail de refonte de toute l'artillerie d'assaut supprimait les anciennes formations et le Groupement 10 Saint-Chamond, pourvu désormais de chars Renault, était versé au 508e régiment de chars qui venait d'être créé et où il est devenu le 22e bataillon. Le 6e Groupement d'artillerie d'assaut a été définitivement formé le 5 juillet 1917 au camp de Champlieu.
Il était ainsi composé :
Chef de bataillon Herlaut, commandant le Groupement ;
Lieutenant Frémont, adjoint tactique ;
Lieutenant Cahen, adjoint technique ;
Sous-lieutenant Herlaut, adjoint administratif.
Le Groupement était formé de trois groupes de chars Saint-Chamond.
Le Groupe 32, commandé par le capitaine Walch ;
Le Groupe 34, commandé par le capitaine Azais ;
Le Groupe 35, commandé par le capitaine Ternisien.
En outre la S.R.R., commandée par le lieutenant Le Poetvin, était rattachée au Groupement 11.
Pendant tout l'été et l'automne 1917, le Groupement 11 séjourne à Champlieu et poursuit activement son instruction.
Durant cette période, quelques modifications se produisent.
Le 10 octobre, le Capitaine Deloncle prend le commandement du Groupe 34, en remplacement du Capitaine Azais nommé au commandement du Groupement 12.
Le 10 novembre, le Capitaine Balland prend le commandement du Groupe 35, en remplacement du Capitaine Ternisien appelé à d'autres fonctions.
L'état-major du groupement est ainsi modifié :
Capitaine Marchand, adjoint tactique ;
Lieutenant Phillipon, adjoint technique ;
Lieutenant Rebulet, adjoint administratif.
Fin novembre 1917, le Groupement 11 quitte le camp de Champlieu pour se rendre au camp de Mailly-Poivres, où il continue d'une façon intensive son instruction pendant l'hiver 1917-1918.
Des reconnaissances offensives et défensives sont faites dans tout le secteur de Champagne par le Commandant Herlaut et les commandants de groupe.
Au commencement de mars 1918, le Groupe 32 est détaché à Reims pour la protection de la ville et y séjourne deux mois sous des bombardements violents.
Les pertes sont : 1 canonnier tué; 1 canonnier blessé.
Dans les premiers jours de mai 1918, le Groupement 11 se rassemble à Moyenneville (Oise) en prévision d'opérations offensives et défensives sur la ligne Montdidier-Lassigny, dans la région d'Orvilliers, Sorel, Boulogne-la-Grasse. Une compagnie d'infanterie d'accompagnement fournie par le 262e R.I. est affectée au groupement.
Le 4 juin, le Groupe 35 est reporté légèrement en arrière, à Ereuse, au sud de Moyenneville.
Dans la nuit du 8 au 9 juin, l'ennemi fait une violente préparation d'artillerie et attaque, à 4 heures du matin, entre Montdidier et Noyon. En raison de l'avance ennemie, les Groupes 32 et 34 sont considérés comme étant trop rapprochés pour pouvoir être utilisés utilement et se replient dans la nuit du 9 au 10, à Éraine, au sud de Moyenneville.
Dans l'après-midi du 10 juin, une contre-offensive est organisée par le général Mangin ; le Groupement 11 reçoit l'ordre de prendre part à cette contre-offensive. Pendant la nuit du 10 au 11 les chars remontent vers le nord et gagnent des positions d'attente entre Montier et Wacquemoulin.
Le Groupement est mis à la disposition de la 48e D.I. qui a pour mission d'attaquer entre Laronde et le bois de Lataule dans la direction générale de l'est, avec comme objectif éloigné le clocher de Marquéglise ; le Groupe 35 opère à la droite du dispositif d'attaque, d'attaque, Groupe 34 à la gauche, le Groupe 32 en réserve.
Le 11 juin, à 11 heures, l'attaque est déclenchée sur toute la ligne, et réussie d'une façon remarquable, bien que ni les chars ni l'infanterie n'aient pu faire de reconnaissances préalables.
Les chars précédant l'infanterie progressent sur une profondeur de 3 kilomètres dans les lignes ennemies, attaquent la route de Saint-Maur à Gournay, font des prisonniers, capturent ou détruisent des mitrailleuses, attaquent au canon des batteries ennemies, produisent sur l'ennemi un véritable effet de terreur.
Le 12 juin, le Groupe 32, qui n'a pas donné la veille, continue brillamment l'attaque et atteint la cote 109.
Les pertes du groupement sont lourdes : Tués : 2 sous-officiers, 24 brigadiers et canonniers.
Blessés : Lieutenant Augias, Bonaffe, Gaillard ; Sous-lieutenant sous-lieutenant Setze, 2 sous-officiers, 47 hommes.
7 chars détruits par l'artillerie ennemie.
Mais ces pertes n'ont pas été inutiles, l'ennemi a été arrêta net et son offensive est brisée.
La belle citation suivante témoigne que le Groupement 11 y a pris sa part :
CITATION A L'ORDRE DE LA 48e D.I. N° 117, DU 1er JUILLET 1918
Le 11e Groupement d'Artillerie d'Assaut, composé des Groupes 32, 34, 35, au cours des combats des 11 et 12 juin 1918, a réussi, au prix de lourdes pertes et bien qu'engagé dans des conditions difficiles, à faciliter la marche de l'infanterie en réduisant au silence des nids de mitrailleuses adverses et a ainsi contribué, de la manière la plus efficace, au succès de l'opération.
En outre, les 2e et 3e batteries du Groupe 32, les 1ère et 2e batteries du Groupe 34, la 1ère batterie du Groupe 35 sont citées à l'ordre du groupement Mangin.
Le Maréchal des Logis Lespiat, grièvement blessé, recevra plus tard une citation à l'Ordre de l'Armée pour sa belle attitude au cours de ce combat.
De nombreuses citations individuelles viennent récompenser de remarquables actes de courage.
Le courage et la belle tenue au feu de l'infanterie d'accompagnement sont à mentionner particulièrement.
Après ces durs combats, le groupement 11 retourne dans la région d'Éraine pour se reconstituer en hommes et en matériel.
Le 15 juillet, il s'embarque à Avrigny pour débarquer à Villers-Cotterêts dans la journée du 17 juillet.
Le Groupement 11, sous le commandement par intérim du Capitaine Marchand est mis à la disposition de la 1ère brigade d'infanterie américaine qui doit attaquer, le 18 juillet à 4h30, en partant à l'est du ravin de Coeuvres dans la direction générale de l'est, avec objectif final la route de Paris-Soissons.
Le dispositif du groupement est le suivant : Le 35e groupe à droite, le 32e groupe à gauche, attaquant avec les bataillons de première ligne. Le 34e groupe en arrière attaquant avec les bataillons de deuxième ligne.
Les groupes effectuent ce tour de force remarquable de se trouver aux positions de départ à l'heure H alors qu'ils ont débarqué la veille à 20 kilomètres de ces positions.
L'attaque réussit parfaitement. Les groupes 34 et 36 accomplissent accomplissent leur mission ; ils se déploient sur le plateau à l'est de Coeuvres, rejoignent l'infanterie américaine, et lui facilitent leur progression, atteignant tous leurs objectifs.
Pendant la nuit du 18 au 19, les chars en état de marche font leurs pleins, et deux Groupes de marche sont constitués avec les disponibilités des trois Groupes. Le 19, à 5 heures, le Groupe 34 à droite, le Groupe 32 à gauche, partent de la ferme de Cravançon et attaquent avec l'infanterie dans la direction de l'est. Le combat est particulièrement opiniâtre et les chars aident puissamment l'infanterie l'infanterie la progression est difficile en raison de la résistance ennemie.
Pendant ces deux jours de combat, le Groupement 11 a fait 1 millier de prisonniers, capturé un matériel important (canons de 105, de 77 et mitrailleuses) ; deux tanks ennemis sont attaqués par un de nos chars, l'un est immobilisé, l'autre prend la fuite.
Enfin les chars font un tel massacre d'ennemis que leur effet de terreur s'affirme de plus en plus.
Les pertes sont sensibles :
Tués ou disparus : Lieutenants Boussard, Lesperut, Levrard et Malézieux, mortellement blessés, 2 sous-officiers, 40 brigadiers et canonniers.
Blessés : Sous-lieutenant de Kerdrel, 2 sous-officiers, 40 brigadiers et canonniers.
9 chars ont été détruits par l'artillerie ennemie.
Après ces deux journées de combat, le Groupement se rassemble à Coeuvres pour se reconstituer et réparer les chars. Le 22 juillet, le Commandant Herlaut réunit les chars disponibles et en forme un groupe de marche sous le commandement du Capitaine Deloncle.
La mission du groupe est d'appuyer l'attaque du 6e tirailleurs au sud du ravin de Villemontoire et de livrer à l'infanterie la lisière ouest du bois de Congrois.
Le 23 juillet, à 5 heures, les chars passent devant l'infanterie, nettoient les nids de mitrailleuses et permettent ainsi au 6e tirailleurs de progresser malgré une défense énergique de l'ennemi, qui est forcé d'abandonner ses positions. Les chars continuent leur progression, mais l'infanterie ne peut plus suivre en raison de ses pertes, de la faiblesse de ses effectifs et de la fatigue de plusieurs jours de combats consécutifs. Quelques chars se trouvent encerclés par les Allemands et parviennent à se dégager, quatre d'entre eux sont atteints par les obus et restent sur le terrain.
L'infanterie ne pouvant plus progresser, ordre est donné de regagner la position de ralliement.
Les pertes pour cette journée sont les suivantes :
Disparus : Sous-lieutenant de La Chevasnerie ; 2 canonniers.
Blessés : Sous-lieutenant Allard, 3 canonniers.
A la date du 23 juillet, le général, Summeral commandant la 1ère division d'infanterie américaine, adresse au Commandant Herlaut le témoignage de satisfaction suivant :
Avant de me séparer de vous, je tiens à vous exprimer toute ma satisfaction et ma reconnaissance pour les services rendus à la 1ère D.I.U.S. par le Groupement de chars d'assaut, dont vous aviez le commandement.
Pendant la journée du 18, vos chars, opérant en liaison intime avec l'infanterie américaine, l'ont aidée puissamment au cours de son attaque et ont contribué pour une large part au magnifique succès ds l'opération.
Le lendemain 19, la division devant continuer son opération sur Ploisy, vous n'avez pas hésité à engager dans une opération extrêmement délicate et pleine d'aléas, les quelques chars de votre groupement en état de marcher. Lorsque j'ai fait appel à votre concours dans ces circonstances, ni vous, ni moi, ni votre équipage n'ignorions les difficultés difficultés la tâche. Avec un empressement auquel je ne saurai trop rendre hommage vous vous êtes efforcé de mettre en oeuvre le maximum de chars et vos équipages sont partis à l'attaque avec le même entrain que la veille et une abnégation plus méritoire encore.
Veuillez transmettre à votre personnel, officiers et hommes, l'expression l'expression mon admiration et de ma reconnaissance personnelle et les sentiments sentiments fraternelle camaraderie de toute la 1ère D.I.U.S.
Pour l'affaire du 23 juillet, le général Prioux, commandant la 58e D.I., cite à l'ordre de la division : Les unités d'artillerie d'assaut, sous le commandement du chef de bataillon Herlaut et des Capitaines Stéphani, Deloncle, Bourdier et Favot, ont coopéré à l'attaque de la division pendant la journée du 23 juillet 1918, détruisant de nombreuses mitrailleuses et facilitant la progression de l'infanterie au prix de lourdes pertes.
De plus le 35e Groupe est cité à l'ordre du Corps d'Armée.
Enfin, de nombreuses citations sont accordées tant aux équipages équipages groupement qu'à l'infanterie d'accompagnement.
Le Lieutenant Malézieux reçoit la Légion d'honneur sur son lit de mort ; le Capitaine Deloncle et le brigadier Cellier, qui, à lui seul, fait 700 prisonniers, sont décorés de la Légion d'honneur.
Le brigadier Cellier obtient la citation suivante : Le 18 juillet, son char ayant été détruit par un obus, s'est mis à la tête de 15 soldats américains, a cerné une creute où les Allemands résistaient avec de nombreuses mitrailleuses, a contre-battu lui-même ces mitrailleuses avec un fusil mitrailleur, forçant les Allemands à se rendre au bout d'une heure. A ainsi déterminé la reddition de 15 officiers dont 1 colonel, 700 hommes et la prise de 2 canons et de nombreuses mitrailleuses.
Le canonnier Juban obtient la Médaille militaire, le Lieutenant Duminil recevra plus tard la Légion d'honneur pour sa belle attitude au combat du 23 juillet, ainsi que le Lieutenant Levrard, mort depuis des suites de ses blessures reçues le 18 juillet.
Les combats de juin et juillet ont considérablement diminué les effectifs du groupement, le matériel qui a échappé au tir de l'artillerie l'artillerie est très fatigué ; il est décidé que le Groupement 11 ira se reconstituer à Martigny-les-Bains (Vosges) ; il y arrive dans les premiers jours du mois d'août, et au commencement de septembre il est en mesure de repartir avec deux groupes, le 34 et le 35 complétés en personnel et matériel prélevé sur le Groupe 32 qui est momentanément dissous. Le groupement s'embarque et arrive dans le secteur de Saint-Mihiel vers le 10 septembre pour être mis à la disposition des 2e et 5e divisions d'infanterie américaine pour une attaque qui doit avoir lieu le 12 septembre.
Le 12 septembre, à 5 heures, l'attaque est déclenchée dans la direction de Thiaucourt. Par suite de la rapidité de l'avance et du bouleversement du terrain, les chars ne peuvent pas rejoindre l'infanterie et accomplir leur mission. Les pertes sont légères :
Tués : 1 brigadier ;
Blessés : 1 canonnier ;
1 char est mis hors de combat par l'artillerie ennemie.
Immédiatement après ce combat, le groupement, toujours composé des Groupes 34 et 35, s'embarque pour Dombasle-en-Argonne et, le 19 septembre, se porte en position de rassemblement au bois de Sivry-la-Perche à 1.500 mètres au sud de Sivry.
L'attaque générale sur le front nord de Verdun doit avoir lieu le 26 septembre. Étant donné le grand nombre d'appareils en mauvais état, un seul groupe de marche est formé dont le commandement est donné au Capitaine Balland.
Le 26 au matin, le groupe, précédé d'un bataillon de chars légers, se porte à l'attaque en colonne en utilisant une piste traversant le bois d'Avocourt et le bois de Montfaucon. Les difficultés du terrain ralentissent considérablement la marche. Le soir du 26 seulement, les premiers chars sortent du bois de Montfaucon et un char est envoyé sur le bois de la Tuilerie (est de Montfaucon) où des mitrailleuses mitrailleuses sont signalées.
Le 27 au matin, le commandant de groupe reçoit l'ordre de prêter son concours à toute unité d'infanterie se trouvant dans son secteur. Une action est alors combinée avec la brigade d'infanterie américaine dont les éléments sont au sud du bois des Ogons et du bois de Cunel. L'objectif est la capture de ces deux bois. L'attaque se déclenche vers 14 heures en partant des ravins au nord de Nantillois; les chars progressent largement entraînant l'infanterie l'infanterie la ferme de la Madeleine.
Les chars vont ensuite s'embosser en position d'attente au bois de la Tuilerie. Le lieutenant Durand, adjoint au commandant de Groupe, est blessé mortellement en accomplissant son service de liaison entre le commandant de Groupe et la brigade. Le 29 au soir, l'ordre est donné de porter les chars plus en arrière au nord du bois de Montfaucon. Le 3 octobre, le Groupe reçoit l'ordre de participer à une nouvelle attaque qui doit avoir lieu le 4 au matin sur le bois des Ogons et le bois de Cunel que l'infanterie américaine n'avait pu conserver.
Le 3 au soir, les chars se portent au bois de la Tuilerie ; le 4 au matin, progressant par les cheminements entre la Tuilerie et Nantillois, le Groupe se porte à l'attaque en trois colonnes de batteries avec, comme objectifs successifs, le bois des Ogons et bois de Cunel, Cuneo, Bantheville.
Les chars se portent en avant de l'infanterie, sous un feu d'artillerie extrêmement violent, mais l'infanterie américaine ne peut venir occuper le terrain derrière eux ; deux chars sont détruits, le Groupe revient à la position de ralliement en arrière de Nantillois, puis le soir retourneé au bois de la Tuilerie.
Le 5 octobre, au matin, l'ordre est donné de recommencer l'attaque de la veille au même point.
Une seule batterie peut être mise sur pied ; cette batterie se porte à l'attaque au petit jour par les mêmes itinéraires et sur le même front, mais l'infanterie américaine, comme la veille, ne peut progresser. La batterie, après avoir combattu en avant de l'infanterie, retourne à sa position de ralliement, laissant sur le terrain deux chars détruits par l'artillerie ennemie.
N'ayant plus que deux chars en état de combattre, le Groupe de marche est relevé et revient au bois de Sivry.
Au cours de ces combats, le groupement 11 a mérité la citation suivante à l'ordre du 3e corps américain :
ORDRE GÉNÉRAL N° 30, 7 OCTOBRE 1918
Un groupement de chars d'assaut Saint-Chamond, sous le commandement du Commandant Herlaut, a coopéré aux actions des 4 et 5 octobre avec l'infanterie américaine du 3e corps d'armée.
Le Général commandant le 3e corps d'armée américain est heureux d'adresser ses plus chaleureuses félicitations à cette unité pour la bravoure et l'esprit dont elle a fait preuve. Sans avoir égard à leurs lourdes pertes en officiers et en hommes, les chars d'assaut ont apporté un très puissant appui aux unités américaines.
Signé : R. L. Bullard, Major Général Commandant
Les pertes ont, en effet, été sensibles :
Tués : Lieutenant Durand, 3 brigadiers et canonniers.
Blessés : Lieutenants Duminil, Quignard, Richard, Thepenier, 14 brigadiers et canonniers.
En outre, plusieurs officiers et hommes sont plus ou moins atteints par les gaz.
D'ailleurs, de nombreuses citations individuelles viennent reconnaître reconnaître actes de courage des équipages.
Les Lieutenants Barban, Fortin et de Lagerie sont décorés de la Légion d'honneur, le maréchal des logis Cailloux reçoit la Médaille militaire.
Le groupement, n'ayant plus de chars valides, très réduit dans ses effectifs, reçoit l'ordre de rejoindre Martigny où il arrive vers le 14 octobre.
Là, il se préparait à de nouveaux combats, lorsque l'armistice vient arrêter le cours de ses héroïques faits d'armes et, fin décembre 1918, le groupement 11 est dissous non sans avoir reçu, comme suprême récompense, la superbe citation, à l'ordre de l'armée, suivante :
Sous les ordres du commandant Herlaut, comprenant les groupes A.S.34 et A.S.35, pendant les opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918 fait l'admiration de tous par son énergie et son ardeur au combat. A la plus large part à la prise du bois des Ogons, de la ferme de Punais et des bois environnant la ferme de la Madeleine.
TABLEAU.
ÉTAT NOMINATIF DES OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS
ET SOLDATS DU XIe GROUPEMENT
TUÉS A L'ENNEMI OU DISPARUS
NOM ET PRÉNOM | GRADE | CLASSE | N° MATRICULE | TUÉ | DISPARU | COMBAT | UNITÉ |
LASBOUYGUES (Albert) | Brigadier | 1908 | 343 | Tué | Mai 1917 | A.S.32 | |
PIRAUBE (Joseph) | Brigadier | 1913 | 209 | Tué | Mai 1917 | A.S.32 | |
COLNOL (Albert) | 2e classe | 1910 | 2281 | Tué | Mai 1917 | A.S.32 | |
CASTAGNA (Jean) | Brigadier | 1906 | 121 | Disparu | Mai 1917 | A.S.32 | |
ACCARIER (Georges) | 2e classe | 1906 | 1563 | Disparu | Mai 1917 | A.S.32 | |
BELOT (Hyppolite) |
2e classe | 1907 | 1554 | Disparu | Mai 1917 | A.S.32 | |
PICARD (Maurice) | 2e classe | 1910 | 1904 | Tué | Avril 1918 | A.S.32 | |
GOLLETTA (Alfred) | Mar. des logis | 1909 | 516 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
GUEGUEN (Robert) | Mar. des logis | 1903 | 342 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
MIDAN (Marc) | Brigadier | 1906 | 444 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
PICOT (Alcide) | 2e classe | 1910 | 1934 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
GAUTHERIN (Pierre) | 2e classe | 1906 | 2376 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
BRETON (Emile) | 2e classe | 1903 | 1942 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
POITEVIN (Albert) |
2e classe | 1904 | 1904 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
TACHER (Joseph) | 2e classe | 1915 | 1915 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
LEBRUN (Alcide) | 2e classe | 1909 | 2058 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
MIQUEUX (Cyprien) | 2e classe | 1906 | 2393 | Tué | Juin 1918 | A.S.32 | |
COLOMBANI (Joseph) | 2e classe | 1917 | 1917 | Disparu | Juin 1918 | A.S.32 | |
CHAVAILLON (Henri) | 2e classe | 1917 | 932 | Disparu | Juin 1918 | A.S.32 | |
FOURNIER (Jean) | 2e classe | 1918 | 7642 | Disparu | Juin 1918 | A.S.32 | |
LAURENT (Émile) | 2e classe | 1907 | Disparu | Juin 1918 | A.S.32 | ||
DELANDE (André) |
Adjudant | 1901 | 400 | Tué | Juillet 1918 | A.S.32 | |
POURNEAU (Louis) | Mar. des logis | 1911 | 411 | Tué | Juillet 1918 | A.S.32 | |
DELMAS (Siméon) | 2e classe | 1917 | Tué | Juillet 1918 | A.S.32 | ||
JACQUEMIN (Léon) | 2e classe | 1905 | Disparu | Juillet 1918 | A.S.32 | ||
LIBAULT DE LA CHEVASNERIE | Sous-lieutenant | Disparu | 23 Juillet 1918 | A.S.34 | |||
MAINGOULAND (Leon) | Brigadier | Tué | 11 Juin 1918 | A.S.34 | |||
BERNARD (Gaston) |
2e classe | Tué | 11 Juin 1918 | A.S.34 | |||
MOREUX (Léon) |
2e classe | Tué | 11 Juin 1918 | A.S.34 | |||
LEFÈBRE (Marcel) |
2e classe | Tué | 11 Juin 1918 | A.S.34 | |||
CLARY (Louis) |
Brigadier | Tué | 12 Septembre 1918 | A.S.34 | |||
SANSON (Joseph) | 2e classe | Tué | 4 Octobre 1918 | A.S.34 | |||
GOTTVALLES | 2e classe | Tué | Hôpital | 20 Octobre 1918 | A.S.34 | ||
LEMOINE | Brigadier | Tué | 11 Juin 1918 | A.S.35 | |||
LEVRAD | Lieutenant | Tué | 18 Juillet 1918 | A.S.35 | |||
GIRAUD | Brigadier | Tué | 18 Juillet 1918 | A.S.35 | |||
MICHELET | Brigadier | Tué | 19 Juillet 1918 | A.S.35 | |||
MALEVIEUX | Lieutenant | Tué | 19 Juillet 1918 | A.S.35 | |||
BOUSSARD | Lieutenant | Tué | 19 Juillet 1918 | A.S.35 | |||
DURAND | Lieutenant | Tué | 28 Septembre 1918 | A.S.35 | |||
BROCQ | Brigadier | Tué | 4 Octobre 1918 | A.S.35 |
13e GROUPEMENT
A la suite des affaires de juillet, le 13e Groupement avait été réuni dans le petit village de Vaux-Parfonds, situé au nord-est de Mareuil-sur-Ourcq. Il réparait ses appareils et attendait des ordres.
Le 26 juillet, le commandant Mare passa une dernière revue de sa troupe, distribua les décorations méritées au titre de combat, et remit le commandement au Capitaine Calmels qui était arrivé le 25.
Les 29 et 30 juillet, le 13e Groupement ramena à Mareuil-sur-Ourcq ses chars, dont plusieurs, calcinés et troués d'obus, durent être remorqués.
Les 2 et 3 août, les Groupes étaient embarqués de nuit.
Le 4 août, le groupement arrivait au camp de Martigny, qui était devenu le centre des groupements Saint-Chamond.
Les récompenses remises, à la suite des combats de juillet, furent les suivantes :
LE GROUPEMENT 13 DE L'ARTILLERIE D'ASSAUT
Ordre du corps d'armée :
Sous la conduite énergique de son chef, le Chef de Bataillon Mare, a très efficacement appuyé la progression du corps d'armée pendant les combats des 18, 19, 20 et 21 juillet 1918, et s'est particulièrement distingué par son habileté manoeuvrière comme par la bravoure de ses équipages.
LE GROUPE A.S.40 DE L'ARTILLERIE D'ASSAUT
Ordre de la division.
Sous les ordres du Capitaine Davagnier, a, dans la journée du 18 juillet et au cours de la nuit du 18 au 19, exécuté une marche d'approche de plus de 30 kilomètres, sans arrêt, pour attaquer brillamment dans la soirée du 19. A détruit de nombreuses mitrailleuses et permis à notre infanterie de progresser de façon sérieuse. A repris l'attaque le lendemain avec ses chars disponibles et n'a cessé de combattre que faute de matériel. A fait plus de 60 kilomètres de route et de combat presque sans interruption, son personnel donnant un effort d'énergie et de résistance dépassant tout ce qu'on pouvait espérer.
LE GROUPE A.S.41 DE L'ARTILLERIE D'ASSAUT
Ordre de l'A.S.
Sous les ordres du Capitaine Martin, a, dans la journée du 20 juillet 1918, exécuté une attaque brillante sur le bois de..., qui constituait un gros centre de résistance, tuant de nombreux ennemis et permettant de s'emparer de 150 prisonniers, 60 mitrailleuses et quelques canons de tranchée. A fait l'admiration du B.C.P. qu'il accompagnait. A permis ainsi la reprise de la progression arrêtée pendant plus de douze heures.
LE GROUPE A.S.42 DE L'ARTILLERIE D'ASSAUT
Ordre de la division.
Le 42e Groupe de chars lourds, sous les ordres du Lieutenant Larive, puis du Capitaine Ternisien, a, dans les journées des 18 et 19 juillet, attaqué et réduit de nombreux centres de résistance ennemis. Pris pendant plus d'une heure sous un violent tir de barrage, n'en a pas moins poursuivi l'accomplissement de sa mission, malgré la destruction et la mise à feu, de 5 de ses chars.
LES 1ère ET 2e BATTERIES DU 41e GROUPE D'A.S.
Ordre de l'armée.
Le 20 juillet 1918, ont, par une manoeuvre parfaitement conduite et brillamment exécutée, permis à l'infanterie d'enlever sans pertes, et en quelques instants, un bois fortement organisé, coopérant à la capture de plus de 150 prisonniers, 50 mitrailleuses et un important matériel.
RÉCOMPENSES INDIVIDUELLES
Légion d'honneur.
Sous-lieutenant Viel Groupe A.S.40
Lieutenant Dujols Groupe A.S.41
Lieutenant Joblon Groupe A.S.42
Médaille militaire.
Adjudant Boulineau Groupe A.S.42
Maréchal des Logis Arthaud Groupe A.S.40
Caporal La Vergne 262e R.I.
Citations à l'ordre de l'armée.
