JOURNAL DES MARCHES ET OPERATIONS DU

36e BATAILLON DE CHAR DE COMBAT

Source SHD - Retranscrit de l'original par Marie-Claude Toubin

 


1ère PARTIE : L'ATTENTE

5 septembre 1939 :
Constitution du 36e Bataillon de Chars de Combat le 5 septembre 1939 par le C.M. 506 à Besançon. Le procès verbal de formation est daté du 5 septembre 1939 à 9h.
Le cadre officier comprend 7 officiers d'active provenant de l'Ecole des Chars à Versailles et 19 officiers de réserve. Un certain nombre de sous officiers et chasseurs proviennent également de l'E.C.C. et antérieurement de tous les régiments de chars, donc de recrutement les plus divers.
Alsaciens et Francs-Comtois garnissent le reste des effectifs. Plusieurs gardes républicains sont affectés comme chefs de demi-section dans les Compagnies de combat.

Tableau des officiers du Bataillon

 

ETAT-MAJOR           

Chef de Bataillon ROUSSELOT (A)
Capitaine WANKEBROUCQ (R)
Lieutenant LAFILLE (R)
Lieutenant TAILLENS Paul (R)
S/Lieutenant GAIRE (A)
Médecin-Lieutenant PELISSIER (R)

CIE D'ECHELON           

Capitaine COUDERC (A)
Lieutenant POU DUBOIS (R)
Lieutenant BESLAY (R)
S/Lieutenant CASSAIGNE (A)
Lieutenant DELPRAT (R)

1ère COMPAGNIE        

Capitaine BRUNEAU (A)
S/Lieutenant ZINDY (R)
Lieutenant DREYFUS (R)
Lieutenant TAILLENS Henri (R)
Adjudant-chef JUNON (A)

2e COMPAGNIE         

Capitaine LEHOUX (A)
Lieutenant LANDEAU (R)
Lieutenant DESPATIN (R)
Lieutenant THEVENAU (R)
Adjudant-chef TESSIER (A)

3e COMPAGNIE           

Capitaine BARUE (R)
Lieuenant DE THOISY (R)
Lieutenant CANDER (R)
Lieutenant SCHELLER (A)
Adjudant-chef LAVERGNE (A)

 

au 15 septembre 1939 :
Période d'équipement du bataillon

16 septembre 1939 :
Le bataillon quitte St Ferjeux les 16 et 17 septembre pour se rendre à Mortzwiller, 10 km Sud de Thann. Il exécute son mouvement partie par voie ferrée, partie par voie de terre. La colonne sur route arrive sans incident notable à Mortzwiller à 14h30. Les cantonnements et les emplacements des parcs à chars sont reconnus par le chef de bataillon et par l'Officier de Renseignements. Le PC du Bataillon est en cours d'installation immédiate à Mortzwiller (Ecole). A 16h passent le Général DELESTRAINT et le Colonel DUFRASNE commandant respectivement les chars de la VIIIe Armée et le GBC 516.
A 18h les mesures de garde étant prises, les parcs installés et les cantonnements aménagés, les hommes prennent leur repas. Une pluie persistante n'a pas entraîné l'exécution des diverses phases d'actions prévues pour ce jour.
L'itinéraire du point de débarquement des chars à leur parc est reconnu à 18h par un officier de l'EM du Bataillon. Les accès et les parcs présentent toutes les garanties de viabilité et de camouflage requises.
Le 36e BCC appartient aux chars de la VIIIe Armée.

17 septembre 1939 :
Le débarquement des 2 trains amenant le matériel des chars s'effectue correctement en gare de SENTHEIM. Les chars gagnent les emplacements reconnus et sont immédiatement camouflés. Dans la nuit du 17 au 18 septembre le matériel roulant de la Compagnie d'Echelon, débarqué à CERNAY arrive au cantonnement. Des consignes strictes sont données par le Chef de Bataillon en ce qui concerne le camouflage de tous les véhicules et du personnel ainsi que pour le contrôle de la circulation automobile nocturne.
Le Capitaine BRUNEAU de la 1ère Compagnie est muté au 28e Bataillon.

18 septembre 1939 :
Le cantonnement s'organise ainsi que le ravitaillement à la gare de THANN pour les vivres, aux abattoirs de CERNAY pour la viande. Le premier contact avec l'intendance manque d'aménité, mais les choses s'arrangent. A 14h le Chef de Bataillon réunit les Commandants de Compagnies pour mise au point de diverses questions et notamment pour le contrôle strict de la consommation d'essence.

19 septembre 1939 :
Le cantonnement s'organise. A 14h, une réunion des Commandants de Compagnie a lieu au PC du Bataillon pour la mise au point des mesures propres à assurer un ravitaillement régulier et une distribution rationnelle des vivres. Des mesures de DCA sont prises : tranchées creusées par le Bataillon et ordre donné à la population civile de camoufler absolument toute lumière. Les postes de garde placés aux issues refoulent toute voiture ou piéton circulant dans des conditions irrégulières. L'officier de renseignements prend contact avec les unités voisines et notamment avec le GBC 506.

20 septembre 1939 :
Reconnaissance des emplacements favorables à l'installation de postes de DCA.
Le Capitaine NEBUT se présente au Chef de Bataillon (Permutation avec le Capitaine BRUNEAU). Le capitaine NEBUT, venant du 28e Bataillon prend le commandement de la 1/36.

21 septembre 1939 :
Entretien des chars. Installation des postes de DCA à contre pente 200 m Sud de Soppe le Haut.

22 septembre 1939 :
Reconnaissance de zones d'action dans la région d'Altkirch par le Chef de Bataillon et le Capitaine Adjoint.

23 septembre 1939 :
RAS

24/30 septembre 1939 :
RAS. Entretien de matériel et conduite

1-2-3 octobre 1939 :
Reconnaissance de terrain - instruction de la Troupe.

20 octobre 1939 :
A 10h30, le Bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement sur BRUNSTATT- ZIMMERSHEIM - ESCHENTZWILLER - HABSHEIM (région Sud et Sud Est de MULHOUSE). Le Bataillon fait mouvement au crépuscule avec ses éléments sur roues. Le matériel transporté par voie ferrée l'est en deux trains.

Le 20 octobre à 18h et le 21 à 21h30 en gare de SENTHEIM, le débarquement a lieu en gare d'HABSHEIM, de nuit. Aucun incident. Les liaisons s'établissent entre les divers cantonnements dès le 22. Une visite médicale est passée dans les divers cantonnements le 22 à partir de 14h.

22 octobre 1939 :
Par ordre n° 850 (CCS) du Général DELESTRAINT, Commandant les chars de la VIIIe Armée, le 36e BCC est mis à la disposition du 7e CA et fait partie du GBC 506 sous les ordres du Lieutenant Colonel HUDRY. Le PC du GBC 506 est établi à THANN-BITSCHWILLER : Usine SCHEURER-LAUTH - Maison Prévot.
Les liaisons à établir entre le Bataillon et le GBC 506 sont précisées par une note de service du Lieutenant Colonel HUDRY.

23-24 octobre 1939 :
RAS

25 octobre 1939 :
La 2e Compagnie (Cap LEHOUX) cantonnée à ZIMMERSHEIM fait mouvement le 25 octobre au matin pour se rendre à l'Ecluse 43 : Fabrique abandonnée à 2 km Est de SAUSHEIM. Le mouvement s'effectue sans difficultés : 12 km sur chenilles.

26-30 octobre 1939 :
RAS

31 octobre 1939 :
Sur Ordre n° 521/EP du Général KELLER, Inspecteur des Chars, sont mutés du 36e BCC au dépôt 511 pour constitution d'un Bataillon B en formation : Lieutenant SCHELLER - Adjudant LEVASSEUR - Sergent LOISEAU.

1-6 novembre 1939 :
RAS

7 novembre 1939 :
Le Chasseur LE DROGUENE François n° 261 de la Compagnie d'Echelon du 36e BCC décède à l'hôpital militaire de MULHOUSE à 20h45 des suites d'une angine de poitrine, le 7 novembre 1939.

8 novembre 1939 :
A 19h, le Chef de Bataillon reçoit par téléphone ordre du Lieutenant colonel Commandant le GBC 506, de se tenir prêt à un état d'alerte. A 21 h l'ordre d'alerte est confirmé. Ordre est transmis aux Cies de prendre toutes mesures pour un départ dans les 6 heures. A 23h15 l'exercice d'alerte est terminé sur ordre du Lieutenant Colonel. Les comptes rendus des ordres donnés sont demandés aux Commandants de Compagnie pour le 9 novembre à 9h.

9-16 novembre 1939 :
RAS

17 novembre 1939 :
Par ordre de mutation n° 12 du GQG (Inspection des Chars et Commandement des réserves générales des chars de combat) en date du 13 novembre 1939, le Lieutenant GAIRE du 36e BCC est muté à l'Etat-Major des chars de la 1ère Armée. Il est mis en route dans la journée du 17 novembre. Le Lieutenant LAFILLE prend le poste d'officier de Renseignements et assure en outre le service des détails.

Novembre - décembre 1939 :
Les jours se succèdent sans apporter aucun changement notable dans la situation militaire. Les unités du Bataillon perfectionnent leur instruction. Un effort vivant est entrepris pour procurer aux hommes les meilleures conditions de vie physique et morale. L'inaction imposée aux troupes par la forme de la guerre rend nécessaire des mesures propres à distraire les hommes en dehors du travail quotidien.
Des foyers de soldats sont créés dans toutes les Compagnies et des représentations théâtrales de réelles valeur sont données par tous les éléments du Bataillon. Une communion d'âme remarquable se manifeste lors de ces réunions entre la population Alsacienne et l'Armée.
Les conditions d'entretien du matériel parqué dans la forêt de Hardt deviennent particulièrement pénibles à partir du 25 décembre. La température en pleine forêt oscille chaque jour autour de -20°.
Toutes les mesures destinées à la protection du matériel sont prescrites par le Chef de Bataillon.

25 janvier 1940 :
Le lieutenant GAY et l'aspirant SIMONET sont mutés du dépôt 506 au 36e BCC.

28 janvier 1940 :
Par ordre n° 4095 FT (Etat-Major) le Capitaine mécanicien COUDERC commandant la Compagnie d'Echelon/36 est muté à l'Etat-Major de la 2e Division Cuirassée. Il rejoint son poste le 28 janvier.

29/30 janvier 1940 :
RAS

31 janvier 1940 :
Le Lieutenant SONREL est muté du dépôt 506 au 36e BCC. Il est affecté à l'Etat-Major du Bataillon.

2 février 1940 :
Le Lieutenant GIRARDOT est affecté au 36e BCC par DM n° 401 BI en date du 13 janvier. Vérification faite, cet officier est réellement affecté au 17e BCC.

3 février 1940 :
Le Lieutenant CLERIVE du dépôt 506 est muté au 36e BCC. Il se présente le 3 février et rejoint la 1ère Compagnie.

5 février 1940 :
Le Lieutenant BARBEROUSSE est muté de l'école des Chars au 36e BCC. Il se présente au Bataillon le 5 au soir et il est affecté au service des détails. Le Lieutenant LAFILLE prend le service des Renseignements.

20 février 1940 :
Le Capitaine LEHOUX commandant la 2e Compagnie est muté au Bataillon de Chars n° 37 en remplacement du Capitaine OBE. (Ordre 965/3P de l'inspection des Chars de Combat).

21 février au 9 mars 1940 :
Le Capitaine TORTAIT est muté du dépôt de Chars 506 au 36e BCC. Il se présente au Chef de Bataillon le 9 mars et prend le commandement de la Compagnie d'Echelon.

