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1940 - 7e BCC

 

HISTORIQUE DU

7e BATAILLON DE CHARS LÉGERS

 

 CAMPAGNE DE FRANCE 1939‑1940

 I. FORMATION DU BATAILLON.

Issu du 1er bataillon du 503e R.C.C, qui tenait garnison à Versailles, le 7e bataillon fut constitué le 25 août. Dès le début de la mobilisation, l'ardeur de chacun laissait prévoir de beaux jours pour l'unité. Bataillon " très parisien " qui s'était signalé en temps de paix par des défilés impeccables, il devait plus tard prouver au feu que la brillante tenue antérieure est une condition nécessaire de " propreté morale " et que la " discipline char " est créatrice des plus beaux gestes. Le 503e R.C.C. n'avait‑il pas pour devise : " Du chic et du cran ". Commandé par un homme éminent, le 7e bataillon allait être à l'image de son chef, le commandant Giordani. Dût la modestie de notre chef en souffrir, il est indispensable de tracer ici les traits les plus remarquables de sa forte personnalité. Comment dépeindre le guerrier plus exactement que par le texte de cette magnifique citation, rédigée par le général Freydenberg, commandant la 2e armée :
"Chef de bataillon de grande valeur dont le bataillon de chars légers s'est couvert de gloire à chacun de ces engagements.
Déjà cité à l'Ordre de l'armée avec cette unité d'élite à la suite des combats devant Chémery et Bulson, a de nouveau donné, au cours des engagements du 10 juin, la pleine mesure de ses brillantes qualités de chef. "
Enveloppé de sa grande pèlerine, toujours le képi sur la tête, le commandant Giordani était, par son cran, un vivant exemple pour sa troupe, un entraîneur d'hommes exceptionnel. Il faut l'avoir vu le 10 juin, pour stimuler l'élan de l'infanterie, quitter, le stick à la main, debout sur la route, devant les chars, la base de départ de l'attaque, pour juger à sa mesure son absolu mépris du danger.
L'homme n'était pas moins admirable que le guerrier. Sachent maintenir une ferme discipline, il adorait ses chasseurs. Tous ses efforts étaient animés du même but : l'intérêt du bataillon. Prenant à tout instant ses responsabilités, défendant ses subordonnés avec une énergie farouche doublée d'une diplomatie habile, il avait su s'attirer la sympathie unanime et le dévouement absolu de tous. Le 7e bataillon n'était pas une unité quelconque, c'était le bataillon Giordani.

II. SÉJOUR DU BATAILLON AUX LOGES-EN‑JOSAS.

La mobilisation du bataillon fut terminée le 30 août, c'est‑à‑dire quatre jours avant la déclaration de guerre. Après avoir été passé en revue par le colonel Buisson, commandant le 503e R.C.C., puis par le colonel Welwert qui était à la tête de la brigade de chars, le bataillon se portait, dès le samedi 2 septembre, jour de la mobilisation générale, aux Loges‑en‑Jossas. Le cantonnement, distant de Versailles d'environ 15 kilomètres, avait un quadruple avantage :
‑ il permettait aux différentes unités de se souder, et à l'ensemble de prendre corps ;
‑ il dégageait le quartier de Satory au moment de l'afflux des réservistes ;
‑ il mettait éventuellement le bataillon à l'abri d'une attaque brusquée de l'aviation ennemie sur la région parisienne ;
- cependant, il ne rompait pas brutalement les relations avec la ville des Rois.
Lorsque fut déclarée la guerre, le dimanche 3 septembre, à 17 heures le bataillon était encadré de la façon suivante :

 

 

Chef de bataillon : commandant Giordani ;
Capitaine chef d'état‑major : capitaine Valude ;
Adjoint technique : lieutenant Jacquemont ;
Officier de renseignements : lieutenant Delorme ;
Officier des détails: lieutenant Drouart ;
Médecin : lieutenant Fleury.

Compagnie d'échelon.
Capitaine Raphel.
Lieutenant Erny.
Lieutenant Mourgeon.
Lieutenant Brun

1ère compagnie
capitaine Waitzenegger.
Lieutenant David.
Sous‑lieutenant Wallart,
Sous‑lieutenant Ayoun.
Sous‑lieutenant Tillot.
Aspirant Sauty.

2e compagnie.
Lieutenant Join‑Lambert.
Lieutenant Héraud.
Lieutenant Leclair.
Sous‑lieutenant Danne.
Sous-lieutenant Loiseau
Sous‑lieutenant Briens.

 

3e compagnie.
Capitaine Chazalmartin.
Lieutenant Fromond.
Lieutenant Durleman.
Lieutenant Chassedieu,  Sous‑lieutenant Lewitte.
Sous-lieutenant Lacroix.
Aspirant Cassier

Le stationnement du bataillon aux Loges‑en‑Jossas fut mis à profit par les compagnies pour aménager les véhicules et régler définitivement les derniers détails avec le dépôt 503 et le centre mobilisateur. La 3e compagnie se distingua tout particulièrement en adoptant Mme la vicomtesse de Maublanc, marraine, qui se montra très généreuse envers les chasseurs du capitaine Chazalmartin. Le premier cadeau fut un chien magnifique qui devait perpétuer le souvenir du légendaire " Totoche ".

Le 5 septembre, avant‑veille du départ aux armées, le 7e bataillon eut l'honneur d'être passé en revue par son ancien colonel, le général Stehlé, directeur de l'infanterie, accompagné du colonel Perré, l'animateur de l'arme des chars. Le bataillon prouvera plus tard au combat qu'il savait être digne d'une semblable preuve d'estime.

Le 6 septembre, dans la cour du château des Loges, le commandant Giordani passa lui‑même son bataillon en revue et le fit défiler devant le commandant Cornic, ancien chef d'état-major qui, lors de la convocation verticale d'avril, avait su s'attirer la sympathie de tous.
Le fanion du bataillon fut présenté officiellement à ceux qui allaient avoir l'honneur de défendre sa gloire. Chacun fit intérieurement serment de se battre avec l'énergie la plus farouche pour l'embellir de nouvelles citations, afin de le léguer un jour, plus brillant encore, aux futures générations.

III. DÉPART DU BATAILLON POUR LA ZONE DES ARMÉES

Le mouvement du bataillon pour la zone des armées commença le 7 septembre dès 6 heures du matin.
Il s'effectua en deux fractions :
A) Mouvement sur route pour la compagnie d'échelon et les éléments sur roues des compagnies de combat ;
B) Mouvement par voie de fer pour les chars et certains véhicules indispensable à la vie immédiate des éléments chenillés.
A) Mouvement sur route.
La colonne faisant mouvement par voie de terre était aux ordres du capitaine Raphel, commandant la compagnie d'échelon, Le 7 septembre à 6 heures, elle me mit en route, scindée en deux fractions :
‑ véhicules légers aux ordres du lieutenant Mourgeon ;
‑ véhicules lourds aux ordres du lieutenant Brun.
Les étapes parcourues furent les suivantes :

7 septembre : Loges‑en-Josas, Fontenay‑Trésigny.

8 septembre : Fontenay‑Trésigny, Les Essarts (près Sézanne).

9 septembre : Les Essarts, Courtisois (près Châlons‑sur‑Marne).
A Courtisois, le détachement fut rejoint par le lieutenant Jacquemont, qui, parti en reconnaissance avec le commandant Giordani, était porteur de l'ordre de mouvement fixant Milly et Murvaux comme cantonnement du bataillon dans la zone de concentration.

10 septembre : mouvement de Courtisois à Milly et Murvaux par le carrefour de Mazagran (ouest de Vouziers).
B) Mouvement par voie de fer.
Le bataillon disposait de deux trains. Embarquement quai de Satory le 8 septembre :
‑ le premier à 3h30 ;
‑ le deuxième à 17h30.
Sur le premier train furent embarqués les chars et certains véhicules des 1ères et 2e compagnies. Le détachement était sous les ordres du capitaine Waitzenegger, commandant la 1ère compagnie.
Sur le deuxième train furent embarqués les chars et certains véhicules de la 3e compagnie ainsi que plusieurs éléments lourds de la compa­gnie d'échelon, dont la remorque caterpillar et les trois tracteurs remorqueurs. Le capitaine Chazalmartin commandait le détachement.
Le capitaine Valude, chef d'état-major du bataillon, après avoir assisté à l'embarquement des deux détachements, devait rejoindre le soir même le commandant Giordani sur la base de concentration et rendre compte des incidents.
Le commandant, parti le 7 au matin, a assisté à l'étape du détachement faisant mouvement par voie de terre et vérifié son installation à Fontenay‑Trésigny. Le 3, il a rejoint la base de concentration pour préparer le cantonnement des unités.
Le premier détachement débarqua en gare de Stenay dans la nuit du 9 au 10 septembre, le deuxième au début de l'après-midi du 10 ; ils se rendirent par voie de terre à Milly et Murvaux ou le bataillon fut regroupé.
Le bataillon était à la disposition de la 2e armée­ (général Huntzinger), laquelle était composée en majeure partie de troupes de la région parisienne.
Le commandant des chars de l'armée était le général Bourguignon, qui avait été autrefois lieutenant colonel au 503e R.C.C.
Le 7e bataillon formait avec le 3e bataillon (ex 2e bataillon du 503e R.C.C.), le G.B.C. 503 sous les ordres du lieutenant‑colonel Fleury.

IV. CANTONNEMENT A MILLY‑SUR‑BRADON ET MURVAUX.

Dès le dimanche 10 septembre au matin, les unités commencèrent leur installation dans leurs cantonnements respectifs. Tandis que Milly abri­tait le P.C, du bataillon et la compagnie d'échelon, les compagnies de combat s'étaient vu partager le village de Murvaux. Distants l'un de l'autre de 4 kilomètres, les deux villages, construits au bas de la forêt de Woëvre, allaient abriter le bataillon un peu plus de deux mois. La population, froide au premier abord, se montra très rapi­dement accueillante.
Dans le cantonnement, les unités poursuivirent leur instruction. Un champ de tir fut aménagé au sud-est de Murvaux qui permit ainsi aux équipages de conserver leur entraînement.
De son côté le matériel fut l'objet d'un soin particulier, et, grâce à un clairvoyant ravitaillement en pièces de rechange, les chars furent mis au point et les camions aménagés.
Un certain nombre de reconnaissances d'emploi et d'exercice en salle complétèrent, d'autre part, l'instruction des cadres.
Si la valeur du combattant est fonction de son degré d'instruction militaire, elle l'est encore davantage de sa préparation morale. Aussi, toutes les compagnies firent‑elles des prodiges pour aménager chacune une coopérative où les hommes pouvaient se réunir, écrire en toute tranquillité et acheter à bon prix différente articles de nécessité courante.
Gérés par la troupe, sous la direction d'un officier, ces organismes obtinrent un vif succès, d'autant plus que les bénéfices permirent de venir en aide aux chasseurs nécessiteux.

Le 11 novembre allait donner au bataillon l'occasion de montrer que son séjour dans la zone des armées ne lui avait rien enlevé des brillantes qualités qui, dès le temps de paix avaient fait sa réputation. Admis à l'honneur de défiler devant le général Huntzinger, commandant d'armée, et un certain nombre d'officier, des Etats‑Unis, dans le cimetière américain de Romagne‑sous‑Montfaucon, en hommage aux 14 000 tombes qui bordent de part et d'autre l'immense nécropole de nos alliés de la grande Guerre, il eut à cœur de présenter une revue digne de ses traditions.
Cependant le chef de bataillon reste à Tronville jusqu'à la fin de bataillon se vit récompenser par l'attribution du cantonnement de Verdun, comme quartier d'hiver.

Dès le 12 novembre chacun se mit donc en devoir de préparer le départ. Nombreux étaient ceux dont le cœur était bien gros de quitter la région de la ville de Stenay, dont l'horloge possède un magnifique carillon qui précède la sonnerie des heures en jouant des airs variés. De si sincères amitiés, une solide sympathie avaient réuni civils et soldats à Milly et à Morvaux. Aussi, le 7e bataillon conservera-t-il longtemps le très doux souvenir des premiers jours de guerre vécus au sein de ce charmant "coin de Meuse".

V. CANTONNEMENT A VERDUN.

Le 19 novembre consacrera le départ du bataillon pour Verdun.
Le nouveau cantonnement allait présenter un triple avantage :
‑ il permettait à la troupe de s'installer confortablement au quartier Villars, dans la belle caserne du 6e régiment de cuirassiers ;
‑ la ville de Verdun offrait de grandes commodités d'approvisionnement et facilitait les départs en permission ;
elle offrait au matériel un abri précieux pour la durée de l'hiver, ainsi que l'entretien et les diverses réparations en seraient facilités, d'autant plus que la proximité immédiate du parc de chars d'armée rendait possible l'échange et la perception des diverses pièces usées ou cassées.
D'autre part le terrain de manœuvres de la Chaume et le champ de tir de Douaumont permirent de poursuivre l'instruction des unités. Enfin l'établissement d'une " Carte char ", de la région donna aux cadres l'occasion d'étudier les terrains particuliers favorables à l'action des blindés dans la zone de l'armée.
Ainsi, mieux qu'à Milly et Morveux, le bataillon fut‑il à même de poursuivre une instruction complète : morale, pratique et tactique.
Quatre mois durant le bataillon restera dans la glorieuse ville de François Chevert, L'immortelle cité qui du 21 février 1916 au 1er février 1917, fit connaître à la France un esprit de croisade, épuisant les forces ennemies comme le fait une blessure qui ne se ferme pas, inculqua à chacun le souffle du devoir et sa vaillance fit écho dans les cœurs des gars des chars.
Préparation morale particulièrement efficace que de revivre l'héroïsme du passé sur la terre riche et endeuillée du sang des pères.
Malheureusement, dès le début de l'arrivée à Verdun, plusieurs départs vinrent attrister notre unité.
Les capitaines, Raphel et Chazalmartin, appelés à suivre le cours d'état-major, quittèrent le bataillon, unanimement regrettés. Ils restèrent de cœur avec le 7e, qui, de son côté, est fier de les avoir comptés dans sa trop brève histoire. L'impulsion que ces deux officiers avaient donné à leurs compagnies respectives, resplendira d'un vif éclat le jour de leur premier engagement, et, à ce titre, se justifie la mention que leur donne cet historique.
Le lieutenant Drouard, officier des détails, qui avait guidé avec bienveillance et méthode les comptables des unité dans la mise sur pied de la comptabilité du bataillon et rendu à ce titre de précieux services, était affecté à l'état‑major des chars de l'armée.
Le lieutenant Mourgeon, officier d'approvisionnement, qui par son activité jamais en défaut avait procuré au bataillon tout ce qui lui était nécessaire, dans une période difficile d'organisation, était rappelé à l’intérieur ; sachant prévoir et réaliser avec le sourire, il laisse à tous le souvenir d'un camarade dévoué et d'un animateur infatigable.
Quelques jours plus tard, le lieutenant Jacquemond, adjoint technique, dut rejoindre le dépôt de chars 502 à Angoulême. Ayant organisé son service avec une clairvoyance exceptionnelle, son départ fut unanimement regretté.
Quelque temps après, l'arrivée d'un certain nombre d'officiers combla en partie les vides.
Le capitaine Mignotte prit le commandement de la 3e compagnie. Officier breveté d'état‑major, il s'avérera au combat brillant entraîneur d'hommes.
Le sous‑lieutenant Jolly, jeune "bazar" venant de l'École, fut affecté à la 1ère compagnie, ainsi que l'aspirant Crémieux‑Bach. Le sous‑lieutenant Pagés et l'aspirant Loiseau furent affectés à la 3e compagnie.
Régulière et continue, telle fut la caractéristique de la vie du bataillon à Verdun. Malgré la rigueur de l'hiver, tout le matériel, grâce à des soins vigilants, fut conservé en parfait état de marche. Aussi, dès le début d'avril. le 7e bataillon fut il appelé au camp de Mourmelon pour l'instruction des troupes de passage

VI. PÉRIODE D'INSTRUCTION AU CAMP DE MOURMELON.

Depuis le débat de la campagne, le 7e bataillon se trouvait en réserve générale de la 2e armée. Par note n° 1829/1 chars S. de l'Inspection des chars, en date du 28 mars, il fut, tout en conservant sa destination tactique, "détaché en permanence au camp de Mourmelon pour participer :
1° Aux exercices en commun, infanterie‑chars, avec les D.I. qui se succédaient au camp à la cadence d'une par semaine ;
2° Aux exercices du cours des chefs de bataillon d'infanterie ;
3° Aux manœuvres des division cuirassées."
Dès lors commence pour les différentes unités une période d'instruction intensive qui s’avérera infiniment profitable. Les régiments d'infanterie se succèdent chaque semaine et mettent tour à tour au point leurs troupes en vue du combat de chars. Le 7e bataillon se dépense sans compter. Il présente chaque jour sur le terrain le maximum d'appareils. Ses équipages consolident leur cohésion. Les différentes unités se soudent davantage. Après la vie de garnison de Verdun, les manœuvres intensives du camp retrempent les hommes dans l'action et les préparent directement aux combats prochains. L'entraînement physique se développe opportunément. seul le matériel souffre un peu des exercices incessants. Les pièces de rechange sont difficiles à trouver. Les équipes de réparation travaillent jour et nuit de façon à satisfaire les besoins des régiments d'infanterie qui utilisent chacun au maximum leur semaine de manœuvres successives avec le 7e bataillon.
Au cours de ce séjour le bataillon eut le plaisir de retrouver son ancien commandant de régiment au 503, le colonel Buisson, qui commandait l'infanterie de la 3e division.
Trois dates marquent tout particulièrement ce cantonnement :
- le 9 avril, le colonel Buisson fit au bataillon l'honneur de le passer en revue prouvant ainsi sa sympathie pour l'ex. 1er bataillon du 503e R.C.C. ;
- le 14 avril, le général Brocard, commandant la 3e D.C.r., qui avait commandé autrefois le bataillon, de 1937 à 1939, eut également à cœur de se le faire présenter ;
- le 18 avril, fut exécutée, en liaison avec le 3e régiment de tirailleurs marocains, commandé par le colonel Desré, une manœuvre particulièrement réussie devant le général Touchon, commandant l'armée de réserve et ancien commandant de l'Ecole des chars.
Le bataillon poursuivait ainsi de façon intensive son instruction lorsqu’il fut surpris, le 10 mai, par l'attaque aérienne brusquée du camp de Mourmelon.
Alerté le même jour, à 10h30, alors qu'une compagnie travaillait encore sur le terrain, il reçut l'ordre de se porter immédiatement dans la région de Vouziers et se vit attribuer le cantonnement des Alleux.
Au début de l'après‑midi, le commandant Giordani, qui était en permission, rejoignit le bataillon.
 
VII. CANTONNEMENT DES ALLEUX.

Tandis qu'à 10 heures les échelons sur roues s'ébranlent, les chars des 1ères et 2e compagnies embarquent par voie ferrée ; ceux de la 3e compagnie doivent embarquer un peu plus tard.
Les échelons sur roues arrivent en fin d'après-midi aux Alleux (9 kilomètres nord de Vouziers) et les compagnies commencent à s’installer.
Tandis que les véhicules emplissent les granges des fermes, des emplacements camouflés sont préparés pour accueillir les chars dont le premier train est attendu à Vouziers au début de la nuit.
Celle-ci est très avancée quand les chars des compagnies Waitzenegger et Join-Lambert arrivent en gare de Vouziers. Ils sont aussitôt dirigés sur les positions d'attente préparées et quand le jour me lève il ne reste aucune trace de leur passage. L'aube du 11 mai se lève sans que le régulateur de Vouziers puisse donner des nouvelles du second train. Le capitaine Mignotte s'inquiète de ses chars et fait plusieurs fois la navette entre les Alleux et Vouziers.
A 9 heures un premier renseignement : le train portant les chars de la 3e compagnie a été bombardé en gare de Mourmelon, mais on ne signale aucun dégât ni dans le matériel ni dans le personnel. A 10 heures le régulateur fait savoir que la voie ayant été coupée par une bombe, le train a été dérouté par un itinéraire excentré et arrivera vers 13 heures. A 13h30, le convoi entre en gare ; le commandant de la 3e compagnie pousse un soupir de soulagement quand le lieutenant Chassedieu, commandant le train, lui annonce que personnel et matériel sont au complet. En vingt et une minutes, tout est débarqué et les chars, sons la menace d'apparition d'avions ennemis (la gare de Vouziers ayant été bombardée dans la matinée), gagnent la position d'attente individuellement, L'itinéraire a été soigneusement jalonné et les appareils disparaissent sous la futaie sans avoir été repérés.
Chacun travaille avec ardeur et joie pour mettre le matériel au point pour l'engagement que le survol incessant de la région par les avions allemands laisse prévoir imminent. Les bombardements se succèdent à la cadence de trois par jour. Aussi chacun vécut-il dans la fièvre. L'avance ennemie en Belgique devenait inquiétante. Ses forces menaçaient Sedan.

Le 13 mai à 16 heures, par ordre n° L‑1242 du général Bourguignon, com­mandant les chars de la 1ère armée, le 7e bataillon fut mis à la disposition du Xe corps d'armée.
Le même jour, à 17h30, par note n° 1504 de l'Etat-Major, 3e Bureau, du Xe C. A., le bataillon reçut l'ordre de se porter dans le bois de Haye qui se trouve entre Bulson et Chémery, à environ 7 kilomètres sud de Sedan.
Aussitôt le chef de bataillon prescrit aux unités de se tenir prêtes à faire mouvement à la tombée de la nuit et aux commandants de compagnie de venir le plus tôt possible au P.C. du bataillon pour partir en reconnaissance.
La nouvelle est accueillie avec calme. Tout le monde est prêt. Les petites réparations en cours sont achevées, les dernières mises au point sont faites tandis que le chef de bataillon et les commandants de compa­gnie partent pour le bois de Haye. A La Blanche‑Maison, munis des der­nières instructions du commandant Giordani, les trois capitaines se sépa­rent pour déterminer le point exact où leur compagnie ‑ du moins ils le croient ‑ va attendre le moment de combattre. Le temps est magnifique, le muguet foisonne dans le sous-bois où les roulantes de l'infanterie en ligne préparent le repas du soir. Il est 18h30. C'est le calme avant la tempête.
A 20 heures, le commandant et les capitaines son de retour aux Alleux. Tout est prêt pour le départ.

VIII. ENGAGEMENT DU 7e BATAILLON LE 14 MAI A CHEMERY‑BULSON

A) Mouvement du bataillon.
Dès 20h30, la 1ère compagnie s'est mise en marche, suivie respectivement à 15 minutes par les 2e et 3e compagnies.
L'itinéraire suivi empruntait la Route nationale 77 par le Chesne - Tannay ‑ Chémery.
Ce déplacement fut effectué dans des conditions particulièrement pénibles.
A partir du Chesne jusqu'à Tannay la route était encombrée par de très nombreux véhicules automobiles venant du nord et appartenant à l'artillerie. Les chars ont beaucoup de peine à passer.
Au delà de Tannay la situation devait empirer. Le chef de bataillon qui, accompagné de son officier de renseignements, le lieutenant Delorme, avait devancé la colonne chars, s'arrête à environ 200 mètres de la sortie nord de Tannay pour voir passer ses compagnies. Ne les voyant pas arriver, il essaie de retourner en arrière pour se rendre compte des conditions dans lesquelles s'effectue la marche ; les colonnes suivent avec peine.
Aux environs de 23 heures, le chef de bataillon, commandant le 7e bataillon, est rejoint par le capitaine Valude qui lui transmet, de la part du G.B.C. 503, l'ordre suivant :
"Le 7e bataillon s'arrêtera sur la ligne Chémery ‑ Maisoncelle, liaison à prendre avec le général Lafontaine, dont le P.C. est à Chémery."
Dès lors le commandant Giordani se dirige sur Chémery où il est mis au courant de la situation. Il a dû se frayer la route lui‑même, les éléments d'artillerie et d'infanterie l'ayant encombrée de toutes parts avec leurs voitures et leurs chevaux. Ce n’est qu'au bout de trois heures trente de marche, qu’assisté du lieutenant Delorme, il arrive au P.C. du général Lafonfaine qui le met au courant de la situation.
L'ennemi, après avoir franchi la Meuse, s'est emparé hier soir des hauteurs sud de Sedan. A la tombée de la nuit il avait atteint la ligne Bulson ‑ Chémery. La 55e division ne dispose plus que d'un régiment d'infanterie (le 213e), à effectifs réduits, et de 2 batteries d'artillerie.
Dans le but de rejeter l'ennemi dans la Meuse, ou tout au moins de l'empêcher de s'emparer du massif du bois de Mont‑Dieu (car les réserves ne pourront arriver sur cette position avant le 14 au soir, leur contre‑attaque est prévue pour le 14 au lever du jour. Elle sera menée, à droite, par le 205e R.I. et le 4e bataillon de chars et, à gauche, par le 213e R.I., appuyé par le 7e bataillon de chars.
L'attaque comportera trois phases :
1° S'emparer des hauteurs boisées au sud de la route Bulson – Chémery ;
2° S'emparer des hauteurs des bois de la Marffée et de la Croix-­Piot ;
3° La Meuse.
Mais, comme le 205e R.I. et le 4e bataillon de chars ne sont pas encore annoncés et qu'ils risquent de ne pas arriver à temps pour prendre part à l'attaque et que, d'autre part, on ne peut retarder l'heure H de crainte d'être devancés par l'ennemi, le 213e régiment d'infanterie et le 7e bataillon attaqueront seuls sur tout le front au cours de la première phase pour s'emparer le plus tôt possible des hauteurs boisées au sud­-ouest de Bulson.
Aussitôt le chef de bataillon envoie un motocycliste porter aux com­mandants de compagnie l'ordre de le rejoindre immédiatement et de pousser leurs chars le plus avant possible de façon à être à Chémery avant 4 heures.
Peu après, les 1ères et 2e compagnies envoient un agent de liaison rendre compte qu'elles ont atteint les lisières nord du bois du Mont‑Dieu ; Il est 3h30.
Aucune nouvelle de la 3e compagnie, qui a été coupée des deux autres par une cohue indescriptible. La route est complètement obstruée par des équipages de fuyards et des voitures de réfugiés civils. Mais elle arrivera quand même à temps, grâce à la ténacité de ses équipages. Quittant une route impossible, c'est la progression dans la nuit noire à travers les clôtures, les haies, les fossés. Il est 4h30, à la pointe du jour, quand elle atteint le bois du Mont‑Dieu, où le capitaine Mignotte reçoit l'ordre du chef de bataillon. Laissant le soin au lieutenant Héraud, son adjoint, d'amener coûte que coûte la colonne de chars à Chémery dans le plus court délai, le commandant de la 3e compagnie bondit à moto à Chémerv où il reçoit les ordres du commandant Giordani et prend contact avec le colonel Labarthe, commandant le 213e R.I.
Les compagnies de combat ont donc mis plus de cinq heures pour effectuer les cinq kilomètres qui séparent Tannay de Chémery. Plusieurs officiers, revolver au poing, ont dû frayer constamment le passage de leurs appareils au milieu des chevaux et des voitures de troupe se repliant dans le désordre le plus complet.
B) Combat du bataillon.
1° Mission et dispositif d’attaque du bataillon.
Partant de la ligne Chemery ‑Maisoncelle le 7e bataillon, en liaison avec le 213e R.I., attaquera à 5 heures, en vue de s’emparer des hauteurs boisées au sud de la route Bulson ‑ Chémery.
Le dispositif du bataillon au départ de l'attaque est le suivant :
UNITE    3e COMPAGNIE    1ère COMPAGNIE    2e COMPAGNIE
Zone des P.D.    
Sur la route de Chemery-Chehery à la sortie N.O. du village de Chehery
Ravin de la Nacelle (au N.E. de Chémery  Vergers bordant au nord Maisoncelle et Villers.
Heure de départ : 5 heures.
(L'heure H a été retardée pour permettre aux bataillons d'infanterie de se ravitailler en munitions. Ceux‑ci ne disposent cependant que de très peu de cartouches ; leurs effectifs sont en outre, fort réduits et leur dotation en armes antichars nulle.)
Dans le cas où le 205e R.I. et le 4e bataillon de chars seraient arrivés avant l'heure H, ils prendront leur place dans le secteur de droite, le bataillon du 213e et la 2e compagnie de chars du 7e bataillon passant en réserve derrière le groupement du centre.
2° Déroulement du combat.
En fait, l'attaque ne débouche qu'à 6h20. Jusqu'à 7 heures, la progression s'effectue sans trop de difficultés.
a) Premier bond.
3e Compagnie.
A l'ouest, la 3e compagnie progresse à cheval sur la route Chémery - Chéhéry. Le temps ayant manqué pour donner des instructions aux chefs de sections, le capitaine fait manœuvrer sa compagnie au fanion. Il faut gagner l'ennemi de vitesse. La section du sous‑lieutenant Pagés est arrivée en tête ; elle y demeure et reçoit l'ordre de progresser sur l'axe de la route.
Les autres sections sont encore dans Chémery, mais déjà ramassées, et prêtes à s’élancer. Le lieutenant Héraud doit prévenir le sous‑lieutenant Lacroix, chef de la 3e section, et l'aspirant Loiseau, chef de la 2e section, de se déployer en bataille de part et d'autre de la section Pagés en se conformant à l'attitude du capitaine. La 4e section, commandée par le sous‑lieutenant Levitte, suivra en réserve à quelque distance, prête à intervenir en cas de besoin.
Les premiers chars ont parcouru quelques centaines de mètres quand ils sont pris à partie par une pièce antichars située prés de la route à 500 mètre, au nord de Chémery. Instant de surprise et d'émoi. Tous les chars s'arrêtent, c'est le baptême du feu terrestre.
Mais le flottement ne dure pas, Tandis que la section Pagès riposte sur l'engin ennemi, le capitaine s'élance dans la prairie en ordonnant en bataille avec son fanion. La section Lacroix voit le signal et s'engage sur les traces du char de commandement, mais la section Loiseau n'a pas vu le petit fanion vert et blanc. Elle reste sur la route derrière la section Pages empêchant le débouché de la section Levitte.
Le commandant de compagnie revient en arrière et se plaçant près des sections Levitte et Loiseau il recommence le signal en bataille. Le lieutenant Levitte se rendant compte de l'appel que lui adresse son chef bondit littéralement avec son char et vient se placer à côté de celui du capitaine et entre en liaison à voix. Il reçoit l'ordre de se tenir à gauche et de couvrir le flanc le long de la rivière La Bar. La section Loiseau procède par imitation et quand le char de commandement reprend la tête il est suivi par la compagnie déployée. Le char de Pagès n'a pas cessé de subir le feu de l'ennemi pendant cette manœuvre. Un obus lui a brisé une che­nille et toute la section est bloquée sur la route. Un autre obus a atteint un char subordonné blessant le chef de char, le caporal‑chef Jacquesson, en provoquant la chute des épiscopes.
A ce moment une deuxième pièce antichars se révèle un peu plus loin dans le fossé de la route. Mais cette fois la compagnie est lancée et les deux engins ennemis sont détruits en très peu de temps par la concentra­tion de feux des chars. Les lisières sud et ouest du bois de Naumont sont neutralisées et tout le terrain jusqu'à l'embranchement de la route de Connage, est bientôt vide d'ennemis. Mais les quelques fantassins qui composent l'infanterie n'ont pas suivi et les chars doivent revenir en arrière pour tenter de les entraîner. Assis sur sa porte de tourelle pour bien montrer que tout danger est écarté, le capitaine Mignotte exhorte les fantassins à le suivre et c'est ainsi que quelques hommes du bataillon d'infanterie se portent vers le bois de Naumont et les haies qui bordent la Bar.
1ère compagnie.
Au centre est, les deux sections (1ère et 2e) du premier échelon de la 1ère compagnie ont atteint la cote 703 et Blanche‑Maison après avoir détruit 7 mitrailleuses ennemies.
2e compagnie
A l'est, les quatre sections de la compagnie, ayant débouché en ligne dans l'ordre de la droite à gauche : 1ère, 2e, 3e, 4e, se sont portées sur la crête du Fond‑Dagot. Aucune arme ennemie n'a été rencontrée au cours de cette progression et cependant, en dépit de plusieurs tentatives des chars revenant en arrière chercher l'infanterie d'accompagnement, celle‑ci n'a pas pénétré dans le bois qui domine la crête.
A 7 heures, la ligne atteinte par le bataillon de chars passe donc de l’ouest à l’est, par :
les lisières sud-ouest du bois de Naumont (3e compagnie) ;
le bois de Blanche-Maison et la côte 304 (1ère compagnie) ;
la crête du Fond‑Dagot (2e compagnie).
La ligne occupée par l'infanterie est sensiblement la même, sauf à l'est, où le 1/213 n'a pas pénétré dans le bois du Fond‑Dagot.
b) Deuxième bond.
3e compagnie.
A l'ouest, pendant que la section Levitte continue le long de la Bar, la couverture du flanc gauche, le capitaine Mignotte se porte en tète des 2e et 3e sections sur le village de Connage. La section Pagès éprouvée par le feu des engins antichars essaie de réparer des avaries aidée en cela par le lieutenant Chassedieu, chef de la section d'échelon, qui, sans attendre que le feu se soit tu s'est porté bien en avant de l'infanterie pour tenter le dépannage du char de Pagès.
Les lisières sud du village de Connage sont rapidement atteintes.
Les fantassins ennemis ont reflué et n’opposent plus aucune résistance.
Une batterie ennemie antichars est installée sur le mamelon immédiatement au nord‑est de Connage. Les chars qui sont aux lisières du village échappant à son tir mais la section Levitte plus en arrière le long de la Bar est durement éprouvée. Le char du chef de section, touché au persiennage, est immobilisé. Les deux chars subordonnés se portent à son secours et essayent de le remorquer malgré la vive canonnade de la batterie allemande.
Aucun élément d'infanterie n'a suivi les chars à Connage et, une fois de plus, il faut revenir en arrière pour prendre le contact.
Le char de l'aspirant Loiseau, touché par un obus au moment où il retournait pour prendre la liaison est mis en difficulté et s’embourbe au bord de la Bar, il ne reparaîtra plus et son équipage (mécanicien Cambier), incapable d'évacuer tellement le tir de la batterie est violent, sera fait prisonnier.
Six chars se retrouvent en arrière de l'étranglement de la vallée, là ­où la Bar vient frôler la route. La section Lacroix est au complet. Deux chars de la section Loiseau ont suivi le capitaine (ceux des sergents Le Tallec et Boitard). La bâche du char de Le Tallec, arrimée sur le côté de l'appareil, a été enflammée par un projectile. Dans l'ardeur de la lutte l’équipage ne s'est aperçu de rien et le feu risque de se communiquer au réservoir de gasoil. Le capitaine, voyant le danger, descend de son char, se porte vers l'appareil menacé et réussit à arracher la bâche enflammée. Aucun coup de feu ne se manifeste. Le terrain masque la batterie antichars. (ce que voyant, le sous‑lieutenant Lacroix sort à son tour de son appareil et vient prendre les ordres de son chef pour la suite de l'affaire.
Le sergent Le Tallec l'imite aussitôt,
Un peu en arrière et sur la gauche on voit le sous‑lieutenant Levitte à pied, dirigeant le dépannage de son char malgré les obus de la batterie antichars et même ceux des batteries terrestres qui commencent à donner de la voix.
Les ordres donnés par le capitaine Mignotte sont les suivants :
La section Lacroix progressera en tête sur l'axe de la route. Lignes à atteindre :
1° la route Connage – Bulson ;
2° les lisières de Chéhéry.
Le sergent Le Tallec prendra le commandement de la section Loi­seau (réduite à 2 chars) et progressera à gauche et légèrement en retrait de la section Lacroix.
Le capitaine se placera au centre du dispositif au mieux des cir­constances. Se tenir prêt à obéir au fanion du commandant de compagnie.
La section Levitte ne pouvant être atteinte par les ordres sera considérée comme momentanément en réserve. Le capitaine est sûr que le sous‑lieutenant Levitte, dont l'ardeur est proverbiale, le rejoindra dès que cela lui sera possible.
Tout ceci a demandé cinq minutes à peine et déjà Lacroix a bondi dans son char et démarre. Il vient de s'ébranler quand au détour de la route, à une centaine de mètres, un char ennemi apparaît et s'immobilise. C'est un engin d'environ 35 tonnes qui encombre la plus grande partie de la route. Le sous‑lieutenant Lacroix se précipite sur lui, s'arrête à 15 mètres et commence un feu nourri. Il est suivi immédiatement par un de ses chars, celui du sergent Corbeil, et par celui du sergent Le Tallec.
Le capitaine est encore en dehors de son char sur la route ; il arrête les deux autres appareils qui commençaient à s'ébranler et donne au caporal-chef Tirache (de la section Loiseau) et au sergent Boitard l'ordre de rester en arrière à 300 mètres environ pour appuyer de leurs feux les chars de tête. Puis il monte dans son appareil et va se placer à côté du char de Lacroix.
Le combat chars contre chars commence. Mais la lutte est inégale. De notre côté, six chars légers de 12 tonnes ; du côté allemand trois chars de 35 tonnes sont maintenant en avant et d'autres ne cessent de se déployer un peu en arrière. Le feu est ouvert de part et d'autre. Nos chars ne disposent chacun que de douze obus de rupture qui sont bientôt épuisés. Le tir continue à obus explosif. Ceux-ci aveuglent les chars allemands qui ne ripostent qu’avec une extrême lenteur. De nombreux obus ricochent sur le blindage des F.C.M., mais ceux qui arrivent de plein fouet le percent. C’est ainsi que le mécanicien Lintanff est grièvement blessé, un peu plus tard, c'est le tour, du sous‑lieutenant Lacroix.
Le combat se prolonge. Un char allemand est en flammes. L'ennemi met alors en oeuvre un canon plus important (calibre 75 environ) pointé dans l'axe de l'appareil. Ces projectiles tirés à bout portant sont extrêmement meurtriers. C'est d'abord le char de Corbeil qui est éventré à l'avant ; le mécanicien Lintanff qui, un obus de 37 logé à la base du cou continuait de passer les munitions à son chef de char, a le ventre ouvert et succombe. Imperturbable, le sergent Corbeil continue à tirer. Un second coup lui détériore son arme. Il sort alors de son char et s'abrite tant bien que mal dans le fossé de la route. Le char du sergent Le Tallec reçoit un obus dans la chambre du moteur et s’enflamme. Pendant plusieurs minutes l’équipage continue à tirer, puis la chaleur devenant intenable, il est obligé d’évacuer. Le Tallec et son mécanicien, le chasseur Audoire, s'échappent au plus fort de la bagarre et courant vers les buissons qui bordent la Bar, ils regagnent Chémery où ils sont recueillis par le lieu­tenant Héraud qui de loin assiste au combat.
Des quatre chars de tête, celui de commandement est seul encore en état de tirer. Deux obus de rupture ont pénétré dans la chambre du personnel, mais par miracle l'équipage est indemne. Le capitaine Mignotte prescrit à son mécanicien de faire demi‑tour sur place, à la fois pour avoir mie plus grande protection en se couvrant de toute la masse du moteur et pour être prêt à rompre méthodiquement un combat sans espoir. Le demi‑tour vient à peine d’être achevé qu'un gros obus arrache la chenille gauche et déplace le char de plusieurs mètres. Se rendant compte qu'il ne pourra tenir longtemps, le commandant de la 3e compagnie ordonne à son mécanicien, le chasseur Heinrich, d'évacuer en profitant d'un feu nourri qu'il déclenchera pour aveugler l'ennemi. Les deux chars restés en arrière se replient alors sur Chémery ; le char de Boitard est d'ailleurs momentanément hors de combat, son chef ayant été intoxiqué par les gaz de la mitrailleuse ; quand à celui de Tirache il ne se déplace que péniblement, un galet de son train de roulement droit ayant été arraché par un obus.
Après un instant d'accalmie le char français et les chars allemands reprennent le tir. Le char de Le Tallec brûle avec intensité et protège en partie par ma masse celui du capitaine. Les Allemands, dont les chars marchent à l'essence n'osent pas en approcher pour prendre dans l'axe de leurs gros canons le dernier char français et seuls les obus lancés des tourelles crépitent sur le blindage du char léger. Les derniers obus du char de commandement sont épuisés ; jusqu’à Chémery le terrain est vide d'amis. Tous les autres survivants semblent avoir réussi à rejoindre. Le capitaine Mignotte sort de son char par la porte avant sans aucune précaution : il est exténué et s’attend à tout. Surprise, les chars ennemis cessent le feu. Le sergent Corbeil, qui était toujours dissimulé derrière son talus, court vers son chef et l'entraîne vers la hauteur, vers le bois.
Une heure plus tard ils réussissaient à rentrer dans nos lignes.
Pendant que se déroulait cette action, la section Levitte (mécanicien Gicquel) tentait en vain de se dépanner. Un gros obus touche l'appareil de droite et en blesse mortellement le chef, le sergent-chef Werhle (mécanicien Arnaud). Le char de gauche commandé par le sergent Froussard, qui a reçu de son chef l'ordre de se replier, s'enlise dans un marécage, pendant que le sous-lieutenant Levitte, aidé de deux mécaniciens, les chasseurs Arnaud et Gicquel, essaye de ramener Werhle. Pris sous le feu ennemi, ils sont obligés de se jeter dans la Bar, où ils abandonnent le corps du malheureux sous-officier qui vient d'expirer. Ils restent toute la journée dans l'eau et rejoignent le bataillon le lendemain après avoir traversé les lignes allemandes durant la nuit.
Les pertes ont été sévères. Sur treize chars engagés, trois seulement rentrent dans nos lignes. Il manque :
le char de commandement ;
deux chars de la 1ère section ;
deux chars de la 2e section ;
deux chars de la 3e section ;
les trois chars de la 4e section.
1ère compagnie
Au centre est, la 1ère soutient une lutte non moins héroïque. Les 1ère et 2e sections se sont portées respectivement à l'ouest de la crête 322 et aux lisières sud des bois de Haye. Prises à partie par des chars enne­mis, lourds et légers, embossés aux lisières sud‑est du bois de Haye et par des armes antichars situées au nord de la cote 322, elles engagent le combat. La 1ère section (aspirant Crémieux-Bach) qui est plus à l'est, supporte presque tout le choc. Elle immobilise deux chars allemands. Pendant que les sections de deuxième échelon qui, essayant d'entraîner l'infanterie, se sont portées, guidées par le commandant de compagnie, sur le bois de Blanche‑Maison, d'où elles débouchent, la 2e section (adjudant-chef Pierre) engage le combat contre les autres chars alle­mands qui avancent aux lisières sud‑est du bois de Haye.
Deux appareils sont touchés, mais le char de droite voit à deux reprises sa tourelle percée par des projectiles ; le chef de char, caporal Bruneval, est tué ; le mécanicien, chasseur Trouilloud, grièvement blessé, surmontant héroïquement ses souffrances, ramènera dans nos lignes son char et son chef, renouvelant un des exploits légendaires des anciens de l'artillerie d'assaut. La 2e section se replie jusqu'au bois de Blanche-Maison où, avec les 3e et 4e sections, elle résistera jusqu'à 10h30. Aucun char de la 1ère section, durement atteinte, n'a pu se replier.
Aux environs de 10h15, les éléments restants de la 1ère compagnie, sur l'ordre du chef de bataillon commandant le 7e, se sont repliés sur Artaise‑le-Vivier. A la traversée du village de Maisoncelle, occupé par les Allemands, ils ont été pris à partie par des armes antichars et des chars de types différents, venus par la route de Chémery, un obus a traversé le masque du char de tête.
Sur les treize chars engagés, quatre seulement sont revenus de la bataille :
‑ un de la 4e section ;
‑ deux de la 2e section (l'un avait la tourelle bloquée par un projectile) ;
- un de la 3e section.
2e compagnie
A l'est, l'engagement de la 2e compagnie est aussi violent. Pendant que la 1ère section protège le flanc droit en direction de Bulson, les 2e, 3e et 4e sections se portent à l'assaut de la cote 322, neuf chars conduits par le commandant de compagnie ont quitté leur position de départ.
Dès le débouché, six chars ennemis de modèles différents sont aper­çus à la sortie de Bulson. Pris à partie par le seul groupe de 75 en position à Maisoncelle qui devait soutenir l'attaque de la division par du tir à vue, les appareils allemands se sont ralliés au nord de la crête 322, l’un d’eux a brûlé presque aussitôt. Le chef de la 3e section, lieutenant Leclair, se rue en avant pour livrer le duel, il franchit la crête 322 et quelques secondes après, son char, porte de tourelle ouverte, est vu en train de brûler.
C'est alors que s'engage une lutte sans merci entre, d'une part les neuf chars restants qui, conduits par le commandant de compagnie sont à défilement de tourelle au sud de la crête 322 et, d'autre part, les cinq chars, vraisemblablement des PzKW III, qui sont de l'autre côté. Nos chars se guidant sur les déplacements de l'antenne des engins ennemis, s'avancent pour tirer, puis se reportent à défilement de tourelle, ainsi se prolonge la lutte.
La masse des chars ennemis est ainsi immobilisée. Sous les effets des coups de chacun de nos obus de rupture, ils reculent mais ne paraissent cependant pas sérieusement atteints.
Plusieurs de nos chars sont cependant frappés par les projectiles ennemis. L'un d'eux dessouda la toiture de la tourelle du commandant de compagnie, un autre s'enfonça dans le blindage sans le perforer.
Vers 10h30, la compagnie reçoit l'ordre de se replier sur Artaise-le-Vivier.
Au passage de Maisoncelle, elle est prise à partie par des chars allemands, qui, venant de Chémery, lui barrent le passage.
Voyant Artaise également occupé par l'ennemi, la 2e compagnie se replie sur le bois de Raucourt et de là gagne les bois de Mont Dieu. Des treize chars engagés, trois seulement ont pu regagner la position de ralliement.
Comme à l'ouest, l'infanterie d'accompagnement n'a nullement essayé de profiter de la progression des chars, bien que de nombreuses résistances aient été neutralisées sur la crête 322.
3° Après le combat.
Vers 13 heures les chars restants sont regroupés dans le bois de Mont‑Dieu et constituent une compagnie de marche à deux sections sous les ordres du capitaine Mignotte, commandant la 3e compagnie. Cette unité reçoit mission, en s'embossant aux lisières nord du bois de Mont Dieu, de s'opposer à la progression de l'ennemi sur l'axe Chémery ‑ Tannay, jusqu'à l'arrivée de la 3e D.I.M. et de la 3e D.C.r.
Heureusement l'ennemi fortement impressionné par la résistance acharnée de la matinée n'ose pas exploiter son succès.
A 21 heures, la compagnie est libérée et rejoint le bataillon qui se regroupe à Olisy.
Ainsi le 7e bataillon avait atteint son but, l'ennemi, malgré son écrasante supériorité (3 Panzerdivisionnen : 1ère au centre, 2e à l’ouest et 10e à l'est) n'avait pu s'emparer du massif du bois de Mont‑Dieu - Stonne.
En lisant les rapports allemands on se rend encore mieux, compte des résultats obtenus par l'héroïque contre‑attaque du 7e bataillon.
Voilà en quels termes le commandant d'état-major de Kielmansegg, chef du 3e bureau de la 1ère Panzerdivision, dans un article paru dans Die Wehrmacht, du 21 mai 1941, relate les combats de cette journée :
« Si, dans la Meuse, c'est aujourd'hui la grande journée de la D.C.A., sur le front c'est la journée des blindés. Nous recevons sans cesse de nouveaux rapports qui signalent l’arrivée des renforts ennemis et des concentrations de blindés et c'est avec impatience que notre division aura attendu le moment de l'arrivée de nos blindés sur la rive sud de la Meuse, où ils sont prêts à entrer en action. Nous avons maintenant deux fronts, l'un vers l'ouest derrière lequel se rassemblent les éléments qui doivent avancer dans cette direction, et l'autre vers le sud, pour repousser les attaques ennemies qui se déclencheraient et même se déclenchent déjà. L'attaque vers l'ouest trouve devant elle, comme premier obstacle, le canal des Ardennes, dont le tracé est en direction nord-est. D'ailleurs, cette attaque ne peut commencer, tant que la situation au sud restera aussi peu claire qu'elle l'est pour l'instant.
Là, de furieuses contre-attaques ont commencé. Nos pionniers défendent péniblement, mais avec succès, contre des forces blindées enne­mies le nœud important de Chémery, où la route s'infléchit vers l'ouest, en passant sur le pont encore intact du canal. La pointe de nos chars de combat se heurte, à Bulson, à des blindés français qui attaquent. C'est le premier vrai combat, chars contre chars, de cette guerre. Quelle en sera l'issue ? Après deux heures d'une lutte opiniâtre, les français évacuent le terrain, ayant perdu vingt chars. Un régiment d'infanterie, le n°.., auquel on fait interrompre son action contre une partie qui tient encore de la ligne principale de résistance sur la Meuse, arrive et continue l'attaque vers le sud, parvient engageant jusqu'à ses dernières forces, à avancer de 8 kilomètres en direction du sud en dépit de contre-attaques françaises, mais n'atteint pas, toutefois, son véritable objectif, qui était l'ensemble des hauteurs de Stonne. La pos­session de cette dernière position est très importante, elle doit garantir le flanc de mouvement que nous projetons vers l'est, tandis qu'aux mains des Français elle représenterait précisément une menace cons­tante et considérable contre ce mouvement. Il n'est pas possible même avec des éléments de reconnaissance, de pénétrer dans le bois de Mont-Dieu, au nord de Stonne, ni dans les bois de Raucourt, tant il y a là de blindés français. Le soir, le régiment qui, à part les blindés, a eu la plus lourde tâche de la journée, constitue un front défensif vers le bois de Stonne. »

