JOURNAL DE MARCHE DU

2e ESCADRON DU RBFM

RÉGIMENT BLINDE DE FUSILIERS MARINS

 

D'après le document original remis en 1945 par l'Auteur à Mme Christiane Lehuédé-Ruchard (Marraine du T.D "Epervier", de l' A.M "Aigle" et de la Jeep "Alouette") & transmetteur Olivier Rebours.
Retranscrit par Antoine Misner

 

NORMANDIE

 NUIT DU 2 au 3 AOUT 1944
1H30 Les L.C.T. et L.S.T. qui nous transportent s'échouent sur une plage française près de Sainte-Mère-l'Eglise.
Regroupement du Régiment à Lastelle, près de La Haye du Puits.

6 AOUT
Fait mouvement par l'itinéraire Lastelle, Périers, Coutances, La Haye Fresnel, Avranches, Ducey, Saint-Laurent de Terregate (bivouac).

8 et 9 AOUT
Fait mouvement par l'itinéraire :
Saint-Aubin, Saint-Laurent, Saint-James, Autrain, Saint-Aubin du Cormier, Vitré, Argentré du Plessis, Cuillé, Cossé-le-Viviers, Grelaines, Château-Gonthier, Bouessoy, Sablé.
Alertes aériennes pendant la nuit. Elles ne sont pas pour nous.

10 AOUT
Le 2e Escadron franchit la Sarthe sur un pont de bateaux. Passe la nuit à Souligné aux ordres du G.T.V.

11 AOUT
Au matin, amputé du 2e Peloton, le 2e Escadron est mis aux ordres du Sous-Groupement Warabiot. Notre but est Alençon. La route est longue, sinueuse et poussiéreuse à souhait. Il y a de fréquents arrêts. Alerte dans l'après-midi. Des blindés Allemands sont signalés aux environs. Dispositions de combat et on s'arrête une fois de plus. Naturellement quand la nuit est venue, il faut changer de mouillage et aller former le hérisson près d'un village nommé Coulombiers. Nuit calme.
Pendant ce temps, le 2e Peloton qui nous a quitté le matin pour suivre le Sous-Groupement Putz a progressé sur l'axe Montbizot, Beaumont, La Hutte. La Hutte, carrefour de grandes routes, est encore jonchée des débris du combat qu'y a livré le G.T.D. Le 2e peloton passe une nuit nerveuse, des maisons brûlent, un Sherman achève de cramer ; vers minuit bombardement par 88 et mortiers. Pas un blessé.

12 AOUT
L'Escadron entier se regroupe au petit matin. Il quitte le G.T.V. pour se mettre aux ordres du Lieutenant Colonel Roumiantzoff (G.T.R.). La route est pleine des cadavres de la veille : des chars Allemands, des chars Français, face à face, et parfois à quarante mètres les uns des autres.
Arrivée à Chamfleur, la colonne Roum fait route sur le kilomètre 9 de la route Alençon-Mamers. Nous traversons la forêt de Parseigne par Ancinnes et St-Rigomer des Bois. Le 1er peloton est à l'avant-garde, en soutien des chars légers.
Il ne se passe rien pour lui. Le kilomètre 9 est atteint sans encombre, mais il est trop tard, 16 chars allemands ont emprunté la route 1 heure avant notre arrivée.
Par contre, les 2e et 3e pelotons ont une fortune moins bonne. La route est sinueuse, pleine de poussière. Ils s'égarent un peu, mais rejoindront. Vers 11 heures l'Aspirant Maymil arrive en jeep, en précurseur. Il vient d'apprendre que la forêt de Parseigne va être bombardée par avion, nous sommes en plein dans la bomb-line. Le Colonel Roumiantzoff décide de gagner Alençon. C'est alors une jolie course, sur une route droite, mais jonchée de débris. A midi juste, nous arrivons à l'entrée d'Alençon. Heureusement le bombing est repoussé d'une heure, et nous n'en verrons rien.
Dans l'après-midi, le groupement Roum quitte Alençon par la G.C. 26, avec mission de traverser la forêt d'Ecouves. Le 1er peloton est en avant garde, avec les chars légers.
Le travail ne semble pas simple. A 1 kilomètre de la forêt, trois Sherman et 1 char léger américains flambent.
L'avant-garde de chars légers des Spahis s'enfonce dans la forêt par une route étroite et encaissée, et appuyée par le "Léopard" et le "Lynx". Le char léger de tête est allumé à un virage par un Tiger à l'affut. Le "Léopard" masqué ne peut répondre. La colonne s'arrête.
Entre temps le "Lynx" aperçoit dans un chemin latéral une auto blindée qui se sauve. Manivel essaie de la tirer au canon de son char en marche. Naturellement il la manque. César, revolver au poing, poursuit les boches en courant ; il s'essouffle rapidement et rentre bredouille.
Comme la nuit s'approche, et que la route est barrée, tout le monde reçoit l'ordre de se replier à la ferme des Gatets, à l'entrée de la forêt. Il y a là un embouteillage terrible de véhicules de toutes sortes, chars légers, moyens, destroyers, half-tracks d'infanterie. La densité de canons est colossale. Les T.D. se chargent évidemment de la défense contre blindés face à la forêt.
Le "Lynx" est à l'extrême pointe, les autres sur l'arrière, à droite et à gauche. La nuit vient. Une autre attaque est possible et il importe d'être vigilants. En effet, et le danger peut venir de l'arrière. Quatre camions de ravitaillement de l'artillerie franchissent le dispositif et se dirigent vers l'ennemi sans demander aucun renseignement. Deux peuvent être rattrapés en jeep, les deux autres continuent à fond de train. On entend deux coups de canon, puis plus rien. Le Tiger à l'affût ne les a pas manqués. Et il n'y a rien à faire.
Il est décidé de mettre un char en travers de la route, pour éviter qu'un pareil incident ne se reproduise et bien que cette solution n'enchante personne. C'est l'"Albatros" qui est désigné.
Pour calmer les gens d'en face, un tir d'artillerie massue est déclenché sur les lisières. Il dure un quart d'heure et rassérène tout le monde.

LA NUIT DU 12 au 13 AOUT
Et la nuit commence. Près du "Lynx" est installé un petit poste de surveillance, dans les fossés, avec mitrailleuse et Bazooka. A droite et à gauche, des Spahis, des chars, de l'infanterie.
Première alerte vers minuit, aérienne. Des avions allemands passent à très basse altitude. Ils lancent des fusées éclairantes. On y voit comme en plein jour.
C'est très désagréable, chacun a l'impression d'être pris sous un projecteur et de n'y pouvoir rien. Mais le bombardement n'est pas pour nous. Les bombes tombent à 3 ou 4 km derrière et sur Alençon. L'"Albatros" est déplacé de sa position encombrante sur la route, car il est trop visible de la forêt.
Et le calme revient. Vers 1h30 du matin, la forêt s'anime. On entend des bruits de moteurs, qui se précisent bientôt. C'est un char en marche et qui se rapproche. On distingue le grincement des chenilles d'acier et les changements de vitesse. Il n'y a bientôt plus aucun doute, le char se dirige vers nous.
Au bout d'un grand moment, il est sur le bout de route droite dont nous tenons l'autre extrémité. 400 mètres nous séparent de lui, et deux pauvres rangées de mines posées à la nuit. On ne distingue rien, il fait très noir. Tout le monde est prêt, les chars aux postes de combat, le bazooka chargé. Et brusquement le char allemand s'arrête, on n'entend plus que le ronronnement du moteur ; et enfin un bruit de voix tout près, de l'autre côté des mines. Les Allemands viennent de mettre pied à terre. Le Lieutenant de Vaisseau Guillon commande à mi voix "Feu". Le "Lynx" tire, au jugé, dans l'axe de la toute. Une grande lueur, beaucoup de poussière, puis un silence total. Rien ne se passe en face.
Au bout d'un quart d'heure, on croit distinguer un cliquetis de chenilles. Il semble que le char s'éloigne, mais de nombreux bruits de moteurs qui se lèvent dans la forêt rendent illusoire toute écoute. Et pour corser la scène, une maison abandonnée située à 300 mètres sur l'avant se met à flamber, les tuiles tombent en averse. Nous ne saurons jamais qui a mis le feu, si ce sont les Allemands, ou le ricochet du projectile du "Lynx".
Quand le jour arrive, les bruits de moteurs se sont éloignés. Quelques prisonniers se présentent à notre avant-poste. Et nous avons le plaisir de recueillir quatre artilleurs légèrement blessés, rescapés des camions de la veille ; ils ont passé la nuit dans les lignes allemandes et ont réussi à se faufiler au petit jour.

HISTOIRE DU "SOUFFLEUR". Le "Souffleur", en panne, puis dépanné par Le Dé, fait route isolément sur Sées pour essayer de rejoindre l'Escadron. Mal renseigné, perdu au milieu d'américains, le Second Maître Le Goff décide de passer la nuit, bien isolé, dans une ferme. Il descend de son char pour le guider, puis se retourne à temps pour capturer 12 boches qui se laissent docilement faire prisonnier.

13 AOUT
Départ au matin pour traverser la forêt d'Ecouves. Il n'y a pas d'incident. Les Panzer ont évacué dans la nuit, et vers 10 heures la colonne Roum fait sa jonction à la Croix de Medavi avec le sous-groupement Putz venant du Nord. Nous occupons Tanville.
Le 3e peloton resté en arrière garde à la ferme des Galets, nous rallie. La route est mal balisée, le Premier Maître Le Menn en jeep, et Montesinos, sur sa moto, sont envoyés par l'Enseigne de Vaisseau Barnaud reconnaître une route. C'est l'embuscade. Des Allemands se lèvent, bras en l'air, font le simulacre de se rendre, et aussitôt une mitrailleuse ouvre le feu. Montesinos reste sur le terrain. Son corps ne sera retrouvé que 10 jours plus tard. La jeep réussit à rentrer, criblée de balles. Une patrouille de chars légers est immédiatement envoyée pour nettoyer les lieux ; elle est durement engagée par un antichar qui se dévoile au dernier moment ; le char de tête prend feu ; la patrouille reçoit ordre de rentrer.

OPÉRATIONS SUR CARROUGES. - Vers midi, le groupement Roum renforcé du peloton de protection du Général se dirige vers Carouges. Le peloton de tête perd deux chars moyens. L'Aspirant Royer réussit à mettre son groupe de T.D. en position. Après quelques difficultés, le "Léopard" tire un Pz IV à près de 2000 mètres. Le résultat n'est connu que le soir par l'observation aérienne. Le Pz IV a été démoli, et a été mis en flammes par un violent tir d'artillerie déclenché aussitôt après.
Enfin le "Lynx" voit, tire et manque 2 autos blindées dans un chemin de traverse.
Pendant ce temps le reste de l'Escadron et les chars légers balayent au canon et à la mitrailleuse les lisières qui bordent la route.
Vers 13 heures l'opération sur Carouges est arrêtée.

OPÉRATIONS SUR ARGENTAN. - Le 3e peloton ayant rallié le Q.G. du Général pour en effectuer la D.C.B., le reste de l'Escadron est divisé en 2 parties.
Le 2e peloton aux ordres du Capitaine Martin (R.M.S.M.) fait la flanc garde gauche, et doit gagner Boucé par l'itinéraire Montmerrei, Francheville, Boucé.
Le reste de l'Escadron, au gros du groupement Roum, doit occuper Argentan en passant par Mortrée.
Le gros arrive vers 16h30 devant Argentan. 3 Sherman et 1 char léger américains flambent devant le passage à niveau. L'encombrement sur la route est terrible. Les boches commencent à arroser au mortier. Brunet est légèrement blessé. Une reconnaissance à pied dans les premières maisons d'Argentan est faite par le Lieutenant de Vaisseau Guillon, l'Enseigne de Vaisseau Hinden accompagnés de Riot. Rien à signaler, si ce n'est un antichar caché au fond de la rue et qui manifeste sa présence par un coup de canon qui va éclater dans la gare.
Pendant que les fantassins de la 10e compagnie du R.M.T. gagnent la ville par les jardins, la colonne se regroupe à 1 km de là. On se dispose à passer la nuit quand arrive soudainement l'ordre de se préparer à entrer dans Argentan, occupée par les fantassins. Il est 19 heures. En tête, les chars légers du Lieutenant Le Goasguen, appuyé par les T.D. du 1er peloton, puis l'Etat-Major du groupement, les véhicules de l'Escadron derrière, la foule des ambulances, camions, etc...
Nous franchissons le passage à niveau, puis la colonne pénètre dans Argentan. La rue se termine par une espèce de cul-de-sac avec deux rues latérales. A 400 mètres, le char de tête est touché par un anti-char masqué dans les maisons. Il brûle. Le Half-Track qui le suit subit le même sort. La fumée, les flammes, la poussière, empêchent de voir devant.
Le "Lynx" tire au jugé 3 coups de canon sur l'origine des lueurs, et s'embosse, l'arrière dans une cour. Et comme on ne sait pas trop ce qui se passe ou va se passer, tout le monde reçoit l'ordre de faire demi-tour. Cela ne va pas sans peine. Les chars rentrent. Le "Léopard" a reçu un coup d'anti-char sur l'avant qui a ricoché en crevant la nourrice d'huile de réserve. Il ressemble à un phoque luisant d'eau, et l'équipage de Dantec n'a plus un poil sec. Le "Lion" a été touché lui aussi, il a commencé à cramer. Il a été abandonné par son équipage qui rentre à pied. Manque le "Lynx", empêtré dans sa maison et qui n'a pas reçu l'ordre de repli, l'Aspirant Royer, qui a quitté sa jeep depuis le début de l'engagement, arrive bon dernier. Il est furieux, demande des renforts et repart, accompagné de 3 chars légers de Le Goasguen pour ramener le "Lynx". La chose se passe bien.
Au moment où tout le monde a enfin franchi en sens inverse le passage à niveau, on s'aperçoit que l'Aspirant Royer et le Lieutenant Le Goasguen sont absents.
Renseignements pris, ils seraient restés dans Argentan pour voir ce qui s'y passe. Une heure passe, sans aucune nouvelle d'eux. Et brusquement dans un nuage de poussière, le "Lion" sort d'Argentan. L'Aspirant Royer est aux commandes, le Lieutenant Le Goasguen fume la pipe dans la tourelle.
L'incendie s'étant éteint de lui-même, ils ont tiré ce qui restait de munitions, remis les moteurs en marche, et ramené le char sans encombres. Inutile de dire que leur arrivée fait sensation. Cependant, le char est à changer.
L'affaire d'Argentan est abandonnée pour la journée. Tout le monde se regroupe, de part et d'autre de la route. Nous occupons un petit verger. Nous ne sommes pas trop serrés. Et soudain une avalanche de 88. Il en arrive bien une soixantaine, et cela s'arrête aussi vite que ça commence. Pas un blessé, pas un véhicule touché. Un miracle.
Le Colonel Roumiantzoff trouvant la place mauvaise et trop aux vues fait reculer le groupement de 2 kilomètres. La nuit sera calme, bien que passée sur le qui-vive. L'endroit s'appelle Mauvaiseville.

