JOURNAUX DE MARCHES - HISTORIQUES
18ème RÉGIMENT DE DRAGONS
JOURNAL DE MARCHE
1939 - 1940
AVANT-PROPOS
Toutes les archives du Régiment ayant été détruites avant l'embarquement le 3 juin 1940 à Dunkerque, le présent journal de marche a été reconstitué de mémoire. Pour tous les faits antérieurs à cette date il n'existe plus aucun document à mettre à l'appui de leur relation.
3 septembre 1939 DECLARATION DE GUERRE
L'Echelon A et l'Echelon B du Régiment sont cantonnés à BEINE (Marne).
L'Etat-Major du Régiment vient les rejoindre le 3 septembre à 17 heures.
ORDRE DE BATAILLE DES OFFICIERS
Etat-Major du Régiment
Colonel EVAIN, Chef de Corps
Capitaine De SALINS, Adjoint
Capitaine PITRELAT, chargé du Service Auto
Capitaine GRIMBERT, Officier des Transmissions
Lieutenant De VISSEC, Officier de Renseignements
Sous-Lieutenant de Réserve D'HARCOURT, Officier du Chiffre
Sous-Lieutenant de Réserve COMBEMT, Cdt. du Peloton des Orienteurs
Médecin-Capitaine DELTEIL, Médecin Chef de Service
Pharmacien, Lieutenant de Réserve HEGER
Escadron Hors-Rang
Capitaine De PINDRAY, Commandant l'Escadron Hors-Rang
Capitaine de Réserve AMBARD, Officier d'Approvisionnement
Adjudant-Chef TOURNY, Officier des Détails
1er GROUPE D'ESCADRONS
Chef d'Escadrons ROLLIN
Sous-Lieutenant de Réserve LAURENT, Adjoint
Médecin-Lieutenant de Réserve PAUGAY
1er Escadron CHARS S-35
Capitaine BEAUSSANT
Lieutenant ARDISSON
Sous-Lieutenant AUBERT
Sous-Lieutenant de Réserve BOIDIN
Sous-Lieutenant de Réserve GIRAUDON
Aspirant de Réserve PARENT
2e Escadron CHARS H-35
Capitaine BELLIER De La CHAUVELAIS
Lieutenant De BUTTET
Sous-Lieutenant de Réserve BABEY
Sous-Lieutenant DUMESNIL
Adjudant-Chef CONSTANTIN
2e GROUPE D'ESCADRONS
Chef d'Escadrons D'ALES
Sous-Lieutenant de Réserve COURTIER
Médecin-Lieutenant de Réserve TARDIEU
3e Escadron H-35
Capitaine RETHORE
Lieutenant De KERMADEC
Sous-Lieutenant de Réserve AUBINEAU
Sous-Lieutenant PROUVERELLE
Sous-Lieutenant de Réserve BERAUD
Adjudant-Chef FRESSINET
4e Escadron S-35
Capitaine D'USSEL
Sous-Lieutenant De LAVERNE
Sous-Lieutenant PELISSIER
Sous-Lieutenant de Réserve BARBEY
Adjudant-Chef ROUX
Effectif du régiment : 34 Officiers
146 Sous-Officiers
665 Brigadiers et Dragons
Septembre 1939
11 Septembre
Départ de BEINE à 9 heures 30.
Arrivée à VADELAINCOURT (Meuse) (S.O. de Verdun) à 15 heures.
Les chars font mouvement par voie ferrée et les véhicules à roues par voie de terre.
12 Septembre
Départ de VADELAINCOURT à 7 heures.
Arrivée à MOULAINVILLE à 10 heures (Est de Verdun).
16 Septembre
Départ de MOULAINVILLE à 14 heures.
Arrivée à GRIMAUCOURT à 15 heures.
20 Septembre
Départ de GRIMAUCOURT à 14 heures 30.
Bivouac dans les bois du Fort du Rozelier (S.-E. de Verdun).
22 Septembre
Bivouac levé à 11 h. 30
Arrivée à HAUDAINVILLE (Meuse) à 13 h. (Sud de Verdun).
Le Régiment reste cantonné à HAUDAINVILLE jusqu'à la fin du mois.
Pendant la 2ème quinzaine de Septembre de nombreuses reconnaissances de terrain sont faites entre les Hauts de Meuse et la ligne Maginot en vue d'un emploi éventuel de la D.L.M. dans cette région.
Mutations survenues pendant le mois.
Les Adjudants-Chefs CONSTANTIN et LENE sont nommés Sous-Lieutenant à compter du 1er Septembre.
Le Sous-Lieutenant CONSTANTIN conserve son peloton au 2e Escadron. Le Sous-Lieutenant LENE devient adjoint au Chef d'Escadrons D'ALES en remplacement du Lieutenant COURTIER qui passe au 4e Escadron. Le Sous-Lieutenant PELISSIER est affecté au Centre d'Organisation de la Cavalerie Motorisée à FONTEVRAULT. Le Lieutenant COURTIER prend son peloton.
Octobre 1939
Le régiment reste cantonné à HAUDAINVILLE. L'instruction est poursuivie. En particulier de nombreux tirs sont exécutés dans deux champs de tir de circonstance.
Mutations survenues pendant le mois.
Les Sous-Lieutenants De LAVERNHE, DUMESNIL, et AUBERT sont Lieutenants à compter du 1er Octobre. L'Aspirant PARENT est nommé Sous-lieutenant à compter du 15 octobre.
Novembre 1939
8 Novembre
Reconnaissance à ROMAGNE sous MONTFAUCON en vue d'une prise d'Armes prévue pour le 11 Novembre au Cimetière Américain.
10 Novembre
Au début de la matinée, le Régiment est alerté et doit se tenir prêt à faire mouvement à partir de midi : véhicules à roues par voie de terre, chars par voie ferrée.
Départ à 13 heures des véhicules à roues en direction du Nord.
Itinéraire : Verdun – Parois – Varennes-en-Argonne – Grangpré – Vouziers – Mazagran – Pauvres – Cantonnement à Biermes (5 km S.-E. de Rethel).
Les chars s'embarquent à Verdun, à Dugny dans la soirée et acheminés vers la région de Valenciennes.
Il ne s'agit plus de la revue au Cimetière Américain mais bien d'un transport stratégique en prévision d'une attaque possible de l'ennemi sur la Belgique.
11 Novembre
Départ de Biermes à 9 heures.
Itinéraire : Rethel – Rozoy-sur-Serre – Marle - Guise – Bohain – Busigny – Le Cateau – Solesmes – Valenciennes – Bruay.
Le Régiment cantonne à Bruay, Escautpont et Odomez.
Il est en alerte prêt à se porter en Belgique.
22 Novembre
La tension Belge est tombée.
La 1ère D.L.M. va cantonner dans la région de CAUDRY. Le Régiment est à Bertry (E.M. – E.H.R. – 1er groupe d'Escadrons) et à Clary (2e Groupe d'Escadrons).
Un régime de permissions est institué : 10 jours par période de 4 mois.
Mutations survenues pendant le mois.
Le Sous-Lieutenant CONSTANTIN est affecté au Centre de Fontevrault.
Le Sous-Lieutenant LAURENT prend son peloton au 2ème Escadron et est remplacé comme Adjoint du Chef d'Escadrons Commandant le 1er Groupe par le Sous-Lieutenant GIRAUDON.
Décembre 1939
Cantonnement à Bertry et Clary.
Le 21 décembre, manœuvre de toute la 1ère D.L.M. dans la région Sud de Lesdain, Crèvecoeur.
Mutations survenues pendant le mois.
Le Régiment reçoit du Dépôt :
1 Aspirant de Réserve : Aspirant Le NESTOUR
5 Sous-Officiers
100 Hommes.
Renfort destiné à compenser la diminution d'effectifs présent provoquée par le régime des permissions.
Janvier 1940
13 Janvier
Départ de Bertry et de Clary à 10 heures pour Rumilly et Crèvecoeur (Sud de Cambrai).
Les groupes d'Escadrons sont homogénéisés :
1er Groupe : SOMUA.
2e Groupe : HOTCHKISS.
15 Janvier
Départ de Rumilly à 1 heure 50.
Arrivée à Vertain à 7 heures 45 (N. de Solesmes).
Nouvelle alerte relative à l'éventualité d'une violation du territoire belge par les allemands.
16 janvier
L'alerte est levée.
Le Régiment revient cantonner :
E.-M. – E.H.R. et 2e Groupe à Rumilly.
1er Groupe à Crèvecoeur.
Etape pénible en raison du froid et du verglas qui rend la circulation des chars difficile.
Mutations survenues pendant le mois.
Le Chef d'Escadrons D'ALES est affecté à l'Etat-Major de l'Armée (5e Bureau) et est remplacé au Commandement du 2e Groupe par le Capitaine De SALINS. Le Lieutenant De VISSEC prend les fonctions d'Adjoint au Chef de Corps.
Février 1940
Cantonnement à Rumilly et à Crèvecoeur-sur-Escaut.
Mutations survenues pendant le mois.
Le Colonel EVAIN est nommé au Commandement de la 15ème B.L.M. et est remplacé par le Lieutenant-Colonel PINON. Le Capitaine MARCHAL de l'Etat-Major de la 1ère D.L.M. est affecté au Régiment pour prendre le commandement du 2ème Groupe d'Escadrons. Le Capitaine De SALINS prend le commandement du 1er Escadron en remplacement du Capitaine BEAUSSANT qui prend les fonctions d'Adjoint. Le Lieutenant De VISSEC redevient Officier des Renseignements.
Mars 1940
27 Mars
Départ de Rumilly à 9 heures.
Arrivée à Royon (Pas-de-Calais) à 17 heures (25 km Est de Montreuil-sur-Mer).
Cantonnement : E.-M. – E.H.R. Royon
1er Groupe : Crequy
2e Groupe : Beaurainville
Mutations survenues pendant le mois.
Le Capitaine MARCHAL est nommé chef d'Escadrons à compter du 25 Mars. Le Sous-Lieutenant BERAUD est affecté à l'E.-M. de la 1ère D.L.M. Le Sous-Lieutenant BLANCHET venant du 1er Régiment d'A.?. est affecté au Régiment (1er Escadron).
Le Sous-Lieutenant D'HARCOURT prend le commandement du Peloton des Orienteurs.
Le Sous-Lieutenant JODELET est affecté au 4ème Escadron.
Avril 1940
11 Avril
Le régiment est alerté. Le 1er Groupe d'Escadrons et le 3ème Escadron vont cantonner à proximité de leurs gares d'embarquement respectives :
1er Groupe : Etaples
3ème Escadron : Brimeux.
19 Avril
L'ordre d'alerte est levé. Le Régiment vient cantonner au S.-E. d'ETAPLES.
ST-JOSSE (E.-M. – E.H.R.) – VILLIERS (E.-M. 1er Groupe et 1er Escadron)
ST-AUDIN (4ème Escadron) – SORRUS (2ème Groupe).
Des champs de tir sont organisés et les unités vont à tour de rôle manœuvrer dans les dunes entre BERCK-PLAGE et MERLIMONT.
Mutations survenues pendant le mois.
Le Chef d'Escadrons ROLLIN est nommé chef d'Etat-Major de la 1ère B.L.M. Le Capitaine De SALINS prend le commandement du 1er Groupe.Le Lieutenant De VISSEC prend le commandement du 1er Escadron. Le Sous-Lieutenant LENE passe du 3ème à l'E.H.R. et prend fonctions d'officier de renseignements. Le capitaine RETHORE est affecté au Centre d'Organisation de Fontevrault pour prendre un commandement de Chef d'Escadrons à la 4ème D.L.M. en formation. Le Lieutenant De KERMADEC prend le commandement du 3ème Escadron. L'Adjudant-Chef DEFOURMIOUX prend les fonctions d'adjoint au Chef d'Escadrons Commandant le 2ème Groupe. Le Sous-Lieutenant BLANCHET passe du 1er au 3ème Escadron (Chef de Peloton). L'Aspirant LE NESTOUR passe du 2ème au 3ème Escadron (Chef de Peloton).
Mai 1940
10 Mai
6 heures, réception d'un ordre d'alerte. Les Allemands ont pénétré simultanément en Hollande, Belgique et Luxembourg.
Le terrain d'aviation de BERCK à proximité du cantonnement du Régiment et la gare de VILLIERS (cantonnement du 1er Escadron) sont bombardés par des avions allemands.
La 1ère D.L.M. met en exécution l'ordre d'opérations N° 2.559/CS du 9 Avril 1940, établi en prévision de l'invasion de la Belgique et de la Hollande.
A 12 heures, départ des reconnaissances (Sous-Lieutenant LENE, 2 Sous-Officiers, 6 Dragons, 2 T.O., 2 Sides, 2 Solos).
Itinéraire : Montreuil, Fruges, Hazebrouck, Bailleul, Ypres, Roullers, Tormonde, Malines, Lier, Oostmalle.
A 14 heures, départ des T.C. et des éléments sur roues de la colonne de combat sous les ordres du Commandant MARCHAL ; même itinéraire que les reconnaissances jusqu'à Lier (17 km Sud-Est d'Anvers).
A 15 heures, départ du T.R. sous les ordres du Capitaine De PAINDRAY. Tous les T.R. de la Division se groupent à Fruges sous les ordres du Commandant MASSUE.
A partir de 23 heures 30 embarquement des chars (5 trains) dans les gares d'ETAPLES et de DARMES (N. d'ETAPLES).
11 Mai
Débarquement des chars à KONTICH-KASERN (10 km Sud d'Anvers) et à BOOM (19 km Sud d'Anvers). Débarquement des derniers éléments le 12 au matin.
Le Chef d'Escadrons MARCHAL reprend le commandement de son groupe d'Escadrons le 11 au soir. Le T.C. sous les ordres du Sous-Lieutenant GIRAUDON est envoyé de LIER à BERLAAR.
Le Régiment a ordre de s'installer dans la région de Lille – Poederlee – Vosclaar (Nord-Ouest de Herenthals) en réserve derrière la 1ère ligne belge échelonnée le long de la frontière hollando-belge.
12 Mai
A 3 heures du matin, ordre est donné de repasser au sud du canal Albert dont les ponts en partie détruits ne pourraient supporter le passage des chars S-35. Le Régiment se regroupe à BOUMEL (20 km N.-E. de LIER).
Vers 11 heures, le groupe HOTCHKISS reçoit l'ordre de se porter par Herenthals, Geel et Moll sur le canal de Turnhout pour en tenir les passages entre Deeschel et le canal Albert, qui ne sont pas gardés par les belges. Cet ordre est inexécutable par suite de la destruction des ponts d'Herenthals par les belges dans la matinée.
A 13 heures, nouvelle mission pour le groupe H-35 : tenir les passages du canal de l'Escaut à la Meuse au Sud de Kasterlee et de St-Joseph (Est d'Herenthals) à Deeschel (ponts sautés).
Cette Mission est assurée par le 2ème Escadron renforcé d'un peloton du 3ème Escadron, le restant du 3ème Escadron restant dans la région de BOUNEL. P.C. du chef d'Escadrons : LICHTAAS.
A 16 heures, le Groupe H-35 reçoit l'ordre de reprendre la même mission que celle qui lui avait été donnée à 11 heures, mais en franchissant le canal de l'Escaut à la Meuse, sur le pont de la route de Ret à Geel qui doit être remis en état par le génie de la D.L.M. pour 20 heures. En raison de la dispersion des éléments du Groupe la mission ne peut être exécutée dans les délais impartis. Son exécution est reportée au lendemain au lever du jour.
Le Groupe SOMUA reste à Bouwel en réserve.
13 Mai
4 heures – Le Groupe d'Escadrons H-35 rassemblé dans la nuit franchit le canal au pont prévu et se porte par Milleghem sur Moll devant lequel il se présente, 2ème Escadron en tête vers 5 h. 15.
Son arrivée met en fuite un détachement de plusieurs centaines (4 à 500 aux dires des habitants) d'Allemands arrivés là dans l'après-midi de la veille. L'ennemi abandonnant sur place un nombreux matériel (plusieurs centaines de bicyclettes, une dizaine de motos, une voiture de tourisme) se disperse dans la campagne aux alentours du village et se cache dans les caves. Un fuyard retardataire est tué à la mitrailleuse par le Lieutenant De BUTTET commandant le peloton de tête.
Les pelotons LAURENT et De BUTTET envoyés respectivement en direction des ponts sur le canal, sur la route de Moll à Lommel et Moll à Wesel, se heurtent au voisinage de ces passages à des armes automatiques et armes antichars, installées en tête de pont sur les hauteurs à l'Ouest du Canal. Le Brigadier-Chef MONDON, Chef du 1er char du peloton LAURENT, est tué par un projectile perforant tiré à 50 m. Quelques instants plus tard, le M.d.L.-Chef MENET est blessé grièvement à la jambe par un obus ayant également perforé son char.
La route d'accès au pont en direction de Balen est détruite à la lisière Sud-Est du village. Sur tout le front, les hauteurs entre Moll et le canal sont solidement occupées par de nombreuses armes anti-chars et automatiques.
La riposte des chars est sérieuse et cause des perte sensibles à l'adversaire, qui, pendant toute la journée, essaie vainement de s'infiltrer jusqu'aux lisières du village qui est survolé à de nombreuses reprises par un avion d'observation allemand.
Les dragons portés, l'infanterie française, les forces belges successivement promises pour tenir les points de passages sur le canal, sont vainement attendus et les chars restent seuls pendant toute la journée, dans la localité dont ils tiennent toutes les issues.
La population civile a accueilli le détachement des chars avec enthousiasme ; toutefois elle s'inquiète dans l'après-midi de ne pas voir arriver les éléments à pied et craint des représailles en cas de repli des français.
A 19 heures, ordre de repli est donné pour la tombée de la nuit. Celui-ci s'exécute vers 20 h. 15 sous un bombardement d'artillerie, simultané et parfaitement précis de toutes les issues et carrefours, du village. Mais aucune perte.
Quelques instants avant, deux militaires allemands habillés en civil avec des effets volés sur place sont surpris et arrêtés dans une rue par le Lieutenant De KERMADEC au moment où ils essaient de s'enfuir. Ils sont immédiatement chargés sur le tracteur du Corps venu pour récupérer le matériel abandonné par l'ennemi et dirigés sur l'E.-M. de la 1ère D.L.M. pour interrogatoire.