IX. DÉFENSE DE LA POSITION DE VONCQ.

Constitution d’une compagnie de marche.
La journée du 15 est employée à remettre de l'ordre dans les unités. Tandis que le P.C. du bataillon et les compagnies de combat restent à Olisy, la compagnie d'échelon va s’installer à 30 kilomètres plus au sud, dans les villages de Laval et de Wargemoulin pour travailler dans de meilleures conditions, à la remise en état du matériel.
Le 16, à 11h50, le bataillon est mis à la disposition de la 71e division d'infanterie, puis, à 16h15, il passe aux ordres de la 36e D.I. avec mission d'étayer la défense de l'Aisne à hauteur d'Attigny.
Un détachement est constitué sous les ordres du lieutenant Rougier. Il comprend cinq chars endommagés mais encore capables d'un effort, formant deux sections commandées par les lieutenants Chassedieu et Jolly. A la tombée de la nuit il est dirigé sur Chuffilly pour appuyer le 18e R.I. dans la défense des ponts d'Attigny.
Le lendemain ce détachement est mis à la disposition du 57e R.I. qui défend le canal des Ardennes entre Voncq et le Chesne. Les chars sont embossés à la lisière nord-ouest du bois de Voncq, face à l'ennemi dont les lignes sont visibles à quelques centaines de mètres.
Pendant ce temps, à l'arrière, les réparations s'activent et bientôt le bataillon peut mettre en ligne onze, puis seize appareils. Une compagnie de marche est alors formée le 27 mai, sous les ordres du capitaine Mignotte.
La vie de cette compagnie est très pénible ; aussi, un système de relève est organisé, et les hommes qui descendent des lignes vont au repos à Laval et Wargemoulin.
Cette solution qui incorporait les chars dans les rangs même des premières lignes de l'infanterie rendit de grands services aux troupes de la 36e D.I., donnant confiance au fantassin, lui assurant une collaboration immédiate des chars ; elle eut, par contre, l'inconvénient de fatiguer considérablement le matériel qui ne pouvait être entretenu que d'une façon rudimentaire.
Aussi, le 1er juin, la division ayant a peu près terminé son installation défensive, cette compagnie fut‑elle, à la demande du chef de bataillon, regroupée en position d'attente à Chestres. Sa mission était dès lors ­envisagée de la façon suivante :
1° Appuyer des contre attaques rapidement montées en vue de rejeter l'ennemi sur le canal de l'Aisne, si celui-ci réussissait à créer de petites têtes de pont au sud de la ligne d'eau, soit à l'est de l'Aisne, soit entre Semuy et Attigny ;
2° Appuyer des attaques à objectif limité, soit dons la clairière des Alleux, soit dans le couloir Quatre‑Champs – Noirval - Châtillon.
Durant cette période, le bataillon dut encore fournir un détachement de 10 équipages F.T. qui, aux ordres du sous‑lieutenant Jollv, furent mis à la disposition du G.B.C. 503. Un jour particulièrement glorieux marque cependant le séjour du bataillon à Olizy. Le 2 juin, en effet, eut lieu une brillante prise d’armes au cours de laquelle furent remises par les généraux Bourguignon, commandant les chars de l'armée, et Buisson, commandant la 3e D.C.r., les récompenses valeureusement gagnés au combat du 14 mai (6 légions d’honneur, 8 médailles militaires et 92 croix de guerre).
Ainsi, presque un mois durant, le bataillon ne connut-il aucun repos. Pendant que les éléments combattants étaient en ligne la compagnie d'échelon travaillait jour et nuit à Wargemoulin, pour remettre en état le maximum de chars récupérés à la suite du combat du 14 mai.

X. 7e BATAILLON A LA DISPOSITION DE LA 3e D.C.r.

C'est au milieu de cette fièvre, que le 7 juin, par ordre n° 17956/3 du corps d'armée colonial, le 7e bataillon fut mis à la disposition de la 3e division cuirassée, dont le P.C. devait s'installer à Sémide.
Le bataillon fit mouvement dans la nuit du 7 au 8 juin, pour se porter en position d'attente dans les bois de la Femme‑Enterrée (ravin nord de la route Contreuve - Sémide) cependant que le P.C. du bataillon s'installait au village de Contreuve.
La compagnie d’échelon et les éléments sur roues des compagnies de combat restèrent à Laval et Wargemoulin où était installé l'atelier.
Dès le 9 juin, en fin de matinée, le bataillon fut alerté pour faire une contre-attaque entre Suippes et Retourne. Les cadres effectuèrent aussitôt leurs reconnaissances, car l'opération devait avoir lieu dès le lendemain à l'aube.
Chacun faisait aux appareils les derniers préparatifs lorsque, le soir même, à 23 heures, arriva un ordre urgent du corps d'armée colo­nial, mettant immédiatement le bataillon à la disposition de la 36e D.I. dont le P.C. était installé à Vouziers.
Ainsi, axé sur la contre‑attaque en liaison avec la 3e D.C.r., le 7e bataillon allait, dans la fièvre des préparatifs, recevoir une mission très délicate : contre attaquer en moins de cinq heures à 20 kilomètres de là, dans une zone inconnue et sans avoir encore pris contact avec les troupes au profit desquelles il allait travailler. Aucun obstacle n'allait cependant l’arrêter. Quand une troupe veut se battre, elle en trouve toujours les moyens. Les équipages du bataillon allaient en don­ner la preuve éclatante.

XI. ENGAGEMENT DU 10 JUIN DANS LA REGION VRIZY ‑ ROCHE AU NORD DE VOUZIERS.

Lorsque, le 9 juin, à 23h15, le commandant du 7e B.C.C. reçut l'ordre :
‑ de se rendre au P.C. de la 36e D.I. ;
‑ de mettre immédiatement ses éléments combattants en marche sur Vouziers, le bataillon comprenait : 16 chars répartis en six sections de combat :
- deux sections de la 2e compagnie (sections à 3 chars) ;
‑ deux sections de la 3e compagnie (sections à 3 chars) ;
‑ deux sections de la 1ère compagnie (sections à 2 chars), groupées en une compagnie de marche sous le commandement du capitaine Join-Lambert.
La compagnie se mit en marche sur Vouziers à 23h45 pendant que le chef de bataillon se rendait au P.C, de la 36e D.I. à Vouziers où il arrive à 0h30.
Mis au courant de la situation par le général commandant la 36e D.I., il reçut l'ordre de contre‑attaquer en liaison avec le 3e batail­lon du 5e R.I.C., les éléments ennemis qui, la veille, avaient franchi l'Aisne à Semuy et avaient atteint les bois de Vrizy, et de se porter le plus rapidement possible au P.C. du bataillon à Vrizy pour régler les détails de l'opération. Une contre‑attaque parallèle eu direction de Voncq devait être conduite avec l'appui du 4e bataillon de chars sur la rive droite de l'Aisne. L'opération combinée du 5e R.I.C. et du 7e bataillon de chars devait s'effectuer en trois bonds :
Premier bond : lisières nord du village de Roche, cote 105 ;
Deuxième bond : cotes 133 – 126 ;
Troisième bond : boucle de l'Aisne entre lisières est d'Attigny et lisières ouest de Semuy.
a) Marche d'approche.
Pendant que le commandant, accompagné du capitaine Join‑Lambert, se rendait au P.C. du bataillon d'infanterie, le lieutenant Delorme, adjoint au chef de bataillon, fut envoyé à la rencontre de la colonne de chars pour la guider. Sous un très violent tir d'artillerie, il la conduisit depuis Vouziers jusqu'à Vrizy. Un appareil (section Cassier) fut immobilisé par un obus. A 2h30, après cette marche pénible, les chars entraient dans Vrizy en flammes.
b) Déroutement du combat.
a) Dispositif au départ de la contre-attaque.
1° échelon.
A droite, en appui de la 2e compagnie du 3/5e R.I.C.
‑ section Levitte ;
‑ section Bavard.
A gauche, en appui de la 9e compagnie du /5e R.I.C.
‑ section Danne ;
‑ section Bauchneckt.
2° échelon.
Section Pierre.
Mission
1° Nettoyer les boqueteaux nord de la côte 122 ;
2° Progresser ensuite sur l'axe Roche ‑ Rilly, en situation d'intervenir à tout instant, soit sur la gauche, soit sur la droite.
La 5e section Cassier, réduite à deux appareils au départ, ne possède plus qu'un seul char, l'autre ayant été immobilisé sur la route au sud de Vrizy. L'appareil restant sera monté par le capitaine Join-Lambert
Servitude. ‑ Le ruisseau La Loire étant infranchissable, les chars passeront tous sur le pont sud de Roche (route Roche - Vrizy) imposant ainsi aux appareils un détour long et dangereux.
b) Le déroulement du combat.
Au cours de la marche d'approche depuis Vrizy, jusqu'à la base de départ (cote 112 ‑ chemin allant de la cote 112 à la côte 104) quelques résistances ennemies sont réduites. A 4h15, toutes liaisons prises avec les unités d'infanterie, les chars débouchent de la route, traversant les bois du marais de Loisy.
Premier bond : O1 - lisière nord du village de Roche, cote 105.
Favorisés par le brouillard, les chars avancent rapidement, neutra­lisant les résistances ennemies. Un avion ennemi suit à très basse altitude notre progression, la jalonnant par des fusées. Aussi, lorsque l'infanterie s'installe sur l'objectif, un violent tir d'artillerie est déclenché par les Allemands. La liaison infanterie-chars est cepen­dant assurée et sur l'ordre du chef de bataillon, la progression reprise en direction de O2 malgré un bombardement intensif. Le sous-lieutenant Levitte et son mécanicien Arnaud sont tués à Roche.
Deuxième bond : O2 - côtes 122‑126.
A l'est. ‑ Peu après le départ, la progression des chars est gênée par de nombreux coups de feux semblant provenir du plateau de Voncq. Les boqueteaux au nord de la cote 105 sont cependant neutralisés et occupés. Les îlots de résistance du 18e R.I. encerclés depuis la veille à la ferme Fontenille sont dégagés par nos appareils. Mais en dépit de plusieurs tentatives des chars, l'infanterie ne parvient pas à déboucher des bois de la côte 105. A chaque tentative elle était aussitôt clouée au sol par des tirs violents d'armes automatiques venant de Voncq où l'attaque du 4e bataillon ne semblait pas réussir. Prises sous le tir de l'artillerie, les deux sections de chars opérant dans cette région ont quatre appareils touchés et immobilisés.
A l'ouest. ‑ Les deux sections de chars suivies par l'infanterie progressent jusqu'à la cote 133 et les bois environnants qu'elles neutralisent et occupent. Cinq appareils sur six sont touchés, soit par des armes antichar, soit par l'artillerie. Deux ont une chenille coupée, un autre reçoit un obus dans le moteur, deux autres sont immobilisés par le tir de l'artillerie. Apprenant vers 9 heures, que l'attaque parallèle du 4e bataillon de chars sur Voncq avait complètement échoué, que l'ennemi s'était infiltré dans les marais de Loisy, et, qu'enfin, malgré l'interven­tion de la section du 2e échelon, il était impossible de nettoyer le bois par suite de l'absence de troupe d'infanterie en réserve, les trois chars restants sont envoyés en D.C.B. à la cote 113 avec mission :
1° De rétablir la liaison avec la division ;
2° De protéger le dégagement du bataillon.
Le rétablissement de la liaison avec la division fut pénible; sur les trois chars, un seul, celui du capitaine, réussit à traverser les lignes ennemies et à rendre compte de la situation au général commandant la 36e D.I.
Quelques instants après, le bataillon, à son tour, rejoignait nos lignes.
Les éléments restants du 7e bataillon furent regroupés vers 15 heures dans la région de Vouziers.

XII. MOUVEMENT DE REPLI DU BATAILLON.

Dès le 10 juin au soir, le 7e bataillon n'ayant plus que quatre chars, d'ailleurs incapables de combattre, reçut l'ordre de se regrouper à Laval Wargemoulin on cantonnaient déjà la compagnie d'échelon et les éléments sur roues des compagnies de combat et de gagner le lendemain le cantonnement de Brizeaux, au sud de la forêt de l'Argonne.

Journée du 11 juin.
Mouvement depuis Laval et Wargemoulin jusqu'à Brizeaux.
Le mouvement, pour échapper aux bombardements de l'aviation, s'effectue en onze rames de véhicules, se déplaçant à quinze minutes d'intervalle l'une de l'autre.
a) Itinéraire. suivi par les véhicules sur roues : La Croix-en-Champagne, Auve, Saint‑Maud-sur Auvee, Gizaucourt, Braux‑SaintRémy, Villers.en-Argonne, Passavant, Brizeaux.
b) Itinéraire suivi par les véhicules sur chenilles : Laval, Hares, Valmy, Gizaucourt, Braux-Saint-Rémy, Brizeaux.
Le mouvement est terminé à 17 heures sans incident.

Journée du 12 Juin.
La journée du 12 juin est mise à profit pour remettre de l'ordre dans les unités et vérifier le chargement des véhicules.
Dans l'après-midi les événements se précipitent.
A 13 heures, le bataillon reçoit du G.B.C. l'ordre d'envoyer un camion d'essence ravitailler les unités du 67e bataillon en panne sur la route Sainte‑Menehould - Suippes.
A 19 heures, le G.B.C. envoie l'ordre de se replier sur Loisey et convoque le commandant au P.C.
En arrivant, le chef de bataillon apprend que :
1° Les Allemands ont franchi la Marne à Chalons, dans l'après­-midi, et marchent à toute vitesse sur Vitry‑le‑François ;
2° Le P.C. de l'armée s'est replié de Verdun à Chaumont ;
3° Le P.C. du corps d'armée va se replier également.
A 2 heures, le général commandant les chars de l'armée prescrit au 7e bataillon de verser ses chars au parc de chars d'armée (élément avancé à Saint-Mihiel) et de se tenir prêt à faire mouvement pour aller percevoir d'autres appareils à l'arrière.
A ce moment le bataillon se trouve en mouvement à destination de Loisey, tous les chars étant indisponibles devront être transportés par camions ; il faudra faire deux voyages. Comme le cantonnement de Loisey est à proximité de Tronville où se trouvait le parc de chars d'armée (élément lourd), le commandent prescrit aux différentes rames de pousser jusqu'à Tronville, d'y verser les chars au parc d'armée et de se tenir prêtes à faire mouvement vers le sud.
En même temps il adresse au général commandant les chars de l'armée le compte-rendu suivant :
"En exécution de votre ordre du 12 juin, à 17 heures, les chars restants du bataillon étant tous indisponibles, seront versés au parc de chars et embarqués avec lui sur le train. Les événements survenus après la réception de votre note m'ont incité à ne pas retenir près du parc le personnel n'ayant plus de chars. Je resterai au parc jusqu'à ce que les derniers appareils soient arrivés et embarqués. Les compagnies de combat et la compagnie d'échelon sont dirigés d'urgence sur les environs de Chaumont (compagnie échelon à Andelot, compagnies de combat à Saint‑Blin)."
Signé : Giordani
Le regroupement à Tronville s'exécute assez péniblement, à cause de l'encombrement des routes ; ce n'est que le 13 juin, à 5 heures, que les derniers détachements arrivent à destination.

Journée du 13 juin.
Les camions porte‑chars, après avoir déchargé les premiers appareils en gare de Tronville, sont partis chercher les autres à Brizeaux ; leur retour est prévu pour 11 heures.
Le commandant donne l'ordre de laisser au parc des chars d'armée, sous le commandement du lieutenant Wallart, le détachement chargé de l'embarquement des chars ; la compagnie d'échelon fera mouvement à destination d'Andelot par l'itinéraire Ligny, Villers-le-Sec, Dammarie, Montiers, Efrincourt, Germay, Epizon, Busson : les compagnies de combat gagneront Saint-Blin, par Ligny-en-Barrois, Ménancourt, Mevilliers, Biencourt, Saudron, Aifontaine, Lezeville, Germay, Morionvillers, Chambroncourt, Leurville, Orquevaux, Humberville.
Cependant le chef de bataillon de reste à Tronville jusqu'à la fin de l'embarquement. A 13 heures, l'embarquement terminé, il rejoint le gros du bataillon, vérifie l'installation des unités et leur prescrit de se reposer après avoir refait les pleins des véhicules.
Puis, dans la soirée, il se rend au PC. du général commandant les chars de l'armée, à la lisière du bois de Château‑Villain (15 kilomètres sud de Chaumont) ; il y apprend que les Allemands ont dépassé Vitry-le-François et reçoit l'ordre de poursuivre, dès le lendemain matin 14, le mouvement de repli et de s'installer dans la région sud du P.C.
Revenu aussitôt à Andelot, il donne ses instructions pour le mouvement du lendemain..

Journée du 14 juin..
Le bataillon ira cantonner à Villiers et Leffonds (20 kilomètres sud de Chaumont). Départ de la première rame à 7 heures. Vers 9 heures, alors que les derniers éléments quittent le cantonnement d'Andrieu, le commandant apprend que les Allemands, suivant la vallée de la Marne, marchent sur Chaumont et ont atteint Joinville à 30 kilomètres nord­-ouest d'Andelot. Au même moment, des avions italiens viennent bombarder le cantonnement.
Le commandant Giordani donne aussitôt aux unités l'ordre de presser le mouvement, d'éviter Chaumont bombardé et de passer à l'est de la ville. Puis il se rend, sans tarder au P.C. du général commandant les chars de l'armée. Là il apprend que le P.C. se déplace et reçoit l'ordre de gagner Autun. Revenu à Leffonds, le commandant réunit les capi­taines et leur explique la situation. Il décide alors, étant donné les événements, de ne pas s'arrêter à Villiers‑I,effonds et de porter d'un seul bond les unités au sud de la route de Langres, Châtillon‑sur-Seine. Il fixe comme cantonnement : Minot, pour la compagnie d'échelon et le P.C. du bataillon ; Saint‑Broing‑les‑Moines pour les compagnies de combat. Arrivé à 22 heures, le bataillon reprend, dès 3 heures du matin, la route du sud, en vue de gagner Autun en passant par Précy‑sous‑Thil.

Journée du 15 juin.
Parties à 3 heures, les unités arrivent à l'entrée d'Autun vers 10 heures. Le commandant les y a précédées, a pris contact avec le commandant de la place d'Autun et fixé les cantonnements :
P.C. du bataillon et compagnie d'échelon : Grande-Verrière ;
Compagnies de combat : Saint‑Lerger‑sous‑Bois.
Dans la soirée un ordre du général Bourguignon, commandant les chars de l'armée prescrit que les éléments de chars doivent franchir la Loire le plus tôt possible et se regrouper à Souvigny. Cet ordre est aussitôt transmis aux unités ; le mouvement commencera le lendemain dès l'aube.

Journée du 16 juin .
Parti à 4h30, le bataillon arrive à Souvigny vers midi. Mouvement pénible à cause de l'encombrement des routes.
Dans la soirée, le 67e bataillon (commandant Valleteau), le parc d'engins blindé n° 4 (commandant Peyglet) et le parc d'engins blindés n° 2 (commandant Giraud) arrivent également à Souvigny.
Le commandant Giordani prend le commandement de l'ensemble.

Journée du 17 juin.
Dans la matinée du 17, le commandant apprend que les Allemands ont passé la Loire à La Charité‑sur‑Loire et reçoit l'ordre de se replier sur la région d'Auzances (30 kilomètres nord-est d'Aubusson). Départ : 11 heures pour la première rame. Ordre de marche : 7e, 67e, P E.B. n° 4 et P.E.B. n° 2.

Journée du 18 juin.
Dans la nuit du 17 au 18, le commandant Giordani reçoit un officier de liaison du général inspecteur des chars (capitaine Vernies), qui lui prescrit de continuer le mouvement vers le sud-ouest, premier cantonne­ment à Saint‑Léonard-de‑Noblat (22 kilomètres est de Limoges).
Départ : 5 heures; arrivée à Saint‑Léonard vers 11 heures.
Dans l'après-midi le commandant se rend au camp de La Courtine, à l'état-major du général inspecteur des chars où il reçoit l'ordre de se porter dans la région sud de Confolens et de se mettre à la disposition du colonel Baron, chargé du regroupement des différents éléments de chars.

Journée du 19 juin.
Départ à 5 heures pour la région de la Rochefoucauld, stationnement des unités :
P.C. du 7e bataillon, 2e et 3e compagnies et compagnie d'échelon : Coulgens ;
1ère compagnie : Jauldes ;
67e bataillon : Aurillac ;
P.E.B. n° 4 : Ledeffents ;
P.E.B. n° 2 : Taponnat.

Journée du 20 juin.
Ayant pris contact avec le colonel Baron, le commandant Giordani reçoit l'ordre de gagner Frayssinet-en-Gelat.
Départ : 11 heures pour le premier élément. Arrivée à Frayssinet vers 20 heures.
Itinéraire : Montbron, Rougnac, Ribérac, Mussidan, Bergerac, Montpasier, Villefranche-de‑Périgord ; Frayssinet-en‑Gelat.
Répartition des cantonnements :
7e : Freyssinet ;
67e : Les Fagettes ;
4e P.E.B. : Sabiac ;
2e P.E.B. : Cougoulac.

Journées des 21, 22 et 23 juin.
Repos. Les unités font reposer les hommes, graisser et réparer le matériel. Le 23, le commandant Giordani reçoit l'ordre de porter son groupement dans la région de Fargues, sud de Marmande.

Journée du 24 juin.
Départ à 4 heures.
Mouvement terminé à 11 heures.
Itinéraire : Fumel, Libos, Villeneuve, Sainte‑Livrade, Aiguillon, Anzex, Fargues.
Répartition de ces cantonnements :
7e bataillon : Fargues ;
67e bataillon et P.E.B, n° 2 : Caubeyre ;
P.E.B. n° 4 : Saint Julien.
Le 17e bataillon, rattaché au groupement, rejoint dans l'après-midi son cantonnement à Saint‑Léon.
Dans la soirée le groupement reçoit l'ordre de se porter le plus tôt possible dans la région ouest d'Auch.
Départ à 21h30.
Itinéraire : Nérac, Condom, Auch, Gimont, Nouga, Roulet.
Répartition des cantonnements :
7e bataillon et P.E. B. n° 4 : Puycasquier ;
17e bataillon : Marsan ;
67e bataillon et P.E. B. n° 2 : Tourrenquets, Mirepoix.

Journée du 25 juin.
Installation au cantonnement.
Nouvelle de la signature de l'armistice.

Journée du 26 juin.
Stationnement à Puycasquier. Les P.E B. n° 2 et 4 rejoignent le P.E.B. n° 101 à Lefousseret.

Journée du 27 Juin.
Le groupement va cantonner :
7e bataillon : Montbrun ;
67e bataillon : Saint‑Paul ;
17e bataillon : Caubiac‑Thil.
En outre, le 4e bataillon de chars ayant rejoint le cantonnement de Levignac, le commandement du groupement de chars sera désormais assuré par le chef de bataillon de Saint-Sernin.
Le chef de bataillon Giordani est affecté à l'Ecole des chars, comme directeur de l'instruction militaire, à compter du 1er juillet 1940. Mais l'Ecole est installée tout près, à Fleurance et le commandant Giordani peut, tout en assurant le service de l'École, continuer de s'occuper du bataillon jusqu'à sa dissolution le 31 juillet.
Encadrement du bataillon à l'arrivée à Montbrun.
Chef de bataillon : commandant Giordani.
Officier adjoint et officier de renseignements : lieutenant Delorme.
Officier adjoint technique : lieutenant Riens.
Officier des détails : sous‑lieutenant Tillot
Officier des transmissions : lieutenant Rougier.
Médecin : lieutenant médecin Fleury.
1ère compagnie.
Lieutenant David.    Sous‑lieutenant Ayoun.    Sous‑lieutenant Pierre.
2e compagnie.
Capitaine Join‑Lambert    Lieutenant Fromond    Sous-lieutenant Danne
3e compagnie.
Capitaine Mignotte     Lieutenant Héraud     
Compagnie d'échelon.
Capitaine Valude    Lieutenant Erny     Lieutenant Wallar    Lieutenant Durlrman.

CANTONNEMENT A MONBRUN ET DISSOLUTION DU BATAILLON.

Du 28 juin au 31 juillet, le bataillon cantonne dans les condition suivantes :
Etat‑major et compagnie d'échelon du bataillon : Montbrun ;
1ère compagnie : Garac ;
2e compagnie : Vignaux ;
3e compagnie : Encausse.
Une compagnie de marche est formée dès le début de juillet et mise à la disparition du bataillon Valleteau, en vue de constituer un escadron de cuirassiers. C'est le seul événement marquant de cette période d'un mois où le 7e bataillon reçut de la population civile un accueil particulièrement chaleureux. La tenue disciplinée du bataillon fut appréciée de tous, ainsi qu'a tenu à le témoigner officiellement, M. le comte de Pins, maire de Montbrun.
Dès le 16 juillet toutes mesures furent prises en vue de reverser progressivement les différents matériels au parc d'arrondissement d'Auch.

Le 31 juillet, à 24 heures, consacra la dissolution du 7e bataillon par le colonel commandant l'arrondissement d'Auch, assisté de M. l'in­tendant du département du Gers.
Ainsi prit fin l'histoire de ce magnifique bataillon dont la caractéristique a été de ramener intact tout le matériel non détruit au combat et d'avoir pu porter présent tout le personnel non disparu aux engagements du 14 mai ou du 10 juin.

CONCLUSION.

Engagé deux fois au cours de la campagne, le 7e bataillon de chars légers s'est couvert de gloire au cours de chacun de ses combats.
Le 14 mai ayant appris au P.C. de la 55e D.I. que le dispositif de la division qui tenait le secteur était rompu et que, pour enrayer coûte que coûte la progression d'une Panzerdivision, il fallait contre-attaquer, à tout prix, le plus tôt possible, le 7e bataillon de chars légers n'a pas hésité à se sacrifier.
Appuyé par le 213e R.I., à effectifs très réduits, médiocrement armé et approvisionné, il s'élance seul sur un front de 5 kilomètres et, ayant progressé sur plus de 2 kilomètres, résiste pendant quatre heures à la ruée des engins ennemis.
Un seul groupe de 75 tirant à vue le soutient. Et cependant, à aucun moment, il ne refuse le sacrifice qui lui est demandé.
Certains équipages (lieutenant Leclair, aspirant Crémieux-Bach) se jetèrent littéralement sur l'ennemi. Battu dans cette lutte inégale, par l'armement plus puis­sant de l'ennemi, le bataillon ne rompit le combat qu'à bout de forces, et de munitions, ayant perdu dans la bataille 50 % du personnel engagé et 70 % de ses appareils. Le cran des équipages partant au combat, instruits du sacrifice que l'on attendait d'eux, n'a pas faibli un seul instant. Contenant seul quatre heures durant l'assaut des engins ennemis sur un front de division, il a permis à la 3e D.I.M. et à la 3e D.C.r. d'arriver et de s'installer défensivement. C'est une nouvelle page à la gloire de l'armée qu'a écrite de son sang, le 14 mai 1940, le 7e bataillon de chars légers.

