Plus mobiles et confortables dans les déplacements à grandes distances, les véhicules à roues sont moins coûteux à l'acquisition, consomment moins de carburant, et se révèlent plus faciles à entretenir et à dépanner. L'adoption d'une propulsion à huit roues motrices a considérablement accru leur mobilité en tout terrain et a augmenté leur polyvalence. Par ailleurs, ils peuvent recevoir aujourd'hui les mêmes protection et armement qu'un engin chenillé.
Le marché notifié à Giat Industries et Renault V.I. le 6 novembre 2000 porte, pour sa tranche ferme, sur les études, le développement et l'industrialisation des véhicules, ainsi que sur la production et le soutien des 65 premiers VBCI de série. Le marché comprend, en outre, plusieurs tranches conditionnelles qui porteront à 700 le nombre total des véhicules livrés à l'armée de terre française dans les deux versions de base suivantes :
- 550 véhicules de combat d'infanterie (VBCI/VCI)
- 150 véhicules postes de commandement (VBCI/VPC)
Leur mise en service a débuté en 2008.
En 2014 est adoptée une version à protection renforcée, le poids passe de 29 à 32 tonnes.
Dossier : VBCI Auteur : Gilles Bertolin
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Le VBCI, véhicule blindé de combat d infanterie, est le futur transporteur de troupes français destiné à remplacer le vieillissant AMX 10 P. Contrairement au VAB, ce blindé est conçu pour opérer sur la ligne de front et au côté du char de combat Leclerc. Ce dossier va présenter l historique tumultueux du programme VBCI, ses évolutions pendant les années de développement et enfin un tableau de ses caractéristiques principales.
Les débuts difficiles d'un remplaçant de l AMX 10 P
Le programme VBM (Véhicule blindé modulaire) fut lancé au début des années 1990 dans le but de remplacer l AMX 10 P qui à l'époque a 20 ans de service. Ce programme, lancé sous l impulsion du CEMAT le Général Forray, devait déboucher comme son nom l indique sur un blindé utilisant des architectures mécaniques et fonctionnels suffisamment versatiles et adaptables pour pouvoir produire une gamme complète de véhicules de combats d appuis et de soutiens. Le VBM devait remplir toutes les missions comprises entre le VBL et le Leclerc.
La stratégie de Giat industries était de capter ce futur marché national en proposant aux autorités françaises une coopération franco-germanique avec Mercedes. En effet, en Allemagne à la même époque, Mercedes montrait son démonstrateur GTK, puissant 8 x 8 de 800 chevaux dont les éléments du train de roulement pouvaient porter une masse de 36 tonnes, un record pour un véhicule à roues haute mobilité. Le GTK expérimentait de nombreuses et nouvelles technologies de mobilité mises au point par la firme de Stuttgart qui usait de tout son immense pouvoir de lobbying auprès
du BWB7 pour promouvoir la roue comme solution nominale pour la future génération de véhicules blindés de la Bundeswehr. Partant du principe que toute coopération avec un partenaire allemand ne peut se faire qu'en position d'égalité, Giat industries décida du lancement d'un démonstrateur de haute mobilité de fort tonnage, de façon à pouvoir discuter avec les Allemands d'égal à égal. Ainsi le démonstrateur VEXTRA est né. Cette machine montra une mobilité inégalée jusqu ici par aucun engin à roues de ce type.
Plus tard le projet devint trinational avec l'entrée du Royaume-Uni avec son MRAV.
En mars et novembre 1999, la DGA (Délégation Générale pour l'Armement) lance deux consultations en vue de commander, d une part 450 VCI (Véhicule de Combat d Infanterie) nécessaires à l'armée de terre et d'autre part de véhicules de commandement.
L'objectif initial pour ces derniers était de commander ces véhicules dans le cadre du programme trinational, mais les accords industriels qui auraient permis la participation de la France n ont pas pu être obtenus.
Suite à cet événement GIAT Industries décida de se retirer définitivement du projet européen de blindé VBM/GTK/MRAV.
Naissance du VBCI
Suite à ce retrait de Giat Industries, la DGA lança une consultation en mars 2000 qui regroupa un plus grand nombre de VCI et de VPC. C est suite à cette consultation que Giat Industries et Renault VI se sont vu attribuer, en novembre 2000, la notification du marché principal. Dans le même temps une commande ferme de 54 VCI et 11 VPC a été effectuée. Cette notification prévoyait que les prototypes soient livrés en 2004 et les premiers de série en 2006.
Le calendrier semblait donc pour le moins bien en place et bien structuré.
