JOURNAUX DE MARCHES - HISTORIQUES
HISTORIQUE DU 505e RÉGIMENT
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
I. FORMATION DU RÉGIMENT.
« Le 505e Régiment d'artillerie d'assaut comprendra les 13e, 14e, 15e bataillons de chars légers et, à partir du 15 août, le groupement X. Il sera affecté à la 1ère Brigade d'A.S. Le Chef de bataillon Maré, du 1er Zouaves, commandant le XIIIe groupement de chars Saint-Chamond, prendra le commandement du 505e R.A.S. »
Tel était l'ordre général N° 72 du 20 juillet 1918 qui créait le 505e R.A.S.
Constitués à Cercottes du 20 juin au 20 juillet 1918, les 13e bataillon (337e, 338e, 339e compagnies), 14e bataillon (340e, 341e, 342e compagnies) et 15e bataillon (343e, 344e, 345e compagnies) étaient, après quelques semaines d'instruction à Bourron, rassemblés au camp de Mailly - Poivres. Quant au groupement X, comprenant les A.S.31 et 36 et la S.R.D.104 sous les ordres du commandant de Violet, il ne devait jamais rejoindre le régiment.
Dès l'arrivée à Mailly, le régiment subit quelques pertes dues aux bombardements des avions ennemis. Le 13 août, le commandant Duclos et le canonnier Favier du 13e bataillon sont blessés. L'entraînement est d'ailleurs intensif ; équipages, mécaniciens et chefs de chars rivalisent de zèle. Des troupes d'infanterie et des plus glorieuses, viennent manoeuvrer avec les chars. Le général Gouraud assiste à une manoeuvre.
A la fin d'août, le régiment, prêt à entrer dans la bataille, avait la composition suivante :
ORDRE DE BATAILLE DU RÉGIMENT
État-major du Régiment.
Chef de bataillon MARÉ, commandant le régiment.
Capitaine d' ARMANCOURT, adjoint au chef de corps.
Sous-lieutenant PERNOT, adjoint au chef de corps.
Sous-lieutenant MORETTON, adjoint au chef de corps.
13e Bataillon.
Chef de bataillon DUCLOS, commandant le 13e bataillon.
Lieutenant COSSET, adjoint au chef de bataillon
Lieutenant RECAMIER, adjoint au chef de bataillon
Sous-lieutenant GISTUCCI, chargé des liaisons.
Capitaine LIARAS, commandant l'A.S.337.
Lieutenant PLE, chef de section.
Lieutenant COSSE, chef de section.
Sous-lieutenant DARCY, chef de section.
Lieutenant POULLAIN, officier d'échelon,
Lieutenant LATIRULE, commandant l'A.S.338.
Lieutenant DEWAVRIN, chef de section.
Lieutenant GIRAUD, chef de section.
Sous-lieutenant FRANCHOMME, chef de section.
Aspirant MOUQUET, faisant fonction d'officier d'échelon.
Lieutenant HAMEL, commandant l'A.S.339.
Lieutenant CORBIER, chef de section.
Sous-lieutenant PARMENTIER, chef de section.
Sous-lieutenant MAUREL, chef de section.
Lieutenant ANGIBAULT, officier d'échelon.
14e Bataillon.
Chef de bataillon GUILLOT, commandant le 14e bataillon.
Lieutenant PAUL, adjoint au chef de bataillon.
Sous-lieutenant BELLANGER, adjoint au chef de bataillon.
Aspirant BLOCH, chargé des liaisons.
Capitaine MAITRE, commandant l'A.S.340.
Lieutenant BOISSIER, chef de section.
Sous-lieutenant THIBAUD, chef de section.
Sous-lieutenant MARTIN, chef de section.
Sous-lieutenant SOULIER, officier d'échelon.
Capitaine TOUTAIN, commandant l'A.S.341.
Sous-lieutenant BORDAS, chef de section.
Sous-lieutenant BOUCHER D'ARGIS, chef de section.
Sous-lieutenant WAECHTER, chef de section.
Lieutenant HUBERT, officier d'échelon.
Lieutenant JACQUOT, commandant l'A.S.342.
Lieutenant REVEL, chef de section.
Sous-lieutenant VALLERNAUD, chef de section.
Sous-lieutenant JOSSAUD, chef de section.
Sous-lieutenant HAAG, officier d'échelon.
15e Bataillon.
Chef de bataillon RICHARD, commandant le 15e bataillon.
Lieutenant HALLIER, adjoint au chef de bataillon.
Lieutenant SAINT FRISON,
Sous-lieutenant RATHEAUX. chargé des liaisons.
Capitaine de MONTHELIE, commandant l'A.S.343.
Lieutenant BARNAUD. chef de section.
Sous-lieutenant LATAPIE, chef de section.
Lieutenant VITU, chef de section.
Sous-lieutenant LEVY, officier d'échelon.
Lieutenant MORE CHEVALIER, commandant l'A.S.344.
Lieutenant DESCHAUMES, chef de section.
Sous-lieutenant SOLAU, chef de section.
Lieutenant MEYERFELD, chef de section.
Sous-lieutenant SEVAL, officier d'échelon.
Lieutenant RAGAINE, commandant l'A.S.345.
Lieutenant MATHIEU, chef de section.
Lieutenant PROST, chef de section.
Lieutenant MÉNARD, chef de section.
Sous-lieutenant RAFFIN, officier d'échelon.
II. LE 505e R.A.S. AVEC LA 1ère ARMÉE AMÉRICAINE. - THIAUCOURT.
(6 septembre - 16 septembre 1918.)
Dans les derniers jours du mois d'août, le commandant Maré part en reconnaissance : c'est dans l'est, avec les Américains, que le régiment va donner. Patiemment accumulées en France, les jeunes troupes américaines ont pris leur place dans la ligne de bataille ; celles que rejoint le régiment au nord de Toul, sont orientées face à Metz, dans un secteur où la frontière de 1914 est proche de la ligne de feu.
Dès le début de septembre, le commandant du 505e R.A.S. recevait l'ordre suivant : « Le 505e R.A.S. comprenant les 13e, 14e et 15e bataillons et le groupement XI de Saint-Chamond (A.S.34e, 35e, 105e, commandant Herlaut) est mis à la disposition de la 1ère Armée américaine, et affecté au Ier C.A.U.S. »
Le 6 septembre, l'État-major du régiment et le 13e bataillon s'embarquent à Mailly-Poivres ; le 7 et le 8 c'est le tour des 14e et 15e bataillons.
La mission de l'Armée américaine, près de laquelle le régiment est détaché, est de réduire le saillant de Saint-Mihiel où les Allemands ont réussi à se maintenir depuis 1914.
L'attaque du Ier C.A.U.S. doit se faire du sud au nord en partant des lignes à hauteur des villages de Regnéville et Limey pour atteindre des objectifs un peu au nord de Viéville et de Thiaucourt, qu'il s'agit en particulier d'enlever. L'attaque est prévue pour le 12 septembre.
L'horaire des opérations des bataillons avant cette date montre le peu de temps dont ces unités devaient disposer pour leurs préparatifs avant l'engagement et donne une première idée des efforts que chacun allait avoir à déployer.
Le 13e bataillon embarqué, comme nous l'avons dit plus haut, à l'Epi de Mailly-Poivres le 6 septembre, débarque à Ruyppes et Pusserot, près de Neufchâteau, dans la nuit du 6 au 7 et le matin du 7.
Dès l'après-midi du 7 et pendant la journée du 8, ce bataillon manoeuvre avec des troupes d'infanterie américaine qu'il s'agit de familiariser avec le combat en liaison avec les chars. Le 9, les compagnies se tiennent prêtes à embarquer de nouveau.
L'ordre d'embarquement arrive à 14h.30. A 18h.30 a lieu le départ d'un premier train que suit, à une heure d'intervalle, un deuxième train. Transporté dans la zone immédiate d'engagement, le 13e bataillon, après bien des peines et des difficultés doit débarquer à la voie Romaine (près de Domèvre-en-Haye), et se rendre immédiatement et presque sans arrêt à sa position d'attente : Bois de Haye, puis à ses positions de départ : Sud de Limey, derrière les premières lignes américaines.
Après les efforts des jours précédents, après 32 heures de chemin de fer, ce bataillon, dans la seule journée du 11, a donc dû débarquer, cheminer sous bois et atteindre à 19 heures la P.A. (Bois de l'Usure) à 19 kilomètres du point de débarquement. A 2h.30, il se remet en marche pour atteindre les P.D., y fait les pleins et, malgré les grosses difficultés d'un terrain bouleversé et rempli d'obstacles, est à même à 5h.30 de franchir les premières lignes avec l'infanterie.
Le 14e bataillon qui, par suite d'incidents divers, n'a pu quitter Mailly-Poivres que dans la nuit du 6 au 7, débarque seulement dans la nuit du 9 au 10, dans le bois de Villers-en-Haye. Dès le 10, avant le jour, il atteint la P.A. du bois de Puvenelle et s'y installe au bivouac.
Le 15e bataillon est aux prises avec les mêmes difficultés, les mêmes fatigues. Il rallie les autres bataillons au bois de la Lampe.
Ainsi avant même d'être engagé tout le régiment avait eu à surmonter de gros obstacles. Pendant la nuit du 11, il exécute sa marche d'approche dans un terrain bouleversé.
Les chars du 13e bataillon traversent le bois des Hayes et le bois Bouchot pour se trouver, près de Limey, à la disposition de la 3e brigade de la 2e D.I.U.S. La 337e compagnie doit appuyer le 9e régiment, la 338e compagnie le 23e régiment ; la 339e compagnie, en réserve, est à la disposition de la brigade Marine.
Les chars du 14e bataillon quittent la forêt de Puvenelle par sa corne nord, traversent Mamey bombardé, gagnent le bois de la Lampe, le bois Brûlé, immédiatement au sud de Regnéville. Ils doivent appuyer la 10e brigade de la 5e D.I.U.S., la 340e compagnie à droite avec le 2e régiment, la 341e à gauche avec le 6e régiment ; la 342e compagnie reste à la disposition du général commandant la 5e D.I.U.S., au bois Brûlé.
Le 15e bataillon est en réserve du Ier C.A. au bois de la Lampe.
Le groupement XI avait eu plus de peine encore à atteindre ses positions de départ au sud de Limey et au sud de Regnéville; le 35e groupe dut, pour y parvenir, faire appel aux éléments de pionniers de la 2e D.I.U.S. et le 34e groupe à ceux de la 5e D.I.U.S.
Les P.D. sont atteintes, le court espace de temps dont on dispose encore avant l'heure H = 5h.30 est activement occupé à faire le plein des chars. A l'heure H, les chars se mettent en route derrière l'infanterie américaine.
Et maintenant, c'est le combat. Mais l'ennemi déjà vaincu d'avance a cédé le terrain ; ce qui reste se rend sans défense. L'Infanterie américaine à la suite de son violent barrage roulant, brusquement déclenché à l'heure H, bondit d'objectifs en objectifs, n'éprouvant qu'une difficulté : celle de traverser un terrain bouleversé, gluant et couvert de défenses accessoires. Les chars se sont élancés derrière les vagues d'assaut dans le terrain chaotique qui s'étend devant eux.
Dans la soirée du 12, les bataillons ont atteint leurs objectifs et occupent les emplacements suivants : le 13e, au bois d'Heiche vers Thiaucourt ; le 14e aux bois d'Heutre et des Grandes Portions, avec une section (section Waechter) gardant la trouée de Vieville ; le 15e bataillon, au bois d'Heiche et au bois du Four.
Le XIe groupement avait réussi à ouvrir deux passages dans les organisations ennemies. Le 13 septembre, le groupe 35, traversant Thiaucourt, avait aidé l'infanterie américaine dans sa progression au nord de Thiaucourt, dans la région de Xammes.
La zone parcourue par le régiment avait révélé dans ce secteur une défense antichars soigneusement préparée ; de nombreux champs de mines y avaient été organisés par l'ennemi. Un char Saint-Chamond du groupe 35 et un char léger de la 340e Compagnie avaient sauté en franchissant l'un de ces cordons de mines près du bois du Four.
Dès le 13, l'infanterie américaine se stabilisait sur les objectifs qui lui avaient été assignés. L'ennemi avait cédé partout.
A ce moment, le régiment est appelé sur un autre point.
Le 15 et le 16, les bataillons sont ramenés en forêt de Puvenelle.
La première épreuve avait été matériellement très difficile. Le 505e régiment pouvait attendre avec confiance la prochaine occasion où il serait appelé à donner de nouveau. Le général Rockenbach, commandant le Tanks Corps Américain, en transmettant au colonel commandant la 1ère brigade d'A.S. française, les félicitations du général Pershing commandant les forces américaines en France, ajoutait : « Ce sera pour moi un sujet de fierté d'avoir eu une brigade d'A.S. française au baptême du feu du Tanks Corps Américain. Je vous remercie pour les grands services que vous m'avez rendus, vous et tous ceux sous vos ordres. »
III. LE 505e R.A.S. EST REGROUPÉ EN ARGONNE. - MONTFAUCON.
(17 septembre - 4 octobre 1918.)
Retiré le 16 du combat devant Thiaucourt, le régiment se trouve dès le 17 septembre prêt à être embarqué pour une nouvelle destination. Les équipages, bivouaqués dans les bois de la Lampe et de Puvenelle, peuvent enfin jouir d'une nuit de repos ; ils étaient sur pied depuis le 6 septembre. Le 18, on se dirige vers les points d'embarquement : Voie romaine et bois de Villers-en-Haye. Déplacements et travaux d'embarquement se font par une nuit noire dans une boue épaisse et sous une pluie tenace, on embarque en pleine voie. Après de nombreuses heures de chemin de fer, le débarquement a lieu la nuit (21-22 septembre) à la gare de Dombasle en Argonne, exposée au canon.
Immédiatement après leur débarquement, toutes les Unités doivent, en raison de l'imminence de nouvelles attaques et pour n'être pas repérées par les drachens et les avions ennemis, se rendre avant le jour au point de rassemblement, dans le bois de Faye, au sud de Jouy-en-Argonne. Le personnel occupe les baraques des Clairs-Chênes.
Un 4e bataillon de chars légers, le 17e bataillon du 506e régiment, qui venait renforcer le 505e R.A.S., avait dû procéder plus rapidement encore : embarqué à Mailly-Poivres le 24 septembre, il arrivait à Dombasle dans ia nuit du 25 au 26. L'attaque s'étant déclenchée le 26 au matin, il se rendit directement en forêt de Hesse (nord-est de Dombasle) à 6 kilomètres de son point de débarquement.
Repoussé sur presque tout le front de Champagne, de l'Aisne, de la Somme, l'ennemi était fortement accroché par la IVe Armée (Armée Gouraud) à l'ouest de l'Argonne. La tâche de le refouler entre Argonne et Meuse incombait à l'armée Américaine. Le 5e C.A.U.S. avait pour mission d'attaquer sur le front Vauquois-Malancour ; le 505e régiment d'artillerie d'assaut était mis à sa disposition. La 79e D.I.U.S. à droite devait attaquer en direction de Malancourt-Nantillois ; elle disposait des 14e, 15e B.C.L. et du XIe groupement. A sa gauche la 37e division devait attaquer en direction de Ivoiry et Cierges, elle disposait du 13e B.C.L.
Les bases de départ de l'attaque s'étendaient le long des villages et des bois de Malancourt et d'Avocourt, devenus célèbres pendant la ruée allemande de 1916 sur Verdun. Des reconnaissances antérieures et l'étude du terrain avaient conduit à scinder la zone d'action du régiment en deux parties.
La première s'étendait entre les tranchées Françaises et la crête Septsarges-Montfaucon-Ivoiry ; de nombreuses tranchées, des réseaux inextricables, un terrain tantôt chaotique, tantôt marécageux, tantôt boisé, de près de 7 kilomètres de profondeur, rendait l'emploi des chars à peu près impossible.
La deuxième, au nord de Montfaucon, présentait des couloirs favorables, des prés et des boqueteaux où les chars pouvaient évoluer avec facilité.
Le point le plus important est Montfaucon, véritable forteresse aux pentes abruptes, qui domine et commande toute la région avoisinante. D'après les renseignements recueillis, l'ennemi avait soigneusement organisé sa défense contre les chars (fusils, canons anti-chars). Le commandement avait donc été amené à demander à l'infanterie, aidée et appuyée par une artillerie extrêmement puissante, d'enlever la première zone inaccessible aux chars.
Immédiatement à la suite de l'infanterie d'attaque, des pionniers devaient organiser une piste pour permettre à l'artillerie d'assaut de franchir la zone bouleversée et d'être ainsi, dès le soir du premier jour, à même de donner tout leur appui à l'infanterie pour la conquête de la zone : Septsarges-Nantillois, bois de Beuge-Cierges.
Les journées des 23 et 24 sont employées a la vérification complète, à la mise au point du matériel et à la constitution des différents dépôts avancés d'essence. Le 24 dans la soirée, les bataillons quittent le bois de Fays et se rendent aux P.A. assignées en forêt de Hesse.
On prend contact avec les unités américaines : Le 13e bataillon avec la 37e D.I.U.S., 73e brigade à droite, 34e brigade à gauche ; le 14e bataillon avec la 79e D.I.U.S., 157e brigade en tête (314e et 313e R.), 158e brigade en réserve (315e et 316e); le 15e bataillon avec la 158e brigade ; le XIe groupement en réserve à la disposition disposition la 79e D.I.
Le P.C, du 505e régiment s'installe avec le C.A. à Ville sur Couzeaux.
La matinée du 25 est occupée aux P.A., à revoir une dernière fois le matériel, à faire les pleins, à arrimer les réserves importantes d'essence que les chars doivent emporter pour leur premier jour de combat. Dans l'après-midi, profitant du temps brumeux et du masque constitué par les bois, les appareils, soigneusement camouflés avec des branchages, sont amenés dans le bois d'Esnes, tout près des P.D. du lendemain. Le 26, un peu avant l'heure d'attaque dans les prés bordant à l'est le bois d'Esnes, à la faveur d'un beau clair de lune dans la nuit finissante, les compagnies, rangées en ordre de bataille, mettent la dernière main à leurs préparatifs.
Cinq heures trente ! les compagnies se mettent en mouvement sur la piste qu'a fait jalonner le commandant Herlaut et que fait tracer le lieutenant Fortin du XIe groupement, immédiatement en arrière des premières vagues d'infanterie. Une tresse blanche indique le chemin à suivre.
Le 13e bataillon s'est mis en route dans l'ordre 337e, 338e, 339e compagnies. Il suit la piste tracée jusqu'à la corne S.E. du bois d'Avocourt. A cet endroit la piste s'interrompt. Espérant trouver un passage plus facile, le 13e bataillon s'engage vers le Nord, le long de la lisière est des bois d'Avocourt et de Malancourt. Les compagnies arrivent vers 13 heures à environ 400 mètres du bois de Cuisy. A ce moment l'infanterie américaine est arrêtée devant la lisière des bois de Cuisy, par de violents feux de mitrailleuses, qui lui interdisent toute progression. Elle fait appel au 13e bataillon. Sollicités d'intervenir et bien que cette infanterie n'appartînt pas à la division dont ils relevaient, les commandants des 337e et 339e compagnies engagent 2 sections qui livrent, vers 17 heures, le bois de Cuisy à l'infanterie.
Le lieutenant-colonel Pullen, du Tanks corps américain, qui était présent, s'exprime ainsi dans son rapport : « Le capitaine Gaétan Liaras des chars français me répondit : Je suis prêt à me battre n'importe quand, contre n'importe qui. Le lieutenant Hellis et le lieutenant Soustelle s'étaient avancés pour situer les résistances. L'indication en fut donnée au capitaine Liaras. Il prit personnellement le commandement des cinq chars qui lui restaient, les forma en bataille, puis accompagné du lieutenant Hellis partit à pied en avant, emmenant ses chars jusqu'à la lisière du bois de Cuisy qu'il nettoya des Allemands qui y restaient. Il entra ensuite dans le bois de Cuisy avec ses chars, en mit deux dans de larges trous d'obus et fouilla le bois avec les trois autres. Le capitaine Liaras tua deux ennemis de sa main, les chars en tuèrent d'autres et le reste se rendit ou fut fait prisonnier. Dés que l'infanterie eut aperçu les chars pénétrant dans le bois de Cuisy, toute la brigade sortit de ses tranchées et se jeta dans le bois. A 18 heures, la section du lieutenant Franchomme (338e compagnie) entraîne l'infanterie dans la partie est du bois de Cuisy et permet d'atteindre les contreforts sud de Montfaucon. »
La même tâche incombe, à gauche, à la section du lieutenant Corbier (339e compagnie). Tous ces engagements de sections séparées, d'ailleurs peu recommandables, et qui en entraînant les chars hors des pistes, avaient été cause de nombreuses pannes, avaient en fait rendu de grands services, car là où ne s'exerçait pas l'action des chars, les fantassins américains inexpérimentés se fixaient au terrain à la moindre résistance.
A la suite de ce combat pénible, il était nécessaire au bataillon de se reconstituer pour les jours suivants. Cependant le 27 à 14h.30 l'infanterie américaine fait appel de nouveau à la section Franchomme, en direction de Cierges.
Le 28, à midi, nouvel appel de l'infanterie ; les sections Corbier et Maurel se rendent en position de départ prêtes à appuyer l'attaque de l'infanterie américaine sur Cierges.
Au dernier moment le commandement américain suspend cette attaque. Le 29 septembre, à 5h.30, il s'agit d'appuyer le 148e R.I.U.S. dans une attaque sur le bois d'Emont et les abords ouest du village de Cierges. Les sections Franchomme et Maurel partent suivies à 300 mètres par la section Corbier. Aucune résistance n'est rencontrée jusqu'à la corne S.E. du bois d'Emont et les abords du village de Cierges. La section Franchomme s'engage en colonne le long de la lisière du bois, franchit la voie de 0,60 et se déploie en bataille face au chemin encaissé Cierges-La Grange aux Bois, suivie de près à sa droite par la section Maurel. Mais la section Franchomme rencontre alors des résistances sérieuses ; très éprouvée, elle est dépassée par la section Maurel qui prend le combat à son compte et s'engage en direction de Gesnes.
A ce moment l'infanterie américaine est assaillie par de violents feux de flanc qui partent de Cierges (rive est de l'Audon). La section Corbier s'efforce par son tir de neutraliser les feux de l'ennemi, qu'elle ne peut attaquer de près, puisqu'elle en est séparée par le ruisseau. L'infanterie américaine est arrêtée dans sa progression. En même temps, l'artillerie ennemie s'est déclanchée, et prend violemment à partie les chars engagés. La section Franchomme a presque tous ses équipages blessés. Elle doit lutter à coups de grenade contre l'infanterie allemande qui contre-attaquait les chars. Le chef de section est blessé.
Les chars enfin dégagés sont ramenés, guidés sous le feu par les maréchaux des logis Gerfault et de Ginestet qui les précèdent à pied. Le char du brigadier Kien, mécanicien Demesy, tombe en panne. Mettant en action sa mitrailleuse, l'équipage tient jusqu'à la nuit, et peut alors rentrer dans nos lignes.
Cependant le lieutenant Corbier est resté en observation, attendant anxieusement des nouvelles du lieutenant Maurel ; encadré par un tir violent d'artillerie, se trouvant très loin en avant de l'infanterie américaine, il se décide enfin à rallier.
Le 1er octobre avant le jour, le maréchal des logis Braquet et le chasseur Jolly partent en patrouille, et rampent jusqu'au emplacements où les patrouilles américaines ont repéré et signalé les chars en panne. Le maréchal des logis reconnaît le char du lieutenant Maurel, et trouve son conducteur, le brigadier Filimonoff, tué à côté du char, le crâne défoncé ; à l'intérieur de l'appareil, taché de sang et ouvert face à l'ennemi, se trouvait encore l'équipement de l'officier. Plus tard, le lieutenant Maurel put raconter les péripéties de la lutte de sa section : ses chars pris à partie à bout portant par des pièces anti-chars, ses équipages assaillis par l'infanterie allemande, défendant leurs chars, jusqu'à la mort, à coups de grenades et de pistolets ; lui-même grièvement blessé à la poitrine et à l'épaule, laissé pour mort, restant onze heures de suite sous son char, revolver au poing. A la faveur de la nuit, au prix de souffrances extrêmes, il put enfin ramper jusqu'aux lignes américaines.
Le 14e bataillon, à l'heure H, s'était mis en route derrière derrière 13e bataillon dans l'ordre 342e, 340e, 341e compagnies. Par la piste tracée, il parvenait en fin de journée au bois de Cuisy. Il s'agissait maintenant de préparer l'attaque de Montfaucon que l'infanterie américaine devait enlever le lendemain matin. Le lieutenant Jacquot, commandant la 342e compagnie, prit contact avec le colonel Sweezy, commandant le 313e R.I.U.S. : il fut décidé que sa compagnie interviendrait le lendemain 27 à 7 heures, et que Montfaucon, défendu par un grand nombre de mitrailleuses, étant inabordable de front, on chercherait à le faire tomber par une manoeuvre d'encerclement.
Les 1ère et 2e sections (lieutenants Revel et jossaud), de la 342e compagnie, furent désignées pour attaquer Montfaucon par l'ouest, la 3e section (sous-lieutenant Vallernaud), attaquant par l'est. La manoeuvre s'exécuta comme elle avait été prévue : la section Revel au pivot, la section Jossaud à l'aile marchante, fouillant de leurs obus et de leurs rafales de mitrailleuses tous les couverts, toutes les broussailles qui garnissaient les pentes de Montfaucon.
Bientôt, les Allemands débusqués, se sentant menacés dans leur retraite par la progression des chars, évacuent Montfaucon. Mais à ce moment l'artillerie allemande entre en action, et par un barrage extrêmement dense, encadre les sections de chars et les coupe de l'infanterie américaine qui se terre. Le tir ennemi devient rapidement plus précis, 3 chars sont atteints. Le stationnement est impossible ; revenir en arriére, c'est risquer la destruction sans profit.
Le lieutenant Revel, agitant son fanion de commandement, donne l'ordre : « En avant » Bientôt le barrage allemand se déplace et devient incertain ; l'infanterie américaine en profite et prend pied dans Montfaucon. Ce qui restait des chars engagés, après avoir contourné Montfaucon par le nord, revient se mettre à la disposition du colonel Sweezy pour les attaques ultérieures.
Du côté est de Montfaucon, l'engagement de la section Boissier de la 340e compagnie, sur la ferme Fayet et le bois de la Tuilerie, et sur la cote 315, avait permis au 314e R.I.U.S. de réaliser le débordement de la face est de la position. Toute la hauteur fut occupée le 27 avant midi.
L'enlèvement de Montfaucon était un succès capital dans les opérations offensives entreprises par la Ière A.U.S.
Tous les avantages de cette formidable position, jusque-là dirigés contre nous, se retournaient en notre faveur.
Le lendemain 28 septembre, le 15e bataillon entre en ligne à droite du 14e bataillon, dont le front se trouve réduit à celui d'un régiment : 316e R.I.U.S, en tête avec la 341e compagnie et éventuellement la 340e compagnie, 313e R.I.U.S. en réserve disposant de la 342e. L'objectif était le bois de Beuge. Mais à la suite de l'enlèvement de Montfaucon, les lignes allemandes avaient reflué vers le nord, et l'infanterie américaine avait pu, en s'infiltrant peu à peu, occuper ce bois dès la nuit du 27 au 28. Les trois sections de la 341e compagnie (lieutenant d'Argis, lieutenant Waechter, lieutenant Bordas), arrivent elles-mêmes aux abords du bois de Beuge, et les chefs de section prennent contact avec les bataillons du 316e R.I.U.S. qui doit continuer à progresser vers le nord. Le lieutenant d'Argis engage sa section le long du chemin Nantillois-Cunel, et attaque le bois 350 par l'est ; à deux reprises il pénètre dans le bois et le livre à l'infanterie ; mais son char reste en panne. Sous le feu d'un ennemi qui tire de près, le lieutenant d'Argis, avec un sang- froid remarquable, enlève du char tout ce qui est susceptible d'être emporté et, avec son mécanicien, rallie à pied la section. Le lieutenant Bordas reprend le combat à son compte ; il lance sa section en avant de l'infanterie américaine qu'il entraîne. Il attaque le bois de la Madeleine, puis à pied, revient jusqu'à l'infanterie pour la guider.
A ce moment, un tir ennemi d'obus à gaz oblige le commandement à suspendre la lutte.
Même arrêt à gauche, où la section Waechter attaque les abords N.E. de Cierges, débusque les Allemands des lisières du village qu'elle livre à l'infanterie, pousse jusqu'à la cote 236 en direction de Cunel, et fait des prisonniers.
Mais l'ennemi déclenche alors une contre-attaque, qui force la ligne américaine à reculer légèrement vers les lisières lisières bois de Beuge. Voulant reprendre la progression, le colonel du 316e fait appel dans l'après-midi à la 340e compagnie, qui doit remplacer la 341e, mise hors d'état d'intervenir. Les sections Tork et Martin, partant du bois de Beuge, reprennent l'attaque en direction du bois de Cunel. Une tentative de contre-attaque ennemie, débouchant du ravin de Cierges, est enrayée par les feux des chars mitrailleuses. Mais l'artillerie allemande oblige bientôt l'infanterie américaine à s'arrêter. La 340e compagnie se replie le soir du 28 derrière le bois de Beuge, prête à intervenir en soutien de son infanterie. Elle y reçoit l'ordre de rallier le bois de Hesse en vue d'un nouvel embarquement.
Le 15e bataillon avait progressé dans la 1ère journée derrière le 14e. Dès l'après-midi du 27, la 158e brigade, jusque-là en réserve, avait été engagée, soutenue par ce bataillon, en direction de Nantillois. Les sections Vitu (343e), Solau (344e), Deschaume (344e), Barnaud (343e) et Preville (343e) interviennent successivement et déblaient le terrain entre Septsarges, les bois de Beuge et Nantillois, permettant la progression de l'infanterie américaine. Une batterie de 105 est surprise au sud de Nantillois, où le lieutenant Vitu pénètre à 19 heures. La nuit arrivant, toutes les sections gagnent leur position de ralliement Le 28, il s'agit de progresser au nord de Nantillois en direction du bois des Ogons et de Cunel. La 158e brigade doit attaquer par régiments successifs. La 344e compagnie de chars appuie l'action du régiment de tête, le 315e R.I.U.S. Les sections Meyerfeld et Solau sont désignées comme sections d'attaque. Un feu nourri de mitrailleuses, venant du bois de Brieulles dans le flanc droit de l'infanterie, arrête celle-ci. Les chars de la section Meyerfeld se hâtent dans cette direction, neutralisant les résistances rencontrées, et permettent à l'infanterie la reprise du mouvement en avant. Pendant ce temps, la section de chars Solau a entraîné le bataillon américain de gauche à l'attaque du bois des Ogons, que l'infanterie réussit à occuper. La section Meyerfeld et la section Solau attaquent toutes deux la ferme de la Madeleine : la section Solau de front, la section Meyerfeld par la droite. Mais l'infanterie américaine est arrêtée par un tir violent d'artillerie. Les chars deviennent alors l'objet d'une concentration de feux de plus en plus violente, et les sections doivent se replier sur l'infanterie. La progression est suspendue. Au cours de ce repli, deux chars, dont celui du lieutenant Solau, sont touchés par des obus de plein fouet. Le maréchal des logis Berthon prend le commandement des chars restant, et se joint à la section Meyerfeld pour gagner la position de ralliement.
Le combat, notamment aux abords de la ferme de la Madeleine, avait été particulièrement dur : le lieutenant Solau avait disparu, le maréchal des logis Chancelier, dont le char avait pris feu, était mort brûlé. Mais les résultats, au point de vue chars, avaient été remarquables ; ils avaient assuré un gain de plus de deux kilomètres, dans une zone où, livrée à elle-même, l'infanterie n'aurait pu progresser.
Dans la nuit, une contre-attaque fait refluer les lignes américaines. Il faut donc, le lendemain 29 septembre, reprendre le combat sur le même terrain que la veille. La 345e compagnie de chars (lieutenant Ragaine) doit y participer. La 158e brigade U.S. attaque par régiments accolés : 314e R.I.U.S. à gauche, 315e R.I.U.S. à droite.
La section Prost appuiera le 314e régiment, la section Mathieu le 315e. L'attaque est aussi dure que celle de la veille. A gauche la section Prost, après avoir déblayé le terrain le long de la route Nantillois-Cunel, arrive devant le solide point d'appui de la ferme de la Madeleine. Elle s'apprête à l'attaquer, tandis que la section Mathieu arrive par la droite, ayant déjà violemment combattu pour reprendre le bois des Ogons. Comme la veille, les sections sont l'objet d'une formidable concentration de feux ; le char du lieutenant Prost saute : l'officier, projeté hors de son char, peut cependant rentrer à pied dans les lignes. Un autre char brûle, un troisième tombe dans un trou d'obus.
Le lieutenant Mathieu est blessé à l'intérieur de son char.
En dépit de tous les efforts, les chars qui restent doivent encore une fois regagner la position de ralliement. Du 29 septembre au 3 octobre, l'infanterie américaine épuisée est relevée par des éléments frais de la 3e D.I.U.S.
Le 15e bataillon reste en ligne en appui de cette nouvelle division qui, du front Cierges-Nantillois, doit attaquer vers !e Nord, et atteindre comme objectifs la ligne Romagne-Cunel. La 343e compagnie, réduite à deux sections (lieutenants Vitu et Barnaud), appuie le 1er bataillon du 4e régiment U.S. ; la 344e compagnie doit appuyer le 1er bataillon du 7e régiment ; la 345e compagnie, réduite à la section Ménard, le 3e bataillon de ce régiment. L'attaque se déclanche le 4 octobre à 5h.30 : le lieutenant Vitu est à droite, le long de la route Nantillois-Cunel, le lieutenant Barnaud à gauche. Collant au barrage roulant, la section Barnaud atteint très vite le bois de Cunel, et le livre à l'infanterie. Il ne lui reste bientôt plus que trois chars canons, avec lesquels elle se dirige sur les abords S.E. de Romagne. A cinq reprises, elle livre combat pour entraîner l'infanterie mais celle-ci ne peut suivre. Ayant épuisé toutes ses munitions, la section Barnaud, réduite à deux chars, se porte à la position de ralliement.
La section Vitu a livré de même à son infanterie tout le terrain jusqu'aux abords du bois de Cunel. Elle a enlevé la ferme de la Madeleine et, voyant la section Barnaud en action aux abords de Romagne, est arrivée à la rescousse bien que réduite à trois chars-canons, pour coopérer à l'attaque. Un équipage est blessé par balles ; un char tombe en panne. Le lieutenant continue seul le combat, vide ses coffres de munitions, et apprenant la stabilisation de l'infanterie, rallie.
A gauche, la section Ménard soutient le 3e bataillon du 7e R.I.U.S. Lancée d'abord sur la cote 238, d'où des mitrailleuses en grand nombre gênent la marche de l'infanterie, elle attaque avec vigueur, réduit la résistance, et reprend sa marche en direction de Romagne. Un obus démolit le char du lieutenant Ménard, et blesse grièvement le conducteur Delaere. Malgré les balles qui crépitent, l'officier parvient à sortir et à se glisser sous son char. Il est sauvé grâce au sang-froid du chef de char voisin qui le recueille dans son appareil. Le combat se déroule aux abords de Romagne, dans une zone de marais, parsemés de saules et de joncs. Des mitrailleuses ennemies sont tapies dans les îlots. Le lieutenant Ménard voit son nouveau char s'enliser dans la vase. L'équipage sort du char sous les balles qui sifflent, et après 1h.1/2 de marche rampante dans les marécages, réussit à rejoindre nos lignes.
Le 15e bataillon, épuisé, était rappelé le soir du 4, et rejoignait le lendemain sa position de ralliement initiale en forêt de Hesse.
Depuis le 6 septembre, le régiment était sur la brèche.
Il s'était montré à la hauteur de la réputation des chars d'assaut.
Les citations à l'ordre de l'armée de ces trois bataillons étaient les justes témoignages rendus à l'énergie et à l'ardeur inlassables avec lesquelles ils avaient combattu.
IV. PRÉPARATIFS EN VUE D'UNE NOUVELLE OFFENSIVE.
Armistice. - Le 505e en Lorraine et en Alsace. - Camp de Martigny. - Installation à Rennes.
Relevé du secteur américain, le 505e régiment est transporté à Champlieu, où il s'installe le 14 octobre.
Après un court séjour, il y est reconstitué. Le 8 novembre, le 14e bataillon embarque à la gare de Bethisy-St.-Pierre, suivi à un jour d'intervalle par les 15e et 13e bataillons.