Le 10 juin, réduit à une compagnie et encore grâce au tour de force réalisé ‑ pour remettre en état le matériel éclopé ‑ par ses ouvriers, ses dépanneurs et ses équipages, c'est avec la même ardeur, avec la même foi, qu'il se lance à nouveau dans la bataille après une marche d'approche de plus de 12 kilomètres sous un très violent bombardement d'artillerie, qu'il bondit à l'assaut du dispositif ennemi ; en moins de deux heures, malgré le bombardement intensif de 62 avions et de l'artillerie, il reconquiert les objectifs assignés sur une profondeur de 7 kilomètres. La brutale réaction de l'ennemi ne réussit pas un seul instant, à émousser le cran de ses équipages qui font à nouveau l'admiration du fantassin. Par son mordant. il arrête la vague ennemie qui déferle sur Vouziers, et retarde de vingt-quatre heures son avance.
Fidèle à sa devise "Seigneur suis" dont les caractères sont gravés en lettres d'or sur son insigne frappé aux armes de Paris, il a de son sang gagné son titre de Seigneur à la bataille.
Officiers, sous‑officiers, caporaux et chasseurs du 7e bataillon de chars légers, restez fidèles au souvenir de votre magnifique unité. Vous en avez fait un bataillon d'élite. Votre foi en lui perpétuera le vivant exemple de votre force.
Vivent les chars !
Vive le 7e bataillon de chars légers

 

1940 - 6e RC

 
Image JOURNAL DE MARCHE DU

6e REGIMENT DE CUIRASSIERS

PENDANT LA CAMPAGNE CONTRE L'ALLEMAGNE 

 

 

du 2 septembre 1939 au 25 juin 1940

 

Depuis le dimanche 20 août 1939, la menace allemande contre Dantzig et la Pologne se précise. La France rappelle les réservistes de la D.A.T. et les Officiers et hommes de troupe d'active en permission.

Le Régiment se prépare sans fièvre ; le 27 août, les éléments de l'échelon "B" rejoignent le quartier.

Pour éviter l'encombrement, le 2e Groupe d'Escadrons, Commandant MICHON, gagne son cantonnement d'alerte aux MONTHAIRONS, le 23 août 1939 dans l'après-midi.

Le 1er Groupe d'Escadrons (Commandant DE FERRON) celui d'ANCEMONT, le 27 août 1939.

 

1er SEPTEMBRE 1939

L'ordre de mobilisation générale, connu par radio de 12 heures, parvient officiellement à 16h15.

 

2 SEPTEMBRE 1939

Ce jour, à 16 heures, l'Etat-Major du Régiment et l'E.H.R. au complet gagnent ANCÉMONT.

Au quartier ne reste que le dépôt avec les Capitaines TILLOIS, DEVOUGES et MATTEl : les Sous-Lieutenants PUSEL,

LACROZE, BAUDET.

Le Régiment entre en campagne à l'effectif de 34 Officiers,

133 Sous-Officiers,

758 Hommes de troupe.

Le moral est élevé, le matériel de combat moderne.

ORDRE DE BATAILLE DES OFFICIERS

Etat-Major  du Regiment 

Le Colonel LAFEUILLADE.

Le Capitaine GOSSELIN, Adjoint.

Le Capitaine Roux. Officier de Transmissions.

Le Lieutenant PERCEPIED, Officier des Détails.

Le Lieutenant MORE, Officier du Service Automobile.

Le Capitaine THIRY, Médecin Chef de Service.

Le Sous-Lieutenant GABET. Officier de Renseignements.

Le Médecin Lieutenant FELD.

Le Médecin Lieutenant AUVRAY.

Le Pharmacien Lieutenant ALLARD.

Le Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF

Escadron Hors-Rang

Le Capitaine BRUN, Commandant l'Escadron Hors-Rang.

Le Capitaine BAUER, Officier Mécanicien du Service Auto.

Le Lieutenant ROBERT, Officier d'Approvisionnement,

Le Sous-Lieutenant MAISEL, Officier Pionnier. 

1er Groupe d'Escadrons

Chef d'Escadrons, DE PERRON.

Lieutenant DESMARAIS, Adjoint.

 

1er Escadron A. M. D.

2e Escadron Motocycliste

Cap. DELARUE, Cdt 1er Esc. 

Lt DE MONTALEMBERT. 

Lt DE VILLELE.

Ss-Lt CHAL.IER.

 

Cap. LELIEVRE. Cdt 2e Esc.

Ss-Lt SCHERER.

Ss-Lt HAVEZ.

S-Lt DE BOUARD.

Aspirant DENJEÂN

 

2e Groupe d'Escadrons

Chef d'Escadrons MICHON.

Sous-Lieutenant SCHLUND, Adjoint.

 

 

3e Escadron A. M.D.

Lieut. DE CARINI, Cdt 3e Esc.

Ss-Lieut. ASROUL.

Ss-Lieut. D'AQUIN.

Ss.Lieut. BOUCHER.

Adjdt-Ch. HAUQUEL.

4e Escadron Motocycliste

Cap. DUDOGNON, Cdt 4e Esc.

Lieut. CHARIES.

Ss.-Lieut. ZOUIEFF.

Ss-Lieut. BRENIER.

Adjt-Ch. POULAIN.

 

 

 

 

3 SEPTEMBRE 1939

A partir de 17 heures, la France se trouve en état de guerre avec l'Allemagne.

 

5 SEPTEMBRE 1939

Le Sous-Lieutenant CAPET, Officier de Renseignements, victime d'un accident (chute dans un escalier) le 4 septembre.

est évacué sur l'Hôpital de Verdun.

 

10 SEPTEMBRE 1939

Le capitaine DEVOUGES venant du Dépôt, prend le Commandement du 3e Escadron.

Le Lieutenant DE CARINI, les fonctions d'Officier de renseignements.

Le Régiment change de cantonnement et s'installe

— Etat-Major et E.H.R.. à HEIPPES ; 

1er Groupe d'Escadrons, à SAINT-ANDRE ;

2e Groupe d'Escadrons, à DEUXNOUDS.

 

2 SEPTEMBRE 1939

Le Régiment change de cantonnement et va s'installer :

— Etat-Major et E.H.R., à MOUILLY ;

— les deux Groupes d'Escadrons, à HAUDIOMONT.

 

13 SEPTEMBRE 1939

Dans la soirée. le Régiment quitte ses cantonnements et s'installe :

E-M. et E.H.R., et 2 Groupe d'Escadrons, à HERMEVILLE ;

1er Groupe d'Escadrons, à BRAQUIS.

 

19 SEPTEMBRE 1939

Au cours de l'après-midi, le Régiment quitte ses cantonnements pour prendre ceux de DIEUE pour l'E.M., l'E.H.R. et le 2e Escadron ; du Fort de GENICOURT pour le reste du Régiment.

 

22 SEPTEMBRE 1939

Le 2e Groupe d'Escadrons, l'E-M. du 1er Groupe et le 1er Escadron s'installent au cantonnement de MOULAINVILLE. 

 

28 SEPTEMBRE 1939

Par décret du 20 septembre 1939 (Journal Officiel du 25-9-1939, page 11.774) est nommé dans l'arme de la Cavalerie (Réserve) au grade de Sous-Lieutenant pour prendre rang du 10 octobre 1939 M. DENJEAN (Henri-Antoine-Adrien) , Aspirant au 6e Régiment de Cuirassiers.

 

2 OCTOBRE 1939

Par suite du départ du 4e R.D.P., le 2e Groupe d'Escadrons s'installe au cantonnement de GENICOURT : le 1er Escadron rejoint le reste du régiment à DIEUE.

 

14 OCTOBRE 1939

L'E-M. du 1er Groupe d'Escadrons et le 1er Escadron quittent DIEUE pour s'installer au cantonnement de GENICOURT.

 

16 OCTOBRE 1939

Le Sous-Lieutenant PUSEL prend les fonctions d'Officier d'Approvisionnement en remplacement du Lieutenant ROBERT, renvoyé au Dépôt.

 

17 OCTOBRE 1939

Le Régiment fait mouvement pour aller occuper les cantonnements suivants :

E-M. et E-H-R.. VILLE-SUR-COUSANCES ; 

1er Groupe d'Escadrons à JULVECOURT ;

2e Groupe d'Escadrons, à JUBECOURT.

 

10 NOVEMBRE 1939

Le Régiment, alerté au cours de la nuit, fait mouvement vers le Nord par CLERMONT, VARENNES, RETHEL, pour aller cantonner :

E-M. du Régiment et E.H.R., à SOIZE ;

E-M. du 2e Groupe et 3e Escadron, à LISLET ;

E-M. du 1er Groupe et 1er Escadron, à MONTCORNET.

 

Les Escadrons motocyclistes (2e et 4e) embarqueront le 11 novembre à VERDUN pour faire mouvement par voie ferrée.

 

11 NOVEMBRE 1939

Le Régiment se porte dans la région de CAMBRAI et cantonne en entier à SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI.

 

12 NOVEMBRE 1939

Les escadrons motocyclistes débarquent en gare de RIEUX.

 

14 NOVEMBRE 1939

Le Régiment fait mouvement et cantonne en entier à FRESNES-SUR-ESCAUT.

 

16 NOVEMBRE 1939

Le Sous-Lieutenant de Réserve SCHLUND, affecté à la Mission Française de Liaison auprès de l'Armée Britannique par Note du G.Q.G. N 61 55 FT/EM du 11 novembre 1939, quitte le Régiment. A été mis en route sur sa nouvelle affectation le 16 novembre 1939.

 

22 NOVEMBRE 1939

Le régiment fait mouvement en entier et cantonne à SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI.

 

2 DECEMBRE 1939

Le Colonel LAFEUILLADE prend le commandement par intérim de la 13e Brigade Légère Motorisée. Le Commandement provisoire du Régiment est assuré par le Chef d'Escadrons MICHON, du 1er au 3 décembre par le Chef d'Escadron DE FERRON, du 4 au 11 décembre inclus.

 

ORDRE DU JOUR DU COLONEL

 

Officiers, Sous-Officiers, Brigadiers, Cavaliers du 6e Cuirassiers,

Je quitte le Régiment que je commandais depuis près de cinq années. Ma peine est grande de ne pas rester au milieu de vous pour vous mener au combat, pour vaincre avec vous.

Vous ne m'avez jamais donné que des satisfactions ; par votre ardeur au travail, votre énergie, votre belle humeur, votre tenue, votre discipline. Vous avez fait du 6e Cuirassiers, un Régiment d'élite auquel vous êtes fiers d'appartenir. Je vous  adresse mes remerciements émus avec la conviction que pour défendre le Pays, tous, vous saurez faire noblement votre devoir.

P. LAFEUILLADE

Aux Armées, le 2 décembre 1939.

 

4 DECEMBRE 1939

Le Chef d'Escadrons DE FERRON, rentrant de permission, prend provisoirement le commandement du Régiment à la date de ce jour.

 

2 DECEMBRE 1939

Le Colonel DARIO, nommé au commandement du 6e Cuirassiers, prend, à la date du 2 décembre 1939, le commandement du Régiment.

 

13 DECEMBRE 1939

ORDRE DU REGIMENT N° 82

Officiers, Sous-Officiers, Brigadiers, Trompettes du 6e.

Je salue votre Etendard, symbole d'un glorieux et lointain passé. J'en prends fièrement la charge. Confiant dans votre patriotisme, votre courage et votre résolution, je vous promets d'employer de tout cœur tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour maintenir vivante la tradition lourde d'honneur d'un des Régiments les plus nobles de la Cavalerie Française.

DARIO.

Aux Armées, le 13 décembre 1939.

 

16 DÉCEMBRE 1939

Le Lieutenant de Réserve BOUTHEROUE-DESMARAIS, placé en affectation spéciale, quitte le Régiment. Rayé des contrôles du Corps ce jour, rejoint le Dépôt de Guerre de Cavalerie N° 6.

 

26 DECEMBRE 1939

Le Lieutenant de Réserve BRISAC arrive du Dépôt avec un renfort comptant cinq Sous-Officiers (dont un Adjudant) et cent hommes de troupe.

 

14 JANVIER 1940

Alerté dans la nuit du 14 au 15 janvier, le Régiment quitte son cantonnement de SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI pour se rendre à QUAROUBLE (Frontière belge). Le T.R. reste à SAINT-HILAIRE.

 

15 JANVIER 1940

Le Régiment est arrivé à QUAROUBLE le 15 janvier vers 3 heures du matin.

 

16 JANVIER 1940

Le Régiment reçoit dans la marinée l'ordre de rejoindre en entier le cantonnement de SAINT-HILAIRE. Arrivée au complet à SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI vers 16 heures.

 

17 JANVIER 1940

Les Sous-lieutenants de Réserve BRENIER et BOUCHER sont promus au grade de Lieutenant de Réserve à compter du 25 décembre 1939 par Décret du 11 janvier 1940 (Journal Officiel du 14-1-40, page 366)

 

22 JANVIER 1940

Le Sous-lieutenant de Réserve HAVEZ (Camille) du 2e Escadron, est mis en route sur RENNFS pour y accomplir un stage d'observateur en avion. (Exécution des prescriptions de la Note N° 15.939 FI/AV du G.Q.G. en date du 13-12-39.)

 

24 FEVRIER 1940

Le Capitaine Roux est muté à l'Etat-Major de la 1re B.L.M. par Ordre de mutation n° 10.276 FT/EM du 18 février 1940 du G.Q.G.  des F.T.

 

29 FEVRIER 1940

Le Capitaine DELARUE, inscrit au tableau spécial de la Légion d'Honneur (J.O. du 4 janvier 1940, page 96), est décoré ce jour au P.C. de la Division à CAUDRY.

 

1er MARS 1940

Le Sous-Lieutenant de Réserve ETIENNE (Bernard), affecté au Corps par ordre de mutation 1016 S/I du C. C. en date du 19-2-40, arrive au Régiment ce jour et est placé au 1er Gr. d'Escadrons comme Officier Adjoint au Chef d'Escadrons.

 

10 MARS 1940

Le Capitaine Roux (Jacques) à son retour de permission quitte le 6e Cuirassiers et rejoint sa nouvelle affectation.

 

22 MARS 1940

Par ordre de mutation n° 1563 S/I en date du 20 mars 1940, du Corps de Cavalerie, le Capitaine DEVOUGES est nommé au commandement du 1er Groupe d'Escadrons.

 

24 MARS 1940

Par ordre n° 16.564 FT/CA du G.Q.G. en date du 11 mars 1940, M. le Chef d'Escadrons DE FERRON (Hervé-Marie-Joseph) est affecté au 7e Groupe de Reconnaissance du IVe C.A.

 

27 MARS 1940

Le Régiment en entier fait mouvement dans la journée du 27 mars pour aller cantonner :

— Etat-Major et E.H.R. à LIGNY-LES-AIRE ;

— 2e Groupe d'Escadrons, à LINGHEN ; 

— 1er Groupe d'Escadrons, à WITTERNESSE.

Départ de SAINT-HILAIRE-LEZ-CAMBRAI à 6 heures du matin. Arrivée dans les nouveaux cantonnements vers 13 heures.

 

31 MARS 1940

Les mutations suivantes sont prononcées à dater du avril 1940 :

— Le Capitaine LELIEVRE prend le commandement du 3e Escadron, en remplacement du Capitaine DEVOUGES.

— Le Lieutenant DE CARINI prend le commandement du 2e Escadron, en remplacement du Capitaine LELIEVRE.

— Le Lieutenant BRISAC prend les fonctions d'Officier de Renseignements, en remplacement du Lieutenant DE CARINI.

— Le Sous-Lieutenant ETIENNE prend les fonctions d'officier de Transmissions, en remplacement du Capitaine ROUX.

 

3 AVRIL 1940

Le Régiment en entier fait mouvement dans l'après-midi du 3 avril pour aller cantonner :

— P.C. du Colonel à E.H.R., à STEENBECQUE ;

— 1er 1/2 Régiment : LES CISEAUX et LA BELLE-HOTESSE ;

— 2e 1/2 Régiment, à BOESEGHEM.

 

7 AVRIL 1940

Le Capitaine BRUN est mis en route ce jour sur le Dépôt de Cavalerie n° 8 à BEAUNE (détaché). Exécution des prescriptions de la Note n° 8430/I N.E. du G.Q.G. en date du 26 mars 1940.

Le Lieutenant MORE prend le commandement provisoire de l'Escadron Hors-Rang à la date du 7 avril 1940.

 

28 AVRIL 1940

— Par Décret du 27 avril 1940 (J.0. du 27-4-40, pages 3067 et 3068) sont nommés, à compter du 25 mars 1940 au grade de Lieutenant de Réserve, les Sous-Lieutenants :

ETIENNE (Bernard-Francis-Jean)

MAISEL (André-Jérônie)

ZOUIEFF (Boris)

 

4 MAI 1940

Le Capitaine BRUN, détaché au Dépôt de Cavalerie n° 8 à BEAUNE, en exécution des prescriptions de la Note n° 8430/I du C.Q.G. en date du 26-3-40, est rentré au Corps ce Jour et reprend le commandement de l'Escadron Hors-Rang à compter du 5 mai 1940.

 

10 MAI 1940

Le 10 mai, l'ordre de bataille du Régiment est le suivant :

Etat-Major

Colonel DARIO, Commandant le Régiment.

Capitaine GOSSELIN, Adjoint.

Lieutenant BRISAC, Officier de Renseignements.

Capitaine BRUN, Commandant l'Escadron Hors-Rang.

Capitaine BAUER, Officier Mécanicien de la 1re D.L.M.

Lieutenant MORE, Officier chargé du Service Auto.

Lieutenant MAISEL, Officier Pionnier.

Sous-Lieutenant PUSEL, Officier des Détails.

Lieutenant ETIENNE, Officier des Transmissions, en permission.

 

1er Groupe d'Escadrons

Capitaine DEVOUGES, Commandant le 1er Groupe.

Sous-Lieutenant DENJEAN, Officier Adjoint.

Lieutenant DE MONTALEMBERT, Commandant le 1er Escadron.

Lieutenant DE VILLÈLE, Chef de Peloton.

Sous-Lieutenant CHALIER —

Adjudant-Chef AVALLET —

Mar.-des-Logis-Ch. ENOCQ —

Lieutenant DE CARINI, Commandant le 2e Escadron.

Sous-Lieutenant SCHERER, Chef de Peloton.

Sous-Lieutenant DE BOUARN —

Sous-Lieutenant GABET —

Adjudant-Chef BRESSON —

 

2e Groupe d'Escadrons

Chef d'Escadrons MICHON, Commandant le 2e Groupe.

Capitaine LELIEVRE, Commandant le 3e Escadron.

Lieutenant PERCEPIED, Chef de Peloton.

Lieutenant ASTOUL —

S.-Lieutenant DACQUIN —  en permission

Lieutenant BOUCHER —

Capitaine DUDOGNON, Commandant le 4e Escadron.

Lieutenant CHARLES, Chef de Peloton.

Adjt-Chef POULAIN —

Lieutenant BRENIER —

Lieutenant ZOUIEFF —

Le Capitaine DELARUE, Commandant le 1er Escadron — détaché à la date du 10 mai, à l'E.M. de la 1re D.L.M.

 

Service de Santé

Médecin Capitaine THIRY, Chef de Service.

Médecin Lieutenant AUVRAY.

Médecin Lieutenant FELIX.

Pharmacien Lieutenant ALLARD.

Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.

Deux Sections de 75, avec les Lieutenants CLAVREUL et FAIVRE, du 74e d'Artillerie, sont mises à la disposition du Régiment.

 

10 MAI 1940

Le 10 mai 1940, alerté à 6 heures après avoir été réveillé par un violent bombardement aérien, le Régiment franchit la frontière à 10 heures du matin (suivant le plan d'hypothèse BREDA) fournissant trois D.D. qui le précèdent et une reconnaissance :

— D.D. 1 - Lieutenant DE MONTALEMBERT :

Itinéraire : HONDSCHOTTE (frontière), DIXMUDE, THOUROUT, N. de GAND. ST NICOLAS, N. d'ANVERS. HOOGSTRATEN, BREDA, TILBURG, BOIS-LE-DUC, NIMEGUE.

— Reconnaissance - Lieutenant DE VILLELE :

Itinéraire : OOSTCAPPEL (frontière). Liaison entre les D.D. 1 et 2 et réunion au D.D. 2 à TURNHOUT.

— D.D. 2 - Capitaine DEVOUGES :

Itinéraire : STEENWORDE, L'ABEELE (frontière), POPERINGHE, N. de ROULERS, THIELT, DEVINZE, S. de GAND, TERMONDE, LIER, OOSTMALLE, TURNHOUT, EINDHOVEN, VENLO.

— D.D. 3 - Capitaine DUDOGNON

Itinéraire : BAILLEUL (frontière), YPRES. MENIN, COUTRAI, Sud de GAND, WETEREN, MALINES, LIER, HERENTHALS, Canal de l'Escaut à la Meuse, ROERMOND.

Le gros du Régiment, aux ordres du Colonel et du Chef d'Escadrons MICHON qui commande la réserve.

Les T.C. et T.R., aux ordres respectivement du Capitaine BRUN et du Lieutenant MORE.

En réalité, le D.D. 1 seul suivra son itinéraire, mais sera retardé et ne rejoindra le Régiment que le lendemain dans la journée.

A la hauteur de Gand, une halte avait été prévue pour permettre de refaire les pleins des motocyclettes. Elle a lieu sans incident, vers midi, et le Lieutenant DE CARINI est envoyé à Gand pour prendre liaison téléphonique avec la Division et l'Armée.

Vers 17 heures, le Régiment termine le bond qui le porte au Canal Albert. Liaison est prise à Emblen, avec la 4e Division belge et à Lier avec le 4e Corps. Le Colonel apprend que les ponts du Canal Albert sont détruits vers l'Est à partir de Turnhout : trois sur quatre des itinéraires du Régiment sont ainsi coupés. Il faut dérouter tout le régiment, sauf le D.D. 1.

Après avoir refait les pleins des véhicules avec de l'essence donnée par l'Armée belge, le D.D. 2 suivi du gros du Régiment, de la Reconnaissance et du D.D. 3 qui rejoint à Beerse, part en direction de Tilburg par Oostmalle, Merkplas et Popel.

Les passages sur le Canal Albert sont minés et il faut désamorcer les mines avant de passer.

La route de nuit de Oostmalle à Tilburg est rendue particulièrement pénible du fait de l'obscurité totale et des barrages qui ont été établis par les Belges à la frontière hollando-belge : arbres énormes abattus, véhicules renversés, barricades. Il faut faire appel au concours des habitants et de leurs chevaux pour se frayer un passage. Tous ces retards font que le Régiment ne parvient à Tilburg qu'à 4 heures du matin. Il n'en a pas moins couvert près de 350 kilomètres en dix-huit heures.

 

11 MAI 1940

La liaison est prise immédiatement par le Colonel avec le Colonel SCHMITT, Commandant les forces hollandaises, et son Etat-Major. Les renseignements donnés sont les suivants :

— 1° les Allemands s'approchent de Bois-le-Duc, qu'ils atteindront, affirme-t-on, dans une demi-heure ;

— 2° des avions allemands ont atterri au terrain de Gilze et y ont débarqué des forces, et le Colonel SCHMITT demande que nous allions les attaquer.

Au moment où un détachement va partir pour cette mission, ce Colonel SCHMITT signale que ce n'est pas à Gîlze que sont les Allemands, mais que plus de quatre cents parachutistes ont été lâchés aux abords du pont de Moerdîjk. Le Colonel décide de pousser immédiatement deux D.D. en avant dans l'intention de contrôler les renseignements relatifs à Bois-le-Duc et éventuellement reprendre la mission initiale sur Nimègue et Venlo.

Un D.D. — Capitaine DEVOUGES — sur Bois-le-Duc.

Un D.D. Capitaine DUDOGNON — sur Eindhoven.

Un troisième D.D. — Capitaine LELIEVRE — sera poussé dans la journée pour établir la liaison entre les deux premiers et engager ainsi une action retardatrice sur un front en avant de Tilburg quand le D.D. DEVOUGES se repliera de Bois-le-Duc.

Le Commandant MICHON et son détachement, plus un escadron du 4e D.P. (CAVALIER), sont envoyés connaître et attaquer les parachutistes de Moerdijk. Il va se heurter une tête de pont de plus de 3 kilomètres de rayon : Roodevaart - Logtenburg-Nord de Zevengerschenhoek-Lage Zwaluwe, dans laquelle les Allemands parachutistes ou gens déjà à pied d'oeuvre, mais au nombre de plus de 400, occupent solidement, avec armes automatiques, armes anti-chars et mortiers, les casemates bétonnées construites par les Hollandais.

Tout ce qu'il peut faire, en ralliant de plus ou moins bon gré des fractions hollandaises, c'est d'investir cette tête de pont et de s'opposer à tout débouché.

Le Régiment prend liaison à ce moment avec le G.R.D.I. du Lieutenant-Colonel d'ASTAFORT et le G.R.C.A. du Lieutenant-Colonel LESTOQUOI, qui atteignent et occupent les ponts.

La D.D. DEVOUGES parvient à Bois-le-Duc à 7h45, où la patrouille du Sous-Lieutenant SCHERER prend contact avec un bataillon hollandais. Une foule de Hollandais reflue au cours de la matinée, spectacle peu encourageant. La patrouille SCHERER reste à Bois-le-Duc d'où elle pousse des reconnaissances et, attirée à la tombée de la nuit dans un véritable guet-apens, elle abat une A.M. lourde allemande (Maréchal-des-logis DE VISSEC) et musèle deux mitrailleuses. Au retour, elle trouve les ponts coupés par les Hollandais, qui les ont fait sauter sans prévenir. Quelques motocyclistes peuvent passer à pied mais le gros de la patrouille est obligé de chercher passages sur passages, trois sont coupés, sauf un pont en bois qu'elle finit par trouver dans la nuit. Le Sous-Lieutenant SCHERER ne pourra rentrer que le lendemain vers midi, avec tout son monde et presque tout son matériel.

Le D.D. DUDOGNON, après avoir poussé jusqu'à Bert, est attaqué à Moergestel par un détachement motorisé après un combat qui va jusqu'au corps à corps entre motocyclistes, il capture trois A.M. allemandes. des side-cars et lait sauter le pont au moment où s'y engage un camion chargé de fantassins. qui sont tous tués ou noyés. Il fait sauter les trois A. M.. ne pouvant les ramener, et rentre au Pont de Tilburg, qu'il garde toute la nuit. Il conserve deux side-cars allemands. qui suivront jusqu'à Dunkerque avec leurs excellents Bergmann fortement approvisionnés.

Pendant toute la matinée de cette journée, le PC. du Colonel, devant lequel est venu s'immobiliser un gros convoi hollandais, est très violemment attaqué à la bombe et à la mitrailleuse par l'aviation allemande et subit quelques pertes. Le Régiment reçoit sans broncher le baptême du feu aérien. Les Cuirassiers ZLING et MULLER, du peloton des pionniers se servant d'un F.M. de D.C.A., font particulièrement l'admiration de tous.

Deux tués, trois blessés. Toute la nuit, la région est survolée par l'aviation ennemie.

Au cours de la journée, au T.C., une citerne d'essence est incendiée par bombardement aérien à proximité des camions d'explosifs et de munitions et un accident très grave est évité grâce la bravoure et au dévouement des gradés présents du T.C. 

Tués ; Cavaliers F......  H......  W.......

Blessés ; Brigadier PARIZOT, Cavaliers REGEON, LEFEBVRE, Dragon NICOLAS.

Trente-cinq Citations seront accordées pour cette journée.

 

12 MAI 1940

Dans la nuit, le Colonel est prévenu par le Colonel SCHMITT que les Autorités hollandaises vont opérer des destructions à l'Ouest de Tilburg. Après avoir insisté pour que rien ne saute sans son avis. il est obligé de donner l'ordre, à 4 heures du matin, aux éléments gardant les ponts sautés, de se replier sur la sortie Ouest de Tilburg, où il se porte avec deux agents de liaison.

Le D.D. DUDOGNON seul, le repli assuré, repoussera une pointe vers les ponts à travers la ville. Pendant ce temps, le Capitaine LELIEVRE garde la sortie Ouest et le Capitaine DEVOUGES est placé par le Colonel auprès de l'Officier hollandais chargé de la destruction de la route, pour interdire aux Hollandais d'exécuter leurs destructions avant que tous les éléments français ne se soient repliés.

Au cours du combat sévère engagé par le D.D. DUDOGNON, le Lieutenant CHARLES est grièvement blessé à l'épaule ; mais sa patrouille a fait des prisonniers et causé des pertes sérieuses à l'ennemi, qui ne poursuit que faiblement.

Deux prisonniers de la 9e Panzer-Division sont envoyés au P.C. de la D.L.M.

Le gros du P.C. du Colonel est dirigé sur Meerle par Gilze ; il sera suivi des éléments rassemblés (un Groupe d'Escadrons environ) à la sortie Ouest de Tilburg, sous les ordres du Capitaine DEVOUGES. Il trouvera la route défoncée par le bombardement et encombrée de véhicules incendiés ou abandonnés. Le D.D. LELIEVRE se repliera au contact sur la route Tilburg-Breda en renseignant l'infanterie française dont on a signalé l'arrivée à Breda il fera tenir par le D.D. DE MONTALEMBERT le carrefour de Riggen et le pont de Dongen sur le Canal Wilhelmine.

Le Colonel se porte personnellement sur Breda. Il prend contact avec le Chef de Bataillon qui vient d'y arriver et le Colonel Commandant le 38e R.I. L'Infanterie a eu de grosses difficultés du fait des bombardements aériens elle est très en l'air. L'impression déjà acquise à Tilburg que les Allemands glissent le long de la Meuse au Nord de la route Tilburg-Breda est encore plus marquée à Breda. Elle est d'ailleurs confirmée par la patrouille DE MONTALEMBERT, qui est attaquée au pont de Dongen.

Le Colonel du 38e a demandé au Commandant MICHON de couvrir les abords Nord de Breda ; les abords Est sont couverts par le D.D. LELIEVRE.

Le Colonel confirme cette situation et donne au Commandant MICHON des ordres en conséquence ; il va rejoindre ensuite son gros par la route d'Anvers. Il le fait sous un violent bombardement, au moment où la population de Breda affolée quitte la ville. Des destructions très importantes faites à la frontière par les Belges et sur les routes par l'aviation allemande l'obligent a de nombreux détours.

A midi, les éléments restant au gros et rassemblés à Meerle vont sous le commandement du Capitaine DEVOUGES à Popel pour couvrir le Flanc-Gauche du 4e D.P. engagé face à l'Est entre Tilburg et Turnhout. Malgré une violente pression ennemie et gêné par des troupes hollandaises ou habillées comme telles, qui font le jeu des Allemands, le détachement tient ferme comme on le lui a demandé jusqu'à 21h30, et couvre le décrochage difficile des dragons. Il se retire sur un point de rendez-vous qu'il ne trouve pas dans la nuit, et rejoint Oostmalle. Il retrouvera le Colonel le lendemain matin. Le PC. est venu à Wortel.

La patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET est partie à midi aussi pour contribuer avec les chars H de la 1re B.L.M. au nettoyage de la région de Gheel. Cette patrouille est engagée sur le Canal de Turnhout à 4 heures, et, dès le début, la voiture de l'Adjudant-Chef accompagné du Maréchal-des-Logis VUARCHEX est atteinte de deux obus dont l'un blesse grièvement le Maréchal-des-Logis.

La voiture, qui s'est jetée dans le fossé, en est sortie à l'aide de deux chars H. La Patrouille mise sous les ordres du Lieutenant DE LA MORSANGLIERE du 4e Cuirassiers, est placée en soutien du 18e Lanciers belge, à ce moment très pressé par les Allemands. Grâce à la très belle tenue de la patrouille française, les Belges, qui s'apprêtaient à se replier, se reprennent et tiennent.

Tués : Cavaliers B...... B...... D...... B...

Blessés : Lieutenant CHARLES, Maréchal-des-Logis VUARCHEX, FRANCART ; Cavaliers BAERT, TRELLU.

Vingt-deux citations seront accordées.

 

13 MAI 1940

Lt Colonel est à Beerse où il prend le commandement d'un groupement composé :

— d'un bataillon du 13e R.I.,

— du G.R. LESTOQUOI,

— du G.R, D'ARODES,

— d'une batterie de D.C.A. (1020),

— du 6e Cuirassiers.

Le Groupement tient au Nord du Canal d'Anvers, Turnhout sur la ligne Wortel-Turnhout. en liaison à droite avec le Groupement du Colonel DE CAUSANS, par l'intermédiaire d'unités belges qui tiennent Turnhout.

Dans l'après-midi, cinq avions allemands d'une patrouille de six sont abattus par la batterie de D.C.A. Dans la soirée, une poussée allemande se fait sentir au Nord de Merkplas. Un coup de main du G.R. LESTOQUOI en liaison avec le 13e R.I. réussît à faire des prisonniers, mais perd trois chars H embourbés. Des avions mitraillent un détachement du 6e Cuirassiers en route sur Wozelaar ; un cavalier est blessé en side-car ; les blindés ne souffrent pas, quoique portant de nombreux impacts.

Les Belges qui sont en liaison avec le Groupement DE CAUSANS, déjà inquiets dans la soirée, demandent du secours ;  une de leur Compagnie est en difficulté au début de la nuit. Le Colonel, tout en se gardant de ce côté, décide de leur envoyer un détachement dès le petit jour et renvoie en zone plus sûre un groupe de 105 qui s'apprêtait à se mettre en batterie aux abords de Turnhout.

Blessé : Cavalier BOSSEBOEUF.

Vingt Citations seront accordées.

 

14 MAI 1940

A 1 heure du matin, malgré les difficultés d'un décrochage au contact, l'ordre est donné au groupement par la Division de se reporter à l'Est et de tenir le front Saint-Lenaarts, Oostmalle. village exclu, en liaison à droite avec le 4e D.P. Le mouvement s'exécute sans incidents. Les D.P. ne pouvant être à Oostmalle avant longtemps en raison de la distance à parcourir et des conditions dans lesquelles ils auront à se décrocher, le Colonel prend à son compte la défense d'Oostmalle, dont les D.P. n'occuperont que les lisières Sud-Est en fin de journée.

Vers 17 heures, le 13e R.I., qui tient les abords de Saint-Lenaarts et dans la soirée les D.P. sont attaqués. Les fantassins bloquent vite l'attaque. L'action est plus sérieuse à la droite du Groupement. Elle se complique de tirs de mitraillettes très suspects à l'intérieur des deux villages d'Oostmalle et Westmalle.

La fusillade est générale sur le front et dans toute la profondeur du dispositif quand le Colonel reçoit l'ordre de se replier sur Anvers. Bien qu'il ait demandé à surseoir jusqu'au rétablissement de la situation, le mouvement doit commencer sans délai.

Il s'exécute à partir de minuit sous la protection des patrouilles blindées du 6e Cuirassiers qui couvrent le décrochage et les arrières des unités du Groupement. La route doit sauter au Sud de Westmalle, une fois le repli exécuté ; mais le Lieutenant CORNELIUS, du Génie belge, marque une certaine impatience et le Colonel doit, pour le tranquilliser et lui interdire la destruction avant le repli de tous ses éléments, lui envoyer le Lieutenant HENNESSY, du 4e D.P., et la patrouille de l'Adjudant-Chef POULAIN.

Dix citations seront accordées.

 

15 MAI 1940

Plus ou moins pressés, les D.P., les G.R. quittent Westmalle ; le Bataillon du 13e R.I. le traverse très en ordre et, à 3 heures du matin, lorsque depuis une demi-heure le silence est devenu total, le 6e Cuirassiers formant arrière-garde quitte Westmalle et fait sauter la route. Une deuxième destruction à 6 kilomètres en arrière sera assurée par le 13e R.I., désormais couvert par la première.

Le Régiment arrive à Mortzel (Sud d'Anvers) à 5 heures du matin. Au cours de la journée, la patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET rejoint le Régiment. L'ordre est donné à 6 heures au régiment de se porter dans la direction générale d'Alost et, après une marche très pénible sur des routes encombrées, les éléments du Régiment arrivent à Welle (5 km Sud d'Alost) entre 22 heures et 1 heure du matin. Le village et ses abords sont bombardés par l'aviation. Le brigadier-chef ROCHEUX, jalonneur, voit sa moto écrasée par une bombe, mais reste à son poste. Attitude assez équivoque d'une population communiste et d'un curé flamingant.

Trois citations seront accordées.

 

16 MAI 1940

Le détachement du Commandant MICHON, avec les D.P. du Capitaine LELIEVRE et du Lieutenant DE MONTALEMBERT, manque définitivement (près de la moitié du Régiment). Le Colonel profite de la journée pour reformer le Régiment en deux escadrons mixtes A.M./Motos (Capitaine DEVOUGES Commandant le Groupe, le Capitaine DUDOGNON et le Lieutenant DE CARINI Commandant les Escadrons).

 

ORDRE DE BATAILLE     A CE JOUR

 

Colonel DARIO, Commandant le Régiment.

Capitaine GOSSELIN Adjoint.

Capitaine BRUN, Commandant l'E.H.R.

Lieutenant MORE, Officier Mécanicien.

Lieutenant BRISAC, Officier de Renseignements.

Sous-Lieutenant PUSEL, Officier des Détails.

Médecin Capitaine THYRY, Chef de Service.

Lieutenant MAISEL, Officier Pionnier.

Médecin Lieutenant AUVRAY.

Médecin Lieutenant FELD.