Naissance d un scepticisme chez les militaires
Au bout de quelques mois, dans les rangs des militaires de l'armée française, commença à naître une grogne à propos des choix industriels et techniques qui avaient été fait pour le futur blindé des régiments d infanterie mécanisés. Plusieurs points ont été soulignés pour leur manque de capacité opérationnelle au combat. Prenons le principal problème pour les militaires : la tourelle. Contrairement à l'ancien AMX 10 P, le VBCI/VCI bénéficiera d une tourelle monoplace où seul le tireur prendra place. Pour l'industriel, il s'agit d'une tourelle biplace virtuelle puisque bien que le chef de bord ne se trouve pas physiquement dans la tourelle mais dans la caisse, celui-ci dispose d'écrans vidéo lui permettant d observer l'extérieur, notamment via un report de la visée du tireur comme sur les chars Leclerc où le chef de char dispose de la visée du tireur.
Toutefois cette formule ne convenait pas aux fantassins, en estimant qu'une bonne coopération entre le tireur et le chef de bord ne pouvait être obtenue que par la mise en place d'une tourelle biplace. D'autre part si le chef de bord souhaitait ouvrir sa trappe pour observer les alentours de ses propres yeux celui-ci prendrait le risque de se faire décapiter par la tourelle en mouvement.
Autre problème : la particularité physique des VBCI/VPC. En effet, ceux-ci disposent d une mitrailleuse de 12.7mm télé-opérée de l'intérieur du blindé et sont donc facilement repérable par l'adversaire qui prendra pour cible en priorité ces blindés.
D'autre part le VBCI ne dispose pas, contrairement au Leclerc, d'un dispositif de tir en roulant (seul la vision est stabilisée) ce qui malgré les progrès effectués dans le domaine de la visée ne permettra pas de tirer sur le but du premier coup de façon sûre.
En ce qui concerne l'adoption des roues au détriment des chenilles, là encore les militaires dénoncent le manque de capacité des roues à virer sur place comme peuvent le faire les chenilles et qui peut s'avérer utile en combat urbain. Le VBCI sera donc condamné à partir en marche arrière ou bien à manœuvrer pour se sortir d'une situation délicate.
Pour répondre à toutes ces exigences de la part des opérationnels, l'EMAT prit vite en considération l'idée d acquérir plusieurs parcs différents de VCI. Il fut un temps question d acquérir en plus du VBCI, le Mowag IV suisse et le CV 90 suédois de Patria Hägglunds.
Cette solution sera très vite écartée sans doute pour assurer le plan de charge de GIAT Industries. En contrepartie des modifications seront demandées sur l'épiscope (grossissement x1). Elle disposera aussi d'un débattement en site de 2° à +45°.
De plus le chef d engins pourra observer l'extérieur par l'intermédiaire d'une fente lui évitant ainsi d'avoir à sortir la tête et
donc d'une part de risquer de se faire décapiter par la tourelle Dragar pivotante mais aussi lui permettant de ne pas être exposé aux tirs adverses.
Toutefois si le chef d'engin désire observer l'extérieur en sortant la tête de sa trappe, la canon se relèvera automatiquement au passage de la trappe ouverte du chef de bord. Pour éviter tout risque et si le logiciel mettant en oeuvre cette fonction ne marche plus la trappe ouverte du chef d'engin bloquera mécaniquement la tourelle en faisant buter le canon de 25mm sur le côté de la trappe ouverte. Cette sécurité créera en revanche un déficit capacitaire puisque celui-ci sera dans
l'impossibilité d'utiliser sa caméra thermique asservie au canon et d'une portée de 2000 mètres. Il se verra contraint d'utiliser la caméra thermique non refroidie à bas coût et d'une portée de seulement 500 mètres.
Sur une partie du parc de VBCI, l'armée de terre a accepté de s'adapter à ces inconvénients. Sur une partie peut être car celle-ci vient de lancer des études d intégration d'une tourelle biplace. Mais les opérationnels sont clairs sur un point : ils ne veulent pas que l'intégration de cette tourelle biplace se paye en terme de nombre de fantassins pouvant être embarqués. Si ce concept est validé, l'armée de terre pourrait en équiper environ 1/4 quart de son parc de VBCI.
Reste à savoir par la suite comment répartir les VCI à tourelle mono et biplace et de prendre en compte le fait que des blindés différents permette à l adverse de distinguer le VCI de commandement.