Le régiment débarque au nord de Nancy, au milieu des préparatifs de la grande offensive qui, en direction de Metz, promet un résultat décisif. Le 14e bataillon débarque débarque Faulx-St.-Pierre, et s'installe à Malleloy, le 13e bataillon à Gustine, le 15e bataillon à Essey-les-Nancy.
Le 11 novembre dans la matinée, alors que les débarquements sont encore inachevés, au moment où le régiment gagnait ses positions de départ en vue de l'offensive projetée, l'armistice est signé.
Maintenant son tour est venu d'être à l'honneur.
Le 19 novembre, un détachement du 505e, comprenant des éléments de tous les bataillons, participe à Metz à un défilé solennel des troupes devant le maréchal Pétain, commandant en chef.
Le 8 décembre, la 342e compagnie est désignée pour prendre part au défilé des troupes, en l'honnew de l'arrivée à Metz du Président de la République et de M. Clémenceau, Président du Conseil, Ministre de la Guerre.
Enfin le 9 décembre, une compagnie de marche du 15e bataillon prend part à Strasbourg au défilé des troupes françaises, en l'honneur du Président de la République et de M. Clémenceau.
Pendant ce temps, une compagnie du 14e bataillon restait restait en Lorraine, à Boulay, près de Metz. Elle ira jusqu'à Mayence, et fera connaître le numéro du régiment aux populations de la rive gauche du Rhin.
Depuis leur retour de Lorraine et d'Alsace, et jusqu'au mois de mars 1919, les bataillons sont regroupés aux environs environs Nancy, d'où ils sont dirigés sur le camp de Martigny-les-Bains.
Au mois de juin, le régiment est appelé à donner naissance au 1er régiment de chars blindés polonais, sous le commandement du chef de bataillon Maré ; il envoie en Pologne le matériel et le personnel de cinq compagnies.
Il est représenté le 14 juillet à Paris, à la fête de la Victoire, par son nouveau chef, le commandant Laurrin. Du 10 au 12 août 1919, sous le commandement du lieutenant-colonel des Méloizes, il gagne Rennes, sa garnison définitive.
ANNEXES
I. - Citations à l'ordre de l'Armée des 3 bataillons du 505e.
(Ordre N° 13009/D, du 20 janvier 1919.)
Le 13e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Duclos, comprenant les compagnies A.S.337, A.S.338, A.S.339 a, au cours des opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, fait l'admiration de tous par son énergie et son ardeur au combat. A la plus large part, dans la prise du bois de Cuisy, de la Tuilerie, de Montfaucon, et du village de Cierges. »
Le 14e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Guillot, comprenant les compagnies A.S.340, A.S.341, A.S.342 a, au cours des opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, apporté par son habileté manoeuvrière et sa volonté de vaincre, l'aide la plus précieuse précieuse troupes d'infanterie qu'il appuyait. A permis, par son action, l'encerclement de Montfaucon, et a été l'un des facteurs principaux de la prise du bois de Beuge.
Le 15e bataillon de chars légers :
« Sous les ordres du commandant Richard, comprenant les compagnies A.S.343, A.S.344, A.S.345 a, pendant les opérations du 12 septembre au 10 octobre 1918, fait l'admiration de tous par son ardeur au combat. A la plus large part dans la prise des villages de Nantillois et de Cunel, du bois des Ogons et de la ferme de La Madeleine.
II. - Témoignages de satisfaction du Général Pershing et du Général Rockenbach.
Au Q.G.A. le 19 septembre 1918,
Ordre général N° 50
Le colonel commandant la Ière brigade d'A.S. est heureux d'adresser, aux unités sous ses ordres, le témoignage de satisfaction ci-joint, qu'il a reçu du général Pershing, commandant en chef l'armée américaine, et du général Rockenbach. commandant le Tank Corps Américain.
Signé: WAHL.
QUARTIER GÉNÉRAL TANKS CORPS Ière ARMÉE 13 septembre 1918.
Au colonel Émile Wahl, commandant la Ière brigade d'A.S.
Mon cher colonel,
Ci-joint copie de la lettre que je viens de recevoir du commandant en chef des forces américaines en France.
Je vous prie de la communiquer à vos officiers et à vos hommes, en y ajoutant mon appréciation du bon travail fait par votre brigade.
Ce sera toujours pour moi un sujet de fierté, d'avoir eu une brigade d'A.S. Française au baptême du feu du Tanks Corps Américain. Je joins tous mes remerciements pour les grands services que vous m'avez rendus, vous et tous ceux sous vos ordres.
Votre tout dévoué, S. R. ROCKENBACH.
CORPS EXPÉDITIONNAIRE AMÉRICAIN - 16 septembre 1919.
CABINET DU COMMANDANT EN CHEF
Au Brigadier Général S.D. Rockenbach, commandant le Tanks Corps.
Ière Armée.
Corps expéditionnaire Américain.
Mon cher général,
Je vous prie d'accepter mes félicitations les plus sincères, pour la part importante et si heureuse, prise par les officiers et hommes du Tanks Corps, dans la première offensive de la Ière armée américaine, les 12 et I3 septembre. La vigueur, l'élan et le courage de vos troupes ont fait vibrer nos compatriotes, et ont suscité l'enthousiasme de nos alliés. Veuillez transmettre mes félicitations, que j'adresse de tout coeur, à tous ceux qui sont sous vos ordres, pour leurs exploits magnifiques. Je suis fier de vous tous.
Votre dévoué,
Hohn J. PERSHING.
III. Décorations et Citations Individuelles
A la suite des combats auxquels le régiment a pris part, les décorations et citations suivantes ont été décernées à des militaires militaires tout grade :
Légion d'honneur.
Capitaine BRUNET DE MONTHELIE.
Capitaine MAITRE.
Capitaine LIARAS.
Lieutenant BARNAUD.
Lieutenant CORBIER.
Lieutenant COSSE.
Lieutenant HUBERT.
Lieutenant JACQUOT.
Lieutenant MATHIEU.
Lieutenant PROST.
Sous-lieutenant FRANCHOMME.
Sous-lieutenant MAUREL.
Médaille militaire.
Adjudant CHATILLON.
Adjudant DALEAS.
Adjudant THOUVENOT.
Maréchal des logis BERTHON.
Maréchal des logis COMITI.
Maréchal des logis GERFAUD.
Maréchal des logis GRESSIN.
Maréchal des logis MONTSIRBAIN.
Maréchal des logis BAILLY.
Brigadier LEVESQUE.
Citations à l'ordre de l'Armée.
Chef de bataillon MARÉ.
Lieutenant MENARD.
Lieutenant VITU.
Sous-lieutenant BORDAS.
Sous-lieutenant SOLAU.
Sous-lieutenant SOULIER.
Maréchal des logis CHANCELIER.
Maréchal des logis MARICHEZ.
Maréchal des logis MARTY.
De plus, le régiment a obtenu pour son Personnel :
8 citations à l'ordre du corps d'armée.
98 citations à l'ordre de la division.
28 citations à l'ordre de la brigade.
210 citations à l'ordre du régiment.
IV. - MORTS POUR LA FRANCE.
13e Bataillon.
337e Compagnie.
GOSSE (Gaétan), lieutenant, mort des suites de ses blessures, le 17 septembre 1918.
FAVIER (Henri), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 16 août 1918.
SARLANDIE (Lucien), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 19 septembre 1918.
338e Compagnie.
AUDIC (Pierre), brigadier, tué en septembre 1918 à Cierges (Meuse).
THÉBAULT (François). 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 16 septembre 1918.
339e Compagnie.
FILOMONOFF (Raoul), brigadier, tué le 29 septembre 1918 à Cierges (Meuse),
MASQUERE (Julien Raymond), mort des suites de ses blessures, le 13 novembre 1918.
MÉTAYER (Henri), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 15 décembre 1918.
RUFFIE (Jean Louis), brigadier, tué le 15 septembre 1918 à Thiaucourt.
RATABONIL (Eugène), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 20 février 1919.
14e Bataillon.
340e Compagnie.
DIDJEU (Henri), 2e classe, tué le 12 septembre 1918, à Bigneville.
JORDY (Paul), 2e classe, tué le 28 septembre 1918 à Montfaucon.
TAVERNIER (Laurent), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 20 février 1919.
PUGNAT (Joseph), brigadier, mort des suites de ses blessures, le 21 octobre 1918.
341e Compagnie.
CAILLAND (Paul), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 12 octobre 1918.
CHARNIER (Joseph), 2e classe, mort des suites ,de ses blessures, le 22 octobre 1918.
DOINEAU (Louis), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 14 octobre 1918.
LAMBERT (Lucien), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 13 octobre 1918.
MOUGEL (Marie Joseph), 2e classe tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
VACHAT (René), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 3 octobre 1918.
15e Bataillon.
343e Compagnie.
BERTRANDIE (René), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
JARLES (Joseph), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
344e Compagnie.
SOLAU (Sadi), sous-lieutenant, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
HUGUES (Antoine), 2e classe, tué le 28 septembre 1918 à Montfaucon.
LAURENT (Charles Joseph), 2e classe, tué le 4 octobre 1918 à Cierges.
LOMBART (Paul), 2e classe, tué le 24 septembre 1918 à Dombasle.
RIVIER (Joseph), 2e classe, tué le 4 octobre 1918 à Nantillois.
LECLERC (Gaston), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 1er décembre 1918.
345e Compagnie.
CHANCELIER (Roger), maréchal des logis, tué le 28 septembre 1918 à Nantillois.
DELAGRE (Joseph), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 10 octobre 1918.
JULES (Armand), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 29 juillet 1919.
DHEDENNE (Louis), maréchal des logis, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
ROLLAND (Jean), 2e classe, tué le 29 septembre 1918 à Nantillois.
DE VASSON (Jean), 2e classe, tué le 27 septembre 1918 à Montfaucon.
BONS (Louis), 2e classe, mort des suites de ses blessures, le 3 novembre 1918.
BONET (Emile), maréchal des logis, mort des suites de ses blessures, le 19 décembre 1918.
HISTORIQUE DU
504e REGIMENT A.S.
Les Chars d'Assaut ont fait leurs débuts en avril 1917. Le 16 avril, 8 groupes de Chars Schneider avaient attaqué entre Craonne et Berry-au-Bac et si le succès n'avait pas répondu à leurs espérances et récompensé leurs efforts, du moins ils avaient pour leurs débuts, mérité que le Général commandant en chef rendit hommage à leur héroïsme.
Une longue retraite, coupée seulement par l'opération heureuse du 5 mai 1917, puis par celle brillante du 23 octobre, était employée à travailler avec acharnement au développement de cette arme nouvelle. A côté des Chars Schneider et des Chars St-Chamond, un nouveau char venait de naître et qu'un labeur acharné faisait sortir des usines, de nombreuses formations qui se préparaient à collaborer à la Victoire. Les Chars Renault, entrés dans la lutte en juin 1918, après avoir coopéré à l'arrêt de l'avance ennemie, devaient continuer leur effort jusqu'à la victoire finale.
L'augmentation des effectifs nécessitait un encadrement nouveau. La création de régiments fut décidée. En mai, le 1er Régiment était formé. De quinzaine en quinzaine d'autres se formaient. Le 25 juin, le Général commandant en chef décidait la création du 4e Régiment qui devint le 504e Régiment d'Artillerie d'Assaut.
Le commandement en était donné au chef d'escadrons De FORSANZ, commandant le 1er Groupement d'A.S. Le 10e Bataillon, commandé par le chef de bataillon DARNEY, formait le premier élément. Le 11e Bataillon, sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, était incorporé le 12 juillet.
Le Groupement 4, alors en opérations sous les ordres du chef d'escadrons CHANOINE, était le 15 juillet rattaché au Régiment. Le 12e Bataillon, sous les ordres du chef d'escadrons CHAIGNEAU, y était rattaché le 3 août.
Les Bataillons formés au camp de Cercottes, d'éléments pris dans toutes les armes, recevaient dans ce camp un début d'instruction rendu forcément sommaire par le trop petit nombre d'appareils disponibles, et par les innombrables difficultés à surmonter pour l'encadrement, l'incorporation, l'équipement de ces éléments disparates plus ou moins préparés matériellement et moralement à leur nouvelle destinée.
Il est utile de signaler que la bonne volonté de tous vint à bout de toutes ces difficultés.
Fantassins, cavaliers; artilleurs, sapeurs, automobilistes, groupés par des officiers de provenances diverses, obligés eux-mêmes d'acquérir les connaissances indispensables avant de les inculquer à leurs hommes, arrivèrent par leurs efforts et leur zèle à former promptement des unités homogènes. Et l'on a pu amener au combat, après quelques semaines d'instruction, des troupes en état de maintenir avec honneur les traditions déjà glorieuses de leurs aînés.
L'époque à laquelle fut créé le Régiment coïncida avec une période où, après de durs combats qui avaient momentanément épuisé les ressources de l'A.S., il était nécessaire de fournir au plus vite des unités prêtes à être engagées.
Il s'ensuit que les Bataillons et le Groupement du 504e ont combattu à tour de rôle et isolément, leur intervention ayant lieu dès que les nécessités des opérations les appelaient en ligne.
Nous serons donc amenés à rappeler à tour de rôle l'action de chacune de ces formations. Nous n'insisterons pas sur le rôle brillant du 4e Groupement, actuellement transformé et devenu 26e Bataillon de Chars légers, il compte au 509e Régiment auquel appartiennent désormais ses glorieux souvenirs. Mais cette belle unité comptait au 504e alors que dans l'Oise, puis dans la Meuse, il gagnait ses 6 citations à l'Ordre de l'Armée et que deux de ses Groupes, le 14e et le 17e étaient honorés du port de la fourragère. Ce n'est qu'en décembre 1918, bien après la fin des hostilités, que le Groupement, auquel l'armistice avait retiré une nouvelle chance de combat impatiemment attendue, cessa de faire partie du Régiment. Nous nous bornerons cependant à rappeler le rôle des trois Bataillons qui constituent encore aujourd'hui le 504e R.A.S.
10e BATAILLON
Formé le 6 juin à Cercottes, le 10e Bataillon sous les ordres du chef de Bataillon DARNEY, comprenait les 328e, 329e et 330e Compagnies, commandées par les capitaines BOITOT, DOLLOT et CHACHIGNON. Après une période d'instruction à Cercottes, le Bataillon arrivait avant la fin de juin à Bourron, en repartait le 15 juillet pour Mailly-Poivres, d'où le 25 il était mis en route vers la région de Villers-Cotterets, prêt à combattre moins de deux mois après sa création. Arrivé le 27 à Silly-la-Poterie où il cantonna deux jours, il gagnait ensuite ses positions de départ successives, ne cessant de se préparer au combat par les reconnaissances de ses officiers et le travail acharné de tout son personnel sur un matériel perçu depuis peu de temps pour que des révisions et des mises au point ne fussent pas constamment nécessaires. Tout cela dans une région fortement bombardée et que l'ypérite rendait même dangereuse.
Les trois Compagnies arrivèrent à leur emplacement de départ, dans les environs du Grand-Rosoy, la veille de l'attaque, ayant trouvé l'énergie nécessaire pour résister aux périls connus et aux fatigues endurées.
Elles devaient marcher sur le point dit Orme du Grand-Rosoy. Malgré l'énergique défense des Allemands, la masse des moyens de destruction employés contre les chars, les objectifs étaient atteints et même dépassés. Partout le courage et l'acharnement des combattants de l'A.S. surmontent ces dangers qu'ils bravent.
Une citation à l'Ordre de l'Armée devait être la juste récompense de cette journée à la fin de laquelle on comptait :
1 officier, 3 sous-officiers, 5 hommes tués.
2 officiers, 18 canonniers blessés.
Qu'il soit permis au passage, de souligner quelques-uns des actes de bravoure qui se sont accomplis pendant le combat. Leur simple évocation servira d'hommage aux braves qui les ont à leur actif. Le char du maréchal des logis CORNET est atteint par un obus et prend feu. Le courageux sous-officier parvient à se dégager ; on peut le voir ramper sur le sol, et après de multiples difficultés, regagner ses lignes portant sur ses épaules son conducteur grièvement blessé et sans connaissance. A son tour, le lieutenant HUGUES, seul survivant de sa section, part à l'attaque, il ira de l'avant jusqu'à ce que, cible de tous les engins de l'ennemi, il soit enseveli sous les décombres de son char avec le soldat PERRICHON, son conducteur.
Ramené à l'arrière, le Bataillon est embarqué le 6 août à Longpont et arrive le même soir à Moyenneville (Oise) afin de participer avec le 28e et le 154e Régiments d'infanterie aux attaques du 9 au 10, en effet, il reçoit l'ordre de gagner les positions de départ. La 328e Compagnie doit attaquer le bois de la Tache, une fraction de la 329e Compagnie appuiera le 154e R.I. avec comme objectif le bois du Couteau, l'autre moitié aidera le 28e R.I. sur la route Méry - Ressons pendant que la 330e s'élancera sur le bois de Ressons, sur Ressons-sur-Matz et Neuville-sur-Ressons.
Un brillant succès couronne l'attaque, les sections dépassant bientôt leur infanterie et atteignant, malgré la violence des barrages d'artillerie et le grand nombre de trappes camouflées, tous leurs objectifs avant l'heure fixée.
On eut ce jour-là à déplorer la mort du capitaine BOITOT, de la 328e et de plusieurs sous-officiers tués par le même obus pendant qu'ils procédaient au dépannage d'un char renversé dans la tranchée conquise. Parmi eux se trouvait le maréchal des logis BONNARD qui répondit au lieutenant RAYMOND ces simples mots : « C'est pour la France ! » ; Le lieutenant RAYMOND prenait en fin de journée le commandement de la Compagnie.
Sa mission une fois remplie, le Bataillon gagne le camp Mailly. Il y reste jusqu'au 21 septembre, et de là est dirigé sur les abris Roques, près de Souain, pour participer dans le secteur de Champagne à l'offensive qui se dessine. Les journées du 23, 24 et 25 furent employées aux reconnaissances et aux préparatifs de combat. Dans la nuit du 25 au 26, les Compagnies se portent, la 328e au nord de Souain, la 329e à l'ouest du Moulin. Le 26, à 6 heures, l'infanterie part à l'assaut suivie des chars, ceux-ci ne devant entrer en action que pour la conquête de la dernière tranchée de la première position et pour faciliter la descente sur la vallée de la ......
Durant cette journée du 26 septembre, une nouvelle page de gloire est inscrite sur le livre d'or du 10e Bataillon, grâce à la généreuse ardeur de ses soldats. Une section de la 328e, sous les ordres du maréchal des logis ........., attaque des positions fortement organisées et succombe presque entièrement sous le tir des canons anti-tanks. Deux autres sections, commandées par les maréchaux des logis ASSIÉ et MAGNIER, continuent l'attaque malgré leurs lourdes pertes et facilitent grandement la progression des fantassins. Le maréchal des logis ASSIÉ trouve là une mort glorieuse.
De son côté, le maréchal des logis COUTANT attaque seul les positions ennemies par suite de la destruction successive de trois chars ; ce fait d'armes lui valut la Médaille militaire. L'attaque se poursuivit sans relâche du 26 septembre au 3 octobre ; les pertes furent lourdes en hommes et en matériel, mais tous les objectifs successivement désignés étaient atteints. Le 5, l'infanterie rencontrant une forte résistance aux ouvrages de Blanmont, les débris de la Compagnie reconstitués forment une section sous les ordres du maréchal des logis MOUTET et refoulent l'ennemi jusqu'à Machault.
La 329e Compagnie qui, durant la journée du 26, n'avait pas eu à intervenir doit le lendemain prêter son concours à l'infanterie arrêtée devant la tranchée de Mannheim par le tir des mitrailleuses. Elle aide l'infanterie dans l'accomplissement de cette tâche. Elle est chargée, le 29, d'aider à la progression vers la Py avec une section. Cette section, ayant à franchir un glacis complètement découvert, est prise à partie par une pièce anti-tank et détruite avant d'arriver à la route parallèle à la vallée. Presque tout le personnel peut échapper à temps des chars immobilisés, s'abriter dans les tranchées voisines et rejoindre nos lignes.
Le 29, la section ROUSSEAU-PORTALIS est appelée pour permettre le franchissement de la Py. Cette section avant d'avoir pu se mettre en position est prise à partie par les pièces anti-tanks et sans pouvoir faire œuvre utile, quatre de ses chars sont démontés et le cinquième immobilisé. Le sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, blessé en se défendant énergiquement, est fait prisonnier, ainsi qu'un brigadier qui, son char détruit, cherchait à regagner nos lignes. Un seul homme parvint à rejoindre dans la nuit. Le canonnier LEPORCQ, deux fois blessé dans le combat. Les cinq autres gradés et canonniers avaient payé de leur vie leur héroïque tentative. Ces braves méritent que leur nom reste dans le souvenir de leurs camarades.
Ce sont le brigadier MATHON, les canonniers GROLLET, LATREILLE et KERIBIN, auxquels doit se joindre le caporal LIBAUT du 407e qui, connaissant la mitrailleuse, s'offrit pour remplacer un chef de char blessé avant l'attaque et tomba glorieusement au Champ d'honneur. La 330e, de son côté, avait fait un bond de deux kilomètres et apporté une aide puissante aux fantassins qui prenaient position, le soir du 27, sur la Py.
Le 3 septembre, les restes du Bataillon avec ceux du 11e attaquaient en vain sur l'ouvrage dit Chapeau-de-Gendarme au-delà de la Py.
Le 8, les deux bataillons, réduits à une seule Compagnie, sous les ordres du commandant DARNEY progressaient devant la 7e Division de l'Aisne, aux lisières du village de Coucy, permettant à cette Division une avance de trois kilomètres dans les positions ennemies. A la suite de la coopération, le 10e Bataillon rentrait au camp de Poivres où l'armistice le trouvait reconstitué et prêt à partir. De formation toute récente, composé de troupes et de cadres chez qui la volonté de bien faire aidait à l'entraînement qui faisait peut-être défaut, le 10e Bataillon a su vaincre tous les obstacles et surmonter toutes les fatigues ; son entrain et son esprit de sacrifice avaient suffi à en faire une troupe solide et aguerrie. Et la meilleure attestation réside dans le rappel des graves et fières paroles par lesquelles ses chefs l'ont remercié de ses efforts.
11e BATAILLON
Formé lui aussi au camp Cercottes, le 9 juin 1918, le 11e Bataillon est placé sous les ordres du commandant ANGÉLI. le commandement des 331e, 332e, 333e Compagnies est donné respectivement au capitaine HEIDT, aux lieutenants GÉRARD et DERISSCHOP. Comme à Cercottes, son instruction est poursuivie à Villiers-sous-Grez et au camp de Poivres où il est débarqué le 29 juillet. Il n'y a fait qu'un stage très court, puisque le 3 août les unités font mouvement pour arriver le lendemain à Fouencamps, dans la Somme. L'heure d'entrer dans la lutte va sonner pour elles et sans perdre un instant, les officiers effectuent leurs reconnaissances pendant que les équipages mettent au point leurs appareils. La confiance et l'entrain règnent, on a l'intention de faire de la bonne besogne.
Le Bataillon est mis avec le 9e B.C.L. (503e R.A.S.) à la disposition de la 153e D.I. Le 8 août, à 4h.45, l'attaque se déclenche, la 331e Compagnie a pour objectif le bois de Moreuil et le bois Isolé, les 332e et 333e sont en réserve. La 331e s'engage avec son infanterie dans le bois de Moreuil où l'ennemi bien pourvu de mitrailleuses oppose une sévère résistance, et après une heure de combat oblige les combattants ennemis à se rendre. La 332e, arrivée à proximité du bois de Moreuil, reçoit du commandant du Régiment l'ordre d'appuyer, dans le plus bref délai, une dernière attaque de la Division voisine (42e D.I.) sur Fresnoy-en-Chaussée. Pendant que les hommes mettent joyeusement leur matériel en état, le lieutenant GÉRARD, qui commande la Compagnie, fait une rapide reconnaissance et met ses chars en mouvement.
Fresnoy est un nid de mitrailleuses qui arrête depuis 4 heures l'avance superbe de la 42e D.I. ; 35 minutes après l'intervention des chars, vigoureusement soutenue par l'infanterie, le village est enlevé.
Une citation à la Division devait être la juste récompense de ce beau fait d'armes. Bref, l'action vigoureusement menée a été couronnée de succès et c'est le 9 août seulement que la 333e Compagnie intervient pour appuyer le mouvement sur Hauguest-en-Santerre. Toute résistance cesse bientôt dans le chemin creux qui sépare Hauguest et Fresnoy et l'accès des lisières Est du village est ainsi rendu. C'est une gloire pour le 11e Bataillon d'avoir participé à cette journée que le maréchal LUDENDORFF qualifie de « Journée Noire de l'Histoire de l'Allemagne ».
Le 29 au soir, le Bataillon est retiré de la bataille et ses trois Compagnies sont bivouaquées à Arvilliers. Quelques jours seulement, pour la remise en état des chars et la reconnaissance des pistes, et le 16, les Compagnies seront mises à la disposition des 4e, 5e, 6e Groupes de Chasseurs alpins (47e D.I.).
Le 17, à 5 heures, l'attaque se déclenche. La 331e Compagnie s'engage au Nord et le long de la grande route de Roye. L'affaire est chaude et les chars, pris entre le talus de la route et le large boyau allemand qui court parallèlement à elle, ne peuvent, malgré leur élan et l'ardeur des combattants, briser d'un seul coup la résistance adverse. Le lieutenant JEANNIN, manœuvrant dans un terrain très difficile voit, en dépit de toute son habileté, de ses chars disparaître dans les tranchées et les trous ; il est grièvement frappé d'une balle à la mâchoire.
La 332e a la lourde mission de chasser les occupants de la partie Nord du bois de l'Abbaye et du bois de la Croisette et de flanquer l'attaque vers le Nord-Est. La conduite de tous et de chacun est superbe. Les sections GÉRARD, DUBOIS et PRUNIER rivalisent d'entrain, de courage et d'abnégation, malgré les violences d'un tir meurtrier et les contre-attaques. Les pertes sont lourdes pour toucher au but, il faudra la généreuse initiative du capitaine (alors lieutenant de BOISGÉLIN) qui attirera sur lui le feu des pièces ennemies pour permettre à ses camarades de combat de les contourner et de les capturer. Le lieutenant de BOISGÉLIN sera fait chevalier de la Légion d'honneur.
Le combat reprendra aussi acharné le lendemain. La première section de la 331e intervient à deux reprises sur le bois Fendu et le livre aux Chasseurs alpins après avoir laissé deux de ses chars sur le terrain, dont celui du maréchal des logis REVOL qui a trouvé là une mort glorieuse.
La section ECKMANN qui vise le bois de Broquemont est prise, à 16 heures, sous un tir de barrage qui la gêne terriblement dans sa marche et lui met deux chars hors de combat. L'action des autres Compagnies se fait énergiquement sentir à l'Est de Guyencourt et vers la ferme de la Grange, qui, grâce à l'appui de la 333e, est tenue solidement par l'infanterie.
Le bilan de ces deux journées était lourd : 8 tués, 7 disparus, 27 blessés manquaient à l'appel. 33 chars avaient été mis hors de combat.
Un Ordre du 31e C.A. venait récompenser dignement tous ceux qui avaient aussi vaillamment rempli la mission qui leur avait été confiée. Le lieutenant GÉRARD était fait chevalier de la Légion d'honneur, les lieutenants CONTEAU et DUBOIS, le maréchal des logis JEAN cités à l'Ordre de l'Armée ; le brigadier GODILLON recevait la Médaille militaire.
Les combats du 17 et du 18 avaient été particulièrement durs : le terrain coupé de tranchées larges et profondes, la résistance acharnée d'un ennemi terré dans des abris bétonnés et qui avait à sa disposition une formidable artillerie et une quantité énorme de mitrailleuses, la situation du Bataillon, à l'extrême gauche de l'armée française, mis ainsi dans la nécessité de se maintenir en liaison avec les Anglais, en retard de 1 kilomètre sur notre progression, était de nature à enrayer les plus beaux efforts ; et il est tout à l'honneur de ceux qui ont affronté semblables difficultés d'en avoir par leur abnégation et leur inflexible volonté pu et su triompher.
Il y a lieu d'ajouter que dans ce terrain difficile, hérissé de défenses importantes, la progression de la 47e D.I. fut de 2 kilomètres et atteignit les lisières de Roye alors que les Divisions voisines ne pouvaient avancer en raison de la résistance acharnée de l'ennemi. Cette Division d'élite a su reconnaître la part qu'elle devait à la collaboration du 11e Bataillon et les témoignages d'estime qu'elle a accordés à ces vaillants compagnons d'armes doit demeurer pour eux la meilleure récompense.
Le 25 août, de Moreuil où il embarque, le Bataillon gagne le camp de Mailly pour se reformer. Il en repart le 22 septembre pour la Champagne avec le 10e Bataillon et est mis à la disposition de la 22e D.I. : 19e, 212e et 62e Régiments d'infanterie. C'est encore sur un terrain sillonné de nombreuses et profondes tranchées et retourné par les obus de tous calibres que les chars vont avoir à évoluer. Ils auront également à lutter contre de nombreuses pièces anti-tanks dont l'existence a été signalée. Les difficultés de la progression dans un terrain formidablement organisé obligent les chars, malgré toutes prévisions, à intervenir bien avant le moment fixé. Le 27 au matin, dès 6 heures, le premier Bataillon du 19e R.I. attaque dans la direction du Grand Bois : la 331e l'aide dans sa tâche, et voit sa première section mise presque aussitôt hors de combat par le bombardement. La deuxième, plus heureuse, peut poursuivre l'ennemi, et sous le commandement du maréchal des logis ROMAZILLE, surprendra à l'entrée d'une sape 30 ennemis en train de faire leurs préparatifs de départ, qui, au premier coup de 37, se rendent avec armes et bagages. Le sous-lieutenant ECKMANN avec la 3e attaque la Barraque de Somme-Py et la tranchée de Spire, culbute les mitrailleuses et permet aux fantassins d'occuper la position. Le lendemain, continuant son effort, la 331e se porte à l'attaque de Somme-Py et précédant l'infanterie elle aborde le village, en nettoie les lisières, y pénètre et, après en avoir cassé les occupants, s'y maintient splendidement jusqu'à 14 heures sous un bombardement à obus toxiques.
Beaucoup moins heureuse, la 332e se heurte à la rivière de la Py qu'elle ne peut franchir. A l'Est de Somme-Py, la lutte est incertaine, les objectifs sont atteints par la 333e mais, repoussée par une contre-attaque, l'infanterie cède le terrain conquis. Il faut pour rétablir les choses dans leur état normal la belle audace du lieutenant CONTEAU qui repart de l'avant, entraîne tout le monde derrière lui et assure la réoccupation des positions abandonnées.
Tout comme aux attaques du mois précédant, il fallait pour triompher que chacun fournit le maximum d'efforts et rivalisât de ténacité et d'endurance. Les canonniers forcèrent l'admiration de leurs compagnons d'armes. Quatre jours durant, ils luttèrent sans prendre une minute de repos, faisant rendre le maximum à leur matériel. Les équipes de dépannage ne furent pas en retard, travaillant sous les ordres du lieutenant PICARD à la remise en état des chars.
Le Bataillon se reforme à l'Est de Souain le 3 septembre et se métamorphose en une compagnie de marche sous les ordres du lieutenant ......... Elle donnera le 3 pour attaquer avec les restes du 10e Bataillon les positions au Nord de la Py. Mais l'opération échoue. Le 8, une Compagnie formée des restes des 10e et 11e Bataillons et commandée par le capitaine ............ franchit l'Aisne et aide la 7e Division à progresser seule de toute la ligne de 3 kilomètres. Repliée après cette journée, elle regagne à la tombée de la nuit le bois de la Vipère et le Bataillon, définitivement retiré de la bataille, rentre à Sompuis et Himbeauville, puis au camp de Poivres. L'armistice le trouve reformé et prêt à partir. Moins récompensé que le 10e Bataillon, le 11e a eu à son actif d'aussi belles journées. Ce Bataillon peut être fier d'avoir coopéré les 8 et 9 août, avec la 1ère Armée, à la victoire qui fit comprendre définitivement à l'Allemagne qu'elle était perdue. En septembre, ce Bataillon a de nouveau prouvé son ardeur, son endurance et sa discipline. Ce sont de beaux titres de gloire.
12e BATAILLON
Ce n'est pas Cercottes, mais Gidy, près d'Orléans, qui voit le 16 juin 1918, la constitution du 12e Bataillon et sa prise de commandement par le chef d'escadrons CHAIGNEAU.
Il commence son instruction par des évolutions et des tirs sur le terrain de Cercottes et la continue à Bourron où il arrive fin juillet. Il n'y fait qu'une courte apparition car, le 3 août, il gagne Poivres pour manœuvrer avec l'infanterie, évoluer devant deux missions japonaises et américaines et mettre ses appareils au point. L'ordre lui est transmis de se tenir prêt à faire mouvement, à partir du 26. Le 26, en effet, et le 27 ses Compagnies 334e (capitaine GAILLARD), 335e (lieutenant DEAU), 336e (lieutenant BARRIÈRE), embarquent à Poivres à destination de la Vache Noire, Est de Vic-sur-Aisne. Les Compagnies sont en réserve d'armée à hauteur de Fontenoy, avant de gagner le bois de Morsain d'où partent les reconnaissances d'officiers. Le commandant CHAIGNEAU reçoit le commandement d'éléments du 6e Bataillon et de deux sections reconstituées de la 334e Compagnie, tandis que les 335e et 336e passent sous la coupe du chef de bataillon ROUSSY, commandant l'A.S. dans le secteur américain.
Le 2 septembre, l'A.S. 334e et 314e mises à la disposition de la 66e D.I. appuient la progression en direction de Vauxaillon. Elles passent, à 14 heures, la première ligne française en même temps que l'infanterie et collent au barrage roulant. La manœuvre du lieutenant BRIS (2e section, A.S.334e) est si rapide et habile que le centre de résistance ennemie de la ferme du Trou des Loups est capturé avec ses obusiers et fusils anti-tanks avant d'avoir pu intervenir. Cette même section continue sa marche sur le mont de Leuilly, qu'elle encercle et fait converger ses feux sur les tranchées allemandes. Le bataillon qui tient la position est en partie capturé, en partie détruit et voit les troupes françaises s'installer à sa place.
Les deux autres sections de l'A.S.334, lieutenant EMAILLE et sous-lieutenant BALDET, une section de l'A.S.314, sous-lieutenant BOSSUT, franchissent à leur tour les lignes françaises, mais on voit aussitôt les chars des deux premiers officiers culbuter dans les fosses camouflées. Ceux-ci assurent alors à pied le commandement de leur unité et ne tardent pas à tomber sur le champ de bataille, frappés par les balles ennemies, tandis que le capitaine GAILLARD s'élance pour les remplacer. Leur sacrifice n'a pas été vain car la résistance est broyée, le ravin de la fontaine St-Rémy contourné et le Bataillon déployé en bataille atteint la tranchée du Canada.
Pendant la même journée, les 335e et 336e apportent une aide efficace aux 8e Zouaves et 7e Tirailleurs. La 335e prend pour objectif Neuville-Margival et le tunnel de Vauxaillon, elle réduit de nombreux nids de mitrailleuses et sacrifie à cette tâche sept de ses chars. La 336e qui doit assurer la prise de Terny-Sorny fait 80 prisonniers.
Après une série de marches et contremarches qui le mène à Montecorne, Juvigny, Pommiers, le Bataillon se reforme le 10 à Vézaponin, puis embarque à Vic pour Humbauville où il se prépare aux attaques prochaines.
En effet, après une période de repos, le 12e est appelé à fournir à nouveau un rude effort. Il débarque à Bergues-Nord, le matin du 8 octobre, et cantonne aux environs de Bruges, il gagne la forêt ........ et le secteur Sud-Est.