Pharmacien Lieutenant ALLARD.

Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.

Capitaine DEVOUGES, Commandant le 1er Groupe d'Escadrons. 

Sous-Lieutenant DEANJÉAN, Officier Adjoint. 

Lieutenant DE CARINI, Commandant le 1er Escadron Mixte.

Lieutenant DE VILLELE, Chef de Peloton.

Sous-Lieutenant GABET —Sous-Lieutenant SCHERER —

Adjudant-Chef BRESSON

Capitaine DUDOGNON, Commandant le 2e Escadron Mixte.

Lieutenant ASTOUL, Chef de Peloton.

Lieutenant BRENIER.

Adjt-Chef POULAIN.

Maréchal-des-logis-chef CASSASSUS, Chef de Peloton.

 

Le Régiment est alerté dans la soirée et part à 22h30 pour Raismes et Bruay en deux détachements DEVOUGES et DUDOGNON, respectivement avant-garde des deux colonnes formées par la D.L.M. Étape de nuit très dure, sans arrêt jusqu'à 7 heures du matin, d'autant plus dure que la route avait été annoncée jalonnée et balisée et que le travail n'avait été fait que partiellement. Il en résulte des erreurs à Oudenarde et à Tournai où l'incendie de la ville nécessite un déroutement. Le Régiment va se trouver, en fin de marche, morcelé et un certain nombre de ses éléments égarés pour plusieurs jours.

Une citation accordée.

 

17 MAI 1940

Dès l'arrivée, néanmoins, et en raison de la situation dans la région du Cateau, Le Quesnoy, Landrecies, l'ordre est donné de se porter sur ces points.

Le D.D. DEVOUGES, de Raismes sur Le Cateau par Solesmes.

Il pousse une patrouille du Lieutenant DE VILLELE en coup de sonde sur Saint-Martin (13 km Sud de Valenciennes)

Le D.D. DUDOGNON, de Bruay sur Le Quesnoy, Landrecies.

Une partie du PC. égaré par la D.C.r. se rend au Cateau par Cambrai elle y arrive au moment où quelques Allemands se font voir au Sud du Village. Le Colonel avec une blindée essaie personnellement d'endiguer le flot des fuyards, de remettre de l'ordre sur la route et gagner le carrefour de Trois-Villes pour se rabattre sur Solesmes. Pendant ce temps, quelques véhicules de son PC. sont entraînés avec les S-Lieutenants MAISEL et BAUVIN dans une fausse direction, ne pouvant retrouver le Régiment. Ils ne rejoindront que le 5 juin. Il y a en particulier le camion-bureau du Colonel, les voitures des transmissions et les sections de 75.

La situation au Cateau est lamentable, une horde de réfugiés et fuyards encombre la route et gêne toute manœuvre. La patrouille du Sous-Lieutenant GABET (D.D. DEVOUGES)., en venant de Solesmes, parvient au Cateau et arrive à Pommereuil où un bataillon vient de lâcher pied et de mettre bas les armes devant une A.M. ennemie. La voiture de tête (Mar-des-logis-chef DUBOIS) attaque une A.M. et la met en flammes ; mais elle est elle-même atteinte par le tir d'une arme anti-chars qui tue le conducteur et blesse le sous-officier. DUBOIS reste dans sa voiture et continue à se battre à la mitrailleuse. Le Cuirassier LAMPERT peut sortir de la voiture et venir prévenir le Capitaine DEVOUGES. Le Cuirassier R.. essaie de parvenir jusqu'au sous-officier, mais il est tué par l'arme anti-chars. Ce ne sera que vers 15 heures que les Adjudants FAUBERT et TARON et le Cuirassier LAMPERT réussiront à atteindre la voiture, en retirer DUBOIS, à le ramener et à en désarmer la tourelle. Le Cuirassier LEMUID, qui était le quatrième membre de l'équipage, a disparu.

La patrouille du Lieutenant DE VILLÈLE, de retour, est envoyée à 10 heures sur Montay-Forest et Croix-Caluyau. Elle y reçoit quelques coups de canon. Le maréchal-des-logis chef DHUR a été envoyé avec sa voiture sur Inchy ; il est pris à partie par l'aviation anglaise, heureusement sans subir de pertes. Un agent de transmissions seul est contusionné.

Le D.D. du Capitaine DUDOGNON, avant-garde de gauche de la D.L.M.. arrive à Bruay à 7h30. Le Chef d'Etat-Major de la Brigade, Commandant JALUZOT, lui donne l'ordre de se rendre à Englefontaine par Etreuz, Le Quesnoy.

La route est embouteillée et bombardée. A Englefontaine, deux patrouilles sont poussées en avant l'une, celle du MaréchaI-des-logis-chef CASSASSUS, sur Jolimetz, Locquignol et Berlaimont ; l'autre, celle du Lieutenant ASTOUL, sur Landrecies, pour y faire la reconnaissance des ponts, qu'elle atteint et franchit.

Le Maréchal-des-Logis MUNIER est grièvement brûlé à la figure dans son A.M. par un commencement d'incendie provoqué par l'explosion d'une mine ; il est évacué. L'A.M. du Maréchal-des-Logis BONNET est renvoyée en arrière avec des ennuis mécaniques. Le D.D. DUDOGNON passe la nuit à Englefontaine : le D.D. DEVOUGES rentre le soir à Haussy avec le PC. ; les D.P. tiennent Solesmes.

Tués : Brigadier C....., Cavalier R......

Blessés : M.-des-L.-Ch. CASSASSUS, DUBOIS - M-des-Logis MUNIER, DE GASQUET.

Vingt citations seront accordées.

 

18 MAI 1940

La situation dans la région Le Cateau - Le Quesnoy est toujours imprécise ; une opération de nettoyage de la région est montée avec les D.P. et les Chars. Deux groupements sont constitués :

un Groupement DE CAUSANS. au Nord, avec lequel reste le Détachement DUDOGNON ;

un Groupement DE BEAUCHESNE, au Sud, dont l'action sera couverte vers Briastres-Neuvîlly par le Détachement DE CARINI.

Mais les Allemands, qui ont éprouvé de la résistance sur le front de la D.L.M., débordent déjà largement par le Nord et le Sud, où la situation varie constamment. Au Sud, l'opération prévue n'aura pas lieu. Le Détachement DE CARINI est immédiatement aux prises avec les flancs-gardes de colonnes importantes quî marchent vers Cambrai. Aux abords d'Inchy, la voiture du Maréchal-des-Logis DE VISSEC (tireur PIERRON) démolit une arme anti-chars, met en feu une voiture de munitions, détruit un char moyen, immobilise un char lourd en lui cassant une chenille et démolit pour finir une cammionette. La voiture de l'Adjudant-Chef AVALLET en détruit deux. Deux chenillettes chargées d'hommes seront détruites au moment où elles débouchent de Neuvilly. Le Lieutenant DE CARINI disparaît au cours d'une reconnaissance qu'il exécute à pied. L'Adjudant-Chef AVALLET n'ayant pas d'ordres se repliera à la nuit avec le G.R.D.I. 24.

Au Nord, le Lieutenant DE VILLELE a été envoyé à 4 h. du matin pour protéger dans la région de Romeries un groupe de 75 du 74e Régiment, qui doit appuyer l'attaque projetée. Ces pièces ne tireront d'ailleurs pas de la journée. La patrouille revient vers 16 heures et reçoit un nouvel ordre pour repartir au Quesnoy, à La disposition du Capitaine DUDOGNON pour couvrir l'attaque montée par la D.L.M. Elle n'y arrive qu'à 19 heures après avoir reçu des coups de 77 d'un char allemand qui détruit trois side-cars. Deux hommes tués, un blessé. Après un décrochage difficile, la patrouille, qui ne peut  pénétrer dans Le Quesnoy, cherche le PC. du Régiment, ne le retrouve pas. et reste à la garde du PC. de la Brigade à Haspres.

Le D.D. DUDOGNON avait reçu l'ordre du Colonel DE CAUSANS de patrouiller sur Landrecies (Lieutenant ASTOUL) et de tenir Locquignol (Maréchal-des-Logis-Chef CASSASSUS). Le Maréchal-des-Logis Chef CASSASSUS est blessé, son A.M. traversée par une arme anti-chars. La patrouille ASTOUL abat trois chars allemands. Cette patrouille reçoit l'ordre d'assurer la flanc-garde d'une contre-attaque de nos chars et des dragons portés en direction de Landrecies. Le D.D. passe la nuit à Preux-au-Bois.

En fin de journée, le P.C. de la D.l.M. est très violemment bombardé par avion ; des camions de munitions brûlent et sautent au carrefour voisin. Le P.C. du Régiment est à Somain (Calvaire Sud) . Des infiltrations étaient signalées au Nord et à l'Ouest du Quesnoy, ordre est reçu de faire reconnaître la direction du Quesnoy. La patrouille MARTIN, seule à la disposition du Colonel, est aussitôt envoyée par Artres et Maresches. Elle rencontre des chars et motocyclistes ennemis entre Maresches et Villers-Pol, avec lesquels elle engage un bref combat.

A la tombée de la nuit, le Colonel apprend que le P.C. de la D.L.M. a quitté Bermerain. Des voitures et des Officiers de ce P.C. passent sur la route. Aiguillé par un renseignement inexact le P.C. du Colonel se porte dans la nuit sur Monchaux, où lui avait été signalée la Brigade, puis sur la région de Walers. où il trouve à Helemes le 1er D.P. et le Général LACROIX, Commandant la 4e D.L.M.

En raison de l'embouteillage considérable des routes par un flot de réfugiés qui fuient en tous sens le bombardement, en raison de ces bombardements mêmes et des batteries qui prennent position en arrière de l'Escaut, les trains de la Division qui se trouvaient dans la région sont orientés vers le Nord-Ouest.

Le Colonel se porte ensuite à Aniche, où lui a été signalé le P.C. de la 2e D.LM. Le Général BOUGRAIN lui donne connaissance des ordres du C.C. (P.C. à Oppy). La 1re D.L.M. doit avoir son P.C. à Villers-auTertre. Le Colonel dirige ses véhicules sur Vred et se porte à Villers-au-Tertre. Le P.C. D.L.M. n'est pas encore arrivé, mais les renseignements précédents lui sont confirmés (Colonel PREAUD). Dans l'après-midi le Capitaine DEVOUGES est envoyé à Villers-au-Tertre où le PC. n'est pas encore, et à Oppy. Certains éléments du Régiment rallient à Vred. Le Général commandant la 1re D.L.M. y passe ; il annonce que son PC. sera à Wallers ; il est convenu que le régiment ne bouge pas jusqu'à nouvel ordre. Grosse activité aérienne.

Avant-postes anglais aux ponts de Vred, tenus et minés par une Compagnie écossaise.

La patrouille du Lieutenant DE VILLELE, restée avec le P.C. de la Brigade, a reçu de celle-ci l'ordre de se mettre à la disposition du Commandant MARCHAL, du 18e Dragons, qui commande un groupe de Chars, Départ à 4 heures vers Maing.

Une centaine de parachutistes descendent à l'Est de Valenciennes - Solesmes. La patrouille continue, ne trouve rien à Famars, rien à Queranaing, rien à Artres.

Un Potez 63 est au sol, sans papiers : l'Adjudant-Chef  BRESSON y met le feu. Le G.R. du Colonel ARLABROSSE passe à Trith, venant de Mons-Valenciennes. Compte rendu est fait au commandant MARCHAL, qui va se replier et rend sa liberté à la patrouille qui va à Saulzoir. Le Lieutenant DE VILLELE cherche toujours le P.C. du Régiment quand, à 19h30. le Capitaine DE BOERY de l'E.-M. de la Brigade, demande deux A.M. pour aller à Iwuy où sont les D.P. Quand il revient, à 21 heures, l'A.M. du Maréchal-des-Logis D.. dans laquelle il était monté avait été détruite, D.. tué, l'inverseur blessé. A 23 heures, l'ordre est donné au Lieutenant DE VILLELE de partir pour Denain et WALLERS où doit être le régiment. Cette patrouille rejoint le Régiment le 20, à 7h15, à Vred.

Tués : Maréchal-des-logis D ..- Brigadier P. . . - Cavalier M....

Blessés : Brigadier GENTIL - Cavaliers RUCH, MARMAIN.

Six citations seront accordées.

 

20 MAI 1940

Le Lieutenant BRISAC, envoyé, au petit jour sur Wallers, trouve le Capitaine DE BOERY de la Brigade, le détachement DE VILLELE et l'escadron H du Lieutenant DE KERMADEC.

Le P.C. de la D.L.M. n'y est pas ; DE VILLELE et KERMADEC rallient Vred.

A Ostricourt, le T.C.. aux ordres du Capitaine BRUN a subi un sévère bombardement aérien et a eu un blessé. 

A 19 heures arrive l'ordre de gagner Monchecourt pour participer à la défense des passages de la Sensée. La patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET rejoint avec trois voitures et confirme les renseignements donnés sur la disparition du Lieutenant DE CARINI.

Blessés : Maréchal-des-Logis ROUSSEL - Cavalier KOLMERSCHLAG.

 

21 MAI 940

Au cours de la nuit parviennent de nouveaux ordres de la Division. Il faut tenter de pousser une camionnette de ravitaillement sur le détachement du Colonel DE CAUSANSvers Bermerain.

A 4 heures du matin partent les pelotons du BOUCHER et de l'Adjudant-Chef BRESSON. Ce détachement, commandé par le Capitaine CADRO, de l'Etat-Major de la 1re D.L.M., reviendra vers midi sans avoir trouvé trace du Colonel DE CAUSANS.

Le Capitaine LEGRAND du G.R.D.I. 5, revient avec quatre A.M. dont trois sont inutilisables et envoyées à l'E.R.D.  Il en restera une avec le Sous-lieutenant SOULAI. Le Lieutenant DE CHAMPEAUX, de la 1re D.L.C., rejoint avec trois A.M. 

Deux Armées françaises doivent attaquer du Sud au Nord pour tenter la liaison avec l'Armée du Nord. En vue de préciser la position et la force de I'ennemi qui a poussé de Cambrai sur Arras et au delà, la Division fait rechercher le contact en direction de Cambrai. Les ponts sur la Sensée sont coupés, sauf le pont de Hem Lenglet, où se porte le Colonel. Le Lieutenant DE VILLELE part avec sa patrouille vers l'Est de Cambrai ; l'Adjudant-Chef AVALLET, sur Paillancourt ; DE VILLELE  reconnaît de fortes colonnes motorisées qui continuent à défiler en direction d'Arras. Il se heurte à de grosses flanc-gardes et a un homme tué. Les patrouilles repassent au Nord de la Sensée. Le Régiment passe la nuit à Flechain, où il est rejoint par  un groupement de G.R. aux ordres du Colonel ARLABOSSE : c'est l'avant-garde de la 25e Dl. qui doit contre-attaquer.

Tué : Cavalier C.....

Dix citations seront accordées.

 

22 MAI 1940

Dans la matinée, il se produit un embouteillage considérable qui est pris partie par l'aviation allemande au moment où, à 9h30, le Régiment se met en route pour se porter au S.-O. d'Arras dans la région d'Aubigny en avant-garde de la Division. Le Cuirassier G... est tué par mitrailleuse d'avion. L'étape se poursuit par Douai, très abîmé par bombardements ; les maisons brûlent, les cadavres de réfugiés n'ont pas encore été relevés.

En arrivant à Carency, la situation s'annonce assez inquiétante. Les Anglais signalent que les Allemands sont à Mont-Saint-Eloi et Villers-au-Bois et approchent des lisières de Carency. Le Colonel se porte avec son P.C. à Souchez, où se trouve déjà le P.C. du 12e Cuirassiers.

Les éléments du Régiment sont axés :

— la patrouille AVALLET, sortie Ouest de Carency ;

— la patrouille BRESSON, sortie Sud de Carency ;

— la patrouille DE VILLELE. sur Mont-Saint-Eloi  ;

— la patrouille DE CHAMPEAUX, sur Bray.

Le P.C. et le Colonel se transportent à l'école de Givenchy-en-Cobelle. Le Colonel part en liaison pour rechercher la Division mais ne la trouve pas et reste en observation au Monument Canadien, d'où l'on suit toute la bataille. On voit en particulier les reconnaissances de la patrouille BRESSON qui a rejoint DE VILLÈLE, puis la prise de Mont-Saint-Eloi à laquelle particîpent les D.P. et les Chars (130 prisonniers)

Les patrouilles ne rentreront qu'à la nuit, en passant devant les postes anglais auprès desquels on est obligé de laisser un Officier pour éviter les méprises.

Tué Cavalier G.

Deux citations seront accordées.

 

Le Régiment reçoit l'Ordre du jour du Général BLANCHARD

Le Général d'Armée Blanchard, Commandant la 1ère Armée, tient à redire tous les Officiers, Sous-officiers, Brigadiers-chefs et Brigadiers et tous les Cavaliers et Canonniers du Corps de Cavalerie et les trois D.L.M. l'expression de son admiration.

C'est pour une grande part grâce eux que la 1ère Armée a pu remplir la mission difficile qui lui a été confiée.

Engagés les premiers dans la bataille, dès le 10 mai, ifs n'ont cessé d'y prendre part, déployant leurs belles qualités d'entrain, d'ardeur au combat et d'initiative, faisant honneur aux traditions de leur arme.

Le Général est fier d'avoir de telles troupes sous ses ordres. Il sera heureux de leur témoigner sa satisfaction en leur décernant les récompenses qu'ils ont tant méritées.

(Signé:) BLANCHARD.

 

23 MAI 1940

Elles arrivent vers 2 heures du matin. Le Régiment passe le reste de la nuit à Givenchy. A 8 heures, le Sous-Lieutenant GABET part en patrouille sur Ablain-Saint-Nazaire, pour prendre liaison avec les Anglais et couvrir la droite de la D.L.M.

Il y reste toute la journée et pourra descendre deux voitures de liaison allemandes et leurs équipages. Le Colonel, le P.C. et les trois patrouilles restantes se portent sous un violent bombardement aérien à Neuville-Saint-Vaast, où se trouvent la Division et la Brigade. Le bombardement tue et blesse à la sortie de Givenchy une quinzaine de réfugiés à qui le Médecin Lieutenant AUVRAY donne des soins avant de partir. Les Chars et les D.P. sont à l'attaque en avant de Neuville-Saint-Vaast, et l'Adjudant-Chef AVALLET va reconnaître la direction de Mont Saint-Eloi.

A 14 heures, repli sur Vimy (village puis briqueterie) toujours accompagné par les avions allemands. C'est là qu'on passe la nuit. Le T.C. subit un gros bombardement à Ostricourt.

Dix citations seront accordées.

 

24 mai 1940

A 2h30, le P.C. de la D.L.M., précédé par le 6e Cuirassiers se porte sur Oignies. On va tenter de se rétablir sur le canal de la Haute-Deule, puis de la Deule.

La patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET garde le pont de Oignies, pendant que celle du Lieutenant DE VILLELE garde celui de Dourges. L'étape a été difficile, bien que peu longue ; les routes sont encombrées de réfugiés et coupées par les bombardements de la veille. Le Régiment arrive à Oignies à 5 heures. A 9 heures, l'ordre arrive de se porter sur Houplin. On signale que les Allemands seraient à La Bassée, mais contenus par un Corps d'Armée qui tient bien. Les D.P. et les Chars tiennent le Canal de la Deule dont les ponts sautent. Le Commandant DONNET, du Génie de la D.L.M.. est blessé en exécutant cette mission ; mais il réussit en plus à incendier les péniches.

Nous allons à Houplin, puis, à 14 heures, à Radînghem. C'est avec mélancolie que le Régiment se retrouve, après quinze jours de combats ininterrompus et malheureusement avec un effectif très réduit, presque dans la région d'où il est parti l'espoir de la victoire au cœur.

Trois citations seront accordées.

 

25 MAI 1940 

Le Régiment reste en état d'alerte, mais ne reçoit pas de mission. Repos d'un jour à Radinghem.

Deux citations.

 

26 MAI 1940

Les deux premières citations (Ordre de la Division) : Cuirassiers KLING et MULLER, parviennent au Régiment.

Trois A.M. aux ordres du Lieutenant DE CHAMPEAUX sont mises à la disposition du 3e C.A. à Phalempin. Les patrouilles du Lieutenant DE VILLELE et de l'Adjudant-chef BRESSON sont sur les ponts du Canal de la Deule.

A 17h15, devant le groupe moto du Maréchal-des-Logis-Chef MARTIN et sous le survol des avions allemands le Colonel DE BEAUCHESNE, Commandant provisoirement la Division, remet la Légion d'Honneur au Lieutenant DE VILLELE, la Médaille Militaire au Maréchal-des-Logis DE VISSEC, la Croix de Guerre avec palme au Maréchal-des-Logis HELIOU et au tireur GUILLOT, ainsi que les Croix de guerre à l'Ordre de la Division aux Cuirassiers KLING et MULLER.

Une citation accordée.

 

27 MAI 1940

Au cours de la nuit à 2h30, le Régiment reçoit l'ordre : de se porter sur Petit-Mortier et Le Doulieu. On traverse Estaires en flammes et en partie détruit. Une A.M. s'embourbe dans un chemin de terre ; elle est désarmée et incendiée.

A midi, un détachement de la 1ère D.L.M. comprenant les équipages sans voitures et les spécialistes disponibles part pour Dunkerque aux ordres du Capitaine DEVOUGES pour embarquer, rentrer à l'intérieur et se reformer.

Le Régiment reste dans les fermes de Petit-Mortier, Patrouille de DE VILLELE sur Steenvorde et Saint-Sylvestre-Cappel.

Cinq citations seront accordées.

 

28 MAI 1940

A 17h30, le Régiment fait mouvement sur Le Doulieu. Bombardement du P.C. par les 105 allemands.

A 21 heures, la D.L.M. ayant conservé intact son front, mais débordée de part et d'autre, reçoit l'ordre de se porter sur Bray -Dunes, 6e Cuirassiers en tête.

Le mouvement s'accomplit dans des conditions extrêmement difficiles. Les troupes qui défilaient sur la route pendant la résistance des arrière-gardes et particulièrement de la D.L.M. ont été hachées sur place par le bombardement aérien. Bailleul est en flammes : Berthen en ruines, encombré de camions brûlés, est infranchissable. Les Allemands attaquent le Mont des Cats avec un fort appui d'artillerie.

Il faut pour passer commencer à abandonner du matériel.

A l'arrivée à Hondschoote, où les Anglais barrent le pont du Canal, il faut abandonner par ordre tout le reste. Le Régiment, à pied mais en armes, est à 13 heures au Perroquet (3 km. Est de Bray-Dunes).

Le T.C., dont le cantonnement à Meteren a été sérieusement bombardé, exécute le mêne mouvement.

Tué : Brigadier L.

Une citation sera accordée.

 

29 MAI 1940

Nuit calme au Perroquet. Les derniers véhicules sont abandonnés après avoir été mis hors de service.

Blessé : Adjudant-Chef BOUBILLA.

 

30 MAI 1940

Dans l'après-midi, l'ordre arrive de se porter sur Malo-Terminus, où aurait lieu un embarquement. Route pénible parmi les amoncellements de matériel détruit, la foule démoralisée, des services et les pionniers débandés et les civils acharnés au pillage.

Nuit passée dans les dunes au pied de l'hôtel Terminus, sous un bombardement intermittent de 77 qui cause quelques pertes. 

Tué : Cuirassier L.

Blessés : Maréchal-des-Logis-Chef BARNAUD - Maréchal-des-Logis ROMAGEON - Cavalier BULCKAEN.

Quatre citations sont accordées.

 

31 MAI 1940

Le Régiment est constitué par groupe de cinquante hommes et commandés par un Officier en vue de l'embarquement. Il recueille quelques éléments de régiments d'infanterie motorisée, notamment le détachement DE CHAMBRUN, du 13e R.I., avec qui il a déjà combattu. Il se porte dans l'après-midi sur l'estacade de Dunkerque, où, malgré un bombardement aérien et terrestre assez vif, il embarque à 19 heures sans incidents sur le Basilisk, destroyer de la Marine britannique. Voyage sans incidents autres que le spectacle d'une grande bataille aéronavale dans laquelle la souplesse de manœuvre du Basilisk est fort admirée. Débarquement à Douvres à 23 heures.

Deux citations sont accordées.

 

1er JUIN 1940

Embarquement pour Plymouth à 2 heures, après un léger repos. Tenue très digne des hommes pendant le trajet. Embarquement à bord de l'El Mansour. Départ à 19 heures.

 

2 JUIN 1940

Arrivée à Cherbourg à 3 heures du matin, voyage sans Incidents, on reste en rade jusqu'à 14h30. Après un repas servi au terrain des sports de la Marine, le Régiment est embarqué pour Évreux. L'ordre et la tenue des hommes sont remarqués. Départ à 19 heures.

 

3 JUIN 1940

Débarquement à la Bonneville, près d'Evreux. Cantonnement à Glisolles.

 

4 JUIN 1940

Glisolles. A 12 heures, l'effectif présent est le suivant : 12 Officiers, 437 hommes de troupe. Le détachement du Lieutenant MAISEL, égaré au Cateau, est signalé à Gometz-le-Chatel (Sud-Ouest de Versailles).

 

5 JUIN 1940

Glisolles. Arrivée du détachement du Capitaine DEVOUGES, à l'effectif de 3 Officiers, 93 hommes : puis du détachement du Lieutenant MAISEL, à l'effectif de un Officier, 13 Sous-officiers, 80 hommes.

Le détachement DEVOUGES. arrivé le 27 à Dunkerque, n'a pu embarquer que le 29, subissant dans la traversée de Dunkerque trois violents bombardements aériens qui lui causent des pertes. Embarquement à 17h30 sur le Sirocco.

Arrivée en rade de Douvres après un voyage sans incidents à 22 heures. Débarqué le 30 à 6 heures du matin, le Capitaine DEVOUGES doit protester véhémentement pour que son détachement ne soit pas désarmé. Le Pharmacien Lieutenant ALLARD est évacué sur train sanitaire, à bout de résistance physique et morale. Embarquement en chemin de fer jusqu'à Bovington près de Wool et cantonnement au Camp d'instructions des chars anglais. Excellente réception, mais les difficultés s'accumulent pour gagner le départ. Le Capitaine DEVOUGES est obligé d'aller à Londres le 1er Juin A l'Ambassade et à la Mission militaire française pour obtenir son embarquement, qui a lieu sur l'Archangel, à 15 heures le 2 juin. A bord jusqu'au 4, où le détachement arrive à Brest dans la matinée. Débarqué à 12 heures, il réembarque en chemin de fer pour arriver le 5 à 16 heures et recoller au Régiment.

Le détachement du Lieutenant MAISEL, égaré le 17 mai vers Le Cateau. cherche à rejoindre le Régiment. Il forme, sous les ordres du Sous-Lieutenant BAUVIN, de l'aviation, un poste de D.C.A. qui abat un avion volant bas (déclarations concordantes de nombreux témoins). Le maréchal-des-Logis HELIER. tireur d'une mitrailleuse Hotchkiss, paraît être l'auteur de ce fait d'armes. Le détachement pousse sur Cambrai, où il retrouve des voitures du Régiment : passe à Bapaume. Il part le 18 pour Amiens : le 19 à Meru ; puis Beauvais ; puis Rainvillers (indiqué par la 7e Armée comme le lieu de regroupement de la D.L.M. En fait, il s'agit d'une D.C. Le 20, le détachement est à Puiseux-en-Bray ; le 21, étape par Gisors, Dangu, La Roche-Guyon, Freneuse, Bonnières,  Illiers-la-Ville ; le 22 à Givry-la-Forêt.

Le 24 aux environs de Monthléry,en cantonnement à Gometz-le-Chatel. Malgré tous les efforts et les démarches des Officiers, aucune nouvelle ne peut être donnée des gros de la D.L.M. Le 5 juin, le détachement renseigné par téléphone rejoint le régiment à Glisolles.

 

6 JUIN 1940

Glisolles.

 

7 JUIN 1940

Le Capitaine DELARUE quitte le Régiment pour aller former dans la région de Montlhéry un quatrième escadron destiné à la lutte contre les parachutistes. Il emmène deux chefs de peloton (Sous-Lieutenant GABET, Adjudant TARON), cinq chefs de voitures et cinq conducteurs A.M.

Le P.C. du Colonel, l'Escadron Hors-Rang à effectif réduit, un Groupe d'Escadrons Mixte aux ordres du Capitaine DEVOUGES, les escadrons aux ordres des Lieutenants de VILLELE et BRISAC formés des équipages de deux pelotons A.M. et deux pelotons motos, sont enlevés en camions à 16 heures pour la région N-O. de Chevreuse par Ivry-la-Bataille, Houdan, Cernay-la-Ville, Chevreuse. Arrivée à 20h30. L'effectif est de 12 Officiers et 388 hommes de troupe. Le reste du Régiment, avec les Lieutenants MORE, MAISEL et le Médecin Lieutenant FELD, est maintenu à Glisolles.

 

8 JUIN 1940

Le reste du Régiment est arrivé au complet dans la matinée. A 8h15. le Colonel procède à une remise de Croix de Guerre dans le Parc de l'Abaye de Vaumurier, aux Gradés et Cavaliers du Régiment (Ordre n° 17 de la Décision du 8 juin 1940).

 

9 JUIN 1940

Le régiment doit percevoir 30 moto-sides "Gnome-et-Rhône" 57 moto-sides ''Indian", des camionnettes, des T.O. 202, 3 cuisines roulantes, des motos et ultérieurement 6 A.M.D. "Panhard". A 17h30, le Régiment perçoit 20 sides Gnome-et-Rhône'', 1 camionnette sanitaire, 1 voiture à viande. Le reste du matériel sera perçu dans la nuit, sauf les A.M.D. qui ne seront perçues, au nombre de 5, que le lendemain, heureusement complets et freins parés grâce au Capitaine HIBOUST, ancien du Régiment.

 

10 JUIN 1940

L'ordre de bataille du Régiment est le suivant :

 

Echelon de Combat

DARIO, Commandant le Régiment.

Capitaine GOSSELIN, Adjoint.

Capitaine BRUN, Commandant l'E.H.R.

Sous-Lieutenant PUSEL, Officier des Détails.

Medecin Capitaine THIRY, Chef de Service.

Medecin Lieutenant AUVRAY.

Dentiste Auxiliaire TKATCHOFF.

Chef d'Escadrons DEVOUGES, Commandant le 1er Groupe.

Lieutenant DE VILLELE, Commandant le 1er Escadron Mixte. 

Sous-Lieutenant SCHERER, Chef de peloton.

Adjudant-Chef BRESSON, Chef de peloton.

Adjudant-Chef AVALLET, Chef de peloton.

MaréchaI-des-Logis-Chef DHUR, Chef de peloton.

Lieutenant BRISAC, Commandant le 2e Escadron Mixte.

Lieutenant BOUCHER, Chef de peloton.

Sous-Lieutenant DENJEAN. Chef de peloton.

MaréchaI-des-Logis-Chef MARTIN, Chef de peloton.

 

Deuxiême Echelon

Lieutenant MORE, Commandant le 2e Echelon.

Lieutenant MAISEL, Chef de peloton.

Médecin Lieutenant FELD.

 

Mouvement sur Septeuil, puis sur Breteuil. Au cours du déplacement, bombardement par l'aviation. Un cavalier passager de side-car est blessé à la main dans la traversée de Bailleul.

En cours de route, le Régiment reçoit l'ordre de se porter sur la route Conches-Breteuil. Le Lieutenant MORE suit le Régiment. Le détachement du Lieutenant MAISEL reste à Millon-la-Chapelle.

Blessé : Cavalier CAVIGLIONI

 

11 JUIN 1940 

Un ravitaillement en essence est fait pendant la nuit avec les plus grandes difficultés de mouvement. Les routes sont encombrées de réfugiés avec de grandes charrettes attelées de chevaux et de tracteurs agricoles, de fuyards sans armes des nombreux Services de la région de Paris et des Régiments régionaux, pionniers, etc...

Atmosphère de panique, au point que l'Adjudant FAUBERT, passant en side, est à demi assommé par une bande de militaires pour avoir lancé un coup de phare.

Au jour, le Régiment fait mouvement sur Saint-André-de-l'Eure, où rejoignent les cinq A.M.D. Panhard, et Le Plessis.

Les Allemands ont passé la Seine, en particulier aux Andelys et à Vernon (sur bateaux pneumatiques, au dire des prisonniers). La 1re D.L.M. a son PC. à Le Plessis et ses éléments de D.P. devant Pacy-sur-Eure, en liaison à droite avec la 2e D.L.M. et sans liaison à gauche. Un bataillon du 236e R.I., qui tient le bois de Pacy-sur-Eure, doit venir à la gauche de la Division dès sa relève par les D.P. et boucher le trou en prenant liaison à Autheuil-sur-Eure avec les autres éléments de son Régiment (237e D.I). Les patrouilles De VILLÈLE et AVALLET sont immédiatement poussées dans ce trou, direction de Cocherel. L'escadron moto du Lieutenant BRISAC doit tenter d'atteindre Rouvray et pousser des patrouilles vers Autheuil-sur-Eure.

La patrouille AVALLET se heurte à des armes anti-chars et à des canons de 77, et la voiture du Maréchal-des-Logis V... est atteinte par un obus de 37 explosif : il tue le sous-officier, le tireur Brigadier P... et blesse l'inverseur ; celui-ci, le Cuirassier FOURNIER, ramène sa voiture en marche inverse. Le canon et la mitrailleuse sont inutilisables, la voiture est dirigée sur un atelier.

Le P.C. du Régiment est à Le Plessis et est gardé par un peloton moto (Adjudant-Chef BRESSON) et un groupe moto (Lieutenant BOUCHER). La 1re D.L.M. monte en liaison avec la 2e une attaque en forêt de Pacy, avec les D.P. et les Chars. Cette attaque réussit pleinement, mais cause des pertes sérieuses aux Dragons. L'ennemi laisse entre nos mains une trentaine de prisonniers, dont un Officier et un Aspirant. Il a eu de lourdes pertes en tués et blessés. Les prisonniers sont spécialement fatigués étant venus à pied et sans repos depuis Aix-la-Chapelle. Ils n'ont eu de vrais combats, disent-ils, qu'avec la Cavalerie.

Tués : Maréchal-des-Logis DE V..- Brigadier P...

Blessé : Cavalier FOURNIER.

Trois citations seront accordées.

 

12 JUIN 1940

Au cours de la matinée, l'Escadron BRISAC, qui, la veille, n'a pu atteindre l'Eure, essaie de se maintenir à Hardencourt ; mais cette localité, située dans un fond exposé aux vues et aux coups, est sévèrement bombardée par l'artillerie. Le Lieutenant  BRISAC reporte sa défense à Boncourt, où il est rejoint par les Chars H du Lieutenant DE LA MORSANGLERE (4e Cuirassiers). Sa gauche est découverte, et le S.-Lieutenant SCHERER est axé sur Cerisay et Gauciel pour le couvrir dans cette direction. Ce dernier ne pourra se maintenir qu'à Gauciel. L'escadron BRISAC subit une très forte attaque, préparée par l'Artillerie ; l'action se prolonge pendant toute l'après-midi ; par ses feux et soutenu par les chars, il cause des pertes très lourdes à l'ennemi. Malgré ses propres pertes et un bombardement incessant, il se maintient jusqu'à la tombée de la nuit et ne décroche que sur ordre, sous la protection des Chars, alors qu'il est presque entièrement encerclé. Cet escadron va tenir Caillouet, où est le Lieutenant DE VILLELE ; puis il est replié sur Le Haut Boisset pour se regrouper. Il est à peu près entièrement à pied, ses side-cars ayant été en grande partie détruits dans Boncourt. A la nuit, la 2e DL.M. est relevée au Nord de l'Eure par une Division coloniale et se reporte en arrière. La 1re D.L.M. décroche ses éléments pour se porter à Maillebois (25 km S-O, de Dreux).

Le Régiment est obligé de se porter d'abord sur le Haut Boisset pour ramasser l'escadron BRISAC dont les hommes sont embarqués dans toutes les places disponibles sur les camionettes et sur les side-cars des pelotons BOUCHER et BRESSON qui sont chargés à trois hommes.

Tué : Cavalier P...

Blessés : Maréchal-des-Logis-Chef ENOCQ - Maréchal-des-Logis PRUVOST - Brigadier-Chef MARNAY - Brîgadier DELOGE - Cavaliers SALAMITE, LEPEZ, VITOUX, WILLEM, CORBISET, BURONFOSSE, FLARY, NEVEU, MAGARA, THOMAS.

Cinquante-sept citations seront accordées.

 

13 JUIN 1940

On arrive à Maillebois à 5 heures du matin.

L'ordre est donné dans la soirée de se porter sur  Saint-Lubbin-de-Cravant. Départ à 24 heures. Arrivée à 4 heures du matin.

 

14 JUIN 1940

A midi, le 6e Cuirassiers fait mouvement de la droite à la gauche de la Division sur Saint-Victor-sur-Avre, où il établit la liaison avec la 4e D.P. à Vemeuil. Des patrouilles sont aussitôt envoyées sur Breteuil, sur L'Aigle, sur Rugles. Elles ne rencontreront pas l'ennemi ; mais, à 23 heures, le Régiment est alerté pour revenir en hâte à Saint-Lubbin-de-Cravant, les Allemands ayant passé l'Avre après un engagement très vif avec le 12e Dragons.

L'Escadron DE VILLELE est poussé en avant.

Il était déjà arrivé à Saint-Lubin quand le Colonel prend liaison, à Brezolles, avec le Colonel commandant la Brigade. Le P.C. de la D.L.M. est déjà parti.

La Division a l'ordre de se reporter au Sud. Le Colonel doit couvrir le repli des Dragons et former l'arrière-garde avec le 6e Cuirassiers et les chars du 4e Cuirassiers.

Le 12e D.P. est en train de se décrocher. Une demi-heure après son passage à Brezolles, et après avoir fait prendre de l'avance aux chars H. le Régiment quitte le village à 3 heures. suivi par les chars S.

