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           29e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT 

 

 

Au début de la bagarre, le 12 mai 1940, le 29e est à la disposition du 42e C.A. pour assurer la défense du goulot de l’Othain à Châtillon l’Abbaye et l'intégrité de la bretelle d'armée numéro 8 entre les IIe et IIIe Armées.

Dès septembre 1939, les reconnaissances avaient conclu (étant donné l'importance stratégique capitale de la mission) à l'emploi d'un bataillon de chars B et un bataillon de chars légers modernes !
Une défense antichar avait été minutieusement étudiée tout l'hiver.

Le 10 mai pas une fosse n'était creusée ; il n’y avait en place, aux endroits choisis que des petits écriteaux au ras du sol : «FM» ; «25» ! En octobre 1939, l'inspecteur de l'artillerie de la IIe armée avait rebuté 19 sur 39 canons de 37 SA, sans qu'ils aient été changés !

Du 12 au 20 mai, le bataillon occupe ses positions d’attente, sans incident. Le 20 mai, le commandant Bernier reçoit une nouvelle mission : «la défense des dessus d'ouvrages de la ligne Maginot (ouvrages de Coaffy, Fermont, Latiremont, Brehain, Rochonvillers, Molvange) pour deux compagnies, sur un front de 63 km ! (Une compagnie, la première, restant seule affectée à la mission initiale de bataillon).
En fait, l'accès des dessus d'ouvrages étant impraticable aux chars, il est décidé, d'accord avec l'infanterie, que les appareils collaboreront à la défense des intervalles.

Du 20 mai au 14 juin, jeu d’échec ! Les compagnies étant continuellement déplacées en un carrousel qui, sans qu'on ait à intervenir, épuise matériel et personnel. Le bataillon éparpillé échappe complètement au commandement du chef d'unité.

Le 14 juin, à 11 heures, le bataillon reçoit du G.B.C. 513, l'ordre de sacrifier sa première compagnie au décrochage de la 51e  D.I.
Les 2e et 3e compagnies passent à la disposition d'un certain groupement Miserey dont le PC devrait être à Greux (11 km au Nord de Neufchâteau).
Tandis que les éléments du bataillon font mouvement vers le nouveau point de rassemblement, le commandant cherche le groupement Miserey. En vain. Aucune trace de ce groupement dont on entendra plus jamais parler.
Les mauvaises nouvelles se confirment. Le commandant Bernier voyant à Greux que l'infanterie est embarquée en cars à destination d'un point de regroupement en forêt de Clermont, décide d'y diriger ce qui subsiste des deux compagnies qui lui restent.
L'étape, excessivement pénible, se fait au milieu de l'horrible désordre du reflux. Sous le bombardement de l'aviation italienne, une partie du matériel est incendiée : un sous-officier tué, plusieurs officiers et chasseurs blessés.
À l'arrivée, pas d'instruction. Il n'est plus donné d'ordre, mais seulement cette tendance générale «essayer de passer au travers de l'ennemi qui cerne la poche, comme on pourra, à l'initiative de chacun» !
Le commandant Bernier donne un point de rassemblement : Quingey au sud de Besançon. Les divers éléments du bataillon emprunteront, pour s'y rendre, des itinéraires différents.
Le capitaine Le Corre a pris le commandement de la colonne des éléments de combat. Comme il est à deux kilomètres de Lure, il est appelé auprès du colonel Duluc (ancien commandant du 505e RCC) qui organise la défense de la ville et entend utiliser ces chars. L'ordre est donné à Le Corre.

«Ordre pour la 3e compagnie du 29e BCC :
La 3e compagnie du 29e BCC a pour mission initiale de protéger l'artillerie (un groupe de 75 du 69e R.A.) placée en antichars autour de Lure. Elle agira par sections au bénéfice de chacune des batteries de ce groupe.
                                                                       Le 16 juin 1940 signé : Duluc

Mais dans l'indescriptible désordre des chemins de repli, quand celui-ci veut rejoindre sa colonne, il ne parvient à récupérer que huit chars.
Dans ces conditions troubles, une partie de son personnel et de son matériel s'est évanoui ! Quelques éléments individuels parviendront, seuls à passer hors de la poche.
Il reste en définitive huit chars FT avec le capitaine Le Corre, le sous-lieutenant Marchetti, trois sous-officiers, deux caporaux, 11 hommes. Le commandant du groupe d'artillerie demande le fractionnement des chars en quatre groupes de deux, placé aux différentes issues de Lure, en protection en avant des 75 ; ordre de se camoufler au mieux et de n’ouvrir le feu qu'à la dernière extrémité, sur personnel uniquement.
A 20 heures, l'ennemi se présente venant de la direction de Vesoul. La pièce de 75 protégée par le char du sous-lieutenant Marchetti fait mouche dans deux automitrailleuses qui flambent, tandis que le char détruit plusieurs side-cars, mais son percuteur de canon casse. Faute d'une pièce de rechange, l'appareil n'est plus d'aucun secours. Marchetti reçoit l'ordre de mettre le feu à son char.
À 21 heures, l'infanterie polonaise se replie et l'artillerie et les chars restent seuls à Lure.

Le 17 juin à six heures, les Allemands commencent le bombardement de la ville. À huit heures, comme les Allemands avancent sur la gare, l'artillerie reçoit l'ordre de repli et part. Aucun ordre pour les chars. Le capitaine Le Corre se rend au cimetière où était le PC ; plus personne…..
Mais, près de la mairie, il rencontre le maire et deux conseillers, ceints de leur écharpe qui lui disent que tout le monde s'est replié et le supplient de ne pas résister pour épargner la ville que les Allemands arrosent de fusants.
Le lieutenant Marchetti, envoyé pour reconnaître la route de Mélisey qui avait été indiquée comme route de repli éventuel revient dire qu'elle est coupée par l'ennemi. Seuls restent non occupés deux chemins qui ne peuvent être utilisés par des porte-chars chargés.
L'ennemi commence à tirer sans arrêt avec du 105 devant les chars. En se rendant à pied, à travers champs à un de ces appareils, le capitaine Le Corre aperçoit une caravane de gros chars allemands qui rentrent dans Lure. Il en compte 16.
Il donne l'ordre de mettre le feu aux quatre FT qui restent et embarque son personnel sur les porte-chars.
Par le chemin en direction de Mélisey, ils quittent Lure pour atteindre Le Thillot à 11h30.
Au PC de la 8e Armée on lui remet l’ordre suivant :

8e Armée
E.M. ORDRE
3e bureau
par ordre, le capitaine Le Corre du 29e BCC, avec le reste de sa compagnie, se ralliera à la C.E. du 16e BCC entre Le Thillot et Ferdrupt.
Et suivant le sort de cette C.E.
                                                     PC le 18 juin 1940 (14 heures 05)

Le 22, à 18h30, ils sont pris, ainsi que le commandant Bellanger et toute la C.E. du 16e BCC, personnel et matériel au complet.

Sources : Archives du SHAT Vincennes.

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