MANGIN n° 418 47e BCC 1ère compagnie
Affecté à la 1ère compagnie du 47e BCC le 28 mars 1940.
Chef de char : Sous-Lieutenant Saly
BATAILLE D'ABBEVILLE
Engagé le 28 mai et atteint par plusieurs obus de gros calibre, le MANGIN est finalement abandonné (chenille cassée) près d'Abbeville le 30 mai 1940.
47e Bataillon de Chars de Combat S.P. 5495
RAPPORT DU SOUS-LIEUTENANT SALY (Char MANGIN 418)
I - COMBAT DU 28 MAI 1940
II - COMPOSITION DE L' EQUIPAGE
Sous-Lieutenant SALY : Chef de Char
Sergent Fontaine : Pilote
Caporal DARIUS : Aide pilote
Chasseur GLAZIOU : Radio
III - SITUATION AVANT L'ENGAGEMENT
a) zone de stationnement - bois de Bienflos - venant de Guizancourt
b) Déplacements avant le combat : Guizancourt - bois de Bienflos
c) Emplacement occupé avant l'attaque : Bois de bienfIos
IV - ORDRES RECUS AVANT L'ATTAQUE
Je suis arrivé 1/2 heure avant l'attaque à Fontaine le Sec. La situation m’a été rapidement exposée par le Capitaine LAUDE. Mais je n'ai reçu aucun ordre relatif à l'horaire, aux objectifs, au regroupement.
V - ORDRES DONNES EN EXÉCUTION DE CEUX RECUS
Rejoindre au plus vite la compagnie pour remplir la mission donnée.
VI - RECONNAISSANCE EFFECTUEES - LIAISONS PRISES : néant
VII - TROUPES APPUYÉES : Chasseurs à pied
VIII - RELATION COMPLETE ET DÉTAILLÉE DE L'ACTION DU CHAR A PARTIR DE L'HEURE H
JUSQU'AU AU MOMENT DU REGROUPEMENT
La première Compagnie s'est portée de Guizancourt à Fontaine le Sec dans la nuit du 27 au 28 Mai 1940. Je n'ai pu faire mouvement que dans la journée du 28 Mai, une panne retenant mon char à Guizancourt (joint de cloche de Naeder à changer).
Je suis arrivé à Fontaine Le Sec le 28 à 16h30 et aussitôt j'ai fait faire les pleins. Pendant cette opération je me suis mis en rapport avec mon Capitaine qui n'a dit "Nous attaquons à 5 heures" Quelques instants après ma compagnie se portait sur sa position de départ. J'ai atteint cette position à 17 h 30. Malgré mes efforts je n'ai pu rejoindre ma Compagnie car je ne connaissais pas sa zone d'action et n'avais aucune carte, j'avais une demie heure de retard sur elle. En suivant les traces de chenilles je suis parvenu sur un plateau (0km800 Nord de Limeux) où j'ai rencontré la troisième compagnie. Ne voyant toujours pas la première et ayant repéré des armes antichars j'ai décidé de ne plus perdre de temps et de combattre à la gauche de la troisième compagnie.
Pendant la progression deux canons pris sous le feu de mes armes ont été détruits.
Arrivé au bas du ravin (2 km Nord de Limeux) j'ai reçu un coup que j'estime être du 105, qui a disloqué le capot de conduite, cassé le volant de direction et détruit complètement les lunettes de pointage du canon de 75 m/m.
Le sergent Fontaine, pilote a été atteint au visage par des éclats de verre provenant de l'épiscope de conduite. Malgré la blessure, le pilote a ramené le char en marche arrière et n'a consenti à se faire évacuer que lorsque l’appareil a été à défilement de tourelle. Il était à ce moment vingt et une heures.
Ne pouvant plus diriger mon appareil, j'ai décidé de le laisser sur place ; cependant craignant un retour offensif de l'ennemi, j'ai passé la nuit dans mon char avec mon équipage. Au petit jour j'ai envoyé mon radio muni d'une fiche de dépannage. La mission était de se rendre à la section d'échelon de la Compagnie. Mais je dois avouer que je n'ai pu lui donner de précisions, je ne savais pas du tout où passait l'axe de ravitaillement et de dépannage de la Compagnie. D'autre part pendant la durée du combat je n'ai pu utiliser la radio, je ne connaissais ni longueur d'onde, ni les conventions qui avaient été faites avant le combat, relatives au code à employer. Cependant mon radio a pu retrouver la section d'échelon. Après avoir changé le volant de direction, mon char a été conduit à Marquenneville. Vu l'état du capot de conduite, l’atelier a décidé de l'évacuer sur le parc.
PERTES SUBIES EN PERSONNEL : néant
PERTES SUBIES EN MATERIEL : 1 cric de 10 tonnes
Nature des détériorations : mentionnées dans mon rapport ci-dessus
NOMS DES BLESSES :
Sergent Fontaine - la blessure étant légère le sergent Fontaine a rejoint la compagnie après avoir été soigné.
CONSOMMATION d'ESSENCE : 160 litres
munitions : Canon de 47 : 14 obus
canon de 75 : 3 obus
mitrailleuse : 300 cartouches
ACTION PARTICULIERS DU PERSONNEL
Je tiens à signaler le courage et le dévouement du sergent FONTAINE qui malgré sa blessure n'a consenti à se faire évacuer que lorsque son char a été en sécurité.
Le 3 JUIN 1940
Le Chef de Char
SALY