Le Groupe repasse le canal de la Meuse à l'Escaut sans incident et au complet vers 22 heures.
Dans la soirée, 2 autres prisonniers (aviateurs, dont l'avion a été descendu au Nord du canal) sont appréhendés dans la région du pont sur le canal par le M.d.L. VARLET, le Brigadier-Chef CAILLET et le Dragon MARTIN Léon.
Le Groupe HOTCHKISS et le P.C. du colonel se portent immédiatement au Sud de Kasterlee sur la route d'Aat à Kasterlee où la soupe est mangée près des cuisines roulantes poussées jusque là. Ordre est alors donné de se reposer sur place.
14 Mai
Le repli des troupes de 1ère ligne belge du canal de Turnhout vers l'Ouest doit s'effectuer au point du jour. Ces troupes doivent se regrouper immédiatement à l'Est d'Anvers derrière une ligne de résistance tenue par la 1ère D.L.M. sur le front Oostmalle, Emblem, Lier.
Le Groupe SOMUA se porte de Boumel à Ranst (15 km Est d'Anvers).
Le 4ème Escadron se porte de Kasterlee à Halle (15 km Est d'Anvers) à la disposition du Groupement De CAUSANS (4ème R.D.P.) qui doit tenir la position Oostmalle – Emblem. Départ de Kasterlee à 4 h. du matin.
Le Commandant MARCHAL prend le commandement d'un détachement retardateur comprenant : le 3ème Escadron du 18ème Dragons – 1 peloton fusiliers-voltigeurs – 1 peloton de mitrailleuses du 4ème R.D.P. qui a pour mission de couvrir le repli des troupes belges sur l'itinéraire Retie – Kasterlee – Lichtaart – Poederlee – Grobbendonck – Bouwel – Nijlen – Massenhoven – Zandhoven. En fin de mouvement , le 3ème Escadron doit se rendre dans la région Zandhoven – Emblem, à la disposition des Dragons Portés qui tiennent la position définie plus haut. Le repli des troupes belges s'effectue à partir de 8 heures sans incident. Aucune poursuite de l'ennemi.
Le détachement retardateur quitte Kasterlee à 12 heures sans contact. Son itinéraire est varianté à partir de Grobendonck, le pont au Sud sur le canal Albert étant sauté et le détachement rentre dans les lignes par Pulle, Pulderbosch à 16 h. 30. Le stationnement du régiment en fin de journée est le suivant : E.-M. : Schilde – Groupe S-35 : Ranst – Groupe H-35, P.C. à Halle - 2ème Escadron : Halle – 3ème Escadron : Broechem.
A 16 heures, ordre a été donné par la 1ère D.L.M. de constituer un Régiment : SOMUA aux ordre du Lieutenant-Colonel PINON et un Régiment HOTCHKISS aux ordres du Lieutenant-Colonel POUPEL du 4ème Cuirassiers par réunion des unités similaires des 2 Régiments.
Le Régiment SOMUA doit être prêt à s'embarquer dans la région de Boom (15 km Sud d'Anvers), en fin de journée. Le régiment HOTCHKISS reste sur place en soutien de la position de résistance.
Vers 20 heures, le secteur est alerté ; des éléments légers ennemis A.M. et motos viennent prendre contact au Nord du canal Albert et à l'Ouest de la route Oostmalle-Zandhoven. Le 2ème Escadron est alerté, le secteur rentre dans le calme vers 22 heures.
A ce moment, ordre est donné d'un repli vers le Sud de toutes les forces se trouvant au Nord du Canal Albert. Le 2ème Escadron quitte Halle à Minuit à destination de Boechout (10 km S.-E. d'Anvers) où se regroupe le Régiment H. Le 3ème Escadron rejoint par Ranst et Vrende. Etape difficile en raison de nombreux embouteillages aux abords d'Anvers : une seule route pour de nombreuses formations sans horaire imposé.
Le Régiment SOMUA reçoit à 19 h. 30 ordre de s'embarquer par voie ferrée à Boom et Puurs. La destination n'est pas encore connue.
15 Mai
L'embarquement des SOMUA à destination de la région de Soignies – Braine-le-Comte a lieu dans la journée. Le 4ème Escadron ne quitte Boom que le 16 à 8 heures.
Les Escadrons HOTCHKISS ont quitté Boechout la veille à 21 h. 30 en direction de Haalters (6 km au Sud d'Aloos) par l'itinéraire Kontiche – Warloos – Reet – Book – Niel – Scheelle – Hemiksen – Pont-sur-l'Escaut – Bazel – Tensche – Elversle – Wasmunster – Zelkerksten (8 km S.-O. d'Aloste) où ils arrivent à 11 heures le 16 Mai.
16 Mai
Le débarquement des SOMUA (sauf l'Escadron d'USSEL) a lieu à Soignies et à Braine-le-Comte dans la matinée et au début de l'après-midi.
Les SOMUA mis à la disposition du 3ème Corps d'Armée, vont stationner dans les bois à l'Ouest de Renquière (8 km Nord de Braine-le-Comte) prêt à en déboucher vers l'Est en direction de Nivelles.
P.C. du Lieutenant-Colonel PINON à Ardennes (6 km Nord de Braine-le-Comte).
Le T.C. pendant cette étape est bombardé par avion et le Brigadier CHOUILLET, conducteur d'une citerne est tué par un éclat de bombe.
A 21 heures, le Groupe HOTCHKISS reçoit à Kersken, l'ordre de se porter en direction de Valenciennes par voie de terre.
Itinéraire : Heldergem – Voorde – Ophasselt – Neder – Brakel – Ponse – Leuze – Peruwelz – Condé-sur-Escaut – Départ de Kersken à minuit.
A 22 heures 30, communication est faite de ce que les forces blindées allemandes pénètrent profondément dans le territoire français. Toutes les unités mécaniques alliées sont lancées à leur poursuite. Cette percée du front a du se produire dans la région de Charleroi et au Sud en direction du S.-O.
17 Mai
Les éléments SOMUA, peloton PARENT, prennent contact dans la région de Ronquières vers 4 heures 30 avec les éléments motorisés ennemis.
Vers 8 heures, ordre leur est donné par le 3ème Corps de se porter immédiatement et le plus rapidement possible sur Le Cateau par soignies – Mons – Quiévrain – Valenciennes. A Quiévrain, le Lt-Colonel PINON reçoit mission de se diriger sur le Quesnoy en vue du nettoyage de la forêt de Mormal. L'agent de liaison motocycliste GERVAIS du 1er Escadron est blessé par un éclat de bombe d'avion.
Le Quesnoy est atteint au début de l'après-midi. Le 1er Escadron réparti aux lisières de la localité pour en assurer les défenses immédiates. Le 4ème Escadron n'a pas rejoint ; il est à la disposition du Groupement du Colonel BEAUCHESNE dans la région de Solesmes.
Le groupe SOMUA du 4ème Cuirassiers envoyé sur la forêt de Mormal subit des pertes dans la région de Landrecies et de Berlaimont.
Le groupe HOTCHKISS arrivé vers 9 heures à Condé-sur-Escaut est dirigé sur Villers-Pol (8 km S.-E. de Valenciennes) après recomplètement en essence à Quarouble.
La dernière partie de l'étape a été considérablement ralentie par des embouteillages de convois militaires en retraite et soumise à des bombardements d'aviation.
18 Mai
A 11 heures 20 du P.C. du Colonel à la sortie Nord du Quesnoy, des A.M. ennemies sont aperçues venant de la forêt de Mormal sur la route de Maison-Rouge à Orsinval. Un peloton SOMUA envoyé sur Maison-Rouge trouve la localité tenue par des armes automatiques et anti-chars.
A 15 heures 30 arrive un ordre d'attaque de la 1ère D.L.M. (Ordre d'opération N° 31) dans le but de rejeter au delà du canal de la Sambre, les éléments ennemis qui l'auraient franchi.
La zone d'action est limitée à l'Est par les lisières S.-E. de la forêt de Mormal et à l'Ouest par la ligne Le Cateau – Mazin – Ghien (Front de 10 km).
Les régiments de combats de combats sont à reconstituer normalement pour l'opération ; mais leurs unités sont dispersées. Au Régiment, le P.C. du Colonel est à l'entrée Nord du Quesnoy, le groupe HOTCHKISS est à Villers-Pol à 4 km au Nord, un Escadron SOMUA, le 1er est reparti aux lisières Nord du Quesnoy et l'autre Escadron SOMUA est à la disposition directe du Colonel De BEAUCHESNE, quelque part entre Solesnes et Le Cateau, sans liaison directe avec le Colonel.
D'autre part, l'opération est à faire en liaison avec 2 Bataillons du 4ème R.D.P. et 2 Groupes d'Artillerie (1 de 75 et 1 de 105). Ces dernières unités sont déjà engagées quelque part au Sud de Vendegies. Aucun contact ne peut être pris avec elles dans l'ignorance où se trouve le Colonel des endroits où se trouvent leurs P.C.
Enfin, du Quesnoy à Ovillers centre de la base de départ fixée par l'ordre de la Division il y a 17 km à faire et la route de Quesnoy – Solesnes est littéralement couverte d'une masse de réfugiés qui rend la circulation des plus difficiles.
C'est ainsi que les deux Escadrons H et le 1er Escadron S ne peuvent atteindre leurs emplacements (Escadron H entre Ovillers et bois Sud de Vendegies – Escadron S au S.-O. d'Ovillers) que vers 22 heures 45.
A 4 heures du matin, le 4ème escadron (Capitaine d'Ussel) aux ordres du Colonel De BEAUCHESNE effectue avec 3 pelotons une reconnaissance sur le canal de la Sambre, il se heurte à une ligne de chars et d'armes anti-chars à l'Est de Le Cateau. Deux chars restent sur le terrain, un troisième a son armement hors d'usage.
Aucune nouvelle des D.P., ni de l'Artillerie. Néanmoins le Colonel déclenche le mouvement vers 18 heures 15 ; les Escadrons se mettent aussitôt en marche pour venir border la route Le Quesnoy – Solesnes terme du 1er bond, ultérieurement le Régiment doit aborder le bois l'Evêque par l'Ouest et pousser jusqu'au canal de la Sambre de Ors, Catillon, Rejet-de-Baulieu qui est l'objectif final.
Au moment où les chars se mettent en mouvement arrive un contre-ordre du Colonel De BEAUCHESNE, Commandant le Groupement au bénéfice duquel le Régiment attaque.
L'opération est abandonnée et ordre est donné de reporter le Régiment au Nord de Solesmes (P.C. et Groupe SOMUA à St Python à la sortie Nord de Solesmes, Groupe HOTCHKISS à Vertain, 3 km au N.-O. de Solesmes). Ce mouvement se termine à 21 heures.
Le 4ème Cuirassiers qui devait attaquer à gauche du 18ème Dragons en direction de Landrecies n'a pu déboucher du Quesnoy où il a subi de très lourdes pertes. C'est vraisemblablement la raison pour laquelle l'attaque projetée a été décommandée.
A 23 heures nouvel ordre de repli : l'Etat-Major et le Groupe d'Escadrons SOMUA vont à Avesnes-le-Sec (4 km S.-E. de Bouchain), le Groupe d'Escadrons HOTCHKISS va à Monchaux (6 km N.-E. d'Avesnes-le-Sec), en couverture du repli général des troupes sur la rive gauche de l'Escaut. Ces nouveaux points de stationnement sont atteints au lever du jour.
19 Mai
Une ligne de surveillance (poste de chars est établie face au S.-E. à hauteur de la route Valenciennes – Vendegies – Saulzoir. Le 3ème Escadron au Nord, SOMUA au Sud. La route Monchaux – Verghain et cette dernière localité sont sérieusement bombardés par l'aviation en piqué vers 17 heures.
Au début de l'après-midi, l'Escadron D'USSEL et le peloton A.M. du 6ème Cuirassiers sont envoyés au secours du Groupement CAUSAN signalé à Louvignies (Sud du Quesnoy) ; ils sont arrêtés vers Bermarain par des armes anti-chars et rentrent à Avesnes-le-Sec.
Vers 19 heures, le 3ème Escadron est appelé pour dégager des avant-postes d'infanterie et des armes anti-chars pressées par l'ennemi dans la région de Saulzoir. Il réussit à reprendre un canon de 75 et plusieurs canons de 25 dont l'ennemi s'était emparé. L'agent de liaison motocycliste MARCHIN du 3ème Escadron est blessé.
Après une journée calme dans la région d'Avesnes-le-Sec, le Groupe SOMUA et le P.C. du Colonel sont pris à partie au cantonnement vers 22 heures par des éléments ennemis qui se sont infiltrés jusqu'à l'intérieur de la localité.
C'est au milieu de la fusillade que le P.C. et le Groupe S-35 se replient sur la rive Ouest de l'Escaut suivant l'ordre qui en est donné.
Le Groupe S-35 est mis aux ordres du 4ème R.D.P. qui doit tenir de secteur du pont de la Pyramide de Denain exclu au pont de Bouchain inclus.
Le Groupe H-35 est mis aux ordres du Colonel du 131ème R.I. qui doit tenir le canal du pont de Trith-St-Léger exclu au pont de la Pyramide de Denain inclus.
Le Groupe SOMUA passe l'Escaut au Bouchain et se rend à Fress (15 km S.-E. de Douai) en exécution d'une modification à l'occupation de la ligne de l'Escaut, après avoir procédé à quelques nettoyages aux environs du canal. Le Groupe H-35 (2ème Escadron) après avoir couvert le repli d'un bataillon du 131ème R.I. qui occupait Verchain pendant la journée, se replie d'abord sur Rouvignies (3 km Est de Denain) et ensuite sur Erchain (10 km S.-E. de Douai). Pas de nouvelles du 3ème Escadron depuis 19 heures.
20 Mai
Le Régiment est regroupé à Erghin vers 7 heures à l'exception du 3ème Escadron qui ne rejoint qu'à 21 heures. Ce dernier avait été dirigé sur Vallers (6 km Nord de Denain) et sur Vred (8 km Nord d'Aniche).
Le Régiment est en réserve d'un Groupement de G.R. aux ordres du Lieutenant-Colonel PREAUD qui tient le canal de la Sensée entre Bouchain et Arleux.
21 Mai
A 12 heures, le Groupe SOMUA est dirigé vers la région de Vimy où le Lieutenant-colonel PINON prend également le commandement du Groupe S-35 du 4ème Cuirassiers ET PASSE AUX ORDRES DU Corps de Cavalerie. Il est question d'une contre offensive en liaison avec les anglais dans la région d'Arras.
A la même heure, Le Groupe H-35 passe aux ordres du Lt-Colonel commandant le 4ème Cuirassiers. Tout en restant stationné à Erchies, il détache des éléments du 2ème Escadron à chacun des ponts sur le canal de la Sensée, entre Auchanbeul et Goeulzin, en soutien immédiat des G.R. qui tiennent le secteur.
A 20 heures, le 4ème Escadron S-35 est mis à la disposition de la 3ème D.L.M.
Mission : Se porter à Etrun (4 km N.O. d'Arras) en nettoyant la zone comprise entre les routes Ecuries Anzin et Neuville – Vaast Maroeuil.
22 Mai
A 6 heures, le 3ème Escadron est mis à la disposition de la 2ème D.L.M. à Uzel (8 km de Douai). A 9 heures, le Groupe H-35 (P.C. et 2ème Escadron) reçoit l'ordre de se porter par Douai – Beaumont – Drocourt – Rouvroy – Vimy – Carency-sur-Hermaville (15 km Ouest d'Arras).
Arrivée à Givenchy à 18 heures 40, il reçoit un contrordre donnant Vimy comme point de destination et est remis à la disposition du Lt-Colonel PINON.
Dans la matinée, le Groupement SOMUA reçoit l'ordre du Corps de Cavalerie, de préparer des contre-attaques éventuellement : soit entre Maroeuil et Arras pour dégager la 3ème D.L.M., qui est sur la Scarpe, soit en direction de l'Ouest entre Mont St-Eloi et Aoq si cette D.L.M. était tournée.
Le P.C. du Lieutenant-Colonel PINON se porte à Neuville St-Waast ; Le 4ème Escadron rejoint le Régiment.
A 13 heures 35, le Commandant MARCHAL reçoit l'ordre de prendre le commandement du point d'appui de Souchez tenu jusqu'alors par l'Escadron De BEAUFORT de la 3ème D.L.M. Le 2ème Escadron s'installe en réserve à Givenchy.
A 15 heures 40, un peloton H de l'Escadron De BEAUFORT est envoyé à Carency pour protéger l'occupation de cette localité par le bataillon MALLARD du 4ème R.D.P. Villers-aux-Bois est tenu par l'ennemi.
A 17 heures, le 1er Escadron exécute une brillante attaque de Neuville St-Waast sur Mont St-Eloi, encercle le village et le livre au 4ème R.D.P. après avoir fait 130 prisonniers dont un Colonel et 3 Officiers.
Malheureusement un incident dramatique se produit au cours de cette opération. Un détachement de 5 ou 6 canons anti-chars anglais installé et mal orienté dans la région de la ferme de Berthonval ouvre le feu sur nos chars débouchant de la croupe Ouest de la Targette. Ceux-ci croyant avoir à faire à des ennemis les détruisent tous à coups de canon et ne se rendent compte de leur méprise qu'en passant ensuite à leur hauteur quand ils ont repris leur marche sur Mont St-Eloi.
Des chars lourds allemands sont signalés vers 17 heures 30 dans le bois de la Haye (N.-O. de Carency) mais n'en débouchent pas.
A 21 heures, l'Escadron De BEAUFORT reçoit l'ordre de rejoindre la 3ème D.L.M. à Acheville (4 km Est de Vimy), il doit être remplacé par 2 Escadrons de chars d'infanterie venant de Lens. Ces chars n'arrivent pas, il est relevé à Souchez par le 2ème Escadron.
Au lever du jour, le 1er Escadron (S-35) se reporte à Mont St-Eloi en soutien des éléments du 4ème R.D.P. qui tiennent le village.
23 Mai
Vers 9 heures 30, une attaque allemande se produit sur Maroeuil et Mont St-Eloi (N.-O. d'Arras) appuyée par des chars, de l'artillerie et une aviation très active qui bombarde toute la région.
Le Lieutenant De VISSEC, commandant le 1er Escadron S-35 est tué ainsi que son aide conducteur : Dragon DELASTRE, en couvrant le repli des D.P. qui doivent évacuer le village de Mont St-Eloi.