18 mars 1940 :
Le Capitaine PINAULT est muté du dépôt 506 au 36e Bataillon par ordre n° 2154/BT du 3 mars 1940. Il se présente au Chef de Bataillon le 18 mars 1940 et prend le commandement du Bataillon pendant la permission du Commandant ROUSSELOT. Il demeure ensuite en surnombre à l'Etat-Major du Bataillon.

18-28 mars 1940 :
Le Capitaine MERCIER chef d'Etat-Major du groupe de Bataillon de Chars n° 515 arrive au 36e BCC le 28 mars 1940 par ordre de mutation n° 79 n° 1503/3P. Inspection des Chars de Combat en date du 11 mars. Il prend le commandement de la 2e Compagnie.

29 mars au 15 avril 1940 :
RAS

16 avril 1940 :
A 11h30 les officiers du Bataillon sont présentés au Colonel DULUC qui prend le commandement des chars de la VIIIe Armée, en remplacement du Général DELESTRAINT appelé à l'inspection des chars. Le Colonel félicite le Chef de Bataillon et les officiers pour leur excellente présentation. Dans une brève allocution, le Colonel DULUC précise qu'une unité qui se tient bien est une unité qui combat bien.
Il incite chacun à orienter des conceptions et ses recherches sur les problèmes posés par les nouveaux matériels que le Bataillon serait appelé à toucher, et vers la recherche particulière des moyens de protection contre les mines.

17 avril 1940 :
RAS

18 avril 1940 :
Par ordre de mutation n° 99 en date du 15 avril 1940, le Capitaine PINAULT est muté du 36e BCC au 16e BCC où il prendra le commandement de la 2e Compagnie. Il sera mis en route le 20 avril 1940.
En exécution de la note n° 10 612 I/NE du 15 avril, du général Commandant en Chef sur le Front NE, le Capitaine NEBUT est mis en route comme officier instructeur sur le dépôt 511.
L'Aspirant CHARNAL, venant du dépôt 506 est affecté au 36e BCC. Il se présente au Commandant du Bataillon et est affecté à la 1ère Compagnie à la date du 18 avril 1940.

23 avril 1940 :
Un exercice de franchissement d'obstacles (fossés et abatis d'arbres) a lieu par des chars 35 R du 16e BCC et des chars FT du 36e BCC. Les chars 35 R, porte-fascines se jouent de la difficulté. Les abatis d'arbres, doublés de câbles et de fascines bâties autour des troncs sont franchis par 2 chars (1 FT et 1 35 R dans les traces du FT). 2 autres chars restent en panne sur l'obstacle. Il est évident que l'obstacle d'aspect absolument infranchissable, peut l'être, surtout après une préparation d'artillerie.

24-27 avril 1940 :
Une Compagnie de Chars du 36e BCC effectue une manœuvre avec le 41e RI.

27-29 avril 1940 :
RAS

30 avril 1940 :
Par ordre n° 2441/3P le Capitaine BOUCAYS de l'Etat-Major des Chars de la VIIIe Armée est muté au 36e BCC.

 
 

2e PARTIE : BIENTOT L'AFFRONTEMENT

3 mai 1940 :
Par ordre 304/CC l'Etat-Major des Chars de la VIIIe Armée relève le 36e BCC par le 18e BCC et fixe l'horaire de départ du 36e BCC. Le mouvement par voie de fer s'effectue comme indiqué par l'ordre le 6 mai 1940. Gare de débarquement : SOMMEILLES - NETTANCOURT (Marne).
Par ordre n° 3596/3S du Groupement Cuirassé (2e Division) en date du 6 mai, la 3e section de la 73e Compagnie de transport est chargée d'assurer le transport partiel des chars du 36e BCC à la zone de cantonnement provisoire de CHARMONT- VERNANCOURT (Marne).

11 mai 1940 :
Réception de l'ordre 3724/3S de l'EM de la 2e Division Cuirassée, en date du 10 mai qui remet à une date ultérieure le mouvement du Bataillon vers la zone des cantonnements définitifs antérieurement prévus à HERPONT-DOMMARTIN s/YEVRE.

12-13 mai 1940 :
RAS - Bombardements divers dans la région de Châlons.

14 mai 1940 :
A 22h30, par communication téléphonique et par l'ordre n° 4 émanant du Général Commandant la 6e Région, ordre est donné au 36e BCC de faire mouvement dans la nuit et de se porter de CHARMONT sur COUPEVILLE - MOIVRE - LE FRESNE. Le Bataillon doit rendre compte de son départ et de son arrivée aux points fixés. Il s'y trouvera en réserve prêt à marcher à la disposition du Général commandant la 6e Région. La 2e Division étant partie brusquement, le 36e BCC se trouve être la seule force à la disposition de la 6e Région. Le mouvement prescrit s'effectue sur chenilles pour les 1ère et 3e Cies, en deux bonds représentant une distance totale d'environ 25 km. Les mouvements ont lieu strictement de nuit, tous feux éteints.

15 mai 1940 :
La 2e Compagnie, prête à faire mouvement sur chenilles à 2h du matin, le 15 mai, reçoit l'ordre d'attendre une section de porte-chars. Celle-ci arrivera très en retard sur l'horaire prévu par suite d'un bombardement aérien massif de son parc à MOURMELON. La 2e Compagnie est transportée dans l'après midi du 15 et cantonne à COUPEVILLE.

16 mai 1940 :
Les chars des 1ère et 2e Compagnies camouflés dans les bois dans la journée du 15 achèvent leur 2e bond et prennent leur cantonnement à MOIVRE (1ère Compagnie) et LE FRESNE (3e Compagnie). PC du bataillon : LE FRESNE. La 2e Compagnie cantonnée à COUPEVILLE est transportée par porte-chars au début de l'après midi pour participer à la défense de Châlons sur Marne. Les routes de SUIPPES - REIMS - Ste MENEHOULDE sont gardées chacune par une section, les chars étant utilisés comme blockhaus.
La section d'Echelon qui devait cantonner à la caserne CORBINEAU, s'installe en dernier lieu au Nord de celle-ci, au Mt BERNARD. Dans la journée, survols d'avions ennemis et bombardements aériens assez lointains. La Compagnie d'Echelon demeure cantonnée à CHARMONT, mais une reconnaissance est faite afin de cantonner éventuellement à VANAULT LE CHATEL.

17 mai 1940 :
Reconnaissance des emplacements tenus par la 2e Compagnie ; En fin de journée, les 3 sections de combat sont établies comme suit :
Route de REIMS : Aspirant SIMONET
Route de SUIPPES : Lieutenant DESPATIN
Route de STE MENEHOULDE : Adjudant Chef TESSIER
Tous les chars sont soigneusement camouflés et les champs de tirs étudiés pour arrêter toute incursion éventuelle de colonnes blindées ennemies. La Section d'Echelon de la 2/36 cantonne hors de ville.
La Compagnie d'Echelon 36 reçoit l'ordre de faire mouvement au crépuscule de ce jour et de se porter à VANAULT LE CHATEL.
Journée calme quant au passage d'avions ennemis.

18/19 mai 1940 :
Réception du télégramme officiel ci-dessous :
Urgent - guerre - 6e Région :
" aucun repli autorisé. Chacun à son poste. Prendre toutes dispositions pour tenir, même encerclé, avec tous les éléments, contre incursion engins blindés qui pourraient agir très en avant des gros. Leur action dissociée doit se briser sur moles de la résistance du pays ".
Signé : DALADIER

20 mai 1940 :
Ordre est donné au 36e BCC par le Général commandant la 6e Région de faire mouvement dans la journée du 21 mai et d'assurer la garde des têtes de ponts sur la Marne à PAGNY et VESIGNEUL.

21 mai 1940
Les Compagnies s'installent à :
3e Compagnie : TOGNY AUX BŒUFS
1ère Compagnie : VITRY LA VILLE
Compagnie d'Echelon et Etat-Major : FAUX SUR ECOLE
La 2e Compagnie tient toujours les routes au Nord de Châlons.

22 mai 1940 :
10h : le Général WELVERT Commandant les chars de la 7e Armée passe au PC du Bataillon, porteur d'un ordre mettant le 36e BCC à la disposition du 17e CA (Général NOEL). La 1ère Compagnie est transportée par une section de porte-chars de la Compagnie de transports 73. Elle doit être rendue le 22 au soir dans les couverts au S-E de MURET et CROUTTES (S-E de SOISSONS)
La 2/36 se rend sur chenilles du Nord de Châlons dans la région des ISTRES (S-E d'EPERNAY)
La Compagnie d'Echelon et la Section de Commandement se rendront dans la soirée du 22 à ISTRES.

23 mai 1940 :
La 1/36 est mise à la disposition de la 28e DI et prend ses positions au Sud du Canal de l'Ailette (de l'Oise à l'Aisne). Les 3 sections de combat en ligne seront occupées à des missions de nettoyage des bois en cas d'infiltrations ennemies ou en blockhaus semi-mobiles. La Compagnie débarque au lieu dit : le Pont Rouge sur la route de PARIS à MAUBEUGE et BRUXELLES 6 km N-E de SOISSONS. Au Sud de VAUXAILLON (Lieutenant DREYFUS). Le GRAND VIVIER (Lieutenant ZINDY). La Compagnie se trouve à la disposition de la 25e ½ Brigade de chasseurs (PC à NEUVILLE/s MARGIVAL).
La 2e Compagnie fait mouvement, transportée par porte-chars de la région des ISTRES, dans la zone de la 87e DI (PC à MORSAIN N-O de SOISSONS). Le PC de la Compagnie est à WASSENS.
La 3e Compagnie ayant fait mouvement par chemin de fer depuis CHALONS débarque à BERZY LE SEC (Sud de Soissons) et se camoufle dans les bois à l'est de BUSANCY (Sud de Soissons).
La Compagnie d'Echelon/36 est installée dans le parc du château de Villers Helon. PC du Bataillon : ferme des Bovettes près MURET et CROUTTES (S-E de Soissons)
PC du 17e CA : MURET
Dans la journée, liaison est prise par le chef de Bataillon et l'Officier de renseignement avec les Généraux commandant les 28e DI (PC CHIVRES) et 87e DI (PC MORSAIN).

24 mai 1940 :
La 3e Compagnie débarquée à BERZY LE SEC et primitivement mise à la disposition de la 87e DI est affectée à la 28e DI (PC à CHIVRES). Le Cne BARUE commandant la 3e Compagnie prend liaison avec le Général commandant la 2
8e DI. La Compagnie fait mouvement dans la nuit du 23 au 24 mai sur chenilles pour gagner les bois de CHIMY Sud de SANCY les Cheminots.
La 1ère Compagnie étant à la disposition de la 25e demi- Brigade de Chasseurs, la 3e Compagnie prendra ses positions en liaison avec les 97e et 99e RI (la 28e DI a en ligne d'Ouest en Est : 25e demi-Brigade - 97e RI - 99e RI).
La 2e Compagnie (PC à VASSENS) prend ses positions de combat dans la nuit du 23 au 24. Les sections sont dans la région de ST PAUL Aux Bois et Sesme, TROSLY S/LOIRE et Nord de VESAPONIN.
La Section d'Echelon est à BLERANCOURT.
A 19h, le sous officier DEBLIC se présente au PC du Bataillon et rend compte de ce qu'une section de protection envoyée par le 110e Bataillon de Gien, et composé de 3 chars FT avec mitrailleuses Hotchkiss, dépourvues de munitions au départ, se trouve isolée avec 2 chars en panne à NOYANT et ACONIN. Compte rendu est adressé au Général commandant les chars de l'armée. La Compagnie d'Echelon/36 prend en subsistance la section DELAUNAY et récupère 3 chars en attendant décision à intervenir.
La section de protection commandée par le Lieutenant DELAUNAY et envoyée de GIEN sans munitions avait pour mission de défendre le passage de l'Aisne à PONT ARCY. Elle ne put prendre ses positions. L'état de son matériel et l'absence de munitions la rendaient incapable d'accomplir sa mission.
Dans la journée du 23 à 10h, la Section du Lieutenant DESPATIN (2e Compagnie) est bombardée par avion. Pas de victimes.