 

15 JUIN 1940

Il arrive à 8 heures vers Remalard (Château de Guilbaud) par Senonches et Moutîer-aux-Perches. Dans la soirée, des mouvements allemands sont signalés le long et au sud de l'Avre, dans la direction de l'Est à l'Ouest, ainsi que des infiltrations ennemies vers Senonches. Le 6e Cuirassiers et les chars H sont envoyés sur cette localité tenue par le 1er D.P. de la 2e D.L.M. pour reconnaître la situation et entraver ces mouvements.

Le Régiment ne peut y arriver qu'à la nuit tombante. Des patrouilles aussitôt poussées en avant atteignent d'une part Louvillers et trouvent les Allemands à Crucey, d'autre part Le Boulay, en direction de La Sarcelle. Des cavaliers allemands sont reconnus dans la forêt de Senonches et à La Framboîsière, mais ne peuvent être attaqués sous bois par nos A.M. A 2h15, le Régiment reçoit l'ordre de rentrer à Guilbaud. Les patrouilles se décrochent sous le feu, mais sans trop de difficultés.

Le 1er D.P. reste Senonches.

Nuit calme à Guilbaud.

 

16 JUIN 1940

La Division donne l'ordre d'envoyer des patrouilles dans la région de Bretoncelles et de Nogent-le-Rotrou, pour chercher la liaison avec la 2e D.L.M. qui se serait repliée dans la nuit.

Ces patrouilles — une sur Nogent-le-Rotrou, une sur Condé-sur-Huynes, une sur Moutier-aux-Perches — partent à 8h15 et un contre-ordre arrive trop tard pour quelles puissent être rappelées. Quand, à 18 heures, le Régiment fait mouvement sur La Chapelle-Montligeon (Basilique Expiatoire) puis à 21h30 sur Noce, le Lieutenant BRISAC est à Condé-sur-Huynes en attendant sa relève par les D.P. Le Lieutenant DE VILLELE est à Nogent-le-Rotrou. L'Adjudant-Chef AVALLET rejoint à La Chapelle-Montligeon.

Blessé : Cavalier VENANT.

Douze citations seront accordées.

 

17 JUIN 1940

L'Escadron BRISAC a rejoint au petit jour.

Le D.D. DE VILLELE qui est à Nogent-le-Rotrou envoie deux patrouilles en direction de la Madeleine et de la Louppe.

Près de Bretoncelles, la voiture du Mar-des-Logis BRIOT a attaqué au canon, à 600 et à 800 mètres, deux A.M. allemandes qu'il abat toutes les deux : mais il est obligé de se replier en raison des infiltrations d'infanterie à droite et à gauche. Cette Infanterie progresse en direction de Nogent-le-Rotrou, et le Lieutenant DE VILLELE ne cesse de signaler le danger qui se dessine de ce côté. Les Allemands approchent de la gare et un violent combat s'engage avec le peloton de l'Adjudant-Chef BRESSON, qui a pu repérer le mouvement de l'observatoire qu'il a installé dans un batiment élevé. Ayant subi de lourdes pertes, les Allemands n'insistent plus de ce côté. Le Maréchal-des-Logis PERRIN et son tireur le Brigadier LAURENS ont réduit au silence une arme automatique. Nos éléments sont à bout de munitions, mais ont la joie d'avoir accompli jusqu'au bout leur mission et sévèrement puni l'Allemand en lui prouvant que la Cavalerie tient toujours et solidement.

Malgré les avertissements du Lieutenant DE VILLELE, et sur la foi d'un renseignement signalant les Allemands à Bellème, c'est vers l'Ouest que le 6e Cuirassiers reçoit l'ordre de se porter ; c'est à 18 heures que le Régiment reçoit l'ordre de se porter hâtivement de la droite la gauche de la Division, vers Saint-Cosme-de-Vair et Maisonneuve. Les Allemands progresseraient vers Bellème. Le 12e D.P. doit participer à ce mouvement. On doit tenir la position jusqu'à 21 heures. 

Des patrouilles sont poussées dans les directions signalées dangeureuses. Les renseignements donnés antérieurement étaient inexacts, le Commandant DE MONTFERRAND, du 11e D.P., en particulier a passé une journée parfaitement calme à Bellème, sans aucun contact avec l'ennemi.

Mais le 12e D.P. a eu le plus grand mal à se décrocher en plein jour et passe avec retard et ayant perdu pas mal de tués et de blessés, et ce n'est qu'à 22 heures que le Régiment, faisant arrière-garde de la colonne Ouest de la Division, repart en direction du Mans pour arriver à Coulaines à 1 heure du matin. Arrêt en position défensive : l'Escadron BRISAC  sur la route de Beaumont, DE VILLELE sur la route de Bonnetable. 

Dix citations seront accordées.

 

18 JUIN 1940

Le Colonel prend avec son régiment des chars H et S. Il reçoit la mission de tenir les 18 et 19, pendant que le reste de la D.L.M. se replie en arrière de la Mayenne.

Le Groupement du Colonel DARIO ne doit pas repasser la Mayenne avant le 19 à 21 heures.

Immédiatement, des patrouilles sont poussées en direction Nord et Ouest, et la partie lourde du P.C. est renvoyée au Sud-Ouest du Mans, à Saint-Georges-du-Bois. A 11h15, le Groupement se porte au Sud du Mans : la traversée de la ville s'exécute à allure lente et comme un défilé, pour montrer qu'il existe encore heureusement des troupes disciplinées.

Le Colonel et le P.C. avec trois chars S sont à Saint-Georges-du-Bois. Le Capitaine DE VIEVILLE avec les autres chars S à Saint-Georges-du-Plain ; l'Escadron BRISAC à Paypruille. L'Escadron DE VILLELE en surveillance des lisières Sud-Ouest du Mans. 

Les Allemands, qui avaient débordé Le Mans par l'Ouest avec des chars et des camions de troupe, ne tardent pas à attaquer mais ils tombent sur les chars de VIEVILLE, qui les arrêtent brutalement. Toutefois, on sent partout des infiltrations et des débordements. Un bond est ordonné jusqu'à Louplande. Le Capitaine CADRO, de l'E.M. de la D.L.M., apporte à 16 heures l'ordre de se porter vers l'Ouest, sur Craon et Pouancé ; une fois de plus le Régiment va se porter de la droite à la gauche de la Division, mais le bond cette fois est de 115 kilomètres, les Allemands ayant atteint Laval. Les motos et les chars ne peuvent faire un tel parcours sans un ravitaillement en essence. Il sera possible d'en trouver au Lion-d'Angers. Au moment où, les ordres donnés, le Régiment va quitter Louplande, un 77 monté sur char lourd commence à prendre le village à partie par le Nord. Il a dû filtrer entre l'Escadron BRISAC et le P.C. du Colonel.

Le Maréchal-des-Logis GASPARD, agent de liaison, est alors envoyé pour essayer de passer et donner l'ordre de modifier son itinéraire au Lieutenant BRISAC. Il exécute sa mission ayant l'idée fixe de chars ennemis à éviter. Au moment où il regagne la grand'route, il tombe nez à nez sur un char, canon pointé dans sa direction. "Ce sera, dit-il, la plus belle peur de ma vie. " Il fonce tout de même, passe, et s'aperçoit que c'est un char anglais déchenillé et abandonné.

Après une halte à Noyen pour regrouper tout le monde, le Régiment s'arrête à Sablé-sur-Sarthe et va faire de l'essence à Juigné, où un train est abandonné. Après les pleins, et ne pouvant mettre le feu au train à cause des habitations voisines pleines de réfugiés, les vannes sont ouvertes.

Après une marche de nuit pénible qui nous conduit vers minuit à Segré, l'Escadron DE VILLELE est envoyé à Pouancé, l'Escadron BRISAC à Craon ; le Colonel et son P.C. vont à Chatelaîs.

Trois citations seront accordées.

 

19 JUIN 1940

A 5 heures du matin, le Lieutenant BRISAC signale des éléments blindés se dirigeant vers Craon. Dès le premier contact, il est débordé et obligé de se reporter en arrière en faisant de l'action retardatrice en direction de Segré. Il arrive au carrefour de Saint-Quentin mais les Allemands y sont déjà et un combat très vif s'engage avec feux de mousqueterie, d'armes anti-chars et de 77. Deux agents de liaison, revenant du P.C. du Colonel, tombent au même endroit sur l'ennemi et disparaîssent. Le P.C., menacé à courte distance, se porte à Bel-Air, sur la route Segré-Pouancé, où il recueille l'Escadron BRISAC. Le Lieutenant DE VILLÈLE, débordé lui aussi à Pouancé, se reporte sur Loiré ; l'ennemi, qui marche visiblement N.-Est/S-Ouest vers Ancenis, suit de près. Un G.R. se fait prendre deux voitures de personnel. Dans le mouvement de repli qui conduit de nombreuses unités de l'autre côté de la Loire, une colonne moto de G.R. a entraîné des motocyclistes du Lieutenant BRISAC que suit le Lieutenant DE VILLELE, croyant suivre le Régiment.

Il ne reste plus avec le Colonel que quatre A.M. et un groupe moto. L'Adjudant-Chef AVALLET est maintenu à la sortie Sud-Est de la Loire, et le Maréchal-des-Logis BRIOT est poussé à la sortie Est de Candé. Ce dernier arrive aux lisières de la ville, au moment où en sortent deux pelotons motocyclistes ennemis. Il les attaque aussitôt à la mitrailleuse. Les Allemands laissent une dizaine de corps sur le terrain et n'insistent plus. Le P.C. se porte alors au Nord de Villemoizan.

Le Capitaine CADRO, de l'Etat-Major de la D.L.M., qui y rejoint le Colonel à 14 heures, lui transmet l'ordre de tenir dans la même situation jusqu'à 15h30 et de se replier sur les ponts de la Loire en couvrant les éléments de la Division. Le PC. du C.C. et de la D.L.M. sont déjà au Sud du fleuve.

Comme il y a deux ponts dans le  secteur, le Colonel décide de passer au pont de Montjean, avec la patrouille BRIOT, et envoie le Commandant DEVOUGE5 pour passer le dernier au pont de Chalonnes. Celui-ci est avec la patrouille AVALLET et recueille les derniers éléments du 12e D.P. en prenant un camion en remorque. Il reçoit du Lieutenant MARTINSSANE de l'Etat-Major, l'indication de ne pas se servir de ce pont. qui ne peut supporter que 3 tonnes et qui doit sauter. Le Commandant DEVOUGES rejoint le Colonel au Pont de Montjean à 17 heures. La défense du pont est organisée avec les blindés sur la rive Nord ; elle est fortement organisée sur la rive Sud par le G.R. D'ARODES. Un lieutenant du Génie est prêt à le faire sauter.

Une heure après le passage des derniers éléments, à 18h30, les chars H, puis les chars S se présentent au pont sous un feu violent d'armes anti-chars et de 77. Ils passent le pont suspendu à allure et aux intervalles prescrits, sans qu'aucun char n'augmente l'allure, et ils défilent comme la parade quoique trois chars soient touchés. Le Colonel DARIO et le Commandant DEVOUGES passent à pied avec les derniers "Somua" et à 19h05 le pont saute. Le Régiment s'arrête au château de Plessis-Beauvau. Le Colonel, par Note de Service, est désigné comme adjoint du Colonel DE BRAUER, commandant la défense de la Loire, Le Commandant DEVOUGES prend le commandement du Régiment.

Le T.C. du Capitaine BRUN, qui a rameuté le détachement DE VILLELE perdu depuis le matin, rejoint au château.

Nuit calme.

Quatre citations seront accordées.

 

20 JUIN 1940

La D.L.M. doit se porter au Sud, précédée par le 6e Cuirassiers qui assurera en outre la flanc-garde droite. Route sans incidents, précédée par un détachement BRISAC.

P.C. à L'Absie ; BRISAC à La Châtaigneraie ; DE VILLELES en fin de mission de flanc-garde à Fontenay-le-Comte.

 

21 JUIN 1940

Pour couvrir la D.L.M. vers l'Ouest, le 6e Cuirassiers reçoit l'ordre de pousser des patrouilles en direction de Nantes-Roche-serviere et La Roche-sur-Yon.

DE VILLELE remonte de Fontenay-le-Comte et se porte à Mortagne, d'où il pousse vers Nantes jusqu'à Clisson. BRISAC va aux Herbiers et prend liaison téléphonique avec les gendarmes de Montaigu, qui ne signalent pas d'ennemis. Le PC. du Régiment est à La Trique, 5 km. de Mortagne, gardant la direction de Cholet, où les Allemands sont signalés. Toutes les municipalités et autorités locales sont nerveuses et voudraient obtenir que nous ne nous battions pas, pour éviter les représailles. Elles sont vivement remises à leur place.

Deux agents de transmissions du Lieutenant BRISAC, perdus le 19, retrouvent le Régiment (Brigadier-Chef BOCHEUX et cavalier WAIBEL).

Le Lieutenant BOUCHER, Officier de liaison à la D.L.M., apporte à 12h30 l'ordre de se reporter vers l'Est, à Airvault, les allemands étant signalés vers Saumur. L'ordre est donné de rassembler à Bressuire, où on pourra faire les pleins d'essence. Le Régiment y arrive à 13h30. puis à Airvault à 15 heures, où on ne nous attendait pas avant le soir. L'ordre est donné de tenir Mirebeau (25 km. Est de Airvault). Six chars S sont mis à la disposition du Commandant DEVOUGES pour cette mission.

L'Escadron BRISAC s'y porte le premier, suivi par les chars, et est rejoint à 20 h. par le PC. et l'Escadron DE VILLELE.

C'est un gros village perché sur une colline. Trois bouchons sont établis sur les itinéraires dangereux, la liaison prise avec les D.P, à Frontenay ; mais toutes les infiltrations sont possibles.

La population et les réfugiés mosellans sont antipathiques. La nuit se passe calme néanmoins.

 

22 JUIN 1940.

Des patrouilles sont poussées dès le petit jour par l'Escadron BRISAC en direction de Loudun ; elles ne signalent rien, quand à 10 heures, un observateur monté sur le château d'eau repère une importante colonne motorisée en marche de Loudun sur Mirebeau (6 chars, 40 sides, 40 camions) Cette colonne est attaquée à 800 mètres par les chars S. mais les défenseurs de Mirebeau sont attaqués à courte portée par des mîtraillettes et en arrière par des mortiers. On a très nettement l'impression que les gens du pays n'y sont pas étrangers.

Le détachement se replie sur la Dive, mais reçoit quelques instants plus tard l'ordre de renvoyer les chars S et de tenir Craon. DE VILLELE est à Craon, BRISAc à Jarzay ; ce sont deux points difficiles à défendre et d'où il est à peu près impossible de sortir.

A 11h15, des A.M. allemandes attaquent à Jarzay, blessant le Maréchal-des-logis PORET, chef de voiture et son inverseur.

L'Escadron BRISAC se replie sur le P.C. du Régiment. Le Commandant DEVOUGES décide d'évacuer Craon, qui est une souricière, et de reporter toute la défense à Assais, où est un escadron de D.P.

La Division rappelle le 6e Cuirassiers à Aubigny et fait envoyer immédiatement des patrouilles sur Thenezay et La Ferrière.

Les renseignements concordent : les Allemands passent en masse sur la route en direction générale de Parthenay.

Après avoir, par des patrouilles, cherché la route libre en direction de Niort, c'est finalement à Saint-Maixent que passe la D.L.M., précédée par le 6e Cuirassiers. C'est un vrai jeu de cache-cache entre les Allemands et nous, et la Division réussit à traverser, la nuit, Saint-Maixent vers le Sud, alors que les Allemands venaient de le traverser allant vers l'Ouest. La D.L.M. passe le reste de la nuit à Lezay. Le T.C., qui a pu se dégager, perd deux voitures de ravitaillement envoyées à Poitiers.

Blessés : Maréchal-des-Logis PORET - Cavalier PETIT-PRETRE.

Une citation sera accordée.

 

23 JUIN 1940

Repli en arrière de la ligne Poitiers-Ruffec.

La radio annonce la demande d'Armistice. Nous aurons été les derniers à nous battre dans cette partie de la ligne.

Arrivée à La Coterie à 8 heures, d'où nous repartons à 19 heures pour arriver à 21h30 à Saint-Cybardeau (N-O. d'Angoulême).

 

24 JUlN 1940

Deux patrouilles — DE VILLELE et BRISAC — sont prêtes à partir à 4 heures vers l'Ouest, en direction de Cognac, pour situer l'ennemi. Contre-ordre à 3h45, et toute la D.L.M., se replie vers le Sud-Ouest, précédée et flanc-gardée par le 6e Cuirassiers (quatre A.M. et trois pelotons motos).

Arrivée à 11 heures à La Roche-Chalais. A 17 heures, la patrouille du Maréchal-des-Logis BRIOT repart vers le Nord-Est, ne trouve rien devant elle mais signale que les Allemands poussent vers Montmoreau.

 

25 JUIN 1940

A 0h35, les hostilités sont suspendues.

 

ORDRE GENÉRAL N° 1

Officiers, Sous-Officiers, Brigadiers-Chefs, Trompettes et Cavaliers du 6e Cuirassiers,

En ce jour de tristesse où l'adversité nous oblige à abandonner la lutte pour la défense de la Patrie pour laquelle vous aviez juré de faire le sacrifice de votre vie, j'ai le devoir de vous dire l'admiration que j'ai ressentie et que tout le Pays ressentira pour les actions admirables que Vous avez accomplies.

Malgré les trahisons d'alliés félons, malgré les défections intérieures, vous avez mené le combat sans défaillance.

Vous avez enrichi le Livre d'Or de notre Régiment d'actes d'héroïsme jamais encore réalisés. On vous a demandé des missions surhumaines, avec un courage surhumain vous les avez remplies intégralement.

Quelles que soient les conditions que nous impose l'ennemi, partez la tête haute. Conservez les traditions de discipline et d'amour de la Patrie qui ont été vos guides.

La 1re D.L.M., si elle n'a pas pu obtenir la Victoire, a sauvé l'Honneur.

Nous ne sommes pas des vaincus. Gardez des âmes de vainqueurs.

Vive la France

Aux Armées, le 25 Juin 1940.

Le Chef d'Escadrons DEVOUGES

Commandant prov. le 6e Rgt de Cuirassiers

 

 

FAITS D'ARMES

DU 6e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS

 

PREMIER CONTACT

 

10 mai 1940, le 6e Cuirassiers fonce sans arrêt pour chercher le contact le plus loin possible en avant de la 1re D.L.M.

Le 11 mai 1940, à 3h30 du matin, le détachement dont fait partie la patrouille du Sous-Lieutenant SCHERER arrive à Tilburg, fait les pleins d'essence et repart sur Bois-le-Duc, où le Sous-Lieutenant SCHERER arrivera à 7 heures du matin. Après avoir passé la matinée à Vught, faubourg de Bois-le-Duc, le Sous-Lieutenant SCHERER reçoit l'ordre de rejoindre dans Bois-le-Duc un Chef de Bataillon hollandais, de le rassurer par la présence de la patrouille blindée et de l'empêcher d'abandonner la position.

Sans qu'on puisse préciser la situation des Allemands, les Hollandais se replient et très vite, à bicyclette, en moto, en camion, en voitures à cheval. Le Chef de Bataillon déclare que les Allemands sont sur la rive Nord du Canal ; mais il ignore si les ponts existent toujours ou non, et il demande à la patrouille de pousser à 5 kilomètres à l'Est de Bois-le-Duc, le long du canal. La mission est remplie ; mais, au retour à Bois-le-Duc, l'affolement est devenu total : quelques coups  de mortiers viennent de tomber, et le Chef de Bataillon, qui se  déclare encerclé, demande à la patrouille d'aller à Michel-Saint-Gestel, où sont signalées des blindées ennemies.

En pleine nuit, à 22h30, la patrouille est à 800 mètres N.-O. de Saint-Michel ; la route est encaissée, bordée de bois, des fusées partent, des cyclistes vont et viennent, l'obscurité est presque totale. Le Sous-Lieutenant SCHERER veut profiter d'un arrêt de ses blindées qui n'y voient presque rien, pour les faire précéder de motocyclistes à pied mais, au moment où les motocyclistes mettent pied à terre, la blindée de tête (Maréchal-des-Logis DE VISSEC) repart : la deuxième blindée doit la suivre, ainsi que le groupe moto. A peine 500 m plus loin, au moment où la blindée amorce un virage sur le pont d'un ruisseau à l'entrée de Saint-Michel, elle est attaquée à 15 mètres par une A.M. lourde ennemie qui barre le pont, encadrée de deux mitrailleuses. Plusieurs balles explosives de mitrailleuses de 20 m/m l'atteignent, mais ne traversent pas le blindage. La riposte est immédiate et efficace : trois 25 immobilisent la blindée allemande, qui ne tirera plus.

Les mitrailleuses à terre continuent à tirer, mais sont muselées par les mitrailleuses des deux voitures.

En reculant en marche inverse dans la nuit, une blindée écrase le side-car du chef de patrouille, et le side de l'agent de transmission est détruit par un projectile ennemi.

La patrouille se replie jusqu'à Vught ; mais, les hollandais ayant lâché pied, les fusées jaillissant de partout sur la gauche et en arrière, accompagnées de détonations de mortier, le Sous-Lieutenant SCHERER décide de se replier sur Tilburg. La route est effroyablement  encombrée par les cyclistes, les autos, les voitures hippomobiles, les chevaux en liberté. Un cheval lié à un caisson ayant fait un écart, se jette devant la blindée du Maréchal-des-Logis DE VISSEC, qui l'écrase mais est projetée contre un arbre où elle brise une roue.

Elle est immédiatement désarmée et mise hors de service. Equipage, armes et munitions prennent place dans la deuxième blindée et les side-cars, et le mouvement continue dans un embouteillage de plus en plus dense.

Il est plus de minuit quand la patrouille arrive au pont de Tilburg, pour constater que les Hollandais l'ont fait sauter prématurément et sans en prévenir les défenseurs. Le chef de patrouille décide de rechercher un autre passage vers l'Ouest et part à travers champs. Quelques motocyclistes et le Maréchal-des-Logis HEU qui se sont égarés reviennent au pont et, après des difficultés considérables, réussissent à passer à pied le long des poutres de béton brisées et immergées mais incomplètement coupées. Pendant trois heures, la patrouille marche à travers champs, cherchant un passage. Le deuxième pont qu'elle trouve est détruit ; elle en voit deux autres sauter sous ses yeux. La marche est de plus en plus pénible ; chaque side-car porte quatre ou cinq hommes ; l'un d'eux, sa boîte de vitesse complètement ouverte, refuse maintenant tout service. A 3h30, enfin, grâce à un cavalier parlant la langue (Cavalier VANHUYSBERGHE), deux soldats hollandais indiquent un pont qui ne serait pas sauté. Effectivement, ce pont en dos d'âne, en bois, mais miné, est gardé par des Hollandais d'un côté, cavaliers d'un G.R. de l'autre.

Les premiers font des difficultés pour laisser le passage : il faut désamorcer les mines qui barrent le pont, et la patrouille finit enfin par passer.

Le Sous-Lieutenant SCHERER se rabat alors sur Tilburg, où les Hollandais le dissuadent d'emprunter la route Tilburg-Breda (elle est, disent-ils, détruite par le bombardement aérien) par où il voulait passer pour tenter de rejoindre le Régiment.

Passant alors par un chemin plus au Sud, et par un long détour de plus de 50 kilomètres, il rejoint le Régiment avec sa patrouille exténuée, à 11 heures, à Meerle.

 

PREMIERES PRISES

 

Le 11 mai 1940, à 5 heures du matin, un détachement de découverte, parti de France la veille, arrive à Tilburg, en Hollande, après une étape de plus de 300 km.

Le Capitaine DUDOGNON commande le détachement ; il reçoit l'ordre de surveiller et de tenir la route qui part de Tilburg vers Morgestel et Eîndhoven.

A 21 heures, les Hollandais, qui se replient vers Tilburg,  annoncent l'approche de l'ennemi.

Le Capitaine DUDOGNON installe sur la route, derrière le pont qui franchit le Canal Wilhelmine, deux autos-mitrailleuses, quelques motocyclistes, et fait rechercher l'Officier chargé de faire sauter le pont.

23 heures ; l'Officier hollandais a été retrouvé ; il vient à peine de mettre le feu, que trois blindées et trois side-cars allemands débouchent.

Lancés grande vitesse, ils franchissent le pont : celui-ci saute seulement lorsqu'un camion allemand, qui suit les premiers éléments, s'engage dessus. Tous les passagers sont tués ou noyés.

Le pont traversé, la première blindée allemande, qui marche à grande allure, accroche la première auto-mitrailleuse française, celle du Maréchal-des-Logis DE LA VARENDE, passe, écrase deux side-cars français qui avaient été rangés vides le long de la route, mais est percée et arrêtée à coups de canon par le Maréchal-des-Logis GAULTIER, chef de la seconde auto-mitrailleuse française.

La deuxième voiture allemande est une blindée lourde à huit roues. Elle a suivi exactement la première, elle recule mais elle trouve sur son chemin de retour la voiture du Maréchal-des-Logis DE LA VARENDE, qui la stoppe à bout portant.

La troisième voiture allemande, qui s'est arrêtée aussitôt après le pont, tire dans la nuit ; bientôt son équipage met pied à terre, rejoignant les motocyclistes qui l'accompagnaient et ce qui reste des équipages des deux premières voitures.

Les motocyclistes français interviennent ; le Maréchal-des-Logis MARTIN qui les commande, le Brigadier-chef MARNAY, les Cavaliers ABRAHAM, LAVIGNE, BOSSEBOEUF se battent au corps à corps, dans la nuit, même à coups de poing.

Quelques Allemands réussissent à s'enfuir ; mais, à 23h30, le bilan est magnifique :

- de notre côté, presque aucune perte (2 side-cars écrasés) ; 

- du côté de l'ennemi ; 20 Allemands, au moins, tués ou noyés, deux Allemands blessés, qui sont transportés à l'Hôpital de Tilburg ; deux Allemands prisonniers ; trois A.M. allemandes détruites ; un side-car allemand détruit ; deux side-cars allemands capturés qui viennent remplacer ceux que la blindée allemande avait écrasés,

 

UN ÉQUIPAGE

 

Le Brigadier-chef Radio HELIOU, le Conducteur LECRAND, le Tireur GUILLOT et le Brigadier FIEUZAL, Inverseur deuxième radio, constituent l'équipage de la blindée 23 du 6e Cuirassiers.

Ce sont quatre amis qui depuis longtemps travaillent en commun et à l'unisson.

Le 17 mai 1940 leur patrouille était aux abords du Quesnoy. Coupée d'elle à la nuit tombante par le flot des réfugiés dont les attelages couvraient les chemins et les routes, ils s'égarent et, ne sachant quelle direction prendre, se dirigent par la route de Solesmes sur Cambrai.

Vers 21h30, à l'entrée de la ville, la voilure se présente devant une forte barricade tenue par de l'infanterie. Le Boche est tout près et l'équipage se met aussitôt à la disposition de l'Officier pour coopérer à la défense ; l'équipage va veiller ainsi toute la nuit au milieu des coups de mitraillettes.

Le jour arrivé, le Chef de Bataillon leur expliquant que Cambrai est cerné, leur demande d'aller reconnaître la nationalité de deux compagnies de mitrailleuses qui tirent sur nos artilleurs. La voiture part, fanion déployé, comme il était de coutume pour éviter toute méprise mais elle est immédiatement accablée d'une pluie de balles. Elle riposte aussitôt. Par le feu et par les obus de 25 tirés à 400 mètres dans les fenêtres de deux maisons transformées en véritables nids à mitrailleuses, en un quart d'heure de combat l'équipage fait taire les AIlemands qui payent cher ce contact. Sa mission remplie, le Brigadier-Chef, chef de voiture, s'arrête à un carrefour pour appuyer la défense des fantassins mais, cible trop facile pour l'artillerie, il est obligé de se replier en protégeant le petit détachement d'infanterie qui le gardait. La journée se passe combat et reconnaissances. L'équipage profite de tous ses moments de liberté pour chercher à retrouver son peloton. La nuit tombée, les méprises commencent, et successivement la blindée essuie le feu d'une A.M. française qui heureusement manque son but, puis d'une blindée anglaise qui fait de même, fort heureusement sans plus de résultat.

C'est alors que, le 20 mai, la voiture rencontre une patrouille du 12e Cuirassiers commandée par un Adjudant. Cette patrouille fait partie d'un détachement commandé par le Lieut. VALAT. 

La deuxième patrouille de ce détachement vient de laisser sur le terrain une auto-mitrailleuse. HELIOU va aussitôt essayer de la récupérer ; mais l'ennemi est là, et c'est sous un feu violent de mitrailleuses que le Brigadier-Chef arrive à côté de l'A.M. restée, portes et volets ouverts. Le Brigadier FIEUZAL, sans instant d'hésitation, descend et va en reconnaître l'état. Il trouve l'inverseur tué, écrasé sur son volant ; en faisant le tour la voiture, il trouve un autre cuirassier blessé, couché presque sous le plancher. La 23 fait feu de toutes ses armes pour protéger l'opération. FIEUZAL, aidé du Lieutenant VALAT qui vient d'arriver en side-car, remonte le blessé dans la voiture, prend la place du conducteur et après des manœuvres difficiles parvient à ramener l'A.M. sur la route et à la reconduire dans sa patrouille. 

Le détachement allemand qui tentait de s'opposer à l'action a subi des pertes sévères.

L'équipage qui vient de regagner une voiture française, a du même coup détruit deux voitures de liaison allemandes, incendié un camion, fait sauter un canon avec ses munitions, mitraillé de nombreux servants.

Lorsque, quelques jours plus tard, dans les Flandres, le chef voiture et le tireur recevaient des mains de leur Général la croix de Guerre, le tireur GUILLOT disait simplement à son Capitaine "Ce n'est pas à moi d'être décoré, FIEUZAL le mérite plus que moi."

  

UN AUTRE ÉQUIPAGE

 

Le 10 mai 1940 à 10 heures, la blindée 6 du 6e Cuirassiers franchit à son poste la frontière franco-belge.

Elle a pour équipage :  

le Maréchal-des-Logis DE VISSEC, chef de voiture ; 

le Brigadier PIERRON, tireur ; 

le Conducteur LOUALE ; 

l'inverseur FOURNIER.

Trente-six heures plus tard, son compteur, comme tous ceux du Régiment, marque 350 kilomètres de plus.

Elle est à Bois-le-Duc en Hollande. La patrouille du Sous-Lieutenant SCHERER dont elle fait partie vient d'être envoyée par le Commandant hollandais à quelques kilomètres au S.O. de Saint-Michel-Gestel, où des engins allemands sont signalés.

La blindée est en tête de patrouille, en plein bois, au milieu de cyclistes qui refluent, dans une nuit noire que percent à intervalles rapprochés les fusées blanches qui signalent l'avance allemande ; on entend sur la gauche des détonations de mortiers.

Tout d'un coup, un tournant de route, un pont sur un petit canal, une série d'éclairs, et la voiture est frappée d'une rafale de mitrailleuse de 20 m/m et d'une pluie de balles. La riposte est immédiate sur la grosse silhouette noire d'une A.M. lourde allemande à huit roues qui barre le pont, encadrée de deux mitrailleuses à terre. Au deuxième coup de 25, la blindée allemande est muette, quelques rafales de mitrailleuses ont raison des armes a terre. Pendant que les motos font leur travail reconnaissance, les voitures se remettent hors de portée, en surveillance. Le chef de patrouille, fixé, remmène son monde et, sur une route enténébrée et encombrée de Hollandais en panique se dirigeant vers Tilburg par tous les moyens mécaniques. et uestres, un cheval se jette sous les roues de la blindée ; il est écrasé, mais celle-ci, déportée dans un fossé contre un arbre, brise une roue. Elle est désarmée, mise hors d'usage, puis abandonnée. Elle est payée.

Le 18 mai, l'équipage a une autre voiture. C'est la bataille du Cateau. La patrouille de l'Adjudant-Chef AVALET tombe à Inchy sur une colonne allemande motorisée. Les deux voitures attaquent immédiatement à la mitrailleuse et au canon, et, pendant que le Brigadier-Chef KOSCIELNY tire avec une voiture sur le personnel, DE VISSEC tirant au canon met en feu une voiture de munitions et démolit une arme anti-chars au moment elle se mettait en batterie. Une demi-heure plus tard, DE VISSEC rencontre un char moyen allemand et en deux obus le cloue au sol ; il l'achève de deux autres coups. Sans désemparer, DE VISSEC et son équipage continue sa surveillance ; mais cette fois il tombe sur trois chars lourds allemands, arrête premier en lui coupant une chenille et continue à coups de canon à démolir son train de roulement pendant que les deux autres se replient sans même riposter.

Certain de sa victoire, l'équipage poursuit sa mission et détruit une camionnette dont elle met les passagers hors de combat à la mitrailleuse.

Le 26 mai 1940, le Maréchal-des-Logis DE VISSEC reçoit, pendant que le canon tonne dans les Flandres et que les Anglais détruisent deux camions embourbés, la Médaille Militaire et tout son équipage est proposé pour la même récompense.

Le 11 juin, DE VISSEC et son équipage viennent de toucher la veille une voiture neuve. Près de Pacy-sur-Eure, leur mission les porte sur Cocherel. Après avoir passé sous le nez d'une batterie de 77 qui les poursuit de ses coups, entrant dans le village ils réduisent au silence à coups de canon et de mitraileuses, des mitraillettes allemandes tirant des fenêtres d'une maison. Deux heures, ils patrouillent dans le village, contenant l'avance ennemie. C'est alors que DE VISSEC, repérant une arme anti-char, l'attaque au canon ; mais, pour s'assurer de sa victoire, reste trop longtemps arrêté, et le chef de patrouille voit soudain la voiture revenir en inverseur pendant que le conducteur, sortant par la tourelle, apprend la mort de VISSEC.

Le Maréchal-des-Logis DE VISSEC et le Brigadier PIERRON venaient d'être tués par un obus de 37 explosif, et l'inverseur FOURNIER, grièvement blessé au dos et au bras, bravement, sans se plaindre, ramenait sa voiture endommagée et ses camarades tués.

L'équipage avait lutté jusqu'au bout. Il avait à son actif, reconnu d'une façon certaine : une A.M., deux chars (un moyen, un lourd) une voiture de munitions, une camionnette de personnel, une arme anti-char.

 

DEUX JOURS DANS LA MÉLÉE

 

Le 17 mai 1940, le Maréchal-des-Logis LUCAS fait partie d'une patrouille d'A.M. commandée par ie Maréchal-des-Logis-Chef CASSASSUS. A 6 heures du matin, il arrive à Englefontaine. Il patrouille toute la journée en forêt de Mormal.

Le lendemain 18 mai, à 8 heures, le Maréchal-des-Logis LUCAS reçoit l'ordre de partir en reconnaissance vers le Sud, sur la route de Landrecies.

Peu avant d'arriver à Landrecies, il trouve des artilleurs qui lui signalent la présence très proche de l'ennemi.

Le Maréchal-des-Logis LUCAS continue à avancer, mais avec prudence, et, quelques minutes plus tard, après un tournant de route, il voit à peine à 200 mètres un camion rempli de fantassins allemands ; de huit coups de son canon de 25, le Maréchal-des-Logis LUCAS le détruit complètement.

Le Maréchal-des-Logis LUCAS revient à Englefontaine et rend compte de l'exécution de sa mission mais il doit aussitôt repartir vers Landrecies pour protéger le repli des artilleurs.

Arrivé à la hauteur des artilleurs, il aperçoit des fantassins ennemis qui se glissent dans un bois, le long de la route ; il les mitraille pendant que les artilleurs exécutent leur mouvement, puis revient à Englelontaine où il reçoit l'ordre de continuer la surveillance de la route de Landrecies.

Moins d'une heure plus tard, le Maréchal-des-Logis LUCAS aperçoit un char allemand qui s'avance de Landrecies vers Englefontaine ; il le laisse approcher, et quand il est à peu près à 400 mètres, il tire sur lui avec son canon de 25 ; le char allemand riposte, mais LUCAS tire plus juste ; sa voiture n'est pas touchée, tandis qu'au cinquième obus le char allemand se tait et s'immobilise définitivement.

Toute la soirée, toute la nuit du 18 au 19, le Maréchal-des-Logis LUCAS demeure en surveillance entre Englefontaine et Preux-au-Bois.

Le 19 mai à 3 heures du matin, il reçoit l'ordre de se replier sur Louvignies et de s'y installer à la sortie Ouest. Dès le début de l'après-midi, c'est une violente canonnade, les Allemands attaquent et débordent le village. 

A 20 heures, le Maréchal-des-Logis LUCAS est presque complètement encerclé ; il cherche à sortir du village en empruntant un petit chemin rural mais, à peine a-t-il fait 500 mètres, qu'il tombe nez à nez avec un char ennemi. Malgré la fatigue, le Maréchal-des-Logis LUCAS est toujours sur ses gardes : à bout portant il détruit le char ennemi, avant que celui-ci n'ait même tiré.

La nuit tombe ; il n'y a presque plus d'essence dans les réservoirs de l'auto-mitrailleuse ; après avoir été obligé de faire de nombreux détours, le Maréchal-des-Logis LUCAS arrive enfin au Canal de l'Escaut, devant Denain que tiennent les troupes françaises.

Le Maréchal-des-Logis LUCAS n'a plus une goutte d'essence ; c'est avec son démarreur qu'il réussit à faire les derniers cinquante mètres. Il a sauvé sa voiture.

Pour le Maréchal-des-Logis LUCAS, le bilan de ces deux journées des 18 et 1 9 mai 1940 est magnifique : grâce à son courage, à sa vaillance, grâce à la bravoure, à l'endurance des Cavaliers WAUQUIER. BERTHELOT et LEPEZ, qui formaient l'équipage de son auto-mitrailleuse, le Maréchal-des-Logis LUCAS a, sans prendre un instant de répit, mitraillé l'infanterie ennemie, permis le repli d'artilleurs français, détruit deux chars et un camion rempli de fantassins allemands.