A 10 heures ; le Groupe H-35 continuant à tenir Souchez, reçoit l'ordre de prendre liaison avec la 3ème D.L.M. dans la région de Bully (7 km Nord de Souchez) et de pousser un Escadron vers Aix-Noulette. Le 3ème Escadron n'ayant pas encore rejoint (toujours détaché à la 2ème D.L.M.), Souchez est abandonné et le 2ème Escadron reçoit à 12 heures du Colonel LEYER (3ème D.L.M.), l'ordre de bousculer les éléments ennemis qui, venant d'Hersin, cherchent à couper en direction du N.-E. la route d'Arras – Béthune au Nord de Sains (10 km S.-E. de Béthune). Arrivé dans Sains vers 12 heures, le 2ème escadron est pris à partie sur son flanc gauche par des armes anti-chars et de l'artillerie ennemies. Il est obligé de se replier sur Aix, une progression allemande se faisant au même moment du N.-O. vers le S.-E. de Hersin vers Ablain – St-Nazaire et menaçant de le couper de Souchez.
Le peloton De BUTTET, peloton de tête, a perdu 3 chars détruits par le feu ennemi ; les équipages peuvent se replier en rampant dans les fossés de la route. Le Lieutenant DUMESNIL est légèrement blessé.
La 3ème D.L.M. évacue l'agglomération minière de la région de Liévin – Bully et se replie sur la route de Lens – Bethune, le 2ème Escadron est remis à la disposition de la 1ère D.L.M. et est dirigé vers Liévin et Givenchy sur Souchez, en soutien du Bataillon du 4ème R.D.P. qui s'est replié sous la pression ennemie de Cassy sur cette localité. Il y arrive vers 18 heures.
Le 4ème Escadron reçoit l'ordre à 8 heures de se porter à Maroeuil pour s'opposer à une menace ennemie sur l'axe Maroeuil – Neuville – St-Waast.
L'attaque allemande du matin menée par une panzerdivision sur Maroeuil et Mont St-Eloi a été stoppée aux lisières Est ces localités, par des contre attaques du Groupe SOMUA. Dans la journées, Neuville St-Waast où se trouve le P.C. du Lieutenant-Colonel PINON est bombardée à de nombreuses reprises par l'Aviation et l'Artillerie ennemies. Vers 16 heures, Le Lieutenant D'HARCOURT est blessé par une bombe d'avion ainsi que les Dragons DIOT et MARTIN André. Vers 19 heures, le Lt-Colonel PINON est gravement blessé au cours d'une liaison en A.M.R. à proximité de son P.C. avancé de la Targette. Le Capitaine BEAUSSANT qui l'accompagnait est tué ainsi que le conducteur de l'A.M.R. : le Dragon CHOUPAULT du 4ème R.D.P.
Le Capitaine D'USSEL et l'Adjudant-Chef ROUX du 4ème Escadron ont été blessés auparavant par éclats d'obus ; le M.d.L. PASANT est tué.
Par ordre de la 1ère D.L.M., le Lieutenant-Colonel POUPEL est chargé de regrouper ce qui reste des 2 Régiments de la 1ère D.L.M. (18ème Dragons et 4ème Cuirassiers) dans le bois de la Crête de Vimy aux environs du monument canadien où les unités arrivent vers 23 heures. Le 3ème Escadron avait rejoint le Régiment dans le courant de l'après-midi et était déployé entre Neuville – St-Waast et Ecuries en soutien des anglais.
24 Mai
Vers 2 heures, ordre de repli au Nord de la Deule par Thelus – Arleux – Drocourt – Henin-Liétart – Tourges – Ostricourt, point de première destination. De là, le Groupement est poussé jusqu'au bois de Phalempin où il arrive vers midi (16 km Sud de Lille).
A 14 heures, la 1ère D.L.M. reprend son mouvement vers le N.-O. en direction d'Armentières par Camphin – Carvin – Annouelin – Don – Herlies – Fronelles – Le Mesnil. Le Groupement cantonne dans ces deux dernières localités.
SOMUA à Fromelles – HOTCHKISS à Le Mesnil.
25 Mai
A 11 heures, le Régiment est alerté et part à 14 heures à destination du bois de Phalempin ; une contre offensive anglo-française est prévue pour le lendemain matin. L'ordre général de la 1ère Armée du 24 Mai 12 heures 30 est lu aux troupes dans l'après-midi, le bois est bombardé par l'aviation ennemie. Pas de dégâts.
26 Mai
Pendant la deuxième partie de la nuit et le début de la matinée, une violente canonnade est entendue en direction du Sud-Ouest.
Dans le courant de la nuit, avis est donné que la contre-offensive prévue n'aura pas lieu. Le moral de la troupe en est très affecté.
A 9 heures 45, ordre est donné de se reporter sur Sainghin par Camphin – Annoeulin et Don prêts à agir face au Sud-Ouest en soutien de l'Infanterie. Le 3ème Escadron est laissé à la disposition de la 3ème D.L.M. à Camphin.
Dans l'après-midi, les escadrons S-35 articulés au Sud-Ouest d'Annoeulin et de Carvin opèrent un nettoyage (2 pelotons) entre Bauvin et le canal de la Deule à la demande de la Division d'Infanterie qui tient le secteur de Carvin. Le peloton AUBERT du 1er Escadron disparaît en entier au cours de cette action. En fin de journée, le 2ème Escadron vient de Sainghin à Annoeulin en vue d'une contre attaque d'ensemble qui doit être exécutée le lendemain au point du jour pour refouler l'ennemi au delà du canal de la Deule. Vers 23 heures, le village d'Annoeulin est bombardé à plusieurs reprises par l'Artillerie : 6 blessés au P.C. du Groupe H-35.
27 Mai
Un repli général sur la Deule ; de la Bassée à Lille ayant été décidé, le régiment se porte à partir du lever du jour à Petit-Mortier par Sainghin – Herlies – Aubert – Estaires. Au cours du déplacement la colonne est mitraillée par l'aviation ennemie. Quelques blessés.
Arrivé à Petit-Mortier au début de la matinée, le Régiment est alerté à 11 heures et le Groupe H-35 (P.C. et 2ème Escadron) est dirigé sur Fromelles en soutien de l'infanterie qui tient la Deule. Il est arrêté peu après son passage à Laventie et renvoyé dans la direction de Verte-Rue (6 km Nord de Merville) avec mission d'interdire à l'ennemi les débouchés Est de la forêt de Nieppe et de Merville. Il va tenir le hameau de Vierhouck.
Le 3ème Escadron est toujours détaché sur Neuf-Barquin (N.-O. d'Estaires) en soutien des Dragons Portés, également face à Merville et au canal de la Lys. Dans le courant de l'après-midi il procède à des contre attaques en direction de Merville et du Sud où son action soulage le 4ème R.D.P. d'une forte pression ennemie.
Le 2ème Escadron est porté vers 15 heures de Vierhouck (Sud de Verte-Rue) à Vieux-Berquin pour couvrir la droite du 4ème R.D.P. et assurer la liaison avec les anglais vers Strazeele (7 km Est d'Hazebrouck).
Le 3ème Escadron rejoint dans l'après midi, venant de la région de Fromelles, et est dirigé sur Strazeele.
En fin d'après-midi et pour la nuit, sur l'ordre de la 1ère D.L.M. le dispositif suivant est pris :
Groupe S replié à 1 km Nord d'Esrtaires,
3ème Escadron région de Strazeele-Merris,
Le 2ème Escadron est envoyé à Thiensonck (4 km N. de Strazeele) en soutien des Anglais qui tiennent Strazeele – Caestre et Eecke. Le 3ème Escadron passe la nuit à Merris et revient à Strazeele le lendemain au point du jour.
28 Mai
Le Groupe S-35 reprend sa mission de la veille dans la région de Neuf-Berquin. Il intervient efficacement à plusieurs reprises.
Le 3ème Escadron passe la journée à Strazeele en soutien des Anglais, il détache le peloton PROUVERELLE à Caestre, sur le renseignement qu'une menace d'engins blindés ennemis est signalée dans la région de St-Sylvestre Cappel et Godenaersvelde. Vers 9 heures 30, ce peloton intervient en effet contre une vingtaine de chars ennemis, mais venant du S.-O. en direction de Caestre et a la bonne fortune d'en détruire 8 en moins de 5 minutes, stoppant net l'attaque ennemie, dont les survivants font prudemment demi-tour et disparaissent.
La localité de Strazeele est bombardée par l'Artillerie ennemie à différentes reprises : 2 tués, 8 blessés du groupe commandement et dépannage de l'unité.
Dans la matinée, le 2ème Escadron intervient contre 4 chars lourds et de l'infanterie qui, ayant débordé Eecke par le Nord, ont attaqué et détruit une colonne de camion se dirigeant sur Godewaersvelde. Un char lourd allemand est détruit par le Sous-lieutenant LAURENT du 26ème Bataillon de chars qui s'était rattaché au Régiment depuis le 18 mai ; mais son conducteur, le Sergent-chef PECH est tué.
Dans le courant de l'après-midi, vers 16 heures, ordre est donné au Groupe H-35 par le Colonel POUPEL d'avoir, en collaboration avec un détachement de chars S-35 du Lieutenant De VANDIER du 4ème Cuirassiers, à nettoyer la région au Nord de la route de Caestre, Fletre, Bailleul où 40 chars ennemis seraient signalés. Cette mission confiée au 2ème Escadron renforcé d'un peloton du 3ème n'en rencontre aucun, signalés probablement par erreur.
Le Groupe H-35 est replié pour passer la nuit à Merris, à partir de 22 heures.
A 22 heures 15, réception d'un ordre de repli sur Zuycoote par Bailleul – l'Abelle – Vatou – Houtkerque – Rexpoede – Ghyvelde. Heure du commencement du repli : minuit.
Cet ordre prescrit de n'emmener que des véhicules de combat et de détruire avec discrétion tout le reste du matériel et que liberté de manœuvre est donné à tout le personnel non transporté. Il s'agit du repli général de l'Armée des Flandres sur Dunkerque pour échapper à la menace d'encerclement ennemi, par l'Ouest et par l'Est. Tous les véhicules sont emmenés ainsi que tout le personnel ; seule n'est détruite que la cuisine roulante du 2ème Escadron.
29 Mai
Dès l'arrivée à Bailleul à 0 heures, le mouvement est considérablement ralenti par l'embouteillage des diverses colonnes qui confluent sur la localité et dont l'écoulement est gêné par les ruines accumulées dans les rues. La ville a été complètement détruite dans le courant de la journée précédente par l'aviation ennemie.
Le mouvement n'est qu'une affreuse cohue d'unités mélangées le long d'un itinéraire encombré de véhicules abandonnés soi-disant sur ordre supérieur.
A l'arrivée au canal de Bergues à Furnes, dont les ponts sont tenus par les anglais, tous les véhicules à roues doivent être abandonnés sur place et détruits. Les Anglais prétendent appliquer la même mesure aux chars. Mais ceux-ci sont néanmoins introduits au Nord du canal par leurs équipages qui forcent la consigne.
Vers 14 heures, la majeure partie du Régiment est rassemblée dans la région de Zuydcoote.
A 18 heures, il est regroupé à Adinkerke (6 km E. de Zuydcoote). Toutefois, le 3ème Escadron n'ayant pu être touché reste dans la région entre Zuydcoote et La Panne.
Pendant toute l'après-midi, la zone de regroupement est surveillée et bombardée violemment par l'aviation ennemie, aucune victime au Corps.
30 Mai
Après une nuit calme on parle d'un embarquement à destination de la France, en vue duquel des situations de personnel et du matériel sont fournies. A 9 heures, ordre de regroupement dans la région de Bray-Dunes.
Mais à 10 heures 50, ordre est donné de regrouper tous les chars et véhicules en état de marche du Corps de Cavalerie, sous les ordres du Commandant MARCHAL et de les mettre à la disposition du Général FAGALDE, Commandant le 16ème C.A. (P.C. au Bastion 32) à Dunkerque.
Le détachement ainsi constitué et comprenant 21 chars S-35 et 18 chars H-35 est rassemblé à Coudekerque-Branche dans le courant de l'après-midi.
Cet ordre n'ayant pas touché le 3ème Escadron, ses chars sont détruits sur place et les équipages rejoignent, dans la région de Bray-Dunes, les autres éléments à pied.
31 Mai
Le Groupement MARCHAL s'organise à Coudekerque en 1 Escadron S-35 aux ordres du Lieutenant De VANDIERES du 4ème Cuirassiers (Chefs de Peloton : Lieutenants ARDISSON, COUTIER – Sous-lieutenant : BOIDIN du 18ème Dragons, Lieutenant RACINE de la 3ème D.L.M.) et un Escadron H-35 aux ordres du Capitaine De LANTIVY du 13ème Dragons (Chefs de Peloton : Lieutenant De FERRY du 4ème Cuirassiers ; Lieutenant DELLON et Sous-lieutenant STADLER du 29ème Dragons, Sous-lieutenant PAQUOT du 13ème Dragons).
Le P.C. du Groupement comprend : le Capitaine De La CHAUVELAIS, le Médecin-lieutenant TARDIEU, Le Sous-lieutenant LENE et l'Adjudant DEFOURNIOUX du 18ème Dragons.
Le Lieutenant LAURENT du 18ème Dragons assure la liaison avec le P.C. du 16ème Corps.
Le Lieutenant De LAVERNHE du 18ème Dragons en surnombre, refuse de rejoindre les éléments devant embarquer ; il est adjoint au Lieutenant De VANDIERES comme officier de liaison.
La mission du regroupement est précisée. Il doit soutenir jusqu'au bout les éléments de la défense suprême de Dunkerque.
Les éléments à pied du régiment sous la direction du Capitaine De SALINS sont dirigés sur Dunkerque pour être embarqués.
En traversant la ville, le détachement subit un violent tir d'artillerie, 2 hommes tués, l'officier : le Capitaine De PINDRAY et 4 hommes blessés.
Embarquement à 14 heures sur le caboteur «Ingénieur Cachin». Départ à 14 heures 35 à destination de Douvres. Arrivée à Douvres à 20 heures 30.
Le navire reste en rade, interdiction à quiconque de débarquer.
Le lendemain, il est dirigé sur Le Havre.
JUIN 1940
1er Juin
Le détachement du Capitaine De SALINS quitte Douvres à 6 heures 30, débarque au Havre à 20 heures 30 et est envoyé au fort de Ste-Adresse où il arrive vers 23 heures.
Groupement MARCHAL :
Par ordre du Général Commandant la 16ème C.A., l'Escadron SOMUA moins un peloton est mis à la disposition de la 68ème D.I. dont le P.C. est à Petite-Synthe (Ouest de Dunkerque) et l'Escadron HOTCHKISS à la disposition de la 12ème D.I. dont le P.C. est à St-Malo-Terminus et ensuite au fort des Dunes.
Un peloton S-35 est affecté au secteur fortifié des Flandres à Teteghen (peloton RACINE).
Le P.C. du Commandant MARCHAL est au Pigeonnier, à la lisière Sud de Coudekerque-Branche.
Nombreux bombardements d'avions et d'artillerie pendant toute la journée. 1 blessé.
2 Juin
Après une nuit calme, les abords du P.C. du Groupement MARCHAL sont bombardés par l'Artillerie vers 6 heures.
A 1 heure du matin, le peloton COURTIER (SOMUA) est envoyé au S.F.F. pour une contre-attaque à exécuter au point du jour en liaison avec un groupement de G.R. aux ordres du Lieutenant-colonel MARION, à l'Est de Bergues, où l'ennemi a franchi le canal de la Basse-Colline la veille au soir. Cette contre-attaque réussit parfaitement malgré les lourdes pertes subies par les G.R. qui feront tête toute la journée. Malheureusement, le Lieutenant COURTIER est tué le soir en prenant liaison hors de son char avec les Cavaliers à pied qui appuyaient l'Escadron.
Vers 14 heures, le reste de l'Escadron S-35 est retiré à la 68ème D.I. et mis à la disposition du Secteur fortifié des Flandres de plus en plus pressé par l'ennemi au Sud de Teteghem.
A 15 heures 30, il contre attaque dans la région de N.-D. des Neiges et atteint l'objectif vers 16 heures. Mais il n'est pas suivi par l'Infanterie qui ne rejoint les chars qu'à la nuit tombante.
Pendant toute l'après-midi, de durs combats se déroulent dans cette région où l'ennemi est fortement appuyé par l'Artillerie et de nombreuses armes anti-chars et pousse de Bergues vers Dunkerque dans la région de Coudekerque.
A 21 heures, le P.C. du Commandant MARCHAL est obligé de quitter le Pigeonnier dont l'ennemi s'est approché à environ 1 km au Sud. Ordre lui est donné de rembarquer dans la 2ème partie de la nuit à Dunkerque. Les chars restent à la disposition de grandes unités auxquelles ils sont affectés et doivent, d'après les derniers renseignements reçus d'eux, participer au point du jour à une nouvelle contre-attaque à l'issue de laquelle leurs équipages doivent être embarqués.
Le détachement du Capitaine De SALINS, quitte Le Havre par V.F. à 19 heures, à destination de La Bonneville (12 km S.O. d'Evreux).
3 Juin
A 3 heures 30, embarquement du P.C. du Commandant MARCHAL sur un petit bateau de pêche «Le Ciel de France» à destination de Ramsgate (Côte S.-E. de l'Angleterre) où il arrive à 9 heures.
De là, il est acheminé par voie ferrée sur Bournemouth sur la côte Sud de l'Angleterre au N.-O. de l'île de Wight où il séjourne jusqu'au 7 juin.
Le détachement du Capitaine De SALINS débarque à La Bonneville à 7 heures. De là , il est transporté en cars jusqu'à La Bretonnière (3km au N.-O. de La Bonneville). Cantonnement dans ce village jusqu'au 7 juin inclus.
Les chars du Lieutenant De VANDIERES contre-attaquent à nouveau au Sud de Teteghem à 4 heures en liaison avec le 143ème R.I. et atteignent de nouveau la ligne qu'ils avaient quitté la veille au soir, mais ils ne peuvent aller plus loin, l'ennemi considérablement renforcé empêche tout mouvement de l'Infanterie et le terrain est impraticable aux chars en dehors des chaussées empierrées en raison des inondations.
