Image               35e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 

 

 

Unité constituée le 2 septembre 1939 à Vannes avec un noyau actif du 505e R.C.C. et des réservistes originaires de Bretagne et de Vendée. Armée de chars R 35 provenant du matériel d’instruction du régiment et de matériels roulant réquisitionné.

INSIGNE : Le Chevalier du Guesclin, connétable Breton, chargeant heaume en tête. En pointe : l’hermine de Bretagne couvrant le Cœur de Vendée. Maquette réalisée par le sergent réserviste Marzin, artiste peintre breton. Blanc sur émail vert.

DEVISE : Partout je fonce, Toujours j’enfonce.

ENCADREMENT AU 10 MAI 1940

Chef de Bataillon RAGAINE, commandant le Bataillon.
Capitaine ALLOY, Chef d’Etat-Major.
Capitaine CLAURON, Chef d’Etat-Major adjoint.
Lieutenant HENON, Adjoint technique.
Lieutenant LE BARS, Officier de Renseignement.
Lieutenant HERIO, Officier de Transmissions.
Lieutenant LANTIER, Chargé des détails.

 
 1ère Compagnie  2ème Compagnie  3ème Compagnie Compagnie d’Echelon
Capitaine PELLETIER Capitaine MURATI Capitaine RICHARD Capitaine MAURY
Lieut. LESTOREY DE BOULONGUE Lieut. MADIOT Lieut. CARO Lieut. MONSIGNY
Lieut. RAOUL Lieut. DELAGRANGE Lieut. HERBIN Lieut. GUERRE
Lt ESPIVENT de la VILLEBOINSNET Aspirant CONDORET Lieut. GUESDON Lieut. MAZET
Adj. RYCKEBUSCH Lieut. JANIN Lieut. BOGAERT Lieut. TRICOCHE
Lieut. DE LUSSY Lieut. RAMPILLON Lieut. HENRY  
 

PERTES

Personnels                                                             Matériels

Tués : 14                                                     45 chars détruits au combat : 100 %
Blessés : 35
Disparus : 14
Prisonniers : 18

 

CITATIONS

A l’ordre de l’Armée n° 211/C du 2 septembre 1940 :
« Unité animée d’un entrain et d’une bravoure remarquable. Sous le commandement de son chef, le Commandant Ragaine, a été appelée à agir continuellement pour retarder l’avance ennemie du 12 au 25 mai, notamment devant Gembloux. L’a fait avec un mépris total du danger allant jusqu’au complet sacrifice ».

68 citations individuelles, 5 Légions d’Honneur et 4 Médailles Militaires

 

HISTORIQUE

I. 2 septembre 1939 – 10 mai 1940.

2 au 14 septembre : Constitution de l’Unité.

14 septembre : Départ des éléments sur roue. Mouvement par voie de terre, destination Troyes (Aube).

15 septembre : Embarquement des éléments de combat sur voie ferrée. Première rame départ à 19h27.

16 septembre : Départ des 2ème – 3ème et 4ème rame à 4h30, 12h27 et 20h30. Le trajet passe par Le Mans, Lisieux, Sotteville-les-Rouen.

17 septembre : Amiens, Tergnier, Reims, Mourmelon-le-Petit ou la première rame arrive à 8 heures, y débarque et fait mouvement sur le camp de Châlons-sur-Marne.

18 septembre : arrivée des trois dernières rames.

19 septembre – 4 octobre : Mise au point du matériel, instruction des équipages, manœuvres de jour et de nuit, tirs.

7 octobre : Mouvement du bataillon par voie de terre. Destination Aure-et-Manre (Ardenne).

8 octobre – 1er novembre : Poursuite de l’instruction au camp de Suippes.

2 novembre : La CT 73 rattachée au bataillon assure le transport des unités à Pouan-les-Vallées (Aube).

3 novembre – 19 novembre : Continuation de l’instruction au camp de Mailly, manœuvres avec les divisions d’infanterie qui y sont stationnées. Tous les mouvements sont effectués par porte-chars de la CT 73.

20 novembre : Embarquement sur voie ferrée à Arcis-sur-Aube. Débarquement à Péronne.

21 novembre : Stationnement à Doingt , Courcelle et Buire. Le Bataillon est affecté au G.B.C. 515.

22 novembre 1939 – 10 mai 1940 : Manœuvres avec les grandes unités stationnées dans le secteur. Etude de la manœuvre « Dyle ».