Lieutenant Vaysse Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Gautherot Groupe A.S.40
Lieutenant Germain Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Buquet Groupe A.S.41
Lieutenant Janin Groupe A.S.42
Lieutenant Ravière Groupe A.S.42
Sous-lieutenant Quioc Groupe A.S.42
Sous-lieutenant Marcheix Groupe A.S.42
Maréchal des Logis Thibaud Groupe A.S.42
Caporal Lemon 262e R.I.
Citations à l'ordre du corps d'armée.
Lieutenant Prévost Groupe A.S.40
Brigadier Boucher Groupe A.S.40
Brigadier Brugière Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Renaut Groupe A.S.41
Sous-lieutenant Sillie Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Champagnon Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Delamotte Groupe A. S. 42
Lieutenant Cause E.-M. du Groupement 13
Soldat Chauvière 262e R.I.
Soldat Candel 262e R.I.
Citations à l'ordre de la division.
Aspirant Boudard Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Drigny Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Bertrand- Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Mathieu Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Lefièvre Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Uchard Groupe A.S.41
Brigadier Cochin Groupe A.S.41
Brigadier Bellamy Groupe A.S.41
Maréchal des logis Godfrain Groupe A.S.42
Maréchal des Logis Basille Groupe A.S.42
Brigadier Rivière Groupe A.S.42
Brigadier Penelaud Groupe A.S.42
Brigadier Vallaert Groupe A.S.42
Brigadier Nocton Groupe A.S.42
Brigadier Billard Groupe A.S.42
Brigadier Pinet Groupe A.S.42
Soldat Canevet 262e R.I.
Soldat Chauvel 262e R.I.
Soldat Kerdevez 262e R.I.
Soldat Boëdec 262e R.I.
Soldat Riou 262e R.I.
Soldat Balzer 262e R.I.
Citations à l'ordre de l'A.S. (division).
Lieutenant Cedie E.M. du Groupement 13
1ère compagnie du 262e R.I.
Lieutenant Perrier S.R.R.108
Maréchal des Logis Bourgeois S.R.R.108
Canonnier Manguet S.R.R.108
Sous-lieutenant Roustang Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Lenoir Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Lorthois Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Frignet-Despreaux Groupe A.S.40
Aspirant Sardet Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Thiesselin Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Guillier Groupe A.S.40
Brigadier Darfeuille Groupe A.S.40
Lieutenant Andrieu Groupe A.S.41
Sous-lieutenant de La Brosse Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Laroze Groupe A.S.41
Brigadier Soupey Groupe A.S.41
Brigadier Lebon Groupe A.S.41
Canonnier Maltaverne Groupe A.S.41
Canonnier Rase Groupe A.S.41
Canonnier Morisson Groupe A.S.41
Canonnier Waroquet Groupe A.S.41
Canonnier Logeard Groupe A.S.41
Sous-lieutenant Moulin Groupe A.S.42
Maréchal des Logis Antoine Groupe A.S.42
Brigadier Haeffeli Groupe A.S.42
Canonnier Moulon Groupe A.S.42
Canonnier Devaux Groupe A.S.42
Canonnier Farge Groupe A.S.42
Sergent Chalony 262e R.I.
Soldat Bolzer 262e R.I.
Soldat Jeannec 262e R.I.
Soldat Calibic 262e R.I.
Soldat Boules 262e R.I.
Soldat Carion 262e R.I.
Soldat Cougnaud 262e R.I.
Soldat Piriou 262e R.I.
Citations à l'ordre du 6e groupe de chasseurs (brigade).
Sous-lieutenant Renaut Groupe A.S.41
Sous-lieutenant Sillie Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Bracke Groupe A.S.41
Maréchal des Logis Buquet Groupe A.S.41
Brigadier Lebon Groupe A.S.41
Brigadier Cochin Groupe A.S.41
Canonnier Cazeneuve Groupe A.S.41
Canonnier Bort Groupe A.S.41
Canonnier Rase Groupe A.S.41
Canonnier Achard Groupe A.S.41
Citations à l'ordre du 43e bataillon de chasseurs (régiment).
Capitaine Davagnier Groupe A.S.40
Lieutenant Vaysse Groupe A.S.40
Lieutenant Thomas Groupe A.S.40
Lieutenant Prévost Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Lorthois Groupe A.S.40
Sous-lieutenant Roustang Groupe A.S.40
Aspirant Boudart Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Bazinet Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Bertrand Groupe A.S.40
Maréchal des Logis Chaumerliac Groupe A.S.40
Brigadier Delacroix Groupe A.S.40
Brigadier Montjean Groupe A.S.40
Brigadier Darfeuille Groupe A.S.40
Brigadier Henry Groupe A.S.40
Brigadier Arnaud Groupe A.S.40
Canonnier Desroches Groupe A.S.40
Canonnier Perrin Groupe A.S.40
Canonnier Seillier Groupe A.S.40
Canonnier Villemin Groupe A.S.40
Canonnier Gaudry Groupe A.S.40
Canonnier Turies Groupe A.S.40
Canonnier Lagrande Groupe A.S.40
Canonnier Rouzot Groupe A.S.40
Canonnier Provost Groupe A.S.40
Canonnier Bouillet Groupe A.S.40
Canonnier Fontbonne Groupe A.S.40
Canonnier Laurent Groupe A.S.40
Canonnier Tessandier Groupe A.S.40
Canonnier Rieu Groupe A.S.40
Rentré à Martigny, le Groupement reçut l'ordre de verser ses appareils au parc n° 3, qui devait les remettre en état et les distribuer aux unités du camp au fur et à mesure de leur emploi.
Puis on accorde des permissions aux officiers et aux hommes qui avaient laissé passer leur tour pour aller au combat.
Brusquement, le 14 août, à 14 heures, l'ordre arriva de rappeler les permissionnaires, de toucher des chars au parc et de se tenir prêt à partir. Ces opérations sont exécutées en toute hâte et sont terminées en vingt-quatre heures, ce qui constitue un record.
Le 15, le Groupement embarquait en gare de Martigny et, le 16, il arrivait à Rethondes, petite gare au sud de l'Aisne, entre Compiègne et Attichy.
Le groupement, mis à la disposition du 18e corps d'armée, qui était lui-même sous les ordres du général Mangin, devait d'abord se rassembler au nord du bois de Berneuil et attaquer vers le nord, sur le terrain déjà si disputé de Quennevières, pour rejeter les Allemands au delà de l'Oise.
La concentration du groupement à la lisière nord du bois de Berneuil eut lieu dans la nuit du 17 au 18 août.
Le front français passait par la bascule de Quennevières, le ravin de Nampcel et d'Audignicourt. Ce terrain, que nous avions une première fois repris aux Boches, était sillonné de tranchées et de boyaux, moucheté de trous d'obus ; plus un arbre, plus une pierre ne pouvait rappeler les villages qui avaient été si florissants avant la guerre.
Le groupement devait attaquer en profondeur. Le 42e Groupe, avec trois batteries réunies à la ferme des Loges, devait attaquer, en liaison avec la 2e D.M., dans la direction de Fresnes, Besmé et l'Ailette.
Le 41e groupe, partant de l'ouest des Loges, devait attaquer avec la 132e D.I. le plateau de Cuts, très boisé et que l'on savait fortement tenu puis suivre en soutien derrière le 42e Groupe.
Le 40e Groupe, partant à la même heure de la Cense (ferme), devait suivre le mouvement en réserve.
Le 20 août à 7h10 du matin, l'attaque se déclenchait. Malgré des fatigues, énormes, les chars d'assaut Saint-Chamond purent rendre de grands services. En particulier les Maréchaux des Logis Bracke et Pineaud nettoyèrent l'Allée du Milieu, et permirent l'occupation des bois de Cuts, seul endroit où une résistance sérieuse ait arrêté l'infanterie au début de la journée.
Le soir du 20, l'attaque était arrêtée sur le front du village de Cuts-Fresnes, et une contre-attaque débouchait de Blérancourt.
Sans prendre de repos, le groupement formait avec le reste de ses appareils un groupe de marche.
Le 21 au jour, l'attaque reprenait. Le Lieutenant Prévost, avec sa batterie, nettoie les lisières sud des bois qui protègent Fresnes et permet à l'infanterie de s'en emparer. Le Maréchal des Logis Laffont parvient jusqu'au village de Camelin et coopère à sa prise par le 2e T.M.
A la nuit, le Lieutenant Viel prononce avec ses chars une dernière attaque sur Besmé.
La ligne, le 24 au soir, passe au sud de Bourguignon et de Besmé.
Continuant son effort qui dure depuis trois jours et trois nuits, le Groupement constitue deux batteries de marche avec les chars réparés pendant la journée du 21.
Ces batteries, réunies à Camelin pendant la nuit du 21 au 22, sous les ordres des Lieutenants Janin et Lecouteux, attaquent le 22 à 8h30. Le Lieutenant Sillie, avec son char, et le Lieutenant Prévost, avec trois chars, écrasent de leurs feux l'ennemi qui résiste entre Saint-Paul et le bois de Fève, permettant aux T.M. de s'avancer jusqu'à l'Ailette.
Dans ces trois journées d'efforts intensifs, le groupement a pu accompagner l'infanterie jusqu'à son objectif final, lui prêtant par endroits l'aide la plus efficace.
Le soir du 22, le Groupement reçoit l'ordre de se rassembler à Audignicourt, village complètement rasé, où il ne reste que les pierres et d'où le Groupement repartira, vers l'est, pour un nouvel effort. Le personnel essuie dans ce village un violent bombardement par canons et par avions.
Le 24 août, le Groupement a pu remettre six chars en état. Des reconnaissances sont faites pour coopérer aux attaques dans la direction de Saint-Gobain.
Le 25, le commandement, se rendant compte de l'épuisement du matériel, fait relever le Groupement qui, le 27 août, rassemble avec peine ses chars et se dirige sur Trosly-Breuil.
BATAILLONS DE CHARS D'ASSAUT
22e bataillon : Commandant Dega.
23e bataillon : Commandant Hérault.
24e bataillon : Commandant Cazamian.
Formés au mois de juillet 1918 d'éléments ayant appartenu aux anciens groupements de Saint-Chamond et Schneider et d'éléments nouveaux ayant tous combattu soit dans l'infanterie, l'artillerie ou la cavalerie, les 22e, 23e et 24e bataillons de chars légers, après quelques semaines d'instruction et d'entraînement à Cercottes, à Bourron et au camp de Martigny, sont prêts à aller se jeter dans la fournaise et à apporter le concours de leur courage et l'aide de leur matériel dans lequel ils ont tous confiance.
Tous, officiers et équipages, ont la foi la plus grande dans leurs nouveaux appareils ; ils savent que les fantassins les attendent avec impatience et que les Boches les redoutent.
Après le premier dégrossissement de Cercottes, l'instruction se poursuit avec ardeur à Bourron, sous l'impulsion énergique du Général Monhoven. Puis, transportés à Martigny, les trois bataillons formant le 508e régiment d'artillerie d'assaut, sous le commandement du Commandant Lenoir, sont prêts à partir.
Ils attendent avec anxiété l'ordre de départ. Le 2 novembre 1918, enfin, le régiment est embarqué ; il est affecté à la Xe armée, qui va prononcer une grande offensive au sud de Metz.
Déjà les reconnaissances sont commencées, les bataillons sont au nord de Nancy lorsque, le 11 novembre, l'ennemi demande un armistice.
De nouveau ramenés à Martigny, les bataillons de chars, légers sont fusionnés avec le personnel des groupements Saint-Chamond.
Le 10e Groupement et le 22e bataillon de chars légers forment le 22e B.C.L. sous le commandement du Chef de Bataillon de Violet.
Le 11e Groupement et le 23e bataillon de chars légers forment le 23e B.C.L. sous le commandement du Chef de Bataillon Herlaut, puis du Chef de Bataillon Hérault.
Le 13e Groupement et le 24e bataillon de chars légers forment le 24e B.C.L. sous le commandement du Chef d'Escadron Calmels, puis du Chef de Bataillon Thurninger.
Au mois de mars 1918, le 508e R.A.S. était envoyé sur le Rhin, à Russelsheim, aux environs de Mayence, où il reste neuf mois ; puis, laissant le 22e bataillon à Germersheim, il revient en France pour tenir garnison au camp de Châlons, sous le commandement du Lieutenant-colonel Blanc.
HISTORIQUE DU 507e RÉGIMENT
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
CHAPITRE I.
Formation du Régiment
Dernier venu des Régiments de Chars Légers qui prirent part à la guerre, le 507e voulut égaler ses six frères aînés. Une seule fois jeté dans la bataille, il y apporta son cœur, toute sa foi dans le succès et eut l'honneur d'ajouter une page au Livre d'Or de l'A.S.
Les compagnies du 507e, formées à Cercottes vers la fin de Juillet et le commencement d'Août 1918, y furent constituées à l'exacte image de toutes les unités sorties de ce moule.
Le 4 Août, les 355e, 350e et 357e compagnies formèrent le 19e Bataillon sous les ordres du Chef d'Escadron KELLER.
La réunion des 358e, 359e et 300e compagnies sous le commandement du Chef de Bataillon LOURDEL-HENAULT forma le 11 août le 20e Bataillon.
Et le 18 août, le Chef d'Escadron WATTEL fut mis à la tête du 21e Bataillon composé des 361e, 302e et 303e compagnies.
Comme leurs devanciers, ces trois Bataillons vinrent passer quelques semaines au Camp de Bourron pour achever leur instruction et se compléter en matériel. Puis, ils partirent pour le Camp de Mailly où le 507e Régiment de Chars blindés fut constitué le 5 octobre 1918 sous les ordres du Chef de Bataillon CLAYEUX, venant du 31e Bataillon de Chasseurs qu'il avait commandé pendant la majeure partie de la campagne.
Au départ de BOURRON, le Chef de Bataillon HALLEZ remplaça le Commandant KELLER à la tète du 19e Bataillon.
La période d'instruction d'ensemble de Mailly fut courte. Le 15 octobre, en effet, le 507e était mis à la disposition de la Ière Armée.
L'encadrement du régiment était le suivant en partant pour la bataille :
ETAT-MAJOR DU RÉGIMENT
Chef de Bataillon CLAYEUX, Commandant le Régiment
Capitaine BRUNEAU, Adjoint du Chef de Corps.
Lieutenant ANDRIES, Adjoint du Chef de Corps.
Lieutenant BRIÈRE,Adjoint du Chef de Corps.
19e BATAILLON
Commandant HALLEZ, Chef de Bataillon.
Lieutenant CONSTANTIN, Adjoint du Chef de Bataillon.
Lieutenant MAXWELL, Adjoint du Chef de Bataillon,
Médecin Aide-Major BONNET.
Capitaine FRISCH, Commandant la 355e Compagnie.
Lieutenant POUDROUX Chef de Section.
Lieutenant AUBRY Chef de Section.
Aspirant WOLF Chef de Section
Lieutenant MALMENAITE, Officier d'échelon.
Lieutenant BEGARIE, Commandant la 356e Compagnie.
Lieutenant LEFEBYRE, Chef de Section.
Lieutenant VERNANT, Chef de Section.
Lieutenant Lieutenant DAUMON, Chef de Section.
Adjudant HENNEQUIN, faisant fonctions d'Officier d'Echelon.
Lieutenant EGLIN, (Commandant la 357e Compagnie.
Lieutenant CAPUT, Chef de Section.
Lieutenant MARET, Chef de Section.
Lieutenant PURTSCHER, Chef de Section.
Sous-Lieutenant GENÉVÈS, Officier d'Echelon.
20e BATAILLON
Commandant LOURDEL-HENAUT, Chef de Bataillon
Capitaine PALAIS
Lieutenant PELLETIER
Lieutenant RAIMOND Adjoints du Chef de Bataillon.
Médecin Aide-Major LEPARGNEUR,
Capitaine VERNAS, Commandant la 358e Compagnie
Lieutenant POCGET, Chef de Section.
Lieutenant LEGRAND, Chef de Section.
Lieutenant PREVOST de SAINT-CYR, Chef de Section.
Sous-Lieutenant DAMIEN, Officier d'Echelon.
Capitaine JONET, (commandant la 359e Compagnie.
Lieutenant SOUCHAUD, Chef de Section.
Lieutenant DUVERGER, Chef de Section.
Lieutenant LORIOZ, Chef de Section.
Lieutenant AGAM, Officier d'Echelon.
Lieutenant HERR, Commandant la 360e Compagnie.
Lieutenant DURAND, Chef de Section.
Lieutenant FRIZOT, Chef de Section.
Sous-Lieutenant FRIZOT, Chef de Section.
Sous-LieutenantGARIN, Chef de Section.
Lieutenant OUTHIER, Officier d'Echelon.
21e BATAILLON
Commandant WATTEL, Chef de Bataillon.
Capitaine COLLAS DES FRANCS
Lieutenant DE TORQUAT
Lieutenant DAVID Adjoints du Chef de Bataillon.
Capitaine ZANG, Commandant la 361e Compagnie.
Lieutenant TREYERAN, Chef de Section.
Lieutenant DEBRET, Chef de Section.
Sous-Lieutenant AMBROISE, Chef de Section.
Sous-Lieutenant GESLIN, Officier d'Echelon.
Capitaine BRUN, Commandant la 362e Compagnie.
Lieutenant SAMBART, Chef de Section.
Sous-Lieutenant RODET, Chef de Section.
Sous-Lieutenant BAGNERIS, Chef de Section.
Lieutenant ROUFFET, Officier d'Echelon.
Lieutenant BERGER, Commandant la 363e Compagnie.
Lieutenant PENNE, Chef de Section.
Sous-Lieutenant CLUCHAGNE, Chef de Section.
Sous-Lieutenant SALLES, Chef de Section.
Lieutenant DE JABRUN, Officier d'Echelon.
Les trois Bataillons du Régiment, partis de Mailly les 15 octobre (19e B.C.L.), 17 octobre (21e B.C.L.), 19 octobre (20e B.C.L.), furent transportés les deux premiers à Saint-Quentin, et le troisième à Chauny.
CHAPITRE II.
Le 19e B.C.L. au 15e Corps d'Armée.
Le 19e Bataillon débarqua en gare de Saint-Quentin le 16 octobre, entre 8 heures et 14 heures. A son arrivée, l'ordre l'attendait d'aller appuyer le lendemain, 17 octobre, à 5 heures 30, l'attaque du 15e Corps d'Armée dans la région, à l'est d'Etaves.
La solution du problème était difficile, car Etaves est à 20 kilomètres de la gare de Saint-Quentin.
La veille au soir, en recevant cet ordre, le Commandant du Régiment avait eu la promesse de 40 camions "Pierce-Arrow" aménagés. Ils devaient être rendus à Saint-Quentin le 16, à 8 heures, pour effectuer le transport transport 19e B.C.L.
N'ayant pas trouvé ces camions, le Commandant HALLEZ donna ses instructions pour l'embarquement et le transport, puis, avec ses Commandants de Compagnie, accompagna le Commandant du Régiment à l'État-Major du 15e C.A. pour recevoir les ordres de détail concernant la journée du lendemain, arrêter le rôle des Chars dans l'action, établir les liaisons et reconnaître le terrain.
Quand il revint à Saint-Quentin, vers 18 heures, 40 camions, non aménagés venaient d'arriver. La journée s'était passée, parait-il, en essais infructueux d'aménagement.
Or, il est tard, jamais on n'a tenté le transport d'un char de 6 tonnes sur un camion qui ne peut théoriquement porter que 5 tonnes sans l'aménager ; il fait une nuit noire et il faudra rouler sur des routes défoncées. Les officiers du Service Auto font ressortir ces difficultés. Le Commandant LAURE, du 3e Bureau du Grand Quartier Général, est hésitant et provoquerait facilement un contre-ordre. Mais, calme et froid, ayant toujours son bon sourire qui inspire confiance, le Commandant HALLEZ, déclare qu'il a promis à l'infanterie de l'appuyer le lendemain et qu'il lui tiendra parole ; "Un seul char arriverait-il, ce char attaquera".
On charge un char, les ressorts du camion plient d'une façon inquiétante. On poursuit néanmoins l'opération et, par petits groupes de cinq, les chars disparaissent dans la nuit.
Un camion verse, un autre s'embourbe, trois rompent leurs ressorts ; mais, le 17 octobre, à 5 heures 30, les 355e et 356e Compagnies de Chars dépassaient à l'heure dite la première vague du 15e C. A. partant à l'attaque.
Ce résultat, dû à la volonté du Commandant HALLEZ, en fit un dieu dans son bataillon. Il en obtint par la suite de magnifiques efforts. "Son sourire et le calme avec lesquels il nous donnait ses ordres nous donnaient confiance" disait plus tard le lieutenant BÉGARIE, l'un de ses commandants de compagnie, réputé pour sa folle et magnifique bravoure.
Le 17 octobre, les 355e et 356e Compagnies attaquent à 5 heures 30.
Un second transport est en cours pour amener à l'est de Seboncourt la 357e Compagnie qui, suivant le plan d'engagement, restera réservée à la disposition disposition Général Commandant le 15e C.A. A treize heures, son débarquement était terminé et elle suivait d'abri en abri la progression de l'attaque sans qu'on lui demande d'intervenir.
La 355e Compagnie appuyait le 411e Régiment d'Infanterie, à l'aile gauche de la 123e Division. La ligne d'attaque partant des fonds suivis par la route d'Aissonvillers à Seboncourt, devait gagner les crêtes nord-ouest et nord de Grougis, puis les hameaux de Marchauenne et Grand-Thiolet (point culminant du champ de bataille) et enfin Tupigny.
Le Capitaine FRISCH disposa sa compagnie en profondeur. La section du Lieutenant AUBRY, placée en tête, mena l'attaque du premier objectif : la crête et le bois situés à l'ouest de Grougis. Il faisait un brouillard intense et le guide du 411e qui devait conduire cette section vers la première ligne, l'égara.
Le Lieutenant AUBRY mit pied à terre, retrouva son chemin et ramena sa section à temps pour appuyer efficacement l'infanterie. Deux de ses chars tombèrent en panne avant d'aborder le bois, un autre fut détruit par un obus, tuant le mécanicien et blessant le chef de char, le Brigadier VERNHES, qui continua cependant à tirer jusqu'à ce qu'il tombât évanoui dans son char. Il ne restait donc que deux chars pour réduire les nombreuses mitrailleuses défendant le bois. Ils s'y employèrent si activement qu'à huit heures il n'y avait plus un Allemand sur le premier objectif et que l'infanterie en prenait possession.
A 8 heures 15, le Capitaine FRISCH, voyant la section AUBRY provisoirement annihilée la fit dépasser par la section de l'Aspirant WOLF qui entraîna facilement le 411e sur les maisons proches du Moulin de Grougis. Il orientait en même temps la section du Lieutenant POUDROUX plus à gauche sur la crête nord de Grougis.
A 10 heures 30, l'infanterie occupait ces deux positions (son second objectif) et la Compagnie de Chars vint se reconstituer dans le bois conquis le matin par le Lieutenant AUBRY. A midi, les trois sections de la 355e Compagnie étaient prêtes à repartir ; mais ce jour-là la 123e Division ne poussa pas son attaque plus avant.
Pendant temps, la 356e Compagnie appuyait le groupe de Chasseurs de droite de la 66e Division. Partant sur un front étroit des croupes ouest de la Ferme de la Marlette, l'attaque devait s'épanouir sur la forte position de Petit-Verly et de la Ferme Marchavenne.
A 5 heures 30, les sections des Lieutenants LEFEBVRE et DAUMONT rejoignaient la première vague des Chasseurs. La section Daumont réduisait à 7 heures les centres de résistance du Vivier, puis les maisons sud du Petit-Verly ; tandis que la section Lefebvre livrait aux Chasseurs la Ferme Marchavenne et la Côte 132. Le soir, la section Daumont détruisait les mitrailleuses de la carrière cotée 150 qui gênaient l'installation des Chasseurs du 68e B.C.A. sur la route de Petit-Verly à Grougis.
Les Allemands avaient défendu leurs positions successives avec une grande opiniâtreté. La journée du lendemain promettait d'être dure, car il s'agissait de leur arracher Petit-Verly et le Peuplier de Grand-Thiolet, la position dominante du champ de bataille, la dernière à défendre pour eux sur la rive ouest du canal de l'Oise à la Sambre.
Pour cette journée du 18 octobre, le général, commandant le 15e C.A., laissa une compagnie de chars à la 123e D.I. et donna les deux autres compagnies du 19e B.C.L. à la 66e Division de Chasseurs en raison de l'élargissement de son front pendant la journée précédente.
La 355e Compagnie appuya comme la veille l'attaque du 411e R.I. Ce régiment sentant sa droite mal étayée, n'entreprit dans la matinée que des mouvements de détails qui l'amenèrent sur le front approximatif de la route Grougis-Marchavenne. La section POUDROUX suivit ce mouvement sans pouvoir intervenir car un char fut atteint par un obus, les autres eurent des pannes ou s'égarèrent dans le brouillard.
Mais à 13 heures, la 123e Division attaqua. Le 411e, ayant deux bataillons en première ligne, fut appuyé par deux sections de chars pour la conquête de son objectif : le Peuplier du Grand-Thiolet et les boqueteaux à l'Est.
A 14 heures, ces objectifs étaient tous livrés au 411e et des chars patrouillèrent même jusqu'à Tupigny où ils ne furent pas suivis.
Devant Petit-Verly, dont les quelques maisons prises la veille avaient été abandonnées pour la nuit, la 66e Division de Chasseurs avait pris un dispositif dispositif en profondeur, ses trois groupes les uns derrière les autres. Son attaque devait être appuyée par les 357e et 356e Compagnies également disposées l'une derrière l'autre, la 357e marchant en tête avec le 3e Groupe de Chasseurs, la 356e, réduite depuis la veille à deux sections, avançant avec le 7e Groupe de Chasseurs en deuxième ligne.
Perdue par ses guides dans le brouillard, la 357e Compagnie ne put rejoindre à l'heure fixée la première vague. Le Lieutenant MARET, Commandant , la section de tête, ayant mis pied à terre et retrouvé son chemin, avait été tué par un obus en revenant chercher sa compagnie.
Par bonheur, le Commandant HALLEZ était venu en première ligne s'assurer de la bonne orientation et du départ de la 357e Compagnie. Il comprit à temps que cette unité était perdue et s'en fut rapidement chercher la compagnie de deuxième ligne pour la remplacer.
La 356e Compagnie connaissait bien ce terrain où elle avait combattu la veille. Son Commandant, le Lieutenant BEGARIE, orienta rapidement la section du Lieutenant VERNANT sur le Bataillon de Chasseurs de gauche et la section du Lieutenant LEFEBVRE sur celui de droite.
A 5 heures 30, ces deux sections dépassaient les premières lignes qui avançaient lentement depuis 5 heures 10.
La section VERNANT, contournant Petit-Verly par le nord, réduisait de nombreux nids de mitrailleuses. Son chef s'apercevait à cet instant que le régiment voisin de gauche, le 112e R.I., était arrêté devant Mennevret ; il s'y porte et livre en un instant la partie sud du village aux assaillants. Puis il revient à son objectif, traverse la voie ferrée près de la Ferme Hennechies et se porte sur les mitrailleuses tirant des boqueteaux à l'est du chemin de fer. Pris à ce moment sous le feu d'un canon anti-chars, deux de ses chars sont détruits, le sien prend feu et il n'a que le temps de sortir des flammes au milieu des mitrailleuses ennemies. Son mécanicien est tué, lui se jette dans un trou d'obus où il va être pris ou tué. Mais le Maréchal-des-Logis VALLEZ a aperçu son chef de section, il accourt et pendant qu'il neutralise les mitrailleuses et tient l'ennemi en respect à coups de canon, son mécanicien entr'ouvre les portes du char où se faufile le Lieutenant VERNANT. Les deux, seuls chars restant de la section viennent retrouver les chasseurs au talus du chemin de fer.