25 mai 1940 :
Le Lieutenant Colonel DU CHOUCHET commandant le GBC 504 vient au PC du Bataillon. Le 17e Bataillon (Commandant CAZALBOU) est annoncé comme arrivant à la disposition du 17e CA.
Le Chef de Bataillon reprend liaison avec la 28e DI (PC à Chivres).
Il est décidé que la 1/36e et la 3/36e mises à la disposition de la 28e DI auront leurs 6 sections de combat en ligne à raison de 2 sections par RI. Cette répartition exigée par l'ID maintient constamment en ligne tout le personnel de combat et ne permet pas de relève. La situation est la même pour les 3 Compagnies du bataillon. A 21h le Capitaine MERCIER commandant la 2e Compagnie rend compte personnellement au chef de bataillon des emplacements tenus par sa Compagnie.
La section du Lieutenant DESPATIN a eu à intervenir pour repousser une infiltration ennemie. Son action s'est bornée à un mouvement de la section, sans combat, les quelques fantassins ennemis ayant progressé, ayant été tué par les feux de l'infanterie. Un motocycliste de la 2e Compagnie qui s'engageait par erreur dans les lignes ennemies fut stoppé par un pont détruit et par le feu ennemi. Il rejoint nos lignes en traînant sa machine.

26 mai 1940 :
Par ordre particulier n° 2584/CC en date du 25 mai, le Lieutenant Colonel DU CHOUCHET commandant le GBC 504 prend le commandement des unités de chars mises à la disposition du 17e CA (17e et 36e BCC).

27 mai 1940 :
Lors d'une mission de nettoyage dans les environs de la ferme de la Tinette (Nord TROSLY S/LOIRE) sur le canal de l'Ailette, le 26 au crépuscule, l'Aspirant SIMONET est tué d'une balle perforante qui l'atteint à la tête. Les conditions d'emploi de la section, réduite à 2 chars, patrouillant seuls, sans soutien de l'infanterie à une centaine de mètres de l'ennemi font l'objet d'une enquête du Général commandant la 87e DI.
Les chars de cette section ont accompli les jours précédents en déplacements successifs, un minimum de 60 km sur chenilles. Il apparaît d'autre part que les chars FT engagés dans les missions demandées par le 18e Régiment de Tirailleurs ont été exposés sans discernement suffisant : de leurs caractéristiques : leur absence de vitesse des engins et faible blindage en faisait des cibles offertes au feu direct de l'ennemi qui tirait à bout portant, alors qu'aucun feu ami ne le neutralisait.
L'aspirant SIMONET, tué le 26 mai à 21h15 près de la ferme de la Tinette, d'une balle ayant perforé net la tourelle à la hauteur de la lunette a été inhumé le 27 mai au cimetière de Trosly sur Loire.
Le mécanicien du char de l'aspirant ramena l'appareil à l'abri sortit le corps de son chef de char râlant et le remit au poste de secours.
Le Lieutenant Paul TAILLENS, adjoint technique, blessé à l'épaule d'un éclat d'obus lors d'une reconnaissance avec le Cap MERCIER commandant la 2e Compagnie et le Lieutenant THEVENEAU commandant la SE 2e. Cette reconnaissance avait pour but se situer et de récupérer un char abandonné par son équipage, parce que mis hors d'usage par le feu de l'ennemi lors de l'action où fut tué l'aspirant SIMONET.

28 mai 1940 :
RAS

29 mai 1940 :
Par l'arrivée de renforts de la 8e DI, le 17e CA se trouve comprendre 3 divisions : de l'Ouest à l'Est : 87-8-28 et sur un front d'environ 40 km. La 8e DI s'enclave au centre (PC à LA PERPIERE - ferme Nord de CROUY).
Le PC du Bataillon installé à Le MONCEL (Est de Bucy le Long) devra être installé à CUFFIERS pour le 1er juin à 8h.
RAS pour les Compagnies.

30 mai 1940 :
Le Chef de Bataillon et le Lieutenant LAFILLE reconnaissent les emplacements des 3 sections de la 3e Compagnie ; embossés au Nord des ravins d'OSTEL et au Nord de la ferme de la Malmaison (extrémité Ouest du Chemin des Dames). La zone Nord d'OSTEL, point de passage souterrain du canal de l'Oise à l'Aisne est considéré comme un point sensible du secteur et 2 sections (Lieutenant GANDER et Adjudant Chef LAVERGNE, ont pour mission de s'opposer à toute tentative d'infiltration dans cette zone).

31 mai 1940 :
RAS. Tirs d'artillerie assez nourris sur le PC de la 3e Compagnie.

1er juin 1940 :
RAS. Nouveaux et violents tirs d'artillerie autour du PC de la 3e Compagnie à JOUY (proximité d'une batterie de 75 qui subit un tir de représailles). Dans la nuit du 1er au 2 juin, la 3e Compagnie s'installe à SALSOGNE au Sud de l'Aisne.
Le PC du Bataillon se trouve à VAUXROT près CUFFIES au Nord de Soissons.

2 juin 1940 :
RAS.

3 juin 1940 :
RAS. Reconnaissance des positions de la 1ère Compagnie vers LAFFAUX et PINON.

4 juin 1940 :
RAS.

3e PARTIE : L'AFFRONTEMENT

5 juin 1940 :
Attaque allemande sur l'Ailette et le canal de l'Oise à l'Aisne.
1ère Compagnie
La section du Lieutenant ZINDY à la disposition du 130e RI effectue une contre attaque efficace le 5 au soir dans la région Nord du GRAND VIVIER.
La section de l'Aspirant CHARNAL demeure embossée à SORNY
La section du Lieutenant DREYFUS est au MOULIN DE LAFFAUX avec le GR 40
L'élément sur chenille de la SE embossé au point d'appui à CLAMECY.
2e Compagnie
Aucune nouvelle précise des sections le 5 au soir. Le Lieutenant DESPATIN, blessé a été évacué. Les sections de combat de l'Adjudant Chef TESSIER et de l'Adjudant KAYSER ne donnent plus de nouvelles. Pas davantage sur la Section d'Echelon emmenée au combat par l'Adjudant Chef CAZELLES
3e Compagnie
La Section du Lieutenant SONREL est dispersée. Les sections GANDER et LAVERGNE au Nord d'OSTEL n'ont pas été engagées.

6 juin 1940 :
3 chars de la section SONREL (3e Compagnie) perdus par leur chef de section se sont agglutinés à la section ZINDY de la 1ère Compagnie. Renseignements confus ou inexistants sur les engagements des autres Cies.
Dans le cours de l'après midi, des trains de combat se replient en ordre mais des fantassins refluent aussi sans commandement. Le PC du Bataillon s'organise en centre de résistance avec les seuls moyens de la section de commandement. Des emplacements d'armes automatiques sont aménagés qui battent les arrivées en direction de CUFFIES et POMMIERS. A 22h l'Etat-Major du Bataillon reçoit l'ordre de repli par la 8e DI et franchit l'Aisne pour rejoindre la Compagnie d'Echelon à MONTGOBERT. L'ordre de repli émanant du GBC 504 non prévenu par le 17e CA est apporté par le Lieutenant LAFILLE qui repasse l'Aisne à 0h15 et rejoint ensuite l'Etat-Major à MONTGOBERT à 1h30.
Tirs fusant ennemis sur SOISSONS à 1h30. Fusées et tirs d'armes automatiques sur l'Aisne vers POMMIERS où des éléments ennemis s'étaient installés dans l'après midi par surprise.

7 juin 1940 :
La situation du Bataillon dont les éléments durant l'attaque des 5/6 juin se trouvaient répandus sur un front de 40 km les 5 et 6 juin est la suivante le 7 au matin :
Point de la situation :
PC MONTGOBERT - Etat-Major et section de commandement : au complet
1ère Compagnie :
Capitaine BOUCAYS - Lieutenant CLERIVET - Lieutenant DREYFUS présents. Les chars de la Section DREYFUS ont été mis hors d'usage ou incendiés par le feu de l'ennemi. 1 Caporal chef serait tué. On sait d'autre part que l'aspirant CHARNAL et 4 chars ont pu franchir l'Aisne. Ils sont retrouvés dans la journée à COURMELLES (Sud de Soissons).
Aucune nouvelle de la section du Lieutenant ZINDY engagée le 5 et sans doute le 6. Pas de nouvelles des 3 chars de la 3e Compagnie qui étaient avec la section ZINDY. On peut présumer que ceux-ci ont fait d'excellent travail ayant demandé un réapprovisionnement intégral en munitions dans la nuit du 5 au 6.
4 chars de la SE de la 1ère compagnie sont retrouvés au Sud de SOISSONS, sans magnéto et sans armement. L'Adjudant JEANGUYOT et le personnel ont été aperçus au Sud de l'Aisne, mais ne sont pas encore retrouvés.
2e Compagnie :
Situation inchangée.
3e Compagnie :
2 sections de combat complètes : Lieutenant GANDER et Adjudant Chef LAVERGNE se sont repliés de leurs positions au Nord des ravins d'OSTEL et ont repassé l'Aisne au pont de VAILLY à 4h du matin. Elles sont en PA dans les bois au Sud de VAILLY, dans le parc d'un château au Nord de CHASSENY. Les 2 sections sont rejointes par le Lieutenant TAILLENS et le Lieutenant LAFILLE vers 13h qui prennent également contact avec le Cpt BARUE, commandant la Compagnie à BRENELLES.
La Section d'Echelon est à BRENELLES, moins 1 char non remorquable abandonné à VAILLY S/Aisne. La 3e Compagnie se trouve donc avec 15 chars et son personnel au complet à l'exception d'un tué par éclat d'obus lors de la traversée de VAILLY.
Lors du repli de l'Ailette, au Sud de l'Aisne, toutes les sections de combats qui ont pu y participer ont accompli sur chenille et de nuit une marche de 10 à 15 km. Lors des attaques effectuées par la 2e compagnie, certaines sections ont du accomplir une marche de 12 km avant d'attaquer.
A la date de ce jour et depuis le 3 juin, les chars du bataillon ont effectué environ 150 km sur chenilles. Le personnel des sections de combat a été constamment en ligne sans relève.
Vers 21h, au Sud de VAILLY s/Aisne, le Lieutenant GANDER de la 3e Compagnie est tué près de ses appareils par un éclat d'obus. Le caporal chef DE VAUBLANC est grièvement blessé. Le corps du Lieutenant GANDER est ramené au PC du Bataillon par le Lieutenant GAY, chef de la SE de la 3e Compagnie. Le Lieutenant GANDER a été inhumé dans un angle du cimetière de MONTGOBERT.

