HISTORIQUE DU

504e REGIMENT A.S.


   


Les Chars d'Assaut ont fait leurs débuts en avril 1917. Le 16 avril, 8 groupes de Chars Schneider avaient attaqué entre Craonne et Berry-au-Bac et si le succès n'avait pas répondu à leurs espérances et récompensé leurs efforts, du moins ils avaient pour leurs débuts, mérité que le Général commandant en chef rendit hommage à leur héroïsme.
Une longue retraite, coupée seulement par l'opération heureuse du 5 mai 1917, puis par celle brillante du 23 octobre, était employée à travailler avec acharnement au développement de cette arme nouvelle. A côté des Chars Schneider et des Chars St-Chamond, un nouveau char venait de naître et qu'un labeur acharné faisait sortir des usines, de nombreuses formations qui se préparaient à collaborer à la Victoire. Les Chars Renault, entrés dans la lutte en juin 1918, après avoir coopéré à l'arrêt de l'avance ennemie, devaient continuer leur effort jusqu'à la victoire finale.
L'augmentation des effectifs nécessitait un encadrement nouveau. La création de régiments fut décidée. En mai, le 1er Régiment était formé. De quinzaine en quinzaine d'autres se formaient. Le 25 juin, le Général commandant en chef décidait la création du 4e Régiment qui devint le 504e Régiment d'Artillerie d'Assaut.
Le commandement en était donné au chef d'escadrons De FORSANZ, commandant le 1er Groupement d'A.S. Le 10e Bataillon, commandé par le chef de bataillon DARNEY, formait le premier élément. Le 11e Bataillon, sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, était incorporé le 12 juillet.
Le Groupement 4, alors en opérations sous les ordres du chef d'escadrons CHANOINE, était le 15 juillet rattaché au Régiment. Le 12e Bataillon, sous les ordres du chef d'escadrons CHAIGNEAU, y était rattaché le 3 août.
Les Bataillons formés au camp de Cercottes, d'éléments pris dans toutes les armes, recevaient dans ce camp un début d'instruction rendu forcément sommaire par le trop petit nombre d'appareils disponibles, et par les innombrables difficultés à surmonter pour l'encadrement, l'incorporation, l'équipement de ces éléments disparates plus ou moins préparés matériellement et moralement à leur nouvelle destinée.
Il est utile de signaler que la bonne volonté de tous vint à bout de toutes ces difficultés.
Fantassins, cavaliers; artilleurs, sapeurs, automobilistes, groupés par des officiers de provenances diverses, obligés eux-mêmes d'acquérir les connaissances indispensables avant de les inculquer à leurs hommes, arrivèrent par leurs efforts et leur zèle à former promptement des unités homogènes. Et l'on a pu amener au combat, après quelques semaines d'instruction, des troupes en état de maintenir avec honneur les traditions déjà glorieuses de leurs aînés.
L'époque à laquelle fut créé le Régiment coïncida avec une période où, après de durs combats qui avaient momentanément épuisé les ressources de l'A.S., il était nécessaire de fournir au plus vite des unités prêtes à être engagées.
Il s'ensuit que les Bataillons et le Groupement du 504e ont combattu à tour de rôle et isolément, leur intervention ayant lieu dès que les nécessités des opérations les appelaient en ligne.
Nous serons donc amenés à rappeler à tour de rôle l'action de chacune de ces formations. Nous n'insisterons pas sur le rôle brillant du 4e Groupement, actuellement transformé et devenu 26e Bataillon de Chars légers, il compte au 509e Régiment auquel appartiennent désormais ses glorieux souvenirs. Mais cette belle unité comptait au 504e alors que dans l'Oise, puis dans la Meuse, il gagnait ses 6 citations à l'Ordre de l'Armée et que deux de ses Groupes, le 14e et le 17e étaient honorés du port de la fourragère. Ce n'est qu'en décembre 1918, bien après la fin des hostilités, que le Groupement, auquel l'armistice avait retiré une nouvelle chance de combat impatiemment attendue, cessa de faire partie du Régiment. Nous nous bornerons cependant à rappeler le rôle des trois Bataillons qui constituent encore aujourd'hui le 504e R.A.S.
 