Cependant, la section LEFEBVRE contournait Petit-Verly par le sud, dépassait ce village, abordait la voie ferrée dans la direction de la Ferme Sanières et livrait à 7 heures l'ensemble de la position aux chasseurs.
A 11 heures, par une vigoureuse contre-attaque, l'ennemi reprenait pied dans la partie sud de Petit-Verly. La 66e Division montait à 13 heures une nouvelle attaque en vue de reprendre le terrain perdu.
La 357e Compagnie s'était regroupée depuis longtemps et était prête à appuyer cette attaque. Elle y réussit facilement, car étant engagée pour la première fois, elle avait encore tous ses moyens. Mais elle ne s'en tient pas à la reprise de Petit-Verly et de la voie ferrée ; le Lieutenant EGLIN, commandant la compagnie, manœuvre la Ferme Sanières avec ses trois sections, la fait tomber en 45 minutes et la livre aux chasseurs. Un obus malheureux vint frapper mortellement cet excellent officier au moment où, fier de ce combat vite et bien mené, il regroupait ses sections à l'ouest de la Ferme Sanières.
Le 18 octobre au soir, les Allemands étaient en pleine retraite et tout le 19e B.C.L. cantonnait tranquillement sur sa conquête du matin, à Petit-Verly.
Le lendemain matin tout le 15e Corps d'Armée se portait sur le canal de l'Oise à la Sambre, cherchant le contact de l'ennemi. Trois sections de chars suivaient la progression des trois groupes de Chasseurs de la 66e Division prête à les appuyer, mais l'ennemi avait complètement abandonné, pendant la nuit, la rive ouest du canal. Les chars étaient inutiles et rentraient à midi à Petit-Verly où le 19e B.C.L. passait les journées des 20 et 21 octobre à remettre son matériel en état.
Il quittait ce cantonnement le 22 octobre avec 62 chars en état sur 68 qu'il avait amenés au combat.
Carte du terrain des opérations du 19e B.C.L. au 15e C.A.
CHAPITRE III.
Engagement du 507e R.C.B. au 20e C.A.
Cependant, le 21e B.C.L. avait débarqué à Saint-Quentin le 19 octobre et le 20e à Chauny le 20 octobre. Le régiment était donc au complet le jour où le Général Commandant la Ière Armée donna l'ordre de le concentrer dans la zone d'action du 20e C.A. et de lui faire passer l'Oise.
Hamegicourt, où le Génie construisait des ponts pour poids lourds, fut choisi comme point de passage. Le régiment fut concentré à l'est de l'Oise pendant les journées des 21, 22 et 23 octobre. Les chars y furent transportés sur des "Pierce" 5 tonnes, toujours non aménagés. Ils étaient prêts le 23 au soir à appuyer l'attaque qui allait commencer le lendemain.
Le 24 octobre, la Ière Armée prononçait une attaque générale sur l'Hermann-Stellung à l'est de l'Oise. Derrière le front du 20e C.A., à hauteur de Sery-les-Mézières, la 47e Division de Chasseurs et le 507e Régiment de Chars étaient réservés pour exploiter le succès sous le commandement du Général DILLMANN.
Mais le succès, médiocre aux ailes, fut nul au centre, toutes les attaques ayant échoué contre Villiers-le-Sec, gros village organisé en solide point d'appui par l'ennemi.
Le Général BERDOULAT, Commandant le 20e Corps d'Armée, devant recommencer le 25 au petit jour une opération sur Villiers-le-Sec, obtint l'appui d'une compagnie de chars blindés pour cette nouvelle attaque.
Un bataillon du 79e Régiment d'Infanterie, appuyé par la section du Lieutenant BAGNERIS, attaqua le village par l'ouest. La section du Lieutenant RODET agit avec le 418e R.I. en débordant Villiers-le-Sec par le sud et, à gauche, la section SAMBART passant dans la zone du 160e R.I. devait flanc-garder l'attaque, puis se rabattre sur le parc et le château situés sur la route de Villiers à Pleine-Selve.
La section SAMBART sauta en partie sur un champ de mines et ne put accomplir sa mission. Mais les deux autres sections réussirent et le soir Villiers-le-Sec était aux mains du 79e R.I. qui y trouva beaucoup de matériel et 700 prisonniers.
Au cours de cette action, la section RODET fut prise à partie par deux pièces anti-chars. L'une fut détruite par un coup de 37 tiré par le Maréchal-desLogisFUMERON ; le Lieutenant RODET cassa le percuteur de son canon en tirant sur l'autre, mais son mécanicien, le Brigadier MARTIN, fonça en quatrième vitesse sur la pièce anti-chars dont les servants furent si impressionnés qu'ils vinrent au-devant du char les mains levées.
L'accident survenu à la section SAMBART doubla le travail de la section BAGNERIS qui dut attaquer le parc et le château après avoir nettoyé le village.
Cette section, admirablement dressée et commandée, sut conserver toute sa cohésion et rester, dans la main de son chef pendant toute la journée. Le Lieutenant BAGNERIS dut en partie cette rare cohésion à l'extraordinaire bravoure du Chasseur blindé JEANDET, une mauvaise tête mais ayant du cœur. Ce chasseur assura volontairement la liaison entre les chars de sa section pendant le combat, sautant d'un appareil à l'autre ; leur indiquant le chemin, désignant les objectifs, montrant les mitrailleuses et recueillant les prisonniers.
Ce succès ouvrit la route à la 47e Division de Chasseurs qui, le 26 octobre se portait en avant, ses trois groupes accolés, chaque groupe soutenu par un bataillon de chars. Le 19e B.C.L. appuya le 6e Groupe de Chasseurs à droite de la Division. Les trois compagnies furent placées les unes derrière les autres, dans l'ordre suivant : 357e, 355e et 356e compagnies.
La 357e Compagnie mena le combat toute la journée. Deux sections en ligne (Lieutenant GENÉVÈS et Lieutenant CAPUT) livrèrent successivement aux Chasseurs la première position ennemie, le Bois du Sonneur, le Bois de la Sieste et les organisations de la côte 120 ; puis manœuvrèrent le village de Pleine-Selve, l'une par le nord, l'autre par le sud, pendant que la section de l'Adjudant VION, restée jusque là en réserve, nettoyait le village et couvrait l'installation des chasseurs en patrouillant dans la direction de Couljumelles. Une seule section de la 355e Compagnie intervint ce jour-là pour réduire un nid de mitrailleuses qui s'était révélé après le passage des chars et des Chasseurs à l'ouest de Pleine-Selve et leur tirait dans le dos.
Le 20e Bataillon ayant également placé ses trois compagnies en profondeur, dans l'ordre 358e 359e et 360e Compagnies, appuya l'attaque du 5e Groupe de Chasseurs placé au centre de la Division.
Seule fut engagée la 358e Compagnie qui se trouvait en tête ; elle permit aux Chasseurs de pousser leur ligne à 4 kilomètres plus avant ce jour-là.
Au départ, cette compagnie mit en ligne les sections des Lieutenants POUGET et DAMIEN. Cette dernière passa sur un champ de mines en abordant la première position et perdit 4 chars. Il eût fallu connaître dans quel ordre sautèrent ces chars, car les derniers équipages firent preuve d'un sublime courage en essayant de traverser quand même un terrain où ils avaient vu sauter tous les chars qui les avaient précédés. Leurs noms devraient figurer ici parmi ceux des plus braves du Régiment.
La section du Sous-Lieutenant DAMIEN fut immédiatement remplacée par celle du Lieutenant DE SAINT-CYR qui était en réserve. Le char de cet officier fut atteint en abordant le Bois de Sera par un obus qui blessa son mécanicien.
Sautant à terre son fanion à la main, il conduisit sa section sur ses objectifs avec un calme et une bravoure qui impressionnèrent tous les spectateurs.
Le 21e Bataillon appuya le 4e Groupe de Chasseurs à gauche de la Division. Son chef plaça également les 361e, 363e et 362e Compagnies les unes derrière les autres. Comme dans les autres groupes, une compagnie de chars suffit pour livrer aux Chasseurs tous leurs objectifs.
La 361e Compagnie commandée par le Capitaine ZANG avec les Lieutenants TREYERAN, DEBRET, AMBROISÉ, SEGLIN, se couvrit de gloire pendant cette journée.
Entre autres actes de bravoure remarquables, il faut citer ces deux exemples : Le Maréchal-des-Logis DECOUR ayant une panne en partant à l'attaque, va prendre avec son mécanicien RAUMAS un autre char à l'échelon de sa compagnie. Au retour, il s'égare chez l'ennemi en recherchant sa section. Il sort de son char, s'empare d'un officier allemand, le contraint à lui donner son plan directeur et à lui montrer les emplacements précis des canons et des mitrailleuses. Puis il revient tranquillement dans nos lignes, poussant devant son char un troupeau d'une quinzaine de prisonniers, dont l'officier, et rapportant plusieurs mitrailleuses.
Le Brigadier FRIC et son mécanicien ALBESSARD se mettent en panne dans une profonde tranchée. Ils sortent de leur char, Capturent une dizaine d'Allemands et les forcent à rapporter le corps du Brigadier HAURADOU qui vient d'être tué près d'eux.
Le 27 octobre, l'attaque reprenait au petit jour.
Le 19e B.C.L. appuyait toujours le 6e Groupe de Chasseurs avec ses trois compagnies réduites à deux sections.
Le 21e B.C.L. retiré du combat, était placé en réserve d'Armée.
Par Suite, le 20e B.C.L. s'étendait, passant la 360e Compagnie au 4e Groupe de Chasseurs et laissant la 359e Compagnie au 5e Groupe. La 358e Compagnie était gardée en réserve de Division.
L'ennemi était en pleine retraite et la progression s'effectuait, normalement jusqu'à la position cote 142, cote 147 et Ferme Louvry où les chasseurs se heurtaient à une position sérieusement organisée. A 15 heures, le Général DILLMANN décidait l'attaque de cette position. A 16 heures 30, elle tombait assez facilement sous l'effort de la Compagnie BEGARIE. Mais ce n'était qu'une avant-ligne ; la vraie position était jalonnée par la route de Guise à Marie. Les Chasseurs étaient à bout de souffle, les chars n'avaient plus la cohésion nécessaire, il était trop tard pour monter une nouvelle attaque.
Cette attaque ne fut reprise que le 30 octobre, ce qui permit au régiment de remettre une partie de son matériel en état les 28 et 29 octobre.
Donc, le 30 octobre, l'attaque recommençait.
Les 19e et 20e B.C.L. appuyaient les groupes de la Division DILLMANN dans les mêmes conditions que le 27 octobre.
Le 21e B.C.L., bien refait par trois jours de travail, appuyait l'attaque de la 153e Division à la droite de la 47e.
En somme, l'extension du front des chars et la diminution de leur nombre avaient pour conséquence leur emploi sur une ligne mince avec peu ou pas de réserves.
A 6 heures l'attaque débouchait. Les chars allaient à la route de Guise à Marie, détruisant ou mettant en fuite ses défenseurs ; mais un violent tir de barrage se déclenchait des mitrailleuses et des canons ennemis bien placés en flanquement dans la région de La Hérie-La Viéville, entraient en action et notre infanterie s'arrêtait, ne pouvant profiter du succès des chars qui se faisaient détruire en pure perte par l'artillerie allemande.
Le personnel des chars se prodigua, mais leur ligne était trop mince : les quelques réserves ne purent boucher les vides qui se multipliaient.
Le Lieutenant SAMBART jugeant bien la situation, entraîna sa section sur les flanquements de La Hérie-La Viéville ; mais elle devint rapidement la cible unique de l'ennemi et ses chars se firent héroïquement détruire un à un avant d'atteindre leur objectif.
Le Brigadier SEUX et le mécanicien GAULIER de la 360e Compagnie traversaient la position de la route nationale et disparaissaient. Le 7 novembre on retrouvait dans une carrière leur char entouré de cadavres ennemis, parmi lesquels une seule tombe portant le nom de GAULIER. SEUX, fait prisonnier, racontait à son retour que les Allemands pleins d'admiration pour son mécanicien l'avaient enterré sans se soucier de leurs propres morts.
Au centre, le Lieutenant VERNANT mettait pied à terre et cherchait à entraîner les Chasseurs vers la route où étaient les chars. Il recevait une balle dans le ventre et, emporté moribond sur un brancard, rencontrant le Commandant HALLEZ, il s'excusait de ne pouvoir rester à son poste tant il souffrait.
Là même attaque, reprise à 15 heures 30, n'avait pas plus de succès et causait encore de lourdes pertes aux chars, en particulier le Lieutenant DE SAINT-CYR, blessé mortellement. Il avait été fait Chevalier de la Légion d'Honneur l'avant-veille pour sa belle conduite au combat du 26 octobre.
Cette attaque fut également l'occasion, d'un beau fait d'armes.
Le Maréchal-des-Logis CLEMENSAT, de la 359e Compagnie, abordait l'ennemi. Son mécanicien blessé grièvement, il prenait sa place, mais blessé lui-même aux yeux, n'y voyant plus, il se mettait en panne dans la tranchée ennemie.
Sortant de son char, il mettait en action une mitraillette allemande abandonnée, en imposait à l'ennemi, faisait une douzaine de prisonniers et les forçait, à ramener son mécanicien dans nos lignes.
CHAPITRE IV.
L'Armistice.
Le 507e Régiment de Chars revenait le 1er novembre en réserve d'Armée dans la région de Mont-d'Origny.
Les jours suivants, reconstitué à deux sections par compagnie, il se portait partie sur chenille, partie sur camions dans la région du canal de l'Oise à la Sambre où il avait déjà combattu.
Il devait appuyer les opérations de la 126e Division chargée de l'exploitation du succès dans la bataille qu'allait engager, le 5 novembre, la gauche de la Ière Armée. Mais cette attaque fut un succès si décisif que ni la 126e D.I., ni les chars, n'eurent le temps d'intervenir pour l'exploiter.
L'ennemi étant en pleine déroute, les chars furent ramenés à la gare de Saint-Quentin, prêts à être transportés ailleurs. Ils y arrivèrent le lendemain de l'Armistice.
Faute de moyens de transport, le 507e Régiment de Chars stationna dans les ruines de cette malheureuse ville jusqu'au 24 Février 1919.
Mais son tour vint d'être à l'honneur. Le 6 mars, toutes les unités du 507e étaient sur la rive gauche du Rhin.
Le 24 mars 1919, le Général LINDER, Commandant le 13e C.A., passait la revue du 21e B.C.L. sur la place du Kurhaus à Wiesbaden et le faisait défiler dans la Wilhelmstrasse, la principale rue de la ville.
Le 16 avril, le Général MANGIN, Commandant la 10e Armée, remettait la Croix de Guerre au fanion du 507e Régiment de Chars qui avait obtenu une citation à l'ordre de la Ière Armée.
Cette revue du régiment fut passée au milieu des casernes de Wiesbaden, sur l'Exerzier-Platz où les recrues allemandes se préparaient 6 mois avant à venir combler les vides que nous faisions dans les rangs de leur armée.
A partir de cette époque, le régiment ne cessa pas de faire partie de l'Armée du Rhin et participa à la préparation des différentes opérations envisagées pour cette Armée, soit en cas de troubles dans les régions occupées, soit pour forcer l'ennemi à signer la paix et à exécuter les différentes clauses du Traité de paix.
Le 14 juillet 1919, le Régiment était représenté à la fête de la victoire par son Chef de Corps le Commandant CLAYEUX et le Lieutenant TREYERAN portant le fanion. Ils défilèrent sous l'Arc de Triomphe.
Enfin, du 10 au 15 novembre 1919, les 19e (Commandant PORCHER) et 20e Bataillons (Commandant DEGUA), sous le commandement du Lieutenant-Colonel GIRAUD,l ancien Commandant du 218e Régiment d'Artillerie de Campagne, rentrèrent à METZ, garnison désignée du Régiment, et le 21e Bataillon resta à l'Armée du Rhin, incorporé dans le Régiment de Marche de l'Artillerie d'Assaut.
ANNEXES.
I. - Citations collectives
ORDRE GÉNÉRAL N° 233 :
Le Général, Commandant la Ière Armée, cite à l'Ordre de l'Armée : Le 507e RÉGIMENT D'ARTILLERIE D'ASSAUT, sous les ordres du Commandant CLAYEUX et des Chefs de Bataillon HALLEZ, LOURDEL-HENAULT, VATTEL, composé des 19e B.C.L. (Compagnies 355-356-357) ; 20e B.C.L. (Compagnies 358-359-360) ; 21e B.C.L. (Compagnies 361-362-363) :
"Chargé d'aider les Chasseurs de la 47e Division à faire tomber la résistance ennemie sur un front solidement tenu, a fait preuve dans trois attaques, les 26, 27 et 30 octobre 1918, d'une science tactique remarquable et de qualités d'endurance, de bravoure et d'énergie exceptionnelles. Malgré une organisation défensive puissante qui a occasionné la perte de nombreux chars, tant par l'explosion de mines souterraines que par le canon, est arrivé tantôt à accompagner, tantôt à précéder les Chasseurs et a traversé successivement trois lignes de résistance, aidant à la capture de 660 prisonniers, dont 15 officiers, de 12 canons et de nombreuses mitrailleuses, faisant lui-même par ses Chars avancés des prisonniers qui ont permis d'identifier deux fois l'adversaire.
Le Général de Division DEBENEY, Cdt la Ière Armée.
Signé: DEBENEY.
ORDRE N° 14733 du MARÉCHAL, COMMANDANT EN CHEF : La 356e Compagnie du 507e Régiment de Chars Blindés :
"Sous les ordres du Lieutenant BEGARIE, a puissamment secondé les efforts du 17e et du 28e Bataillon de Chasseurs Alpins, au cours des combats des 17 et 18 octobre 1918. Manœuvrant en intimité parfaite avec les Chasseurs, a ouvert les passages aux bataillons d'attaque et a notablement facilité la prise de possession du village de Petit-Verly, fortement défendu par l'ennemi".
ORDRE DU 37e RÉGIMENT, N° 133 :
Le Colonel BECKER, Commandant le Régiment, cite à l'ordre du Régiment Régiment la DEUXIÈME SECTION D'A.S. 361 :
"Sous l'énergique et intelligente impulsion de son chef, le Sous-Lieutenant AMBROISE Marcel, a réalisé, sous un tir violent de mitrailleuses, les brèches indispensables à la poussée en avant du Régiment dans un réseau dense s'étendant sur une profondeur de 40 mètres et où les groupes de combat du 37e R.I. avaient réussi à pénétrer à la cisaille au prix des efforts les plus valeureux et de lourdes pertes sans pouvoir en déboucher".
Le Colonel BECKER, Commandant le 37e R.I.
Signé BECKER.
II. - Légion d'Honneur
Par décision du MARÉCHAL, COMMANDANT EN CHEF, Ordre n° 12.138 "D" du 1er Février 1919, est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur :
Bagneris A.-A., Sous-Lieutenant du 507e R.A.S. - A.S. 362 :
"Le 25 octobre 1918, a conduit sa section de chars à l'attaque d'un village très fortement organisé et a réduit de nombreux nids de mitrailleuses.
A puissamment aidé les troupes d'infanterie avec lesquelles il coopérait, repoussant une contre-attaque ennemie et prenant part à la conquête de 150 prisonniers, de 40 mitrailleuses et d'un canon de 77". Trois citations.
Ordre n° 12.206 "D" du 12 Décembre 1918 :
Vernant Jean, Lieutenant du 507e R.A.S. - A.S. 356 : « Officier brave, énergique, d'un magnifique allant, possédant de belles qualités militaires. Le 18 octobre 1918, a conduit sa section à l'attaque d'un village puissamment défendu par des mitrailleuses ennemies qui empêchaient tout accès à notre infanterie. Son char ayant été mis hors de service par deux obus de plein fouet, est monté dans un autre char de sa section sous un feu violent de mitrailleuses pour continuer sa mission. A contribué ainsi, pour une large part, à la prise de la position". Deux blessures - Quatre citations.
Ordre n° 12.315 "D" du 15 Décembre 1918 :
Prévost de Saint-Cyr Adrien-Jean-Marié-François, Lieutenant au 20e B.C.L. :
"Modèle de bravoure. Le 26 octobre 1918, son appareil détruit, son mécanicien blessé, a continué à pied en avant de sa section à diriger le combat malgré un feu violent de mitrailleuses. A lutté jusqu'à la conquête du dernier objectif et, bien que fortement contusionné au cours de la destruction de son char, a eu l'énergie de ramener son unité dans nos lignes". Une citation.
III. - Médaille Militaire
Ordre n° 12.206 "D" du 12 Décembre 1918 :
Decour Marcel, Maréchal-des-Logis 21e B.C.L. :
"Sous-Officier très brave. Resté seul de sa section le 26 octobre 1918, a cependant mené sa mission à bien avec son unique char. Aux prises avec de nombreuses mitrailleuses, est sorti de son appareil pour s'emparer d'un officier allemand, l'a contraint à faire taire ses pièces et à lui indiquer l'emplacement du canon anti-chars qu'il a pu réduire aussitôt. A la fin de l'action, ayant eu son appareil détruit par un obus, est rentré dans nos lignes en rapportant des renseignements précis sur la position ennemie". Une blessure - Deux citations.
Brault Gaston, Maréchal-des-Logis 19e B.C.L. :
"Sous-Officier d'un allant et d'une bravoure remarquables au feu. A l'attaque d'un village, le 26 octobre 1918, après avoir eu deux chars en panne, est reparti avec un troisième à la tête de sa demi-section et a contribué par son coup d'œil et sa manœuvre à détruire de nombreux nids de mitrailleuses. A ainsi facilité aux Chasseurs la conquête de la position". Une blessure - Trois citations.
Verbrugghe Auguste, Maréchal-des-Logis. 19e B. C. L. :
"Sous-Officier d'élite qui, après s'être distingué d'une façon particulièrement brillante pendant les combats du 17 et du 18 octobre 1918, vient encore de donner la mesure de sa valeur en ouvrant le chemin aux Chasseurs le 26 octobre 1918, sur un terrain semé de mitrailleuses ennemies, en leur permettant de faire de nombreux prisonniers". Une citation.
Lamboley Maurice-Joseph-André, Maréchal-des-Logis. A.S. 358 :
"Chef de demi-section d'une énergie remarquable. Les quatre autres chars de sa section ayant sauté sur un champ de mines, a vaillamment continué le combat le 26 octobre 1918. Le soir du même jour, a demandé à repartir dans une autre section et s'est fait remarquer à nouveau par son adresse et son allant".
Vion Jean-Victor, Adjudant. A.S. 357 :
"Sous-Officier très brave. Au cours de la bataille du 18 octobre 1918, recevant l'ordre de prendre le commandement d'une section dont le chef venait d'être mis hors de combat, s'est élancé en avant de l'infanterie sur une position de mitrailleuses, la réduisant par ses feux et permettant ainsi une progression facile". Deux blessures. Deux citations.
IV. - MORTS POUR LA PATRIE.
NOMS | PRÉNOMS | GRADE | COMPAGNIE | DATE ET LIEU DE LA MORT |
EGLIN | Léon | Lieuten. | 357e | 18 octobre 1918, devant la Ferme Sanière en direction de Petit-Verly (Aisne). |
MARET | Joseph | " | 357e | 18 octobre 1918, devant la Ferme de la Mariette en direction de Petit-Verly. |
VERNANT | Jean | " | 356e | Blessé le 30 octobre 1918 devant route Nle n° 45 décédé à l'ambulance 7/13. |
SAMBARD | Georges | " | 362e | 30 octobre 1918, tué devant Guise, à l'attaque de la route Nle n°45. |
PRÉVOST DE SA1NT-CYR | Adrien | " | 358e | 14 novembre 1918 Ambulance de Cugny. |
DAMIEN | François | S.-Lieut. | 358e | 26 septembre 1918, Ferme Seru. |
DAUTY | Henri | M.-d.-Log. | 356e | Blessé le 18-10-18 devant Petit-Verly. Décédé le même jour à l'ambulance. |
LEHÉ | André | " | 355e | 27 octobre 1918 à la Carrière de Pleine-Selve. |
BAIN | Henri | " | 358e | 26 septembre 1918, Ambulance S.P. 46. |
DESMOULINS | Georges | " | 362e | 25 octobre 1918 à l'attaque de Villers-le-Sec (Aisne). |
PICARD | Brigadier | 355e | Blessé le 18 octobre 1918 devant Petit-Verly. Décédé à l'hôpital. | |
BOILEAU | Paul | " | 356e | 18 octobre 1918 devant Petit-Verly. |
SALGUES | Jules | " | 358e | 23 septembre 1918, Ferme Seru. |
BOUTELLE | Auguste | " | 358e | 23 septembre 1918, Ferme Seru. |
LE VERGER | Adrien | " | 358e | 26 septembre 1918, Ferme Seru. |
BLENNE | Henri | " | 362e | Tué le 25 octobre 1918, à l'attaque de Villers-le-Sec. |
NAUDE | Emile | " | 362e | Tué le 25 octobre 1918, à l'attaque de Villers-le-Sec. |
HOURADON | " | 361e | Tué le 25 octobre 1918, à l'attaque de Villers-le-Sec. | |
LEPELLETIER | Charles | 2e Classe | 355e | 18 octobre 1918, devant Petit-Verly |
TOURNEBIZE | Marcel | " | 355e | 18 octobre 1918, devant Petit-Verly |
GROUSSET | Louis | " | 362e | Tué le 25 octobre 1918 à - l'attaque de Villers-le-Sec. |
LEGENDRE | Marius | " | 363e | Tué- le 30 oct. 1918 à Audigny. |
PROST | Claude | " | 353e | 26 septembre 1918, Ferme Seru |
ROBLIN | André | " | 358e | 26 septembre 1918, Ferme Seru |
Carte du terrain des opérations du 507e R.C.C. au 20e C.A.
HISTORIQUE DU 506e RÉGIMENT
DE CHARS DE COMBAT
FORMATION DU 506e RÉGIMENT DE CHARS BLINDÉS
Le 506e Régiment comprend les 16e, 17e et 18e Bataillons. Le personnel de ces bataillons, provenant des volontaires de toutes armes, fut instruit en hâte au camp de Cercottes. Puis les bataillons formés le 16e le 14, le 17e le 21, le 18e le 28 juillet, après deux périodes d'instruction intensive à Cercottes et à Bourron, furent rassemblés au camp de Mailly. Le Régiment, ayant à sa tête le Chef de bataillon Lemar, était constitué le 7 septembre 1918 ; les commandants Cloitre, Lenoir et Vilarem avaient chacun pris le commandement d'un bataillon. La période préparatoire au combat fut très courte, une vingtaine de jours. Le 21 septembre le 16e bataillon embarquait à Poivres pour la Champagne ; le 17e partait le 25 septembre dans la forêt de Hesse ; le 18e bataillon, le 1er octobre, allait rejoindre le 16e.
