1er REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE



11 NOVEMBRE 1944  
ETAT-MAJOR
Colonel Bourgin
Lieutenant Colonel Robelin 
Chef d’Escadrons de Lavenne
Chef d’Escadrons Fauré
Capitaine Marzloff
Capitaine de Canchy 
Capitaine de Roquemaurel 
Capitaine d’Arnaudy 
Capitaine du Chatelet
Capitaine Busquet
Médecin Capitaine Lauzié 
Sous-Lieutenant Batse 
Médecin auxiliaire Py
E. H. R.
Capitaine Guigue
Capitaine Bellier
Lieutenant Charpentier
Lieutenant Watrigant
Sous-Lieutenant Brunet

ESCADRON D’APPUI  

Cet Escadron n’existe pas sur le tableau d’effectifs, mais il est formé par le groupement sous le commandement du Capitaine Hardion des mortiers de l’E.H.R. et des canons de 57 de toutes les unités à l’exception des 3 canons de l’E.H.R. affectés au T.C. Il comprend donc 1 peloton de 2 mortiers et 2 pelotons de 3 canons de 57. Capitaine Hardion Aspirant De place
Aspirant Sobra

Aspirant Gary

1er ESCADRON
Capitaine Couvreux
Lieutenant Forcade
Lieutenant Deméocq
Sous-Lieutenant de la Ferté
Aspirant du Boullay
2e ESCADRON
Capitaine
Lieutenant
Lieutenant Guerner
Lieutenant Jacquety
Aspirant Rabiller
3e ESCADRON
Capitaine Le Jariel
Lieutenant d’Espaigne
Sous-Lieutenant Calmels
Sous-Lieutenant de Salins
Aspirant Barret
4e ESCADRON
Capitaine de Saint Germain Lieutenant Valette
Sous-Lieutenant Cascales

Sous-Lieutenant Farcot
Aspirant Mansuy

EFFECTIFS SOUS-OFFICIERS

  EFFECTIFS TROUPE
Etat-Major et E.H.R. 61 Etat-Major et E.H.R. 335
1er Escadron 17 1er Escadron 89
2e Escadron 24 2e Escadron 115
3e Escadron 19 3e Escadron 116
4e Escadron 21 4e Escadron 123

Total     

142 Total  778

Total 954

 

 
TROUEE DE BELFORT ET SUNDGAU

A la suite de son débarquement à St Raphaël le 20 septembre. Le Régiment stationnait en cantonnement d’attente dans la région de Vesoul.
Le 11 Novembre, à 8 heures 30, il est mis en état d’alerte, prêt à faire mouvement à partir de 17 heures. L’état d’alerte est levé le 11 à 16 heures.
Le Régiment est à nouveau alerté le 13 au matin, et reçoit l’ordre mouvement le 14 à 8 heures, confirmé par le Chef d’Escadrons Loyseau, Chef d’Etat-Major du C.C. 5, qui vient en personne au P.C. du Régiment.
Le mouvement s’effectue le 14 à partir de 13 heures dans les conditions prévues par l’Ordre d’Opérations N° 1.
Extrait de l’Ordre d’Opérations N° 1.
Le Régiment entre dans la composition des 3 Sous-Groupements du C.C. 5 qui a pour mission :
" Précédé dans un premier temps par l’Infanterie de la 2e D.I.M. à laquelle il apportera une aide immédiate, progressant sur l’axe général Montenois-Sainte Marie-Montbeliard, en liaison au Nord avec le C.C. 4."
" De s’emparer le plus tôt possible de la Lisaine et de Montbéliard, prêt à reprendre son mouvement vers l’Est, direction générale Bourogne. "
Chaque Sous-Groupement doit, en fin de mouvement, s’articuler 3 petits détachements mixtes de façon à faciliter ultérieurement traversée de la zone des premiers combats de l’infanterie de la D.L.M. (itinéraires encombrés et difficiles).
Ils reçoivent à cet effet respectivement les zones de regroupement suivantes :
(Ces Zones de regroupement se situent sur un arc de cercle à une dizaine de kilomètres à l’Ouest-Nord-Ouest de Beaume-les-Dames.)
Sous-Groupement Bourgin (B) : Rognon - Puessans - TourIians.
Sous-Groupement Robelin (R) : Battenans - Rougemontot - La Bretonniere - Val de Roulans.
Sous-Groupement Daigny (D) : Rigney-Blarians-Rignosot.
Le Régiment fait mouvement par l’itinéraire : Port sur Saône, Vauchoux, Pontcey, Chariez, Raze, Nouvelle-la-Chapelle, Lieffrans, Grandvelle, Rioz, Montbozon, Avilley.
A Avilley, il éclate pour réaliser l’articulation prescrite. Toute la fin du mouvement s’exécute de nuit par des chemins extrêmement difficiles et de nombreux chars tombent en panne de terrain.

Opérations du S/Groupement Bourgin

14 novembre 44
P.C. avancé à Fontaine, P.C. arrière à Tournans.
Détachement Davout, composé du Peloton Guerner, du Peloton du Boullay et de la Section Bozon, à Fontaine.
Le reste du Sous-Groupement ; aux ordres du Chef d’Escadrons de Lavenne, dans le triangle Tournans - Puessans - Rognon.

15 novembre
Marche d’approche : départ de la zone d’attente par l’itinéraire Soye-Mancenans-Médière. La mise en place du Sous-Groupement Bourgin dans la région de Médière est terminée à 9 heures. P.C. du Colonel à Médière.
Prise de contact réalisée avec le Colonel Commandant le Groupement Sud de la 2e D.I.M. au profit de qui le Sous-Groupement Bourgin travaille.
Mission du Sous-Groupement Bourgin.
Liant son mouvement avec l’Infanterie du Groupement Sud (5e R.T.M., Colonel Piatte), s’emparer de Lougres, se couvrir en direction de Sainte-Marie.
Sainte-Marie sera attaqué par le Sous-Groupement Robelin, ouvrant la voie au 2e R.T.M. En liaison avec cette action, appuyer la progression du 3/5e R.T.M. et, profitant des feux du Bataillon progressant dans la forêt du Mont-Bart, chercher à investir Presentevillers.
Dans une dernière phase, se tenir prêt à agir sur l’axe Presentevillers-Dung-falaises Nord et Nord-Ouest de Sainte-Suzanne, puis à appuyer le débouché du Sous-Groupement "R" sur le plateau de la côte 400, liant si possible son mouvement, en cas de difficultés, avec l’Infanterie du Groupement Sud.
Exécution.
10 heures 15. — Le Détachement Davout se porte sur Longevelle, ayant pour mission d’appuyer l’action du 2e Bataillon du 5e R.T.M. sur Lougres.
Pendant son mouvement, à 11 heures, le P.C. du Sous-Groupement apprend que Lougres est pris par le 2/5e R.T.M. faisant action par le Nord, et que la situation du 1er Bataillon est imprécise. Il serait arrêté au Bois des Bannots au Nord-Est de Lougres.
12 heures. — Longevelle atteint, contact pris.
La mission du Capitaine Davout est donc précisée de la façon suivante :
Rejoindre les tirailleurs en nettoyant la région comprise entre Longevelle et Lougres ; ensuite, les appuyer en direction de Présentevillers.
13 heures 05. — Progression en direction de Lougres impossible par pistes Nord et Sud du Bois Lieutant : Champs de mines et abatis. La Section du 1/96e Génie (Sous-Lieutenant Bize) est appelée en renfort des éléments du Génie de la 2e D.I.M. pour accélérer le déminage de la route et des pistes. Bombardement de minen sur Longevelle. Le Chasseur de Torrês est tué, première victime du Régiment.
Le déminage des champs de mines de Longevelle s’exécute sous la protection des feux du Détachement Davout. Un peloton de l'Escadron Renucci (1er R.E.C.) est prêt à intervenir en cas de besoin.
14 heures 35. — La Section Bize (96e Génie) arrive à Médière, venant de Mancenans. Elle est envoyée, conformément à la mission indiquée, sur les pistes Nord et Nord-Est de Longevelle.
14 heures 45. — Le Peloton de T.D. du Lieutenant Blanié rejoint le Sous-Groupement à Médière.
15 heures 00. — Le Détachement Davout démarre : il atteindra Lougres sans pertes en contournant la zone minée à travers un terrain difficile, vers 18 heures. Le Colonel Bourgin prend provisoirement le Commandement du C.C. 5 en remplacement du Colonel Desazars de Montgailhard, tué. Le Capitaine Marzloff le remplace provisoirement à la tête du Sous-Groupement.
17 heures 00. — Le Détachement Bertelin, composé de 2 sections d’Infanterie et du Peloton Rabiller, est poussé à la hauteur de la tuilerie de la Prétiére ainsi que le Peloton de T.D. Le Peloton Dutihl demeure en réserve à Mancenans.
En fin de journée, le Sous-Groupement Bourgin compte 1 tué (chasseur de Torrès) et 4 blessés.



16 novembre
Les travaux de déminage des pistes se poursuivent activement. Le Peloton Dutihl est poussé à Médière.
13 heures 00. — Colombier-Fontaine, sur la rive gauche du Doubs, est évacué par l’ennemi.
13 heures 30. — Le P.C. du Colonel Bourgin est poussé à la sortie  Est de Longevelle, où il arrive à 13 heures 45.
Le Détachement Davout, qui avait passé la nuit à Lougres et qui avait reçu pour mission de pénétrer en forêt du Mont-Bart à 6 heures du matin pour aider la progression du Bataillon Bernis, a été arrêté jusqu’à 14 heures la lisière par des abatis et des mines. Le Char France du Capitaine Davout s’embourbe.
Le Détachement Bertelin, par la piste Sud du Bois Lieutaut, atteint Lougres à 15 heures 30. Le Peloton Babiller, mis à la disposition du 1/5e R.T.M., a pour mission d’appuyer l’Infanterie dans son action de nettoyage du Bois sur Pretz. Un tir d’artillerie, demandé sur la lisière Est de ce bois, tombe sur le bois même, provoquant le repli de l’Infanterie en lisière Ouest, ce qui oblige le Peloton Rabiller à se retirer également.
L’Escadron Hardion, appelé au P.C. à Longevelle, est utilisé à la remise en état de la piste Sud du Bois Lieutant.
Le Peloton Dutihl est poussé à la lisière Est de Longevelle.
15 heures 15 — Le P.C. du Colonel Bourgin se porte à Lougres où il arrive à 16 heures. Le Peloton Dutihl fait mouvement dans les mêmes conditions.
16 heures 00. — Tentative de liaison avec le Détachement Davout, car depuis le matin, le P.C. est, sans nouvelle de lui, le terrain coupé et boisé réduisant la portée des liaisons radio ; mais l’état des pistes détrempées à travers bois et le nombre des véhicules embourbés font que cette liaison ne peut être réalisée. Le Détachement Davout, depuis 14 heures, avait repris sa progression et engagé quelques escarmouches à la lisière Nord de la forêt du Mont-Bart, causant quelques pertes à l’ennemi. Le Peloton du Boullay du 1er Escadron nettoyait pendant ce temps la corne Nord-Est du bois. Le Maréchal des Logis Jouvel, de ce peloton est tué, et le Brigadier Farine blessé. Pour la nuit, l’ensemble du Détachement Davout, renforcé du Peloton de T.D., s’installe sur la crête de la forêt du Mont-Bart.
Un deuxième char est en panne.
19 heures 00. — La route Lougres - Longevelle est entièrement déminée et rétablie.
En fin de journée, la situation du Sous-Groupement Bourgin est la suivante :
Détachement Davout : Crête de la forêt du Mont-Bart,
Détachement Bertelin : Lisières Est de Lougres,
P.C. Av et Peloton Dutihl : Lougres,
P.C. Ar et T.C. 1 : La Prétière.
Un dépôt de munitions est constitué à la sortie Ouest de Lougres. Dans le courant de la nuit, les ordres arrivent pour la reprise du mouvement en avant dans le courant de la journée du 17.

17 novembre
Mission du Sous-Groupement Bourgin :
Agir en liaison avec le 1/5e R.T.M. et le 3/5e R.T.M., sur l’axe Bavans - Présentevillers - Dung, en liant ce mouvement avec le Sous-Groupement Robelin, qui après avoir pris Sainte-Marie et Saint-Julien doit agir sur l’axe Issans - Allondans - Crête Nord de Montbéliard.
Le Détachement Davout poursuit en conséquence son action sur Présentevillers en liaison avec le 3/5e R.T.M. Le Détachement Bertelin appuie le 1/5e R.T.M. en direction de Bavans.
Le Colonel d’Oléon prend le Commandement du C.C. 5, le Colonel Bourgin reprend celui de son Sous-Groupement.
9 heures 00. — Présentevillers est pris par le Détachement Davout qui pousse le Peloton du Boullay en reconnaissance jusqu’au Col de Dung.
11 heures 00. — Bavans tombe à son tour.
11 heures 35. — Le Capitaine Davout a atteint le village de Dung, abandonné par l’ennemi qui a fait sauter le pont. La 9e Cie du 5e R.T.M. (Capitaine Garde) lui arrive en renfort. Son détachement passe par gué aménagé à la hâte et se dirige vers Sainte Suzanne, en se déployant de part et d’autre de la route. (Les H.T. de la Légion ne pourront passer que plus tard. Il part donc avec 1 Section de la Légion sur les plates-formes des chars et la 9e Cie du 5e R.T.M.).
14 heures 00. — Le Détachement Bertelin quitte Bavans, après déminage de la piste par la Section Bize, en direction de Présentevillers, Dung et Sainte-Suzanne.
Le Peloton Dutihl, sur l’itinéraire Bavans - Présentevillers, reçoit mission de chercher à passer par Bart. Mais les destructions et les mines lui interdisent ce mouvement.
15 heures 15. — Le Détachement Davout déclenche son attaque sur Montbéliard, en opérant un vaste mouvement débordant par le Nord de la ville. L’ennemi défend le terrain, nombreux bazooka. Mais à 16 heures 30, le Détachement pénètre dans Montbéliard, suivi de près par les éléments du Sous-Groupement Robelin, qui arrivent par la crête Nord. Ils procèdent ensemble au nettoyage de la ville, où ne restaient, d’ailleurs, que des trainards. Tous les ponts sont intacts et sont immédiatement gardés.
Le Détachement Bertelin atteignait les premières maisons de Sainte-Suzanne vers 17 heures 30, poursuivant de nuit sa progression en passant par le Nord de Sainte-Suzanne. Il pénètre à 21 heures dans Montbéliard. La route directe Dung - Sainte-Suzanne est minée dans la descente sur la ville : un half-track saute, barrant la route. La Section Bize du Génie procède à un déminage de nuit. Les Détachements Davout et Bertelin s’installent pour la nuit à Montbéliard. Le Sous-Groupement fait de nombreux prisonniers.
En fin de journée, la situation du Sous-Groupement est la suivante :
Détachement Davoul et Bertelin : Montbéliard,
Détachement Dutihl : Dung,
P.C. Av. et Escadron Hardion : Présentevillers,
P.C. Ar. : Lougres.

18 novembre
6 heures 30. — Le P.C. du Colonel Bourgin se transporte à l’Hôtel de ville de Montbéliard, suivi du Peloton Dutihl, de l’Escadron Hardion et du P.C. Arrière, opérant ainsi un regroupement du Sous-Groupement à Montbéliard.
8 heures 00. — La situation du Sous-Groupement est la suivante :
— Détachement Bertelin sur l’axe Sochaux-Bourogne ; un peloton de 57 et une section du Génie lui sont adjoints.
— A Montbéliard, en réserve : le Détachement Davout, le Détachement Dutihl, le Peloton Blanié (T.D.), la 1/96e génie (2 sections) et le P.C. Arrière.
Le Colonel Bourgin prend sous ses ordres le Sous-Groupement du Capitaine Perrin (remplaçant du Commandant Daigny blessé le 15 Novembre) qui passe en tête en direction du Nord. Les opérations de ce Sous-Groupement sont relatées d’une façon plus détaillée plus loin (opérations du Sous-Groupement Daigny).
11 heures 30. — Prise d’Armes sur la Place de l’Hôtel-de-Ville de Montbéliard. Successivement, le Général de Vernejoul, le Général Bethouart et le Général de Lattre de Tassigny descendent à l’Hôtel de ville.
14 heures 00. — Le Sous-Groupement Bourgin reçoit pour mission :
1. de mettre la main sur le Fort du Bois d’Oye,
2. de préparer l’installation d’une tête de pont à l’Est de Tréludans.
En conséquence, le Colonel Bourgin donne les ordres suivants :
Détachement Perrin :
— s’emparer du Fort du Bois d’Oye, en attaquant sur un axe Sud-Ouest-Nord-Est à travers le Bois de la Feuillée des Lots, Préparation d’Artillerie de H-10 à H sur le Fort du Bois d’Oye. L’opération doit se faire en liaison à l’Ouest avec les Goums (2e Tabor Marocain).
— dans un deuxième temps, pousser sur Trétudans.
2/11e R.C.A. (Le Capitaine Duchène a regroupé ses 2 pelotons précédemment détachés aux Sous-Groupements "B" et "D") :
— porter un Peloton à Nommay, puis à Châtenois, avec mission de prendre à partie le Fort du Bois d’Oye,
— porter un deuxième Peloton à Nommay, avec mission de couvrir par ses feux le flanc Est de l’attaque.
Autres éléments du Sous-Groupement :
— se tenir prêts à se porter à Grand Charmont dans l’ordre :
Détachement Davout, Détachement Bertelin.
— Le P.C. Av. est transporté à Grand Charmont,
— Le P.C. Ar. demeure à Montbéliard.
En fin de journée, le Détachement de tête (Perrin) a atteint les lisières Est de la Feuillée des Lots, en liaison à l’Ouest avec les Goums, à l’Est avec le Bataillon Vigan, avec un Peloton du Groupement Robelin à la crête 800 mètres du Bois d’ Oye.
La mise en place a été retardée par le mauvais état de la piste et par de très nombreux abatis que seuls les chars peuvent déborder. Ceux-ci n’arrivent sur leurs positions de départ qu’à la tombée de la nuit.
L’Infanterie a toutes les peines du monde à les rejoindre à pied car les bois sont très touffus et infestés de "snipers "; mais, comme à la tombée de la nuit les chars de tête ne disposent encore que d’une vingtaine de légionnaires, après avoir tâté de très près les résistances sérieuses et très abritées du Fort, il est décidé de ne pas tenter une attaque de nuit.
19 heures 00. — Le dispositif du Groupement Bourgin est le suivant :
Détachement Perrin, comprenant notamment les Pelotons d’Espaigne et de Salins :
Détachement Davout : Vieux Charmont
Détachement Bertelin et 1 Peloton de 57 :  Sochaux,
Détachement Hardion : Sud Grand Charmont,
T.D.  1 Peloton : Nommay, 1 Peloton : Chatenois,
Section du Génie : Grand Charmont,
P.C. Av. : Grand Charmont,
P.C. Ar. : Montbéliard.



19 novembre
L’attaque du Fort a été définitivement décommandée par la Division dans le courant de la nuit. L’ordre est donné de rester sur place, le Sous-Groupement Perrin reprenant son autonomie.
Journée de repos : remise en état du matériel et regroupement du Sous-Groupement dans la région de Grand Charmont dans les conditions suivantes :
— Détachement Davout :  Ferme S.O. Grand Charmont
2e Escadron, moins 2 Pelotons
1 Peloton Light (du Boullay)
1 Section du R.M.L.E.
1 Section du Génie
— Détachement Bertelin : Vieux Charmont.
1 Peloton Médium (Rabiller)
1 Section du R.M.L.E.
— Détachement Couvreux : Zone N.O. Grand Charmont
1er Escadron, moins 2 Pelotons
1 Peloton Médium (Dutihl)
1 Section du R.M.L.E.
— Escadron Hardion : 2 km S.O. Grand-Charmont, sur la route de Montbéliard.
Ainsi articulé, le Sous-Groupement doit se tenir prêt à faire mouvement en direction de Montbéliard, le C.C. 5 devant être utilisé à exploiter la percée réalisée par la 1ère D.B. en direction de Delle.

20 novembre
4 heures 30. — Le Sous-Groupement doit se tenir prêt à faire mouvement en direction de Sochaux-Etupes-Badevel.
8 heures 15. — Départ.
11 heures 15. — La tête de colonne est stoppée à l’entrée de Badevel par des convois ayant priorité. La journée se terminera sans qu’il ait été possible de reprendre le mouvement. Le Sous-Groupement s’installe pour la nuit à Badevel.
20 heures 30. La Compagnie du R.M.L.E. aux ordres du Capitaine Bertelin est mise à la disposition du Groupement du Colonel Miquel Commandant le 1er R.E.C. à Grand-Villars. Les Sections entrant dans la composition des Détachement Davout et Couvreux sont donc regroupées sous les ordres de leur Capitaine et la Compagnie se sépare du Sous-Groupement dans la nuit.

21 novembre
3 heures 00. — Le Sous-Groupement (diminué de sa Compagnie de Légion et augmenté du Peloton léger du Sous-Groupement Robelin) reçoit l’ordre de se porter sur Boron par Grandvillars ; la situation est expliquée comme suit par un officier de liaison :
Un groupement d’exploitation aux ordres du Lieutenant-Colonel Miquel et comprenant le 1er R.E.C. renforcé du Sous-Groupement Robelin a tenté la veille de franchir le canal du Rhône au Rhin, au pont qui relie Bretagne à Montreux-Château, mais n’a pas réussi dans sa tentative.
Il tient Froidefontaine-Brébotte-Bretagne-Grosne (P.C. à Grandvillars) en liaison à Boron et Vellescot avec le Sous-Groupement de Beaufort de la 1ère D.B.
La 1ère D.B. ayant percé le long de la frontière Suisse de Delle attire tous ses éléments derrière elle ; le C.C. 5 prenant à ses ordres le Groupement Miquel et 2 Bataillons du 9e Zouaves doit relever le Sous-Groupement de Beaufort et agir sur l’axe Chavannes-les-Grand - Dannemarie. "
6 heures 15. — Le Sous-Groupement arrive à Boron et les éléments de tête, continuant sur Vellescot, sont axés sur les deux itinéraires Vellescot-Chavannes et Vellescot-Suarce, en liaison avec les 2 Bataillons de zouaves et éclairés par des pelotons du 1er R.E.C.
Itinéraire vers Chavannes :
3e Bataillon du 9e Zouaves (Commandant Legay),
Peloton Dutihl du 2e Escadron,
Peloton Deplace (mortiers),
Peloton Sobra (57).
Itinéraire vers Suarce :
2e Bataillon du 9e Zouaves (Commandant Garnier du Pré), Peloton Guerner du 2e Escadron,
1 Peloton de T.D.
En réserve à Vellescot avec les P.C. du 1er et du 2e Escadron :
Peloton Babiller du 2e Escadron,
Pelotons Forcade et du Boullay du 1er Escadron. P.C. à Boron avec :
1 Section du Génie (Lieutenant Bize)
Peloton Gary (57)
1 Peloton de T.D.
Les deux itinéraires sont minés et coupés d’abatis dans la traversée des bois, particulièrement sur la route de Suarce.
En fin de journée la route sera ouverte sur l’itinéraire menant à Chavannes qui parait fortement tenu, mais l’ordre est donné de rester sur place et l’on passe la nuit à peu prés dans le dispositif indiqué ci-dessus.
Le P.C. Arrière, avec les T.C. 1 et T.C. 1bis est à Grandvillars et s'installe lui-même en point d’appui face au Nord-Ouest, car il est entièrement découvert dans cette direction.



22 novembre
Attaque de Chavannes et Chavannate.
Les chars ne pouvant quitter les routes car les champs sont de véritables bourbiers, il est décidé d’attaquer les villages l’un après l’autre.
Pour Chavannes, les éléments à pied aux ordres du Commandant Legay, se composent de :
1 Compagnie de zouaves, la 1ère Compagnie de Légion, la Compagnie du Génie.
Ils se déploient de part et d’autre de la route que suivra le Capitaine Davout avec le Peloton Dutihl, 1 Peloton de T.D. et le Peloton Forcade.
— Pour Chavannate, l’Infanterie d’attaque, aux ordres du Commandant Garnier du Pré, est formée de 2 Compagnies de zouaves de son Bataillon.
Elle doit se déployer aux lisières Est des bois Sud de Chavannes et sera appuyée par le Détachement Blindé du Capitaine Duchesne (Peloton Guerner et 1 Peloton de T.D.) suivant la route Chavannes-Chavannate.
L’heure H est primitivement fixée à 10 heures 00, car il est impossible d’avoir un appui d’artillerie plus tôt ; puis en raison des difficultés de progression des fantassins à travers bois (pièges et  Snipers isolés), elle est reportée à 12 heures 00.
Enfin, à la suite d’un faux renseignement qui retarde les tirs d’artillerie, elle est déclenchée à 12 heures 30.
Malgré l’effet des tirs de l’artillerie et l’action des chars qui détruisent notamment une arme anti-chars, l’ennemi réagit assez durement, mais Chavannes est rapidement conquis et nettoyé. 50 prisonniers sont envoyés à l’arrière ; de nombreux cadavres sont trouvés aux lisières et dans les rues.
Grosses réactions par artillerie et minen ennemis aux lisières. 16 heures 00. — L’attaque sur Chavannate est déclenchée, précédée d’une préparation d’artillerie qui fait fuir la garnison de cette localité. Le village est occupé à 16 heures 15.
Les habitants disent que 5 gros chars allemands sont partis vers 16 heures (leurs traces sont d’ailleurs visibles).

23 novembre
Le Sous-Groupement reçoit mission de pousser en direction de Dannemarie, sur l’axe Magny-Romagny-Manspach. Il transporte son P.C. à Vellescot. Il dispose pour cette mission des moyens suivants :
— à Chavannate : 1 Peloton Médium (Dutihl).
1 Peloton de T.D.,
1 Compagnie du III/9e Zouaves.
— à Chavannes : sous le commandement du Capitaine Davout :
1. Un Echelon d’attaque (Capitaine Bertelin) composé de :
La Compagnie d’Infanterie, I/I R.M.L.E.,
1 Peloton Light (Forcade),
1 Peloton Médium (Babiller),
le Peloton spécial de la Division,
1 Peloton de Howitzer M 8 (Rivet).
2. Un Echelon de soutien :
1 Peloton Médium (Dutihl),
1 Peloton de T.D.,
1 Peloton de mortiers (De place).
— à Vellescot :
1 Peloton Light (du Boullay).
Dans la matinée plusieurs renseignements sur l’ennemi permettent de supposer Magny et Romagny solidement occupés. Les défenses fixés de ces 2 villages sont renforcées par 5 chars Panther et une auto-mitrailleuse. Plus au Nord, à Montreux-Jeune, une solide défense anti-chars ennemie est décelée, grâce à une carte renseignée prise sur un prisonnier.
Après une préparation d’artillerie de 20 minutes sur Magny et Romagny, de 12 heures 45 à 13 heures 05, un groupe de chars, appuyé par des feux puissants et ajustés, pousse jusqu’à l’entrée du village de Magny, où il est arrêté par des mines. Le pont à l’entrée du village saute à ce moment, et 2 mitrailleuses de part et d’autre de la route fauchent la moitié des éléments de l’Infanterie d’accompagnement. Le Sous-Officier qui les commandait est tué. Les fantassins se replient alors d’une centaine de mètres, tandis que les chars reconnaissent les abords du pont. Ils sont immédiatement pris à partie par des armes anti-chars qui transpercent le "Foch". L'Aspirant Rabiller grièvement blessé, Maréchal des Logis Lallemand grièvement blessé et qui mourra dans la journée des suites de ses blessures, 3 tués : Fillard, Triponey et Mercier. Le "Fayolle" (Maréchal des Logis Pilou) est également touché. Dès le départ de l’attaque, un tir d’arrêt allemand violent et précis avait été déclenché sur les lisières de Chavannes.
Après avoir demandé l’autorisation, le Capitaine Davout commande le repli. Le Maréchal des Logis Pilou, qui procédait alors au dépannage du char de tête embourbé, est blessé à la cuisse. Le repli s’effectue sans autres pertes.
La reste de l’après-midi connaît une activité tenace de la part de l’ennemi : tirs de minen sur Chavannes et Chavannate, reconnaissances offensives s’infiltrant jusqu’au Bois du Paradis, activité de patrouilles partant du Bois Le Fief en direction de Chavannate. Dans le Bois Le Fief et à l’Etang de la Paru, des pièces d’artillerie et des 88 automoteurs sont repérés ; des tirs de contre-batterie sont déclenchés sur ces objectifs.
L’opération coûtait 8 tués et 22 blessés dont 2 Officiers.
En fin de journée, la Compagnie Bertelin est relevée et s’installe à Vellescot, où se trouvent en outre les Unités suivantes :
1 Peloton de T.D.,
2 Pelotons Light,
1 Peloton de 57,
1 Peloton de mortiers, le P.C. du Colonel Bourgin.
A Chavannes-les-Grands :
le II/9me Zouaves,
1 Peloton de 57,
1 Peloton de T.D.,
2 Pelotons Médium.
à Chavannate :
1 Compagnie du III/9ème Zouaves,
1 Peloton de T.D.,
1 Peloton Light.
La Section du Génie est au repos à Boron.

24 novembre
Mission : maintenir l’intégrité de la position Chavannes-les-Grands Chavannate, tout en ayant une attitude agressive vis-à-vis de l’ennemi.
Le Sous-Groupement dispose en plus de ses moyens propres de tout l’Escadron de T.D. (Capitaine Duchesne).
Les points d’appui sont tenus solidement et des reconnaissances offensives sont menées,
— l’une en direction de Bretagne pour prendre liaison avec les éléments amis qui tiennent cette localité,
— l’autre, partant de Chavannate en direction des bois à l’Est de cette localité (bois Le Fiel). Celle-ci provoque une grosse réaction d’artillerie ennemie et disperse des groupes ennemis qui s’infiltraient vers le village ; un projectile atteint la tourelle du char du Lieutenant Guerner et le blesse assez grièvement à la figure ; il doit être évacué ; son char est indisponible, tourelle coincée.
Dans la journée le 2ème  Escadron est regroupé à Vellescot, où il est rejoint en fin de journée par la plus grande partie du Sous-Groupement.

25 novembre
Dans la nuit le Sous-Groupement Bourgin reçoit l’ordre de faire mouvement au cours de la matinée du 25, dans les conditions suivantes :
Composition : 1er  R.C.A., moins 3ème et 4ème Escadrons,
1/I R.M.L.E.,
1 Section de la 1/96ème Génie,
1 Groupe de F.T.A.
Destination : Riespach, par l’itinéraire Boron-Joncherey-Courtelevant- Seppois-Bisel-Feldbach.
Le mouvement s’est exécuté à partir de 8 heures. Arrivée à Riespach 11 heures 15. C’est l’entrée en Alsace, tant désirée.
Après-midi, entretien du matériel.

26 novembre
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de faire mouvement d’abord sur Heimersdorf, où il arrive à 7 heures 30, puis sur les hauteurs dominant au Sud la ville d’Altkirch, où il arrive à 8 heures 15.
A 14 heures, le Colonel Bourgin, installe son P.C. à Altkirch. L’ensemble du Sous-Groupement y prépare son cantonnement pour la nuit.
Le Sous-Groupement avait, à 11 heures, perdu la Compagnie Bertelin mise à la disposition du Lieutenant-Colonel Robelin, avec tout le Bataillon Laimay. Il avait par contre récupéré l’Escadron Le Jariel et le Peloton Light de la Ferté.
18 heures 30. — Le Colonel Bourgin transporte son P.C. à Aspach, avec l’Escadron Le Jariel. Le reste du Sous-Groupement reste à Altkirch.
Entre Hirsingue et Altkirch, un convoi de ravitaillement d’essence est pris à partie par un tir de 88 et de minen, les chasseurs Escandel et Fayolle, du T.C., 1bis, sont blessés ; un camion en flammes doit être abandonné.

27 novembre
Le C.C. 4 a atteint Dannemarie, le C.C. 3 Galfingue. Le C.C. 5 a pour mission d’exploiter en direction de Soppe-le-Bas. Les Sous-Groupements Robelin et Laimay sont employés à l’exécution de cette mission. Le Sous-Groupement Bourgin reçoit ordre de serrer sa tête à hauteur d’Aspach, et de se tenir prêt à toute mission éventuelle :
8 heures. — L’ensemble du Sous-Groupement est regroupé à Aspach.
14 heures 30. — Le Sous-Groupement se porte à Spechbach-le-Bas.
16 heures. — Le Détachement Couvreux — Peloton Médium aux ordres de Aspirant Durrenberger, remplaçant le Lieutenant Guerner et Peloton Light du Boullay — reçoit pour mission de reconnaître le  passage d’Hagenbach, de reconnaître  Uberkumen et de s’y installer.
La mission s’accomplira normalement.
La route au Sud du Canal est sous le feu de 2 automoteurs de 88, le pont est obstrué par une auto-mitrailleuse en flammes et 2 entonnoirs de 88.
18 heures. — Le Détachement Couvreux s’installe à Uberkumen et y demande un soutien d’Infanterie pour la nuit.
En fin de journée, la situation est la suivante :
— Spechbach-le-Bas : P.C. du Sous-Groupement,
— 2ème Escadron, moins 1 Peloton,
— 3ème Escadron moins 2 Pelotons (le 3ème Escadron est remis progressivement à la disposition du Sous-Groupement), 1 Peloton Light,
Escadron Hardion moins Pon Mortiers, 2/11ème R.C.A. moins 2 Pelotons.
— Uberkumen : 1er Escadron moins 2 Pelotons, 1 Peloton Médium, la Section de la 1/96ème Génie.
— Balschwiller : la 1/I R.M.L.E., 1 Peloton Light.
— Spechbach-le-Haut : 1 Peloton de mortiers.
— Carspach : P.C. Ar. et T.C. 1.

28 novembre
Mission du Sous-Groupement : pousser sur l’axe de part et d’autre de la Soultze, en direction de Hecken-Dieffmatten-Soppe-le-Bas.
Le Sous-Groupement dispose de ses moyens organiques, augmentés du Détachement Renucci :
2/1er R.E.C., Escadron Boquel (à 2 Pelotons de légionnaires portés en camions),
1 groupe de mortiers du Sous-Groupement Ribes (Le Cdt Ribes a remplacé le Cdt Laimay blessé).
Exécution : Le Détachement Davout, alerté avant le jour, se porte à Balschwiller, où il reçoit l’ordre d’attaquer Falkwiller par l’Est et à partir des bois de Soultzwald. Il est arrêté par la destruction du pont sur la Soultze et pris à partie par des canons automoteurs placés à Gildwiller, qui mettront coup sur coup les chars "Flandres" et "Flambeau-le-Grognard" hors de combat.
Le Capitaine venait à peine de quitter momentanément "Flambeau-le-Grognard" que celui-ci reçoit un 88 dans la partie supérieure de la tourelle qui prend feu. Le Maréchal des Logis Gadenne est grièvement atteint au visage et mourra peu après. Le tireur, Brigadier Pretto, un évadé de France dont le vrai nom est Reuillard, est tué sur le coup.
"Flandres" à son tour reçoit 4 coups de 88 et prend feu. Le Maréchal des Logis Bottero est tué ainsi que le tireur Grimard, tandis que par miracle le reste de l’équipage peut abandonner le char en flammes sans autres pertes.
Le Détachement Couvreux — son Escadron moins 2 Pelotons, plus 1 Peloton Médium — parti d’Uberkumen, arrive heureusement par le Sud et aborde Falkwiller, l’occupe à 10 heures et prend liaison par le gué avec le Détachement Davout.
A l’Est, le Détachement Renucci, parti d’Ammertzwiller, progresse le long des bois de Gildwiller malgré la résistance ennemie, et parvient au carrefour Est de Gildwiller-sur-le-Mont.
L’attaque sur Gildwiller et Hecken débute par une préparation d’artillerie de 30 minutes. Couverte à l’Est par le Détachement Renucci, elle est menée à droite par le Détachement Davout qui a pour mission de s’emparer de Gildwiller-sur-le-Mont puis de Gildwiller, et à gauche par le Détachement Couvreux, charge de s’emparer de Hecken en liaison avec le Détachement Davout et de reconnaître Dieffmatten. Le Capitaine Davout coordonne l’ensemble.
L’attaque est déclenchée à 14 heures. Gildwiller-sur-le-Mont est enlevé malgré une grosse densité d’Infanterie, quelques tirs de minen et la présence de plusieurs Tiger. L’ennemi laisse un grand nombre de cadavres sur le terrain et un certain nombre de prisonniers. 3 Tiger sont vus se repliant vers le Nord.
A l’Est, le Détachement Renucci progresse vers le Nord, faisant des prisonniers, capturant un 88 et un camion ennemi. A 15 heures, Gildwiller est enlevé à son tour : Un T.D. détruit un Tiger à la lisière des bois.
15 heures 30 — Le Détachement Couvreux s’empare de Hecken.
16 heures. — Le Colonel Commandant le Sous-Groupement porte son P.C. à FalkwilIer.
16 heures 30 — Reconnaissance du Peloton du Boullay sur Dieffmatten, où il opère sa liaison avec le Détachement Ducruix du 3ème Spahis, venu de Petite-Fontaine.
17 heures. — Le dispositif de nuit suivant est pris :
— à Hecken : Escadron Couvreux moins 2 Pelotons,
1 Pelolon Medium,
la 1/I R.M.L.E.,
la Section de la 1/96ème Génie,
2 Sections F.F.I.,
1 Groupe de 2 T.D.
— à Falkwiller : P.C. du Sous-Groupement,
Escadron Davout moins 1 Peloton, Escadron Hardion,
1 Groupe de 2 T.D.,
2 Section F.F.I.
— à Uberkumen : P.C. Ar. et T.C. 1.
Le Sous-Groupement avait perdu dans la journée 6 tués, 7 blessés, 2 disparus. 3 chars étaient indisponibles, 1 Jeep disparue.
Il avait par contre fait 97 prisonniers, capturé ou mis hors de combat 1 char Tiger, 2 armes anti-chars, 1 canon de 88 et 1 camion.


 
29 novembre
Stationnement sans changement. Repos pour les hommes, remise état du matériel. Un accident causé par mine anti-personnel fait un tué et 4 blessés.

30 novembre
Situation sans changement. Le Lieutenant de Roux est affecté au Régiment, 2ème Escadron.

1er au 12 décembre
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se regrouper dans la région Guevenatten-Bellemagny-Reppe.
Répartition du cantonnement :
P.C. du Sous-Groupement,
— à Guevenatten : 2ème Escadron,
L' Escadron Hardion.
— à Reppe : 1er Escadron,
— à Bellemagny : la 1/I R.M.L.E.
— à Uberkumen : P.C. Ar. et T.C. 1.
La Section Bize du Génie est remise à la disposition de son Capitaine Commandant.
Sur la proposition du Commandant de Lavenne, le Colonel Bourgin décide de faire procéder à un sauvetage de tout le matériel chars gravement atteint mais susceptible d’être remis en état. Le Régiment a, pour cette première période d’opérations, perdu 13 Médium et aucun char de remplacement n’a encore été reçu.
A cet effet, le T.C. 1 est replié le 3 Décembre sur Carspach, ou il rejoint l’élément lourd d’Echelon Régimentaire inclus dans le T.C. 2, afin d’y concentrer le maximum des moyens de réparation.
Le P.C. Ar. l’y rejoindra le lendemain 4.

Opérations du S/Groupement Robelin

14 novembre
10 heures. — Le 4ème Escadron est alerté. Il part de Contreglise à 12 heures 30. L’Etat-Major part de Baulay à 12 heures 45 et se joint au 4ème Escadron à Favernay.
A Port-sur-Saône, la 3/I R.M.L.E. s’intègre à la colonne.
En tête du Sous-Groupement marche un Détachement mixte commandé par le Capitaine de Saint Germain et comprenant :
— le Peloton Médium Farcot,
— le Peloton Light Forcade,
— la Section Haza du R.M.L.E.
Le Peloton Light Forcade a été rattaché au 4ème Escadron. Etape difficile, temps très pluvieux. Au cours de l’étape, par suite de l’obscurité et du mauvais état des routes, 5 chars sont restés en difficulté. Le Détachement Saint Germain et le Groupe de Commandement du Lieutenant Colonel Robelin cantonnent à Uzelle, le reste du Sous-Groupement, sous les ordres du Capitaine Quellet, est à Battenans (4ème Escadron) et à la Breteniere (3ème Compagnie).