  

UNE RECONNAISSANCE MOTORISÉE

 

10 Mai 1940. L'alerte est donnée à 6 heures. Les Allemands attaquent la Hollande. A Oostcapelle, le nez à la frontière depuis un mois, la reconnaissance du Lieutenant DE VILLELE est prête, les hommes gonflés à bloc, tout te monde connaît la mission, une belle mission de Cavalerie. Le plus vite et le plus loin pour prendre contact avec les avant-gardes allemandes et les arrêter. "

On l'attendait, ce jour, le voici. Un dernier coup-d'oeil aux armes et aux voitures, et... " Moteurs en route ,. Dans le vacarme joyeux des moulins qui tournent rond, à 10 heures la frontière est franchie, à 22 heures la reconnaissance est aux portes de Turnhout, et le 11 mai à 4 heures en Hollande, à Tilburg, à 300 kilomètres de son point de départ.

A 7 heures, partie en tête du Détachement du Commandant MICHON qui va attaquer des parachutistes lancés au pont de Moerdijk sur la Meuse, la reconnaissance est au Nord de Breda, à 9 heures.

A 10 heures, les Hollandais, affolés, signalent des milliers de parachutistes ; la reconnaissance continue, ne trouve rien à Teteringen, ni à Terheidjen, et, poursuivant sur Gaete et Lage ZwaIIuwe, arrive à l'embouchure de la Meuse où elle est accueillie par des coups de feu. Le combat s'engage, tout de suite très vif. Une compagnie de Hollandais qui devait tenir les casemates bétonnées, mais inoccupées de la tête de pont de Moerdijk, y a trouvé tes Allemands solidement installés et a subi de grosses pertes. Ils occupent de même le passage à niveau de Zevenbergshenhoek où arrive sous le feu le Sous-Lieutenant GABET avec sa patrouille en soutien des Hollandais qui ne sont nulle part où ils devaient être. Le Sous-Lieutenant GABET riposte vigoureusement, garde le contact et empêche les Allemands de déboucher.

A la nuit, après de nombreux coups de sonde dans toutes les directions possibles, toujours arrêtés par le feu violent des Allemands, DE VILLELE, suivant les ordres qu'il avait reçus, se replie. Le bombardement aérien n'a pas cessé depuis le matin. Le Commandant de détachement a reçu mission de garder Breda pour s'opposer à l'avance ennemie qui glisse le long du Canal Wilhelmine. Les routes sont impraticables, la reconnaissance utilise de nuit des chemins de terre. Les bombardements aériens continuent, la reconnaissance augmente ses distances, mais rien ne l'arrêtera, et, 4 heures, elle rejoint à Breda le Commandant MICHON.

Les ponts au Nord ne sont plus utilisables. La mission du détachement est terminée. Le Commandant MICHON donne l'ordre de se porter sur Oostmalle.

Les A.M. ne pouvant pas passer sur la route Breda-Oostmalle, coupée par les entonnoirs, la reconnaissance utilise la route Breda-Anvers et à Westrnalle, à 13 heures, rejoint le PC. du Colonel. Le détachement du Commandant MICHON en cours de route a reçu une nouvelle mission.

Le Colonel veut connaître la situation exacte à Welde et Ravels, au N-E. de la position qu'il a mission de tenir ; c'est encore la reconnaissance DE VILELE qui va exécuter cette nouvelle mission, qu'elle remplit tout en protégeant pendant la nuit entière le décrochage du G.R.C.A. 2 et du G.R.D.I. 5.

Ce n'est que le 14 mai à 7 heures que le Lieutenant DE VILLELE rallie le détachement du Capitaine DEVOUGES, qui constitue le gros du 6e Cuirassiers.

Depuis quatre-vingt-seize heures sur pied, sans repos, la reconnaissance DE VILLELE a parcouru 500 kilomètres dont 250 en combattant sous les bombardements incessants de l'aviation allemande et sous le feu des troupes à terre.

Elle a rempli sa mission et largement accompli ce qu'on attendait d'elle.

 

NOS AGENTS DE TRANSMISSIONS MOTOCYCLISTES

 

Le 21 mai 1940, 15 heures, la patrouille du Lieutenant DE VILLELE franchit le pont de Hern-Lenglet sur la Sensée (c'est le seul qui reste) et va reconnaître les abords de Cambrai. Il dénombre une importante colonne motorisée sur la route Cambrai-Arras (67 véhicules) ; il faut que ce renseignement parvienne rapidement. Le Maréchal-des-Logis PERRIN, agent de transmission, file par l'itinéraire suivi à l'aller. Attaqué par des forces supérieures, de Lieutenant DE VILLELE se replie, arrive à Abancourt et peut recueillir son agent de transmission qui continuait sa mission à pied, après avoir été mitraillé, avoir eu sa moto mise hors de service par les balles, avoir été poursuivi sur un chemin de terre par une voiture de liaison et enfin s'être jeté à travers champs pour porter son renseignement.

Le 17 juin 1940, un escadron tient Nogent-le-Rotrou avec deux A.M. et deux pelotons motos. Il est vivement pressé par les Allemands qui déjà viennent de perdre deux auto-mitrailleuses et de nombreux fantassins, mais qui, avec de gros effectifs, attaquent sans cesse et progressent toujours. Comme sa présence à Nogent-le-Rotrou et au Nord de cette localité est indispensable à la sûreté des mouvements en cours, l'ordre lui est envoyé de maintenir le contact.

Le Maréchal-des-Logis CALLEWAERT, agent de transmission du Chef d'Escadrons, va lui porter cet ordre. Il sait que la route est battue par les feux ennemis, car le conducteur d'une citerne d'essence, qui vient d'y aller faire un ravitaillement, a donné ce renseignement. Sans hésiter, il part, suit pendant plusieurs kilomètres sous les coups de fusils cette seule route possible. Il arrive à Nogent-le-Rotrou, salué par de nombreux coups de mitraillettes, trouve partout des traces de combat, et, après avoir en tous sens sillonné la ville et n'y trouvant plus personne, rejoint au Theil l'escadron qu'il cherchait et qui a été obligé de se replier sous le feu, complètement encerclé.

Le 18 juin 1940, le 6e Cuirassiers, réduit à deux Escadrons, est au combat et tente de retarder l'avance allemande au Sud-Ouest du Mans, quand il reçoit l'ordre de se porter, à 115 kilomètres à l'Ouest, où les Allemands progressent. Il faut rapidement rejoindre les éléments engagés sur toute la ligne. Le Régiment est au contact avec des chars allemands, et l'un d'eux, un char lourd armé d'un canon de 77, commence à tirer aux environs du village où est le Colonel.

Le Maréchal-des-Logis GASPARD, agent de transmission moto, reçoit l'ordre de partir le plus vite possible pour rejoindre un escadron. Il part, ne pensant qu'aux chars à éviter, et marche vite, quand il tombe nez à nez avec un char sur le bas-côté de la route. Le canon est pointé sur la route. Sans hésiter, il fonce à tombeau ouvert pour exécuter sa mission, passe sous le canon et s'aperçoit que c'est un char anglais déchenilé et abandonné. " Je n'ai jamais eu aussi peur " dira-t-il simplement en rendant compte de sa mission.

Le 22 juin, le Régiment, attaqué à Mirebeau, s'est replié à Craon-Jarzay. De nouveau attaqué à Jarzay par de grosses forces allemandes, il est obligé de laisser libre la route Mirebeau-Parthenay sur laquelle, à quelques kilomètres plus loin sont nos T.C. ne se doutant de rien. Il faut les prévenir s'il en est temps encore. Un motocycliste va partir, quand le Commandant décide d'en envoyer deux. Le premier, déjà prêt (Brigadier-Chef HAY) qui vient de recevoir comme mission de passer coûte que coûte à Thenezay, c'est le seul itinéraire, même si l'ennemi y est, et c'est probable, se retourne vers ses camarades et demande : Un autre soliste ". Tous les moteurs d'un seul coup se mettent en marche ; le gradé s'adressant à l'un, lui dit : " Tu viens, André ? ; l'autre, son copain, le Cavalier MANSARD, ne répond pas mais embraye et, sans rien dire, file dans le sillage de son camarade. Plein gaz, sans arrêt, ils passent et alertent le convoi, qui put échapper.

Le Brigadier-Chef CHEVALLIER, agent de transmission du Lieutenant ASTOUL, Chef de peloton A.M.D. pendant les combats du 17 au 20 mai, se montre remarquablement brave et en train.

Le 17 mai, serrant au plus près l'A.M. de son Officier qui vient de pénétrer dans Landrecies plein d'Allemands qui ne sont pas sur leurs gardes et d'y mettre le désordre, peut porter un compte rendu verbal sans que son Chef de peloton interrompe le combat.

Le 19 mai, sans se soucier de l'ennemi, il transporte son Officier en " tan-sad " sur un parcours extrêmement difficile, où il déploie une adresse remarquable.

Le 20 mai, au mousqueton à 600 mètres, CHEVALLIER abat un fantassin allemand.

Quand, le même jour, l'ordre est donné d'abandonner et de détruire les véhicules c'est en pleurant qu'il incendie sa moto et, au lieu de s'alléger comme beaucoup, il ramasse un havresac plein de cartouches, le met sur son dos et part à pied, décidé à se battre jusqu'au bout.

Disparu le 20 mai 1940.

 

COMBAT A BONCOURT, DEVANT COCHEREL

 

Le 11 juin, le 2e Escadron du 6e Cuirassiers est au Plessis-Hébert, à quelques kilomètres de Pacy-sur-Eure.

A midi, le Lieutenant BRISAC, qui commande l'escadron, reçoit l'ordre d'aller avec deux pelotons tenir le pont de Chambray sur l'Eure, après avoir vérifié en cours de route la situation au pont de Cocherel.

Le Lieutenant BRISAC part avec deux pelotons motocyclistes commandés : l'un par le Sous-Lieutenant DENJEAN, l'autre par l'Adjudant MARTIN.

Mais, en arrivant aux abords de Hardencourt, avant Cocherel, le détachement du Lieutenant BRISAC est accueilli par une vive fusillade. Les Allemands, embusqués dans les maisons du village, tirent des rafales de mitrailleuses et de mortiers.

Devant l'importance de cette résistance, le Lieutenant BRISAC installe son détachement à Boncourt, dernier village avant Hardencourt et rend compte de la situation à son Colonel, qui lui annonce l'envoi de chars qui viendront l'appuyer et lui permettre de continuer sa mission.

A la fin de l'après-midi arrivent neuf chars H, commandés par le Lieutenant DE LA MORSANGLIÈRE, du 4e Cuirassiers.

Le Peloton MARTIN et trois chars sont laissés en réserve à Boncourt.

Le Peloton DENJEAN et six chars partent à l'attaque de Hardencourt. Ils sont accueillis par un feu nourri de l'ennemi, mais celui-ci est obligé de se replier. Les chars patrouillent dans le village. Les motocyclistes fouillent les maisons. Hardencourt est occupé par nous.

Cependant, c'est déjà le crépuscule. De nuit, il n'est possible ni de continuer à progresser, ni même de rester dans Hardencourt, qui est au fond d'une cuvette surplombée par des crêtes boisées où l'ennemi a installé ses armes automatiques et ses mortiers.

Le Lieutenant BRISAC et le Lieutenant DE LA MORSANGLIERE décident de s'installer à Boncourt pour la nuit et de reprendre l'action le lendemain matin au petit jour. 

Le 12 juin, à 4h30, le Peloton DEJEAN et six chars redescendent sur Hardencourt. qui est demeuré vide toute la nuit : ils s'y installent, tandis que trois chars suivis par le peloton MARTIN dépassent Hardencourt et montent en direction du pont de Cocherel.

Les Allemands. qui sont installés en avant du pont de Cocherel, sur la rive gauche de l'Eure, sont surpris par cette attaque. Les chars du Maréchal-des-Logis-Chef COQUAT infligent des pertes extrêmement sévères à l'ennemi.

Mais, bientôt, l'artillerie allemande installée sur la rive droite de l'Eure déclenche un tir des plus violents.

Le feu des 77 allemands et celui des armes automatiques installées dans les bois qui se trouvent sur la rive gauche de l'Eure, obligent les chars et le peloton MARTIN à redescendre peu à peu vers Hardencourt.

Les Allemands, qui tirent à vue, allongent leurs coups ; le bombardement de Hardencourt devient de plus en plus violent : il n'est pas possible de rester dans le fond où se trouve ce village. Le Lieutenant BRISAC et le Lieutenant DE LA MORSANGLIERE ramènent leurs détachements à Boncourt ; ils reçoivent l'ordre d'y rester.

La fin de la matinée du 12 juin est calme ; mais, peu à peu, l'ennemi, descendant de Fontaine-sur-Jouy et de Cocherel, s'infiltre dans les bois qui environnent Boncourt.

Les forces allemandes qui progressent sont importantes ; vers 14 heures, quelques avions français passent ; ils sont salués par le tir de nombreuses pièces de D.C.A. que l'ennemi a déjà installées sur la rive gauche de l'Eure.

A 15 heures, l'artillerie allemande commence à bombarder Boncourt : c'est un bombardement violent, qui dure près d'une heure, blessant quelques hommes,

Cependant chaque homme reste calme à son poste, et lorsque, un peu après 16 heures, l'infanterie allemande débouche des bois, à quelque 100 mètres des premières maisons du village, montant à l'attaque de Boncourt, elle est accueillie par le feu des dix F.M. des pelotons MARTIN et DENJEAN.

C'est une attaque massive que les Allemands déclenchent sur le point d'appui de Boncourt ; ils sortent des bois par groupes compacts et nombreux ; ils subissent des pertes très lourdes car tous les motocyclistes, commandés avec calme par leurs chefs de peloton, encadrés par des Sous-Officiers courageux tels que les Maréchaux-des-Logis DAVID, DEROUAULT, DE DAMPIERRE, servent leurs armes de la façon la plus efficace.

Plus de vingt Allemands tombent sous les coups du F.M. servi par le Cuirassier ZONCA ; plus de vingt aussi devant celui du Cuirassier BURONFOSSE ; une vingtaine d'autres devant le F.M. du Cuirassier MARTY. Le Cuirassier FLARY abat une dizaine d'ennemis avant d'être lui-même blessé. Le tir du Cavalier CORBIZET n'est pas moins efficace.

Mais, sans souci de leurs pertes, les Allemands continuent à monter à l'assaut de quelques fermes où les quatre-vingts hommes du Lieutenant BRISAC et du Lieutenant DE LA MORSANGLIERE sont enfermés.

La fusillade est de plus on plus intense ; les Allemands balaient les rues du village de leurs rafales de mitrailleuses, bombardent à coups de mortier les fermes dont plusieurs murs  s'écroulent.

Mais, de notre côté, la défense est énergique ; les chars, dont les servants voient mal car il s'est mis à pleuvoir à torrent, arrosent avec leurs mitrailleuses les lisières des bois, les vergers, les maisons éloignées du village où les Allemands ont pris pied ; les F.M. tirent sans arrêt ; tous les hommes qui ne sont pas occupés à servir des armes automatiques font feu de leurs fusils, notamment les agents de transmissions et les dépanneurs du Lieutenant BRISAC, encadrés avec calme par les Maréchaux- des-Logis PRUVOST, GODIN et LUCAS.

Cependant les Allemands, qui sont excessivement nombreux — plus d'un millier, semble-t-il — continuent à se rapprocher ; ils attaquent à la grenade, commencent escalader les murs des fermes presque encerclées lorsque le Lieutenant BRISAC reçoit l'ordre de se replier, ordre courageusement apporté par le motocycliste MANSART.

Le décrochage est difficile : il n'est pas possible d'emmener les side-cars, dont beaucoup sont d'ailleurs endommagés, sans  risquer d'être pris en enfilade sur la route par les allemands. Le Lieutenant BRISAC décide de se replier à pied, à travers champs, chacun emportant ses armes, sous la protection des chars. Le repli se fait à travers champs et, à la nuit, les pelotons motocyclistes rejoignent le gros du Régiment, fatigués mais en ordre et avec toutes leurs armes.

Le combat a été sévère : le Cavalier P... avait été tué ; le Cavalier SALAMITE, grièvement blessé, avait disparu ; treize gradés ou hommes blessés avaient dû être évacués. La mission avait été remplie, Boncourt avait été tenu jusqu'à l'ordre de repli, et les pertes des Allemands. qui avaient attaqué en masse les Cuirassiers embossés derrière les murs, se chiffraient par plus de deux cents.

 

QUELQUES FAITS D'ARMES

Le 17 juin 1940, le peloton de l'Adjudant DHUR, du 6e Cuirassiers, de la patrouille de l'Adjudant-Chef AVALLET, est chargé de la défense d'une partie de la voie ferrée, à proximité de la gare de Nogent-le-Rotrou. Les effectifs sont tellement réduits que le Maréchal-des-Logis ROSSARD sert lui-même son F.M. Il a devant lui, à 400 mètres, une crête boisée ; et, entre la crête, à 200 mètres, une rangée de pommiers. Il ne faut pas que les Allemands puissent y arriver, sous peine de déborder toute la défense. Tout à coup sortent des bois quatre Officiers allemands qui observent à la jumelle et, immédiatement après, les fantassins allemands débouchent de la crête et s'avancent vers la ligne de pommiers.
Le Maréchal-des-Logis ROSSARD ouvre un feu efficace ; les Allemands, malgré leurs pertes, avancent toujours, mais tombent de plus en plus nombreux : plus de quarante s'abattent en croisant les bras sur le corps.
L'attaque est enrayée ; le F. M., porté au rouge par la rapidité et la continuité du tir, n'a plus de munitions. Le Maréchal-des-logis ROSSARD est presque coupé de son peloton par des Allemands infiltrés à sa gauche : il se dégage en rampant et, pour n'avoir pas voulu abandonner son F.M. ni l'abîmer en le traînant, ses mains portent de graves brûlures.

Une patrouille du 6e Cuirassiers est chargée, le 19 mai 1940, de couvrir le flanc d'une attaque de chars "Somua" qui va se déclencher en direction de Le Quesnoy. La voiture du Maréchal-des-Logis-Chef DHUR est en tête. L'ennemi est nombreux et mordant ; il a des A.M. et des mitrailleuses. Le tireur (Cavalier SMAGGHE) ouvre le feu ; mais, par suite d'un incident mécanique, le frein du canon perd soudain son huile et rend l'arme inutilisable. SMAGGHE n'hésite pas : pendant que la deuxième voiture continue le tir, il descend et,  sans se soucier du feu ennemi, va chercher dans un des coffres extérieurs le bidon d'huile à canon, répare son frein, rentre dans sa voiture et reprend le tir.

 

Le 12 juin 1940. à Caillouet, le Brigadier DELENTE, du 6e Cuirassiers, est en vedette l'extrême droite du point d'appui. Surpris par l'arrivée de cinq Allemands, il en tue un ; mais les quatre autres se précipitent sur lui et l'assaillent. A ce moment, un F.M. ami ouvre le feu ; les Allemands se plaquent au sol sous la rafale. DELENTE saisit l'occasion : revolver au poing, il s'échappe d'un bond, saute dans les blés, s'éloigne en rampant et, pendant quatre heures, se glissant de culture en culture sous le feu de l'ennemi, il réussit finalement rejoindre indemne son peloton.

 

Le 17 juin 1940, la patrouille de l'Adjudant-Chef BRESSON, du 6e Cuirassiers, tient la sortie Ouest de Nogent-le-Rotrou et, au moment où une citerne d'essence vient de commencer à ravitailler le détachement, les blindés de la patrouille ouvrent le feu sur une colonne allemande qui débouche du Nord.

Sans se laisser impressionner, l'Adjudant-Chef BRESSON organise la défense autour de la citerne, qui continue son travail. Celui-ci terminé et la citerne hors de portée, la patrouille se replie, contenant par son feu l'avance adverse et aidant encore deux patrouilles voisines à décrocher.

1940 - 6e BCC

 

6e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 

 

 


Unité formée à Roullet (près d’Angoulême) le 7 Septembre 1939, par dédoublement du 1/502e et complétée par des réservistes de la région Charentaise. Armée de chars FT, à la mobilisation, puis rééquipée de chars 35 R en novembre 1939.


ENCADREMENT
Chef de Bataillon Pierre JAN,
Commandant le Bataillon.
Capitaine Paul MENARD, Chef d'Etat-Major.
Lieutenant ESPAIGNOL, Officier de Renseignements.
Lieutenant André HARTER, Adjoint Technique.
Lieutenant PRUNIER, Officier de Liaison.
Lieutenant Louis TISON, Chargé des Détails.
COMPAGNIE D'ECHELON
Lieutenant BALLIERRE  
Lieutenant René GORRET 
Lieutenant RENOND
Sous-Lieutenant RIAUD  
Lieutenant SCIERS  
Aspirant LASSEGUES
1ère COMPAGNIE
Capitaine GUILLON
Lieutenant LENOIR   
Lieutenant François PACAUD
Sous-Lieutenant Claude BRETHES  
Sous-Lieutenant René GAUTRIAND   Sous-Lieutenant Maurice PAULIAT
2e COMPAGNIE
Capitaine Jean PIPAT
Lieutenant Yves AGUESSE  
Lieutenant Pierre DUBOURG   
Lieutenant Etienne REIGNAC
Sous-Lieutenant Roger ACKER   
Sous-Lieutenant Georges DUMARCHE  
Aspirant CLOITRE

 

3e COMPAGNIE
Capitaine André SOUVERAIN
Lieutenant GANDOIS   
Lieutenant GALINIER
Sous-Lieutenant LAFITTE  
Aspirant CABE  
Aspirant DESCOMBES 
Adjudant-Chef NAUDY



  1. 1er septembre 1939 – 10 mai 1940

    SEPTEMBRE.
    Le bataillon débarque au Camp de Mourmelon et est rattaché au Groupe de Bataillon 518.
    Fait successivement mouvement sur Souain (Marne), puis Saint-Erme (Aisne), où, maintenu en Réserve Générale, il cantonne jusqu'au 14 janvier 1940.

    15 JANVIER 1940.
    Le bataillon est affecté à la 4e D.I.N.A.
    Stationnement EM et CE et 3e Cie Fourmies – 2e Cie Glageon – 1re Cie Trelon.

    FEVRIER - 10 MAI
    Le bataillon fait mouvement sur la région sud-est de Vervins - Stationnement : EM et CE -Nampcelle - 1re Cie Harcigny – 2e Cie Dagny, Lamberoy – 3e Cie Baucigny.

    II. - 10 MAI 1940 - 16 MAI 1940

    10 MAI
    En cas d'invasion de la Belgique par les armées allemandes, le bataillon devait être mis à la disposition de la IXe Armée pour participer à l'exécution du Plan Dyle. Dès l'alerte, le bataillon devait fournir 2 compagnies, transportées sur camions, pour faire mouvement avec l’avant-garde de la 18e D.I.
    Les 1re et 3e Cies sont désignées pour cette mission. Les 2e et la CE devant se déplacer ultérieurement.
    1re et 3e Cie. - L'alerte est lancée à 7h30. A 9h30, les camions de la C.T. 79 arrivent à Harcigny. Fin d'embarquement à 11 heures.
    L'ordre de départ parvient à 17 heures, destination Couvain.
    Itinéraire Plommion, la Sablonnière, Brunchamel, Mon Idée, Rocroi.
    A 20 heures, la colonne passe la frontière. Arrêt à Pont du Roi, où les compagnies doivent s'incorporer dans le gros de la colonne d'avant-garde de la division, après un groupe d'artillerie.
    Aucun élément d'artillerie n'est en vue, pas plus que d'unité de la division. Après deux heures de recherches, le P.C. de la D.I. est enfin trouvé à Villers-les-deux-Eglises.
    C.E. - La C.E. fournit aux 1re et 3e Cie, des moyens de renforcement en ravitaillement et de dépannage. Chacune est dotée d'un camion à essence, d'une camionnette avec une équipe de dépannage et de l'outillage correspondant, puis d'un camion pour transport divers.
    La C.E. ne conservant que le matériel plus usagé, en particulier, 9 camions à gazogènes.

    11 MAI
    1re et 3e Cie. - A 0h30, le chef d'EM de la 18e D.I., autorise la colonne à poursuivre son mouvement. Au passage à Philippeville, les deux compagnies sont mises à la disposition de deux Corps d'Armée différents et orientées comme suit :
    1re Cie, sur Saint-Gérard – 2e C.A. – 5e D.I.M.
    3e Cie, sur le Château de Rosée – 11e C.A. – 18e D.I.
    A cette heure, la situation des avant-gardes est la suivante :
    - au 2e C.A., les éléments de la 5e D.I. débarquent dans la région de Saint-Gérard - Mettet ;
    - au 11e C.A., les deux bataillons d'avant-garde de la D.I. qui ont été transportés en camions, le 1/66e R.I. et le 1/77e R.I. débarquent respectivement dans la région de Dinant et d'Hastières.
    1re Cie. – A 4 heures, l’unité passe à Fraire, poursuit sa marche sur Mettet, atteint la gare de Saint-Gérard vers 15h30, où il lui est prescrit de débarquer et d'aller s'établir en position d'attente, dans le parc de Maison. De 7 à 8 heures, le débarquement s'effectue sans incident, la compagnie est en place à 10 heures.
    A 11 heures, la liaison est prise avec la 5e D.I. (P.C. St-Gérard) et à midi, avec la 2e C.A. (P.C. Devant-les-Bois).
    Ordre reçu : «Reprendre la liaison demain matin».
    Situation des troupes dans l'après-midi :
    5e D.I. - Le 11/39e R.I. vers Granges.
    18e D.I. - Le 1/66e R.I. marche sur Anthée, le 1/77e R.I. est à l'ouest de Sourganes.
    Quant aux autres bataillons, ils ont encore à parcourir à pied, 85 km.
    3e Cie - Les sections débarquent sur la route de Philippeville - Rosée à 3h30, sous les couverts de la route (600 m sud-ouest de Rosée). A 5h30, la compagnie est en place à sa position d'attente dans le parc du Château de Rosée (1200 m Est de Rosée).

    12 MAI
    1re Cie. Le C.A. prescrit l'exécution d'une reconnaissance d'emploi sur le front de la 5e D.I. (du pont d'Annevoie au pont du chemin de fer, au sud d'Anhée). A 13h30, la reconnaissance part.
    Itinéraire : St-Gérard - Bioule - Annevoie - plateau d’Annevoie - Warnant - Anhée. En passant à ce dernier point, la reconnaissance assiste à 15 heures, à la destruction du pont de chemin de fer. Dans la direction de Dinant, on perçoit très nettement le bruit d'un combat (canons et armes automatiques). A 18 heures, la reconnaissance est de retour.
    Les routes sont encombrées par des colonnes de réfugiés venant de l'est de la Meuse.
    3e Cie. - A 10 heures, la compagnie est mise à la disposition de la 18e D.I. (P.C. Falaëen) et il lui est prescrit d'exécuter une reconnaissance sur Dinant - Axe Rosée-Anthée-Sommière-Dinant.
    Grosse activité de l'artillerie et de l'aviation ennemie.
    2e Cie et C.E. - Les deux unités quittent Nampcellles à 21 heures pour se porter à Samart et Neuville (C.E.), par l'itinéraire Montcornet (2e Cie), Rozoy-sur-Serre - Liart - Tremblois-les-Recroi – Couvin et Marienbourg.
    Au soir, la situation de la 18e D.I. est la suivante :
    Deux bataillons du 66e R.I. dans la région de Bouvignes ;
    Deux du 77e R.I. avec le 5e Dragons sont autour de Dinant ;
    Un bataillon du 125e R.I. avec le 19e Dragons sont à Freyr.

    13 MAI.
    A minuit, la situation générale est inquiétante. L’ennemi a franchi la Meuse à l'Ile de Houx, devant la 11/39e R.I. et à la soudure des 18e et 5e D.I.
    A 7 heures, l'ennemi continue ses infiltrations vers le château de Sennene, et à 8 heures il déborde le village d'Anhée, tenu par le III/129e R.I. qui se replie.
    P.C. – 2e C.A. : Maison - 11e C.A. : Florennes.
    1re Cie. - A minuit, la compagnie est avisée qu'un ravitaillement lui est poussé à Acoz où elle pourra en prendre livraison vers 1 heure.
    A 7 heures 30, la 2e C.A. prescrit à la compagnie de se porter à Bioul pour se mettre à la disposition de l'I.D./5, au château de Warnant.
    Le P.C. de cet état-major s'est déplacé, et après quelques recherches, il est trouvé à l'Ermitage, à la sortie est de Bioul.
    A 10 heures, la compagnie est en position d'attente dans le bois du Crucifix, sur la route de St-Gérard.
    Vers 14 heures, le Cdt de l'I.D./5 met l'unité à la disposition du 2/129e R.I. pour participer à une contre-attaque sur l'Axe Salet - Passage à niveau d’Anhée.
    Le bataillon d'infanterie était à 8 heures en réserve à Bioul et avait reçu l'ordre de se porter sur Haut le Wastia.
    A 14 heures, la compagnie est en place, mais le bataillon est ralenti dans son mouvement par le harcèlement de l'aviation ennemie, qui sans interruption le poursuit depuis son départ de Bioul.
    Il ne parviendra à Haut le Wastia qu'en soirée, après une marche de 9 heures. Aussi à 21 heures, la compagnie reçoit-elle l'ordre de rejoindre Maison.
    2e Cie. - A 4h30, la colonne portée parvient à la cote 189 (2 km de Mariembourg, sur la route de Couvin -Philippeville).
    Le débarquement des chars s'effectue sous le bombardement de l'aviation ennemie. Les sections de combat sont rassemblées dans un bois proche de la route.
    A 11h30, sur la demande du 11e C.A., l'unité est mise à la disposition de la 18e D.I. Toujours sous les bombes et les feux de mitrailleuses de l'aviation ennemie, la compagnie est poussée dans les bois (2 km nord de Anthée). L'ennemi occupe les lisières ouest du bois de Surinvaux (Est de Haut-le-Wastia). Le 11/66e R.I. tient les lisières du bois de Foye avec des éléments du G.R.D.I. 30. Aucune liaison n'a pu être obtenue avec les bataillons des 77e R.I. et 125e R.I. La division tente d'accélérer l'arrivée des bataillons du gros. Mais la marche de ces unités est ralentie par suite des longues étapes effectuées depuis deux jours.
    En attendant leur arrivée, le Cdt de la 18e D.I. reçoit l'ordre d'attaquer le plus rapidement possible, avec deux bataillons du 39e R.I., prêtés par la 5e D.I.
    Missions de ces bataillons : Avec l'appui d'une compagnie de chars, contre-attaquer pour reprendre le bois de Surinvaux (H : 19h30).
    La situation générale est de plus en plus confuse. Le Colonel Cdt le 39e R.I., en venant en liaison évite de justesse un groupe d’éclaireurs allemands au pont du chemin de fer de Sosoye.
    A 18h30, le Cdt du 39e R.I. rend compte que ses unités n'auront pas atteint la base de départ à l'heure fixée ; aussi reporte-t-il l'heure H à 20 heures. Mais à 19h45, il fait connaître que l'attaque ne pourra avoir lieu.
    A 21h00, un ravitaillement est dirigé sur Rosée, mais l'unité s'est déplacée et reste introuvable.
    3e Cie. A 8 heures, le Cdt de la 18e D.I. prescrit à la compagnie de se porter au bois de la ferme de Bois-Couvert. A 11 heures, le bond est exécuté et la division lui demande de pousser à la corne nord du bois de Loumont.
    A 13 heures, la compagnie est mise à la disposition du 39e R.I. pour attaquer dans la région nord de Hontoir, sur l'axe lisières est du bois de Foy, corne ouest du bois de Surinvaux (H. : 19h30).
    A 19 heures, la compagnie parvient au château de Montaigle. A ce moment, l'infanterie est encore très loin de sa base de départ, l'attaque est reportée à 20 heures.
    La ferme de Hontoir est tenue par le 66e R.I., avec à sa droite, vers Rostenne-Montnoir, un élément de chars du G.R.D.l. Un autre élément de cavalerie tient Haut-le-Wastia.
    Les chars de la compagnie occupent leur position de départ à la lisière ouest du bois de Foy.
    Mission : Attaquer et neutraliser les lisières des bois de Surinvaux.
    De H à H +12, des tirs d'artillerie doivent être effectués sur les lisières sud du Bois de Surinvaux.
    A 20 heures, l'artillerie déclenche ses tirs, les chars partent à l'attaque. Le 39e R.I. est absent et le 66e R.I. tient la base de départ sans participer à l'attaque, même pas un appui de feux. L'ennemi réagit par des tirs d'armes automatiques jusqu'au passage de la route de Sommières - Haut-le-Wastia, puis par un barrage d'artillerie qui s'applique à 300 mètres à l'est de la route. Les lisières du bois de Surinvaux sont atteintes, l'ennemi abandonne sa position, laissant sur le terrain 70 tués et de nombreuses armes.
    Les chars continuent leur progression durant 3 km, sous les tirs de mitrailleuses.
    Grange est atteint et nettoyé. Huit prisonniers sont capturés.
    L'infanterie est toujours absente. Les prisonniers indiquent que leur formation a passé la Meuse à 10 heures le matin même, en canot caoutchouc (effectif, environ quatre compagnies).
    A 22 heures, le Cdt Thiery, du 66e R.I. donne à la Cie l'ordre de tenir prête une section, pour intervenir à 4 heures le lendemain, avec mission d'intervenir au profit du Point d'Appui d'Hontoir. Il lui est fait remarquer que l’unité est à la disposition du 39e R.I. et non du 66e R.I.
    A 22h30, la compagnie est remise à la disposition de la 18e D.I.
    Le Commandant de la compagnie devant se présenter à heures au P.C. de Falaëen.
    La compagnie est isolée, sans liaison avec le bataillon.
    C.E. - La C.E. gagne Neuville. Un unique couvert existe, un bois de peupliers dans un coin marécageux, où le stationnement des véhicules serait inopportun. Aussi sont-ils parqués dans le village. (Ultérieurement le village sera épargné par les bombes, alors que le bois sera rasé).

    14 MAI
    Au cours de cette journée, toutes les actions se déroulent sous le tir infernal de l'aviation ennemie qui harcèle les moindres détachements, alors que les mouvements sont déjà ralentis par les obstructions de matériels de toutes sortes détruits, les trous de bombes et les cadavres de chevaux morts.
    Sous la pression des engins blindés ennemis, les événements se succèdent avec rapidité. Les chars adverses sont 6 à 7 fois plus nombreux que les nôtres. Nos unités attaquent énergiquement sans appui d'infanterie, et à l'initiative des chefs de sections de chars.
    Malgré ces coups de boutoirs, l'action des blindés adverses ne faiblit pas.
    A 4h45, la situation générale est la suivante : A la 5e D.I., avec le 2/14e R.D.P., appuyé par des éléments blindés du G.R.D.l. N°1, s'empare de Haut-le-Wastia. Mais à ce moment, le 2e C.A. donne l'ordre de repli. Repli qui sera terminé à 10 heures.
    A la 18e D.I., le bataillon du 39e R.I., après une étape de nuit de 25 km, continue sa progression sur le bois de Surinvaux. Dès son débouché, il est contre-attaqué par des chars ennemis qui font avancer devant eux une centaine de prisonniers français, bras levés, et à son tour, le 1/39e est capturé.
    D'heure en heure, la situation devient de plus en plus confuse.
    Des engins blindés sont signalés partout, avec cependant une pression plus marquée sur l'axe Dinant - Philippeville. De plus, des parachutistes sont largués dans les bois de Rosée, d'où ils harcèlent nos troupes.
    Les liaisons entre le bataillon et les unités sont extrêmement précaires. A la fin de la journée, les contacts seront à peu près inexistants et n'auront lieu que par suite de rencontres fortuites.
    Au soir, la 4e D.I.N.A. vient s'intercaler entre la 18e et la 22e D.I.
    Au cours de la nuit, la 2e compagnie du 32e B.C.C., coupée de son bataillon, arrive au château de Rosée.
    1re Cie. - A Maison, où la compagnie arrive à 1 heure, elle apprend qu'elle est maintenue en réserve du 2e C.A. (P.C. Florennes).
    A 5h30, la liaison est prise (château de la Neffe), qui lui prescrit de se porter à Denée, où elle parvient à 8 heures. La route Maison - gare de St-Gérard est tenue en permanence sous les bombes de l'aviation allemande.
    Le repli des unités de cavalerie est accompli à 10 heures.
    A 12h30, le C.A. met la 1re compagnie à la disposition du 14e Dragons (Colonel du Temps) à Bioul, où elle est maintenue en réserve. (Le Colonel du Temps est tué et le commandement est assuré par le Commandant Pommarès).
    Les sections de combat s'établissent en position d'attente dans le bois nord-est de Bioul et la S.E. dans le parc de Denée. C’est à cette position que lui parvient l'ordre de se mettre à la disposition de l'escadron Roland, avec lequel, à 16 heures, la liaison est prise à la mairie de Bioul.
    L'action est envisagée de part et d'autre de la route Bioul - Annevoie - Rouillon, en liaison avec le groupe moto du 14e Dragons.
    A 17 heures, l'ordre de repli sur St-Gérard est donné, la compagnie va stationner sur la route St-Gérard - Fosse, à la sortie de St-Gérard ; la S.E. à l'entrée de Fosse, et l'échelon sur roue à Vitrival.
    A la tombée de la nuit, la compagnie est mise à la disposition du 8e Dragons (Colonel Grévy), chargé de la défense de St-Gérard.
    Vers 23 heures, les sections sont en place dans le bois nord-ouest de St-Gérard, face au sud, pour être en mesure d'entrer en action au petit jour.
    2e Cie. - Contact est pris avec la 18e D.I. à 3 heures.
    A 11 heures, le Cdt du bataillon 1/66e R.I., rencontré à la ferme de la cote 268 (300 m Nord-Ouest du bois Ftroul) demande de porter la compagnie en position, pour face éventuellement au débouché d'engins blindés des villages de Weillen et de Gérin (1 km 5 sud de Weillen).
    Ces deux villages sont distants de 1.500 m et séparés par une profonde vallée. En raison du terrain, cette double mission est inexécutable dans le temps prescrit par la même unité. Aussi, après entente entre les commandants d'unités, il est décidé que la 2e/6 prendra à son compte l'interdiction de Weillen et le plateau à l'ouest, tandis que la 3/6 assurera la mission sur Gerin, entre la ferme Ftroul et la cote 252, sur la route de Weillen à Fler (1500 m ouest de Weillen).
    A 14 heures, le mouvement est terminé, le P.C. de la Cie est à la ferme du bois Le Couvert (600 m nord de Floer) et à 16 heures, la compagnie reçoit l'ordre de se porter à la lisière nord du bois de Ftroul.
    A 19 heures, sur ordre du bataillon, l'unité est en place.
    A 23 heures, aucune unité d'infanterie n'est présente, la compagnie se replie jusqu'à l'entrée de Flavion où elle s'installe en D.C.B.
    3e Cie. - A 4h30, le général Cdt la 1re D.L.C., irrité de savoir qu'une compagnie de chars est inemployée au château de Montaigle, somme le chef de bataillon de la diriger sans délai sur le bois de Fter.
    A 8 heures, la 18e D.I. donne l'ordre de porter la compagnie en D.C.B. aux lisières sud du bois de Ftroul, en mesure de contre-attaquer les engins blindés ennemis signalés au bois de Weilien.
    Sur ces entrefaites, le Général Cdt la 1ère D.L.C. annule l'ordre et prescrit de porter immédiatement les quatre sections en D.C.B. aux carrefours suivants :
    1° d'Anthée - 2° sud d'Ostemerée - 3° nord d'Ostemerée - 4° de Seraville (étalement de la compagnie 2 km).
    A 10h30, la mise en place est terminée, et à 13h30, la section du carrefour d'Anthée reçoit l'ordre de quitter son poste et de rejoindre Rosée.
    A 16 heures, le commandant du 32e B.C.C. arrive pour prendre la relève de la compagnie et contre-attaquer.
    A 17 heures, des blindés ennemis attaquent. Leur progression est arrêtée aux abords de Moerville mais l'ennemi tient sous son feu la route Moerville - Rosée. La section se replie sur Philippeville après la relève du 32e B.C.C.
    Vers 19h30, au fur et à mesure de la pénurie de munitions, les unes après les autres, les sections décrochent. La 3e rallie le bois de Rosée, puis à la nuit, Philippeville ; la 2e se replie sur Ostemerée, le château d'Anthée et Flavion, et la 4e effectue le même mouvement par Serville et Flavion.
    Une section réduite à 2 chars est attaquée par 14 AM ennemis. Les deux appareils font face et détruisent 7 blindés adverses. Ce n'est qu'à 21 heures que la 1re section, totalement dépourvue de munitions abandonne Moerville et regagne le bois de Rosée.
    A 22 heures, liaison avec la 18e D.I. à Florennes.
    La compagnie est réduite à 6 appareils.
    A 17 heures, 4 chars qui avaient perdu le contact avec le bataillon se mettent à la disposition du Cdt Bonnot, Cdt le 26e B.C.C. (1re D.C.R.) qui se dirige sur Mettet.
    C.E. - La C.E. reçoit l'ordre de se porter dans la région de Froidchapelle en laissant un élément avancé à Neuville (Lt Gorret).