Une attaque d'ensemble anglo-franco-belge, à laquelle doit participer la 77e D.I. est décidée le 14 octobre, et doit rompre le front ennemi en direction de Theilt et de Gand. La 77e D.I. a l'ordre d'enlever le plateau d'Hooglede et les hauteurs de Coolscamp. A l'heure H les sections débouchent et mènent le combat en direction de Gilsberg et de Gils. Les St-Chamond ne peuvent traverser la zone marécageuse qui s'étend au Nord de la route de Stadeu à Roulers et l'infanterie étant arrêtée devant Hooglede, la 334e intervient et permet à cette dernière de déborder le village par l'Est. A 13h.30, deux sections de la même Compagnie, rassemblées derrière la crête d'Hooglede, s'élancent avec le 3e Bataillon du 97e R.I., franchissent cette crête par le Nord, marchent parallèlement à la route Roulers - Thouront pour se rabattre ensuite en direction de Schosting et couper la retraite à l'ennemi. Le but est atteint, la mission remplie et, à 15 heures, l'ennemi a cessé toute résistance. Une troisième attaque est aussitôt montée à 16h.30, l'ordre arrive d'exploiter le succès en partant du front Gilsberg - Schosting avec 5 chars encore disponibles. Ceux-ci rejoindront à la tombée de la nuit le point de ralliement, à l'Ouest d'Hooglede après avoir réduit tous les nids de mitrailleuses entre les routes Roulers - Thouront et Shosting - Gilsberg.
Dans cette affaire rapidement menée et couronnée de succès, l'action des chars fut décisive. Les interrogations des prisonniers font ressortir leur démoralisation et l'impossibilité absolue pour eux de continuer la lutte, ceci en dépit des moyens défensifs, trappes, canons, soigneusement camouflés et accumulés sur tout le champ de bataille.
Pendant la nuit du 14 au 15 octobre, les deux Compagnies A.S.334 et A.S.336 effectuent leur rassemblement à l'Ouest d'Hooglede. A 4 heures, le 15, la 336e reçoit l'ordre de coopérer avec deux bataillons du 97e R.I. à la conquête de Gilsberg et de la station de chemin de fer. L'heure H est fixée à 7 heures. Malgré l'impossibilité de faire les reconnaissances nécessaires, ces deux sections gagnent la ligne de départ. Celle du sous-lieutenant DUPRAT a pour objectifs le bois et les fermes au Sud et au Sud-Ouest de Gist et de Tinance ; celle du lieutenant LEVILLAIN le Nord de Gilsberg, la grande route à l'Est de cette localité, la voie ferrée et le Sud de la station. Le combat est très dur. Dès la première heure, quatre chars sont indisponibles : celui du lieutenant LEVILLAIN saute sur une mine au passage à niveau de Gilsberg, les deux autres ont leur réservoir d'essence perforé, un quatrième son radiateur. L'ennemi n'en est pas moins contraint à se replier.
Maintenues en alerte jusqu'au 17, à cette date, les deux sections , la 336e et une de la 334e accompagnent le 97e et le 158e R.I. dans leur progression. A 11h.30 , cette dernière reçoit l'ordre d'attaquer la voie ferrée de Thielt - Whighen, en direction Nord-Est, de réduire les résistances signalées le long de ladite voie ferrée et de se rabattre ensuite en direction de Thielt. Une manœuvre prudente lui permet d'arriver à la ligne de résistance sans se laisser voir : les nids de mitrailleuses sont successivement nettoyés, l'un d'entre eux est encerclé et ses défenseurs, un officier, 60 hommes avec leurs quatre mitrailleuses se rendent sans plus attendre.
Plus au Nord, l'infanterie arrêtée dans sa progression en avant de la route de Thielt à Wynghen fait appel aux chars de l'A.S.336 qui s'élancent sur la route en les balayant de leurs feux, et la dépassent. On peut voir sans tarder des prisonniers à genoux implorer la pitié de leurs vainqueurs, et, en fin de journée, on constate non sans fierté que les chars ont parcouru plus de 14 kilomètres, engagé 4 combats, capturé plus de 100 allemands et détruit une quantité énorme de mitrailleuses. Le 18 octobre, à 6h.30, le combat reprend, 8 chars restent disponibles ; une section est formée sous les ordres du sous-lieutenant LENORMAND ; elle se porte en avant, à 11 heures, avec le 97e R.I. pour faire taire les mitrailleuses ennemies qui garnissent les fermes à l'Est de Hodist..... ; l'ennemi résiste avec l'énergie du désespoir : il a transformé chaque ferme en centre de résistance et se défend avec acharnement, mais dans leur irrésistible élan, les chars passent et font une magnifique besogne ; les mitrailleuses une à une se taisent : les servants tombent sur leurs pièces et l'ennemi fuit en nous abandonnant plus de 100 prisonniers.
La 335e, durant les journées des 14, 15, 16 et 17, apportent à la 70e D.I. une aide des plus efficaces dans l'attaque sur Humskere et Govendhan. Elle participe à l'enlèvement des villages de Luiknak et Saint-Joseph et à la capture de 700 prisonniers, dont 500 à l'actif du 226e R.I. et 200 à l'actif des Belges.
Le Bataillon est mis le 18, vers 19 heures, en réserve d'armée. Le 19, les Compagnies embarquent à Echen et sont transportées par tracteurs à la sortie Sud de Roulers, où elles restent jusqu'au 26, date à laquelle le Bataillon reçoit l'ordre de participer aux opérations qui vont se dérouler dans le secteur anglais (région d'Anseghem). Pour cette opération, chaque Compagnie garde une réserve et doit mettre en ligne 10 chars seulement ; chacun d'eux est accompagné d'un détachement de cinq hommes d'élite.
La 334e est obligée de mettre dès le départ ses deux sections en ligne (sous-lieutenant LENORMAND et aspirant HUTCHINSON). Par suite de l'heure matinale et des difficultés du terrain l'avance est lente, mais les nombreux nids de mitrailleuses qui arrêtent l'infanterie sont détruits, leur existence aussitôt signalée. La position intermédiaire atteinte, les sections s'arrêtent à l'abri, à l'Ouest de Bergstraet. Chacune d'entre elles est réduite à quatre chars ; elles atteignent l'objectif final à 9h.30. Un officier anglais demande la section LENORMAND pour réduire, au-delà, un nid de mitrailleuses. Ses quatre chars sont victimes des canons anti-tanks, les équipages tués ou blessés.
La 335e met une section en ligne, une en réserve. La section d'attaque, en position dès 4h.30, traverse à l'heure H la parallèle de départ, suit la voie ferrée au Sud et s'établit en surveillance au Nord pendant l'installation de l'infanterie. Celle-ci faite, sa droite appuyée à la voie ferrée, elle continue sa marche en avant, franchit la route d'Anseghem et se porte à 100 mètres à l'Est du premier objectif. Elle y séjourne deux heures et à 8h.35 reprend sa marche, s'empare de la station d'Anseghem et son infanterie, solidement installée sur son objectif final, se replie vers 9h.40. La 336e est devant un terrain très difficile ; à 5h.30, elle débouche devant la première vague d'infanterie, si considérablement gênée par l'obscurité et les obus fumigènes, que la progression doit se faire à volets ouverts. La section de droite réduit la côte 41 et bondit sur le carrefour Sud d'Anseghem qu'elle livre aux fantassins. La section de gauche enlève Vinterken. Prise sous le tir des minens, à la sortie du village, elle est réduite à deux chars. Aussitôt renforcée de trois nouvelles unités, grâce à un arrêt dû à l'indécision de la liaison entre Français et Anglais, elle gagne le Sud du premier village et en balaye de ses feux la rue principale.
C'était fini : le dernier effort avait été fourni ; le général DEGOUTTE transmettait au 12e Bataillon la lettre de remerciements et de félicitations du général HERBERT PLUMER, commandant la IIe Armée britannique.
Dès le 1er novembre, les unités quittaient la zone de feu pour débarquer jusqu'au 8 à Humbauville. Trois jours après les cloches du petit pays carillonnaient la Victoire. Chacun la saluait avec la joie de quelqu'un qui a enfin atteint le but et qui, pour y parvenir, a dû auparavant beaucoup souffrir. En ce matin du 11 novembre, la pensée de chacun des vivants se reportait sur les champs de morts et de dévastation où la mitraille s'était tue soudain, pour laisser dormir en silence tous ceux-là qui, pour que la France vive, avaient dû offrir leur vie en holocauste.
CITATIONS
I. - A L'ORDRE DE L'ARMÉE
Ordre N° 15.987 « D », du 12 avril 1919.
10e Bataillon du 504e Régiment Artillerie Assaut
(comprenant les Compagnies 328, 329, 330).
« Sous l'impulsion énergique de son chef, le commandant DARNEY, s'est engagé dans la bataille, le 1er août 1918, pour la conquête de la crête du Grand Rosoy. A progressé de haute lutte sur un terrain battu par des feux violents d'artillerie, de canons et de fusils anti-tanks, surmontant tous les obstacles (réseaux, abatis, tranchées), réduisant les nids de mitrailleuses, a entraîné les vagues d'assaut et leur a permis d'enlever et d'occuper la crête de l'Orme du Grand Rosoy, la côte 197 et les bois de Pégase. Continuant l'attaque malgré de lourdes pertes, est parvenu jusqu'aux lisières du village de Cordoux et du bois du Bélier que l'infanterie a occupés grâce à son appui. A ainsi contribué pour une large part à l'enlèvement d'une position très forte, jugée de première importance pour le Commandement et dont l'occupation a obligé l'ennemi à reculer, le lendemain, de près de 20 kilomètres jusqu'à la Véole.
« Signé : PÉTAIN. »
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
10e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 328, 329, 330).
« Sous les ordres du chef de bataillon DARNEY, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
11e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 331, 332, 333).
« Sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »
328e Compagnie de Chars légers.
« A fait preuve de la plus grande énergie et du plus grand esprit de sacrifice pendant les attaques d'un Régiment d'infanterie, dans un terrain excessivement difficile et balayé par l'artillerie contre chars, les minens, et les mitrailleuses. Y a subi des pertes sérieuses en personnel et en matériel, sans que son ardeur se soit ralentie un seul instant.
« A rendu par son sacrifice, le maximum des services que l'infanterie pouvait attendre, dans les conditions de l'attaque, d'une Compagnie d'Artillerie d'assaut.
« Signé : PÉTAIN. »
335e Compagnie de Chars légers. Ordre général N° 604.
« A combattu les 14, 15, 17 et 18 octobre 1918, malgré les difficultés du terrain avec une énergie et un entrain remarquables. A rendu les plus grands services à l'infanterie qu'elle a continuellement appuyé malgré la rapidité et la profondeur de l'avance, réduisant de nombreux centres de résistance et contribuant à la capture de nombreux prisonniers et d'un matériel considérable.
« Signé : DEGOUTTE. »
II. - A L'ORDRE DU CORPS D'ARMÉE
Ordre général N° 228 du 34e C.A., du 5 octobre 1918.
330e Compagnie.
« Réduite à deux Sections, l'une, sous le commandement du sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, est partie à l'attaque avec les vagues d'assaut, réduisant avec un brio remarquable les centres de résistance qui s'opposaient à l'avance de l'infanterie. L'autre, sous les ordres du lieutenant BINET-VALMER, ayant achevé la mission qui lui avait été assignée dans un régiment voisin est venue spontanément mettre ses derniers litres d'essence et ses derniers obus à la disposition d'une unité engagée dans un violent combat de localité. A contribué pour une large part au succès e l'opération du 10 août 1918. »
Ordre N° 331 « P » du 31e C.A., du 11 novembre 1918.
333e Compagnie du 504e R.A.S.
« Unité de formation récente qui, grâce à l'activité de son chef, le lieutenant DEBISSCHOP, à l'ardeur, au courage, à l'entrain de tout son personnel, s'est montrée aux combats des 8, 9, 17 et 18 août 1918, une troupe d'élite accomplissant sans faiblir les missions les plus délicates et rendant, au cours de ces journées, des services signalés aux troupes d'infanterie auxquelles elle était rattachée. »
III. - A L'ORDRE DE LA DIVISION
Ordre général N° 506, du 18 août 1918.
332e Compagnie de Chars d'assaut, du 504e Régiment.
« La 332e Compagnie du 11e Bataillon du 504e Régiment d'Artillerie d'assaut, sous les ordres du lieutenant GÉRARD, commandant la Compagnie, du lieutenant PRUNIER, du sous-lieutenant DUBOIS, de l'adjudant SOURZAC, chefs de Section, a été appelée pour appuyer une attaque de la 42e D.I., a fait diligence pour se porter au combat et grâce aux dispositions prises et à l'ardeur de tous, a puissamment contribué à aider l'infanterie à atteindre ses objectifs.
« Signé : DEVILLE. »
328e, 329e, 330e Compagnies du 504e Régiment de Chars légers.
« Mis à la disposition de la Division pour l'attaque de positions puissamment organisées et énergiquement défendues, malgré les difficultés d'un terrain bouleversé et d'une résistance sévère de l'ennemi, a coopéré avec une ardeur et un esprit de sacrifice admirables à la conquête des lignes ennemies, participant avec la Division à une progression de près de 6 kilomètres.
« Signé : BIESSE. »
Ordre N° 219 de la 22e D.I.
331e, 332e, 333e Compagnies du 504e Régiment de Chars d'assaut.
« A coopéré du 26 au 29 septembre aux combats engagés par la Division pour la conquête de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A montré au cours de ces journées une ardeur et un esprit de sacrifice admirables et secondé utilement les efforts de l'infanterie dans une avance de près de 7 kilomètres. »
Ordre N° 282 du 64e B.G.P., du 30 décembre 1918.
« La 2e Section de la 334e Compagnie de C.L., sous l'énergique impulsion de son chef, le lieutenant BRIS, qui avait exécuté une reconnaissance minutieuse du terrain d'action, a pris une part glorieuse au combat du 2 septembre 1918. Atteignant tous les objectifs malgré les défenses anti-tanks accumulées par l'ennemi et contribué à l'enlèvement d'un point d'appui fortement organisé et à la capture de 336 prisonniers dont 12 officiers et d'un important matériel. »
IV. - LETTRES DE FÉLICITATIONS
Le Général BIESSE, commandant la 151e Division d'Infanterie,
A M. le Général Commandant le 1er Corps d'Armée.
« J'ai l'honneur de vous signaler la façon brillante dont se sont conduits les équipages des Chars d'assaut du 10e B.C.L. pendant les durs combats des 26, 27 et 28 septembre ; je vous transmets également l'expression d'admiration unanime des unités d'infanterie avec lesquelles ils ont été engagés.
« Au delà du 2e objectif intermédiaire, la zone de combat de la 151e Division présentait encore de puissantes organisations fortifiées, hérissées de réseaux de fil de fer et de chevaux de frise à armature métallique ; toutes ces défenses accessoires étaient sous le feu de nombreuses mitrailleuses, canons-revolvers et canons anti-tanks cuirassés. Le terrain bouleversé permettait à peine le passage de l'infanterie. Malgré toutes ces difficultés, les chars d'assaut ont permis aux fantassins de s'emparer de ces positions formidables, s'offrant d'eux-mêmes à s'engager, alors que leur intervention paraissait impossible à ceux dont ils devaient aider la progression.
« Le 10e B.C.L. sous les ordres du commandant DARNEY laissera à la 151e Division le souvenir d'une unité d'élite.
« Signé : BIESSE. »
Au colonel CHÉDEVILLE,
« Heureux de vous transmettre ce témoignage auquel je m'associe ».
« Signé : GOURAUD. »
Le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
A Monsieur le Commandant de l'A.S.
« Je suis heureux de vous adresser ci-joint copie de la lettre que m'a envoyée le Commandant de la 2e Armée britannique et qui s'exprime en termes élogieux sur le rôle joué par un Bataillon de l'Artillerie d'assaut.
« Je joins mes félicitations à celles du Chef de la 2e Armée britannique.
« Signé : DEGOUTTE. »
Le Général HERBERT PLUMER, commandant la 2e Armée britannique
A M. le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
« Mon cher Général,
« Je tiens à vous remercier pour les chars que vous avez eu l'amabilité de mettre à ma disposition le 31 octobre. Ils ont prêté une aide très utile à mes troupes.
« Je vous serais très obligé de transmettre à l'Officier commandant, notre appréciation des services rendus par ses hommes.
« Notre infanterie qui a travaillé avec vos chars parle avec enthousiasme de la manière dont ils ont fait leur travail.
« Signé : HERBERT PLUMER. »
MILITAIRES MORTS AU CHAMP D'HONNEUR
ou décédés des suites de leurs blessures
NOMS | GRADES | Compagnie |
BOITOT Charles | Capitaine | 328e |
DUBREUIL Louis | Adjudant | 328e |
ROUX Armand | maréchal des logis | 328e |
BONNARD Laurent | maréchal des logis | 328e |
JONGIT Louis | canonnier | 328e |
ASSIÉ Émile | maréchal des logis | 328e |
GAMBART Lucien | maréchal des logis | 329e |
GIRESSE Jean | brigadier | 329e |
MAILLET Émile | canonnier | 329e |
MENOUX Eugène | canonnier | 329e |
HUGUES Léon | sous-lieutenant | 330e |
PEYRAND Pierre | aspirant | 330e |
ALDEBART René | brigadier | 330e |
DUTRION André | brigadier | 330e |
LYNIER Joseph | brigadier | 330e |
GABERT Louis | canonnier | 330e |
IMBERT René | canonnier | 330e |
IZOIRD Théodore | canonnier | 330e |
MAUSSION Prosper | canonnier | 330e |
PERRICHON Michel | canonnier | 330e |
MATTON Léo | brigadier | 330e |
GROLET Isaac | canonnier | 330e |
CORENTIN René | canonnier | 330e |
LATREILLE Jean | canonnier | 330e |
REY Henri | canonnier | 330e |
REVOL | maréchal des logis | 331e |
POTTIER | canonnier | 331e |
MERLE Louis | maréchal des logis | 332e |
Du BOUESAC Pierre | maréchal des logis | 332e |
COUZON Charles | canonnier | 332e |
FORTIN Raymond | canonnier | 332e |
JOURDAN Alexandre | canonnier | 332e |
TATTEVIN Gaston | maréchal des logis | 332e |
RUBY Jean | canonnier | 332e |
GOEFFIC Armand | canonnier | 332e |
MAGNANT Jules | maréchal des logis | 332e |
PALLIER Henri | canonnier | 332e |
LEFAY | canonnier | 333e |
LUBAT | maréchal des logis | 333e |
ESTIVAL | canonnier | 333e |
EMAILLE Alphonse | lieutenant | 334e |
BALDET Henri | sous-lieutenant | 334e |
LENORMAND Gustave | sous-lieutenant | 334e |
BAILLY Nestor | maréchal des logis | 334e |
CABOCCO Benjamin | maréchal des logis | 334e |
CHARTON Marius | brigadier | 334e |
PETITEAU Roger | brigadier | 334e |
PALOUTIER Pierre | brigadier | 334e |
TINUR Auguste | brigadier | 334e |
AURENSAN Pierre | canonnier | 334e |
CHARTIER Julien | canonnier | 334e |
GIRAUD René | canonnier | 334e |
GUINÉ Charles | canonnier | 334e |
PACCOU Maurice | canonnier | 334e |
PELAPRAT Henri | canonnier | 334e |
DECAEN Bernard | canonnier | 335e |
GUIGUELÉ Louis | maréchal des logis | 335e |
PAPEGAY Paul | brigadier | 335e |
GRAINVILLE Charles | canonnier | 336e |
SERRA Joseph | canonnier | 336e |
HISTORIQUE DU 503e RÉGIMENT
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
Mai 1918.
Fin mai 1918 !. Epoque angoissante de la Grande Guerre. Les Français, le coeur serré suivent les progrès de l'armée allemande s'avançant sur Paris par bonds qui semblent irrésistibles.
Nos ennemis ont atteint la Somme devant Amiens, l'Ourcq, la Marne qu'ils ont. même franchie au sud de Dormans et de Château-Thierry.
Chacun se demande avec anxiété si cette offensive formidable marquera la défaite des Armées alliées. Rien en effet de plus déprimant pour un peuple que de voir son sol largement envahi par l'ennemi : pour la masse, c'est un fait qui parle et le seul qui semble être important. Et cependant la nation se refuse à considérer cette victoire allemande comme définitive. Elle se refuse à penser que quatre années de lutte sans répit seront inutiles et que la victoire nous échappera.
Le danger pressant et la volonté de n'avoir pas lutté pour aboutir à la défaite produisent un renouveau d'énergie.
Les premiers chars. Le char léger.
Apparus pour la première fois en avril 1917, puis en octobre de la même année, les chars d'assaut ne conquièrent pas la confiance de l'infanterie. L'idée en semble même écartée. Il n'en est rien, le général Estienne, commandant les chars d'assaut, sait, d'accord avec l'industrie française, réaliser un char qui, par sa légèreté, sa souplesse et sa puissance offensive, peut jouer au combat un rôle décisif : c'est le char Renault.
Dans le silence, la fabrication de plus en plus intense s'organise, les unités se forment, les événements obligent notre commandement à hâter l'organisation des unités, à les jeter au combat à peine formées et instruites.
Le général Pétain, commandant les Armées françaises, décide l'emploi en masse des chars.
Mai-Juin 1918.
L'importance du char s'affirme en soutenant soutenant premier choc allemand. Les 501e et 502e régiments de chars légers montrent, dans les combats où ils sont engagés, que l'outil de la victoire est trouvé.
Création du 503e régiment.
Le groupe des 7e, 8e et 9e bataillons forme le 503e régiment, dont le commandement est confié au chef de bataillon Michel, le 8 juin 1918. La figure de ce commandant de régiment restera présente à la mémoire de ceux qui l'ont connu. Ce fut, par ailleurs, un honneur pour le 503e d'avoir à sa tête l'homme qui, pendant plus de deux années, avait, comme adjoint au général Estienne, contribué à la construction, la mise au point du char Renault, en y apportant la finesse de son intelligence, une volonté à toute épreuve, une grande puissance de travail.
Du fait de son chef, le 503e se distingue déjà. Il ne lui reste plus qu'à affirmer sa maîtrise sur le champ de bataille pour se créer une page dans le livre des régiments glorieux.
ORDRE DE BATAILLE DU RÉGIMENT
Etat-major du régiment
Commandant H. MICHEL, commandant le régiment.
Capitaine PÉROCHE, adjoint technique.
Capitaine SEMELAIGNE, adjoint tactique.
Sous-lieutenant MINET, adjoint administratif.
État-major du 7e bataillon.
Commandant D'ANGERVILLE, commandant le bataillon.
Capitaine BAYLE, adjoint tactique.
Lieutenant MARCOUX, adjoint technique.
Sous-lieutenant DESHAIE, officier des liaisons.
Médecin auxiliaire CALAMY, médecin du bataillon.
319e Compagnie.
Capitaine DE BOURBON-GHALUS, commandant de compagnie
Lieutenant BARBEAU, chef de section.
Lieutenant BILAND,
Lieutenant MAREY,
Lieutenant CASQUARD, commandant de l'échelon..
320e Compagnie.
Capitaine DESHAYES, commandant de compagnie.
Lieutenant COURSSERAND chef de section.
Lieutenant PLY
Lieutenant POUSSEAUD
Lieutenant VIEL, commandant de l'échelon.
321e Compagnie.
Lieutenant D'ALEMAND, commandant de compagnie.
Sous-lieutenant CHAVET, chef de section.
Sous-lieutenant GUELLERIN, commandant de l'échelon.
Sous-lieutenant DE MALLEVOUX, chef de section.
Sous-lieutenant THIERRY,
État-major du 8e bataillon.
Chef d'escadron BLOCH, commandant le bataillon.
Lieutenant TAUDIN, adjoint tactique.
Sous-lieutenant FAUQUET, adjoint technique.
Sous-lieutenant SABLAYROLLES, officier des liaisons.
CHAPUIS, médecin auxiliaire.
322e Compagnie.
Capitaine ANGELY, commandant la compagnie.
Lieutenant RAYNAUD, commandant de l'échelon.
Sous-lieutenant COURTOIS, chef de section.
Sous-lieutenant SOMBRUN,
Sous-lieutenant PORTIER
323e Compagnie
Capitaine BILLY, commandant la compagnie.
Lieutenant BROUSSE, chef de section.
Lieutenant LEFEBVRE, chef de section.
Sous-lieutenant DESMASURES, chef de section.
Sous-lieutenant ROUSSET, commandant de l'échelon.
324e Compagnie.
Lieutenant SAINT-BONNET, commandant la compagnie.
Lieutenant DESMAS, chef de section.
Lieutenant GOUT,
Sous-lieutenant MICHAUT, chef de section.
Sous-lieutenant DE BOISANGER, commandant l'échelon.
État-major du 9e bataillon
Commandant BES, commandant le bataillon.
Lieutenant BENIER, adjoint technique.
Lieutenant DE LA BROSSE, adjoint tactique.
Sous-lieutenant HAUTEFEUILLE, officier des liaisons.
325e Compagnie.
Capitaine EILERSTEN, commandant la compagnie.
Lieutenant DOMANGE, chef de section.
Lieutenant DARGAIGNERATZ, commandant l'échelon.
Sous-lieutenant ECKMANN, chef de section.
Sous-lieutenant GUILLEMIN
326e Compagnie.
Capitaine GIOT, commandant la compagnie.
Lieutenant BESSERRE, chef de section.
Lieutenant DE CLAUSADE,
Lieutenant JUNIA,
Lieutenant LÉPINE, commandant Échelon.
327e Compagnie.
Capitaine GORSE, commandant la compagnie.
Lieutenant PITON, chef de section.
Sous-lieutenant LEVY-ALEXANDRE, chef de section.
Sous-lieutenant DROLLET
Sous-lieutenant FAIRE D'ARCIER
L'entraînement.
La tâche est rude. Hâtivement instruit au camp de Cercottes, le personnel des trois bataillons, à part quelques exceptions, ne connaît de l'appareil que la conduite.
Une étude technique sérieuse doit en faire connaître, dans tous les détails, les multiples organes.
L'emploi tactique est à étudier pour être mis immédiatement en application. Le temps presse. Le 7e bataillon au camp de Champlieu, les 8e et 9e dans la forêt de Fontainebleau, s'entraînent sans répit.
La concentration de ces trois bataillons au camp de Mailly, le 1er juillet, donne au 503e une personnalité qui va s'affirmer de plus en plus. Ce ne sont plus des unités isolées, travaillant pour leur compte personnel, elles participent à des actions d'ensemble, se connaissent, s'étudient, se comparent.
L'isolement absolu du camp oblige chacun à n'avoir comme souci que celui de sa fonction, du rôle qu'il joue et de celui qu'il sera appelé à jouer.
« On n'est pas là pour longtemps », disent des poilus dans ce langage vrai qui leur est familier et qui, en quelques mots, sait préciser tout un monde d'idées.
On n'en travaille qu'avec plus d'ardeur et de conscience.
A partir de ce moment, l'appareil confié à un équipage n'est plus une simple machine dont on a l'entretien. « Mon char » représente, pour son équipage, une personne à qui on va se confier. C'est un ami.
Le char est, parmi tous les instruments de guerre, celui auquel l'homme devait, le plus s'attacher. Chefs de char et mécaniciens comprennent que leur rendement au combat et leur vie propre dépendent des qualités de leur appareil.
Les chars se couvrent de noms. Certains inscrivent un nom qui leur tient au coeur, d'autres le nom d'une vertu guerrière, d'autres enfin, par des signes, narguent l'ennemi qu'ils veulent abattre.
L'alerte le 14 juillet 1918.
C'est dans un état d'esprit singulier, que le 14 juillet 1918, le 503e régiment entier est alerté. Une nouvelle et puissante attaque allemande est imminente. Une gaieté rayonnante préside aux préparatifs de départ.
Dans le plus grand calme, les bataillons s'ébranlent. et se séparent pour prendre place dans les secteurs, où ils sont attendus.
Dans un même secteur, à leur tour, les compagnies suivent suivent missions spéciales, les sections enfin prendront leur autonomie à leur base de départ. L'esprit de corps est formé. Eloignées les unes des autres, les différentes compagnies compagnies avec un intérêt marqué les situations nouvelles nouvelles à leurs soeurs. Déjà les reconnaissances se croisent. On se dit à peine bonjour, mais les yeux parlent.
L'heure n'est plus aux phrases banales. Tout en restant gais et pleins d'entrain, les visages marquent une note sérieuse.
L'infanterie, avertie de la présence du régiment, attend son intervention avec scepticisme.
A la veille, de l'attaque, chaque chef de section lit à son personnel l'ordre du jour du commandant Michel :
« Officiers et hommes du 503e ! N'oubliez pas le mot d'ordre du régiment. Canons et mitrailleuses pour neutraliser et tuer. Chenilles pour piloner le Boche s'il résiste.
Toujours en liaison étroite avec notre infanterie. Camarades, la journée de demain verra briller votre gloire. »
Puissante exhortation qui, dans le fracas des éclatements allemands, exaltait encore, la haine du Boche et la volonté de l'abattre.
2e bataille de la Marne. Les Allemands déclenchent le 15 juillet l'offensive prévue sur la Marne. Sur l'Ourcq, notre VIe Armée, appuyée par le 503e régiment, prépare une contre-offensive sur l'aile droite allemande. Elle se déclenche le 18 juillet de la base générale de départ marquée par l'Ourcq en direction nord-est.
Les 7e, 8e et 9e bataillons sont affectés respectivement aux 2e, 47e et 163e D.I.
Du 18 au 26 juillet, les combats se succèdent sans arrêt ; à leur tour, les sections s'élancent à l'attaque ; retirées du combat pendant un jour, sans prendre de repos, elles remettent remettent matériel en état pour reprendre immédiatement la lutte.
Des reconnaissances partent dans toutes les directions. Un contact étroit s'établit entre l'artillerie d'assaut et l'infanterie.
Rapidement celle-ci est mise au courant du mode d'action des chars et, avec une conscience remarquable, des équipes de travailleurs vont faciliter aux nouvelles machines de guerre leur marche d'approche en leur frayant un passage dans un terrain bouleversé. Le 7e bataillon appuie les attaques des 208e, 8e et 305e régiments d'infanterie et le 4e groupe de B.C.P.
La cote 163, le ravin de Mortefontaine, Marguy, sont les objectifs à atteindre. Des attaques menées par l'infanterie quelques jours auparavant avaient échoué. L'abondance des mitrailleuses ennemies enrayait les efforts de nos troupes.
D'un seul élan, tous les objectifs sont atteints par les chars, suivis de près par l'infanterie, qui, occupant les positions, s'y installe solidement.
Le 8e bataillon, dans cette même journée, aide les 50e, 70e, 115e, 54e et 14e B.C.P. et assure à nos armes la conquête des villages de Monnes et Cointicourt.
Au 9e bataillon, la 325e compagnie permet aux chasseurs à pied une avance de 9 kilomètres dans la direction de Sommelans. Le matériel capturé par cette compagnie est considérable : 7 canons de 77, un grand nombre de mitrailleuses sont le fruit de ces engagements consécutifs.
Le moral des équipages est splendide. Un jeune mécanicien dit après ce premier engagement : « Je suis allé au combat comme à une fête. » C'est encore la guerre pour ceux qui l'ont faite dans d'autres armes, mais elle se présente à eux sous un jour tout nouveau. L'impressionnant sifflement de l'obus qui arrive n'est plus entendu, les balles de mitrailleuses crépitent sur les blindages, ne provoquant que le sourire narquois de l'équipage ; on oublie même le danger.
L'infanterie donne sa confiance aux chars, son enthousiasme est indescriptible.
Le 19 juillet, entraînées par l'exemple de celles qui les avaient précédées, d'autres unités partent, avec le même élan, le même courage.
Dans cette matinée du 19 juillet, une section de chars du 9e bataillon, exécutant sa marche d'approche, rencontre un capitaine d'infanterie grièvement blessé au bras : « Tâchez de faire comme vos camarades de la section du 8e bataillon qui, hier, ont combattu avec mon bataillon, dit-il, les Boches ne tiendront pas longtemps. »
Le fantassin n'est pas très prodigue de compliments et, pour provoquer son admiration, il faut un acte qui sorte de l'ordinaire.
A la fin de la journée du 19 juillet, la cote 127, Neuilly-Saint-Front, la ferme Maubry, la ferme de Vaux, tombent entre les mains de la 2e D.I., tandis que la 47e D.I., soutenue par les chars du 8e bataillon, s'empare de Remontraisin et de Rosny. La lutte a été dure ; avertie des succès remportés hier et de la présence d'un grand nombre d'autres chars pour continuer l'attaque, l'artillerie allemande s'acharne sur les endroits où les rassemblements d'appareils étaient possibles, ainsi que sur les points de passage obligatoire. Néanmoins, les sections luttent jusqu'au dernier char.
Une section de la 324e compagnie perd, au cours de l'attaque, trois de ses appareils et réussit avec les deux chars restant à dégager complètement la ligne de chemin de fer puissamment organisée de Monnes à Neuilly-Saint-Front.
Elle n'abandonne la lutte qu'au moment où, du fait de l'artillerie ennemie les chars ne peuvent plus avancer.
Le 20 juillet met en valeur les équipages de la 319e compagnie, qui permettent au 8e R.I. de reprendre le bois de Latilly, Ressons et Trévise.
Le 23 juillet, les compagnies 320, 321 et 327 s'élancent sur le bois du Roi et le bois du Châtelet et en donnent les lisières à la 47e D.I.
Les positions sont âprement défendues.
Une même section de la 327e multiplie les efforts, s'élance trois fois à l'attaque pour donner son appui à trois régiments différents.
Les unités du 8e bataillon, après ces premiers engagements, étaient sérieusement ébranlées. Il fallut reconstituer les équipages et leur donner des appareils auxquels ils puissent accorder toute leur confiance.
Le 24 juillet, une section de la 324e compagnie se distingue pendant toute une journée à l'attaque de Coucy ; Malgré les difficultés du terrain, un bombardement incessant, cette section entre la première dans le village, capturant des canons et plusieurs mitrailleuses. Les 25 et 26 juillet, la compagnie 323 reprend l'attaque avec la 164e D.I. Les Plâtrières sont l'objectif à atteindre. La lutte est plus dure ; le mordant de l'infanterie finit par avoir raison de la résistance. Ici encore, les sections luttent jusqu'au dernier appareil. Chaque homme a conscience de l'importance de sa mission et, privé de ses chefs, continue seul la lutte.
Après l'effort considérable accompli par les trois bataillons, le 503e est retiré du combat. Les opérations de la VIe Armée sont terminées. Le 503e emporte la consécration de sa valeur par des témoignages d'admiration de tous les régiments d'infanterie auxquels il avait donné son appui.
« Si vous n'aviez pas été là, disaient des poilus à leurs camarades du 7e bataillon, on n'aurait pas dépassé Passy-en-Valois. Or la 2e D.I. alla d'un seul bond à tous ses objectifs. »
Un repos nécessaire fut donné au régiment après ces dix jours d'épreuve et de fatigues de tous genres, courageusement supportés. Dans l'Oise, les villages de Survilliers, Pontarmé, Montgrésin, reçurent les différents bataillons avec admiration. Les équipages étaient fiers de montrer sur leurs chars les traces des balles allemandes qui s'étaient écrasées sur les blindages. Avec quelle joie racontaient-ils, sans en oublier le plus petit détail, les combats auxquels ils avaient pris part, avec quelle émotion parlaient-ils de leurs morts.
Si le 503e n'était pas connu de l'opinion publique, celle-ci, par la voie des journaux, rendait un hommage éclatant à toute l'artillerie d'assaut.
Bataille de la Somme.
La contre-offensive de juillet, magnifique réponse à l'offensive allemande, n'est qu'une première phase. Dans les premiers jours d'août 1918, si la « poche » de Château-Thierry est nettoyée, l'ennemi tient encore celle de la Somme. Le 3 août, le 9e bataillon se prépare de nouveau à intervenir ; encore essoufflées du dernier combat, les 325e, 326e et 327e compagnies puisent dans tout le régiment le personnel et le matériel nécessaires pour reprendre la lutte. Le repos est très court. Sans mot dire, chacun reprend son poste et se remet au travail. Débarquées à Boves, dans la nuit même de leur départ, les trois compagnies du bataillon se concentrent dans les environs de Fouencamps. Comme aux premiers engagements, des reconnaissances de terrain, la liaison avec l'infanterie, s'organisent.
Déjà on sent chez les artilleurs d'assaut une maîtrise d'eux-mêmes et une conscience exacte de l'effort qu'ils peuvent donner et des résultats que l'infanterie peut espérer de leur intervention.
Le 9e bataillon, renforçant les unités du 504e régiment de chars, permet aux divisions de la Ière Armée, de conquérir, en trois jours, la presque totalité du terrain pris par l'ennemi au cours de son offensive de mai. Le 8 août, aidant le 9e zouaves, la 325e compagnie, partie du village de Thennes, réussit à dégager complètement le village de Fresnoy. La 326e compagnie se révèle comme une magnifique unité de combat. La violence des tirs de barrage, causant de lourdes pertes dans les sections d'attaque, ne diminue pas l'énergie des équipages ; la contre-attaque est dure, néanmoins, le 1er régiment de tirailleurs marocains, grâce à l'appui de cette compagnie, porte sa première ligne à 9 kilomètres en avant de sa base de départ.