10e  BATAILLON
Formé le 6 juin à Cercottes, le 10e Bataillon sous les ordres du chef de Bataillon DARNEY, comprenait les 328e, 329e et 330e Compagnies, commandées par les capitaines BOITOT, DOLLOT et CHACHIGNON. Après une période d'instruction à Cercottes, le Bataillon arrivait avant la fin de juin à Bourron, en repartait le 15 juillet pour Mailly-Poivres, d'où le 25 il était mis en route vers la région de Villers-Cotterets, prêt à combattre moins de deux mois après sa création. Arrivé le 27 à Silly-la-Poterie où il cantonna deux jours, il gagnait ensuite ses positions de départ successives, ne cessant de se préparer au combat par les reconnaissances de ses officiers et le travail acharné de tout son personnel sur un matériel perçu depuis peu de temps pour que des révisions et des mises au point ne fussent pas constamment nécessaires. Tout cela dans une région fortement bombardée et que l'ypérite rendait même dangereuse.
Les trois Compagnies arrivèrent à leur emplacement de départ, dans les environs du Grand-Rosoy, la veille de l'attaque, ayant trouvé l'énergie nécessaire pour résister aux périls connus et aux fatigues endurées.
Elles devaient marcher sur le point dit Orme du Grand-Rosoy. Malgré l'énergique défense des Allemands, la masse des moyens de destruction employés contre les chars, les objectifs étaient atteints et même dépassés. Partout le courage et l'acharnement des combattants de l'A.S. surmontent ces dangers qu'ils bravent.
Une citation à l'Ordre de l'Armée devait être la juste récompense de cette journée à la fin de laquelle on comptait :
1 officier, 3 sous-officiers, 5 hommes tués.
2 officiers, 18 canonniers blessés.
Qu'il soit permis au passage, de souligner quelques-uns des actes de bravoure qui se sont accomplis pendant le combat. Leur simple évocation servira d'hommage aux braves qui les ont à leur actif. Le char du maréchal des logis CORNET est atteint par un obus et prend feu. Le courageux sous-officier parvient à se dégager ; on peut le voir ramper sur le sol, et après de multiples difficultés, regagner ses lignes portant sur ses épaules son conducteur grièvement blessé et sans connaissance. A son tour, le lieutenant HUGUES, seul survivant de sa section, part à l'attaque, il ira de l'avant jusqu'à ce que, cible de tous les engins de l'ennemi, il soit enseveli sous les décombres de son char avec le soldat PERRICHON, son conducteur.
Ramené à l'arrière, le Bataillon est embarqué le 6 août à Longpont et arrive le même soir à Moyenneville (Oise) afin de participer avec le 28e et le 154e Régiments d'infanterie aux attaques du 9 au 10, en effet, il reçoit l'ordre de gagner les positions de départ. La 328e Compagnie doit attaquer le bois de la Tache, une fraction de la 329e Compagnie appuiera le 154e R.I. avec comme objectif le bois du Couteau, l'autre moitié aidera le 28e R.I. sur la route Méry - Ressons pendant que la 330e s'élancera sur le bois de Ressons, sur Ressons-sur-Matz et Neuville-sur-Ressons.
Un brillant succès couronne l'attaque, les sections dépassant bientôt leur infanterie et atteignant, malgré la violence des barrages d'artillerie et le grand nombre de trappes camouflées, tous leurs objectifs avant l'heure fixée.
On eut ce jour-là à déplorer la mort du capitaine BOITOT, de la 328e et de plusieurs sous-officiers tués par le même obus pendant qu'ils procédaient au dépannage d'un char renversé dans la tranchée conquise. Parmi eux se trouvait le maréchal des logis BONNARD qui répondit au lieutenant RAYMOND ces simples mots : « C'est pour la France ! » ; Le lieutenant RAYMOND prenait en fin de journée le commandement de la Compagnie.
Sa mission une fois remplie, le Bataillon gagne le camp Mailly. Il y reste jusqu'au 21 septembre, et de là est dirigé sur les abris Roques, près de Souain, pour participer dans le secteur de Champagne à l'offensive qui se dessine. Les journées du 23, 24 et 25 furent employées aux reconnaissances et aux préparatifs de combat. Dans la nuit du 25 au 26, les Compagnies se portent, la 328e au nord de Souain, la 329e à l'ouest du Moulin. Le 26, à 6 heures, l'infanterie part à l'assaut suivie des chars, ceux-ci ne devant entrer en action que pour la conquête de la dernière tranchée de la première position et pour faciliter la descente sur la vallée de la ......
Durant cette journée du 26 septembre, une nouvelle page de gloire est inscrite sur le livre d'or du 10e Bataillon, grâce à la généreuse ardeur de ses soldats. Une section de la 328e, sous les ordres du maréchal des logis ........., attaque des positions fortement organisées et succombe presque entièrement sous le tir des canons anti-tanks. Deux autres sections, commandées par les maréchaux des logis ASSIÉ et MAGNIER, continuent l'attaque malgré leurs lourdes pertes et facilitent grandement la progression des fantassins. Le maréchal des logis ASSIÉ trouve là une mort glorieuse.
De son côté, le maréchal des logis COUTANT attaque seul les positions ennemies par suite de la destruction successive de trois chars ; ce fait d'armes lui valut la Médaille militaire. L'attaque se poursuivit sans relâche du 26 septembre au 3 octobre ; les pertes furent lourdes en hommes et en matériel, mais tous les objectifs successivement désignés étaient atteints. Le 5, l'infanterie rencontrant une forte résistance aux ouvrages de Blanmont, les débris de la Compagnie reconstitués forment une section sous les ordres du maréchal des logis MOUTET et refoulent l'ennemi jusqu'à Machault.
La 329e Compagnie qui, durant la journée du 26, n'avait pas eu à intervenir doit le lendemain prêter son concours à l'infanterie arrêtée devant la tranchée de Mannheim par le tir des mitrailleuses. Elle aide l'infanterie dans l'accomplissement de cette tâche. Elle est chargée, le 29, d'aider à la progression vers la Py avec une section. Cette section, ayant à franchir un glacis complètement découvert, est prise à partie par une pièce anti-tank et détruite avant d'arriver à la route parallèle à la vallée. Presque tout le personnel peut échapper à temps des chars immobilisés, s'abriter dans les tranchées voisines et rejoindre nos lignes.
Le 29, la section ROUSSEAU-PORTALIS est appelée pour permettre le franchissement de la Py. Cette section avant d'avoir pu se mettre en position est prise à partie par les pièces anti-tanks et sans pouvoir faire œuvre utile, quatre de ses chars sont démontés et le cinquième immobilisé. Le sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, blessé en se défendant énergiquement, est fait prisonnier, ainsi qu'un brigadier qui, son char détruit, cherchait à regagner nos lignes. Un seul homme parvint à rejoindre dans la nuit. Le canonnier LEPORCQ, deux fois blessé dans le combat. Les cinq autres gradés et canonniers avaient payé de leur vie leur héroïque tentative. Ces braves méritent que leur nom reste dans le souvenir de leurs camarades.
Ce sont le brigadier MATHON, les canonniers GROLLET, LATREILLE et KERIBIN, auxquels doit se joindre le caporal LIBAUT du 407e qui, connaissant la mitrailleuse, s'offrit pour remplacer un chef de char blessé avant l'attaque et tomba glorieusement au Champ d'honneur. La 330e, de son côté, avait fait un bond de deux kilomètres et apporté une aide puissante aux fantassins qui prenaient position, le soir du 27, sur la Py.
Le 3 septembre, les restes du Bataillon avec ceux du 11e attaquaient en vain sur l'ouvrage dit Chapeau-de-Gendarme au-delà de la Py.
Le 8, les deux bataillons, réduits à une seule Compagnie, sous les ordres du commandant DARNEY progressaient devant la 7e Division de l'Aisne, aux lisières du village de Coucy, permettant à cette Division une avance de trois kilomètres dans les positions ennemies. A la suite de la coopération, le 10e Bataillon rentrait au camp de Poivres où l'armistice le trouvait reconstitué et prêt à partir. De formation toute récente, composé de troupes et de cadres chez qui la volonté de bien faire aidait à l'entraînement qui faisait peut-être défaut, le 10e Bataillon a su vaincre tous les obstacles et surmonter toutes les fatigues ; son entrain et son esprit de sacrifice avaient suffi à en faire une troupe solide et aguerrie. Et la meilleure attestation réside dans le rappel des graves et fières paroles par lesquelles ses chefs l'ont remercié de ses efforts.