    15 MAI
    Au jour, les unités du bataillon sont totalement isolées, aucune liaison n'existe entre elles, pas plus qu'avec le bataillon. La 1re Cie est à l'est de Denée, la 2e au sud-ouest de Florennes et la 3e dans le bois, 3 km sud de Florennes.
    A midi, le G.B.C.C. 518 prescrit de mettre le bataillon à la disposition du 2e C.A. (P.C. Joncret). Le Cdt de bataillon va tenter un regroupement de ses compagnies dans la région de Walcourt.
    A 12h30, le P.C. du bataillon quitte Neuville pour reioindre le P.C. du 2e C.A. Itinéraire Neuville - Senzeille - Soumoy - Boussu-les-Walcourt – Silenreieux - Walcourt - Joncret.
    Malheureusement l'ordre de regroupement coïncide avec la recrudescence des attaques ennemies et les éléments du bataillon sont tous engagés. Partout où ils se trouvent, ils combattent isolément à la demande des combattants de première ligne.
    D'heure en heure les liaisons deviennent de plus en plus précaires.
    A l'échelon du bataillon, tout commandement est devenu impossible.
    Le 2e C.A. fixe l'axe général de repli par Cerfontaine - Froidchappelle - Rance.
    A 20 heures, le bataillon prend contact avec le G.B.C. 518 à Colleret.
    1re Cie. - Vers 1 heure, la compagnie est en place à sa position de départ devant St-Gérard. Toute la nuit se passe à effectuer des reconnaissances de terrain et réaliser des liaisons avec les éléments de cavalerie qui occupent le terrain.
    A l'aube, lors d'une liaison, on constate que le P.C. du C.A. qui se trouvait à Devant-les-Bois, s'est déplacé et ce n’est que vers 8 heures qu'il est retrouvé à Le Charnoy, à l'ouest d'Acoz.
    La compagnie est maintenue à la disposition de la 5e D.I., mais le P.C. de cette dernière reste introuvable, un seul P.C. est trouvé à Pontaury, celui du 8e Dragons.
    A 12h30, sur la demande des cavaliers, trois sections partent à l'attaque sur la droite de St-Gérard, qui, tenu par le 8e Dragons menace d'être tourné par les infiltrations ennemies.
    A 15 heures, nouvelle attaque dans les mêmes conditions, mais cette fois sur la gauche.
    Sous l'action de la contre-attaque, l'ennemi se replie dans les bois.
    A 19 heures, violent bombardement d'artillerie sur l'emplacement de la P.D. et à 20 heures, l'ennemi déclenche son attaque.
    Au moment où les sections allaient déboucher, alors que les équipages étaient en chars, parvient l'ordre de rejoindre immédiatement Mettet pour y être mis à la disposition du Colonel Préaud commandant le Groupement des G.R.
    Sous le tir de l'artillerie ennemie, les sections font face à l'adversaire. Les chars attaquent et freinent le débouché de l'adversaire
    Cet effet atteint, les chars se replient, mais au lieu de regagner leur position de départ, ils se regroupent sur la route de St-Gérard, puis ensuite, par Maison, regagnent Mettet.
    Dans la nuit, au cours de ce déplacement, avant de parvenir à Maison, la colonne est attaquée par 3 AM françaises qui prennent les chars pour des engins ennemis. Le char de tête du Lt Pacaud est immobilisé par deux coups de 25 tirés à une dizaine de mètres.
    La colonne poursuit sa marche et à minuit, arrive à Mettet.
    2e Cie. - A 1h30, la 18e D.I. (P.C. Florennes) prescrit de regrouper la compagnie dans les couverts de Florennes, où elle s'installe en D.C.B. à 3h30, gardant les directions de Rosée - Biesmeré - Philippeville.
    L'échelon est dirigé sur Mariembourg par l'itinéraire St-Aubin - Yves - Gomezée – Daussois - Soumoy - Cerfontaine. L'échelon trouve la route de Daussois coupée et le commandant de la colonne ramène ses tracteurs à Colleret avec la C.E. (11 km est de Maubeuge).
    A 6 heures un ravitaillement en vivres et essence parvient à l'unité. Au bois des Acandries, une reconnaissance prend contact avec le P.C. du bataillon qui prescrit à la compagnie de se replier vers l'ouest.
    De midi à 17h30, aucun passage de troupe n'a lieu, le commandant de compagnie décide de faire mouvement en direction de Mariembourg par St-Aubin - Yves - Gomezée - Route Nat. 5 - Philippeville.
    A 19h30, à Philippeville, au carrefour des RN 5 et RN 46, une AM ennemie est détruite par un de nos chars et un groupe moto allemands pris sous notre feu fait demi-tour.
    A l'entrée de Neuville, un barrage anti-chars arrête la colonne, les armes assurant la protection tirent sur nos appareils. Le commandant de Cie, son mécanicien et un chef de section sont blessés.
    La colonne force le barrage et pousse sur Mariembourg. Rattrapée par un motocycliste de la 4e D.I.N.A., celui-ci informe le Cdt de Cie que ce sont nos troupes qui ont tiré sur les chars et le Général commandant la division demande aux chars de protéger le repli de son P.C.
    Après avoir accompli cette mission, la compagnie poursuit son mouvement. Informée que le pont de Mariembourg est coupé, une reconnaissance est envoyée à la recherche d'un gué permettant de passer la Brouffe. Ce cours d’eau est franchi à l'ouest de Géeronsarts (3 km nord de Mariembourg). En évitant les ponts, la compagnie est ramenée en forêt de Trèlon par Géeronsarts – Froidchapelle - Eppe - Sauvage - Trelon.
    3e Cie. - A 4h30, la section Gandois et le char de Commandement ont rallié le bois de Chaumont (2 km sud-est de Florennes). Les 1re et 3e sections se sont repliées de Rosée sur Philippeville. A 10 heures, la 1re section Naudy est retrouvée à Neuville et va rejoindre le bois de Chaumont.
    L'ennemi atteint Philippeville à 11 heures. La 3e section se replie sur Couvin.
    Liaison prise avec le 11e C.A. à Froidchapelle à 13 heures.
    A 16 heures, le Cdt de la 18e D.I. organise la défense du pont sud de Beaumont et demande à la compagnie de coopérer à la mise en place de la D.C.B. L'organisation est en place à 20 heures. Le Cdt de la D.I. libère l'unité qui doit rejoindre le P.C. du Cdt des chars de l'Armée à St-Quentin.
    C.E. - La compagnie reçoit l'ordre de se replier sur Solre-le-Château avec les éléments de ravitaillement.
    A 3 heures un ravitaillement est dirigé sur les 2e et 3e compagnies à Florennes : 7.000 litres d'essence, 10.000 cartouches et 100 obus.
    Seul le ravitaillement destiné à la 2e Cie parviendra à l’unité.
    A 15 heures, la Cie stationne au bois de Martinsart où elle reçoit l'ordre de se porter d'urgence à Clermont.
    Les routes sont embouteillées, les ponts coupés et une partie de la colonne déviée sur Solre-le-Château.
    A Clermont l'unité reçoit l'ordre de se rendre à Colleret.
    Grave erreur d'éparpiller un bataillon à cheval sur deux corps d'armées et sur 20 kilomètres de front.
    Cette coupure de l'unité diminue considérablement les capacités du bataillon. Les liens tactiques sont rompus, les liaisons inexistantes, quant aux ravitaillements, ils deviennent problématiques en raison de l'ignorance des lieux de stationnement des unités et de leurs besoins.
    Les trois premières journées de combat se passent sous les bombes des stukas qui adaptent leur formation d'attaque aux objectifs, en file, en ligne, en piqué, par vagues successives, maintenant une permanence totale d'insécurité. Même les isolés sont contraints de s'arrêter 15 à 20 fois sur un parcours de 10 km. En 24 heures, les routes sont rendues inutilisables, coupées par des entonnoirs de 4 à 5 mètres de profondeur et de 10 de diamètre.
    Le 16 au matin, malgré les efforts de son commandant, le bataillon unité tactique n'est plus qu'un souvenir.
    La 1re Compagnie, abandonnée aux ordres de tous ceux qui la rencontrent. Elle court du sud au nord, de l'est à l'ouest. Toutes les missions qui lui sont confiées sont exécutées. Mais le chef qui a pris l'initiative de son engagement disparaît sans se soucier de la destinée de l'unité. Il lui faudra arriver à Maubeuge pour trouver un climat plus coopératif avec les autres armes. Il est vrai qu'à ce moment les rescapés qui se retrouvent en ce lieu sont dans une situation identique et ils n'ont plus qu’à compter sur eux-mêmes.
    Aux 2e et 3e compagnies, la situation n'est pas meilleure.. Ordres, contre-ordres, missions constamment modifiées, contre-attaque sans aucun appui, pas plus d'infanterie que d'artillerie que d'anti-chars.
    Comme la Première, les 2e et 3e sont isolées, sacrifiées et ignorées dès que le danger est passé.
    Engagements dans un climat de déroute, sans considération des possibilités techniques, sans tenir compte des modestes remarques exprimées par les cadres des chars, non pour contrecarrer les utilisateurs, mais pour donner plus d'efficacité aux opérations envisagées.
    La désorganisation des troupes est totale. La situation de la 2e compagnie en est un exemple.
    Le 16 à 20 heures, le capitaine n'ayant plus de liaison avec ses supérieurs, se met à la recherche de ses supérieurs et d'une possibilité de ravitaillement en essence.
    Ses recherches se prolongent et lorsqu'il trouve une possibilité de ravitaillement, il se heurte à l’incompréhension d'un état-major. Le 17 au jour, le Lieutenant en premier, se trouve abandonné avec la colonne de chars, ne voyant pas revenir son capitaine et pour éviter la capture sans combattre, il décide de faire mouvement vers l'ouest.
    Et le jour même, à 23 heures, il apparaît sur l'Oise, devant les éléments de la 2e D.C.R.
    Douloureuse lecture que celle des épreuves du 6e Bataillon.
    Sans relâche, le personnel est sur la brèche. Si la désorganisation du commandement des grandes unités fut complète, les compagnies restent homogènes autour de leurs chefs. Au milieu de groupes d'isolés perdus, de fuyards aussi, de civils affolés, sous les bombes des stukas, du harcèlement des panzers, on constate que les équipages sont restés disciplinés, animés du plus bel esprit char.
    L'EQUIPAGE, les EQUlPAGES, tradition de la VIEILLE A.S. Le 6e Bataillon de Chars de Combat en est un bel exemple, et tous ont inscrit une bien belle page d'héroïsme au livre d'or des CHARS.

    III - 16 MAI 1940 - 25 JUIN 1940

    Le 16 Mai, la dissociation du bataillon est totale. Les liens organiques sont rompus et trois éléments du bataillon vont avoir des destinées bien différentes.
    Tout d'abord un groupe rassemblera des éléments de l'Etat-Major du bataillon, la majeure partie de la C.E. et quelques fractions des compagnies.
    Quant aux 1re et 2e compagnies, totalement coupées du bataillon ; l'une va coopérer à la défense de Maubeuge, l’autre s'incorporera par hasard à la 2e D.C.R.

    A - GROUPE DE L'ETAT-MAJOR DU BATAILLON

    16 MAI
    Au milieu des colonnes de réfugiés et de troupes qui se replient, un groupe se reconstitue, composé de l'Etat-Major du bataillon, de la C.E., de véhicules du 32e B.C.C., de la C.T. 79, enfin quelques éléments de la 3e compagnie.
    Vers 3h30, des chars H39 du 26e B.C.C. (1re D.C.R ) en retraite, signalent l'ennemi à l'ouest de Walcourt.
    A 11 heures, liaison avec le G.B.C.C. 518 à Noyon, qui fixe les points de regroupements :
    6e B.C.C. et C.T. 79 ; Bethisy-St-Pierre ; 32e B.C.C. ; Bethisy-St-Martin. La C.E. qui avait reçu l'ordre de stationner dans la région de Solre-le-Château trouve ce secteur encombré de réfugiés, farci de batteries d'artillerie rendant impossible tout mouvement et même stationnement.
    Même situation au bois d'Euclin, près de Potvin.
    A 8h50, la colonne fait mouvement sur le bois de Nouvion et à 11 heures, sur l'ordre du Cdt des Chars de l'Armée, elle se porte sur le bois de Fay (environs de Guise).
    A Vervins, les véhicules de la colonne sont mitraillés par des AM ennemies, le personnel est fait prisonnier, est abandonné sur la route sans aucune garde. Fort opportunément, quelques temps après, ces éléments sont récupérés par l'Etat-Major du Bataillon.

    17 MAI
    Les officiers du groupe continuent les recherches sur Guise - St-Quentin - Bohain et Amiens. Grâce à ces recherches, 13 véhicules commandés par l'Adjudant Lassègues sont récupérés.

    20 MAI
    Mouvement du groupe par Chaumont-en-Vexin - Villeneuve et Chambly où il parvient dans l'après-midi.
    Un détachement de la C.E. retourne à Amiens pour y récupérer le personnel et le matériel du G.B.C.C. 518. Itinéraire Gisors - Aumesnil - Beauvais et retour à Chambly.
    Un détachement du Lieutenant Rémond, avec des véhicules d'autres unités rejoint Chambly.
    Chefs de détachement réunis au groupe 6e B.C.C. : Capitaine Souverain 32e B.C.C. : Capitaine Bertrand

    21 MAI
    Dans l'après-midi, déplacement sur Chapel-par-Beaumont, rive droite de l'Oise - l'Isle - Adam - Auvers - Pontoise - Naumeal - Meulan - Les Mureaux - Chapes.

    22 MAI
    Départ à 9 heures, sur Houdan. Itinéraire Les Alluets - Bazemont - Maule - Thoiry - Septeuil - Omillien.
    Deux officiers sont envoyés à Compiègne pour tenter de regrouper des éléments du G.B.C.C 518, qui paraît-il seraient isolés dans ce secteur.

    21 JUIN
    Mouvement sur Savignac - La Boissière - Ajat - La Garde - Rouffignac - Le Bugue - La Caux en Bigaroque.
    A 5 heures, P.C. Thiviers. – 6e et 38e B.C.C.
    A 9 heures, la C.E. est dirigée sur Belvès.
    Les éléments des compagnies sont cantonnés sur la route de Nontron - Thiviers (6 km de Thiviers).

    22 JUIN
    Le 38e fait mouvement, départ 17 heures, arrivée à Relces vers 24 heures.

    24 JUIN
    L'équipe de dépannage du Sgt-Chef Martin et le groupe d'approvisionnement de la C.E. rejoignent à Faverolles.

    B - 1re COMPAGNIE - DEFENSE DE MAUBEUGE

    16 MAI
    Au jour le P.C. du Colonel Préaud est trouvé. Le Cdt des G.R. prescrit à la compagnie de se porter dans le boqueteau sud-ouest de Mettet et d'y attendre de nouveaux ordres.
    Les chars sont placés en D.C.B. Deux chars indisponibles sont mis en position, l’un à la gare de Mettet, avec un détachement du 129e R.I., l'autre en surveillance à la position d'attente.
    Les demandes de ravitaillement au bataillon restent sans réponse.
    Les motocyclistes qui lui sont envoyés ne reviennent pas. Enfin, grâce à un groupe du Train, les pleins peuvent être reconstitués à 120 litres par char.
    A 11 heures, la compagnie reçoit l'ordre d'attaquer en direction de Biesmérée - Oret, afin de permettre le décrochage du bataillon (Pommery), du 14e R.D.P.
    Dès l'apparition des chars, l'artillerie ennemie déclenche un violent barrage. La compagnie protège le repli des unités sur Biesmérée.
    Au cours de l'après-midi, l'unité opère une contre-attaque afin de dégager de l'étreinte de l'ennemi, les éléments qui se replient par la route.
    Ensuite la compagnie se replie par Biesmes - Fromiée - Gerpines, où la colonne parvient à 17 heures et prend contact avec le Commandant Bonnot, du 26e B.C.C., lui-même coupé du reste de son bataillon.
    La compagnie reçoit l'ordre de garder le passage supérieur sur la voie ferrée et les accès de Gerpines avec un peloton du 8e Dragons. La liaison est recherchée à Nalines. Le lieu a été bombardé, il n'existe plus que décombres de voitures et de camions.
    A 21 heures, l'ordre de repli prescrit l'itinéraire : Les Flaches - Nalines - Ham - Marboix - Thuin - Biercée - Ombois - Fontaine-Haute - La Bussière - Merbes - Le Château - Erquelines. La traversée de Nalines s'effectue au milieu des flammes.
    A Erquelines, les pleins sont recomplétés grâce à de nombreux bidons d'essence abandonnés sur un camion.
    La colonne se divise en deux groupes, l'un de 5 chars avec le Cdt de compagnie, l'autre de 4 chars avec le Lieutenant Pacaud.

    17 MAI
    A partir de ce jour, la compagnie va coopérer à la défense de Maubeuge, mêlée à d'autres unités de chars.
    Tout d'abord, il y aura le Commandant Bonnot, Commandant du 26e B.C.C., qui va assumer les responsabilités «DES CHARS» présents à Maubeuge.
    A partir de cette date, les unités citées sont indiquées par le nom de leur chef.
    DETACHEMENT BONNOT - 26e B.C.C. - Le commandant reste à Mettet pour recueillir les éléments de son bataillon qui auraient été épargnés dans le combat de Flavion et il rassemble les quelques éléments suivants : Lieutenant Pradat (2/26), Lieutenant Postel Vinay (1/26), Aspirant Aunont (2/26), Aspirant Coulomb (3/26), Adjudant Laurent et Sergent Puech (3/26). (Le char de Postel Vinay portait la trace de 117 impacts de 37 et d’un nombre incalculable de balles de mitrailleuses, les épiscopes brisés, la tourelle bloquée par un projectile, la chenille marquée de 18 obus avait ses galets brisés).
    DETACHEMENT GUILLON – 1/6e B.C.C - Toute la nuit poursuit son repli, passe à Jeumont, Erquelines, Grand-Rong, Vieux-Remy. Quatre bras étant occupé par l'ennemi, le régulateur routier dirige le détachement sur Maubeuge.
    A la pointe du jour, la Sambre est franchie. Le groupe du Capitaine arrive dans la ville à 7 heures, celui du Lieutenant Pacaud à 9. Les chars profitent des distributeurs d'essence abandonnés pour faire leur plein, puis se rassemblent sur la route de Maubeuge à Avesnes.
    La ville est bombardée par l'aviation allemande. Malgré les recherches, on constate l'absence d'autorité dans la ville.
    Le Lieutenant Pacaud rencontre le Lieutenant Andris, du 39e B.C.C., accompagné d'un détachement de son bataillon, qui lui communique l'ordre qu'il a reçu du Général Cdt la Région fortifiée. « Porter ses chars à Mondourliers et y attendre de nouveaux ordres. De plus, informer de ces dispositions, toutes les fractions de Chars qu'il rencontrerait ». Vers midi, la compagnie se trouve aux abords de Mondourliers avec des chars du 39e B.C.C., où ils stationnent jusqu'à 16 heures. Aucun ordre ne leur parvenant, le Capitaine décide de revenir sur Maubeuge.
    A 18 heures, le Capitaine Chardon, du 6e R.T.M. rejoint la colonne. Il est porteur d'un ordre du Commandant de la région fortifiée de Maubeuge. Tous les chars doivent se rassembler dans la région de Boussois.
    DETACHEMENT BONNOT. - L'ennemi occupe Beaumont et Avesnes. Le Commandant reçoit du Commandant du Secteur de Maubeuge, l'ordre général de replier toutes les troupes au nord de la Sambre.
    Le Commandant avec son détachement passe le fleuve au pont d'Assevant, au milieu d'un mélange d'unités des 84e R.I. - 31e Dragons - 6e R.T.M. - 158e R.I.
    Le Commandant du 6e R.T.M. a reçu la mission de défendre Maubeuge avec toutes les troupes qui reflueraient dans la région, le Commandant Bonnet se met à sa disposition.
    Le char de l'Aspirant Coulomb, en panne de moteur est laissé au pont d'Assevant en D.C.B., celui du Sergent Puech, même mission au pont de Boussois.
    Deux tracteurs de ravitaillement du 39e B.C.C. se regroupent au détachement du Commandant.
    P.C. du 6e R.T.M. - Le Maroc, P.C. du détachement de chars, avec celui du Cdt de la défense.

    18 MAI.
    Au jour, le Commandant Bonnot constitue une compagnie de marche.
    6e B.C.C. - Section Sous-Lieutenant Pauliat : 3 chars.
    6e B.C.C. - Section Lieutenant Pacaud : 3 chars.
    6e B.C.C. - Section Sous-Lieutenant Gautrand : 3 chars.
    Capitaine Guilloti 1/6e BCC
    39e B.C.C. - Section Lieutenant Balbry : 3 chars.
    39e B.C.C. - Section Lieutenant Goupil : 3 chars.
    39e B.C.C. - Section Aspirant Bouilliez : 2 chars.
    Lieutenant Andris, 39e B.C.C.
    26e B.C.C. - Section Sous-Lieutenant Pradat : 3 chars.
    Tous ces éléments stationnent sous les couverts du Château du Maroc.
    A 10 heures, les allemands passent la Sambre à Maubeuge (tous les ponts étant intacts) et tentent de déboucher par la porte de Mons, où des blindés de cavalerie ne parviennent à les contenir.
    La section Pradet est envoyée pour soutenir ces derniers éléments.
    De 11 heures à 18 heures, la section détruit 5 chars allemands, dont deux de gros modèle. L'un de ces appareils est immobilisé sous la voûte de la porte de Mons qui se trouve ainsi barrée.
    Le Sous-Lieutenant Postel Vinay est tué par un obus qui a pénétré dans la tourelle.
    A 18 heures, le Lieutenant Pradet qui va manquer d'essence et de munitions se replie par la route de Mons. En arrivant aux abords du fort des Sarts, les deux chars qui lui restent sont pris à partie par une pièce de 75 française qui envoie un obus dans la tourelle du char, tuant le Lieutenant.
    Seul le char de l’Aspirant Aumont peut rentrer dans nos lignes.
    Pendant ce temps le commandant du 6e R.T.M., faisait occuper le fossé antichars face à Maubeuge par un de ses bataillons. La compagnie est mise à sa disposition pour coopérer à cette mission.
    La compagnie Guillon est dirigée aux abords d’Elesme, où elle se tiendra en position d'attente, prête à intervenir.
    La compagnie Régent, 39e B.C.C. sont maintenus en réserve à Boussois.
    P.C. du Commandant Bonnot : Lisières nord de Boussois.
    COMPAGNIE GUILLON. - Grâce aux distributeurs abandonnés et à quelques voyages sur le dépôt de Donzy, les pleins des appareils sont complétés.
    Les sections reçoivent les missions suivantes :
    Section Pauliat : lnterdire le passage du Pont de Boussois avec des éléments du 8e R.I.
    Sections Pacaud et Gautrand : Chargées d'appuyer le 11/6e R.T.M.
    (Cdt Humbert) pour tenir le terrain entre la Sambre, à l'amont d'Avesnes et la route Maubeuge - Mérieux, à cheval sur la butte de Tir.
    Vers midi, l'infanterie va occuper ses positions, les chars s'établissent en D.C.B. à hauteur de la butte de tir, en direction de Maubeuge, pour protéger l'organisation de la position.
    Dans l'après-midi, la position est sérieusement bombardée par l'artillerie ennemie.
    A la nuit, les chars gagnent une position d'attente en arrière de l'infanterie, tandis que les cadres, accompagnés du Cdt du 6e R.T.M. effectuent la reconnaissance des avant-postes.

    19 MAI
    Les allemands s'infiltrent le long de la Sambre. L'Aspirant Coulomb, avec son char immobilisé, toute la journée sous un tir de mortiers très nourri, continue de remplir sa mission, lorsque au soir, un projectile met son arme hors d'usage ; au cours de la nuit, malgré les tirs ennemis, on parvient à le remorquer.
    La pression commence à se faire sentir sur Assevant, tenu par le 31e Dragons (Cdt Alquier Bouffard), renforcé d'une compagnie de mitrailleuses du 84e R.I. et d'une compagnie du 158e R.I.
    Jusqu’à 3 heures, la nuit se passe sans incident. Le 11/6e R.T.M. reçoit l'ordre de se replier sur Valenciennes à partir de 5 heures. Mais un quart d'heure avant l'exécution, l'ennemi déclenche une attaque appuyée par un violent bombardement d'artillerie.
    Vers 10 heures, l'ennemi s'est infiltré dans Assevant. Les sections Pacaud et Gentrand sont engagées. L'une à droite du village, jusqu'aux pics de la Sambre, l'autre dans Assevant.
    Dès le débouché, les chars sont pris là partie par des engins anti-chars : mais l'apparition de nos appareils arrête la progression de l'ennemi.
    Dans l'après-midi, nouvelle demande d'intervention pour protéger le repli du 11/6e R.T.M., les deux sections sous un violent bombardement (cinq chars) attaquent et dégagent les unités d'infanterie. A la tombée de la nuit, les liaisons sont reprises avec le Cdt du 6e R.T.M, et le Commandant Bonnot.
    Toute la nuit, les chars sont maintenus à la position d'attente et sont soumis à des tirs de mitrailleuses à balles traceuses qui les contraignant à se replier à l'entrée d’Eslesme, dans un boqueteau, le long de la route Assevant - Eslesme.

    20 MAI
    Au lever du jour les sections sont ravitaillées par une citerne du 39e B.C.C.
    Les indices d'attaque de l'ennemi se précisent, les troupes, à 7 heures, reçoivent l'ordre de reprendre la position qu'elles occupaient la veille.
    A 13h30, arrive à la position d'attente, le Colonel Cdt le 12e R.A., accompagné d'un lieutenant de chars, pour examiner la possibilité d’envoyer une section vers Valenciennes, prendre contact avec les éléments amis qui pourraient s'y trouver. La mission consisterait donc à franchir les lignes ennemies, de porter un renseignement sur la situation à Maubeuge, puis, si toutefois le passage est libre, revenir rendre compte. Malgré l'étendue de la mission, 40 kilomètres, les chars consentent à l'effectuer. L'accord est à peine conclu que l'ennemi déclenche son attaque, à laquelle il faut faire face.
    Des infiltrations se sont produites vers la ferme d'Assevant et le Cdt du 11/6e R.T.M. demande l'intervention immédiate d'une section de chars.
    La section Gondrand, désignée pour cette mission part à 15 heures, sans accompagnement d'infanterie.
    Des groupes ennemis, profitant des nombreuses haies progressent vers la ferme, la section les refoule sur la Sambre. La défense antichars adverse est très étoffée. Un obus atteint le tube du canon du char du chef de section.
    De retour à la P.A., une nouvelle mission est demandée aux chars. La section Pacaud est dirigée sur la butte de tir pour dégager l'infanterie de l'étreinte de l'ennemi. La section part et découvre de part de la butte de tir, des groupes nombreux de fantassins ennemis.
    Elle les rejettent, mais là ce moment, les chars sont pris à partie par des armes antichars. Les appareils criblés d'impacts de balles perforantes regagnent la position d'attente.
    L'activité de l'ennemi ne se ralentit pas.
    Vers 17 heures, nouvelle demande d'intervention en direction de la butte de tir où la position est entamée.
    ELEMENTS du 39e B.C.C. Le Lieutenant Balby est envoyé en renfort. Une opération est montée avec les deux sections quatre chars du 6e et 3 du 39e.
    A 150 mètres de la butte de tir, les chars sont pris à partie par des blindés ennemis embossés aux abords de la butte. Deux de nos appareils sont soumis aux tirs de ces engins, le Lt Balby est tué par un obus qui entre par le tourelleau. Le Lt Goupil est également tué et l'Aspirant Bouiller blessé. Pendant ce temps, le Lt Pacaud, par deux coups de canons met hors de combat un appareil ennemi.
    Mais un obus vient frapper l'épiscope qui jaillit en éclat et blesse le lieutenant, qui néanmoins tire encore deux obus, lorsqu'un nouvel obus vient frapper la lunette du char, pénètre dans la tourelle et le blesse.
    A ce moment, les chars restant se replient sur la position de départ, suivis par le tir de l'artillerie adverse.
    En descendant de son char, le Lieutenant Gautrand est grièvement blessé par un éclat de projectile qui a éclaté à quelques mètres.
    Depuis le-début de l'après-midi, l'artillerie ennemie prend à partie Assevant et l'arrose de projectiles de tous calibres.
    Gros calibre sur les forts, armes à tir tendu sur les embrasures des ouvrages qu'ils prennent à revers de la rive sud de la Sambre. Très gros calibres sur les lisières de Boussois, et l'aviation bombarde le fort de Boussois avec des bombes de 500 kilos.
    Un avion qui attaque est abattu, puis en autre est atteint par un canon de 20 du 150e R.I.
    A 16 heures, l'ennemi attaque en direction d'Assevant et du cimetière d'Assevant, en débouchant de Maubeuge, des tentatives de franchissement du pont sont brisées par les tirs de nos chars.
    Dans le village le combat s'intensifie, nos troupes contre-attaquent trois fois sur le chemin de Boussois à Assevant, rejetant l'ennemi au-delà du cimetière d'Assevant.
    Après un temps d'arrêt, l'ennemi reprend ses attaques, s'empare du cimetière d'Assevant, mais le village tient toujours.
    Le Commandant fait évacuer Assevant, regroupe les troupes autour de Boussois, puis sur Mairieux, dirige les défenseurs d'Assevant avec les restes du bataillon du 158e R.I. Le Colonel commandant le 12e R.A., prend le commandement de la poche - P.C. Mairieux.
    Le Colonel Cdt le 6e R.T.M. envoie des reconnaissances dans toutes les directions pour tenter de trouver un créneau qui ne serait pas tenu par l'ennemi. Toutes reviennent, confirmant que les allemands sont partout et bloquent la défense.
    L'ennemi poursuit son action. La position est débordée et devient intenable sous le feu direct des armes antichars et de l'artillerie. Les caves sont pleines de blessés qui ne reçoivent aucun soin et ne peuvent être évacués.
    Les chars ont leur armement détruit, les lunettes sont brisées, les tourelles perforées, les trains de roulement détériorés. L'essence et les munitions font défaut.
    A 21 heures, les chars sont sabordés.
    Le Colonel Cdt le 6e R.T.M., rassemble les équipages qui restent, les remercie et leur rend leur liberté.
    Le personnel se regroupe dans un bosquet à l'entrée d'Elesme, puis ensuite dans l’agglomération où il se trouve coupé des autres unités.

    21 MAI
    La nuit a été calme et a permis de parfaire la défense de Boussois, mais la pénurie de munitions est extrême dans toutes les unités de défense.
    Vers 10 heures, l'artillerie ennemie concentre ses tirs de tous calibres 210 - 150 - 105. Tous les coups convergent sur le village de Boussois et son fort, jusqu’à 14 heures. A ce moment, le barrage roulant se déclenche et l'ennemi attaque, arrivant de tous côtés, le P.C. du 6e R.T.M. est complètement encerclé.
    A 11 heures, le Colonel Cdt le 6e R.T.M. décide la reddition.
    La défense de Maubeuge est terminée et ses défenseurs sont faits prisonniers.

    C – 2e COMPAGNIE

    16 MAI
    Vers 5 heures, alors que la colonne stationne à Rancé, des éléments blindés ennemis sont signalés en marche dans la direction de repli. Le Commandant de point d'appui demande qu'une section de chars protège son repli.
    A Eppe-Sauvage, le Cdt du 17e G.R.C.A. (Cdt de la Sayette) sollicite également l'appui de la compagnie.
    A 14h30, le pont de Eppe-Sauvage saute après le passage des éléments de la défense, une section de chars reste pour protéger le repli des autres unités. A 16h30, une AM ennemie se présente sur la rive opposée. Prise sous le feu de nos chars, elle fait demi tour.
    La compagnie fait mouvement en forêt de Trelon. Les ponts sur le Voyon sont détruits et, par un itinéraire compliqué, à 19 heures, la colonne parvient à Féron (6 km sud-ouest de Trélon).
    Le P.C. du XIe C.A. est signalé à Vignehies (renseignement qui se révèlera inexact).
    L'essence va manquer, le commandant de compagnie part à Vervins à la recherche du P.C. de la 9e Armée.
    A Etreaupont, ainsi qu'à Sorbais, les ponts sont sautés.
    A Wimy (7 km nord-est d'Etreaupont), à 23 heures, il trouve le P.C. de la 1re D.C.L. Il expose au général Darras la situation de sa compagnie et demande un ravitaillement de 600 litres d'essence.
    Interrogé sans aucune bienveillance successivement par tous les bureaux de l'état-major de la division, ce n'est qu’après deux heures de palabres que le chef d'état-major consent à donner l'essence qu'il demande, à prendre à Ecreveau (2 km Nord de Wimy).
    Durant tout ce temps, les sections de la compagnie stationnent à Rancé.

    17 MAI
    A 2h30, au moment où la camionnette chargée de 600 litres va partir ravitailler la compagnie, la 1re D.C.L. donne l'ordre de faire mouvement immédiatement. Le chargement disparaît laissant le Cdt de Cie sans ravitaillement.
    Le Capitaine part pour rejoindre son unité. A la Capelle, les ponts sur la route d'Avesnes sont coupés, il est dévié sur Guise, où les ponts sont également détruits et seule la route RN 45, par Vagueresse et Iron est possible. Au carrefour des routes - Guise - Maubeuge et Iron - Hanoppes, il rencontre le Général Giraud, Cdt la 9e Armée qui lui prescrit de rejoindre Wassignies.
    A 6h30, à Wassignies, le Cdt de Cie prend contact avec le Colonel commandant les chars de l'Armée, à qui il expose la situation et lui demande ce qui peut être fait pour les chars de sa compagnie, restés à court d'essence à Féron.
    Le Colonel donne au Capitaine l'ordre de rejoindre Bohain où se trouve l'échelon lourd du P.C. de l’Armée. Ensuite, il rejoindra la C.T. 79 à Vermand.
    Quant à ses sections, en raison de la situation actuelle, il a lieu de les considérer comme tombées aux mains de l'ennemi.
    Les historiques des 14e/23e B.C.C. mentionnent que le 17, à 23 heures, les sections de combat et la section d'échelon de la 2/6, conduites par le Lieutenant Dubourg se présentaient au pont d'Etreux, sur le canal de l'Oise, qui à ce moment était tenu par le B.C.C. 14/27 de la 2e D.C.R.
    (Dans l'état présent de nos recherches, nous ignorons les événements que cette compagnie a vécu du 16 mai, 19 heures au 17 mai, 23 heures, entre des points éloignés de 50 kilomètres).
    La compagnie est immédiatement adaptée par le groupement par le 4/27 et suivra le sort de la 2e D.C.R.