8 juin 1940 :
L'ennemi pousse férocement et a franchi l'Aisne vers VAILLY s/AISNE. Le CA se trouve débordé par l'Est. Vers 12 h le chef de bataillon et l'officier de renseignements se portent au PC de l'ID 28 qui commence à subir un violent bombardement. L'ennemi continue à progresser : on se bat au Nord de NAMPTEUIL, au Mont de SOISSONS. De retour à MONTGOBERT, le chef de bataillon et la Compagnie d'Echelon reçoivent l'ordre de résister sur place à MONTGOBERT. 2 mitrailleuses et 2 FM sont disposés en 2 s/secteurs de défense sous les ordres du Cne TORTAIT commandant la Compagnie d'Echelon/36 et du Cne BOUCAYS commandant la 1/36.
Les volontaires ne manquent pas pour assurer le service des armes automatiques dont on peut disposer.
Un char H 39 récupéré et réparé par la Compagnie d'Echelon est monté par le sergent BOISVERT et le mécanicien THIVARD. Une auto mitrailleuse de Cavalerie remise en état dans les mêmes conditions est montée par le Sgt Chef CATTIN de la Compagnie d'Echelon/36 et le mécanicien COLIN. Ces 2 engins partent sur l'ordre ci-dessous de la 8e DI dont le PC est installé de la veille à MONTGOBERT.
PC 8 juin - 11 h
1 AMR
1 char H 39 aux ordres de ……
sont mis à la disposition du S/Secteur Laversine. Mouvement immédiat et de manière à éviter toute méprise.
Général Commandant CALYPSO
Signé : illisible

Les 2 équipages volontaires patrouillent à outrance couvrant le repli de la 8e DI et maintenant l'ennemi. Le Sgt Chef CATTIN est blessé à la main dans son appareil et ne peut ramener son appareil dont la chenille est coupée par un obus. Le H 39 rejoint nos lignes plus tard abondamment mitraillé par l'ennemi et la poulie de tension traversée par un obus de 37 à quelques cm de la chenille.
L'expédition de ces 2 équipages est une page de haut courage qui s'ajoute à celles ouvertes par les sections de combat des compagnies.
A 17 h arrive l'ordre suivant :
PC 8e DI - 17 h
I - Les éléments automobiles de la Compagnie d'Echelon feront mouvement sur BARGNY par le carrefour de MONTGOBERT.
II - Les cadres et le minimum de personnel disponible continueront à assurer la mission qui leur a été donnée dans le dispositif de sécurité de MONTGOBERT.
Le Général DACLY Commandant de la DI

L'ennemi est proche lorsque le convoi automobile de la Compagnie d'Echelon s'ébranle et tente de gagner BARGNY par la forêt de VILLERS COTTERET. Le convoi s'organise et part en éléments fragmentés pour échapper aux attaques aériennes. (Deux bombardements aériens ont lieu sur la route l'après midi). Le système de défense demeure sur place, dernier organisme de couverture composé d'éléments de la Compagnie d'Echelon/36 et de l'Etat Major du Bataillon. A 18h, ordre es donné par le Général commandant la 8e DI de replier le système de défense et de la porter sur la route de SOISSONS au carrefour du Saut le Cerf et au carrefour à 800 m N-O de celui-ci dans la Forêt de VILLERS COTTERET.
Afin d'éviter la grand route, la colonne des véhicules de l'Etat-Major et 2 camions de la CE 36 transportant le système de défense s'engagent dans le ravin et la route de PUISEUX. Quelques éléments passent le village mais la colonne est l'objet d'une violente attaque aérienne à la bombe et à la mitrailleuse. La route coupée par des maisons éboulées impose un itinéraire de fortune à travers les cours de fermes. La remorque contenant les archives du Bataillon doit être abandonnée.
La colonne est regroupée par les officiers de l'Etat-Major du Bataillon et orientée par l'Officier de Renseignements revenu en arrière à cet effet. Toutefois, le camion transportant le personnel du dispositif de sécurité et une voiture touriste s'engagent directement en forêt pour gagner le carrefour du Saut du Cerf. Un détachement ennemi sans-doute arrivé de l'Est s'y trouve déjà et mitraille le camion à bout portant avant que les nôtres n'aient le temps d'intervenir. Le détachement est dispersé dans la forêt. Le conducteur du camion tombe. Le véhicule est abandonné. Un certain nombre d'hommes pourront s'échapper et regagner l'unité après une marche de 40 km.
L'Etat-Major du Bataillon gagne le ROND POINT DE LA REINE où se trouve le Chef d'Etat Major de la 8e DI. Les premiers éléments ennemis tiraillent à quelques centaines de mètres. Une balle tue un caporal aux côtés du Capitaine TORTAIT dans une voiture automobile.
Tous les éléments groupés au Rond Point de la Reine, privés de moyens de défense reçoivent l'ordre de se replier sur Bargny, atteint vers 22 heures. Un nouvel ordre de repli conduit la colonne des restes du Bataillon à VINCY, atteint vers 2h du matin.
La journée du 8 juin fait subir des pertes essentiellement à la Compagnie d'Echelon engagée dans le combat en dispositif de sécurité. Malgré les infiltrations ennemies en forêt de VILLERS COTTERETS et l'attaque aérienne subie par la colonne, le Bataillon a évité la dispersion et la fuite des éléments qui lui restent. Avec une obstination émouvante et par les moyens les plus divers, les chasseurs égarés rejoignent petit à petit le Bataillon au prix de durs efforts physiques et par un esprit d'initiative remarquable.

9 juin 1940 :
Par éléments de 2 ou 3 véhicules, le Bataillon gagne VILLENNEUVE LE COMTE. Pas d'incidents en cours de route.

 

 

4e PARTIE : LE REPLI

10 juin 1940 :
Le Bataillon fait mouvement de VILLENEUVE LE COMTE à CHENOISE, au S-E de la forêt de JOUY à 10 km de PROVINS. En fin de journée il est aiguillé sur VILLENEUVE LES BORDES.
Le Lieutenant CLERIVET de la 1/36 est nommé Commandant de Compagnie de la 1/48. Il rejoint son poste le 11 juin 1940.

11 juin 1940 :
Le Bataillon procède à la mise au point de ses pertes en hommes et en matériel. Les archives du Bataillon, les livrets des officiers sont perdus, le véhicule les transportant ayant été bloqué par le bombardement de PUYSEUX. Un rapport circonstancié est établi par chaque Commandant de Compagnie sur les pertes et les circonstances des pertes de son Unité.

12 juin 1940 :
Le Bataillon fait mouvement par route, de VILLENEUVE LES BOEUFS à la POSTOLLE environs de VILLENEUVE L'ARCHEVEQUE (Yonne).

13 juin 1940 :
Dans la nuit du 13 au 14 juin , le Bataillon fait mouvement de la POSTOLLE à BLENEAU (Yonne). Arrivée à BLENEAU à partir de 23h30.

14 juin 1940 :
à 18h, le Bataillon reçoit l'ordre de se replier sur PIERREFITTE (Loir et Cher). Départ vers 19h30 . Arrivée à 24h.

15 juin 1940 :
Séjour à PIERREFITTE. Afflux de colonnes militaires et de réfugiés. Le Bataillon reçoit l'ordre de se replier à MOULINS SUR CEPHONS (Indre), près de LEVROUX.

16 juin 1940 :
Séjour à MOULINS SUR CEPHONS. Les pleins de tous les véhicules sont assurés. Le ravitaillement approvisionnement est assuré malgré de lourdes difficultés. Les déplacements quotidiens et les replis constants des restes du Bataillon rendent les liaisons précaires et difficiles avec les organes de commandement. Celles-ci sont cependant assurées avec les moyens fort réduits du Bataillon. La vie administrative du Bataillon est pour les mêmes raisons, difficile à assurer.

17 juin 1940 :
Par note de service 3141/CC, des chars de l'Armée, le 36e BCC détache d'urgence au PC des chars de la VIe Armées avec les moyens de liaison suivants : 2 officiers, 1 voiture et 1 chauffeur, 1 motocycliste et sa machine.

18 juin 1940 :
A 15h, le Bataillon reçoit l'ordre du Colonel Commandant les chars de la VIe Armée, de se porter dans la région de CONFOLENS. A 20h, le Bataillon cantonne dans la zone prescrite et à son PC installé à l'école de ST CHRISTOPHE DE CONFOLENS.

19 juin 1940 :
A 10h, liaison est prise au château de la Boussardie, près ST CLAUD (22 km Sud de Confolens sur route d'Angoulème) avec le Colonel BARON commandant le Centre de Regroupement des chars. Le 36e BCC est rattaché au groupement PRECLAIRE (Bataillons 3 - 49 - 36)
Le Bataillon doit reverser à ANGOULEME tout le matériel FT conservé par la Compagnie d'Echelon ainsi que les munitions conservées par les Compagnies.

20 juin 1940 :
Le Bataillon effectue un mouvement d'environ 200 km et se porte dans la région de GOURNON (Lot). PC du Bataillon installé à 20h à PAYRIGNAC (Ecole de).

21 juin 1940 :
Liaison est prise avec le Commandant PRECLAIRE commandant le groupement, dont le PC est installé à ST PROJET. Le 21 au soir, ordre est reçu d'envoyer dans la journée du 22, un détachement précurseur à CASTELJALOUX. Le Bataillon fera mouvement le 23 pour cette région.

22 juin 1940 :
8h : le détachement précurseur (1 sous officier et 1 Chasseur par Compagnie) part sous le commandement du Lieutenant LANTEAU.

23 juin 1940 :
15h : Départ du Bataillon, en colonnes de Compagnie. La grande halte a lieu 2 km avant CASTELJALOUX. En fin de journée, le PC du Bataillon est installé A ST MICHEL DE CASTELNEAU. Liaison est prise avec le Commandant PRECLAIRE à la mairie de CASTELJALOUX. Les Cies sont à PICHON - PIJOUAN - LAFILLE.

24 juin 1940 :
A 10h30, le Capitaine commandant le détachement du 196e d'artillerie cantonné à ST MICHEL reçoit par télégramme l'ordre d'établir des barrages sur les routes afin de retarder la progression de l'ennemi. Cet ordre est transmis aux Commandants de Compagnie du 36e BCC qui font établir des barrages. Le soir ordre est donné de démolir les barrages. Une Compagnie de marche est constituée d'après l'ordre ci-dessous, reçu vers 14h30 :
- Chacun des 3e et 36e BCC constituera immédiatement une compagnie de marche à l'effectif de 100 hommes (gradés compris)
- Cette Compagnie solidement encadrée et comprenant par priorité des éléments ayant déjà fait leurs preuves au combat sera pourvue de l'armement suivant :
70 fusils et mousquetons - 6 FM - 1 mitrailleuse.
- Cet armement doit être livré ultérieurement. En attendant, essayer de constituer des unités armées au maximum avec l'armement individuel et collectif disponible dans les Bataillons.
- Première urgence : constituer les Cies en personnel et rendre compte au PC du Commandant PRECLAIRE dans la soirée du 24 juin 1940.
La Compagnie est constituée avec l'encadrement suivant :
Capitaine BOUCAYS commandant la 1ère Compagnie - Lieutenant GAY - Lieutenant DESLAY - Adjudant Chef TESSIER - Chefs de Section - compte rendu est porté au Commandant PRECLAIRE à 18h.

25 juin 1940 :
Signature de l'Armistice. Arrêt des hostilités. La Compagnie de marche n'aura eu qu'une existence théorique.

26 juin 1940 :
Le Capitaine VANNEBROUCQ est détaché à l'Etat-Major du Centre de Regroupement des chars à ASTAFFORT. Le Lieutenant LAFILLE est désigné comme faisant fonction de Chef de l'Etat-Major.