11e BATAILLON
Formé lui aussi au camp Cercottes, le 9 juin 1918, le 11e Bataillon est placé sous les ordres du commandant ANGÉLI. le commandement des 331e, 332e, 333e Compagnies est donné respectivement au capitaine HEIDT, aux lieutenants GÉRARD et DERISSCHOP. Comme à Cercottes, son instruction est poursuivie à Villiers-sous-Grez et au camp de Poivres où il est débarqué le 29 juillet. Il n'y a fait qu'un stage très court, puisque le 3 août les unités font mouvement pour arriver le lendemain à Fouencamps, dans la Somme. L'heure d'entrer dans la lutte va sonner pour elles et sans perdre un instant, les officiers effectuent leurs reconnaissances pendant que les équipages mettent au point leurs appareils. La confiance et l'entrain règnent, on a l'intention de faire de la bonne besogne.
Le Bataillon est mis avec le 9e B.C.L. (503e R.A.S.) à la disposition de la 153e D.I. Le 8 août, à 4h.45, l'attaque se déclenche, la 331e Compagnie a pour objectif le bois de Moreuil et le bois Isolé, les 332e et 333e sont en réserve. La 331e s'engage avec son infanterie dans le bois de Moreuil où l'ennemi bien pourvu de mitrailleuses oppose une sévère résistance, et après une heure de combat oblige les combattants ennemis à se rendre. La 332e, arrivée à proximité du bois de Moreuil, reçoit du commandant du Régiment l'ordre d'appuyer, dans le plus bref délai, une dernière attaque de la Division voisine (42e D.I.) sur Fresnoy-en-Chaussée. Pendant que les hommes mettent joyeusement leur matériel en état, le lieutenant GÉRARD, qui commande la Compagnie, fait une rapide reconnaissance et met ses chars en mouvement.
Fresnoy est un nid de mitrailleuses qui arrête depuis 4 heures l'avance superbe de la 42e D.I. ; 35 minutes après l'intervention des chars, vigoureusement soutenue par l'infanterie, le village est enlevé.
Une citation à la Division devait être la juste récompense de ce beau fait d'armes. Bref, l'action vigoureusement menée a été couronnée de succès et c'est le 9 août seulement que la 333e Compagnie intervient pour appuyer le mouvement sur Hauguest-en-Santerre. Toute résistance cesse bientôt dans le chemin creux qui sépare Hauguest et Fresnoy et l'accès des lisières Est du village est ainsi rendu. C'est une gloire pour le 11e Bataillon d'avoir participé à cette journée que le maréchal LUDENDORFF qualifie de « Journée Noire de l'Histoire de l'Allemagne ».
Le 29 au soir, le Bataillon est retiré de la bataille et ses trois Compagnies sont bivouaquées à Arvilliers. Quelques jours seulement, pour la remise en état des chars et la reconnaissance des pistes, et le 16, les Compagnies seront mises à la disposition des 4e, 5e, 6e Groupes de Chasseurs alpins (47e D.I.).
Le 17, à 5 heures, l'attaque se déclenche. La 331e Compagnie s'engage au Nord et le long de la grande route de Roye. L'affaire est chaude et les chars, pris entre le talus de la route et le large boyau allemand qui court parallèlement à elle, ne peuvent, malgré leur élan et l'ardeur des combattants, briser d'un seul coup la résistance adverse. Le lieutenant JEANNIN, manœuvrant dans un terrain très difficile voit, en dépit de toute son habileté, de ses chars disparaître dans les tranchées et les trous ; il est grièvement frappé d'une balle à la mâchoire.
La 332e a la lourde mission de chasser les occupants de la partie Nord du bois de l'Abbaye et du bois de la Croisette et de flanquer l'attaque vers le Nord-Est. La conduite de tous et de chacun est superbe. Les sections GÉRARD, DUBOIS et PRUNIER rivalisent d'entrain, de courage et d'abnégation, malgré les violences d'un tir meurtrier et les contre-attaques. Les pertes sont lourdes pour toucher au but, il faudra la généreuse initiative du capitaine (alors lieutenant de BOISGÉLIN) qui attirera sur lui le feu des pièces ennemies pour permettre à ses camarades de combat de les contourner et de les capturer. Le lieutenant de BOISGÉLIN sera fait chevalier de la Légion d'honneur.
Le combat reprendra aussi acharné le lendemain. La première section de la 331e intervient à deux reprises sur le bois Fendu et le livre aux Chasseurs alpins après avoir laissé deux de ses chars sur le terrain, dont celui du maréchal des logis REVOL qui a trouvé là une mort glorieuse.
La section ECKMANN qui vise le bois de Broquemont est prise, à 16 heures, sous un tir de barrage qui la gêne terriblement dans sa marche et lui met deux chars hors de combat. L'action des autres Compagnies se fait énergiquement sentir à l'Est de Guyencourt et vers la ferme de la Grange, qui, grâce à l'appui de la 333e, est tenue solidement par l'infanterie.
Le bilan de ces deux journées était lourd : 8 tués, 7 disparus, 27 blessés manquaient à l'appel. 33 chars avaient été mis hors de combat.
Un Ordre du 31e C.A. venait récompenser dignement tous ceux qui avaient aussi vaillamment rempli la mission qui leur avait été confiée. Le lieutenant GÉRARD était fait chevalier de la Légion d'honneur, les lieutenants CONTEAU et DUBOIS, le maréchal des logis JEAN cités à l'Ordre de l'Armée ; le brigadier GODILLON recevait la Médaille militaire.