Ainsi, les opérations eurent lieu sur deux théâtres différents ; deux bataillons combattirent ensemble dans la région d'Orfeuil, en Champagne, le troisième prit part aux combats de l'armée américaine dans le secteur de Verdun.
Combats du 16e Bataillon.
Le 21 septembre le 16e bataillon quitte le camp de Mailly pour débarquer près de Laval-sur-Tourbe. Là, les chars dissimulés sur un ancien emplacement de batterie, dans un ravin, sont soigneusement camouflés. Les hommes trouvent des abris dans de vastes chambres à munitions aménagées dans le flanc nord du ravin.
Jusqu'au 25, c'est la mise au point des appareils, la préparation plan d'engagement, les reconnaissances, par tous les gradés, des pistes et du terrain. Le 25, veillée des armes ; l'attaque pour le lendemain.
Vers 23 heures, l'intensité de la canonnade s'accroît tenant tout le monde en éveil. L'heure H est fixée à 6 heures. !
A quatre heures on commence à faire tourner les moteurs et les chars sortent du ravin. Deux compagnies doivent prendre part à la bataille, les 346e et 348e, (la 347e restant en réserve) ; elles ne seront engagées que dans la deuxième phase de l'attaque ; après que les troupes de première ligne auront atteint leurs objectifs.
6 heures : l'attaque est partie.
Les chars se mettent en route.
Jusqu'aux premières lignes, la marche d'approche fut relativement facile, les pistes ayant été très bien aménagées. Au delà le terrain très bouleversé nécessita pour le passage des chars un travail de terrassement fort important dont s'acquittèrent des compagnies de travailleurs fournies par le 9e B.C.P.
Le brouillard, intensifié par les tirs d'obus fumigènes exécutés dans la nuit, gêne considérablement les équipages pendant toute la traversée de la région des entonnoirs.
La marche est rendue plus difficile encore du fait de l'ennemi qui ne ménage pas ses obus de 150 et de 210. Devant la 348e, une section de génie qui accompagne la progression découvre un champ de mines constitué par des obus de 150 placés verticalement dans des caisses en bois recouvertes d'une tôle et dissimulées dans le gazon.
Les obus sont désarmés et les passages jalonnés soigneusement.
Le brouillard se lève tout à coup, le marmitage s'intensifie.
Les chars descendent les pentes des Mamelles pour atteindre le ravin de la Goutte qui s'allonge jusqu'à la Dormoise. La descente rendue très pénible par les entonnoirs de mines, les trous d'obus, et par les coups des canons anti-chars qui, placés au nord de la rivière, enfilent le ravin de la Goutte. Le lieutenant Nazal marche à pied devant sa section, admirable de sang-froid, ne se souciant pas des obus qui éclatent autour de lui, donnant confiance à ses quelques jeunes mécaniciens de chars. La 348e compagnie subit ses premières pertes. Le lieutenant Nazal est grièvement blessé, plusieurs chasseurs sont touchés.
La 346e, descendant les pentes du bois de la Galoche dans un terrain lunaire, essuie le feu des mitrailleuses et des canons ennemis sans subir de pertes. Vers 21 heures 30, après des difficultés tous les chars des deux compagnies, sauf un resté en panne à Mesnil-les-Hurlus, s'installent tant bien que mal pour passer la nuit ; la 346e à proximité d'une ex-tranchée allemande au fond de la Galoche, la 348e dans le ravin de la Goutte. Dans la nuit les ordres de détail arrivent pour les opérations du lendemain. Les deux compagnies ont mission d'appuyer une attaque du 51e R.I. en direction du village de Manre.
Dès l'aurore les chars se mettent en route. La 346e passe la Dormoise à 8 heures après une progression difficile dans un terrain semé de troncs d'arbres très rapprochés coupés à 30 centimètres du sol. Trois chars restent en panne. La compagnie atteint sous le canon la crête du Fourmillier. Pour permettre le passage de la 348e compagnie, le Génie avait construit un pont de bois sur la Dormoise. Le premier appareil qui s'y engage tombe à l'eau, le pont ayant cédé sous lui. Des arbres et branchages à la hâte dans la rivière permettent le passage des autres chars.
Vers 11 heures, l'infanterie ayant stoppé sur les pentes nord du Paderborn, les chars vont entrer en action.
Devant la position d'attente des compagnies, le bois de "La Tourterelle" forme un rideau masquant un ravin profond.
Les fantassins s'emparent du bois que les chars traversent, en essuyant un violent tir de barrage ennemi. Pour quitter rapidement zone battue et soutenir l'infanterie engagée contre Manre, les mécaniciens accélèrent l'allure. C'est alors une véritable culbute de chars au milieu des éclatements nombreux des projectiles ennemis de tous calibres. A la 346e, deux chars restent en équilibre au bord de la crevasse à pic et l'un d'eux, atteint de plusieurs obus, vole en éclats ; deux autres sont renversés sur le côté, soulevés par des obus ; un cinquième dans un trou ; un dernier est en panne. A la 348e, un char est incendié par un obus éclatant sur la tourelle, trois autres ont leurs chenilles arrachées.
Aussi, malgré la rapidité avec laquelle les unités descendent le Paderborn, ce n'est que très tard, à la tombée de la nuit, que quelques chars arrivent à leur position de départ. L'attaque sur Manre avait été décommandée. Elle devait reprendre le lendemain.
C'est la première fois que le 16e bataillon va avoir à participer directement et effectivement au combat, aussi chacun s'emploie-t-il avec ardeur à dépanner les appareils endommagés, à vérifier ceux qui ont échappé jusqu'ici à la panne, à ravitailler en essence.
Ces travaux pénibles prennent toute la nuit et sont terminés pour 5 heures du matin.
Deux sections de la 348e compagnie et une section de la 346e prennent le départ pour l'attaque du village de Manre. L'infanterie est presque aussitôt arrêtée par les feux nourris des Allemands. les chars manœuvrant en avant des fantassins, fouillent les buissons et tuent sur leurs pièces les mitrailleurs ennemis.
Les chars de la 346e réduisent un important blockhaus ; à la 348e le M.D.L. Pierret pénètre dans le village, courant sur les Boches qu'il découvre à la lisière du bois d'Isay, puis revient nettoyant le village complètement.
Le M.D.L. Carbonne, bien que blessé au visage par une balle anti-chars croise devant l'infanterie, infligeant à l'ennemi des pertes sérieuses.
Le char du lieutenant Pélissier conduit par le chasseur Ernault est atteint par un obus, le moteur s'arrête, impossible de remettre en marche de l'intérieur. Le lieutenant sort pour lancer son moteur, moteur, il est immédiatement pris à partie par un petit groupe d'Allemands qui lui font signe de se rendre. Il se couche, s'arme de son revolver, se dégage. Blessé au bras et à la poitrine, il réussit avec son conducteur à regagner nos lignes. La conduite admirable du M.D.L. "Santarserio" mérite d'être signalée, il n'avait plus de char, celui-ci ayant été atteint la veille par un obus. Il se propose comme agent de liaison. Donnant sur la ligne de feu l'exemple aux fantassins hésitants, c'est en les entraînant à l'assaut qu'il tombe grièvement blessé. Quelques jours après il mourait à l'ambulance. Voilà la première journée de véritable combat du bataillon. Tous ont lutté avec acharnement jusqu'à la nuit : le village de Manre fut enlevé et dépassé par l'infanterie.
Après cette chaude journée les deux compagnies sont rassemblées bois de l'Ane où quelques jours sont employés au dépannage à la révision des appareils.
Le 28 septembre, la 347e compagnie, qui avait été laissée en réserve de C.A., se prépare à entrer à son tour dans la bataille.
Traversant les ruines du village de Tahure elle arrive avec tous ses chars au bois du Merle.
Le 29, à 8 heures du matin, elle reçoit l'ordre de gagner une position de départ au nord du ravin des Oiseaux pour participer une attaque ; les chars arrivent vers 10 heures. Les reconnaissances immédiatement faites. Une section doit soutenir l'infanterie vers Manre et La Croix Muzart. Départ à 14 heures 30.
Dès qu'elle quitte la position, la section, en butte aux feux de l'artillerie ennemie, se porte résolument en avant. L'infanterie étant clouée sur place par les feux des mitrailleuses allemandes, le lieutenant Nayme, chef de section, en réduit un grand nombre au silence ; sortant ensuite de son char dont le conducteur, brigadier Maignan est tué par une balle anti-chars, il appelle l'infanterie qui peut occuper ses objectifs. Pendant ce temps les autres sections de la compagnie attendaient à 400 mètres derrière l’infanterie, prêtes à soutenir une attaque qui, d'abord reportée au lendemain, fut enfin contremandée.
Le 30 septembre, au matin, toute la compagnie est regroupée au bois de l'Ane.
Le 30 septembre, le 18e bataillon embarque à Poivres ; le 1er octobre, il débarque à Somme-Suippes (camp des Souches).
Combats des 16e et 18e Bataillons.
La journée du 2 se passe en reconnaissances par les chefs de bataillon, commandants de compagnies et chefs de sections.
Les chars du 18e bataillon sont transportés au grand Entonnoir, intersection de la route Marchand avec la route Souain-Tahure.
A la tombée de la nuit, les unités des 16e et 18e bataillons qui doivent être engagées le lendemain gagnent leurs positions de départ. A droite le 16e bataillon va attaquer Orfeuil, à gauche le 18e bataillon la ferme Medeah.
Orfeuil. La 348e compagnie après une marche d'approche très dure pendant laquelle beaucoup de ses chars restent en panne, met en ligne à l'heure H une section de quatre appareils commandée le sous-lieutenant Lanvin.
La 347e compagnie se porte au bois "Torpillé" où elle arrive sans encombre, malgré une nuit très noire et un terrain boisé, juste à temps pour partir à l'attaque qui est fixée pour 5h50.
La 348e compagnie, arrivée à 5h30 à la position "Les Hangars" à 300 mètres sud du bois "Torpillé" est d'abord en réserve.
Au sortir du bois "Torpillé" la section Lanvin tente de déborder le village par l'est, tandis qu'à sa droite la 347e compagnie progresse vers la route Orfeuil-Liry, qui est vite atteinte. Les mitrailleuses ennemies en grand nombre, font rage sur notre infanterie qui ne peut avancer pour suivre la progression des chars.
De nombreux fusils anti-chars prennent les chars à partie.
Des mécaniciens et tireurs sont blessés : il faut se replier.
Le sous-lieutenant Lanvin ramène trois appareils dans nos lignes et les dispose de façon à battre un défilé à droite du bois "Torpillé" par où l'ennemi pourrait contre-attaquer. Le soir, la 346e compagnie se regroupe au bois de la "Savate". La 347e compagnie, moins deux chars restés dans les lignes ennemies, se reporte au bois "Torpillé". Avec ses appareils restant disponibles reconstitue une section sous les ordres de l'aspirant Ravier, qui va dans l'après-midi, avec une section de la 318e compagnie (adjudant Laporte) réattaquer Orfeuil.
L'attaque se déclenche.
La section Ravier se porte dans les lignes ennemies mais la distance de l'infanterie devenant trop grande, elle doit s'arrêter avant d'atteindre le village et se replier. A 17 h., la section Laporte malgré un feu violent d'artillerie et de fusils anti-chars, atteint avec quatre chars son objectif, la tranchée de la route d'Orfeuil.
Jusqu'à 18 heures, elle lutte contre l'ennemi, détruisant ou aveuglant un grand nombre de ses mitrailleuses.
Pénétrant ensuite dans le village en flammes, elle en poursuit les occupants. L'adjudant Laporte et le maréchal des logis Carbonne, tous deux blessés, mais restés à leur poste, appellent alors l'infanterie française qui occupe le terrain jusqu'aux lisières du village. L'ennemi, qui abandonne un matériel important, se retranche au nord du village.
La nuit venue tous les chars sont ramenés au bois de la Savate.
Ferme Médéah. A 15 heures 50, les sections d'attaque du 18e bataillon se portent résolument sur l'ennemi fortement retranché.
Malgré les mitrailleuses nombreuses, les fusils anti-chars, les obus de tous calibres qui éclatent sans arrêt, malgré un terrain difficile, ancien bois dont les arbres abattus ont été laissés pêle-mêle, chars progressent.
Malheureusement, l'infanterie qu'appuyait la 354e compagnie ne peut avancer sous la mitraille boche, les chars doivent revenir dans nos lignes. Le sous-lieutenant François est blessé.
Les 352e et 353e compagnies sont suivies aussitôt par l'infanterie, l'attaque réussit parfaitement ; non seulement les objectifs atteints, ils sont même largement dépassés par les chars.
La ferme Médéah avec des prisonniers et un important matériel tombe entre nos mains.
Dans la nuit du 3 au 4, le bataillon est regroupé à l'arrière au bois des Epines, et ensuite au bois de la Savate.
Le 5 octobre, les deux bataillons sont placés en réserve d'Armée, on s'occupe activement à la remise en état des appareils.
Combats du 8 Octobre.
Le 16e bataillon arrive avec les appareils disponibles, 15 de la 347e et huit de la 348e, à reconstituer une compagnie de combat.
Au 18e bataillon, les 352e et 353e compagnies doivent mener l'attaque en première ligne, la 354e restant en réserve.
16e bataillon. C'est la reprise de l'attaque sur Orfeuil ; deux sections de la 347e (aspirant Pommeret et maréchal des logis Heuillon), et une section de la 346e (adjudant Cianelli) y prennent pied.
La section Pommeret avance très difficilement car dès son débouché elle est prise sous un feu violent de mitrailleuses et de canons ennemis., Après une lutte opiniâtre, elle réussit à atteindre la route Orfeuil-Liry. Dans cette section servait le brigadier Mazard, de la classe 1899, qui avait tenu, bien qu'employé à l'échelon à participer au combat. Chef de char il s'est battu jusqu'au moment où une balle anti-chars est venue le frapper dans son appareil, alors qu'il tuait du boche dans les lignes ennemies. Son conducteur, le chasseur Rivière, réussit à le ramener nos lignes.
Comme les chars de la 347e compagnie, les chars de la 346e dès leur départ sont violemment accueillis par des feux soutenus de mitrailleuses, fusils et canons anti-chars ennemis. Sous cette rafale notre infanterie doit se terrer pendant que les chars progressent pour réduire les nids de résistance. Leur manœuvre est rendue très difficile par de nombreux arbres abattus et des réseaux de fils de fer denses et intacts. Un seul char monté par l'adjudant Gianelli réussit à pousser très avant dans les lignes ennemies et ne revient plus. Les autres sont forcés de rentrer dans nos lignes.
Pendant la nuit les unités du 16e bataillon vont se rassembler au "Fond d'Aure" puis regagnent le camp des Souches.
18e bataillon. Les sections d'attaque gagnent sans être inquiétées par l'ennemi leur position de départ. A l'heure H, 6h15, immédiatement suivies par l'infanterie, celles de la 352e compagnie franchissent la route d'Orfeuil à St-Etienne, attaquant et réduisant les nids de mitrailleuses qu'elles rencontrent.
La section du lieutenant Cauyette, après une rapide progression est prise violemment à partie par la défense ennemie, et subit de fortes pertes : fusils anti-chars, mitrailleuses, canons mettent hors de combat quatre de ses chars. La section du lieutenant fonçant sur l'ennemi ne progresse bientôt plus que très difficilement ; son chef est grièvement blessé et quatre de ses chars sont endommagés. La section de l'aspirant Robillard s'ébranle à son tour pour reprendre l'attaque, mais l'aspirant est blessé et ses chars sont atteints.
L'organisation défensive formidable des bois à enlever constituant une deuxième ligne d'objectifs ne permet pas à cet endroit à l'infanterie de progresser davantage.
Les sections de la 353e compagnie, malgré de nombreuses défenses ennemies sont plus heureuses ; se portant résolument en avant en manœuvrant, elles débordent ou contournent de petits bois où l'ennemi avait établi de nombreux nids de mitrailleuses qu'elles détruisent. L'infanterie, beaucoup plus fraîche, suit de près leur progression. Tous les objectifs sont atteints. L'ennemi laisse entre nos mains du matériel et de nombreux prisonniers.
La 354e compagnie en réserve n'a pas eu à intervenir.
Au cours de la nuit, le bataillon va se regrouper au bois des Epines qu'il quitte le 9 octobre pour le camp des Souches, où il rejoint le 16e bataillon.
Le 12 octobre, les deux bataillons sont rassemblés au camp.
Le Général Gouraud, commandant la IVe Armée, les passe en revue et remet la médaille militaire au maréchal des logis Zins, Lucien, de la 353e compagnie et une citation à l'ordre de l'Armée au lieutenant Gourdin, 347e compagnie, à l'adjudant Laporte, 348e compagnie, aux maréchaux des logis Bousseton, 352e compagnie et Co, 354e compagnie.
La journée du 13 se passe en préparatifs de départ et, le 14, les bataillons embarquent à destination du camp de Mailly.
Combats du 17e Bataillon.
Le 17e Bataillon est embarqué en deux trains le 24 septembre à l'Epi de Poivre à destination de Dombasle, en Argonne. Le 25, entre 2 et 4 heures du matin, les trains arrivent à proximité de Dombasle où il est impossible de débarquer, la gare étant sous le feu d'une pièce de 150. en action ; ils sont refoulés vers Vadelaincourt-Souhesmes.
A la tombée de la nuit le débarquement s'opère sans incident ; les compagnies gagnent une position de débarquement désignée par le Commandement.
Dans la journée les Commandants de compagnie, arrivés en voiture, ont fait leur reconnaissance. Le bataillon va appuyer l'attaque des Américains.
Après le débarquement par Jouy en Argonne et Sivry-la-Perche, route longue et encombrée ; le 17e bataillon vient se rassembler, après une marche de 7 heures, dans la coupure d'Esnes où il est placé en réserve du 5e corps américain.
Le 27 septembre, au petit jour, les ordres arrivent.
Les chars s'engagent par un semblant de piste à travers le plateau et le bois d'Avocourt pour atteindre une position d'attente au bois de Malancourt. Depuis le matin la pluie fait rage.
Le 28, pas de mouvement. La veille les Américains sont partis à l'attaque de la formidable position de Montfaucon et progressent normalement.
Le 29, au lever du jour, les 349e et 350e compagnies se portent à la lisière nord-est du bois de Montfaucon ; la 351e est au bois de Cuisy.
Dans la même journée la 349e compagnie reçoit l'ordre de gagner Ivoiry pour être engagée avec la 37e division d’infanterie américaine. Le mouvement s'exécute, mais un contre-ordre arrive et la compagnie doit se déployer en lisière du bois Chemin, les Américains craignant une attaque de ce côté. A part quelques alertes, la nuit est calme.
Les journées des 30 septembre, 1er, 2 et 3 octobre sont employées à de nombreuses reconnaissances.
Le 3 octobre au soir le bataillon reçoit l'ordre d'appuyer le lendemain à 5 heures 30 l'attaque des Américains entre Gesnes et Cierges, secteur inconnu des chefs de sections, toutes les reconnaissances faites jusqu'ici ayant été orientées plutôt vers la droite.
La position de départ, en lisière nord du bois Emont, est gagnée de nuit au milieu des plus grandes difficultés, pistes et chemins sous bois n'ayant pu être reconnus à l'avance. Les chars arrivent à 5 heures 10 à la lisière sud du bois, sauf quelques-uns en panne pour avaries légères qui rejoindront plus tard.
A 5 heures 30 l'attaque est déclenchée. Un tir de barrage formidable d’explosifs et d'obus à gaz tombe sur le bois Emont ; la 349e compagnie, qui doit appuyer le 125e R.I.U.S., le traverse rapidement sans perte.
Le bois franchi, c'est la plaine. A droite dans un bas-fond, c'est Cierges, à gauche la ferme de la Grange-aux-Bois ; immédiatement à la sortie du bois, un marécage dans lequel s'enlise un char de la section Garcin, section appuyant le bataillon de première ligne. Le reste part vers Cierges.
La section Robitaille accompagnant le bataillon de soutien passe près de Cierges, franchit un énorme chemin creux rempli de blessés américains et part vers la gauche dans la direction de Gesnes qu'elle atteint sans être inquiétée. Etant trop loin de l'infanterie elle revient en arrière quand à quelques centaines de mètres de Cierges elle aperçoit la section Garcin attaquant un nid de résistance au bois triangulaire pour permettre l'avance de quelques centaines d'Américains qu'elle appuyait.
La position occupée, la section Garcin repart vers la route à La Grange-aux-Bois-Romagne. Son avance oblige l'ennemi à évacuer en hâte l'hôpital allemand de la route de Cierges-Romagne. De nombreux nids de résistance sont réduits, la section déblaie le terrain quand coup sur coup, trois de ses chars sont incendiés par des obus tirés de plein fouet par une pièce de 77 de campagne. Le char du M.D.L. Lepoire a sauté avec son équipage. L'aspirant rentre d'abord au chemin creux, puis regagne avec la section Robitaille la position de ralliement.
Plus à gauche, à la lisière N.-O. du bois communal de Cierges, la 350e compagnie devait appuyer l'attaque sur le bois de la Morine et sur le bois du Chêne-Sec.
A 7 heures 15 la section du lieutenant Etienne part vers la lisière O. de Gesnes, plusieurs nids de mitrailleuses furent vite manœuvrés et anéantis. L'attaque est poussée avec entrain, la ferme Sainte-Pie tombe, la route nord de Gesnes est dépassée de 200 mètres, des nids de mitrailleuses sont réduits.
Dans l'après-midi une autre section de la 350e compagnie (aspirant Praly) prenait le départ à 15 heures 40 pour appuyer l'attaque du 127e R.I.U.S. sur le même objectif que le matin.
Malgré un barrage violent d'obus de tous calibres, la section gagne la position ennemie. Bientôt le char de l'aspirant Praly est touché par un obus et s'enflamme. L'aspirant en sort rapidement, prend le char d'un de ses maréchaux des logis et continue l'attaque. Il nettoie les abords de Gesnes de nombreuses mitrailleuses, poursuit sa route jusqu'à la route E. du bois de la Morine.
L'infanterie étant trop loin la section fait demi tour. Un violent tir de barrage se déclenche sur elle ; le char du brigadier Perrin a son avant défoncé ; le brigadier et son conducteur sortent et sont obligés de se terrer dans un trou.
Le 5 octobre, nouvelle série de combats pour les 349e et 350e compagnies.
A 6 heures 30 le lieutenant Vignaud 349e compagnie, doit attaquer Romagne et les hauteurs à l'ouest ; l'attaque ne part pas. A 11 heures, nouvelle attaque, les chars dépassent l'infanterie et patrouillent en avant à la recherche des mitrailleuses.
La crête à l'O. de la côte 239 est nettoyée ; l'infanterie américaine vient l'occuper. De là nouveau bond de la section sur le bois 16-21 ; l'infanterie américaine suit. Puis la section toujours en avant nettoie deux boqueteaux. Trois chars sont alors obligés de quitter le terrain pour blessures du personnel. Le char du lieutenant Vignaud tombe à son tour dans un trou de vieil abri dissimulé par des herbes. La section a combattu deux heures et a avancé de 600 mètres la ligne américaine.
A gauche, du côté de la Morine, l'attaque a eu lieu plus tôt, à 5 heures 30, la section du lieutenant Malbe devait appuyer l'infanterie américaine mais, elle ne peut franchir le ruisseau situé au S.-O. de Gesnes, les points de passage reconnus n'existant pas. L'infanterie américaine progresse sans les chars, le bois de la Morne est enlevé, pendant ce temps la section Malbe, qui a réussi à franchir le ruisseau, s'est installée dans un vallonnement, une nouvelle attaque devant avoir lieu le même jour.
A 14 heures, la section part ayant pour objectifs le bois Chêne-Sec et la côte 255.
Malgré un violent barrage d'obus et de balles de mitrailleuses, la lisière N.-E. du Chêne-Sec est atteinte, plusieurs nids de mitrailleuses y sont détruits.
De là, la section repart vers là côte 255 qu'elle atteint après avoir réduit plusieurs nids de mitrailleuses ennemies dans les bosquets.
Le 5 au soir, les 349e et 350e compagnies rejoignent le bois Chemin pour se réorganiser, les pertes durant ces deux journées ont été très dures tant en personnel qu'en matériel.
Dans la nuit, la 351e compagnie monte à son tour à sa position d'attente (lisière sud du bois Emont).
Les journées des 6, 7 et 8 octobre sont employées par cette compagnie à faire les reconnaissances en vue d'une opération sur Romagne-sur-Montfaucon et les hauteurs à l'est et à l'ouest de ce village avec la 63e brigade américaine.
Une section (aspirant Jalenques), attaquera à gauche de la route de Cierges-Romagne. La section Dumoulin à gauche sur cette route. La section Verva est en réserve.
Les chars partent le 9 octobre à 11 heures, dépassent l'infanterie américaine à 12 heures ; celle-ci ne peut progresser qu'au prix des plus lourds sacrifices à cause de nombreuses résistances ennemies consistant surtout en mitrailleuses.
La section Jalenques fait en cet endroit un travail superbe, elle déblaie tout le terrain et amène l'infanterie aux portes de Romagne qui fut pris, a dit le Général commandant la 63e B.I.U.S. dans un témoignage officiel, grâce aux chars d'assaut.
A droite de la route de Cierges-Romagne la besogne est plus facile et les chars n'ont presque pas à intervenir, le sous-lieutenant mène sa section à pied. Deux canons anti-chars et de nombreuses mitrailleuses furent pris sur le terrain.
Les fusils anti-chars qui avaient fait beaucoup de mal les jours précédents n'ont pas tiré ce jour-là sans doute gênés par la rapidité du combat.
Pour rentrer les chars durent passer dans un véritable déluge de projectiles d'artillerie, mais la manœuvre a sauvé presque tous les appareils et les équipages.
Par contre, les chars en panne sur le terrain furent vite démolis par les obus ennemis.
A 17 heures, la 351e compagnie rejoint le bois Chemin, que les 349e, et 350e avaient quitté dans la journée pour rallier le camp des Pommiers. Le 11, la 351e compagnie rejoint aux Pommiers. Le bataillon est regroupé.
Le 12 octobre on demande au bataillon un nouvel effort ; une compagnie d'attaque doit être formée en vue d'opérations sur la rive droite de la Meuse. Elle est constituée avec deux sections de la 350e compagnie et une section de la 349e compagnie. Le 12 octobre elle est transportée au village de Bras (région de Verdun).
Une première opération projetée pour le 14 n'a pas lieu ; elle est reportée au 16 et se fera avec des troupes américaines. Les journées qui précédèrent l'attaque furent épouvantables. Il pleuvait à torrents ; la nuit de J-1 à J fut le couronnement. Une véritable trombe d'eau se déversa sur le sol en quelques heures ; c'est dire si la marche des chars fut difficile.
Pourtant, le 16 octobre à l'heure H (5 heures 15), trois sections prirent le départ.
La section Caillet (349e compagnie) put s'approcher des lignes ennemies sans être entendue, grâce à quelques tirs de mitrailleuses. Mais dès la première ligne allemande de nombreuses mitrailleuses et fusils anti-chars servis par une très forte garnison l'accablent de projectiles. Deux chars sont tombés dans d'énormes trous profonds et camouflés, le mauvais état du terrain ne leur permet pas de remonter. Le reste de la section, après avoir anéanti les mitrailleuses et la troupe d'occupation, a pu continuer sa marche, mais peu après le même sort lui était réservé.