15 novembre
Le Détachement Saint Germain avec le Groupe de Commandement se porte à La Guinguette, par l’Isle-sur-le-Doubs. Il attend le déminage de la piste à La Guinguette-Montenois. Il se porte sur Montenois vers 12 heures.
En arrivant à la crête avant Montenois, tirs de minen. Le Détachement Saint Germain est poussé aux lisières Est de Montenois, d’où l'on découvre la coulée vers Sainte-Marie. Le Groupe de Commandement du Lieutenant Colonel Robelin et celui du 4ème Escadron restent un instant à l’entrée Ouest.
Un obus ennemi arrivant de plein fouet dans l’arbre sous lequel est arrêté le H.T. "Epinal" (Groupe de Commandement du 4ème Escadron), tout le personnel est touché et l’Adjudant Tisserand est tué.
Dans l’après-midi, le Détachement appuie une progression d’Infanterie de Montenois en direction de Sainte-Marie, qui échoue par suite d’un violent tir de minen ; il protège le repli des fantassins sur Montenois.
Entre temps, le Peloton de T.D. du Lieutenant Boulay (2/11ème R.C.A.) et la Section Cassan de la 1/96ème Génie avaient rejoint le Sous-Groupement. Cette Section a participé au déminage et au dégagement de la route Bretigney-Montenois.
De nuit, à Montenois, quelques tirs de minen et de 88. Le Peloton Cascalès et une Section d’Infanterie qui formaient le 2ème Détachement mixte commandé par le Capitaine Quellet rejoignent Montenois dans le courant de la nuit.

16 novembre
Attaque de Sainte-Marie.
La situation se présente comme suit :
Dans la soirée de la veille, un Bataillon de tirailleurs s’était infiltré dans le bois Le Chesnois, sans pouvoir en déboucher, Sainte-Marie paraissait fortement tenu.
Sur la route même Montenois-Sainte-Marie, une Compagnie F.F.I., bien qu’appuyée par le Peloton Farcot, n’avait pu aller que jusqu'à 1500 mètres de Sainte-Marie, arrêtée par des tirs meurtriers de minen et des éléments ennemis nombreux dans les bois Sud de la route.
La décision suivante est donc prise :
1) — Un nouveau Bataillon de tirailleurs nettoiera ces bois Sud de la route, puis se portera vers la partie Ouest de Sainte-Marie et de la cote 392.
2) — Le Bataillon du bois du Chesnois occupera Sainte-Marie.
3) — Ces deux actions qui doivent être déclenchées ensemble seront entraînées par nos chars qui attaqueront,
— d’une part, par la route directe Montenois-Sainte-Marie (Sous-Groupement Robelin),
— d’autre part, par la route Arcey-Sainte-Marie (Détachement Le Jariel — 3ème Escadron — du Sous-Groupement Daigny, qui, traversant Montenois, contournera le bois Le Chesnois par le Nord ; le détail de l’action de ce Détachement est, relaté plus loin : opérations du Sous-Groupement Daigny).
Après une forte préparation d’artillerie, l’attaque sur Sainte-Marie est déclenchée à 13 heures 15, menée par le Capitaine de Saint Germain (Peloton Farcot en tête) sur la piste, encadré au Sud et au Nord par 2 Bataillons du 5ème R.T.M. Le Peloton de T.D. appuie l’attaque, prenant à partie les armes anti-chars et les mitrailleuses qui se révèlent.
La Section Haza fournit 2 équipes de choc sur les chars de tète.
Le Peloton Farcot pénètre dans Sainte-Marie, dont le nettoyage est fait par les Légionnaires, suivis bientôt par les tirailleurs partis du bois du Chesnois. Une Escouade du Génie, précédant les chars, avait déminé sur 200 mètres, devant Sainte-Marie.
En arrivant à l’Eglise, liaison est prise avec les éléments du 3ème Escadron (Sous-Groupement Daigny) qui ont contourné le bois du Chesnois.
Après la prise du village, le Sous-Groupement continue sur Saint-Julien, le Peloton Farcot est toujours en tête, et le Maréchal des Logis Texsidor fait 12 prisonniers, grâce au coup d’œil du chasseur Frohmane.
Il pousse ensuite sur Issans ; les 2 chars de tête sont stoppés dans le village par des coups de bazooka. "Estaing" (Maréchal des Logis Chef Clarisse) est en flammes, ainsi qu’un camion d’essence allemand incendié par "Etendard" (Maréchal des Logis Ledain) qui prend feu à son tour. Le Peloton Cascalés, par un feu nourri sur le village, permet à l’équipage du Maréchal des Logis Chef Clarisse, au Brigadier-Chef Séguenol (conducteur du char "Etendard") et à l’équipe de choc de la Section Haza de se dégager et de rejoindre l’Unité.
Il fait nuit. Le Colonel décide de ne pas pousser davantage.
Sont portés disparus : le Maréchal des Logis Ledain, le Brigadier-Chef Croquet, les chasseurs Faver et Farrugia.
Le Sous-Groupement s’installe à Saint-Julien pour la nuit. Un Bataillon de tirailleurs le rejoint. Le Peloton Valelle, réduit à 2 chars, rejoint dans la soirée avec la 3ème Section de Légion. L’Escadron ne dispose pour le lendemain que de 9 chars (2 chars détruits, 5 en panne de terrain dans la zone de cantonnement de la veille, 1 en révision à l’atelier.)

Le 17 novembre
Le Capitaine Quettet, avec sa Compagnie, reçoit l’ordre de se porter par les bois avant le jour sur Allondans pour tenter de prendre le pont intact. Le village d’Allondans est pris facilement mais le pont était déjà détruit et la 3ème Cie établit une tête de pont. Le Génie entreprend la construction d’un pont.
Pendant ce temps, le Peloton Cascalès utilise un gué par lequel passent tous les autres chars. L’opération était protégée par le Peloton de T.D. en batterie à l’Est de Saint-Julien et tirant sur les côtes 419 et 400.
La construction du pont se heurte à de grosses difficultés par suite de la friabilité des berges. Le travail ne sera terminé que vers 16 heures ; à ce moment-là seulement, les Half-track de l’Infanterie pourront passer.
Entre temps les chars et les légionnaires à pied étaient arrivés en vue de la Citadelle de Montbéliard. Liaison prise par radio avec l’Escadron Davout (Sous-Groupement Bourgin qui débouche de Dung). Les T.D. s’installent en position de tir à 1000 mètres Ouest de la cote 400, face à la Citadelle, pour appuyer l’attaque de Monbéliard.
Dispositif d’attaque : Peloton Cascales en tète, Pelotons Valette et Farcot — chacun 2 chars — en soutien. Les Légionnaires à pied, ayant constitué des équipes de choc, progressent avec les chars, les H.T. de la Compagnie suivent en ordre dispersé. Pendant l’attaque, tirs violents de toutes les armes, nombreux incendies de maisons.
Le char "Effiat" (Maréchal des Logis Rouxelin) pénètre le premier dans la Citadelle. Le principal objectif des chars est la mise hors de combat d’un très grand nombre d’Allemands armés de bazooka. Liaison est prise avec une Compagnie du 5ème R.T.M., à laquelle nous remettons quelques prisonniers faits sur le plateau.
La nuit tombe et il fait déjà sombre quand le char de tête, "Etienne", (Lieutenant Cascalès) reçoit l’ordre, avec les légionnaires de la Compagnie Quettet, de descendre jusqu’au pont, tous phares allumés.
Vers 17 heures 30, le Peloton Cascalès a dépassé l’Hôtel-de-Ville, ayant détruit 2 camions et abattu des isolés. Le Lieutenant Henry, du R.M.L.E., qui est monté sur la plaque-moteur du char du Lieutenant Cascalès, est blessé d’une balle à la cuisse au moment où il abat à la mitraillette un bazookiste ennemi.
Liaison est prise avec un Peloton de l’Escadron Davout (Peloton Guerner), place de la Gare. Le Peloton de T.D. entre dans Montbéliard vers 18 heures 30, après avoir détruit près de la Citadelle 2 canons anti-chars, des pièces d’artillerie et des armes automatiques. La Section du Génie était restée au pont d’Alloudans.
Le Lieutenant Colonel Robelin organise avec le Capitaine Davout la défense des ponts de Montbéliard, tous intacts, et installe son P.C. à l'Hôtel-de-Ville, où le Sous-Préfet et le Maire viennent le saluer.
Le Sous-Groupement reçoit de la population de Montbéliard un accueil enthousiaste et très émouvant.
Nuit calme à Montbéllard.

18 novembre
Le Sous-Groupement, renforcé d’un Escadron de reconnaissance du 1er R.E.C. (Capitaine Renucci), reçoit une mission d’exploitation, avec reconnaissance des passages sur la Savoureuse entre Vieux Charmont et Trétudans. Tous les ponts sont signalés sautés. L’Escadron Renucci prend le contact à Châtenois.
Le Peloton Cascalès et les T.D. reçoivent l’ordre de rechercher une position de tir dans les environs de Châtenois, en mesure de tirer sur les lisières de l’autre côté de la rivière.
La Compagnie Quettet se porte jusqu’à Châtenois et nettoie le village. Des tirs nourris venant du Fort du Bois d’Oye empêchent le débouché de l’Escadron de reconnaissance. Liaison est prise avec l’Escadron Le Joiriel (Sous-Groupement Perrin), qui progresse dans la Forêt en direction du Bois d’Oye. Les chars et les T.D. prennent à partie les armes repérées et sont soumis à un violent tir de l’ennemi.
La nuit venue, les chars se replient sur Nommay, où se trouve le P.C. du Colonel ; les T.D. se retirent sur Châtenois. Dans la nuit, le char "Eblé " — Maréchal des Logis Texidor heurte le Char du Capitaine "Escaut", et doit être évacué.
Dans le courant de la journée, le S/Lieutenant Cassan avait effectué des reconnaissances sur Vieux Charmont, Nommay, Châtenois, en vue de l’établissement d’un pont sur le Canal. Aucune décision n’est prise par le Commandement sur le lieu de construction du pont. Une Escouade dégage les abatis dans le Bois de Châtenois. Un Half-track saute sur une mine entre Montbéliard et Sochaux en rejoignant la Section, 2 blessés légers. Les Sapeurs relèvent sur place 7 mines R.M.I. 43. L’escouade est immobilisée.
Le Brigadier Sallecroix, du T.C. 1bis du Régiment, qui suit avec un camion d’essence de sécurité les chars engagés, fait 2 prisonniers.

19 novembre
Le Sous-Groupement reçoit une autre mission et commence l’évacuation de Châtenois pour se porter sur Vieux Charmont - Sochaux.
Mais, à ce moment, a lieu une contre-attaque allemande sur le village. Le Capitaine de Saint Germain reçoit l’ordre de s’y porter avec le Peloton Cascalès, renforcé bientôt par les 2 chars du Lieutenant Valette. Les T.D. avaient réoccupé leurs positions de batterie le matin à 6 heures 30. L’Adjudant-Chef Ferrero exécute des liaisons  difficiles avec les éléments d’Infanterie chargés de reprendre le village. La contre-attaque est repoussée, mais il y a toujours des tirs assez violents.
Dans l’après-midi, le Sous-Groupement se porte sur Dampierre-les-Bois par Sochaux. Le 4ème Escadron est à 10 chars.
Le Sous-Groupement est mis à la disposition du 1er RE.C. qui a pour mission de franchir le Canal à Montreux-le-Château et d’exploiter en direction du Nord-Ouest vers Etueffont et Rougemont-le-Château. La nuit est passée sur la route et dans les véhicules.

20 novembre
Début du mouvement prévu par Grandvillars-Froidefontaine-Brébotte, derrière l’Escadron de reconnaissance du Capitaine Vignon. Au débouché des lisières sur la route Grandvillars-Froidefontaine le Sous-Groupement est violemment pris à partie par des tirs d’artillerie et de minen venant de la région Vézelois-Morvillars.
Les T.D. se mettent en batterie et ouvrent le feu sur des objectifs repérés. En se déplaçant l’un d’eux s’embourbe derrière un petit mamelon, il est pris à partie par des minen et des armes anti-chars. Il n’est pas touché et sera récupéré la nuit.
Les Pelotons Valette et Farcot, qui doivent eux aussi fournir des tirs d’appui sur la lisière de l’autre côté du Canal, ont beaucoup de difficultés. Les chars "Enghien" — Sous-Lieutenant Farcot — et "d’Entrecasteaux" — Maréchal des Logis Suzanne — s’enlisent.
Le village de Bretagne, qui est âprement défendu par l’ennemi, arrête assez longtemps l’Escadron Vignon. Le Colonel Miquel, qui veut forcer le passage pour s’emparer du pont qui sépare Bretagne de Montreux-Château, engage successivement la 3ème Compagnie du I/R.M.L.E. et le Peloton Spécial de la Division (Lieutenant Weil). Ces deux unités franchissent le pont, prennent pied dans le village de Montreux-Château ; mais elles sont violemment contre-attaquées.
Le Capitaine de Saint Germain est envoyé en renfort avec 2 chars disponibles du Peloton Cascalês. Les 3 chars, "Escaut", "Epernon" et "Eiffel", s’embourbent avant d’avoir pris position. Ils ne peuvent intervenir et l’ennemi repousse nos éléments ; il tente même ,â son tour de franchir le Canal. De violents tirs ennemis sont exécutés sur Bretagne qui est mis en flammes, mais la contre-attaque est stoppée.
Le Capitaine Quettet et l’Aspirant Bonnet ont été tués, le Lieutenant Haza blessé et la Compagnie durement éprouvée ; c’est un Sergent-Chef qui va la commander pendant 2 jours.
La nuit, le 4ème Escadron se regroupe sur Brébotte, où viennent le rejoindre les T.D. et où le Lieutenant Colonel Robetin installe son P.C., après avoir organisé la défense de Bretagne avec l’aide d’un Escadron porté du 1er R.E.C. La 3ème Compagnie se porte sur Froidefontaine pour se reposer et se réorganiser.
La Section du Génie a passé la journée à Froidefontaine et a effectué des reconnaissances au pont de Bretagne. Elle rejoint Brebotte le soir.
Des éléments de la 9ème D.I.C. sont arrivés dans la journée et poussent une Compagnie à Bretagne.

21 novembre
Le Sous-Groupement reste à Brebotte, sauf la 3ème Compagnie toujours à Froidefontaine, qui recevra l’ordre dans la journée de se porter à Grandvillars. Brebotte est bombardé à plusieurs reprises dans la journée et dans la nuit. Les moyens de dépannage arrivant vers 16 heures, le dépannage des deux chars restés à Bretagne avec le Sous-Lieutenant Cascalès est entrepris de nuit dans les conditions particulièrement périlleuses, des éléments ennemis tentant de s’infiltrer à proximité de ces chars. Il sera finalement mené à bien grâce aux T 2 "Rufisque" (Brigadier-Chef Grette) et "Rustine" (Maréchal des Logis Bolella), dont les équipages réussiront, sous le feu, à tirer "Escaut" et "Eiffel" de leur dangereuse situation.

22 novembre
Le Sous-Groupement fait mouvement sur Vellescot en passant, par Boron où est le P.C. du C.C. 5. Il reçoit l’ordre de mettre le Peloton de T.D. et la Section du Génie à la disposition du Colonel Miquel à Grandvillars pour une action sur Chavannes et Chavannate. Dans l’après-midi, il se portera aux Fermes de La Charme et de l’Ecrevisse, à l’Est de Vellescot.
Le 4ème Escadron, Peloton Valette en tête, appuie l’action d’une Compagnie d’infanterie du 9ème Zouaves et d’une Section du Génie chargées de nettoyer le Bois Spechbach et de débloquer la route Vellescot-Suarce. Très nombreux abatis, grosses difficultés, le travail n’est pas terminé le soir. Si bien qu’il ne sera pas possible de remplir la mission qui était de faire la liaison à Suarce, objectif du C.C. 4. Pour activer le travail de déblaiement le T 2 "Rufisque" a été envoyé au Peloton Valette. En fixant à un abatis le câble de remorque, le Maréchal des Logis Botella et le Chasseur Bastide provoquent le déclenchement d’un piège et sont légèrement blessés.

23 novembre
Le Peloton de T.D. et la Section du Génie ont été mis à la disposition du Sous-Groupement Bourgin pour l’attaque de Magny.
La 3ème Compagnie reste à Grandvillars, mais repasse aux ordres du Lieutenant-Colonel Robelin. Elle subit durant la nuit un léger bombardement. Elle profite du calme relatif de la journée pour se réorganiser sous le commandement du Capitaine Gouttierre.
Le P.C. et le 4ème Escadron sont en réserve à Boron. Le Peloton Farcot est alerté dans l’après-midi pour se rendre à Chavannes, mais n’a pas à intervenir. Le Peloton Valette (3 chars) est envoyé à 17 heures à Bretagne, en soutien d’une Compagnie d’Infanterie Coloniale qui s’y trouve. Le reste du Sous-Groupement passe la nuit à Boron.

24 novembre
Le P.C., le 4ème Escadron et la 3ème Compagnie font mouvement sur Suarce par Joncherey et Lepuix-Delle ; ils y arrivent à 9 heures 30. Le Peloton Light de La Ferté est mis à la disposition du Sous-Groupement. Très violents tirs de minen et d’artillerie dans la journée. Selon la mission reçue, une opération offensive est envisagée avec le 3/6ème R.T.M. qui est mis à la disposition du Sous-Groupement. Elle n’aura finalement pas lieu, par suite des fortes réactions ennemies, de l’insuffisance de nos moyens et des facilités de défense données à l’ennemi par le terrain.
Dans le courant de la journée, le Light "Béarn" reçoit un obus sur la tourelle. Le char est H.S., le Maréchal des Logis Eugène et son équipage l’évacuent sur le T.C. 2 à Grandvillars. Le Médium "Entraygues" — Maréchal des Logis Chef Chalverat — a un barbotin arraché et son canon détérioré : il est lui aussi évacué.
Le Peloton Valette fournit des tirs sur des armes repérées qu’il neutralise.
Pendant la nuit, le bombardement se poursuit de façon intermittente. Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement le lendemain.

25 novembre
Le Sous-Groupement reçoit ordre de se porter à Heimersdorf, par Seppois et Feldbach. Départ de Suarce à 7 heures dans l’ordre P.C., 3ème Compagnie, 4ème Escadron.
Arrivée à Heimersdorf vers 9 heures. Le Peloton de T.D. et la Section du Génie rejoignent les Sous-Groupement. La Section du Génie a perçu un Half-track, elle est remise sur pied à 2 Escouades.
Repos à Heimersdorf.

26 novembre
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de prendre Aspach et de continuer si possible sa progression en direction de Spechbach.
6 heures — Départ d’Heimersdorf par Hirsingue et Altkirch. Arrivée devant Aspach vers 9 heures.
Devant les premières maisons du village, se trouve déjà un peloton du R.E.C. Le pont au Sud du village est miné : il est dégagé par la Section du Génie, protégée par les chars du Peloton Cascalès. Le char du Maréchal des Logis Rouxelin, "Elliat", saute sur une mine, dégâts matériels uniquement.
La 3ème Compagnie, appuyée par les chars, attaque le village que l’ennemi occupe encore. Malgré une violente résistance à l’entrée du village, la 3ème Compagnie avance rapidement et s’en empare. Elle n’a eu que deux blessés évacués et une dizaine de blessés non évacués ; elle fait 79 prisonniers.
Une Section, appuyée du Peloton Valette, nettoie le Bois Ouest du village et y fait encore 83 prisonniers.
Le Sous-Groupement reprend sa progression en direction de Spechbach-le-Bas, Peloton Cascalès en tête. En arrivant au dernier virage, avant le pont sur le Canal, les chars de ce Peloton, pris sous un violent tir de 88, sont obligés de se replier rapidement sous un couvert. La Section qu’ils appuient peut atteindre le Canal et s'installer défensivement pendant que les chars tiennent sous leur feu les armes repérées. Le Légionnaires Kaush est tué et le Légionnaire Tovar grièvement blessé. Le reste de la Compagnie rejoint la Section de tête et s’installe le long du Canal.
La rive Sud du Canal par laquelle nous arrivons surplombe complètement la rive opposée sur laquelle nous voyons Spechbach-le-Bas qui sera notre objectif. Le reste de l’Escadron de Saint Germain et les T.D. s’établissent en position de tir depuis la crête et le long de la route boisée en lacets qui mène au pont.
Le pont a sauté, mais l’on peut y passer à pied, ainsi qu’à l’écluse se trouvant à 100 mètres à l’Est. Le chemin de halage entre le pont et l’écluse est déminé par la Section du Génie. La 3ème Compagnie pousse une Section au Nord du Canal pour permettre la reconnaissance du Génie.
Tout le Bataillon du R.M.L.E. est mis à la disposition du Lieutenant Colonel Robelin. En attendant l’arrivée des 1ère et 2ème Compagnies, des reconnaissances sont faites avec le Chef de Bataillon Laimay. Pendant ce temps, les chars du 4ème Escadron et les T.D. ont ouvert le feu sur tous les objectifs qui se présentent : le char du capitaine "Escaut" détruit 2 armes anti-chars, tireur : Brigadier-Chef Monnot.
L’ordre étant de créer une tête de pont, les missions sont ainsi réparties :
— 3ème Compagnie (Capitaine Gouttierre) : franchira le Canal et protègera la Section du Génie qui établira un passage sur l’écluse (pont Trade-Way) ; ensuite franchissement des chars et élargissement de la tête de pont, avec l’aide de :
— 2ème Compagnie : s’orientant à l’Ouest vers Brinighoffen, où elle sera reprise aux ordres par le Chef de Bataillon Laimay,
— 1ère Compagnie (Capitaine Bertelin) : vers Spechbach-le-Bas, où elle aidera le Sous-Groupement Robelin à nettoyer le village.
A la suite de cet élargissement de la tête de pont, un pont Bailey sera lancé (pont d’Armée).
Le pont Trade-Way est termine vers 20 heures. L’Escadron de Saint Germain, le Peloton du Boullay et les chars de Commandement passent immédiatement de l’autre côté et se portent au village. Le passage est impraticable pour les Half-track qui doivent rester en deçà du Canal, car sur la rive Nord le chemin de halage s’effondre de plus en plus au passage des chars. Le Colonel se porte à Spechbach-le-Bas. 4 prisonniers ont été faits en arrivant, quelques autres ont encore trouvés dans le village où l’on se met en garde pour la nuit.
Les Pelotons Valette et Forcade, mis à la disppsition du Sous-Groupement Laimay, s’emparent entre 22 et 24 heures, appuyés par 2 Sections de la 2ème Compagnie, de Brinighoffen et Enschingen.
Ils mettent en fuite plusieurs chars, neutralisent 2 armes anti-chars et font quelques prisonniers.
Le Sous-Groupement a ainsi constitué une tête de pont sur le Canal du Rhône au Rhin.
A 6 heures du matin, le pont Bailey a été établi. Tous les moyens du Sous-Groupement qui étaient restés en deçà du Canal rejoignent (Half-tracks et ravitaillements).

27 novembre
Une patrouille, faite par le Sergent Chef Ruiz de la 3ème Compagnie jusqu’à Spechbach-le-Haut, signale en rentrant vers 5 heures que le village est occupé par l’ennemi.
8 heures 30. — Le Sous-Groupement attaque Spechbach-le-Haut après une forte préparation d’artillerie. Le Peloton Cascalès est en tête. Au débouché de l’attaque, tirs de minen sur Spechbach-le-Bas. La 3ème Section de la 3ème Compagnie, qui est en tête subit des pertes : le Sergent Chef Bier, Chef de Section, le Sergent Douaire, le Caporal Pos et le Légionnaire Juarez sont blessés. Le Commandant de Compagnie fait avancer la 1ère Section qui était en réserve. Le Peloton Cascales est pris à partie par des armes anti-chars, et le char du Chef de Peloton "Estienne" est atteint sans gros dégâts. La 3ème Compagnie et le Peloton Cascalès, suivis des autres chars et du P.C., pénètrent dans le village où les combats sont assez durs. 4 chars ennemis soutiennent l’Infanterie allemande. Le tireur du char "Etienne", Brigadier Chef Paris, met hors de combat un Jagdpanther, chenille coupée, char en feu. Les 3 autres s’enfuient vers Bernwiller. L’un d’eux, pris à partie par un T.D., sera immobilisé à 1500 mètres au 3ème obus. Une quarantaine de prisonniers sont faits.
L’Escadron Hardion est envoyé en renfort pour tenir Spechbach-le-Haut quand le Sous-Groupement se lancera sur Bernwiller.
Le pont Nord de Spechbach-le-Haut étant miné, la progression est arrêtée. La Section Cassan procède au déminage (6 bombes de 20 Kilos). Le dégagement du système de mise à feu et des bombes agit sur des mines anti-personnel posées dans le lit du ruisseau. Quelques prisonniers travaillent sous la direction du Sous-Lieutenant Cassan : ils sont sous les feux d’une mitrailleuse ennemie qui tire mal, mais aussi sous ceux ajustés d’une mitrailleuse amie, d’un char léger appartenant au C.C. 3 — 1ère D.B. — qui tire sur les prisonniers et les sapeurs et arrête le travail. Il est impossible d’entrer en liaison radio avec ce char ; finalement le commandement fait aménager un gué sur un ruisseau qui nous sépare de la croupe ou se trouve le char ami et lui envoie une patrouille de chars légers pour nous faire reconnaître.
Le Chef d’Escadrons de Maison Rouge du C.C. 3 arrive en liaison et annonce qu’une action est en cours, de Galfingue sur Bernwiller.
Il demande à passer par le pont que nous venons de déminer pour aider l’action principale avec les moyens qui le suivent.
15 heures. — Le Sous-Groupement reçoit l’ordre d’abandonner l’action sur Bernwiller que le C.C. 3 prend à son compte. Il se replie sur Enschingen où il s’installe au repos pour la nuit.
Cependant, avant de se replier, le Sous-Groupement avait, par le feu de ses chars et de ses T.D., appuyé la progression du C.C. 3 de Galfingue sur Bernwiller.
Le T.C. 1 entreprend, à l’aide de T 2, la récupération de chars, d’automoteurs et de T.D. enlisés au voisinage du Pont d’Aspach.
Malgré les réactions, parfois très violentes, de l’artillerie ennemie, l’opération sera menée à bien, après 2 jours de travail épuisant, conduite avec maestria par le Maréchal des Logis Grelle, le Brigadier Chef Oleda et les chasseurs Vargas et Daspet.



28 novembre
Le Sous-Groupement cantonne toujours à Enschingen.

29 novembre
2 heures. — Le Sous-Groupement reçoit ordre de pousser un élément sur Dieffmatten pour barrer les passages de la Soultzbach face à l’Ouest. Le Capitaine Gouttierre y est envoyé et est en place à 4 heures.
12 heures. — Le Lieutenant Colonel Robelin reçoit l’ordre de porter son P.C. à Dieffmatten. Il y arrive vers 13 heures et trouve le village encombré et occupé par le 1er R.E.C. ainsi que par des éléments des C.C. 4 et 6.
17 heures 30. — Ordre du C.C. 5 de se regrouper à Buethwiller.
Le P.C. arrive vers 19 heures 30, suivi du Détachement du Capitaine Gouttierre. Le Détachement de Saint Germain qui était resté à Enschingen rejoint vers 21 heures 30.

30 novembre au 12 décembre
Repos à Buethwiller.

Opérations du S/Groupement Daigny

14 novembre
Le 3ème Escadron, alerté depuis le 11 Novembre, est prêt à se déplacer. Il a mis sur pied un Peloton anti-bazooka, comprenant 16 hommes spécialement et sévèrement entraînés, par le Maréchal des Logis Favory, à se déplacer sur les plaques-moteur des chars et, au même titre que les groupes d’assaut des Section d’Infanterie, se jeter au sol pour les opérations de nettoyage. La mission principale reste évidemment la surveillance et la mise hors de combat des tireurs de bazooka.
13 heures 45. — Mouvement de Venisey sur Rignosot. Le gîte étape est atteint sans incident, après une longue marche en Black-out par une nuit opaque.
Les ordres parviennent vers minuit. L'Escadron entre dans la composition du Sous-Groupement Daigny.

15 novembre
7 heures. — L’Escadron quitte Rignosot.
13 heures. — La Guinguette est atteint. Le ciel déverse une neige fondue qui glace, Le Peloton Médium Calmels et le Peloton Light de la Ferté sont dirigés vers Montenois pour participer à une opération de soutien du Sous-Groupement Robelin.
Il est impossible, au soir, de pousser leur ravitaillement. Toute la nuit, ils seront soumis à des tirs de mortiers.
Le Commandant Daigny, parti en liaison vers 17 heures, est blessé par éclats en même temps que le Colonel Commandant le C.C. 5 et sera évacué dans la nuit. Le Capitaine Perrin, du 1/I R.M.L.E. le remplace au Commandement du Sous-Groupement.

16 novembre
L’Escadron gagne Montenois, les Pelotons Calmels et de La Ferle participeront à l’attaque sur Sainte Marie. L’attaque est fixée à 13 heures 15.
L’Escadron se porte de Montenois vers la route Arcey-Sainte Marie. Le Peloton de Salins se dirige le long de la lisière Ouest du Bois Le Chênois : il perd à ce moment le char "Guynemer" (Maréchal des Logis Deleporle) qui saute sur une mine, train de roulement droit arraché en majeure partie, boite de vitesses fendue.
Contact rapide entre le Capitaine et le Lieutenant Calmels : les chars sont engagés sur la route Arcey-Sainte Marie ; le Peloton de Salins, déployé en bataille à gauche de la route, pénétrera dans le village par le Nord.
Les chars, portant des Groupes d’assaut et des éléments du Peloton anti-bazooka, prennent à partie de toutes leurs armes les lisières Ouest du village. Des casemates sautent, des Allemands sortent des taillis et se rendent. Une pièce anti-char est démolie, les chars pénètrent dans le village, quelques maisons flambent, souvent avec le fourrage et le cheptel.
Très rapidement, la Légion, les anti-bazooka et les Tirailleurs qui ont débouché du bois du Chênois nettoient les maisons et les rues. Liaison est prise à l’église avec le peloton Farcot du 4e Esc. qui, lui, est entré dans le village par l’Ouest.
On dénombre 100 morts et 100 prisonniers environ. Sainte Marie était, paraît-il, une des charnières de la défense Montbéliard.
Une dernière résistance se manifeste vers 16 heures dans une ferme isolée : elle causera 1 blessé à la Légion. En dehors de ce blessé, le Sous-Groupement n’aura eu aucune autre perte dans cette opération.

17 novembre
Le Sous-Groupement fait mouvement vers Montbéliard. Il passe lentement le pont de fortune jeté à Allondans sur le Rupt. Le Colonel Commandant le C.C. 5 décide de protéger vers le Nord le Sous-Groupement Robelin et, à la tombée de la nuit, donne l’ordre de se porter sur la crête en direction de Bethoncourt.
Les chars du Peloton d’Espaigne sont découplés vers la Côte 400, on n’y voit goutte. Un obus traverse le moteur du Char "Guadeloupe", du Chef de Peloton, qui, malgré les extincteurs, flambe. Le Lieutenant d’Espaigne change de char et la mission se poursuit.
Le peloton d’Espaigne ne revient que vers 19 heures, ayant poussé jusqu’à Béthoncourt et à l’entrée de Montbéliard. Il a fait une patrouille à pied et ramène 3 prisonniers, des Polonais déserteurs, dont les confidences, trop abondantes, n’offrent que peu d’intérêt.
Le Sous-Groupement s’installe en point d’appui cerclé au bord de la route Allondans - Montbéliard.

18 novembre
Le Sous-Groupement fait mouvement de bonne heure, et traverse de Montbéliard en fête. Il est mis aux ordres du Colonel Bourgin.
11 heures 45. — 2 reconnaissances sont découplées, l’une aux ordres du Capitaine Aguiard comprenant entre autres le Peloton Light de la Ferté, et l’autre aux ordres du Lieutenant d’Espaigne composée de son Peloton et de la Section Dély.
La première reconnaît la piste Sud-Nord qui débouche face au Fort du Bois d’ Oye ; la seconde la route Grand Charmont - Adoncourt et la piste Est-Ouest qui rejoint celle reconnue par le Détachement Aguiard.
Le Capitaine Le Jariel commande provisoirement le Sous-Groupement à partir de midi.
Les reconnaissances rendent compte : la première signale des mines et des abatis, la seconde rien. Après déblaiement par le Génie, les reconnaissances se rencontrent.
Le Capitaine Aguiard prend la tête et entraîne d’Espaigne. Sur ordre, le Sous-Groupement fait mouvement et colle aux reconnaissances. La piste est étroite, boueuse et encombrée d’abatis nombreux ; le Génie s’active. Les chars, portant sur les plaques-moteur l’Infanterie, contournent les barricades et progressent lentement ; aucun véhicule ne peut les suivre.
L’heure avance et il paraît impossible de déclencher l’attaque du Fort avant la nuit. Le Capitaine Perrin, qui commande à nouveau le Sous-Groupement, accompagne l’élément d’Espaigne. Le Capitaine Aguiard a précédé cet élément, s’est heurté à des résistances sérieuses et a été tué.
Les chars du Peloton d’Espaigne, à coups d’explosifs, attaquent casemates, tranchées et barbelés. Ils atteignent la lisière à 200 mètres du Fort, et y sont accueillis et arrêtés par des feux nourris provenant du Fort et de la contre-pente qui en précède l’accès : ils y répondent par un violent pilonnage des abords.
Le Peloton de Salins a pendant cette action, été détaché au bénéfice d’un Goum.
Une action locale vers le Nord-Est permet la destruction d’une casemate et assure temporairement la sécurité dans cette direction.
Le Capitaine Le Jariel, resté à la base de départ, c’est-à-dire au point où les véhicules semi-chenillés ne peuvent poursuivre leur progression, décide de rejoindre le Peloton d’Espaigne et le Commandant du Sous-Groupement. Arrivé à la nuit derrière d’Espaigne, il constatera que le Fort ne peut être pris dans la presque obscurité, que les 5 chars dont le sien ne sont gardés que par 20 hommes, que l’ennemi est à 30 mètres, convenablement enterré, et que 2 mitrailleuses allemandes tirant du Fort, très probablement sous abri, rendent la position peu confortable.
Le Lieutenant Dély vient d’être atteint de 2 balles à la tête, il mourra 2 jours plus tard. Le Capitaine Perrin ne veut pas laisser la Section sans chef à l’heure dangereuse et la rejoint. Sur sa demande, le Capitaine Le Jariel réclame par radio de l’Infanterie de soutien et des munitions ; la 2ème Compagnie envoie les 2 Sections qui lui restent.
Un Lieutenant, observateur d’Artillerie vient d’être tué sur la piste, 2 Légionnaires dépouillés de leurs armes, des infiltrations ennemies se produisent et sont annoncées par radio.
Il semble d’ailleurs que la colonne de véhicules, devra s’allonger interminablement entre 2 taillis très denses, et que le point d’appui sera difficile à établir. Par contre, il paraît fâcheux de perdre le bénéfice si coûteux du déblaiement de l’après-midi. Cependant d’accord avec le Capitaine Le Jariel et en raison de l’instabilité de la position de l’élément d’Espaigne, le Capitaine Perrin décide de se replier sur le gros du Sous-Groupement. Avant de faire demi-tour, une patrouille de Légionnaires fait 15 prisonniers.
Le Sous-Groupement s’installe pour la nuit tous éléments rassemblés.

19 novembre
L’attaque du Fort est décommandée. Le Sous-Groupement reste sur place et fait une brève toilette. Le Chef de Bataillon Laimay prend le Commandement.

20 novembre
Le Sous-Groupement est dirigé, sur Dampierre-les-Bois. Cantonnement normal.

21 novembre
Le Sous-Groupement se porte aux Roselets, 1 kilomètre Nord-Ouest de Joncherey. Il y recoit quelques coups de 105 qui ne causent que des dégâts insignifiants.
17 heures. — Le Colonel d’Oléon, Commandant le C.C. 5, donne l'ordre au Sous-Groupement de passer, pour une mission particulière, à la disposition du Colonel Schlesser Commandant le C.C. 4. Le Sous-Groupement fait mouvement vers Belle, où il arrive à partir de 20 heures.
20 heures 45. — Le Commandant Marchal, du C.C. 4, apporte les ordres. La mission est de reconnaître jusqu’à Rechésy, de porter le Sous-Groupement à ce village si celui-ci n’est pas occupé, et de toute manière de l’atteindre avant le lever du jour.
La route, la seule disponible pour le ravitaillement de la 1ère D.B., est encombrée par des convois de cette Division. Les Allemands ont lancé de puissants éléments sur l’axe Dannemarie - Friesen - Suisse, pour couper la 1ère Armée Française en 2 tronçons. Le Sous-Groupement a la mission formelle de s’opposer à cette manœuvre.
Eclairée par le Peloton de la Ferté, qui part vers 22 heures, la marche vers Rechésy s’effectue sans incidents, mais dans une atmosphère quelque peu anxieuse, on le conçoit. D’abord bloqué jusque vers 23 heures, le Gros du Sous-Groupement, partant de Delle, atteint Florimond, Courcelles, puis enfin Rechésy sans encombre peu avant minuit.

22 novembre
Le stationnement s’organise rapidement, le point d’appui est cerclé par les chars moyens du Sous-Groupement et par de l’Infanterie déjà en place et que d’ailleurs la Compagnie Georgeon renforce à toutes les issues. Les ravitaillements s’opèrent vers 3 heures du matin.
6 heures. — Mission : franchir à 8 heures la route Courtelevant - Seppois vers le Carrefour 1500 mètres Nord de Rechésy, et s’emparer de Lepuix-Delle, 1 kilomètre plus au Nord. Cette conquête doit être assurée en liaison avec le Sous-Groupement Charreton du C.C. 4. Malheureusement il s’avérera par la suite que les liaisons radio avec cette Unité aussi bien qu’avec le C.C. 4 seront nulles ou inopérantes.
7 heures. — Le Sous-Groupement se met en place.
7 heures 30 à 8 heures. — Violents tirs de préparation d’Artillerie exécutés suivant les prévisions. Le Sous-Groupement n’a aucun renseignement précis sur l’ennemi.
8 heures 05. — L’Echelon d’attaque franchit la route au carrefour. Des mines placées sur son axe par une Section d’infanterie amie dans la défensive ont retardé son mouvement.
Le Peloton Médium d’Espaigne est en tête, appuyé par la Section Bornier ; le Peloton Calmels qu’appuie la Section Durand suit au plus près. Le Peloton de Salins est en réserve avec la Section Gauthier. Quant au Peloton Light de la Ferlé, il fait une reconnaissance à l’Est et flanque l’attaque dans cette direction : presque au départ, le "Bourgogne" saute sur une mine, l’équipage Maréchal des Logis Maure est indemne.
Le Peloton d’Espaigne, lancé à pleins moteurs, ouvre le feu à la mitrailleuse à priori dans les profondeurs du bois que la route traverse sur 1 kilomètre environ : quelques Allemands sont tués. Un bazooka passe au-dessus du "Gabon" — Maréchal des Logis Chef Arcolle. Celui qui l’a lancé est abattu par un tireur porté sur le toit de l’appareil. Le Sous-Groupement est accueilli à la sortie du bois par un tir d’Artillerie particulièrement nourri.
Le Lieutenant d’Espaigne annonce par radio qu’il entre dans le village qui lui paraît vide. Mais le Chef Guyot, char "Guyane", donne vite l’alerte et le tir des Médium est instantané, brutal. Il apparaîtra par la suite évident que l’ennemi, probablement surpris par la soudaineté de l’attaque, n’a pas assuré sa protection vers le Sud.
Un "Ferdinand" qui se met en position de tir est atteint par un explosif qui lui est décoché par le Brigadier-Chef Koehl, du "Guyane". Le "Ferdinand" se met à flamber.
100 mètres plus loin, un second "Ferdinand" essaie de tracter un P.z. IV embourbé : atteint d’un obus à l’arrière, il se met à flamber à son tour.
Le Peloton d’Espaigne atteint la sortie Nord de Lepuix-Delle ; il s’y installe, fournissant des feux nombreux sur la lisière de la forêt à l’Est. La Légion nettoie le village, tue de nombreux ennemis et fait des prisonniers.
Le Peloton Calmels a reçu la mission de se porter aux sorties Est du Village. Il s’engage derrière le Peloton d’Espaigne et tombe successivement sur plusieurs groupes de mitrailleuses de 20 m/m DCA-DCB : il anéantit ainsi 18 pièces. A la sortie du village, se trouve le cimetière accoté à un taillis très dense. Le char du Maréchal des Logis Grosjean "Gérardmer" est accueilli par des obus de 105 qui en partent. La pièce est immédiatement détruite, mais le 75 du char faussé par un projectile ne revient pas en batterie et reste à sa position de recul. Malgré l’interdiction de son Chef de Peloton, le Maréchal des Logis poursuivra sa mission à la mitrailleuse, mais en soutien.
Poussant plus avant, le Lieutenant Calmels décide d’aller nettoyer la lisière de la Forêt à 300 mètres de la sortie Est.. S’il prend cette initiative, c’est que cette sortie est sous les feux des armes installées à cette lisière et qu’il ne peut assurer sa sécurité qu’en progressant au delà du point fixé comme terme à sa mission.
Son char de tête "Guérande" (Maréchal des Logis Chef David) s’embourbe malencontreusement et ne peut participer à l’action. Le Lieutenant Calmels, sur "Gai Luron", prend alors la tête ; mais très vite 2 explosifs viennent frapper son masque de tourelle. Le canon est coincé dans une position définitive, la visée devient impossible. Calmels détache son émetteur radio, sort de son appareil et, sous le feu, le transporte sur l’un des chars de soutien.
"Guérande" embourbé fait des efforts - hélas inutiles- pour se sortir de la gangue : le pilote en sort, mais tombe atteint et tué par des éclats d’obus.
"Gergovie" (Maréchal des Logis foyer) et "Grenoble" (Maréchal des Logis Reviron) s’avancent en ligne vers le sommet du mouvement de terrain qui leur masque la lisière. Des observateurs à pied lancés en avant n’ont pas vu d’automoteur : dès l’arrêt, les 105 ennemis se dévoilent. La riposte est immédiate : 6 canons sont démolis, 3 camions qui se replient subissent le même sort. Il semble que la lisière soit nette, "Gergovie" et "Grenoble" vont se replier.
A ce moment un obus de 88 part d’un point de la route Lepuix-Delle - Friesen en forêt. "Gergovie" est traversé de part en part et se met à flamber. Le Lieutenant Calmels et le Brigadier-Chef Bertrand se précipitent et retirent le Maréchal des Logis Royer qui a la jambe broyée. Le chasseur Damance, méprisant le danger, accourt à pied et fait un garrot au blessé. Le pilote, Iribarnès, transporte sur son dos son Chef de char et, sous les balles, le ramène au village. L’aide-pilote Grenard, le tireur Brigadier-Chef Gay et le chargeur Ben Soussan sont tués à leur poste.
"Grenoble" a commencé son repli plus rapidement que "Gergovie" : il reçoit pourtant un obus de 88 dans ses transmissions et s’immobilise. L’équipage saute et se replie sans pertes.
Les chars restants regagnent le village peu à peu. Sur 5 chars l’un a brûlé, un autre est immobilisé sous le feu ; deux autres, bien qu’en état de marche, sont hors de combat.
Le Peloton d’Espaigne n’a pas éprouvé de pertes, le Peloton de Salins reçoit l’ordre de remplacer le Peloton Calmels pour la protection vers l’Est.
Le village se nettoie peu à peu. Quelque temps après, l’Artillerie amie écrasera la lisière de la forêt sous ses feux.
Vers 15 heures, le Sous-Groupement Charreton du C.C. 4 dépassera le Sous-Groupement et s’emparera de Suarce. Une Compagnie de Tirailleurs viendra renforcer la position.
L’Escadron a perdu 4 tués et 5 blessés, la Légion 27 tués ou blessés. Le nombre total des prisonniers sera de 227. L’ennemi a laissé sur le terrain 200 à 300 tués, un nombreux matériel dont 2 "Ferdinand", 2 Pz. IV, 7 canons de 105, des minen et des munitions. Un camion tracteur, une touriste, des armes individuelles en grande quantité, 18 mitrailleuses de 20 seront trouvés dans le village et, plus tard, en lisière de la forêt.
Le soir, la garnison s’installe en point d’appui cerclé. Elle ne sera troublée que par quelques tirs sporadiques de minen.