OPÉRATIONS DE BOUCE. - Pendant ce temps le 2e peloton est arrivé sans encombre à Boucé avec le détachement du Capitaine Martin. Il s'y installe en point d'appui fermé.
TROISIÈME PELOTON : Est mis aux ordres du G.T.V. en fin d'après-midi et rallie Ecouché où il participe à la D.C.B.

14 AOUT
Reste en alerte à Mauvaiseville, comme la veille.
Dans la journée le "Léopard" et le "Lion" prennent à partie, à 3000 mètres, deux observatoires ennemis d'Argentan. Un clocher qui résiste longtemps, un château d'eau qui s'écroule au 3e coup de canon.
Le groupe de Commandement de l'Escadron, effectue la liaison avec Boucé, escorté de 3 chars légers. La route n'est pas sûre ; et effectivement à 2 km de Boucé, les chars légers aperçoivent un char Panther à 400 mètres à gauche de la route. Le char semble inoccupé, mais intact. Et effectivement on aperçoit des Allemands à proximité. Sans attendre les chars légers ouvrent le Feu. Ils tirent environ 60 coups de 37 et réussissent à allumer le char Boche. Pendant ce temps le Canard et les autres véhicules battent les lisières à la mitrailleuse.
Quand le calme est rétabli, la liaison avec Boucé est enfin effectuée. Le 2e peloton au complet tient le village avec les spahis. Il y a pas mal de prisonniers déjà, une voiture légère, un side car capturés. Vers midi, une expédition est montée par les spahis pour essayer de récupérer l'équipage d'un char léger mis en l'air dans la matinée. Le "Marsouin" portant l'Aspirant Maymil appuie l'expédition de son feu. Rien à signaler.
Le 3e peloton est toujours à Ecouché où il participe à la défense.

15 AOUT
L'Escadron, moins 2e et 3e pelotons, se replie avec le groupement Roum sur la nationale 158, à 6 kilomètres d'Argentan, en position défensive. Dans la nuit du 15 au 16, Le Drevo capture un sous-lieutenant de S.S. au milieu du bivouac.
Le 2e peloton est toujours à Boucé au détachement Martin. Il rallie l'Escadron vers 18 heures et se tient prêt à effectuer un tir d'artillerie.
Le 3e PELOTON A ECOUCHE. - Le groupe Epervier-Milan se porte à l'entrée d'Argentan sur la route venant d'Ecouché, en appui des spahis.
Deux Tiger sont embusqués, ouvrant le feu à 1000 ou 1500 mètres sur tout ce qu'ils voient, et empêchant le débouché. A 1700 mètres, les deux tanks destroyers ouvrent le feu. Un Tiger est touché et neutralisé puisqu'il ne se manifestera plus. Ce renseignement est confirmé par les fantassins du Tchad.
Pendant ce temps, le deuxième groupe, Albatros-Vautour, qui est en position à Ecouché, est pris à partie des hauteurs qui le dominent par de l'artillerie et des chars ennemis. Aupetit, tireur de l'Albatros, est tué par un éclat, Chappaz blessé, l'Enseigne de Vaisseau Barnaud, blessé.
Le peloton est rassemblé au soir en défensive aux ordres du sous-groupement Warabiot. Tir d'artillerie intermittent pendant la nuit
 
16 AOUT
Le 2e peloton restant prêt à effectuer un tir d'artillerie, la progression sur Argentan est reprise par le groupement Roum entier, les T.D. du 1er peloton en tête. Le Léopard arrive aux dernières maisons de Mauvaiseville. Le Lion est à 600 mètres derrière. Rien ne se passe. Un incident cependant. Le Lion reçoit par radio l'ordre suivant "Allo Lion, Allo Lion, repliez-vous de 1000 mètres", qu'il exécute. Enquête faite, tout le monde a la certitude que le message a été envoyé par les Allemands
Vers 14 heures, le groupement Roum est relevé par le G.T.L. L'Escadron moins le 3e peloton se rend à Fleure en réserve.
LE 3e PELOTON A ECOUCHE. - Resté en D.C.B. avec le G.T.V. Le Second Maître Le Breton est blessé au cours d'une reconnaissance. Nouveaux bombardement par 88, sans résultats fâcheux. Malgré ces ennuis, deux chars sont chenillés à neuf sur le terrain avec l'aide du Maître Diserbo.

17 AOUT
Le 2e Escadron moins le 3e peloton se rend à Boucé. Seul le 2e peloton sera installé défensivement, le reste de l'Escadron est au repos.
3e ESCADRON - En réserve à Ecouché.

18 AOUT
Même situation.

Du 19 au 22 AOUT
L'escadron entier est groupé à Boucé au repos. Tous les chars sont chenillés de neuf.

PARIS

23 AOUT
Départ à 14 heures, direction Paris.

24 AOUT
Arrivés vers midi, après une longue étape, et une horrible route de nuit, au village de Dampierre.
Le premier peloton se met en position de tir face au Nord, après la côte de 17 tournants.
Le 3e peloton est en réserve.
DEUXIEME PELOTON. - Le 2e peloton est mis aux ordres du sous-groupement Morel DEVILLE (G.T.R.) à Voisin-le-Bretonneux.
Dès le début l'Enseigne de Vaisseau Bernard est blessé par un éclat de 88, au cours d'une reconnaissance rapprochée.
Le groupe de l'Aspirant Maymil (Morse-Phoque), aussitôt arrivé, tire à vue sur des 88 Pak-Flak que des camions sortent de leur trou, et sur des voitures légères qui fuient à toute vitesse. Ils disparaissent avant d'avoir été touchés,
Cependant le Phoque prend à partie une grosse voiture blindée et la met hors de combat. Il n'en restera pas là, et l'équipe Belfils Clad ajoutera encore à son tableau quelques fantassins, et un motard et sa moto.
Le Morse loge quelques obus dans le clocher de Guyancourt, où se trouve un observatoire.
Pendant ce temps, l'attaque de Guyancourt s'est mise au point. Un peloton de spahis attaque par les champs, soutenu par les feux du groupe Maymil. Rien à signaler, la route est libre.
Une colonne de chars légers et de fantassins progresse par la route, soutenue par le groupe Monier. C'est plus dur, la route est minée, il y a des armes automatiques enterrées, Le Marsouin et le Souffleur, tirant à explosifs, vident deux fois leur soutes. Les Allemands fuient. L'attaque quoique en bonne voie, est arrêtée à cause de la nuit. Le 2e peloton se partage entre les sous-groupements Martin et Motel Deville.

25 AOUT
DEUXIEME PELOTON. - Au matin le sous-groupement Morel Deville progresse vers Guyancourt pour ouvrir la route au G.T.R. Le groupe du T.D. du Maître Monnier l'accompagne. Guyancourt est occupé sans mal. Plus loin le Marsouin tire un 88 Pak qui semble abandonné. Au 2e coup de canon, l'équipage de 5 hommes lève les bras et se constitue prisonnier. Mouzard, Volleli patrouillent à pied, sans résultats, un bois isolé.

AFFAIRE DE L'AVENUE DE MADRID. - Le 2e Escadron moins le 2e peloton quitte Dampierre vers midi et progresse, précédé par les Spahis, sur l'itinéraire Guyancourt, Versailles, Pont-de-Sèvres. Arrivé vers 14 heures aux tribunes de Longchamps dans une atmosphère de liesse.
Deux automitrailleuses du 1er Escadron ayant été mises hors de combat avenue de Madrid, le Colonel Rémy, Commandant le G.T.R., charge le Lieutenant de Vaisseau Guillon d'attaquer par le Sud le réduit allemand, très défendu, situé entre le jardin d'acclimatation et l'avenue de Madrid. Il dispose du peloton d'auto-mitrailleuses du Lieutenant de Vaisseau Vassal (1er Escadron) et de 2 T.D. du 3e peloton.
Une première reconnaissance des lieux est effectuée en jeep par le L.V. Guillon et M. Denis, responsable F.F.I. de Neuilly. Par la suite, M. Denis ne nous quittera plus de la journée et donnera de précieux renseignements.
Le Lieutenant de Vaisseau Vassal chargé de tourner la position par le jardin d'acclimatation est tué dès le début d'une balle dans la tête. Son peloton ne pourra que fixer la défense de ce côté.
Sous le Commandement de l'Aspirant Laforest, l'Epervier, le Milan et leur protection rejoignent l'avenue de Madrid. Elle est absolument déserte, et barrée au fond par deux platanes abattus. Vers la droite, une automitrailleuse abandonnée du 1er l'Escadron. Le Jaguar est déjà sur place, amené par le Capitaine de Frégate Maggiar, Commandant le Régiment. Il a mis le feu à 4 camions, dont un plein de munitions à bout portant. Des balles sifflent un peu partout, des morceaux de tôle tombent du ciel, mêlés à de grosses branches sectionnées net.
Le Commandant Maggiar est blessé à la tête par un éclat et évacué. Peu après un obus tombe au milieu d'un groupe de marins en train de poster une mitrailleuse dans les pelouses situées à droite de l'avenue. Agostini est grièvement blessé et mourra le soir à l'hôpital, Hélias est blessé.
Le nombre de gens à pied est très réduit, restent seuls Lieutaud, Violo et Riot ; les conducteurs de jeep et l'Aigle dont la mitrailleuse est braquée sur les lisières du bois.
L'"Epervier" est mis en position pour tirer par dessus les branchés, sur les fenêtres d'un pavillon qui forme un coin de réduit. Le "Jaguar" passe alors sur les platanes couchés en travers de l'avenue et débouche devant l'entrée du pavillon. Il tire à 30 mètres sur un canon abandonné, sur des casemates, à ras de terre, d'où sortent des canons d'armes légères, sur une fenêtre où on aperçoit un tireur, puis fait avant et arrière sur une barricade de barbelés, non minée heureusement ; et attend les réactions.
On tiraille toujours à droite et à gauche. Tringat, Chef du "Jaguar" est blessé au moment où il met pied à terre pour poster son char, et évacué. Le "Jaguar" épuise alors les munitions explosives de la tourelle, et est mis en réserve. L'équipe Tringat, Manivel, Alla, Forcioli, Berrenguer a bien travaillé.
Il est remplacé par l'"Epervier", qui aveugle au canon quelques fenêtres, et le Milan qui le suit.

 

Le Canard - Automitrailleuse du Cdt d'Escadron

Le calme revient peu à peu.
Vers 17 heures, le Colonel Rémy fait donner l'ordre de tourner le jardin d'acclimatation et de poster les T.D. dans l'Avenue de la Grande Armée. Il n'est laissé personne sur place, les spahis ayant réussi à franchir une porte du réduit à 400 mètres de là.
Avenue de la Grande Armée, au milieu d'une foule énorme nous retrouvons l'"Albatros" , qui répond par un coup de canon à chaque coup de fusil parti d'un toit (Il y a en effet quelques blessés légers par balle dans la foule) et le "Vautour" en retrait qui répond seulement aux acclamations.
Il est 18 heures. Le Colonel Rémy en jeep apporte la nouvelle de la reddition sans conditions de la Garnison allemande de Paris. Un officier allemand, drapeau blanc en l'air accompagne en jeep un officier de la Division à l'entrée du réduit de l'avenue de Madrid. Les Spahis y sont déjà. L'affaire est vite menée.
Cependant en haut des toits, quelques énergumènes allemands n'ont pas été touchés par l'ordre de cesser le feu. Le Lieutenant de Vaisseau Guillon accompagné de Riot entre dans le réduit et prévient de la chose un Colonel Allemand. Celui-ci est rendu responsable des coups de feu qui pourraient être tirés. Il promène alors le Lieutenant de Vaisseau Guillon et Riot dans toutes les cours et jardins, appelant aux fenêtres, aux escaliers.
Nous recevons ainsi personnellement la reddition d'une cinquantaine d'Officiers et hommes qui au passage déposent leurs armes.
L'opération se chiffre au total par le bilan suivant :
"Près de 800 prisonniers ;
Un millier d'armes individuelles ;
Dix tonnes de munitions, mines et explosifs ;
40 voitures et camions."
PREMIER PELOTON. - Le 1er peloton, pendant ce temps, est en position près du pont de Suresnes face au Mont Valérien.