Le sous-lieutenant Caillet atteint de 28 blessures légères et arrêté entre les lignes ennemies dans son char en panne y résista bravement pendant deux heures et quart, mais finalement fut fait prisonnier.
La section du lieutenant Etienne (350e compagnie) opérait sur les terrains N.-E. du bois d'Haumont. Dès le départ elle se porta à l'attaque d'une position très fortifiée, et pourvue d'une forte garnison ; par sa manœuvre audacieuse cette position fut vite enlevée.
Un peu plus loin une résistance aussi forte se dévoilait ; cette fois, le terrain, trop détrempé et trop bouleversé, ne permet pas aux chars de manœuvrer ; des trous d'obus pleins d'eau et cachés par de grandes herbes furent un gros obstacle pour les appareils. Malgré l'adresse et le courage des équipages la section était hors de combat en une heure.
La section du lieutenant Malbe (350e compagnie) devait nettoyer les crêtes au N.-E. du bois d'Haumont et y appuyer l'installation d'une ligne américaine ; détruisant un gros nid de mitrailleuses et de fusils anti-chars, elle réussit à accomplir sa mission. Un peloton d'infanterie américaine se retrancha sur les crêtes.
Continuant sa marche, la section rencontre un terrain effroyablement bouleversé ; quatre chars sur cinq s'enlisent dans des trous pleins d'eau. Seul le lieutenant Malbe, quoique blessé à la figure, réussit à ramener son char.
Le 17 octobre, la compagnie d'attaque regroupée est ramenée au camp des Pommiers.
Après cette rude période de combats le 17e bataillon fut renvoyé à Mailly-Poivres pour être recomplété en personnel et en matériel.
RECONSTITUTION
Le régiment est tout entier rentré au camp de Mailly le 24 octobre. Après quelques jours de repos bien gagné, les unités se remettent avec ardeur au travail ; les chars sont réparés, tout le matériel remis en état. Des renforts arrivent. Profitant de l'expérience acquise au cours des derniers combats, l'instruction des compagnies est reprise et perfectionnée.
Les moyens de vaincre les difficultés de la lutte contre l'Allemand de plus en plus averti et armé contre les chars sont minutieusement étudiés. Et dès les premiers jours de novembre, les bataillons sont prêts à reprendre la lutte ; mais l'armistice du 11 novembre ne le leur permet pas.
DÉCORATIONS CITATIONS COLLECTIVES
ACTIONS D'ÉCLAT DU 506e Régiment de Chars blindés
DÉCORATIONS
Légion d'Honneur
Lieutenant MALBE, Fernand.
Décision du Général Commandant en Chef, J.O. n° 11.310 D du 8 novembre 1918.
"Excellent officier, d'un courage et d'un sang-froid remarquables. remarquables. pendant six heures de suite, le 5 octobre 1918 avec sa section, sous un bombardement des plus violents, s'est acquitté acquitté façon parfaite de sa mission et a détruit de nombreux nombreux de mitrailleuses, permettant ainsi l'avance de l'infanterie l'infanterie. Une blessure, quatre citations. "
Médaille Militaire
Maréchal des logis PIERRET, Paul, 348e compagnie.
Ordre n° 12.315 du 15 décembre 1918.
"Sous-officier remarquable d'énergie et de bravoure. Son officier chef de section ayant été grièvement atteint a pris le commandement des chars et les a entrainés à l'attaque avec un élan remarquable malgré un bombardement extrêmement violent.
S'est emparé d'un village solidement défendu par l'ennemi, se portant à un kilomètre en avant de l'infanterie. Quoique blessé grièvement a continué le combat jusqu'à épuisement de ses munitions.
Trois citations."
Maréchal des logis ZINS, Lucien, 352e compagnie.
"Excellent sous-officier d'une énergie et d'une bravoure exceptionnelles. Le 8 octobre a conduit résolument sa demi-section à l'attaque, s'est engagé à fond et a réduit les centres de résistance très importants qui arrêtaient la progression de l'infanterie.
Malgré plusieurs-pannes a toujours remis son appareil en marche, n'hésitant pas à sortir de son char sous un feu des plus violents et a continué de combattre bien que restant seul de sa section."
Brigadier PERRIN, Edouard, 350e compagnie.
Ordre n° 11.310 D. du 8 novembre 1918-J.O. du 5 mars 1919.
"Gradé d'un courage exemplaire, ayant le plus grand mépris du danger. Au cours du combat du 4 octobre 1918, son char ayant été démoli par l'artillerie ennemie, en a descendu, révolver au poing, faisant feu sur l'ennemi qui s'en approchait. A rejoint au petit jour les lignes américaines. Le 5 octobre, a été volontaire pour repartit à l'attaque avec une autre section , blessé au cours de l'action pendant laquelle il a fait preuve de la même bravoure.
A refusé de se faire évacuer.
Une blessure antérieure, quatre citations."
Chasseur SARDIN, Henri, 347e compagnie.
Ordre n° 11.459 D. du 12 novembre 1918.
"Excellent soldat, très brave. A été volontaire pour conduire son char à l'assaut le 29 septembre 1918. Blessé trois fois, a achevé le combat jusqu'à épuisement complet de ses forces."
Chasseur POULIN, André, 349e compagnie.
"Jeune soldat, d'une bravoure exemplaire. Volontaire pour faire partie d'une section formée pour le combat a été grièvement grièvement. Etait déjà titulaire d'une citation."
CITATIONS COLLECTIVES
17e BATAILLON DE CHARS LEGERS.
Ordre n° 13.009 D, du 20 janvier 1919.
"Sous les ordres du Commandant LENOIR, comprenant les compagnies 349e, 350e et 351e a, au cours des opérations du 26 septembre au 20 octobre 1918, apporté par son habilité manœuvrière et sa volonté de vaincre, l'aide la plus précieuse aux troupes d'infanterie qu'il appuyait. A permis par son action la prise du bois de la Morine, des villages de Gesnes et de Romagne-sous-Montfaucon ; est ensuite intervenu sur la rive droite de la Meuse, dans des conditions de terrain particulièrement difficiles, où il a fait preuve de la même opiniâtreté et de la même ardeur. »
1ère SECTION DE LA 347e COMPAGNIE.
Ordre n° 187 du 27 novembre 1918 du 1er Régiment de Zouaves.
"Mise à la disposition du Régiment, a pu, grâce à l'énergie de son chef, le lieutenant NAYME, briser le 29 septembre 1918 toutes les résistances d'un point d'appui fortement organisé.
Pendant toute l'attaque, s'est fait remarquer par son audace, son entrain, son mépris du danger. Grâce à une collaboration étroite avec le Commandant du 1er Zouaves, a permis de conquérir conquérir l'objectif, faisant une cinquantaine de prisonniers et laissant sur le terrain plus de cent cadavres boches."
Ordre n° 22.611 D.
Le MARECHAL DE FRANCE, Commandant en Chef les Armées Françaises de l'Est, cite à l'ordre de l'Armée : 16e BATAILLON DE CHARS LEGERS.
Compagnies 346e, 347e, 348e.
"Sous le commandement du Chef de Bataillon CLOITRE a coopéré du 26 septembre au 8 octobre 1918 aux combats engagés engagés la VIe Armée, pour la conquête de positions puissamment organisées vigoureusement défendues et ayant jusque là résisté à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre.
A montré au cours de ces journées une ardeur et un esprit de sacrifice admirables et secondé utilement les efforts de l'infanterie l'infanterie plusieurs divisions.
Au G.Q.G., le 20 septembre 1919, LE MARECHAL DE FRANCE, Commandant en chef les Armées Françaises de l'Est.
Signé : PETAIN.
ACTIONS D'ÉCLAT à l'Ordre de l'Armée
Lieutenant GOURDIN, Francisque, 347e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918, J.O. du 4 mars 1919.
"Officier d'une bravoure calme. Le 3 octobre 1918 a entrainé sa section de chars à l'attaque d'une position puissamment défendue. Sous les feux des mitrailleuses les plus violents est sorti plusieurs fois de son char pour obtenir la liaison et entraîner l'infanterie qu'il appuyait."
Lieutenant GODY, Léon, 352e compagnie.
Ordre n° 15.170, de la IVe Armée.
"Le 8 octobre 1918 a conduit brillamment sa section à l'assaut l'assaut lignes ennemies garnies de mitrailleuses et d'engins d'accompagnement. A réduit plusieurs nids de résistance et n'a cessé le combat qu'après avoir été blessé dans son char mis hors de service."
Adjudant LAPORTE, Xavier, 348e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918, J.O. du 4 mars 1919.
"A fait preuve au cours du combat du 3 octobre 1918 des plus vaillantes qualités militaires. S'est emparé avec sa section d'un village solidement défendu par l'ennemi. A reçu un obus sur son char, a été blessé légèrement. A continué la lutte pendant deux heures, poursuivant l'ennemi en fuite."
Aspirant GARCIN, Gaston, 349e compagnie.
Ordre n° 1.388 de la IIe Armée.
"Aspirant doué d'une énergie et d'un sang-froid à toute épreuve, le 4 octobre 1918 a, pendant cinq heures, mené de pair avec les troupes américaines un sévère combat contre un ennemi puissamment organisé, détruisant avec sa section de nombreux nids de mitrailleuses permettant le gain de un kilomètre de terrain âprement disputé ; a combattu jusqu'à l'extrême limite des forces de sa fraction, apportant a l'accomplissement de sa mission un entrain superbe et un calme imperturbable."
Aspirant JALENQUES, Bernard, 351e compagnie.
Ordre n° 1.388 de la IIe Armée.
Chef de section ayant fourni le plus bel exemple de bravoure et de courage, pendant le combat du 9, 10 octobre 1918 a combattu combattu six heures consécutives avec un esprit d'abnégation d'abnégation de toute éloge, assurant à pied, à plusieurs reprises, reprises, liaison avec l'infanterie d'attaque. A détruit de nombreuses mitrailleuses et a largement contribué à la prise des objectifs objectifs en annihilant complètement la résistance ennemie. ennemie.
Maréchal des logis POURCHET, Roger, 346e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918. J.O. du 4 mars 1919.
"Excellent gradé, énergique et très brave ; le 8 octobre 1918, Orfeuil, a entrainé sa demi-section à l'attaque des positions allemandes sous un violent tir de mitrailleuses, de fusils et canons anti-chars ; a combattu avec la plus grande énergie jusqu'au moment où il a été blessé.
Une blessure antérieure, cinq citations."
Maréchal des logis PONCE, Lucien, 346e compagnie.
Ordre du 5 février 1919, J.O. du 27 février 1919.
"Au cours de l'attaque du 4 octobre 1918, blessé par une balle anti-chars dans la tourelle de son char a continué à tirer et à guider sa fraction, faisant l'admiration de tous par son énergie et son calme."
Maréchal des logis CARBONNE, Edmond, 348e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918, J.O. du 4 mars 1919.
"Pendant les combats du 26 septembre au 8 octobre a fait preuve du plus grand courage, combattant dans son char durant plus de deux heures. A mis en fuite l'ennemi, détruisant ses mitrailleuses, n'hésitant pas à se porter un kilomètre en avant de l'infanterie. A l'attaque d'un village solidement défendu, quoique blessé au visage par une balle anti-chars, a continué la lutte jusqu'à épuisement de ses munitions. Est rentré criblé de petits éclats. A refusé de se laisser évacuer."
Maréchal des logis GRANDJEAN, Robert, 352e compagnie.
Ordre n° 1.570 de la IVe Armée.
"Chef de char intrépide et d'un grand sang-froid, à l'attaque du 8 octobre a pénétré profondément dans les organisations ennemies. Voyant son chef de section blessé et entouré d'ennemis n'a pas hésité sous un feu violent de mitrailleuses à sortir de son char pour y faire monter son officier qu'il a réussi à ramener ramener nos lignes."
Maréchal des logis BOUSSETON, Alexandre, 352e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918, J.O. du 4 mars 1919.
"Sous-officier très brave et très énergique. A fait preuve au cours du combat du 3 octobre 1918 en particulier, d'un courage et d'un sang-froid remarquables en réduisant deux nids de mitrailleuses mitrailleuses en arrêtant la progression de l'infanterie et permettant permettant à sa section de capturer dix-sept prisonniers."
Maréchal des logis CO, François, 354e compagnie.
Ordre du 17 décembre 1918, J.O. du 4 mars 1919.
"A fait preuve d'une énergie rare et d'une grande bravoure dans les combats du 3 octobre 1918. A conduit une section de chars légers avec un sang-froid remarquable. Par sa bravoure audacieuse a livré à l'infanterie tout un réseau de tranchées garnies de nombreuses mitrailleuses et atteint tous ses objectifs."
Brigadier TOCHOT, Paul, 346e compagnie.
Ordre du 5 février 1919, J.O. du 27 février 1919.
"Excellent brigadier très calme ; le 8 octobre s'est bravement porté à l'assaut d'une position ennemie sous un feu très violent.
Blessé, a refusé de se faire évacuer, pour rester à son poste."
LISTE des Officiers, Gradés et Chasseurs du 506e R.C.C. Morts pour la France
Chasseur LECOUTE, Désiré, de l'A.S. 13, tué à l'ennemi, le 26 octobre 1918.
Chasseur THOMAS, Marcel, de l'A.S. 13, tué à l'ennemi, le 26 octobre 1918.
Chasseur DIOT, Pierre, de la 346e Cie, tué à l'ennemi, le 18 octobre 1918, au combat du Bois de la Puce.
Maréchal des logis Gaston MAZOIS, de la 347e Cie, tué au combat d'Orfeuil, le 8 octobre 1918.
Brigadier MAZART, Joachim, de la 347e Cie, tué au combat d'Orfeuil, le 8 octobre 1918.
Brigadier BLAIGNANT, Charles, de la 347e Cie, tué au combat combat la Croix Muzart, le 29 septembre 1918.
Maréchal des logis DURAND, Gaston, de la 347e Cie, tué au combat, le 3 octobre 1918.
Chasseur CHRETIEN, René, de la 347e Cie, tué au combat d'Orfeuil, le 3 octobre 1918.
Maréchal des logis SANTARSIERO, Emile, de la 348e Cie, tué au combat du village de Manre, le 28 septembre 1918.
Maréchal des logis TEMPEZ, Lucien, de la 348e Cie, tué au combat du Bois de la Tourterelle, le 27 septembre 1918.
Chasseur SOULDADIE, Albert, de la 348e Cie, tué au combat du Paderborn, le 27 septembre 1918.
Sous-lieutenant CAILLET, Paul, de la 349e Cie, tué au combat combat le 16 octobre 1918.
Maréchal des logis DUMOULIN, René, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Maréchal des logis LEPOIRE, Jean, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Brigadier CHAMPION, Henri, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Maréchal des logis RIOU, René, de la 349e Cie, tué au combat combat le 16 octobre 1918.
Chasseur COTTLER, Adolphe, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Chasseur DIDIOT, Roger, de la 349e Cie, tué au combat d'Haumont, le 16 octobre 1918.
Le chasseur MARTINEAU, Albert, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Chasseur FREMAUX, Léon, de la 349e Cie, tué au combat de Gesnes, le 4 octobre 1918.
Chasseur POULIN, André, de la 349e Cie, tué au combat d'Haumont, le 16 octobre 1918.
Maréchal des logis Adolphe BAUMANN, de la 350e compagnie, blessé au bois de Montfaucon, décédé des suites de ses blessures le 2 octobre 1918.
Chasseur Charles DELAMURAZ, de la 350e Cie, tué au combat du bois d'Haumont, le 16 octobre 1918.
Maréchal des logis DUFAU, Augustin, de la 350e Cie, tué au bois d'Haumont, le 16 octobre 1918.
Brigadier Léon DOYEUX, de la 351e Cie, tué au combat de Romagne, le 9 octobre 1918.
Chasseur MEYER, Gaston, de la 352e Cie, tué au bois d'Haumont, d'Haumont, 3 octobre 1918.
Chasseur CHAPRON, Jean, de la 352e Cie, tué à Orfeuil, le 8 octobre 1918.
Chasseur André REBU, de la 352e Cie, tué au combat de la ferme Médéah, le 3 octobre 1918.
Chasseur Henri FOUCHE, de la 352e Cie, tué au combat de la ferme Médéah, le 8 octobre 1918.
Chasseur Georges FAIVRE, de la 352e Cie, tué au combat de la ferme Mazagran, le 8 octobre 1918.
Chasseur François RONCIN, de la 353e Cie, tué au combat de la ferme Mazagran, le 8 octobre 1918.
Chasseur Alexandre CUSSAC, de la 353e Cie, tué au combat de la ferme Mazagran, le 8 octobre 1918.
Chasseur Emile ALAPHILIPPE, de la 353e Cie, blessé à la ferme Mazagran, le 8 octobre 1918, mort de ses blessures.
Maréchal des logis Lévy BLANOR, de la 354e Cie, tué au combat combat la ferme Mazagran, le 8 octobre 1918.
Maréchal des logis GUIGUELE, Louis, de la 82e Batterie, tué au combat de Geite-St-Joseph (Belgique), le 14 octobre 1918.
Chasseur HECK, Emile-Albert, tué à son poste par un obus, devant Maison-Neuve.
Chasseur PAULAT, Eugène-Louis, tué le 20 août 1918, à Bellefontaine, au cours d'un dépannage (ferme des Loges).
HISTORIQUE DU 505e RÉGIMENT
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
I. FORMATION DU RÉGIMENT.
« Le 505e Régiment d'artillerie d'assaut comprendra les 13e, 14e, 15e bataillons de chars légers et, à partir du 15 août, le groupement X. Il sera affecté à la 1ère Brigade d'A.S. Le Chef de bataillon Maré, du 1er Zouaves, commandant le XIIIe groupement de chars Saint-Chamond, prendra le commandement du 505e R.A.S. »
Tel était l'ordre général N° 72 du 20 juillet 1918 qui créait le 505e R.A.S.
Constitués à Cercottes du 20 juin au 20 juillet 1918, les 13e bataillon (337e, 338e, 339e compagnies), 14e bataillon (340e, 341e, 342e compagnies) et 15e bataillon (343e, 344e, 345e compagnies) étaient, après quelques semaines d'instruction à Bourron, rassemblés au camp de Mailly - Poivres. Quant au groupement X, comprenant les A.S.31 et 36 et la S.R.D.104 sous les ordres du commandant de Violet, il ne devait jamais rejoindre le régiment.
Dès l'arrivée à Mailly, le régiment subit quelques pertes dues aux bombardements des avions ennemis. Le 13 août, le commandant Duclos et le canonnier Favier du 13e bataillon sont blessés. L'entraînement est d'ailleurs intensif ; équipages, mécaniciens et chefs de chars rivalisent de zèle. Des troupes d'infanterie et des plus glorieuses, viennent manoeuvrer avec les chars. Le général Gouraud assiste à une manoeuvre.
A la fin d'août, le régiment, prêt à entrer dans la bataille, avait la composition suivante :
ORDRE DE BATAILLE DU RÉGIMENT
État-major du Régiment.
Chef de bataillon MARÉ, commandant le régiment.
Capitaine d' ARMANCOURT, adjoint au chef de corps.
Sous-lieutenant PERNOT, adjoint au chef de corps.
Sous-lieutenant MORETTON, adjoint au chef de corps.
13e Bataillon.
Chef de bataillon DUCLOS, commandant le 13e bataillon.
Lieutenant COSSET, adjoint au chef de bataillon
Lieutenant RECAMIER, adjoint au chef de bataillon
Sous-lieutenant GISTUCCI, chargé des liaisons.
Capitaine LIARAS, commandant l'A.S.337.
Lieutenant PLE, chef de section.
Lieutenant COSSE, chef de section.
Sous-lieutenant DARCY, chef de section.
Lieutenant POULLAIN, officier d'échelon,
Lieutenant LATIRULE, commandant l'A.S.338.
Lieutenant DEWAVRIN, chef de section.
Lieutenant GIRAUD, chef de section.
Sous-lieutenant FRANCHOMME, chef de section.
Aspirant MOUQUET, faisant fonction d'officier d'échelon.
Lieutenant HAMEL, commandant l'A.S.339.
Lieutenant CORBIER, chef de section.
Sous-lieutenant PARMENTIER, chef de section.
Sous-lieutenant MAUREL, chef de section.
Lieutenant ANGIBAULT, officier d'échelon.
14e Bataillon.
Chef de bataillon GUILLOT, commandant le 14e bataillon.
Lieutenant PAUL, adjoint au chef de bataillon.
Sous-lieutenant BELLANGER, adjoint au chef de bataillon.
Aspirant BLOCH, chargé des liaisons.
Capitaine MAITRE, commandant l'A.S.340.
Lieutenant BOISSIER, chef de section.
Sous-lieutenant THIBAUD, chef de section.
Sous-lieutenant MARTIN, chef de section.
Sous-lieutenant SOULIER, officier d'échelon.
Capitaine TOUTAIN, commandant l'A.S.341.
Sous-lieutenant BORDAS, chef de section.
Sous-lieutenant BOUCHER D'ARGIS, chef de section.
Sous-lieutenant WAECHTER, chef de section.
Lieutenant HUBERT, officier d'échelon.
Lieutenant JACQUOT, commandant l'A.S.342.
Lieutenant REVEL, chef de section.
Sous-lieutenant VALLERNAUD, chef de section.
Sous-lieutenant JOSSAUD, chef de section.
Sous-lieutenant HAAG, officier d'échelon.
15e Bataillon.
Chef de bataillon RICHARD, commandant le 15e bataillon.
Lieutenant HALLIER, adjoint au chef de bataillon.
Lieutenant SAINT FRISON,
Sous-lieutenant RATHEAUX. chargé des liaisons.
Capitaine de MONTHELIE, commandant l'A.S.343.
Lieutenant BARNAUD. chef de section.
Sous-lieutenant LATAPIE, chef de section.
Lieutenant VITU, chef de section.
Sous-lieutenant LEVY, officier d'échelon.
Lieutenant MORE CHEVALIER, commandant l'A.S.344.
Lieutenant DESCHAUMES, chef de section.
Sous-lieutenant SOLAU, chef de section.
Lieutenant MEYERFELD, chef de section.
Sous-lieutenant SEVAL, officier d'échelon.
Lieutenant RAGAINE, commandant l'A.S.345.
Lieutenant MATHIEU, chef de section.
Lieutenant PROST, chef de section.
Lieutenant MÉNARD, chef de section.
Sous-lieutenant RAFFIN, officier d'échelon.
II. LE 505e R.A.S. AVEC LA 1ère ARMÉE AMÉRICAINE. - THIAUCOURT.
(6 septembre - 16 septembre 1918.)
Dans les derniers jours du mois d'août, le commandant Maré part en reconnaissance : c'est dans l'est, avec les Américains, que le régiment va donner. Patiemment accumulées en France, les jeunes troupes américaines ont pris leur place dans la ligne de bataille ; celles que rejoint le régiment au nord de Toul, sont orientées face à Metz, dans un secteur où la frontière de 1914 est proche de la ligne de feu.
Dès le début de septembre, le commandant du 505e R.A.S. recevait l'ordre suivant : « Le 505e R.A.S. comprenant les 13e, 14e et 15e bataillons et le groupement XI de Saint-Chamond (A.S.34e, 35e, 105e, commandant Herlaut) est mis à la disposition de la 1ère Armée américaine, et affecté au Ier C.A.U.S. »
Le 6 septembre, l'État-major du régiment et le 13e bataillon s'embarquent à Mailly-Poivres ; le 7 et le 8 c'est le tour des 14e et 15e bataillons.
La mission de l'Armée américaine, près de laquelle le régiment est détaché, est de réduire le saillant de Saint-Mihiel où les Allemands ont réussi à se maintenir depuis 1914.
L'attaque du Ier C.A.U.S. doit se faire du sud au nord en partant des lignes à hauteur des villages de Regnéville et Limey pour atteindre des objectifs un peu au nord de Viéville et de Thiaucourt, qu'il s'agit en particulier d'enlever. L'attaque est prévue pour le 12 septembre.
L'horaire des opérations des bataillons avant cette date montre le peu de temps dont ces unités devaient disposer pour leurs préparatifs avant l'engagement et donne une première idée des efforts que chacun allait avoir à déployer.
Le 13e bataillon embarqué, comme nous l'avons dit plus haut, à l'Epi de Mailly-Poivres le 6 septembre, débarque à Ruyppes et Pusserot, près de Neufchâteau, dans la nuit du 6 au 7 et le matin du 7.
Dès l'après-midi du 7 et pendant la journée du 8, ce bataillon manoeuvre avec des troupes d'infanterie américaine qu'il s'agit de familiariser avec le combat en liaison avec les chars. Le 9, les compagnies se tiennent prêtes à embarquer de nouveau.
L'ordre d'embarquement arrive à 14h.30. A 18h.30 a lieu le départ d'un premier train que suit, à une heure d'intervalle, un deuxième train. Transporté dans la zone immédiate d'engagement, le 13e bataillon, après bien des peines et des difficultés doit débarquer à la voie Romaine (près de Domèvre-en-Haye), et se rendre immédiatement et presque sans arrêt à sa position d'attente : Bois de Haye, puis à ses positions de départ : Sud de Limey, derrière les premières lignes américaines.
Après les efforts des jours précédents, après 32 heures de chemin de fer, ce bataillon, dans la seule journée du 11, a donc dû débarquer, cheminer sous bois et atteindre à 19 heures la P.A. (Bois de l'Usure) à 19 kilomètres du point de débarquement. A 2h.30, il se remet en marche pour atteindre les P.D., y fait les pleins et, malgré les grosses difficultés d'un terrain bouleversé et rempli d'obstacles, est à même à 5h.30 de franchir les premières lignes avec l'infanterie.
Le 14e bataillon qui, par suite d'incidents divers, n'a pu quitter Mailly-Poivres que dans la nuit du 6 au 7, débarque seulement dans la nuit du 9 au 10, dans le bois de Villers-en-Haye. Dès le 10, avant le jour, il atteint la P.A. du bois de Puvenelle et s'y installe au bivouac.
Le 15e bataillon est aux prises avec les mêmes difficultés, les mêmes fatigues. Il rallie les autres bataillons au bois de la Lampe.
Ainsi avant même d'être engagé tout le régiment avait eu à surmonter de gros obstacles. Pendant la nuit du 11, il exécute sa marche d'approche dans un terrain bouleversé.
Les chars du 13e bataillon traversent le bois des Hayes et le bois Bouchot pour se trouver, près de Limey, à la disposition de la 3e brigade de la 2e D.I.U.S. La 337e compagnie doit appuyer le 9e régiment, la 338e compagnie le 23e régiment ; la 339e compagnie, en réserve, est à la disposition de la brigade Marine.
Les chars du 14e bataillon quittent la forêt de Puvenelle par sa corne nord, traversent Mamey bombardé, gagnent le bois de la Lampe, le bois Brûlé, immédiatement au sud de Regnéville. Ils doivent appuyer la 10e brigade de la 5e D.I.U.S., la 340e compagnie à droite avec le 2e régiment, la 341e à gauche avec le 6e régiment ; la 342e compagnie reste à la disposition du général commandant la 5e D.I.U.S., au bois Brûlé.
Le 15e bataillon est en réserve du Ier C.A. au bois de la Lampe.