23 novembre
Le Sous-Groupement se déplace dans l’après-midi vers Grandvillars et y cantonne.

24 novembre
Dans l’après-midi l’Escadron est dirigé sur Vellescot par ordre du Colonel Commandant le C.C. 5, en vue de dégager les itinéraires de la 9ème D.I.C. il cantonne à Vellescot.

25 novembre
Le Sous-Groupement reconstitué se regroupe à Ruederbach. Il prend contact avec l’Alsace et note à cet occasion l’accueil qui lui est fait : "somptueux".

26 novembre
Le Sous-Groupement est de nouveau scindé. Le Chef de Bataillon Laimay avec son P.C. et 2 Compagnies est mis aux ordres du Lieutenant Colonel Robelin pour l’établissement de la tête de pont de Spechbach. L’Escadron et le Peloton Light reçoivent l’ordre de rejoindre le Sous-Groupement Bourgin. Le rassemblement se fait à Altkirch dans la soirée. A 23 heures, l’ensemble fait mouvement vers Aspach où il cantonne.

27 novembre
Le Peloton de Salins est détaché auprès de l’Escadron de reconnaissance Vignan. Cet élément doit reconnaître en direction de Spechbach-le-Bas - Balschwiller - Uberkumen - Traubach... etc.
A la sortie Ouest de Spechbach-le-Bas, le char " Grenedan" (Maréchal des Logis du Boisguehenneuc) reçoit 2 coups de 88 et flambe.
Le Brigadier Grussenmeyer, un ancien de l’Escadron, pilote de qualité, est tué. Andre est blessé, Bonnel légèrement brûlé. Les coups sont partis des lisières Sud de Spechbach-le-Haut, qui pourtant, à ce moment, est attaqué par le Sous-Groupement Robelin.
La progression de la reconnaissance ne reprend que lorsque le Commandement précise que la route est libre et que Spechbach-le-Haut est à nous. Malgré l’assurance donnée, les 4 chars qui restent du Peloton de Salins sont encore salués à leur passage par un tir qui du reste les manque.
Le Commandant Laimay est blessé ; le Commandant Ribes prend Sous-Groupement.
Balschwiller est reconnu occupé par l’ennemi. Le Commandant Ribes donne l’ordre d’attaquer au Peloton de Salins et à la 2ème Compagnie. Une barricade et des casemates sont détruites au canon. Le char "Guérande" (Maréchal des Logis-Chef David), au moment ou il pénètre par la rue principale, se trouve, au premier virage, face à un Jagdpanther. Le tireur tire l’explosif qui était dans le canon et le pilote recule aussitôt. Le char allemand a tiré trop tard, son projectile manque "Guérande". Le Maréchal des Logis-Chef David reporte son char en avant après avoir fait charger un perforant. Prenant à nouveau le virage avec précaution, le pilote permet encore au tireur de "Guérande" de tirer le premier. Le projectile érafle le ventre du Jagdpanther et provoque sans doute chez l’équipage une forte commotion. Le Jagd, en se repliant, bascule latéralement, par dessus un ponceau, dans le ruisseau qui traverse la route. Dans cette position le char allemand tira son dernier obus. L’équipage abandonne le Jagd qui sera pris intact.
Balchwiller sera occupé sans peine par la suite.
Le Peloton d’Espaigne est, peu de temps après le départ du Peloton de Salins, détaché auprès du Sous-Groupement Robelin. Il a un rôle de réserve, n’est pas engagé et rentre le soir à Balschwiller. Le reste de l’Escadron fait mouvement vers Spechbach-le-Bas dans l’après-midi.

28 novembre
Tout le Sous-Groupement se regroupe à Balschwiller et s’installe.

29 novembre
Le Sous-Groupement passe la journée à BalschwiIler. 6 Russes cachés dans une grange, sont faits prisonniers.

30 novembre
Stationnement à Balschwiller.
Le Sous-Groupement est alerté à 18 heures.

1er décembre
Mouvement sur Traubach-le-Haut et installation.

HAUTE - ALSACE

Le 13 Décembre, les éléments du Régiment répartis depuis le début des Opérations dans les trois Sous-Groupements se regroupent pour effectuer un long déplacement sur l’itinéraire suivant (130 à 140 kilomètres) : Dannemarie - Belfort  - Lure - Luxeuil - Plombières - Hadol.
Zone de stationnement :
P.C. du 1er R.C.A., T.C. 1 et P.C. Ar. : Hadol,
Escadron Hardion, 1er  Escadron : Senade,
2ème Escadron : Racine,
3ème Escadron, 4ème Escadron : Raon-aux-Bois.
Le 15, par un temps rasséréné mais déjà froid, les trois Sous-Groupements reprennent leur composition initiale sur ordre reçu dans la soirée du 14 et confirmé dans la nuit suivante.

Opérations du S/Groupement Bourgin

15 décembre
 
Départ de Hadol pour la région Anould - Saint Léonard, suivant l’itinéraire Poureux - Jarménil - Bruyéres - Col du Plafond.
Zone de stationnement :
P.C. du S/Grpt., Escadron Hardion : Honville,
1/I R.M.L.E., P.C. Arrière, T.C.1 : Ban-de-Laveline,
Escadron Couvreux, Escadron Davout : Coinches.
La dernière partie de ce mouvement, soit Anould - Région de Ban-de-Laveline, a été effectuée dans l’après-midi du 16.

17 décembre
Le Sous-Groupement se porte sur Ribeauvillé, où il prend contact avec la 36ème D.I.U.S. (Division d’Infanterie U.S.), commandée par le Major-Général Dahlquist.
9 heures. Le Colonel Bourgin se rend au P.C. du Général Dahlquist et les renseignements suivants lui sont donnés par le Général lui-même. Kaysersberg serait tenu par ses Eléments d’Infanterie, ainsi que la crête qui sépare Riquewihr et Kientzheim et la crête Sud de Kaysersberg. Un char américain ayant sauté sur une mine sur la piste de Riquewihr à Kientzheirn, celle-ci serait bouchée ; mais le passage des chars serait possible en tous terrains. Le Général estime qu’il y aurait intérêt à marcher sur Kientzheim, premier objectif, Ammerschwihr second objectif. Les Opérations seraient faites avec l’appui du Combat-team commandé par le Général Stack, dont le P.C. se trouve à Riquewihr.
Le Colonel décide de se porter à Riquewihr avec son P.C. Avant. Il prend contact à 10 heures 30 avec le Général Stack, le Sous-Groupement restant à Ribeauvillé.
Après entente avec l’Etat-Major de la 36ème D.I.U.S. et le 141ème Régiment d’Infanterie Américain, il est décidé que le Sous-Groupement Bourgin prendra à son compte l’affaire de Kientzheim et que les opérations de nettoyage s’effectueront en collaboration avec la Compagnie du 141ème Regiment U.S. occupant les crêtes Nord du village.
Mais il apparaît que les Allemands ont remis la main sur la plus grande partie de Kaysersberg dont les Américains ne tiennent que la partie Ouest.
En conséquence, le Colonel Bourgin décide :
1 — de constituer un Détachement d’attaque aux ordres du Capitaine Davout et comprenant :
son Escadron moins un Peloton, la Compagnie Bertelin moins 1 Section, la Section Bize, du Génie, 1 Peloton de T.D.
2 — d’attaquer le plus tôt possible Kientzheim par le Nord et de pousser au plus vite au Sud-Est du village pour mettre la main sur le pont de la route d’Ammerschwihr.
3 — de se porter, après relève par l’infanterie Américaine, en direction de Kaysersberg pour y effectuer liaison avec les éléments amis tenant l’Ouest du village.
Le reste des éléments du Sous-Groupement aux ordres du Capitaine Couvreux demeure en réserve aux environs de Riquewihr, soit :
1 Peloton Light du 1er Escadron,
1 Peloton Médium du 2ème Escadron,
1 Section d’Infanterie de la 1/1 R.M.L.E.
1 peloton de reconnaissance,
l’Escadron Hardion.
Le P.C. Arrière et le T.C. 1 demeurent dans la partie Sud de Ribeauvillé.
Dans la matinée, une contre-attaque allemande a repoussé les troupes Américaines de la côte 408 au Sud de Kaysersberg. Les Américains nettoient la côte 686 au Nord de Kaysersberg.
Le Capitaine Davout reçoit l’ordre de pousser le plus vite possible son attaque sur Kientzheim, mais il signale qu’il est gêné par de grosses difficultés de terrain. La route descendant sur Kientzheim est minée à partir de la côte 270 ; il doit passer dans des terrains lourds et détrempés, 2 chars sont embourbés.
Il signale peu après que son attaque est déclenchée sans qu’il ait pu prendre liaison avec l’Officier Américain Commandant la Compagnie qui doit l’aider au nettoyage de Kientzheim.
13 heures 30. — Le Capitaine Davout pénètre dans Kientzheim. La situation des troupes Américaines est critique à Kaysersberg. La 36e D.I.U.S. demande que le Détachement Davout soit renforcé en chars et pousse sur Kaysersberg. Mais l’infanterie Américaine n’a pas rejoint les éléments du Détachement. Elle se fera attendre de 14 à 18 heures, ce qui rend les opérations de nettoyage du village très lentes.
13 heures 50. — Le Peloton Medium de Roux, du Détachement Couvreux, est mis à la disposition du Capitaine Davout.
Pendant toute l’opération, les T.D. ont été chargés de couvrir en direction de Kaysersberg où l’on connaît la présence de chars allemands. Ceux-ci ne sortiront pas, mais ils tirent de temps à autre de la sortie Sud de Kaysersberg. Un T.D. est touché et brûle près de l’entrée Ouest de Kientzheim.
14 heures 30. Le Peloton de Roux a rejoint Kientzheim.
14 heures 40. — On apprend que le Lieutenant Dutilh vient d’être gravement blessé. Le Peloton Dutihl et 1 Section de Légion avaient reçu mission d’aborder le village par la gauche (entrée Est) et de s’assurer dès l’abord, du pont menant à Ammerschwihr. Au moment où les 2 chars envoyés par le Lieutenant Dutilh arrivaient au pont, celui-ci sautait. C’est peu de temps après que le Lieutenant Dutilh qui avait pénétré dans le village était mortellement blessé.
16 heures. — On apprend la mort du Lieutenant Dutihl.
16 heures 10. — Une Compagnie Américaine, envoyée en renfort sur Kientzheim, déclare le village occupé par l’ennemi et repart. Cette erreur est corrigée, mais va provoquer un important retard
17 heures 30. — Le Capitaine Davout n’est toujours pas rejoint par l’Infanterie Américaine et l’ordre de la 36ème US. de pousser à tout prix sur Kaysersberg ne peut être exécuté, sous risque de perdre le village qui vient d’être conquis.
18 heures. — La route Riquewihr - Kientzheim est entièrement déminée et la Compagnie Américaine est enfin arrivée.
18 heures 30. — Des tirs sur les lisières Est de Kaysersberg sont demandés au Capitaine Davout par la 36ème D.I.U.S.
Quelques chars exécutent ces tirs.
Kientzheim sera soumis en fin d’après-midi et au cours de la nuit à de nombreux tirs de harcèlement ennemis.
Cette brillante opération nous coûtait cher (Lieutenant Dutihl tué et la valeur d’une Section de Légionnaires blessés) mais, sans compter de nombreux Allemands tués, nous avions fait près de 300 prisonniers et conquis définitivement Kientzheim, ce qui allait permettre le lendemain de rétablir la situation à Kaysersberg.
18 décembre
Le Colonel Bourgin se rend au PC. du Général Stack pour monter l’opération sur Kaysersberg. L’attaque est prévue pour 8 heures, précédée par un tir d’artillerie de 15 minutes sur les lisières Est de Kaysersberg.
Le Détachement d’attaque est confié au Capitaine Davout et comprend 2 Pelotons Médium du 2ème Escadron et les Pelotons Médium Valette du 4ème plus la Compagnie Bertelin, c’est à dire 2 Sections du R.M.L.E. éprouvés par les pertes du 17, renforcées par la 3ème Section, plus un appui d’Infanterie Américaine comprenant un Peloton d’environ 18 hommes et une Section de mitrailleuses comprenant 5 ou 6 hommes.
Les Américains tiennent la partie Ouest de Kaysersberg et, dès l’action faite, la liaison devra s’établir entre les occupants amis et les attaquants. Les Américains prennent à leur compte la garde de Kientzheim.
5 heures 30. — Le Peloton de mortiers de l’Escadron Hardion est mis à la disposition du Capitaine Davout.
6 heures 00. — Le Colonel Commandant les éléments américains de Kaysersberg demande à être informé de l’heure exacte de l’attaque. La Liaison n’ayant pu être établie avec le Capitaine Davout, on demande aux Américains une liaison directe Kientzheim - Kaysersberg.
La mise en place du dispositif est retardée par suite des difficultés de circulation sur l’axe Riquewihr - Kientzheim. La Section de la 1/I R.M.L.E., alertée à 5 heures à Riquewihr, ne parvient à Kientzheim qu’à 8 heures 15. Le déclenchement de l’attaque est reporté à 9 heures, précédé d’un tir d’artillerie de 15 minutes.
9 heures. — L’action est brillamment menée par les chars du Capitaine Davout qui abordent le village à 9 heures 15. Celui-ci est fortement occupé.
Le combat de rues commence bientôt, entamé avec fougue par la 1/I R.M.L.E. malgré ses effectifs réduits. Le nettoyage doit être mené maison par maison. Au centre du village, un réduit organisé par le Commandant d’Armes Allemand est le lieu d’un corps à corps sévère. Un grand nombre de prisonniers est capturé.
12 heures 02. — De nombreux tirs d’Artillerie sont effectués aux lisières Nord de Kientzheim.
12 heures 10. — Une demi-Section de F.T.A. — 3 Half-tracks à mitrailleuses quadruples est mise à la disposition du Capitaine Davout à la sortie Ouest de Kientzheim.
Les opérations de nettoyage de Kaysersberg se poursuivront tout L’après-midi. D’heure en heure, des centaines de prisonniers sont acheminés sur Riquewihr, 3 blockhaus sont réduits, 2 automoteurs et 1 Panther détruits ou capturés.
Trois de nos chars ont été tour à tour détruits par les obus du Panther bien embossé — notamment le char "Renard" qui a commencé à flamber. Son équipage a sauté à terre sauf le tireur — Brigadier Proux — qui a bien repéré le char ennemi et continué à tirer n’abandonnant son arme qu’après avoir fait taire son adversaire ; on s’apercevra que l’obus vengeur a ricoché sur le masque du canon et a traversé le plafond de la chambre de conduite. C’est ainsi que le Panther est capturé en parfait état de marche.
16 heures. — Le nettoyage est terminé et la liaison prise avec les éléments Américains qui se trouvent dans les caves à l’Est du village. La compagnie Américaine venue de Kientzheim capture 3 prisonniers.
16 heures 30. — On apprend que le Lieutenant de Roux est gravement blessé d’une balle au poumon.
Liaison est prise avec le Sous-Groupement Ribes venu du BonHomme et qui se trouve à l’Ouest de Kaysersberg.
17 heures. — Le Sous-Groupement Robelin arrive à Kaysersberg pour prendre à son compte l’action sur Ammersehwihr.
18 heures. — Le Sous-Groupement prend son dispositif de nuit :
Détachement Davout : Kaysersberg et Kientzheim,
P.C. Av., Détachement Couvreux, Escadron Hardion : Riquewihr,
P.C. Arrière : Ribeauvillé.
Ce succès splendide, s’il nous coûte encore 6 tués et une quinzaine de blessés, met entre nos mains plus de 400 prisonniers et rétablit entièrement la situation. Kaysersberg est définitivement délivrée.
Dans la nuit, le ravitaillement d’essence et de munitions éprouve des difficultés effroyables, par un terrain détrempé et sous le feu ennemi. Les camions mettent 10 heures pour parcourir les quelques kilomètres de la piste Riquewihr - Kientzheim. Mission exténuante au cours de laquelle se distinguent tout particulièrement le Maréchal des Logis-Chef Picot, les chasseurs Rouxelin et Ramos.



19 décembre
1 heure. — Le Colonel Robelin, qui subit une contre-attaque sur Ammerschwihr, sollicite un appui de feux. Un tank destroyer du Sous-Groupement lui est envoyé, mais les difficultés du terrain ne lui permettront pas d’arriver à temps. La contre-attaque est repoussée.
11 heures 30. — Le Capitaine Davout reçoit l’ordre de détacher un Peloton chargé d’appuyer de ses feux un Bataillon de la 36ème D.I.U.S. qui attaquera le village de Sigolsheim à l’est de Kientzheim. Le Peloton Girard, qui n’a pas effectivement participé à l’affaire de Kaysersberg, sera engagé dans cette opération.
Le Peloton quitte Kaysersberg pour Kientzheim à 12 heures 30., L’heure H. fixée initialement à 13 heures 30, est, quelques instants avant le départ, retardée par le Commandement U.S.
Suivant les ordres reçus de ce dernier, le Peloton devra :
- soutenir de ses feux, concentrés sur les lisières du village la progression de l’Infanterie Américaine, occuper le village dès qu’il aura été nettoyé de tout élément ennemi.
Les accès Nord sont impraticables aux chars. L’Aspirant prescrit alors :
- les chars, débouchant de Kientzheim, neutraliseront les lisières Ouest de Sigolsheim, tout en prenant leur formation d’attaque, attendant que l’Infanterie amie les ait dépassés d’une centaine de mètres pour reprendre leur progression, ils aborderont le village sur indication de l’Infanterie pour l’accompagner et l’aider dans le nettoyage,
- le 1er groupe (avec l’Aspirant Girard) empruntera la route de Kientzheim à Sigolsheim, s’arrêtera à la sortie Est du village après l’avoir traversé,
- le 2ème groupe (Maréchal des Logis Chef Forget) prendra le chemin de terre à 100 mètres au Sud de la route, contournera le village par la droite, s’opposant à tout repli ennemi, et rejoindra le 1er groupe, nettoyage terminé  : Le Capitaine Davout restera auprès du P.C. du Régiment Américain pour assurer la liaison, sortie Est de Kientzheim.
Et l’action se déroule.
15 heures 40. — Les chars foncent et prennent rapidement leur formation d’attaque. Les 2 groupes se perdent rapidement de vue, la liaison radio seule les relie.
Après un bond d’une centaine de mètres, le Chef Forget arrête son char de tête, "Fort Bayard" ; le tir des chars est extrêmement violent.
15 heures 45. — L’Infanterie Américaine ne se montre pas. L’Aspirant Girard demande instamment, son aide, et donne l’ordre de ralentir le tir. Le Capitaine Davout intervient auprès du Colonel Américain pour hâter l’envoi de l’Infanterie.
16 heures. — La réaction de l’ennemi est pour l’instant, quasi nulle. Une section d’Infanterie Américaine étant enfin parvenue à hauteur des chars, le Capitaine Davout donne par radio l’ordre de faire un nouveau bond. Le char de tête se trouve rapidement à 50 mètres des premières maisons, le feu reprend son intensité. Nouvelle attente pour permettre à l’Infanterie Américaine de rejoindre les chars. Elle y parvient enfin, mais ne se porte pas en avant à l’abordage des maisons. Pour l’entraîner et devant l’inaction ennemie, le Capitaine Davout donne l’ordre à l’Aspirant Girard de faire un bond jusqu’à l’entrée du village.
16 heures 20. — L’Aspirant signale que son char de tête, "Fort National", Maréchal des Logis Hénin, arrive devant une barricade anti-char minée.
16 heures 25. — L’Infanterie Américaine semble déboucher de la colline de gauche. Un tir concentré d’Artillerie, dont on ne connaît pas trop l’origine, s’abat autour des chars et de l’Infanterie : un flottement se saisit de celle-ci, qui bientôt se replie, sauf une cinquantaine d’hommes qui se groupent autour des chars et dans les fossés de la route.
L’ennemi qui, jusqu’ici, était dissimulé dans les caves et ne signalait pas sa présence, la manifeste soudain par des tirs de snipers et de bazookistes.
16 heures 45. — Le Chasseur Rossi, du "Fort National", saute de son char et s’élance sur la barricade pour entraîner les fantassins américains. Bientôt repéré, il tombe gravement atteint aux jambes.
16 heures 50. — L’Aspirant Girard, devant l’inaction de l’Infanterie, descend de son char pour reconnaître un itinéraire permettant de contourner la barricade qui interdit l’accès de la rue principale.
Le M.D.L. Hénin reconnaît le côté Nord de la route, il est impraticable aux chars en raison des vignes en terrasses successives qui la bordent.
L’aspirant Girard et Hénin reconnaissent le côté Sud, y trouvent un cheminement leur permettant d’accéder à l’entrée Sud-Ouest de Sigolsheim.
Revenus à leurs chars, "Fort-de-France " et "Fort-National", ils les guident à pied. Derrière eux, le "Fort l’Empereur" s’embourbe. Il réussira à rejoindre la route plus d’une heure après, grâce à son pilote, le Chasseur Rumeau, et à son tireur le Brigadier Solana, qui accomplissent un véritable tour de force.
17 heures 05. — Le Capitaine Davout, apprenant par l’Aspirant que l’Infanterie est restée aux deux premières maisons du village et ne semble aucunement disposée à précéder les chars, que d’autre part l’ennemi ne semble réagir que faiblement, donne l’ordre au Peloton de traverser Sigolsheim pour tenter d’entraîner les Fantassins à sa suite. Il promet également un appui supplémentaire d’Infanterie, dont il obtient du Colonel Américain l’envoi immédiat.
A ce moment, la situation se présente ainsi - 3 chars, "Fort-de-France" (Aspirant Girard), "Fort-National" (Maréchal des Logis Hénin) et "Fort Bayard" (Maréchal des Logis Sévin) sont parvenus au carrefour près de l’Eglise. Un T.D. (Aspirant Morrisson), en arrière, garde l’entrée principale. "Fort l’Empereur" (Maréchal des Logis Poblecki) est en panne de terrain. "Fort-Dauphin" (Maréchal des Logis-Chef Forget) est à la sortie Sud-Est du village. Une section d’Infanterie U.S. nettoie les caves des premières maisons ; déjà quelques prisonniers ont été faits sans difficulté.
Seul le Chasseur Rossi a été blessé, aucune perte dans les rangs de l’Infanterie U.S.
Mais la progression a été si désespérément lente que la nuit déjà commence à tomber.
L’Aspirant Girard — "Fort de France" — passe en tête et fonce dans la rue principale, il parvient à la sortie Est du village sans difficulté. Mais il est seul ; "Fort Bayard" ne le rejoint qu’un instant après, et l’Infanterie n’a pas suivi.
Soudain, l’ennemi, qui se tenait toujours terré dans les caves, sort à la faveur de la nuit. Voyant l’occasion qui lui est offerte, il bondit sur les chars que, à défaut d’Infanterie d’accompagnement puisqu’elle ne suit pas, seuls défendent les aide-pilotes, juchés sur leur tourelle, mitraillette à la main. Les éclairs des bazooka traversent la nuit. Le "Fort-National" (Maréchal des Logis Hénin) est touché et brûle. L’équipage, par miracle indemne, évacue l’appareil et se bat à pied. Le groupe Forget contourne le village par le Sud comme prévu et prend à partie avec bonheur plusieurs groupes ennemis qui tentent de se replier.
17 heures 22. - Ceux-ci ripostent cependant et le "Fort-Bayard", atteint par bazooka encore, brûle à son tour. Le pilote, Brigadier Procureur, actionne les extincteurs, maîtrise l’incendie.., le char repart ! Mais il est touché une seconde fois et flambe : l’équipage, lui aussi indemne, évacue et se défend à pied.
Le "Fort-Dauphin" avance et tire ; mais, risquant de s’embourber en prenant à travers terrain, le "Fort-Bayard " obstruant le chemin, il est obligé de s’arrêter. Plusieurs maisons déjà brûlent.
L’ennemi, qui a reçu des renforts, contre-attaque à la mitraillette et au bazooka. L’Aspirant demande aux équipages de se rallier à son char et demande des ordres au Capitaine Davout. Il fait nuit noire.
17 heures 28. — Le "Fort-de-France", arrivé à la sortie Est du village, est à son tour touché, par bazooka encore, en plein poste de pilotage et doit être abandonné par son équipage ; le Pilote, Chasseur Ruer, est grièvement blessé. L’Aspirant reste sur la plaque moteur de son char et redemande des ordres.
Le Capitaine lui prescrit d’abandonner les 3 chars qui brûlent et de se replier avec les autres.
Laissant ses hommes dans les vignes, Girard part en reconnaissance vers le "Fort-National" qui brûle. Un groupe ennemi qui patrouille le somme de se rendre, un cri déchire la nuit : L’Aspirant Girard est tombé, atteint de plusieurs rafales de mitraillette ; on ne le reverra plus.
17 heures 50. — De son char "Fort-Dauphin", le Chef Forget appelle tous les équipages et leur enjoint de se rallier à lui. Il prend le commandement des restes du Peloton et donne à "Fort L’Empereur" l’ordre de faire demi-tour et de le rejoindre le plus rapidement possible. Un homme court dans la nuit en l’appelant et grimpe sur son char : c’est le Maréchal des Logis Sévin, du "Fort-Bayard", qui le rejoint, seul de son équipage, après un bref engagement avec une patrouille allemande qui a fait les autres prisonniers.
Il est 18 heures largement passées. Le Capitaine tente, en vain, de se faire entendre par radio. Une forte patrouille Américaine a réussi à pousser jusqu’au "Fort-Dauphin" ; à l’Officier qui la commande, Forget demande de foncer avec lui vers le "Fort-de-France" pour tenter de récupérer les équipages qui ont dû s’y rallier mais la patrouille disparaît dans la nuit sans le suivre.
18 heures 20. — Forget reçoit du Capitaine Davout l’ordre de repli immédiat. Des groupes ennemis tentent l’enveloppement et se rapprochent ; le feu ennemi redouble, un violent tir d’artillerie éclaire le terrain.
"Fort l’Empereur" a rejoint Kientzheim depuis un quart d’heure, lorsque "Fort-Dauphin" y arrive à son tour, commande électrique de tourelle avariée et batteries à plat : ce sont les 2 seuls chars rescapés du Peloton Girard ; les 3 autres "Fort-de-France", "Fort-National" et "Fort-Bayard" sont en flammes.
Vers 18 heures 15, rentre, blessé à la main, le Maréchal des Logis Hénin, du "Fort-National". A 23 heures passées, ce sont le Brigadier-Chef Laurant et le Chasseur Vinardy, du "Fort-de-France", que ramène le Médecin Capitaine Lauzié.
Celui-ci soulêve l’admiration de tous par son admirable dévouement et son audace. A 3 reprises, accompagné de 2 infirmiers à bord de sa jeep "Roscott", il se portera à Sigolsheim en pleine nuit. Il ramènera chaque fois, sous les tirs de minen que l’ennemi a déclenchés sur la route de Kientzheim à Sigolsheim dès qu’il a observé le repli de nos chars, plusieurs blessés, sans distinction, Chasseurs du Régiment ou fantassins Américains.
Vers 3 heures du matin, ce sont les Chasseurs Molina et Ruer qu’il ramène. Ruer a été grièvement blessé au moment du bazookage du "Fort-de-France" dont il était le pilote. Molina l’a ramené sur son dos jusqu’à proximité de la route, où tous deux ont enfin été recueillis.
L’affaire coûtait 3 chars, 3 blessés et 6 disparus au seul Peloton Girard, Girard lui-même au nombre de ces derniers. Et Sigolsheim, après avoir été virtuellement pris, restait aux mains de l’ennemi.
On apprit par la suite que, des disparus, 2 seulement avaient été blessés, grièvement du reste. Evacué d’abord sur Colmar, puis sur l’Allemagne, l’Aspirant Girard devait y succomber à ses blessures le 12 Janvier 1945. Le Chasseur Rossi devait-être retrouvé en Allemagne par les troupes américaines, amputé de la jambe gauche.

20 et 21 décembre
Le détachement Davout, fortement éprouvé par ces 3 journées particulièrement rudes, est ramené au repos à Riquewihr, où se regroupe aussi l’ensemble du Sous-Groupement.
Au cours de ces 3 journées, le Détachement Davout avait brillamment fait sauter le verrou de la vallée de la Weiss, en s’emparant de Kientzheim et de Kaysersberg, faisant à lui seul plus de 850 prisonniers parmi lesquels de nombreux Officiers, capturant les archives du 121ème Régiment, s’emparant d’un matériel considérable parmi lequel :
1 char Panther, presque intact, 3 autres chars PzKW. IV, 5 Obusiers de 75, 4 canons de 20, des centaines de bazooka, mitraillettes, fusils, etc....

22 décembre
Le Peloton du Boullay passe à la disposition du Sous-Groupement Ribes. A cet effet, il fait mouvement de Riquewihr sur Kaysersberg, où il arrive à 8 heures 30 du matin.
Les Maréchaux des Logis Greffe, Bolella et Franchini, avec leurs T 2 et leurs équipages où se distinguent plus particulièrement les Chasseurs Daspel, Navarro et Ponté, entreprennent la récupération des chars mis hors de combat au cours des précédentes journées, vers Kaysersberg, Ammerschwihr, Kientzheim et Sigolsheim. L’opération est rude, tant dans sa nature propre que du fait des réactions constantes d’artillerie ennemie qui la gênent. Elle sera menée à bien sous l’impulsion énergique du Capitaine Bellier.

23, 24, 25 et 26 décembre
Le Sous-Groupement est en réserve.

27 décembre
La Section Bize du Génie reçoit l’ordre d’aller à Kaysersberg, où elle repassera aux ordres de son Capitaine Commandant.
Vers 19 heures, le Lieutenant Charpentier est grièvement blessé dans un accident au retour d’une liaison de près de 250 kilomètres ; il meurt peu après des suites de ses blessures.
Le même jour, un renfort parvient au Sous-Groupement. Il comprend entre autres 1 Officier, le Sous-Lieutenant Morel, affecté au 2ème Escadron.
Le Lieutenant Guerner, blessé et évacué le 23 Novembre à Chavannes, rejoint son Unité.

28 décembre
Le Sous-Groupement est alerté pour intervenir, soit en direction de Guémar, soit en direction d’ Ostheim, en cas de contre-attaque allemande sur ces points.

29 décembre
Le Sous-Groupement fait mouvement au début de l’après-midi en direction de Fouchy - Lalaye - Breitenau, par l’itinéraire Ribeauvillé - Sainte Marie aux Mines - Liepvre.
Arrivée du Sous-Groupement à 19 heures. Répartition du cantonnement :
P.C. du Sous-Groupement : Fouchy-le-Bas,
Escadron Hardion : Fouchy-le-Haut,
2ème Escadron, Compagnie Bertelin et Peloton Capois du 11ème R.C.A. : Breitenau.
Le 1er Escadron, le P.C. Arrière et le T.C. 1 ne feront mouvement que le lendemain 30.

30 décembre
Situation sans changement pour l’ensemble du Sous-Groupement à l’exception de l’Escadron Hardion mis à la disposition du Sous-Groupement Robelin pour renforcer la défense de Sélestat. Le 1er Escadron, le P.C. Ar et le T.C. 1 ont rejoint ; ils s’installent à Fouchy-le-Haut.
Le Lieutenant Bégouen et le Sous-Lieutenant Lemonnier sont affectés au Régiment. Le Lieutenant Bégouen prend les fonctions du Lieutenant Charpentier et le Sous-Lieutenant Lemonnier celles du Capitaine Bellier, qui quitte le Régiment pour subir une intervention chirurgicale.

31 décembre
Le Sous-Groupement Bourgin fait mouvement en direction de Epfig - Mittelbergheim. Arrivée vers 9 heures 30.
Répartition du cantonnement :
P.C. Avant, Escadron Davout, Compagnie Bertelin, Section Bize, Peloton Blanié : Epfig,
Escadron Couvreux, Peloton Capois : Mittelbergheim,
P.C. Arrière, T.C. 1 : Finckwiller.

1er Janvier 45
L’Escadron Hardion, remis à la disposition du Sous-Groupement, vient cantonner dans la région de Mittelbergheim.

Opérations du S/Groupement Robelin

15 décembre
Le Sous-Groupement est reformé et fait mouvement sur Saulcy par Jarménil et Bruyères.

16 décembre
16 heures : départ pour la Croix-aux-Mines.

17 décembre
7 heures : le Sous-Groupement se porte au carrefour des routes de Ribeauvillé et d’Aubure en réserve de C.C. prêt à s’engager dans l’une ou l’autre direction.
16 heures. - Le Peloton Valette est détaché à Ribeauvillé à la disposition du Colonel Commandant le C.C. 5, prêt à renforcer le 2ème Escadron.
Les Pelotons Forcade (1er Escadron) et Gauthier (2/1er R.E.C.) prennent liaison avec le C.C. 4 dans la Région d’Aubure et Fréland.
Le Sous-Groupement passe la nuit entre la Maison Forestière et Ferdrupt.

18 décembre
9 heures. — Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se porter à l’entrée de Ribeauvillé. Le Colonel et son P.C. se portent jusqu’à Riquewihr et prennent liaison avec le C.C. 5.
12 heures 30. Le C.C. 5 donne l’ordre au Sous-Groupement de se porter sur Kaysersberg, et, de là, de s’emparer d’Ammerschwihr.
(Voir ci-dessus les opérations du Sous-Groupement Bourgin ; à cette heure le Détachement Davout est en pleine bataille à Kaysersberg).
La piste de Riquewihr à Kientzheim est dans un état épouvantable. La circulation est par ailleurs très mal réglée. Le Sous-Groupement mettra environ 2 heures pour en faire les 4 kilomètres.
En arrivant à Kaysersberg, liaison est prise avec le Peloton Médium de Courson, du 1er Cuir (du C.C.4), qui s’était engagé sur la route d’Ammerschwihr et qui nous cède la place. Ce n’est que vers 16 heures 30 que le Détachement d’attaque du Sous-Groupement, aux ordres du Capitaine de Saint-Germain, pourra déboucher de Kaysersberg. Le Peloton Valette, qui avait déjà participé le matin avec l’Escadron Davout à la prise de Kaysersberg, est en tête soutenu par la Section Mussaut.
La nuit tombe rapidement, le char de tête, "Essling" — Maréchal des Logis-Chef Asnard — passe le pont à l’entrée Nord du village alors que l’obscurité est déjà complète. Le Peloton Valette pénètre dans le village après des tirs systématiques sur les lisières et les maisons suspectes. Le Chef de Peloton signale à la radio que le village est complètement détruit et paraît abandonné. Pourtant, en arrivant à la sortie Sud du village, il aperçoit une centaine d’Allemands qui fuient sous le tir ajusté des mitrailleuses des chars. Aidé des Légionnaires qui fouillent les maisons en ruines il fait une quarantaine de prisonniers et s’empare de 2 ambulances.
Le reste du Détachement pénètre dans le village, le Capitaine de Saint-Germain donne les ordres de défense pour la nuit.
Il installe 3 points d’appui comprenant chacun 1 Peloton de chars et une Section d’Infanterie :
le P.A. Sud, avec 2 T.D., aux ordres du Lieutenant Valette,
le P.A. Ouest, avec 1 T.D., aux ordres du Lieutenant Boulay, le P.A. Nord-Est, avec 1 T.D., aux ordres du Chef Ruix.
22 heures : quelques civils sortent des caves craintivement. Sur l’ordre du Colonel Commandant le C.C. 5, le P.C. du Sous-Groupement était à Kaysersberg. Le Colonel, à plusieurs reprises, demande au C.C. 5 qu’on lui envoie des renforts d’Infanterie pour la défense du village la nuit : on lui promet une Compagnie d’Infanterie Américaine.
22 heures 30. — Le Capitaine de Saint-Germain rend compte de ce qu’il entend des bruits de chars et demande d’urgence les renforts d’Infanterie promis et des tirs d’arrêt d’artillerie.
24 heures. — Il signale qu’il est attaqué par au moins 3 chars soutenus par des éléments à pied.
L’attaque dure de minuit à 1 heure. Un char allemand est détruit et mis en flammes. Le char du Chef Asnard, "Essling", est percé et son pilote, Besombes, tué, ainsi que l’aide-pilote du char voisin, Brunet, de l'"Erfurt", qui était sorti de son appareil pour coopérer à la protection immédiate de l'"Essling". Un autre char allemand est atteint, mais pourra être dépanné par l’ennemi à la faveur de la nuit.
Le Colonel Commandant le Sous-Groupement a envoyé vers 23 heures 30 une patrouille de Light, aux ordres du Chef Ropraz, pour prendre liaison avec le Capitaine de Saint Germain et lui demander de préciser la nature et les points d’application des tirs d’arrêt qu’il souhaite pour la défense du village. Au retour de leur mission, les 2 chars, "Bourgogne" — Maréchal des Logis-Chef Maure — et "Boulogne" sur lequel le Maréchal des Logis-Chef Ropraz est tué, sont bazookés. Les 2 chars sont intacts et rejoignent Kaysersberg.
Notre Groupe d’Artillerie, qui travaille depuis plusieurs jours avec le C.C. 4, n’est pas à notre disposition. Il faudra donc demander un appui à l’Artillerie Américaine qui n’avait pas prévu ni préparé ces tirs d’arrêt. Ce ne sera que vers 3 heures du matin qu’elle tirera, ainsi que cela était demandé depuis minuit, au Sud d’Ammerschwihr.
En fait, après la destruction de son char de tête, l’ennemi ne sera plus très mordant et rien de grave ne se passera dans le cours de cette nuit qui compte pourtant comme une rude épreuve nerveuse pour tous les participants, qui se sentaient bien isolés.
Le P.A. Nord-Est signale des patrouilles à pied qui sont facilement repoussées.
Le Colonel insiste pour que les renforts d’Infanterie promis lui soient envoyés d’urgence. La C.A. du 1er Bataillon ainsi que le Commandant Laimay et son Etat-Major sont mis à sa disposition. La Section de canons d’assaut se met en batterie sur la piste entre Riquewihr et Kientzheim ; le reste de la C.A. se porte jusqu’à Arnmerschwihr à 2 heures du matin.
Un radio du C.C. 5 signale que, sur ordre du Général Commandant la 36ème D.I.U.S., une Compagnie d’Infanterie Américaine est dirigée sur Ammerschwihr, où’ elle n’arrivera du reste qu’à 6 heures du matin.