Les combats du 17 et du 18 avaient été particulièrement durs : le terrain coupé de tranchées larges et profondes, la résistance acharnée d'un ennemi terré dans des abris bétonnés et qui avait à sa disposition une formidable artillerie et une quantité énorme de mitrailleuses, la situation du Bataillon, à l'extrême gauche de l'armée française, mis ainsi dans la nécessité de se maintenir en liaison avec les Anglais, en retard de 1 kilomètre sur notre progression, était de nature à enrayer les plus beaux efforts ; et il est tout à l'honneur de ceux qui ont affronté semblables difficultés d'en avoir par leur abnégation et leur inflexible volonté pu et su triompher.
Il y a lieu d'ajouter que dans ce terrain difficile, hérissé de défenses importantes, la progression de la 47e D.I. fut de 2 kilomètres et atteignit les lisières de Roye alors que les Divisions voisines ne pouvaient avancer en raison de la résistance acharnée de l'ennemi. Cette Division d'élite a su reconnaître la part qu'elle devait à la collaboration du 11e Bataillon et les témoignages d'estime qu'elle a accordés à ces vaillants compagnons d'armes doit demeurer pour eux la meilleure récompense.
Le 25 août, de Moreuil où il embarque, le Bataillon gagne le camp de Mailly pour se reformer. Il en repart le 22 septembre pour la Champagne avec le 10e Bataillon et est mis à la disposition de la 22e D.I. : 19e, 212e et 62e Régiments d'infanterie. C'est encore sur un terrain sillonné de nombreuses et profondes tranchées et retourné par les obus de tous calibres que les chars vont avoir à évoluer. Ils auront également à lutter contre de nombreuses pièces anti-tanks dont l'existence a été signalée. Les difficultés de la progression dans un terrain formidablement organisé obligent les chars, malgré toutes prévisions, à intervenir bien avant le moment fixé. Le 27 au matin, dès 6 heures, le premier Bataillon du 19e R.I. attaque dans la direction du Grand Bois : la 331e l'aide dans sa tâche, et voit sa première section mise presque aussitôt hors de combat par le bombardement. La deuxième, plus heureuse, peut poursuivre l'ennemi, et sous le commandement du maréchal des logis ROMAZILLE, surprendra à l'entrée d'une sape 30 ennemis en train de faire leurs préparatifs de départ, qui, au premier coup de 37, se rendent avec armes et bagages. Le sous-lieutenant ECKMANN avec la 3e attaque la Barraque de Somme-Py et la tranchée de Spire, culbute les mitrailleuses et permet aux fantassins d'occuper la position. Le lendemain, continuant son effort, la 331e se porte à l'attaque de Somme-Py et précédant l'infanterie elle aborde le village, en nettoie les lisières, y pénètre et, après en avoir cassé les occupants, s'y maintient splendidement jusqu'à 14 heures sous un bombardement à obus toxiques.
Beaucoup moins heureuse, la 332e se heurte à la rivière de la Py qu'elle ne peut franchir. A l'Est de Somme-Py, la lutte est incertaine, les objectifs sont atteints par la 333e mais, repoussée par une contre-attaque, l'infanterie cède le terrain conquis. Il faut pour rétablir les choses dans leur état normal la belle audace du lieutenant CONTEAU qui repart de l'avant, entraîne tout le monde derrière lui et assure la réoccupation des positions abandonnées.
Tout comme aux attaques du mois précédant, il fallait pour triompher que chacun fournit le maximum d'efforts et rivalisât de ténacité et d'endurance. Les canonniers forcèrent l'admiration de leurs compagnons d'armes. Quatre jours durant, ils luttèrent sans prendre une minute de repos, faisant rendre le maximum à leur matériel. Les équipes de dépannage ne furent pas en retard, travaillant sous les ordres du lieutenant PICARD à la remise en état des chars.
Le Bataillon se reforme à l'Est de Souain le 3 septembre et se métamorphose en une compagnie de marche sous les ordres du lieutenant ......... Elle donnera le 3 pour attaquer avec les restes du 10e Bataillon les positions au Nord de la Py. Mais l'opération échoue. Le 8, une Compagnie formée des restes des 10e et 11e Bataillons et commandée par le capitaine ............ franchit l'Aisne et aide la 7e Division à progresser seule de toute la ligne de 3 kilomètres. Repliée après cette journée, elle regagne à la tombée de la nuit le bois de la Vipère et le Bataillon, définitivement retiré de la bataille, rentre à Sompuis et Himbeauville, puis au camp de Poivres. L'armistice le trouve reformé et prêt à partir. Moins récompensé que le 10e Bataillon, le 11e a eu à son actif d'aussi belles journées. Ce Bataillon peut être fier d'avoir coopéré les 8 et 9 août, avec la 1ère Armée, à la victoire qui fit comprendre définitivement à l'Allemagne qu'elle était perdue. En septembre, ce Bataillon a de nouveau prouvé son ardeur, son endurance et sa discipline. Ce sont de beaux titres de gloire.
 