26 AOUT
Au matin du 26 août, en vue d'opération dans la banlieue Nord de Paris, le 2e Escadron est réparti entre deux détachements : Détachement du Lieutenant de Vaisseau Guillon et détachement du Lieutenant de Vaisseau Pauly, le tout sous les ordres du Lieutenant Colonel Roumiantzoff qui établit son P.C. à la Gare du Nord.
DETACHEMENT GUILLON. - Il comprend le 1er peloton (Enseigne de Vaisseau Hinden) et le peloton d'auto-mitrailleuses de l'Enseigne de Vaisseau Chavane (1er Escadron). Arrivée vers midi à la gare du Nord ; le peloton de reconnaissance est envoyé presque aussitôt reconnaître la route du Bourget ; le contact est fixé, mais le travail laissé au détachement Pauly.
Le reste du détachement se dirige sur Enghien, où 200 F.F.I. seraient encerclés dans le casino. On n'y trouve rien évidemment. La "Panthère" fait une incursion dans des jardins voisins, mais rentre bredouille. Et nous arrivons sur la route de Montmorency. La foule est épaisse, comme toujours et fort gênante. Quelques coups de feu partent du parc situé devant nous. Le "Léopard" est envoyé en avant, précédé de 2 ou 3 hommes à pied. Un anti-char léger se dévoile au virage, mais il a tiré trop tôt pour toucher le "Léopard". Tout le monde s'arrête, les chars s'établissent faces aux routes du carrefour. Une patrouille de F.F.I. qui s'est mise à nos ordres va occuper les lisières du parc. Elle est reçue par des coups de mortiers qui éclatent dans les branches.
Après avoir tiré deux ou trois coups de canon le "Léopard" peut encore gagner deux ou trois cents mètres, jusqu'au prochain virage. L'anti-char a dû se replier. Nous sommes rejoints par le peloton d'auto-mitrailleuse de l'Enseigne de Vaisseau Chavane. L'une d'elles prend la place du "Léopard" qui recule et elle reste à surveiller la toute, malgré quelques coups de mortiers qui continuent à tomber.
Un autre A.M. va reconnaître, par une rue latérale, la Mairie de Montmorency. Celle-ci est fortement tenue par des mitrailleuses et des anti-chars. Le 1er Maître Choserot a le temps de mettre en l'air un Bazooka dangereux pour lui, et revient.
Nous attendons des ordres, notre objectif est atteint. A cause de la foule qui nous entoure, personne n'a le temps de voir un camion allemand couvert de feuillage qui traverse le carrefour en trombe, une mitrailleuse tirant de chaque bord. Personne n'est touché, mais personne n'ose tirer, et le camion disparaît.
Vers 20 heures, le Premier Maître Le Menn revient avec l'ordre suivant : Occupez de toute urgence le carrefour Nord de Saint-Denis.
DETACHEMENT PAULY. - Le détachement Pauly prend le contact vers le Bourget, tirs d'infanterie, tirs de mitrailleuses, etc... Le 2e peloton est là.
Le groupe du Maître Monnier prend position pour battre une route, mais ne voit pas grand'chose.
Le groupe de l'Aspirant Maymil est en avant. Sa mitrailleuse ayant été mise hors de combat, le "Phoque" avance quand même, Belfils ayant sa mitraillette à la main. Le bilan du "Phoque" pour cet après-midi est le suivant :
2 casemates ;
2 nids de mitrailleuse ;
2 chenillettes.
Le 2e peloton rejoint la Mairie de Saint-Denis au soir, avec le détachement Pauly est entier.
TROISIEME PELOTON. - En réserve du Colonel Roumiantzoff, à la gare du Nord, il passe une bonne partie de son temps à écarter la foule, et une autre partie à tirer sur des miliciens qui tiraillent des toits.

LA NUIT DU 26 au 27 AOUT
AU CARREFOUR NORD DE SAINT-DENIS
Au reçu de l'ordre disant d'aller occuper le carrefour Nord de Saint-Denis, le détachement Guillon abandonne la route de Montmorency et fait route sur Saint-Denis, auto-mitrailleuses en tête. La foule se fait de moins en moins dense au fur et à mesure que nous avançons, et de nombreux sympathisants nous disent de ne plus avancer le carrefour étant occupé par des "Tigres".
C'est ces renseignements qu'il faut aller vérifier, et la nuit tombe. A mesure que nous avançons, la chaussée devient absolument déserte. Enfin après avoir mis pied à terre, le peloton Chavanne arrive au carrefour sans mal, la nuit faite. Le dispositif des chars est rapidement mis en place, il était temps, on entend des bruits de moteurs en direction de Garges.
Mais venant de Saint-Denis arrive l'Aspirant Maymil et 2 chars du 2e peloton en renfort ; suit une section du Génie. Le dispositif se renforce.
Et quand on est à peu près installé, une bonne fusillade part de tous côtés. Elle s'arrête comme elle a commencé sans raison. Une maison dont l'intérieur achève de brûler envoie quelques lueurs au ciel, et un mitrailleur a cru voir des signaux.
Vers 23 heures, bruits de moteurs vers Garges. Un de nos chars tire 2 coups de canon. Et une Citroën débouche en trombe venant de Garges. Une mitrailleuse la stoppe en plein virage. Le lieutenant allemand qui est passager se jette sur la portière et est aussitôt cueilli. Le conducteur se sauve et est ramené un quart d'heure après par des F.F.I. La voiture est pleine de documents de grosse importance, nous l'apprendrons le lendemain, mais à cette heure il ne nous intéresse pas de les lire.
Le lieutenant allemand interrogé, prétend ne rien savoir des chars allemands de Garges. La mort lui est promise si une attaque a lieu dans la nuit.
Il finit par affirmer que rien ne se passera.
Puis à minuit, c'est un défilé d'avions à basse altitude. Ils passent pendant plus d'une heure et demie, et nous pensons longtemps que leurs bombes sont pour nous. Mais c'est Paris qu'ils bombardent, et au bout d'un moment notre carrefour est brillamment illuminé par les bombes éclairantes et la lueur des incendies.
Ce qui ajoute encore à l'insécurité de la situation, c'est que si nous pouvons encore correspondre par jeep avec de détachement Pauly qui occupe la Mairie de Saint Denis, il est impossible d'aller à Paris prendre des ordres ou faire un compte rendu.
Le jour se lève, à la satisfaction de tous.

27 AOUT
Au matin le peloton Chavanne et des jeeps de l'Escadron effectuent des reconnaissances à un ou deux kilomètres sur les routes de Stains, de Pierrefite et de Garges, sans incident. Des vedettes sont laissées, en liaisons par radio. Le dispositif est complété par quelques F.F.I. bénévoles munis d'une mitrailleuse.
A 11 heures arrive un peloton de reconnaissance des Spahis, renforcé des 2 T.D. de l'Aspirant Royer, il va occuper le carrefour du Globe à Stains ; mais là, il se heurte à une résistance organisée ; des chars sont tout près, on les entend manœuvrer.
Le Colonel Roumiantzoff arrive ensuite, et se déclare satisfait.
Vers deux heures de l'après-midi, le G.T.L. en entier vient nous relever. C'est réconfortant et flatteur. Il est vrai qu'il doit se charger, non de tenir le carrefour, mais de faire tomber la dernière ligne de résistance allemande au nord de Paris.
L'Escadron entier se regroupe rue de La Chapelle à Paris. C'est un repos comme un autre, les chars sont sur les trottoirs, les gens couchent dessous et dînent chez l'habitant.
A la nuit, des miliciens font le coup de feu du haut des toits. Mais Le Cou, d'un premier étage, en descend un qui vient s'aplatir dans une cour.

28 AOUT
Au repos rue de la Chapelle.
Même bagarre avec les miliciens vers 18 heures. Un milicien est abattu. Un Spahis est tué.
Nous regroupons tout l'Escadron à l'Hippodrome de Longchamps.
 
DU 28 AOUT au 7 SEPTEMBRE
Au repos à l'Hippodrome de Longchamps.
 
DE PARIS A BACCARAT
 
14 SEPTEMBRE
DETACHEMENT GUILLON. - Renforcé dans la matinée par le reste du 3e peloton, le détachement reçoit l'ordre de reconnaître Bonvillet, puis Darney et de s'y établir.
Le détachement Pauly a lui aussi Darney comme objectif, par Jesonville et Lerrain.
Le peloton porté occupe Bonvillet vers 11 heures ; des blindés allemands circulent sur la route allant de Darney à Epinal par Forge Keitel, à 500 mètres de nous ; une forêt nous sépare et il est impossible d'engager les T.D.
Après une préparation d'artillerie savante, mais un peu courte et qui arrose nos braves "Goumiers", la marche sur Darney est reprise. Il n'y a qu'un kilomètre à peine à faire. Kleinlein, qui a déjà reconnu à pied Forge Keitel, arrive bon premier à Darney et ne trouve personne. Tout le peloton porté suit, et est rejoint 20 minutes plus tard par l'avant-garde blindée du détachement Pauly.
On s'installe en D.C.B. face à toutes les directions de l'Est à l'Ouest en passant par le Sud. Le peloton porté renforcé du groupe de commandement de l'Escadron, fait une reconnaissance profonde, de Attigny jusqu'à Monthureux, où l'accueil est enthousiaste. Au retour deux surprises. On nous transmet l'ordre de ne pas aller à Monthureux. Il est trop tard. Et ensuite la postière de Monthureux nous signale par téléphone que le bourg vient d'être occupé par deux cents fantassins Allemands qui veulent passer la nuit et qui réquisitionnent de quoi manger et coucher. Nous les avons manqués d'une demi-heure.
Au soir le détachement Pauly se replie sur Jesonville et Lerrain, nous laissant seuls. On nous signale de Monteaureux qu'une colonne de 4 ambulances et deux voitures légères se dirige vers Darney. Elle est capturée par l'Aspirant Laforest et son groupe. Le docteur Paul se charge de reconduire à l'arrière les ambulances pleines de blessés allemands. Il aura un certain mal à éviter les sabotages et les embourbages volontaires.
Avec les maigres effectifs restants, peloton porté et 3e peloton il faut tenir toute la nuit le Nord de Darney particulièrement face à la route d'Epinal. Tout se passe bien.
1er PELOTON. - Le groupe "Jaguar-Lion II" est resté à Huiliécourt. Le groupe Lynx Léopard est toujours à Rozières. Il se porte en compagnie de Spahis à la rencontre d'une colonne blindée allemande signalée vers Damblin. La colonne est entièrement mise hors de combat au canon. Pas de perte chez nous. Le tableau du "Lynx" se monte à 14 véhicules :
1 canon de 88 tracté ;
2 canons de 20 C. A. ;
2 automitrailleuses ;
5 camions ;
1 camion essence ;
3 véhicules divers.
2e PELOTON. - Fait mouvement avec le détachement Pauly sur Jesonville où il s'installe en D.C.B. face au Sud.
A 14h30 il entre dans Darney par le N.E. sans encombre et doit étaler l'accueil enthousiaste de la population. Malheureusement Il sera replié dans la soirée à Jesonville et retrouvera avec regret les guitounes en pleine nature.
 
15 SEPTEMBRE
1er PELOTON. - quitte Bourmont à 14 heures et se porte à Jesonville.
2e PELOTON. - A Lerrain aux ordres du détachement Martin. L'Enseigne de Vaisseau Gélinet prend le commandement du 2e peloton.
DETACHEMENT GUILLON. - Est renforcé à 10 heures par le peloton de chars légers "Nanterre" du 501e R.C.C. Celui-ci effectue une reconnaissance sur Hennezel où il détruit au canon un Autocar transportant une patrouille allemande. Bilan : 3 tués, 6 prisonniers. 10 allemands s'échappent.
Le peloton Nanterre est rappelé ensuite pour garder la route de Hennezel.
Le 3e peloton aux ordres de l'aspirant Laforest se place face à Monthureux où de nombreux allemands sont signalés. Dans l'après-midi le Maître Le Barbu suivi de Maurer et de Salf fonce en jeep sur une patrouille de reconnaissance allemande comprenant 9 cyclistes. Les ordres sont de n'en laisser échapper aucun. Et ils ramènent effectivement 9 allemands intacts, dont un adjudant et 9 bicyclettes qui font la joie du maire de Darney.
A la nuit, Darney se remplit. Le détachement est renforcé de tout le détachement Pauly et du Peloton d'obusiers du Q.G.
Nuit calme, fait des prisonniers par petits paquets.
 