19 décembre
Le Commandant Laimay a pris le Commandement du P.A. d’Ammerschwihr, qui cependant reste aux ordres du Colonel Robelin. Situation sans changement ; très violent bombardement par minen sur le village, quelques coups sur Kaysersberg.
A signaler, au cours de la journée, deux tentatives faites par l’ennemi pour entrer dans notre réseau radio de Commandement. Une première fois il passe en graphie un message émis par le C.C. la veille ; quelque temps après il demande en phonie et sans camouflage si le dépôt de munitions est à l’entrée Est ou à l’entrée Ouest !!
L’ordre est donné à tous de redoubler de discrétion dans les liaisons radios.
21 heures — Le Colonel est prévenu que, sur ordre du Général Commandant la 36ème D.I.U.S., il est nommé Commandant d’Armes de Kaysersberg.

20 décembre
Sans changement. Le dépôt de munitions est pris à partie par des tirs d’artillerie et de minen, malgré plusieurs changements d’emplacements. Il commence à prendre feu, mais sera pourtant sauvé grâce à la présence d’esprit du personnel qui intervient sous le bombardement avec des extincteurs d’Half-track.
Les chasseurs Meyrand et Hardy, du T.C.1 bis, font 5 prisonniers.

21 décembre
Le Détachement du Capitaine de Saint-Germain est replié sur Kaysersberg, moins 1 Peloton (Farcot) et 1 Section d’Infanterie. Il est remplacé à Ammerschwihr par une deuxième Compagnie d’Infanterie Américaine appuyée de chars et de T.D. Le Commandant Laimay garde le Commandement d’Ammerschwihr.

22 décembre
Sans changement.

23 décembre
Le Peloton Farcot est remplacé à Ammerschwihr par le Peloton Cascalès.

24 décembre
Le P.A. d’Ammerschwihr passe complètement aux mains des Unités U.S. Le Commandant Laimay et les derniers éléments Français qui y restaient se replient sur Kaysersberg.
Le Sous-Groupement est alerté. Le P.C. allégé, 1 Peloton moyen et 1 Peloton léger, le Capitaine Gouttierre avec 2 Sections, se portent à Hachimette pour parer à une menace de contre-attaque ennemie sur la côte 693. A 16 heures, le Sous-Groupement est de retour à Kaysersberg, moins 1 Peloton de chars et 1 Section d’Infanterie sous le Commandement du Capitaine Gouttierre.
Le soir, messe à 10 heures puis réveillon où tous goûtent avec plaisir et reconnaissance les cadeaux plantureux apportés la veille par Monsieur Hugel, maire d’ Etrepagny (Eure) et offerts par tous les habitants de ce village.

25 décembre
Sans changement.

26 décembre
Le Détachement Gouttierre est relevé par un détachement analogue aux ordres du Capitaine de Saint-Germain.
Le T.C. 1 bis est à nouveau pris à partie dans Kaysersberg par l’artillerie ennemie. 2 camions reçoivent des éclats, l’essence coule et s’enflamme, il y a des blessés. Mais, grâce au sang-froid de tous, les camions sont, parfois à bras, éloignés de la nappe d’essence.
2 hommes du peloton de 57, les Chasseurs Belmonte et Ben Tiloi, sont grièvement blessés par mines anti-personnel aux alentours du bivouac.

27 et 28 décembre
Sans changement. Tir intermittent de minen sur Kaysersberg. Le 28, un coup tombe au moment de la distribution de la soupe, et fait 3 tués dont le Maréchal des Logis Major Paillet du 4ème Escadron et 14 blessés dont le Lieutenant Boulay du 11ème R.C.A.
Une Section du R.M.L.E. avait été, le 27, mise à la disposition des goums avec un Peloton léger d’un autre Sous-Groupement pour la défense de la côte 706.
Le Lieutenant Valette est nommé Capitaine et passe à l’E.M. du Sous-Groupement. Les Sous-Lieutenants Farcot et Cascalès sont promus Lieutenants et restent affectés au 4ème Escadron.
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se porter dans la région de Liepvre, mais laisse toujours 1 Section d’Infanterie à la Côte 706.
Cantonnement à Rombach.

30 décembre
L’ordre parvient d'aller relever, dans le Secteur de Sélestat, des éléments de la 2ème D.B. Le Bataillon "Alsace-Lorraine" et l’Escadron Hardion sont mis à la disposition du Sous-Groupement.
Dans l’après-midi, seuls les chars et l’Escadron Hardion effectuent la relève, le Bataillon "Alsace-Lorraine" n’étant pas arrivé.

31 décembre
Une Compagnie du Bataillon "Alsace-Lorraine" arrive à la fin de la nuit et relève une Compagnie du Bataillon du Tchad. A 8 heures du matin, les éléments de la 2ème D.B. quittent Sélestat, laissant sur place une Compagnie du Régiment du Tchad qui n’a pu être relevée.
12 heures : le reste du Bataillon "Alsace-Lorraine" arrive avec 2 Compagnies sous le commandement d’un Chef de Bataillon. La relève est complètement terminée à 14 heures.

1er janvier 45
Quelques patrouilles sont signalées dans la nuit. La Section du Génie pose des mines anti-personnel.
Au début de l’après-midi arrivent les premiers éléments du B.M. 4 de la 1ère D.M.I. qui viennent relever le Sous-Groupement.
18 heures : la relève est terminée et le Sous-Groupement fait mouvement sur Ottrott et Saint-Nabor, où il s’installe.

Opérations du S/Groupement Ribes

13 décembre
Le Sous-Groupement fait mouvement de Traubach-le-Haut sur la région de Raon-aux-Bois, où s’installe le 3ème Escadron, par Dannemarie, Belfort, Lure, Luxeuil, Plombières et Xertigny. Etape de 138 Kilomètres marquée par de nombreuses pannes sèches en fin de parcours, dues à un gros excédent de consommation de carburant sur un itinéraire très difficile et accidenté, sur sa fin notamment.

14 décembre
Stationnement à Raon-aux-Bois.

15 décembre
Mouvement de Raon-aux-Bois à Fraize. Cantonnement difficile de par les destruction subies par le village au cours des opérations récentes.

16 décembre
L’Escadron fait mouvement vers le village du Bonhomme, où le Général Cdt la 3ème D.I.A. s’oppose à ce que l’unité s’installe. Les chars patinent sur une piste raide et glacée ; l’Escadron bivouaque au sommet dans la neige. Le vent souffle périodiquement par grandes rafales.
L’ordre arrive dans la nuit de faire mouvement vers Lapoutroie.

17 décembre
L’Escadron descend par une piste abrupte et glissante vers le village du Bonhomme. Il est 4 heures du matin, le froid est vif, descente très lente. Les chars se trouvent parfois lancés, chenilles bloquées, sur la piste transformée en patinoire. Le char du Capitaine, "Galliéni", saute sur une mine : un artilleur, couché sous sa tente au bord du chemin, est gravement blessé. La colonne est bloquée pendant l’heure environ que durera la réparation de la chenille. Le village atteint, le Sous-Groupement file vers Hachimette qu’il atteint à 6 heures 50.
Le Commandant Ribes a reçu la mission de libérer la route Hachimette - Kaysersberg. Les Américains occupent Kaysersberg, l’ennemi est au Sud et au Nord de la route.
Sur des renseignements fournis par le Commandant Hubert, Commandant un Tabor ; et par des éléments du 1er Cuirassiers, l’Escadron n’engage que le Peloton d’Espaigne, précédé par 2 Jeeps du R.E.C. montées par des équipes de combat rapproché, accompagné par une Section du Génie et une Section du R.M.L.E. La marche est lente, entravée par 5 barrages de mines et par de petits groupes ennemis qui, au bazooka et à la mitraillette, la ralentissent au maximum. Le Génie a 3 blessés et 1 tué. La station de Fréland est dépassée et la Fabrique d’Alspach atteinte.
Vers 15 heures, le Lieutenant d’Espaigne est tué par bazooka, au moment où il rejoignait à pied un prisonnier qu’il désirait interroger lui-même.
Le Lieutenant de Salins le remplace et s’empare de la Fabrique. Il a pu empêcher que les Allemands ne fassent sauter le pont qui en permet l’accès. Gros butin et nombreux prisonniers.
La nuit tombe. Le Commandant installe un point d’appui à la station de Fréland et un autre à la Fabrique avec le Peloton de Salins. Le gros du Sous-Groupement s’installe à Hachimette.

18 décembre
La progression reprend de bonne heure. Des mines et un barrage anti-chars la rendent très lente. Une action d’Infanterie est montée sur les habitations voisines de la Fabrique. L’ennemi agit par mitraillettes et mitrailleuses. La liaison est prise avec les Américains. Kaysersberg est atteint dans la soirée. L’Escadron s’y installe, sauf le Peloton de Salins qui est à la Station de Fréland et le Peloton Barrel à la Fabrique. L’ennemi est tout près des points d’appui.

19 décembre
Même dispositif que la veille.

20 au 30 décembre
L’Escadron maintient 2 Pelotons à la Fabrique. Le Peloton Calmels, le P.H.B. et l’Echelon cantonnent à l’entrée N.O. de Kaysersberg. L’Escadron fournit pendant 5 jours un élément de 3 chars (Pelotons Calmels ou de Salins) pour assurer la protection au pied de la forêt, vers la Ferme Lembach, face au Sud. Garde sans histoire, mais pénible, par un froid de moins 15 degrés.

31 décembre
Les éléments du Sous-Groupement autres que l’Escadron de Chars, viennent d’être durement éprouvés par le nettoyage des bois de Kaysersberg. Le Sous-Groupement fait mouvement vers Gertwiller, cantonnement de repos probable. Le mouvement s’effectue sans incident par Fréland, Sainte-Marie-aux-Mines, Fouchy, Villé, Reitenbach, le Hohwald, Andlau et Barr.

 
 
DÉFENSE DE STRASBOURG

ACHÈVEMENT DE LA LIBÉRATION DE L’ALSACE

1, 2, 3 janvier 1945
Le Régiment toujours réparti dans les 3 Sous-Groupements, cantonne en état d’alerte dans la région de Barr où s’est installé le P.C. du C.C. 5.
Quelques mouvements ont été effectués, destinés à regrouper les éléments du C.C. ; C’est ainsi que, le 3 Janvier, les différents éléments du Régiment occupent les cantonnements ci-dessous.
P.C. Sous-Groupement Bourgin au Château de Truttenhausen (Heiligenstein),
2ème Escadron
P.C. Ar. et T.C. 1
Escadron Hardion
1er Escadron : Mittelbergheim,
P.C. sous-Groupement Robelin
4ème Escadron : Ottrott,
3ème Escadron : Gertwiller,
T.C. I bis et T.C. 2 Andlau.
Les Compagnies de Légion sont à proximité de leurs Sous-Groupements respectifs. L’Escadron léger, l’Escadron de reconnaissance et l’Escadron de T.D. sont regroupés.
Le T.C. 2 — atelier — est encore à Ribeauvillé, où il achève la mise au point des chars de remplacement perçus soi-disant neufs, il ne rejoindra Barr que le 10 Janvier.
Le temps est au froid vif, le thermomètre descendra jusqu’à - 23 degrés ; 20 à 25 centimètres de neige recouvrent la campagne.

Opérations du S/Groupement Bourgin

4 janvier 1945
Situation du Sous-Groupement sans changement ; il doit se tenir prêt à intervenir dans la région Sud de Strasbourg, le long du Rhin jusqu’à Erstein inclus. Une reconnaissance est faite en vue d’opérations éventuelles.

5 janvier
17 heures 30. — Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de déplacer sur Epfig l’Escadron Forcade et l’Escadron Hardion.
Le Capitaine Forcade a pris le commandement du 1er Escadron, que le Capitaine Couvreux quitte pour prendre les fonctions d’Officier de renseignements du Régiment, le Capitaine Busquel ayant été affecté au 2ème Bureau de la Division.

6 janvier
Situation sans changement.

7 janvier
Le Sous-Groupement est alerté à 12 heures 30 pour se porter dans la région de Matzenheim. Le Colonel Bourgin, en plus de ses éléments habituels, dispose du 3/1er R.C.A., moins 1 Peloton (Peloton Calmels qui est employé ce jour à Gambsheim).
Le début du mouvement se fait à 13 heures 30. Le Sous-Groupement étant mis à la disposition de la 1ère D.M.L. dès l’arrivée à Matzenheim, le Colonel Bourgin prend liaison avec le Colonel Raynal, 4ème Brigade, Secteur Nord. Le front de la 1ère D.M.L. a été enfoncé dans la région au S.-E. de Benfeld et l’ennemi pousse vers le Nord, vers Strasbourg.
Mission du Sous-Groupement : couper l’avance allemande à hauteur d’Osthouse, se garder sur les ponts du Canal, et simultanément nettoyer en direction du Sud jusqu’à Herbsheim où la garnison résiste.
En conséquence, l’ordre suivant est donné :
Le détachement Le Jariel : 5 chars, 1 T.D., 1 Section de la III R.M.L.E., 1 Peloton du 1er R.E.C. poussera sur l’axe Osthouse - Gerstheim jusqu’au Canal, puis descendra le long de la Zembs vers Herbsheim.
Le détachement Davout : 6 chars, 2 T.D., 1 Section de la 1/I R.M.L.E., sera en réserve derrière le détachement Le Jariel.
A 16 heures, le détachement Le Jariel va reconnaître l’état du pont situé à la cote 156 au Nord de l’Allmandloch : le pont est sauté.
La nuit arrive et le détachement se replie sur Osthouse pour aller cantonner ensuite à Westhouse.
Le détachement Davout rejoint Kertzfeld où le Colonel Bourgin aura transporté son P.C. à 19 heures.

8 janvier
L’ennemi a continué à s’infiltrer de part et d’autre du Canal du Rhône au Rhin, et sa progression dans la journée du 7 atteint Krafft. Sa pression est particulièrement violente autour d’Herbsheim qui est encerclé ainsi que Rollfeld et Obenheim. Le Sous-Groupement reçoit la mission suivante : nettoyer la zone comprise entre l’Ill et le Canal.
Limite Nord : route Osthouse-Gertsheim,
Limite Sud : route Benfeld-Boofzheim.
Prendre liaison avec la garnison d’Herbsheim.
Le Colonel Bourgin décide de monter l’opération de la façon suivante.
Constituer 2 détachements :
— Bataillon Brisbarre. de la 1ère D.M.I., moins 1 Compagnie et la C.A.B.,
— 3/1er R.C.A., moins 1 Peloton, plus 1 T.D.,
— 2/1er R.E.C., moins 1 Peloton, aux ordres du Capitaine Brisbarre, travaillant sur l’axe Osthouse - Gertsheim.
— 1 Compagnie du Bataillon Brisbarre,
— 1ère  Cie/1 R.M.L.E., moins 1 Section, 2/1er R.C.A., plus 2 T.D.,
— 1 Peloton du 1er R.E.C.,
aux ordres du Capitaine Davout, travaillant sur l’axe Sand - Obenheim, Le début de l’action est prévu pour 7 heures 30. Le Détachement Brisbarre qui attendait sa relève par les Américains ne peut rejoindre et l’opération est reportée à l’après-midi.
Le Colonel décide de lancer 2 reconnaissances sur le Canal :
— la première, aux ordres du Capitaine Davout avec son Escadron, la 1/I. R.M.L.E., 2 T.D. et un élément de reconnaissance doit reconnaître Sand - carrefour 156 — cote 182.
— la deuxième, aux ordres du Capitaine Le Jariel avec son Escadron, 1 T.D., un élément de reconnaissance et 1 Compagnie d’ Infanterie, doit reconnaître l’axe Osthouse - Gertsheim.
Ces reconnaissances sont lancées à 7 heures 30.
Le Détachement Le Jariel se porte sur son axe et atteint sans difficultés les lisières de la Forêt d’ Osthouse, tandis que les A.M. se portent au Pont sur le Canal qui est détruit. Une colonne blindée ennemie oblige ce détachement à se replier sur Osthouse.
Au Sud, la reconnaissance Davout se trouve au contact de l’ennemi à la Cote 156 et cherche à progresser vers le Sud.
L’arrivée de la Compagnie d’Osthouse à midi permet de remonter l’opération de nettoyage prévue dans l’ordre initial. Le Groupement Nord, aux ordres du Capitaine Brisbarre, comprend le Bataillon d’Infanterie moins 1 Section, moins la C.A.B. et le détachement Le Jariel. Le Groupement Sud, aux ordres du Capitaine Davout, son détachement plus une Section d’Infanterie.
Déclenchement à 14 heures 36.
Le détachement Nord parvient assez rapidement aux lisières de la forêt sans se laisser arrêter par les résistances de l’Oberwald ; puis, faisant face au Sud, il parvient au fossé 600 mètres Nord-Est du carrefour 156, où il est pris à partie par des engins blindés ennemis embossés au Sud de la route 156 - Obenheim.
Le Détachement Sud est arrêté au Sud du Pfifferwald par des éléments blindés placés en 156 et par une assez forte Infanterie. Son 2ème Peloton est arrêté face à l’Est, tête au layon Sud du Pfifferwald.
La nuit arrive sans que ces résistances aient pu être réduites. A la nuit, ordre est donné de se replier à l’Ouest de l’Ill.
Stationnement pour la nuit :
— P.C. Avant à Matzenheim,
— Tous les éléments à Westhouse,
— P.C. Arrière à Barr,
— Escadron Hardion à Eplig.
Matériel perdu : 2 Médium et 1 T.D. détruits par les chars adverses.



9 janvier
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre :
1. de mettre à la disposition du Lieutenant-colonel Simon Cdt le 8ème R.C.A. (Régiment de T.D. rattaché à la 1ère D.M.I.) l’Escadron Le Jariel + 3 T.D. + R.E.C., pour faire partie d’un groupement d’attaque blindés — Infanterie sur l’axe Sand - Obenheim,
2. de mettre 3 chars moyens (Peloton Jacquely) à la disposition de la garnison de Huttenheim,
3. avec tous ses éléments disponibles restants, d’assurer la défense des passages de l’Ill à Woerth et Heussern.
8 heures — le détachement d’attaque débouche, mais ne peut parvenir au Carrefour 156, arrêté par des chars et de l’Infanterie ennemis.
Le débordement Nord ne peut parvenir aux lisières Est du Pfifferwald.
12 heures. — L’Escadron Le Jariel annonce 3 chars ennemis détruits. Une reconnaissance, envoyée aux lisières du Bois Spitzmatz, perd une A.M. détruite par un char lourd ennemi.
Au cours de l’après-midi, 2 chars lourds ennemis sont signalés dans cette région. L’attaque principale ne progresse pas.
17 heures. — 2 chars ennemis, postés dans les bois, à 1 kilomètre Est de Sand, prennent à partie le village de Sand et les P.C. placés à Ehl. Des infiltrations ennemies sont signalées dans les Bois Spitzmatz. Ordre est donné par le Colonel Simon à tous ses éléments de repasser à l’Ouest de l’Ill. Le décrochage s’effectue en bon ordre sous la protection de tirs d’artillerie.
19 heures 40 — tous les éléments ont décroché, à l’exception de Sections d’Infanterie.
Matériel perdu : 2 Médium, 1 A.M., 1 Jeep.
Dispositif de fin de journée :
P.C. Avant à Matzenheim,
P.C. Arrière à Barr,
Escadron Hardion à Epfig,
Réserve mobile : 3 Medium, 2 T.D., 1 A.M. à Westhouse, aux ordres du Capitaine Le Jariel,
P.A. de Benfeld: 1 T.D. et 3 Medium du 3/1 R.C.A., P.A. de Matzenheim - Woerth - Heussern - Sand : le reste du Sous-Groupement aux ordres du Capitaine Davout.

10 janvier
Maintien d’éléments de défense à Woerth, Heussern et Sand.
Un détachement Le Jariel comprenant 4 Medium, 1 T.D. et 4 Light reçoit la mission suivante : se mettre aux ordres du Commandant de Morsien en vue de permettre la relève des 2 garnisons d’Herbsheim et de RossfeId.
Le détachement est renforcé par des parachutistes et 8 Light du Régiment Blindé de Fusiliers Marins. La relève sera assurée par le Bataillon Serigne, de la 13ème demi-brigade de Légion.
Une Compagnie d’infanterie, accompagnée de 8 Light, est chargée d’assurer le nettoyage du Bois de Benfeld à partir de la rocade Ouest.
Une deuxième Compagnie nettoie le Mollenkopf à partir de la route Benfeld - Rohfeld, et doit aller placer un verrou à la corne Sud-Ouest du Pferchwald, sous la protection des Light du Peloton Baudy.
La 3ème Compagnie de parachutistes, soutenue par des T.D., est en réserve à la Ferme Zoll et au Carrefour 158, 1 kilomètre Sud-Est de Benfeld.
2 chars légers ennemis sont détruits par un 75 PAK du Régiment de Fusiliers Marins et flambent. De nombreux prisonniers se rendent. Le bois de Benfeld est nettoyé très rapidement.
La route Benfeld - Rohfeld étant minée, les 2 Compagnies qui relèvent utilisent le layon central du bois. Un Peloton de Light soutient leur avance jusqu’à Herbsheim.
Relève terminée à 17 heures 30.
Le Maréchal des Logis Greffe, chef du T 2 "Rustine" sauve à l’Est de Benfeld 2 chars en panne, au risque d’être fait prisonnier avec son équipage, Mandereau, Troucheau et Mayol. Ce n’est du reste que la brillante conclusion d’une mission de longue haleine : parti de Barr le 7, il a, en 4 jours et 3 nuits consécutives sans rejoindre son port d’attache, secouru avec bonheur 17 appareils divers, A.M. et Howitzer du R.B.F.M., Light et Medium de cette Unité et du Régiment, voire des T.D. du 9ème R.C.A.

11 janvier
Mission du Sous-Groupement inchangée. Le Sous-Groupement stationne à Westhouse avec :
— le Peloton Medium Guerner Woerth et Heussern,
— le Peloton Medium de Salins à Benfeld avec 1 T.D. du Peloton Blanié,
— 1 Peloton de 2 T.D. à Westhouse.
A 14 heures, le Sous-Groupement est alerté : l’ennemi attaque simultanément Herbsheim et Rohfeld.
Le Sous-Groupement reçoit l’ordre de mettre ses éléments disponibles à la disposition du Commandant de la garnison de Benfeld. Le Peloton Jacquelly et la Section Kayser de la I/I R.M.L.E. sont immédiatement portés à Benfeld. L’alerte est rapidement levée.
17 heures — quelques éléments passent aux ordres du Lt Colonel Robelin qui arrive avec son sous-groupement pour relever le sous-groupement Bourgin.
18 heures — le Peloton Guerner est relevé sur l’Ill par l’Escadron Hardion.

12 janvier
Le Sous-Groupement est provisoirement dissous. Les Corps et Unités se regroupent à l’exception du sous-groupement Robelin.
A 8 heures, le Colonel Bourgin quitte Westhouse pour installer son Etat-Major au Château de Truttenhausen.
Les unités sont ainsi réparties :
1er Escadron, moins 1 Peloton, 2ème Escadron à Barr,
3ème Escadron : Guertwiller.
Les Pelotons Médium Jacquety et Guerner du 2ème, de Salins du 3ème sont à tour de rôle tenus en alerte pour une durée de 6 heures.

13 au 26 janvier
Rien à signaler.
 
26 janvier
Le Sous-Groupement Bourgin composé de :
1/I R.M.L.E., 1/1er R.C.A., 2/1er R.C.A. (11 medium), 1 Peloton A.M., 1 Peloton T.D., 1 Section 1/96, se porte à Thanvillé où le Colonel Bourgin installe son P.C. en vue de son emploi en direction de Brisach. Le détachement Hardion est mis à la disposition du Sous-Groupement Daigny. Le PzK. IV "Kientzheim" et le Panther "Kaysersberg", pris à l’ennemi le 18 Décembre dernier, marchent avec l’Escadron Davout qui les a incorporés à son effectif.

27 et 28 janvier
Rien à signaler.

29 janvier
La 1/I R.M.L.E. et la Section de la 1/96ème Génie se portent à Kintzheim sur ordre du C.C. 5. Le 21ème Corps U.S. du Général Milburn est introduit sur le front de la 1ère Armée Française : la 5ème D.B. lui est rattachée.
A 14 heures, le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se porter à la corne Nord des Bois de Riedwihr. Il s’y installe pour la nuit après une marche rendue très pénible par l’encombrement des routes, le passage de ponts récemment rétablis, et sous des tourmentes de neige.
Au cours de la nuit, il est en butte à quelques actions d’artillerie ennemie ; un projectile atteint "Friedland", le Chasseur Erasme de Contades Gizeux est tué.

30 janvier
Le Sous-Groupement, alerté à 8 heures 30, se porte à Muntzenheim.
11 heures 30. — Le Colonel Bourgin installe son P.C. et fait prendre liaison avec le Major O’Connell, Commandant le 3ème Bataillon du 15ème Régiment d’Infanterie de la 3ème D.I.U.S.
La mission du C.C. 5 est d’enlever Urschenheim et Durrenentzen. Le Colonel Bourgin est chargé de coordonner l’action des différents éléments :
— Sous-Groupement Daigny composé de :
1er R.C.A.,
1/I R.M.L.E., moins 2 Compagnies,
1 Section de la 1/96e Génie,
1 Peloton de T.D.
— Sous-Groupement Bourgin.
17 heures. — L’attaque est déclenchée ; après de violents combats, Urschenheim est pris. 97 prisonniers sont faits, un commando est envoyé en renfort pour achever le nettoyage avec un Peloton de Light. Une Compagnie de la 3ème D.I.U.S. vient renforcer l’occupation du village.
Journée lourde pour le Sous-Groupement Daigny ; les pertes du R.M.L.E. en personnel et du 1er RC.A. en matériel sont élevées. (Voir plus loin.)
L’Escadron Davout, bloqué devant le pont situé au Nord-Ouest de Muntzenheim, ne peut rejoindre qu’à 20 heures. L’opération sur Durrenentzen est reportée à la nuit.

31 janvier
Le Sous-Groupement Bourgin prend à son compte l’opération sur Durrenentzen avec les éléments suivants :
groupe de Commandos d’Astier de la Vigerie, Le Peloton Médium Jacquetty,
La Section de Mitrailleuses de la C.A.B. du I/R.M.L.E., 2 T.D.
L’attaque est préparée et appuyée par un tir d’artillerie déclenché à 4heures 35. 2 Commandos opèrent sur l’axe Muntzenheim - Durrenentzen, 1 Commando sur l’axe Urschenheim - Durrenentzen avec une mission de diversion.
Le Sous-Groupement est passé à l’attaque. Les commandos venant du Nord pénètrent dans le village et arrivent jusqu’à l’Eglise où leur progression est arrêtée. Les chars du Peloton Jacquetty sont pris à partie par un tir d’une extrême violence, provenant d’une arme anti-char, ou plus probablement d’un Panther situé aux lisières Ouest du village.
Pourtant l’attaque progresse. Mais, alors qu’il atteint les lisières du village, "Fontenoy" est touché à 2 reprises par 88 et prend feu :
le Chasseur Courant est tué. Le Lieutenant Jacquetty lui-même, aux abords du poste de secours, est blessé à l’épaule par un "sniper".
L’affaire semble dure. Le commando du Sud tombe sous le feu d’une mitrailleuse lourde qui lui inflige des pertes sévères. Le Peloton Jacquetty, démuni d’Infanterie, doit se dégager.
L’opération est remontée ; c’est le Peloton Guerner qui la mènera, le commando Nord ayant pu se maintenir dans la partie Nord du village, jusque vers l’Eglise.
Vers 9 heures 30, cette seconde attaque démarre. Mais les moyens antichars ennemis ne sont certainement pas inférieurs à ceux mis en oeuvre au cours de l’attaque Jacquetty.
Le Peloton Guerner en effet est encore à 3 ou 400 mètres des lisières du village que, successivement, "Fort-National III", "Renard II" et "Fort l’Empereur" sont atteints ; 2 d’entre eux prennent feu. Le Maréchal des Logis Sévin et le Brigadier-Chef Laurant du "Fort-National", le Chasseur Torrecilla du "Fort l’Empereur " sont tués, brûlés.
La localité, fortement tenue par l’ennemi, 350 à 400 hommes diront les premiers prisonniers, ne peut être conquise en totalité et l’attaque devra être reprise sur de nouvelles bases.
L’équipage du "Renard II" a pu évacuer, à l’exception du pilote, le Chasseur Hérouard, qui semble tué sur le coup. Pourtant, au petit matin du lendemain, le Lieutenant Lemonnier et le Maréchal des Logis Casanova du T.C. 1, qui ont, sous le feu ennemi, réussi à approcher du char pour se rendre compte des possibilités de récupération, rentrent dans l’engin et trouvent Hérouard, affreusement blessé, mais encore vivant. Ils signalent dès à leur rentrée ce fait au Médecin-Capitaine Lauzié qui, après beaucoup de difficultés, peut arriver au char. Impossible de sortir Hérouard de l’appareil, le Médecin doit amputer le malheureux dans le char ; il a la cuisse affreusement broyée. Ramené vers l’arrière, Hérouard ne peut survivre à sa blessure et meurt.
Dans la nuit du 31 Janvier au 1er Février, le Colonel Gambiez, Commandant le 1er Groupement de Choc, prend l’affaire à son compte.

31 janvier  - 1er février
Le Colonel Gambiez dispose des moyens suivants :
— le Bataillon de Choc,
— le Peloton Medium Morel,
— le Peloton T.D. Blanié.
Le repli des éléments encore à Durrenentzen s’effectue à partir de 22 heures 30 pour permettre une sérieuse préparation d’artillerie. La base de départ des éléments qui vont attaquer est la Voie Romaine.
Cette reprise de l’attaque s’insère dans une attaque générale de la Division Américaine au milieu de laquelle est engagé le C.C. 5.
23 heures 25 — 23 heures 35 : violent tir d’artillerie qui prépare la progression du Bataillon de Choc. Celui-ci suit au plus près accompagné par le Groupement blindé.
2 heures — les positions atteintes la veille sont à nouveau occupées. L’ennemi réagit et contre-attaque à la patte d’oie située au Sud du village. Le nettoyage s’effectue maison par maison et se termine vers 10 heures. A ce moment, le passage est donné aux Américains qui effectuent une opération en direction des bois de Kunheim.
Les 2 Compagnies ennemies, du 136ème Régiment d’Infanterie de Montagne, sont anéanties. Elles appartenaient à une unité d’élite ayant combattu en Finlande et en Norvège. 3 Jagdpanther qui tentent de se replier sur Kunheim tombent sous le feu de chars américains qui les guettaient dans les bois : 2 sont touchés et flambent.
Ce succès aura été acquis au prix de lourds sacrifices en hommes et en matériel. Les pertes du 2/1er R.C.A. en ces 2 journées auront été de 10 tués et 14 blessés, 4 chars ont été détruits.
Au cours de la nuit, de violents bombardements d’artillerie arrosent Muntzenheim et la région des ponts.

Opérations du S/Groupement Robelin

3 janvier
7 heures 30 — le Sous-Groupement est alerté sur place à Ottrott.

4 et 5 janvier
Alerte maintenue.

6 janvier
Départ de bonne heure pour Souffelsweyersheim où se trouve le P.C. du 3ème R.T.A.
Le 3ème R.T.A. de la 3ème D.I.A. est arrivé depuis peu pour relever les Américains dans la région. Ceux-ci se sont laissés surprendre à Gambsbeim où l’ennemi a établi une tête de pont.
Mission : contre-attaque éventuelle dans la région de Hoerdt et sur la route de la Wantzenau à Gambsheim.
2 détachements mixtes Chars-Infanterie sont formés : l’un se porte à Hoerdt aux ordres du Capitaine Gouttierre, l’autre à Reichstett aux ordres du Capitaine de Saint-Germain.
Dans la nuit du 6 au 7, le Sous-Groupement reçoit l’ordre de préparer une attaque sur Gambsheim, avec l’appui d’un Bataillon de Tirailleurs. Axe d’attaque : Kilstett- Gambsheim. Mise en place à Kilstett à 6 heures.

7 janvier
Contre-ordre est donné vers 5 heures, alors que le Détachement de Saint Germain est déjà à l’entrée de Kilstett. L’action principale sera confiée au Sous-Groupement Daigny. Le Sous-Groupement Robelin fera initialement base de feux à l’Ouest de Gambsheirn, une fois ce village pris, il s’emparera du bois 1 kilomètre au Nord. Le 4ème Escadron aux ordres du Capitaine de Saint Germain, formera cette base de feux.
Les passages du Landgraben sont coupés : la Compagnie Gouttierre et 1 Peloton léger (Sous-Lieutenant Boudy) se portent dans la région Ouest de Kilstett.
Pendant l’attaque de Gambsheim par le Sous-Groupement Daigny, quelques tirs de minen sur le Sous-Groupement Robelin. La visibilité très mauvaise ne permet pas de repérer les armes ennemies dans Gambsheim.
L’attaque a échoué, le Sous-Groupement reçoit l’ordre de se reporter en arrière : la 3ème Compagnie à Wendenheim, le 4ème Escadron à Lampertheim ; le P.C. reste à Souffelweyersheim.

8 janvier
17 heures : le Sous-Groupement reçoit l’ordre de rejoindre ses cantonnements d’Ottrott.

9 janvier
Stationnement à Ottrott en état d’alerte.

10 janvier
Le Sous-Groupement se porte à Barr dans la matinée.

11 janvier
13 heures — le Sous-Groupement se porte sur ordre à Kertzfeld. Mission: relever le Sous-Groupement Bourgin et constituer une unité de contre-attaque au cas où l’ennemi passerait l’Ill.

12 janvier
Relève du Sous-Groupement Bourgin. Le P.C. s’installe à Westhouse avec tout le Sous-Groupement, sauf le Peloton Cascalès qui reste à Kertzfeld. Il prend sous son Commandement la C.A.B. de la Légion, l’Escadron Hardion et le Peloton Spécial de la Division qui sont répartis dans les points d’appui de Sand, Woerth et Heussern.

13 janvier
Les Pelotons Cascalès (Medium) et Gauthier (A.M.) effectuent une opération sur Muttenheim, dégagement de la petite tête de pont tenue par le 11ème Cuirassiers.

14 janvier
Westhouse : stationnement d’alerte.

15 janvier
Le Peloton Farcot est envoyé à Erstein. Le Peloton Cascalès est ramené à Westhouse.

16 au 20 janvier
Westhouse : pendant cette période, le Peloton de reconnaissance et le Peloton Spécial effectuent de nombreuses reconnaissances de nuit. Au cours de l’une d’elles, ils détruisent à terre une partie de l’équipage d’un char allemand.

20 au 25 janvier
Le Sous-Groupement est dissous.
E.M. en réserve de commandement à Mittelbergheim,
4ème Escadron à Saint-Pierre,
Les autres éléments se regroupent dans leurs unités.

26 janvier
Le Sous-Groupement est reconstitué avec la C.A.B./I R.M.L.E. en plus. Il reçoit l’ordre de se porter aux lisières Ouest de Sélestat. Il s’installe dans la caserne à la Sortie Ouest de la ville.

27 janvier
Le Sous-Groupement est alerté à partir de 7 heures. Il fait mouvement à partir de 13 heures 30 et se porte dans un premier bond à Guémar. La liaison est prise avec le C.C. 6 dont, à l’origine, le Sous-Groupement doit relever les éléments qui tiennent Jebsheim.
Il reçoit ensuite l’ordre de passer la nuit en pleine campagne au Sud d’Illhausern. A peine installé, l’ordre arrive de se porter au Moulin de Jebsheim et d’y relever les éléments du Régiment de Parachutistes, ceux-ci devant aller à Jebsheim même.
La mission est de tenir le pont, vital pour les éléments qui se battent à Jebsheim.
Au moment de la relève, très violent bombardement du Moulin : rien au Sous-Groupement, mais pertes sévères chez les Parachutistes. Relève terminée à 23 heures.
Pendant le séjour au Moulin de Jebsheim, bombardements intermittents de l’artillerie ennemie : 2 blessés à la Section du Génie, 4 blessés à la 3/1 R.M.L.E.
Liaison est prise à deux reprises par le Lieutenant Colonel Robelin avec le Lieutenant Colonel Renaudeau d’Arc Commandant le 6ème R.C.A. à Jebsheim. Le combat est acharné et meurtrier, l’ennemi lançant sans arrêt des renforts dans la bataille.
L’ordre pour la journée du 27 avait prévu la composition d’un détachement de liaison aux ordres du Colonel Robelin, et comprenant son Sous-Groupement renforcé du Bataillon Serigne de la 1ère D.M.I. La mission du détachement est d’assurer la liaison entre le C.C. 6 et la 1ère D.M.I., sa mise en place devant se faire ultérieurement.
Tout le Sous-Groupement est dispersé sans abris autour du Moulin et le long de la route à l’Ouest du pont du Moulin. Le P.C. est établi sous le pont ; la température est -18°.

28 janvier
Moulin de Jebsheim. Même dispositif, même mission.
A 17 heures, le Sous-Groupement est mis à la disposition du Colonel de Guillebon, de la 2ème D.B., qui doit attaquer Grussenheim :
mais, à la même heure, on annonce le village pris. Il est alors entendu que le Colonel Robelin assurera la défense du village à compter du 29 Janvier matin, exécutant alors la mission de liaison qui lui avait été confiée.
Au cours de la nuit, les détails de la relève sont réglés par le Capitaine d’Arnaudy.

29 janvier
Les premiers éléments partent à 7 heures, les derniers à 9 heures, lorsque le Sous-Groupement Daigny arrive pour tenir le Moulin.
Au moment où la tête du Sous-Groupement arrive dans Grussenheim, le village est l’objet d’une violente contre-attaque ennemie avec chars. Depuis 5 heures du matin d’ailleurs, l’on entendait s’appliquer dans cette direction de violents et fréquents tirs de barrage. L’Infanterie ennemie commence à pénétrer dans le point d’appui Nord-Est, les chars sont à moins de 500 mètres. Le Peloton Cascalês et une Section de la Légion entrent aussitôt en action :
la situation est rétablie. Le Peloton de l’Adjudant-Chef Ferrero arrive à ce moment à l’entrée du village (Sud-Est) et peut prendre de flanc les chars ennemis, fait tirer son Peloton et un T.D. de la 2ème D.B. : 2 chars ennemis sont mis en flammes (dont 1 Sherman).
La relève des éléments de la 2ème D.B. se poursuit. Le Colonel Robelin prend sous ses ordres le Bataillon Serigné qui est dans le village et organise la défense ; liaison est prise avec les Artilleurs.
En entrant dans le village, le Half-track de commandement du 4ème Escadron, "Epinal", a été atteint par un char ennemi : le Lieutenant Evrard et le Chef Chalvérai sont tués.
Pertes de la journée : 4 tués, 18 blessés presque tous par le bombardement incessant que nous subissons.
14 heures — le Sous-Groupement reçoit l’ordre de monter une action offensive en direction du Bois de la Hardt entre 15 et 17 heures. Etant donnée la situation délicate de la défense, il n’est pas possible de distraire un élément pour faire une sortie. Après entente avec la 5ème D.B., il est entendu que cette action se limitera à des tirs d’artillerie sur les bois de la Hardt.

30 janvier
Le détachement reçoit l’ordre de couvrir, par ses feux sur les lisières Nord-Ouest de la Hardt, l’opération du C.C. 6 en direction d’Artzenheim.
Le point d’appui Sud-Est du village est en conséquence alerté et renforcé de 2 T.D.
L’opération du C.C. 6 a lieu dans l’après-midi, mais elle échoue avec des pertes sérieuses.
Le détachement de liaison est mis aux ordres du Colonel de la Villéon, Commandant le C.C. 6. Mais cet ordre ne sera applicable que lorsque le Colonel Robelin aura été relevé à Grussenheim par des éléments de la 2ème D.B. Le détachement devra alors se porter au Moulin de Jebsheim pour couvrir les arrières du C.C. 6.