La position est néanmoins maintenue jusqu'à midi ; ensuite il faut se replier en couvrant l'Infanterie qui malheureusement fait sauter prématurément un pont où doivent passer les chars qui doivent être ainsi abandonnés et détruits sur la rive Sud du canal de Teteghem. Quelques instants auparavant, le Lieutenant De VANDIERES est blessé au bras et à la jambe gauche par une rafale de mitraillette alors que hors de son char, il veut s'assurer que notre Infanterie est bien repliée.
Il peut néanmoins s'échapper mais il sera fait prisonnier le lendemain à l'hôpital de Zuydcoote où il a été transporté.
Aucun équipage de l'Escadron SOMUA ne put s'embarquer et tous ces vaillants furent faits prisonniers après avoir combattu jusqu'à l'extrême limite de leurs moyens.
Le Lieutenant De VANDIERES put s'évader plus tard, ses blessures à peine fermées ; mais les Lieutenants ARDISSON, De LAVERNE et BOIDIN restent entre les mains de l'ennemi. Tous ont été plus ou moins blessés au cours de ces derniers combats.
A la 12ème D.I., l'Escadron de chars HOTCHKISS mis à sa disposition a été réparti par peloton entre les diverses unités. Aucun renseignement n'a pu être recueilli sur 3 de ces pelotons ; le 4ème peloton, celui du Lieutenant De FERRY du 4ème Cuirassiers (Chefs de chars : Maréchal-des-Logis-Chef Le TORZEC du 4ème Cuirassiers ; M.d.L. THIERRY, HUMEAU et BOUTIN du 2ème Escadron du 18ème Dragons) est d'abord affecté au 1er Bataillon du 8ème Zouaves jusqu'au 3 juin à 15 heures 30 et ensuite au 92ème G.R.D.I. (Lieutenant-colonel De BOISSY qui est accroché dans la région à l'Est de Leffrinckoucke sur le canal des Chats. Il appuie la défense de cette unité jusqu'à 21 heures, heure à laquelle les Cavaliers se replient sur ordre, et reste en position jusqu'à 0 heures 10 avant de décrocher lui-même non sans avoir infligé des pertes à l'ennemi qui cherche à s'infiltrer à la faveur de la nuit.
Le peloton rejoint Malo-Terminus où il détruit ses chars sur ordre et à 8 heures il peut quitter le port de Dunkerque sur une barque de pilote abandonnée, dont il a pu réussir à mettre le moteur en marche, ramenant avec lui, une trentaine d'autres Cavaliers et Artilleurs et rallier sans encombre le port de Douvres vers 16 heures. Seul, le M.d.L.-Chef BOERC et son conducteur AUVRAY, s'étant perdu dans la région de Malo, n'ayant pu être retrouvés, ne furent pas ramenés.
De Douvres, le détachement fut acheminé par voie ferrée sur Southampton et de là, embarqué à destination de Cherbourg où il arrive le 7 juin à 5 heures. Il rejoint les autres éléments, précédemment rembarqués, le soir à La Bonneville.
7 Juin
Un détachement sous les ordres du Capitainr De SALINS et composé de 9 Officiers – 25 Sous-officiers et 130 Hommes de troupe, est envoyé de La Bonneville à Chevreuse pour percevoir de nouveaux chars et reconstituer un Groupe d'Escadrons ; reconstitution qui ne sera pas faite faute de matériel.
Le Capitaine TITREMANN prend le commandement de l'effectif restant.
Le P.C. du Commandant MARCHAL quitte Bournemouth à 9 heures 30 et est dirigé par voie ferrée sur Plymouth où il est embarqué à destination de Brest sur «l'El-Djezair».
Départ du port vers 21 heures 30.
8 Juin
Arrivée à Brest à 8 heures du P.C. du Commandant MARCHAL. Embarquement par chemin de fer à 10 heures à destination d'Evreux.
Le détachement du Capitaine TITREMANN quitte La Bretonnière à 18 heures 30 pour se rendre à pied à Glisolles (3 km 500 de Bonneville).
9 Juin
Arrivée du P.C. du Commandant MARCHAL à environ 5 km à l'Ouest d'Evreux à 13 heures. Arrêt en pleine voie en raison d'une alerte aérienne dans la région.
Vers 13 heures 15, la ville d'Evreux est bombardée par l'aviation ennemie. Gros dégats dans la gare qui empêchent les trains d'y entrer. Débarquement en pleine voie et acheminement à pied sur Glisolles où le P.C. rejoint les éléments du 18ème Dragons.
A 23 heures 30, ordre de repli à pied sur Ambenay par Conches., Guémanville, les Eaux-de-Breteuil (distance : 30 km).
10 Juin
Départ de Glisolles à 2 heures. Arrivée à Ambenay à 9 heures 45 où tous les éléments à pied de la 1ère D.L.M. se rejoignent et sont constitués en groupement sous les ordres du Colonel De BRAUER.
A 19 heures, ordre est donné de continuer le mouvement à destination de Ste-Gauburge, St-Colombe par Rugles et Laigle (distance : 25 km).
A 22 heures, contre ordre est donné.
11 Juin
A 14 heures, le Commandant MARCHAL prend le commandement du Groupement De BRAUER. Le Colonel De BRAUER rejoint Chevreuse (S.-O. de Versailles) pour l'organisation du 12ème R.D.P.
A 18 heures, ordre est donné par le Général Commandant la zone de regroupement D (Général de De CAMAS) P.C. à Laigle, d'exécuter le mouvement sur Ste-Gauburge prévu la veille.
Départ d'Ambenay à 22 heures.
12 Juin
Arrivée du détachement à Ste-Gauburge à 8 heures. Etape pénible en raison de la pluie pendant la nuit.
13 Juin
A 15 heures, embarquement par voie ferrée, à destination d'Angers à la gare de Ste-Gauburge.
14 Juin
Le détachement débarque à Champtoge (26 km O. d'Angers), cantonnement à Champtoge. Il n'y a plus aucune liaison avec la 1ère D.L.M. ni avec le Colonel De BRAUER ; aucun ordre pour le détachement, ni à Angers, ni à Saumur.
16 Juin
Liaison entreprise avec le Colonel De BRAUER qui est à Cinais (S. de Chinon).
Ordre est donné de rejoindre le lendemain par voie ferrée.
17 Juin
Embarquement en gare de Champtoge à 15 heures à destination de Port-Boulet par Angers et Saumur, d'où le détachement doit rejoindre à pied Cinais. Départ du train à 19 heures.
18 Juin
La gare d'Angers ayant été bombardée dans l'après-midi du 17 par l'aviation ennemie, le train est dévié et finalement le débarquement a lieu à Thouarce vers 8 heures. Ensuite étape à pied de Thouarce à Chanzenne (28 km Sud d'Angers) où le détachement cantonne et est rejoint par les éléments venant de Chevreuse et Cinais sous les ordres du Capitaine de Salins.
Ordre est donné de mettre sur pied un bataillon de marche. Ce bataillon aux ordres du Commandant MARCHAL est constitués de 4 escadrons de 150 hommes. Chacun commandé respectivement par les Capitaines TITREMANN, De La CHAUVELAIS, GRIMBERT et le Lieutenant BABEY.
Le Capitaine De SALINS prend le Commandement d'un bataillon semblable mis sur pied par le 4ème Cuirassiers où le Capitaine De KERMADEC reçoit le commandement d'un Escadron.
Ces deux bataillons constituent un groupement commandé par le Colonel De BRAUER aux ordres directs du Général Commandant le Corps de Cavalerie.
L'armement de ces bataillons est effectué dans le courant de l'après-midi et de la nuit à l'aide de fusils et de mousquetons récupérés et complétés par des F.M. et des mitrailleuses HOTCHKISS.
19 Juin
A 13 heures, relevé de sa mission par 2 bataillons de Tirailleurs Sénégalais, il est envoyé à Denée (9 km 500 des Ponts de Cé) en renfort d'un bataillon de marche du Génie du Dépôt d'Angers chargé de la défense de la Loire, de Murs à Behuart (A l'Ouest des ponts de Cé).
Le Commandant MARCHAL reçoit du Général Commandant le Corps de Cavalerie le commandement de ce sous-secteur pour l'organiser ; sa mission terminée, il rejoint Chanzeaux à 20 heures.
Le contact est pris par l'ennemi dans la soirée aux Ponts de Cé et à l'Ouest devant l'Escadron GRIMBERT.
20 Juin
A 2 heures, le bataillon de marche quitte Chanzeaux à destination de St-Lambert du Lattay (4 km Nord de Chanzeaux), il est en réserve de secteur et tient les passages du Layon, de Rablay à St-Aubin-de-Luigne de part et d'autre de la route d'Angers à Chemille en liaison à l'Est avec le Bataillon De SALINS qui tient Thouarce.
A 12 heures, l'ennemi ayant franchi la Loire à Challonnes (20 km S.-O. d'Angers) ordre est donné à l'Escadron BABEY renforcé de 4 chars B 1 de reprendre Challonnes. Cette mission est remplie avec succès et l'ennemi est obligé de repasser la rive Nord.
En fin de soirée, ordre est donné de préparer un repli en direction du Sud-Sud-Est qui doit s'exécuter à la fin de la nuit.
21 Juin
Le repli prévu est entamé à 3 heures et le bataillon s'achemine par Chanzeaux – Joué Etiau – Le Voide – Vihiers-sur-Reveillere et St-Paul-au-Bois où il s'installe en cantonnement cerclé.
A 21 heures, il est mis en route par La Fougereuse et Argent-Château sur la Coudre – St-Aubin-du-Plain et Voullegon (8 km S.-O. d'Argenton) où il doit s'organiser face à l'Ouest.
22 Juin
Arrivée sur la position au lever du jour.
Contact est pris par l'ennemi à Argenton, tenu par un détachement de l'école de Saumur, dans la matinée par le Nord et l'Ouest.
A 15 heures, en raison d'une avance ennemie à l'Est de Thouarce en direction de Bressuire, ordre de repli est donné. Le Bataillon doit aller s'embarquer en chemin de fer à la Chapelle-St-Laurent (10 km Sud de Bressuire) d'où il doit être transporté sur Niort en vue de la défense de cette ville.
Une grande partie du groupe d'Escadrons du Capitaine De SALINS dont les itinéraires de repli sont coupés par l'avance de l'ennemi, ne peut rejoindre la gare d'embarquement à temps et disparaît.
Alors que les Allemands viennent de s'emparer de Bressuire, le train quitte la Chapelle-St-Laurent vers 21 heures, les véhicules à roues partent à la même heure par la route en direction de Niort par Secondigny.
Arrivé à cette localité , le Commandant MARCHAL apprend la présence de l'ennemi à Niort, à St-Maixent et son arrivée prochaine à Parthenay. (Renseignements recueillis par téléphone à la Gendarmerie de Secondigny).
Il décide d'essayer de s'échapper en direction du Sud-Est par Allone – Mazieres et l'Est de St-Maixent.
Au passage à Mazieres, des gendarmes font connaître qu'une colonne motorisée allemande allant vers Niort y est passée à la tombée de la nuit.
23 Juin
La colonne de véhicules à roues arrive à la Mothe Ste-Heray vers 3 heures du matin après une étape pénible en raison de la nuit très noire et d'une pluie battante.
Un certain nombre de véhicules ayant perdu le contact en raison de la difficulté de l'itinéraire parcouru se sont égarés et ne rejoignent pas.
Le Commandant MARCHAL apprend que la 1ère D.L.M vient de passer en se dirigeant vers Melle. Il la rejoint à Lezau.
Le P.C. du Corps de Cavalerie est dans la région de Civray (16 km Nord de Ruffec). Là, il retrouve le Colonel DARIO, adjoint au Colonel De BRAUER et va cantonner à Cornac (4 km Sud de Civray). Tout contact est perdu avec le train dirigé sur Niort, qui a été vu pour la dernière fois à son passage au passage à niveau de Mazères vers 11 heures du soir sans que personne puisse être arrêté.
A 19 heures, ordre de départ pour Villejoubert (24 km Sud de Ruffec) par Brioussac – Verteuil – Juille – Luxe – Xambes.
24 Juin
A 9 heures, départ à destination de St-Aulaye (13 km S.-O. de Riberac) par Angoulême – Monmoreau – Chalais. De là le détachement est porté à St-Vincent.
A 14 heures, en raison de l'approche ennemie, ordre est donné d'assurer la défense de St-Aulaye. Il ne peut y être consacré, en raison du manque d'effectifs, que 2 F.M. et une mitrailleuse en renfort desquels 3 canons de 75 sont envoyés par le Corps de Cavalerie.
25 Juin
0 heures 10, un coup de téléphone, envoyé par le Colonel De BRAUER à St-Aulaye, annonce que la fin des hostilités aura lieu à 0 heures 35 en exécution des clauses de l'armistice.
Le train envoyé de la Chapelle St-Laurent sur Niort a pu échapper aux mains de l'ennemi et a été acheminé en fin de compte sur La Réole où il est entré en zone libre.
HISTORIQUE DU 18e BCC
Chars Renault FT
Le 18e BCC est créé le 9 septembre 1939 au Centre Mobilisateur 506 de Besançon.
Le Bataillon aux ordres du chef de bataillon Rayel est rattachée administrativement au 516e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC) et affectée à la VIIIe armée installée le long de la frontière.
Le bataillon dispose de 39 FT canon et 24 FT mitrailleuse (Reibel).
En mai 1940, le 18e BCC se trouve dans la région de Mulhouse et est à disposition de la 105e DIF.
A partir du 8 juin, le bataillon alors sous les ordres du XIIIe CA, a positionné sa première compagnie (capitaine Marchal) à Sausheim, sa deuxième compagnie (Capitaine de Sainte Foy) à Rustenhardt et sa troisième compagnie (Capitaine Leroy) à Wolfgantzen, la C.E. du capitaine Petithuguenin est près de Belfort.
A partir du 15 juin les combats font rage suite à l’attaque allemande sur le Rhin et le bataillon est engagé près de Wolfgantzen. Entamant un recul, le bataillon se replie sur le nord de Mulhouse, puis Uffholtz que seule la première compagnie atteint. Passant ensuite par la route de crêtes, pressés par les Allemands, seuls deux chars de la 1ère compagnie atteindront finalement le col de la Schlucht.
Le 18 juin, la 2e compagnie est encerclée dans le bois de Niederwald, puis capturée.
Pendant ce temps la troisième compagnie a participé à la défense de Guebwiller puis gagne enfin la route des crêtes pour rejoindre le col de la Schlucht.
HISTORIQUE DU 17e BCC
Formé par le 506e R.C.C., le 17e B.C.C (Commandant Cazalbou) est affecté à la VIIIe Armée et quitte Besançon le 3 Septembre 1939, pour rejoindre un lieu de stationnement dans le Haut-Rhin.
Début 1940, le 17e BCC va s’installer dans la région de Traubach à l’ouest d’Altkirch.
Le 20 mai, après près de six mois consacré à l’instruction il fait mouvement sur Retzwiller en prévision d’un embarquement par voie ferrée à destination du front de l’Aisne.
Le 1er juin 1940, il s’installe à Vailly-sur-l’Aisne à proximité de la zone impartie à la 28e Division d’Infanterie à Soupir près de Soissons. Il est rattaché au 7e Corps d’Armée.
Le 3 juin à 11 heures, la 3e Compagnie reçoit l’ordre de se porter à Magival. Elle est bombardée sur la route pendant 23 minutes. Les dispositifs de D.C.A. montés sur la tourelle permettent d’abattre un bombardier allemand qui tombe en flammes. Une bombe en ricochant tombe sur un char : le chef de char, Sergent-chef Tupin, qui tire avec le dispositif de D.C.A. est blessé au bras gauche par un éclat. Le char est indemne.
Le journée et la nuit se passent dans l’attente sous un bois au sud de Margival.
La 1ère Compagnie (Capitaine Victor Petit), mise à la disposition de la 7e D.I. fait mouvement le 5 Juin pour une P.A. à Clamecy (nord de Soissons) qu'elle atteint à 13 heures.
A 19h30, le Capitaine Petit reçoit l'ordre de se porter immédiatement sur Juvigny au Château où est le P.C. du 93e R.I.
La Compagnie y arrive à la tombée de la nuit. Le Colonel donne l'ordre d'attaquer immédiatement sur le plateau au Nord de Juvigny, où l'ennemi progresse.
Les chars n'auront pas d'infanterie pour les accompagner.
Malgré l'obscurité croissante, et sans rien connaître du terrain, la Compagnie fonce sur le plateau en deux échelons. La nuit est complète.
Après s'être assurés qu'aucune réaction ennemie ne se produit, les chars, malgré de grosses difficultés pour se diriger, se rallient dans un ravin au Sud-Ouest de Juvigny ; il est 3 heures, le 6 Juin.
Dès le petit jour, le Capitaine de chars va avec le Chef de Bataillon adjoint au Colonel du 93e,organiser trois points d'appui d'infanterie sur les crêtes est et ouest de Juvigny et à la lisière nord du village avec le reste du Groupe Franc du 93e et des isolés refluant d'Unités de l'Ailette.
Le Capitaine Petit, après être allé s'assurer que sa Compagnie était prête à attaquer, remontait vers les points d'appui d'infanterie, lorsqu'il vit des fantassins du 93e qui refluaient en désordre, criant que "les boches arrivaient aux premières maisons" !
Il remonte les fuyards de plus en plus nombreux, alors qu'une fusillade désordonnée éclate.
En quelques bonds il parvient jusqu'à un caporal du Groupe Franc, qui lui dit que le point d'appui du centre lâche, et qu'il a vu le lieutenant du Groupe Franc fait prisonnier.
Sans attendre l'ordre du Colonel du 93e - l'hésitation n'étant plus possible - Petit engage au plus vite la Compagnie en contre-attaque. Elle est magnifique de calme et de précision ; les chefs de section dirigent leur section avec maîtrise.
Au débouché sur le plateau de Juvigny elles se trouvent en présence de trois compagnies allemandes qui avancent dans les céréales, cachés jusqu'à la ceinture ; une en direction du village, deux qui le débordent à l'est et à l'ouest, et ont déjà sérieusement progressé vers les ravins boisés. Nos mitrailleuses font merveille et abattent tout ce qui est sur le plateau ou veut le déborder, faisant le vide autour de nous, sans souci de l'aviation ennemie qui, venant d’arriver, déverse sur nous son chargement de bombes, lentement en rase-motte. Avec cran, les fantassins allemands, par petits groupes, continuent à pousser en avant. Les survivants foncent vers le village ; le débordement s'élargit.