La 327e compagnie, mise à la disposition du 1er régiment mixte, se prépare à livrer combat avec deux sections dans la matinée du 9 août, après avoir effectué, dans la journée précédente, un parcours de 20 kilomètres dans un terrain difficile. Pendant la nuit qui précéda l'attaque, la marche d'approche fut continuée. Au prix de difficultés réelles, provenant provenant de l'orientation dans cette nuit épaisse et du terrain bouleversé, de la fatigue enfin du personnel, difficultés surmontées par la valeur de son chef, la compagnie était là à l'heure fixée pour l'attaque. La prise d'Haugest-en-Santerre vint couronner les efforts de tous les assaillants. Accompagnés d'une infanterie douée d'un mordant et d'une science évidente, les chars d'assaut accomplirent tout ce que l'on était en mesure d'attendre de leur appui. Jusqu'à leur intervention réelle, les chars, à la hauteur de la deuxième vague d'assaut, s'avançaient. Un ordre parfait présidait à tous les mouvements et la clarté de cette matinée d'été donnait à ce déploiement le caractère d'un spectacle grandiose. Déjà instruit de la présence de chars sur le champ e bataille, le Boche, auquel des consignes sévères de résistance avaient été données, ne quitte plus sa mitrailleuse à l'approche des appareils. On sent dès ce moment que l'ennemi va chercher de plus en plus les moyens de se défendre contre une arme qui compromet sa retraite.
N'ayant plus ni le temps ni les moyens nécessaires pour opposer à nos chars d'autres chars plus puissants, il crée, dès le mois d'août, à Mézières-Charleville, un centre d'instruction de défense. Le fusil de 12 m/m, le canon léger, l'organisation de champs de mines et la manoeuvre, telle est la réponse, que l'ennemi fit aux équipages de chars et au 503e en particulier. Enfin, pendant tout le mois d'août, des escadrilles entières font, de jour et de nuit, des attaques répétées sur les cantonnements des bataillons. Par tous les moyens l'ennemi multiplie ses efforts pour rendre impossible l'emploi des chars.
Bataille de l'Aisne.
La Xe Armée (général Mangin) prend l'offensive dans la région de Soissons, dans la direction de Laon, pour crever le centre allemand. Le 503e est mis à sa disposition. Sans prendre de repos, le 9e bataillon s'embarque à Moreuil à destination de Vic-sur-Aisne, où le régiment se reconstitue par l'arrivée des 7e et 8e bataillons, cantonnés à Berny et Vignolles.
La journée du 28 août voit, sur le plateau de Pasly, l'héroïsme des équipages du 503e. Dans cette même journée, les 326e et 327e compagnies attaquent par l'est, tandis que par l'ouest une autre section de la 327e essaye un mouvement tournant. La résistance allemande, constituée au Monument des Instituteurs par un canon léger et des fusils anti-char, anéantit, un à un, presque tous les chars qui s'avancent. Poussant l'héroïsme jusqu'à ses dernières limites, le maréchal des logis Chabin, un poilu de 56 ans, dont la figure restera légendaire au régiment, repart seul dans un char blanchi par les balles et vient à bout d'une partie de la résistance de l'adversaire.
L'importance de la position provoque l'acharnement de la défense. A 4 heures du soir, la dernière section de la 327e repart à l'attaque et subit le sort de celles qui l'avaient précédée.
S'il faut avouer qu'aucun résultat appréciable ne fut obtenu, il faut reconnaître que le 503e vit, dans cette rude journée, ce qu'il pouvait attendre de ses enfants comme courage et esprit de sacrifice.
Deux jours après, d'ailleurs, le communiqué allemand, relatant les faits de cette journée, parle de l'héroïsme de ses cuirassiers de la garde luttant contre celui des chars français.
Le 30 août, la 319e compagnie dégage la voie ferrée de Juvigny à Chavigny, le bois du Couronné, et, toujours avec le 232e R.I., permet le lendemain l'occupation du bois des Faucons, tandis que la 322e compagnie participe à l'attaque de Crouy.
Leurry ! 31 août. C'est à ce village que se rattachent les souvenirs les plus durs du régiment. Les accidents naturels du terrain rendaient l'action des chars extrêmement difficile.
Sans doute, les attaques étaient menées sur les plateaux, mais ceux-ci, très étroits, restaient bordés à droite et à gauche de profonds ravins, qui, s'ils donnaient aux compagnies alertées un défilement de tout premier ordre, étaient des points de surveillance sur lesquels l'artillerie ennemie s'acharnait avec une violence inouïe. Après une lente et longue marche d'approche qui réussit à ne pas éveiller l'attention de l'ennemi, deux sections, l'une de la 320e compagnie, l'autre de la 323e compagnie, s'emparent du village et entreprennent immédiatement l'exploitation de leur succès.
Mais la route de Soissons-Béthune, puissamment défendue contre les chars par un personnel spécial chargé d'enrayer leur avance, empêche la progression des 277e et 42e R.I.
Le lendemain, l'attaque est reprise sur la même ligne.
3 sections de la 321e compagnie s'y dépensent sans compter.
Tout est mis en oeuvre pour atteindre le but, mais la résistance se renforce de plus en plus. Les assauts répétés sont autant de traits d'héroïsme des différents équipages.
Le 2 septembre, la 320e compagnie toute entière lance encore ses chars. La 325e compagnie porte sur ce même point l'effort de ses trois sections, et, au prix de pertes sérieuses, donne enfin à nos armes le résultat cherché.
A Crouy, ce même jour, la 323e compagnie, marchant en avant de son infanterie, est prise à partie par l'artillerie ennemie en traversant le village. La lutte devient plus âpre encore. Ne pouvant par ses coups répétés arrêter l'élan des chars, s'attaque au personnel qui les abrite.
L'atmosphère se remplit de gaz toxiques. Qu'importe ! le désir de vaincre s'affirme davantage et, en dépit de difficultés sans cesse grandissantes, le plateau est atteint. La 324e compagnie lance deux sections dans la direction de Bucy-le-Long. La première ne peut arriver à atteindre l'ennemi, l'autre, ne pouvant gravir les pentes du plateau, oblique à droite et atteint ainsi les lisières du village. Ce mouvement, exécuté avec hardiesse, provoque chez l'ennemi un mouvement de surprise, puis de panique. Plus de 100 prisonniers, la défense du village, tombent entre nos mains. Toute la gauche de la 5e D.I. pouvait ainsi reprendre la marche en avant.
Le 3 septembre, le bombardement à obus toxiques n'a point diminué d'intensité. A grand'peine, la 319e compagnie peut-elle envoyer une section pour aider le 145e R.I. à la conquête de la cote 172 et de l'est de Terny-Sorny. Avant le départ, les équipages sont hors de combat et des équipes de secours prennent dans les chars la place de leurs camarades blessés. A la 322e compagnie, les appareils sont mis hors de combat avant même leur intervention.
En huit jours, le 503e était réduit à la moitié de son effectif. Les résultats acquis avaient été considérables, mais les pertes étaient lourdes.
L'ennemi renforçait chaque jour une résistance très puissante. Il se rapprochait de la fameuse ligne Hindenburg qui lui avait servi de point de départ en mars 1918 et sur laquelle il comptait s'appuyer. Les journées suivantes devaient se livrer des combats plus sanglants.
Avec énergie, le 503e se présente encore à l'ennemi. Des compagnies de marche sont formées à l'intérieur des bataillons réduits à 4 ou 5 sections et, le 14 septembre, le régiment attaque.
Les 320e et 321e compagnies, soutenant les 67e et 327e R.I., font passer entre les mains françaises le ravin de Gouvailles, le bois de la Souris et le bord sud du plateau de Colombes.
Au 8e bataillon, deux sections de la 322e compagnie partent avec le 168e R.I., dépassent la première ligne française et engagent le combat.
Un à un, les chars sont mis hors d'état. Le terrain « lunaire » sur lequel se déroule la bataille oblige les appareils à conserver une allure lente, qui rend plus précis et facilite le tir de l'artillerie ennemie.
Deux sections de la 324e compagnie sont de même anéanties.
Enfin les chars restant de la 323e compagnie réussissent à traverser en oblique toutes les organisations du plateau Mennejean. Quelques minutes après, un seul char survivait, celui du chef de section, qui continua seul l'attaque, de la ferme.
A l'est de ce même plateau, la compagnie de marche, forme de chars restant de la 325e compagnie et de la 326e compagnie, se heurte, sur les pentes du ravin de Sancy à une furieuse résistance qui l'oblige à abandonner la lutte. Deux sections de la 327e compagnie appuient le 42e R.I. Dépassant l'infanterie de plus de 500 mètres, ces deux unités s'engagent dans le « Chemin Creux », d'où provenait la résistance, n'y trouvant que quelques mitrailleuses qui semblent abandonnées et s'en emparent. Caché dans des sapes profondes, l'ennemi laisse passer les chars. Le feu des canons légers s'ouvre alors et se précise. Les mitrailleuses allemandes sortent de terre et, en quelques minutes, blessent gravement tous les équipages qui peuvent heureusement regagner nos lignes. Dans des conditions tout aussi difficiles et tout aussi périlleuses, la 321e compagnie, le 16 septembre, achevait la conquête du plateau de Colombes.
A la suite de tous ces combats, le 503e est à bout de souffle et ne peut plus lutter sans renforts et sans repos. Le régiment est relevé, emportant dans ses cantonnements de repos le souvenir d'une lutte gigantesque, mais glorieuse avant tout.
Les efforts du 503e ne sont pas vains, ses pertes ne sont pas inutiles. Son énergie a pesé dans la lutte, elle a augmenté la somme totale des énergies du commandement, français à tous les échelons, des énergies des troupes et, en particulier, des régiments de chars. Si nos troupes paraissent usées l'ennemi l'est bien davantage. Sa confiance est ébranlée. Il se sent empoigné par une main de fer qui le frappera tant qu'il ne sera pas à terre. Notre énergie trouve sa récompense : c'est enfin la Victoire !
Bataille des Flandres.
Dès le milieu d'octobre, la victoire s'annonce. De tous côtés le front s'ébranle. La retraite précipitée de l'ennemi donne à l'artillerie d'assaut l'occasion de se distinguer. La revanche des journées de septembre est donnée au 503e dans la bataille des Flandres. Le 29 octobre, le 7e bataillon débarque à Inguelmunster et cantonne à Boschen. Le 8e bataillon reste à Inguelmunster, son lieu de débarquement. C'est dans un pays en fête que le 503e est reçu : depuis quelques jours à peine, les Allemands, abattus par les Armées alliées, lâchent le terrain où, rendant pendant années, ils s'étaient cramponnés.
L'apparition des chars Renault éveille la curiosité de la population belge, depuis quelques mois les Allemand lui avaient parlé des désordres causés dans, leurs rangs par ces machines en apparence si pacifiques. La présence des chars et l'allure devenue farouche de leurs équipages augmentent la confiance du peuple belge.
La plaine des Flandres offrait aux chars un terrain idéal de combat. Les plus grands espoirs étaient permis. Plus de tranchées ni de résistances sérieuses, à part un assez grand nombre de fusils anti-char qui constituaient une défense réelle, les appareils ne trouveront plus sur leur passage que quelques mitrailleuses destinées à protéger l'armée allemande en déroute.
Le 31 octobre, les 319e et 320e compagnies atteignent Driesch, la ferme Augistingoald. L'infanterie du 3e C.A., dans des élans superbes, occupe rapidement les positions ennemies qui n'avaient pas résisté à l'action des chars à la ferme Paris, Grulegoed, le village et le château d'Eche.
Enfin les bords de l'Escaut tombent aussi sous les coups du 7e bataillon.
Pas de fermes, pas de haies qui n'aient reçu l'atteinte des balles et des obus des chars. L'infanterie avait « collé » avec enthousiasme et occupé les positions sans avoir perdu un seul homme. Le général commandant la 2e D.I. adressa des félicitations personnelles au 7e bataillon. Celui-ci avait donné toute sa mesure, tant par la rapidité de la mise en place de ses compagnies, parcourant sur chenilles 40 kilomètres en vingt-quatre heures et la précision de ses reconnaissances, que par l'irrésistible puissance de ses moyens offensifs.
Plus à droite, cinq sections du 8e bataillon attaquent avec les 54e et 67e R.I., auxquels elles sont affectées. Elles mènent la lutte pendant toute la journée du 1er novembre.
Les chars progressent sans difficulté, n'ayant ni réseaux de fil de fer à traverser, ni de tranchées à franchir. Le bombardement précis, le barrage meurtrier n'existe pas. Ce ne sont plus les journées de septembre et ce n'est qu'un jeu pour ces vaillantes sections de lutter contre les mitrailleuses isolées, derniers vestiges de l'armée allemande à l'agonie.
Les bords de l'Escaut étaient atteints. La guerre était finie.
Le 11 novembre, l'armistice trouvait le 503e toujours en alerte et prêt avec ses trois bataillons à délivrer la Belgique. Au cours des trois mois pendant lesquels l'appui du régiment fut demandé par les Armées alliées, le 503e avait engagé ses sections dans 105 combats différents.
DEUXIÈME PARTIE
Les succès remportés par le 503e, dans les différents secteurs d'attaque, sont dus à l'énergie et à la compétence des chefs, à la bravoure et à l'initiative des équipages, aux services indispensables rendus autour des chars par les agents de liaison et les équipes de dépannage.
Voici les plus beaux exemples à citer au 503e, mais beaucoup d'autres pourraient y être ajoutés.
Dans les chars.
L'exemple du brigadier Chevrel (327e compagnie) montre l'esprit de sacrifice poussé jusqu'aux dernières limites. Au cours de l'attaque du bois du Châtelet, au milieu des lignes allemandes, son char refuse d'avancer. Enfermé dans sa tourelle, le brigadier Chevrel mitraille sans répit, jusqu'à complet épuisement de ses munitions, les ennemis qui tentent de l'approcher, abattant à coup de revolver ceux qui, ayant pu se glisser jusqu'à son appareil, le sommaient de se rendre. Seul dans son char, il soutient la lutte sans faiblir pendant trente-six heures, au bout desquelles l'avance de l'infanterie vient enfin le délivrer.
Le brigadier Lecomte (326e compagnie) reste seul aussi de sa section, il place son char en avant de la ligne d'infanterie et tient en échec une contre-attaque ennemie. Vers la fin du combat, sa mitrailleuse est mise hors d'usage, il sort de son appareil et, ramassant un fusil-mitrailleur abandonné, donne par sa position avancée à la résistance française, un appui de tout premier ordre.
Le brigadier Mouillaux (320e compagnie) n'attend même pas que l'infanterie vienne achever la destruction de tout ce qui s'oppose à son avance, son char est immobilisé au cours de l'attaque et, pour ne pas quitter sa section, il part seul en avant de l'infanterie. En rampant, il s'approche d'une mitrailleuse légère, s'élance sur elle et fait prisonnier les servants.
Le maréchal des logis Dumarest (319e compagnie), après avoir eu le spectacle de deux mécaniciens mis successivement hors de combat à l'intérieur de son char, malgré les gaz toxiques, continue l'attaque avec le même entrain, conduit par un troisième conducteur.
Le maréchal des logis Bouret et son mécanicien Mensac (324e compagnie) s'offrent pour appuyer une section de chasseurs alpins dans une reconnaissance difficile vers la ferme Misère. Cette poignée de braves, à elle seule, s'empare de la ferme puissamment défendue, capture la garnison et deux canons de 77.
Resté seul dans sa section, le char du mécanicien Recourse (320e compagnie) lutte encore, mais seule aussi une mitrailleuse ennemie empêche l'avance de l'infanterie ; ne pouvant plus tirer, celui-ci écrase de ses chenilles cette dernière résistance.
C'est la rage au coeur que les blessés quittent leurs appareils ; certains, tel le lieutenant Lunot (321e compagnie) et le mécanicien Mestivier (327e compagnie) refusent de se laisser évacuer pour lutter encore à bord de leur char.
Le brigadier Dubouis et le mécanicien Granier (319e compagnie) donnent enfin un superbe exemple d'énergie, d'entrain et de camaraderie. Dès qu'un équipage est blessé, ils réclament l'honneur de le remplacer. Ils participent à tous les engagements de leur unité, ils affrontent les mêmes dangers. Liés d'une amitié que seule la guerre, peut créer, ils ont trouvé dans le char le moyen de s'unir davantage, de se lier dans le sacrifice.
Le mécanicien Besse (320e compagnie), lui aussi, quitte son char démoli par un obus et, prenant un fusil, continue l'attaque dans les rangs des fantassins. Ne pouvant plus combattre avec son char hors de combat, il combat quand même comme fantassin.
Invisibles sous leur carapace d'acier, le mécanicien Gilles et le maréchal des logis Joseph (323e compagnie) accomplissent d'une façon obscure un acte d'énergie. Gilles, ayant eu les deux yeux crevés au cours de l'attaque, trouve encore l'énergie suffisante pour ramener lui-même son char dans les lignes amies ; le maréchal des logis Joseph, grièvement grièvement au ventre, le guide.
Ce ne sont plus des hommes qui conduisent ce char, ce sont deux volontés tendues vers le même but.
Le char du mécanicien Pecqueur (8e bataillon) se transforme rapidement en une fournaise. Le chef de char est encore vivant. N'écoutant que son courage, Pecqueur pénètre dans la tourelle malgré les flammes et les explosion de munitions, dégage son chef de char et, sous le tir de l'ennemi, l'emporte seul jusqu'au poste de secours.
Le mécanicien Raymond (325e compagnie), couvert du sang de son chef de char broyé par un obus dans la tourelle et blessé lui-même, ramène son appareil au point de ralliement. A bout de force, il s'évanouit après avoir acquitté sa tache.
Les unités au combat.
Le lieutenant Jeannin (325e compagnie), admirablement secondé par son mécanicien Hourhot, place sa section parmi les meilleures unités de combat. Tous les engagements auxquels elle prend part dénotent sa souplesse. Ses chefs de chars sont des tireurs adroits, fouillant et nettoyant le terrain qu'ils traversent. Ils obéissent rapidement aux signaux de leur chef et cependant chaque char semble avoir une allure indépendante. Par des encerclements vivement menés, des batteries tombent dans sa main, et quand la manoeuvre est impossible, le lieutenant Jeanin se fraye un chemin au milieu des obus qui cherchent à l'atteindre et cloue sur leurs pièces les servants ennemis.
La maîtrise avec laquelle le sous-lieutenant Berque (319e compagnie) conduisit sa section à l'attaque de la ligne du chemin de Juvigny à Chavigny a provoqué l'enthousiasme de l'infanterie, permettant ainsi une avance de 1.500 mètres nécessaire à la progression de toute la gauche de la division. Manoeuvrant l'ennemi, se défilant, de ses coups, le sous-lieutenant Berque parvient à s'approcher du passage à niveau établi sur la ligne. Avec un ensemble merveilleux, ses cinq chars, concentrant leurs feux, anéantissent les mitrailleuses ennemies. Son char ayant été atteint par un obus, cet officier remonte dans un autre et poursuit ainsi sa mission.
Le nom de l'aspirant Guibert restera une des plus belles figures du 8e bataillon. Toutes ses attaques sont menées avec une fougue irrésistible. Il ravive le mordant de l'infanterie et provoque son enthousiasme. L'initiative de ses mouvements met la panique dans des rangs ennemis. Le danger n'existe pas pour lui. Il ne voit que le but et l'atteint : en plein combat, il répare ses appareils et, sans perdre de temps, reprend sa marche en avant.
Dans tous les engagements, les maréchaux des logis, commandants commandants demi-section ou de section, Metz (320e compagnie) et Boissenin (325e compagnie) se révèlent des chefs au-dessus de tout éloge. Ils ne quittent le terrain qu'ils occupent ; que pour le livrer à l'infanterie amie, après s'être assurés qu'elle n'a plus besoin de leur concours.
Le capitaine de Negraval (321e compagnie), ayant perdu au combat ses trois chefs de section, prend le commandement d'une section dont l'appui est nécessaire à l'infanterie, et, montant dans un char, relève par son exemple l'énergie de ses équipages.
Le lieutenant Courserand (320e compagnie) donne l'exemple d'une énergie et d'une initiative magnifiques. Commandant l'échelon il accompagne les chars dans tous leurs engagements. Au cours d'un combat, il remplace spontanément un de ses camarades blessés et prend le commandement de la section d'attaque. Non content d'avoir anéanti la plus grande partie des mitrailleuses allemandes, il sort de son char. S'improvisant chef de section d'infanterie, il entraîne par sa bravoure toutes les compagnies d'attaque privées de leur chef et les installe solidement sur leurs nouvelles positions.
Le maréchal des logis Raynal (320e compagnie), chargé du dépannage, imite l'exemple du lieutenant Courserand en remplaçant dans son char un chef de section blessé.
Autour des chars.
A côté des chars, les agents de liaison et d'observation remplissent un rôle non moins glorieux.
Le canonnier Sabardin (8e bataillon) précède sa section dans sa marche en avant ; le premier, revolver au poing, le 18 juillet 1918, il entre dans la ferme Lessart, ayant échappé par miracle aux rafales de balles dirigées sur les chars et, par la précision de ses renseignements, permet l'avance de tout le bataillon d'attaque.
Dans des conditions difficiles, le canonnier Mirabelle (8e bataillon) et Gauthier (7e bataillon) quittent les premières vagues d'assaut arrêtées par le tir de l'ennemi, s'élancent en avant et, rejoignant les chars, leur situent les résistances.
Toutes les belles figures du régiment n'ont pas été citées.
Il a simplement été choisi les plus jolies fleurs d'un magnifique bouquet de gloire.
Les VIe, Ière et Xe Armées, l'Armée des Flandres, en conservent les noms.
Le 503e avait fait, dans la bataille, une brusque et magistraIe entrée. Qu'ils soient fiers de l'oeuvre accomplie, elle est grande : Ce fut un régiment de héros !
Ce fut un régiment de Français ! !
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES AU 503e RÉGIMENT
A la suite des combats auxquels prirent part les différentes sections du régiment :
11 officiers reçurent la croix de chevalier de la Légion d'honneur, savoir :
Capitaine Billy (Albert) ;
Capitaine Taudin (Jean) ;
Capitaine Gorse (Maurice) ;
Capitaine Angely (Raoul) ;
Capitaine Piton (Pierre) ;
Lieutenant Courtois (Gaston) ;
Lieutenant Viel (Léon) ;
Lieutenant Jeannin (Charles) ;
Lieutenant Desmas (Paul) ;
Lieutenant Junia (Joseph) ;
Sous-lieutenant Lévy (Alexandre).
12 sous-officiers, brigadiers et hommes reçurent la Médaille Médaille savoir :
Aspirant Guibert (Jean) ;
Maréchal des logis Félisaz (Georges) ;
Adjudant Berque (Charles) ;
Maréchal des logis Mouillaux ;
Maréchal des logis Fallou (Albert) ;
Maréchal des logis Clément (Gaston) ;
Maréchal des logis Chabin (Georges) ;
Maréchal des logis Darre (Clément) ;
Adjudant Demissy (Jean) ;
Maréchal des logis Singer ;
Brigadier Chevrel ;
Chasseur Laherrère (Jean).
Les 7e et 8e bataillons ainsi que la 327e compagnie, qui ont obtenu deux citations à l'ordre de l'armée, se sont vus attribuer la fourragère aux couleurs de la croix de guerre.
En outre, les unités ci-après ont été citées, savoir :
La compagnie 319 a été citée à l'ordre du 8e régimentl d'infanterie ;
La compagnie 322 a été deux fois citée à l'ordre de la division ;
La compagnie 323 a été citée à l'ordre de la division ;
La compagnie 325 a été citée à l'ordre de l'Armée ;
La compagnie 326 a été citée à l'ordre de l'armée et à l'ordre de la division.
De plus, le 503e a obtenu pour son personnel :
45 citations à l'ordre de l'Armée ;
58 citations à l'ordre du corps d'armée ;
113 citations à l'ordre de la division ;
30 citations à l'ordre, de la brigade ;
217 citations à 'l'ordre du régiment.
TUÉS AU CHAMP D'HONNEUR
7e BATAILLON
319e Compagnie.
Leducq (Emile), maréchal des logis, tué le 19 juillet 1918 à Neuilly-Saint-Front (Aisne).
Montaigne (Paul), maréchal des logis, tué le 3 septembre 1918 au ravin des Ramiers (Aisne).
Bataillard (Auguste), 1ère classe, tué le 30 août 1918 à Villers-la-Fosse (Aisne)
Desmedt (Marcel), 2e classe, tué le 30 août 1918 à Villers-la-Fosse (Aisne)
Charlet (Gaston), 2e classe, tué le 30 août 1918 à Villers-la-Fosse (Aisne)
320e Compagnie.
Roussau (Gaston), sous-lieutenant, tué le 18 juillet 1918 à Monnes (Aisne).
Godier (Aristide), adjudant, tué le 23 juillet 1918 à Coincy (bois du Châtelet) (Aisne).
Antras (Marius), 2e classe, tué le 23 juillet 1918 à Coincy (bois du Châtelet) (Aisne).
Briaudet (Paul) 2e classe, tué le 23 juillet 1918 à Coincy (bois du Châtelet) (Aisne).
Decramer (Henri), 2e classe, tué le 23 juillet 1918 à Coincy (bois du Châtelet) (Aisne).
Gonguet (Henri), 2e classe, tué le 3 septembre 1918 au ravin des Ramiers (Aisne).
Etienne (Paul), maître-pointeur, tué le 15 septembre 1918 à Celles-sur-Aisne. (Aisne)
Poupart (Emile), brigadier, tué le 30 octobre 1918, au carrefour du Moulin (sud de la route de Deyrige à Thielt) (Belgique).
321e Compagnie.
Vibert (Pierre), 2e classe, tué le 1er septembre 1918 à Leury (Aisne).
Herzoch (Auguste), maréchal des logis, tué le 15 septembre 1918 à Celles-sur-Aisne.
Jacquin (Charles), maréchal des logis, tué le 15 septembre 1918 à Celles-sur-Aisne.
Richard (Henri), maréchal des logis, tué le 2 novembre 1918 en Belgique.
8e BATAILLON
322e Compagnie.
Portier (Louis), sous-lieutenant, tué le 18 juillet 1918 à Monnes (Aisne).
Sombrun (Etienne), sous-lieutenant, tué le 18 juillet 1918 à Monnes (Aisne).
Momelat (Lucien), brigadier, tué le 18 juillet 1918 à Monnes (Aisne).
Arrivât (René), maréchal des logis, tué le 3 septembre 1918 à Crouy (Aisne).
Marhem (René), maître-pointeur, tué le 31 août 1918 à Crouy (Aisne).
Chanut (Emile), 2e classe, tué le 14 septembre 1918 à Nanteuil-la-Fosse (Aisne)
323e Compagnie.
Joubert (Raymond), maréchal des logis, tué le 31 août 1918 à Crouy (Aisne).
Brisset (Fernand), brigadier, tué le 31 août 1918 à Crouy (Aisne).
Brain (Georges), 2e classe, tué le 14 septembre 1918 à la ferme Menejean (Aisne).
Gauthier (Louis), 2e classe, tué le 25 juillet 1918 à Pont-de-Brecy (Aisne).
Mangin (Pierre), 2e classe, tué le 14 septembre 1918 au ravin de Vauveny (Aisne).
324e Compagnie.
Mathey (Marcel), maréchal des logis, tué le 14 septembre 1918 à Nanteuil-la-Fosse (Aisne).
Arcier (Jean), maréchal des logis chef, tué le 6 septembre 1918 à Soissons (Aisne).
Cousy (Henri), brigadier, tué le 2 septembre 1918 à Crouy (Aisne).
Edel (Albert), 2e classe, tué le 31 août 1918 à Soissons (Aisne).
Garrel (Jacques), 2e classe, tué le 6 septembre 1918 à Soissons (Aisne).
Javelle (Frédéric), 2e classe, tué le 31 août 1918 à Soissons (Aisne).
Meheut (Louis), 2e classe, tué le 2 septembre 1918 à Crouy (Aisne).
9e BATAILLON
325e Compagnie.
Guillemen (Gabriel), sous-lieutenant, tué à l'ennemi le 18 juillet 1918 à Priez (Aisne).
Delavaux (Pierre) maréchal des logis, tué le 8 août 1918 près de Fresnoy.
Danoux (Eugène), maréchal des logis, tué le 8 août 1918 à Ihangest.
Baud, maréchal des logis, blessé grièvement le 18 juillet 1918. Mort des suites de ses blessures.
Duparc (Désiré), brigadier, tué le 8 septembre 1918 à Chivres.
Jaur (Jean-Pierre), 2e classe, tué le 2 septembre 1918 à Leury (Aisne).
Chevalier (Pierre), 2e classe, tué le 8 septembre 1918 à Chivres.
326e Compagnie.
Junia, lieutenant, blessé grièvement le 28 août 1918. Mort des suites de ses blessures.
Cottenceau (Joseph), 2e classe, tué le 4 septembre 1918 à Coursil (Aisne).
Taurie (Germain), 2e classe, tué le 28 août 1918 à Pasly (Aisne).
Reynaud (René), 2e classe, tué le 28 août 1918 à Pasly (Aisne).
Savignard (Gaston), 2e classe, blessé grièvement le 28 août 1918.Mort des suites de ses blessures.
CITATIONS
CITATIONS DU 7e BATAILLON
Ordre N° 22611/D du 20 septembre 1919.
(Citation à l'Armée).
7e bataillon de chars légers du 503e régiment de chars blindés (compagnies 319, 320, 321) :
« A fait preuve, au cours des combats du 30 août au 3 septembre, sous le vibrant commandement du chef de bataillon d'Angerville, des plus belles qualités de mordant, de bravoure et de ténacité. A ainsi apporté à plusieurs grandes unités un appui très efficace et étroitement coopéré à la progression de l'infanterie. N'a cessé de témoigner, malgré de sérieuses pertes et le caractère acharné de la bataille, de la volonté de combattre, donnant ainsi la marque d'un esprit de sacrifice qui mérite les plus vifs éloges. »
Ordre N° 20671/D du 21 juillet 1919.
(Citation à l'Armée).
La 319e compagnie du 503e régiment de chars blindés :
« A fait preuve, au cours de la deuxième bataille de la Marne, du 18 au 25 juillet 1918, sous les ordres de son brave commandant, le capitaine de Bourbon-Chalus, de magnifiques qualités de mordant. Grâce à l'habileté manoeuvrière et la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc.) et a ainsi fort efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre N° 20671/D du 21 juillet 1919.
(Citation à l'Armée).
La 320e compagnie du 503e régiment de chars légers :
« A fait preuve, au cours de la 2e bataille de la Marne, du 18 au 25 juillet 1918, de magnifiques qualités de mordant. Grâce à l'habileté manoeuvrière et à la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc., etc.), et a ainsi fort efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre N° 20671/D du 21 juillet 1919.
(Citation à l'Armée).
La 321e compagnie du 503e régiment, de chars légers : « A fait preuve, au cours de la 2e bataille de la Marne, du 18 au 25 juillet 1918, de magnifiques qualités de mordant. Grâce à l'habileté manoeuvrière et à la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc., etc.), et a ainsi fort efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre n° 765 du 26 juillet 1918.
(8e Régiment d'Infanterie).
Compagnie 319 :
« Sous le commandement du capitaine de Bourron et des chefs de section lieutenant Bilaud et adjudant Berque, a, le 28 juillet 1918 puissamment contribué au succès de l'attaque en permettant à l'infanterie de réduire très rapidement les nids de mitrailleuses qui s'opposaient à sa marche ; a enlevé tous les objectifs et est ensuite restée sur le terrain, sous les plus violents bombardements, pour aider l'infanterie à s'organiser ; a permis ainsi la conquête définitive, avec le minimum de pertes, d'une position énergiquement défendue. »
CITATIONS DU 8e BATAILLON
Ordre N° 166/P de la Xe Armée du 15 novembre 1918.
Le 8e bataillon de chars légers :
« Sous le commandement énergique du chef d'escadron Bloch, Paul, le 8e bataillon de chars légers, comprenant les compagnies 322, 323, 324, s'est fait remarquer au cours des durs combats des 31 août, 2, 3 et 14 septembre 1918, par la bravoure, la vigueur, la ténacité de ses cadres et équipages. A appuyé efficacement et successivement la progression de plusieurs divisions d'infanterie et a fait preuve, notamment au cours des combats du 14 septembre, malgré de grosses difficultés terrain et de sérieuses pertes, d'un esprit de mordant et de sacrifice au-dessus de tout éloge. »
Ordre N° 20671/D du 5 août 1919. (Citation à l'Armée).
La compagnie de chars 322 :
« A fait preuve, au cours de la deuxième bataille de la Marne du 18 au 25 juillet 1918, de magnifiques qualités de mordant.
Grâce à l'habileté manoeuvrière et à la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc.) et a ainsi fort efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre N° 121 de la 47e D.I. du 22 août 1918.
La compagnie de chars 322 :
« Sous les ordres du capitaine Angely, a rendu de grands services au groupe de bataillons de chasseurs qu'elle était chargée d'appuyer pendant les combats du 18 juillet, en détruisant de nombreux nids de mitrailleuses ; s'est fait particulièrement remarquer par l'audace de ses équipages. »
Ordre N° 329 de la 12e D.I. du 13 novembre 1918.
La compagnie de chars 322 :
« A, dans la journée du 1er novembre 1918. sous le commandement du lieutenant Courtois et du sous-lieutenant de Malbose, accompagné jusqu'à l'Escaut deux régiments d'infanterie de la 12e D.I., mettant en fuite les mitrailleuses ennemies restées sur la rive ouest de ce fleuve, après avoir effectué, depuis la veille et d'une seule traite, le parcours d'Ingelmunster-Bosch à l'Escaut, soit environ 40 kilomètres. »
Ordre général N° 646 du 13 octobre 1918 de la VIe Armée.
La compagnie A.S.323 :
« Sous le commandement énergique du capitaine Billy, s'est révélée dès ses premiers engagements comme une unité de grande capacité offensive. En particulier aux combats des 25 et 26 juillet 1918 a, par sa capacité manoeuvrière et l'héroïsme de ses équipages, très efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre N° 329 de la 12e D.I. du 14 novembre 1918.
La compagnie de chars 323 :
« Sous le commandement du lieutenant Romant (Amat), du sous-lieutenant Guibert et du lieutenant Gaugry, chefs de section ; sous l'impulsion du chef d'escadron Bloch, commandant le 8e B.C.L., a, dans la journée du 1er novembre 1918, accompagné deux régiments d'infanterie de la 12e D.I. jusqu'à l'Escaut, mettant en fuite les mitrailleuses ennemies restées sur la rive ouest de ce fleuve, après avoir effectué depuis la veille et d'une seule traite le parcours d'Ingelmunster-Bosch à l'Escaut, soit environ 40 kilomètres. »
Ordre N° 20671/D du 5 août 1919. (Citation à l'Armée).
La compagnie de chars 324 :
« A fait preuve, au cours de la deuxième bataille de la Marne, du 18 au 25 juillet 1918, de magnifiques qualités de mordant.
Grâce à l'habileté manoeuvrière et à la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc.) et a ainsi fort efficacement appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre N° 32 du 6e groupe de chasseurs du 31 juillet 1918,
La 1ère section de la 324e compagnie de chars :
« Sous l'habile et énergique commandement de son chef, le lieutenant Desmas, a pris une très large part aux succès du 6e groupe de chasseurs le 24 juillet 1918. A devancé les vagues d'assaut, leur ouvrant le passage sur un terrain défendu par de nombreuses mitrailleuses et leur facilitant l'enlèvement des villages de Brecy, de Coincy, puis des hauteurs voisines de la cote 200 et de la ferme Misère. »
CITATIONS DU 9e BATAILLON
Ordre général N° 646 du 19 octobre 1918 de la 6e Armée
La compagnie A.S.325 :
« Sous le commandement énergique de son chef, le capitaine Eilertsen, animée des plus hautes qualités de mordant et d'esprit de sacrifice, a réduit, pendant les combats du 18 au 19 juillet 1918, la plupart des résistances, (nids de mitrailleuses, batteries, pièces anti-chars) qui s'opposaient à la progression de l'infanterie, lui permettant ainsi d'atteindre rapidement tous ses objectifs.
Au cours des journées des 8 et 9 août 1918, a appuyé utilement la progression de l'infanterie, détruisant mitrailleuses et canons, repoussant des contre-attaques et montrant, au cours de ces deux journées de combat, un entrain et une bravoure au-dessus de tout éloge. »
Ordre général N° 20671/D du 21 juillet 1919 (à l'Armée).