12e BATAILLON
Ce n'est pas Cercottes, mais Gidy, près d'Orléans, qui voit le 16 juin 1918, la constitution du 12e Bataillon et sa prise de commandement par le chef d'escadrons CHAIGNEAU.
Il commence son instruction par des évolutions et des tirs sur le terrain de Cercottes et la continue à Bourron où il arrive fin juillet. Il n'y fait qu'une courte apparition car, le 3 août, il gagne Poivres pour manœuvrer avec l'infanterie, évoluer devant deux missions japonaises et américaines et mettre ses appareils au point. L'ordre lui est transmis de se tenir prêt à faire mouvement, à partir du 26. Le 26, en effet, et le 27 ses Compagnies 334e (capitaine GAILLARD), 335e (lieutenant DEAU), 336e (lieutenant BARRIÈRE), embarquent à Poivres à destination de la Vache Noire, Est de Vic-sur-Aisne. Les Compagnies sont en réserve d'armée à hauteur de Fontenoy, avant de gagner le bois de Morsain d'où partent  les reconnaissances d'officiers. Le commandant CHAIGNEAU reçoit le commandement d'éléments du 6e Bataillon et de deux sections reconstituées de la 334e Compagnie, tandis que les 335e et 336e passent sous la coupe du chef de bataillon ROUSSY, commandant l'A.S. dans le secteur américain.
Le 2 septembre, l'A.S. 334e et 314e mises à la disposition de la 66e D.I. appuient la progression en direction de Vauxaillon. Elles passent, à 14 heures, la première ligne française en même temps que l'infanterie et collent au barrage roulant. La manœuvre du lieutenant BRIS (2e section, A.S.334e) est si rapide et habile que le centre de résistance ennemie de la ferme du Trou des Loups est capturé avec ses obusiers et fusils anti-tanks avant d'avoir pu intervenir. Cette même section continue sa marche sur le mont de Leuilly, qu'elle encercle et fait converger ses feux sur les tranchées allemandes. Le bataillon qui tient la position est en partie capturé, en partie détruit et voit les troupes françaises s'installer à sa place.
Les deux autres sections de l'A.S.334, lieutenant EMAILLE et sous-lieutenant BALDET, une section de l'A.S.314, sous-lieutenant BOSSUT, franchissent à leur tour les lignes françaises, mais on voit aussitôt les chars des deux premiers officiers culbuter dans les fosses camouflées. Ceux-ci assurent alors à pied le commandement de leur unité et ne tardent pas à tomber sur le champ de bataille, frappés par les balles ennemies, tandis que le capitaine GAILLARD s'élance pour les remplacer. Leur sacrifice n'a pas été vain car la résistance est broyée, le ravin de la fontaine St-Rémy contourné et le Bataillon déployé en bataille atteint la tranchée du Canada.
Pendant la même journée, les 335e et 336e apportent une aide efficace aux 8e Zouaves et 7e Tirailleurs. La 335e  prend pour objectif Neuville-Margival et le tunnel de Vauxaillon, elle réduit de nombreux nids de mitrailleuses et sacrifie à cette tâche sept de ses chars. La 336e qui doit assurer la prise de Terny-Sorny fait 80 prisonniers.
Après une série de marches et contremarches qui le mène à Montecorne, Juvigny, Pommiers, le Bataillon se reforme le 10 à Vézaponin, puis embarque à Vic pour Humbauville où il se prépare aux attaques prochaines.
En effet, après une période de repos, le 12e est appelé à fournir à nouveau un rude effort. Il débarque à Bergues-Nord, le matin du 8 octobre, et cantonne aux environs de Bruges, il gagne la forêt ........ et le secteur Sud-Est.
Une attaque d'ensemble anglo-franco-belge, à laquelle doit participer la 77e D.I. est décidée le 14 octobre, et doit rompre le front ennemi en direction de Theilt et de Gand. La 77e D.I. a l'ordre d'enlever le plateau d'Hooglede et les hauteurs de Coolscamp. A l'heure H les sections débouchent et mènent le combat en direction de Gilsberg et de Gils. Les St-Chamond ne peuvent traverser la zone marécageuse qui s'étend au Nord de la route de Stadeu à Roulers et l'infanterie étant arrêtée devant Hooglede, la 334e  intervient et permet à cette dernière de déborder le village par l'Est. A 13h.30, deux sections de la même Compagnie, rassemblées derrière la crête d'Hooglede, s'élancent avec le 3e Bataillon du 97e R.I., franchissent cette crête par le Nord, marchent parallèlement à la route Roulers - Thouront pour se rabattre ensuite en direction de Schosting et couper la retraite à l'ennemi. Le but est atteint, la mission remplie et, à 15 heures, l'ennemi a cessé toute résistance. Une troisième attaque est aussitôt montée à 16h.30, l'ordre arrive d'exploiter le succès en partant du front Gilsberg - Schosting avec 5 chars encore disponibles. Ceux-ci rejoindront à la tombée de la nuit le point de ralliement, à l'Ouest d'Hooglede après avoir réduit tous les nids de mitrailleuses entre  les routes Roulers - Thouront et Shosting - Gilsberg.
Dans cette affaire rapidement menée et couronnée de succès, l'action des chars fut décisive. Les interrogations des prisonniers font ressortir leur démoralisation et l'impossibilité absolue pour eux de continuer la lutte, ceci en dépit des moyens défensifs, trappes, canons, soigneusement camouflés et accumulés sur tout le champ de bataille.
Pendant la nuit du 14 au 15 octobre, les deux Compagnies A.S.334 et A.S.336 effectuent leur rassemblement à l'Ouest  d'Hooglede. A 4 heures, le 15, la 336e reçoit l'ordre de coopérer avec deux bataillons du 97e R.I. à la conquête de Gilsberg et de la station de chemin de fer. L'heure H est fixée à 7 heures. Malgré l'impossibilité de faire les reconnaissances nécessaires, ces deux sections gagnent la ligne de départ. Celle du sous-lieutenant DUPRAT a pour objectifs le bois et les fermes au Sud et au Sud-Ouest de Gist et de Tinance ; celle du lieutenant LEVILLAIN le Nord de Gilsberg, la grande route à l'Est de cette localité, la voie ferrée et le Sud de la station. Le combat est très dur. Dès la première heure, quatre chars sont indisponibles : celui du lieutenant LEVILLAIN saute sur une mine au passage à niveau de Gilsberg, les deux autres ont leur réservoir d'essence perforé, un quatrième son radiateur. L'ennemi n'en est pas moins contraint à se replier.