Les pièces anti-char ennemies arrivent ... Le char du Sergent Breton (section Buchaillat) se repliant de 20 mètres, passe près de celui du Capitaine, et, entrouvrant sa porte le mécanicien peut lui crier que son chef de char est blessé par un obus anti-char qui a fracassé la lunette de visée.
Nous continuons notre action pour permettre aux fantassins de se ressaisir ; mais les armes anti-chars se font de plus en plus nombreuses et sont difficiles à situer.....
La section Buchaillat, décimée, est immobilisée et ne tire plus.
La section Autogue est criblée d'obus ; la section Guidoni, protégée par une ride de terrain, continue son feu pour endiguer le débordement.
Le Lieutenant Moreau, après avoir changé de char sous le feu (panne de terrain) a progressé pour mieux endiguer l'infiltration à l'ouest.
Ayant rempli sa mission et comme il revenait vers le village, il veut porter aide à la section Autogue, repart vers le Nord, prend à partie des mitrailleuses ennemies et les détruit .... quand son char reçoit des obus anti-char, qui mettent son appareil en panne ; un projectile lui écrase complètement la main gauche ; un autre atteint l'armement, le blesse gravement à l’œil droit et au nez. Aidé par son mécanicien, il peut sortir du char et gagner le poste de secours du 93e. Tout en continuant de tirer, le ralliement s'opère.
La section Autogue, comme prévu, doit se rallier la première, mais malgré le signal répété, le char du Sergent Beaud reste immobilisé ... et ne tire plus. Le Lt Autogue a ses armes mises hors de service au moment où il contre-bat encore une pièce anti-char.
Son troisième char prend feu ... mais le Sergent-Chef Piquard parvient à éteindre et à ramener l'appareil à l'abri, malgré un obus dans le moteur !
La section Guidoni couvre le ralliement.
A Cuffies où la Compagnie s'est regroupée, le Capitaine Petit reçoit l'ordre de se porter à l'appui du 3e Bataillon du 159e R.I. qui doit tenir la ferme au N-E de Leury ; Les 5 chars encore en état de combattre s'apprêtaient à s'y rendre sous le commandement de l'Adjudant Guidoni, quand le Capitaine apprend que l'ordre de repli au delà de l'Aisne va arriver, et que l'ordre de contre-attaque avec le 159e qui va se replier est annulé.
La Compagnie attend de nouveaux ordres à Cuffies, alors que l'ennemi qui a déjà atteint la crête, tire sur le village.
Au cours de la seule journée du 6 Juin, la 1/17e BCC a eu 4 tués, 5 blessés - dont 2 officiers et 2 sous-officiers, et elle a perdu 8 chars, détruits ou hors de combat.
La 3e Compagnie se porte à 3 heures dans les bois au sud-est du Moulin de Laffaux et subit plusieurs heures de bombardement aérien mais sans aucune perte.
La capitaine Lamielle est blessé accidentellement par son char en guidant la manœuvre.
Vers 8 heures, constatant le repli des troupes voisines, le Lieutenant Richard qui a pris le commandement de la Compagnie décide de se replier sur Margival où sont restés les tracteurs de ravitaillement.
A Nanteuil-la-Fosse il reçoit l’ordre du Commandant du 130e R.I. d’attaquer immédiatement en direction du carrefour de l’Ange-Gardien qu’a atteint l’ennemi.
L’attaque démarre à 9 heures 15 à hauteur de la ferme Mennejean où la compagnie subit un tir de l’artillerie française qui immobilise un char (Jacquet n°50615), un autre appareil est tombé en panne au cours de l’approche.
Au carrefour de l’Ange-Gardien, la présence ennemie se révèle bien plus importante que les "quelques éléments" signalés au P.C. du 130e R.I. De nombreuses pièces antichars sont postées soutenues par plusieurs chars. Un char moyen et deux chars légers sont immobilisés par nos tirs, l’un d’eux est incendié. Le char du Sous-lieutenant Drouille (50605) est percé et incendié par 2 obus tirés à courte distance d’un char FT occupé par des allemands.
Quelques fantassins français se replient, poursuivis par des centaines d’allemands que les mitrailleuses des chars arrivent progressivement à stopper. Cependant, les trop nombreuses pièces antichars mettent plusieurs chars hors de combat à une distance de 8 à 900 mètres.
Le char du Lieutenant Richard (50629) rentrera avec 21 points d’impact, les chars Girardot, Marle, Lauron, Guyenot rentreront avec leurs trains de roulement et armement détériorés.
Les chars des Sous-Lieutenant Monnet (50621) et Sous-Lieutenant Drouille, du Sergent-chef Beaud (50159), sont incendiés par le tir ennemi ou sabordés par l’équipage.
Le char du Caporal Gautheron (50633), tombé dans un ravin a disparu avec son équipage, le char Colin (50590), chenille coupée a été renversé et sabordé par son équipage.
Les chars du Sergent-chef Saner (50601) et du Sergent Lacroix (50286) ont été immobilisés, les équipages ont disparu.
Après une heure et demie d’engagement, en attendant vainement l’arrivée de l’infanterie, le Lieutenant Richard doit se résoudre au repli, arment et moyens de vision détruits.
8 chars sont perdus sur les 13 engagés. 14 hommes, officiers, gradés et chasseurs sont portés disparus.
La Défense d’Acy
7 juin - 5 heures..... La 2e Cie du 17e B.C.C.. (7 Chars dont 2 en assez triste état) cantonne au village d'Acy, au Sud de l'Aisne à quelques kilomètres de Soissons. Depuis plusieurs jours l’unité "baroude" farouchement dans les rangs de la 28e Division Alpine composée de troupes d'élite qui s'accrochent au terrain et résistent pied à pied à la formidable poussée allemande - la veille la compagnie a mené 4 contre-attaques très dures sur le plateau de Vaudesson, elle a réussi à rejeter au delà du Chemin des Dames jalonné de noms fameux aux consonances victorieuses les bataillons allemands, qui, avec une folle témérité et un allant inouï, avaient réussi à occuper les plateaux coupés de ravines qui dominent l'Aisne entre Vailly et Soissons. Le soir ses équipages, rendus de fatigue mais magnifiques de courage et d'endurance ont effectué des missions de liaison, de reconnaissance et de nettoyage sans aucune protection à travers un terrain semé d'embûches et truffe d'armes anti-chars. Les "Stukas" appelés à la rescousse ont mis à mal plusieurs appareils. Deux chefs de sections sont indisponibles : l'Aspirant Clerc, vraisemblablement tué dans son char renversé par une torpille ; l'autre : le Sous-Lieutenant Guerner, blessé en enlevant sous les rafales de mitrailleuses terrestres et aériennes l'armement de son appareil avarié.
Le Char du Commandant de Compagnie, le Capitaine Arnould, a été incendié ; l'équipage, miraculeusement a pu rejoindre l'unité, les armes à la main, sans une égratignure.
Le fatigue est indescriptible, mais le moral est de plus en plus élevé. L'unité composé de gars de l'Est et du Centre, prête à tous les sacrifices. Commandée depuis près de 2 ans par son Capitaine, ses équipages triés sur le volet connaissent à fond leur matériel. Plus et mieux que cela ; ils l'aiment comme le cavalier aime sa monture. Depuis le début des hostilités, un sang nouveau, apporté par les équipages réservistes a été infusé à l'ancienne A.S.350. Et ce sang est bien rouge, brassé par des cœurs qui battent à l'unisson sur un rythme bien français. Les premiers combats ont réalisé les espoirs nourris par le chef de ces braves et ont fait de l'unité un bloc compact, homogène, indestructible.
Dans la nuit on a repassé l'Aisne sous la protection du 99e R.I., régiment d'élite dont le chef, le Colonel Lacaze, pouvait tout demander à ses hommes parce qu'il exigeait plus encore de lui-même.
L'Aisne ! Rivière historique derrière laquelle on allait se retrancher pour repartir comme autrefois à la conquête du territoire envahi et faire à nouveau flotter sur les cathédrales vénérables de Laon et de Soissons le pavillon tricolore.
7 Juin 7 heures..... Un violent bombardement (105 & 150) s'abat sur Acy. Les vitres dégringolent avec fracas. Les fumées d'incendie montent dans le ciel bleu et la-bas, sur les plateaux abandonnés momentanément les monstrueuses meules de paille attestant la richesse des provinces françaises sont autant de brûlots gigantesques. Un bombardement ? et puis après !... Les officiers de la Compagnie après avoir pris quelque repos dans de vrais lits et procédé une toilette plus nécessaire que jamais (Peut-on bien se battre lorsqu'on n'est pas rasé de frais) font-distribuer le café aux équipages. Le Capitaine oriente le matériel et le personnel sur une “creute” magnifique qui s'ouvre à la sortie sud du village et, dans le matin clair, où chantent les alouettes, il grimpe dans son side-car armé pour assurer la liaison avec le Chef de Bataillon.
Celui-ci confère avec le Colonel du Combret, commandant le groupe. Les deux chefs félicitent le Capitaine de la conduite de ses équipages. Mais le passé ne compte plus : ce qui importe c'est l'avenir. Et l’avenir c'est le coup d'arrêt que l'on doit porter à l'ennemi sur 1’Aisne. La 28e Division est à bout de forces. Elle va se reformer en arrière pendant qu'une division de 2e réserve occupera la rive sud de la rivière. Ils resteront à Acy en attendent les ordres ultérieurs qui les mettront vraisemblablement à la disposition de la division sœur de la 28e : la 27e dont l'arrivée est imminente.
Une grande joie soulève le Capitaine Arnould. La 27e c'est avec elle qu'il y a quelques semaines, la 2e Cie montait la garde sur la frontière suisse ; c'est avec son chef, le prestigieux Général Doyen que la dernière main a été mise à la liaison Infanterie Chars, liaison morale autant que matérielle. Combattre avec la 27e ... Quelle récompense... et quelles espérances.
Dans un grondement rageur, le side 69.418, piloté par le fidèle et imperturbable Monty, un auvergnat paisible et têtu pour qui aucun véhicule à moteur n'a de secret, remmène le Commandant de Compagnie.
Tout y est calme, malgré le fracas des obus. Les réservoirs sont pleins, les chenilles sont vérifiées, les casiers à munitions regorgent d'obus et de cartouches... Un casse-croûte digne de Gargantua a joué vis a vis des estomacs le rôle qu'ont rempli les tracteurs Renault vis à vis des chars. Qu’on se repose et qu'on attende tel est l'ordre donné par le Capitaine.
Mais les évènements ne vont pas tarder à se précipiter.
Les avions à croix noires commencent leur ronde infernale, piquant vers le sol en lâchent leurs chapelets de bombes et leurs rafales de mitrailleuses telles des mouettes apocalyptiques.
Des convois automobiles, des batteries d'artillerie traversent le village, se dirigent vers le sud... Puis ce sont des groupes de fantassins l'air harassé, certains désarmés...... Encore des artilleurs, des sapeurs et toujours ces groupes pitoyables de fantassins ayant perdu tout contact avec leurs chefs et dépourvus d'ordres précis.
Que se passe-t-il donc ? Le Capitaine Arnould interroge quelques-uns de ces hommes. Ils ne savent rien, sinon que, chargés de défendre la traversée de l'Aisne, ils ont vu depuis le matin les allemands tenter en force la traversée de la rivière, qui sur des tonneaux, qui sur des canots en caoutchouc et que, toutes munitions épuisées, tout contact perdu, sans soutien d'aucune sorte, ils se sont vus dans 1'obligation de chercher dans le repli une chance de retrouver leurs unités dispersées, décimées.
12 heures.- La situation est grave. La batterie anti-chars qui protégeait avec la 2/17 la creute où celle-ci s'était installée reçoit l'ordre de repli. Le Capitaine Arnould demande à son chef de lui laisser les mines anti-chars dont elle dispose. Puis il va personnellement faire une reconnaissance en avant.... Plus rien à l'horizon.
Quelques fantassins isolés passent encore certifiant qu'ils sont les derniers..... 13 heures....... Le calme règne, mais un calme annonciateur de la tempête qui va se déchaîner.
Deux routes mènent à Acy, venant de la direction dangereuse, l'une à flanc de coteau, face à la grande crête parallèle à celle sur laquelle est bâti le village, l'autre s'enfonçant dans le ravin. Il faut interdire ces routes. Le capitaine fait placer et amorcer les mines puis réunissant les équipages il leur fixe leurs missions. Missions de sacrifices : 7 chars sans soutien contre des régiments nombreux enivrés par le succès et armés Jusqu'aux dents.... qu'importe on tiendra jusqu'au bout et ensuite advienne que pourra.
Dans les yeux de ses officiers et de ses gradés le Commandant de Compagnie voit luire les flammes des dévouements joyeusement et ardemment consentis.
Les chasseurs qui déjà ont fait leurs preuves et quelles preuves ! envisagent le baroud proche comme un match entre eux et la mort menaçante. Mais ils sont fermement décidés à gagner la partie et le Capitaine se sent soulevé par une émotion à la fois douce et vibrante lorsqu'il plonge ses regards dans les yeux de ses hommes qu’il connaît depuis longtemps mais dont il ignorait jusqu'à présent la véritable personnalité. L'épreuve du feu, la seule qui compte et qui dépouille l'être de sa gangue tantôt terne tantôt brillante. A la Compagnie sous la gangue effritée, c’est de l’or pur qui se révèle.
3 chars sur la route N.O. adossés au talus boisé à contre jour.
3 chars sur la route du ravin, camouflés dans l'ombre des maisons vides.
Et le 7e en surveillance sur la route du sud ou des parachutistes ont été signalés.
Au centre du dispositif le P.C., les motos de liaison, les tracteurs de ravitaillement.
Le Capitaine envoie un C.R. d'installation au Chef de Bataillon qui approuve les dispositions prises et demande de tenir jusqu'au bout. Il sait bien que la 2/17 sera digne de sa réputation et portera très haut le fanion de l’A.S.
15 heures..... Des pétarades , des interpellations, du mouvement dans les rues dessertes : c'est un escadron du G.R.C.A. qui, avec la joyeuse insouciance et le cran magnifique des Cavaliers, arrive à la rescousse, envoyé par le corps d'Armée.... Prise de contact, cordiale et précise entre les deux capitaines. Le Cavalier se met très simplement à la disposition du Commandant de la 2/17 et sur ses indications, poste ses mitrailleuses, ses F.M. et ses canons de 25 aux emplacements indiquée par celui-ci. Maintenant le Boche peut venir. On l'attend de pied ferme.
15 heures 45...... C'était trop beau. L'escadron du G.R.C.A. reçoit l'ordre de se porter en arrière pour occuper une autre position. Son chef est navré mais il doit obéir. Et les adieux qu'i1 fait au Capitaine Arnould sont empreints d'une noble gravité.... Il sait que le proche avenir est lourd de menaces....Un grondement de moteurs, des commandements brefs, nets ; dans un ordre impeccable les cavaliers d'acier, comme à la manœuvre foncent dans la direction qui leur a été assignée.
A nouveau la 2/17 est seule, seule avec ses chars qui ne sont pas nombreux et avec son courage qui est grand.
16 heures.... Des rafales de mitrailleuses font passer dans les rues du village un sifflement d’orage... Le capitaine se rend auprès du Sous-Lieutenant Thomas qui lui montre en face, sur la crête, des groupes de soldats qui progressent, parallèlement au pont tenu par la Compagnie, en petites colonnes.... Les jumelles entrent en action…
Mais 1200 mètres, c'est beaucoup et le kaki et le feldgrau, à cette distance sont difficilement discernables... Incertitude..... Tirer ? Oui, mais si ce sont les nôtres ? Ne pas tirer ? Et si ce sont les bataillons ennemis que le Commandement espère arrêter là ????
Dans l'esprit du capitaine un violent combat se livre ; il faut tout de même agir... Et pour agir à coup sur, un seul moyen : tirer assez haut pour ne pas risquer d'accidents si contre toute vraisemblance nous avons affaire à des troupes amies, puis observer les réactions de ceux qui, sans arrêt et sans hâte, progressent sur la crête.
Le capitaine donne l'ordre d'ouvrir le feu et pointe ses jumelles dans la direction suspecte. Aux premières rafales les groupes qui progressaient marquent un temps d'hésitation. On voit les agents de liaison se détacher. Les dispositions de combat sont prises. Pas de doute étant donné la direction de marche des éléments observés, il s’agit bien d'unités ennemies...... Hausse 1200 mètres - Feu à volonté. Avec une joie à peine masquée par son allure de géant paisible, le Sous-Lieutenant Thomas appuie sur la détente et déclenche le tir de toute la section. Hourrah ! Les coups portent et portent bien.
En side, le Capitaine fonce vers l'autre section celle du Sous-Lieutenant Lassale, descendant du célèbre sabreur du 1er Empire et fait commencer le tir sur le même objectif. Le Sous-Lieutenant Lassale exulte. On dirait ma foi, qu'il s'agit d'une partie de plaisir. Et c'en est bien une, car les Boches dégringolent, tourbillonnent disparaissent, pendant que d'autres dépassant la crête, hésitent, se demandant ce qui arrive et cherchant où est le danger.
Le Capitaine, allant d'une section à l'autre, ne ménage pas ses félicitations et encouragements à ses équipages, secondé par l’énergique Lieutenant Chippaux, un réserviste de l'Est, habitant l’Alsace depuis longtemps et qui joint à ses connaissances professionnelles un cran dont il ne se rend même pas compte.
Un motocycliste de liaison fait la navette entre la Compagnie et le Chef de Bataillon pour le tenir au courant de la situation.
A chaque voyage il essuie des rafales de mitrailleuses. Mais la 2/17 à la "Baraka" Personne n'est blessé.
17 heures 30...... Il y a du nouveau, les boches réalisent qu'il ne s'agit pas d'une résistance organisée sur un large front, ni de la réaction de quelques éléments d'infanterie sporadiques. Ils flairent, le char, leur ennemi mortel qui depuis plusieurs jours leur porte de si rudes coups ..... Des voitures à chenilles se profilent sur le crête traînant des armes basses et longues : à deux le jeu : les anti-chars sont là !