16 SEPTEMBRE
1er PELOTON. - Jesonville.
2e PELOTON. - Lerrain.
RESTE DE L'ESCADRON. - Darney.
Dans l'après midi une démonstration de force est faite sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau Guillon pour essayer de tirer de la forêt de Bois Le Comte les 150 ou 200 allemands qui s'y terrent sous la pluie.
2 T.D. bombardent à vue la forêt pendant que 5 auto-mitrailleuses battent les routes en tirant sur les lisières. Aucun résultat immédiat. Les prisonniers se présenteront par petits paquets dans la soirée et le lendemain.
 
17 SEPTEMBRE
Même situation de l'Escadron.
Le Lieutenant de Vaisseau Guillon avec un peloton d'auto-mitrailleuses, effectue la liaison à Bourbonne-les-Bains avec la 1ère Armée Française venant du Sud. Le contact est pris avec le 2e Spahis de la 1ère division blindée.
 
18 SEPTEMBRE
Même situation de l'Escadron.
Des éléments du 1er et du 2e Escadron du R.B.F.M. font une démonstration au village de Claudon, où la population entière nous accueille, les cloches sonnant à toute volée.
 
19 SEPTEMBRE
Le 2e Escadron est remis en entier aux ordres du G.T.V.
Traversé la Moselle à Chatel.
1er PELOTON. - Sous-Groupement de la Horie, Pallegney et Zincourt.
2e PELOTON. - Sous-Groupement Putz, Hellainville.
3e PELOTON. - Sous-Groupement Cantarel, Damas. Peloton porté et P.H.R., Chatel.
 
20 SEPTEMBRE
1er PELOTON. - Moriville.
Le peloton porté et le P.H.R. se mettent aux ordres du Sous-Groupement de La Horie à Moriville.
 
21, 22, 23 SEPTEMBRE
2e PELOTON. - Sous-Groupement Putz, Hellainville.
3e PELOTON. - Sous-Groupement Cantarel, Damas.
ESCADRON MOINS 2e et 3e PELOTONS. - Sous-Groupement de La Horie Rehaincourt.
 
24 SEPTEMBRE
Le 2e Escadron moins le 2e peloton est mis aux ordres du G.T.L. et est réparti comme suit :
1er PELOTON. - Magnières.
3e PELOTON. - Domptail.
PELOTON PORTE et P.H.R. - Vallois.
Le 2e PELOTON reste au Sous-Groupement Putz et gagne Hardancourt, puis Roville aux Chênes où il s'établit face à Rambervillers.
La nuit est un peu nerveuse car l'ennemi n'est pas loin et seuls quelques F.F.I. ont pu être mis à notre disposition en protection des T.D. ; face à Rambervillers. L'Aspirant Maymil en compagnie d'Huguet, ne dort que d'un oeil. Mais les trains bleus qui avaient fait leur apparition dans l'après-midi se taisent.
Dans la matinée le 2e peloton rallie Hardancourt où il passe en réserve de Sous-Groupement.
 
25 et 26 SEPTEMBRE
Pas de changement.

27 SEPTEMBRE
Le 2e peloton effectue un tir de 30 explosifs sur la forêt d'Anglemont avec 2 chars "Morse" et "Phoque".
Sans changement pour le reste de l'Escadron.
 
28 SEPTEMBRE
Le 2e peloton tire à explosifs avec ses 4 chars sur la route de Rambervillers.
Sans changement pour le reste de l'Escadron.
 
29 SEPTEMBRE
Le 2e peloton rallie le Sous-Groupement Putz à Ortoncourt.
Sans changement pour le reste de l'Escadron.
 
30 SEPTEMBRE
Le 2e peloton est toujours à Ortoncourt.
Une reconnaissance d'Officiers partie avec 4 Jeeps, et à laquelle participe l'Enseigne de Vaisseau Gelinet et l'Aspirant Maymil, tombe dans une embuscade au S.E. de Roville, la jeep de L'Enseigne de Vaisseau Gelinet est prise à partie par des Snipers sur la cote 301. Le capitaine Geoffroy du R.M.T., Volelli et Tebti sont mortellement blessés. A 1500 mètres de là un Half-Track du R.M.T. a fait son apparition alerté par le mitraillage. L'Enseigne de Vaisseau Gelinet parvient à le joindre en jeep, les blessés sont évacués et quelques minutes plus tard la jeep de l'Aspirant Maymil et celle du Capitaine De Witasse (du 501) sont dégagées. Maymil, Moutard et Redval viennent de passer de sales moments, pris à partie par 3 mitrailleurs allemands, la leur étant enrayée ; l'Aspirant Maymil a eu le temps de vider son Colt sur des boches et d'en descendre deux. Redval a été blessé auprès de sa mitrailleuse qu'il n'avait pas voulu quitter : Il ne rejoindra l'Escadron qu'en janvier.
Sans changement pour le reste de l'Escadron.
 
1er OCTOBRE
2e PELOTON. - Le 2e Peloton participe avec le Sous-Groupement Putz à l'attaque de la forêt Nord Est de Rambervillers, dont le but est de couper la route de Rambervillers-Baccarat. Pas de casse mais des cheminements très pénibles pour les voitures et les chars sous la pluie dans la forêt, guidés par des fantassins qui ne savent pas très bien où il vont.
Toute l'après-midi Huguet avec son "Morse" a abattu des arbres et cherché en vain des cheminements possibles. Et dans la soirée, le "Morse" aidé du "Phoque" a dégagé les abattis qui obstruent la route de Ramberviliers à Baccarat. On nous a bien assuré qu'ils n'étaient pas minés, mais au 3e arbre une mine saute, et Gonidec, Mouzard et Péna qui n'y croyaient guère sont criblés d'éclats, sans gravité. On sera plus prudent par la suite et l'opération se poursuit au milieu du vacarme des mines qui explosent et des branches qui se cassent. A la nuit faite la route est dégagée, et le peloton va goûter au semblant de repos à la corne Nord du Bois Béni où les trombes d'eau et les dégelées de 88 vont peupler nos rêves.
Padellec qui s'affaire auprès d'un réchaud sent son casque traversé par un éclat. Il ne voudra jamais plus en porter d'autre.
 
L'AFFAIRE D'ANGLEMONT. - Dans la nuit les éléments qui avaient pris pied dans Anglemont sont forcés de décrocher. L'ennemi attaque avec un bataillon et une douzaine de chars. Il faut reprendre ça dans la matinée. A défaut de l'artillerie que l'on ne peut obtenir, Slomski et Le Goff tirent à 4000 mètres sur des chars qui font demi tour à l'exception de deux qui sont embourbés.
Peu après une section du 501e et des éléments du Génie pénètrent dans Anglemont, mais le char de tête est allumé. Le Commandant Putz envoie le 2e Peloton en renfort : à 30 milles les T.D. et l'A.M. foncent sur le village, Slomski suivi de Le Goff le débordent par l'Ouest et sèment le désordre parmi les biffins ennemis, les tirant à la mitrailleuse et à la grenade. Il touchera un char et en mettra plusieurs autres en fuite et son secteur serait de tout repos si peu après il n'était littéralement arrosé de 88. Pendant ce temps l'Aspirant Maymil a placé Huguet et Belfils à la lisière Nord du village, et Quezèdé s'en donne à cour joie sur un Panther qu'il met en flammes à 800 mètres, tandis que Clad fait des cartons sur des biffins qui sortent de tous les bords. Dans l'après-midi arrive le Lieutenant de Vaisseau Guillon en compagnie de l'Enseigne de Vaisseau Bebin et de Riot. Il est reçu par l'E.V. Gelinet et l'Aspirant Maymil, lequel ramène une belle brochette de prisonniers, et salué par de nombreuses salves de 88. Peine perdue ; un seul blessé dans la journée : Hervé qui venait avec sa jeep évacuer des civils d'Anglemont et qui courageusement resta au volant après avoir perdu un oeil.
A la nuit tombante ordre de se replier arrive, et tout le peloton retrouve l'Escadron à Gerbevillers loin de la mitraille et du canon.
RESTE DE L'ESCADRON. - Sans changement.
 
DU 2 au 29 OCTOBRE
L'Escadron est à Gerbevillers en réserve du Général.
L'Enseigne de Vaisseau Barnaud rallie après convalescence.
L'Enseigne de Vaisseau Bebin prend le Commandement du peloton porté et l'entraîne en liaison avec le 3e Bataillon du R.M.T. dans la région de Rambervillers.
 
30 OCTOBRE
Aux ordres du G.T.V., le 2e Escadron réparti comme suit en vue du débouché de la forêt de Mondon et de l'attaque sur Baccarat.
1er Peloton. - Sous-Groupement H : Chènevières.
3e Peloton. - Sous-Groupement C : Féculerie de Flin.
Escadron moins 2 pelotons. - Sous-Groupement P. ; En réserve à Watimenil.
 
31 OCTOBRE
Attaque sur Baccarat. Les objectifs du G.T.V. sont Hablainville, Pettonville, Montigny, Merviler et Vacqueville.
1er PELOTON. - Débouche de la forêt de Mention avec le Sous-Groupement H avec comme itinéraire Hablainville, Pettonville, Merviller et Vacqueville. Les routes sont toutes minées, cependant la surprise du côté allemand est totale. La réaction allemande se borne à un tir d'artillerie assez nourri qui suivra les colonnes du matin au soir sans presque discontinuer.
Pour commencer le "Léopard" saute sur une mine et déchenille. Pas de blessés. Dantec et son équipage sont laissés à leur sort en attendant un dépannage. Hablainville est pris, le "Lynx" a détruit le 88 Pak qui en défendait l'entrée. Pettonville est pris, le "Jaguar" ayant réglé le sort d'un autre 88 Pak.
Le sous-groupement H. se regroupe après Reherrey. Le pont sur la Verdurette, à Vaxainville a été trouvé intact (on apprendra 38 heures plus tard qu'il était miné par deux énormes marmites, et que plus de 200 véhicules avaient frôlé le piège sans le toucher).
En progressant vers la côte 319 qui se trouve au sud ouest de Montigny, le "Lynx" guidé par l'Aspirant Royer se paie le luxe de tirer et d'allumer, en 3 coups de canon à 1000 mètres, un Panther à l'affût après une manœuvre remarquable de rapidité et de précision.
En fin de journée tout le peloton est regroupé aux carrières de Vacqueville.
Le peloton de l'Enseigne de Vaisseau Hinden, sans autre perte que le Léopard déchenillé sur une mine, a comme tableau de la journée :
1 Panther
2 88 Pak.
3e PELOTON. - Fait le débouché de la Forêt avec le sous-groupement Cantarel. Tous les véhicules à roues s'embourbent au cours du déploiement. Seuls les chars peuvent arriver à Brouville, et l'Enseigne de Vaisseau Barnaud y arrive à pied, sous un violent bombardement d'artillerie. Leclerc a le poignet sectionné par un éclat. Après la traversée de Merviller, le peloton se regroupe finalement et passe la nuit avec le sous-groupement le long de la route de Montigny.
RESTE DE L'ESCADRON. - Au sous-groupement P., en réserve du G.T.V. La journée se passe à suivre, en colonne, des routes poussiéreuses avec de longs arrêts. Quelques coups d'artillerie au passage à Hablainville, depuis longtemps dépassé par le sous-groupement H.
La nuit est passée en D.C.B. à Reherrey. L'escadron renforcé de quelques obusiers de 75 du R.M.T. tient la partie Nord-Est du village. Nuit agitée, bombardements intermittents et surtout, le thermomètre baisse d'un seul coup de 15 degrés. Froid de canard et gelée.
Baccarat a été pris par le G.T.D. avant la nuit.
 