Maintenues en alerte jusqu'au 17, à cette date, les deux sections , la 336e et une de la 334e accompagnent le 97e et le 158e R.I. dans leur progression. A 11h.30 , cette dernière reçoit l'ordre d'attaquer la voie ferrée de Thielt - Whighen, en direction Nord-Est, de réduire les résistances signalées le long de ladite voie ferrée et de se rabattre ensuite en direction de Thielt. Une manœuvre prudente lui permet d'arriver à la ligne de résistance sans se laisser voir : les nids de mitrailleuses sont successivement nettoyés, l'un d'entre eux est encerclé et ses défenseurs, un officier, 60 hommes avec leurs quatre mitrailleuses se rendent sans plus attendre.
Plus au Nord, l'infanterie arrêtée dans sa progression en avant de la route de Thielt à Wynghen fait appel aux chars de l'A.S.336 qui s'élancent sur la route en les balayant de leurs feux, et la dépassent. On peut voir sans tarder des prisonniers à genoux implorer la pitié de leurs vainqueurs, et, en fin de journée, on constate non sans fierté que les chars ont parcouru plus de 14 kilomètres, engagé 4 combats, capturé plus de 100 allemands et détruit  une quantité énorme de mitrailleuses. Le 18 octobre, à 6h.30, le combat reprend, 8 chars restent disponibles ; une section est formée sous les ordres du sous-lieutenant LENORMAND ; elle se porte en avant, à 11 heures, avec le 97e R.I. pour faire taire les mitrailleuses ennemies qui garnissent les fermes à l'Est de Hodist..... ; l'ennemi résiste avec l'énergie du désespoir : il a transformé chaque ferme en centre de résistance et se défend avec acharnement, mais dans leur irrésistible élan, les chars passent et font une magnifique besogne ; les mitrailleuses une à une se taisent : les servants tombent sur leurs pièces et l'ennemi fuit en nous abandonnant plus de 100 prisonniers.
La 335e, durant les journées des 14, 15, 16 et 17, apportent à la 70e D.I. une aide des plus efficaces dans l'attaque sur Humskere et Govendhan. Elle participe à l'enlèvement des villages de Luiknak et Saint-Joseph et à la capture de 700 prisonniers, dont 500 à l'actif du 226e R.I. et 200 à l'actif des Belges.
Le Bataillon est mis le 18, vers 19 heures, en réserve d'armée. Le 19, les Compagnies embarquent à Echen et sont transportées par tracteurs à la sortie Sud de Roulers, où elles restent jusqu'au 26, date à laquelle le Bataillon reçoit l'ordre de participer aux opérations qui vont se dérouler dans le secteur anglais (région d'Anseghem). Pour cette opération, chaque Compagnie garde une réserve et doit mettre en ligne 10 chars seulement ; chacun d'eux est accompagné d'un détachement de cinq hommes d'élite.
La 334e est obligée de mettre dès le départ ses deux sections en ligne (sous-lieutenant LENORMAND et aspirant HUTCHINSON). Par suite de l'heure matinale et des difficultés du terrain l'avance est lente, mais les nombreux nids de mitrailleuses qui arrêtent l'infanterie sont détruits, leur existence aussitôt signalée. La position intermédiaire atteinte, les sections s'arrêtent à l'abri, à l'Ouest de Bergstraet. Chacune d'entre elles est réduite à quatre chars ; elles atteignent l'objectif final à 9h.30. Un officier anglais demande la section LENORMAND pour réduire, au-delà, un nid de mitrailleuses. Ses quatre chars sont victimes des canons anti-tanks, les équipages tués ou blessés.
La 335e met une section en ligne, une en réserve. La section d'attaque, en position dès 4h.30, traverse à l'heure H la parallèle de départ, suit la voie ferrée au Sud et s'établit en surveillance au Nord pendant l'installation de l'infanterie. Celle-ci faite, sa droite appuyée à la voie ferrée, elle continue sa marche en avant, franchit la route d'Anseghem et se porte à 100 mètres à l'Est du premier objectif. Elle y séjourne deux heures et à 8h.35 reprend sa marche, s'empare de la station d'Anseghem et son infanterie, solidement installée sur son objectif final, se replie vers 9h.40. La 336e est devant un terrain très difficile ; à 5h.30, elle débouche devant la première vague d'infanterie, si considérablement gênée par l'obscurité et les obus fumigènes, que la progression doit se faire à volets ouverts. La section de droite réduit la côte 41 et bondit sur le carrefour Sud d'Anseghem qu'elle livre aux fantassins. La section de gauche enlève Vinterken. Prise sous le tir des minens, à la sortie du village, elle est réduite à deux chars. Aussitôt renforcée de trois nouvelles unités, grâce à un arrêt dû à l'indécision de la liaison entre Français et Anglais, elle gagne le Sud du premier village et en balaye de ses feux la rue principale.
C'était fini : le dernier effort avait été fourni ; le général DEGOUTTE transmettait au 12e Bataillon la lettre de remerciements et de félicitations du général HERBERT PLUMER, commandant la IIe Armée britannique.
Dès le 1er novembre, les unités quittaient la zone de feu pour débarquer jusqu'au 8 à Humbauville. Trois jours après les cloches du petit pays carillonnaient la Victoire. Chacun la saluait avec la joie de quelqu'un qui a enfin atteint le but et qui, pour y parvenir, a dû auparavant beaucoup souffrir. En ce matin du 11 novembre, la pensée de chacun des vivants se reportait sur les champs de morts et de dévastation où la mitraille s'était tue soudain, pour laisser dormir en silence tous ceux-là qui, pour que la France vive, avaient dû offrir leur vie en holocauste.