Et commence alors la lutte des deux adversaires. Les obus et les balles anti-chars sifflent et se fichent dans le talus à côté de nos appareils. L'un d'eux est atteint. Le Sous-Lieutenant Lassale les dents serrées, la rage au cœur pointe avec soin. Bravo : une voiture à chenilles est durement touchée et flambe. Un canon anti-char atteint de plein fouet, cesse le tir, ses servants fauchés à leur poste. Quant aux fantassins ennemis c'est une hécatombe.
Allons, c'est du beau travail et le Capitaine Arnould est fier de ses équipages.
Mais l'aiguille tourne, les munitions s'épuisent et dans quelques quarts d'heure la nuit tombe. Le char de surveillance dont l'état est assez défectueux est renvoyé sur Ecuvry ainsi que le tracteur de ravitaillement vidé de tout son chargement et 3 motos dont la présence n'est plus nécessaire.
L'ennemi s'énerve de cette résistance imprévue. Il déborde le village par l'est et par l'ouest et déchaîne une tempête de feu sur ses défenseurs. L'air vibre de sifflements et de claquements secs.
Un tour d'horizon effectué par le Capitaine donne à celui-ci la certitude que dans quelques instants le village sera complètement encerclé. Le route d'Ecuvry reste encore libre mais pour combien de temps ?
Les chars continuent à cracher leur terrible venin. Là bas les "feldgrau" tombent et les pièces anti-chars n'osent plus se mettre en batterie Mais bientôt elles pourront profiter du crépuscule pointer à coup sûr sur nos appareils immobiles leurs gueules de bêtes fauves.
19 heures 30 Un motocycliste de liaison revient d’Ecuvry. En cours de route il a essuyé des rafales tirées de très près. Mais son sourire n’en est pas plus large ! c'est qu'il apporte une bonne nouvelle : la 27e Division arrive, elle s'installe sur le rebord sud du plateau et se prépare à contre-attaquer demain matin. Allons tout va bien… Mais il faut que la Compagnie garde sa puissance de combat, car on aura besoin d'elle dans quelques heures. D'ailleurs sa mission est remplie. A contre cœur, le Capitaine va donner à ses chefs de section l'ordre de repli.
Le Sous-Lieutenant Thomas, un soldat discipliné obéit en sollicitant encore l'autorisation de vider quelques chargeurs. Le Sous-Lieutenant Lassale lui, n'entend même pas les appels de son Cdt de Cie.
Le veste en cuir en lambeau, des écorchures partout, un visage noirci où les yeux francs devenue d'acier luisent sombrement animés d’une flamme farouche, il tire, il observe, il pousse des interjections de joie ou de rage, il tire encore. Quel beau soldat ! Le Capitaine au milieu des balles qui claquent sur le talus admire la résolution farouche. Mais il faut penser à ceux qui nous attendent la-bas pour les appuyer demain. Allons en route.... Lassale grogne.
Il veut consommer toutes ses munitions. Il grogne comme ceux qu'un aïeul menait sabre au clair à l’assaut des villes prussiennes…
Et puis tout de même, car il sait que l'individu doit s'incliner devant l'intérêt général ; il obéit et fait mettre ses moteurs en route. Lentement les deux chars qui lui restent exécutent un demi-tour impeccable. Les tourelles se tournent vers l'ennemi et, avant de doubler le char incendié qui allume dans le soir tombent une torche gigantesque, le section Lassale en guise d’adieu lâche une dernière bordée sur les bataillons gris-verts.
Puis dans un ordre parfait, en colonne de route, aux distances réglementaires, la 2e Cie du 17e B.C.C. brisée de fatigue, noire de poudre, mais soulevée d'une joie immense et d'un enthousiasme patriotique, fonce dans le grondement de ses moteurs vers le rendez-vous que la Gloire - ou peut-être la mort lui a assigné pour inscrire une page de plus au Livre d’Or de l'A.S.
Le 8 Juin, une Compagnie de combat est constituée avec les chars rescapés du 17e B.C.C. (dont les 5 de la 1ère Cie), sous le commandement du Capitaine Victor Petit.
Le même jour, après plusieurs ordres et contre-ordres, elle se poste en P.A. près de Grisolle.... où, dès le 9, elle perdra tout contact avec l'E.M. et ce qui reste du Bataillon.
Mise (par le Général De Bizemont) à la disposition de la 7ème Demi-Brigade de Chasseurs, dont quelques éléments – dans un désordre général indescriptible - résistent à la Ferme Puaux au Nord de Beuvardes, la Compagnie gagne la lisière Est du bois de la Tournelle, prête à intervenir.
Dans la nuit du 9 au 10, la Demi-Brigade de Chasseurs ayant reçu l'ordre de repli au delà de la Marne, la Compagnie de chars, après avoir fait bouchon à Beuvardes se replie dans les bois sud d’Espied, en vue de passer la Marne au pont de Mont St-Père. Des renseignements indiquant que ce pont a été endommagé par la Luftwaffe, le Cne Petit envoie le Lt Pamero,en moto, reconnaître l'état des autres ponts sur la Marne, en particulier à Château-Thierry. On ne reverra plus le Lt Pamero.
Faisant effort sur Mont-St Père, l'ennemi a déjà atteint La Cense à Dieu... la Compagnie devra forcer le passage pour atteindre le pont. Les tracteurs, commandés par l'Aspirant Rémond,sont encadrés par les chars.
La bataille s'engage contre les pièces anti-chars que l'ennemi met en œuvre. Le char de l'Aspirant Colin est atteint par une vingtaine d'obus ; celui de Sergent Foret est perforé sur le coté, blessant le chef de char, mais l'appareil n'est pas immobilisé.
L'Adjudant Guidoni, en tête de colonne se présente au pont pour demander le passage ; mais un court répit pour permettre de détruire les chars qui ne pourront pas le franchir.
Le lieutenant qui le défend refuse ; le pont va sauter, et seuls les équipages auront juste le temps de passer avant qu'il soit totalement détruit..... Le Capitaine Petit, quí en queue de colonne a assisté au drame, fait demi-tour avec son char, et s'engage à travers le bois pour tenter de gagner Château-Thierry. Il tire sur l'ennemi qui le suit de très près mais le char a une fuite d'huile, et finalement, cerné, Petit doit le détruire en l'incendiant.
De son coté, le Lt Autogue, pour sauver les motos, remonte jusqu'au pont de Jaulgonne mais lorsqu'ils y parviennent ils tombent en pleine bagarre ; les tirailleurs qui le défendent sont déjà aux prises avec les allemands. Autogue doit se résoudre à détruire le matériel ; et il parvient à faire franchir le pont par le personnel, par petits groupes successifs. A peine vient-il lui-même de passer et qu’il met en batterie un F.M récupéré des Chasseurs, que le pont saute ; il est couvert de gravas. Vers 17 heures il va au P.C. de la 20e D.I. à Connigis, rendre compte, avant de se mettre à la recherche du 17e B.C.C.
La désorganisation, l'absence de liaisons, de renseignements ... et d'autorité, ont obligé de détruire tout le matériel, et à ne sauver que le personnel.
Du 7 au 21 juin, au Sud de l'Aisne et au cours des replis de la 6e Armée, les opérations ont été menées à l'aide de Compagnies ou de sections reconstituées qui ont toujours été engagées et ont obtenu d’excellents résultats.
Le jour de l'armistice, le Bataillon avait encore au contact une section de trois chars et un élément avancé.
Pertes au cours des opérations.
Personnel :
5 Officiers, 2 Aspirants, 9 Sous-Officiers, 8 Caporaux-chef et Caporaux, 26 Chasseurs tués ou disparus
3 Officiers, 4 Sous-officiers, 2 Caporaux, 2 Chasseurs blessés.
Matériel :
35 chars détruits.
16e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Cette unité, équipée de 45 chars R 35, aux ordres du commandant Bellanger est rattachée administrativement au 506e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC) et affectée à la VIIIe armée installée le long de la frontière de Colmar à Montbéliard.
La création des quatre Divisions Cuirassées (DCR) de janvier à mai 1940 et les pertes notables subies lors des combats obligent l'Etat-major à de nombreuses réorganisations dans la répartition des bataillons de chars de combat au sein des armées et des groupements auxquels ils sont rattachés.
Le 16e B.C.C. restera affecté à la VIIIe armée et rattaché au 506e GBCC.
Le 10 mai 1940 il se trouvait dans la région de Luxeuil - Lure en manœuvres combinées. Il embarque le 10 au soir pour Altkirch où il arrive le 11 au matin et d’où il gagne Balschwiller.
1ère Compagnie
14 (ou le 15) mai 1940
La 1ère Cie, détachée du Bataillon est envoyée à Kiffis (frontière suisse) et intégrée dans un groupement temporaire qui doit en cas de violation de la neutralité suisse par les allemands aller épauler les bataillons suisses sur le plateau de Gempen, au sud de Bâle. L'hypothèse envisagée ne se réalisant pas, les différents éléments du Groupement sont les uns après les autres envoyés en renfort plus au nord. La 1ère Cie du 16e B.C.C.reste en réserve d’Armée et commence alors une série de déplacements continuels.
Du 7 au 20 juin, elle devait faire plus de 400 km sur chenilles, se rendant d’abord à Elsenheim entre Colmar et Sélestat, puis sur la Saône à Jussey, enfin à Faucogney et au col du Mont des Fourches (au dessus du Thillot).
7 juin 1940 Kiffis (Frontière Suisse près de Ferrette).
8 juin 1940 Bouxwiller.
10 juin 1940 Carspach (près d’Altkirch).
11 juin 1940 Andolsheim (près de Colmar).
Accident et évacuation du Lt Legat. Mort d’un motocycliste (Montalescot), accidenté de nuit. Mort d’un chasseur écrasé par un char tombé du porte-char qui le transportait.
12 juin 1940 Elsenheim
Accident et évacuation du Lt de Mesmay.
13 juin 1940 Wittenheim (près de Mulhouse)
14 juin 1940 Plancher Bas
Évacuation du Cne Vernoy, Commandant la Compagnie pour bronchite double. Le Lieutenant Michallet de la 3e Cie prend le commandement de la Cie.
15 juin 1940 Frotey les Vesoul.
16 juin 1940 Cendrecourt (près de Jussey).
Des motocyclistes allemands et deux automitrailleuses sont détruits par la 1ère Cie (1 A.M. détruite par le Lt Michallet) en liaison avec un bataillon polonais.
17 juin 1940 St-Sauveur (près de Luxeuil).
On perd la liaison avec l'E.M. du Bataillon, les motocyclistes envoyés ne revenant pas. La Cie combattra dorénavant seule. Deux Sections occupant le village, les deux autres sont aux ailes. Des chars allemands attaquent au petit jour, la Cie tient St-Sauveur jusqu’à 16 heures.
Pertes : 3 chars détruits – quelques blessés, pas de mort.
18 et 19 juin 1940 Faucogney
7 chars avec les Lt Michallet et Thery, l’Aspirant Labbaye défendent l’entrée sud du village, pendant qu’une section (Sergent Guimchard) à l’entrée ouest de La Longine empêche l’arrivée par derrière des chars allemands qui sans cesse cherchent à déborder notre défense.
Nos chars sont attaqués le 18 au matin et résistent héroïquement toute la journée ainsi que la matinée du 19 contre les chars allemands. Ils sont aidés par des tirs de 75.
Pertes : 5 chars détruits.
Une partie des équipages est tuée ou brûlée en char : Sergent Alexandre, Caporal Cholley, Chasseurs Chevallot, Lachaud, Vergniaud, d’autres peut-être.
L’aspirant Labbaye grièvement blessé (poumon perforé, 1 biceps coupé) est dégagé et sauvé.
19 juin au soir Col du Mont des Fourches
Les 5 chars restants montent au col du Mont des Fourches par la route de Corravillers, pendant que les chars allemands progressent à l’ouest par des chemins de montagne.
Le Sergent-chef Heuraux fait sauter la route au col à l'arrivée des Allemands.
Tout le matériel sur roues, les tracteurs légers de ravitaillement descendent vers le Thillot ainsi que les 5 chars restants.
Pertes : 2 chars.
20 juin 1940
Les 3 chars commandés respectivement par les Lt Michallet et Thery et le Sergent Guimchard repartent à l’attaque. Le reste du matériel est détruit sous bois par ordre du Colonel Duluc Commandant les chars de la VIIIe Armée.
21 juin 1940 Saulxures sur Moselotte
Le personnel gagne à pied Saulxures sur Moselotte à travers bois. Les Lt Michallet et Thery, le Sgt Guimchard et leurs mécaniciens regagnent la Cie après avoir détruit leurs chars.
22 juin 1940
Le personnel est fait prisonnier et dirigé sur Remiremont.
23 24 et 25 juin 1940 Remiremont
Départ des prisonniers pour Belfort.
2e Compagnie
12 juin 1940
La Compagnie bivouaque dans la forêt de la Hardt-nord, scindée en quatre fractions :
a/ Commandant d’unité et 2 sections (3 & 4) à la Maison forestière de Grünnhütte.
b/ 2 sections (1 & 2) à Pont-du-Bouc.
c/ L’échelon sur chenilles bivouaque au point 230, intersection Route de Battenheim et Allée de la Fontaine.
d/ L’échelon sur roues, sous le commandement du Lieutenant Bard cantonne en stationnement d'alerte à Battenheim.
L’unité est la disposition du Colonel commandant le 371e R.I., commandant le Secteur du Puits.
A 23h15, l’unité reçoit l’ordre de se regrouper pour gagner Wittelsheim. L'exécution de cet ordre fait l’objet des ordres partiels n° 1, 2 et 3, en date du 12-6-40, à 23h30. Les sections de combat se regroupent à l’Ile Napoléon et se dirigent sur Wittelsheim où la Cie arrive vers 5h20 du matin.
13 juin 1940
Présentation au bureau du Bataillon qui donne l’ordre d’aller dans le bois de Niederwald, où la Cie s’installe au complet, en bivouac.
Pour mémoire : accident du Caporal-chef Viard qui a eu la jambe gauche fracturée à la suite d’une rencontre du side-car qu’il pilotait avec une voiture militaire.
Un compte-rendu succinct a été établi et adressé au bataillon. Le Side-car accidenté a été ramené à l’unité.
Vers 20h00, l'unité reçoit l’ordre de se mettre en route pour rejoindre Plancher-Bas. Départ à 20h30.
14 juin 1940.
Arrivée à Plancher-Bas, l’unité s’installe en cantonnement-bivouac.
15 juin 1940
A 1 h 15, les commandants de Cie sont demandés au bureau du bataillon pour recevoir des ordres concernant l’ordre de mouvement en vue de rejoindre le Bois de Frotey, à l'est de Vesoul.
Dislocation des véhicules lourds placés sous la direction du Capitaine commandant la Cie qui doit rejoindre Esprels.
Les éléments de combat (chars, tracteurs, camionnettes de section, V.L.F., V.T.T.) gagnent les Bois de Frotey où ils arrivent vers 11h00. Réunion des Commandants d’unité au Chef de Bataillon pour recevoir les ordres d’Opération.
La 2ème Cie est mise à la disposition du 5ème R.I.P.
Le Commandant de l'unité, avec les Lts Bard et Brun vont procéder à une prise de contact avec le Chef de bataillon (2ème) que l'on aurait dû trouver à La Chapelle-St-Quillain. A 13h00, n’ayant pu joindre le chef de bataillon, nous nous dirigeons en direction de Seveux. A la bifurcation de la route et du G.C. 13, nous rencontrons le chef de bataillon (2ème du 5ème R.I.P.) auprès duquel nous prenons des instructions.
Retour par le même itinéraire au Bois de Frotey et compte-rendu au chef de bataillon.
Départ de l’unité à 16h00 par l’itinéraire Vesoul - Raze – Fresne-St-Mamès – etc.
a/- Vellexon pour les sections de combat qui s’installent en bivouac sur la route G.C. 13.
b/- La Chapelle-Saint-Quillain pour les véhicules sur roues qui stationnent, et les tracteurs et la camionnette de dépannage qui se portent au nord de la Madeleine, dans le Bois de Belle-Vaivre.
16 juin 1940.
Après avoir pris des instructions du Commandant du 2e Bataillon, auquel l’unité est affectée, il est procédé, dès 6h00, à l’organisation de la défense du secteur, à savoir :
a/- 2ème Section – S-Lt Lebe reste en position sur le G.C. 13 face à Vellexon.
b/- les 3 autres sections se portent dans le Bois de la Belle-Vaivre, saillant Nord, face à Seveux et Savoyeux.
Mise en place à 9h00.
A 13h00, le Commandant de l’unité reçoit l’ordre de mettre une section de chars à la disposition d’une Cie d’Infanterie chargée d’une contre-attaque en direction de Mercey-sur-Saône. D’après les renseignements parvenus des éléments avancés motorisés allemands auraient franchi la Saône au pont de Quitteur.
La section du S-Lt Brun désignée pour cette mission a effectivement pris contact avec l’ennemi et engagé le combat dans le village de Motey-sur Saône.
L’opération se déroulait de 13h50 à 14h15. Le chef de Bataillon avait déjà replié son P.C. sur les hauteurs et dans les bois environnants le hameau de Vaivre.
A 14h30, un combat se déroulait dans le village de Motey-sur-Saône. Des projectiles de mitrailleuses venaient même sur les hauteurs ci-dessus citées, et l’on constatait que la ligne d’infanterie refluait.
A 14h45, arrivée du Lieutenant Bouchière qui cherchait le Chef de Bataillon pour lui communiquer l’ordre de se replier en direction de Lure en passant au sud de Vesoul (l’ordre de repli aurait du parvenir depuis la veille au soir, 15 juin).
A 15h00, le Commandant de l’unité reçoit l’ordre d’engager les 3e et 4e sections avec des éléments de contre-attaque en préparation.
A 15h50, le Commandant de l’unité alerte ces 2 sections et se porte à la rencontre de la section du S-Lt Brun qui était de retour et se ralliait à l’intersection la C.G. 13 et de la route de Seveux. Des compte-rendus, il résulte que 4 auto-mitrailleuses allemandes ont été mises hors de combat par la section Brun. Il fut constaté depuis ce dernier point que les automitrailleuses allemandes avaient pris feu par l’explosion de leurs propres munitions, ainsi qu’un camion de munitions d’infanterie appartenant au 2e bataillon polonais.
Le Commandant de l'unité regroupe les sections de chars, et reçoit l'ordre d’effectuer un repli en direction du village de Vellexon. Ce repli est effectué à partir de 17h00 avec mission de placer les sections de char en avant-garde et arrière-garde pendant le déplacement du bataillon polonais.