31 janvier
Les éléments de la relève de la 2ème D.B. n’arrivent que dans l’après-midi. Le Colonel Robelin, les Capitaines d’Arnaudy et de Roquemaurel sont convoqués à 14 heures au C.C. 5. On les envoie reconnaître les passages du Canal de Colmar en vue d’une action de nuit sur Widensolen.
A leur retour au C.C., on leur apprend que les ordres sont changés :
l’ennemi a évacué Elsenheim, le Sous-Groupement doit se lancer à sa poursuite en direction de Marckolsheim.
A peine de retour à Grussenheim, nouveau contre-ordre : les opérations sur Marckolsheim seront faites par la 2ème D.B. et le Sous Groupement reprend l’action sur Widensolen. Il disposera pour cela du Régiment de Parachutistes.
Liaison est prise avec le Colonel Faure à 21 heures, les premiers détails de l’opération sont réglés.
Le Sous-Groupement fait mouvement entre 22 heures et minuit sur Urschenheim, ainsi que le Régiment de Parachutistes.
Pour l’attaque de Widensolen, 2 axes d’attaque :
Route Urschenbeim-Widensolen : Peloton Medium Farcot + 1 Bataillon, + 1 T.D.
Route Fortsehwihr-Widensolen : Capitaine de St. Germain, Peloton Medium Ferrero + 1 Bataillon + 2 T.D.
La 3/I R.M.L.E., très éprouvée par les combats précédents, et le Peloton Cascalês restent en réserve à Muntzenheim.
L’heure H est fixée à 01 heure, après une très forte préparation d’artillerie. La mise en place est terminée d’extrême justesse.
Le Peloton Ferrero s’engage sur son axe. Le char de tête, "Elchingen", Maréchal des Logis Auraix, est vite aux premières maisons, aux entrées du village silencieux ; la 1ère Compagnie l’y rejoint. "Elchingen" ouvre le feu et, en 2 ou 3 obus, met le feu à une maison. Le brusque éclairage déclenche de violents tirs de mitrailleuses que les chars encore dans l’ombre neutralisent. Puis, franchissant rapidement la zone lumineuse, ils arrivent près de l’Eglise, au premier carrefour à l’intérieur du village.
La gauche a été arrêtée à quelques cent mètres du village par des tirs de mitrailleuses et un tir d’arrêt qui bloque au sol les 2 Compagnies.
La droite va donc continuer seule : les chars atteignent l’extrémité de la rue face à la forêt et poussent sur le pont vers la gauche, objectif du Détachement de gauche encore arrêté. Les chars iront seuls, laissant sur leur passage de nombreux cadavres aux mains crispées sur les bazooka qu’ils n’ont pas eu le temps de mettre en oeuvre.
Pendant près d’une heure, les équipages du Peloton Ferrero et du Capitaine tiendront seuls les lisières Sud du village.
Un interrogatoire rapide des prisonniers, déjà nombreux, fait par Capitaine de Saint-Germain, n’est pourtant pas rassurant. Il y avait 2 Jagdpanther dans le village, qui se sont repliés dans le bois tout proche au moment de la préparation d’artillerie. Le Lieutenant Colonel Robelin accompagné du Lieutenant Colonel Faure, Commandant le Régiment de Parachutistes arrive à ce moment et fait repartir les Compagnies de façon à ne pas laisser les chars isolés.
La défense ainsi organisée est admirablement soutenue par les tirs du 1/62. Le char observatoire (Capitaine du Mont) est en effet entré dans le village avec le Capitaine de Saint Germain et fait à plusieurs reprises, déclencher des tirs d’arrêt magnifiquement ajustés sur les lisières des bois à 200 mètres de nos chars.
La Section Cassan du Génie pose ses mines. Et la contre-attaque rituelle n’aura pas lieu.
Le Détachement de gauche a eu de grosses difficultés à l’entrée du village, l’Infanterie bloquée surtout par un barrage d’artillerie et de minen. Le Peloton Farcot continue, rejoint le Capitaine de Saint Germain et s’installe défensivement au carrefour Sud-Ouest du village. Le Bataillon suit par petits éléments.
Au lever du jour, l’un des Jagdpanther, repéré dans un layon de la forêt par l’Adjudant Ferrero, sera détruit par un de nos Tank Destroyer. L’autre sera trouvé à proximité, brûlé, quelques jours après.
Au jour, la garnison, fortement installée, pourra faire l’inventaire de son succès : plus de 60 cadavres, tant à la lisière du bois que dans le village, une centaine de prisonniers, 2 mitrailleuses, 50 bazooka, mines et grenades en quantité.

1er  février
Bombardement du village.
Reconnaissance du Lieutenant Gauthier, 1er R.E.C., sur le Schaeferwald. Une opération est montée pour la nuit en vue d’occuper cet objectif.

2 février
2 heures — début de l’action sur le Schaeferwald, menée par 1 Bataillon de Parachutistes appuyé par 4 Light, 2 du C.C. 5 et 2 du P.C. du Colonel.
6 heures — l’opération est terminée sans incident, les Light rentrent.
10 heures — le Régiment de Parachutistes est relevé par les troupes Américaines, et reçoit dans la soirée l’ordre de se porter le lendemain matin à Colmar.

3 février
R.A.S., le Sous-Groupement est relevée par la 2ème D.B. et reçoit l’ordre de se porter à Artzenheim à 18 heures.

4 février
Artzenheim.

5 février
Mouvement sur Colmar.


Opérations du S/Groupement Daigny

4 au 6 janvier 1945
Le 3e Escadron est au repos à Gertwiller où il revoit son matériel et fait reposer son personnel, tout en restant en état d’alerte.

7 janvier
A 7 heures, Le Peloton Calmels à 4 chars, complété par "Gallieni", 2ème char de commandement, fait mouvement vers Strasbourg. Il doit entrer dans la composition d’un Groupement spécialement constitué en vue de l’attaque de Gambsheim aux ordres du Commandant Daigny. L’ennemi a crée une tête de pont en ce point et fait peser une lourde menace sur Strasbourg dont il ne se trouve plus qu’à 17 kilomètres. La menace est d’autant plus dangereuse que l’ennemi montre également une forte activité vers Erstein et Krafft, soit à peine à 16 kilomètres au Sud de la ville, formant ainsi autour d’elle une tenaille redoutable.
Il fait -20 degrés, une légère couche de neige recouvre la campagne.
Le Groupement Daigny est ainsi constitué :
— l’Escadron Light du 1er R.C.A. moins un peloton (Capitaine Forcade),
— 1 Peloton Medium du 3/1 R.C.A. (Lieutenant Calmels),
— la 3ème Compagnie du I/R.M.L.E. (Capitaine Louf).
— la C.A.B.
— 2 Pelotons de T.D. du 7e R.C.A.
— 1 section du Génie allégée.
Par Obernai, la Robertsau, le Groupement atteint à 12 heures 30 la Wantzenau, où les pleins sont complétés et les ordres donnés.
Mission s’emparer de Gambsheim en 2 temps ; Bettenhoffen d’abord, puis Gambsheim même.
Articulation prévue :
— Pour Bettenhoffen, le détachement Forcade:
— le Peloton Light du Boullay,
— 1 Section d’Infanterie du I/R.M.L.E.
Pour Gambsheim, le détachement Louf :
— le Peloton Light de la Ferlé,
— le Peloton Medium Calmels,
— 2 Sections d’infanterie du I/R.M.L.E.
Départ 14 heures, dans l’ordre Forcade, puis Louf. La ligne de départ est la lisière N.-N.E. du village de Kilstett, 2 kilomètres Sud-Ouest de Bettenhoffen.
Trois Groupes d’Artillerie doivent appuyer l’attaque.
La C.A.B. et les T.D. compléteront l’action de l’artillerie.
Kilstett est tenu par un Bataillon de Tirailleurs (3e R.T.A.); un autre Bataillon suivra et aidera l’attaque et devra s’installer ensuite à Gambsheim. Par ailleurs le Sous-Groupement Robelin, opérant à l’Ouest de Gambsheim doit aider de ses feux la 1ère partie de l’opération puis, au cours de la 2ème phase, nettoyer le bois N.-N.O. de Gambsheim.
14 heures — L’Aspirant du Boullay a reçu l’ordre de rechercher un passage sur le Giessen, rivière d’une huitaine de mètres de large qui borde Bettenhoffen et Gambsheim vers l’Est. Cette reconnaissance est confiée au "Bournazel", Maréchal des Logis-Chef Degrave : le point signalé est le pont sur la voie ferrée, à 500 mètres Sud-Ouest des lisières de Bettenhoffen.
De grave enfonce le passage à niveau fermé, s’engage sur le pont, le franchit, progresse sur la voie d’une trentaine de mètres à peine et rend compte par radio à "Bayard", le char de l’Aspirant du Boullay, qu’il a franchi le pont qui est praticable, mais qu’une coupure de la voie l’arrête.
A ce moment précis, "Bournazel", reçoit un bazooka et prend feu. Le Brigadier Fricaud, les Chasseurs Bermond et Bolella sont tués ; Degrave, quoique grièvement blessé, réussira à rejoindre nos lignes. Il y a en effet dans cette zone tout un réseau de tranchées bien camouflées ; et l’ennemi a attendu le dernier moment pour se révéler.
Les tirs de bazooka sont nourris, mais les armes de nos chars désorganisent assez la défense adverse pour éviter l’incendie d’autres appareils. La Section d’Infanterie, malheureusement réduite à une douzaine d’hommes, essaie de progresser mais, prise à partie par de nombreuses armes automatiques, elle subit de lourdes pertes et ne peut atteindre les tranchées ennemies. Par surcroît, un tir de minen extrêmement violent s’abat sur nos éléments.
Le Peloton du Boullay, réduit à 4 Light, "Bayard", "Bugeaud", "Bougainville" et "Balaklava", à qui le passage du pont se trouve interdit puisque "Bournazel" en flammes à sa sortie obstrue la voie ferrée, ne peut donc déboucher.
Tout ceci s’est déroulé très rapidement.
Le Capitaine Forcade rend compte au Commandant Daigny de la situation. Celui-ci décide l’envoi immédiat d’un renfort : c’est le Détachement Louf.
14 heures 10 — Le Détachement Louf débouche de Kilstett, les chars portant les fantassins sur leurs plaques-moteurs.
Le Peloton Calmels se déploie dans la plaine à l’Ouest de la voie ferrée dont l’important remblai le protège presque entièrement des feux venant de Gambsheim et des lisières des bois qui bordent le Rhin, à peine à 1500 mètres de là.
Le Peloton de la Ferté, lui, est déployé en flanc-garde à droite entre le Rhin et la rivière dont les ponts sont sautés.
Dès le débouché, le billard que représente le terrain est inondé de projectiles de toutes sortes, artillerie, antichars, balles d’armes automatiques et de snipers. Dans le petit bois immédiatement au Sud de Bettenhoffen, une casemate de la Ligne Maginot dévoile des 75 PAK. En arrière de cette ligne, des Panther embossés sont repérés.
14 heures 40 — Le "baroud" est sévère. A droite, les Légionnaires portés par "Bourgogne" — Maréchal des Logis-Chef Maître — sont vite hors de combat. Le char lui-même est touché, Maître tué. La 1ère ligne de défense allemande est atteinte, une cinquantaine d’Allemands restent sur le terrain, tués ou blessés.
A gauche, Calmels, qui a reçu l’ordre de franchir la voie ferrée et, longeant la rivière, d’atteindre les lisières de Gambsheim, fait passer ses chars un à un sur un étroit passage à niveau constamment battu par des feux ajustés d’armes automatiques et d’artillerie.
Le passage est effectué sans pertes. Mais, immédiatement après le franchissement, les Medium sont tirés à bout portant par d’innombrables bazooka qui partent d’une tranchée creusée parallèlement à la rivière et qui semble suivre celle-ci jusqu’au Rhin.
Le groupe de tête, "Guérande" (Maréchal des Logis-Chef David) et "Grenoble" (Maréchal des Logis Reviron), prend d’enfilade la tranchée à bout portant. Les occupants, ahuris de cette attaque soudaine, sont abattus à la mitrailleuse.
"Gai Luron" — Lieutenant Calmels — est touché à l’avant ; le pilote, Brigadier-Chef Girma, gravement blessé, doit être évacué. Le Peloton réussit à forcer le passage et se trouve vite dans la plaine à l’Est de la voie ferrée et de la route. Toujours soumis à de violents tirs d’explosifs, il se lance sur son objectif, les lisières Est de Gambsheim, dépassant les Light du Peloton de la Ferté.
15 heures 10 — 2 casemates de la Ligne Maginot ouvrent le feu à explosifs sur les chars de tête : le Peloton Calmels en entier concentre ses feux sur ce nouvel objectif, qui est aussitôt muselé. Un antichar qui se dévoile est repéré et détruit à son tour par "Grenoble".
Brutalement, des coups de 88 claquent, partis des lisières de Gambsheim, probablement de la digue de protection du Rhin, et de points situés plus à l’Est. "Guérande" est atteint le premier et flambe : David, le Chef de char, grièvement blessé, parvient à sortir de son appareil en feu, mais meurt quelques instants plus tard. Le tireur, Pierre, gravement atteint lui aussi, sort de la tourelle comme une torche vivante et s’abat sur le terrain. Le pilote Venckavicius, le chargeur Cordonnier et l’aide pilote Martinez, tués à leur poste de combat, brûlent dans leur char.
Les chars reçoivent à ce moment l’ordre d’obliquer sur la droite. Mais un nouvel anti-char se dévoile dans une autre casemate à l’Est de Gambsheim.
15 heures 17 — "Grenoble" est touché et prend feu : l’équipage évacue. A l’exception de l’aide-pilote Truchol, mortellement touché, les 4 hommes, tous blessés, peuvent cependant rejoindre avec peine Kilstett.
15 heures 20 — "Gérardmer" — Brigadier-Chef Bertrand — est atteint et brûle. L’équipage, indemne, à le temps de sortir ; seul, le chasseur Freiburger, brûlé au visage, devra être évacué. Le Lieutenant Calmels poursuit son action avec 2 chars, "Gallifet", Maréchal des Logis Berner, et le sien.
La sévérité de la réaction ennemie s’accroît de seconde en seconde dans une progression inquiétante. La situation est critique : 5 canons anti-chars au moins sont vus en action, ainsi que 2 ou 3 chars ou automoteurs ; un tir de minen extrêmement violent submerge le terrain. L’Infanterie, devançant dans un effort magnifique les chars, tente d’atteindre la rivière : elle est décimée. Le Capitaine Forcade rend compte au Commandant Daigny, qui lui annonce l’envoi d’une Compagnie de Tirailleurs.
15 heures 25 — A peine en arrière des Medium, c’est au tour des Light du Peloton de la Ferté d’être pris à partie. "Bigorre", Maréchal des Logis Maunin, passe auprès d’un abri de rondins où se sont réfugiés des blessés allemands. L’un d’entre eux grenade "Bigorre" qui prend aussitôt feu, atteint de plus immédiatement après par obus.
Le Lieutenant de la Ferté reçoit alors l’ordre de repli du Halftrack de Commandement "Bouillon" du Capitaine Forcade. Mais la Légion n’a pas encore été touchée par cet ordre, que La Ferté n’exécutera pas, car ce serait priver les Légionnaires de tout soutien ou recueil éventuel. Les 3 derniers Light de son Peloton maintiennent un feu d’enfer.
15 heures 30 — Le Capitaine Louf, à pied, vient sur place confirmer l’ordre de repli. Celui-ci commence, sous la protection des chars. Le Peloton du Boullay, qui est à l’Est de Bettenhoffen, reçoit mission de couvrir le repli de tous les éléments, chars et Infanterie, et s’oppose, par un feu violent, aux réactions de l’Infanterie ennemie.
Light et Medium, couvrant directement le repli des Légionnaires font demi-tour en bon ordre : mais les pertes s’aggravent. "Berry", puis " Béarn ", presque simultanément atteints, prennent feu. Sauf le Maréchal des Logis Cadiou, Chef de char du " Berry ", qui est probablement brûlé dans sa tourelle, les équipages peuvent évacuer et rejoindre Killstett, non sans une peine infinie, sous la direction du Maréchal des Logis Eugène, du "Béarn", essuyant sans discontinuer d’intenses feux d’armes automatiques.
"Bretagne" — Lieutenant de la Ferté — reste seul et se porte au secours de "Gai Luron" qu’il aperçoit immobilisé. Il reçoit un explosif qui lui casse 6 patins et 1 poulie de tension, crevant de plus son réservoir à essence gauche.
"Gai Luron" a été touché une nouvelle fois, un 88 qui a percé la tourelle et mis le 75 hors service. Le Lieutenant Calmels, indemne, fait évacuer l’appareil et, prenant lui-même les leviers de commande, tente de ramener son char à Kilstett.
"Bretagne", qui a la garde de nombreux Légionnaires et Chasseurs auxquels il fait un rempart de sa cuirasse, regagne en les protégeant le plus proche couvert, tout en surveillant "Gai Luron". Il voit celui-ci soudain prendre feu, atteint par 2 nouveaux coups de 88. Le Lieutenant Calmels saute de son char mais est grièvement blessé par une rafale de mitrailleuse et tombe inanimé. Il ne peut être question sur le moment de repartir en arrière à son secours.
Du Peloton Medium, seul "Gallifet" rejoint Kilstett, non sans peine : un obus lui a, au cours du combat, arraché un boggie.
Le Peloton du Boullay se replie à son tour, ayant hissé sur ses 4 chars restants, un grand nombre de Légionnaires blessés. "Bugeaud" , Maréchal des Logis Loutovinoff qui s’est aventuré à l’Est de Bettenhotten avec une dizaine de Légionnaires, ramène en plus une quarantaine de prisonniers.
Il est à peine plus de 17 heures, le drame ne diminue pas de violence : une contre-attaque allemande se manifeste. Les obus antichars, les nebelwerfer et les rafales de mitrailleuses redoublent d’intensité. "Bretagne", dans son demi-tour, aperçoit un premier char allemand à quelques centaines de mètres, puis 3 Jagdpanther, peints en blanc, surgissent : indubitablement la contre-attaque part.
3 T.D. du 7ème R.C.A. ont été postés à Kilstett en prévision de cette éventualité. Ils règlent leur tir grâce aux indications du Lieutenant de la Ferté qui est rentré, sauvant les hommes à pied qu’il convoyait, et qui leur indique les objectifs. 2 T.D. sont atteints, le Lieutenant Couard a les 2 jambes broyées et succombe à ses blessures.
Mais les pertes ennemies sont certainement lourdes, et la contre-attaque semble stoppée.
Il est 18 heures, la nuit est tombée. Le Commandant Daigny organise la défense de Kilstett avec les quelques chars qui restent, 1 Medium avarié et 4 Light, et avec un petit nombre de Légionnaires valides.
Une patrouille est lancée à la recherche du Lieutenant Calmels :
le Maréchal des Logis Maurin, les Chasseurs Pécouil et Hyette, du "Bigorre", se présentent comme volontaires et s’enfoncent dans la nuit, accompagnés de 2 brancardiers du I/R.M.L.E. Le Lieutenant Calmels est resté, incapable en raison de la gravité de sa blessure de ramper un mètre de plus, à une cinquantaine de mètres de son char qui brûle, sous le feu ennemi incessant et la menace des 3 Jagdpanther qu’il a eu le sang-froid de parfaitement identifier. Il a été magnifiquement aidé et protégé dans cet effort surhumain par son aide-pilote, Durand, un jeune engagé du mois précédent qui, malgré les ordres de Calmels, a refusé d’abandonner "son" Lieutenant.
Heureusement l’ennemi a certainement eu de très lourdes pertes et ne se hasarde pas dans ce "no man’s land" qu’est l’immense clairière entre Kilstett et Gambsheim. Vers 19 heures, la patrouille revient à Kilstett : elle ramène le Lieutenant Calmels, qui est soigné et évacué aussitôt sur Strasbourg.
Cette affaire de Gambsheim aura été l’une des plus dures épreuves  subies par le Régiment :
— 4 Light et 4 Medium brûlés, 1 Light et 1 Medium gravement atteints,
— 10 tués, 6 blessés.
Mais le sacrifice de nos équipages magnifiques aura permis d’infliger à l’ennemi de telles pertes que sa contre-attaque, qui, réussissant, aurait été catastrophique, a complètement échoué.
Au mois de Mars suivant, une visite des lieux de ce combat sans merci a révélé l’importance des pertes ennemies, inscrites sur le terrain encore couvert de neige. Il y restait encore une centaine de cadavres allemands, un grand nombre de carcasses calcinées d’engins de combat, dont au moins 2 "Ferdinand" et 1 "Jagdpanther". Ces pertes, ajoutées au nombre important des prisonniers ramenés par les éléments du Groupement, expliquent mieux que tout commentaire l’échec complet de la contre-attaque lancée par l’ennemi à 17 heures sur Kilstett.
Strasbourg, si dangereusement menacé, était sauf.
Le même jour, le 3e Escadron, moins le Peloton Calmels, fait mouvement sur alerte de Gertwiller à Osthouse à partir de midi. Il est affecté en renfort au Sous-Groupement Bourgin qui fait face à la menace Allemande au Sud de Strasbourg.
Arrivant à Osthouse, renforcé d’un élément de reconnaissance et travaillant au voisinage de l’Escadron Davout, il a reçu la mission de nettoyer les bois situés au Sud de la route Osthouse- Gertsheim, et d’atteindre le village d’Herbsheim.
L’Escadron, à 17 heures, occupe sans avoir rencontré de résistance, les points 931—740, 939—743 - 936—747 et 953—754.
A 17 heures 30, il reçoit l’ordre de regagner Osthouse son cantonnement. Il y apprend que le peloton Calmels a subi à Gambsheim des pertes extrêmement sévères.



8 janvier
L’Escadron et un Peloton de Reconnaissance sont mis aux ordres du Capitaine Brisbarre, Commandant un Bataillon de marche de la 1ère D.M.I. La mission est de nettoyer la Forêt d’Osthouse, de reconnaître le pont 1200 mètres Sud-Ouest de Gertsheim et d’occuper les bois situés entre Sand et Obenheim, entre le Carrefour 156 et la Zembs. L’Escadron Davout doit agir au Sud pour rétablir la liaison entre Herbsheim et Rossfeld, dont l’occupation par 2 garnisons amies en point d’appui cerclé paraît précaire.
8 heures 30 — L’Infanterie n’est pas arrivée, mais le Capitaine Le Jariel Commandant le Détachement blindé découple sur ordre une reconnaissance d’A.M., de Jeeps, de 2 Medium et de 2 T.D. à la lisière Ouest de la Forêt d’ Osthouse, pour y établir un verrou en 953-767, qui rendra plus facile l’opération d’infanterie.
9 heures 30 — Des chars ennemis, arrivant au Nord-Est, obligent la reconnaissance à se replier sur le Pont d’Osthouse. Une A.M. amie ne parvient pas à effectuer son demi-tour, s’abat dans le fossé et doit être incendiée.
Le Bataillon de marche arrive enfin, les hommes sont fatigués. Le commandement de l’opération, dévolu initialement au Capitaine Brisbarre, est bientôt remis au Capitaine Le Jariel, qui, avec ses moyens radio, peut guider les Compagnies d’infanterie par l’intermédiaire de ses chefs de Peloton.
Les chars et l’Infanterie, découplés vers l’Est et le Sud-Est par routes et layons, atteignent rapidement les lisières de la forêt. Le synchronisme entre chars et Infanterie est parfait : le mouvement oblique vers le Sud.
Une arme anti-chars se révèle et blesse un Chef de char, le Maréchal des Logis Koslowski, qui n’accepte d’être évacué qu’une fois son char "Gascogne" embossé à l’abri. "Guyane" aperçoit 7 à 8 véhicules blindés qui se replient vers l’Est : il en met un en feu, un autre est renversé dans le fossé, un troisième s’arrête et fume.
L’Escadron progresse vers le Sud. "Gabon", Maréchal des Logis-Chef Lacotte, aperçoit un char léger ennemi au Nord-Ouest du Carrefour 156 et le détruit.
La nuit tombe rapidement. L’opération s’est déroulée normalement ; mais elle a commencé trop tardivement, par suite du retard dans l’arrivée de l’Infanterie. L’ordre parvient de se maintenir sur les positions conquises.
Les chars et l’Infanterie sont maintenant pris à partie par des feux d’Infanterie très nourris partant des lisières du bois-objectif.
L’ordre de repli sur Osthouse permet de ramener le détachement sans autres pertes. Seule une Compagnie d’Infanterie, qui sera récupérée le lendemain matin, reste sur le terrain, à la suite d’une mauvaise interprétation radio. L’Escadron rentre à Westhouse.

9 janvier
Le Bataillon Brisbarre et le Détachement Le Jariel, composé du 3/1er R.C.A. (8 Medium), de 9 T.D. des 8ème et 11ème R.C.A., du peloton de Reconnaissance Monplanet du 1er R.E.C., doivent tenter de prendre la liaison avec la garnison d’Obenheim, encerclée depuis quelques jours.
8 heures 10 — le détachement lance une reconnaissance de 2 T.D. et de 2 Medium aux ordres du Chef Lacotte jusqu’aux premières lisières de forêt, à 1500 mètres Sud-Est de Sand.
9 heures — les mouvements d’attaque et de progression sont assurés par un groupe aux ordres de l’Aspirant Barrel, 2 Medium et 4 T.D., qui débouchent d’Ehl.
9 heures 10 — l’Infanterie atteint sa base de départ. Le Groupe Lacotte donne des coups de sonde dans le bois : R.A.S. Mais "Grénédan" — Maréchal des Logis Mompied — à son tour s’engage dans le bois et reçoit 4 obus dans le poste de l’aide-pilote Bonnet, qui est blessé : "Grénédan" se replie. "Guinée" — Aspirant Barrel — pénètre à sa suite dans le couvert et aperçoit un véhicule blindé d’un type qu’il ne peut déterminer exactement, il le met en flammes. Un tir d’artillerie est demandé sur 156.
10 heures — ordre est donné d’assurer vers le Nord une flanc-garde composée de 2 T.D. et de 2 Medium. Une reconnaissance A.M. a été envoyée à 9 heures à l’Ouest du bois situé à 1 kilomètre Ouest de Sand. Une A.M. amie a été mise en flammes par une arme anti-char ennemie repérée en 923—757, mais le bois qu’elle prospectait a été reconnu net d’ennemis. Une reconnaissance de Jeep donnera du reste à 16 heures 30 le même résultat négatif.
La flanc-garde grimpe vers le Nord par un layon, Medium en tête; "Gabon" aperçoit à 100 mètres un char lourd ennemi qu’il attaque à explosifs et perforants, le char flambe. "Grénédan" à son tour détruit un char et un Jagdpanther, alors qu’il atteint la lisière Est du bois. Des tirs d’artillerie protègent ces mouvements.
L’Infanterie progresse très lentement, mais atteint enfin la lisière Est du bois. "Guinée", s’installant en verrou avec "Guyane", est pris à partie par une arme anti-char et reçoit 2 obus dans son train de roulement. Barret transporte son émetteur sur "Guyane". Réactions d’Artillerie et de nebelwerfer. Le Capitaine Le Jariel donne l’ordre de pousser sur Obenheim.
16 heures — 2 T.D., qui entraient dans la composition du verrou de la cote 156, brisent dans les arbres leurs volants de pointage et doivent se replier devant une attaque de chars ennemis.
17 heures — une vingtaine de chars allemands sont signalés marchant Est-Ouest vers l’Ill, puis se rabattant le long de l’Ill vers Sand et Benfeld. Le Capitaine Le Jariel fait diriger 2 T.D. à hauteur de Sand.
L’Infanterie, qui commence à préparer ses points d’appui pour la nuit, n’a pu prendre pied dans le bois 1 kilomètre Est de Sand. La flanc-garde Nord n’a pu être assurée par l’Infanterie, celle-ci ne possédant pas de moyens suffisants.
17 heures 15 — Ehl est contre-attaqué du Nord-Est et du Sud-Est par des chars et de l’Infanterie ennemis. La nuit tombe, une brume légère coupe la vue à 100 mètres. L’ordre de repli sur l’Ill est transmis par toutes les radios, les chars transmettent à l’Infanterie et précisent qu’ils lieront leur mouvement au sien. La progression du repli se poursuit normalement jusqu’à la lisière Est de la forêt.
L’Infanterie abandonne alors les chars et se dirige à travers tout terrain vers les ponts de Benfeld. Quelques chars ou automoteurs ennemi sont dans les parages ; des fantassins armés de panzerfaust et des tireurs d’élite prennent à partie les chefs de char, les pilotes et les aide-pilotes qui ne peuvent marcher que volets ouverts. Bretaudeau, pilote du "Gabon", reçoit sur la tête une cape allemande destinée à l’aveugler : il l’écarte à temps et poursuit sa route.
Le "Gouraud" est touché et flambe. Le pilote et l’aide pilote peuvent évacuer, le Maréchal des Logis Baylac et les Chasseurs Laredo et Calalayud sont portés disparus.
Le Maréchal des Logis-Chef Lacotte est tué par balle au moment où son char atteint Ehl.

10 janvier
Les 4 chars restants de l’Escadron sont poussés sur Benfeld pour permettre, à partir de 16 heures, la relève des garnisons d’Herbsheim et de Rosseld. L’opération s’effectue sans difficultés.

11 janvier
Repos à Westhouse.

12 janvier
L’Escadron est relevé, retour à Gertwiller à midi.

13 au 24 janvier
Cantonnement à Gertwiller. Le Capitaine Lefèvre prend, le 16, le commandement de l’Escadron.

25 janvier
8 heures 30 — l’Escadron fait mouvement : il est réaffecté au Sous-Groupement Daigny et cantonne à Epfig, où il arrive à 10 heures.

26 janvier
Stationnement à Epfig.

27 janvier
8 heures — mouvement sur Kintzheim, arrivée à midi.

28 et 29 janvier
Stationnement d’alerte à Kintzheim.

30 janvier
7 heures — l’Escadron quitte Kintzheim.
14 heures — Arrivée au Moulin de Jebsheim après de grosses difficultés dûes à la neige et à la glace ; les chars s’enlisent, glissent et patinent. Il ne reste plus au 3ème Escadron que les Pelotons de Salins et Barrel. Le P.C. s’installe au Moulin de Jebsheim avec le P.C. du Sous-Groupement.
Le Peloton de Salins est envoyé à 1500 mètres du P.C. Il assurera, avec une Section de Légion, la protection du Moulin contre une attaque éventuelle venant du Sud-Est et doit être prêt à fournir des feux dans cette direction.
Le Peloton Barrel s’installe aux environs du P.C., prêt à fournir des feux sur les lisières des Bois de Jebsheim.
La nuit se passe sans incidents autres qu’un bref tir de harcèlement ennemi, par un froid très vif.

31 janvier
7 heures — ordre de se porter, par Riedwihr et Muntzenheim, à l’attaque d’Urschenheim et de s’en emparer.
Le mouvement est considérablement retardé par les difficultés dûes au gel et par la "circulation routière" qui arrête la colonne pendant 3 heures.
17 heures — l’Escadron arrive à Muntzenheim et s’engage à la nuit tombante sur la route directe d’Urschenheim. Un tir d’artillerie, explosifs et fumigènes, devait être exécuté par 6 groupes sur les lisières de Durrenentzen, de façon à masquer et à protéger la progression de l’Escadron ; ce tir n’a pas lieu.
17 heures 30 — au débouché de Muntzenhein, "Gamin" — Brigadier-Chef Grosjean — saute sur une mine. Puis peu après, une arme anti-char, tirant des lisières de Durrenentzen, prend à partie la colonne et détruit 4 chars. " Grand Ferré" (Lieutenant de Salins), "Guyane" (Chef Guyot), "Grognard" (Maréchal des Logis Deleporle), et "Gabon" (Brigadier-Chef Berlrand), sont en flammes instantanément. Mais, par miracle, les coups meurtriers ont touché nos appareils trop bas ou trop en arrière dans les moteurs, et aucune perte humaine n’est à déplorer. Les équipages, entraînés par le Lt. de Salins, continuent l’attaque à pied.
"Galliéni ", le char du Capitaine, quitte alors la route et progressant à sa droite, en tous terrains, pénètre dans Urschenheim défendu par une forte compagnie, suivi des chars restants.
Le nettoyage donne lieu à une lutte sévère, allant parfois jusqu’au corps à corps : tous les officiers de la 2-I. R.M.L.E. sont tués ou blessés. Les légionnaires hésitent et flottent quelque peu pendant de courts instants. Le Lieutenant de Salins en prend le commandement. Le Maréchal des Logis Guillon est tué.
20 heures. — Le nettoyage, repris, est enfin terminé. Les 4 chars et la trentaine de fantassins restants s’installent en point d’appui au centre du village.
20 heures 30. — La 1ère Compagnie de Légion et un Peloton de Chars Légers du 1/1er  R.C.A. arrivent en renfort.
La nuit se passe dans le même dispositif sans autres incidents que des bombardements violents, mais intermittents.



1 au 5 février
Stationnement à Urschenheim. Des éléments d’Infanterie du XXIème C.A.U.S. viennent s’installer aux abords du village. Les tirs ennemis continuent : le Brigadier-Chef Gros jean est blessé le 3 par éclats.

6 février
L’Escadron fait mouvement à 14 heures. Par Sélestat et Ostheim il se porte à Colmar où il arrive dans la nuit, ayant été arrêté plusieurs heures au pont d’ Ostheim, où la circulation est encore très ralentie depuis le raid au cours duquel l’aviation ennemie, le 2 février, dans une de ses rares sorties, avait réussi à détruire le pont provisoire lancé par le Génie américain.
Le repos après la libération de l’Alsace

2 au 6 février
Les 3 Sous-Groupements se rassemblent à Colmar et participent à toutes les cérémonies qui marquent la libération de l’Alsace.

7 au 18 février
Les Sous-Groupements sont dissous. Le Régiment stationne à Colmar jusqu’au 18 Février.

19 février
Le Régiment se porte de Colmar à Barr, à l’exception du 4ème Escadron maintenu comme élément d’instruction pour l’Ecole des Cadres de Rouffach.

20 février au 28 mars
Stationnement à Barr, où les Unités procèdent à l’instruction des renforts et à la remise en état de leur matériel.
Appelé à d’antres fonctions, le Colonel Bourgin quitte le Commandement du Régiment. Il est remplacé par le Lnt Colonel Robelin.
Arrivée du Chef d’Escadrons de Chalain qui prend le Commandement en Second.
Arrivée du Capitaine Fagalde.
Arrivée du Chef d’Escadrons Delarue.
Le Capitaine d’Arnaudy est affecté à l’E. M. du C.C. 5.
 
 

LA CAMPAGNE D'ALLEMAGNE ET D'AUTRICHE

 

Opérations du S/Groupement Robelin

2 avril 45
A 16 heures 10, le Sous-Groupement Robelin fait mouvement et, par Strasbourg et Haguenau, atteint Hunspach à 19 heures.
Un char M 4 A4 coule une bielle.
Cantonnement à Hunspach.

3 avril
Le sous-groupement, alerté à 1 heure, fait mouvement à 4 heures 10 et, par  Wissembourg - Landau - Spire - Ludwigshaten - Mannheim atteint Reilingen à 14 heures après avoir parcouru 130 km. Le Rhin a été franchi à Mannheim sur un pont de bateaux Américains.
6 M 4 A4 du 2e Escadron et 1 M 4 A4 du 1er Escadron sont échelonnés sur l’itinéraire par pannes de galets. Le char "Panther" du 2e Escadron est retardé par panne d’alimentation (Il ne rejoindra jamais). 1 T.D. est en panne à Haguenau.
Dans l’aprés midi, liaison est prise avec des éléments de la 100ème D.I.U.S. à Wiesloch par le Capitaine Fagalde, Officier de renseignements. Un Officier Américain déclare que la route de Sinsheim est libre.

4 avril
Situation Générale.
Le C.C.5 est à la disposition de la 3e D.I.A. (Général Guillaume P.C. à Kirlach).
a) Dispositif de la 3e D. I. A, La 3e D.I.A. progresse sur deux axes principaux.
Axe Nord : — Jalonné par Zeutern, Odenheim, Eppingen. Colonne aux ordres du Général Chevillon P.C. à Kronau.
Axe Sud : — Jalonné par Bruchsal, Bretten, Maulbronn. Colonne aux ordres du Colonel Bonjour.
b) Ligne atteinte :
1) par la 3e D.I.A. : Colonne Nord indéterminée Colonne Sud: Bruchsal.
2) par la 7e Armée : Heilbronn.
3) par la 2ème DIM : La 2ème D.I.M. opère au sud de la 3ème D.I.A. en direction de Johlingen, Stein, Pforzheim.
Son avance restera subordonnée à la prise de Karlsruhe.
Ligne atteinte au Nord de Karlsruhe jalonnée par : Blankenloch, Leopoldshafen.
c) Mission du C.C. 5 :
Progressant sur l’axe Ubstadt, Sickingheim, Bietigheim, déborder par le Nord les résistances qui gênent la 3e D.I.A. tout en assurant la liaison au Nord avec la 10e D.B.U.S. sur l’axe Sickingen, Eppingen - Heilbronn.
Le S/Groupement Robelin est spécialement chargé de cette dernière partie de la mission. Il quitte Reilingen à 7h30 et se porte en un premier bond à Sinsheim.
Un deuxième bond le mène à 11 heures à Richen d’où des reconnaissances sont envoyées sur Eppingen pour liaison avec le Groupement Chevillon et sur Gemmingen pour liaison avec l’Armée américaine (100ème D.I.). A Eppingen la colonne Chevillon est au contact, l’ennemi tenant la gare. A Gemmingen, P.C. d’un Chef de Bataillon Américain, celui-ci déclare que des combats sont en cours dans Schwaigern et Schluchtern et que la route est réservée jusqu’à nouvel ordre à la 100ème D.I.U.S.
Gemmingen subit un bombardement d’artillerie intermittent en provenance du massif boisé qui est au Sud.
Une reconnaissance sur Stebbach permet de constater que cette localité n’est pas tenue. La reconnaissance ramène 4 prisonniers.
Une autre reconnaissance, comprenant 3 chars légers du P.C. aux ordres de l’Adjudant-Chef Auzanneau, ne peut atteindre Stetten, étant arrêtée par de nombreux abatis et des mines à 2 km au N.O. du village. Un char saute sur une mine et est déchenillé. Le détachement est rappelé.
Au reçu de nouveaux ordres, de S/Groupement quitte Richen à 17 heures pour se porter à Schluchtern.
Il a pour mission :
1) de prendre liaison avec la 10e D.B.U.S. qui est au contact à Grossgartach ;
2) de s’emparer sur les rives du Neckar, au S.-S.O. d’Heilbronn du premier village non occupé par les Américains : soit Klingenberg soit Nordheim.
Le mouvement est retardé par des abatis et des mines situés sur l’itinéraire direct. Il faut dévier fortement et passer par Massenbachhausen - Massenbach et les chemins de terre des côtes 246 et 232.
A 18 heures 45 la liaison est prise avec la 10e D.B.U.S. à Schluchtern.
Un Lieutenant-Colonel Américain expose la situation au Lt.-Colonel Commandant le S/Groupement. Le nettoyage de Grossgartach s’achève, la route Grossgartach - Heilbronn est libre, l’ennemi tient les bois des côtes 239 et 313 au Sud de Grossgartach. La route de Nordheim est barrée par des abatis et des mines ; Klingenberg et Nordheim sont tenus par l’ennemi.
Le Lieutenant-Colonel Américain souhaiterait que le S/Groupement prenne non seulement Klingenberg mais encore Nordheim dans la première partie de la nuit. Il voudrait nous dépasser ensuite et s’emparer avant l’aube de Lauffen dont le pont n’est pas détruit.
L’opération s’exécute dans les conditions suivantes :
1) Entre 19 heures et 19h20 reconnaissance des accès Nord et Nord-Est de Klingenberg par le peloton du R.E.C. (Lt. de Monplanel).
Résultat de la reconnaissance : village tenu par l’ennemi ; un Dodge en flammes, un tué, un blessé.
Le peloton est maintenu en surveillance au N.-N.E. du village.
A 19h30 entre en action l’échelon d’attaque aux ordres du Capitaine Forcade, comprenant un peloton de chars légers (Aspirant du Boullay) un peloton de chars Medium (Lieutenant de Roux), 2 T.D., la 1ère Cie du 1/R.M.L.E. (Lieutenant Grand d’Esnon) moins une section. Base de départ : route de Grossgartach - Heilbronn à 1 km à l’est du carrefour de la route de Frankenbach. La nuit tombe et les chars sont presque aveugles. Ils obliquent un peu trop à l’ouest et un assez long délai est nécessaire pour que le point soit fait et que la direction de l’objectif soit reprise.
En fin de compte, le village est attaqué d’Ouest en Est, le peloton Médium en tête.
Vers 20h30 un obus du peloton de Roux incendie l’une des premières maisons, ce qui enfin éclaire le paysage.
C’est à partir de ce moment que commence le combat proprement dit. Il sera acharné, l’ennemi résistant à outrance de maison à maison et disposant de très nombreux bazookas (25 coups tirés environ). Le nettoyage est lent et difficile.
A 23 heures le Colonel envoie en renfort la 3e Section du R.M.L.E. ainsi que des moyens sanitaires.