II. 10 mai 1940 – 24 mai 1940.

10 mai : Préparatifs en vue de l’exécution de la manœuvre « Dyle ». Le Bataillon, mis à la disposition du 4ème C.A., doit transporter ses éléments chenillés dans la région de Marbisous (Belgique), à la ferme de la Cognée, la CE et ses éléments sur roue à Rossignies. Le mouvement doit être exécuté en trois colonnes pour les éléments sur roue et en deux rames par voie ferrée pour les éléments de combat.

11 mai : A midi la première colonne sur roue part. Elle comprend l’EM et ses éléments légers de reconnaissance et ses campements. A 20 heures, le PC du bataillon est établi à la gare de Buzet où doit s’effectuer le débarquement.
 
12 mai : Les mouvements s’effectuent suivant le plan établi : 7h19 départ de Péronne de la première rame, 19h15 de la deuxième, 15h30 départ de la deuxième colonne sur roue (ravitaillement et dépannage), 16h de la troisième colonne (éléments lourd et atelier).

A 16 heures, la première rame débarque en gare de Feluy-Arquennes et non de Buzet comme prévu, suivi à 20 heures par la deuxième. Les unités se portent à la position de rassemblement, ferme de la Cognée.

13 mai : Au petit jour les éléments de combat parviennent à la position où ils sont rejoints par les éléments sur roue. La CE stationne à Rossignies. A 16 heures, le PC est en place.

14 mai : A 3h15 le GBCC 515 prescrit au bataillon de porter immédiatement ses unités aux Communes, à proximité du bataillon de réserve du C.A. Liaison est prise avec le Cdt de l’ID de la 1ère Division Marocaine (PC ferme de Géronvillers) qui demande au CA de disposer du bataillon. Satisfaction lui est donnée.
Un groupement tactique est constitué comprenant le 35ème BCC et le 3/2 RTM, l’ensemble placé sous les ordres du Cdt du 35ème BCC. Les chars se portent au bois de la Haussière où se trouve le bataillon d’infanterie. A midi, le PC du groupement est en place à la ferme de la Haussière (sur l’axe du secteur Gembloux – Ernage). La ligne principale de résistance est constituée par la voie ferrée Bruxelles – Namur et est tenue par deux bataillons du 2ème RTM. A droite la liaison est établie avec la 15ème DIM et à gauche avec le 1ère DIM du 3ème CA.
A 11h30, l’infanterie signale l’irruption de nombreux engins blindés ennemis qui tentent de franchir la voie ferrée (en déblai) en utilisant les ponts routiers intacts. Cette attaque est brisée par les feux conjugués de l’infanterie et de l’artillerie.
A 13h30 l’infanterie en ligne craint une nouvelle attaque et malgré le succès du matin, appréhende de perdre pied sur sa position et fait appel aux chars.
A 15h00 le Cdt de l’ID donne l’ordre au groupement tactique d’intervenir avec mission : 1er rétablir l’infanterie sur sa position, 2ème permettre au génie du secteur d’opérer la destruction des ponts enjambant la voie ferrée entre Gembloux et Ernage.
Dispositif d’attaque : Deux compagnies d’infanterie en 1er échelon. Chars : 1ère compagnie à droite, 2ème compagnie à gauche, 3ème en réserve. Base de départ : bois de la Haussière. H = 16 heures.
Le débouché et la progression s’effectuent normalement. L’infanterie rassurée, le Cdt du secteur arrête provisoirement la progression sur la ligne Cortil – Couvent la Gatte.
A 18 heures, des blindés ennemis tentent d’enlever Ernage. La 1ère compagnie reçoit mission d’intervenir. Elle prend contact avec l’infanterie qui tient le village. L’attaque est repoussée et les chars reprennent leur progression pour exécuter la seconde partie de l’ordre d’attaque. A ce moment les chars sont survolés par des avions de reconnaissance adverses qui à faible hauteur lancent des fusées mauves signalant à l’artillerie ennemie la marche de nos appareils. Des salves de 150 et de 77 marquent le franchissement de la cote 160 par le groupement.
A la nuit tombante, les 1ère et 2ème compagnies vont se placer en surveillance à l’entrée des ponts à détruire qui sautent. A 22 heures le groupement reçoit l’ordre de rallier La Hussière et l’infanterie rejoint sa base de départ.
Les chars restent à hauteur de Cortil – Couvent en soutien de la première ligne et en surveillance du PC du secteur où s’installe également à 23 heures celui du groupement. Les compagnies sont stationnées aux points suivants : 1ère Ardennelles – 2ème parc du château de Château-Foriest – 3ème Cortil – Couvent où elles sont ravitaillées.