CITATIONS
 
I. - A L'ORDRE DE L'ARMÉE

Ordre N° 15.987 « D », du 12 avril 1919.  
10e Bataillon du 504e Régiment Artillerie Assaut
(comprenant les Compagnies 328, 329, 330).
« Sous l'impulsion énergique de son chef, le commandant DARNEY, s'est engagé dans la bataille, le 1er août 1918, pour la conquête de la crête du Grand Rosoy. A progressé de haute lutte sur un terrain battu par des feux violents d'artillerie, de canons et de fusils anti-tanks, surmontant tous les obstacles (réseaux, abatis, tranchées), réduisant les nids de mitrailleuses, a entraîné les vagues d'assaut et leur a permis d'enlever et d'occuper la crête de l'Orme du Grand Rosoy, la côte 197 et les bois de Pégase. Continuant l'attaque malgré de lourdes pertes, est parvenu jusqu'aux lisières du village de Cordoux et du bois du Bélier que l'infanterie a occupés grâce à son appui. A ainsi contribué pour une large part à l'enlèvement d'une position très forte, jugée de première importance pour le Commandement et dont l'occupation a obligé l'ennemi à reculer, le lendemain, de près de 20 kilomètres jusqu'à la Véole.
« Signé : PÉTAIN. »
 
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
10e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 328, 329, 330).
« Sous les ordres du chef de bataillon DARNEY, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »
 
Ordre N° 22.611 « D », du 20 septembre 1919.
11e Bataillon de Chars légers, du 504e Régiment de Chars blindés
(Compagnies 331, 332, 333).
« Sous les ordres du chef de bataillon ANGÉLI, a coopéré, du 26 au 29 septembre 1918, en Champagne, à l'attaque de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A permis par son concours à la Division qu'il accompagnait, une progression de 7 kilomètres. A repris le combat avec ses disponibilités les 3 et 8 octobre 1918 et dans cette dernière journée a permis à son infanterie, une progression de 3 kilomètres dans les lignes ennemies.
« Signé : PÉTAIN. »

328e Compagnie de Chars légers.
« A fait preuve de la plus grande énergie et du plus grand esprit de sacrifice pendant les attaques d'un Régiment d'infanterie, dans un terrain excessivement difficile et balayé par l'artillerie contre chars, les minens, et les mitrailleuses. Y a subi des pertes sérieuses en personnel et en matériel, sans que son ardeur se soit ralentie un seul instant.
« A rendu par son sacrifice, le maximum des services que l'infanterie pouvait attendre, dans les conditions de l'attaque, d'une Compagnie d'Artillerie d'assaut.
« Signé : PÉTAIN. »

335e Compagnie de Chars légers. Ordre général N° 604.
« A combattu les 14, 15, 17 et 18 octobre 1918, malgré les difficultés du terrain avec une énergie et un entrain remarquables. A rendu les plus grands services à l'infanterie qu'elle a continuellement appuyé malgré la rapidité et la profondeur de l'avance, réduisant de nombreux centres de résistance et contribuant à la capture de nombreux prisonniers et d'un matériel considérable.
« Signé : DEGOUTTE. »
 
II. - A L'ORDRE DU CORPS D'ARMÉE

Ordre général N° 228 du 34e C.A., du 5 octobre 1918.
330e Compagnie.
« Réduite à deux Sections, l'une, sous le commandement du sous-lieutenant ROUSSEAU-PORTALIS, est partie à l'attaque avec les vagues d'assaut, réduisant avec un brio remarquable les centres de résistance qui s'opposaient à l'avance de l'infanterie. L'autre, sous les ordres du lieutenant BINET-VALMER, ayant achevé la mission qui lui avait été assignée dans un régiment voisin est venue spontanément mettre ses derniers litres d'essence et ses derniers obus à la disposition d'une unité engagée dans un violent combat de localité. A contribué pour une large part au succès e l'opération du 10 août 1918. »
 
Ordre N° 331 « P » du 31e C.A., du 11 novembre 1918.
333e Compagnie du 504e R.A.S.
« Unité de formation récente qui, grâce à l'activité de son chef, le lieutenant DEBISSCHOP, à l'ardeur, au courage, à l'entrain de tout son personnel, s'est montrée aux combats des 8, 9, 17 et 18 août 1918, une troupe d'élite accomplissant sans faiblir les missions les plus délicates et rendant, au cours de ces journées, des services signalés aux troupes d'infanterie auxquelles elle était rattachée. »
 
III. - A L'ORDRE DE LA DIVISION

Ordre général N° 506, du 18 août 1918.
332e Compagnie de Chars d'assaut, du 504e Régiment.
« La 332e Compagnie du 11e Bataillon du 504e Régiment d'Artillerie d'assaut, sous les ordres du lieutenant GÉRARD, commandant la Compagnie, du lieutenant PRUNIER, du sous-lieutenant DUBOIS, de l'adjudant SOURZAC, chefs de Section, a été appelée pour appuyer une attaque de la 42e D.I., a fait diligence pour se porter au combat et grâce aux dispositions prises et à l'ardeur de tous, a puissamment contribué à aider l'infanterie à atteindre ses objectifs.
« Signé : DEVILLE. »
 
328e, 329e, 330e Compagnies du 504e Régiment de Chars légers.
« Mis à la disposition de la Division pour l'attaque de positions puissamment organisées et énergiquement défendues, malgré les difficultés d'un terrain bouleversé et d'une résistance sévère de l'ennemi, a coopéré avec une ardeur et un esprit de sacrifice admirables à la conquête des lignes ennemies, participant avec la Division à une progression de près de 6 kilomètres.
« Signé : BIESSE. »
 
Ordre N° 219 de la 22e D.I.
331e, 332e, 333e Compagnies du 504e Régiment de Chars d'assaut.
« A coopéré du 26 au 29 septembre aux combats engagés par la Division pour la conquête de positions puissamment organisées, vigoureusement défendues et ayant résisté jusque là à toutes les attaques au cours de quatre années de guerre. A montré au cours de ces journées une ardeur et un esprit de sacrifice admirables et secondé utilement les efforts de l'infanterie dans une avance de près de 7 kilomètres. »
 