Après regroupement des unités ayant rompu le contact, la colonne dépasse le village de Vellexon vers 18h00 et prend l’itinéraire La Vermotte, Les Patay, Frétigney, Grandvelle, Fondremand, en direction de Loulans où la colonne fait grand’halte de 6h00 à 8h00, à 3 km en avant de Loulans.
Pour mémoire :
a/- plein d’essence effectué vers Saint-Gand, à 16h00.
b/- on constate que les 3 camionnettes de section n’ont pas rejoint la colonne après leur départ de la Chapelle-St-Quillain – heure et direction inconnues (30059 Lavergne, 30064 Rigal, 30065 Darbot).
c/- il est rendu compte au Commandant de l’unité de la disparition des motocyclistes Doize et Vaudin qui montaient la motocyclette 31229 et seraient entrés dans le village de Motey au cours de l’engagement, ainsi que le Chasseur Peschel. Renseignements négatifs.
d/- la voiture du Colonel Duluc quitte la colonne pour regagner Lure à hauteur du village de La Vernotte, vers 21h00.
e/- le Lieutenant Bouchière essaie de rejoindre Lure à l’aide du side-car 69425 piloté par le caporal Courbeil.
f/- il est rendu compte au Commandant de l’unité que les chasseurs Deroy Raymond, Kauffer Marcel, Montillot Jean et Henry Roger ont abandonné la Cie en emmenant avec eux le side-car 69414, et se sont enfuis à la faveur de la nuit dans une direction inconnue. Après enquête sommaire, il y a lieu de considérer que ces hommes se sont rendus coupables d’abandon de poste sur un territoire en état de guerre, avec emport de matériel appartenant à l’Etat, et avec fait aggravant de paralyser les moyens de commandement ou de liaison de l’unité.
17 juin 1940.
A 8h00, le Commandant de l’unité reçoit l’ordre n° 33, daté du 16-6-40 - 22h00, lui enjoignant de se diriger sur le Bois Sud de Vouhenans, à 5 km sud de Lure. Cet ordre, reçu tardivement n’a pu être exécuté et devenait sans objet par suite des instructions téléphoniques reçues à 7h30 par le Commandant du 2e Bataillon auquel la Cie de chars était mise à la disposition. Force fut donc, d’après les renseignements sur l’ennemi qui occupait Vesoul et Lure, de suivre le sort du bataillon polonais qui se repliait en direction de Clerval. L’ordre de suivre ce bataillon dans son mouvement de repli a été donné par le Commandant de ce bataillon au Capitaine commandant la compagnie de chars en présence des officiers de cette unité.
Le motocycliste Beaufort Michel (294306) apporteur de l’ordre n° 33 a reçu mission de porter au chef de bataillon ….
((((Manque une page)))))
18 juin 1940
…. dans le village de Maîche avec mission de s’embosser pour faire de l’anti-char à l’intérieur du village.
A 15h00, le Cdt de compagnie s’est présenté au chef de l’Etat-Major du 45e C.A. pour se faire identifier et se mettre à sa disposition.
A 17H45, même présentation au Commandant de Maîche en ce qui concerne les deux chars restés dans le village à la disposition du Commandant du secteur.
Sur ordre de l’Etat-Major du 4e C.A., la 2e Cie récupère des éléments isolés d’unités de chars appartenant à diverses formations (P.E.B. 2, 29e B.C.C.) commandés par l’Adjudant-chef Masson. Ces éléments avaient avec eux un tracteur et une remorque chargée de munitions pour canon et mitrailleuses. Ils se sont joints au personnel de la 2/16 à Fessevillers.
19 juin 1940.
Le Commandant de la compagnie reçoit à 13h40, du 45e C.A. Etat-Major, 3e bureau, l’ordre n° 2211/3 lui prescrivant d’appuyer avec 6 chars une contre-attaque éventuelle de la 2ème D.I.P. sur Damprichard. A ce moment la 2e Cie de chars passe sous le commandement du Général Commandant la 2ème D.I.P.
A partir de 18h00, ordre est donné au Commandant de la 2e Cie de chars d’employer les sections disponibles pour faciliter le décrochage et la rupture de combat des éléments polonais engagés dans la région Trévillers, Belfays, Ferrières (2 – 3 – 4).
Vers 19h00, le Commandant de Cie donne l’ordre de prendre toutes dispositions en vue de rendre le char 50020 inutilisable, ce dernier devant être abandonné sur place par suite de panne mécanique, faute de pièces de rechange (demi-arbre gauche cassé). Il avait été procédé au retrait des armes, munitions, batteries d’accumulateurs, magnéto, carburateur etc. Les carters et parties du moteur, ainsi que la boite de vitesse ont été volontairement détériorés. Le char a été incendié volontairement à l’aide d’un bidon d’essence de 50 litres pour le rendre définitivement inutilisable par la destruction des tableaux de bord, commandes, etc. Cette destruction a été opérée par l’Adjudant Belin, sur ordre express du Commandant d’unité qui avait déjà reçu des instructions en vue d’une manœuvre de repli dans le village de Goumois.
Sur l’ordre du Commandant de la 2e D.I.P. tous les éléments doivent effectuer un repli à partir de 20h00.
Départ 20h45. Mission de la compagnie de chars : une section en avant-garde, 2 sections en arrière-garde, la dernière section, les tracteurs et les véhicules à l’intérieur de la colonne.
Les premiers chars arrivent à Goumois à 22h10.
20 juin 1940.
Les derniers éléments avaient franchi la frontière vers 2h00. Les sections ont eu leur armement individuel enlevé et déposé au poste frontière de Goumois.
Le regroupement de la Cie s’est effectué à Saignelégier (Suisse) vers les 5h00. Il a été procédé au dépôt des munitions de chars et à la visite des véhicules sur roues et sur chenilles. Opération terminée vers 10h00.
A 11h00, les autorités suisses ont fait délivrer un premier ravitaillement au personnel de la Cie.
A 13h00, départ pour Bienne où l'arrivée a lieu vers 17h00. Les chars sont parqués à proximité du collège de Bienne, ainsi que les véhicules. Les officiers et la troupe sont logés et ravitaillés au Collège précité où ils passent la nuit.
21 juin 1940.
Dépôt des chars, des tracteurs et du matériel à l’arsenal à Lyss et mouvement sur Morat.
22 au 26 juin 1940.
Cantonnement à Morat.
27 juin 1940.
Embarquement à Lyss des chars et tracteurs à destination de l’arsenal de Thunn. La Cie cantonne à Lyss.
28 juin 1940.
Départ à 4h30 pour gagner Thunn et procéder au débarquement des chars arrivés vers 9h00.
A compter du 29 juin la Cie est logée dans un hôtel à Adelboden.
3e Compagnie
11 juin 1940.
La 3e compagnie stationne dans le Sundgau (sud de Mulhouse).
12 juin 1940.
La compagnie est alerté à 23 heures. Elle fait une étape sur chenilles de 22 km et aboutit le 13 au jour à Wittelsheim (ouest de Mulhouse).
Dans la nuit du 13 au 14 elle fait étape de Wittelsheim à Plancher-bas.
15 juin 1940.
Au matin, le Bataillon se dirige sur Vesoul, il y arrive vers 11h00 et est mis à la disposition du groupement Duluc. Le Cie est mise à la disposition du G.R. de la 2e D.I. polonaise qui barre l'axe Langres – Vesoul sur la Saône avec un très large front.
La Cie est coupée, par ordre, en 2 fractions employées l'une sur l'axe Scey-sur-Saône - Vesoul, l'autre sous les ordres directs du Commandant de Cie à Port-sur-Saône.
16 juin 1940.
Les Allemands se présentent au jour et le combat s'engage. Les ponts étaient mal détruits. Vers 12 heures, le colonel commandant le G.R. annonce que l'ordre de repli va être donné. Les chars doivent protéger le décrochage des polonais d'une crête située à 500 mètres en arrière. Mais contrairement à ce qui était prévu, les Polonais décrochent les premiers et disparaissent. Le Commandant de Cie reste sur place une demi-heure avec ses chars. Le tir de l'artillerie ennemie devient dense. Le Commandant de Cie décide de se replier. Le mouvement s'exécute sans trop de difficultés. En arrivant au village de Pusey, un motocycliste du détachement de Scey-sur-Saône fait savoir que les Polonais sont partis sans prévenir et que le détachement n'a pas reçu l'ordre de décrochage. Le Commandant de Cie lui fait dire de le rejoindre. En attendent, il organise la défense du village. Il détruit quelques engins légers et des motos ennemis. Son char est mis hors de combat par un projectile anti-char. Il est blessé en sortant du char et fait prisonnier.
15e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Unité constitué à Nancy par le 1/510 et armée de chars B1 bis
ENCADREMENT
Chef de Bataillon BOURGIN, Commandant le Bataillon
Capitaine DAMON. Chef d'Etat-Major
Lieutenant LAEDLEIN, Adjoint technique
Lieutenant DEVOS, Officier de Renseignement
Lieutenant G. GUILLAUME, Officier de Transmission
Lieutenant SEROT, Chargé des Détails
1ère COMPAGNIE |
2e COMPAGNIE |
3e COMPAGNIE | COMPAGNIE D'ÉCHELON |
Cap. LAURENT, Char, Rennes Lieut. KREISS, Grenoble S-Lieut. DUFOUR Léon, Sénégal S-Lieut. YARDIN, Tonkin Lieut. SASSI, Lyon Asp. ROLLIER, Toulon Lieut. SAURET, Bourrasque Lieut. COQUET, Guadeloupe S-Lieut. FOURNIER, Bordeaux S-Lieut. PERRÉ, Tempête S-Lieut. RIOU S-Lieut. CASTAGNE S-Lieut. CHARDOR |
Cap. VAUDRÉMONT, Cambodge Lieut. PAGNON, Corse Lieut. PLATRIER, Flamberge S-Lieut. SIGROS, Foudroyant S-Lieut. PICARD, Aquitaine S-Lieut. VIEUX, Anjou S-Lieut. GUILLOT, Algérie Lieut. DUMONTIER, Madagascar S-Lieut. HANS, Bombarde S-Lieut. ANTOINE, Cantal S-Lieut. NAEGEL S-Lieut. LANVIN |
Lieut. POMPIER, Mistral Lieut. WILLIG, Vosges S-Lieut. PHELEP, Nantes S-Lieut. HAMELIN, Lille Lieut. PAVAUT, Savoie S-Lieut. FERRY, Besançon S-Lieut. GAUDET, Tunisie Lieut. PÉROUSE, Maroc S-Lieut. RAIFAUD, Indochine S-Lieut. RIVAL, Tornade Lieut. DETROYAT S-Lieut. VIENNOT Asp. HUBERT |
Lieut. SALLERIN, Commandant de Cie Lieut. LEBLANC, Atelier S-Lieut. ABERLEN, Atelier Lieut. ROQUES, Approvisionnement Lieut. MATHIEU, Char Nice, Section de remplacement Lieut. VAUCHERET, Martinique Section de remplacement Adjt-Chef COCHERIL, France Section de remplacement |
I. - 24 AOUT 1939 - 9 MAI 1940
24 AOUT. - Les Compagnies quittent Nancy et vont cantonner à Maron.
27 AOUT. - Les éléments du bataillon reçoivent l'ordre de se porter immédiatement, de nuit, à Solgne et dans les bois de Moucheux (20 km sud-est de Metz).
31 AOUT. - Les échelons sur roues rejoignent les unités.
2 SEPTEMBRE. - Mobilisation. Le bataillon, placé en réserve générale, stationne dans la zone de la IIIe Armée.
5 SEPTEMBRE. - Le bataillon entre dans la constitution de la 2e Brigade Cuirassée.
10 SEPTEMBRE. - A 20 heures, départ de Solgne pour porter les unités dans la région de Metzeresche (est de Thionville).
11 SEPTEMBRE. - Etat-Major, CE et 1ère Cie stationnent à Metzeresche tandis que les 2e et 3e sont à Lemestroff et Monneren devant la ligne Maginot.
12 SEPTEMBRE. - Le bataillon quitte la 2e brigade pour être mis à la disposition du G.B.C.C. 511 en vue de son emploi dans des contre-attaques dans les intervalles de la ligne fortifiée.
14 SEPTEMBRE. - En deux étapes, la 2e Cie se porte aux lisières sud-ouest du bois de Tunting.
15 SEPTEMBRE. - Dans d'après midi, la 1ère Cie est alertée et quitte Metzeresche pour se porter en position d'attente à Kirschnaumen.
17 SEPTEMBRE. - Les 3e et 2e Cies permutent dans leur stationnement.
22 SEPTEMBRE. - Le bataillon est relevé de ses missions. La 3e Cie quitte le bois de Tunting et va à Kirschnaumen, tandis que les 1ère, 2e, C.E. et l'E.M. stationnent à Metzeresche.
Mis à la disposition de la IIe Armée, le bataillon doit faire mouvement par voie ferrée pour être dirigé dans la région de Verdun.
23 SEPTEMBRE. - Embarquement à Hagondange, débarquement le même jour à Jeandelize (entre Etain et Confans-Jarny) puis va stationner à Hermeville.
30 NOVEMBRE. - Embarquement à Etain.
1er DÉCEMBRE. - Débarquement à Châlons-sur-Marne. Stationnement du bataillon : EM et CE, Marson, les Cies à Francheville. Dampierre-sur-Moivre et St-Jean-sur-Moivre.
31 DÉCEMBRE. - La révision générale des chars est entreprise au PEB 101 à Mourmelon.
16 JANVIER. - La 2e Brigade Cuirassée entre dans la constitution de la 2e Division Cuirassée (2e DCR).
17 JANVIER - 9 MAI. - Manoeuvre au camp de la Haute-Moivre. Tirs à Suippes. Révision du matériel.
Au 9 mai il reste en révision au Parc de Mourmelon, 4 chars : Flamberge et Bombarde, de la 2e Cie, Tramontane de la 3e et France de la CE (char de Commandement).
Les modifications apportées, à la dernière minute, au plan d'emploi de la 2e D.C.R., écartèlent le bataillon en quatre détachements :
A) 1ère et 2e Compagnies –
B) 3e Compagnie –
C) Détachement de Rethel –
D) Les colonnes sur roues.
10 MAI. - Le bataillon est alerté pour être enlevé à partir du 13 mai.
13 MAI. - Le bataillon doit être embarqué le soir même en gare de Châlons. Quatre trains sont prévus, un par compagnie et un pour la CE et l'EM.
14 MAI. - A 11 heures, le premier train arrive en gare et part à 14 heures, le deuxième, à 18 heures et quitte Châlons à 20 heures.
15 MAI. - Les 3e et 4e arrivent à 3h20 et 6h30.
A. - OPÉRATIONS DES 1ère ET 2e COMPAGNIES
15 MAI. - Le premier train parvient à Le Nouvion en Thiérarche à 9 heures. A 14 heures, le détachement de l'état major sous les ordres de l'officier de transmission part à destination de Signy l'Abbaye.
Le deuxième train (1ère Cie) arrive à 16 heures et le troisième (2e Cie) à 18 heures. A 19 heures, ces deux unités sont débarquées. Elles doivent se rendre à Maranvez (8 km nord de Signy-l'Abbaye ). Ordre inexécutable en raison de la situation. Le Commandant se rend au P.C. de la IXe Armée où le général lui donne la mission suivante :
" Dans l'après-midi, des A.M. ennemies ont dépassé Montcornet. Le bataillon procèdera à un ratissage des rives de la Serre, puis poussera jusqu'à Liart (20 km nord-est de Rozoy) où il s'établira en position défensive de Liart à Bucilly (5 km de Hirson)."
A 22 heures, les deux compagnies partent de Le Nouvion pour se porter sur la base de débart : bois des Bouleaux (est de Voulpaix).
Itinéraire : La Capeile, Etraupont, La Chaussée, Laizay, Voulpaix.
16 MAI. - A 2 heures, les chars arrivent à Laizay où les pleins sont recomplétés. La compagnie Gelot, du 17e BCP, isolée de sa formation, se rattache au bataillon.
L'encombrement des routes est considérable, retardant le mouvement de la colonne. Maries n'est atteint qu'à 8h30.
Les ordres suivants sont donnés :
Dispositif du bataillon
- Au nord de la Serre : 1ère Cie. Axe de progression : Cillly, Bosmont, Tavaud, Chaource, Montcornet, Ste-Geneviève, Rouvray.
- Au sud de la Serre : 2e Cie. Axe de progression : RN 46.
En deuxième échelon, la Cie du 17e BCP derrière la 1ère Cie
Le nettoyage ne commencera qu'à l'ouest de Marie.
Arrêt prolongé sur la ligne Chaource - Montcornet - Lislet.
Exécution de l'opération
1ère Cie - Jusqu'à Montcornet, l'ennemi n'oppose aucune résistance sérieuse et donne l'impression d'avoir replié ses blindés.
2e Cie - Vers La Neuville (7 km sud-est de Maries), les premiers engins blindés ennemis sont rencontrés et rapidement détruits. Avant Montcornet, des AM et des chars légers embusqués dans un bois près de la route prennent à partie les deux chars de tête. Toute la colonne fait feu sur le bois. La résistance est rapidement détruite. Peu après un char allemand qui traverse la route est mis en flamme par un de nos appareils.
A 10 heures, après 4 heures de marche, les compagnies se replient sur Martes pour procéder au ravitaillement.
A 11 heures, la IXe Armée prescrit au bataillon une nouvelle mission
Contre attaquer vers le nord en direction de Plomion et Andouzy, où de nombreux engins blindés ennemis progressent en direction de Vervins.
A 13 heures, à Berlancourt (4 km nord-ouest de Maries), les unités se ravitaillent à un dépôt d'essence qui ne dispose que d'une pompe à main. Le ravitaillement n'est achevé qu'à 17h30.
A 18 heures, le bataillon part pour remplir la mission.
Ordre de marche : Cie 17e B.C.P., 2e et 1ère Cie.
Axe de déplacement : Route de Guise par la Hérie La Vieville.
A hauteur de Chanlieu (5 km sud de Guise), le Cdt du bataillon est informé qu'en fin d'après-midi, l'ennemi occupait Guise.
A 18h30, le bataillon se replie sur Origny-Ste-Benoîte pour y tenir la coupure de l'Oise où il parvient à 20 heures. La ville étant tenue par le 8e B.C.C., le bataillon se regroupe à Homblières à 22 heures (6 km est de St Quentin ). Six chars sont manquants et le bataillon est sans nouvelle de la 3e Cie.