En ce qui concerne les versions du VCI il en existe plusieurs. La première est bien sur la version " rang " pour le simple transport de troupe. Il existe aussi la version anti-char à courte portée dotée du système " Eryx ". Dernièrement une nouvelle version est venue s ajouter aux deux précédentes, la version « rang-mortier ». Celle-ci dispose après l'intégration d un kit spécifique démontable d'un mortier de 81 mm en caisse. Pour la version anti-char longue portée qui devait être conçue avec comme système d'arme l'AC3G-MP est gelée puisque ce système ne sera pas développé et attend un nouveau remplaçant du Milan.
Pour terminer, la version VPC a été confirmé sans changement majeur par rapport au cahier des charges de départ en dehors du remplacement de la rampe d'accès arrière par deux portes type VAB qui faciliteront le placement des consoles SIR dans le véhicule.
L'autodéfense du VPC sera donc comme prévu assurée par une mitrailleuse de 12.7 mm sans télémètre laser différenciant donc encore plus les principaux blindés de commandement sur le champ de bataille en en faisant des cibles prioritaires.
Enfin en ce qui concerne le blindage, le VBCI pour une masse de 28 tonnes en charge dispose d un blindage de niveau 5 (moyen calibre) c'est-à-dire qu'il résistera à du 14.5 mm voire même à des canons de 20 ou 25 mm. En outre l'étude d un kit de surprotection a été lancé pour faire face à la menace des missiles anti-chars. Le prototype de ce blindage additionnel devrait être disponible en 2005. Et enfin nouveauté : le VBCI disposera en plus du Galix, du système de lance-leurres infrarouges LIRE 30 capable de parer à la fois les missiles les plus modernes et les plus anciens ce qui est une performance non négligeable.
Poids en ordre de combat : 28 tonnes
Vitesse maximum : 100 Km/h
Accélération : 0 à 400m en 32 secondes
Autonomie : 750 Km
Diamètre de virage minimal : inférieur à 17 m
- Autonomie : supérieure à 750 km sur route à vitesse constante
- Pentes max : 60 %
- Dévers maximal : 30 %
- Hauteur de franchissement d’un fossé : 2 m
Equipage : 2 hommes
Charge utile :
* Version VCI :
- Groupe de combat de 9 hommes (+ équipage)
- Tourelle de moyen calibre de type Dragar (25mm)
- Mitrailleuse de 7,62 mm
* Version VPC :
- 2 postes SIR avec 7 servants (+ équipage)
- Tourelleau d’auto défense armée d’une mitrailleuse de 12,7 mm
Communication : 2 postes radio de nouvelle génération
VCI : Canon 25mm (tourelle Dragar) VPC : Mitrailleuse 12.7mm
Armement secondaire :
VCI : - Mitrailleuse 12.7mm asservie au canon
- Eryx (VCI version antichar courte portée)
- Mortier 81mm (VCI version « rang mortier »)
VPC : Aucun
Dimensions du châssis : conforme au gabarit routier (L = 7,60m, l = 2,98 m, h = 2,20m)
Moteur : Volvo de 560 chevaux
- Caméra thermique de 2000 m de portée asservie au canon pour le tireur.
- Caméra thermique de 500 m de portée.
- Episcope pour chef d'engin, tireur, pilote, groupe embarqué.
- Lunette du chef d engin (grossissement x3 ou x6)
Mobilité : Véhicule à roue 8x8
Blindage : Blindage de niveau 5 (résistant au moyen calibre)
Contre-mesures : Galix, Lance leurres infrarouges LIRE 30
Numérisation VCI : SIT V1 / VPC : SIR
Tourelle DRAGAR
La tourelle DRAGAR sera intégrée sur la version VCI. C’est une tourelle monoplace de conception modulaire intégrant un canon de 25 mm stabilisé permettant au tireur de maintenir la visé même en tout terrain. La conduite de tir intègre un télémètre laser et une caméra thermique.
- cadence de tir jusqu’à 400 coups/minutes
- permet de l’auto défense anti aérienne
- intègre pour la défense rapprochée une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm et un système lance grenades Galix
Système d’information SIR
Le système d’information régimentaire SIR de l’armée de terre, réalisé par Matra MSI, est chargé d’une part d’améliorer l’efficacité globale du système de forces aéroterrestres en optimisant l’emploi des armes et systèmes d’arme dans le cadre du combat interarmes et d’autre part d’assurer le commandement des régiments et unités subordonnées engagés au sein d’une grande unité ou d’un groupement de forces engagé en ou hors Europe. SIR intègre un certain nombre de composant tel que :
- Système modulaire à base de véhicules PC (VPC)
- Transmissions : PR4G,
- Système mobile embarqué sur véhicules terrestres (VAB, ATM)