Le 24ème Bataillon de Chars de Combat
 
à Montcornet




Si certaines unités de la 4e D.C.R. ont été constituées de toute urgence au début du mois le mai 1940, il ne peut pas en être dit autant du 24e B.C.C., équipé de chars Renault R 35 et constitué officiellement le 30 août 1939. Ce B.C.C. est d'ailleurs l'émanation directe du 2e Bataillon du 508e régiment de chars de combat.

Après avoir participé à l'affaire de la Sarre, le 24e B.C.C. reste en Lorraine pendant toute la drôle de guerre. Le 12 mai, le bataillon est mis en alerte et le 14, il se met en mouvement vers l'ouest. Le 15 mai, les nouvelles officieuses sont alarmantes, mais lorsque le 24e B.C.C. cantonne au sud de Laon enfin de journée, il est loin de se douter que l'ennemi est à moins de deux jours de marche.

Le 16, le bataillon est affecté à la 8e demi-brigade du lieutenant-colonel Simonin, de la 4e D.C.R. du colonel de Gaulle. A cette date, seule la 3e compagnie a terminé ses mouvements et elle est aussitôt employée à constituer trois bouchons pour barrer les routes venant de Montcornet. A midi, les deux autres compagnies s'établissent dans la forêt de Samoussy.

En fin d'après-midi, la section du sous-lieutenant Jeanney de la 3e compagnie, s'établit au pont de Chivres. Durant les heures qui suivent, elle va causer des pertes considérables aux Allemands, surpris de rencontrer une résistance dans un secteur apparemment vide de troupes françaises.

A 19h30, une colonne de trois autos-mitrailleuses allemandes, précédée de motocyclistes, débouche face au bouchon. Cette colonne est détruite immédiatement A la nuit, deux side-cars allemands sont également détruits. Vers 5h30 du matin, une nouvelle colonne d'autos-mitrailleuses, side-cars, camions divers, débouche. Prise à partie par les chars, elle est intégralement détruite.

Bilan de l'opération (en faveur du 24e B.C.C.) : 23 tués dont un officier ; 33 prisonniers ; 18 véhicules avec un important matériel radio.

Le lendemain, le 24e B.C.C. attaque vers Montcornet, à l'exception de la section du sous-lieutenant Jeanney. La 1ère compagnie est en premier échelon à gauche, la 2e en premier échelon à droite et enfin la 3e en réserve et protection du flanc gauche du bataillon.

La première partie de l'opération, jusqu'à Sissonnes, se déroule sans la moindre difficulté, mais le bataillon s'oriente un peu trop vers le nord. Néanmoins, les R 35 arrivent à Montcornet :

« Les villages de Lislet et Montcornet sont atteints par nos chars qui y pénètrent jusqu aux ponts sur la Serre. Mais l'ennemi se ressaisit rapidement et ouvre sur nos chars un feu nourri et précis d'armes anti-chars. Les blindages résistent bien sauf aux coups tirés à très faible distance.

Les équipages ont eu au cours de cette attaque un allant magnifique et un mordant à toute épreuve en dépit de la profondeur considérable du terrain et de la rapidité avec laquelle cette action a été montée. Mais les pertes sont lourdes :
- le capitaine Penet, commandant la 1ère compagnie et son mécanicien Le Tacon pris à partie par une arme anti-char, ne rejoignent pas lors du ralliement
- la 2e compagnie est fortement éprouvée : le sous-lieutenant Cramail et le caporal-chef Guily sont tués dans leurs appareils par armes anti-chars. Le caporal Trainel et le chasseur Pasquet sont portés disparus ;
- la 3e compagnie ne subit aucune perte ;
- chars détruits ou disparus au cours du combat : 7 chars.

Le 18 mai, le 24e B.C.C. est placé en position défensive devant Laon et le lendemain, il participe à l'opération vers Crécy-sur-Serre. Cette fois, le 24e B.C.C. ne s'aventure pas jusqu'aux ponts de la Serre, qui sont minés. Il ne dépasse pas les villages qui bordent la rivière et ne subit aucune perte.

Le 20 mai, il n'en est pas de même. Cantonné dans le bois de Lavergny, le 24e B.C.C. est bombardé : deux tués et deux blessés.

Vers 10 heures, le bataillon se dégage du bois et rencontre une colonne de cavalerie allemande qui est repoussée avec de lourdes pertes. A 11 heures, il reçoit l'ordre de se replier, tout en formant trois bouchons retardateurs à Aubigny, Corbeny et Ville-au-Bois. Peu après, la 3e compagnie reçoit l'ordre de dégager la ferme d'Hurtebise où une colonne automobile est bloquée par l'ennemi. Deux chars de la 3e compagnie, puis la 1ère compagnie dans son ensemble, attaquent les défenses antichars allemandes et permettent de dégager une part importante de la colonne. Un char est détruit pendant cette opération, son équipage porté disparu. Le repli s'effectue dans des conditions difficiles, le matériel, très éprouvé, étant détruit ou sabordé. Selon les rapports, 10 à 11 chars sont détruits ou abandonnés, dont 4 en cours de réparation à la C.E.

Le bataillon est ensuite mis au repos vers Compiègne, puis il participera à la bataille d'Abbeville et au repli vers la Loire et au-delà.
 
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