17 MAI. - En fin de matinée, le bataillon quitte Homblières pour aller tenir les ponts de St-Simon. Le mouvement s'effectue par l'itinéraire Neuville-St-Amand, ltancourt, Urvillers, Essigny-le-Grand, Serancourt-le-Grand. L'aviation ennemie ne cesse de survoler les unités durant tout leur déplacement. A Neuville-St-Amand, le Cdt de la 1ère Cie est sollicité par le Colonel du 13e Dragons pour reprendre le pont de Sissy qui vient d'être occupé par l'ennemi, La 1ère Cie reprend le pont, mais les dragons ne suivant pas, les chars font demi-tour.
Le bataillon arrive à St-Simon au cours de l'après-midi. A 18 heures, il reçoit l'ordre de se regrouper à Cuy (10 km ouest de Noyon).
18 MAI - A 1 heure, 12 chars sont regroupés à Cuy et entrent dans la formation de groupes temporaires avec les restes des 14e et 27e BCC.
Deux groupements sont constitués :
Groupement Aubert : Deux Compagnies de H (6 chars) et 4 B du 15e.
Mission : S'emparer des postes de Jussy et Liez, franchir le canal Crozat, progresser jusqu'à l'Oise pour aller tenir les ponts d'Origny-Ste-Benoîte et d'Achery.
Groupement Laurent : 5 B du 15e et 6 du 8e BCC.
Mission Départ de Ham avec mission de nettoyer le terrain entre la Somme et le canal Crozat, puis progresser jusqu'à Mesnil-St-Laurent (sud-est de St-Quentin).
Le groupement Aubert ne parvient au canal qu'à la tombée de la nuit et la mission est remise au lendemain.
19 MAI. - Trois colonnes sont formées :
a) Trois H du 27e et un B du 15e franchissent le pont à St-Simon et, en quelques minutes livrent le village à l'infanterie. Les chars continuent vers Artemps sur un terrain truffé de mines et sous le feu de pièces antichars.
b) Deux H du 27e et deux B du 15e franchissent sans encombre le pont à Jusey, se dirigent vers Essigny et Urvillers au milieu d'un dispositif de défense adverse très serré. Des pertes sérieuses sont infligées à l'adversaire AM, Armes automatiques et antichars. A Essigny, les chars ayant épuisé leurs munitions se replient.
c) En trois patrouilles, six chars débouchent du pont de Liez. Une se dirige sur Travecy qu'elle atteint sans difficulté ; une sur Vendeuil où elle perd un char ; quant à la dernière, elle tente de gagner le pont de May, mais à Ly Fontaine, dans un sérieux engagement, ses deux appareils sont détruits.
L'infanterie ne suit pas les chars aussi, à 18 heures, ils se replient sur le canal où ils tiennent les ponts.
Colonne Vaudremont
Part à 1 heure, progresse jusqu'à Guiscard où a lieu le ravitaillement ; elle se dirige ensuite sur Ham qu'elle aborde à 7 heures. La ville est occupée par un bataillon du 147e RI, mais l'ennemi tient la partie nord.
Le franchissement de la barricade française présente quelques difficultés et il faut une heure pour atteindre le canal. La barricade allemande défendue par des mines est attaquée au canon Avec plusieurs obus, les défenseurs se rendent et sont employés au déminage. A 9h30, la colonne pénètre dans la partie nord de la ville, mais aussitôt, elle est prise sous le feu de canons antichars français de 47 pris par l'ennemi. Un rude combat de rues contre les antichars se développe et ce n'est qu'à 11h30 que les premiers appareils atteignent la sortie nord où ils détruisent un nouveau barrage. Ces résistances ont provoqué un retard considérable et les consommations y d'essence et de munitions ont été très importantes. L'infanterie n'ayant pas suivi, il ne saurait être question d'atteindre l'objectif final distant de 25 km. La colonne se replie avec quatre chars assez mal en point.
20 MAI. - Situation inchangée Au soir, la division donne l'ordre de regroupement sur Guiscard.
21 MAI. - Le bataillon rejoint la division à Baillly (entre Compiègne et Noyon puis, à la nuit, gagne le carrefour de l'Étoile de la Reine en forêt de Compiègne.
B. - OPÉRATIONS DE LA 3e COMPAGNIE
15 MAI. - A 22 heures, la 3e Cie débarque à Le Nouvion. Elle se rassemble en position d'alerte dans la forêt de Nouvion prête à partir sur appel du commandant.
16 MAI. - A 17 heures, elle reçoit l'ordre de rallier immédiatement les 1ère et 2e Cies à Voulpaix. La marche est extrêmement ralentie par l'encombrement des routes. La colonne évite Vervins pilonné par l'aviation ennemie, arrive à destination à 23 heures. A Voulpaix, il n'y a plus d'éléments des deux autres compagnies.
17 MAI. - Au jour, les pleins sont faits. La compagnie quitte Voulpaix pour rejoindre Wassigny où elle parvient à 24 heures.
18 MAI. - Vers 7 heures, les ordres suivants parviennent :
a) Une section (Willig) va tenir les ponts d'Oissy. Vers midi relevée par une section de Hotchkiss, elle rejoint Wassigny à 14 heures ;
b) A 10 heures, trois chars (Cie Pompier) partent nettoyer Landrecies et Le Cateau qui seraient infestés d'une poussière de blindés. Passant par Ribeauvillé, Mazinghien et Catillon où se trouvent les derniers Français, ils continuent sur Ors et La Folie. Parviennent à Landrecies qui paraît désert et extraordinairement calme. Au milieu de la ville, sur une place, un rassemblement de tous terrains ennemis est mis en flamme en quelques coups de 75. Un antichar se révèle, tire sur le Mistral qui répond, détruisant le canon et la maison qui l'abrite.
Dans une rue, à coup de 75 et de mitrailleuses, les chars tirent sur des équipages ennemis qui tentent de se réfugier dans les maisons.
c) A 11 heures, une section (Pavaux) part en patrouille en direction du Cateau où elle est reçue à coups de canons par des antichars français tombés entre les mains de l'ennemi qui détruisent l'Indochine. Les chars rentrent à Wassigny où ils coopèrent à la défense fixe.
d) A 11 heures également, la 3e section reçoit l'ordre de se porter au pont de Hauteville, Le chef de section part avec le seul char qui lui reste. Entre Aisonville et Hauteville, au croisement de la route Montigny-Proix, il rencontre un char lourd qu'il atteint d'un coup de canon de 47. D'autres blindés apparaissent à défilement de tourelle ; à ce moment les chars ennemis ouvrent le feu. Devant la supériorité du nombre, les nôtres sont contraints de rompre le combat et rentrent à Wassigny.
e) Dans l'après-midi, la section Willig va patrouiller vers Groize, Marolles et Favrel. En passant à Cotillon, notre infanterie signale le passage de blindés ennemis coupant la route du Cateau.
A 17 heures, deux chars se portent vers Pommereuil où ils sont attaqués par une dizaine de PzKW IV appuyés de canons automoteurs. Le Vosges est atteint le premier. Sous la protection du Nantes, l'équipage quitte le char avant qu'il ne saute.
A Ors, dans l'après-midi, un nouveau raid est entrepris sur Landrecies par deux B, quelques H des 14 et 27, ainsi qu'un escadron du 5e Rgt de Dragons Portés.
Deux colonnes sont formées chacune de un char B, deux H et 1/2 escadron de Dragons.
A 20 heures, la progression commence de part et d'autre du canal entre Ors et Landrecies.
Colonne de gauche. - Progresse sur la rive ouest du canal jusqu'au pont de Landrecies. Détruit deux chars allemands.
Colonne de droite. Le char B progresse jusqu'à La Folie, y attend vainement Hotchkiss et Dragons et rentre à Ors.
Au soir, l'ennemi enserre de plus en plus Ors.
18 MAI. - Au matin, le combat s'engage dans la partie est du village entre chars allemands et antichars français. Les B, tenus en réserve dans les jardins à l'ouest du village reçoivent à 10 heures l'ordre de tenir le pont. Deux chars vont se poster sur la route de Pommereuil tandis qu'un autre attaquera les blindés adverses qui tiennent le pont. Ces deux chars sont rapidement mis hors de combat. L'avance ennemie est de plus en plus menaçante. Les échelons sont dirigés sur Wassigny où ils arrivent à 11 heures, tandis que les deux derniers chars contiennent l'ennemi à Ors où ils détruisent encore deux chars. Vers midi, nos troupes, sous la protection des chars se replient en direction de Washinghien puis de Wassigny. En fin d'après-midi, l'Armée donne l'ordre d'évacuer Wassigny et aux chars de se diriger sur la forêt de Villers-Cotterêts A ce moment la compagnie n'a plus que trois chars.
Deux colonnes sont formées. L'une sous le commandement du Cdt de Cie comprenant les véhicules sur roues et les équipages haut-le-pied; l'autre des chars et 4 chenillettes sous les ordres du Lt Rival. La première quitte Wassigny à 19 heures, prend l'itinéraire Malaine, Vaux et Busigny jusqu'à Maretz. Le capitaine en side devance la colonne. Vers Vauxcelles, le side saute sur une mine qui tue le Commandant de Compagnie. Le détachement poursuit sa route sous les bombes d'avions, tombe dans une embuscade à Villers-Outreaux. Le personnel met pied à terre et reçoit l'ordre de rejoindre (comme il pourra) Malincourt. Seul un très petit détachement, après être passé par Malincourt, Bapaume, Amiens, Estrées, Reims, Prunay, Bouy et ternay rejoindra Compiègne le 26 mai, le reste est capturé dans la nuit au matin.
Quant à la colonne sur chenilles, à court d'essence et de munitions les équipages se voient contraints de saborder leurs appareils et au cours la nuit les équipages sont faits prisonniers.
Les cinq chars qui étaient en révision le 10 mai au Parc de Mourmelon (Flamberge, Jura, France, Amiens, Verdun) sont rapidement mis en état et, le 15 mai au soir, sous la conduite du Lieut. Platrier (2e Cie), parviennent à Rethel.
Durant quatre jours, ils y combattent dans les rangs de l'infanterie. Epuisés, ils gagnent la forêt de Compiègne.
1 ) Colonne DAMON
13 MAI. - Les véhicules légers de l'E.M., de la C.E. et les échelons sur roues des Cies quittent Maison. A la sortie de Châlons, ils joignent à la colonne routière de la division et de nuit se portent Montceau-le-Neuf.
14 MAI. - A 18 heures, la colonne repart pour gagner la zone de rassemblement de la division, en forêt de Signy-l'Abbaye.
15 MAI. - Au milieu de la nuit, à Chaumont-Porcien, une coupure s'est produite entre les 2e et 3e Cies. Le détachement de la 3e Cie (Lt Detroyat) se trouve détaché du gros et est refoulé sur Brienne par Neufchateau sur-Aisne.
A 5 heures, la tête de colonne arrive à destination. Dans la journée, événements se précipitent. Les services de la division se trouvent être premiers à être en contact avec l'ennemi en bordure de la forêt de Sy et les échelons reçoivent l'ordre de s'éloigner en direction du sud-ouest.
A 16 heures, les éléments du 15e quittent la forêt et par Maranvez Rocquigny se dirigent vers Mainbrassy. Au croisement de la route de … à Montcornet, 300 mètres avant le carrefour, elle croise un défilé de motocyclistes et de voitures légères blindées (vraisemblablement avant-garde de Panzer). La colonne alertée fait demi-tour, retraverse Rocquigny, gagne D…-le-Gros d'où l'état-major de la division part en donnant l'ordre de regrouper les échelons dans les bois-de Cormicy (nord-ouest de Reims).
16 MAI. - La colonne arrive à 2 heures. A 16 heures, elle repart pour se rendre entre Vazilly et Coulonges-en-Tardenois (ouest de Reims).
18 MAI. - A 6 heures, la colonne reprend la route.
19 MAI. - Dans l'après-midi, la colonne parvient au carrefour de l'Etoile de la Reine en forêt de Compiègne.
2) Colonne DETROYAT
(Échelon sur roues de la 3e Cie).
15 MAI. - Séparée de la colonne du bataillon à Chaumont-Porcien elle se déplace avec quelques éléments de la division.
3) Colonne Roques et Leblanc
(Échelons légers de CE)
15 MAI. - Arrivée à Bussigny avec la CE et les échelons sur chenille de la 1ère Cie. Devant l'avance allemande, vers 10 heures, la colonne repart en direction de Montdidier sous la protection du 8e BCC. A Tincourt colonne rencontre l'ennemi ; les chars lui permettent de franchir ce passage. Le même incident se renouvelle à Buire Cartigny, puis à Le Mesnil-Bru. Les uns après les autres, les chars sont détruits et presque tout le personnel est capturé avant de franchir le pont de Brie sur la Somme où, avec des moyens vraiment réduits, le personnel tient tête aux blindés durant 5 km. Mais, au cours du trajet, les Lieut. Roques, Leblanc et Aberden, sont arrêtés par l'officier du 8e BCC qui leur demande à être ravitaillé en essence. Un camion citerne est retenu. La route étant encombrée et, pour rattraper la colonne ils prennent un itinéraire plus au nord.
16 MAI. - Sans incident, ils parviennent à Faverolles où, malgré recherches qu'ils effectuent, ils ne trouvent personne au rendez-vous. Sur de nouveaux renseignements ils sont dirigés sur Beauvaiset, enfin le..
21 MAI. - Rejoignent le carrefour de la Reine.
Détachement Guillaume
(Etat-Major du Bataillon)
15 MAI. - A 14 heures, le détachement de l'EM sous les ordres l'officier de transmission, part à destination de Signy-l'Abbaye. Au passage à Rumigny, il se heurte à des blindés ennemis. La colonne est coupée deux tronçons. Un groupe se dirige vers le sud-ouest.
16 MAI. - Le premier tronçon arrive à Travecy à 15 heures, l'a rejoint Le Nouvion.
III - 20 MAI 1940 - 5 JUIN 1940
21 MAI. - Lors du regroupement, il reste disponible au bataillon deux chars de la CE (Marseille et Nice), deux de la 1ère Cie (Bordeaux et Guadeloupe ), deux de la 2e Cie (Cambodge et Anjou), plus la SE. Les échelons sur roues sont presque au complet sauf la CE qui ne possède que quelques véhicules. Le Commandement dirige sur la division des Compagnies Autonomes qui vont s'intégrer dans les bataillons de la division.
22 MAI. - II est procédé à la réorganisation de la D.C.R.
Le Groupement est constitué par :
- E.M, du 15e B.C.C. – 348e Cie actuellement stationnée en forêt d'Hermenonville. - Une Cie du 27e B.C.C. (H 39, Lt Faye), en station à Fresnoy-la-Rivière - Échelon T.T. (Lieut. Detroyat).
Les quelques appareils restant du 8e et 15e sont réunis sous le commandement du Cdt Girier.
Quant au personnel désarmé du bataillon, il est réuni sous les ordres du Cap. Vaudremont.
Au soir, le Groupement reçoit l'ordre de se porter dans la région sud de Lassigny avec mission de s'emparer des ponts sur la Somme autour de Péronne. Le mouvement s'effectue de nuit.
23 MAI. - P.C. Groupement : Plessier de Roye.
348e et 1/127, bois sud de Plessier-de-Roye en bordure de la grande route.
25 MAI. - Le groupement doit se porter dans la région de Nesle. Cies de combat : bois entre Etalon et Crémery. - Échelons T.T. : Carrepuis EM Groupement : Crémery avec EM DCR - PC Grpt Plessier-de-Roye.
En fin de matinée, la mission est modifiée, la DCR étant mise à la disposition du 24e CA, le Groupement fait mouvement.
L'EM se porte à Libremont (entre Nesle et Guiscard). Les chars et échelons au bois de l'Hôpital (est de Libremont).
26 MAI. - Prise de liaison avec la 3e D.I.L.
27 MAI. -- Renforcement du groupement par la 2-27 (Lt de Lantivy.)
28 MAI. - Le groupement est relevé de sa mission par le 1er B.C.C. et rejoint la division à Ailly-sur-Noye (sud d'Amiens) avec mission de s'établir sur la coupure.
La composition du Groupement est modifée. La 348e passe au Groupement Girier et doit rejoindre Roiglise. La 1-27 est embarquée sur camions de la CT 73.
Une nouvelle mission est fixée au Groupement : Tenir la tête de pont de la Faloise avec la 2-27; le Réunion, la Marseillaise et la 1-17e B.C.P. (Cap. Paoli ).
A 17 heures, départ du bois de l'Hôpital et arrivée à Esclainvillers à 20 heures. La 2-27 embarquée sur camions débarque le soir au Mesnil-St-Firmin et rallie le Bois St-Martin (est de la Faloise).
29 MAI. - Au lever du jour, les unités sont en place. A 5 heures, ordre de porter le dispositif sur la coupure de la Celle à Montsures l'Estocq, face au nord.
A 10h30, nouveau dispositif. La 1-17e BCP est rendue à son bataillon, les 1/27 et 2/27 sont regroupées à Gouy-les-Groseilles avec la 351e Cie autonome.
En fin de journée, les trois Cies de H se portent dans la région Paillart-Folleville et le PC du Groupement s'établit à Folleville.
La DCR procède à une nouvelle réorganisation.
Cdt BOURGIN, 1/2 Brigade ; PC Coullemelle, Btn 8/15; Cdt Girier, 347e, 348e, 349e Cies Autonomes, CE 8/15.
Btn 14/27, Cdt Aubert. Une Cie 14e, deux 27e et 351e Cie.
31 MAI. - PC 1/2 Bgd Becquigny. Les bataillons se portent dans la région Laboissière et Gratibus. P.C. D.C.R. : Etalflay.
1er JUIN. - La D.C.R. passe à la Xe Armée pour être engagée à la réduction de la poche d'Abbeville.
Dans la soirée, les unités font mouvement sur Frémontiers (entre Poix et Conty) pour, de nuit, poursuivre leur mouvement sur Montdidier, Grivesnes, Ailly, Essart et Conty.
A partir du 1er juin, la personnalité du 15e B.C.C. s'estompe sur celle du 8/15 ; d'ailleurs, à ce moment, le 15 ne possède plus que trois chars :
Bordeaux, Nice et Anjou.
Sources : Archives du SHAT Vincennes.