5 avril
A 0 heure 45 il décide de se porter au village avec un P.C. léger.
Le détachement blindé Américain lui demande alors de lui laisser le passage, et se lance à travers champs en direction de Nordheim. Il tombe à l’improviste sur une contre attaque allemande qui, partie de Nordheim, se portait sur Klingen’berg et la disperse, rendant ainsi un précieux service à nos éléments qui risquaient d’être pris à revers par l’Ouest. Mais il échouera ensuite devant Nordheim.
Vers 2 heures le nettoyage de Klingenberg prend fin, un nid de résistance allemand subsistant toutefois à l’extrémité Est du village.
Le Colonel vérifie l’organisation défensive réalisée aussitôt. Il s’est fait suivre de sa réserve : 5 chars Médium et le commando de l’escadron Davout, le commando de l’E.M. et 2 chars légers, la section du Génie.
Cette réserve, qui s’était constituée en bonne partie au fur et à mesure de l’arrivée des chars retardataires, sera précieuse dans la dernière phase de l’opération.
De 4 heures à 4h30 le village subit un violent bombardement d’artillerie. C’était en fait la préparation d’une 2ème contre attaque ; à 4h30 l’ennemi venant de la direction de Nordheim approche des lisières Sud-Ouest du village. Éléments à pied appuyés par un Jagdtiger et 4 autres engins blindés de moindre importance. Le combat reprend. Nos points d’appui tiennent bon malgré leurs faibles effectifs, la fatigue, les pertes subies pendant l’attaque. Cependant l’ennemi s’acharne. Le Lieutenant Grand d’Esnon, qui n’a plus dans son point d’appui que quelques Légionnaires valides, demande un tir d’artillerie.
Le Colonel le lui laisse espérer, mais il sait bien que les canons sont à 50 km de là, en appui d’un autre S/Groupement.
Le Colonel envoie deux chars en renfort à l’Aspirant du Boullay, répartit le commandos et la section du Génie dont il dispose encore.
Des assaillants transportant des mitrailleuses sont signalés, essayant de déborder par le Nord. Grâce aux derniers chars réservés et aux half-tracks de la Légion cette menace est encore annihilée.
Enfin, à 200 métres au Sud du P.C. un engin blindé ennemi est mis en flammes par un char du point d’appui de l’Aspirant du Boullay. (Char Fort Bayard du M.d.L. Defain.)
A partir de ce moment l’attaque ennemie prend fin. A l’aube nos éléments ramassent une soixantaine de prisonniers et achèvent le nettoyage des dernières maisons sur les rives du Neckar.
Le char ennemi détruit est reconnu par une patrouille : C’est un engin énorme armé d’un canon de 128. D’après le carnet de silhouettes il est identifié : c’est un Jagdtiger ; nous n’en avions jamais rencontré (Trois autres de ces redoutables engins allaient se trouver à Nordheim au moment de l’attaque menée l’après-midi par le S/Gt de Chalain. L’un fut mis en flammes par un de nos chars. — Les deux autres se sabordèrent).
A partir de 8 heures, situation calme mais bombardement intermittent. Nous observons des fantassins ennemis qui s’emploient à l’organisation du terrain sur les croupes Nord-Ouest de Nordheim.
Pertes
Compagnie du R.M.L.E.
13 tués dont un Chef de section, 16 blessés, 4 disparus
Peloton du R.E.C.
1 tué, 1 blessé, 1 dodge détruit.
2ème Escadron du 1er R.C.A.
5 blessés.
Prisonniers capturés : 72.
Le S/Groupement reçoit à 12 heures l’ordre d’appuyer l’attaque du S/Grt de Chalain sur les lisières Nord-est de Nordheim. L’Escadron Davout et un détachement à pied de l’Etat-Major aux ordres du S/Lieutenant Dargentol entrent en action à 15 heures et coopèrent avec plein succès, taillant l’ennemi en pièces, le mettant en fuite même sur les pentes Est du Neckar et faisant de nombreux prisonniers sur les croupes Sud-Est de la route Klingenberg - Nordheim.
L’action est terminée à 16 heures 30.
Après relève partielle par le 4e R.T.T. le S/Groupement fait mouvement vers Grossgartach où il arrive à 18 heures 30 à l’exception de 3 chars moyens du 2e Escadron, de 3 chars légers de l’Etat-Major et de l’Escadron Bégouen (mortiers et canons de 57) laissés aux ordres du 4e R.T.T.
Pertes en hommes : 1 tué, 15 blessés
matériel : 1/I R.M.L.E. : 1 Dodge touché par obus
1/1er R.C.A. :  1 char léger déchenillé
2/1er R.C.A. : 2 chars détériorés, 1 Dodge touché par obus
Prisonniers  : 70

6 avril
Stationnement à Grossgartach.
A 18 heures 5 un peloton à 3 chars du 2e Escadron est poussé à Nordheim, détaché auprès du C.C. 5 en vue d’une mission de protection et d’appui d’une attaque sur les abords de Lauffen.
A 19 heures une section d’accompagnement de 15 hommes du R.M.L.E. lui est adjointe.
Ces éléments coopéreront sans pertes à la prise de Lauffen le lendemain soir.

7 avril
Stationnement sans changement.
Au cours d’une prise d’armes à Sternenfels le Général de Gaulle remet la croix d’Officier de la Légion d’Honneur au Lieutenant-Colonel Robelin Commandant le 1er R.C.A., la Médaille Militaire à l’Aspirant du Boullay, la croix de Guerre avec Palme au Chasseur Rodriguez.
Dans l’après-midi, l’escadron Bégouen se porte de Klingenberg à Nordheim. A 18 heures des reconnaissances d’officiers sont envoyées aux abords de Lauffen et à Bonnigheim en vue d’une action, à déclencher.

8 avril
A partir de 7 heures ; l’Etat-Major du S/Groupement, les chars moyens et légers, la Cie du R.M.L.E. la section du Génie et les T.D. se portent de Grossgartach à Nordheim. L’Escadron Bégouen qui stationnait à Nordheim depuis le 7 après midi ; se porte à Merinsheim, détachant un groupe de deux canons anti-chars à Bonnigheim. A 11 heures 30, le S/Groupement reçoit l’ordre de se porter à Bonnigheim. Le mouvement est terminé à 13 heures 30.
Un Détachement aux ordres du Capitaine Forcade, comprenant un peloton de chars légers, une section d’Infanterie, un peloton de T.D. deux équipes du Génie, reçoit l’ordre de reconnaître Hoffen et d’appuyer le peloton de reconnaissance engagé dans cette région ; l’itinéraire direct étant miné, le détachement s’engage par Erligheim. La liaison est opérée avec le R.E.C. et le village occupé à 17 heures. Après relève par l’Infanterie, le détachement rejoint Bonnigheim à 20 heures 30.
Un détachement aux ordres du Capitaine Davout comprenant un peloton de Medium une section d’ Infanterie et un groupe du Génie reçoit la mission de se porter sur Freudental et de rechercher la liaison avec le groupement Chevillon.
L’itinéraire direct étant miné, le détachement passe par Ehrligheim. Cette route est également minée. La liaison est opérée et les 300 derniers mètres sont parcourus à pied, avec un élément du 4e R.T.T.
En fin de journée tout le S/Groupement stationne à Bonnigheim, sauf l’Escadron Bégouen porté à Erligheim.
Pertes : 1/1er R.C.A. :  M.d.L. Chef Daisey tué
1/1 R.M.L.E. : 1 Légionnaire blessé
2/11e R.C.A. : 1 tué
Ces pertes sont dues à un mitraillage par avion non identifié. Pertes en matériel : 1 char M 4 A4 sauté sur une mine, 1 T.D. (moteur détérioré), 1 H.T.
Le ravitaillement essence éprouve de grosses difficultés à suivre, et pourtant fait merveille malgré les dangers dont sont encore parsemées les routes. C’est ainsi que, entre Nordheim et Durrenzimmern, un Médium du 2ème Escadron vient de sauter sur une mine. Le G.M.C. "Ris Orangis", chasseur Picazo, survient et veut doubler. Il saute à son tour, tout l’avant-train du camion est arraché, le conducteur et le précieux chargement par miracle sont saufs.

9 avril
A 8 heures, ordre est donné au Lieutenant Grand d’Esnon, Commandant la Cie du R.M.L.E. de se porter avec une section et un peloton de chars moyens à Lochgau en vue d’y tenir les lisières face au sud après relève de l’Infanterie qui doit faire mouvement.
A 13 heures, le Commandant Delarue est chargé d’occuper Besigheim avec les éléments ci-dessus (sauf le commandant de la Cie du R.M.L.E. rappelé au P.C. du S/Groupement) plus une Cie du 4e R.T.T., 1 T.D. et 2 équipes du Génie. Il dispose également de l’appui d’une batterie de 105.
Ces éléments seront en place à la lisière Est de Lochgau à 16 h Heure H : 16h30.
A l’heure H, le détachement débouche dans le dispositif suivant :
Cie du 4e  R.T.T. en 1er échelon avec les 2 équipes de déminage. Chars, T.D. et section du R.M.L.E. en 2e échelon. La progression s’effectue par deux itinéraires : route directe Lochgau - Besigheim et piste nord passant par la cote 278.
Dés le débouché, le détachement est pris à partie par des pièces d’artillerie et des minen placés sur la rive Est du Neckar surplombant complètement la zone de progression.
Les deux itinéraires sont truffés de nombreuses mines que le Génie s’emploie à faire sauter ou à enlever.
Malgré les pertes sérieuses, la progression continue et l’Infanterie pénètre dans la partie Ouest du village. Les chars sont arrêtés à l’entrée par un fossé anti-chars infranchissable. L’action prend fin à 19 heures, mission remplie. La Cie du 4e R.T.T. est laissée sur place pour occuper la position. Les autres éléments sont ramenés à Bonnigheim.
Pertes : R.M.L.E. : 2 tués dont un chef de section (Asp. Guibout) 4 blessés.
Section du Génie : 1 tué, 2 blessés.
4e R.T.T. : 2 tués, 11 blessés.

10 avril
Le S/Groupement reçoit l’ordre de se porter à Gundelbach. Le mouvement s’exécute dans la journée. En fin d’après midi tout le S/Groupement est réuni à Gundelbach. Cantonnement très resserré du fait de la présence d’autres unités dans le village.

11 avril
Cantonnement à Gundelbach.

12 avril
Le S/Gpt. se porte à Horrheim et y cantonne dans de bonnes conditions.

13 avril
Stationnement à Horrheim.

14 avril
Le C.C. 5 cesse d’être à la disposition de la 3e D.I.A., la 5e D.B. devant opérer dans son ensemble dans la partie N.E. de la Forêt Noire.
A partir de 6h15, le S/Groupement fait mouvement de Horrheim sur Langensteinbach. Distance : 40 km.
Le mouvement est terminé à 9 heures.
A 13 heures, le S/Groupement est alerté et reçoit à 14 heures l’ordre de s’emparer d’Enzklösterle en progressant sur l’axe Dobel - Kaltenbronn - Enzklösterle.
En conséquence le S/Groupement est articulé de la façon suivante :
1) Echelon de tête aux ordres du Chef d’Escadrons Delarue comprenant : le 1er Escadron (P.C. et un peloton de chars légers),  1 peloton de reconnaissance, 1 section du 1/R.M.L.E. et une section du Génie.
2) Echelon réservé : Détachement Grand d’Esnon, détachement Davout, Escadron Bégouen et T.C.I.
1er bond : Dobel  ; 2ème bond : Kaltenbronn ; 3ème bond : selon les renseignements obtenus à Kaltenbronn par liaison avec le 151ème R.I.
L’échelon de tête part à 14 heures 30, l’échelon réservé à 15 heures. Le premier arrive à Enzklösterle à 17 heures. Le nettoyage est achevé à 18 heures.
Entre temps, sur la demande du Colonel Commandant le 151ème R.I. un peloton de chars légers dégage à Kalber une compagnie de ce Régiment qui était à demi encerclée et en difficulté.
Arrivée de l’échelon réservé : 18h15 — 18h45.
A 19 heures, prise de contact entre le Lt. Colonel Commandant le S/Groupement et le Lt. Colonel Commandant le 151ème R.I. En même temps renseignements du peloton de reconnaissance d’après lequel le débouché Est d’Enzklösterle est battu par des mortiers de 60 ou des grenades à fusils, les bois de part et d’autre de la route de Simmersfeld étant tenus par l’ennemi. En conséquence et vu l’heure déjà tardive une action prévue un instant sur Simmersfeld est différée et remplacée par une action sur Rombach en vue :
1) de tenir les débouchés Sud d’Enzklösterle ;
2) de prendre liaison avec les éléments descendant du Nord Ouest.
Cette action est menée à la tombée de la nuit par un détachement aux ordres du Lt. Grand d’Esnon comprenant un peloton de Medium et la Cie de Légion moins une section.
Le détachement se heurte à de vives résistances d’armes automatiques et de Panzerfauste. A 21 heures, l’occupation de Rombach est réalisée. A 23 heures les patrouilles de Légion dépassent de 800 m les lisières ouest du village sans trouver la liaison avec les éléments amis.
Pertes : 1 tué du 2/1er R.E.C., 1 blessé du 2/1er R.E.C.
2 blessés du 1/1er R.C.A.
1 blessé du R.M.L.E.
Prisonniers : 2.



15 avril
Pendant la journée du 15, principalement le matin, Enzklösterle est soumis à un assez fort bombardement d’artillerie.
Le S/Groupement reçoit l’ordre de continuer sa progression vers le Sud en direction de Gompelscheuer, de Poppeltal et de Besenfeld ; ultérieurement, sur nouveaux ordres, sur Igelsburg et Freudenstadt.
Le S/Groupement est articulé de la façon suivante :
1) Un échelon de tête constitué pas un détachement aux ordres du Chef d’Escadrons Delarue comprenant :
1 peloton de reconnaissance
1 peloton de chars légers
1 peloton de chars moyens
1ère Compagnie du R.M.L.E. moins une section
1 peloton de T.D.
1 équipe du Génie.
2) Un échelon réservé comprenant :
2e Escadron (Medium) moins un peloton
1 section du R.M.L.E.
1 section du Génie moins une équipe
l’Escadron Bégouen.
A 7h45 le peloton de reconnaissance part de Rombach et se dirige vers Gompelscheuer. Il est arrêté à 200 mètres de Petersmuhle par des feux d’armes automatiques ennemies et une coupure de 50 mètres sur la route.
A 8h30 le peloton de chars moyens protégé par deux sections du R.M.L.E. à pied s’engage dans la même direction, passe à gué un ruisseau et, après déminage de la route par l’équipe du Génie, entre à Petersmühle à 10 heures.
A 10h45 ces éléments reprennent leur marche vers Gompelscheuer. A 300 mètres de ce village des abatis battus par des feux d’armes automatiques arrêtent leur progression ; le Génie rétablit la route et les éléments pénètrent dans Gompelscheuer à 12h45 à la suite d’une manœuvre de débordement par l’Est. Le nettoyage. de la localité est terminé à 13h30.
Blessés  3. Prisonniers 10.
Le Commandant du S/Groupement donne aussitôt l’ordre do s’installer défensivement dans Gompelscheuer et de ne reprendre la progression en avant que sur nouveaux ordres.
Sur renseignements des prisonniers qui ont indiqué que Poppeltal n’était que faiblement tenu, le Chef d’Escadrons Delarue envoie à 16h10 le peloton de reconnaissance éclairer la route en direction d’abord de ce village puis du carrefour suivant (2 km S.-S.E.).
A 16h25 le peloton atteint Poppeltal qui n’est pas occupé par l’ennemi. Une Compagnie d’ Infanterie du 151e R.I. y prend position aussitôt.
A 17 h le peloton de reconnaissance ayant continué sa progression est arrêté 400 mètres après Poppeltal par des abatis et par une coupure de route de 75 mètres de long.
A partir de 17 h selon nouveaux ordres, l’E.M. du S/Groupement et l’échelon réservé font mouvement en direction de Gottelfingen.
Itinéraire, fixé : Enzklösterle - Cote 784, - Urnagold - Eisenbach - Gottelfingen.
Au passage de la Cote 784, le S/Groupement détachera une section de canons de 57 à Simmersfeld pris dans la journée par le S/Gpt. Laimay.
Le mouvement est retardé par de très nombreux abatis barrant les voies de la forêt du Ragwald. L’itinéraire doit être dévié et comporte des passages très difficiles. Le détachement Delarue est rappelé à 18 h et doit rejoindre le S/Groupement par le même itinéraire. Eisenbach est atteint à 19h45 par le peleton Jacquelly (Medium) et une section du R.M.L.E. La progression ne peut continuer en raison des obstacles et de l’heure tardive. Les derniers éléments rejoignent Eisenbach à 2 h le 16 Avril.

16 avril
Dans la nuit, l’ordre est arrivé de s’emparer de Allmandle - Gottelfingen - Schernbach - Erzgrube.
Articulé en profondeur, échelon de tête aux ordres du Cpt. Davout, le S/Groupement rompt ses cantonnements à partir de 7 h pour ses premiers éléments qui ont la tâche de déblayer la toute de ses nombreux abatis.
Allmandle et Gottelfingen sont successivement atteints sans résistance. Le S/Groupement reçoit l’ordre de stationner à Gottelfingen en dégageant la route et de se laisser dépasser par le S/Groupement de Chalain en direction d’Erzgrube.
Toutefois ce S/Groupement tardant à passer, l’Escadron Forcade renforcé de l’Escadron Bégouen est lancé sur Schernbach qui est occupé également sans résistance.
Le mouvement est terminé dans la matinée.
Prisonniers : 3.
Dans l’après-midi l’ordre est donné de pousser une reconnaissance sur Grombach.
Cette mission est accomplie à partir de 17 h par un détachement aux ordres du Capitaine Forcade comprenant :
1 peloton de chars légers
1 peloton de reconnaissance
1 section d’Infanterie
Le commando du 1er R.C.A.
2 équipes du Génie.
Ce détachement effectue au carrefour de la cote 510 une liaison avec le Chef d’escadrons Lennuyeux du 1er R.E.C. qui avait le même objectif en venant du nord est et ne pouvait arriver au village en raison de la multiplicité des abatis. Ordre est donné au Capitaine Forcade de descendre vers le Sud et d’essayer d’aborder le village à partir de la cote 672.
Il y arrive à 20 h après avoir effectué un parcours difficile en contournant ou enlevant de nombreux abatis.
Il effectue la liaison avec un détachement de Goums qui venait d’arriver et s’installe sur place pour la nuit.

17 avril
Le Capitaine Davout d’Auerstaedt désigné pour un stage d’instruction aux Etats-Unis est remplacé à la tête du 2e Escadron par le Capitaine de Canchy du S/Groupement de Chalain. Le Lieutenant Roland Cadel est affecté au S/Groupement de Chalain. Le S/Groupement a reçu l’ordre dans la nuit de se tenir prêt à faire mouvement vers le Sud à partir de 7h30 après avoir regroupé ses éléments dans la région Gottelfingen, Erzgrube, Kälberbronn. En conséquence le détachement Forcade fait mouvement de Grombach sur Kälberbronn qu’il atteint à 7h30.
Il reçoit l’ordre de s’éclairer en direction de Hallwangen et d’y prendre liaison avec le S/Groupement de Chalain au carrefour 400 m Est du village et de se tenir prêt à agir en direction Freudenstadt. Le S/Groupement reçoit à 9h l’ordre de se porter dans la région de Hallwangen, de faire reconnaitre Freudenstadt par ses éléments légers et d’occuper en fin de mouvement Wittlensweiler et Aach. Le gros du S/Groupement, Etat Major en tête, rejoint le détachement Forcade au carrefour 400 m. Est de Hallwangen à 10h15.
La Liaison est prise sur place avec l’Escadron Boileau du 1er R.E.C. qui indique que Aach est en cours de nettoyage. Liaison est également prise à Hallwangen avec le S/Groupement de Chalain.
Le détachement Forcade poussé sur Freudenstadt y arrive à 12 h sans rencontrer de résistance et y effectue liaison avec le Gpt. Navarre.
A 13h30 un détachement aux ordres du Capitaine de Canchy, Commandant le 2e Escadron, est poussé sur Aach où il doit s’établir défensivement en point d’appui cerclé avec reconnaissance en direction de Bietersweiler.
Ce village reconnu libre est occupé par un peloton de chars moyens du 2e Escadron et une Compagnie du 151e R.I. à 19h30.
Entre 16 h et 17 h, tout le S/Groupement sauf le détachement de Canchy (2e Esc. moins un peloton et deux sections du R.M.L.E.) se regroupe à Wittensweiler où il s’établit également en point d’appui cerclé.
Prisonniers : en tenue 3, en civil 13.

18 avril
Le S/Groupement reçoit mission de progresser sur l’axe Domstetten, Grünmettstetten, Altheim, Eutingen, Ergenzingen, Bondorf, Wendelsheim, Wurmlingen, en se couvrant au Sud vers le Neckar et en prenant à Bondorf liaison avec le C.C. 6.
Le 1er Escadron (chars légers) au complet est remis à la disposition du S/Groupement.
Le S/Groupement arrive sans incident à Entingen vers 10 h, à Ergenzingen à 13h30. Le peloton de Monplanet a été envoyé sur Rohrdorf et Weitingen.
Il est arrivé à Weitingen à 12h30 ; une autre reconnaissance, du 1er Escadron, est envoyée sur Gottelfingen.
A Bondorf à 13h50, la liaison est faite avec le C.C. 6.
A 16h35, le S/Groupement atteint son objectif final Wurmlingen sans incident. Une reconnaissance (Peloton de Monplanet) rencontre 3 isolés aux lisières d’Hirschau. Elle fait 2 prisonniers et tue un Officier qui tentait de fuir.
A la fin de l’après midi des parlementaires se présentent pour dire que Tubingen est déclarée ville hôpital (pour la rive Nord du Neckar seulement). Le S/Groupement reçoit l’ordre de pousser sur Tubingen par Unterjesingen pendant qu’un Escadron du R.E.C. passera par Hirschau. Finalement l’Escadron du R.E.C. ne part pas et le S/Groupement se heurte à une résistance à Unterjesingen, prend ce village à la nuit tombante et le nettoie jusqu’aux environs de minuit.
Le Colonel, avec l’assentiment du C.C. 5, décide de remettre l’occupation de Tubingen au lever du jour.
Prisonniers : 50.

19 avril
Le peloton de reconnaissance rompt à 6h15 son cantonnement de Unterjesingen afin de reconnaître le chemin gagnant Tubingen par le Sud d’Ammern.
A 6h30, le détachement de Canchy entame sa progression par l’axe principal avec les ponts du Neckar comme objectif. Le détachement de Canchy ne rencontre pas d’opposition notable et pénètre dans Tubingen à 7h30. Il se porte immédiatement sur les ponts du Neckar ou la reconnaissance vient d’arriver. Les A.M. de tête sont arrivées juste à temps et ont dispersé les pionniers allemands qui manipulaient le dispositif de mise à feu des mines.
Le détachement Forcade fait mouvement par le même axe et installe des points d’appui aux issues Nord et Nord-ouest.
De nombreux prisonniers sont faits, dont un officier supérieur. Le P.C. se porte à Tubingen à 9 heures.
A l’arrivée de l’Infanterie du S/Groupement Laimay, à 11 heures, le Capitaine de Canchy effectue des reconnaissances sur les faubourgs S.E. et attend l’Infanterie du Commandant de Chalain pour procéder au nettoyage. Relève progressive du détachement de Canchy par des éléments du S/Groupement de Chalain terminée à 13 heures. A 16 heures le S/Groupement reçoit mission de reconnaître et occuper Jettenburg et Mähringen avec l’appoint d’un Bataillon de Choc. Il doit laisser un peloton Medium en réserve de C.C. Le P.C. du S/Groupement doit rester à Tubingen.
La mission est effectuée par deux détachement aux ordres respectifs du Chef de Bataillon et du Commandant Delarue.
Ce dernier, après liaison avec le R.E.C. qui replie ses éléments sur Wankheim signale que Betzingen semble très fortement tenu (1 Régiment de S.S., d’après des renseignements de prisonniers, pas de chars, grosse D.C.A.). Les crêtes au Nord et au Sud de Betzingen seraient également tenues.
Le pont de Wannweil a sauté vers 18 heures.
Prisonniers : 7130 dont 7000 blessés dans les hôpitaux de Tubingen.

20 avril
Au cours de la nuit du 19 au 20 une patrouille ennemie s’approche, aux lisières Est de Jettenburg, des positions du détachement Delarue et attaque par mitraillette et bazookas. Elle est repoussée mais un Légionnaire est tué.
A partir de 10h30, le dispositif est modifié en vue d’une nouvelle mission : Le Capitaine de Canchy en réserve à Tubingen avec un peloton Medium est chargé de reconnaître et occuper Wannweil et reçoit l’appoint d’une section du R.M.L.E. et d’une compagnie du Bataillon de Choc prélevées sur le détachement qui occupe Jettenburg.
Le détachement Forcade se porte de Mähringen à Ohmenhausen (moins 1 peloton anti-chars laissé à Immenhausen.)
Le Capitaine de Canchy occupe Wannweil à partir de 12 heures et, de sa propre initiative, Degerschlacht, à 14 heures.
A 16 h, le nettoyage des abords Est de Wannweil coûte deux blessés. A 19 h, la Cie de Choc aux ordres du Capitaine de Canchy lui est retirée afin d’assurer l’occupation de Betzingen conquis par le S/Groupement de Chalain.
En conséquence le Capitaine de Canchy évacuera Degersehlacht et tiendra seulement Wannweil pendant la nuit.
Pertes : 1 tué, 3 blessés dont 1 par accident.

21 avril
Le S/Groupement, très dispersé, se regroupe.
A 9h30, le P.C. quitte Tubingen pour Jettenburg. A 13h30, Le P.C. et tout le S/Groupement, à l’exception de l’Escadron Bégouen mis à la disposition de la brigade de choc à Reutlingen, se porte à Wannweil.
A 17 h le P.C. se porte à Rommelsbach avec l’Escadron Forcade, le peloton T.D., 1 section du R.M.L.E., 1 peloton de Medium.
Le 2e Escadron moins un peloton est poussé à Sondelfingen avec la Cie du R.M.L.E. moins une section. Mouvement terminé à 18 h.

22 avril
Le C.C. 5 est mis à la disposition de la 28e D.I.M. dont la mission est la suivante :
Déboucher en force de la tête de pont de Tubingen dans la nuit du 21 au 22 et au plus tard le 22 au matin en direction de Sigmaringen et atteindre le Danube au plus vite.
Le S/Groupement effectue à partir de 10 h un déplacement à la suite duquel, à 11 h, se trouve réalisé le dispositif suivant :
P.C. et détachement Forcade à Jettenburg.
Détachement de Canchy à Wannweil, Escadron Bégouen à la sortie est de Betzingen.
Le S/Groupement est prêt déboucher en direction soit d’Ohmenhausen, soit de Reutlingen.
A 14 h il reçoit l’ordre d’enlever Plullingen en liaison avec la brigade de choc, et de s’articuler ensuite en vue d’une progression ultérieure en direction de Gonningen.
Le détachement de Canchy récupère la section du Génie et se porte en tête à Reutlingen tandis que le Commandant du S/Groupement y prend contact avec la brigade de choc. Il est suivi du détachement Forcade et de l’Escadron Régouen. Le dispositif d’attaque suivant est adopté :
Base de départ à l’aplomb de la cote 394.
Progression d’une part par la grand route, d’autre par la route parallèle à 700 mètres à l’ouest. Celle-ci sera l’axe principal en raison des barricades reconnues sur la grand route.
Sur l’axe principal le Capitaine de Canchy, Commandant l’échelon d’attaque avec : 2 pelotons Medium (peloton Jacquelly en tête, peloton de Cazavove en queue assurant la protection à l’est), un commando de choc, la Cie du R.M.L.E. moins une section.
Sur l’axe secondaire : 1 peloton Medium (de Roux)
1 commando de choc, la section du Génie, 1 section du R.M.L.E.
En outre, un peloton de chars légers (Aspirant du Boullay) avec un commando de 15 hommes sera lancé par les chemins de terre Ouest de la côte 602 en direction de la côte 499.
L’attaque débouche à 16h30 après une courte préparation d’artillerie sur la côte 602.
Les premiers éléments prennent pied sans difficultés dans les abords Nord de la localité à 16h40 mais le nettoyage sera lent car il s’agit d’une très grosse bourgade et il y a des snippers et des bazookistes.
Le nettoyage se termine à 18h30.
Le détachement a fait 80 prisonniers et s’est emparé de trois mitrailleuses et de nombreux fusils et bazookas.
Il délivre le médecin Capitaine Toussaint, des Commandos, fait prisonnier l’avant veille.
Le peloton du Boullay est envoyé en reconnaissance jusqu’à Grundhof sur la route de Gönningen et ne rencontre pas d’ennemis.
La mise en défense de Pfullingen est organisée par le Colonel Commandant le S/Groupement disposant des commandos.
A 19 h le S/Groupement reçoit l’ordre de se porter sur Gönningen dés que le S/Groupement Laîmay aura atteint Genkingen. En vue de cette mission, une nouvelle reconnaissance est envoyée aux ordres du Sous-Lieutenant Dargentol pour reconnaître la route et prendre liaison avec le S/Groupement Laimay. Mais cette reconnaissance est arrêtée par une résistance ennemie à la côte 430.
Elle fait un tué et deux prisonniers qui disent que les abords de la côte sont tenus par une Compagnie.
Elle rentre sans pertes à Pfullingen.
Comme d’autre part le S/Groupement Laimay est arrêté par des obstacles sur la route Gönningen - Genkingen, le S/Groupement Robelin restera à Pfullingen pour la nuit.

23 avril
A partir de 8h25, le S/Groupenment se porte de Pfullingen à Gonningen.
Le dispositif suivant est réalisé :
1) Détachement Forcade, comprenant le 1er Escadron moins deux pelotons, la Compagnie du R.M.L.E. moins une section, le peloton de T. D. et la section du Génie.
2) P.C.
3) Détachement de Canchy, comprenant le 2e Escadron et une section du R.M.L.E.
4) Escadron Bégouen.
Le mouvement est ralenti par des abatis piégés situés dans les bois à partir de la cote 430. Le P.C. atteint Gönningen à 10h15.
Le détachement Forcade est envoyé en surveillance à la sortie Est de Genkingen pris le matin par le S/Groupement Laimay. A 12 h ordre lui est donné d’assurer le nettoyage de la cote 841 tout en conservant sa mission d’éclairage vers l’Est. Il reçoit à cet effet un peloton Medium et la 3e section du R.M.L.E.
Sa mission sur la cote 841 est remplie entre 13 h et 13h30. Pas de réaction ennemie. Le P.C. arrive à Genkingen à 13h15. A 14h30, ayant observé des éléments ennemis en direction de Feldberg, le Capitaine Forcade les pousse vers le Sud par un tir de T.D. et envoie une patrouille blindée qui, après un mouvement tournant, fait une dizaine de tués et capture tout le reste (45 prisonniers). Entre temps, le Commandant de la Cie du R.M.L.E. et deux sections lui avaient été retirés à 14 h pour être affectés au détachement de Canchy qui était poussé sur Willmandingen où il arrive à 15 h. Le Cpt. de Canchy fait une trentaine de prisonniers au cours du nettoyage dans les bois et sur les hauteurs des environs et subit vers 16 h un tir de minen sur le carrefour central du village. A 19 h, tout le S/Grpt. est réuni à Willmandingen, sauf l’Escadron Bégouen, un peloton médium et une section du R.M.L.E. qui sont poussés sur Melchingen où ils seront aux ordres du Chef d’Escadrons Delarue.
Melchingen avait été occupé en fin de journée par le 2/1er R.E.C.

24 avril
Le S/Grpt. reçoit la mission de progresser en direction générale de la haute vallée du Danube avec Sigmaringen comme objectif final. Il doit en conséquence, déboucher derrière la reconnaissance et s’emparer de Stetten si cette localité est tenue, l’occuper et y attendre de nouveaux ordres si elle est libre.
A 7h30, le P.C. et le détachement de Canchy le rejoignent. Stetten, évacué par l’ennemi au cours de la nuit, est occupé à 8 h par le détachement de Canchy bientôt rejoint par le P.C.
A 8h45 le peloton de Roux et une section du R.M.L.E. sont envoyés de Stetten en direction de Trochtelfingen par Horschwag en vue d’appuyer l’attaque de Trochtelfingen que doit effectuer le S/Grpt. de Chalain.
Le Lieutenant de Roux est stoppé à Horschwag, l’attaque n’ayant pas encore démarré.
A 9h15, sur renseignements de la reconnaissance, le S/Grpt. se porte en avant et occupe Hausen et Magerkingen.
A 12h30, arrive l’ordre de continuer la progression sur Gammertingen puis de pousser au plus prés du R.E.C. sur Sigmaringen, le gros ne dépassant pas Jungnau.
En fin de journée, le stationnement du S/Grpt. est le suivant :
— détachement Forcade et P.C. : Sigmaringen
— détachement de Canchy et Escadron Régouen : Veringendorf
Pertes : Médecin Capitaine Lauzié blessés par accident, Lieutenant Jacquelly
Prisonniers : 60.

25 avril
Entre 14h30 et 17 h un peloton de chars légers du 1er Escadron et une section du R.M.L.E. effectuent une reconnaissance dans les bois de la région Sud du Hochberg et de Bingen, et ramènent trois prisonniers.

26 avril
Des forces ennemies importantes ayant été signalées dans la zone du C.C. 6 (P.C. à Liptingen), les S/Grpts. de Chalain et Laimay ont fait mouvement dans cette direction au cours de la nuit.
Le S/Grpt. Robelîn fait à son tour mouvement à partir de 11 h pour se porter à Messkirch.
L’installation est terminée à 14h15 sous forme de point d’appui cerclé.

27 avril
A partir de 13h45 le S/Grpt. fait mouvement de Messkirch à Elgeltingen en vue de coopérer au nettoyage de la région située à l’Ouest Nord-Ouest où de nombreux éléments ennemis, dépassée par notre avance, se trouvent encerclés.
L’installation est terminée à 16 heures.
Des postes de nuit sont prévus pour barrer les chemins à la côte 498 (route de Aach) et aux abords de la ferme Hîrschlanden (2 km Est-Nord-Est de Eigeltingen).
Prisonniers : 14.

28 avril
Les postes destinés à capturer les éléments ennemis cherchant à filtrer à travers bois au Nord du village ont fait, pendant la nuit, 53 prisonniers dont un Commandant et un Aspirant.
Au cours de la journée la Cie du R.M.L.E. avec un peloton de chars légers agit dans le même but par patrouilles, embuscades et drainage des bois. Résultat : 97 prisonniers dont un Général-Major et un Lieutenant-Colonel.
Le T.C.I. bis cantonne pour la nuit à Herdwangen, au Sud-Ouest de Plullendorf. Au reçu d’un renseignement un nettoyage est monté dans les bois avoisinants ; les effectifs ennemis semblent être d’une petite Compagnie : 4 tués dont le Capitaine qui commande cette unité, une douzaine de blessés et de prisonniers. Aucune perte au T.C.I. bis.
Pertes : 1 blessé du R.M.L.E., 1 blessé de l’E.M.
Le S/Grpt fait mouvement en fin de journée et se porte sur les rivés du lac de Constance. Le détachement Forcade cantonne à Odingen et le reste du S/Grpt. à Sipplingen.

29 avril
Le S/Grpt. a mission de progresser en direction de Friedrichshafen par la route côtière en liaison avec le S/Grpt. Laimay agissant sur un axe parallèle à 5 - 7 km plus au Nord.
Il est articulé comme suit :
— Echelon de tête : Capitaine Forcade avec ses moyens propres
1 Cie du R.M.L.E. moins une section
1 peloton Médium
la section du Génie moins une équipe.
- P. C.
— Echelon réservé : Capitaine de Canchy avec son Escadron moins un peloton
1 section du R.M.L.E.
Escadron Bégouen
Peloton T.D.
1 équipe du Génie.
Une reconnaissance du R.E.C. précède le S/Grpt. sur son axe.
Le départ de l’échelon de tête aura lieu à 8h30.
A 11 h, le détachement du R.E.C. est arrêté devant une barricade à Meersburg et pris à partie par bazookas et  armes automatiques. L’échelon de tête lie rejoint et manœuvre par débordement au moyen d’un peloton de chars légers et de la Cie du R.M.L.E. qui déboîtent vers la gauche par un sentier pour aborder le village par le Nord. Entre temps, à 11h20, la liaison est prise avec le S/Grpt. Laimay par patrouille à Mimmenhausen.
A 11h40 une patrouille de l’échelon réservé est envoyée sur l’itinéraire Uhldingen - Daisendorl en vue de reconnaître et de compléter la manœuvre de l’échelon de tête.
A 13h15, le village est pris sans grandes difficultés. Un certain nombre de prisonniers est emmené. On apprend que les habitants étaient presque en lutte ouverte avec les troupes ennemies pour les empêcher de combattre.
Le nettoyage achevé vers 14 h, l’échelon de tête reprend sa progression à 14h30 ; à 15 h il détache une patrouille de reconnaissance et de liaison sur l’itinéraire Ittendorf - Markdorf. Elle prendra liaison avec le S/Grpt. Laimay et l’aidera dans son action sur Markdorf signalé sérieusement tenu par l’ennemi (Artillerie et minen ont interdit l’accès du village). Etant donnée la perte de temps que cause au détachement Forcade l’attente du retour de cette patrouille, le détachement de Canchy avec l’appoint de la Cie du R.M.L.E. moins une section devient échelon de tête et démarre à 16h45 à la sortie N.E. de Meersburg. Il atteint sans coup férir Friedrichshafen à 18h15.
Une résistance ennemie qui avait arrêté la reconnaissance du R.E.C. à Fischbach avait disparu à son approche.
En fin de journée le S/Grpt. et le C.C. 5 stationnent ensemble à Friedrichshafen.
Prisonniers : 1800, dont un régiment hongrois à l’effectif de 1500 hommes y compris son Etat-Major.

30 avril
Le S/Grpt. assure l’occupation de Friedrichshafen.

1er mai
Le S/Grpt. fait mouvement dans la matinée de Friedriehshafen à Lindau en vue d’une progression ultérieure en Autriche, dans la vallée du Rhin supérieur sur l’axe Bregenz - Dornbirn - Feldkirch.
A 15 h l’échelon de tête (Escadron Forcade avec ses moyens propres, un peloton de Médium et la Cie du R.M.L.E.) est découplé.
Il pénêtre à 15h30 dans Bregenz attaqué depuis la veille par le C.C. 4 et qui vient d’être pris et nettoyé.
Il dépasse le C.C. 4, mais est arrêté à 16h15 par la destruction du pont de la Bregenzer Aach à Rieden. Les abords de ce pont sont battus par les armes automatiques de l’ennemi qui tient la rive Sud.
Entre temps, le P.C. et le reste du S/Groupement se sont portés à la sortie Sud de Bregenz.
A 16h30, une patrouille de l’échelon de tête est envoyée sur le pont de Hard.
A la même heure une patrouille du R.E.C. va reconnaître le pont de Kennelbach. Ces deux ponts sont eux aussi coupés et sous le feu de l’ennemi.
A 17h15 la patrouille du pont de Hard est renforcée d’un peloton de Médium. Il s’agit de préciser les renseignements quant à l’état de la destruction.
Trois avions accomplissent. en même temps plusieurs straffing au dessus de la rive tenue par l’ennemi. Celui-ci riposte vivement avec ses mitrailleuses.
A la suite de la dernière reconnaissance, la décision est prise de rétablir le pont de Hard et, conformément aux ordres reçus, de franchir la rivière et de pousser de nuit sans désemparer vers le Sud. Le S/Groupement reçoit l’appui d’une Cie du 9ème Zouaves avec laquelle il crée à 21 h une tête de pont : appuyés par des tirs d’artillerie et de mortiers et par les chars, les fantassins franchissent la destruction par surprise et sans pertes sur quelques poutrelles qui n’ont pas sauté. Ils occupent rapidement les boqueteaux aux abords Sud.
Mais à 22 h le Génie rend compte que le pont ne pourra permettre le passage des chars, les culées étant trop ébranlées.
Le Colonel de Douhet Commandant le Génie Divisionnaire vient se rendre compte sur place.