15 mai : Brusquement dans la nuit la situation s’aggrave. Un bataillon d’infanterie bordant la voie ferrée n’occupe plus son secteur. L’ennemi très mordant attaque pour occuper la brèche et s’infiltre dans la position. Les Stukas toujours maîtres de l’air s’élancent par vagues successives, cherchant à détruire les points vitaux. Les PC et les positions d’artillerie sont violemment bombardés.
A 11h15 l’ID donne verbalement l’ordre de reprendre l’attaque. La formation de la veille est reprise et les chars qui, pour la nuit, sont restés devant l’infanterie, reprendront la progression dès que l’infanterie parviendra à leur hauteur.
Objectifs successifs :
01 - Ligne La Gatte – La Chapelle Ste Gertrude.
02 – Cote 100 – ferme La Gasse.
03 – Ligne de chemin de fer Ernage – Gembloux.
En fin d’attaque, l’infanterie doit s’établir sur la ligne principale de résistance pour y combler la brèche créée la nuit précédente.
Position de ralliement et ravitaillement pour les chars : Cortil – Couvent.
Débouché de l’infanterie : H = 12 heures.
Dès le débouché l’infanterie est violemment prise à partie par les Stukas, retardant son démarrage. Lorsqu’elle parvient à la ligne de stationnement, le groupement entame sa progression vers 01.
Une nouvelle vague de Stukas fonce sur nos lignes ; 80 bombardiers se relaient, attaquent à la bombe et à la mitrailleuse. L’infanterie se terre et tire sur les avions qui, libres de leur mouvement, attaquent en rase-mottes. Deux avions sont abattus. Le bombardement dure ainsi pendant trois quarts d’heure. Ardennelles et Cortil – Couvent ont littéralement fondu sous les bombes. Les pertes en personnels et en matériels sont faibles.
Avec une nouvelle ardeur, le groupement reprend sa marche en avant. A ce moment, monte dans les lignes ennemies un ballon d’observation et durant toute la journée aucun mouvement ne lui échappera plus dans l’immense plaine de Gembloux. Il ne descendra qu’a la nuit sans avoir été inquiété par notre artillerie.
Les avions de reconnaissance avec leurs fusées mauves continuent à signaler l’emplacement de nos chars. Le groupement est pris à partie sous des feux d’artillerie et d’antichars. Le nombre de chars immobilisés par ces feux augmente au fur et à mesure de la progression. La compagnie réservée vient à son tour se mettre en ligne et l’effort du bataillon peut se poursuivre sans ralentissement dans l’attaque. L’infanterie confiante et ardente colle au plus près. A 20 heures le groupement parvient à la voie ferrée. Jusqu’à 21 heures, sous la protection des chars, l’infanterie s’installe sur sa position.
L’infanterie a subi de lourdes pertes. 17 appareils sont immobilisés ou détruits. Quant à l’adversaire, ses deux contre-attaques ont été repoussées. Il a subi de lourdes pertes et s’est replié loin de la ligne atteinte par nos troupes.
A 21 heures, les chars rejoignent la position de ralliement à Cortil – Couvent où il est procédé au ravitaillement. Les équipages de dépannage s’activent sur les chars susceptibles d’être récupérés lorsqu’à 23 heures l’infanterie reçoit l’ordre de repli général de la 1ère Armée.
Le PC du secteur est déjà évacué, l’infanterie commence son repli. Les chars décident de rester en arrière-garde et attendent le passage des derniers éléments d’infanterie tandis que les équipages d’appareils immobilisés, aidés des dépanneurs, sabordent les appareils qui n’ont pu être récupérés.

16 mai : Il est 2 heures lorsque le bataillon parvient à La Hussière. Il n’y a plus d’infanterie sur le terrain, le PC de l’ID est parti sans laisser aucune liaison.
Le bataillon rejoint sa position de rassemblement à la ferme de La Cognée. Cinq chars trompés par les lueurs d’incendie s’égarent et ne rejoindront que beaucoup plus tard.
A la ferme de La Cognée la liaison est reprise avec le GBC 515 qui lui prescrit d’établir le bataillon en surveillance dans la région de Wagnelée. Le mouvement est effectué rapidement. Un escadron de SOMUA du 2ème Cuirassier est déjà en place. Avec le bataillon, un barrage est établi en avant de l’usine Chassart à cheval sur la chaussée Brunehault.
On s’attend à une contre-attaque des blindés ennemis qui au matin ont repris leur marche en avant.
A 19 heures des chars lourds apparaissent sur la légère crête qui marque l’horizon. Le combat est bref, aucun char adverse ne parvient à franchir la crête.
A la nuit tombante le GBC donne l’ordre de franchir le canal de Charleroi et de prendre position dans la région de Godarville, avec mission d’interdire le franchissement du canal par le tunnel face à Godarville ainsi que les passages entre Seneff et le pont de Jeumont.