Le groupement XI avait eu plus de peine encore à atteindre ses positions de départ au sud de Limey et au sud de Regnéville; le 35e groupe dut, pour y parvenir, faire appel aux éléments de pionniers de la 2e D.I.U.S. et le 34e groupe à ceux de la 5e D.I.U.S.
Les P.D. sont atteintes, le court espace de temps dont on dispose encore avant l'heure H = 5h.30 est activement occupé à faire le plein des chars. A l'heure H, les chars se mettent en route derrière l'infanterie américaine.
Et maintenant, c'est le combat. Mais l'ennemi déjà vaincu d'avance a cédé le terrain ; ce qui reste se rend sans défense. L'Infanterie américaine à la suite de son violent barrage roulant, brusquement déclenché à l'heure H, bondit d'objectifs en objectifs, n'éprouvant qu'une difficulté : celle de traverser un terrain bouleversé, gluant et couvert de défenses accessoires. Les chars se sont élancés derrière les vagues d'assaut dans le terrain chaotique qui s'étend devant eux.
Dans la soirée du 12, les bataillons ont atteint leurs objectifs et occupent les emplacements suivants : le 13e, au bois d'Heiche vers Thiaucourt ; le 14e aux bois d'Heutre et des Grandes Portions, avec une section (section Waechter) gardant la trouée de Vieville ; le 15e bataillon, au bois d'Heiche et au bois du Four.
Le XIe groupement avait réussi à ouvrir deux passages dans les organisations ennemies. Le 13 septembre, le groupe 35, traversant Thiaucourt, avait aidé l'infanterie américaine dans sa progression au nord de Thiaucourt, dans la région de Xammes.
La zone parcourue par le régiment avait révélé dans ce secteur une défense antichars soigneusement préparée ; de nombreux champs de mines y avaient été organisés par l'ennemi. Un char Saint-Chamond du groupe 35 et un char léger de la 340e Compagnie avaient sauté en franchissant l'un de ces cordons de mines près du bois du Four.
Dès le 13, l'infanterie américaine se stabilisait sur les objectifs qui lui avaient été assignés. L'ennemi avait cédé partout.
A ce moment, le régiment est appelé sur un autre point.
Le 15 et le 16, les bataillons sont ramenés en forêt de Puvenelle.
La première épreuve avait été matériellement très difficile. Le 505e régiment pouvait attendre avec confiance la prochaine occasion où il serait appelé à donner de nouveau. Le général Rockenbach, commandant le Tanks Corps Américain, en transmettant au colonel commandant la 1ère brigade d'A.S. française, les félicitations du général Pershing commandant les forces américaines en France, ajoutait : « Ce sera pour moi un sujet de fierté d'avoir eu une brigade d'A.S. française au baptême du feu du Tanks Corps Américain. Je vous remercie pour les grands services que vous m'avez rendus, vous et tous ceux sous vos ordres. »
III. LE 505e R.A.S. EST REGROUPÉ EN ARGONNE. - MONTFAUCON.
(17 septembre - 4 octobre 1918.)
Retiré le 16 du combat devant Thiaucourt, le régiment se trouve dès le 17 septembre prêt à être embarqué pour une nouvelle destination. Les équipages, bivouaqués dans les bois de la Lampe et de Puvenelle, peuvent enfin jouir d'une nuit de repos ; ils étaient sur pied depuis le 6 septembre. Le 18, on se dirige vers les points d'embarquement : Voie romaine et bois de Villers-en-Haye. Déplacements et travaux d'embarquement se font par une nuit noire dans une boue épaisse et sous une pluie tenace, on embarque en pleine voie. Après de nombreuses heures de chemin de fer, le débarquement a lieu la nuit (21-22 septembre) à la gare de Dombasle en Argonne, exposée au canon.
Immédiatement après leur débarquement, toutes les Unités doivent, en raison de l'imminence de nouvelles attaques et pour n'être pas repérées par les drachens et les avions ennemis, se rendre avant le jour au point de rassemblement, dans le bois de Faye, au sud de Jouy-en-Argonne. Le personnel occupe les baraques des Clairs-Chênes.
Un 4e bataillon de chars légers, le 17e bataillon du 506e régiment, qui venait renforcer le 505e R.A.S., avait dû procéder plus rapidement encore : embarqué à Mailly-Poivres le 24 septembre, il arrivait à Dombasle dans ia nuit du 25 au 26. L'attaque s'étant déclenchée le 26 au matin, il se rendit directement en forêt de Hesse (nord-est de Dombasle) à 6 kilomètres de son point de débarquement.
Repoussé sur presque tout le front de Champagne, de l'Aisne, de la Somme, l'ennemi était fortement accroché par la IVe Armée (Armée Gouraud) à l'ouest de l'Argonne. La tâche de le refouler entre Argonne et Meuse incombait à l'armée Américaine. Le 5e C.A.U.S. avait pour mission d'attaquer sur le front Vauquois-Malancour ; le 505e régiment d'artillerie d'assaut était mis à sa disposition. La 79e D.I.U.S. à droite devait attaquer en direction de Malancourt-Nantillois ; elle disposait des 14e, 15e B.C.L. et du XIe groupement. A sa gauche la 37e division devait attaquer en direction de Ivoiry et Cierges, elle disposait du 13e B.C.L.
Les bases de départ de l'attaque s'étendaient le long des villages et des bois de Malancourt et d'Avocourt, devenus célèbres pendant la ruée allemande de 1916 sur Verdun. Des reconnaissances antérieures et l'étude du terrain avaient conduit à scinder la zone d'action du régiment en deux parties.
La première s'étendait entre les tranchées Françaises et la crête Septsarges-Montfaucon-Ivoiry ; de nombreuses tranchées, des réseaux inextricables, un terrain tantôt chaotique, tantôt marécageux, tantôt boisé, de près de 7 kilomètres de profondeur, rendait l'emploi des chars à peu près impossible.
La deuxième, au nord de Montfaucon, présentait des couloirs favorables, des prés et des boqueteaux où les chars pouvaient évoluer avec facilité.
Le point le plus important est Montfaucon, véritable forteresse aux pentes abruptes, qui domine et commande toute la région avoisinante. D'après les renseignements recueillis, l'ennemi avait soigneusement organisé sa défense contre les chars (fusils, canons anti-chars). Le commandement avait donc été amené à demander à l'infanterie, aidée et appuyée par une artillerie extrêmement puissante, d'enlever la première zone inaccessible aux chars.
Immédiatement à la suite de l'infanterie d'attaque, des pionniers devaient organiser une piste pour permettre à l'artillerie d'assaut de franchir la zone bouleversée et d'être ainsi, dès le soir du premier jour, à même de donner tout leur appui à l'infanterie pour la conquête de la zone : Septsarges-Nantillois, bois de Beuge-Cierges.
Les journées des 23 et 24 sont employées a la vérification complète, à la mise au point du matériel et à la constitution des différents dépôts avancés d'essence. Le 24 dans la soirée, les bataillons quittent le bois de Fays et se rendent aux P.A. assignées en forêt de Hesse.
On prend contact avec les unités américaines : Le 13e bataillon avec la 37e D.I.U.S., 73e brigade à droite, 34e brigade à gauche ; le 14e bataillon avec la 79e D.I.U.S., 157e brigade en tête (314e et 313e R.), 158e brigade en réserve (315e et 316e); le 15e bataillon avec la 158e brigade ; le XIe groupement en réserve à la disposition disposition la 79e D.I.
Le P.C, du 505e régiment s'installe avec le C.A. à Ville sur Couzeaux.
La matinée du 25 est occupée aux P.A., à revoir une dernière fois le matériel, à faire les pleins, à arrimer les réserves importantes d'essence que les chars doivent emporter pour leur premier jour de combat. Dans l'après-midi, profitant du temps brumeux et du masque constitué par les bois, les appareils, soigneusement camouflés avec des branchages, sont amenés dans le bois d'Esnes, tout près des P.D. du lendemain. Le 26, un peu avant l'heure d'attaque dans les prés bordant à l'est le bois d'Esnes, à la faveur d'un beau clair de lune dans la nuit finissante, les compagnies, rangées en ordre de bataille, mettent la dernière main à leurs préparatifs.
Cinq heures trente ! les compagnies se mettent en mouvement sur la piste qu'a fait jalonner le commandant Herlaut et que fait tracer le lieutenant Fortin du XIe groupement, immédiatement en arrière des premières vagues d'infanterie. Une tresse blanche indique le chemin à suivre.
Le 13e bataillon s'est mis en route dans l'ordre 337e, 338e, 339e compagnies. Il suit la piste tracée jusqu'à la corne S.E. du bois d'Avocourt. A cet endroit la piste s'interrompt. Espérant trouver un passage plus facile, le 13e bataillon s'engage vers le Nord, le long de la lisière est des bois d'Avocourt et de Malancourt. Les compagnies arrivent vers 13 heures à environ 400 mètres du bois de Cuisy. A ce moment l'infanterie américaine est arrêtée devant la lisière des bois de Cuisy, par de violents feux de mitrailleuses, qui lui interdisent toute progression. Elle fait appel au 13e bataillon. Sollicités d'intervenir et bien que cette infanterie n'appartînt pas à la division dont ils relevaient, les commandants des 337e et 339e compagnies engagent 2 sections qui livrent, vers 17 heures, le bois de Cuisy à l'infanterie.
Le lieutenant-colonel Pullen, du Tanks corps américain, qui était présent, s'exprime ainsi dans son rapport : « Le capitaine Gaétan Liaras des chars français me répondit : Je suis prêt à me battre n'importe quand, contre n'importe qui. Le lieutenant Hellis et le lieutenant Soustelle s'étaient avancés pour situer les résistances. L'indication en fut donnée au capitaine Liaras. Il prit personnellement le commandement des cinq chars qui lui restaient, les forma en bataille, puis accompagné du lieutenant Hellis partit à pied en avant, emmenant ses chars jusqu'à la lisière du bois de Cuisy qu'il nettoya des Allemands qui y restaient. Il entra ensuite dans le bois de Cuisy avec ses chars, en mit deux dans de larges trous d'obus et fouilla le bois avec les trois autres. Le capitaine Liaras tua deux ennemis de sa main, les chars en tuèrent d'autres et le reste se rendit ou fut fait prisonnier. Dés que l'infanterie eut aperçu les chars pénétrant dans le bois de Cuisy, toute la brigade sortit de ses tranchées et se jeta dans le bois. A 18 heures, la section du lieutenant Franchomme (338e compagnie) entraîne l'infanterie dans la partie est du bois de Cuisy et permet d'atteindre les contreforts sud de Montfaucon. »
La même tâche incombe, à gauche, à la section du lieutenant Corbier (339e compagnie). Tous ces engagements de sections séparées, d'ailleurs peu recommandables, et qui en entraînant les chars hors des pistes, avaient été cause de nombreuses pannes, avaient en fait rendu de grands services, car là où ne s'exerçait pas l'action des chars, les fantassins américains inexpérimentés se fixaient au terrain à la moindre résistance.
A la suite de ce combat pénible, il était nécessaire au bataillon de se reconstituer pour les jours suivants. Cependant le 27 à 14h.30 l'infanterie américaine fait appel de nouveau à la section Franchomme, en direction de Cierges.
Le 28, à midi, nouvel appel de l'infanterie ; les sections Corbier et Maurel se rendent en position de départ prêtes à appuyer l'attaque de l'infanterie américaine sur Cierges.
Au dernier moment le commandement américain suspend cette attaque. Le 29 septembre, à 5h.30, il s'agit d'appuyer le 148e R.I.U.S. dans une attaque sur le bois d'Emont et les abords ouest du village de Cierges. Les sections Franchomme et Maurel partent suivies à 300 mètres par la section Corbier. Aucune résistance n'est rencontrée jusqu'à la corne S.E. du bois d'Emont et les abords du village de Cierges. La section Franchomme s'engage en colonne le long de la lisière du bois, franchit la voie de 0,60 et se déploie en bataille face au chemin encaissé Cierges-La Grange aux Bois, suivie de près à sa droite par la section Maurel. Mais la section Franchomme rencontre alors des résistances sérieuses ; très éprouvée, elle est dépassée par la section Maurel qui prend le combat à son compte et s'engage en direction de Gesnes.
A ce moment l'infanterie américaine est assaillie par de violents feux de flanc qui partent de Cierges (rive est de l'Audon). La section Corbier s'efforce par son tir de neutraliser les feux de l'ennemi, qu'elle ne peut attaquer de près, puisqu'elle en est séparée par le ruisseau. L'infanterie américaine est arrêtée dans sa progression. En même temps, l'artillerie ennemie s'est déclanchée, et prend violemment à partie les chars engagés. La section Franchomme a presque tous ses équipages blessés. Elle doit lutter à coups de grenade contre l'infanterie allemande qui contre-attaquait les chars. Le chef de section est blessé.
Les chars enfin dégagés sont ramenés, guidés sous le feu par les maréchaux des logis Gerfault et de Ginestet qui les précèdent à pied. Le char du brigadier Kien, mécanicien Demesy, tombe en panne. Mettant en action sa mitrailleuse, l'équipage tient jusqu'à la nuit, et peut alors rentrer dans nos lignes.
Cependant le lieutenant Corbier est resté en observation, attendant anxieusement des nouvelles du lieutenant Maurel ; encadré par un tir violent d'artillerie, se trouvant très loin en avant de l'infanterie américaine, il se décide enfin à rallier.
Le 1er octobre avant le jour, le maréchal des logis Braquet et le chasseur Jolly partent en patrouille, et rampent jusqu'au emplacements où les patrouilles américaines ont repéré et signalé les chars en panne. Le maréchal des logis reconnaît le char du lieutenant Maurel, et trouve son conducteur, le brigadier Filimonoff, tué à côté du char, le crâne défoncé ; à l'intérieur de l'appareil, taché de sang et ouvert face à l'ennemi, se trouvait encore l'équipement de l'officier. Plus tard, le lieutenant Maurel put raconter les péripéties de la lutte de sa section : ses chars pris à partie à bout portant par des pièces anti-chars, ses équipages assaillis par l'infanterie allemande, défendant leurs chars, jusqu'à la mort, à coups de grenades et de pistolets ; lui-même grièvement blessé à la poitrine et à l'épaule, laissé pour mort, restant onze heures de suite sous son char, revolver au poing. A la faveur de la nuit, au prix de souffrances extrêmes, il put enfin ramper jusqu'aux lignes américaines.
Le 14e bataillon, à l'heure H, s'était mis en route derrière derrière 13e bataillon dans l'ordre 342e, 340e, 341e compagnies. Par la piste tracée, il parvenait en fin de journée au bois de Cuisy. Il s'agissait maintenant de préparer l'attaque de Montfaucon que l'infanterie américaine devait enlever le lendemain matin. Le lieutenant Jacquot, commandant la 342e compagnie, prit contact avec le colonel Sweezy, commandant le 313e R.I.U.S. : il fut décidé que sa compagnie interviendrait le lendemain 27 à 7 heures, et que Montfaucon, défendu par un grand nombre de mitrailleuses, étant inabordable de front, on chercherait à le faire tomber par une manoeuvre d'encerclement.
Les 1ère et 2e sections (lieutenants Revel et jossaud), de la 342e compagnie, furent désignées pour attaquer Montfaucon par l'ouest, la 3e section (sous-lieutenant Vallernaud), attaquant par l'est. La manoeuvre s'exécuta comme elle avait été prévue : la section Revel au pivot, la section Jossaud à l'aile marchante, fouillant de leurs obus et de leurs rafales de mitrailleuses tous les couverts, toutes les broussailles qui garnissaient les pentes de Montfaucon.
Bientôt, les Allemands débusqués, se sentant menacés dans leur retraite par la progression des chars, évacuent Montfaucon. Mais à ce moment l'artillerie allemande entre en action, et par un barrage extrêmement dense, encadre les sections de chars et les coupe de l'infanterie américaine qui se terre. Le tir ennemi devient rapidement plus précis, 3 chars sont atteints. Le stationnement est impossible ; revenir en arriére, c'est risquer la destruction sans profit.
Le lieutenant Revel, agitant son fanion de commandement, donne l'ordre : « En avant » Bientôt le barrage allemand se déplace et devient incertain ; l'infanterie américaine en profite et prend pied dans Montfaucon. Ce qui restait des chars engagés, après avoir contourné Montfaucon par le nord, revient se mettre à la disposition du colonel Sweezy pour les attaques ultérieures.
Du côté est de Montfaucon, l'engagement de la section Boissier de la 340e compagnie, sur la ferme Fayet et le bois de la Tuilerie, et sur la cote 315, avait permis au 314e R.I.U.S. de réaliser le débordement de la face est de la position. Toute la hauteur fut occupée le 27 avant midi.
L'enlèvement de Montfaucon était un succès capital dans les opérations offensives entreprises par la Ière A.U.S.
Tous les avantages de cette formidable position, jusque-là dirigés contre nous, se retournaient en notre faveur.
Le lendemain 28 septembre, le 15e bataillon entre en ligne à droite du 14e bataillon, dont le front se trouve réduit à celui d'un régiment : 316e R.I.U.S, en tête avec la 341e compagnie et éventuellement la 340e compagnie, 313e R.I.U.S. en réserve disposant de la 342e. L'objectif était le bois de Beuge. Mais à la suite de l'enlèvement de Montfaucon, les lignes allemandes avaient reflué vers le nord, et l'infanterie américaine avait pu, en s'infiltrant peu à peu, occuper ce bois dès la nuit du 27 au 28. Les trois sections de la 341e compagnie (lieutenant d'Argis, lieutenant Waechter, lieutenant Bordas), arrivent elles-mêmes aux abords du bois de Beuge, et les chefs de section prennent contact avec les bataillons du 316e R.I.U.S. qui doit continuer à progresser vers le nord. Le lieutenant d'Argis engage sa section le long du chemin Nantillois-Cunel, et attaque le bois 350 par l'est ; à deux reprises il pénètre dans le bois et le livre à l'infanterie ; mais son char reste en panne. Sous le feu d'un ennemi qui tire de près, le lieutenant d'Argis, avec un sang- froid remarquable, enlève du char tout ce qui est susceptible d'être emporté et, avec son mécanicien, rallie à pied la section. Le lieutenant Bordas reprend le combat à son compte ; il lance sa section en avant de l'infanterie américaine qu'il entraîne. Il attaque le bois de la Madeleine, puis à pied, revient jusqu'à l'infanterie pour la guider.
A ce moment, un tir ennemi d'obus à gaz oblige le commandement à suspendre la lutte.
Même arrêt à gauche, où la section Waechter attaque les abords N.E. de Cierges, débusque les Allemands des lisières du village qu'elle livre à l'infanterie, pousse jusqu'à la cote 236 en direction de Cunel, et fait des prisonniers.
Mais l'ennemi déclenche alors une contre-attaque, qui force la ligne américaine à reculer légèrement vers les lisières lisières bois de Beuge. Voulant reprendre la progression, le colonel du 316e fait appel dans l'après-midi à la 340e compagnie, qui doit remplacer la 341e, mise hors d'état d'intervenir. Les sections Tork et Martin, partant du bois de Beuge, reprennent l'attaque en direction du bois de Cunel. Une tentative de contre-attaque ennemie, débouchant du ravin de Cierges, est enrayée par les feux des chars mitrailleuses. Mais l'artillerie allemande oblige bientôt l'infanterie américaine à s'arrêter. La 340e compagnie se replie le soir du 28 derrière le bois de Beuge, prête à intervenir en soutien de son infanterie. Elle y reçoit l'ordre de rallier le bois de Hesse en vue d'un nouvel embarquement.
Le 15e bataillon avait progressé dans la 1ère journée derrière le 14e. Dès l'après-midi du 27, la 158e brigade, jusque-là en réserve, avait été engagée, soutenue par ce bataillon, en direction de Nantillois. Les sections Vitu (343e), Solau (344e), Deschaume (344e), Barnaud (343e) et Preville (343e) interviennent successivement et déblaient le terrain entre Septsarges, les bois de Beuge et Nantillois, permettant la progression de l'infanterie américaine. Une batterie de 105 est surprise au sud de Nantillois, où le lieutenant Vitu pénètre à 19 heures. La nuit arrivant, toutes les sections gagnent leur position de ralliement Le 28, il s'agit de progresser au nord de Nantillois en direction du bois des Ogons et de Cunel. La 158e brigade doit attaquer par régiments successifs. La 344e compagnie de chars appuie l'action du régiment de tête, le 315e R.I.U.S. Les sections Meyerfeld et Solau sont désignées comme sections d'attaque. Un feu nourri de mitrailleuses, venant du bois de Brieulles dans le flanc droit de l'infanterie, arrête celle-ci. Les chars de la section Meyerfeld se hâtent dans cette direction, neutralisant les résistances rencontrées, et permettent à l'infanterie la reprise du mouvement en avant. Pendant ce temps, la section de chars Solau a entraîné le bataillon américain de gauche à l'attaque du bois des Ogons, que l'infanterie réussit à occuper. La section Meyerfeld et la section Solau attaquent toutes deux la ferme de la Madeleine : la section Solau de front, la section Meyerfeld par la droite. Mais l'infanterie américaine est arrêtée par un tir violent d'artillerie. Les chars deviennent alors l'objet d'une concentration de feux de plus en plus violente, et les sections doivent se replier sur l'infanterie. La progression est suspendue. Au cours de ce repli, deux chars, dont celui du lieutenant Solau, sont touchés par des obus de plein fouet. Le maréchal des logis Berthon prend le commandement des chars restant, et se joint à la section Meyerfeld pour gagner la position de ralliement.
Le combat, notamment aux abords de la ferme de la Madeleine, avait été particulièrement dur : le lieutenant Solau avait disparu, le maréchal des logis Chancelier, dont le char avait pris feu, était mort brûlé. Mais les résultats, au point de vue chars, avaient été remarquables ; ils avaient assuré un gain de plus de deux kilomètres, dans une zone où, livrée à elle-même, l'infanterie n'aurait pu progresser.
Dans la nuit, une contre-attaque fait refluer les lignes américaines. Il faut donc, le lendemain 29 septembre, reprendre le combat sur le même terrain que la veille. La 345e compagnie de chars (lieutenant Ragaine) doit y participer. La 158e brigade U.S. attaque par régiments accolés : 314e R.I.U.S. à gauche, 315e R.I.U.S. à droite.
La section Prost appuiera le 314e régiment, la section Mathieu le 315e. L'attaque est aussi dure que celle de la veille. A gauche la section Prost, après avoir déblayé le terrain le long de la route Nantillois-Cunel, arrive devant le solide point d'appui de la ferme de la Madeleine. Elle s'apprête à l'attaquer, tandis que la section Mathieu arrive par la droite, ayant déjà violemment combattu pour reprendre le bois des Ogons. Comme la veille, les sections sont l'objet d'une formidable concentration de feux ; le char du lieutenant Prost saute : l'officier, projeté hors de son char, peut cependant rentrer à pied dans les lignes. Un autre char brûle, un troisième tombe dans un trou d'obus.
Le lieutenant Mathieu est blessé à l'intérieur de son char.
En dépit de tous les efforts, les chars qui restent doivent encore une fois regagner la position de ralliement. Du 29 septembre au 3 octobre, l'infanterie américaine épuisée est relevée par des éléments frais de la 3e D.I.U.S.
Le 15e bataillon reste en ligne en appui de cette nouvelle division qui, du front Cierges-Nantillois, doit attaquer vers !e Nord, et atteindre comme objectifs la ligne Romagne-Cunel. La 343e compagnie, réduite à deux sections (lieutenants Vitu et Barnaud), appuie le 1er bataillon du 4e régiment U.S. ; la 344e compagnie doit appuyer le 1er bataillon du 7e régiment ; la 345e compagnie, réduite à la section Ménard, le 3e bataillon de ce régiment. L'attaque se déclanche le 4 octobre à 5h.30 : le lieutenant Vitu est à droite, le long de la route Nantillois-Cunel, le lieutenant Barnaud à gauche. Collant au barrage roulant, la section Barnaud atteint très vite le bois de Cunel, et le livre à l'infanterie. Il ne lui reste bientôt plus que trois chars canons, avec lesquels elle se dirige sur les abords S.E. de Romagne. A cinq reprises, elle livre combat pour entraîner l'infanterie mais celle-ci ne peut suivre. Ayant épuisé toutes ses munitions, la section Barnaud, réduite à deux chars, se porte à la position de ralliement.
La section Vitu a livré de même à son infanterie tout le terrain jusqu'aux abords du bois de Cunel. Elle a enlevé la ferme de la Madeleine et, voyant la section Barnaud en action aux abords de Romagne, est arrivée à la rescousse bien que réduite à trois chars-canons, pour coopérer à l'attaque. Un équipage est blessé par balles ; un char tombe en panne. Le lieutenant continue seul le combat, vide ses coffres de munitions, et apprenant la stabilisation de l'infanterie, rallie.
A gauche, la section Ménard soutient le 3e bataillon du 7e R.I.U.S. Lancée d'abord sur la cote 238, d'où des mitrailleuses en grand nombre gênent la marche de l'infanterie, elle attaque avec vigueur, réduit la résistance, et reprend sa marche en direction de Romagne. Un obus démolit le char du lieutenant Ménard, et blesse grièvement le conducteur Delaere. Malgré les balles qui crépitent, l'officier parvient à sortir et à se glisser sous son char. Il est sauvé grâce au sang-froid du chef de char voisin qui le recueille dans son appareil. Le combat se déroule aux abords de Romagne, dans une zone de marais, parsemés de saules et de joncs. Des mitrailleuses ennemies sont tapies dans les îlots. Le lieutenant Ménard voit son nouveau char s'enliser dans la vase. L'équipage sort du char sous les balles qui sifflent, et après 1h.1/2 de marche rampante dans les marécages, réussit à rejoindre nos lignes.
Le 15e bataillon, épuisé, était rappelé le soir du 4, et rejoignait le lendemain sa position de ralliement initiale en forêt de Hesse.
Depuis le 6 septembre, le régiment était sur la brèche.
Il s'était montré à la hauteur de la réputation des chars d'assaut.
Les citations à l'ordre de l'armée de ces trois bataillons étaient les justes témoignages rendus à l'énergie et à l'ardeur inlassables avec lesquelles ils avaient combattu.
IV. PRÉPARATIFS EN VUE D'UNE NOUVELLE OFFENSIVE.
Armistice. - Le 505e en Lorraine et en Alsace. - Camp de Martigny. - Installation à Rennes.
Relevé du secteur américain, le 505e régiment est transporté à Champlieu, où il s'installe le 14 octobre.
Après un court séjour, il y est reconstitué. Le 8 novembre, le 14e bataillon embarque à la gare de Bethisy-St.-Pierre, suivi à un jour d'intervalle par les 15e et 13e bataillons.
Le régiment débarque au nord de Nancy, au milieu des préparatifs de la grande offensive qui, en direction de Metz, promet un résultat décisif. Le 14e bataillon débarque débarque Faulx-St.-Pierre, et s'installe à Malleloy, le 13e bataillon à Gustine, le 15e bataillon à Essey-les-Nancy.
Le 11 novembre dans la matinée, alors que les débarquements sont encore inachevés, au moment où le régiment gagnait ses positions de départ en vue de l'offensive projetée, l'armistice est signé.
Maintenant son tour est venu d'être à l'honneur.