2 mai
Il faut en pleine nuit renoncer à la tête de pont acquise, tenter d’en créer une autre à Kennelbach avec l’appui d’un commando qui devra venir des environs de Lindau, déplacer le centre de gravité du Sous Groupement qui était axé sur Hard, prêt à déboucher.
Le commando arrive à Bregenz en camions à 2h25.
Le Commandant Delarue en prend le commandement, il dispose en outre de deux chars légers, de la section du Génie et de la patrouille du R.E.C. qui a déjà reconnu le pont et qui, dans la nuit opaque, lui sert de guide.
Le gros du Sous-Groupement fait demi-tour et "roque" vers l’Est pour stationner au Nord de Rieden en attendant que le passage lui soit livré.
A 3h30, le Commandant Delarue rend compte que la tête de pont de Kennelbach est réalisée, l’ennemi n’a pas opposé de réaction notable. Mais le pont est double et le Génie déclare qu’il faut 5 ou 6 heures de travail.
Au cours de la nuit les éléments jetés au Sud de la rivière sont inquiétés par quelques patrouilles ennemies.
Pertes : 1 blessé du 1er Escadron, 7 blessés du 9ème Zouaves
Prisonniers allemands : 27.
Au lever du jour, il commence à neiger.
Un peloton Medium et une section du R.M.L.E. sont envoyés en renfort au Commandant Delarue à 6h30.
A 8h30, un Lieutenant de Panzer venu de Dornbirn en patrouille avec 3 A.M. est surpris et fait prisonnier aux abords de la tête de pont de Kennelbach.
Il parle "en confiance" et donne des renseignements intéressants. A 9h30, le pont étant rétabli, le Commandant Delarue pousse sur Wolfurt le peloton Medium et la section du R.M.L.E. qui lui ont été donnés à l’aube.
Le P.C. et les détachements de Canchy et Forcade franchissent à leur tour la rivière.
Le premier est poussé sur la sortie Sud de Wolfurt, le second sur Lauterach.
Ces deux villages sont pris sans résistance. 32 prisonniers dont un S.S. s’ajoutent aux 23 faits à la tête de pont de Kennelbach.
Le Détachement de Canchy se porte sur l’axe principal : Lauterach - Dornbirn : le détachement Forcade est envoyé sue l’axe Est bordé par la montagne et jalonné par Wolfurt - Schwarzach : Raseltauten - flornbirn. Sur ce dernier itinéraire la progression sera très rapide et le détachement Forcade pénétrera dans Dornbirn un peu avant 15 heures. Le détachement de Canchy retardé par une barricade devant laquelle était d’ailleurs arrêtée la reconnaissance du 4e Spahis, y pénètre à 15h15.
La population nous fait un accueil enthousiaste et nous couvre de lilas. L’ancien drapeau Autrichien apparaît aux fenêtres se mêlant aux drapeaux blancs désormais habituels. La ville est en fête.
Cependant, le détachement de Canchy est poussé sur la route de Hohenems. A hauteur de ce bourg, la boucle du Rhin infléchi vers l’Est ne laisse qu’un passage de 2 km 500 entre le fleuve et la montagne. Une première résistance est rencontrée sur la coupure de l’usine à 2 km de Hohenems. Elle est assez rapidement liquidée par les chars en liaison avec le 4e Spahis. Plusieurs maisons qui avaient servi de nids de résistance sont en flammes.
Mais la prise de Hohenems sera dure. Les abords de la route ne permettent guère le déploiement des chars, les lisières du village, la montagne qui surplombe la route sont farcies de snippers qui nous causent des pertes.
Tandis que le Capitaine de Canchy progresse lentement à l’entrée Nord, le Capitaine Forcade est envoyé avec un peloton de chars légers et le commando de l’Escadron Bégouen en reconnaissance en direction de la boucle du Rhin et des abords ouest de Hohenems. Vers 18h45 il signale qu’il aperçoit des éléments ennemis se repliant vers le sud-sud-est en direction de la montagne. Il les prend sous ses feux en liaison avec une reconnaissance légère de Spahis qui se trouve près de lui. Approchant du village, il signale que celui-ci ne semble pas défendu à l’Ouest et demande la permission d’y pénétrer. Après préparation de la coordination de son mouvement avec celui du détachement de Canchy, il nettoie la partie centre-sud du village tandis que le détachement de Canchy achève le nettoyage de toute la partie nord. A 20h15 l’opération est terminée.
L’Escadron du 4e Spahis passe aux ordres du Lt. Colonel Robelin qui porte son P.C. à Hohenems à 20h35 et s’y installe défensivement. Une reconnaissance de l’Escadron Forcade trouve libre le carrefour d’Unterlobel mais la montagne surplombant immédiatement Hohenems n’est pas nettoyée. Un commando attendu à la tombée de la nuit pour contribuer à la défense du village n’arrivera que le lendemain matin.
Pertes : 2 tués du R.M.L.E.
2 blessés du 1er R.C.A.

3 mai
Stationnement à Rohenems, le personnel ayant le plus grand besoin de repos après deux jours et une nuit d’opérations ininterrompues.
Un détachement aux ordres du Lieutenant Bégouen avec son commando et une section du R.M.L.E. est envoyé. en mission spéciale au Schwartzenberg. Il ramène 11 prisonniers.
D’autre part, dans la montagne à l’est de Rankweil, à 1500 mètres d’altitude, des groupes ennemis sont signalés par un Polonais déporté que le T.C.1. bis vient de libérer. Us occuperaient un hôtel de montagne dans lequel ils se seraient organisés. Une petite opération est montée : c’est le Peloton de 57 de l’E.H.R. qui la conduira, aux ordres du Maréchal des Logis Suzeau.
Après une approche très pénible de 9 à 10 Kilomètres au cours de laquelle le détachement éprouve d’extrêmes difficultés (un pont notamment est rétabli par des paysans Autrichiens à la demande du Chef de Détachement), le point suspect est atteint.
Grâce aux dispositions prises par Suzeau qui, mène l’affaire avec une rapidité qui surprend et déconcerte l’adversaire et malgré la présence chez l’ennemi de nombreuses armes, le résultat est complet : 60 prisonniers dont 2 Officiers Supérieurs, une quarantaine d’armes automatiques et 3 mortiers légers capturés, tel est le bilan de ce coup de main.
Au cours d’une prise d’armes à Stuttgart le Général de Lattre de Tassigny commandant la 1ère Armée Française a remis dans la journée la croix de la Légion d’Honneur au Lieutenant de Roux.

4 mai
A partir de 11 heures, le S/Grpt. fait mouvement de Hohenems sur Altenstadt.
En raison des destructions, l’itinéraire est dévié par le sud de Kolbach. Le franchissement de la Dunie s’effectue à gué pour les véhicules chenillés, par un pont menant à la digue du Rhin pour les véhicules à roues. Ceux-ci suivent la rive jusqu’à Meiningen sous les regards curieux de nombreux Suisses venus en spectateurs sur la rive gauche du Rhin.
Peu après son arrivée à Altenstadt le S/Grpt. reçoit l’ordre de se porter à Feldkirch où il arrive à 14 h. A 17 h il fait à nouveau mouvement et monte à Bludenz par la vallée de l’Ill. Le nettoyage de cette ville, occupée sans grande difficulté en fin de matinée par le S/Groupement Lairnay s’achève quand arrivent les précurseurs du S/Grpt. précédés par ceux de la Division et du C.C. 5 qui stationnent dés le soir à Bludenz ainsi qu’un groupe d’artillerie et une partie de l’E.R.D.
Cependant des éléments de reconnaissance sont arrêtés par de l’infanterie ennemie et des canons de 20 à 2 km de la sortie Sud-Est et des éléments de S.S. assez nombreux sont signalés sur les pentes boisées de part et d’autre de la vallée.

5 mai
Le S/Grpt. stationne à Bludenz.
A 21 h un peloton de Médium et une section du R.M.L.E. sont poussés dans la région de Schruns-Tschagguns avec mission d’assurer la garde de cette zone.
Prisonniers : 15 dont 6 Lieutenants pris dans un Chalet au nord de Bludenz.

6 mai
Stationnement à Bludenz. A 10 h grand’messe. Le Général Commandant la 5e D.B. est au Chœur. Grosse affluence de la population.

7 mai
Cette journée sera celle de la cessation des hostilités. L’ordre téléphoné est reçu à 13h15.
Le matin un peloton de chars et un peloton d’A.M. aux ordres respectivement de l’Aspirant du Boullay et du Lieutenant de Monplanet sont envoyés à Langen, entrée du tunnel de l’Arlberg, par voie ferrée. Ils y resteront sur wagons en attendant que le passage soit libre pour se porter à St. Anton (Tyrol) à la sortie Est du tunnel.
Vers 18 h, un second peloton de chars (2 légers de l’E.M., 1 léger du 1er Escadron) part de la gare de Bludenz pour les rejoindre. A St. Anton sera réalisée la liaison avec le détachement de Castries du 3e Spahis arrivé là au terme d’un raid audacieux à pied à travers la montagne enneigée.
Toutefois le tunnel n'est pas encore déblayé à la tombée de la nuit. Le S/Grpt. est chargé à 18 h de récupérer le nombreux matériel auto abandonné par les Allemands près du tunnel et qui encombre la route du col de l’Arlberg.

8 mai
Les éléments à destination de St. Anton n’arrivent que vers 16 h, leur départ ayant été plusieurs fois retardé en gare de Langen.
A 19 h, le Capitaine Fayalde, Officier de renseignements, est désigné pour prendre le Commandement de ce détachement.

9 mai
Stationnement sans changement.
Le soir, arrive l’ordre de mouvement pour le lendemain ainsi que l’ordre de dissolution du Sous-Groupement.

10 mai
Le Régiment, récupérant tous ses Escadrons, fait mouvement de Bludenz sur la région de Riedhausen-Denkingen. 130 km.
Les éléments de St. Anton rejoindront par voie ferrée jusqu’à Bludenz, par la route ensuite. A 21 h l’installation nouvelle est réalisée.

Opérations du S/Groupement de Chalain

L’alerte est donnée le 31 Mars 1945 alors que les principaux éléments du S/Grpt. se trouvent en cantonnement à Eckbolsheim (4 km O. de Strasbourg).
L’ordre de départ est reçu le 1er Avril à 23 h.
Le mouvement doit avoir lieu le 2 Avril à 7 heures. Itinéraire Eckbolsheim - Strasbourg - Brumath - Haguenau - Soultz - Oberseebach (8 km S.E. de Wissembourg).




 


Opérations du S/Groupement Ribes

2 avril 1945
Le S/Grpt. fait mouvement conformément aux ordres. Les premiers éléments quittent Eckbolsheim à 7 h. les derniers à 8 h. L’arrivée à Oberseebach a lieu entre 11 h et midi.
Aucun incident notable pendant le mouvement. Toutefois de nombreuses crevaisons des pneus des jeeps sont signalées.
Installation de tout le S/Grpt. dans le village d’ Oberseebach.

3 avril
L’alerte est donnée à 2 h du matin et l’ordre de départ à 5 h. Le lieu de destination est Mutterstadt ; l’itinéraire Wissembourg et Spire. Mutterstadt est à 6 km S.O. de Ludwigshaten.
Le départ des éléments du S/Grpt. se fait de 6h30 à 6h45. La frontière allemande est franchie au Nord de Wissembourg entre 7 h et 7h30.
A l’arrivée à Mutterstadt, ordre est donné de faire une deuxième étape : Mutterstadt - Ludwigshafen - Mannheim - Schwetzingen - Walldorf.
Le départ a lieu vers 13 h.
Le Rhin est franchi entre 13 h et 14 h sur un pont de bateaux construit par le Génie américain.
Le S/Grpt. arrive vers 15h30 à Walldorf où il prend ses cantonnements.
A 17 h ordre est donné de se porter sur Kronau.
Le S/Gpt. refait mouvement sauf le 4e Escadron qui manque d’essence et dont 5 chars sont en panne par suite d’accidents de galets.
La section du 96e Génie a rejoint ce jour ; elle est commandée par le S/Lt Cassan.
Le peloton A.M. a rejoint également.

4 avril
A 5h40 l'Escadron rejoint le S/Grpt. et prend ses cantonnements à Kronau.
Un mouvement est prévu pour l’après midi sur l’axe : Kronau - Ubstadt - Sickingen - Boltingheim en direction générale de la vallée du Neckar. On croit que les Américains ont franchi le Neckar au Sud de Heilbronn où la bataille continue.
Les chars neufs perçus par le 4ème Escadron pour compléter son matériel sont restés bloqués à Strasbourg sur l’ordre du Général de Vernejoul en attendant l’ouverture du pont de Germersheirn.
Ordre est donné de faire le mouvement suivant : Kronau - Mingolsheim - Oesteringen - Eichtersheim - Michelfeld - Waldangelloch - Elchelberg.
Le mouvement s’effectue sans incident.
Le S/Grpt. prend ses cantonnements à Eichelberg.

5 avril
Le S/Grpt. détache à la disposition du 49e R.I. un peloton de chars du 4e Escadron (peloton Cascalês) pour soutenir l’attaque d’Eppingen (14 km S.E. d’Eichelberg).
Le peloton part à 4 h.
L’attaque a lieu à 5 h. Le village est pris à 9 h. Le Lt. Hay et L’Asp. Sobra ont accompagné l’attaque de l’Infanterie et fait à eux deux 21 prisonniers. Au cours de l’attaque le M.d.L. Pouilly est blessé gravement au bras. Il mourra des suites de ses blessures. Le peloton rejoindra le S/Grpt. à Grossgartach le lendemain à 13 h.
Le S/Grpt. qui en a reçu l’ordre dans la nuit fait mouvement sur Grossgartach par l’itinéraire suivant : Eichelsberg - Rilsbach - Riehen - Berwangen - Massenbach - Schluchtern - Grossgartach ; arrivée à 12 heures. Ordre est donné de monter une attaque sur Nordheim qui semble assez bien tenu par les Allemands. Départ 15 h. La crête boisée qui domine la route Grossgartach - Nordheim est occupée par les  Allemands. Il y a entre Grossgartach et Nordheim, 3 km jalonnés par 3 crêtes.
Eléments participant à l’attaque :
1) Le 4ème Escadron du 1er R.C.A.
2) Le peloton T.D. du 2ème Escadron du 11ème R.C.A.
3) Le peloton de chars légers du 1er R.C.A.
4) La 3ème Compagnie du R.M.L.E.
5) Une section des F.T.A. (H.T. à mitrailleuses quadruples).
L’attaque se fait suivant deux axes à l’Est de la route Grossgartach - Nordheim et parallèles à cette route.
En tête sur chaque axe un peloton de chars Medium. A droite peloton Mansuy. A gauche peloton Ferrera.
Le peloton Cascalès reçoit la mission de déborder Nordheim par l’Est.
Derrière et sur les chars, les Légionnaires commandés par le Capitaine Point. En soutien, les chars légers.
En D.C.A. les voitures F.T.A. qui protègent également le flanc Ouest de l’attaque.
Tirs d’artillerie : Un tir d’Artillerie est prévu sur les deux crêtes qui précèdent le village et sur différents points à la demande du Cap. de St. Germain.
Les barrages successifs dureront 5 minutes.
La ligne de départ se trouve sur la 2ème crête, à la côte 237. Là se trouve déjà un Escadron de chars américains qui restera sur place sans participer à l’opération.
Dès l’arrivée sur la ligne de départ les chars reçoivent un tir de minen qui fait quelques blessés dont le Lt. Cascalès atteint au bras et à la tête. Le Cdt. de Chalain est renversé par un minen sans une égratignure.
15 h : premier barrage d’artillerie, très faible.
La 3ème crête est atteinte après neutralisation de nids de bazookas. Un élément de chars du S/Grpt. Robelin aux ordres du Cne Davout appuie très efficacement l’action du S/Grpt. sur sa gauche, tuant de nombreux Allemands sur le plateau et faisant 70 prisonniers.
15h15, 2ème barrage sur les lisières, très faible.
Attaque du village par la face Nord et débordement par le Sud-Est. Toutes les maisons sont tenues par des fantassins ennemis disposant de grandes quantités de bazookas.
La défense ennemie est acharnée. Deux chars ennemis sont repérés sur les croupes S.E. du village. L’un d’eux est détruit par le M.d.L. Rouxelin avec le 76 de son char (C’est un Jagdtiger, canon de 128). Deux engins du même type seront retrouvés entre Nordheim et Lauffen abandonnés et incendiés par leurs équipages.
A 17 h le nettoyage s’achève.
A l’Ouest du village des nids de mitrailleuses tirent sur les isolés qui franchissent la crête de la côte 237. Les chars légers les détruisent.
Au cours de la journée, 250 prisonniers ont été faits ; trois Jagdtiger ont été détruits ainsi que de nombreuses armes légères et notamment une quantité considérable de bazookas.
Dans le village nous avons perdu 1 T.D. et 2 chars Médium détruits par bazookas, 1 char a été endommagé par l’éclatement d’un minen.
Pertes : tués : M.d.L. Chef Ledain 1er RC.A., Chr. Patricot 1er R.C.A., Chr. Cerros 1er R.C.A., B. Labat 11e Chass., Chr. Volung 11e Chass., Chr. Perrin 11e Chass.
Blessés : Lt. Cascalès, Chef Asnard, M.d.L. Pouilly, Br. Viviant, Chass. le Page, Merienne, Lacomme, Giraud, Manhaurat.
A 18 h. Une compagnie du 2e Bat. du 4e R.T.T. vient occuper le village et en assure la garde.
Le P.C. du S/Grpt. s’installe à Nordheim ou tout le S/Grpt. prend ses cantonnements.

6 avril
A 3 h une reconnaissance sur Nordhausen signale que le village est occupé.
Une attaque est décidée sur Nordhausen pour 11 h avec l’Escadron du 1er R.C.A. la 7e Cie du 2e Bat. du 4e R.T.T. et la section du Génie.
Le 1er barrage est déclenché à 11 h. Il est plus étoffé que ceux de la veille.
Une reconnaissance des Tirailleurs atteint les lisières du village à 11h30 après avoir reconnu le pont miné sur la route. Le village est vide.
Seul un peloton du 1er Escadron est envoyé pour l’occuper avec la 7e Cie. de Tirailleurs.
13 h. Le P.C. du S/Grpt. se porte à Nordhausen.
Une reconnaissance est envoyée sur Durrenzimmern. La route est minée. A la sortie de Nordheim un char saute puis une A.M. et 1 char M 8. (Obusier 75 du 1er R.E.C.). Le Génie est chargé de déminer la route : son Half-track saute. A 15 h Durrenzimmern est occupé sans combat. Le S/Grpt. s’y porte et y cantonne.
Une autre reconnaissance est partie à 13 h de Nordheim sur Lauffen.
Elle est composée de :
1) Un peloton du 4e Esc. du 1er R.C.A. (Asp. Mansuy)
2) Un peloton de chars légers du 1er R.C.A. (Asp. Boudy)
3) Une section du R.M.L.E.
4) Une Cie du 4e R.T.T.
La reconnaissance se heurte à une forte organisation ennemie sur la dernière crête avant Lauffen ; — Minen, mitrailleuses et bazookas.
Cette organisation était parfaitement camouflée.
2 chars sont détruits par bazookas.
La section de la Légion a 2 tués, 1 disparu et 8 blessés.
La Cie du 4e R.T.T. est décimée.
L’Aspirant Mansuy est blessé à l’omoplate et au bras. Son peloton compte 2 tués et 3 blessés.
A la nuit un peloton du 2e Escadron du 1er R.C.A. relève la reconnaissance sur ses positions.
Tués : Br. Chef Arbeletche, 1er R.C.A., Chass. Girard, 1er R.C.A.
Blessés : Asp. Mansuy, Chr. Lemarce, Poput, Graziano 4/1er RC.A., M.d.L. Lavignon 1/1er R.C.A.

7 avril
Le Cdt. de Chalain fait arrêter le maire et l’Adjoint de Durenzimmern qui ont fait l’objet d’une dénonciation précise de deux témoins. Il y a un mois ils ont martyrisé un parachutiste Français.
La mission du C.C. est de pousser plein Sud vers la coupure de l’Enz.
14 h. — Départ pour Brackenheim.
Reconnaissance des chars légers vers l’Est aux côtes 210 et 270. La reconnaissance rencontre sur la crête opposée du ravin une patrouille allemande qu’elle prend sous son feu.
Devant Binnigheim, le ravitaillement essence du TC 1. bis se trouve violemment pris à partie par un tir d’artillerie. Le G.M.C. "Rivière du Sud" est gravement atteint, son réservoir notamment est percé et l’essence menace de s’enflammer. Mais son chargement peut être sauvé, grâce au sang-froid exceptionnel de son conducteur, le Chasseur Liedo.
Nuit à Brackenheim.

8 avril
A 10 h le S/Grpt. fait mouvement sur Bonnigheim occupé la veille au soir par le S/Grpt. Laimay.
Le S/Grpt. prépare une attaque sur Erligheim mais le piper-cup annonce que ce village semble vide. Ce renseignement est confirmé par une reconnaissance.
11 h 30 — Le 4e Escadron marche sur Erligheim qui est occupé à 13 heures.
Le P.C. du S/Grpt. s’y porte aussitôt : son arrivée est saluée par un tir de minen au carrefour de l’entrée du village. L’Adj. Chef Ferrero est blessé.
Les cinéastes de l’Armée filment le P.C. du S/Grpt.
Le 4e Escadron pousse sur l’axe et atteint Lochgau.
Des amis sont signalés à l’ouest, à Reenenschofen.
Une compagnie du 4e R.T.T. s’installe à Erligheim.
Le S/Grpt. se porte à Lochgau. La colonne est mitraillée sur la route par un avion non identifié ; un conducteur de T.D. est tué.
Le 4e Escadron et les chars légers font des reconnaissances vers le Sud Ouest ; ils ne rencontrent que des tireurs isolés.
Il est trop tard pour tenter d’occuper Bietigheim à 6 km au Sud au confluent de la Metter et de l’Enz — L’opération est remise au lendemain.
1 H.T. des F.T.A. saute sur une mine : 3 blessés.
Le village est soumis à un bombardement d’artillerie et de mortiers. Des tirailleurs du 4e R.T.T. sont tués et blessés. Le Lieutenant Garnier du R.E.C. est blessé d’une balle qui lui traverse la poitrine.
Il mourra dans la nuit. Deux chasseurs sont blessés. Quelques prisonniers sont faits.
La nuit est plus calme.
Pertes : Tués : Lt. Garnier du 1er R.E.C., Un conducteur de T.D.
Blessés : Adj. Chef Ferrero du 4/1er R.C.A.
De nombreux tirailleurs du 4e R.T.T. ont été tués et blessés.

9 avril
A 8 h. le 4e Escadron part à l’attaque de Bietigheim avec la compagnie du R.M.L.E. et le 2e Bat. du 4e R.T.T. qui couvre le mouvement sur sa gauche le long de la vallée du Neckar et du Canal.
Sur la crête en avant du village un tir de 155 précède les chars.
Le Génie suit pour déminer la route et réparer les destructions. A 9h30 le 4e Escadron entre dans Bietigheim.
A 10 h le Génie demande une ambulance, ayant un tué et deux blessés.
Les Allemands déclenchent un tir violent sur les ponts de Bietigheim.
Grâce à la rapidité de sa progression, le Capitaine de Saint Germain prend un pont intact sur la Metter. Ce pont permet le passage des chars.
Le pont principal est détruit.
Grâce à une initiative courageuse et couronnée de succès de deux sections de la Compagnie du 4e R.T.T. commandées par le Lieutenant La garde, un pont sur l’Enz est pris endommagé mais encore utilisable par l’infanterie qui constitue aussitôt une tête de pont.
Dès l’entrée des chars dans le village, le P.C. du S/Grpt. s’y est porté. Cependant l’accès du village n’est possible que par la crête qui le domine au Nord et qui est soumise à des tirs intenses d’artillerie et de minen.
11 h. Installation du P.C. à Bietigheim.
Le village est en contrebas, dominé par des crêtes qui au Sud et à l’Est sont occupées par l’ennemi qui peut observer à moins de 1000 mètres tout ce qui se passe. Aussi le S/Grpt. est-il soumis à un violent bombardement de gros calibre qui durera tout la journée et une partie de la nuit.
En patrouille le long de la Metter, le Lieutenant Hay du 4e Escadron du 1er R.C.A. est tué par un tireur isolé. Nombreux tirailleurs et civils tués et blessés par le bombardement incessant.
La jeep du Commandant de Chalain est notamment à l’aller et au retour d’une liaison au P.C. du C.C. 5 prise à partie par l’artillerie sur plus d’un Kilomètre.
A 21 heures parvient un ordre de mouvement qui sera exécuté avant le lever du jour.
Nuit très agitée. Le bombardement reprend de plus belle à partir de 22 heures. Feu intense de mitrailleuses. Les Allemands ont réussi à installer des mitrailleuses lourdes à la lisière des bois qui dominent le village et balaient les rues de leurs rafales.
Il a été difficile de faire repérer les batteries qui tiraient et, sauf un tir de contre batterie assez lointain au pied de la cote 356, aucune protection d’artillerie n’est intervenue.
De même, un bombing demandé sur la cote 356, qui domine de 100 mètres toute la région, n’a pas été obtenu.
Des agents de renseignements ont été recueillis
1) Une femme Alsacienne
2) Un Allemand parachuté par les Américains
3) Des informateurs bénévoles dont les renseignements se recoupent.
Le 4e Escadron a reçu dans la journée 4 chars de remplacement.

10 avril
L’ordre de mouvement est donné pour 5 heures. 1er point de destination : entrée Sud de Erligheim. Le départ se fait au moment d’une accalmie dans le bombardement.
A Erligheim l’itinéraire suivant est donné :
Bonnigheim - Batenheîm - Zuberfeld - Leonbronn - Sternenfels - Diefenbach - Zarsensweihz- Schutzingen- Gundelbach.
Le S/Grpt. s’installe dans ses cantonnements à Gundelbach à partir de 10 heures.
Il y retrouve le S/Grpt. du Colonel Robelin. Après-midi repos et révision du matériel.

11 avril
Stationnement à Gundelbach.
A 10 h enterrement du Lt. Hay, du Br.-Chef Arbeletche et du Chasseur de 1ère classe Girard à Nordheim en présence du Colonel Robelin, du Cdt. de Chalain, du Cpt. de Saint-Germain et de nombreux Officiers, Sous/Officiers et hommes de troupe.
A noter que toute la population de Nordheim en vêtements de deuil a suivi la cérémonie religieuse et l’inhumation au cimetière du village.
Messe et absoute par le R.P. Elienne, aumônier du 1er R.C.A.
Le Capitaine MelIac est affecté à l’E.M. du S/Grpt.
Le Lt. Farcot rejoint le 4e Escadron.

12 avril
Stationnement à Gundelbach.
R.A.S.

13 avril
A 11 h alerte : départ possible avec préavis de 6 heures. A 14 h ordre de mouvement pour le 14 Avril au matin ; l’heure sera précisée ultérieurement.
Zone de stationnement prévue : 8 à 10 km Nord de Pforzheim.

14 avril
Le départ a lieu à 8 h.
Itinéraire : Gundelbach - Schulzingen - Illingen - Muhlacker - Otisheim - Dürrn - Koenigsbach - Wilferdingen - Mutschelbach.
Le S/Grpt. se répartit entre les 3 parties du village. Un ordre de mouvement arrive à 13 h.
Le mouvement se fait en fin d’après-midi. La route est embouteillée par le S/Grpt. Laimay.
Itinéraire : Langensteinbach - Ittersbach - Langenalb - Neusatz.
Le S/Grpt. prend ses cantonnements à Neusatz et dans le hameau voisin.
On s’attend à un départ dans la soirée ou la nuit.

15 avril
Pas d’ordres — Nuit calme.
Liaison Radio difficile avec le C.C. 5.
Ordre de départ reçu à 11 heures. Départ à 14 h.
Itinéraire : Dobel - Hofen - Wildbad.
De Hofen à Wildbad itinéraire dans une vallée étroite encombrée de destructions et dominée par des hauteurs boisées. A 16 h arrivée à Wildbad.
Ordre de continuer jusqu’à Enzklösterle dans la même vallée.
Arrivée à Enzklösterle vers 18 heures.
Les officiers dînent au P.C. du Colonel Mozat.
Ordre de se porter avec l’Infanterie à Simmersfeld.
Le 4e Escadron occupe le village à la nuit tombante.
Le P.C. du S/Grpt. s’y porte pendant la nuit et s’installe à la lueur des incendies qui durent depuis la prise du village par le S/Grpt. Laimay au début de l’après midi.
Ordre est donné de marcher sur Erzgrube et d’attaquer.
Les reconnaissances partiront dès l’aube le lendemain ; Deux itinéraires sont prévus. Le premier par la route de la vallée du Sud de Simmersfeld, le second par la route Sud-Ouest (Fuenfbronn, Gottelfingen, Schernbach). Finalement une seule reconnaissance est constituée sous les ordres du Lieutenant Gauthier du R.E.C. qui tentera de passer directement de Fuenfbronn à Gottelfingen par les pistes forestières et notamment de franchir transversalement les deux ravins au N.E. et au S.O. de Hochdorf.
Cette solution permet d’éviter les dangers des routes encaissées et de ne pas gêner la marche du S/Grpt. voisin.

16 avril
La reconnaissance part à 6 heures.
Le 4e Escadron suit et occupe le carrefour 771.
La nouvelle parvient de la prise de Gottelfingen par le S/Grpt. Robelin. Le S/Grpt. de Chalain doit dépasser le S/Grpt. Robelin et marcher sur Erzgrube.
Le 4e Escadron attaquera sur l’axe Gottelfingen - Schernbach - Erzgrube, accompagné de la Légion.
La reconnaissance contourne par la vallée la croupe de Gottelfingen pour atteindre Erzgrube sur l’autre rive de la Nagold.
Le P.C. du S/Grpt. se porte à Schernbach que les chars viennent de traverser. Un tir d’artillerie encadre aussitôt le P.C. installé dans une maison. Un obus éclate au-dessus de la porte, défonçant le pignon et blessant gravement le S/Lieutenant Maudret qui assurait la liaison avec l’artillerie. Le S/Lieutenant succombera à ses blessures.
La reconnaissance et le gros atteignent Erzgrube malgré de nombreux obstacles et des tirs d’infanterie et de minen. Le P.C. se porte sur les pentes au Nord d’Erzgrube puis à 18 h à Erzgrube.
Ordre est donné à 19 h de marcher sur Hallwangen. Il s’agit de traverser 8 km de forêt épaisse dont les routes sont coupées de barricades et d’abatis. Il faudra progresser de nuit.
Un bataillon du 151ème R.I. complété de F.F.I. de Paris doit nettoyer la forêt en progressant avec les chars.
Le débouché d’Erzgrube est difficile ; nos éléments se heurtent à une barricade et des abatis sous le feu de tireurs dissimulés dans les arbres. Quelques blessés à la Légion et au 151ème. La progression se poursuit toute la nuit à travers la forêt. Les éléments de tête débouchent à 2 h du matin à Hallwangen ; l’ennemi surpris abandonne presque sans combat les positions qu’il avait préparées. Un canon automoteur de 88. notamment, est sabordé précipitamment. Une escouade de gendarmes allemands ignorant que le village est occupé vient se faire prendre avec sa voiture.

17 avril
De bonne heure le P.C. se porte à Hallwangen et de S/Grpt. Il s’installe dans ses cantonnements avec des pointes à Dornstetten et sur la route d'Aach.
Le M.d.L. Bouchet est blessé par un obus près du P.C.
Journée calme. Repos et révision du matériel.
Vers 16 h le Général de Vernejoul vient apporter au S/Grpt. ses félicitations pour la traversée de la Forêt Noire. Il est extrêmement satisfait de la manière dont ses ordres ont été exécutés. Le Capitaine de Canchy appelé au commandement du 2e Escadron du 1er R.C.A. a quitté le S/Grpt. Le Lieutenant Cadet est affecté à l’Etat-Major du S/Grpt. et rejoint.

18 avril
A partir de 9 h. Le S/Grpt. doit être prêt à faire mouvement. Après la traversée de la Forêt Noire la Division fait face à l’Est et marche en direction de Tubingen.
Le C.C. 5 marche sur l’itinéraire suivant :
Hallwangen - Dornstetten - Schopfloch - Grunmettstetten - Altheim - Entingen est le premier bond.
Le S/Grpt. marche en réserve derrière la colonne.
Les éléments de tête ne rencontreront aucune résistance organisée jusqu’à Unterjesingen et le C.C. 5. effectue le bond suivant qui porte ses éléments avancés à Unterjesingen qui est conquis dans la première partie de la nuit.
Le S/Grpt. se porte à Wendelsheim par l’itinéraire suivant :
Eutingen - Ergenzingen - Seebronn - Wendelsheim. Il occupe le village pour la nuit.
Le S/Grpt. ne comporte que l’Escadron de chars réduit à 8 chars, le peloton de T.D. du Lt. de Lauvarene et la 3e Cie du R.M.L.E.

19 avril
A 8 h, ordre de porter le S/Grpt. par petits éléments à Unterjesingen qui a été nettoyé la veille par le S/Grpt. Robelin.
Installation à 9 h à Unterjesingen.
A 11 h ordre de porter le S/Grpt. sur la rive Sud du Neckar à Tubingen pour occuper les faubourgs Sud de cette ville.
Le S/Grpt. Robelin qui vient de prendre cette ville n’a pas assez de monde pour l’occuper.
A 13 h, les premiers éléments du S/Grpt. franchissent le Neckar et nettoient le faubourg Sud de Tubingen. Pas de résistance — quelques prisonniers. — Le peloton Sobra (4e Escadron) prend à partie un char ennemi sur la crête qui domine le faubourg au Sud.
Des centaines de prisonniers russes libérés affluent.
Le 4e Escadron et la Cie du R.M.L.E. se portent sur ordre, suivis du peloton Boudy (chars légers) et des Destroyers du Lt. de Lavarene, sur Derendingen.
En 24 h le S/Grpt. a franchi 50 km.
Il s’installe pour la nuit sur ses positions.

20 avril
L’ordre de mouvement parvient à l’aube. Le S/Grpt. doit être prêt à partir à 7 heures.
Départ à 10 h sur Mahringen.
Itinéraire : Sortie Est de Tubingen - Wankheim - Mahringen.
Le S/Grpt. prend ses cantonnements.
A 12h30 ordre de mouvement et d’attaque.
Le S/Grpt. doit prendre Betzingen, faubourg de Reutlingen, qui est occupé par l’ennemi et devant qui le R.E.C. est arrêté depuis 22 heures. Le 4e Escadron est réduit à 8 chars, la Cie de Légion à 80 combattants.
Un peloton de chars légers est adjoint au S/Grpt.
L’attaque débouche à 16 h sur la ligne de crêtes qui domine à l’Ouest la ville.
Le S/Grpt.. est accueilli par des feux d’armes automatiques ; il doit nettoyer les crêtes vallonnées qui le séparent des premières maisons.
Les Allemands s’enfuient vers le Nord-Est et sont mitraillés à quelques centaines de mètres ; ils laissent de nombreux cadavres sur le terrain. Les prisonniers commencent à affluer.
L’attaque atteint les premières maisons de la ville. Un mouvement en tenailles est effectué au Sud et au Nord. Les Allemands se défendent plus énergiquement. Les chars tirent au canon. Des barricades sont démolies.
A 17 h la ville est occupée.
Une reconnaissance signale que la ville de Reutlingen située à 3 km à l’Est semble peu défendue. Cependant des renseignements du jour même signalent des casernes occupées par des troupes.
Le Capitaine de Saint-Germain insiste pour que l’assaut soit donné à la ville immédiatement. Mais les ordres sont formels : Betzingen ne doit pas être dépassé.
Le Cdt. de Chalain demande au Colonel Mozat l’ordre d’attaquer et des renforts d’infanterie pour occuper la ville qui est importante (50 000 habitants environ).
L’ordre est donné et le S/Grpt. se lance à l’attaque de la ville avec ses 8 chars et ses 80 Légionnaires.
Des tireurs et des bazookistes dans les maisons résistent opiniâtrement. L’attaque réduit de nombreux nids de résistance.
A la nuit la ville était contrôlée par deux points d’appui installés par le 4e Escadron et la Cie du R.M.L.E. aux deux carrefours principaux.
Il subsiste des îlots de résistance dont l’activité redoublera avec la nuit. Les voitures isolées et des patrouilles essuient des rafales de mitraillettes.
Le Medecin Lieutenant Levy et le Colonel de Douhel Cdt. le Génie de la Division sont cernés dans une usine et n’arriveront à se dégager qu’à 21h30.
Le P.C. du S/Grpt. est installé à Betzingen.
Les prisonniers ne cessent d’affluer.
3 Compagnies du Bataillon de Choc de la 1ère Brigade sont venues occuper et nettoyer la ville. La nuit arrête le nettoyage qui doit être repris à l’aube.
Le S/Grpt. a fait une centaine de prisonniers dont 3 Officiers. Une centaine d’ennemis ont été blessés ou tués. Nombreuses armes détruites. — 3 blessés de notre côté.

21 avril
L’aube est marquée par une contre-attaque ennemie forte d’une compagnie qui débouche des quartiers de la vieille ville et attaque le point d’appui près de la gare : elle est guidée vers les chars par des civils.
Deux chars sont bazookés, des Légionnaires et des Chasseurs sont blessés et tués. Repoussée une première fois, elle revient une seconde fois avec moins de mordant et est définitivement repoussée. L’officier qui la commandait est fait prisonnier.
Le Commandant de Chalain, Commandant d’armes, prend ses dispositions pour assurer l’ordre et la sécurité de la ville. Il convoque le Bourgmestre.
On retrouve à l’entrée de la ville la voiture criblée de balles du Médecin-Capitaine du Bataillon de Choc. Le Médecin a disparu. Deux Légionnaires pris par la contre-attaque rejoignent la Cie après avoir tué leurs gardiens.
A 11 h le Colonel Mozat vient apporter ses ordres.
Le S/Grpt. se regroupe à Betzingen où il est en réserve de C.C. prêt à appuyer le Bataillon de Choc qui le relève.
Des renseignements recoupés font craindre une contre-attaque pour la nuit. Nuit calme.

22 avril
Le C.C. 5 est mis à la disposition de la 2e D.LM. dont la mission générale est d’atteindre le Danube.
Le S/Grpt. doit être prêt à faire mouvement à 14 h.
Après midi d’attente. Finalement le mouvement n’aura lieu que le lendemain. Le S/Grpt. est en réserve. Nuit calme. Au cours d’un ravitaillement, en fin de nuit, dans la région Nord de Tubingen, les Chasseurs Bally et da Cosla du T.C. 1 surprennent un petit groupe ennemi. Après un bref engagement, ils font plusieurs prisonniers.

23 avril
Départ à 8 h pour Bronnweiler par Ohmenhausen.
Ordre de mouvement reçu à 17 h pour Undingen.
Départ à 18 heures.
Itinéraire : Gonningen - Genkingen - Undingen.
Quelques obus au passage de la colonne à l’entrée d’Undingen.
Cantonnement de nuit à Undingen.
Quelques tirs d’artillerie aux lisières du village pendant la nuit.

24 avril
Le S/Grpt. comprenant le 4ème Escadron du 1er R.C.A., la 3ème Cie du 1er Bat. du R.M.L.E., les T.D. du 2/11e R.C.A., le 1er peloton du 1er Escadron du 1er R.C.A., une section du 96ème Génie et 1 batterie d’artillerie est mis à la disposition du Colonel Miquel Cdt. le R.E.C.
La mission du Colonel Miquel est de se porter sur Sigmaringen le plus rapidement possible par l’axe Erpfingen - Trochtelfingen - Harthausen - Feldhausen - Inneringen - Bingen.
A Sigmaringen la liaison doit être faite avec le S/Grpt. du Colonel Robelin et la 1ère D.B.
Erpfingen ayant été occupé la veille, le S/Grpt. s’y porte tandis que le R.E.C. lance des reconnaissance sur l’axe (8 h).
A 9 h il est ordonné au S/Grpt. de monter une attaque sur Trochtelfingen.
Après des tirs de l’artillerie sur les contre pentes qui dominent à l’Ouest le village, l’attaque débouche sur le plateau.
Une seule réaction ennemie : Tirs de mitrailleuses lourdes à l’entrée du village par des ennemis occupant les bois au Nord Est. Un tir nourri de mortiers, canons et mitrailleuses en vient instantanément à bout.
Nettoyage du bourg — quelques prisonniers.
A 14 h ordre de mouvement pour soutenir les reconnaissances du R.E.C. qui progressent rapidement sur l’axe.
Le R.E.C. et le S/Grpt. foncent et couvrent 30 km en deux heures. Bingen est atteint très vite,
Après quelques ordres contradictoires, il est prescrit de stationner à Bingen.
Nuit à Bingen.

25 avril
Ordre de mouvement reçu à 7 heures.
Départ à 9 h pour Messkirch par Sigmaringen - Laiz - Inzigkofen - Vilsingen - Rohrdorf.
Le pont sur le Danube étant sauté, le S/Grpt. fait un détour à travers champs.
Installation à Messkirch où les prisonniers Français avaient pris en mains la police de la ville.
Ordre de départ parvenu à 23 h ; le S/Grpt. doit se diriger sur Stockach pour y couper la route aux troupes allemandes venant de l’Ouest. Le mouvement s’effectue dans des conditions normales : commencé à 0 h il s’achève à 2 h du matin.