17 mai : À 1 heure la position est occupée. Le bataillon a encore perdu 4 chars devant Wagnelée et 3 au passage du canal.
Le matériel en état de combattre est déployé en arrière du tunnel qui vient d’être miné par le génie.
Les liaisons sont prises à droite avec le 4ème RI et le 106ème RI à gauche (cette unité relevant du 5ème CA).
L’ennemi réagit par de violents tirs d’artillerie mais son infanterie reste hors de portée de nos chars qui de la journée n’ont pas à intervenir.

18 mai : Dans la nuit notre infanterie décroche et va occuper des positions en arrière de l’Escaut. Le GBC prescrit au bataillon de se porter à Noirchain (sud de Mons) et de regrouper ses éléments TC et TR à Saultain (4 km sud-est de Valenciennes). Ensuite il est dirigé sur Préseau et Maresche ; point qu’il atteint à 21 heures et où toute la nuit, il sera soumis à des tirs de harcèlements de l’ennemi.

19 mai : Dès le matin des infiltrations de blindés allemands sont signalées en direction de la forêt de Mormal, particulièrement à Villers-Pol, menaçant Maresche.
A 12 heures la présence de l’ennemi se confirme, tentant de déborder par le sud.
Le Cdt du groupement demande l’assistance des chars. Au moment où la colonne se forme, un violent tir d’artillerie s’abat sur le bataillon qui subit de nouvelles pertes en personnels et en matériels. Sans ralentir leur marche, les chars se déploient sur les hauteurs est de Préseau.
L’infanterie et les blindés adverses sont refoulés et nos troupes décrochent en direction de Bouchain.
Cette contre-attaque permet aux échelons du bataillon de se dégager de Maresche. Libéré le bataillon se dirige sur l’entrée nord de Astre au pont de la Rhonelle, quand le GBC lui prescrit de se regrouper à Oppy pour y être mis à la disposition du Corps de Cavalerie.
Point de stationnement à atteindre : Auby – Flers.
Il reste 4 chars dont 1 indisponible remorqué. PC du GBC à Marchiennes.

20 mai : Le Corps de Cavalerie prescrit au bataillon de porter les éléments qui lui restent à Rouvroy (5 km sud-est de Lens). A 15 heures les chars sont en place.
Dans la nuit le bataillon est renforcé par une compagnie du 22ème BCC qui, débarqué à Lens, a perdu tout contact avec son bataillon. Les 11 chars qu’elle possède vont permettre de mettre 15 appareils à la disposition du CC.
Au cours de la nuit le regroupement s’effectue entre Farbus et Willerval (sud de Bailleul – Sire – Behoult).

21 mai : Le bataillon reçoit la mission d’assurer la protection du flanc ouest d’une attaque menée par deux divisions britanniques débouchant de la ligne Arras – Bouchain en direction de Péronne. L’attaque sera également appuyée par les SOMUA d’une DLM.
La mission de protection fixée au bataillon est conjointement assurée par des éléments du 13ème BCC.
Position de départ des chars : Route Nationale 39.
Objectifs successifs : Duisans, Warlus, Agnès et Simencourt.
H = 14h30.
Dès la sortie d’Etrun les chars subissent les premiers antichars de l’adversaire et lorsqu’ils parviennent à la position de départ, ils se heurtent à une forte colonne motorisée allemande venant de St-Pol et se dirigeant vers Arras. Les Chars (13ème et 35ème BCC) chargent à toute vitesse par le travers de la colonne qui, après un violent et court combat, est anéantie. De nombreux prisonniers sont capturés.
Une compagnie britannique appuyée par des éléments du 13ème procède au nettoyage du terrain pendant que les autres éléments occupent Duisans. Le cimetière anglais de Duisans occupé par l’ennemi est rapidement occupé. Un dépôt de munitions et d’essence que les Allemands avaient déjà établi brûle et saute.
Les chars poursuivent leur progression en direction de Warlus, Berneville et Simencourt où ils arrivent à la nuit tombante et s’établissent en surveillance.
La nuit est très agitée. Une colonne blindée ennemie appuyée de nombreux antichars réussit à s’infiltrer entre Simencourt et Warlus, coupant ainsi toute retraite. L’infanterie anglaise n’a pas suivi. Dès le début de la progression, elle a été stoppée par un ordre de son commandement et a aussitôt commencé sa retraite sur Dunkerque, négligeant de prévenir ses camarades de combat, de sorte que les appareils qui avaient tous les objectifs se retrouvent de ce fait dans une situation extrêmement critique.