1er NOVEMBRE
1er PELOTON. - Au matin, le passage à niveau et les carrières de Vacqueville, sont durement bombardés par artillerie lourde, probablement du 150. Truchot, faisant le plein de gas-oil du Lynx est tué par un éclat. Le "Lynx" a son radiateur perforé.
Verrieras est blessé sur la "Panthère".
Le "Lion" et le "Jaguar" conduits par l'Aspirant Royer accompagnent le Capitaine De Hollain dans une reconnaissance sur Vacqueville, ils sont reçus à coups de fusils et coups de canon. Le "Jaguar" tire et neutralise un anti-char léger ; puis reste en bouchon après le repli de la reconnaissance.
Le 1er peloton réduit au "Jaguar" et au "Lion" est remplacé vers 14 heures par le 2e peloton et se regroupe avec ce qui reste de l'Escadron, à la ferme du Pont.
2e PELOTON ET PELOTON PORTE. - L'attaque vers Vacqueville est fixée à 15 heures ; le peloton porté est mis aux ordres du Sous-Groupement H. dans la matinée, le 2e peloton à 14 heures.
Les missions sont les suivantes :
Le peloton porté aux ordres de l'Enseigne de Vaisseau Bebin, est chargé d'occuper le village de Xermamont (qui touche Vacqueville) en passant par le Sud de la route et les bois.
Les T.D. du 2e peloton accompagneront les chars qui attaqueront Vacqueville de front.
A 15 heures, au moment où se déclenche la préparation d'artillerie du XI/64, une trentaine de bombardiers en piqué survolent la scène. Ce n'est pas l'air-support attendu, mais bel et bien des Messerschmitt qui mitraillent et grenadent, sans mal pour personne heureusement.
Et l'attaque commence, sous un bombardement féroce d'artillerie et de mortiers.
Le peloton porté est durement éprouvé. Une équipe de mitrailleuse est touchée. Lucchési est tué, Porcher, Leray, et Reyz sont blessés. Tout le monde est terré. Mais enlevés par l'Enseigne de Vaisseau Bebin, la progression est reprise. Kleinlein arrive seul aux premières maisons da village, nettoie cours et caves au fusil et à la grenade. Reibel avec sa mitraillette, remplace la mitrailleuse démolie et met en fuite une section d'Allemands. Cadiou, Landreigne, et leur mitrailleuse pénètrent aussi dans le village. Pris sous l'éboulement d'un mur, ils continuent le nettoyage. Le bilan définitif est le suivant :
Une quinzaine d'ennemis tués.
19 prisonniers.
Les T.D. du 2e peloton pendant ce temps, progressent sur la route, au moment de franchir le pont, un Pz IV débouche dans le village à 250 mètres. Il tire en même temps que le "Morse" L'Allemand prend feu aussitôt, touché en pleine tourelle. Son projectile tombe à 50 mètres à gauche du "Morse". Le pont de Vacqueville que les sapeurs déminent, saute malencontreusement. Le ruisseau est alors comblé avec des fagots par l'Aspirant Maymil, son équipe, des sapeurs, des hommes des chars sous le regard du général Leclerc. Les chars passent. Le village est nettoyé avant la nuit. Mais Xermamont et Vacqueville recevront encore de nombreux obus.
3e PELOTON. - Pendant qu'un groupe de T.D. reste en D.C.B. sur la route de Montigny, le 2e groupe "Albatros-Vautour ", conduits par l'Aspirant Laforest participe à une reconnaissance sur Montigny. Dures réactions d'artillerie allemande. Cependant le "Vautour" détruit un canon de 88 Pak et un blockhaus.
En fin de journée, le groupe s'installe à la cote 523 au-dessus de Montigny, pendant que le groupe "Epervier-Milan" se déplace sur Migneville.
RESTE DE L'ESCADRON. - En réserve du G.T.V. à la ferme du Pont avec comme renfort :
1 section de Sherman ;
1 peloton de Spahis ;
2 pelotons du 4e Escadron du R.B.F.M.
Pluie, bombardement par 150, et pas de toit. Un accident terrible a lieu dans la soirée. Les 2 motards, Bientz et Baheux, venant de Vathimenil, devaient rejoindre l'Escadron dans la soirée. Probablement par suite d'une erreur de parcours, ils traversent Montigny et reprennent la grand'route menant à la Ferme du Pont.
Ils sautent simultanément sur des mines et sont tués tous les deux.
 
2 et 3 NOVEMBRE
Même situation de l'Escadron.
Le 3e peloton est regroupé au sous-groupement C, route de Montigny. Bombardements constants par 150, mortiers, et trains bleus sur Xermamont (peloton porté) et Vacqueville, Les Carrières (2e peloton). Le Maître Huguet est blessé.
Bombardements intermittents par 150 sur la route de Montigny (3e peloton) et la Ferme du Pont (P.H.R. et 1er Peloton).
 
DU 4 au 17 NOVEMBRE
L'Escadron entier est regroupé, en réserve du G.T.V. à Brouville. Chaque peloton de T.D. passe 4 jours sur la toute de Montigny, dans une boue gluante et épaisse, et sous un bombardement intermittent.
Dans la nuit du 12 au 13 novembre, 8 T.D. de l'Escadron participent de Reherrey à une préparation d'artillerie en vue d'une attaque de 2 divisions d'infanterie américaines.
 
DES VOSGES A STRASBOURG

17 NOVEMBRE
Alors que nous croyons les opérations arrêtées temporairement pour le G.T.V., nous recevons dans la matinée l'ordre d'envoyer immédiatement un peloton de T.D. aux ordres du Sous-Groupement H. à Badonvillers. Badonvillers pris, la chose est étonnante et imprévue, mais rien ne surprend plus dès qu'il s'agit du Lieutenant Colonel De La Horie.
1er PELOTON. - Le premier peloton mis en alerte en une heure part rapidement pour Badonvillers, sous les ordres de l'Aspirant Royer. Les lisières de Badonvillers sont encore occupées et un 88 Pak tire, du Sud, tous les véhicules qui passent au passage à niveau. Après liaison avec le Colonel de La Horie, l'Aspirant Royer place le "Jaguar" et en quelques coups de canon, le 88 est rendu silencieux. Le 1er peloton passe la nuit à Badonvillers.
RESTE DE L'ESCADRON. - Rallie Badonvillers à la tombée de la nuit. Reste en réserve. Bombardement par gros calibre toute la nuit.
 

 

 Le Milan - 3e Peloton


18 NOVEMBRE
Le Lieutenant-Colonel de la Horie, Commandant le Sous-Groupement H. et ancien instructeur du R.B.F.M., est tué d'un éclat aux carrières de Bremenil.
1er PELOTON. - Le Lieutenant Colonel Putz prend le Commandement du sous-groupement H. Le 1er peloton rejoint Bremenil à la fin de la matinée, en vue de l'attaque sur Petitmont.
Au débouché de Bremenil, l'Aspirant Royer fait une reconnaissance à pied le long de la route et aperçoit un anti-chars à 200 mètres. Il fait reconnaître l'anti-char par Arrieux, le tireur du "Lynx", puis met le char en route. Au premier virage l'anti-char tire et touche le "Lynx" au-dessus de la chenille gauche. Arrieux prend une ou deux secondes et fait but du 1er coup. La route est libre jusqu'aux lisières suivantes situées à 1000 ou 1500 mètres. II y a quelques blockhaus de mitrailleuses et une compagnie de cyclistes. Les T.D. et les chars présents tirent sur tout ce qu'ils voient et ont vite fait de nettoyer la place. Le Maître Le Berre et son groupe escorté de quelques marins de la protection dont Kleinlein, réduit une casemate et fait des prisonniers. L'arrivée sur Petitmont est plus difficile. Un anti-char remarquablement camouflé détruit en quelques secondes un Sherman et 2 half-track d'infanterie. Les T.D. ont pu se déployer cependant à la sortie de la forêt. Ils ouvrent le feu sur l'anti-chars et s'ils ne le touchent pas, tuent cependant son armement. Enfin une chenillette montre son toit dans un chemin creux. Le "Lynx" termine sa journée en la détruisant. Le 1er peloton passe la nuit en défensive à Petitmont, qui a été enfin occupé.
RESTE DE L'ESCADRON. - Passe la journée à Badonvillers, aux diverses issues, en défensive. Bombardements intermittents par gros calibre.
A la fin de l'après-midi rallie Bréménil, la nuit est passée en défensive face à Anglemont (3e peloton) et à Petitmont (2e peloton), bombardement léger.
 
19 NOVEMBRE
1er PELOTON. - Après une nuit calme que le "Lynx" et le "Lion" passent à dépanner des véhicules embourbés, à l'entrée de Petitmont, le peloton part, accompagné d'une section du Tchad pour Cirey déjà occupé, il s'agit de nettoyage. Et dans l'après-midi sont capturés intacts :
12 canons de 20 Flak ;
3 canons de 75 Pak abandonnés près du passage à niveau de Cirey.
2e Peloton. - Est mis dans la matinée aux ordres du détachement DA (3e escadron Spahis).
Mission : Occuper Bertrambois en suivant l'itinéraire Val et Châtillon, Cirey, Bertrambois. Le début se passe sans mal. Arrivé à Bertrambois le détachement trouve un pont sauté ; pendant que le génie travaille à le refaire, des anti-chars prennent à partie des lisières situées à 1000 mètres, le camion "Brockway" et les sapeurs. Le "Souffleur" met hors de combat un auto-moteur en 3 coups de canon, et d'autres armes légères. Le pont est construit, Bertrainbois occupé, et il est fait de très nombreux prisonniers. Le 2e Peloton passe la nuit en défensive à Bertrambois.
RESTE DE L'ESCADRON. - Est chargé en liaison avec la 12e compagnie du Tchad (compagnie F.F.I.) d'assurer la défense de Petitmont et Val et Châtillon. Rien à signaler, si ce n'est qu'au cours d'une manœuvre le "Vautour" chavire et se renverse dans un ruisseau. Pas de mal. L'Aspirant Laforest, Roch et son équipage, quelques hommes de protection, aidé de l'Aspirant Hoff et de ses deux chars Recovery travailleront 3 jours. La situation est rendue dangereuse par la présence à moins de 800 mètres d'un groupe d'Allemands isolés, qui reprennent du poil chaque jour et réussissent même à mettre en batterie un petit canon. Mais rien ne se passe et le "Vautour" sera ramené à l'atelier presque intact.
Au cours d'une reconnaissance vers le Château de Châtillon, l'Enseigne de Vaisseau Barnaud et son peloton tiraillent sur des isolés, font 1 prisonnier, manquent de peu un Colonel, mais capturent 3 magnifiques mortiers de 105 montés sur pneus avec accessoires et munitions. Nuit calme.
 
20 NOVEMBRE
1er PELOTON. - Reste à Cirey, mais passe au sous-groupement Putz.
2e PELOTON. - Après une journée calme passée à Bertrambois, fait mouvement à 22 heures avec le détachement DA, par l'itinéraire Lafrimbolle, Eigenthal, Walsheid, Sitiford, 3 Fontaines.
Une colonne de la division est arrêtée, le détachement la double, phares allumés car la nuit est noire et il pleut et ainsi est atteint vers 1h30 le carrefour de la ferme Rethal, occupé par les allemands. Ceux-ci ne prennent même pas le temps de finir leur repas qu'ils laissent sur la table.
Au matin beaucoup se feront faire prisonniers.
RESTE DE L'ESCADRON. - Mêmes positions à Val et Châtillon.
 
21 NOVEMBRE
1er PELOTON. - Traverse les Vosges par le Col du Dabo en compagnie du sous-groupement Putz par Lafrinbolle, St-Quirin, Eigenthal, Walsheid, Sitifort.
Le "Lion" s'embourbe avant Birkenwald et dans la nuit Haret est écrasé par un char. Le peloton passe la nuit en défensive à Allenwiller.
2e PELOTON. - Finit la traversée du col du Dabo et s'installe à Salenthal.
Reste de l'Escadron. - Traverse le Dabo avec le sous-groupement H. (commandé par le Chef de Bataillon Debray) et passe la nuit à Birkenwald.
 
22 NOVEMBRE
1er PELOTON. - Une reconnaissance est poussée avec l'Aspirant Royer et 2 T.D. vers Romanswiller. Fusillade sans mal. A la nuit le 1er peloton se regroupe à Singrist.
RESTE DE L'ESCADRON. - Le détachement DA et le 2e peloton sont temporairement mis aux ordres du sous-groupement H. pour la prise de Marmoutier.
Le détachement DA forme l'avant-garde et occupe Marmoutier sans coup férir. Des prisonniers sont faits à chaque coin de rue soit par les Spahis, soit par les marins.
Le Sous-Groupement H. occupe ensuite le village et se place en D.C.B. face à Saverne. De nombreux prisonniers sont encore faits par l'Enseigne de Vaisseau Barnaud et son peloton. En particulier Rivière et Salf font une patrouille sur Lindesberg et ramènent au total une trentaine d'allemands.
La nuit est passée au calme à Marmoutiers.
 