Ordre N° 282 du 64e B.G.P., du 30 décembre 1918.
« La 2e Section de la 334e Compagnie de C.L., sous l'énergique impulsion de son chef, le lieutenant BRIS, qui avait exécuté une reconnaissance minutieuse du terrain d'action, a pris une part glorieuse au combat du 2 septembre 1918. Atteignant tous les objectifs malgré les défenses anti-tanks accumulées par l'ennemi et contribué à l'enlèvement d'un point d'appui fortement organisé et à la capture de 336 prisonniers dont 12 officiers et d'un important matériel. »
 
IV. - LETTRES  DE  FÉLICITATIONS

Le Général BIESSE, commandant la 151e Division d'Infanterie,
A  M. le Général Commandant le 1er Corps d'Armée.
« J'ai l'honneur de vous signaler la façon brillante dont se sont conduits les équipages des Chars d'assaut du 10e B.C.L. pendant les durs combats des 26, 27 et 28 septembre ; je vous transmets également l'expression d'admiration unanime des unités d'infanterie avec lesquelles ils ont été engagés.
« Au delà du 2e objectif intermédiaire, la zone de combat de la 151e Division présentait encore de puissantes organisations fortifiées, hérissées de réseaux de fil de fer et de chevaux de frise à armature métallique ; toutes ces défenses accessoires étaient sous le feu de nombreuses mitrailleuses, canons-revolvers et canons anti-tanks cuirassés. Le terrain bouleversé permettait à peine le passage de l'infanterie. Malgré toutes ces difficultés, les chars d'assaut ont permis aux fantassins de s'emparer de ces positions formidables, s'offrant d'eux-mêmes à s'engager, alors que leur intervention paraissait impossible à ceux dont ils devaient aider la progression.
« Le 10e B.C.L. sous les ordres du commandant DARNEY laissera à la 151e Division le souvenir d'une unité d'élite.
« Signé : BIESSE. »
Au colonel CHÉDEVILLE,
« Heureux de vous transmettre ce témoignage auquel je m'associe ».
« Signé : GOURAUD. »

Le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
A Monsieur le Commandant de l'A.S.
« Je suis heureux de vous adresser ci-joint copie de la lettre que m'a envoyée le Commandant de la 2e Armée britannique et qui s'exprime en termes élogieux sur le rôle joué par un Bataillon de l'Artillerie d'assaut.
« Je joins mes félicitations à celles du Chef de la 2e Armée britannique.
« Signé : DEGOUTTE. »
 
Le Général HERBERT PLUMER, commandant la 2e Armée britannique
A  M. le Général DEGOUTTE, commandant le Groupe d'Armées des Flandres,
« Mon cher Général,
« Je tiens à vous remercier pour les chars que vous avez eu l'amabilité de mettre à ma disposition le 31 octobre. Ils ont prêté une aide très utile à mes troupes.
« Je vous serais très obligé de transmettre à l'Officier commandant, notre appréciation des services rendus par ses hommes.
« Notre infanterie qui a travaillé avec vos chars parle avec enthousiasme de la manière dont ils ont fait leur travail.
« Signé : HERBERT PLUMER. »
 
 
MILITAIRES  MORTS  AU  CHAMP  D'HONNEUR
ou décédés des suites de leurs blessures   

NOMS GRADES Compagnie
BOITOT Charles Capitaine 328
DUBREUIL Louis Adjudant 328e
ROUX Armand maréchal des logis 328e
BONNARD Laurent maréchal des logis   328e
JONGIT Louis     canonnier 328e
ASSIÉ Émile maréchal des logis 328e
GAMBART Lucien maréchal des logis 329
GIRESSE Jean brigadier 329e
MAILLET Émile canonnier 329e
MENOUX Eugène canonnier 329e
HUGUES Léon sous-lieutenant 330e
PEYRAND Pierre aspirant 330e
ALDEBART René brigadier  330e
DUTRION André brigadier  330e
LYNIER Joseph brigadier 330e
GABERT Louis  canonnier 330e
IMBERT René canonnier 330e
IZOIRD Théodore canonnier  330e
MAUSSION Prosper canonnier  330e
PERRICHON Michel  canonnier 330e
MATTON Léo  brigadier 330e
GROLET Isaac canonnier 330e
CORENTIN René canonnier 330e
LATREILLE Jean  canonnier 330e
REY Henri canonnier 330e
REVOL maréchal des logis 331e
POTTIER canonnier  331e
MERLE Louis maréchal des logis 332e
Du BOUESAC Pierre maréchal des logis 332e
COUZON Charles  canonnier 332e
FORTIN Raymond canonnier 332e
JOURDAN Alexandre canonnier 332e
TATTEVIN Gaston maréchal des logis 332e
RUBY Jean canonnier 332e
GOEFFIC Armand canonnier 332e
MAGNANT Jules maréchal des logis 332e
PALLIER Henri  canonnier  332e
LEFAY canonnier 333e
LUBAT maréchal des logis   333e
ESTIVAL canonnier  333e
EMAILLE Alphonse lieutenant 334e
BALDET Henri  sous-lieutenant 334e
LENORMAND Gustave sous-lieutenant 334e
BAILLY Nestor maréchal des logis  334e
CABOCCO Benjamin maréchal des logis 334e
CHARTON Marius brigadier 334e
PETITEAU Roger    brigadier 334e
PALOUTIER Pierre brigadier 334e
TINUR Auguste  brigadier 334e
AURENSAN Pierre canonnier  334e
CHARTIER Julien  canonnier 334e
GIRAUD René  canonnier 334e
GUINÉ Charles  canonnier 334e
PACCOU Maurice canonnier 334e
PELAPRAT Henri  canonnier  334e
DECAEN Bernard canonnier  335e
GUIGUELÉ Louis maréchal des logis 335e
PAPEGAY Paul  brigadier 335e
GRAINVILLE Charles canonnier 336e
SERRA Joseph canonnier 336e
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