26 avril
Journée entièrement passée dans le cantonnement de Stockach.
Le Cdt. du S/Grpt. y organise le plan de défense et arrête les mesures propres à contrôler les voies par lesquelles les troupes allemandes tenteraient de traverser nos positions. Il dispose à cet effet des unités composant le S/Grpt. et, en outre, d’un Bataillon de la Brigade de Choc (Cdt. Viol) et d’un bataillon de la marine.
Dans le courant de l’après midi, un coup de main est monté sur les fermes qui se trouvent dans les bois au Sud-Est de Stockach. Des indicateurs avaient affirmé qu’un Général Allemand s’y était réfugié avec quelques S.S. et soldats polonais. Une section de la 3/1 R.M.L.E., le peloton de chars légers, une section de la marine participent à l’opération sous les ordres du Capitaine Point. A 18 h. une dizaine d’Allemands suspects, dont un préfet, sont seuls ramenés au P.C. Ils sont remis entre les mains du Capitaine de Vaisseau Cdt. d’armes de la ville. Un dépôt d’armes ainsi qu’un poste radio émetteur sont, en outre, trouvés dans cette région.

27 avril
Le Général Cdt. le 1er C.A. et le Colonel Cdt. le C.C. 5, venus au P.C. à 11 h, donnent au S/Grpt. une nouvelle mission dans le but de participer à la résorption de la poche ennemie constituée à l’Ouest de nos positions actuelles.
Cette mission de nettoyage s’effectue en deux temps :
1°) Région de Singen : parti à 13h30 de Stockach, le S/Grpt. se dirige sans rencontrer aucune résistance sur Radolfzell situé sur le "Zeller See" : puis sur Singen où il parvient à 16 h
2°) Poche de Gottmadingen : à 18 h le S/Grpt. précédé de son Escadron de reconnaissance (Capitaine Denardou) du 18e R.E.C. atteint Gottmadingen à 19 h. — Des reconnaissances sont envoyées à Randegg et à Geilingen : aucune unité constituée ne se révèle ; par contre de nombreux isolés, en civil, tentent de gagner la frontière suisse.
Nombreux prisonniers.
Des mesures de précaution sont prises pour la nuit.
Des renseignements recueillis, il résulterait que des éléments ennemis se trouveraient dans les bois situés au Sud de Bohlingen - Bankholzen, protégés par une casemate-observatoire qui existerait entre Wablingen et Uberlingen : Le C.C. 5 en est averti par message radio.

28 avril
Matinée employée à continuer le nettoyage de la poche de Gottmadingen.
A 13 h, le S/Grpt. reçoit ordre de faire mouvement sur Nesselwangen. Le Colonel Cdt. le C.C. 5 décide de laisser dans la poche de Gottmadingen certains éléments du S/Grpt. (2 sections de la 3/1 R.M.L.E. et le peloton de chars légers sous le commandement du Lt. Rivier du R.M.L.E.) pour capturer les derniers isolés ennemis qui tentent de gagner la frontière suisse.
Les autres éléments du S/Grpt. quittent Gottmadingen à 15 h. Ils traversent successivement Singen - Bohringen - Radolfzell - Stahringen - Wahlwies - Stockach - Winterspuren - Bondorf et parviennent à Nesselwangen à 17 h. Le cantonnement dans ce dernier village s’avérant trop étroit pour l’ensemble des unités du St Grpt. celui-ci installe un de ses éléments à Billafingen.
Prisonniers : à Gottmadingen : 100, à Espasingen : 8
Pertes : Néant

29 avril
A 12h30 le S/Grpt. reçoit l’ordre de se mettre en marche en direction de Uberlingen et de Friedrichshafen, suivant un autre S/Grpt. du C.C. 5 (le S/Grpt. BOB.) dans sa progression sur cet axe.
Après 3 haltes à Uberlingen, à Uhldingen et à Stetten, le S/Grpt. est chargé d’envoyer une reconnaissance légère sur Ittendorf, pour faciliter l’action du S/Grpt. Laimay qui tente se s’emparer de Markdorf en venant de Bermatingen. Cette reconnaissance légère, composée d’un peloton de chars légers et d’une section d’infanterie du R.M.L.E. rejoint le gros du S/Grpt., sa mission terminée.

30 avril
Alerté depuis 9 h, le S/Grpt. reçoit l’ordre de se diriger sur Lindau. Parti à 9h30 de Friedrichshafen, après s’être arrêté à Langenargen, il parvient à 11 h à Aeschach, en face de la presqu'île de Lindau où il réalise la liaison avec le C.C. 4 arrivant de Wangen.
Il s’y installe, détachant un élément léger dans la presqu’île de Lindau (1ère section de la 3ème Cie du R.M.L.E.).
A 17 h, le Colonel Cdt. le C.C. 5 donne ordre au Cdt. du S/Grpt. d’envoyer 2 chars protéger la construction d’un pont à Laibach. L’Aspirant Boudy assure cette mission avec 2 chars légers de son peloton ; il rentrera à Aeschbach, lorsque ce pont sera terminé, le lendemain vers 10 h.

1er mai
Journée passée à Aeschbach.
Entretien et réparations urgentes du matériel.

2 mai
Alerté à 13 h, le S/Grpt. se met en route à 16 heures. Quittant Aeschbach, il traverse successivement Bregenz, Lauterbach, Dombirn et s’installe à 21 h à Lustenau.
C’est le premier cantonnement en Autriche.

3 mai
Le S/Grpt. quitte Lustenau à 12 h et s’engage sur la route qui mène à Gotzis. Il atteint cette localité à 13h30 après qu’une barricade élevée au carrefour 1 Km Nord de Gotzis, ait été enlevée par le Génie. Aucune résistance armée ne s’est produite.
Le S/Grpt. aborde l’agglomération formée par les 4 villages de Klaus - Weiler - Rothis et Suiz par deux itinéraires :
1°) la route directe, celle qui longe la montagne (peloton de chars légers, 1 section R.M.L.E. et 1 commando qui vient d’être mis à la disposition du S/Grpt.),
2°) la route de l’Ouest qui déborde Klaus et rejoint le 1er itinéraire à Weiler.
Le 1er élément est arrêté rapidement par une barricade ; il rejoindra par la suite le 2e élément en empruntant le second itinéraire. Le second élément, en atteignant Weiler, éclate dans la direction Sud et la direction Nord : il nettoie ainsi Klaus et Weiler d’une part, Rothis et Suiz d’autre part ; il se regroupe pour passer la rivière Fratz, mais trouve le pont sauté ; les autres ponts étant eux mêmes sautés, deux passages à gué sont reconnus ; l’un en face de Suiz demandera un travail important : afin d’aller vite il est abandonné pour l’instant et laissé sous la garde d’un peloton de chars moyens et d’une section du R.M.L.E. qui protègeront le travail du Génie ; l’autre, établi à 1500 mètres en aval, permet le passage immédiat de tous les autres éléments du S/Grpt.
Ceux-ci s’installent à 19h30 à Rankweil, qui a été abandonné par l’ennemi.

4 mai
Le S/Grpt. reçoit à 9 h l’ordre de s’emparer de Satteins et de s’éclairer en direction de Thuringen. Il est, pour cette mission, renforcé par un Escadron de reconnaissance du R.E.C. et la section du Génie du S/Grpt. Robelin.
A 9h00, un élément comprenant le peloton de chars légers, 1 section R.M.L.E. et 1 section du Génie se dirige vers Satteins. Il se trouve à la sortie de Rankweil en face d’un bloc en béton barrant la route ; il le contourne, après avoir fait sauter la barricade qui prolongeait le bloc. Il continue sa route et se trouve devant une seconde barricade. Il l’enlève et atteint Satteins et Peitz. Le reste du S/Grpt. rejoint son élément avancé à Satteins à 12 h.
Le Cdt. du S/Grpt. envoie alors l’Escadron de reconnaissance reconnaître Thuringen sur les deux axes possibles : rapidement l’Escadron atteint Thuringen où l’ensemble du S/Grpt. le rejoint et s’installe pour la nuit devant l’impossibilité de traverser la rivière Lutz, le pont étant coupé.
Le S/Grpt. est passé, en début d’après midi, sous les ordres du Lt.-Colonel Turnier, Cdt. le 4e R.S.M., qui est placé à la tête d’un Groupement comprenant :
1 — le 4e RSM
2 — le S/Grpt. de Chalain
3 — Un bataillon de Commando
Prisonniers : 100 environ
Pertes : néant.

5, 6, 7, 8 mai 1945
Stationnement du S/Grpt. à Thuringen.
Par ordre du Colonel Cdt., le C.C. 5, reçu le 8 mai, le S/Grpt. est dissous et les différentes unités le composant repassent sous les ordres de leurs Chefs de Corps respectifs.

Opérations du S/Groupement Laimay

2 avril 45
Le S/Grpt. est alerté à 10 heures et reçoit l’ordre de faire mouvement à 14 heures en direction de Schleithal. Arrivée à Schleithal à 16 heures 30.
A l’arrivée : dix chars en état ; quatre en panne pour galets et un pour moteur.
Les quatre chars en panne de galets rejoindront dans la nuit.

3 avril
Le S/Grpt. reçoit l’ordre de faire mouvement en direction de Mutterstadt à 7 heures 15. Départ 7 heures 45. Passage à la frontière allemande 8 heures 30. A Friedenach, à 12 heures 45, ordre de changer de direction et de passer le Rhin à Mannheim en direction de Brühl. Passage du Rhin à 14 heures 01. Arrivée à Brühl à 16 heures. Ordre de se porter à Hockenheim. Arrivée à Hockenheim à 16 heures 30.

4 avril
Départ d’Hockenheim à 6 heures 15. Le sous-groupement reçoit l’ordre de se porter Sinsheim en formation de combat. Arrivée à Sinsheim sans incident. A 10 heures 30 ordre de se porter à Adelshofen. Arrivée à 11 heures 30. Départ à 16 heures 30.
Venant d’Adelshofen, l’escadron arrive à Stebbach à 17 heures 30, où il reçoit un tir d’artillerie assez fourni qui se prolonge toute la nuit.
Mission du sous-groupement : Prendre Stetten le plus tôt possible. Le Chef de Bataillon commandant le sous-groupement décide d’attaquer Stetten en partant des lisières sud de Gemmingen. La route Stebbach - Stetten étant minée l’attaque ne peut avoir lieu le 4 au soir ; aucune reconnaissance n’est possible pour la même raison.

5 avril
L’attaque est décidée pour le 5.
Eléments d’attaque : escadron de chars moyens ; deux sections de la 2e Compagnie du R.M.L.E. ; une compagnie du 49e R.I. (qui doit prononcer en même temps une attaque en partant de Stebbach et profiter de l’appui des chars).
Le Capitaine commandant l’escadron de chars décide d’attaquer en longeant la route Gemmingen - Stetten à l’Ouest.
Deux pelotons de chars en premier échelon : Barret à gauche ; Calmels à droite.
Un peloton de soutien : (aux ordres du M.d.L.-Chef Guyot) au milieu duquel marche le Capitaine.
Les 2 sections (Lt. Henry et Adj.-Chef Havlick) sont transportées sur les chars de l’échelon d’attaque.
Le peloton de T.D. placé en soutien sur la route au Nord de Gemmingen subit un bombardement. L’Aspirant Martin est blessé.
Le peloton de gauche est de base. Sa gauche doit longer la route Gemmingen - Stetten. La partie nord de Stetten doit être nettoyée par le peloton Barret, la partie sud par le peloton Calmels.
Heure H. pour la compagnie d’infanterie : 6 heures 15.
Les chars doivent déboucher à 6 heures 25 derrière la côte 244. Une méprise à l’arrivée à Gemmingen tenu par les Américains, fait que des coups de mitraillette sont échangés entre un char et les Américains qui occupent Gemmingen. Les deux chars de tête dont celui du Capitaine avaient été accueillis peu avant l’arrivée à Gemmingen par un tir de mitrailleuse. Incident réglé sans pertes de part et d’autre.
La mise en place de l’escadron de chars est retardée par cet incident et par le fait qu’aucune reconnaissance n’avait pu être faite. Le débouché des chars à lieu à 6 heures 40. Progression normale, sans incident jusqu’au Sonnenberg. Au passage au Sonnenberg nos éléments sont accueillis par un tir d’artillerie très dense. Les chars abordent les lisières de Stetten à 7 heures 30.
Nettoyage du village terminé pour 8 heures 15.
La mise en défense de Stetten est rapidement réalisée.
Un peloton de chars et un élément d’infanterie à chacune des sorties Sud-Est et Nord du village ; une patrouille du peloton Nord va à 8 heure 30 reconnaître la gare et se replie sur ordre après avoir constaté qu’elle était inoccupée.
Petite contre-attaque allemande en direction de la côte 265 (1 km sud-est de Stetten) facilement repoussée par le tir des canons des chars et mitrailleuses d’infanterie.
A partir de 7 heures 30 le village est constamment et fortement bombardé par minen et artillerie.
Pertes : Un chef de peloton : M.d.L.-Chef Guyot, tué dans son char par artillerie au cours de l’attaque.
Blessés : Lieutenant Calmels à 9 heures 30 par minen, évacué. Brigadier Houbart blessé par minen, évacué.
Matériel : Char Gascogne sauté sur mine. (Boggie arraché.) Char Gamin, chenille coupée, barbotin endommagé par artillerie à 10 heures 30.
Matériel ennemi capturé : Une batterie de campagne.
100 prisonniers environ.
Il reste à l’escadron 11 chars disponibles groupés en deux pelotons aux ordres de l’Aspirant Barret et du M.d.L.-Chef Grosjean.
Le sous-groupement est relevé par un bataillon du 49e R.I., à 12 heures 45. Départ de l’escadron de Stetten sous un violent tir d’artillerie et regroupement à Gemmingen. Arrivée à 17 heures.
Incidents : Char Grand-Ferré en panne pour bielle coulée ; laissé à Gemmingen.
Le Half-Track Gironde en panne d’embrayage sera remorqué.
Reste disponible le 5 au soir : 10 chars.

6 avril
Le S/Grpt. reçoit l’ordre de faire mouvement en direction de Schwaigern à 9 heures 30. Départ à 10 heures 30 ; arrivée à Schwaigern à 11 heures 30.
Incidents : Char Gai-Luron en panne d’allumage à Gemmingen. Half-Track de dépannage en panne d’embrayage, rejoint péniblement.
Ordre de mouvement sur Nordheim reçu à 14 heures 30. Départ 14 heures 40. Arrivée à Nordheim à 15 heures.
Ordre de mouvement sur Nordhausen reçu à 19 heures 30.
Ordre de mouvement sur Hausen reçu à 20 heures. Départ à 20 heures 15. Arrivée à Hausen à 20 heures 30. A l’arrivée, la reconnaissance du 1er R.E.C. rend compte que la village de Meimsheim est libre. Le Chef de Bataillon commandant le sous-groupement décide d’y porter le sous-groupement en formation de combat. Le nettoyage par la 2e compagnie du R.M.L.E. sous la protection des chars est terminé à 22 heures.
Tirs de minen et d’artillerie assez fournis pendant la nuit.
Incidents : Matériel : Aucune perte. Reste 9 chars disponibles.
Personnel : R.A.S.

7 avril
L’escadron reçoit à 24 heures l’ordre d’attaquer Bonnigheim. Il disposera pour cette opération de deux sections de la 2e compagnie du R.M.L.E. Le peloton de chars légers est mis également aux ordres du Capitaine Cdt l’escadron. L’heure H est fixée à 6 heures 15. Le Capitaine commandant décide d’attaquer parallèlement à la route Meimsheim - Bonnigheim et à l’Ouest de cette route. Le peloton de tête aux ordres de l’Aspirant Barret comprend 5 chars. Le peloton de soutien aux ordres de M.d.L.-Chef Grosjean comprend trois chars. Le Capitaine marchera au début avec le peloton de soutien.
Réveil à 5 heures. A 5 heures 30 on apprend que les deux ponts qui devaient être rétablis dans la nuit ne l’ont pas encore été. Pendant qu’on les rétablit, la route vers Bonnigheim est déminée jusqu’à la côte 211 pour permettre le passage des chars. Les ponts sont rétablis à 11 heures 40. Le débouché des chars derrière la côte 211 a lieu à 11 heures 50 sans marquer de temps d’arrêt. Terrain légèrement ondulé ; flanc gauche couvert par la ligne assez touffue d’arbres sur le bord de la route Meimsheim - Bonnigheim. Progression normale sans incident jusqu’à 200 mètres du village. Là, dans un fossé que la carte n’indiquait pas, trois chars tombent en panne de terrain dont les deux chars des chefs de peloton. Un passage est trouvé à 300 mètres à l’Ouest et le village est abordé par la face Nord-Ouest, le Capitaine commandant directement les chars restants. Assez grande confusion pendant le nettoyage du village par suite de l’absence des deux chefs de peloton, dont un, l’Aspirant Barret a cependant poursuivi le combat à pied. Le peloton de chars légers du Lt. de la Ferté, entrant dans le village à la suite des chars moyens, participe au nettoyage qui est terminé à 13 heures 15. 100 prisonniers environ sont faits. Installation défensive réalisée face au Sud, à l’Est et à l’Ouest. Le commandant du sous-groupement arrive à 15 heures 15. Bombardement continuel du village par artillerie et minen. Deux automoteurs sont repérés à 16 heures 30 en plein Est du village à 1400 mètres environ. Vers 17 heures le M.d.L. Monpied est blessé mortellement. Les chasseurs Krief, Revereau, Larios sont blessés. Larios est évacué.
Matériel : Un char (Guynemer), endommagé par artillerie (Train de roulement).
Un char indisponible pour embrayage (Guadeloupe).
Reste disponible à 22 heures : 7 chars.
Matériel ennemi capturé : une batterie de campagne. A 22 heures, l’escadron est mis en alerte, des chars Allemands étant signalés
s’approchant du village. L’alerte cesse à 23 heures 30. Le Lieutenant de Salins rejoint l’escadron à 18 heures (retour de Rouffach).

8 avril
Le 8 au matin, les tirs d’artillerie sur Bonnigheim ont cessé. L’escadron reçoit l’ordre à 13 heures de se porter sur Hohenstein qui a été reconnu libre d’ennemis. La mission du sous-groupement est de s’emparer de Kirchheim. Une patrouille d’infanterie est envoyée à 15 heures d’Hohenstein sur Kirchheim accompagnée d’une équipe de déminage du génie. La patrouille est arrêtée dans les premières maisons de Kirchheim par des tirs violents d’armes automatiques et individuelles. L’escadron reçoit l’ordre de s’emparer de Kirchheim avec l’aide de la 2e Compagnie du R.M.L.E. Le Capitaine décide de n’employer qu’un peloton tant que le déminage de la route ne sera pas terminé.
A 16 heures 15. cernée dans une maison, la patrouille de la 2ème Cie du R.M.L.E. doit se défendre à la grenade.
A 16 heures 25, le peloton du Lt. de Salins aborde les lisières S.E. de Kirchheim, pendant que le peloton du S/Lt..Barret, utilisant la route déminée, dégage la patrouille de Légionnaires ; le Capitaine progresse avec le peloton. Le nettoyage est terminé pour 17 heures. Violente réaction de l’artillerie depuis 16 heures 30 sur les lisières Nord et Ouest du village. A 18 heures 30 le Commandant du sous-groupement vient annoncer que l’escadron sera relevé de Kirchheim par la 1ère compagnie du 49e R.I.
La mise en défense du village a été réalisée par :
1 peloton et une section d’infanterie au Nord.
1 peloton et une section d’infanterie à l’Est.
1 peloton de T.D. et 1 section d’infanterie face au Sud.
La compagnie du 49e R.I. arrive à 19 heures 45. La relève est terminée à 20 heures 15. L’escadron est de retour à Bonnigheim à 21 heures.

9 avril
Stationnement à Bonnigheim. Le char Guyane réparé rejoint l’escadron.
 
10 avril
Le S/Grpt. fait mouvement de Bonnigheim sur Schutzingen par Guglingen et Sternenfels. Départ à 8 heures 55. Arrivée à 13 heures 15. Un franchissement de gué difficile a retardé le mouvement.

11 avril
Stationnement à Schutzingen.

12 avril
Stationnement à Schutzingen.

13 avril
A 22 heures, le S/Grpt. reçoit l’ordre de faire mouvement. Il doit se portes à Dietlingen dans la matinée du 14 avril.

14 avril
Départ de Schutzingen à 6 heures 30 et arrivée à Dietlingen à 10 heures. Incident : char Guérande en panne de moteur à Schutzingen. A 12 heures 30, le S/Grpt. est alerté ; départ à 15 heures en direction de Dobel. Le S/Grpt. dispose du peloton de reconnaissance du Lt. Barbey Boi du 1er R.E.C. qui progresse en tête, avec le peloton de chars légers du Lt. de la Ferté. Arrivée à Dobel à17 heures. Le sous-groupement reste alerté et doit se rendre à Sprollenhaus. Arrivée à 23 heures. Progression dans la Forêt Noire de nuit sans incident.

15 avril
0 heure. Arrivée des ordres pour la journée du 15 avril. Le S/Grpt doit se porter à Enzklösterle. Même dispositif que le 14. Départ de Sprollenhaus à 8 heures. A 8 heures 30 stationnement sur la route entre Enzklösterle et Simmersfeld. Le P.C. est bombardé par l’artillerie. A 9 heures 45 le peloton de Salins reçoit l’ordre de se porter à 1500 mètres à l’ouest d’ Oberweiler, le peloton Barret à 1500 mètres au nord d’Entzklösterle.
A 12 heures 45 l’escadron reçoit l’ordre d’occuper Simmersfeld qui est tenu par l’ennemi. Tir d’artillerie prévu de 13 heures 30 à 13 heures 45. L’escadron attaque à 13 heures 43. Le village est nettoyé et occupé à 14 heures 40.
A 16 heures 45 le peloton du R.E.C. étant entré à Funfbronn sans résistance, le peloton Barret est envoyé dans ce village pour renforcer la défense.
A 18 heures 45 le peloton Barret et le R.E.C. occupent le village de Hochdorf.
Un blessé léger évacué : (Chr. Thami).
A 19 heures 30 l’escadron reçoit l’ordre de se porter de Simmersfeld à Funfbronn où il arrive à 19 heures 50.

16 avril
A 6 heures 10, le S/Grpt. reçoit l’ordre de se porter sur Freudenstadt. Départ 7 heures. Même formation que le 15. L’escadron arrive à Hochdorf dans la journée.
A 18 heures 40 l’escadron fait mouvement de Hochdorf pour s’emparer de Kalberbronn avec l’appui du 151e Régiment d’Infanterie. A Erzgrube, le Capitaine apprend que le village de Kalberbronn est abordé par le peloton du R.E.C. du sous-groupement.
Le Capitaine se rend à pied à Kalberbronn pendant que l’escadron dégage les abatis sur la route Erzgrube - Kalberbronn. L’escadron arrive à 22 heures 15 et cantonne la nuit à Kalberbronn.
A 22 heures 30, le peloton de Salins reçoit pour mission, de tenir le carrefour situé à 2 km au sud de Kalberbronn et y passe la nuit. Le M.d.L. Baillet malade est évacué.

17 avril
A 5 heures 30 l’escadron est alerté et doit être prêt à partir à 6 heures 30.
Le peloton de Salins avec une compagnie de Légion est à la disposition directe de l’avant-garde.
A 9 heures 30 le S/Grpt. doit se porter à Wittlensweiler où il arrive à 10 heures 45 après quelques difficultés de terrain. A 12 heures l’escadron retrouve le Chasseur Pierre qui avait été porté disparu à Gambsheim le 7 janvier et qui, fait prisonnier par les Allemands, vient d’être délivré par l’avance de l’escadron.
A 15 heures, le S/Grpt. fait mouvement sur Untermusbach pour y cantonner. Il y arrive à 15 heures 40.

18 avril
A 7heures 30 le S/Grpt. est alerté. Il doit se tenir prêt à partir à 9 heures. Départ 11 heures 15. Direction générale : Tübingen. A l’arrivée à Weggental, dispositions de combat pour entrer dans Rottenburg. A 17 heures l’escadron double la colonne. et entre dans le bourg accompagné de l’infanterie. Au cours du nettoyage le Brigadier-Chef Dumur est blessé par une balle explosive et évacué.
Une mitrailleuse lourde se révèle et est neutralisée par le char du Chef Bizet. Nombreux tirs de snippers.
Pas de perte de matériel. Situation calme à partir de 20 heures.

19 avril
Réveil à 6 heures 30. L’escadron est chargé de nettoyer à fond un secteur de la ville.
A 13 heures 30 le S/Grpt. reçoit l’ordre de se porter à Kusterdingen où il arrive à 18 heures 30. L’Aspirant Barret est évacué (malade).

20 avril
A 8 heures 30 le S/Grpt. fait mouvement et arrive à Kirchentellinsfurt à 9 heures 15. Il cantonne la nuit dans ce village.

21 avril
Le S/Grpt. doit se tenir prêt à faire mouvement en fin de matinée. Départ à 17 heures 30. Arrivée à Mittelstadt à 18 heures.
Le char Gérardmer il réparé rejoint l’escadron.
A 22 heures, le peloton Dumond est envoyé à Offerdingen pour renforcer la défense du village. A 23 heures le S/Grpt. reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir le 22 à 8 heures.

22 avril
L’escadron reçoit l’ordre de faire mouvement à 7 heures et se porte sur Ohmenhausen. Une fois ce village atteint, il se porte à Gonningen où il arrive à 14 heures. Tir d’artillerie ennemi sur le village. (Le Chasseur Delaporle légèrement blessé n’est pas évacué.) Le peloton Lacroix est envoyé à 15 heures en direction de Genkingen pour appuyer la progression du 151e R.I. qui progresse de part et d’autre de la route. La protection immédiate des chars est assurée par la section du Lt. Henry, du R.M.L.E. Nombreuses barricades défendues par des "Panzerfausten" et des tireurs d’élite. Route de montagne en corniche que les chars ne peuvent quitter. A bout de munitions, le peloton Lacroix est relevé à 18 heures par le peloton de Salins avec qui progresse le Capitaine. Cet élément est arrêté par une forte excavation qui barre la route. L’escadron est pris à partie par une pièce d’artillerie qui tire à vue et par des snippers. Le M.d.L. Deleporte, blessé, est évacué. Le Lieutenant de Salins est blessé également mais n’est pas évacué. A 23 heures l’escadron retourne sur ordre à Gonningen pour y cantonner la nuit.

23 avril
Le Capitaine Cdt  l’escadron est convoqué au P.C. du S/Grpt. à 5 heures L’escadron reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir pour 6 heures 30. La circulation a été rétablie dans la nuit par le génie et l’escadron doit reprendre le village de Genkingen qui est réoccupé par l’ennemi après avoir été pris par le 151e R.I. A 6 heures 30 le peloton de Salins part en tête suivi par le peloton Dumond et le Capitaine. Le village est repris et nettoyé à 7 heures 45 par l’escadron et la Compagnie du R.M.L.E. Nombreux morts et prisonniers du côté ennemi. Le village est en grande partie démoli.
A 9 heures 10 le peloton de Salins part sur Undingen pour nettoyer et occuper le village. Le reste de l’escadron rejoint à 11 heures. A 17 heures 15 l’escadron est alerté et doit se tenir prêt à partir.
A 18 heures 20 le peloton de Salins, en tête, part en direction de Erpfingen où des chars sont signalés. A 18 heures 30 le peloton Dumond et le Capitaine rejoignent le peloton de Salins le village est nettoyé et occupé à 19 heures 35 et l’escadron y cantonne.

24 avril
Le S/Grpt. s’installe en défensive.
Réveil : 7 heures. Nettoyage à fond de toutes les armes.
A 15 heures le S/Grpt. fait mouvement et se porte sur Veringenstadt où il arrive à 19 heures 30.

25 avril
Stationnement à Veringenstadt. Le char Gai-Luron III rejoint. Le Capitaine Cdt l’escadron décide de former un troisième peloton sous les ordres de l’adjudant-chef Lacroix.
A 23 heures 30 le S/Grpt. est alerté et doit être prêt à partir à minuit.
Des forces ennemies importantes refluant de la Forêt Noire sont signalées par le C.C. 6 dans la région de Manerheim. Il s’agit de parer à cette menace sur nos arrières et de leur barrer la route.

26 avril
A 11 heures, le S/Grpt. reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir à 13 heures.
Le Lieutenant de Salins prend le commandement d’un détachement composé de 1 peloton de chars moyens, 1 peloton de chars légers, 1 section de Légion, 1 élément du Service de Santé. Il doit se rendre à Raithaslach avec mission de surveillance en direction de Engen. Le reste de l’escadron fait mouvement avec le gros du sous-groupement et se rend à Eudorf où il arrive à 14 heures 45. Il y cantonne la nuit.
Le M.d.L. Reviron est évacué, souffrant de son ancienne blessure.

27 avril
L’escadron est alerté à 3 heures 30. Le Capitaine se rend au P.C. du S/Grpt.; des bruits de moteurs (probablement des chars) sont signalés vers le sud d’Eudorf. A 4 heures 30 l’alerte est terminée, mais une garde vigilante est assurée.
A 14 heures 15 le Lnt. de Salins fait mouvement avec son détachement et se rend à Tengendorf pour y passer la nuit.
Les pelotons Dumond et Lacroix progressent sur des axes différents et se rendent à Waterdingen où ils arrivent dans l’ordre à 19 heures 30 et 20 heures 30 ; ils se placent en défensive, le peloton Dumond face à l’Ouest, le peloton Lacroix face au N.E. L’ensemble du S/Grpt. cantonne la nuit dans la localité.
L’Aspirant Barret, sortant de l’hôpital, rejoint l’escadron à Waterdingen.

28 avril
Le peloton Lacroix a fait trois prisonniers dans la nuit. A 13 heures l’ordre de mouvement arrive: le S/Grpt. doit se porter de Waterdingen sur Owingen. Départ : 13 heures 30. Arrivée à la localité : 16 heures 30. Cantonnement.

29 avril
Le sous-groupement doit faire mouvement à partir de 8 heures 30 pour se porter à Friedrichshafen.
La colonne arrive à Bermatingen. Elle est arrêtée par un fort tir de minen. Le Capitaine Cdt l’escadron est chargé de la prise de Markdorf ; il se porte à l’observatoire de l’artillerie et décide d’attaquer la localité par le Sud de la route dans le dispositif suivant :
En tête, le peloton de Salins, puis le çhar du Capitaine suivi du peloton Lacroix. Le Bourgmestre de Markdorf se présente et affirme au Capitaine que le village est évacué par l’ennemi. Le Capitaine se porte à Markdorf et le village est occupé à 18 heures.
A 18 heures 30, l’escadron reçoit l’ordre de se porter à Friedrichshalen où il arrive à 20 heures 30. Il y cantonne la nuit.

30 avril
A 12 heures 15, ordre de se porter à Nonnenborn. Arrivée à 13 heures 30.
Le char Guérande rejoint. Le char Grenedan reste en panne.

1er mai 1945
Stationnement à Nonnenhorn. R.A.S.

2 mai
L’aspirant Barret prend le commandement du 3e peloton. L’Adjudant-Chef Lacroix rejoint le 1er peloton.
A 9 heures l'escadron est alerté. il doit être prêt à faire mouvement à 12 heures. A 13 heures 30 l’escadron part pour se rendre à Schwartzach, traverse la frontière Autrichienne à 16 heures 20, atteint la localité à 18 heures 15 et y cantonne. Le peloton Barret est poussé à 19 heures sur Dornbirn pour participer à la défense.

3 mai
Le S/Grpt. fait mouvement pour se porter en direction de Altach. Le peloton Barret rejoint le gros du sous-groupement au passage à Dornbirn. Le S/Grpt. se porte à Feldlkich où il arrive à 17 heures après un passage difficile dans un torrent. Le char du Brigadier-Chef Berthe reste en panne, le char Gaulois rejoint l’escadron, de même que le M.d.L. Reviron.

4 mai
A 7 heures le sous-groupement doit se porter de Feldkirch à Frastantz. Il part à 11 heures 45. Le peloton Dumond est en tête. L’escadron arrive à Bludenz et part en direction de Rings. Une forte résistance se dévoile à Rings et le peloton Dumond est engagé avec la section de Légion du Lnt Henry. La progression étant très difficile dans cette vallée encaissée, la Brigade de choc du Lt.Colonel Gambiez et un peloton du 4e R.S.M. viendront épauler le S/Grpt, le Lnt Colonel Gambiez prenant le commandement de l’ensemble. Un train blindé réalisé sur les instructions du Général Cnt la 5ème D.B. appuiera l’action du Groupement. Très nombreux tireurs d’élite et "Panzerfausten ". Le char Guérande est bazooké. Le peloton Dumond détruit deux mitrailleuses de 20 mm puis doit se replier à la tombée de la nuit. L’escadron cantonne à la sortie Est de Bludenz.
A 21 heures, le peloton de Salins se porte à Erngelin et en assure la défense. La nuit se passe sans incidents.

5 mai
A 6 heures 30, l’ennemi ayant évacué Rings au cours de la nuit, l’escadron part en tête de la colonne. Il est arrêté par un pont coupé à l’est d’Innerbraz et est pris à partie par des mitrailleuses de 20 mm et des tireurs d’élite. Le M.d.L. Arnal est tué :
Le Capitaine est chargé d’aller chercher un parlementaire qui se présente en première ligne. L’escadron stationne à Innerbraz et y cantonne la nuit. Le M.d.L. Reviron rejoint l’escadron.

6 mai
Stationnement à Innerbraz, les ponts étant coupés à l'avant.

7 mai
A 7 heures 30 sur ordre du Lt.-Colonel Gambiez, le peloton de Salins part en direction de Dallas. Il se rend à Klosterlé où il cantonne. Le reste de l’escadron reste à Innerbraz.
A 13 heures le S/Grpt. apprend par une note de service la cessation des hostilités depuis 1 heure 41.
Texte de la note : C.C. 5 à tous :
" Après entente entre Gouvernements Français et Alliés fin des hostilités en Allemagne le 7 à 1 heure 41. Toute action offensive sera immédiatement arrêtée. Stop. Seules continuent actions d’occupation."
Note du S/Grpt. Laimay :
"Le feu ne doit être ouvert que contre éléments ennemis cherchant à quitter emplacements sur lesquels ils devraient attendre l’arrivée de nos troupes pour être faits prisonniers ou se livrant à des actes d’hostilité caractérisés."

8 mai
L’escadron reçoit l’ordre de faire mouvement pour se rendre à Wald où il cantonne.
A 17 heures le Commandant Laimay envoie un ordre du jour au sous-groupement en remerciant tous les officiers, sous-officiers et hommes de troupe du 1er R.C.A.
A 18 heures 15 le sous-groupement est dissous et l’escadron passe sous les ordres du Lt-Colonel Robelin. Sans changement au point de vue stationnement.

9 mai
Stationnement à Wald.

10 mai
L’escadron reçoit l’ordre de faire mouvement pour se rendre à Genkingen où il ira en deux étapes.  1ère étape Wald - Hohenems ; départ de Wald 6 heures 30. stationnement avant Bludenz de 8 heures à 11 heures 30 et arrivée à 14 heures 15 à Hohenems.
Incident : Un pont s’est écroulé sous un char, aucun dégât matériel ; le reste des chars a pu rejoindre la colonne à 9 heures.

11 mai
L’escadron fait mouvement. Départ de Hohenems à 8 heures. Arrivée à Fleischwangen à 17 heures.
 

    ORDRE DE BATAILLE

 

PELOTON HORS RANG  
M 4 A4 06 420243 RENARD Adj-c BARBANTON  
M 4 A ?
    RENARD II BC FLICHINGER
M 4 A4 
    REGNAULT  
M 4 A4 
08   REDOUTE  
M 4 A4     RENAUDOT  
1er ESCADRON :  
M 5 A1 A1   BOUVINES Cne COUVREUX
M 5 A1 A2   BALAKLAVA  
1er PELOTON :
M 5 A1 1   BREST Lt FORCADE
M 5 A1 2   BETHUNE MdL AVIGNON
M 5 A1 3   BIZERTE BC DESOTEUX
M 5 A1  4   BELFORT  
M 5 A1 5   BOULOGNE MdLC ROPRAZ
2ème PELOTON :     Lt la FERTE
M 5 A1
6   BRETAGNE Lt de la FERTE
M 5 A1 7   BOURGOGNE MdLC MAITRE
M 5 A1 8   BEARN MdLC EUGENE
M 5 A1
9   BIGORRE MdL MAURIN
M 5 A1 10   BERRY MdL CADIOUX
3ème PELOTON :  Asp du BOULLAY
M 5 A1 11   BAYARD Lt du BOULLAY
M 5 A1 12   BERTHIER  
M 5 A1 13   BUGEAUD MdL LOUTOVINOFF
M 5 A1 14   BOURNAZEL MdLC DELAVRE
M 5 A1 15   BOUGAINVILLE MdL ROPRAZ
2ème ESCADRON :  
M 4 A4 B1   FRANCE Cne DAVOUT D'AUERSTADT
M 4 A4 B2 420189 FLAMBEAU – LE GROGNARD MdL GADENNE
1er PELOTON :
M 4 A4 21 420221 FORT DE FRANCE
Lt GUERNER
M 4 A4 22 420224 FORT DAUPHIN MdLC FORGET
M 4 A4 23 420222 FORT BAYARD MdL de BARRY
M 4 A4
24 420223 FORT NATIONAL MdL MOULET
M 4 A4     FORT NATIONAL II  
M 4 A4
    FORT NATIONAL III  
M 4 A4 25 420225 FORT L'EMPEREUR MdL KAUPT
2ème PELOTON :
M 4 A4 26   FRIEDLAND Lt DUTHIL
M 4 A4 27
  FONTENOY MdLC BOUVARD
M 4 A4 28   FORNOUE Asp GIRARD
M 4 A4 29   FLANDRES MdLC BOTTERO
M 4 A4 30   FLEURUS MdL GUEDON
3ème PELOTON :
M 4 A4 31   FOCH Asp RABILLER
M 4 A4 32   FOUCAULT MdLC DELARUE
M 4 A4 33   FAYOLE MdL PITOU
M 4 A4 34   FRANCHET-D’ESPEREY MdL CLAISSE
M 4 A4 35   FAIDHERBE MdL de VILLENEUVE
Panther G     KAYSERSBERG  
3ème ESCADRON :  
M 4 A4 C1   GALLIENI Cne Le JARIEL   puis LEFEVRE
M 4 A4 C2   GALLIFET MdL BERRIER
1er PELOTON
M 4 A4 41   GRAND FERRE Lt de SALINS
M 4 A4 42   GERNEDAN MdL du BOIS-GUEHENNEUC
M 4 A4 43
  GRAMONT Mdl GUITON
M 4 A4 44   GOURAUD MdL BAYLAC
M 4 A4 45   GUYNEMER MdL DELEPORTE
M 4 A4     GUYNEMER III  
2ème PELOTON
M 4 A4 46   GAILLAC  (GAI LURON) Lt CALMELS
M 4 A? 46   GAI LURON II Lt CALMELS
M 4 A1 76mm 46   GAI LURON III  
M 4 A4 47   GUERANDE        (GALOPIN)
MdLC DAVID †
M 4 A1 47   GALOPIN II  
M 4 A4 48   GERGOVIE  (GAULOIS)
MdL ROYER †
M 4 A1 48   GAULOIS II  
M 4 A4 49   GERARDMER    (GAMIN)
MdL GROSJEAN
M 4 A1 49   GAMIN II  
M 4 A4 50   GRENOBLE  (GARNEMENT)
MdL REVIRON
M 4 A4 50   GARNEMENT II  
3ème PELOTON :   Asp BARRET
M 4 A4 51   GUADELOUPE Lt d’ESPAIGNE
M 4 A1 51   GUADELOUPE II Lt d'ESPAIGNE
M 4 A4 52   GUYANE MdLC GUYOT
M 4 A4 53   GABON MdLC LACOTTE
M 4 A4 53   GABON II MdLC LACOTTE
M 4 A4 54   GASCOGNE MdL KOSLOWSKI
M 4 A4 55   GUINEE MdL BERRIER
4ème ESCADRON :  
M 4 A4 D1   ETENDART Cne GAILLARD DE SAINT GERMAIN
M 4 A4 D2   ESCAUT  
1er PELOTON :
M 4 A4 61   ETIENNE Lt CASCALES
M 4 A4 62   EBLE MdL TEXIDOR
M 4 A4
63   EPERNON  
M 4 A4 64   EFFIAT MdL ROUXELLIN
M 4 A4 65   EIFFEL  
2ème PELOTON
M 4 A4 66   ENGHIEN Lt FARCO
M 4 A4
67   ESTAING MdLC CLARISSE
M 4 A4 68   ESPAGNE  
M 4 A4 69   ENTRECASTEAUX MdL SUZANNE
M 4 A4 70   ENTRAYGUES MdLC CHALVERAT
3ème PELOTON
M 4 A4 71   EYLAU Lt VALETTE
M 4 A4 72   ESSLING MdLC ASNARD
M 4 A4 73   ERFURT MdL DROUIN
M 4 A4
74   ELCHINGEN MdL AURAIX
M 4 A4 75   ECKMUHL
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