La compagnie A.S.326 :
« A fait preuve, au cours de la deuxième bataille de la Marne, du 18 au 25 juillet 1918, de magnifiques qualités de mordant.
Grâce à l'habileté manoeuvrière et à la bravoure de ses équipages, a pu réduire de nombreux nids de résistance ennemis (mitrailleuses, etc.) et a ainsi, fort efficacement, appuyé la progression de l'infanterie. »
Ordre de la 153e D.I. N° 171.
La compagnie A.S.326 :
« Sous les ordres du capitaine Giot, commandant la compagnie, des lieutenant Bessère, Junia et de Clausade, chefs de section, a, pendant les journées des 8 et 9 août 1918, appuyé solidement la progression de l'infanterie, détruisant de nombreux nids de mitrailleuses, permettant la capture de 2 canons de campagne et montrant un entrain et une bravoure au-dessus de tout éloge. »
Ordre général N° 646 du 13 octobre 1918 de la VIe Armée.
La compagnie A.S.327 : « Engagée les 20, 21 et 24 juillet 1918, sous l'énergique commandement du capitaine Gorse, a réduit par son mordant, son audace et son habileté manoeuvrière, la plupart des résistances ennemies (nombreux nids de mitrailleuses, batteries) qui entravaient la progression de l'infanterie et lui a permis d'atteindre ainsi rapidement ses objectifs. »
Ordre N° 946 du 1er novembre 1918 de la Xe Armée.
La compagnie A.S.327 :
« Unité qui, sous l'impulsion énergique de son chef, le capitaine Gorse est devenue un brillant instrument de combat. Aux combats des 28 août et 14 septembre, s'est portée à l'attaque des positions ennemies puissamment organisées, a détruit de nombreuses mitrailleuses et en a ramené deux. Malgré un bombardement très violent, s'est reconstituée par trois fois sous le feu de l'ennemi, donnant ainsi un exemple de ténacité au-dessus de tout éloge. »
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
CONSTITUTION
Le 502e d'artillerie d'assaut fut constitué à la date du 5 juin 1918, par décision du G.Q.G. n° 247 du 4 mai 1918, sous le commandement de M. le chef de bataillon Chaubès, Il comprenait : Le groupement 2, sous les ordres de M. le chef d'escadron Danloux.
Le 46e bataillon de chars légers, sous les ordres de M. le chef de bataillon Roussie.
Le 5e bataillon de chars légers, sous les ordres de M. le chef de bataillon Besse.
Le 6e bataillon de chars légers, sous les ordres de M. le chef de bataillon Lemar.
La S.R.R.101 (section de réparations et de ravitaillement), sous les ordres du lieutenant Meunier.
Les trois bataillons étaient de nouvelle formation de chars légers, type Renault.
Le groupement 2, au contraire, de formation ancienne, comprenait quatre groupes d'appareils, type « Schneider », premiers appareils français ayant paru sur les champs de bataille, pour la première fois à la bataille de Craonne, Juvincourt, le 16 avril 1917, sous les ordres de M. le chef de bataillon Chaubès, alors commandant de ce groupement.
En entrant au 502e régiment, le groupement lui apportait donc tout un passé de travail acharné, de combats et de gloire, passé long de dix-huit mois, pendant lesquels il avait contribué largement à faire de l'artillerie d'assaut l'arme redoutable qu'elle était déjà à cette époque, grâce à l'entraînement, à l'instruction, au moral de ses équipages de chars moyens et lourds, à ses méthodes de combat longuement étudiées, à sa doctrine tactique fermement établie en liaison avec l'infanterie. C'est-à-dire que son histoire ne saurait être séparée de celle des débuts de l'arme dont elle fait intégralement partie.
HISTORIQUE DU GROUPEMENT
DE CHARS BLINDÉS PENDANT LA GUERRE
Le rôle du 2e groupement de chars blindés pendant la guerre fut particulièrement glorieux.
Dotés, dès le début, d'appareils Schneider, qu'ils ne devaient plus quitter jusqu'à l'armistice, les groupes réussirent, après avoir été engagés dans plusieurs combats, à conserver intact, grâce à l'inlassable énergie de leurs équipages, un matériel avec lequel ils furent constamment sur la brèche.
Formé au camp de Champlieu, en janvier 1917, le 2e groupement se mit au travail avec ardeur. Les nombreuses manoeuvres, présidées par le colonel Monhoven, depuis général, familiarisèrent rapiodement les équipages et le matériel et, lorsqu'en mars la première expédition de l'arme fut organisée, le 2e groupement prenait le départ, composé des groupes 1, 3 et 4. Le recul des Allemands ne permit pas au commandant Chaubes de montrer à l'ennemi avec quel enthousiasme son groupement était décidé à attaquer.
Ramené à Champlieu, le groupement, composé cette fois des groupes 3, 7, 8 et de la S.R.R.103, se rembarquait bientôt et prenait part au premier engagement de l'arme, le 16 avril 1917.
Combat du 16 avril 1917.
Le groupement 2 avait été débarqué à 15 kilomètres environ à l'arrière du front d'attaque, à Ventelay, et cantonné à Cuiry-les-Chaudardes.
La mission des chars était d'attaquer la troisième position allemande entre la Miette et le plateau de Craonne. L'infanterie devait s'emparer des deux premières positions ; des éléments d'infanterie d'accompagnement devaient faciliter aux chars le passage des deux premières positions qu'ils franchissaient en colonne.
Le jour J étant fixé au 16 avril, les trois groupes, quittant Cuiry-les-Chaudardes vers 20 heures la veille au soir, venaient prendre leurs positions de départ dans le bois de Beau-Marais et y parvenaient au petit jour après avoir marché toute la nuit.
A l'heure H, ils débouchaient dans la plaine, dans l'ordre, A.S.3, A.S.7, A.S.8. Le franchissement de nos lignes se fit sans difficultés, par des passages aménagés dans la nuit.
En arrivant à la première position allemande, la tête de colonne se heurte à une tranchée infranchissable, tant par sa grande profondeur que par son extrême largeur.
Les commandants des deux groupes de tête, cherchant en vain un passage et n'en trouvant point, se mettent en devoir d'en faire pratiquer. Le capitaine Durand, commandant une batterie, est tué pendant cette opération.
Pendant ce temps, notre infanterie n'avait pu progresser comme il était prévu, la préparation d'artillerie avait été insuffisante pour détruire et aveugler les observatoires ennemis et bientôt les deux premiers groupes, arrêtés dans la plaine en attendant qu'un passage fût fait, furent très violemment pris a partie par l'artillerie ennemie. En quelques minutes, de nombreux chars sont démolis et deviennent la proie des flammes.
Plusieurs officiers et hommes sont tués ou blessés dans leur appareil.
En raison de l'impossibilité de passer rapidement, ordre est donné par le capitaine de Boisgelin à ce qui restait de son groupe de se reporter plus en arrière.
Une partie des chars, repliés en position d'attente, furent l'objet d'une concentration d'artillerie et mis hors de combat.
Quelques-uns purent regagner leur position de départ. Le dernier groupe, qui ne s'était pas autant engagé, avait été maintenu plus en arrière par son chef et subit moins de pertes.
L'échec de l'opération était dû à l'insuccès initial de l'attaque d'infanterie, qui n'avait pas permis aux chars de franchir les premières positions ennemies pour agir en terrain libre, au manque de liaison entre les chars et l'infanterie et, enfin, à l'insuffisance de la contre-batterie française, qui permit à l'artillerie ennemie de remplir son rôle sans difficulté. (Document allemand.) Le groupement avait 50 p. 100 de ses appareils hors de combat et la tristesse d'avoir été brisé dans son élan avant même d'avoir pu se trouver aux prises avec l’infanterie adverse.
Si les résultats obtenus ce jour-là ne furent pas ceux que l’on attendait de cette arme nouvelle, il ne faut point en chercher la cause dans les appareils ou le personnel, mais seulement dans l'insuccès général de l'opération. L'artillerie fut le grand ennemi des chars dans cette bataille, et nous ne devons en retenir que l'héroïsme dont tous firent preuve dans des circonstances particulièrement délicates et pénibles. Le général en chef adressa, après le combat, ses félicitations à l'arme nouvelle et le groupement 2 peut être fier d'avoir contribué à lui conquérir ses premières lettres de noblesse : lettres de noblesse, oui. Quoi de plus noble, en effet, à coté de la mort héroïque du commandant Bossut, que l'énergie indomptable d'un capitaine Beltz, ou la bravoure vraiment française du maréchal des logis Draux, qui, dans la plaine dévastée, sous une pluie d'obus, trouve un cheval errant, l'enfourche, et, au petit pas, cherche à travers les obstacles du terrain un cheminement pour sa batterie ?
L'insuccès de cette attaque ne diminue pas l'énergie des équipages et tous se remirent bravement au travail. Le réservoir d'essence, placé en dehors de l'appareil, supprima les risques d'incendie, et la mise en marche électrique enleva au conducteur ce cauchemar du stationnement prolongé en terrain ennemi par suite de l'arrêt du moteur.
Les efforts que tous firent pendant la période d'avril à octobre 1917 furent couronnés de succès dans la journée du 23 octobre.
Les groupes 8, 11 et 12 composaient le groupement.
Cette attaque fut préparée minutieusement. Les chars, secondés par de l'infanterie d'accompagnement, s'élancèrent à l'heure H, précédant les vagues d'attaque, enthousiasmées par ce spectacle nouveau.
Les fantassins, qui, jusque-là avaient douté, il faut le dire, de l'efficacité de ces appareils lourds et peu rapides, reconnurent l’aide puissante qui leur fut donnée sur les plateaux de La Malmaison, de Vaudesson et de Chavignon. Enormes furent les difficultés qu'eurent, à vaincre les appareils dans ce combat. Le terrain, absolument chaotique, ne fut traversé que grâce à la connaissance minutieuse que les conducteurs avaient de leurs appareils et grâce aussi à l'énergie déployée par tout le personnel dans des circonstances souvent critiques.
Le ravitaillement en essence, par traîneaux, inauguré ce jour-là par le lieutenant Florimond, le dépannage, travail ingrat que présidait avec calme le lieutenant Barnsby, tout marcha pour le mieux, et, le soir de la bataille, le groupement 2 pouvait être fier des résultats obtenus. Le communiqué officiel révélait le lendemain au pays l'action féconde des chars d'assaut, et à dater de jour, les fantassins ne se contentèrent pas de réclamer de l'artillerie et encore de l'artillerie, mais l'appui de cette arme nouvelle qui les avait aidés à gagner la grande bataille du Chemin-des-Dames. Le groupement, dont 2 groupes furent l'objet de citations ; le 11e à l'ordre de l'armée et le 8e à l'ordre de la division, revint à Champlieu.
Le séjour dans ce camp fut de courte durée, et l'on s’embarqua pour Martigny.
On n'eut, du reste, que le temps de s'y installer, et, au début, d'avril, les groupes quittèrent définitivement la vie des camps pour commencer celle, rude et pénible, des champs de bataille. Cette période, qui va d'avril 1918 à l'armistice, fut pour le 2e groupement particulièrement mouvementée. Transportés coup sur coup sur différents points du front, et toujours à proximité immédiate de la ligne de feu ; les groupes firent preuve d'une endurance admirable. Les bivouacs, bombardés par canons ou par avions, les embarquements en pleine voie et parfois avec des moyens de fortune, les cheminements bouleversés que l'on, empruntait, la tension morale, enfin, dans les journées angoissantes de juin et juillet 1918, nécessitèrent des équipages une endurance et une énergie qui ne devaient jamais faillir.
Les groupes ne se contentèrent du reste pas d'être pour l'infanterie un appui moral. Le 18 avril, le groupe Fleury se couvrit de gloire en appuyant l'attaque du bois Sénécat. Pris à partie par un nombre de mitrailleuses inconnu jusqu'alors, les chars nettoyèrent le terrain, évitant de fortes pertes aux fantassins (citation à l'ordre de l'armée).
Rarement combat fut plus pénible pour les équipages que celui du 18 avril. L'ennemi, ne cédant le terrain que pas à pas, lançait sur les chars de fréquentes attaques à la grenade, les entourant, faisant tout pour les détruire, certain que, sans eux, l'infanterie ne pourrait avoir raison de ses nombreuses mitrailleuses.
Le lieutenant Domercq, et le maréchal des logis Moureu, qui reçurent la Légion d'honneur sur le champ de bataille, furent les héros de la journée. Cernés dans le combat, ils défendirent leurs appareils avec une énergie farouche, mettant leurs mitrailleuses à terre quand, leurs chars étant en panne, ils ne purent plus les utiliser à bord.
L'enthousiasme des fantassins qui attaquèrent avec le 3e groupe fut à son comble et, témoins d'actes individuels de courage comme celui du canonnier Bimbault, ils demandèrent pour lui « la plus belle des récompenses ».
Que dire aussi du complet mépris de la mort montré par le lieutenant Boquet, qui, très grièvement blessé au bras et à la poitrine, refusa de se faire évacuer, continua l'attaque et tomba sans connaissance dans les lignes, où il fut fait prisonnier pendant un retour offensif de l’ennemi.
Les déplacements du groupement recommencèrent après cette opération toujours avec les mêmes difficultés dues à l'avance de l'ennemi.
Les secteurs d'Amiens, de la montagne de Reims, de Montdidier eurent l'appui du 2e groupement alors sous les ordres du commandant Danloux. Le 20 juillet, L’A.S.11 et une batterie de l'A.S.12 coopèrent à l'action de la 168e D.I. et progressent en avant de l'infanterie dans la région du bois de Mesles et de Bouquignv, atteignant tous les objectifs désignés.
Nouveaux déplacements du groupement, au camp de Mailly, où il ne reste que deux jours, puis à Damery-sur-Marne. Tout s’effectue sans encombre, et le matériel, soigneusement entretenu, est toujours prêt à l'attaque.
Les 16 et 17 août, le groupement est engagé sur la ligne Beuvraignes - Laucourt. Malgré le terrain bouleversé par trois ans de guerre, les groupes permettent la progression et apportent un sérieux réconfort moral à l'infanterie, épuisée par plus de quarante jours de combat. Dans un coup d'audace, le 12e groupe encercle le village de Laucourt énergiquement défendu.
Le 8e groupe, engagé dans des conditions très favorables, et maintenu deux jours et deux nuits à proximité des premières lignes, prêt à réattaquer constamment, fit preuve du plus bel esprit de sacrifice et d'héroïsme malgré les pertes élevées et un bombardement continu par obus à gaz.
Le 20 août 1918, le 2e groupe, détaché à la Xe armée, attaque avec les chasseurs de la division Messimy sur le plateau Nouvron-Vingre, dans la région de Bieuxy, et, malgré le terrain bouleversé par quatre ans de guerre et le nombre toujours croissant de mitrailleuses, permet, par sa progression, l'avance rapide de l'infanterie. La batterie Maurin, en particulier, réussit, dans un élan superbe, à progresser de 7 kilomètres, jusqu'à Chavigny, faisant l'admiration des chasseurs avec lesquels elle attaquait.
Le 30 septembre, l'A.S.11 et l'A.S.12 coopèrent, entre la Vesle et l'Aisne, dans la région de l'arbre des Romains et de la ferme de Beauregard, aux attaques des 45e et 52e D.I. Une fois de plus, le groupement 2 fit preuve d'un courage splendide. Le terrain était très fortement défendu par des mines, des pièges, des canons et fusils antitanks, et l'infanterie ennemie était dotée d'un nombre incalculable de mitrailleuses. Malgré toutes ces difficultés, les chars réussirent à mener les vagues d'assaut jusqu'à l’objectif final, résultat qui, sans eux, n'aurait certainement pas pu être obtenu.
Le courage de tous fit, une fois de plus, l'admiration des fantassins ; la vieille chevalerie française connut-elle souvent des actes d'héroïsme aussi magnifiques que celui du lieutenant Courier, qui, voulant dégager un de ses chars, pris à partie par une mitrailleuse, n'hésite pas à franchir une crête en pleine vue de l'ennemi et trouva aussitôt, ainsi que son mécanicien, la mort dans son char détruit par un obus de plein fouet ? ou celui du maréchal des logis Grond, qui, agent de liaison en première ligne, une blessure grave au ventre, refuse de se laisser évacuer par un camarade, lui disant simplement : « Laisse-moi là et porte ce pli au capitaine, c'est pressé » ? Quelques heures plus tard, le maréchal des logis Grond rendait le dernier soupir.
C'était un héros de plus dans la liste glorieuse des morts du groupement 2.
Les vieux appareils Schneider résistèrent jusqu'à la fin, malgré les efforts qu'on leur demandait depuis six mois. Seuls les soins qui leur furent donnés par les équipages, les ateliers de groupe et la section de réparations, permirent d'obtenir ce résultat.
Le groupement revendique aussi hautement l'honneur d'avoir ramené le premier char d'assaut allemand. Sous les ordres du lieutenant Barnsby et du sous-lieutenant Cossin, une équipe de volontaires travaille pendant quinze nuits consécutives au dépannage d’un char allemand renversé à 100 mètres de nos lignes et mène à bien cette difficile opération.
Tous ceux qui ont eu l'honneur d'appartenir au 2e groupement peuvent être fiers d'avoir contribué, par leur courage et leur inlassable énergie, au rôle glorieux de cette arme nouvelle.
HISTORIQUE DES 4e, 5e et 6e BATAILLONS DE CHARS LEGERS
Au début de juin 1918, à sa formation, le régiment est rassemblé à l'ouest de l'Ourcq, dans la région comprise entre Villers-Cotterêts et Meaux, à la disposition de la VIe armée. Il y passe le mois de juin et fait de nombreuses manœuvres avec l'infanterie. Dans les derniers jours de juin, à l'exception du 5e B.C.L., qui reste dans la région sud de Château-Thierry, à la disposition de la Ve armée, le 502e R.A.S. est transporté en Champagne, où nous le trouvons rassemblé dans la région ouest de Châlons, en vue d'une opération de contre-offensive sur le front des IVe et Ve armées, tandis que le 5e B.C.L..devait opérer au sud de la Marne.
Combats du 5e bataillon du 15 au 20 juillet 1918.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet, les Allemands attaquent sur le front de Château-Thierry à l'Argonne et réussissent à franchir la Marne, le 15, entre Mézy et Dormans.
La 73e D.I., à laquelle est affecté le 5e bataillon, fait face à l'est et doit attaquer le lendemain. La 3e compagnie de ce bataillon se rassemble le 15 dans la vallée de Surmelin, au nord-est de Condé-en-Brie.
Journée du 16 juillet.
La 313e compagnie et la 314e compagnie attaquent dès le matin respectivement avec le 346e et le 356e régiment d'infanterie dans la direction de la ferme Janvier et de Saint-Agnan.
La première aide puissamment à la progression de l'infanterie, lui permet d'atteindre ses objectifs et l'aide à repousser une contre-attaque allemande qui se déclenche vers midi. Ses chars tirent presque à bout portant sur les vagues d'assaut et leur infligent des pertes cruelles : grâce à l'intervention des chars, l'attaque est brisée.
La deuxième, engagée elle aussi dès le matin, appuie efficacement les contre-attaques destinées à refouler l'ennemi, cherchant à progresser sur Saint-Agnan et Celles-lès-Condé.
A 10 heures elle est épuisée et relevée bientôt par la 315e compagnie, qui s'engageant dans l'après-midi, détruit un canon léger allemand et de nombreuses mitrailleuses (section du lieutenant Pierron dans la région de la Grange-aux-Bois mais l'infanterie, très fatiguée, ne peut profiter de son action.
Anecdote. - Brigadier LEFÈVRE (313e compagnie).
Le brigadier Lefèvre, des pays envahis, n'a pas de nouvelles de sa famille et deux de ses frères sont déjà morts pour la France. Lui-même est classé dans le service auxiliaire. Il demande à passer dans le service armé, et, comme on lui proposait un poste relativement calme, il refuse et sollicite comme une faveur l'honneur de conduire le char du chef de section. Blessé le 16 juillet, vers 4 heures, par éclats de balle, le sang coulant avec abondance de la tempe droite, le brigadier Lefèvre n'en continue pas moins de conduire son char jusque vers 7 heures. A ce moment, la section à laquelle il appartient revient à la ferme des Etangs, en position d'embossage.
Le brigadier Lefèvre sort alors seulement de son char ; on panse sommairement sa blessure et il s'apprête à se diriger vers le poste de secours lorsque les Boches contre-attaquent. Sans hésiter, le brigadier Lefèvre remet en marche, saute dans son char et de nouveau conduit jusqu'à 9 heures.
La mission est terminée. Les Boches sont repoussés. Le brigadier serre encore la main de ses camarades et part content maintenant. La blessure est douloureuse, la chemise est baignée de sang, mais il a vengé ses deux frères et vient d'assister jusqu’au bout au baptême du feu de sa compagnie.
Journée du 17 juillet.
La 313e compagnie, qui engage les sections Debrabant et Leprieur, repousse plusieurs contre-attaques au prix de pertes sévères et appuie très énergiquement la progression de notre infanterie.
Dans le secteur voisin, une section de la 315e compagnie contribue à briser une puissante attaque allemande grâce à l'heureuse initiative de son chef, le lieutenant Boisdon, qui appuie énergiquement des éléments du bataillon Pradel.
Anecdote. - Lieutenant BORDONOVE (315e compagnie).
Le 17 juillet 1918, la 315e compagnie, en effet, était établie comme suit : la 2e section (lieutenant Bordonove) en ligne, prête à contre-attaquer en direction de la Marne; les 1ère et 3e sections établies en position intermédiaire sur les bords d'un ruisseau dans les vergers au nord de Celles-lès-Condé.
Gradés et hommes de ces deux dernières sections, fatigués par les combats des jours précédents, dorment d'un profond sommeil. Tout à coup, les cris : « Voilà les Boches ! Les Boches arrivent ! » viennent réveiller en sursaut les braves endormis.
Portant aussitôt leurs regards sur les lisières de la forêt abritant nos ennemis, ils virent fantassins américains et français se replier précipitamment.
Un seul commandement : « Moteurs en marche ! » ; un seul mouvement : « Marche en avant ! » Une minute après, parmi les blés dorés que balance la brise, nos chars vont lentement contre la meute grise. L'infanterie, stimulée par l'arrivée des chars, reprend confiance et regagne ses positions de combat.
L'attaque est entièrement brisée.
Citation. Ordre général n° 646 du 13 octobre 1918, VIe armée.
Bordonove (Charles-Joseph-François), sous-lieulenant au 502e R.A.S., A.S.315. Commandant une section de chars d'assaut, a fait preuve des plus belles qualités militaires, d'endurance et de décision. A permis à l'infanterie qu'accompagnait sa section de faire de nombreux prisonniers. A été grièvement blessé par un obus qui a brisé la tourelle de son char, alors qu'il se portait en avant pour reconnaître les positions ennemies.
Le soir du même jour, la compagnie la moins fatiguée, la 314e, est mise a la disposition de la 18e D.I. pour attaquer le lendemain matin. Elle se porte au clos Millon, à l'ouest de Comblizy, où elle arrive en temps utile. L'attaque est cependant reportée au 20 juillet.
Pendant ce temps, la 313e compagnie, qui a perdu 40 p. 100 de son effectif, et la 315e, dont le personnel est mort de fatigue, se reconstituent à deux sections de combat avec ce qui reste d'éléments disponibles.
Le 20 juillet, les trois compagnies prenaient part de nouveau au combat, mais, l'ennemi se repliant, elles eurent peu à intervenir.
Le rôle du 5e bataillon ; de chars légers pendant. ces cinq jours est résumé dans la citation suivante qui lui a été décernée par le général commandant. le 3e corps d'armée, transformée en citation à l'ordre de l’armée par ordre 22611 D du G.Q.G. du 20 septembre 1918 :
Sous le commandement du commandant Besse, ce bataillon, après avoir pris part le 15 à une attaque dans des conditions particulièrement difficiles et être resté engagé ensuite deux jours consécutifs, a pu, malgré des pertes importantes en matériel et en personnel, être remis en ligne deux jours après dans un secteur voisin et prendre part à une nouvelle contre-offensive, montrant ainsi chez tout le personnel une très grande énergie et une ardeur remarquable.
Le Général commandant le 3e corps d’armée, Signé : LEBRUN,
Pendant que le 5e B.C.L. opérait, dans la région de Condé-en-Brie, le reste du régiment ne restait pas inactif ; le 4e B.C.L., le 6e B.C.L., des éléments du groupe A.S.12 et le groupe A.S.11 sont engagés entre le 18 et le 23 juillet, d'abord au sud, puis au nord de la Marne.
Opérations du 4e B.C.L. au sud de la Marne.
Combats du 18 au 21 juillet.
De Saint-Pierre-aux-Oies, où il cantonnait, le bataillon, est amené sur tracteurs, le 18 juillet, dans la forêt d'Enghien, à l'ouest de Saint-Martin-d'Ablois, et rassemblé près du pavillon, de la Grande-Fosse, à la disposition de la 131e D.I. Dès le soir, deux sections de la 310e compagnie, l'une commandée par le lieutenant Pesche, l'autre par le lieutenant de Bayengliem, sont engagées hâtivement sur les côtes au sud d'OEuilly avec la 71e D.I.
L'attaque se fait dans les blés ; les Boches fuient devant les chars qui les fauchent sans arrêt. Certains servants allemands, ramenés par leurs chefs, se font tuer sur leurs pièces. Les cotes 235 et 239 sont enlevées et nous nous emparons, de 60 prisonniers et de nombreuses mitrailleuses. Les jeunes canonniers des classes 1917 et 1918, qui voyaient le feu pour la première fois, se sont admirablement comportés. Depuis le départ de Saint-Pierre-aux-Oies, c'est à dire depuis trente et une heures, ils n'avaient pas pu prendre un seul moment de repos.
Le 19 juillet, une section de la 310e compagnie (aspirant Descubes) est engagée sur la lisière du bois de Mismy et perd deux appareils.
Citation à l'ordre de la 131e division de la compagnie 310.
Sous les ordres de son chef, le lieutenant Le Prince, avec des équipages équipages la plupart voyaient le feu pour la première fois, a donné, pendant les journées des 18 et 19 juillet, une série d'efforts remarquables, réduisant sous un violent bombardement de nombreux nids de mitrailleuses et permettant à l'infanterie d'atteindre ses objectifs.
Le 20 juillet, deux sections de la 311e compagnie appuyèrent la progression de l'infanterie vers Mareuil-le-Port et Troissy, sans grande résistance, mais firent 30 kilomètres dans un terrain terrain plus difficiles.
Opérations du 4e B.C.L. au nord de la Marne.
Le 20 juillet, les Allemands s'étaient repliés au nord de la Marne. Le lendemain, le 4e B.C.L. était transporté en entier sur la rive nord, débarqué sur la route Epernay - Reims et rassemblé dans la région d'Hautvilliers et Sermiers.
Combats de Marfaux (23 juillet).
La 312e compagnie, mise à la disposition du corps britannique, britannique, la section du sous-lieutenant Le Gargam à la 180e brigade (brigade Burnett) pour l'attaque du village de Marfaux.
Cette section, bien que privée de son chef, dont le char est mis hors de combat par un obus dès le début de l'action, nettoie si vigoureusement les lisières du village en détruisant un grand nombre de mitrailleuses et le lavoir organisé en blockhaus, que l'infanterie anglaise peut s'emparer du village, alors que les précédentes attaques lui avaient coûté infructueusement de lourdes lourdes Le soir même, le général Burnett adresse au lieutenant lieutenant Ravel, commandant la compagnie, la lettre suivante :
Lieutenant de Ravel, 312e compagnie de chars.
23 juillet, 8h55. Notre infanterie a atteint tous ses objectifs et consolidé nos positions sans perdre contact avec la division sur notre gauche. Je tiens à vous exprimer tous mes remerciements pour les services que vous nous avez rendus. Les chars ont été d'un secours inestimable pour permettre de mener à bien nos opérations.
Signé : J.-B. BURNETT, brigadier-général.
Combat de Commetreuil (23 juillet, 311e compagnie).
Le même jour, la 311e compagnie appuyait le 14e groupe de chasseurs à pied pour l'attaque et la prise du château et du pare de Commetreuil, à laquelle prirent part principalement la section Vigneron et la section Roman d'Amat.
Anecdote. Maréchal des logis BERGER ; brigadier BOUVERET (311e compagnie).
Les sections des sous-lieutenants Vigneron et Roman d'Amat, précédant largement l'infanterie, arrivent à la lisière du parc qu'elles nettoient. Certains chars ayant devant eux un fossé et une clôture de treillage en fil de fer passent à travers sans hésiter ; plus loin, derrière la grille du parc, les Boches ont fait une barricade avec une charrette et des sacs. Placidement un char s'avance, la grille cède sous son irrésistible poids, le petit char s'agrippe à la charrette et, se cabrant, l'écrase sous son poids ; elle s'effondre ! Le voilà dans l'enceinte. Quel beau travail pour nos chars ! Dans tous les coins du bois, dans tous les buissons, des mitrailleuses. Les chars tirent, tirent ; c'est une vraie battue.
La progression est lente au milieu des arbres tombés et des fondrières, où certains chars s'enlisent. Bien des Boches tombent, beaucoup d'autres fuient. Certains, pour échapper au tir des chars, ont eu l'idée de grimper dans les arbres avec leurs mitrailleuses. Mais ils ont été vus. Nos équipages les tirent à coups de revolver et les font dégringoler comme des écureuils !
Le maréchal des logis Berger, le brigadier Bouveret se distinguent distinguent leur allant et leur entrain.
Les chars débouchent enfin devant le château. Il est en flammes, mais par les soupiraux et les fenêtres, les occupants se défendent avec acharnement. D'un côté, un char les prend successivement à partie à coups de canon. De l'autre, le brigadier Bouveret, qui se trouve presque à court de munitions, sort de son char, et, revolver au poing, s'élance en hurlant sur le château. - Quelques Boches qui allaient sortir et se sauver se rendent. Au même moment, nos fantassins arrivent en trombe, s'emparent du château, dont les défenseurs sont faits prisonniers. Bientôt, tout le parc est à nous !
Le soir, les deux sections pouvaient à peine rentrer : elles étaient à bout d'essence et de munitions.
Citation. - Ordre général de la 5e armée n° 367 du 14 aoùt 1918.
Berger (Léopold), maréchal des logis au 502e R.A.S., 4e B.C.L., A.S.311. A coopéré d'une façon efficace à la prise d'un parc fortement organisé, a continué à pied devant l'infanterie son char étant hors de combat et tué de sa main après un violent corps à corps les derniers défenseurs de la position ennemie.
Ordre n° 38 du 502e régiment A.S., 13 octobre 1918.
Bouveret (Edmond), brigadier A.S.311. A pris part, comme chef de demi-section, à l'attaque du 23 juillet, a brillamment accompli la mission qui lui était confiée.
Combat du bois des Dix-Hommes (24 juillet).
Le bois des Dix-Hommes, qui était le deuxième objectif du 23 juillet, n'ayant pu être atteint, fut attaqué le lendemain par le 56e B.C.P., aidé d'une section de chars reformée avec les débris de la 311e compagnie, sous le commandement du sous-lieutenant Vigneron et trois chars de la 312e (section du lieutenant Petithomme). Le combat fut très dur ; le char du sous-lieutenant Vigneron prend feu, son mécanicien est carbonisé et lui même est mis hors de combat par de graves brûlures. Les combattants des deux autres chars sont mis hors de combat ; mais le but est atteint. L'infanterie tient tous ses objectifs. Le lieutenant Petithomme, qui a continué seul, doit abandonner le combat après une deuxième blessure.
Citation. Ordre de la 77e D.I.
La 311e compagnie. - Sous le commandement du capitaine Vicet, a participé, du 20 juillet au 24 juillet, aux attaques très dures exécutées par le 97e R.I. et le 14e groupe de B.C.P. et a largement contribué à son succès. Engagée dans des conditions très difficiles, sans avoir le temps d'exécuter la reconnaissance du terrain d'attaque, a fait preuve d un mordant remarquable et a joué un rôle capital dans la reddition du parc de Commetreuil et du bois des Dix-Hommes, où l'ennemi avait accumulé tous les moyens de défense.
Anecdote. Combat du bois des Dix Hommes :
Le sous-lieutenant VIGNERON, l'adjudant ROSEMBAUM et le brigadier TRONCY (311e compagnie).
Le 24 juillet, le sous-lieutenant Vigneron prend le commandement d'une section de marche et attaque, à 17 heures, le bois des Dix-Hommes. Les chasseurs à pied sont très violemment pris à partie par de nombreuses mitrailleuses et mitraillettes.
Les équipages des chars font merveille, tirant sans relâche sur un ennemi embusqué dans des fourrés particulièrement épais.
Au moment où la section attaque la corne nord du bois des Dix-Hommes, le char du sous-lieutenant Vigneron est atteint par un obus. Le char prend feu. Le mécanicien Darcy est tué. Le sous-lieutenant Vigneron sort à travers les flammes qui l'entourent de toutes parts et est recueilli par les chasseurs à pied.
La section, commandée ensuite par l'adjudant Rosembaum, soutient par ses feux la progression de l'infanterie. Ses munitions épuisées, l'adjudant Rosembaum descend de son char et va prendre au char de l'aspirant d'Arbaumont les obus qui lui permettront de continuer le combat malgré une blessure reçue pendant cette opération.
Le combat se termina dans l'obscurité, les chars rentrèrent à 22 heures à leur point de départ.
Citation. Ordre n° 58 du 8 décembre 1918 (Médaille militaire).
Troncy (Gustave), brigadier A.S.311, matricule 2491. - Gradé d'une superbe énergie. A contribué puissamment, par le feu intense et précis de sa mitrailleuse, à l'enlèvement de deux positions allemandes fortement organisées. Quoique grièvement blessé, a continué son tir jusqu'à l'épuisement complet de ses munitions, décimant et mettant en fuite les derniers derniers de la ligne allemande. Perte d'un oeil.
Combats du 6e B.C.L. au sud de la Marne.
Parti également de Saint-Pierre-aux-Oies, où il était cantonné avec le 4e B.C.L., le 6e bataillon est transporté, le 18 juillet, dans la région d'Igny-le-Jard et mis à la disposition du 3e corps (général Lebrun). Les trois compagnies : 316e (capitaine Bédat), 317° (capitaine Plaisant), 318e (capitaine Dubois), appuient la marche de l'infanterie dans la journée du 20 juillet, sans pouvoir pouvoir contact avec l'ennemi qui se replie.
Le bataillon est transporté, le 21 juillet, au nord de la Marne, dans la région de Saint-Imoges.
Combat du 23 juillet sur l'Arre (316e compagnie).
Les sections Daru et Cruzel, de la 316e compagnie, mises à la disposition de la 53e D.I.W. (division écossaise), attaquent avec la plus grande énergie dans la région du bois de Courton et d'Espilly. Les Ecossais collent aux chars, les précèdent même souvent, sans attendre que le terrain soit entièrement déblayé.
Aussi, chars et fantassins font-ils de nombreux prisonniers (environ 200). L'opération réussit parfaitement, grâce à une liaison intime entre l'infanterie et les chars, et au courage des uns et des autres. Les deux sections ont la moitié de leurs chars, c'est-à-dire cinq immobilisés sur le terrain et des pertes sérieuses en personnel : un tué et onze blessés, dont les deux officiers.
Citation. Ordre du 5e corps d'armée.
La 316e compagnie d'artillerie d'assaut. Au cours des combats du 23 juillet, la 316e compagnie d'artillerie d'assaut, sous le commandement énergique du capitaine Bedot, a fait preuve du plus grand mépris du danger, précédant résolument l'infanterie clouée au sol par de nombreuses mitrailleuses placées à contre-pente, les détruisant, faisant de nombreux prisonniers et atteignant, malgré ses pertes, tous ses objectifs.
Lettre de félicitations.
Le général sir a. j. Godley K.C.B.K.C.O., général commandant le 22e corps d'anuée britannique, à M. le Chef de bataillon Lemar (D.S.O.), commandant le 6e bataillon du 502e R.A.S.
Je suis heureux de vous témoigner ma satisfaction pour les excellents services rendus par votre- bataillon lors de l'attaque du 23 juillet 1918.
Je vous prie de bien vouloir transmettre à tous les officiers, sous-officiers sous-officiers soldats placés sous vos ordres mes cordiales félicitations pour le dévouement et le mépris du danger dont tous ont fait preuve en cette circonstance.