27 juin 1940 :
Le bataillon fait mouvement pour la région d'AUCH. PC du Bataillon installé à ORBESSAN (20 km Sud de AUCH).
Une section de sécurité (1 sous officier - 2 Caporaux - 20 chasseurs) est fournie au QG du Centre de Regroupement des chars à LOUBEZ.

28 - 29 juin 1940 :
RAS

30 juin 1940 :
Ordre du jour du 30 juin 1940 :
Le 36e Bataillon de Chars de Combats est l'objet d'une proposition de citation à l'ordre de l'Armée.
Les propositions suivantes ont été faites pour l'attribution de la
- Légion d'Honneur :
Aspirant SIMONET - 2e Compagnie Tué à l'ennemi
Lieutenant GANDER - 3e Compagnie Tué à l'ennemi
Lieutenant ZINDY - 1ère Compagnie Disparu
Capitaine BARUE - Commandant de la 3e Compagnie
- Médaille militaire :
Sgt BOIVERT - Compagnie d'Echelon/36
Sgt Chef CATTIN - Compagnie d'Echelon/36
Sgt RENO - 3e Compagnie
Sgt ARSAC - 1ère Compagnie
Caporal Chef VIENOT DE VAUBLANC Guy - 3e Compagnie
Chasseur DUFOUR Roger - Section de Commandement
Caporal Chef LEZIER Georges - 3e Compagnie
Chasseur HABERLACHER Aloyse - 3e Compagnie
En attendant l'attribution des décorations demandées, les officiers, sous officiers, caporaux et chasseurs ci-dessus nommés sont autorisés à porter le ruban de la croix de guerre, sans insigne sur le ruban.
La citation de la 2e Compagnie aux échelons : Armée - CA - Division - Brigade ne sont pas encore accordées, par suite du retard apporté par la Compagnie pour l'établissement des propositions.
- Sont cités à l'ordre de l'Armée :
Etat-Major et section de commandement : Lieutenant LAFILLE
1ère Compagnie Cne BOUCAYS
Sgt BRASSIER
Cne GINDRE
Compagnie d'Echelon Cne TORTAIT
Chasseur THIVARD
Chasseur COLIN
Cette citation donne droit au port de la Croix de Guerre 1939 avec palmes
- Sont cités à l'ordre du C A
1ère Compagnie Aspirant CHARNAL
Lieutenant CLERIVET
Lieutenant TAILLENS Henri
Lieutenant DREYFUS
Chasseur DRONEAU
Chasseur LIEGEON
Chasseur CHOISEL
3e Compagnie Chasseur MAUREL Jean
Chasseur ESCAITH
Cette citation confère le droit au port de la croix de guerre 1939 avec étoile de Vermeil.
- Sont cités à l'ordre de la Division
Etat-Major et section de commandement : Capitaine VANNEBROUCQ - Caporal RAISIN - Chasseur VIGUIER Gérard - COMPAGNON - TOUBIN Paul - BARRE René - Lieutenant TAILLENS Paul - BARBEROUSSE - LANDEAU
3e Compagnie : Lieutenant GAY - Caporal PILY - Chasseurs GAUTROT Marcel - CHARRIERE Raymond - AMIOT Alexandre - Caporal TOURNADRE ALBERT - Chasseurs CUROT Fernand - MAILLOT Pierre - ROOEY Jean-Marie -  Sergent VANDIER Jean
Compagnie d'échelon : Caporaux SCHREIBER - DUMONET - Sergent Chef SARRON PILLOT - Adjudant BRUNET - Chasseur BURGYS - Sergent CAPEL Gilbert - Caporal Chef MATHEY Louis - Sergent BLONDEAU
Cette citation confère le droit au port de la Croix de Guerre 1939 avec étoile en argent
- Sont cités à l'ordre de la Brigade
1ère Compagnie : Sergent LEGRAND - Caporal Chef LAMARCHE - Caporal JUNGBLUTT - Chasseur MOSSON - DOMON - DAVIAU - EZANNO - PAGAND - Caporal Chef RIVES - Chasseurs HABERER - CAMBUS
3e Compagnie : Adjudant JEUDY - Sergent Chef CHEVASSUS - L'ANTOINE - Sergent DELAHAYE
Cette citation confère le droit au port de la Croix de Guerre 1939 avec étoile de bronze.
- Sont cités à l'ordre de la Brigade
Etat Major et section de commandement : Medecin Lieutenant PELISSIER
1ère Compagnie : Adjudant JEANGUYOT - Sergent LOY - FEVRIER - Caporal GRENARD - Chasseur MARECHAL - GEIN - GIRON - LE DOUARON - BRILLU - Sergent Chef PAPILLON - Chasseurs CATTIER - BARTHELEMY - REY - MALOT - DUBAIL - LAVIGNE - MULTIER
2e Compagnie : Lieutenant THEVENEAU - Chasseurs LABREMS - DESCHAMPS - RECK Eugène - COMES Adolphe - LORRIAUX Eugène - DUVERNAY Antoine - COQU Henri - GRANCHER Marius - SMIGNABOU Maurice - RICHOMME Gérard.
3e Compagnie : Chasseurs BLANCHARD JuleS - BOUCON Robert - WADEL Anselme - LE BARBIER Jean - HAMON Albert - DIETRICH Auguste - Sergent LAMBLIN Jean - Chasseurs MAGNIN Emile - KUSTER Henri - PLAGNE Henri - PIOTTE Henri - HUSSER Alfred - VANNIER Zéphir - BAUDUET Pierre - HENGY René - LORMON Aimé - Sergent COURANT Paul - Chasseur PORTERET Alfred - Sergent BERGER Michel.
Compagnie d'Echelon : Lieutenants DELPRAT - BESLAY - POU DUBOIS - Chasseurs GOUSSET - STOLL - CLOCHARD - CHALLOIN - Sergent Chef LUCKE - Caporal Chef LEVAIN - Chasseurs CUENET - CONREUR - MOUGIN - GOILLEMOT - ESTERMANN - Sergent KRAFFT.
Port de la Croix de Guerre 1939 avec étoile de Bronze.

TEXTES DES CITATIONS A L'ORDRE DE L'ARMEE
Le Général TOUCHON, Commandant la VIe Armée, cite à l'ordre de l'Armée :
Le Capitaine BOUCAYS - Commandant la 1ère Compagnie du 36e BCC
" Officier d'un entrain, d'une bravoure et d'un allant au dessus de toutes éloges. Pendant les opérations du 5 au 10 juin, s'est dépensé sans compter, assurant lui-même les liaisons les plus dangereuses, travaillant avec acharnement à obtenir d'elle le rendement le plus puissant "
Le Capitaine TORTAIT - Commandant la Compagnie d'Echelon du 36e BCC
" Officier d'un sang froid et d'une bravoure légendaire. Véritable entraîneur d'hommes. Avec de faibles moyens défensifs d'une Compagnie d'Echelon a cependant aidé à couvrir le repli de l'Etat-Major et de la 8e Division et des trains de combat. N'a pas hésité à se porter en voiture à proximité immédiate de la ligne de feu afin d'y installer un point défensif. "
Le Lieutenant LAFILLE du 36e BCC
" Officier d'un sang froid et d'une bravoure remarquable. Toujours volontaire pour assurer les missions les plus dangereuses sous de violents bombardements. Par son initiative a rassemblé et aiguillé une colonne dispersée par une attaque aérienne, évitant à certains éléments de tomber aux mains de l'ennemi. Par un ascendant moral constant et remarquable a toujours suscité chez les hommes la résolution de se battre jusqu'au bout. "
Le Sergent BRASSIER de la 1ère Compagnie du 36e BCC
" Sous officier de très haute valeur, chef de demi-section de chars, a assuré en coopération avec des éléments de cavalerie chargés de retarder l'avance ennemie, la défense d'un carrefour important, s'est parfaitement acquitté de sa mission et ne s'est replié qu'après destruction de ses appareils par le feu de l'ennemi "
Le Caporal GINDRE de la 1ère Compagnie du 36e BCC
" Chef de char plein d'allant et de courage, a participé le 6 juin 1940 à la défense d'un important carrefour, ne s'est replié avec les derniers éléments de cavalerie qu'après la destruction de son appareil par l'artillerie ennemie ".
Le Chasseur THIVARD de la Compagnie d'Echelon du 36e BCC
" Ouvrier de l'atelier et utilisé comme mécanicien de char léger, pour protéger le repli de la 8e DI. A accompli sa mission avec courage et abnégation faisant preuve de brillantes qualités. Malgré une avarie causée par un projectile anti-char dans le train de roulement de son appareil, a ramené celui-ci dans nos lignes, le 8 juin
1940.
Le Chasseur COLIN de la Compagnie d'Echelon du 36e BCC
" Conducteur de tracteur, a été employé pour conduire une auto-mitrailleuse et a rempli sa mission avec bravoure ".
Le Chasseur Paul Toubin EM du 36e BCC
" Motocycliste courageux ayant assuré toutes missions en dépit des difficultés et du danger. Demeuré en arrière garde d'une colonne, en a assuré l'ordre et le sauvetage "

36e BCC - 1ère Compagnie
COMPTE RENDU
relatif aux opérations effectuées par la 1ère Compagnie pendant la période du 5 au 8 juin 1940.
1ère Section : Lieutenant DREYFUS
2e Section Lieutenant ZINDY
3e Section Aspirant CHARNAL
Section d'Echelon Lieutenant TAILLENS - Adjudant JEANGUYOT (groupe sur chenilles)