23 NOVEMBRE
La 2e Division Blindée en 5 sous-groupements doit gagner Strasbourg par 5 itinéraires différents.
Départ à 7 heures. L'ordre est en substance le suivant (au 1er arrivé : N'y eut-il qu'une chance sur 100, traverser le Rhin et créer une tête de pont en territoire allemand à Kehl).
Le Sous-Groupement Rouvillois du G.T.D. arrivera le 1er à Strasbourg vers 11 heures du matin par l'itinéraire Nord. Il se heurtera à des résistances dans Strasbourg seulement et s'arrêtera face aux défenses qui pendant quelques jours laisseront aux allemands la tête de pont de Kehl.
1er PELOTON. - Avec le sous-groupement Putz par l'itinéraire Getterswiller, Willgothein, Fessenhien, Hurtighein, et Innenheim tombent sur un entonnoir battu par les feux du Fort Kléber. Le Fort est canonné et mitraillé pendant que le génie pose une passerelle. Panza se distingue, il part en reconnaissance et capture les 3 servants d'un anti-char léger. L'Aspirant Royer se bat à la mitraillette contre les Allemands enterrés.
Enfin le Fort Kléber est dépassé, et tout le sous-groupement atteint Neudorf vers 13h30.
2e PELOTON. - Le détachement DA est chargé de jalonner les 3 itinéraires du G.T.V.
Une 1ère patrouille commandée par l'Enseigne de Vaisseau Gelinet et comprenant en plus du "Marsouin" et du "Souffleur" un peloton de reconnaissance, reconnaît l'axe du sous-groupement Cantarel.
Une 2e patrouille (Aspirant Maymil et Phoque) reconnait l'axe du sous-groupement Putz.
Le détachement entier est regroupé à Burckwickersheim au moment où les sous-groupements le dépassent vers Strasbourg.
La patrouille de l'Aspirant Maymil pousse une pointe vers Wolsheim. Tout se passe bien au début, mais au retour 2 automitrailleuses des Spahis sont allumées à bout portant par des tireurs de Bazooka. L'Aspirant Maymil et son équipe par leur sang-froid et leur cran, réussissent à dégager et à ramener cependant tout le monde.
Enfin au moment où l'Etat-Major du G.T.V. rentre à Strasbourg, 300 allemands réfugiés dans la caserne des gardes font le coup de feu avec mitrailleuses, fusils et mortiers. Il y a pas mal de pertes. Il est fait appel au "Marsouin" (Second Maître Slomski, Lamy, Provost, Nicolas, Bosche), celui-ci enfonce du 1er coup la porte de la caserne, mais n'est pas suivi par les fantassins américains chargés du nettoyage. Il recommence peu après, tire au canon et à la mitrailleuse dans la cour et est pour une grande part responsable de la reddition de la garnison allemande.
320 prisonniers dont 15 Officiers.
L'affaire nous coûte cependant 4 blessés par mortiers : Gonzesse, Gaillet, Rouanet, Nekrouf, Blaha.
Le half-track de dépannage qui n'avait rien à faire dans cette bagarre puisqu'il aurait dû être avec le sous-groupement H. reçoit un obus de mortiers qui crève la batterie. Horellou et Roméo ont un peu peur, c'est tout.
Le 2e peloton passe la nuit à Strasbourg dans le quartier des gardes.
 
DETACHEMENT GUILLON. - Sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau Guillon un détachement d'avant-garde du sous-groupement H. est constitué comprenant :
Le peloton de chars légers du sous-lieutenant Lespagnol.
Le 3e peloton de T.D. (E.V. Barnaud).
Nous suivons le sous-groupement Putz jusqu'à Ittenheim, puis nous déboitons vers le Sud, chars légers en tête. 1er arrêt à Ackenhein, le pont est marqué 16 tonnes et les T.D. en pèsent 28, 2 chars légers traversent et se mettent en protection de l'autre côté. "L'Albatros" sert de cobaye, Combeau et son équipage ont le sourire car tout se passe bien et le pont de bois étale.
La colonne continue. Nous apprenons plus tard que le dernier char, averti par les civils, a cueilli sous le pont les 6 allemands qui devaient le faire sauter et qui n'ont pas eu le temps de le faire.
Tout se passe encore très bien jusqu'au village de Holtzheim. Les chars de tête sont accueillis par des mitrailleuses, mais ripostent au canon, et les 15 ou 20 allemands qui se préparaient à faire sauter le pont doivent fuir par les jardins. Ils sont presque tous abattus à la mitrailleuse. Holtzheim est traversé. Les chars de tête arrivent devant le fort Joffre. Des tireurs de Panzerfaust sont terrés tout le long de la route. Ils sont tués chacun à leur tour à coups de 37, les mitrailleuses tirent les fantassins le long de la voie de chemin de fer. Le sous-lieutenant Lespagnol est tué dans son char, la riposte vient du fort Joffre qui est à 500 mètres. Au passage on arrête, puis on fusille un civil armé qui cache sur sa bicyclette un uniforme de "Front Führer" et un magnifique pavillon Nazi.
Ordre est donné aux deux chars légers et aux T.D. de tête de gagner au plus vite le pont en dessous du chemin de fer et d'attendre le nettoyage du Fort. Aussitôt fait. Mais les balles sifflent drues au passage. Ce n'est pas pour inquiéter les équipages. Riot et Hervé répondent à la 12,7 à tous les départs ; Gabillard et Antoine font des liaisons à pied et en jeep avec l'arrière. Le Barbu, Rivière et Cazorla continuent leur protection des chars légers.
La compagnie d'infanterie du sous-groupement est rassemblée et nettoie l'ouvrage. On y trouve une quarantaine de véhicules puis le génie appelé à l'aide se précipite au pont. Des kilos de pétards y sont entassés, des détonateurs pendent partout. Tout est désamorcé.
Cependant les chars qui observent la grand-route de Molsheim à Strasbourg qui passe à 1300 mètres de là, signalent de nombreux véhicules ; des voitures légères à 80 à l'heure, des camions, enfin deux chars, la pluie qui tombe à verse a brouillé les lunettes et il est impossible de les toucher. Il faut ajouter qu'ils se dépêchent. Enfin quelques fusants venant des environs de Strasbourg tombent sur notre arrière.
Le Commandant Debray décide alors de faire dépasser l'avant-garde par un jumelage chars infanterie, le village de Lingolsheim risquant d'être tenu par des chars (ceux que nous avons vu passer en particulier) et de l'infanterie. Lingolsheim est rapidement occupé. Les fantassins nettoient le village où quelques surprises nous attendent cependant. Gabillard, Antoine et Fékaï sont reçus à coups de mitraillette par des "civils" à l'aspect inoffensif. Enfin quelques véhicules venant de Molsheim sont reçus à bout portant à coups de canon. En particulier un autocar portant une trentaine d'hommes est stoppé en 5 mètres. Personne n'en sortira vivant.
Et la course continue. Les Sherman ont pris la tête et mènent un train d'enfer. On tue des allemands au passage, on fait des prisonniers. On se contente pour ces derniers qui sont trop nombreux de les désarmer et de les déchausser. L'arrière-garde se chargera d'eux.
Le fort Lefèvre est canonné au passage et dépassé. On débouche enfin sur la route de Sélestat à Strasbourg laissant le Bagger See à droite. Il ne se passe rien. Mais quand la colonne est entièrement engagée un 88 se met à tirer à 500 mètres sur les voitures. Tout le monde s'arrête et on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de monde autour de ce Bagger See. Les canons tirent, toutes les mitrailleuses crachent. Quand sans signal le feu cesse, nous voyons 150 à 200 allemands qui se lèvent sans ordre eux aussi, les bras en l'air.
On laisse des hommes et deux chars légers pour s'occuper de tout ce monde et neutraliser la batterie de 12 canons de 88 C.A, qui se trouve là. Et on continue. Nous arrivons à Strasbourg vers 15 heures. L'aérodrome de Neudorf est dépassé, l'usine électrique occupée, la liaison prise avec les autres sous-groupements.
Le bilan pour le sous-groupement H. est le suivant :
Près de 800 prisonniers ;
1 batterie de 12 canons de 88 C.A. capturée ;
Environ 40 véhicules capturés au fort Joffre ;
Un char détruit par le détachement Branet à l'entrée de Strasbourg ;
Un autocar détruit ;
8 véhicules divers détruits.
 
24 NOVEMBRE
PREMIER PELOTON : Strasbourg.
2e PELOTON : Un demi-peloton accompagne des Spahis dans une reconnaissance sur Molsheim, Obernai, Niedernei.
RESTE DE L'ESCADRON : Aérodrome de Neudorf, bombardé dans la nuit par gros calibre venu de la rive droite du Rhin.
 
25 NOVEMBRE
PREMIER PELOTON. - Le groupe de l'Aspirant Royer fait partie d'une puissante patrouille, commandée par le Capitaine Comte, qui va reconnaître le Fort Hoche. Pas d'histoires.
DEUXIEME PELOTON. - Patrouille avec le détachement D.A. vers Lipsheim, Fegersheim, Illkirch et Graffestaden. Nombreux prisonniers.
RESTE DE L'ESCADRON. - Aérodrome de Neudorf.
 
26 NOVEMBRE
PREMIER PELOTON. - Le groupe de l'Aspirant Royer participe à la patrouille du Capitaine Troadec vers Illkirch et Graffestaden. Rentre à 16h30.
DEUXIEME PELOTON. - Le détachement D.A. a reçu pour mission de couper la route Obernai-Erstein, après avoir posé deux passerelles à Hindisheim, la route est atteinte au carrefour situé à 1,5 km à l'Ouest d'Erstein. Il fait nuit déjà. L'Enseigne de Vaisseau Gelinet avec ses deux T.D. "Marsouin" et "Phoque" constitue le plus gros de la défense.
Une première contre-attaque allemande a lieu vers 21h30. Un engin chenillé est mis en fuite par le "Marsouin". Une deuxième contre-attaque a lieu un peu avant minuit, avec fantassins et chars. Un half-track est mis en feu, puis le "Marsouin" est touché par 88 et Bazooka. Il flambe. Provost et Nicolas sont tués. Les allemands tirent de tout près avec armes individuelles et Panzerfaust. L'ordre est donné de décrocher, ce qui n'est pas facile à exécuter. Tout se passe mieux qu'on aurait pu croire. Mais Slomski et Rayer sont portés disparus (Nous apprendrons en mars 1945 que Rayer est prisonnier dans un stalag).
Le groupe de l'Aspirant Maymil, pendant ce temps, occupait avec les Spahis le carrefour de Nordhouse. Contre attaque de même style vers 2 heures du matin. Mais le décrochage peut se faire plus tôt, et les pertes sont nulles.
Le peloton et le détachement D. A. se regroupent à Hindisheim.
RESTE DE L'ESCADRON. - Aérodrome de Neudorf.
Le "Canard" portant le Capitaine Branet participe à une expédition de reconnaissance effectuée par des chars en direction de Plobsheim.
 
27 NOVEMBRE
PREMIER PELOTON. - Sans changement.
DEUXIEME PELOTON. - Le groupe Gelinet procède à la reconnaissance et au nettoyage de Limersheim. Le groupe Maymil agit sur Nordhouse.
RESTE DE L'ESCADRON. - Sans changement.
 
28 NOVEMBRE
La division se déplace tout entière vers le Sud, le long du Rhin.
2e PELOTON. - Occupation de Nordhouse. "Le Souffleur" détruit une V.L.
Attaque et prise de la partie Nord d'Erstein par le détachement D.A. renforcé par le groupe de l'Aspirant Maymil. Fait de nombreux prisonniers.
ESCADRON MOINS 2e PELOTON. - Se déplace avec le G.T.V. le 1er peloton passe la nuit à Illkirch-Graffestaden, le reste de l'Escadron à Plobsheim.
 
29 NOVEMBRE
Même situation que la veille. Le 2e peloton continue le nettoyage et l'occupation d'Erstein.
 
30 NOVEMBRE
Même situation que la veille.
Le 3e peloton au sous-groupement H. est partagé entre les détachements Dronne et Guillon et rallie Gerstheim.
 
1er DÉCEMBRE
PREMIER PELOTON. - Plobsheim au sous-groupement Putz.
RESTE DE L'ESCADRON. - Regroupé à Gerstheim au sous-groupement H. Bombardement intermittent.
 
2 et 3 DÉCEMBRE
Tout l'Escadron est regroupé à Gersteim.
L'Enseigne de Vaisseau Robin embarque à l'Escadron.
 
4 DÉCEMBRE
L'escadron va au repos à Nordhouse, par petits paquets de véhicules, en alerte C.A. Quelques avions isolés en effet mitraillent les routes. Le Lieutenant de Vaisseau Vivier, le matin, a eu son conducteur tué. Le Lieutenant de Vaisseau Guillon et Burlot ont passé au même moment dix minutes dans un fossé.
 
5 au 12 DÉCEMBRE
Au repos à Nordhouse.
Le 12, tir indirect du 3e peloton sur le clocher de Hilsenheim.
 
13 DÉCEMBRE
Le 2e Escadron doit participer à l'attaque du G.T.V. vers Witternheim et Bindernheim.
3e PELOTON. - Part le premier. Du carrefour de Riedorf, "l'Albatros" tire sur Bindernheim puis le peloton rallie Witternheim où il passe la nuit sous le bombardement. Daniel, Milhau, Burlot, Le Cordier sont blessés par un obus qui tombe dans leur cuisine.
1er PELOTON. - En réserve à Sand.
RESTE DE L'ESCADRON. - En alerte à Benfeld à la disposition du G.T.V.
 
14 DÉCEMBRE
Tout l'Escadron est regroupé en D.C.B., à Witternheim, au sous-groupement H.
Le 3e peloton participe à l'attaque sur Binderneim avec le détachement Dronne. L'attaque ne réussit pas à cause du violent bombardement qui empêche le débouché les fantassins et le travail des sapeurs, et aussi à cause de la présence de nombreux Jagdpanthers camouflés qui mettent le char de tête hors de combat et qu'on ne peut localiser.
Le 1er peloton se porte dans l'après-midi à Neuenkirch en soutien du bataillon de chasseurs parachutistes qui attaque le long du canal.
Quand l'attaque sur Bindernheim est stoppée, la situation est la suivante :
1er peloton à Neuenkirch en D.C.B.
2e et 3e pelotons à Witternheim en D.C.B. face au Sud, à l'Ouest. Bombardement constant.
 