Je tiens à mentionner spécialement la compagnie du capitaine Bédot, qui m'a été signalée comme ayant subi des pertes élevées et qui a donné le plus bel exemple de courage et de sentiment du devoir.
28 juillet 1918.
Signé : GODLEY; Lieutenant-Général commandant le 22e C.A. britannique.
Anecdote. Maréchal des logis CARNET (316e compagnie).
Ce fut au combat du 23 juillet 1918, que le maréchal des logis Carnet, chef de demi-section à la 316e compagnie, trouva une mort glorieuse.
La 316e compagnie, mise à la disposition d'un bataillon de valeureux Highlanders, avait reçu comme mission l'enlèvement du village d'Espilly, le maréchal des logis Cardet fit preuve de ces qualités qui, plus d'une fois, forcèrent l'admiration de nos ennemis : le mordant, la bravoure et l'énergie.
Suivant de très près le barrage roulant, le dépassant parfois il détruit de nombreux nids de mitrailleuses allemandes. On voyait son char aller à droite, à gauche, descendre dans les trous d'obus pour mitrailler à bout portant l'ennemi qui s'y terrait. Il épuise ainsi toutes ses munitions.
Au moment où, faute de cartouches, sa mitrailleuse allait être obligée de se taire, un éclat d'obus faisant sauter la charnière du volet de son char, le frappe mortellement. Sur le coup, il s'affaisse ; ses blessures sont profondes et le flot de sang qui s'échappe de sa tête l'aveugle presque complètement. Alors, par surcroît d'énergie, ce valeureux sous-officier se relève et achève la bande de cartouche commencée. Puis, s'appuyant sur son conducteur, car ses forces l'abandonnaient entièrement, doucement, il lui dit : «Arrêtons-nous là et attendons !» Ceux qui l'ont connu ont vu dans ce dernier geste et ces dernières paroles le couronnement merveilleux d'une vie toute de bravoure et d'énergie.
Surpris par l'éclat meurtrier, il aurait voulu que ses dernières secondes fussent encore utiles à son pays, et cette idée lui permit son dernier effort.
Quelques instants après, malgré les tirs de barrage de gros calibre, on le transportait à l'ambulance, où il rendit son dernier soupir.
La mort de ce sous-officier fut la première de la 316e compagnie ; ce fut celle d'un héros.
Citation. Ordre du 20e C.A. n° 350 du 27 juillet 1918.
Carnet (J.-M.-P.), maréchal des logis, au 502e R.A.S., A.S.316. Chargé d'une mission délicate, et quoique grièvement blessé, a essayé de faire rentrer son char en panne dans nos lignes et de mettre à l'abri son conducteur également blessé.
A donné sous le feu, à tous, un superbe exemple de bravoure et de calme.
Anecdote. Maréchal des logis BOUET (316e compagnie).
On l'appelait au bataillon « le père Bouet ». Il avait 40 ans était père de quatre enfants et boitait fortement.
Telles étaient les principales caractéristiques de ce sous-officier qui, au premier combat de sa compagnie, émerveilla tous ses hommes et tous ses chefs.
La 316e compagnie, mise, en juillet 1918, à la disposition d'un bataillon d'Highlanders, eut comme objectif, ce jour-là, le village de Marfaux.
A l'heure H, la section dont faisait partie Bouet suivit le barrage roulant. Ce fut un beau combat. Les troupes écossaises, aidées par les petits chars, font merveille. Les mitrailleuses et les canons tirent sans arrêt. Bouet combat avec tout son entrain, toute son énergie. Soudain, un obus, arrivant de plein fouet dans son char, met en miettes le moteur. Tranquillement, malgré les obus qui tombent, ce sous-officier sort par la tourelle pour se rendre compte. Après avoir constaté qu'il lui était désormais désormais de suivre la progression, il rentre à nouveau dans son char et se met en devoir d'épuiser sur l'ennemi toutes ses munitions.
Pendant plusieurs heures il sert de but à l'artillerie boche qui s'acharne sur son char. Impassible au milieu du champ de bataille, il sème autour de lui la mort et l'effroi.
Il ne s'arrête que lorsque l'infanterie écossaise, arrivée à sa hauteur, est sur le point de le dépasser.
Le maréchal des logis Bouet mérite d'être cité comme un des plus beaux exemples de sang-froid et de mépris du danger.
Citation. Ordre de la 5e armée.
Bouet (Antoine), maréchal des logis, A.S.316. Son char, étant immobilisé définitivement, ne l'a pas abandonné, malgré les tirs ajustés de l'artillerie ennemie, permettant ainsi la progression des troupes. N'a quitté son char qu'au moment où, l'infanterie l'ayant dépassé, l'appui de son feu n'était plus possible. A été blessé pendant l'accomplissement de sa mission.
Combat du 23 juillet (318e compagnie).
A leur gauche, deux sections de la 318e compagnie (lieutenant Faugas et sous-lieutenant Bellenet), qui attaquent avec le 37e R.I., ont affaire à un très grand nombre de mitrailleuses.
Elles en détruisent la majeure partie, malgré de nombreuses blessures causées par les éclats de balles qui passent par les fentes de visée.
Elles ne peuvent, toutefois, amener notre infanterie aux bois, où quelques mitrailleuses inabordables parviennent à arrêter la progression.
Les pertes ont été sérieuses : six chefs de chars blessés, dont les deux officiers, et un équipage disparu.
Anecdote. Chasseurs HUNTZINGER et CAUBRET (318e compagniel.
Le 23 juillet 1918, deux sections de la 318e compagnie doivent attaquer la ferme des Savarts (ouest du patis de Domery). Le chasseur Huntzinger, faisant fonctions de brigadier, est chef de char-mitrailleuse. L'ennemi résiste âprement, criblant les chars de feux de mitrailleuses. Par suite d'une manoeuvre imprudente, le conducteur de Huntzinger, le canonnier Caubret, met son char en panne dans un énorme trou proche de la ferme occupée par l'ennemi. Le char est seul. Notre infanterie, décimée, n'a pu suivre. Les autres chars sont hors de combat. Les chefs de chars et conducteurs, voyant qu'ils vont être faits prisonniers, ont dû retourner dans nos lignes. Huntzinger continue le combat, défendant avec sa mitrailleuse les abords de son char, d'où l'ennemi se rapproche. Entourés de tous côtés, Huntzinger et son conducteur Caubret tentent de s'échapper, se frayant un passage à coups de revolver. Presque arrivés au but, Huntzinger est tué, Caubret est fait prisonnier, blessé et emmené en Allemagne. Une fois guéri, il réussit à s'évader et à regagner la France par la Hollande et l'Angleterre.
Citation.
Huntzinger (Marcel), 2e classe, A.S.318. Chef de char d'une bravoure exemplaire. Au cours du combat du 23 juillet 1918, a livré courageusement combat à un grand nombre de mitrailleuses ennemies. Son char étant en panne dans les lignes ennemies, est resté dedans et a continué la lutte. Ses munitions épuisées, a cherché à regagner les lignes françaises. A été tué dans les lignes.
Citation.
Caubret (René), 2e classe, A.S.318. Conducteur d'un courage admirable et d'une énergie rare. Au combat du 23 juillet 1918, son char étant en panne dans les lignes ennemies, a continué à combattre avec son revolver. Ses munitions épuisées a cherché à regagner les lignes françaises. Blessé, fait prisonnier, a réussi à s'évader par la Hollande dès sa blessure guérie.
Combat du 23 juillet (317e et 348e compagnies).
Quatre sections (trois de la 317e compagnie et une de la 318e) prennent part à ce combat. Les sections de Cugnac et Normand détruisent de nombreuses mitrailleuses et aident à la capture d'un grand nombre de prisonniers. La section Devoncoux est très gênée dans son action par l'obscurité d'un nuage de gaz moutarde. La section de Font-Réaulx fait subir à l'ennemi des pertes élevées et le contraint à se replier.
Dans les derniers jours de juillet, les trois bataillons du régiment sont retirés de la bataille et ramenés par chemin de fer à Sompuis, en bordure du camp de Mailly, pour s'y reposer et s'y reconstituer.
Ils ont fait preuve, pendant ces quinze jours d'opérations, de beaucoup d'endurance, d'énergie et d'audace.
La hâte avec laquelle ont été engagées maintes unités dans des contre-attaques montées fiévreusement dans le but d'arrêter, surtout dans les premiers combats, une progression qui devenait inquiétante n'a pas permis, dans beaucoup de cas, d'étudier suffisamment les plans d'action, d'assurer efficacement les liaisons, parfois même de faire les reconnaissances nécessaires.
Néanmoins, la surprise causée à l'ennemi par l'apparition de chars nouveau modèle, petits et rapides, l'audace, l'allant et l'entrain des équipages ont pu suppléer heureusement, presque chaque fois, à ce que la préparation des attaques avait de défectueux et d'incomplet. Pour la deuxième fois, le Boche, surpris, décontenancé, bousculé, repassait la Marne, définitivement cette fois.
Pendant les premières semaines d'août, les bataillons du 502e R.A.S. se reconstituent en personnel et en matériel au camp de Mailly, se préparant à de nouveaux efforts.
Entre le 11 et le 15 août, le groupement 3 et le 5e B.C.L. sont envoyés entre Compiègne et Soissons pour prendre part aux opérations de l'armée Mangin (Xe armée). Ils débarquent à La Motte-Breuil.
En même temps, le chef de bataillon Chaubès, commandant le 502e R.A.S., prend le commandement des forces de l'A.S. de la Xe armée qui vont opérer au nord-ouest de Soissons.
Combat du 20 août (5e B.C.L.).
Le 5e B.C.L. avait pour mission d'appuyer l'attaque de la 48e D.I. sur le plateau au nord du ravin de Nampeel, et les organisations est, sud et ouest de Blérancourdelle, puis de la précéder jusqu'à l'objectif final. La 313e et la 315e compagnie attaquent avec les unités de première ligne, la 314e est en réserve.
Le combat est très dur par suite de la résistance de l'ennemi dans le château de Nampcel et les pentes de Belloy. Les chars doivent s'engager sur les pentes du ravin de Nampcel pour en faire le nettoyage complet et attaquer le château. Cette manoeuvre audacieuse surprend l'ennemi, qui ne les attend pas sur ce terrain difficile.
Les résultats obtenus ont été excellents. Ils ont été consacrés par le compte rendu que le colonel Pompey, commandant le 1er zouaves, adressait, le 20, après la prise de Blérancourdelle, à 19 heures, au général commandant la division, compte rendu qui se termine ainsi : Je vous enverrai le dénombrement du matériel et des prisonniers pris par le régiment où figurent 4 canons de 10, 6 pièces de 77, etc., matériel sur lequel on pourra mettre sans conteste la signature de la compagnie de chars 315, section de Schlits, Sénégalais, 1er zouaves.
Le capitaine Mazoyer, commandant le 43e bataillon de Sénégalais, se louait également du concours de l'A.S.313 : La section de chars Guéguen, écrivait-il, a contribué brillamment à l'avance du 43e bataillon jusqu'à proximité de Blérancourdelle ; en particulier, le lieutenant Guéguen a nettoyé le château de Nampcel, amenant ainsi la prise d'une centaine de Boches.
Il a ensuite, jusqu'à 11h30, anéanti, en liaison avec les tirailleurs du bataillon, de nombreuses mitrailleuses disséminées sur tout le terrain d'attaque. Il n'a abandonné le combat qu'à la mise hors de service de tous ses chars.
Combats du 20 août (A.S. 11).
Ce groupe engage dans la région de Vingre-Bieuxy deux batteries, mais ne peut réussir malgré ses efforts et ses pertes.
L'une, la batterie Morin, accompagne son infanterie jusqu'à l'est de Bieuxy, mais tous ses chars sont mis hors de combat par l'artillerie ennemie ; l'autre, engagée dans un terrain couvert d'organisations défensives, ne peut suivre.
Quelques jours après, le 4e et le 6e B.C.L. débarquent à leur tour dans la région et prendront part, avec le 5e B.C.L., à plusieurs combats.
Combats du 29 août 1918.
Le 29 août, le 502e R.A.S. engage le 5e B.C.L. en entier : deux compagnies (315e, 313e) avec la 32e D. américaine, une compagnie (314e) avec la 64e D.I.
Combat du 5e bataillon.
Les trois compagnies attaquent vigoureusement, mais l'infanterie, qu'appuie la 314e, fatiguée par plusieurs jours de combat, suit mal ; les troupes américaines, auxquelles sont affectées les 315e et 313e compagnies, sont plus fraîches et suivent avec entrain les chars jusqu'au nord et à l'est de Juvigny et dans le bois d'Alsace.
Anecdote. - Sous-lieutenant GUEGUEN (313e compagnie).
Le 20 août, le sous-lieutenant Guéguen, avec sa section, avait déjà attaqué le château de Nampcel, et, bien que trois chars eussent été mis en panne assez rapidement, il avait continué à l'attaquer avec deux chars seulement, pénétré dans le château, détruit plusieurs mitrailleuses et obligé une centaine de Boches à faire «Kamerad»,
Les honneurs de la journée du 29 août sont encore pour ce vaillant officier. Il marche à pied, jumelles en main, pour mieux découvrir les résistances qui pourraient arrêter notre infanterie. L'ennemi découvert, il remonte dans son char et part au-devant de l'adversaire.
Cette fois encore, il n'a plus que deux chars et presque seul attaque résolument un talus de voie ferrée ; qu'il prend à revers.
L'ennemi, surpris par ce tir d'enfilade, qui lui fait subir des pertes terribles, se débande et s'enfuit. C'est un vrai tir au lapin.
Malheureusement, les canons boches s'acharnent sur un adversaire aussi terrible. Le char est éventré ; moment critique, il faut quitter l'appareil sous un feu extrêmement violent d'artillerie et les rafales de mitrailleuses.
Le lieutenant Guéguen a l'épaule fracassée par une balle de mitrailleuse.
Mais il part heureux. Il a tué du Boche, beaucoup de Boches, et l'infanterie peut avancer.
Guéguen (Marcellin), sous-lieutenant, A.S.313. Excellent chef de section ayant contribué pour une large part à la prise du château de Nampcel, dans lequel nous avons fait une centaine de prisonniers. A ensuite très utilement aidé les tirailleurs sénégalais, en détruisant plusieurs mitrailleuses qui gênaient la progression. Déjà titulaire de quatre citations et blessé deux fois dans l'infanterie.
Citation. Ordre du 30e C.A.
Guéguen, sous-lieutenant, A.S.313. Jeune officier forçant l'admiration de tous par le mépris absolu du danger et sa volonté tenace de nuire à l'ennemi. Commandant une section de chars d'assaut au cours des combats des 20 et 29 août 1918, réussit à détruire de nombreux nids de mitrailleuses. Blessé au cours de ce dernier engagement.
Anecdote. Chasseurs ERPELDING, BUISINE et VINCENT.
Deux chars sont démolis en avant de l'infanterie américaine, et, par bonheur, il n'y a qu'un mécanicien de blessé. Les deux chefs de chars, simples chasseurs, et l'autre mécanicien parviennent à sortir indemnes de leurs appareils et s'abritent momentanément dans une tranchée.
Bientôt arrivent les premières vagues d'infanterie américaine, et voilà nos trois chasseurs : Erpelding, Buisine et Vincent, qui prennent un fusil et se joignent à leurs camarades d'outre-mer.
Les « trois vestes de cuir » tranchent un peu sur les « kakis ».
Ils n'en sont que plus remarqués. Tous rivalisent de courage et d'entrain, et, deux jours après, l'on voit briller la médaille militaire sur la poitrine du chasseur Erpelding, à peine âgé de 20 ans.
Les Américains ont été charmés par ce beau geste de solidarité. Les officiers ne peuvent s'empêcher de présenter les trois chasseurs à un reporter du Daily Mail, qui fait, quelques jours plus tard, en même temps que le récit de l'aventure, le plus grand éloge des trois gentilshommes français de l'artillerie d'assaut.
Citation. Ordre n° 9908 du G.Q.G. du 18 septembre 1918 (Médaille militaire).
Erpelding (Fernand-Auguste), canonnier au 502e R. A. S. active. Mécanicien de char, ayant eu son appareil en panne au cours d'un combat, n'a pas hésité à continuer la lutte en prenant un fusil et en entraînant avec lui un groupe de fantassins américains qui se trouvaient à proximité.
Grâce à son sang-froid et à sa hardiesse, a pu disloquer un parti ennemi qui s'apprêtait à contre-attaquer. A la fin du combat, a ramené dans les lignes un de ses camarades blessé, en le portant sur son dos, sous le feu des mitrailleuses ennemies pendant près d'un kilomètre.
Anecdote. - Brigadier SAGE (313e compagnie).
Devant les vagues d'assaut américaines, le char du brigadier Sage vole à l'attaque, les devançant au milieu des balles et des obus. Soudain, un choc formidable secoue brutalement le char qui s'arrête net : un obus vient de le mettre hors de combat. Le mécanicien est grièvement blessé. Sage l'aide à sortir de l'appareil, mais l'endroit est peu hospitalier : les marmites tombent, les balles sifflent de toutes parts. Une tranchée est là tout près à quelques pas. Le brigadier et son mécanicien y courent chercher chercher refuge.
Surprise ! Surprise désagréable : des Boches y sont encore.
Déjà, l'un d'eux met en joue le mécanicien et l'ajuste soigneusement. Mais Sage a vu le geste ; prompt comme l'éclair, il a saisi son pistolet, et, avant d'avoir tiré, le Boche a reçu une balle en pleine épaule. Son fusil tombe et le mécanicien est sauvé. Les rôles sont renversés ; pour sauver sa vie, qui ne tient qu'à un fil, car le pistolet du brigadier est toujours menaçant, Le Boche lève son bras valide : il se rend. Et nos alliés, qui ont avancé pendant ce temps, sourient avec admiration en voyant revenir vers eux triomphalement un petit brigadier français ramenant prisonnier un Poméranien plus grand que lui de plusieurs coudées.
A citer, à la 314e compagnie, le canonnier Godefin qui, pour sa belle conduite, à obtenu la médaille militaire avec la citation suivante :
Citation. Ordre n° 185 P, 17 janvier 1919 (Médaille militaire).
Godefin (Georges), matricule 2875, canonnier de réserve, 314e compagnie du 502e R.A.S. Agent de liaison très courageux, s'est fait remarquer par son mépris du danger dans toutes les attaques auxquelles a pris part la compagnie. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses, a fait l'admiration de ses chefs en portant secours, sous le feu, à des camarades blessés et en aidant à dépanner des chars restés près des lignes ennemies. A été grièvement blessé le 29 octobre 1918, dans l'accomplissement de son devoir. Deux citations.
Anecdote. Maréchal des logis BOUILLOT (315e compagnie).
Le maréchal des logis Bouillot attaquait devant Juvigny avec une division américaine.
Trois sections s'élancent à 5h25 et forcent les lignes. Malheureusement, plusieurs canons et fusils antichars se dévoilent et causent des pertes très sévères dans nos rangs. Vers 8 heures, le maréchal des logis Bouillot s'aperçoit de la résistance acharnée de l'ennemi et de l'impossibilité dans laquelle les Américains se trouvent d'avancer.
Il n'hésite pas ; suivi d'un char mitrailleur, il s'élance sur le Boche, le canonne sans merci. Son mitrailleur l'abandonnant, il reste seul dans la fournaise, infligeant de dures pertes à l'ennemi. Soudain, son moteur a des ratés et s'arrête. Position très critique ! Bouillot n'hésite pas, il sort du char et cherche à se dépanner ; pendant ce temps, son conducteur, environné d'Allemands, fait le coup de feu. Bouillot réussit à remettre en marche, remonte dans son char, et en avant sur le Boche.
L'ennemi est dérouté par une telle audace, il se rend. Bouillot ramène des prisonniers.
Citation. Division A.S.
Bouillot (P.-J.), A.S.315. Sous-officier de premier ordre, a fait toute la campagne en donnant un bel exemple de bravoure, de mépris du danger et d'entrain. Depuis son arrivée à l'A.S., s'est brillamment comporté dans toutes les affaires auxquelles il a pris part, notamment les 20 et 29 août 1918. Le 29 août, a capturé un nombre considérable de prisonniers. Entouré d'ennemis, les a tenus en respect d'abord, s'est dégagé ensuite. A dépanné son char sous un feu violent. Blessé sérieusement, n'a consenti à être évacué que sur l'ordre de son commandant de compagnie.
Combat du 4e bataillon (310e compagnie).
La 310e compagnie est affectée à la 17e D.I. et devait appuyer son action offensive jusqu'aux rebords nord et est des plateaux de Crécy-au-Mont et jusqu'à la ferme de Limonval. Les sections Pesche, de Bayenghem et Thomas débouchent au petit jour, précédant l'infanterie, au milieu des feux très vifs de mitrailleuses, et parviennent seules jusqu'aux abords de la route Crécy - Juvigny. Mais l'infanterie, prise de flanc par les feux de la cote 310, position dominante tenue encore par l'ennemi, est arrêtée dans sa progression à 200 mètres de son point de départ et ne peut avancer davantage. Les chars sont forcés de revenir. Ces deux combats furent menés avec une grande énergie par les unités de chars, comme l'ont prouvé diverses attestations très élogieuses du commandement. Le temps avait été suffisant pour faire des reconnaissances aussi complètes que possible du terrain d'action, d'ailleurs excellent, pour établir les liaisons d'une manière parfaite.
En outre, d'importants barrages d'obus fumigènes devant les chars devaient les cacher aux vues de l'ennemi. Un char nouveau modèle T.S.F. renforçait les liaisons existantes.
Les conditions d'aménagement semblaient donc meilleures que dans les précédents combats de ces unités, et l'étaient en effet, mais elles eurent affaire à une résistance autrement sérieuse. Instruit par l'expérience, l'ennemi avait accumulé sur ce front un grand nombre de canons antichars, de minenwerfers, de fusils spéciaux à balle perforante ; bref, il avait tout mis en oeuvre pour arrêter les chars avant tout. Aussi la lutte fut particulièrement âpre ; beaucoup de chars revenant du combat étaient suffisamment criblés de balles pour que l'intérieur lui-même en fût détérioré. Malgré cette résistance de l'ennemi, les quatre compagnies firent de véritables hécatombes de Boches. Elles avaient elles-mêmes des pertes sérieuses.
Combat du 31 août (4e et 6e B.C.L ).
Deux compagnies du 4e B.C.L., A.S.311 et A.S.312, sont mises à la disposition de la 32e D.I. américaine pour attaquer Juvigny, bois d'Alsace et Terny-Sorny, tandis que le 6e B.C.L., ayant deux compagnies avec la 2e division marocaine, avait pour objectif Crécy-au-Mbnt, le ravin des Ribaudes et Mont-de-l'OEuilly.
Les chars des deux bataillons ont atteint les objectifs qui avaient été fixés à l'infanterie, mais sans subir de sérieuses pertes de matériel et de personnel.
A citer, pendant ce combat, le sous-lieutenant Kirchgesner, l'adjudant Rosenbaum, qui ont obtenu pour leur belle conduite une citation à l'ordre de l'armée.
Ordre général n° 615 de la IVe armée du 2 octobre 1918.
Kirchgesner (Noël), sous-lieutenant au 502e R.A.S., A.S.311. Bien que ses fonctions à l'échelon ne l'appelassent pas à combattre, a pris volontairement le commandement d'une section de combat privée de son chef blessé, l'a conduite sur les positions ennemies solidement organisées, avec une bravoure très remarquée. Son char étant hors de combat, est monté sous le feu à bord d'un deuxième char, a progressé jusqu'à l'objectif assigné et provoqué la reddition de nombreux prisonniers. Citation antérieure.
Citation. Ordre de la VIe armée.
Rosenbaum (Edmond), adjudamt au 302e R.A.S., A.S.311. A enlevé à la tête de sa demi-section de chars légers tous les objectifs qui lui avaient été assignés. Malgré une grave blessure a continué la lutte et a ramené son char dans nos lignes après avoir complètement terminé sa mission.
Au 6e B.C.L., les sections sont aux prises avec de grosses difficultés de terrain et une défense antichar acharnée. Dix-sept chars restent sur le terrain, désemparés ; un officier (lieutenant Normand), un sous-officier tués, un homme également, trois officiers et vingt-six hommes blessés.
Combat du 2 septembre.
Le 4e B.C.L. met une section de la 311e (lieutenant Macker) et une de la 312e (aspirant Bassin) à la disposition de la 1ère brigade brigade pour l'attaque de Sorny, tandis que l'A.S.314 du 5e B.C.L. met la section Bossut à la disposition de la 66e D.I. pour attaquer le ravin de la fontaine Saint-Rémy. L'opération se fait très bien ; nos chars aident efficacement l'infanterie à atteindre ses objectifs.
Anecdote. - Brigadier CAMBAS (314e compagnie).
La 2e section de l'A.S.314 (sous-lieutenant Bossut) avance en colonne prête à aborder la tranchée ennemie.
Soudain, les occupants, décidés à résister, criblent les chars de grenades. Le chef de section est mis hors d'état de continuer la lutte.
Le char du brigadier Cambas, qui suit, est pris à partie par un fusil antichar servi par un officier. Cambas le voit. Déjà l'officier l'a manqué ! Notre brigadier tourne sa tourelle et braque son canon sur le Boche, sur lequel il décoche un obus. Manqué ! Fritz riposte à son tour. Mais, sans doute, est-il ému, car son tir n'est plus précis. A chaque coup de fusil, le canon de 37 de Cambas répond rageusement. C'est à qui devancera l'autre dans ce duel à mort.
Au sixième coup de canon, le Boche tombe, atteint en pleine tête. Le fusil se tait. Les défenseurs de la tranchée, démoralisés, lèvent les bras et se rendent. Cambas prend alors le commandement de la section et poursuit sa route. Son char tombe en panne.
Il en sort et, revolver au poing, continua l'attaque, entraînant l'infanterie galvanisée par son courage.
Néanmoins, les trois bataillons ont donné, tant au point de vue matériel qu'au point de vue personnel, l'effort maximum. Ils sont à bout de souffle. Au 5e bataillon, cinq chars seulement avec des équipages de fortune restent en état de marche. Aux 4e et 6e, il reste à peine deux sections.
Mais si la lutte a été rude, si nos pertes ont été cruelles, les résultats atteints sont splendides. L'ennemi, étourdi par les coups terribles qui lui sont portés sans arrêt, chancelle. Et, dans cette phase décisive de la guerre, le 502e régiment de chars a eu un rôle glorieux.
Le 5e B.C.L., qui a particulièrement souffert, est cité à l'ordre de la Xe armée avec le motif suivant : Ordre n° 347 de la Xe armée du 20 novembre 1918. A l'ordre de l'armée.
5e bataillon de chars légers. Sous le commandement du chef de bataillon bataillon (capitaines Billy et Moyse, lieutenant Boisdon, commandants de compagnie), a livré, du 21 août au 2 septembre 1918 des combats très durs au cours desquels se sont manifestés son entrain, son ardeur, son esprit de sacrifice et ses belles qualités manoeuvrières. A puissamment aidé à la progression de l'infanterie sur un terrain semé de nids de mitrailleuses et a fait payer cher à l'ennemi les pertes sévères qu'il a lui-même subies.
Les 4e, 5e et 6e B.C.L. sont réembarqués à destination de Sompuis, entre le 11 et le 13 septembre, pour s'y refaire et s'y reconstituer. Le 4e B.C.L. a malheureusement à déplorer la perte de son chef, le commandant Roussie, tué dans sa voiture par un obus, ainsi que le lieutenant Lafougue, son officier de liaison, le jour même de l'embarquement. Quelques jours après, l'A.S.11 et l'A.S.12 étaient envoyées dans la région de Fère-en-Tardenois.
Combats du 30 septembre (A.S.11 et 12).
L'A.S.11, appuyant la 52e D.I. sur le plateau de la ferme de Beauregard et vers le signal du haut Cuchery, s'engage deux fois dans la journée, en reformant deux batteries pour la seconde attaque.
L'A.S.12 seconde brillamment la 45e D.I. sur le plateau du Grand-Hameau et du Grand-Marais. Tous les objectifs sont atteints.
Combats du 4 octobre 1918.
Dans la dernière quinzaine d'octobre, les trois bataillons du régiment, reconstitués pour la troisième fois, sont mis à la disposition de la Ve armée pour une offensive dans la région située au nord de l'Aisne, à l'est du camp de Sissonne.
Les 6e et 4e B.C.L., embarqués à Sompuis, débarquent les 21 et 22 octobre à Reims ; le 5e B.C.L., venant de Bourron, où il faisait un stage, débarquera quatre jours après.
De Reims, point extrême de la voie ferrée à leurs positions de rassemblement au bois d'Avaux, les chars sont transportés par tracteurs. Le trajet est de 42 kilomètres, d'un parcours délicat, empruntant le passage de Berry-au-Bac, sur l'Aisne, fort encombré. Tous les ponts ont été coupés par l'ennemi en se retirant et ne sont pas encore refaits.
Chaque char nécessite deux tracteurs pour son transport, l'un porteur, l'autre le remorquant dans les passages les plus durs.
Grâce à ces précautions, le groupement automobile du commandant Mallet effectue le transport de cent cinquante chars des deux premiers bataillons dans les meilleures conditions possibles de rapidité.
Les reconnaissances faites les jours précédents par les officiers des bataillons ont permis de déterminer les zones possibles d'emploi des chars en dehors de celles où l'ennemi a déjà placé de nombreux champs de mines. Depuis quelques semaines, en effet, sur tous les fronts défensifs, outre de nombreux canons et fusils antichars, il installe des réseaux de mines nombreux pour se protéger des incursions de nos appareils. L'examen attentif des photographies d'avion permet, en général, d'en déceler l'emplacement et de les éviter, mais cela peut réduire singulièrement le champ d'action de nos unités.
Le 4e bataillon (capitaine de Gassart) est mis à la disposition de la 43e D.I. pour attaquer la ligne Hunding, en face de Banogne, Recouvrance, à cheval sur la route de Lethour à Banogne.
Le 6e bataillon (capitaine Eilersten), affecté à la 170e D.I., appuiera l'attaque sur les plateaux à l'est de Saint-Quentin-le-Petit.
La ligne d'infanterie est au delà d'un gros fossé dit ruisseau des Barres, dans lequel il faut pratiquer des passages pour les chars dans la nuit qui précède celle de l'attaque, fixée au 25 octobre. D'après le plan d'opérations, l'infanterie doit , à l'heure H, se porter à environ 800 mètres de la ligne Hunding, dont elle est distante, depuis la veille, de 1.200 à 1.500 mètres, et, à H 2h30, les chars doivent rejoindre pour attaquer avec elle cette ligne qui constitue le premier objectif.
Combat du 25 octobre (4e bataillon).
La 311e compagnie (lieutenant Grandhomme) appuie le groupement d'infanterie de droite (153e R.I. et 31e B.C.P.) qui attaque attaque ligne Hunding à l'est de la route Lethour - Banogne. Elle est obligée de l'aider avant l'heure convenue à atteindre la ligne de départ et l'entraîne à l'attaque exactement à l'heure convenue.
Dès le début de l'action, les sections Tissot et Ygonnet, entrées dans les réseaux Hunding, y trouvent une très grande résistance et sont éprouvées. Le maréchal des logis Tissot n'a plus que deux chars. Il se met spontanément à la disposition du lieutenant Ygonnet pour une nouvelle attaque.
La 312e compagnie (capitaine de Ravel), qui attaque avec le groupement de gauche (149e R.I. et 1er B.C.P.), à l'ouest de la route Lethour - Banogne, rejoint l'infanterie avant la ligne de départ prévue pour les chars, ligne qui n'a pu être conquise ; les trois section Petithomme, Laugier et de Gargam s'engagent vigoureusement, détruisent un grand nombre de mitrailleuses sans que l'infanterie, arrêtée par des tirs de flanquement très denses, puisse progresser. Par contre, un canon antichar placé en avant de la position allemande démolit ou incendie plusieurs chars, dont celui du lieutenant Gargam. L'attaque échoue malgré tout l'entrain des équipages. Une nouvelle attaque est montée pour l'après-midi à 15h30.
La 310e compagnie (capitaine Courcelle), jusque-là en réserve, renforcée de la section de marche Ygonnet, appuie l'attaque du groupe de droite ; la seule section disponible de la 312e (lieutenant Petithomme) attaque de nouveau à gauche avec trois chars, sans plus de succès que le matin.
Par contre, à droite, les quatre sections de Bayenghem, Paraf, Rosenbaum et Ygonnet pénètrent presque au deuxième réseau de la ligne Hunding et permettent à l'infanterie de s'accrocher solidement à la première. L'opération, hâtivement montée, réussit en partie, grâce à l'énergie des combattants ; le lieutenant Ygonnet s'engage si hardiment dans les réseaux de cette formidable position vers Banogne qu'on le perd de vue. Son char tombe en panne à 100 mètres des Boches ; il est tué, ainsi que son mécanicien, en tentant de regagner nos lignes.
Le capitaine Courcelle et le commandant du bataillon d'infanterie, faisant une reconnaissance vers un point que l'on croyait occupé par une division voisine, tombent à l'improviste sur un nid de mitrailleuses boches, et, grâce à leur sang-froid, font prisonniers ses occupants, sous le feu des mitrailleuses des coteaux voisins.
En résumé, journée très dure, malheureusement sans résultat décisif, le Boche n'ayant pas lâché la position.
Anecdote. - Maréchal des logis KOPF, lieutenant YGONNET.
Kopf : il est de toutes Les fêtes et n'en perd pas une miette. Mécanicien, canonnier ou mitrailleur, peu lui importe, pourvu qu'il voie sauter les Boches ! Il les dégringole joyeusement comme des pipes à la foire.
L'attaque sur la ligne Hunding est a peine déclanchée qu'il tombe sur une tranchée bondée de feldgrau qui s'agitent désespérément. Il y a de quoi. C'est une vraie battue : Kopf les taquine de son canon et, en quelques minutes, peut en inscrire au tableau plus de cinquante gisant lamentablement sur le sol. Ils ne seront plus dangereux. Il continue sa route. Plusieurs nids de mitrailleuses subissent le même sort ; le petit obus de 37 fait du bon travail et met ses clients en pièces. Mais l'infanterie n'a pu suivre.
Le soir, une nouvelle attaque est montée. Kopf repart avec la même confiance et le même entrain aux côtés du lieutenant Ygonnnet, la section passe plusieurs réseaux et combat avec une ardeur magnifique. La défense est opiniâtre ; les occupants de tranchée, à peine visibles, tirent parfois sur les chars. Dans l'une d'elles, le char du lieutenant Ygonnet capote. Il a attaqué deux fois dans la journée et s'est avancé loin dans les lignes ennemies.
Il est tué.
Seuls deux chars restent, celui du maréchal des logis Tissot, qui, déjà le matin, a fait merveille, et celui de Kopf. Ils continuent à nettoyer les tranchées, puis, l'attaque étant arrêtée, rejoignent leur infanterie.
En cours de route, Kopf aperçoit un officier français blessé qui demande du secours : il supplie qu'on le ramène. Alors, malgré malgré les balles de mitrailleuses qui continuent à suivre le char, il en sort avec son mécanicien Bonhours, lui-même gravement blessé à la tête, et, chargeant avec précaution l'officier sur la queue de l'appareil avec l'aide du conducteur, il le ramène dans nos lignes.
Citation. Ordre 435 du 6 décembre 1918 de la Ve armée.
Ygonnet (Alfred-Edouard), sous-lieutenant, A.S.317. Au cours du combat du 25 octobre, a rassemblé en pleine bataille les éléments de sa section et d'une section voisine et a repris sa progression. A demandé à prendre, l'après-midi, le commandement d'une nouvelle section de marche à seule fin de pouvoir détruire les nids de mitrailleuses et la pièce antitank qui avaient gêné le matin la progression. A fait l'admiration de tous. A eu son char détruit sur l'objectif et n'a pas été retrouvé lui-même.
Kopf (Louis), maréchal des logis, A.S.311. A demandé à partir dans une section de combat, a pris part aux deux attaques du 25 octobre, n'a pas hésité à sortir de son char pour se rendre compte de la destruction d'une mitrailleuse qui venait d'infliger des pertes à l'infanterie, avant de faire signe à celle-ci qu'elle pouvait avancer.
Combat du 25 octobre (6e bataillon).
Les trois compagnies attaquent en première ligne : la 316e (lieutenant Masséna avec la 16e D.I., la 317e (lieutenant Pesché) avec la 17e D.I., la 318e (capitaine Dubois) avec le 3e et le 10e B.C.P.
Certaines ont à aider l'infanterie avant l'attaque de l'objectif principal (ligne Hunding) ; les compagnies de gauche (316e et 317e) parviennent à franchir en partie la ligne Hunding et font tomber, en le tournant, la résistance de Saint-Quentin-le-Petit.