Le 19 novembre, un détachement du 505e, comprenant des éléments de tous les bataillons, participe à Metz à un défilé solennel des troupes devant le maréchal Pétain, commandant en chef.
Le 8 décembre, la 342e compagnie est désignée pour prendre part au défilé des troupes, en l'honnew de l'arrivée à Metz du Président de la République et de M. Clémenceau, Président du Conseil, Ministre de la Guerre.
Enfin le 9 décembre, une compagnie de marche du 15e bataillon prend part à Strasbourg au défilé des troupes françaises, en l'honneur du Président de la République et de M. Clémenceau.
Pendant ce temps, une compagnie du 14e bataillon restait restait en Lorraine, à Boulay, près de Metz. Elle ira jusqu'à Mayence, et fera connaître le numéro du régiment aux populations de la rive gauche du Rhin.
Depuis leur retour de Lorraine et d'Alsace, et jusqu'au mois de mars 1919, les bataillons sont regroupés aux environs environs Nancy, d'où ils sont dirigés sur le camp de Martigny-les-Bains.
Au mois de juin, le régiment est appelé à donner naissance au 1er régiment de chars blindés polonais, sous le commandement du chef de bataillon Maré ; il envoie en Pologne le matériel et le personnel de cinq compagnies.
Il est représenté le 14 juillet à Paris, à la fête de la Victoire, par son nouveau chef, le commandant Laurrin. Du 10 au 12 août 1919, sous le commandement du lieutenant-colonel des Méloizes, il gagne Rennes, sa garnison définitive.
ANNEXES
I. - Citations à l'ordre de l'Armée des 3 bataillons du 505e.
(Ordre N° 13009/D, du 20 janvier 1919.)
Le 13e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Duclos, comprenant les compagnies A.S.337, A.S.338, A.S.339 a, au cours des opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, fait l'admiration de tous par son énergie et son ardeur au combat. A la plus large part, dans la prise du bois de Cuisy, de la Tuilerie, de Montfaucon, et du village de Cierges. »
Le 14e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Guillot, comprenant les compagnies A.S.340, A.S.341, A.S.342 a, au cours des opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, apporté par son habileté manoeuvrière et sa volonté de vaincre, l'aide la plus précieuse précieuse troupes d'infanterie qu'il appuyait. A permis, par son action, l'encerclement de Montfaucon, et a été l'un des facteurs principaux de la prise du bois de Beuge.
Le 15e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Richard, comprenant les compagnies A.S.343, A.S.344, A.S.345 a, pendant les opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, fait l'admiration de tous par son ardeur au combat. A la plus large part dans la prise des villages de Nantillois et de Cunel, du bois des Ogons et de la ferme de La Madeleine.
II. - Témoignages de satisfaction du Général Pershing et du Général Rockenbach.
Au Q.G.A. le 19 septembre 1918,
Ordre général N° 50
Le colonel commandant la Ière brigade d'A.S. est heureux d'adresser, aux unités sous ses ordres, le témoignage de satisfaction ci-joint, qu'il a reçu du général Pershing, commandant en chef l'armée américaine, et du général Rockenbach. commandant le Tank Corps Américain.
Signé: WAHL.
QUARTIER GÉNÉRAL TANKS CORPS Ière ARMÉE 13 septembre 1918.
Au colonel Émile Wahl, commandant la Ière brigade d'A.S.
Mon cher colonel,
Ci-joint copie de la lettre que je viens de recevoir du commandant en chef des forces américaines en France.
Je vous prie de la communiquer à vos officiers et à vos hommes, en y ajoutant mon appréciation du bon travail fait par votre brigade.
Ce sera toujours pour moi un sujet de fierté, d'avoir eu une brigade d'A.S. Française au baptême du feu du Tanks Corps Américain. Je joins tous mes remerciements pour les grands services que vous m'avez rendus, vous et tous ceux sous vos ordres.
Votre tout dévoué, S. R. ROCKENBACH.
CORPS EXPÉDITIONNAIRE AMÉRICAIN - 16 septembre 1919.
CABINET DU COMMANDANT EN CHEF
Au Brigadier Général S.D. Rockenbach, commandant le Tanks Corps.
Ière Armée.
Corps expéditionnaire Américain.
Mon cher général,
Je vous prie d'accepter mes félicitations les plus sincères, pour la part importante et si heureuse, prise par les officiers et hommes du Tanks Corps, dans la première offensive de la Ière armée américaine, les 12 et I3 septembre. La vigueur, l'élan et le courage de vos troupes ont fait vibrer nos compatriotes, et ont suscité l'enthousiasme de nos alliés. Veuillez transmettre mes félicitations, que j'adresse de tout coeur, à tous ceux qui sont sous vos ordres, pour leurs exploits magnifiques. Je suis fier de vous tous.
Votre dévoué,
Hohn J. PERSHING.
III. Décorations et Citations Individuelles
A la suite des combats auxquels le régiment a pris part, les décorations et citations suivantes ont été décernées à des militaires militaires tout grade :
Légion d'honneur.
Capitaine BRUNET DE MONTHELIE.
Capitaine MAITRE.
Capitaine LIARAS.
Lieutenant BARNAUD.
Lieutenant CORBIER.
Lieutenant COSSE.
Lieutenant HUBERT.
Lieutenant JACQUOT.
Lieutenant MATHIEU.
Lieutenant PROST.
Sous-lieutenant FRANCHOMME.
Sous-lieutenant MAUREL.
Médaille militaire.
Adjudant CHATILLON.
Adjudant DALEAS.
Adjudant THOUVENOT.
Maréchal des logis BERTHON.
Maréchal des logis COMITI.
Maréchal des logis GERFAUD.
Maréchal des logis GRESSIN.
Maréchal des logis MONTSIRBAIN.
Maréchal des logis BAILLY.
Brigadier LEVESQUE.
Citations à l'ordre de l'Armée.
Chef de bataillon MARÉ.
Lieutenant MENARD.
Lieutenant VITU.
Sous-lieutenant BORDAS.
Sous-lieutenant SOLAU.
Sous-lieutenant SOULIER.
Maréchal des logis CHANCELIER.
Maréchal des logis MARICHEZ.
Maréchal des logis MARTY.
De plus, le régiment a obtenu pour son Personnel :
8 citations à l'ordre du corps d'armée.
98 citations à l'ordre de la division.
28 citations à l'ordre de la brigade.
210 citations à l'ordre du régiment.
IV. - MORTS POUR LA FRANCE.
13e Bataillon.
337e Compagnie.
GOSSE (Gaétan), lieutenant, mort des suites de ses blessures, le 17 septembre 1918.
FAVIER (Henri), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 16 août 1918.
SARLANDIE (Lucien), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 19 septembre 1918.
338e Compagnie.
AUDIC (Pierre), brigadier, tué en septembre 1918 à Cierges (Meuse).
THÉBAULT (François). 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 16 septembre 1918.
339e Compagnie.
FILOMONOFF (Raoul), brigadier, tué le 29 septembre 1918 à Cierges (Meuse),
MASQUERE (Julien Raymond), mort des suites de ses blessures, le 13 novembre 1918.
MÉTAYER (Henri), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 15 décembre 1918.
RUFFIE (Jean Louis), brigadier, tué le 15 septembre 1918 à Thiaucourt.
RATABONIL (Eugène), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 20 février 1919.
14e Bataillon.
340e Compagnie.
DIDJEU (Henri), 2e classe, tué le 12 septembre 1918, à Bigneville.
JORDY (Paul), 2e classe, tué le 28 septembre 1918 à Montfaucon.
TAVERNIER (Laurent), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 20 février 1919.
PUGNAT (Joseph), brigadier, mort des suites de ses blessures, le 21 octobre 1918.
341e Compagnie.
CAILLAND (Paul), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 12 octobre 1918.
CHARNIER (Joseph), 2e classe, mort des suites ,de ses blessures, le 22 octobre 1918.
DOINEAU (Louis), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 14 octobre 1918.
LAMBERT (Lucien), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 13 octobre 1918.
MOUGEL (Marie Joseph), 2e classe tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
VACHAT (René), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 3 octobre 1918.
15e Bataillon.
343e Compagnie.
BERTRANDIE (René), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
JARLES (Joseph), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
344e Compagnie.
SOLAU (Sadi), sous-lieutenant, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
HUGUES (Antoine), 2e classe, tué le 28 septembre 1918 à Montfaucon.
LAURENT (Charles Joseph), 2e classe, tué le 4 octobre 1918 à Cierges.
LOMBART (Paul), 2e classe, tué le 24 septembre 1918 à Dombasle.
RIVIER (Joseph), 2e classe, tué le 4 octobre 1918 à Nantillois.
LECLERC (Gaston), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 1er décembre 1918.
345e Compagnie.
CHANCELIER (Roger), maréchal des logis, tué le 28 septembre 1918 à Nantillois.
DELAGRE (Joseph), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 10 octobre 1918.
JULES (Armand), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 29 juillet 1919.
DHEDENNE (Louis), maréchal des logis, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
ROLLAND (Jean), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
DE VASSON (Jean), 2e classe, tué le 27 septembre 1918 à Montfaucon.
BONS (Louis), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 3 novembre 1918.
BONET (Emile), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 19 décembre 1918.
HISTORIQUE DU
504e REGIMENT A.S.
Les Chars d'Assaut ont fait leurs débuts en avril 1917. Le 16 avril, 8 groupes de Chars Schneider avaient attaqué entre Craonne et Berry-au-Bac et si le succès n'avait pas répondu à leurs espérances et récompensé leurs efforts, du moins ils avaient pour leurs débuts, mérité que le Général commandant en chef rendit hommage à leur héroïsme.
Une longue retraite, coupée seulement par l'opération heureuse du 5 mai 1917, puis par celle brillante du 23 octobre, était employée à travailler avec acharnement au développement de cette arme nouvelle. A côté des Chars Schneider et des Chars St-Chamond, un nouveau char venait de naître et qu'un labeur acharné faisait sortir des usines, de nombreuses formations qui se préparaient à collaborer à la Victoire. Les Chars Renault, entrés dans la lutte en juin 1918, après avoir coopéré à l'arrêt de l'avance ennemie, devaient continuer leur effort jusqu'à la victoire finale.
L'augmentation des effectifs nécessitait un encadrement nouveau. La création de régiments fut décidée. En mai, le 1er Régiment était formé. De quinzaine en quinzaine d'autres se formaient. Le 25 juin, le Général commandant en chef décidait la création du 4e Régiment qui devint le 504e Régiment d'Artillerie d'Assaut.
Le commandement en était donné au chef d'escadrons De FORSANZ, commandant le 1er Groupement d'A.S. Le 10e Bataillon, commandé par le chef de bataillon DARNEY, formait le premier élément. Le 11e Bataillon, sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, était incorporé le 12 juillet.
Le Groupement 4, alors en opérations sous les ordres du chef d'escadrons CHANOINE, était le 15 juillet rattaché au Régiment. Le 12e Bataillon, sous les ordres du chef d'escadrons CHAIGNEAU, y était rattaché le 3 août.
Les Bataillons formés au camp de Cercottes, d'éléments pris dans toutes les armes, recevaient dans ce camp un début d'instruction rendu forcément sommaire par le trop petit nombre d'appareils disponibles, et par les innombrables difficultés à surmonter pour l'encadrement, l'incorporation, l'équipement de ces éléments disparates plus ou moins préparés matériellement et moralement à leur nouvelle destinée.
Il est utile de signaler que la bonne volonté de tous vint à bout de toutes ces difficultés.
Fantassins, cavaliers; artilleurs, sapeurs, automobilistes, groupés par des officiers de provenances diverses, obligés eux-mêmes d'acquérir les connaissances indispensables avant de les inculquer à leurs hommes, arrivèrent par leurs efforts et leur zèle à former promptement des unités homogènes. Et l'on a pu amener au combat, après quelques semaines d'instruction, des troupes en état de maintenir avec honneur les traditions déjà glorieuses de leurs aînés.
L'époque à laquelle fut créé le Régiment coïncida avec une période où, après de durs combats qui avaient momentanément épuisé les ressources de l'A.S., il était nécessaire de fournir au plus vite des unités prêtes à être engagées.
Il s'ensuit que les Bataillons et le Groupement du 504e ont combattu à tour de rôle et isolément, leur intervention ayant lieu dès que les nécessités des opérations les appelaient en ligne.
Nous serons donc amenés à rappeler à tour de rôle l'action de chacune de ces formations. Nous n'insisterons pas sur le rôle brillant du 4e Groupement, actuellement transformé et devenu 26e Bataillon de Chars légers, il compte au 509e Régiment auquel appartiennent désormais ses glorieux souvenirs. Mais cette belle unité comptait au 504e alors que dans l'Oise, puis dans la Meuse, il gagnait ses 6 citations à l'Ordre de l'Armée et que deux de ses Groupes, le 14e et le 17e étaient honorés du port de la fourragère. Ce n'est qu'en décembre 1918, bien après la fin des hostilités, que le Groupement, auquel l'armistice avait retiré une nouvelle chance de combat impatiemment attendue, cessa de faire partie du Régiment. Nous nous bornerons cependant à rappeler le rôle des trois Bataillons qui constituent encore aujourd'hui le 504e R.A.S.
10e BATAILLON
Formé le 6 juin à Cercottes, le 10e Bataillon sous les ordres du chef de Bataillon DARNEY, comprenait les 328e, 329e et 330e Compagnies, commandées par les capitaines BOITOT, DOLLOT et CHACHIGNON. Après une période d'instruction à Cercottes, le Bataillon arrivait avant la fin de juin à Bourron, en repartait le 15 juillet pour Mailly-Poivres, d'où le 25 il était mis en route vers la région de Villers-Cotterets, prêt à combattre moins de deux mois après sa création. Arrivé le 27 à Silly-la-Poterie où il cantonna deux jours, il gagnait ensuite ses positions de départ successives, ne cessant de se préparer au combat par les reconnaissances de ses officiers et le travail acharné de tout son personnel sur un matériel perçu depuis peu de temps pour que des révisions et des mises au point ne fussent pas constamment nécessaires. Tout cela dans une région fortement bombardée et que l'ypérite rendait même dangereuse.
Les trois Compagnies arrivèrent à leur emplacement de départ, dans les environs du Grand-Rosoy, la veille de l'attaque, ayant trouvé l'énergie nécessaire pour résister aux périls connus et aux fatigues endurées.
Elles devaient marcher sur le point dit Orme du Grand-Rosoy. Malgré l'énergique défense des Allemands, la masse des moyens de destruction employés contre les chars, les objectifs étaient atteints et même dépassés. Partout le courage et l'acharnement des combattants de l'A.S. surmontent ces dangers qu'ils bravent.
Une citation à l'Ordre de l'Armée devait être la juste récompense de cette journée à la fin de laquelle on comptait :
1 officier, 3 sous-officiers, 5 hommes tués.
2 officiers, 18 canonniers blessés.
Qu'il soit permis au passage, de souligner quelques-uns des actes de bravoure qui se sont accomplis pendant le combat. Leur simple évocation servira d'hommage aux braves qui les ont à leur actif. Le char du maréchal des logis CORNET est atteint par un obus et prend feu. Le courageux sous-officier parvient à se dégager ; on peut le voir ramper sur le sol, et après de multiples difficultés, regagner ses lignes portant sur ses épaules son conducteur grièvement blessé et sans connaissance. A son tour, le lieutenant HUGUES, seul survivant de sa section, part à l'attaque, il ira de l'avant jusqu'à ce que, cible de tous les engins de l'ennemi, il soit enseveli sous les décombres de son char avec le soldat PERRICHON, son conducteur.
Ramené à l'arrière, le Bataillon est embarqué le 6 août à Longpont et arrive le même soir à Moyenneville (Oise) afin de participer avec le 28e et le 154e Régiments d'infanterie aux attaques du 9 au 10, en effet, il reçoit l'ordre de gagner les positions de départ. La 328e Compagnie doit attaquer le bois de la Tache, une fraction de la 329e Compagnie appuiera le 154e R.I. avec comme objectif le bois du Couteau, l'autre moitié aidera le 28e R.I. sur la route Méry - Ressons pendant que la 330e s'élancera sur le bois de Ressons, sur Ressons-sur-Matz et Neuville-sur-Ressons.
Un brillant succès couronne l'attaque, les sections dépassant bientôt leur infanterie et atteignant, malgré la violence des barrages d'artillerie et le grand nombre de trappes camouflées, tous leurs objectifs avant l'heure fixée.
On eut ce jour-là à déplorer la mort du capitaine BOITOT, de la 328e et de plusieurs sous-officiers tués par le même obus pendant qu'ils procédaient au dépannage d'un char renversé dans la tranchée conquise. Parmi eux se trouvait le maréchal des logis BONNARD qui répondit au lieutenant RAYMOND ces simples mots : « C'est pour la France ! » ; Le lieutenant RAYMOND prenait en fin de journée le commandement de la Compagnie.
Sa mission une fois remplie, le Bataillon gagne le camp Mailly. Il y reste jusqu'au 21 septembre, et de là est dirigé sur les abris Roques, près de Souain, pour participer dans le secteur de Champagne à l'offensive qui se dessine. Les journées du 23, 24 et 25 furent employées aux reconnaissances et aux préparatifs de combat. Dans la nuit du 25 au 26, les Compagnies se portent, la 328e au nord de Souain, la 329e à l'ouest du Moulin. Le 26, à 6 heures, l'infanterie part à l'assaut suivie des chars, ceux-ci ne devant entrer en action que pour la conquête de la dernière tranchée de la première position et pour faciliter la descente sur la vallée de la ......
Durant cette journée du 26 septembre, une nouvelle page de gloire est inscrite sur le livre d'or du 10e Bataillon, grâce à la généreuse ardeur de ses soldats. Une section de la 328e, sous les ordres du maréchal des logis ........., attaque des positions fortement organisées et succombe presque entièrement sous le tir des canons anti-tanks. Deux autres sections, commandées par les maréchaux des logis ASSIÉ et MAGNIER, continuent l'attaque malgré leurs lourdes pertes et facilitent grandement la progression des fantassins. Le maréchal des logis ASSIÉ trouve là une mort glorieuse.
De son côté, le maréchal des logis COUTANT attaque seul les positions ennemies par suite de la destruction successive de trois chars ; ce fait d'armes lui valut la Médaille militaire. L'attaque se poursuivit sans relâche du 26 septembre au 3 octobre ; les pertes furent lourdes en hommes et en matériel, mais tous les objectifs successivement désignés étaient atteints. Le 5, l'infanterie rencontrant une forte résistance aux ouvrages de Blanmont, les débris de la Compagnie reconstitués forment une section sous les ordres du maréchal des logis MOUTET et refoulent l'ennemi jusqu'à Machault.
La 329e Compagnie qui, durant la journée du 26, n'avait pas eu à intervenir doit le lendemain prêter son concours à l'infanterie arrêtée devant la tranchée de Mannheim par le tir des mitrailleuses. Elle aide l'infanterie dans l'accomplissement de cette tâche. Elle est chargée, le 29, d'aider à la progression vers la Py avec une section. Cette section, ayant à franchir un glacis complètement découvert, est prise à partie par une pièce anti-tank et détruite avant d'arriver à la route parallèle à la vallée. Presque tout le personnel peut échapper à temps des chars immobilisés, s'abriter dans les tranchées voisines et rejoindre nos lignes.
Le 29, la section ROUSSEAU-PORTALIS est appelée pour permettre le franchissement de la Py. Cette section avant d'avoir pu se mettre en position est prise à partie par les pièces anti-tanks et sans pouvoir faire œuvre utile, quatre de ses chars sont démontés et le cinquième immobilisé. Le sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, blessé en se défendant énergiquement, est fait prisonnier, ainsi qu'un brigadier qui, son char détruit, cherchait à regagner nos lignes. Un seul homme parvint à rejoindre dans la nuit. Le canonnier LEPORCQ, deux fois blessé dans le combat. Les cinq autres gradés et canonniers avaient payé de leur vie leur héroïque tentative. Ces braves méritent que leur nom reste dans le souvenir de leurs camarades.
Ce sont le brigadier MATHON, les canonniers GROLLET, LATREILLE et KERIBIN, auxquels doit se joindre le caporal LIBAUT du 407e qui, connaissant la mitrailleuse, s'offrit pour remplacer un chef de char blessé avant l'attaque et tomba glorieusement au Champ d'honneur. La 330e, de son côté, avait fait un bond de deux kilomètres et apporté une aide puissante aux fantassins qui prenaient position, le soir du 27, sur la Py.
Le 3 septembre, les restes du Bataillon avec ceux du 11e attaquaient en vain sur l'ouvrage dit Chapeau-de-Gendarme au-delà de la Py.
Le 8, les deux bataillons, réduits à une seule Compagnie, sous les ordres du commandant DARNEY progressaient devant la 7e Division de l'Aisne, aux lisières du village de Coucy, permettant à cette Division une avance de trois kilomètres dans les positions ennemies. A la suite de la coopération, le 10e Bataillon rentrait au camp de Poivres où l'armistice le trouvait reconstitué et prêt à partir. De formation toute récente, composé de troupes et de cadres chez qui la volonté de bien faire aidait à l'entraînement qui faisait peut-être défaut, le 10e Bataillon a su vaincre tous les obstacles et surmonter toutes les fatigues ; son entrain et son esprit de sacrifice avaient suffi à en faire une troupe solide et aguerrie. Et la meilleure attestation réside dans le rappel des graves et fières paroles par lesquelles ses chefs l'ont remercié de ses efforts.
11e BATAILLON
Formé lui aussi au camp Cercottes, le 9 juin 1918, le 11e Bataillon est placé sous les ordres du commandant ANGÉLI. le commandement des 331e, 332e, 333e Compagnies est donné respectivement au capitaine HEIDT, aux lieutenants GÉRARD et DERISSCHOP. Comme à Cercottes, son instruction est poursuivie à Villiers-sous-Grez et au camp de Poivres où il est débarqué le 29 juillet. Il n'y a fait qu'un stage très court, puisque le 3 août les unités font mouvement pour arriver le lendemain à Fouencamps, dans la Somme. L'heure d'entrer dans la lutte va sonner pour elles et sans perdre un instant, les officiers effectuent leurs reconnaissances pendant que les équipages mettent au point leurs appareils. La confiance et l'entrain règnent, on a l'intention de faire de la bonne besogne.
Le Bataillon est mis avec le 9e B.C.L. (503e R.A.S.) à la disposition de la 153e D.I. Le 8 août, à 4h.45, l'attaque se déclenche, la 331e Compagnie a pour objectif le bois de Moreuil et le bois Isolé, les 332e et 333e sont en réserve. La 331e s'engage avec son infanterie dans le bois de Moreuil où l'ennemi bien pourvu de mitrailleuses oppose une sévère résistance, et après une heure de combat oblige les combattants ennemis à se rendre. La 332e, arrivée à proximité du bois de Moreuil, reçoit du commandant du Régiment l'ordre d'appuyer, dans le plus bref délai, une dernière attaque de la Division voisine (42e D.I.) sur Fresnoy-en-Chaussée. Pendant que les hommes mettent joyeusement leur matériel en état, le lieutenant GÉRARD, qui commande la Compagnie, fait une rapide reconnaissance et met ses chars en mouvement.
Fresnoy est un nid de mitrailleuses qui arrête depuis 4 heures l'avance superbe de la 42e D.I. ; 35 minutes après l'intervention des chars, vigoureusement soutenue par l'infanterie, le village est enlevé.
Une citation à la Division devait être la juste récompense de ce beau fait d'armes. Bref, l'action vigoureusement menée a été couronnée de succès et c'est le 9 août seulement que la 333e Compagnie intervient pour appuyer le mouvement sur Hauguest-en-Santerre. Toute résistance cesse bientôt dans le chemin creux qui sépare Hauguest et Fresnoy et l'accès des lisières Est du village est ainsi rendu. C'est une gloire pour le 11e Bataillon d'avoir participé à cette journée que le maréchal LUDENDORFF qualifie de « Journée Noire de l'Histoire de l'Allemagne ».
Le 29 au soir, le Bataillon est retiré de la bataille et ses trois Compagnies sont bivouaquées à Arvilliers. Quelques jours seulement, pour la remise en état des chars et la reconnaissance des pistes, et le 16, les Compagnies seront mises à la disposition des 4e, 5e, 6e Groupes de Chasseurs alpins (47e D.I.).
Le 17, à 5 heures, l'attaque se déclenche. La 331e Compagnie s'engage au Nord et le long de la grande route de Roye. L'affaire est chaude et les chars, pris entre le talus de la route et le large boyau allemand qui court parallèlement à elle, ne peuvent, malgré leur élan et l'ardeur des combattants, briser d'un seul coup la résistance adverse. Le lieutenant JEANNIN, manœuvrant dans un terrain très difficile voit, en dépit de toute son habileté, de ses chars disparaître dans les tranchées et les trous ; il est grièvement frappé d'une balle à la mâchoire.
La 332e a la lourde mission de chasser les occupants de la partie Nord du bois de l'Abbaye et du bois de la Croisette et de flanquer l'attaque vers le Nord-Est. La conduite de tous et de chacun est superbe. Les sections GÉRARD, DUBOIS et PRUNIER rivalisent d'entrain, de courage et d'abnégation, malgré les violences d'un tir meurtrier et les contre-attaques. Les pertes sont lourdes pour toucher au but, il faudra la généreuse initiative du capitaine (alors lieutenant de BOISGÉLIN) qui attirera sur lui le feu des pièces ennemies pour permettre à ses camarades de combat de les contourner et de les capturer. Le lieutenant de BOISGÉLIN sera fait chevalier de la Légion d'honneur.
Le combat reprendra aussi acharné le lendemain. La première section de la 331e intervient à deux reprises sur le bois Fendu et le livre aux Chasseurs alpins après avoir laissé deux de ses chars sur le terrain, dont celui du maréchal des logis REVOL qui a trouvé là une mort glorieuse.
La section ECKMANN qui vise le bois de Broquemont est prise, à 16 heures, sous un tir de barrage qui la gêne terriblement dans sa marche et lui met deux chars hors de combat. L'action des autres Compagnies se fait énergiquement sentir à l'Est de Guyencourt et vers la ferme de la Grange, qui, grâce à l'appui de la 333e, est tenue solidement par l'infanterie.
Le bilan de ces deux journées était lourd : 8 tués, 7 disparus, 27 blessés manquaient à l'appel. 33 chars avaient été mis hors de combat.
Un Ordre du 31e C.A. venait récompenser dignement tous ceux qui avaient aussi vaillamment rempli la mission qui leur avait été confiée. Le lieutenant GÉRARD était fait chevalier de la Légion d'honneur, les lieutenants CONTEAU et DUBOIS, le maréchal des logis JEAN cités à l'Ordre de l'Armée ; le brigadier GODILLON recevait la Médaille militaire.
Les combats du 17 et du 18 avaient été particulièrement durs : le terrain coupé de tranchées larges et profondes, la résistance acharnée d'un ennemi terré dans des abris bétonnés et qui avait à sa disposition une formidable artillerie et une quantité énorme de mitrailleuses, la situation du Bataillon, à l'extrême gauche de l'armée française, mis ainsi dans la nécessité de se maintenir en liaison avec les Anglais, en retard de 1 kilomètre sur notre progression, était de nature à enrayer les plus beaux efforts ; et il est tout à l'honneur de ceux qui ont affronté semblables difficultés d'en avoir par leur abnégation et leur inflexible volonté pu et su triompher.