Mercredi 6 juin
1ère Section : est à la disposition du 40e GRDI et forme point d'appui à LAFFAUX. A 10h, à la demande du Commandant du GRD, 2 chars sont envoyés vers l'Ange Gardien pour y former point d'appui. En cours de route, le Capitaine commandant les pelotons motocyclistes les arrête et les fait placer sur la route de LAON, 300 m est du MOULIN DE LAFFAUX. Les 2 chars y passent toute la journée et la nuit du 5 au 6 sous une série de bombardements violents.
Les 2 autres chars disponibles sont déplacés au carrefour NE de LAFFAUX vers midi, point où se replie également l'équipage du char. A 21h, ces 2 chars sont repliés sur LAFFAUX où ils forment un point d'appui aux abords de l'église. Un service de guet est assuré.
2e Section : Est à la disposition du 130e RI, forme point d'appui au GRAND VIVIER. D'après les renseignements obtenus du Colonel commandant le 130e RI, les 3 chars en ordre de marche de la section ont effectué, dans la soirée, une contre attaque efficace dans la région Nord du GRAND VIVIER, puis se sont repliés sur le point d'appui.
3e Section : Est à la disposition du 102e RI, elle occupe le village de SORNY pour y constituer un point d'appui, en particulier elle fournit des guetteurs sur la crête Nord du village et construit des barricades avec une section de pionniers mise à la disposition du point d'appui par le 102e RI.
A 10 heures, la Section subit un bombardement d'aviation. A 16h, le chef de section fait demander au Colonel commandant le 102e RI à NEUVILLE S/MARGIVAL, s'il est possible de mettre à la disposition des éléments d'infanterie, munis d'armes automatiques pour renforcer le point d'appui. Pendant la nuit, les guetteurs sont doublés, la section est en état d'alerte.
Section d'Echelon : L'élément sur roues, qui stationnait à CIRY-SALSOGNE fait mouvement jusqu'à VAUXROT, sauf le camion à vivres et la roulante qui restent à CIRY SALSOGNE avec le personnel de la SE et de la Section de Commandement non indispensable, sous le commandement d'un sous officier de la SE.
L'élément sur chenilles, arrivé la veille de BRAYE, stationne à CLAMECY où les chars sont embossés pour former point d'appui à la disposition du GRD 40. Il comporte 4 chars, 1 char étant resté en panne à BRAYE (carter de démultiplicateur cassé) et un en panne le 23 mai à BERZY LE SEC (moteur fendu - renvois coniques cassés).
Jeudi 6 juin
1ère Section : les 2 chars du MOULIN DE LAFFAUX se portent à 4h sur L'ANGE GARDIEN, en vue d'un nettoyage, y restent seuls embossés et L'ANGE GARDIEN étant encerclé par l'ennemi, se retirent pour reprendre liaison avec les pelotons du GRD avant de repartir pour L'ANGE GARDIEN où à 10h30 ils se trouvent engagés. Les 2 chars y sont détruits par le tir ennemi (probablement arme anti-char), le mécanicien de l'un d'eux est blessé, le reste des équipages se replie indemne vers le MOULIN DE LAFFAUX, d'où, menacé d'encerclement, il repart vers 18h en direction de MARGIVAL et SOISSONS.
Pour les chars de LAFFAUX, ils restent en place jusqu'à 12h subissant à 4h15 un bombardement violent d'aviation, sans subir de dégât. A 12h ils se portent au MOULIN DE LAFFAUX pour protéger la retraite du peloton motocycliste. Ils subissent un bombardement sérieux, sans pertes. Le repli du peloton motocycliste s'étant effectué, les chars reviennent au MOULIN DE LAFFAUX vers 15h30 pour protéger le décrochage.
Mais à 18h, au cours du bombardement sur LAFFAUX par l'artillerie, les 2 chars sont détruits. L'ordre de repli étant alors arrivé, le personnel de la section se replie vers MARGIVAL et SOISSONS où il est récupéré par la colonne sur roue du Bataillon en déplacement vers MONTGOBERT.
2e Section : D'après les renseignements obtenus indirectement, a été engagé dans la matinée dans les bois NE de PINON, après avoir été renforcé par 3 chars de la 3e Compagnie du 36e BCC . Aucune nouvelle directe et précise n'a pu être obtenue depuis sur cette section.
3e Section : à 5h30, le travail reprend aux barricades. A 6h30, bombardement par l'artillerie ennemie sans résultats . Aucun incident pendant la matinée, les chefs de char demeurant auprès de leur appareil prêts à intervenir. A 11h30 une section d'infanterie, renforcée de 5 FM, envoyée par le colonel commandant le 102e RI arrive à SORNY pour renforcer le point d'appui et occupe ses emplacements de combat.
A 13h30, la Section reçoit l'ordre du Colonel de se porter immédiatement avec tous ses chars disponibles et la totalité de son personnel au PC du Régiment A NEUVILLE S/MARGIVAL. Le 5e char a dû être abandonné sur place (bloc moteur fendu) et laissé à la disposition de l'infanterie occupant SORNY.
A 22h la Section reçoit l'ordre de repli. Elle décroche à 23h15 en protégeant le repli des éléments du 102e RI. L'un des chars remorque un canon anti-char de 47 abandonné sur le terrain. Le repli s'effectue PAR MARGIVAL, VUILLERY, BRAYE, SOISSONS, COURMELLES, LA ROCHE. A Vuillery, vers 24h, un char tombe en panne par suite d'un défaut d'allumage, il est incendié sur place.
Section d'Echelon : Le mouvement GIRY VAUXROT, prévu pour la roulante est annulé en raison des bombardements. Accord est passé avec le lieutenant commandant la SE de la 3e Compagnie pour qu'elle soit intercalée dans l'échelon sur roues de cette dernière en cas de repli (l'échelon sur roues de la 3e Compagnie stationnait à SALSOGNE). Dans l'après midi le personnel de l'élément sur roues participe A VAUXROT à l'organisation du point d'appui (1 mitrailleuse - 2 FM) jusqu'à l'ordre de repli. Départ à 21h 30 en direction de MONTGOBERT.
L'élément sur chenilles subit un violent bombardement par l'aviation à 9h 30 sans pertes. Aucun incident jusqu'à réception de l'ordre de repli qui parvient à CLAMECY à 21h. après avoir rendu inutilisable le char indisponible à BRAYE l'élément gagne VAUXROT, alors abandonné, puis traverse l'Aisne à SOISSONS (le 7 à 2 h30)

Vendredi 7 juin :
1ère Section : stationne à MONTGOBERT - RAS
2e Section : aucune nouvelle
3e Section : arrive à 4h45 à LA ROCHE où se regroupe la 102e RI. Les 3 chars restants sont sous-bois et reçoivent une vingtaine d'obus sans dégâts.
Section d'Echelon : Les 4 chars de l'élément sur chenilles, ayant participé au repli, sont abandonnés dans le bois de PRESLES, sous un violent bombardement. Le personnel rejoint Bercy le Sec où se trouvent déjà la 3e Section (avec 3 chars) et 1 char de la SE précédemment mentionné. L'ensemble du personnel récupéré par les camions de l'élément sur roues, est ramené à Montgobert. Les chars, sauf 1 de la 3e Section hors d'état de marche (rupture du bloc moteur) sont conduits par les dépanneurs à Villers Helon où ils passent sous le contrôle de la Compagnie d'Echelon.

Samedi 8 juin :
Toutes Sections : Le personnel disponible participe à l'organisation du point d'appui réalisé par le Bataillon à MONTGOBERT. Ordre de repli à 18h30 et départ successif des éléments sur roues et du détachement de sécurité en direction de BARGNY - VINCY après avoir subi un très violent bombardement aérien à PUISEUX.
Le Capitaine BOUCAYS, Commandant la 1ère Compagnie
Signé : BOUCAYS

36e BCC
ETAT MAJOR
Copie certifiée conforme
PC le 1er juillet 1940
Le Chef de Bataillon ROUSSELOT, commandant le 36e BCC
Signé : ROUSSELOT

36e BCC - 2e Compagnie
COMPTE RENDU
relatif aux opérations effectuées par la 2e Compagnie du 36e BCC du 28 mai au 10 juin 1940.
Après son mouvement sur porte chars, la 2e Compagnie du 36e BCC a été mise à la disposition de la 87e DIA Le 23 mai 1940.
La 87e DI assurait la défense du secteur situé au Nord de l'Aisne, de HERMANCOURT à CRECY AU MONT. Sa mission était d'interdire à l'ennemi le franchissement du CANAL DE L'AILETTE.
La 2e Compagnie de chars a été répartie de la façon suivante :
Sous-secteur Gauche : Tenu par le 18e Rgt de Tirailleurs Algériens, une section de chars (2e section sous le commandement de l'Aspirant SIMONET)
Sous-secteur du Centre : tenu par le 9e Zouave : une section de chars (1ère section sous le commandement de l'Adjudant Chef TESSIER).
Sous-Secteur de Droite : Tenu par le 9e Zouave puis par le 17e RTA une section de chars (3e section sous le commandement du Lieutenant DESPATIN).
PC de la Compagnie et Sous-Section d'Echelon : à hauteur du PC de la Division.

Opérations effectuées du 24 mai au 4 juin 1940 :
Durant cette période, les 1ère et 3e Sections ont occupé des positions d'attente dans les bois à proximité immédiate des lignes dans l'attente de contre-attaques éventuelles. Aucune intervention n'est à signaler ; les 2 sections ont effectué quelques déplacements rendus nécessaires par l'arrivée du 17e RTA venu renforcer le dispositif.
La 3e Section mise à la disposition du 18e RTA a procédé à quelques opérations de nettoyage. Cette section avait 2 chars en position d'attente dans les bois situés au Sud de LA FERME DE LA TINETTE, les autres chars étaient en réparation à l'arrière, à ST PAUL AU BOIS et à BLERANCOURT.

Le 28 mai 1940, l'Aspirant SIMONET a reçu l'ordre de patrouiller en avant de la Ferme de la Tinette pour détruire quelques éléments ennemis ayant réussi à passer le canal. Il est parti avec le Caporal VAINSONNEAU vers 21h30, les 2 chars patrouillaient devant nos lignes sans rien apercevoir de suspect, lorsqu'ils ont été pris à parti par le feu d'armes anti-char.
L'Aspirant SIMONET a été atteint mortellement à la tête, son mécanicien le Chasseur RAVIZOLLI a pu le ramener dans nos lignes et le faire diriger sur le poste de secours.
Le 2e char s'est arrêté brusquement, malgré tous ses efforts, l'équipage n'a pu le remettre en route, après avoir mis l'armement hors d'état de servir, l'équipage a quitté le char et malgré le feu des armes automatiques, il a pu regagner les lignes amies.