La compagnie de droite (318e) est prise à partie de très bonne heure par un canon antitarik qui lui démolit successivement quinze ou seize chars. Elle est hors de combat.
Dans les trois compagnies, les pertes en hommes et en matériel matériel très lourdes : le sous-lieutenant Olmetta, le lieutenant Darru, quatre sous-officiers, huit brigadiers sont tués. Les blessés sont nombreux, quarante chars restent sur le terrain ; malgré les précautions, plusieurs chars ont sauté sur des mines ; les occupants n'ont été que parfois blessés, beaucoup de chars sont démolis.
Le soir, quatre sections sont reconstituées avec ce qui reste de disponible.
L'objectif n'a pu être enlevé en entier, du moins l'énergie des équipages des chars a permis d'en conquérir une partie.
Les compagnies et le 6e bataillon sont l'objet de citations élogieuses.
Citation. Ordre de la 170e D.I.
La 316e compagnie d'artillerie d'assaut du 502e R.A.S. La 316e compagnie, sous le commandement du lieutenant Masséna de Rivoli, s'est portée résolument à l'attaque des positions puissamment défendues, et, malgré de lourdes pertes, a réussi à pénétrer dans les positions ennemies et à s'emparer de Saint-Quentin-le-Petit, après avoir détruit plusieurs nids de mitrailleuses et fait de nombreux prisonniers.
Ordre du régiment (116e R.I.).
La 3e section de l'A.S.316. Chargée, le 25 octobre, d'enlever avec la 2e compagnie du 116e R.I. une partie de la Hunding-Stellung et le village fortifié de Saint-Quentin-le-Petit, s'est portée à l'attaque sous la direction de son chef, le sous-lieutenant Rémy, comme à la manoeuvre dans l'ordre le plus parfait. Prise à partie par des canons antichars, obligée de franchir des lignes de mines, sans se laisser arrêter, ni par les pertes, ni les difficultés de toutes sortes, a rempli sa mission avec le plus beau calme et une inébranlable volonté de vaincre. A puissamment contribué à la conquête de l'objectif en réduisant tous les îlots de résistance ennemie ou en protégeant l'installation de l'infanterie sur les positions conquises.
Le Lieutenant-Colonel commandant le 116e R.I., Signé : ZOPFF.
Ordre du régiment (116e R.I.).
La 2e section de l'A.S.316. Chargée, le 25 octobre, d'enlever avec la 3e compagnie du 116e R.I. une partie de la Hunding-Stellung et le village fortifié de Saint-Quentin-le-Petit, s'est portée à l'attaque sous la direction de son chef, le lieutenant Darru, comme à la manoeuvre dans l'ordre le plus parfait. Prise à partie par des canons et des fusils antitanks, dans un terrain extrêmement difficile, sans se laisser arrêter ni par les pertes, ni par la mort de son chef, frappé à mort à son poste de combat, a rempli sa mission avec le plus admirable courage et une inébranlable volonté de vaincre. A puissamment contribué à la conquête de tous les îlots de résistance ennemie en protégeant l'installation de l'infanterie sur les positions conquises. Signé : ZOPFF.
Ordre de la Ve armée.
La compagnie A.S.317. Sous les ordres du lieutenant Pesche a fait preuve, au cours des combats des 25 et 26 octobre 1918, d'un esprit de sacrifice au-dessus de tout éloge, en partant avec un élan superbe à l'assaut des positions ennemies fortement organisées. Malgré de très lourdes pertes a continué à combattre, a ainsi permis à l'infanterie de prendre pied dans les lignes ennemies.
Ordre de la 170e D.I.
La 318e compagnie d'artillerie d'assaut. La 318e compagnie d'A.S., sous les ordres du capitaine Dubois, s'est portée, le 25 octobre 1918, à l'assaut des lignes ennemies avec une grande bravoure sous un très vif bombardement ; malgré de très lourdes pertes est repartie le lendemain à l'attaque et a réussi à pénétrer dans la position allemande, subissant à nouveau des pertes très sévères.
Ordre de la 170e D.I.
Le 6e bataillon de chars légers. Sous les ordres du capitaine Eilerlsen, est parti, le 25 octobre 1918, avec un entrain magnifique à l'attaque des positions ennemies ; malgré de grosses pertes, a continué à combattre furieusement, permettant à l'infanterie de s'emparer d'un village fortement organisé. Le 26 octobre, a continué la lutte, et, malgré de nouvelles pertes, a contribué à la capture de plusieurs mitrailleuses et canons et de nombreux prisonniers.
Combat du 26 octobre (4e B.C.L.).
Deux sections ont été reformées avec ce qui reste de la 310e compagnie : l'une sous le commandement du lieutenant de Bayenghem, l'autre sous celui de l'aspirant Laugier, pris de la 312e faute de chef de section à la 310e.
Ces deux sections appuient, le 26, l'attaque des éléments de gauche de 43e D.I. sur la tranchée Neptune et la deuxième tranchée de la ligne Hunding.
Ces sections, rentrées la veille au soir du combat, à 19 heures, repartent à l'attaque dès 6h45, sans presque avoir pu prendre de repos.
Elles parviennent à la tranchée Neptune, entraînant l'infanterie pendant 800 mètres, mais ne peuvent s'y rendre maîtresses des mitrailleuses prenant l'infanterie de flanc.
Le jeune aspirant Laugier, ayant son char en panne et ne pouvant pouvant en prendre un autre, se met à pied devant sa section pour l'entraîner à l'attaque de l'objectif plutôt que d'abandonner le combat et tombe glorieusement frappé.
Le soir, les sections rejoignent le reste du bataillon.
Combat du 26 octobre (6e B.C.L.).
Deux sections (sections Becker et Solé) attaquent également la tranchée Neptune et détruisent quelques nids de mitrailleuses, sans pouvoir faire progresser l'infanterie.
Le 27, les deux bataillons (4e et 6e) sont rassemblés pour se reconstituer et reforment chacun une compagnie de marche avec les éléments restants : celle du 4e B.C.L. commandée par le capitaine de Ravel, celle du 6e commandée par le capitaine Dubois.
Ces deux compagnies, sous les ordres du capitaine de Gassart, commandant le 4e B.C.L., seraient mises éventuellement à la disposition de la 170e D.I. pour appuyer sa progression au delà de la ligne Hunding. Elles n'auront pas à s'employer, car l'ennemi évacuera de lui-même la position avant d'être attaqué pour reculer définitivement.
En même temps que les 4e et 6e B.C.L. étaient retirés du combat après ces deux journées d'engagement, le 5e B.C.L. arrivait en position de rassemblement au bois d'Avaux et était mis à la disposition du 13e C.A. pour une attaque le 29 octobre.
Combat du 29 octobre (5e B.C.L., 314e et 315e compagnies).
Le 5e bataillon, qui vient de débarquer au bois d'Avaux, est mis à la disposition du 13e C.A.
Le 29 octobre, la 314e et la 315e compagnie appuient respectivement respectivement des 410e et 407e R.I., qu'elles aident très efficacement à progresser jusqu'à la route Recouvrance - Saint-Fergeux, mais l'infanterie, trop faible comme effectif, ne peut continuer continuer loin.
Anecdote. - Chasseur GODEFIN.
Ce jour-là, se distingua encore le chasseur Godefin, de la 314e compagnie.
Faisant partie du personnel de la section de réserve, il demande à participer à l'attaque comme agent de liaison auprès du chef de la 1ère section de la 314e compagnie.
Au cours du trajet de la position de départ aux lignes françaises, françaises, deux fantassins servant de guides sont blessés.
Godefin, de sa propre initiative, se place devant le char de commandement et le guide sous un feu violent d'artillerie.
Au moment d'aborder un endroit particulièrement battu, il arrête le char de commandement, se fait ouvrir le volet et demande à son officier de lui serrer la main en ajoutant : « A tout à l'heure, mon lieutenant, si les Boches le permettent ; en attendant, on va faire du bon boulot. »
Après la reprise de la marche, une cinquantaine de mètres plus loin, un obus éclate devant le char, projetant Godefin en l'air.
L'impression du lieutenant commandant la section est que Godefin est déchiqueté.
Plus tard, un brigadier ayant son char en panne remonte la section pour rendre compte et trouve Godefin criblé d'éclats d'obus, la cuisse brisée et le bras gauche écrasé par une chenille de char. Ce brigadier veut le transporter ; Godefin s'y oppose en disant : « Tu as autre chose à faire, ne t'occupe pas de moi. »
Relevé par la suite, a eu, au poste de secours, une attitude merveilleuse et a, par ses réparties pleines d'entrain, forcé l'admiration du médecin-chef.
Citation. Ordre de l'armée.
Godefin (G.), 2e classe, A.S.314. Agent de liaison qui a fait l'admiration de tous, à tous les combats, par son mépris absolu du danger et son entrain extraordinaire. A été blessé gravement en guidant les chars de sa section et a émerveillé le major qui le pansait par ses plaisanteries sur ses cruelles souffrances. Héroïque absolument. Deux fois cité.
Combat du 30 octobre (5e B.C.L. 313e compagnie).
La 313e compagnie engage deux sections avec le 109e R.I., mais la résistance des mitrailleuses ennemies est très forte et l'infanterie ni les chars ne peuvent progresser.
Le bataillon se reconstitue en vue de nouvelles actions vers Saint-Germainmont, mais, dès le 5 novembre, survenait le recul de l'ennemi, bientôt suivi de l'armistice. Le 5e bataillon est alors transporté à Reims le 14 novembre avec les autres unités du régiment régiment être ramené au camp de Mailly quelques jours après.
CONCLUSION
Les unités du 502e régiment de chars blindés peuvent revendiquer, parmi toutes celles de l'artillerie d'assaut ; la gloire d'avoir contribué puissamment à la grande victoire. Les jeunes équipages de 1918 rivalisèrent de fougue, d'endurance et d'héroïsme avec leurs aînés des groupes lourds. Ceux-ci, les premiers sur la brèche, ayant connu les laborieux débuts et travaillé longuement en vue de la bataille suprême, furent dans la lutte jusqu'au dernier jour. Quant aux jeunes bataillons de chars légers, jetés dans la fournaise à peine formés, à peine instruits, tant les circonstances étaient alors critiques, à trois reprises différentes au moins en quatre mois, ils se décuplaient sur le Boche épouvanté.
La première fois, sur la Marne, la soudaineté, la brutalité de leur attaque, le force à reculer en désordre. Dans les autres combats plus âpres, plus durs, plus meurtriers aussi, ils font des prodiges de valeur et aident admirablement notre glorieuse infanterie à saisir l'ennemi par la gorge, et, lui faisant lâcher prise, à nous rendre enfin cette terre de France qu'il a trop longtemps foulée et meurtrie !
Gloire à ceux à qui nous devons cette délivrance, aux héroïques équipages comme à ces courageux ouvriers qui maintes fois, sous le feu, réparèrent les chars pour de nouveaux assauts !
Gloire à tous ceux, si nombreux, hélas ! Qui payèrent de leur sang leur héroïque dévouement à la patrie !
Officiers et chasseurs du 502e régiment de chars blindés, unis dans le même amour de la France et par une haine commune de l'ennemi, ont su justifier la confiance que leur pays avait mise en eux. Ils ont inscrit des pages glorieuses à l'histoire de l'armée française et créé pour ceux qui, dans l'avenir, auront l'honneur d'appartenir au 502e le droit d'en porter fièrement le numéro et le devoir d'en rester dignes.
D'ARTILLERIE D'ASSAUT
FORMATION DU RÉGIMENT
ENGAGEMENTS DE JUIN 1918
ENGAGEMENTS DE JUILLET 1918
ENGAGEMENTS DE SEPTEMBRE-OCTOBRE 1918
I. Formation du Régiment.
Par décision du général commandant en chef, le 501e R.A.S. est formé le 13 mai 1918 sous le commandement du chef d'escadron Velpry.
Le 501e régiment d'artillerie d'assaut comprend à la date du 20 mai :
1° Le Groupement 1 (chars Schneider), commandé par le Chef d'Escadron de Forsanz, et comprenant les Groupes 2, 4, 5, 9, et la S.R.D. 106 (2 compagnies du 262e R.I. sont rattachées au groupement 1 comme infanterie d'accompagnement).
2° Le 1er bataillon de chars légers, sous le commandement du Capitaine Goubenard, comprenant les compagnies 301, 302, 303 de chars légers (chars Renault).
3° Le 2e bataillon de chars légers, sous le commandement du Capitaine Wattel, comprenant les compagnies 304, 305 et 306 de chars légers.
4° Enfin, le 29 mai, le 3e bataillon de chars légers, sous le commandement du Chef de Bataillon Peraldi, comprenant les compagnies 307, 308 et 309, est affecté au 501e R.A.S.
Mais toutes ces unités sont encore dispersées : le 1er groupement est dans la région de Breteuil, le 1er bataillon est dans la région de la Chapelle-aux-Pots, les 2e et 3e B.C.L. sont au camp de Champlieu.
« Réunissant les coeurs et les pensées de tous dans les mêmes espérances, » le Chef d'Escadron Velpry, commandant le Régiment, adresse aux unités sous ses ordres l'ordre n° 1 du Régiment :
« Officiers, sous-officiers, brigadiers et canonniers du 501e, Appelé à l'honneur de vous commander, je compte sur « votre dévouement patriotique pour faire de notre Régiment une unité de combat d'élite. Il est formé le premier ; nous aurons à coeur que par ses services il mérite également la première place, Nous penserons avec reconnaissance à nos camarades de l'artillerie d'assaut qui sont déjà tombés sur le champ de bataille et dont le sacrifice glorieux a montré la valeur de notre arme et lui a permis de grandir. Que leur exemple nous guide dans le combat où, mieux armés qu'eux, nous devons triompher !
Mon désir eût été de pouvoir réunir le Régiment au complet pour que nous apprenions à nous connaître, pour qu'une fréquentation journalière fasse naître entre nous cet esprit de corps qui rend solidaires, dans la bonne et la mauvaise fortune, les hommes d'un Régiment comme les membres d'une même famille.
Les nécessités de la guerre retardent cette réunion, mais nos cœurs et nos pensées sont dès maintenant réunis dans les mêmes espérances, dans le même désir de voir notre Régiment contribuer de toute son âme et de toutes ses forces à la victoire de la France.
Le 8 mai, le groupe 5 (chars Schneider) coopère à l'attaque du 28e R.I. américain sur le village de Cantigny. Sous le commandement du Capitaine Noscereau, les chars précèdent l'infanterie de nos alliés, lui ouvrent le passage et prennent une part brillante au succès complet de l'opération. Le Lieutenant Blancot adjoint au commandant de groupe, est tué d'une balle au front au moment où, avec un admirable mépris du danger, il guidait à pied les chars sous les mitrailleuses allemandes en action.
L'intrépidité des équipages, l'habileté de leurs chefs, provoquent chez nos frères d'armes une vive admiration. La lettre suivante, écrite par le major général Bullard, commandant la 1ère D.I.U.S., au Capitaine commandant le groupe 5, est pour notre arme un précieux témoignage.
« Je tiens à ne pas laisser partir le groupe d'A.S. que vous commandez sans vous dire, à vous et à votre personnel combien la 1ère division américaine apprécie la valeur de votre collaboration à cette opération de Cantigny, que nous avons la fierté d'avoir menée à bonne fin.
Fidèles aux plus nobles traditions de l'armée française, vous avez montré la voie à notre infanterie, lui avez aplani les obstacles et donné le plus bel exemple de cette admirable fraternité d'armes qui subordonne tout au but à atteindre.
Je tiens à rendre hommage aussi à l'aide précieuse que vous avez prêtée à mon état-major pendant la préparation de cette opération, et avec tant de cordialité.
Pour tous, officiers et hommes de la 1ère D.I.U.S., votre passage restera un souvenir inoubliable et un exemple qu'ils auront à coeur de suivre.
Signé: R. L. Bullard. »
Un tel éloge, venant d'un chef et de troupes aussi vaillantes, constitue pour le Régiment un magnifique sujet de fierté.
Les unités de chars légers ne vont pas tarder, elles non plus, à gagner, sur le champ de bataille, leurs lettres de noblesse.
Jusqu'alors, les chars Renault n'avaient jamais été engagés ; les bataillons qui les avaient reçus quelques semaines auparavant poursuivaient leur instruction, et l'intention du commandement était de ne pas présenter ces appareils à la bataille avant qu'on eût pu constituer et instruire d'assez nombreuses unités pour que leur intervention en masse produisît sur l'ennemi un effet de surprise écrasant. Mais l'attaque allemande du 27 mai 1918, par l'ampleur et la gravité de ses premiers résultats, allait précipiter la mise en ligne des unités de chars légers.
II. Engagements du 31 mai et de juin 1918.
Le 27 mai, l'ennemi prononce sur le Chemin des Dames une offensive brusque et très violente ; submergeant nos troupes de défense sous un flot d'assaillants qui avaient été rassemblés en grand secret, il obtient un résultat presque foudroyant. Dès le premier jour, la poussée allemande atteint une profondeur de 30 kilomètres à l'intérieur de nos lignes ; franchissant l'Aisne et la Vesle, elle amenait, dans les journées suivantes, les troupes allemandes sur la Marne jusqu'à Château-Thierry.
La situation de nos armes est véritablement critique, Paris immédiatement menacé. Ces journées sont des plus sombres que nos cœurs de Français aient connues au cours de la guerre, et nous étions ramenés aux plus mauvais moments de la fin août 1914.
C'est à cette heure décisive, devant la nécessité immédiate de tout mettre en oeuvre pour sauver le sort de la France, qu'on fit appel à ces nouvelles formations d'artillerie d'assaut, qu'on avait pensé engager dans des conditions plus favorables et plus heureuses.
Le 29 mai, un ordre préparatoire de l'artillerie d'assaut met les 2e et 3e B.C.L. et éventuellement le 1er B.C.L. à la disposition du Général Lacapelle, commandant le 1er C.A., qui tient le front compris entre Vic-sur-Aisne et la forêt de Villers-Cotterets.
Embarqués le 30 mai, qui sur des remorques rassemblées en toute hâte et venant de Beauvais, de Mouy et de Versailles, qui par voie ferrée, les trois bataillons du 501e sont dirigés vers la forêt de Villers-Cotterets, dans le flanc droit de la poche formée par l'avance allemande. Où débarquera-t-on ?
Où s'engagera-t-on ? Impossible de le prévoir : où l'on pourra ; où l'on rencontrera l'ennemi, car le front est mobile et se rapproche chaque jour davantage, à peine tenu par des troupes harassées et réduites par cinq jours de combat inégal.
Le 31 mai, à 8 heures du matin, les deux tiers des chars du 2e bataillon ont pu être débarqués à Saint-Pierre-Aigle, au nord de la forêt de Villers-Cotterets. La situation ne permet pas même d'attendre que le reste du bataillon ait fini d'arriver, car, si l'ennemi force le dernier barrage que maintiennent avec peine, sur les plateaux au sud de Soissons, les troupes complètement épuisées de l'héroïque division marocaine, c'est l'écroulement et probablement l'encerclement de tout ce qui combat encore dans la région de Compiègne, c'est la route de Paris complètement ouverte.
Il faut combattre sans délai avec les trente chars dont on dispose pour arrêter la progression de l'ennemi devant la forêt de Villers-Cotterets.
Pour apprécier à sa valeur l'effort qui va être fourni dans cette journée par les officiers et les équipages du 2e bataillon, il importe d'imaginer par la pensée la situation matérielle et morale dans laquelle ils ont vécu ces heures de crise.
Certes, aucune des conditions matérielles dans lesquelles les officiers et les équipages avaient prévu, étudié et préparé leur entrée dans la bataille n'est réalisée. Aucune liaison préalable n'a pu être établie avec l'infanterie avec laquelle on doit combattre. Cette infanterie, on prendra contact avec elle sur la ligne de feu même, en la traversant où elle sera... là-bas, quelque part vers la route de Soissons à Villers-Cotterets. Cette infanterie se trouve composée de noirs n'ayant jamais aperçu de chars d'assaut. Aucune reconnaissance de terrain ne peut être exécutée, faute de temps.
Au lieu d'une approche de nuit, permettant aux chars de ne se révéler qu'au moment de l'attaque, il faut, pour atteindre nos lignes, franchir en plein midi, par le soleil éclatant d'une belle journée d'été, un glacis de 1500 mètres sous la vue directe des ballons allemands en observation.
Aucun barrage fumigène, aucun appui efficace à escompter d'une artillerie dispersée par des mouvements de replis successifs, n'ayant pas d'organisation de tir. C'est la charge droit devant soi, sur un terrain inconnu, pour arrêter à tout prix la poussée de l'ennemi victorieux.
Le personnel se rend compte des conditions anormales et difficiles dans lesquelles il va s'engager et, dans cette atmosphère déprimante de troupes épuisées et en pleine retraite, il comprend la nature et la grandeur du sacrifice qu'on lui demande.
Les Capitaines Mortureux et Lemoine, menant personnellement l’attaque déploient leurs compagnies en bataille à l'est de Dommiers, sur le front Chaudun, la Croix-de-Fer, Missy-aux-Bois, et à midi foncent droit devant eux dans les blés hauts, salués et escortés par les obus de l'artillerie allemande. Les chars nettoient le bord du ravin de Chazelles et le plateau à l'ouest de Ploisy, détruisant des mitrailleuses et des canons légers, tuant et mettant hors de combat les fantassins et les mitrailleurs allemands, qui subissent de lourdes pertes. La lutte est particulièrement âpre et chacun y rivalise de courage et d'entrain. Le Lieutenant Aubert fonce sur une pièce allemande qui tire à vue sur sa section et la détruit complètement. Le char du Lieutenant Cornic ayant pris feu, celui-ci se dégage, monte dans un nouveau char et continue le combat, faisant par son intrépidité l'admiration de tous.
Le Brigadier Christiaens, dont le char est en panne, démonte sa mitrailleuse et la met en position en première ligne. Le canonnier Bocquillon, de la compagnie 306, grièvement blessé à la tête, continue à combattre avec opiniâtreté et ne se laisse évacuer, une fois le combat fini, que sur l'ordre de ses chefs.
Pour la première fois, l'arme lourde entre toutes a conduit son combat comme une action de cavalerie. C'est une charge en ligne qu'a menée le 2e bataillon, ratissant la plaine de Chaudun, faisant refouler devant lui les ennemis déjà accrochés au plateau où les grands blés favorisaient sa progression.
Cette charge a vu devant elle les fuyards s'engouffrer dans le ravin de Ploisy. Utilisant alors toute la puissance de leur feu, les chars ont creusé dans la cohue ennemie d'effroyables sillons. Quatre chars, atteints par des obus ou renversés dans des chemins creux, restent sur le terrain. D'autres, fort endommagés, parviennent cependant à rejoindre le point de ralliement. L'arme est bonne et bien trempée.
Le résultat répond à la vaillance et aux efforts de tous ; l'attaque, du 31 mai 1918 marque l'arrêt des grands progrès de l'ennemi sur les plateaux au sud de Soissons et sauve la situation des troupes engagées vers Compiègne.
Parmi les braves qui payèrent de leur vie ce grand résultat, il faut citer le nom d'un jeune et brillant officier dont la physionomie pleine de feu et d'intelligence, dont l'élégance souple et aisée attiraient naturellement la sympathie, l'intérêt et l'affection. La mort, qui semble choisir ses victimes, n'en pouvait trouver une dont la perte nous parût plus cruelle.
Un obus qui frappa la tourelle de son char donna au Sous-lieutenant Demay une belle mort de soldat, en plein soleil, en pleine action, en pleine gloire.
Arrêté le 31 mai au sud de Soissons, l'ennemi va, suivant sa coutume, les jours suivants, tenter de tourner la résistance rencontrée et de s'ouvrir, plus au sud, le chemin qui vient de lui être barré. Là encore il va se heurter à nos chars.
Pour faire face à ces nouvelles attaques, les 1er et 3e bataillons, dont le transport se poursuit, vont, au cours des journées du 1er et du 2 juin, entrer en ligne à leur tour sur tout le front marqué par la lisière est de la forêt de Villers-Cotterets.
L'emploi des chars d'assaut va prendre pendant cette période une forme nouvelle et inattendue. Créés pour ouvrir la voie à l'infanterie, au travers des défenses accessoires et des mitrailleuses de l'ennemi, on admettait avec juste raison qu'une fois cette tâche remplie, dès que l'infanterie était installée sur ses objectifs, les chars d'assaut ne devaient pas rester sur la ligne, où ils offriraient une cible trop facile aux coups de l'artillerie ennemie. Ils devaient être aussitôt retirés du combat pour être remis en état et se préparer à de nouveaux engagements. Suivant ces sages principes, les combats de l'artillerie d'assaut avaient jusque-là duré quelques heures : les premiers engagements des bataillons du 501e régiment d'artillerie d'assaut vont durer un mois.
La situation nécessite, en effet, des dispositions particulières. Sur le front de la forêt de Villers-Cotterets ont reflué les débris de 3 ou 4 divisions d'infanterie, soldats épuisés physiquement et moralement par des journées de combat où ils ont été constamment refoulés par l'ennemi, ayant perdu leurs chefs et désaccoutumés d'une forme de guerre où la tranchée n'est plus là pour marquer la ligne à défendre.
Le Boche, enhardi par son succès, devient, au contraire, de plus en plus audacieux, et il semble que rien ne doive plus l'arrêter. Quand, du 31 mai au 2 juin, le fantassin voit apparaître les chars d'assaut, il sent que c'est le salut qui lui arrive et quand, dès les premiers engagements, il voit le Boche refluer partout devant les appareils, il s'accroche à ses chars et perd courage s'il les voit s'éloigner de la ligne de feu. Les sections de chars vont donc être maintenues sur la ligne de combat, en situation de s'engager immédiatement pour refouler l'ennemi dès que celui-ci fera mine de pénétrer quelque part dans nos lignes.
Toujours en alerte, combattant le jour dès que l'ennemi veut mordre, passant la nuit à ravitailler en essence et en munitions, à remettre en état sous le feu les appareils, les équipages vont fournir, pendant cette première quinzaine de juin, le plus bel exemple d'endurance physique et morale.
Du 31 mai au 18 juin, les bataillons du 501e fournissent vingt-sept engagements de section.
Sur le front de 25 kilomètres qui s'étend de Saint-Bandry à Troennes, il n'est pas un point de la carte qui ne rappelle un engagement. Dans les layons de la forêt, dans les blés hauts des plateaux, partout les chars ont laissé la trace sanglante de leurs chenilles.
Ce sont des engagements très chauds et qui exigent du personnel une attention et une tension morale accentuées.
La plupart, en effet, se passent sous bois ; les mitrailleuses ennemies sont parfaitement dissimulées dans les broussailles et peuvent impunément diriger à très courte distance sur les fentes de visée des chars des tirs continus et ajustés ; gênés par la végétation dans leur vue et leurs mouvements, bloqués parfois dans les fourrés inextricables, les équipages tombent à la merci d'ennemis qu'ils ne peuvent découvrir.
Le 2 juin, une section de la compagnie 308, appuyant une compagnie du 167e R.I., nettoie le plateau de Corcy, où des fantassins allemands se sont infiltrés à la faveur des hautes herbes jusqu'à la ferme Saint-Paul. Après un combat très vif, au cours duquel un sous-officier chef de char est blessé par un coup de pistolet tiré à bout portant contre une fente de visée, les chars permettent à notre infanterie de s'établir solidement à 200 mètres en avant de son objectif primitif.
Le 3 juin 1918, l'ennemi a réussi, pendant la nuit, à progresser de part et d'autre du village de Faverolles et à s'établir dans la partie ouest des ravins au sud-ouest de Faverolles.
Soutenant la contre-attaque du 167e R.I., la compagnie 309 tout entière déployée entre Corcy et Faverolles, et une section de la compagnie 307 au sud de Faverolles, mettent l'ennemi en fuite et permettent le rétablissement de notre ligne. Cette action est une des plus importantes de cette période, tant par les effectifs engagés que par les résultats obtenus. Voici le récit qu'en a fait un officier d'infanterie qui combattait ce jour-là avec nos chars : « Les attaques du 3 vont revêtir un acharnement extraordinaire. L’artillerie allemande s'est renforcée, et, à 4 heures du matin, un tir violent se déclenche sur notre première ligne. Le 75, derrière nous, riposte violemment, et c'est sous un barrage meurtrier que l'infanterie ennemie surgit devant nous de ses lignes de départ. A 7 heures, la lutte s'apaise; notre ligne ne paraît pas entamée. A 9 heures, elle reprend plus violente pour s'interrompre à nouveau à midi. Cette fois l'ennemi a réussi à prendre pied dans le cimetière de Faverolles. A 14 heures, nous apercevons devant nous sur la crête d'Anserville un nombre considérable de camions. Un régiment d’infanterie boche en descend, se déploie et pénètre dans la vallée. C'est lui qui va attaquer Faverolles par le sud pendant que le régiment de l'Impératrice l'attaque par l'est.
Cette attaque d'ensemble se produit à 15 heures 30. On se bat corps à corps dans les fermes sud et sud-est de Faverolles, et l'ennemi parvient jusqu'à la corne du bois qui est au sud-ouest du village. Nos hommes deviennent inquiets. Cette situation, heureusement, ne va pas durer. Un mot bientôt vole de bouche en bouche : « Les tanks vont attaquer. » Cinq débouchent près de nous, d'une allée de forêt ; ils se déploient dans les blés. L'un d'eux prend à partie les occupants de la corne du bois, tandis que les autres continuent vers la route de Troennes. Le tir ajusté des chars, son effet meurtrier mettent l'ennemi en fuite ; nos fantassins sont enthousiasmés, et ce qui reste des Boches disséminés dans les blés est aisément capturé par nos hommes. »
Le même jour (3 juin ), deux sections de la compagnie 301 appuient une contre-attaque du 8e R.I. sur la ferme Vertefeuille, où l'ennemi a réussi à prendre pied. Après un court et vif combat, les Allemands lâchent pied en subissant des pertes sensibles. Au nord-ouest de la ferme Vertefeuille, une section de la compagnie 304 disperse en quelques coups de feu des mitrailleuses ennemies qui avaient réussi à s'infiltrer dans la forêt.
Le 4 juin, c'est la compagnie 302, appuyée par 2 sections de la compagnie 308, qui contre-attaque sur la ferme de la Grille (forêt de Retz, lisière est), sur un terrain que d'épais fourrés et des halliers touffus rendent très difficile. Au cours du combat très rude qui se livre, le Lieutenant de Gissac trouve la mort. Son mécanicien ayant été tué par une balle tirée à courte distance et qui était passée par la fente du volet de conduite, l'officier, blessé lui-même, sort de son char en feu pour continuer à diriger à pied le combat de sa section.
Il tombe, criblé de balles, sur les chenilles de son appareil.
Le 5 juin, par une action rapide et immédiate d'une section de la compagnie 302, nous chassons l'ennemi des lisières de la forêt de Retz, où il a réussi à s'infiltrer à l'ouest de la ferme Chavigny. Au cours du combat, le Brigadier Lucas, ayant eu sa mitrailleuse mise hors d'usage, sort sous le feu, en demande une à l'infanterie qui le suit et continue le combat.
Le 6 juin, une section de la compagnie 308, appuyant une contre-attaque du 91e R.I., permet à notre infanterie de reprendre pied dans les carrières au nord de la ferme de la Grille, malgré un feu très vif de grenades à fusil et de mitrailleuses.
Le 12 juin, les 1er et 2e bataillons de chars légers sont mis en réserve ; le 3e bataillon, qui est resté constamment sur la ligne de résistance, coopère avec la compagnie 309, commandée par l'héroïque Capitaine Clermont, à une vigoureuse contre-attaque entre Corcy et la ferme de la Grille, où l'ennemi, de nouveau, a réussi à prendre pied. Son action brillamment conduite permet à notre infanterie d'améliorer ses positions au nord-est de Corcy.
Là se termine la période de combats défensifs menés par les unités du Régiment. S'il y a eu dans l'histoire du 501e régiment d’artillerie d'assaut des actions peut-être plus brillantes parce qu'elles se sont passées en des journées où la victoire était plus tangible et plus proche, il n'y en a pas dont le Régiment ait le droit d'être plus fier que de celles poursuivies avec une continuité infatigable pendant la première quinzaine de juin 1918 ; car l'intervention des trois bataillons de chars légers, au moment où la fortune des armes nous abandonnait, cloua sur place la plus menaçante des poussées allemandes et lui barra définitivement la route de Paris, c'est-à-dire le chemin de la victoire.
Le 15 juin, l'ennemi est définitivement arrêté. Le Général Mangin vient de prendre le commandement de la 10e armée ; il ne va pas laisser l'ennemi se reprendre et combiner en paix de nouvelles attaques.
L'ennemi est arrêté. On va le refouler sans tarder et se mettre au moins en situation favorable pour pouvoir passer à l'offensive générale dès qu'on en possédera les moyens. En attendant, on va se donner de l'air, reprendre pied sur les plateaux pour acquérir la base de départ indispensable à une opération de grande envergure.
Ce sera l’œuvre des combats des 15, 18 et 28 juin 1918.
Le 15 juin 1918, au jour naissant, la compagnie 303 franchit le ruisseau de Coeuvres sur un pont que l'infanterie enlève à l'ennemi devant son premier char et, par un seul passage, sous un bombardement de gros calibre qui lui cause des pertes sévères, débouche sur la rive droite du ruisseau.
Elle chasse l'ennemi devant elle, gravit les pentes boisées du ravin, tuant ou mettant en fuite les défenseurs ennemis dissimulés dans les bois et les fourrés, puis, se déployant en bataille, nettoie le plateau nord-est de Coeuvres jusqu'à la route Cutry-Saint-Pierre-Aigle.
Ce passage de vive force d'un ruisseau dont les rares points de passage, soigneusement repérés par l'ennemi, étaient constamment bombardés par l'artillerie lourde ; cette escalade en plein combat des pentes escarpées d'un ravin boisé, constituaient une opération aussi audacieuse que difficile d'exécution. Sa réussite fait le plus grand honneur à la compagnie 303 commandée par le Capitaine Gaillet.
Le 18, une section de la compagnie 301 et une section de la compagnie 302 participent à une attaque en direction de Chafosse. L'objectif, qui est de reprendre pied sur le plateau de Montgobert et de rejeter l'ennemi à l'intérieur du bois au sud de Chafosse, est atteint après une lutte très vive qui dure de 4 heures à midi. Le 28 juin, enfin, le 3e B.C.L. en entier et la compagnie 305, appuyant l'attaque de la 153e D.I. et de la 2e D.I. sur le front Saint-Bandry-Laversine-Saint-Pierre-Aigle, prennent une part brillante au succès complet de l'opération et amènent nos fantassins sur la ligne d'où ils s'élanceront à la victoire du 18 juillet.
Le 30 juin, les trois bataillons sont enfin retirés du front pour se reposer, se recompléter et remettre en état les appareils qui leur restent.
III. Engagements de juillet.
Le 14 juillet, tout semble calme ; les bataillons au repos sont : le 1er à Saint-Léonard (Oise), le 2e à Pierrefonds, le 3e à Saint-Martin-du-Tertre ; le 1er groupement de chars Schneider est à Vaumoise, entre Crépy et Villers-Cotterets. Les appareils sont démontés, et une bonne proportion des hommes profitent d’une permission bien gagnée. A la fin de l'après-midi, l'alerte est donnée partout. Il faut être prêt à s'embarquer le lendemain pour une opération offensive immédiate. C'est le branle-bas pour remonter les appareils, recompléter les munitions, recharger les véhicules. On travaillera toute la nuit et toute la journée ; mais, quels que soient les efforts faits, il sera impossible d'avoir les unités au complet, faute de personnel et surtout de matériel. Aucun appareil neuf n'a pu être donné au Régiment ; on n'a pu que remettre en état le mieux possible les chars qui ont fourni le long et dur travail en juin.
Le 1er B.C.L., qui a disposé d'un repos un peu plus long, pourra présenter des compagnies à peu près complètes ; mais le 3e B.C.L., qui a été le plus longtemps engagé, puisqu'il n'est parvenu dans ses cantonnements de repos que le 4 juillet, ne se présentera au combat qu'avec les deux tiers de ses appareils ; les permissionnaires rejoindront sur le champ de bataille.