Il y a lieu d'ajouter que dans ce terrain difficile, hérissé de défenses importantes, la progression de la 47e D.I. fut de 2 kilomètres et atteignit les lisières de Roye alors que les Divisions voisines ne pouvaient avancer en raison de la résistance acharnée de l'ennemi. Cette Division d'élite a su reconnaître la part qu'elle devait à la collaboration du 11e Bataillon et les témoignages d'estime qu'elle a accordés à ces vaillants compagnons d'armes doit demeurer pour eux la meilleure récompense.
Le 25 août, de Moreuil où il embarque, le Bataillon gagne le camp de Mailly pour se reformer. Il en repart le 22 septembre pour la Champagne avec le 10e Bataillon et est mis à la disposition de la 22e D.I. : 19e, 212e et 62e Régiments d'infanterie. C'est encore sur un terrain sillonné de nombreuses et profondes tranchées et retourné par les obus de tous calibres que les chars vont avoir à évoluer. Ils auront également à lutter contre de nombreuses pièces anti-tanks dont l'existence a été signalée. Les difficultés de la progression dans un terrain formidablement organisé obligent les chars, malgré toutes prévisions, à intervenir bien avant le moment fixé. Le 27 au matin, dès 6 heures, le premier Bataillon du 19e R.I. attaque dans la direction du Grand Bois : la 331e l'aide dans sa tâche, et voit sa première section mise presque aussitôt hors de combat par le bombardement. La deuxième, plus heureuse, peut poursuivre l'ennemi, et sous le commandement du maréchal des logis ROMAZILLE, surprendra à l'entrée d'une sape 30 ennemis en train de faire leurs préparatifs de départ, qui, au premier coup de 37, se rendent avec armes et bagages. Le sous-lieutenant ECKMANN avec la 3e attaque la Barraque de Somme-Py et la tranchée de Spire, culbute les mitrailleuses et permet aux fantassins d'occuper la position. Le lendemain, continuant son effort, la 331e se porte à l'attaque de Somme-Py et précédant l'infanterie elle aborde le village, en nettoie les lisières, y pénètre et, après en avoir cassé les occupants, s'y maintient splendidement jusqu'à 14 heures sous un bombardement à obus toxiques.
Beaucoup moins heureuse, la 332e se heurte à la rivière de la Py qu'elle ne peut franchir. A l'Est de Somme-Py, la lutte est incertaine, les objectifs sont atteints par la 333e mais, repoussée par une contre-attaque, l'infanterie cède le terrain conquis. Il faut pour rétablir les choses dans leur état normal la belle audace du lieutenant CONTEAU qui repart de l'avant, entraîne tout le monde derrière lui et assure la réoccupation des positions abandonnées.
Tout comme aux attaques du mois précédant, il fallait pour triompher que chacun fournit le maximum d'efforts et rivalisât de ténacité et d'endurance. Les canonniers forcèrent l'admiration de leurs compagnons d'armes. Quatre jours durant, ils luttèrent sans prendre une minute de repos, faisant rendre le maximum à leur matériel. Les équipes de dépannage ne furent pas en retard, travaillant sous les ordres du lieutenant PICARD à la remise en état des chars.
Le Bataillon se reforme à l'Est de Souain le 3 septembre et se métamorphose en une compagnie de marche sous les ordres du lieutenant ......... Elle donnera le 3 pour attaquer avec les restes du 10e Bataillon les positions au Nord de la Py. Mais l'opération échoue. Le 8, une Compagnie formée des restes des 10e et 11e Bataillons et commandée par le capitaine ............ franchit l'Aisne et aide la 7e Division à progresser seule de toute la ligne de 3 kilomètres. Repliée après cette journée, elle regagne à la tombée de la nuit le bois de la Vipère et le Bataillon, définitivement retiré de la bataille, rentre à Sompuis et Himbeauville, puis au camp de Poivres. L'armistice le trouve reformé et prêt à partir. Moins récompensé que le 10e Bataillon, le 11e a eu à son actif d'aussi belles journées. Ce Bataillon peut être fier d'avoir coopéré les 8 et 9 août, avec la 1ère Armée, à la victoire qui fit comprendre définitivement à l'Allemagne qu'elle était perdue. En septembre, ce Bataillon a de nouveau prouvé son ardeur, son endurance et sa discipline. Ce sont de beaux titres de gloire.
12e BATAILLON
Ce n'est pas Cercottes, mais Gidy, près d'Orléans, qui voit le 16 juin 1918, la constitution du 12e Bataillon et sa prise de commandement par le chef d'escadrons CHAIGNEAU.
Il commence son instruction par des évolutions et des tirs sur le terrain de Cercottes et la continue à Bourron où il arrive fin juillet. Il n'y fait qu'une courte apparition car, le 3 août, il gagne Poivres pour manœuvrer avec l'infanterie, évoluer devant deux missions japonaises et américaines et mettre ses appareils au point. L'ordre lui est transmis de se tenir prêt à faire mouvement, à partir du 26. Le 26, en effet, et le 27 ses Compagnies 334e (capitaine GAILLARD), 335e (lieutenant DEAU), 336e (lieutenant BARRIÈRE), embarquent à Poivres à destination de la Vache Noire, Est de Vic-sur-Aisne. Les Compagnies sont en réserve d'armée à hauteur de Fontenoy, avant de gagner le bois de Morsain d'où partent les reconnaissances d'officiers. Le commandant CHAIGNEAU reçoit le commandement d'éléments du 6e Bataillon et de deux sections reconstituées de la 334e Compagnie, tandis que les 335e et 336e passent sous la coupe du chef de bataillon ROUSSY, commandant l'A.S. dans le secteur américain.
Le 2 septembre, l'A.S. 334e et 314e mises à la disposition de la 66e D.I. appuient la progression en direction de Vauxaillon. Elles passent, à 14 heures, la première ligne française en même temps que l'infanterie et collent au barrage roulant. La manœuvre du lieutenant BRIS (2e section, A.S.334e) est si rapide et habile que le centre de résistance ennemie de la ferme du Trou des Loups est capturé avec ses obusiers et fusils anti-tanks avant d'avoir pu intervenir. Cette même section continue sa marche sur le mont de Leuilly, qu'elle encercle et fait converger ses feux sur les tranchées allemandes. Le bataillon qui tient la position est en partie capturé, en partie détruit et voit les troupes françaises s'installer à sa place.
Les deux autres sections de l'A.S.334, lieutenant EMAILLE et sous-lieutenant BALDET, une section de l'A.S.314, sous-lieutenant BOSSUT, franchissent à leur tour les lignes françaises, mais on voit aussitôt les chars des deux premiers officiers culbuter dans les fosses camouflées. Ceux-ci assurent alors à pied le commandement de leur unité et ne tardent pas à tomber sur le champ de bataille, frappés par les balles ennemies, tandis que le capitaine GAILLARD s'élance pour les remplacer. Leur sacrifice n'a pas été vain car la résistance est broyée, le ravin de la fontaine St-Rémy contourné et le Bataillon déployé en bataille atteint la tranchée du Canada.
Pendant la même journée, les 335e et 336e apportent une aide efficace aux 8e Zouaves et 7e Tirailleurs. La 335e prend pour objectif Neuville-Margival et le tunnel de Vauxaillon, elle réduit de nombreux nids de mitrailleuses et sacrifie à cette tâche sept de ses chars. La 336e qui doit assurer la prise de Terny-Sorny fait 80 prisonniers.
Après une série de marches et contremarches qui le mène à Montecorne, Juvigny, Pommiers, le Bataillon se reforme le 10 à Vézaponin, puis embarque à Vic pour Humbauville où il se prépare aux attaques prochaines.
En effet, après une période de repos, le 12e est appelé à fournir à nouveau un rude effort. Il débarque à Bergues-Nord, le matin du 8 octobre, et cantonne aux environs de Bruges, il gagne la forêt ........ et le secteur Sud-Est.
Une attaque d'ensemble anglo-franco-belge, à laquelle doit participer la 77e D.I. est décidée le 14 octobre, et doit rompre le front ennemi en direction de Theilt et de Gand. La 77e D.I. a l'ordre d'enlever le plateau d'Hooglede et les hauteurs de Coolscamp. A l'heure H les sections débouchent et mènent le combat en direction de Gilsberg et de Gils. Les St-Chamond ne peuvent traverser la zone marécageuse qui s'étend au Nord de la route de Stadeu à Roulers et l'infanterie étant arrêtée devant Hooglede, la 334e intervient et permet à cette dernière de déborder le village par l'Est. A 13h.30, deux sections de la même Compagnie, rassemblées derrière la crête d'Hooglede, s'élancent avec le 3e Bataillon du 97e R.I., franchissent cette crête par le Nord, marchent parallèlement à la route Roulers - Thouront pour se rabattre ensuite en direction de Schosting et couper la retraite à l'ennemi. Le but est atteint, la mission remplie et, à 15 heures, l'ennemi a cessé toute résistance. Une troisième attaque est aussitôt montée à 16h.30, l'ordre arrive d'exploiter le succès en partant du front Gilsberg - Schosting avec 5 chars encore disponibles. Ceux-ci rejoindront à la tombée de la nuit le point de ralliement, à l'Ouest d'Hooglede après avoir réduit tous les nids de mitrailleuses entre les routes Roulers - Thouront et Shosting - Gilsberg.
Dans cette affaire rapidement menée et couronnée de succès, l'action des chars fut décisive. Les interrogations des prisonniers font ressortir leur démoralisation et l'impossibilité absolue pour eux de continuer la lutte, ceci en dépit des moyens défensifs, trappes, canons, soigneusement camouflés et accumulés sur tout le champ de bataille.
Pendant la nuit du 14 au 15 octobre, les deux Compagnies A.S.334 et A.S.336 effectuent leur rassemblement à l'Ouest d'Hooglede. A 4 heures, le 15, la 336e reçoit l'ordre de coopérer avec deux bataillons du 97e R.I. à la conquête de Gilsberg et de la station de chemin de fer. L'heure H est fixée à 7 heures. Malgré l'impossibilité de faire les reconnaissances nécessaires, ces deux sections gagnent la ligne de départ. Celle du sous-lieutenant DUPRAT a pour objectifs le bois et les fermes au Sud et au Sud-Ouest de Gist et de Tinance ; celle du lieutenant LEVILLAIN le Nord de Gilsberg, la grande route à l'Est de cette localité, la voie ferrée et le Sud de la station. Le combat est très dur. Dès la première heure, quatre chars sont indisponibles : celui du lieutenant LEVILLAIN saute sur une mine au passage à niveau de Gilsberg, les deux autres ont leur réservoir d'essence perforé, un quatrième son radiateur. L'ennemi n'en est pas moins contraint à se replier.
Maintenues en alerte jusqu'au 17, à cette date, les deux sections , la 336e et une de la 334e accompagnent le 97e et le 158e R.I. dans leur progression. A 11h.30 , cette dernière reçoit l'ordre d'attaquer la voie ferrée de Thielt - Whighen, en direction Nord-Est, de réduire les résistances signalées le long de ladite voie ferrée et de se rabattre ensuite en direction de Thielt. Une manœuvre prudente lui permet d'arriver à la ligne de résistance sans se laisser voir : les nids de mitrailleuses sont successivement nettoyés, l'un d'entre eux est encerclé et ses défenseurs, un officier, 60 hommes avec leurs quatre mitrailleuses se rendent sans plus attendre.
Plus au Nord, l'infanterie arrêtée dans sa progression en avant de la route de Thielt à Wynghen fait appel aux chars de l'A.S.336 qui s'élancent sur la route en les balayant de leurs feux, et la dépassent. On peut voir sans tarder des prisonniers à genoux implorer la pitié de leurs vainqueurs, et, en fin de journée, on constate non sans fierté que les chars ont parcouru plus de 14 kilomètres, engagé 4 combats, capturé plus de 100 allemands et détruit une quantité énorme de mitrailleuses. Le 18 octobre, à 6h.30, le combat reprend, 8 chars restent disponibles ; une section est formée sous les ordres du sous-lieutenant LENORMAND ; elle se porte en avant, à 11 heures, avec le 97e R.I. pour faire taire les mitrailleuses ennemies qui garnissent les fermes à l'Est de Hodist..... ; l'ennemi résiste avec l'énergie du désespoir : il a transformé chaque ferme en centre de résistance et se défend avec acharnement, mais dans leur irrésistible élan, les chars passent et font une magnifique besogne ; les mitrailleuses une à une se taisent : les servants tombent sur leurs pièces et l'ennemi fuit en nous abandonnant plus de 100 prisonniers.
La 335e, durant les journées des 14, 15, 16 et 17, apportent à la 70e D.I. une aide des plus efficaces dans l'attaque sur Humskere et Govendhan. Elle participe à l'enlèvement des villages de Luiknak et Saint-Joseph et à la capture de 700 prisonniers, dont 500 à l'actif du 226e R.I. et 200 à l'actif des Belges.
Le Bataillon est mis le 18, vers 19 heures, en réserve d'armée. Le 19, les Compagnies embarquent à Echen et sont transportées par tracteurs à la sortie Sud de Roulers, où elles restent jusqu'au 26, date à laquelle le Bataillon reçoit l'ordre de participer aux opérations qui vont se dérouler dans le secteur anglais (région d'Anseghem). Pour cette opération, chaque Compagnie garde une réserve et doit mettre en ligne 10 chars seulement ; chacun d'eux est accompagné d'un détachement de cinq hommes d'élite.
La 334e est obligée de mettre dès le départ ses deux sections en ligne (sous-lieutenant LENORMAND et aspirant HUTCHINSON). Par suite de l'heure matinale et des difficultés du terrain l'avance est lente, mais les nombreux nids de mitrailleuses qui arrêtent l'infanterie sont détruits, leur existence aussitôt signalée. La position intermédiaire atteinte, les sections s'arrêtent à l'abri, à l'Ouest de Bergstraet. Chacune d'entre elles est réduite à quatre chars ; elles atteignent l'objectif final à 9h.30. Un officier anglais demande la section LENORMAND pour réduire, au-delà, un nid de mitrailleuses. Ses quatre chars sont victimes des canons anti-tanks, les équipages tués ou blessés.
La 335e met une section en ligne, une en réserve. La section d'attaque, en position dès 4h.30, traverse à l'heure H la parallèle de départ, suit la voie ferrée au Sud et s'établit en surveillance au Nord pendant l'installation de l'infanterie. Celle-ci faite, sa droite appuyée à la voie ferrée, elle continue sa marche en avant, franchit la route d'Anseghem et se porte à 100 mètres à l'Est du premier objectif. Elle y séjourne deux heures et à 8h.35 reprend sa marche, s'empare de la station d'Anseghem et son infanterie, solidement installée sur son objectif final, se replie vers 9h.40. La 336e est devant un terrain très difficile ; à 5h.30, elle débouche devant la première vague d'infanterie, si considérablement gênée par l'obscurité et les obus fumigènes, que la progression doit se faire à volets ouverts. La section de droite réduit la côte 41 et bondit sur le carrefour Sud d'Anseghem qu'elle livre aux fantassins. La section de gauche enlève Vinterken. Prise sous le tir des minens, à la sortie du village, elle est réduite à deux chars. Aussitôt renforcée de trois nouvelles unités, grâce à un arrêt dû à l'indécision de la liaison entre Français et Anglais, elle gagne le Sud du premier village et en balaye de ses feux la rue principale.
C'était fini : le dernier effort avait été fourni ; le général DEGOUTTE transmettait au 12e Bataillon la lettre de remerciements et de félicitations du général HERBERT PLUMER, commandant la IIe Armée britannique.
Dès le 1er novembre, les unités quittaient la zone de feu pour débarquer jusqu'au 8 à Humbauville. Trois jours après les cloches du petit pays carillonnaient la Victoire. Chacun la saluait avec la joie de quelqu'un qui a enfin atteint le but et qui, pour y parvenir, a dû auparavant beaucoup souffrir. En ce matin du 11 novembre, la pensée de chacun des vivants se reportait sur les champs de morts et de dévastation où la mitraille s'était tue soudain, pour laisser dormir en silence tous ceux-là qui, pour que la France vive, avaient dû offrir leur vie en holocauste.
CITATIONS
I. - A L'ORDRE DE L'ARMÉE
Ordre N° 15.987 « D », du 12 avril 1919.
10e Bataillon du 504e Régiment Artillerie Assaut
(comprenant les Compagnies 328, 329, 330).
« Sous l'impulsion énergique de son chef, le commandant DARNEY, s'est engagé dans la bataille, le 1er août 1918, pour la conquête de la crête du Grand Rosoy. A progressé de haute lutte sur un terrain battu par des feux violents d'artillerie, de canons et de fusils anti-tanks, surmontant tous les obstacles (réseaux, abatis, tranchées), réduisant les nids de mitrailleuses, a entraîné les vagues d'assaut et leur a permis d'enlever et d'occuper la crête de l'Orme du Grand Rosoy, la côte 197 et les bois de Pégase. Continuant l'attaque malgré de lourdes pertes, est parvenu jusqu'aux lisières du village de Cordoux et du bois du Bélier que l'infanterie a occupés grâce à son appui. A ainsi contribué pour une large part à l'enlèvement d'une position très forte, jugée de première importance pour le Commandement et dont l'occupation a obligé l'ennemi à reculer, le lendemain, de près de 20 kilomètres jusqu'à la Véole.
« Signé : PÉTAIN. »
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
10e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 328, 329, 330).
« Sous les ordres du chef de bataillon DARNEY, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
11e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 331, 332, 333).
« Sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »
328e Compagnie de Chars légers.
« A fait preuve de la plus grande énergie et du plus grand esprit de sacrifice pendant les attaques d'un Régiment d'infanterie, dans un terrain excessivement difficile et balayé par l'artillerie contre chars, les minens, et les mitrailleuses. Y a subi des pertes sérieuses en personnel et en matériel, sans que son ardeur se soit ralentie un seul instant.
« A rendu par son sacrifice, le maximum des services que l'infanterie pouvait attendre, dans les conditions de l'attaque, d'une Compagnie d'Artillerie d'assaut.
« Signé : PÉTAIN. »
335e Compagnie de Chars légers. Ordre général N° 604.
« A combattu les 14, 15, 17 et 18 octobre 1918, malgré les difficultés du terrain avec une énergie et un entrain remarquables. A rendu les plus grands services à l'infanterie qu'elle a continuellement appuyé malgré la rapidité et la profondeur de l'avance, réduisant de nombreux centres de résistance et contribuant à la capture de nombreux prisonniers et d'un matériel considérable.
« Signé : DEGOUTTE. »
II. - A L'ORDRE DU CORPS D'ARMÉE
Ordre général N° 228 du 34e C.A., du 5 octobre 1918.
330e Compagnie.
« Réduite à deux Sections, l'une, sous le commandement du sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, est partie à l'attaque avec les vagues d'assaut, réduisant avec un brio remarquable les centres de résistance qui s'opposaient à l'avance de l'infanterie. L'autre, sous les ordres du lieutenant BINET-VALMER, ayant achevé la mission qui lui avait été assignée dans un régiment voisin est venue spontanément mettre ses derniers litres d'essence et ses derniers obus à la disposition d'une unité engagée dans un violent combat de localité. A contribué pour une large part au succès e l'opération du 10 août 1918. »
Ordre N° 331 « P » du 31e C.A., du 11 novembre 1918.
333e Compagnie du 504e R.A.S.
« Unité de formation récente qui, grâce à l'activité de son chef, le lieutenant DEBISSCHOP, à l'ardeur, au courage, à l'entrain de tout son personnel, s'est montrée aux combats des 8, 9, 17 et 18 août 1918, une troupe d'élite accomplissant sans faiblir les missions les plus délicates et rendant, au cours de ces journées, des services signalés aux troupes d'infanterie auxquelles elle était rattachée. »
III. - A L'ORDRE DE LA DIVISION
Ordre général N° 506, du 18 août 1918.
332e Compagnie de Chars d'assaut, du 504e Régiment.
« La 332e Compagnie du 11e Bataillon du 504e Régiment d'Artillerie d'assaut, sous les ordres du lieutenant GÉRARD, commandant la Compagnie, du lieutenant PRUNIER, du sous-lieutenant DUBOIS, de l'adjudant SOURZAC, chefs de Section, a été appelée pour appuyer une attaque de la 42e D.I., a fait diligence pour se porter au combat et grâce aux dispositions prises et à l'ardeur de tous, a puissamment contribué à aider l'infanterie à atteindre ses objectifs.
« Signé : DEVILLE. »
328e, 329e, 330e Compagnies du 504e Régiment de Chars légers.
« Mis à la disposition de la Division pour l'attaque de positions puissamment organisées et énergiquement défendues, malgré les difficultés d'un terrain bouleversé et d'une résistance sévère de l'ennemi, a coopéré avec une ardeur et un esprit de sacrifice admirables à la conquête des lignes ennemies, participant avec la Division à une progression de près de 6 kilomètres.
« Signé : BIESSE. »
Ordre N° 219 de la 22e D.I.
331e, 332e, 333e Compagnies du 504e Régiment de Chars d'assaut.
« A coopéré du 26 au 29 septembre aux combats engagés par la Division pour la conquête de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A montré au cours de ces journées une ardeur et un esprit de sacrifice admirables et secondé utilement les efforts de l'infanterie dans une avance de près de 7 kilomètres. »
Ordre N° 282 du 64e B.G.P., du 30 décembre 1918.
« La 2e Section de la 334e Compagnie de C.L., sous l'énergique impulsion de son chef, le lieutenant BRIS, qui avait exécuté une reconnaissance minutieuse du terrain d'action, a pris une part glorieuse au combat du 2 septembre 1918. Atteignant tous les objectifs malgré les défenses anti-tanks accumulées par l'ennemi et contribué à l'enlèvement d'un point d'appui fortement organisé et à la capture de 336 prisonniers dont 12 officiers et d'un important matériel. »
IV. - LETTRES DE FÉLICITATIONS
Le Général BIESSE, commandant la 151e Division d'Infanterie,
A M. le Général Commandant le 1er Corps d'Armée.
« J'ai l'honneur de vous signaler la façon brillante dont se sont conduits les équipages des Chars d'assaut du 10e B.C.L. pendant les durs combats des 26, 27 et 28 septembre ; je vous transmets également l'expression d'admiration unanime des unités d'infanterie avec lesquelles ils ont été engagés.
« Au delà du 2e objectif intermédiaire, la zone de combat de la 151e Division présentait encore de puissantes organisations fortifiées, hérissées de réseaux de fil de fer et de chevaux de frise à armature métallique ; toutes ces défenses accessoires étaient sous le feu de nombreuses mitrailleuses, canons-revolvers et canons anti-tanks cuirassés. Le terrain bouleversé permettait à peine le passage de l'infanterie. Malgré toutes ces difficultés, les chars d'assaut ont permis aux fantassins de s'emparer de ces positions formidables, s'offrant d'eux-mêmes à s'engager, alors que leur intervention paraissait impossible à ceux dont ils devaient aider la progression.
« Le 10e B.C.L. sous les ordres du commandant DARNEY laissera à la 151e Division le souvenir d'une unité d'élite.
« Signé : BIESSE. »
Au colonel CHÉDEVILLE,
« Heureux de vous transmettre ce témoignage auquel je m'associe ».
« Signé : GOURAUD. »
Le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
A Monsieur le Commandant de l'A.S.
« Je suis heureux de vous adresser ci-joint copie de la lettre que m'a envoyée le Commandant de la 2e Armée britannique et qui s'exprime en termes élogieux sur le rôle joué par un Bataillon de l'Artillerie d'assaut.
« Je joins mes félicitations à celles du Chef de la 2e Armée britannique.
« Signé : DEGOUTTE. »
Le Général HERBERT PLUMER, commandant la 2e Armée britannique
A M. le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
« Mon cher Général,
« Je tiens à vous remercier pour les chars que vous avez eu l'amabilité de mettre à ma disposition le 31 octobre. Ils ont prêté une aide très utile à mes troupes.
« Je vous serais très obligé de transmettre à l'Officier commandant, notre appréciation des services rendus par ses hommes.
« Notre infanterie qui a travaillé avec vos chars parle avec enthousiasme de la manière dont ils ont fait leur travail.
« Signé : HERBERT PLUMER. »
MILITAIRES MORTS AU CHAMP D'HONNEUR
ou décédés des suites de leurs blessures
NOMS | GRADES | Compagnie |
BOITOT Charles | Capitaine | 328e |
DUBREUIL Louis | Adjudant | 328e |
ROUX Armand | maréchal des logis | 328e |
BONNARD Laurent | maréchal des logis | 328e |
JONGIT Louis | canonnier | 328e |
ASSIÉ Émile | maréchal des logis | 328e |
GAMBART Lucien | maréchal des logis | 329e |
GIRESSE Jean | brigadier | 329e |
MAILLET Émile | canonnier | 329e |
MENOUX Eugène | canonnier | 329e |
HUGUES Léon | sous-lieutenant | 330e |
PEYRAND Pierre | aspirant | 330e |
ALDEBART René | brigadier | 330e |
DUTRION André | brigadier | 330e |
LYNIER Joseph | brigadier | 330e |
GABERT Louis | canonnier | 330e |
IMBERT René | canonnier | 330e |
IZOIRD Théodore | canonnier | 330e |
MAUSSION Prosper | canonnier | 330e |
PERRICHON Michel | canonnier | 330e |
MATTON Léo | brigadier | 330e |
GROLET Isaac | canonnier | 330e |
CORENTIN René | canonnier | 330e |
LATREILLE Jean | canonnier | 330e |
REY Henri | canonnier | 330e |
REVOL | maréchal des logis | 331e |
POTTIER | canonnier | 331e |
MERLE Louis | maréchal des logis | 332e |
Du BOUESAC Pierre | maréchal des logis | 332e |
COUZON Charles | canonnier | 332e |
FORTIN Raymond | canonnier | 332e |
JOURDAN Alexandre | canonnier | 332e |
TATTEVIN Gaston | maréchal des logis | 332e |
RUBY Jean | canonnier | 332e |
GOEFFIC Armand | canonnier | 332e |
MAGNANT Jules | maréchal des logis | 332e |
PALLIER Henri | canonnier | 332e |
LEFAY | canonnier | 333e |
LUBAT | maréchal des logis | 333e |
ESTIVAL | canonnier | 333e |
EMAILLE Alphonse | lieutenant | 334e |
BALDET Henri | sous-lieutenant | 334e |
LENORMAND Gustave | sous-lieutenant | 334e |
BAILLY Nestor | maréchal des logis | 334e |
CABOCCO Benjamin | maréchal des logis | 334e |
CHARTON Marius | brigadier | 334e |
PETITEAU Roger | brigadier | 334e |
PALOUTIER Pierre | brigadier | 334e |
TINUR Auguste | brigadier | 334e |
AURENSAN Pierre | canonnier | 334e |
CHARTIER Julien | canonnier | 334e |
GIRAUD René | canonnier | 334e |
GUINÉ Charles | canonnier | 334e |
PACCOU Maurice | canonnier | 334e |
PELAPRAT Henri | canonnier | 334e |
DECAEN Bernard | canonnier | 335e |
GUIGUELÉ Louis | maréchal des logis | 335e |
PAPEGAY Paul | brigadier | 335e |
GRAINVILLE Charles | canonnier | 336e |
SERRA Joseph | canonnier | 336e |