22 mai : Liaison, ravitaillement ne parviennent plus au bataillon, cerné, isolé. Au petit jour il attaque pour rompre l’étreinte. Une section du 13ème qui protège le repli à elle seule met 17 blindés allemands hors de combat. Une vingtaine d’autres sont immobilisés durant la retraite par nos chars. Mais les antichars ennemis mettent les nôtres durement à l’épreuve. Nos pertes tant en matériels qu’en personnels sont lourdes.

23 mai : Les éléments du GBC parviennent à rompre l’étreinte et à reprendre leur autonomie. Le bataillon reçoit l’ordre de regrouper ses éléments au nord de la Lys à hauteur de la forêt de Nieppe. Le mouvement s’effectue sous les bombes de l’aviation ennemie. Au pont de Merville il ne reste plus que trois appareils, les autres n’ont pu franchir cette ultime étape. Les coups reçus la veille leur ont causé des avaries trop graves. Tour à tour immobilisés, ils sont désarmés et sabordés.
Les trois derniers appareils sont affectés à la défense des ponts de St-Venant et de Merville où ils sont détruits par l 'ennemi.
Ainsi disparurent les dernières possibilités de combattre du bataillon.

24 mai : Le Commandant du bataillon reçoit l’ordre de se mettre à la disposition du 3ème CA et de former un bataillon de marche avec les unités des divers bataillons des 1ère et 7ème Armées.
Puis un nouvel ordre lui parvient : tenter de rallier Dunkerque en vue d’un éventuel embarquement.

III. 25 MAI 1940 – JUILLET 1940.

25 – 28 mai : Le bataillon part de Vieux-Berquin où il stationnait et se dirige vers Hondschoot à la ferme des Anguilles. Le matériel sur roue est remis en état pour servir au transport du personnel jusqu’aux Moeres où tous les véhicules s’enlisent dans les marais aux eaux gonflées par les inondations déjà tendues.

29 mai : Après une marche à pied de 20 kilomètres et de nuit, le bataillon parvient à Malo Terminus, PC de la défense de Dunkerque. Il y reçoit l’ordre de se rendre au quai de l’Embectage où il doit être embarqué. Dunkerque est en feu, le bombardement y est incessant. Sans aucun abri durant 4 heures, le bataillon subit le feu de l’aviation. Les bateaux n’étant pas à quai, pour éviter des pertes inutiles, le bataillon revient à Malo.

30 mai : Au petit jour, le bataillon est de retour à Malo. A 8 heures il est alerté et retraverse la ville croulante sous les bombes. L’embarquement s’effectue sur « L’impétueuse » et la « Boudeuse ».

31 mai – 4 juin : Dès l’arrivée en Angleterre, il est dirigé sur le camp de Northampton où le personnel peut enfin se reposer. Embarqué de nouveau à Southampton, il débarque à Cherbourg et rejoint le centre de rassemblement des chars dans la région de Houdan.

5 – 7 juin : Le personnel venant d’Angleterre est cantonné à Aviron (10 km d’Evreux) où sont retrouvés des éléments du bataillon qui, acheminés par voie de terre, ont pu s’échapper de l’étreinte des colonnes ennemies.

8 juin : Le bataillon doit s’embarquer en gare d’Evreux où il subit son dernier bombardement qui lui cause de nouvelles pertes.

REMARQUES
Comme toutes les unités équipées du matériel R 35, le bataillon est dépourvu de liaison radio et son armement est celui de la dernière guerre. Ces faiblesses diminuent considérablement le potentiel de l’unité. Alors que les appareils par ailleurs possédaient de remarquables qualités de blindage et de robustesse mécaniques, qualités qui se sont révélées bien supérieures à ce que l’on pouvait escompter. A telle enseigne qu’en dehors des combats les appareils ont pu effectuer des parcours de 300 à 500 kilomètres sans graissage faute de temps et d’ingrédients.
Fait assez rare dans cette campagne, le groupement tactique infanterie – chars est donné au commandant du bataillon de chars. Cette disposition fut particulièrement heureuse car le 15 mai, lorsque l’ennemi déclenche son attaque, le Cdt du secteur se contente de lancer un ordre verbal bref, net et précis : « Bille en tête sur la Gatte ».
Malgré l’âpreté du combat, les équipages ont nettement l’impression d’avoir gagné une rude bataille. Aussi lorsque leur parvient l’ordre de retraiter, ils ne comprennent pas et c’est le cœur bien lourd que dépanneurs et équipages sabordent les engins immobilisés, alors que les dépannages étaient déjà en bonne voie.

Sources : Archives du SHAT Vincennes.

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