Le 27 mai : l'Adjudant KAYSER de la Section d'Echelon prend le commandement de la 2e Section en remplacement de l'Aspirant SIMONET. Jusqu'au 4 juin, cette Section a été postée en surveillance près du PC du 18e RTA : RAS.
Opérations effectuées du 5 au 10 juin 1940 : L'attaque allemande s'est déclenchée sur tout le front vers 4h du matin avec de violents tirs d'artillerie.
Détail des opérations effectuées par chaque Section :
1ère Section :
5 juin 1940 : Section stationnée dans les bois au Sud de la FERME WALLON (800 m Est de TROSLY S/LOIRE)
6h30 : Reçu ordre de porter d'urgence la section sur la route de TROSLY S/LOIRE pour dégager la ligne d'arrêt du 9e Zouaves. Le char M 73743 en panne de moteur est laissé à la PA avec la remorque citerne. Les 2e et 3e mécaniciens sont mis à la disposition du PC du Bataillon à TROSLY S/LOIRE. Les chars restants ont pu refouler les éléments ennemis, mais l'infanterie amie n'a pas suivi. Pendant cette opération, le char C 73074 (Sgt DUBOIS, Chasseur GENTIER) a eu le tourillon et une porte de la tourelle arrachée par un obus, sans mal pour l'équipage. Le char a continué le combat.
Au retour à TROSLY, 2 chars ont été postés près des chicanes C 73074 sortie Nord de TROSLY et M 67391 sortie est de TROSLY). Dans la matinée, ces deux chars sont partis repousser des éléments ennemis au Nord de TROSLY, puis ils sont revenus aux chicanes.
10h30 : Nos 2 autres chars C 73188 et C 71040 reçoivent l'ordre du 2e Bataillon du 9e Zouaves d'aller appuyer la 7e Compagnie du Bataillon dont on était sans nouvelles.
11h30 : Les 2 chars atteignent cette Compagnie après avoir traversé les éléments ennemis sur 1300 m. Le Lieutenant commandant cette compagnie fait poster les chars pour la défense du point d'appui. La Compagnie est complètement isolée.
6 juin 1940 : 16h : le char n° 67391 resté à TROSLY S/LOIRE repousse des éléments ennemis dans le bois situé au Sud de la FERME WALLON et revient à TROSLY. Les autres chars continuent leur mission de surveillance.
7 juin 1940 : 23h30 : la 7e Compagnie reçoit l'ordre du repli immédiat. Au départ, le char 73188 casse une chenille. Il est abandonné peu après. Le char 71040 une tuyauterie d'essence coupée est laissé sur le terrain. Les équipages se joignent avec les fantassins.
Regroupement des chars et des fantassins à TROSLY S/LOIRE . Le char sans tourelles n° 73074 est abandonné pour boucher complètement la chicane. Le char M 67331 assure la protection entière de la colonne se repliant sur VIC S/AISNE. Actions locales de ce char. Traversée de l'Aisne à VIC S/AISNE. Arrêt à SAILLY. Le Chasseur LE COUIC a disparu pendant le trajet.
8 juin 1940 : 8h : La section est transportée par camions à MONTGOBERT, point de regroupement du Bataillon de Chars. Un équipage ramène le char 67391, mais celui-ci casse une chenille à HAUTE FONTAINE et déraille complètement. Le char est abandonné sous le feu de l'artillerie ennemie. Dépannage impossible de jour.
2e Section :
2 chars de surveillance à la rue de Noyon (PC du Colonel commandant le 18e RTA).
5 juin 1940 : 8 h : ordre de porter les 3 chars de BESNE à ST PAUL AU BOIS pour appuyer l'infanterie chargée de la défense du PC d'un Bataillon. Les deux chars sont libérés à 11 h et rejoignent la rue de Noyon. Ils sont alors portés en surveillance devant le PC du Colonel : char C 73243 et M 68078).
18h : Ces 2 chars reçoivent l'ordre de se porter en avant sur les lisières de la forêt. Ils rentrent sans avoir rien découvert après avoir tiré sur des couverts suspects. A signaler la conduite de l'adjudant KAYSER et du Caporal VAINSONNEAU, partis redresser la marche d'un des chars et rentrés au PC où essuyant le feu de l'Infanterie. Les chars reprennent leur faction au PC du Colonel. Ils sont rejoints par l'Adjudant Chef CAZELLES et le char de la Section d'Echelon C 73042 qui se poste avec les autres chars de la 2e Section.
6 juin 1940 : 7 h : Le char 73240 (Caporal VAINSONNEAU) est utilisé en renfort par l'Adjudant Chef CAZELLES au profit de la Compagnie du 17e RTA qui contre attaque vers les lisières Nord. L'adjudant-Chef est blessé dans son propre char (73042) mais il peut ramener les 2 chars à la rue de Noyon. A partir de ce moment le char 73042 passe à la 2e Section.
13h : Les 2 même chars, pour contre attaquer repartent vers le N-E. Le Sergent SEGUINIOL remplace l'Adjudant Chef blessé. Ils réussissent à dégager la partie E de la rue de Noyon. Au retour, la courroie du ventilateur du char 73240 saute. Néanmoins, le char rejoint son poste de surveillance. La pression ennemie est très forte, les chars jouent un rôle défensif très important. Belle conduite du Caporal VAINSONNEAU et du Chasseur THIEBAUT qui essayent sans succès de dépanner leur char 73240 malgré le danger d'encerclement. L'appareil doit être abandonné au repli.
18h : Ordre de se préparer au repli. Le chef de section obtient des fusils pour le personnel à pied.
21h : Le char C 71039 (Sgt ROY) part assurer avec une section d'infanterie la protection vers St Paul, une fuite importante d'essence l'immobilise. Il est abandonné sous le feu de l'ennemi. Le char C 73042 (Sgt SEGUINIOL) part en avant-garde avec une section d'infanterie pour dégager la route du repli. Les deux autres chars forment la queue de Colonne.
7 juin 1940 : 0h : Départ de la rue de Noyon - Arrivée à BLERANCOURT, point de regroupement du 18e RI. La section entière (chars et personnel) à pied avec une section d'infanterie assure la protection arrière du 18e RTA
8h : Passage de l'Aisne à BERNEUIL avec les 3 chars. Le char 68078 est laissé gardé à CROUTOY en panne d'essence. Les deux autres, avec la Section, arrivent à Pierrefonds à 18h, après avoir parcouru 40 km environ depuis le départ. Les appareils n'ont plus d'essence.
20h : La section est retrouvée par le Capitaine et transportée en camions à MONTGOBERT. Les pleins d'essence faits, les 3 chars sont ramenés par de nouveaux équipages. Le char 73042 une tuyauterie d'essence coupée, ne peut être réparé avant le départ de MONTGOBERT. Il est abandonné.
Le char 68078 prend feu près de MONTGOBERT. Le char 73243 ramené à MONTGOBERT doit être abandonné au départ par suite d'un défaut d'alimentation d'essence.
3e Section
Stationnée sous bois près de PONT ST MARD avec 4 chars ; le 71034 est en panne à Montecouve.
5 juin 1940 : 7h : Les chars se portant sur le chemin PONT ST MARD - CRECY AU MONT avec mission d'arrêter les engins motorisés. Bombardement de MONT ST MARD. Pas d'engagement.
15h : Ordre de rejoindre la ferme de Bonnemaison (PC d'un Bataillon du 17e RTA). L'ennemi par d'autres chemins avait débordé les lignes, pendant le trajet, le char M 67830 est abandonné près de PONT ST MARD, la magnéto ne donnant plus. Le char C 73036 prit feu et est abandonné à 2 km de PONT ST MARD.
17h : Le 2 chars restant arrivent à BONNEMAISON PC du Bataillon, leur mission est de surveiller le groupe.
De 17 à 18h : Violents bombardements de BONNEMAISON. Le Lieutenant DESPATIN et le Caporal BOURGEOT sont atteints par éclats d'obus et évacués sur le poste de secours. Le Sgt RITTER prend le commandement de la section.
Après le bombardement , les 2 chars restants opèrent une contre attaque. Le char 69090 reste sur le terrain, l'embrayage principal ne fonctionnant plus. Nuit calme.
6 juin 1940 : La ferme de BONNEMAISON flambe. Le dernier char 73049 (Sgt RITTER) opère une percée pour permettre le repli du PC. Résultat heureux. De plus le char put ramener un capitaine blessé du 17e RTA. La retraite s'est effectuée sans incident notable. Le dernier char a été abandonné à CAGNY, la boîte de vitesse cassée, le radiateur percé. La Section a été ramenée à MONTGOBERT le 7 au soir, embarquée sur camions près de PIERREFONDS.
Les chasseurs GUTKNECHT - ZIMMERMANN et PEQUIGNOT ont disparus pendant le repli.
Echelon sur chenilles
5 juin 1940 : 8h : l'ID 87 donne l'ordre d'envoyer les chars de la Section d'Echelon à CAMELIN et LE FRESNE, à la disposition du Commandant du Bataillon en réserve du 17e RTA.
Les 2 chars restants C 73042 (Adjudant Chef CAZELLES) et C 73138 (Sgt SEGUINIOL), l'échelon sur roues devant se porter à NAMPCEL près de l'ID.
Arrivée des 2 chars à CAMELIN à 14h. La section reçoit l'ordre de se diriger vers la rue de Noyon encerclée par l'ennemi, en appui d'une Compagnie d'Infanterie du 17e RTA. Le char 73138 s'est renversé complètement pendant le trajet. Le dernier char 73042 est arrivé sans encombre à la rue de Noyon. Il s'embosse alors en surveillance en renfort de la 2e Section.
6 juin 1940 : 7h : L'Adjudant-Chef contre attaque avec 2 chars comme dit à la 2e Section. Il est blessé dans son char à l'avant bras, les deux chars purent rentrer sans encombre. Ils avaient permis de capturer 16 prisonniers dont 1 officier.
Section de Commandement - Groupe sur roues
8h : Les éléments non combattants de la Compagnie sont porté à NAMPCEL près de l'ID. Impossible d'avoir des nouvelles des Sections.
20h : l'ID se constitue en point d'appui et le groupe de DCA poste ses deux mitrailleuses aux endroits indiqués.
L'ID donne l'ordre de repli de tous les éléments non combattants et les trains de combat au Sud de l'Aisne. Le chef de Bataillon de chars fixe MONTGOBERT comme point de regroupement.
6 juin 1940 : 2h du matin : l'ensemble du train de combat se replie avec la DCA en couverture. Arrivée à MONTGOBERT à 5h du matin. Le 6 juin, malgré tous les efforts, la liaison avec les sections n'a pu être établie.
7 juin 1940 au soir : La 2e Section est retrouvée à PIERREFOND, la 3e Section à proximité.
Le 8 juin 1940 à 5h du matin : La 1ère Section est retrouvée à SAILLY et ramenée à 8h à MONTGOBERT.
A 17h, un point d'appui est constitué à MONTGOBERT. Le groupe de DCA et ses 2 mitrailleuse y participent.
A 18h : départ de la Compagnie vers BARGNY. Quelques hommes de la Compagnie embarquée sur les derniers camions de la colonne ont été pris à partie par des éléments ennemis pendant le trajet et cernés. Ont disparu dans ces conditions les chasseurs :
PRUDENT - TERLISKA - CACOU - LEVEAU - CORNIC - CASSELEUX
Bombardement au passage à VILLERS COTTERET, la moto n° 294410 a été perdue au cours du bombardement de VILLERS COTTERETS.
PC le 24 juin 1940
Le Capitaine MERCIER, Commandant la 2e Compagnie
Signé MERCIER

36e BCC - ETAT MAJOR
Copie certifiée conforme - PC le 1er juillet 1940
Le Chef de Bataillon ROUSSELOT, commandant le 36e BCC
Signé : ROUSSELOT