15 DÉCEMBRE
Même situation que la veille. Le bombardement est constant par 150, 88 et même obus de 280 à fusées.
 
16 DÉCEMBRE
Après un bombardement sérieux, une contre attaque allemande est faite pour reprendre Witternheim. Environ un bataillon d'infanterie et une vingtaine de chars ou automoteurs.
La consigne donnée par le Commandant Debray, commandant le sous-groupement H. et la défense est de ne tirer qu'à bout portant sur un but en valant la peine, pour éviter de dévoiler la position de nos chars. L'ordre est exécuté et l'attaque allemande arrêtée uniquement par le tir de notre artillerie que les observateurs dirigent à l'oeil des avants postes. Les fantassins allemands arrivent à 500 mètres de nous et sont obligés de s'arrêter. Cependant sur la route venant de Bindernheim, "l'Epervier" perçoit un Jagdpanther à 1000 mètres. La cible en vaut la peine et le Maitre Sparfel fait tirer 3 coups de canon. Le Jagdpanther, probablement touché, se réfugie dans un bois voisin où l'artillerie l'achève et le met en feu. L'attaque n'ayant pas réussi, le bombardement allemand reprend.
 
DU 17 au 22 DECEMBRE
Même situation, l'Escadron est réparti entre Neuenkirch et Witternheim. Même bombardement systématique. Inutile de dire que nos artilleurs répondent par le double et le triple, mais cependant c'est beaucoup.
Un soir, vers 20 heures, arrivent en même temps 18 obus à fusées. Le plafond de la popote tombe sur la table où fume un civet de lièvre ; sont réunis le Commandant Debray, le capitaine Court, le lieutenant de Vaisseau Guillon, le Sous-Lieutenant Menonville et le Premier Maitre Gabillard. Il faut aller à la cave.
C'est d'ailleurs la seule solution et notre séjour à Witternheim sera un séjour passé sur la paille humide des caves et des celliers. La vie s'y organise d'ailleurs, avec plafonds, épontilles, chauffage, lumière.
Le Lieutenant de Vaisseau Guillon n'est pas mal, sa cave est de loin la plus belle du village. On a sorti 5 ou 6 tombereaux de betteraves, il y a l'électricité sur accus, du vin, des provisions et de la volaille que les évacués ont laissée à notre disposition. Le commandement Debray y vient prendre ses repas. Mais c'est aussi un des coins les plus visés du village, près du carrefour, et de nombreux véhicules sont avariés par éclats.
"Le Canard", "Joyeuse", "les Dodges" ont des pneus crevés, des radiateurs défoncés.
Pascual et ses vivres, Padellec et les permissionnaires de détente se souviendront sans doute d'une matinée particulièrement pluvieuse en 88, sur la route de Rossfeld.
Le 2e Peloton est à la sortie Sud-Ouest du village avec des chars et de l'infanterie. Le nombre de T.D. du 2e peloton est de plus en plus réduit par avaries. Les gens sont à pied.
L'Enseigne de Vaisseau Robin et "le Phoque" sont à la partie Nord-Ouest, eux aussi sont bien arrosés, et leurs caves ne sont pas belles. Par contre celle qu'occupe l'Enseigne de Vaisseau Gelinet et son groupe de Commandement est bien, quoique encombrée par du matériel divers : barriques vides, matelas, etc... mais de nombreuses provisions, des liquides variés, l'éclairage par quinquet est insuffisant ; cuisine froide et charcuterie de premier ordre et moral excellent grâce à l'Aspirant Maymil, Pestelle, Vescovali, Padellec et Consort.
La cave du 3e peloton est encore pleine de betteraves. On dort sur les betteraves, on mange sur les betteraves. Et on a même mis une mitrailleuse sur les betteraves pour tirer par le soupirail. La cuisine y est bonne, et permanente. A toute heure, Le Brouder, Lecacheux et autres font mijoter un lapin ou une poule et offrent du vin rouge. C'est un bon havre, quand on rentre de Neuenkirch et chaque fois le Lieutenant de Vaisseau Guillon s'y arrête pour discuter avec l'Enseigne de Vaisseau Barnaud et manger une bouchée.
L'Aspirant Laforest est à la sortie Sud. La cave est un dortoir, où dorment fraternellement mêlés les Espagnols de la 9e compagnie du Tchad et les marins du groupe de T.D. Mais il ne faudrait pas que le séjour se prolonge trop, car un obus a déjà éclaté dans la cave, blessant 5 hommes. Les Espagnols ont mis une oie à l'engrais et il y a toujours un seau plein de vin pour accueillir le visiteur.
Le Maître Diserbo, le dépannage et l'équipe du "Canard" sont près du carrefour au centre du village. Après s'être creusé des niches sous la paille, ils occupent après le départ des réfugiés une cave petite, coquette, mais débordante aussi de betteraves. Il n'y a que de la volaille à manger.
La situation est toute différente à 1,5 km de là, à Neuenkirch où se trouvent l'Enseigne de Vaisseau Hinden et le Premier peloton. Trois maisons, une église, et une seule cave occupée par quelques réfugiés sous l'œil vigilant du curé. Alors le 1er peloton vit au rez-de-chaussée et dans l'église. Le bombardement est un peu moins violent, heureusement, et tombe plutôt aux abords des maisons que dessus. La vie est vivable.
Cette petite guerre nous coûte heureusement peu de pertes en hommes, et c'est un miracle. Levier est tué dans son trou de mitrailleuse, et nous n'aurons plus de blessés. Par contre les véhicules souffrent. Un jour 3 jeeps du 3e peloton brûlent. 2 autos mitrailleuses, 2 Dodges et quelques Jeeps sont avariées. Il faut se résoudre à ne garder que les chars et à envoyer tous les véhicules à roues à Rossfeld, 3 kilomètres à l'arrière.
Enfin, les projectiles à fusées sont aussi incendiaires. Un beau soir deux ou trois granges flambent. Le Maître Diserbo, le Premier Maître Gabillard, Hervé et Antoine mettent sur pied une équipe d'incendie, ramassent les quelques civils restant, arment la pompe municipale et se battent toute la nuit pour préserver deux ou trois maisons et les véhicules qu'elles abritent.
 

 

Le Marsoin détruit à Erstein - 26 novembre 1944

 Il y aura encore beaucoup d'incendies, mais heureusement tous à peu près localisés.
Un autre jour, par beau ciel, nous assistons des premières loges à un magnifique bombardement en piqué. Une escadrille française de Thunderbolts se trompe légèrement d'objectif et prend à partie le commandant Debray, le capitaine de Boissieu, le lieutenant de Vaisseau Guillon, le premier maître Gabillard qui font une innocente reconnaissance près d'un blockhaus désaffecté. Après quelques plats ventres bien appuyés, tout le monde se relève intact, mais un peu sonné cependant.
Enfin le 22, sous le Commandement de l'Enseigne de Vaisseau Robin, trois T.D. se déplacent vers Herbsheim pour faire des tirs d'artillerie lointains.
Le 23 au matin, l'Escadron tout entier est relevé et va se reposer à Nordhouse où il passe les fêtes de Noël et du jour de l'An.
 
LA POCHE D'ALSACE
 
23 JANVIER
Le premier peloton se rend à Sélestat au sous-groupement H. Le reste sans changement.
 
24 JANVIER
Le 2e peloton rejoint le premier peloton à Sélestat.
 
25 JANVIER
PREMIER PELOTON. - Sous-groupement H à Illheusern.
DEUXIEME PELOTON. - Sous-groupement P à Sélestat.
TROISIEME PELOTON. - Sous-groupement C à Sélestata
 
26 JANVIER
1er PELOTON. - Le sous-groupement H. ne pouvant progresser par la route Illhausern-Elsenheim battue par des automoteurs ennemis tirant du bois d'Elsenheim franchit la forêt communale de Colmar et s'empare de vive force du carrefour 177. Le 1er peloton participe à l'attaque puis s'installe en D.C.B. dans un bois voisin.
RESTANT DE L'ESCADRON. - En alerte à Sélestat.

27 JANVIER
2e PELOTON. - A 7 heures, le 2e peloton quitte Sélestat avec le sous-groupement Putz et se porte dans la région du carrefour 177, puis vers le pont détruit sur la Blind que le "Phoque" passe à gué pour protéger le travail du Génie. Il tire à explosifs sur des nids de mitrailleuses ennemies. Violente réaction ennemie de 22h30 à 23h30, qui interrompt la construction du pont.
RESTE DE L'ESCADRON. - Sans changement.
 
28 JANVIER
2e PELOTON. - Dès le jour, l'établissement de la passerelle sur la Blind s'est effectué avec succès et sans réaction de l'ennemi. L'attaque sur Grussenheim se fera par l'Ouest et le Sud. Le 2e peloton appuiera l'action principale par l'Ouest (Pont sur la Blind). Le débouché de l'attaque se fera à 13 heures.
Vers 12 heures "le Phoque" en position de tir sur la rive Est de la Blind est mis en flammes par un automoteur ennemi. Ramonet et Loisel sont tués. Belfils, Narces et Clad sont blessés. Peu de temps après l'Aspirant Maymil est mortellement touché par des éclats. Il est remplacé par l'Enseigne de Vaisseau Robin. Cependant devant la réaction ennemie l'effort principal va se faire par l'axe Jebsheim Grussenheim.
Le 2e peloton est dérouté sur l'axe et attaque Grussenheim par le Sud avec la colonne Witasse. Au cours de la progression entre Jebsheim et Grussenheim l'Enseigne de Vaisseau Robin est tué dans son automitrailleuse par des éclats.
Le 1er peloton a reçu l'ordre de se porter en renfort des éléments du sous-groupement P. à Grussenheim
Les 1er et 2e pelotons (l'Enseigne de Vaisseau Barnaud a pris le commandement du 2e peloton) participent au nettoyage du village et à la D.C.B.
RESTANT DE L'ESCADRON. - En alerte à Guémar.
 
29 JANVIER
A partir de 6 heures contre-attaque allemande : l'Equipage du "Lynx" (Secteur S.E.) aperçoit à 900 mètres dans l'Est un Jagdpanther, mais ne l'a pas dans le champ de sa lunette. Arrieux tire dans sa direction 7 perforants : L'ennemi se croit menacé et en manœuvrant présente son flanc au tireur du T.D. qui le détruit en quelques secondes.
De son côté "le Lion" touche à plusieurs reprises un char ennemi sans résultats apparents. Le "Souffleur" placé à la sortie Nord du village reçoit l'ordre d'ouvrir le feu à 1200 mètres sur un Jagdpanther qui se présente de front. Il l'atteint de plusieurs coups sans résultats apparents non plus. A son tour l'ennemi tire à explosif sur le T.D. blessant le chef de char (le second Maître Le Goff). Le matelot Gonidec, tireur, dirige le char. Celui-ci heurte une grange qui vient d'être détruite par un projectile le moteur cale et en manœuvrant à nouveau pour se dégager le "Souffleur" est atteint par deux projectiles qui le mettent en flammes. Benedic est blessé et Le Mercier tué. Dans la matinée le sous-groupement P. est relevé par des éléments de la 5e D.B. Le 1er peloton rallie le sous-groupement H. au carrefour 177 et le 2e peloton le restant de l'Escadron à Guémar.
 
30 JANVIER
Le 3e peloton relève auprès du sous-groupement H. le 1er peloton, qui rallie l'Escadron à Guémar.
 
31 JANVIER
Avec H. le 3e peloton occupe Elsenheim et participe à une reconnaissance sur Marckolsheim tirant des nids de mitrailleuses ennemies puis prend position pour la nuit aux lisières S et E de Elsenheim. Tirs de harcèlement ennemis (Maître Le Battu blessé). L'Enseigne de Vaisseau Casens et l'Aspirant Laforest, accompagnés de Gertrou et d'Agostini ramènent de nombreux prisonniers.
Le 2e peloton reste au repos à Guémar.
P.H.R. et 1er peloton font mouvement avec Etat-Major G.T.V, et sous-groupement C. par Grussenheim-Elsenheim ; Au départ de Guémar, "le Jaguar" saute sur une mine à la sortie du village et Tringat va passer de longs jours dans la neige puis la boue en attendant qu'on puisse le dépanner.
Occupation de Onenheim-Fidolsheim. Le 1er peloton et peloton de Spahis Lejeune passent la nuit au carrefour Schnellenbuhl.
Rien à signaler.
P.H.R, à Onenheim.
 
1er FÉVRIER
3e peloton à Marckolsheim.
T.D. en D.C.B. face au Nord.
L'Aspirant Laforest avec 1 T.D. passe aux ordres du détachement Buis (sous-groupement C) qui attaque Artzenheim et y passe la nuit.
1er peloton Heidolsheim.
2e peloton Guémar.
P.H.R. Onenheim.
 
2 FEVRIER
Le G.T.V. est relevé et s'apprête à faire mouvement.
1er et 2e pelotons à Sélestat.
Restant de l'Escadron à Onenheim-Heidolsheim.
 