Le 18 juillet 1918 marque dans l'histoire de la guerre une date mémorable. C'est le grand tournant dans la fortune des armes, l'aube de la victoire pour la France ; le glas de mort qui commence à sonner pour la puissance militaire de l'Allemagne. Nos ennemis eux-mêmes ont indiqué le rôle joué par l'artillerie d'assaut dans cette bataille. « Nos troupes, a écrit le général Ludendorf, chef d'état-major de l'armée impériale, ont été submergées par des escadres de chars d'assaut. C'est l'intervention de ces appareils qui a assuré la victoire aux Français. » Or, pour connaître la part prise par le 501e dans cette bataille, il suffit de mentionner que sur neuf bataillons ou groupements composant l'artillerie d'assaut de la 10e armée, quatre appartenaient au 501e et que, sur ces neuf bataillons ou groupements, six ont été engagés sous les ordres directs de l'état-major du 501e régiment ; deux des trois autres étaient commandés par le chef de bataillon commandant le 3e bataillon du 501e, enfin le 9e était le IIIe groupement de chars moyens qui porte maintenant aussi le numéro 501.
Les unités montrèrent, le 18, le 19, le 20, le 21 et le 23, autant de vaillance que de continuité dans l'effort, se multipliant, multipliant, les vides creusés dans leurs rangs, pour apporter un concours constant à leur infanterie.
Le 18, le 1er groupement, puis, en fin de journée, le 1er B.C.L. s'engagent pour appuyer la 2e D.I.U.S. dans son attaque qui l'amène jusqu'au chemin de Tigny à Villemontoire ; le 2e B.C.L. entraîne la Division marocaine jusqu'à l’Échelle, bousculant l'ennemi qui s'accroche désespérément aux rebords du plateau.
Parmi les braves qui combattirent dans cette journée, où tous les équipages rivalisèrent d'audace, de sang-froid, de ténacité et de mépris du danger, il faut citer le chasseur Rose : son appareil ayant été détruit par un obus, il s'arme d'un fusil et, se portant en avant de la ligne d'infanterie, capture dix prisonniers. Il fut pour ce fait décoré de la médaille militaire.
Le 19, les chars du 1er groupement entraînent les Américains jusqu’aux lisières de Tïgny ; la compagnie 304 appuie une attaque du 7e tirailleurs sur les pentes nord et sud du ravin de l'Echelle ; le 3e B.C.L., dans un combat très dur, ouvre la voie à l'infanterie de la 38e D.I. jusqu'au delà de la ligne Percy - Tigny - Saint-Remy-Blanzy. C'est là que l'Aspirant Lempereur, de la compagnie 307, dont le char a été immobilisé par un obus, en face de la position ennemie, renvoie son mécanicien vers l'équipe de dépannage et reste lui-même dans la tourelle, canonnant sans arrêt les murs d'un jardin fortement organisé jusqu'au moment où il est grièvement blessé à la figure.
Le 20, la compagnie 305 participe à une action avec un bataillon du 7e tirailleurs dans le but de nettoyer et d'occuper le plateau entre Ventigny et Villemontoire ; le 3e B.C.L., avec deux sections, appuie le 233e R.I. au sud de Plessis-Huleux. Le 21, le 1er B.C.L. et le 2e B.C.L. entraînent l'infanterie de la 38e D.I. à l'attaque de Villemontoire et de la Raperie, où le combat est particulièrement acharné, et lui permettent de s'installer en bordure de la route nationale de Château-Thierry à Soissons, malgré une réaction très violente de l'ennemi. Deux sections du 3e B.C.L. coopèrent brillamment à la prise de Plessis-Huleux.
La journée du lendemain est consacrée à une fiévreuse remise en état des chars ; dans la nuit, les 1er et 2e B.C.L. gagnent sur chenilles leurs positions de départ devant Plessis-Huleux, soit 15 kilomètres plus au sud, et attaquent Plessis-Huleux avec le 3e B.C.L., à 5 heures (23 juillet).
Le magnifique effort des unités si éprouvées pourtant au cours des derniers combats (les trois bataillons sont réduits à neuf sections) réussit à entraîner notre infanterie jusqu'à la voie ferrée à l'ouest de la route nationale, au delà de Plessis-Huleux ; le combat est très chaud. La compagnie 306, fournie par le 2e B.C.L., met en fuite les servants d'une batterie de 77, au sud des bois du Plessier. Devant Grand-Rozoy, le Sous-lieutenant Rayer, de la compagnie 301, trouve une mort glorieuse. Sa section, franchissant la route de Soissons à Château-Thierry, est prise à partie à 200 mètres par un canon de 77, habilement caché dans un petit bois, et démolie en quelques minutes.
Le 24, le Régiment est retiré de la bataille ; il va dans la région de Chantilly-Senlis jouir d'un repos bien gagné par deux mois de combat presque ininterrompus, où les équipages ont eu à fournir un effort splendide de continuité et de persévérance dans l'action.
Cette ténacité poussée jusqu'à l'extrême limite des sacrifices, cette résolution de se maintenir à la bataille, quoi qu'il en coûte, jusqu'à ce que la tâche ait été entièrement remplie, sont pour un corps de troupe des vertus précieuses et rares.
Le 501e les a pratiquées dès ses débuts ; il va en donner un témoignage éclatant pendant la bataille de Champagne.
IV. Engagements de Champagne.
Rassemblés entre le 20 et le 23 dans la région de Somme-Suippes, le 2e bataillon (Capitaine Vigneron), le 3e bataillon (Commandant Fischbach) et le 1er groupement (Commandant Laurent) (groupes 4 et 9), opérant dans le secteur compris entre la butte de Souain et la butte de Tahure, vont participer à l'attaque de la 4e armée en direction de Vouziers.
Par la résistance désespérée que l'ennemi va montrer pour défendre ce centre vital de sa ligne de bataille, par les pertes qui seront la conséquence de la lutte acharnée qui s'ensuivra, la bataille de Champagne sera pour les unités du 501e la plus rude épreuve qu'elles aient eue à affronter.
L'attaque est donnée le 26 septembre après une préparation très minutieuse par les états-majors et les cadres de l'A.S. portant sur l'étude du terrain à franchir, étude faite au moyen de reconnaissances de terrain et d'un grand nombre de photographies d'avions obliques et verticales. Toutes les pistes à suivre par les chars ont été précisées sur les plans directeurs. Une compagnie d'infanterie sur chaque piste, dirigée par un officier de l'A.S., travaillera à préparer le passage des appareils à travers la zone bouleversée.
En raison de l'état du terrain, qui comprend une bande de 5 kilomètres absolument couverte de fils de fer, de tranchées, de trous d'obus, impraticable au combat des chars, il est convenu que les chars suivront, dans cette bande de 5 kilomètres, la progression de l'infanterie aussi rapidement qu'il leur sera possible, mais ne s'engageront qu'une fois franchie la crête butte de Souain-Mont-Muret.
Les deux bataillons et le groupement du 501e forment l'A.S. du 20e C.A. et sont répartis comme suit : A droite : le 3e bataillon et le 1er groupement appuieront l'attaque de la 43e D.I., suivie de la 13e D.I.
A gauche : le 2e bataillon appuiera l'attaque de la 167e D.I., suivie de la 170e D.I.
Dans la journée du 26, l'infanterie parvient sans grande difficulté à la crête Mont-Muret-butte de Souain, ne rencontrant que de légères arrière-gardes laissées par l'ennemi, qui a reporté sa résistance en arrière.
Les chars emploient la journée à traverser le terrain bouleversé. Ce travail, accompli sous la surveillance des drachens ennemis est entravé par les bombardements de l'artillerie ennemie. Les compagnies 307 et 308, en particulier, sont violemment prises à partie au moment où elles franchissent la crête de l'Aiguille. Constamment, les travailleurs d'infanterie qui aménagent les pistes doivent s'interrompre par suite du bombardement, et, en fin de journée, les chars n'ont pas dépassé l'alignement de la cote 193.
Ils achèveront le franchissement dans la nuit et aux premières heures de la matinée du lendemain.
Le 27, dès l'aube, l'infanterie veut continuer sa progression ; mais elle se heurte immédiatement à une violente résistance.
L'ennemi a, en effet, reporté sa ligne de résistance dans la cuvette de Sommepy, appuyé par une artillerie très bien placée le long du vaste amphithéâtre qui entoure ce village.
Notre infanterie est arrêtée net devant les tranchées de Wiesbaden et celles du Tunnel. Vers 9 heures, les chars débouchent enfin du terrain bouleversé ; les compagnies 305, 307, 308, 309 s'engagent immédiatement et, après une lutte extrêmement chaude tant pour la conquête des objectifs que pour le maintien de notre gain contre les contre-attaques successives de l'ennemi, permettent à nos fantassins de conquérir les hauteurs du bois de la Pince et de s'y maintenir.
Le 28, dans la matinée, les trois compagnies du 2e B.C.L., soutenant l'attaque de la 167e D.I., livrent à notre infanterie, après un brillant combat, les tranchées des Prussiens et d'Essen, qu'elles nettoient de leurs défenseurs. Les mitrailleuses légères boches, installées en haut des arbres, font subir de lourdes pertes à nos fantassins. Repérés par nos chefs de chars, l'un après l'autre, ceux qui les servent, abattus par les obus de 37 ou les balles, tombent au pied de leurs perchoirs.
A droite, les compagnies 307 et 308 s'engagent dès 7 heures ; la lutte est très âpre ; les Allemands résistent énergiquement, utilisant les bois pour masquer un grand nombre de fusils et de canons anti-chars. Le combat dure toute la journée pour la compagnie 307 : malgré les pertes subies, les équipages montrent une vaillance et une ténacité splendides.
Deux batteries formées par les groupes Schneider reprennent l'attaque en fin d'après-midi et, par un feu nourri, nettoient les mitrailleuses ennemies qui défendent les lisières du bois de l’Araignée, qu'elles livrent à notre infanterie. Le 29 septembre, la compagnie 306, sur le bois des Épines, la compagnie 308 sur le bois des Singes, une batterie du 9e groupe sur le bois de Brünnenwald, appuient avec succès l'attaque de notre infanterie. La résistance de l'ennemi est acharnée ; il faut pour la briser tout l'esprit d'héroïque abnégation des équipages.
Parmi tous ceux qui se distinguèrent au cours de cette journée, il faut citer le Brigadier Besset, qui, arrivé sur l'objectif, sortit de son char et, mettant revolver au poing, fit à lui seul prisonniers vingt fantassins allemands constituant la garnison d'un centre de résistance dont les feux arrêtaient la progression de notre infanterie. Il fut pour ce fait décoré de la médaille militaire sur le champ de bataille.
Le même jour, le Sous-lieutenant Pollet, de la compagnie 306, qui, durant les journées précédentes, a attaqué avec sa section jusqu'à la limite de ses forces, ramène, sous une pluie de balles, un char renversé à quelques mètres de l'ennemi ; son intrépide bravoure est récompensée par la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
Le 30 septembre, les unités du 501e sont placées en réserve d'armée pour se reconstituer sur place et se préparer à reprendre la lutte. Les quatre jours le combats ininterrompus les ont particulièrement éprouvées, surtout en officiers et gradés.
Le 2e B.C.L. a perdu six Lieutenants chefs de section sur neuf.
Le 3e B.C.L. a perdu huit Lieutenants chefs de section sur neuf.
Les Lieutenants Lachaud et Larousse ont été tués. Le Lieutenant Lachaud aussi adoré de ses hommes qu'aimé et estimé de ses chefs, était le modèle de la bravoure simple et calme, de la conscience la plus absolue dans l'accomplissement de tous ses devoirs, aussi bien sur le champ de bataille, où ses actions d'éclat lui avaient valu, à la suite des combats de juillet, la croix de la Légion d'honneur, que dans le service journalier, où il s'occupait de ses hommes et veillait à la mise en état de son matériel avec un zèle inlassable.
Pour combler ces nombreux vides, le Lieutenant-colonel commandant le Régiment préleva sur le 1er groupement, qui avait plus souffert dans ses appareils que dans son personnel, les cadres nécessaires pour reformer les bataillons de chars légers à deux sections au moins par compagnie.
Cet épisode montre, avec la nécessité de l'enrégimentement des compagnies et bataillons, celle d'une parfaite camaraderie de tous les officiers et hommes d'un même régiment.
Pour un chef, combattre avec des hommes qu'il a formés et instruits ; pour un soldat, aller au feu sous les ordres d'officiers qu'il a appris à connaître et à apprécier, est une chose sinon facile, du moins naturelle et satisfaisante. Mais, et surtout dans une arme comme les chars blindés, où la tactique de combat est encore toute récente et où la manière de préparer et de conduire un engagement signifie le succès ou l'échec complet, prendre le commandement d'une unité en pleine bataille ou aller à l'assaut sous les ordres d'un chef arrivé la veille exige des officiers et des hommes une confiance et un esprit de dévouement peu communs.
C'est ici que se montre la belle vertu de l'esprit de corps, cette communauté d'instruction et de pensée, cette affection qui doit réunir tous les officiers et hommes d'un même régiment. C'est ce seul lien, tout moral, existant entre les équipages bien réduits des unités de chars légers et les officiers des groupes Schneider qui en prirent le commandement entre deux combats, qui a permis aux unités du 501e de poursuivre leur tâche jusqu'à achèvement.
Dès le 3 octobre, en effet, les 2e et 3e B.C.L., formant douze sections, soutiennent l'attaque de la 2e division d'infanterie américaine. L'objectif est la crête Blanc-Mont, Médéah, Orfeuil. L'attaque progresse très rapidement, les objectifs sont atteints et dépassés, l'avance obtenue en fin de journée est de plus de 3 kilomètres. C'est au cours de ce rude combat que les Capitaines de Guiroye et Bertrand, le Médecin-major Cormier trouvèrent une mort glorieuse.
Le 6 octobre, les 2e et 3e B.C.L. reçoivent l'ordre d'appuyer l'attaque de la 78e brigade américaine en direction de Machault, la route de Saint-Étienne à Orfeuil constituant la base de départ. Dans la nuit, les deux bataillons gagnent leur position d'attente au bois de la Vipère. Le 8, à 5 heures 15, les 2e et 3e B.C.L. se portent à l'attaque dans l'ordre suivant, de gauche à droite : 305, 304, 306, 307 et 308 (309 en soutien), soutien), unités appuyant toute l'attaque du 142e R.I.U.S. sur les lisières du village de Saint-Étienne à Arne et ayant pour mission de réduire les centres de résistance situés au nord et au nord-est des sources de l'Arne.
Dès le début de l'attaque, les chars sont pris sous un tir de barrage extrêmement violent. Les Sous-lieutenants Friboulet et Whiteley sont tués. Malgré les pertes subies, les unités d'A.S. continuent l'attaque ; mais l'infanterie américaine, qui n'a jamais combattu avec les chars, ne suit pas. Certaines unités, ignorant que les chars français doivent les soutenir, tirent sur une section de la compagnie 306.
Ce sera le dernier engagement du 501e dans cette bataille.
La ligne ennemie est maintenant rompue par cet effort persistant de quinze jours, Le personnel a continué à combattre jusqu'à l'extrême épuisement ; les bataillons de chars légers ont perdu 60 pour 100 de leurs équipages et un chiffre d'officiers supérieur à leur effectif en raison du recomplètement opéré en cours de bataille.
C'est grâce à cet esprit de sacrifice, poussé à l'extrême limite de l'abnégation, à cette volonté de se maintenir sur le champ de bataille jusqu'à ce que le résultat ait été assuré, que la victoire a été acquise.
Du 26 septembre au 8 octobre, le 501e a apporté l'appui victorieux de ses chars à 6 divisions d'infanterie successivement épuisées. Il quitte le champ de bataille de Champagne, sa mission entièrement achevée.
V. Engagements des Flandres.
Le 22 septembre, l'A.S. 302 et, le 27 septembre, l'A.S. 301, s'embarquent à destination du front des Flandres.
Le 3 octobre, l'A.S. 301, appuyant le 152e R.I. et le 133e R.I., attaque au sud d'Hooglede et permet, malgré un terrain difficile, une progression d'environ deux kilomètres.
C'est dans ce combat que le Lieutenant Vecten est tué à la tête de sa section.
Le 4, l'attaque est reprise dans les mêmes conditions : l'ennemi résiste avec acharnement. Mais, pour rompre définitivement la résistance allemande en Belgique, le groupe d'armée des Flandres, sous le commandement du roi Albert, se prépare à une puissante offensive à entamer au milieu d'octobre.
Le plan d'opérations projetées pour l'armée française des Flandres comporte une attaque sur le front compris entre Roulers et Luckock. Le dispositif d'attaque est le suivant, du nord au sud : la 70e et la 77e D.I. du 34e C.A., les 5e et 41e D.I. du 7e C.A.
Le 1er B.C.L. (Commandant Goubernard), le 12e B.C.L. (Commandant Chaigneau) et le 12e groupement Saint-Chamond (Commandant Azais) constituent l'A.S. de l'armée des Flandres sous le commandement du Lieutenant-colonel commandant le 501e.
Le 1er B.C.L. attaque avec le 7e C.A. ; le 12e B.C.L. et le 12e groupement avec le 34e C.A.
L'attaque est déclenchée le 14 octobre à 5 heures 22 avec large emploi d'obus fumigènes.
La compagnie 335 enlève rapidement et brillamment Gaite Saint-Joseph. La compagnie 336 encercle Hooglede et atteint les lisières de Gitsberg.
Le 1er B.C.L. progresse avec le 144e R.I. ; mais, en raison de l'arrêt du 159e à sa gauche, il est pris de flanc des hauteurs de Bellevue et subit de fortes pertes. Néanmoins, il poursuit l'attaque et permet à l'infanterie d'atteindre ses objectifs. En fin de journée, nous avons atteint Wynendaele et Beveren. Les pertes causées par les canons anti-chars sont considérables ; la plupart des sections ont perdu trois chars sur cinq. Le 16, le 1er B.C.L., ayant pu reformer deux sections en état de combattre, ces deux sections appuient l'attaque du 74e R.I. sur Beveren, aident à enlever le village, détruisent de nombreuses mitrailleuses, un canon anti-chars, et permettent à l'infanterie de progresser jusqu'à Bergmolen.
La journée du 17 marque la complète rupture du front ; l'ennemi est en pleine retraite, la poursuite commence. La 1ère section de la compagnie 302 précède, dans sa progression, le 5e R.I., d'Ardoye aux limites de Thielt. Prise à partie par un canon, cette section perd trois chars. Le 18, deux sections de la compagnie 302 attaquent la lisière ouest de Thielt et permettent la prise du moulin.
Le 19, l'ennemi se retire au delà de la Lys. Le 1er B.C.L., épuisé, est retiré du front et envoyé se reformer à Apremont.
Il quitte le sol des Flandres après avoir encore une fois bien rempli sa tâche. Surmontant les difficultés d'un terrain peu favorable à l'emploi des chars, brisant la résistance opiniâtre de l'ennemi prévenu qui disposait de nombreux canons à tir rapproché dissimulés dans les multiples fermes isolées de ce pays, le 1er bataillon apporta à l'infanterie du 7e Corps un concours toujours renouvelé, qui permit de rompre les dernières résistances opposées à nos armes victorieuses.
VI. - Armée d'Orient.
La 3e compagnie du 1er bataillon, commandée par le capitaine GAILLET envoyée en Orient, débarque à Salonique le 4 octobre, puis est dirigée sur Odessa, où elle arrive le 5 janvier 1919.
Le 6 février, la section Marchai, prend part à une opération de nettoyage à Tiraspol, sur la frontière roumaine, soutenue par un bataillon du 1er R.M.A. et une compagnie polonaise ; l'opération réussit complètement. Le 7 mars, la section Bertrand, attaquée à Vassilinovo par les Gardes Rouges, les repousse en leur faisant subir des pertes sérieuses. Cette même section, renforcée par deux bataillons helléniques, est cernée, le 17 mars, dans Beresofka par des forces très supérieures et a sa ligne de retraite presque complètement coupée. Devant l'impossibilité matérielle de ramener ses chars en arrière et sur un ordre formel du colonel commandant le détachement allié, le Lieutenant Bertrand met son matériel hors d'usage et parvient à se frayer un passage en ramenant son personnel au complet.
Obligée d'évacuer Odessa, la compagnie 303 embarque le 6 avril et rentre à Marseille le 13 mai. Pendant cette période de 8 mois, par sa belle tenue, son dévouement et son esprit de discipline, cette compagnie du 501e n'a mérité que des éloges de la part de tous les chefs sous lesquels elle a servi.
Telle est à grands traits l'histoire du 501e au cours de la guerre. Le Régiment a participé à toutes les grandes opérations de la dernière année de la campagne :
a) L'arrêt de la puissante offensive allemande de fin mai, où l'intervention des bataillons du 501e, en une série de combats qui se prolongent jusqu'à la fin de juin, met un terme définitif à la menace sur Paris et amorce la reprise de l'offensive. l'offensive.
b) La bataille du 18 juillet, qui entame la chute de la puissance militaire de l'Allemagne et qui est la grande victoire de l'A.S. française.
c) L'offensive de Champagne, où, appuyant l'infanterie du 20e corps, le 501e tient constamment le centre du front d'attaque, marquant chaque jour une nouvelle avance et, au prix de sacrifices extrêmes, disloque définitivement la ligne allemande.
d) L'offensive d'octobre en Flandre, dernière grande opération de la campagne, qui sonne l'hallali courant de la bête allemande aux abois.
Cette énumération suffit à montrer la part prise par le Régiment dans la conquête de la victoire ; partout le succès a couronné les efforts de nos équipages. Mais ce qu'il importe de répéter, c'est que ce grand résultat n'a été obtenu par les unités qu'au prix d'efforts inlassables et de sacrifices presque inégalés, que nos cadres et nos équipages l'ont payé de leur sang et au prix fort. Gardons pieusement le souvenir de ceux qui sont tombés ; c'est à leur héroïsme, à leur complet esprit de sacrifice que nous devons la gloire du succès et le salut de la France.
CITATIONS OBTENUES PAR LE 501e REGIMENT D'ARTILLERIE D'ASSAUT
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 301, 302, 303).
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 307, 308, 309).
LE 2e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 304, 305, 306).
(Villers-Cotterets. - Juin 1918.)
Sous le commandement supérieur du Commandant Velpry ont mené, au cours du mois de juin dernier, douze attaques qui, après avoir brisé les tentatives d'un ennemi nombreux et enhardi par de récents succès, ont entraîné maintes fois notre infanterie au cœur des lignes ennemies.
(Ordre n° 147331 D » du G.Q.G., du 21 mars 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Cutry. – 28 juin 1918.)
Les Compagnies 307, 308 et 309, énergiquement conduites par les Capitaines de Guiroye, Bertrand et Clermont, ont pris une part brillante et efficace à l'attaque du 21 juin 1918, malgré les plus grandes difficultés : franchissement de ruisseau, ruisseau, abrupt, tir précis et réglé de l'ennemi sur les chars. Malgré des pertes sévères en personnel et matériel, ont conservé jusqu'au bout leur ardeur combative et fait preuve des plus belles qualités guerrières.
(Ordre de la Xe Armée, n° 9371 « D », du 9 octobre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
Unité d'élite, toujours prête à s'acquitter avec entrain des missions les plus difficiles, se reconstituant rapidement après le combat pour être prête à de nouveaux efforts. Entraînée par la bravoure de son chef, le Commandant Goubernard, elle s'est particulièrement distinguée le 18, le 21 et le 23 juillet 1918, réalisant chaque fois une progression importante, reprenant, inlassablement le combat pour repousser toutes les contre-attaques de l'ennemi.
(Ordre n° 10866 du G.Q.G., en date du 7 octobre 1918, à l'ordre de la Xe Armée.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Au cours des opérations offensives à l'est de la forêt de Retz, du 19 au 24 juillet 1918, le 3e B.C.L., sous l'impulsion éclairée et énergique de son chef le Commandant Peraldi, a participé à toutes les attaques exécutées par plusieurs Divisions. Malgré ses pertes, la fatigue de ses équipages et l'usure de son matériel, a toujours réclamé son poste d'honneur auprès de l'infanterie, qu'il a puissamment aidée à la conquête d'objectifs opiniâtrement défendus par l'ennemi. A fait preuve d'un cran, d'une initiative manœuvrière, au mépris du danger et d'un esprit de sacrifice qui ont définitivement réalisé sur le champ de bataille la liaison morale et l'estime réciproque des deux armes.
(Ordre de la Xe Armée n° 342, du 11 octobre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 2e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 304, 305 et 306.)
Brillante unité de combat qui, sous l'entraînement de son chef, le Capitaine Vigneron, a montré, pendant les combats du 25 au 30 septembre 1918, en Champagne, le plus magnifique esprit de courage, d'abnégation et d'endurance.
Après avoir, pendant les journées du 20 au 30 septembre, ouvert à l'infanterie de deux Divisions successives une brèche profonde de 6 kilomètres, dans des positions que l'ennemi défendait avec acharnement, a, malgré les pertes subies et l'extrême fatigue du personnel et du matériel, repris le combat le 3 octobre avec une nouvelle Division dont elle a précédé l'attaque pendant plus de 3 kilomètres ; s'est reconstituée sur place et a pris de nouveau une part glorieuse aux opérations du 8 octobre.
(Ordre n° 13744 « D », du 22 février 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501eR.A.S. (Cies 307, 308 et 309.)
(Champagne. - Septembre et octobre 1918.)
Magnifique unité de combat qui, sous l'énergique impulsion de son chef, le Commandant Fischbach, a pris une part glorieuse aux journées des 26 au 30 septembre 1918, frayant le chemin sur plus de 6 kilomètres de profondeur à l'infanterie de deux Divisions successives, malgré l'âpre résistance de l'ennemi et de nombreuses contre-attaques. Après l'épreuve de ces dures premières journées de lutte, a reconstitué, avec des cadres improvisés, ses unités de combat et, le 3 octobre, a repris sa place dans la bataille, pour entraîner à l'attaque pendant plus de 3 kilomètres l'infanterie d'une nouvelle Division, par une action brillante qui lui a mérité les remerciements élogieux de cette grande unité. Oubliant ses fatigues et ses pertes, a, le 3 octobre, repris une fois encore le combat avec les troupes d'une quatrième Division, se donnant tout entière avec un admirable esprit de bravoure et d'abnégation.
(Ordre n° 22126 du Maréchal Commandant en chef, du 13 janvier 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Hooglede. - Roulers. - Luckoock. - Octobre 1918.)
Sous les ordres du Commandant Goubernard, comprenant la 301e Compagnie sous les ordres du Capitaine CAMUS, la 302e Compagnie sous les ordres du Lieutenant James : Superbe Unité qui a fait preuve, en toute occasion, d'un entrain, d'une capacité manoeuvrière et d'un esprit de sacrifice au-dessus de tout éloge.
Les 3 et 4 octobre 1918, malgré le mauvais temps et l'état déplorable du terrain, a réussi à appuyer efficacement l'attaque de l'infanterie sur la position des Flandres. Bien qu'ayant subi des pertes sévères, s'est reconstituée assez rapidement pour pouvoir donner à l'infanterie, sans interruption pendant six jours consécutifs, du 14 au 20 octobre, l'appui de ses chars, le personnel fournissant un effort extraordinaire de nuit et de jour.
A provoqué à plusieurs reprises, par les actes de bravoure de son personnel et la liaison intime établie avec les camarades de l'infanterie, l'enthousiasme et les témoignages de gratitude de ceux-ci.
(Ordre n° 46870 du Maréchal Commandant en chef, du 30 novembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE GROUPEMENT III (Groupes AS-1, AS-6, AS-15) DU 501e R.A.S.
(Contre-attaque de Méry. - 11 juin 1918.)
Bouillant d'impatience, a contre-attaqué avec une fougue, digne des vieilles traditions françaises. Malgré un feu très violent d'artillerie ennemie, qui a, dès le début de l'action, mis hors de combat un grand nombre de ses chars, a continué la lutte jusqu'au soir ; l'a reprise le surlendemain avec des unités reconstituées et des équipages exténués, se dévouant ainsi jusqu'à l'extrême limite de ses forces au service de l'infanterie.
(Ordre de la Xe Armée n° 341, du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LA 1ère SECTION DE LA COMPAGNIE 305 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Le Général de division Mangin cite à l'Ordre de la Xe Armée LA 1ère SECTION DE LA COMPAGNIE 305, commandée par le Sous-Lieutenant Bejanin.
Ayant, au cours de sa marche d'approche, perdu deux chars, a engagé résolument le combat avec trois chars restants ; l'a continué, malgré la mise hors de combat successive de ses trois chefs de chars, jusqu'au moment où le dernier resté valide a été grièvement blessé dans les lignes ennemies sur l'objectif qu'il avait à conquérir.(Ordre n° 342 de la Xe Armée, en date du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE 305 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Le Général de division Mangin cite à l'ordre de la Xe Armée LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE DE CHARS 305, commandée par le Sous-Lieutenant Tracou : Amenée à s'engager seule par suite de retards dans l'arrivée des sections voisines, s'est dépensée avec la plus complète abnégation pour prendre à son compte la mission des sections retardées ; bien que suivie par un tir ennemi de gros calibre, est revenue à la charge sans relâche jusqu'au moment où l'infanterie l'a définitivement libérée, sa mission terminée.
(Ordre n° 342 de la Xe Armée, du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE GROUPEMENT III DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - Juillet 1918.)
Sous les ordres du Chef d'escadron Lefebvre, les Groupes de chars d'assaut nos A.S.1, A.S.6, A.S.15, constituant le Groupement III d'A.S., se sont couverts de gloire dans les journées des 18, 19, 20 et 21 juillet 1918. Après avoir aidé l'infanterie à triompher de toutes les difficultés et de toutes les résistances, à travers une contrée coupée de tranchées et de ravins profonds, ont attaqué une position hérissée de mitrailleuses, en écrasant ou détruisant un grand nombre, et ne se retirant de l'action qu'après la mise hors de combat de la plus grande partie de leurs équipages.
(Ordre de la Xe Armée du Général en chef, du 22 août 1918.)
A L'ORDRE DU Ier CORPS D'ARMÉE
LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Forêt de Villers-Cotterets. - 3, 4, 5 juin 1918.)
Le 1er Bataillon de chars légers du 501e R.A.S., commandé par le Chef de bataillon Goubernard, a, dans les journées du 3, 4 et 5 juin 1918, contribué largement à arrêter l'ennemi à la lisière d'une forêt, en le rejetant, par des contre-attaques incessantes, des points où il avait pris pied. S'est dépensé sans compter avec un entrain et une bravoure exemplaires, tant dans le combat que pour ramener dans nos lignes les chars restés sur le terrain et, sous le bombardement, remettre le matériel en état de reprendre la lutte.
(Ordre général n° 49 «R» du 1er C.A., du 8 juin 1918.)
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA COMPAGNIE AS.303 DU 501e R.A.S.
(Coeuvres et Valsery. - 15 juin 1918.)
Sous le commandement du Capitaine Gaillet, chargée le 15 juin 1918 d'appuyer une attaque d'infanterie dans un terrain extrêmement difficile et battu par l'artillerie ennemie, s'est parfaitement acquittée de sa mission, causant à l'ennemi des pertes importantes et permettant à l'infanterie d'occuper tous nos objectifs.
Malgré des pertes sensibles en personnel, a travaillé pendant une journée et réussi à remettre en état de marche, sous un feu violent d'artillerie, cinq chars renversés par des obus.
(Ordre de la 153e D.I. n° 123, du 25 juin 1918.)
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA COMPAGNIE 304 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - 19 juillet 1918.)
Le Général Daugan, Commandant la 1ère D.M., cite à l'Ordre de la Division : LA COMPAGNIE DE CHARS 304, commandée par le Lieutenant Jaluzot.
Le 19 juillet 1918, avec un allant superbe et un admirable esprit de sacrifice, a secondé l'attaque d'un Bataillon de première ligne. Malgré un feu très violent de l'artillerie ennemie, a poursuivi l'accomplissement de sa mission jusqu'à la mise hors de service de la plupart des chars.
(Ordre général n° 172, du 15 septembre 1918.)
Le Colonel Bouchez, Commandant p.i. la D.M., cite : A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE 304 DU 501e R.A.S.
Dans l'attaque du 19 juillet 1918, a fait preuve des plus belles qualités guerrières. Sous l'impulsion de son chef, le Sous-Lieutenant de La Plagnole, a aidé puissamment la progression de l'infanterie, malgré les feux d'artillerie violents a atteint ses objectifs, donnant un bel exemple de cohésion et de camaraderie au combat.
(Ordre général n° 147, du G.Q.G., du 29 juillet 1918).
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - 18-20 juillet 1918.)
Le Colonel Commandant p.i. la D.M. cite à l'Ordre de la Division marocaine
LA 3e SECTION, sous le commandement du Sous-Lieutenant Strauss.
Ne faisant qu'un bloc depuis le départ jusqu'au retour, a mené très habilement et très vigoureusement le combat.
A obtenu le maximum de résultats avec le minimum de pertes, détruisant de nombreuses mitrailleuses qui s'opposaient à la marche de l'infanterie.
(Ordre général n° 147, de la 1ère D.M.)
A L'ORDRE DE L'A.S.
LA SECTION DE RÉPARATIONS A.S.106 DU 501e R.A.S.
(Récupération du matériel sur les champs de bataille de Champagne. - Juillet-octobre 1918.)
Au cours de la bataille du 18 juillet et de la bataille de septembre-octobre en Champagne, la S.R.R.106, sous la direction des Lieutenants Bart et Dehan, par un travail acharné et poursuivi dans des circonstances de terrain difficiles et sous des réactions souvent très violentes de l'ennemi, a assuré la récupération de nombreux chars d'assaut et permis ainsi au 501e R.A.S. de présenter au combat des unités rapidement remises en état. Le dévouement de son personnel pour la seule période du 8 au 30 octobre 1918 a permis de récupérer 156 chars d'assaut.
(Ordre n° 185 «P» du Général Commandant les Chars d'assaut, du 17 février 1919.
A L'ORDRE DU RÉGIMENT
LA COMPAGNIE AS301 LA COMPAGNIE AS307 LA COMPAGNIE AS309 DU 501e R.A.S.
(Bois du Plessier, Hartennes et Taux. - 23 juillet 1918.)
Au cours des opérations du …, a coopéré, avec un dévouement absolu et une bravoure incomparable, à l'enlèvement des objectifs donnés au Régiment. Malgré un violent feu de barrage et les pertes cruelles qu'elle a eues, s'est maintenue jusqu'au dernier moment sur la position, provoquant par la bravoure de ses équipages l'admiration de ses camarades d'infanterie.
(Ordre du 201e R.I. n° 830, du 27 juillet 1918.)
A L'ORDRE DU RÉGIMENT
LES 1ère ET 3e SECTIONS DE LA COMPAGNIE 306 DU 501e R.A.S.
(Champagne. - 29 septembre 1918.)
Le Colonel Zop cite à l'Ordre du Régiment :
LES 1ère ET 3e SECTIONS DE LA COMPAGNIE 306.
Pendant les deux combats du 29 septembre 1918, sous le commandement du Sous-Lieutenant Pollet et du Sous-Lieutenant Lestocquoy, ont, par leur marche audacieuse, leur manœuvre habile et leur ténacité, malgré la violente réaction de l'ennemi qui leur a causé des pertes sensibles, prêté un appui très efficace au 116e R.I. en réduisant de nombreux centres de mitrailleuses dans des combats allant jusqu'au corps, à corps.
(Ordre du 8 novembre 1918 du 116e R.I.)
ORDRE N° 139 F
Par Ordre 139 « F », le droit au port de la Fourragère aux couleurs du ruban de la CROIX DE GUERRE est accordé aux COMPAGNIES AS-301 ET AS-302 DU 501e R.A.S. qui ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
ORDRE GÉNÉRAL N° 150 F
Par Ordre 150 « F », le droit au port de la Fourragère est conféré :
1° Aux couleurs du ruban de la MÉDAILLE MILITAIRE : AUX COMPAGNIES 307, 308, 309 DU 501e R.A.S. de Chars Légers, qui ont obtenu quatre Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
2° Aux couleurs du ruban de la CROIX DE GUERRE : AUX COMPAGNIES 303, 304, 305, 306 DU 501e R.A.S. qui ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
DROIT AU PORT DE LA FOURRAGÈRE
ORDRE GÉNÉRAL N° 122 F
Par application des prescriptions de la circulaire N° 2156 « D » du 22 février 1918, le Général Commandant en chef des Armées françaises du Nord et du Nord-Est a décidé que les Unités ci-dessous auront droit au port de la Fourragère :
GROUPE AS-1 GROUPE AS-6 GROUPE AS-15 DU 501e R.A.S.
Ces Unités ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
(G.Q.G., le 3 septembre 1918.) Le Général Commandant en chef Signé : PÉTAIN.