36e BCC - ETAT MAJOR - 3e Compagnie
COMPTE RENDU
relatif aux opérations effectuées par la 3e Compagnie du 36e BCC du 25 mai au 10 juin.
J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que à la date du 26 mai 1940, la 3e Compagnie du 36e BCC a été mise à la disposition de la 28e DI.
En accord avec le Colonel CONQUET commandant le ID de la 28e DI, il fut décidé que la 1ère Section (Lieutenant GANDER) et 2e Section (Adjudant Chef LAVERGNE) seraient embossés aux têtes des ravins au Nord et N-E d'OSTEL et que la 3e Section (Lieutenant SONREL) serait placée en position d'attente dans les ravins de la Garenne (Ouest de la Ferme de l'Orme).
Les Sections regroupées dans les bois au Nord de BUCY LE LONG ensuite du débarquement à BERCY LE SEC firent mouvement dans la nuit du 25 au 26 mai 1940 pour se rendre à VAILLY SUR AISNE (position intermédiaire dans la nuit suivante (26 au 27). Les 1ère et 2e Sections se portèrent au Nord d'OSTEL et la 3e Section dans le RAVIN DE LA GARENNE, les 2 premières travaillant au profit du 1/99e RIA et la dernière au profit du 97e RIA. La Section d'Echelon resta à VAILLY S/AISNE pour assurer la défense des barrages, notamment à l'Est, du Village en direction de CHAVANNE.
Le 5 juin 1940 : l'ennemi déclanche une attaque sur le canal de l'Oise à l'Aisne, à 5h15, le même jour, le Lieutenant SONREL, Chef de la 3e Section reçoit l'ordre du Colonel commandant le 97e RIA de se porter en direction de la FERME MANY, des infiltrations allemandes s'étant produites au Sud du Canal. Il reçoit pour mission de contre attaquer, d'empêcher le repli des éléments du 97e RI. Vers 5h20, il se porte avec sa Section sous un violent bombardement d'artillerie vers la Ferme Many, mais n'aperçoit au cours de sa progression aucun élément français ni allemand. Après avoir louvoyé près des abords de la ferme une trentaine de minutes, il ramène sa Section en colonne par les lisières Sud Est de CHAVIGNON. Le Chef de Section revient alors par son ancienne position d'attente et n'apercevant plus ses 2e et 3e mécaniciens qui s'étaient repliés en même temps que les éléments du 97e RIA et de l'artillerie de montagne en secteur poursuit son chemin par la route de LAON à SOISSONS et s'arrête à la carrière du Fruty en raison d'une panne dans le train de roulement (axe de patin cassé), ceci dans le but de mettre son appareil en dehors des lignes ennemies et de permettre son dépannage. Les 4 autres chars rassemblés par le Sergent RENOT, Chef de la 1ère ½ Section revenant de leur tour à leur ancienne PA se mettent en liaison avec l'Infanterie. Le char du Sergent RENOT ayant pris feu, ce dernier prend le char du Caporal PELLETIER et après avoir refait les pleins d'essence travaille ensuite au profit du 130e RI auquel est affecté la Section ZINDY.
Le Lieutenant SONREL rejoint la 3e Compagnie le 5 juin au soir après être passé au bureau du Bataillon.
Le jeudi 6 juin : l'ordre de repli au Sud de l'Aisne est décidé par le Commandant. L'Echelon sur Chenilles (moins un char en panne à CONDE SUR AISNE) fait mouvement en deux temps pour se replier de VAILLY SUR AISNE sur BRENELLES. Trois chars exécutent le repli de 0h à 5h. Les deux derniers dont celui du Capitaine assurant le garde des barrages à VAILLY SUR AISNE se replient sous la direction de l'Adjudant JEUDY et du Sgt-Chef CHEVASSUS à 4h du matin. Les deux chars sont repliés dans le parc du CHATEAU DE LA TUILERIE, y passent la journée du 7 juin, rejoignent BRENELLE la nuit suivante.
L'échelon sur roues quitte dans la même nuit CIRY SALSOGNE pour la Ferme de RUGNY (Sud du Mont de Soissons). Les 1ère et 2e Sections se replient des têtes de ravins d'Ostel dans le bois Morin (Château de la Tuilerie). Le mouvement s'effectue normalement et à 4h le 7 juin, les deux sections de Combat et la Section d'Echelon sont en place. Avant le franchissement du Pont de Vailly s/Aisne, le Chasseur de 1ère classe HABERMACHER fonctionnaire chef de char est tué par éclats d'obus.
Dans la journée du 7 juin, l'ennemi déclenche des tirs d'artillerie très violents sur le Château de la Tuilerie et le bois Morin. Dans la journée, les chefs des 1ère et 2e Section font des reconnaissances en vue de l'engagement de leur section notamment en direction des Grèves Sablières et de l'Ecluse sur le canal.
Vers 18h, le Lieutenant GANDER et l'Adjudant Chef LAVERGNE me signalent que le bombardement d'artillerie devient plus intense et qu'il est inutile de choisir une nouvelle position d'attente. En commun, une reconnaissance est faite et il est décidé que de nouvelles positions à la gauche de la route de CHASSENY à VAILLY seraient occupées dans la nuit.
Vers 22h, un Chasseur de la 1ère Section visiblement commotionné arrive au PC de la Compagnie et rapporte que le Lieutenant GANDER a été tué et que le Caporal Chef DE VAUBLANC et le Chasseur CHARRIERE ont été grièvement blessés par des éclats d'obus. Cet accident semble être survenu au moment où le Lieutenant GANDER avait rassemblé ses chefs de chars pour leur expliquer le mouvement qui allait être exécuté.
Devant le repli du 3/99 sur une position de soutien, l'adjudant Chef LAVERGNE, chef de la 2e Section replia sa section et celle du Lieutenant GANDER sur BRENELLE en passant par BRAINE, arrivé au PC de la Compagnie le 8 juin vers 2h du matin, je lui donnais l'ordre de rejoindre au plus tôt la région de CHASSENY. Aucun ordre de repli officiel m'ayant été donné et sa Section étant susceptible d'intervenir incessamment. Le Caporal Chef VERDIER qui connaissant l'itinéraire guida la colonne, mais par suite d'un malentendu s'arrêta à une carrière pas trop éloignée de CHASSENY.
Le 8 juin au matin, le Colonel LACAZE commandant le 99e RIA me demande où était ma Section de chars. Je lui indiquai alors qu'elle se trouvait dans les carrières et champignonnières 1000 m Est de CHASSENY. Mais après être rentré téléphoniquement en relation avec le Chef de Bataillon MOUVELET commandant le 3/99 dont le PC se trouvait aux dites carrières, il apparaît que la 2e Section ne se trouvait pas là.
Sur l'ordre du Colonel LACAZE, je me rendis au PC du Commandant MOUVELET pour faire les recherches. On constata alors que la 2e Section s'était rendue à une autre carrière. Aussitôt je fis la reconnaissance d'itinéraire avec l'Adjudant Chef LAVERGNE, travail délicat car le terrain était exposé aux vues de l'ennemi et balayé par un tir d'artillerie assez nourri. L'Adjudant Chef LAVERGNE exécuta alors ce mouvement de jour et s'embossa aux environs immédiat de la champignonnière à 15h, malgré un enfer d'aviation et d'artillerie, la Section était en place vers 17h. L'Infanterie commença son mouvement de repli. L'Adjudant Chef LAVERGNE reçut alors la mission de protéger le repli des éléments du 99e et de ne se retirer qu'après avoir pris liaison avec le GRDI et de ramener vers l'arrière les chars disponibles. Les chars ne pouvant être ramenés devaient être rendu inutilisables avant repli.
L'Echelon sur chenilles et les chars de la 1ère Section qui avaient été placés tant dans des granges qu'aux abords de BRENELLE furent soumis toute la journée du 8 juin à un très violent bombardement aérien et terrestre. Le village de BRENELLE ayant été complètement détruit, les chars et les remorques ne purent être dégagés des décombres. Tous ces chars ont été rendus inutilisables sauf un qui n'a pu être retrouvé parmi les décombres.

36e BCC - Compagnie d'Echelon
COMPTE RENDU
des journées des 7 et 8 juin où la Cie d'Echelon/36 a été utilisée dans la constitution de points d'appui et a couvert avec l'Etat-Major du Bataillon et la Section de commandement, le repli de l'Etat-Major de la 8e DI et de ses trains de combat.
Pendant la Bataille de l'Aisne, la Compagnie d'Echelon a stationné d'abord dans le parc de VILLERS - ECLON puis dans MONTGOBERT.
Le 7 dans la nuit à 0h30, l'Etat-Major et la Section de commandement venant de VAUXROT et les débris des 1ère et 2e Cie viennent se regrouper à MONTGOBERT.
A 20h30 le PC du Général commandant la 8e DI vient s'installer aux emplacements de la Compagnie d'Echelon qui reçoit du Général commandant la 8e DI l'ordre d'évacuer MONTGOBERT.
Aucun ordre n'étant parvenu des chars du CA, le Chef de Bataillon se rend près du Général commandant la 87e DI pour obtenir de rester au château et dans le parc. Le Général refuse de le recevoir. Le Chef de Bataillon de sa propre autorité occupe le parc, le château et les dépendances du château et libère les bâtiments demandés à la 8e DI.
Le 8 dans la matinée, un poste d'observation est placé aux abords du château.
A 10h le Capitaine en observation à ce poste voit des fantassins se replier, et en absence du Chef de Bataillon parti sur la ligne de combats pour se mettre en liaison avec la 28e DI et la 3/36, le Capitaine commandant la Compagnie d'Echelon/36 envoie prévenir le Général. Celui-ci ordonne la mise en défense du PC et confie cette mission au GRD et au Capitaine TORTAIT commandant la Compagnie d'Echelon/36.
Un secteur est attribué à la Compagnie d'Echelon qui dispose de 2 mitrailleuses Hotchkiss (DCA) et 4 FM. Chaque arme est servie par un gradé chef de pièce, un tireur, un chargeur, un aide chargeur. Quelques chasseurs armés de fusils ou de pistolets automatiques concourent à la défense de MONTGOBERT.

PC 8 juin - 11heures.
1 AMR - 1 char H 39 aux ordres de ………………..
sont mis à la disposition du s/secteur LAVERSINE. Mouvement immédiat et de manière à éviter toute méprise.
Général Commandant CALYPSO signé : illisible

Les 2 équipages volontaires patrouillèrent à outrance couvrant le repli de la 8e DI et maintenant l'ennemi. Le Sgt Chef CATTIN est blessé à la main dans son appareil et ne peut ramener son appareil dont la chenille est coupée par un obus. Le H 39 rejoint nos lignes plus tard, abondamment mitraillé par l 'ennemi et la poulie de tension traversée par un obus de 37 à quelques cm de la chenille.
Vers 13h30, le Chef de Bataillon rentrant de la 28e DI se présente au PC de la 8e DI et reçoit l'ordre de prendre le commandement du dispositif de sécurité fourni par le 36e BCC. Il forme 2 groupements : le 1er commandé par le Capitaine BOUCAYS - 4 mitrailleuses DCA des Cies - le 2e commandé par le Capitaine TORTAIT.
Après avoir donné des ordres et installé son PC en arrière de la route VALSERY et LONGPONT, il fait demander au Général par le Capitaine WANNEBROUCQ l'autorisation de faire replier les véhicules de la Compagnie d'Echelon inutiles pour le combat ; en, particulier l'atelier et les citernes à essence. On lui refuse.
Vers 17h, ordre est donné d'envoyer un Officier avec une équipe de FM au carrefour de la route de VALSERY et LONGPONT et route Soissons - VILLERS COTTERETS pour arrêter le repli de l'infanterie et lui faire regagner " Versefeuille " Ferme où un point d'appui est en voie d'organisation (ordre verbal). A 17h30 le Bataillon reçoit l'ordre de faire replier les camions de la Compagnie d'Echelon sur BARGNY. La colonne prend la route de Puiseux.
Vers 19h30, le Chef de Bataillon apprend que le GRD s'est replié sans en avertir les éléments du 36e BCC avec lesquels il était en liaison.
Le chef d'Etat Major de la 8e DI averti par les soins du Commandant ROUSSELOT lui donne l'ordre de se replier sur les autres positions qu'il doit défendre (CARREFOUR DU SAUT LE CERF). Le Chef de Bataillon fait embarquer en camion les dispositifs de sécurité et par PUISEUX donne l'ordre de se porter : éléments Capitaine BOUCAYS au carrefour Ouest du Saut le Cerf - au Capitaine TORTAIT de tenir le Saut le Cerf.
Les camions prennent la route de PUISEUX, mais il leur faut doubler une colonne d'artillerie et celle des véhicules de la Compagnie d'Echelon. Une attaque aérienne à la bombe et à la mitrailleuse coupe la route dans PUISEUX et immobilise les colonnes pendant plus d'une heure.
Vers 20h30, les éléments de sécurité du Bataillon arrivent aux carrefours indiqués mais ils sont pris à parti et dissociés par des éléments d'infanterie motorisée ennemie qui les ont devancés. Deux camions sont criblés de balles, les conducteurs sont blessés ou tués, plusieurs sont touchés.
Un certain nombre de gradés et de chasseurs parviennent à rejoindre le Bataillon qui est près de là. D'autres rejoindront le lendemain ou plusieurs jours après.
A 21h30, le Chef de Bataillon reçoit l'ordre de se replier et de gagner BARGNY puis VINCY où le Bataillon arrive à 3h du matin.
Le Capitaine TORTAIT Commandant la Compagnie.


3 juillet 1940 : Le 36e Bataillon de Chars de Combat forme un Bataillon de marche sous les ordres du Chef de Bataillon ROUSSELOT.
Le 36e Bataillon de Chars de Combat a fait la guerre.
Le 36e Bataillon de Marche veille à la naissance de l'ordre nouveau.
La présente édition du Journal de Marche et Opérations du 36e BCC est arrêté à la date de ce jour 3 juillet 1940. Le PC du Bataillon étant à Orbessan - Gers.

 

 

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