3 FÉVRIER
Dans la soirée, l'Escadron est regroupé à Innenheim où il séjourne jusqu'au 14.
 
15 FEVRIER
Encore une fois franchi le col du Dabo. L'Escadron reste à Hartzwiller jusqu'au 26 février.
A partir du 27 février, la Division entière fait mouvement. Les chars voyagent par le train, le reste des véhicules par la route. Après un voyage de 3 jours par Nancy, Chaumont, Cosne, Nevers, Bourges et deux arrêts d'une nuit, le 2e Escadron séjourne au repos à Bouges (Indre).
Au cours des opérations qui ont amené la Division Leclerc à délivrer Royan, le 2e Escadron a mis 2 pelotons aux ordres du G.T.R. Il s'agit de masquer la Rochelle pendant l'opération principale de Royan.
Du 14 au 18 avril les 2e et 3e pelotons séjournent à Genouillé. Les équipages sont en majorité nouveaux.
Un excellent entraînement consistera pour eux à tirer 300 coups de canon sur des nids de mitrailleuses, des villages occupés, et même une locomotive et des wagons.
Le 27 avril le 2e Escadron quitte Bouges (Indre) et fait route vers l'Est.
Première destination Château-Salins.
 
EN ALLEMAGNE
 
27 AVRIL
Départ des véhicules à roues par la route.
Départ des chars du 1er peloton par le train.
Bouges, Issoudun, Bourges, Nevers, Cosne, Neuvy, Annay (Nièvre).
 
28 AVRIL
Convoi routier : Bonny, Auxerre, Tonnerre, Châtillon, Châteauvillain, Euffigneix (Haute-Marne).
 
DIMANCHE 29 AVRIL
Convoi routier : Chaumont, Neufchâteau, Nancy, N 74, Moncel Bioncourt.
L'E.V. BARNAUD parti en précurseur, prend contact avec le G.T.V. à 6h00 à Murhardt, attend les T.D. du 1er Peloton, puis rallie le G.T.V. au Sud de Dillingen à Ziemetshausen.
Les T.D. des 2e et 3e Pelotons embarquent dans le train à St-Jean d'Angely.
 
30 AVRIL
Convoi routier : Château Sallins, Sarreguemines, franchi la frontière à Habkirchen, Hambourg, N 240, Kaiserlautern, puis autostrade jusqu'à Frankenthal près de Mannheim.
Détachement BARNAUD aux ordres du S/GT DELPIERRE. Itinéraire, Landsberg, Weilhem, Uffing..
 
1er MAI
9h00, franchi le Rhin au pont de Frankenthal, Burstadt, N 47, Walldurn, Trauberbishofsheim Bad Mergentheim, N 19, cantonné à Enslingen (près de Hall).
Détachement BARNAUD à Uffing. Débarquement des T.D. des 2e et 3e Pelotons à Bischwiller, sous les ordres de l'Aspirant ROYER.
 
2 MAI
Convoi routier. Hall, Crailsheim, franchi le Danube à Dillingen, Holzheim, Altenmunster, Dinkelsherben, Memmenshausen (SW Augsbourg).
Détachement BARNAUD à Uffing.
 
3 MAI
MEMMENSHAUSEN.
Le Lieutenant de Vaisseau GUILLON transmet le commandement du 2e Escadron au Lieutenant de Vaisseau GELINET.
Les T.D. de ROYER rallient l'Escadron.
Détachement BARNAUD aux ordres du Capitaine PHELEP. Départ à 4h00. Bichl Bal Tolz, Waarkirchen. La Mission du détachement (faire route au Sud en direction d'Innsbruck) est modifiée par l'arrêt par l'ennemi de la patrouille de tête. Nettoyage de Hausham, Mieslack. Cantonné à Kirchdorf.
 
4 MAI
Le 2e Escadron moins le détachement BARNAUD quitte le régiment et rallie le GTV par Schwalmunchen, Landberg, Diessen. Le P.C. avant a déjà quitté Diessen en direction de Berchtesgaden. Continué par Starnberg. Arrêté à Sauerlach faute de carburant.
Détachement BARNAUD : Mission de découverte sur Groding et Berchtesgaden. Retardé par le manque de carburant puis arrêté par les colonnes américaines. Stoppé à Nieder Alm.
 
5 MAI
Après un premier ravitaillement. Autostrade Holzkirchen, Miesbach, Augrosholzen. Ravitaillé en cours de route. Autostrade, Siegsderf, Trausut, Teisendorf, Teichenhall. Arrivé à 21h00 à Berchtesgaden.
Cantonné à Schonau (2,5 km de Berschtesgaden).
Détachement BARNAUD, part à 6h00 sur des pistes de montagne et fait de nombreux prisonniers. Les T.D. ne pouvant passer, L'E.V. BARNAUD continue avec une section de chars légers, occupe et nettoie Hallein, arrive à 10h00 devant le Berghof déjà occupé par des éléments du R.M.T.
Le détachement BARNAUD rallie le sous-groupement D à Stub près de Berchtesgaden.
 
6 MAI
Cessation des hostilités ; l'Escadron se regroupe à Schonau.
 
8 MAI
L'Allemagne signe l'armistice sans conditions.
 
9 MAI
Défilé de la 2e Division Blindée devant le Général de GAULLE à Ulosterlechfel (12 km Nord de Landberg).
Retour à Troubing.
 
25 MAI
Départ pour la France.
Franchi le pont de Kehl le 27 mai au matin et cantonné à lnnenheim.
 
30 MAI
L'Escadron se regroupe à Mennecy (près Corbeil).
 
18 JUIN
Défilé de la 2e Division Blindée à PARIS.
 
22 JUIN
Le Général LECLERC fait ses adieux à la 2e Division Blindée à Fontainebleau.

ORDRE DE BATAILLE DU 2e ESCADRON

GROUPE DE COMMANDEMENT ET PELOTON HORS RANG.

L.V. GUILLON, Commandant l'Escadron.
Premier-Maître Fusilier LE MENN, Commandant le P.H.R. (Premier-Maitre Canonnier GABILLARD à partir du 20 novembre).
Maître Mécanicien DISERBO, chef du dépannage.
Second-Maître commis PASCUAL, chargé des vivres.
Second-Maître Fusilier HERVE, chef de l'automitrailleuse "CANARD".

PREMIER PELOTON DE TANK-DESTROYERS.

Jeep "MINET". Auto-mitrailleuse "PANTHERE". 4 Jeeps de protection "RAMINAGROBIS", "CHAT BOTTE", "ANGORA", "SIAMOIS" (puis "OCELOT"). Dodge "PUMA".
E.V. HINDEN, Chef de peloton.
Aspirant de Cavalerie ROYER, Adjoint au chef de peloton.
Maître Torpilleur LE BERRE, adjoint.
Second-Maître Canonnier DANTEC, chef du "LÉOPARD" (Second-Maître Mécanicien CARAES à partir de janvier).
Second-Maître Canonnier COLLOCH, chef du LION. (Second-Maître Armurier GUEGAN à partir d'octobre).
Second-Maître Fusilier TRINGAT, chef du JAGUAR.
Second-Maître Torpilleur ETESSE, chef du LYNX.
Quartier-Maître Chef Electricien DANGUEL, chef de l'automitrailleuse "PANTHERE".
DEUXIEME PELOTON DE TANK-DESTROYERS.

E.V. BERNARD, Chef de peloton (E.V. GELINET à partir de PARIS).
Aspirant de Cavalerie MAYMIL, adjoint au chef de peloton.
Maître Electricien MONNIER, adjoint.
Second-Maître Mécanicien HUGUET, chef du "MORSE".. (Second-Maître Fusilier DEVAUX à partir de VACQUEVILLE).
Quartier-Maître Chef Chauffeur BELFILS, chef du "PHOQUE".
Second-Maître Fusilier SLOMSKY, chef du "MARSOUIN".
Second-Maître Electricien LE GOFF, chef du "SOUFFLEUR".
Quartier-Maître Chef Électricien MILET, chef de l'automitrailleuse "REQUIN".

TROISIEME PELOTON DE TANK-DESTROYERS.
E.V. BARNAUD, chef de peloton.
Aspirant de Cavalerie LAFOREST, adjoint au chef de peloton.
Maître Canonnier LE BARBU, adjoint.
4 Tanks-Destroyers "LEOPARD", "LYNX", "LION" (puis, "LION II" ), "JAGUAR".

DEUXIEME PELOTON.
Jeep "ARC-EN-CIEL" (puis "ONDINE").
Auto-mitrailleuse "REQUIN".
4 Jeeps de protection "LA MURENE", "LA SARDINE" (puis "LA MEDUSE"), "LA GIRELLE", "LE ROUGET".
Dodge "LE CONGRE".
4 Tanks-Destroyers "MARSOUIN" (puis "MARSOUIN II"), "SOUFFLEUR" (puis "SOUFFLEUR II"), "MORSE", "PHOQUE" (puis "PHOQUE II").

TROISIEME PELOTON.
Jeep "ALOUETTE" (puis "ALOUETTE II").
Auto-mitrailleuse "AIGLE".
4 Jeeps-protection "FAUVETTE" (puis "FAUVETTE II"), "AIGRETTE" (puis "AIGRETTE II"), "BERGERONNETTE", "MOUETTE".
Dodge "PELICAN".
4 Tanks-Destroyers "EPERVIER", "MILAN", "ALBATROS", "VAUTOUR".
Second-Maître électricien SPARFEL, chef de l' "EPERVIER".
Quartier-Maître chef Canonnier ROCH, chef du "VAUTOUR".
Second-Maître Fusilier COMBEAU, chef de l' "ALBATROS" .
Second-Maître Torpilleur LEBRETON, chef du "MILAN". (Second-Maître Mécanicien CASTOR à partir d'ECOUCHE).
Quartier-Maître chef électricien LE BROUDER, chef de l'auto-mitrailleuse "AIGLE")


PERTES INFLIGEES A L'ENNEMI PAR LE 2e ESCADRON DU R.B.F.M.
 
CHARS DETRUITS.

2 Panzer IV : Léopard : Carrouges 13 août 1944 ; Morse : Vacqueville 1er novembre 1944.
2 PANTHER : Morse : Anglemont 1er octobre 1944 ; Lynx : Montigny 31 octobre 1944.
2 JAGDPANTHER : Epervier : Witternheim 16 décembre 1944 ; Lynx Grussenhem 29 janvier 1945.
1 TIGER : Groupe Epervier, Milan, Argentan 15 août 1944.
1 automoteur 88 : Souffleur, Bertrambois 19 novembre 1944.
CHARS DETRUITS NON CONFIRMES.
1 TIGER : Lynx : Argentan 13 août 1944.
2 Panzer IV : Marsouin, phoque, Anglemont 1er ctobre 1944.
2 PANTHER : Lion II, Souffleur, Grussenheim 29 janvier 1945.
CANONS DÉTRUITS.
7 Canons 88 PAK : Marsouin : Guyancourt 25 août ; Lynx : Damblin 14 septembre ; Lynx : Hablainville 31 octobre ; Jaguar : Pettonville 31 octobre ; Vautour
Montigny 1er novembre ; Jaguar : Badonviller 17 novembre ; Albatros : Strasbourg 23 novembre.
3 Canons 75 : Jaguar : Neuilly 25 août ; Lynx : Bréménil 18 novembre ; Premier Peloton : Petitmont 18 novembre.
CANONS DIVERS.
2 Canons 20 FLAK : Lynx : Damblin 14 septembre.
1 Canon 37 PAK : Jaguar : Vacqueville 1er novembre.
VÉHICULES DE COMBAT DÉTRUITS.
1 transport de personnel chenillé blindé : Phoque Voisin le Bretonneux 24 août.
3 Chenillettes : 2 par Phoque : Le Bourget 26 août ; 1 par Lynx : Bréménil 18 novembre.
3 auto-mitrailleuses : 2 par Lynx : Damblin 14 septembre ; 1 par Marsouin Souffleur : Andelot 12 septembre.
VÉHICULES DIVERS DÉTRUITS.
1 autocar.
17 camions. 10 VL et divers.
MATÉRIEL CAPTURE (en collaboration avec d'autres armes de la 2e D.B.).
40 véhicules divers ; 1 millier d'armes individuelles ;
10 tonnes de munitions ; Neuilly 25 août 1944.
12 Canons de 20 FLAK : 3 canons de 75 PAK.
1er peloton, Cirey 19 novembre 1944.
3 mortiers de 105 sur roues : 3e Peloton seul ; Châtillon 19 novembre 1944.
40 véhicules divers : Strasbourg 23 novembre 1944.
11 Canons 88 PAK-FLAK : Strasbourg 23 novembre 1944.
PRISONNIERS CAPTURES.
950 par le 2e Escadron seul.
1.700 par le 2e Escadron en collaboration avec d'autres armes de la 2e D. B.

PERTES SUBIES PAR LE 2e ESCADRON DU R.B.F.M.

PERSONNEL.
21 tués (dont 2 Officiers).
38 blessés (dont 2 Officiers).
2 disparus (le Quartier-Maître fusilier RAYER, prisonnier, a été libéré).

MATÉRIEL.
4 chars détruits (Lion, Marsouin, Souffleur, Phoque).
3 Jeeps détruites.

VEHICULES DU 2e ESCADRON

GROUPE DE COMMANDEMENT.
Jeep "JOYEUSE". Auto-mitrailleuse "CANARD". Motos "ZOZO" et "LA RAFALE".

PELOTON HORS RANG.
Jeep dépannage "LA MOUETTE" (puis "LA TOURTERELLE"). Half-Track dépannage "LE HERON". Dodge Atelier "CORMORAN". Dodge vivres "LA GOELE". Dodge "LA CHOUETTE".

Recherche