    Sources : Archives du SHAT de Vincennes
    Olivier Voets pour les corrections

1940 - 5e BCC

5e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 


Mobilísé par le C.M. n° 502 à Angoulême.
Formé à la Couronne le 24 août 1939 avec les éléments du 2e bataillon du 503e RCC.
Composé de l’Etat-Major, 3 Compagnies de combat, 1 Compagnie d’échelon.
Presque entièrement fait prisonnier le 23 juin 1940 à Pierre-la-Treiche (près de Toul).

Encadrement
Commandant Godderis
Chef d’Etat-Major : Capitaine Dufeyras
1ère Compagnie : Capitaine de Castelnau
2e Compagnie : Lieutenant Dupont
3e Compagnie : Capitaine Michel
Compagnie d’Echelon : Capitaine Gourdon

Du 25 Août au 6 Septembre le 5e Bataillon est mis sur pied à « LA COURONNE » et dans les hameaux immédiatement environnants.

7 Septembre
Embarquement sur chemin de fer. Le 1er train part à 14 heures. Les 3 autres s’échelonnent les 7 et 8 Septembre.

10  Septembre
Le 1er train débarque à BENESTROFF à partir de 5 heures. Les 2 suivants avec les 2e et 3e compagnies dans la journée du 10.
Le 10 au soir les compagnies de Combat cantonnent à MOLRING et QUINZELING - P.C. à QUINZELING.

11 Septembre
La C.E. débarque à CHATEAU-SALINS dans la nuit du 10 au 11. Elle commencera à arriver à QUINZELING dans la nuit du 11 au 12.
A 22 heures le Bataillon est alerté sur convocation du Colonel BROGAT Commandant le G.B.C. 511.
Nous devons faire mouvement immédiatement et nous porter dans la forêt de MONTBRAUN pour aller relever le 13 le 9e Bataillon à la disposition de la 9e D.I. à RIMLING.
Le mouvement doit s'arrêter de toutes façons au jour.
Mouvement effectué sans incident et arrêté par le jour dans les bois O. de RATZWILLER.

12 Septembre
Prise de contact avec le Commandant GAUTHIER du 9e  Bataillon et avec le Ve C.A.
A la nuit le bataillon se porte au bois de KUSTERWALD (S.-O.  de BENING) sauf la C.E.
La C.E. va s'installer dans les bois de RATZWILLER.

13 Septembre
Prise de contact avec la IXe D.I. et les colonels 131e R.I., 95e R.I. et 13e R.I. avec qui nous devons attaquer le lendemain. Nous arrivons à avoir des ordres à 19 heures.
Une compagnie (3e Cie du Capitaine TOUZET) est mise à la disposition du 13e R.I. et doit se porter à OBERGAILBACH dans la nuit.
Une autre compagnie (2e Cie du capitaine CECCALDI) est mise à la disposition du 95e R.I. qui monte en ligne dans la matinée et doit attaquer à 10 heures le 14. Elle doit se porter dans la nuit à ERCHING pour se mettre en place au petit jour.
Une compagnie (1ère Capitaine de CASTELNAU) reste en réserve de Corps d'Armée au bois de KUSTERWALD.
Dans la nuit la C.E. vient s'installer au bois de KUSTERWALD.

14 Septembre
A 5 heures au P.C. de l'I.D. 9 nous recevons contre-ordre.
La compagnie qui devait être mise à la disposition du 15e R.I. mise à la disposition du 95e R.I. et doit se porter immédiatement au bois de SANGENWALD (S.-O. de SEYWILER) pour prendre ses positions de départ.
La 2e compagnie a pour objectif - la GURICHSBERG et les lisières du bois du HOCHWALD Sud.
Position de départ lisières N.-O. du SANGENWALD.
La 3e compagnie a pour objectif :
1er bond - Côte 319 - HUNGERBERG
2e bond - NEU-ALTHEIM et hauteur à l’Est.
Position de départ lisières N.-E. du SANGENWALD.
Heure H - 10h30.
A 10 heures arrive un contre-ordre supprimant le 2e bond. La 3e compagnie (TOUZET) ne pourra être prévenue à temps et l'Infanterie ne la suivra pas sur le 2e objectif.
Au cours de l‘attaque la 3e compagnie a 1 Char qui saute sur mine à la côte 342. Mécanicien blessé.
La 3e compagnie perd 5 Chars.
1 au débouché (Char du Capitaine) sur mine.
1 à la côte 319 sur mine.
1 aux lisières S. de NEU-ALTHEIM, atteint par obus de 150 qui coupe la chenille.
2 sur mines, au retour de l'attaque de la cote 347.
Pertes :  1 tué   1 blessé grave   5 blessés légers   1 commotionné
L'Infanterie atteint son objectif et s'y installe.
Le soir les 2 compagnies se regroupent à ERCHING avec le P.C. du Bataillon.

15 Septembre
La 2e compagnie se reporte en P.D. au HOCHWALD SUD avec comme objectif le HOCHWALD NORD jusqu'au layon O. de BOCKWEILER.
Heure H 10 heures.
La compagnie atteint et nettoie ses objectifs et dépasse même le village de BOCKWEILER, qui est évacué par l’ennemi.
L'Infanterie suit mal et reste dans le HOCHWALD sans parvenir à s'installer sur la cote 337.
Le HOCHWALD NORD sera d'ailleurs évacué le lendemain.
La 3e compagnie (3 sections) est envoyée le matin à GERSHEIM à la disposition du 13e R.I. pour une opération sur le BURRBERG.
Cette opération se révélant impossible à exécuter avec des chars sera abandonnée.
Le soir cette compagnie demeurera à NIEDER-GAIBBACH.
La 2e compagnie et le P.C. se transportent à RIMLING, toute idée d'avance ultérieure étant abandonnée.

16 Septembre
La 3e compagnie rejoint RIMLING.
La C.E. commence à travailler pour récupérer les chars sautés sur mines. Seul  le char resté aux lisières de NEU-ALTHEIM ne pourra être récupéré, nos A.P. se trouvant sur la ligne côte 319.

Du 16 au 17 un opération est montée pour essayer de dépanner ce char ou sinon le faire sauter. Le dépannage s’avérant impossible la destruction est opérée à l’aide de 15 kg de dynamite.

Du 16 au 20 septembre - même situation.

Vers le 20 septembre le Bataillon va s'installer en état d’alerte avec :
1 compagnie (CECCALDI) à BINING.
1 compagnie (CASTELNAU) à PETIT—REDERCHING.
1 Compagnie (TOUZET), la C.E. et le P.C. à LAMBACH.

Vers le 23, le bataillon est de nouveau alerté et se porte dans les bois de HARSKIRCHEN (O. de SARRE-UNION) puis le lendemain va cantonner à RACRANGE (E de MORHANGE) où il restera jusqu'au 1er octobre.

1er Octobre
Le bataillon va relever le 4e Bataillon à GUEBENHOUSE avec les compagnies de combat et 1 élément de dépannage de la C.E.
La C.E. reste à RACRANGE.

3 Octobre.
Le P.C. du bataillon se porte à FARSCHWILLER avec les 2 Compagnies au BUCHWALD et 1 Compagnie au GROSSENWALD.
L'élément de dépannage de la C.E. vient à FARSCHWILLER.
Le bataillon demeure dans cette situation jusqu'au 24 novembre avec diverses missions de contre-attaques et un certain nombre de déplacements des compagnies autour de Farschwiller.

24 Novembre.
En trois jours successifs le 5e bataillon est relevé par le 20e Bataillon et prendre sa place à CUTTING et LOSTROFF.
(2e et 3e compagnies à CUTTING avec le P.C. du Bataillon.
(1ère compagnie et C.E. à LOSTROFF.

Le 2 décembre Prise d’Armes pour la remise des Croix de Guerre obtenues au cours des opérations de Septembre.

10 Décembre
Le chef de Bataillon GEORGES quitte le commandement du Bataillon.

20 Décembre
Le chef de Bataillon GODDERIS prend le commandement du 5e Bataillon.

21 Décembre
Le Bataillon va s'installer avec :
P.C. et C.E. à MOUSSFY.
1ère compagnie à REMAUCOURT.
2e et 3e compagnies à XOUSSE.
Situation sans changement jusqu’au 14 janvier 1940.

14 Janvier 1940
Le Bataillon est alerté à 17 heures pour être enlevé par la C.T. 74 le lendemain matin à 6 heures.

15 Janvier
Départ de MOUSSEY la Bataillon va cantonner à MAGNY.

16 Janvier
Le Bataillon va s'installer à TUEGUEGNIEUX (N.-O. de BRIEY) avec une mission de contre-attaque dans la trouée d’AUMETZ.
Il restera là avec diverses missions jusqu'au 10 mai.
Dans le courant d'avril la 2e compagnie (Capitaine ALLEMANE) reçoit une mission spéciale en Luxembourg avec la 3e D.L.C.

10 Mai
La 2e compagnie (Capitaine ALLEMANE) est alertée à 6 heures pour l'exécution des opérations prévues avec la 3e D.L.C.
Elle part à 8 heures pour BEUVILLERS et de là sur AUMETZ, puis AUDUN le TICHE et ESCH-sur-ALZETTE .
Elle s'engage à 11h45 aux lisières N.-O. d'ESCH-sur-ALZETTE en appui du 3e R.A.M.avec 2 sections (Lieut. SIOT - S/Lieut. FERIET). Une section est engagée en protection face au GALGENBERG. La 4e Section reste en réserve à AUTUN-le-TICHE .
Dès le débouché, les 3 Sections engagées sont violemment prises à partie par des anti-chars et 2 chars ont leurs armements touchés.
A 12 heures, les trois chars de l'autre section tombent en panne de terrain et malgré tous les efforts jusqu’à 17 heures ne pourront pas être dépannés. Un 4ème char devra même être incendié à 17 heures au reçu de l'ordre de repli, mais les résistances allemandes ont été neutralisées de même que les pièces anti-chars qui ont cessé leur feu vers 12h15.
Ces deux sections restent dans ESCH-sur-ALLZETTE jusqu'à la nuit en assurant la protection des abords de la Gare.
A la nuit la compagnie se regroupe au Sud d'AUDUN-le-TICHE .
A la tombée de la nuit, les chars des 1ère et 3e compagnies vont s’installer dans les Bois à l’Ouest de BETTAINVILLERS.
TUCQUEGNIEUX est bombardé plusieurs fois dans la journée mais faiblement et sans dégâts .

11 Mai
A partir de 6 heures une section (Lieut. CARAYON) vient s’embosser au passage à niveau S. de la Gare d'ESCH. Le reste de la compagnie reste en alerte à AUDUN-le-TICHE.
A 16h15 les 2 sections en réserve (la compagnie étant réduite à 3 sections) partent s'installer dans les Bois Sud d'HUSSIGNY pour être prête à couvrir le repli de la 1ère Brigade de Spahis en tenant HUSSIGNY jusqu’au jour.
Elles passent la nuit dans ce bois.
La section CARAYON reste à ESCH et assure le soir le repli de la 13e D.L.M. puis rejoint le Bois de BEUVILLERS .
A 9h45, le matin, le bataillon a été alerté et doit se tenir prêt à faire mouvement immédiatement.

12 Mai
A 4h50, les derniers cavaliers étant passés, la compagnie part se regrouper au bois de BEUVILLERS où elle restera jusqu’à 19h30 pour faire les pleins et les graissages.
Elle est depuis 7 heures remise à la disposition du 5e Bataillon.
Le Bataillon est alerté à 6 heures par le G.B.C. 511 et part à 8 heures pour aller s'installer au Bois le Hole (E. de MORFONTAINE) avec les 1ère et 3e compagnies et 1 élément de dépannage de la C.E.
A 16 heures, la 1ère compagnie est mise à la disposition de la 58e D.I. pour une contre-attaque au N.-O. de la Citadelle de LONGWY. Elle y arrive vers 18 heures et exécute à 18h30 avec 2 sections (Lieut. KELLER et S/Lieut. VINCENT) une opération sans infanterie sur la redoute Ouest de la citadelle, afin de dégager celle-ci menacée d'encerclement. (Au commandement du Colonel MARCOUIRE commandant la 227e R.I.). Ces 2 sections détruisent plusieurs mitrailleuses et rentrent sans pertes.
Les 2 autres sections (Lieut. MARTIN – S/Lieut. CALVE) sont mises à la disposition du 334e R.I. (sans en référer au Capitaine de CASTELNAU commandant la compagnie) dans la Région d'HERSERANGE.
Vers 20h30, la 2ème compagnie rejoint le Bataillon au Bois le Hole.
Au soir, la situation du Bataillon est la suivante :
- 1ère  Cie. 2 sections à la Citadelle de LONGWY,
                 2 sections à HERSERANGE.
- 2ème Cie. Bois le Hole ;
- 3ème Cie. Bois le Hole ;
- C.E. Section de remplacement et élément de dépannage au Bois le Hole ;
le reste à TUCQUEGNIEUX.

13 Mai
Les 2 sections KELLER et VINCENT sont au 3/4 encerclées avec le Capitaine de CASTELNEAU dans la citadelle et soumises à un violent bombardement, mais elles ont pu être ravitaillées dans la nuit.
Les 4 autres Sections (MARTIN & CALVE) font des opérations de nettoyage à ST-LOUIS et le long des lisières S. et S.-O. du Bois du Chat au profit du 334e R.I.
Vers 12 heures le Chef de Bataillon reçoit l'ordre d'étudier une contre-attaque sur le Plateau de MEXY entre MOULAME et MEXY Pour rétablir l’Infanterie au bord du Plateau au cas où l'ennemi aurait réussi à prendre pied.
Vers 19 heures, les 2 sections de la Citadelle parviennent à décrocher avec le Colonel commandant la 227e R.I. et se reportent vers CHENIERES en perdant un char incendié par obus dans la Citadelle.
Dans la nuit la 1ère compagnie se regroupe à CHENIERES et se porte dans le ravin S. de LAIX (Bois Le CHENOIS), le décrochage de la 58e D.I. étant assuré par la 3e D.L.C.
-  Un tué : le Caporal TRILLAUD

14 Mai
La ligne de contact se trouvant maintenant aux abords mêmes de la position fortifiée et les bombardements devenant plus importants, le Bataillon se porte dans le courant de l’après-midi au Ravin du Bois Brûlé (S. du Bois Le Hole en 362,8 – 294,2).

15 Mai
La 1ère compagnie est remise à la disposition du Chef de Bataillon et rejoint vers 21 heures le reste du Bataillon au ravin du Bois Brûlé.
La situation du Bataillon est la suivante :
- P.C., 1ère Cie, 2e Cie, 3e Cie et Section de remplacement : Ravin du Bois Brûlé
- Echelons sur Roues des compagnies et éléments de dépannage de la C.E. : Région de MERCY-le-HAUT
- C.E. : TUCQUEGNIEUX .

Du 16 Mai au 24 Mai
Situation sans changements : R.A.S.
Le Bataillon est toujours en réserve de Groupe d'Armées II, prêt à intervenir dans la zone de la 58e  D.I.

24 Mai
Dans l'après-midi, le bataillon, restant toujours en réserve de G.A. Il reçoit l'ordre d'aller cantonner à AFFLEVILLE et AIX de façon à être à même d'intervenir soit dans la trouée d’ANMETZ, soit sur la bretelle (LONGUYON – MANGIENNES).
Le mouvement s'exécute à partir de 21 heures sans incidents. La C.E. s’installe à AIX, les trois compagnies à AFFLEVILLE ainsi que le P.C.

Du 25 Mai au 13 Juin
Situation sans changements. Des reconnaissances en vue de contre-attaques éventuelles sont effectuées dans la Région PILLON – SORBEY.

13 Juin
Vers 15 heures le Bataillon est alerté par une convocation du Colonel ST-SERNIN, commandant le G.B.C. 513. Il nous annonce un mouvement de repli général pour essayer de nous rétablir dans la région de DIJON.
Le Bataillon est fractionné en trois :
- la 1ère Cie est mise à la disposition du Groupement FLORIAN tenant la droite du 42e C.A.F.
- la 3ème Cie est mise à la disposition de la 51e D.I. au centre.
- la 2ème Cie est mise à la disposition de la 58e D.I. à gauche.
Le P.C. du Bataillon restera continuellement au P.C. de la 58e D.I.
 Les liaisons prises, à la nuit :
- la 1ère Cie se rend au Bois des Renards (N.O. de LANTEFONTAINE)
- la 2ème Cie se rend au Bois d'ETON (S. d'ETON)
- la 3ème Cie reste à AFFLEVILLE.
La C.E. fait mouvement sur HANNONVILLE (S. de FRESNES-en-WOEVRE) après avoir été toucher au Parc de METZ, une citerne à essence et un char.
Vers 23 heures, le P.C. du Bataillon se porte à ETAIN pour rejoindre le P.C. de la 58e D.I.

14 Juin
Au jour le P.C. du Bataillon se porte avec celui de la 58e D.I. à FRESNES-en-WOEVRE.
La 3ème Cie se reporte au Bois de HARDESOL (S.-O. de GONDRECOURT AIX).
Dans la journée R.A.S. - Le Boche nous suit, mais n'est pas mordant.
A la tombée de la nuit :
- la 1ère Cie fait un mouvement sur VALLEROY ;
- la 2ème Cie va s'installer pour former bouchon avec 2 sections à MESNIL et 2 Sections aux EPARGES ;
- la 3ème Cie va former bouchon à MOULOTTE.
La C.E. se porte dans la Forêt de la Reine sur ordre du G.B.C. 15

15 Juin
Au jour, le P.C. du Bataillon se porte à DOMPIERRE.
Dans le courant de la matinée :
La 2ème Cie se reporte à DOMMARTIN avec une section sur la grande tranchée de CALONNE au carrefour O. de St- Remy.
Vers 11h30 la 2ème Cie est alertée sur une annonce d’incursion d'engins blindés et se porte en bouchon anti-chars avec :
- une section à HAUDIOMONT et 2 Sections à FRESNES et,
- une section au carrefour de la N 408 avec la route SAULT-les-EPARGES.
La 3ème Cie a été alertée de même par 51e D.I. et vers 14 heures une de ses sections (Lieut. TOURTONDE) prend à partie à MOULOTTE une colonne d'auto-mitrailleuses, camions et motos et détruit 3 auto-mitrailleuses et plusieurs motos-sides.
Vers 17 heures la 2ème Cie reçoit l'ordre de s'installer à la nuit avec :
- 1 section en bouchon à WOINVILLE ;
- 1 section en bouchon à APREMONT ;
L’ordre qui devait être transmis par l’Infanterie à la section d’HAUDIOMONT ne lui parvient pas et celle-ci se replie, suivant les instructions reçues le matin, à St REMY où elle demeurera jusqu’au lendemain.
La 1ère section va à WOINVILLE et les 2 autres au Bois de LOUPMONT.
La 3ème Cie se replie dans la Région de XIVRAY .
La C.E. va s'installer en Forêt de CHARMES.

16 Juin
Vers 3 heures, le P.C. du Bataillon se porte de DAMPIERRE à RAULECOURT. La ligne des A.P. du G.R.D. devant s'installer dans la matinée sur la route St-MIHIEL - VIGNEUILLES - St-BENOIT.
Vers 14 heures, la section demeurée à St-REMI (Lieut. GARANDEAU) voit arriver deux voitures allemandes portant des hommes armés de mitraillettes et plusieurs motos. Elle les détruit après un bref engagement et rejoint vers 17 heures le reste de la Cie au Bois de LOUPMONT.
Dans la nuit du 16 au 17, le gros des 58e et 51e D.I. se reporte de l'autre côté de TOUL, ne laissant que quelques Bataillons d’Infanterie en arrière-gardes à hauteur de LUGEY et le G.R. de la 58e D.I. à MESNILLE-la-TOUR.
La 2ème Cie se porte à PAGNEY, mais laisse une section à la disposition du G.R.
La 3ème Cie se replie dans la nuit au Fort du CHANOT.
La 1ère  Cie  va s'installer à COLOMBEY-les-BELLES.

17 Juin
Dans la matinée, la Section du Lieut. CARAYON à la disposition du G.R. est engagée sur BERNICOURT pour dégager des éléments du G.R. Violemment pris à partie par des armes anti-chars, un char a une chenille coupée et ne rentre pas. Les deux autres chars rentrent péniblement durement touchés également.
Le G.R. étant attaqué peu après, à MESNIL-TOUR, il restent embossés, ne pouvant presque plus se déplacer. Vers 15 heures, le G.R. est complètement encerclé dans MESNIL par 28 automitrailleuses et une autre section (S/Lt MERLET) doit être envoyée pour les dégager.
Son arrivée disperse les auto-mitrailleuses après un bref engagement où 8 restent sur le terrain atteintes par le canon de 25 du G.R. et nos chars. Les 2 sections restent avec le G.R. jusqu’à la nuit.
Une autre Section (S/Lieut. GARANDEAU) envoyée en bouchon à proximité du carrefour 2 km O. de LUGEY prend à partie le soir entre 22 et 23 heures et incendie une colonne de camions et motos venant de MESNIL.
Dans la nuit du 17 au 18, la compagnie, regroupée vers PAGNEY, est mise à la disposition de l’I.D. 58 et, tout le dispositif allant s’installer derrière le canal de la Marne au Rhin, vient s’embosser devant FOUG dans les buissons en arrière du canal.

18 Juin
Au matin, la situation du bataillon est la suivante :
P.C. : Fort du TILLOT avec la 58e D.I.
1ère Cie : COLOMBEY-les-BELLES.
2ème Cie : Le long du canal sur la rive S. face à FOUG, (réduite à trois sections), la section CARAYON ayant un char détruit et deux trains de roulement à réviser par la C.E.
3ème Cie : P.C. Fort du CHANOT ; Sections dispersées à la disposition des R.I.
C.E. : Forêt de CHARMES.
Dans la matinée, une section de la 3ème Cie, embossée au carrefour 1 km E. du fort St MICHEL voit arriver une colonne ennemie et détruit quelques camions et motos ennemis venant de MESNIL-la-TOUR. Le reste de la colonne fait demi-tour.
En même temps, la 1ère Cie. est alertée et s'engage à VANNES-le-CHATEL pour dégager le G.R. de la 6e D.I.N.A. encerclée. Elle rentre sans pertes (S/Lieut. VINCENT blessé) et va s'installer dans le bois de la WOIVRE à l’O. de BAGUEUX, d'où elle gagnera dans la soirée les bois de CREZILLES.
Dans la nuit du 18 au 19, la C.E. suivant le G.B.C. 513 va cantonner au bois de GOVELLE (O. de PARAY - St-CESAIRE).

19 Juin
Vers 9 heures, 2 sections de la 2ème Cie repassent en réserve de D.I. et se portent au Bois de GYE. La Section de l'aspirant BERNARD reste en place à la disposition de l'I.D. 58 et interdira Jusqu'au soir 17 heures le passage du Canal après repli de l'Infanterie.
A 17 heures, elle décroche et rentre par le Bois HARUIN, mais celui-ci étant occupé par l'ennemi elle perd un char au passage, le Chef de section échappant à la capture. Le Lieut. SIOT qui était resté avec l’aspirant BERNARD et devait rejoindre à moto, ne rentre pas.
Vers 14 heures, une section de la 3ème Cie (Lieut. TOURTONDE) à la disposition du 100e R.I. est engagée sur la route BICQUELEY – TOUL pour dégager l’Infanterie. Elle débouche au pont de chemin de fer et devait rentrer par la PIERRIERE. Faisant une erreur, elle continue, se faisant incendier à l’entrée de TOUL par des armes anti-chars placées dans les maisons. Seuls deux mécaniciens rentrent par les marais.
Vers 18 heures, l’ennemi ayant forcé les passages du canal, s’avance entre DONCERMAIN et la route de BLENOD. Les 2 sections en réserve de D.I. sont alors mises à la disposition du 204e R.I. qui s’organise au bois de la QUEUE-du-MONT et avec l’appui de l’artillerie parviennent à stopper son avance.
A la tombée de la nuit, la 58e D.I. se replie sur la ligne bois de CHANOT - BICQUELET et la BOUVARDE.
La 2ème Cie, réduite 2 sections par suite de pannes mécaniques à 2 chars, va s’installer aux lisières O. du bois du CHANOT.
Dans le courant de l’après-midi, le P.C. du Bataillon et de la 58e D.I. s’est transporté à OCHEY.
La 3ème Cie se regroupe au bois de l'Evêque (S.-E. de PIERRE-la-TREICHE).

20 Juin
Dès le matin, le P.C. du Bataillon se porte à la TUILERIE (1 km O. de VITERNE) et la C.E. au Bois du FEY .
Dans l'après-midi, le P.C. va s'installer au Bois de JURE, de même que la C.E.
Le Général DUBUISSON prend le Commandement du Groupement encerclé composé du 42e C.A.F. - 6e D.I.N.A. - 6e D.I. et d'autres éléments. Les fantassins et les artilleurs n'ont plus de vivres et presque plus de munitions.
La situation du Bataillon est alors la suivante :
P.C. : Bois de JURE ;
1ère Cie : Bois de CREZILLE ;
2ème Cie : Bois du CHANOT ;
3ème Cie : Bois de 1'EVEQUE ;
C.E. : Bois de JURE .

21 Juin
Rien à signaler. L'ennemi, assez éprouvé le 18 et le 19, ne pousse pas sur la 58e et 51e D.I., mais attaque dans la Région de THELOD.
Une section de la 3ème Cie est engagée dans la région de THELOD. Elle rejoindra sa compagnie le lendemain sans pertes.
Dans la nuit, nous apprenons que l'ennemi a crevé le front du côté de THELOD où toute résistance est devenue impossible et que le Général DUBUISSON a demandé des pourparlers de reddition. L'ordre a été donné de cesser le feu pour tout le groupement.

22 Juin
Le Bataillon doit se regrouper au Bois de l'EVEQUE.
Vers 6 heures, arrive un ordre du Corps d'Armée disant que les Allemands étaient disposés à nous rendre les honneurs de la guerre et que les unités devaient être regroupées en des points fixés par eux. Les armes devaient être groupées et laissées intactes au point de regroupement. Le 5e Bataillon doit se regrouper au bois de l’EVEQUE.
La 1ère Cie. rejoint dans le cours de la matinée avec ses véhicules après avoir incendié ses chars au Bois de CREZILLES en vertu des ordres reçus de la 6e D.I.N.A. sur le territoire de qui il se trouvait.
Vers 15 heures, les véhicules sur roues du Bataillon partent en colonne du bois de JURE et gagnent par VITERBE – THUILLEY – BICQUELEY – la route PIERRE-la-TREICHE – SAXEY où ils sont parqués.
Les chars et tracteurs vont par le bois se grouper dans le layon du bois l’EVEQUE où les chars restant sont mis hors service par divers moyens (Blocage du différentiel par une pièce d’acier dans les engrenages, Sectionnement des canalisations d’huile, bris d’organes divers) et les culasses de mitrailleuses enterrées. Ceci à l’initiative des commandants d’unités d’accord avec le chef de bataillon.

23 Juin
A 10h50 tous les véhicules du Bataillon sont groupés en colonne sur la route de PIERRE-la-TREICHE et la colonne stationne avec sa tête à l'entrée de PIERRE-la-TREICHE.
A ce moment, arrive le Capitaine LECA du G.B.C. 513 porteur de l’ordre définitif de reddition : les Allemands n’acceptent qu’une reddition sans condition.
Le 5e Bataillon doit partir à 13 heures pour MAIZIERES où il doit être disloqué.
Le Lieut. BORCHARD quitte son Bataillon à ce moment là pour essayer de rejoindre les lignes françaises .

1940 - 4e RC jmo


 JOURNAL DE MARCHE DU
 
4e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS
 
CAMPAGNE CONTRE L'ALLEMAGNE

 

PREMIÈRE PÉRIODE (SEPTEMBRE 1939 À MAI 1940)


Dès le mois de mars 1939, le Régiment reçoit l'appoint des disponibles. L'instruction est parfaitement au point et les manœuvres au camp de Mailly de juillet permettent de constater la bonne forme des hommes et du matériel.
Aussi, la mise sur pied de l'échelon A, le 23 août, se fait dans la plus grande facilité, et le départ successif des escadrons dans la région Berru-Nogent-l'Abbesse s'effectue normalement.
Dès le samedi 26, le rappel des réservistes aux fascicules 1, 3, 6, amène au quartier Jeanne-d'Arc de Reims un afflux énorme, en même temps que la réquisition des véhicules autos et motos jouait à plein.
Dès le 1er septembre, l'échelon B rejoint le Régiment, et lorsque le tambour de Berru annonce la mobilisation générale, le 2 septembre, le 4ème Cuirassiers, sous les ordres du lieutenant-colonel Poupel, est prêt à répondre à l'appel de la Patrie, fort de l'ardent esprit de sacrifice de ses 1 000 hommes et de la puissance de ses 90 chars Somua et Hotchkiss.
Les hommes aident à rentrer les récoltes dans les deux villages, déjà fortement vidés de population valide. Le capitaine de Toumemire est muté dans un état-major de division.
Le lundi 11 septembre, le 4ème Cuirassiers au grand complet quitte les coteaux champenois et, sous une pluie fine et incessante, atteint, par Suippes, Sainte-Ménéhould et Clermont-en-Argonne, le village de Souilly, où le souvenir du maréchal Pétain est toujours vivace.
Le Régiment n'y stationne guère, et dès le lendemain repart vers les Hauts de Meuse. Le séjour en Woëvre dure peu, et dès le mardi 19 septembre, le Régiment entier s'établit à Sommedieue, dans la Meuse. Dans ce bourg important, deux mois se passent ; les hommes trouvent auprès des habitants l'hospitalité la plus large. L'instruction est reprise activement : exercices de cadres et tirs.
Rien n'est négligé de ce qui peut en même temps développer et intéresser les hommes : conférences et causeries éducatives faites par les officiers ; sport pratiqué avec ardeur : une équipe de football est opposée avec succès aux hommes de la R.A.F., séances musicales et récréatives fort suivies par la population civile ; foyer du soldat vaste, agréable et abondamment fourni : consommations, fournitures indispensables, jeux divers, bibliothèque.
Pendant ce séjour, à diverses reprises, des éléments spécialistes sont affectés aux D.L.M. en formation : le capitaine Léger à Saumur ; le lieutenant Guérin de Vaux les sous-lieutenants Geneste, Issaverdens, Chauveau, à la 3ème D.L.M.
C'est également à Sommedieue que l'escadron anti-chars commandé par le capitaine Hérail est affecté au 4ème R.D.P. (1er octobre).
Une prise d'armes est prévue, pour le 11 novembre, au cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon. Au dernier moment, le départ est remis : le vendredi 10, le Régiment, alerté dans la matinée, s'ébranle vers 13 heures dans la direction de la frontière belge. Les chars embarquent à Dugny ; les éléments légers forment une colonne ; celle-ci cantonne à Mesnil-Annelles, non loin de Rethel, et le lendemain à l'aube, repart vers les horizons gris et plats du nord. Le soir, sous une pluie battante après avoir passé par Guise, Le Cateau. Valenciennes, la colonne atteint sans incident Saint-Amand, où elle retrouve les chars débarqués à Saultain.
Dès le 12, pourtant la situation se détend ; le Régiment se dirige, le 22 novembre vers le sud de Cambrai où il prend ses quartiers d'hiver.
Vers la mi-janvier 1940, la situation générale devenant plus tendue, le Régiment est alerté. Dans la nuit du 14 au 15 janvier, par un brouillard glacé et un léger verglas, les escadrons se portent vers Valenciennes, pour stationner à Douchy et aux environs immédiats (Noyelles-sur-Selles) ; l'alerte terminée, ils rejoignent, le lendemain, leurs cantonnements d'Esnes, Haucourt, Lesdain. Le retour a lieu par un temps affreux (neige glacée, verglas).
Dès la mi-février, le deuxième tour des permissions de détente peut recommencer grâce à la situation redevenue très calme. C'est au cours du mois de mars que le lieutenant de Genouillac quitte le 1er escadron pour rejoindre la 3ème D.L.M.
Le 27 mars, la D.L.M. passant à la VIIème Armée (général Giraud). le Régiment fait mouvement par route et se rend par Cambrai, Arras, Saint-Pol, à Fressin (E.H.R.). Le 22 avril, le Régiment se porte vers la côte et cantonne dans la région de Montreuil-sur-Mer.
Dans les dunes près de Berck-Plage, les escadrons trouvent à la fois champs de tir et terrain de manœuvres suffisants pour leurs exercices. Le 5 mai. le lieutenant BOUIX est affecté à une formation de l'intérieur.
 
DEUXIÈME PÉRIODE :
CAMPAGNE DE BELGIQUE ET DU NORD DE LA FRANCE
(10 MAI - 10 JUIN 1940)

La 1ère D.L.M. dans l'hypothèse "Bréda" a la double mission :
- d'assurer en tout état de cause la liaison entre les forces belges et hollandaises dont les emplacements étaient très mal définis.
- d'assurer la couverture du rassemblement de la VIIème Armée en Hollande, en tenant jusqu'à l'arrivée des 25ème et 9ème D.I.M., soit la coupure à la Resel, soit au pis, allier la coupure de la Dommel-Marck.

Vendredi 10 mai :
Rien ne laisse prévoir des événements précipités. Depuis deux jours néanmoins, les cantonnements sont survolés à la tombée de la nuit par des avions volant très haut.
Vers 4 heures du matin, des bruits sourds de détonation sont perçus. L'aérodrome de Berck est bombardé, un détachement du Régiment au bivouac à proximité reçoit le baptême du feu. Pas de pertes. Puis, vers 5 heures, un ordre préparatoire d'alerte arrive; à 7 heures, l'alerte n°3 est déclenchée. C'est pour le Régiment le signal de son véritable départ en campagne ; l'entrée en Belgique est pour le jour même.
Le 4ème Cuirassiers est presque au complet. L'ordre de bataille des escadrons se présente ainsi :
Etat-Major
Lieutenant-colonel Poupel, commandant le Régiment.
Capitaine Hénin, capitaine adjoint.
Capitaine Henry, officier des transmissions.
Lieutenant Ville, chef du service auto.
Médecin capitaine Faugère, médecin chef.
Aspirant Schreiber, chef du peloton d'orienteurs.
Aspirant Beroud, officier de liaison auprès de la 1ère D.L.M.
Sous-lieutenant Pottier, officier chargé des détails.
E.H.R.
Lieutenant Heckenroth, commandant l'E.H.R., absent (à l'hôpital).
Sous-lieutenant Toupet, faisant fonctions de commandant de l'E.H.R.
Médecin lieutenant Bouniol.
Pharmacien lieutenant Lépice.
Médecin sous-lieutenant Picard (n'a pas rejoint).
Lieutenant Renaud, officier mécanicien.

1er Groupe d'Escadrons - "S 35 - Somua" Désignés Escadrons "S"
Chef d'escadrons Vertier.
Lieutenant Raynaud-Lacroze, détaché à la 1ère B.L.M.
1er Escadron 3ème Escadron
Capitaine de Segonzac                                
Lieutenant Champsiaud
Sous-lieutenant Guillien
Sous-lieutenant Bourgeois
Aspirant Dauger
Lieutenant de Vandières, commandant l'escadron.
Lieutenant André de Conigliano
Lieutenant Coupé
Sous-lieutenant Legendre
Aspirant Maesen

2e Groupe d'Escadrons - "H 35 - Hotchkiss"
Chef d'escadrons de Thelin
2ème Escadron 4ème Escadron
Capitaine de Chatellus
Lieutenant de la Morsanglière
Sous-lieutenant Costerousse
Aspirant Aussel
Capitaine de Viéville
Lieutenant de Ferry
Aspirant Nicolas
Aspirant Pi.

Sur un effectif de 914, moins de cent hommes sont absents. Le deuxième tour de permissions est presque terminé. Au point de vue matériel de combat, tout est au point. Le Régiment a reçu, depuis une semaine, cinq A.M.R. détachées du 4ème Dragons portés, destinées à faciliter les liaisons intérieures.
Le matériel roulant a été beaucoup amélioré depuis le départ de Reims : les véhicules disparates de réquisition ont été éliminés et presque tous les camions et camionnettes sont des Citroën flambant neufs.
En raison de l'absence momentanée du général Picard, commandant la division, le colonel de Brauer assume son commandement et le lieutenant-colonel Poupel celui de la brigade.
Le Régiment est donc mis en route par le commandant de Thelin. Une reconnaissance automobile sous les ordres de l'officier de renseignements (sous-lieutenant Cordonnier) est envoyée en Belgique, à la frontière hollando-belge, à Oostmalle (futur P.C. de la D.L.M.).
Mission : prise de contact avec les autorités belges ; départ : midi.
Le mouvement des chars est réglé par voie ferrée jusqu'à Malines. L'horaire en avait été minutieusement prévu ; les escadrons S commencent à embarquer à 21h30 à Hesdin et Brimeux. Les embarquements s'échelonnent en cinq trains jusqu'au lendemain matin.
Le T.C. et la base font mouvement par voie de terre. Départ à 14 et 16 heures.

Samedi 11 mai :
La découverte est à Tilburg et éclaire sur Bréda. Le trajet en Belgique, aussi bien par la route qu'en chemin de fer, se fait au milieu d'une population enthousiaste, et le moral de tous est extrêmement élevé.
Les avions ennemis n'ont inquiété qu'un seul train, celui du 3ème escadron (pas de pertes) et le T.C. à Bailleul (aucune perte non plus).
La reconnaissance auto arrive à Oostmalle dans la matinée. Le lieutenant-colonel Poupel reprend le commandement du Régiment vers 16 heures ; il accueille à Duffel le premier train (1° Groupe d'escadrons, S).
Le P.C. du Régiment est établi au lieu-dit "In den Haan Cabaret", 6 km sud d'Oostmalle (région 20 km est d'Anvers), au nord du canal Albert.
Le Groupe d'escadron S est regroupé vers 3 heures du matin, dans les bois environnant le P.C. du Régiment. Le T.C. arrive également dans la nuit dans la zone du P.C..
Les dragons portés s'accrochent avec les premiers éléments de la 9ème Panzer au sud de Bréda.

Dimanche 12 mai :
Pour le P.C., le Groupe d'escadrons S, le T.C. : rien à signaler. Le Groupe H commence ses débarquements à Malines ; le 2ème escadron à 4 heures, le 4ème escadron à 6 heures ; il est dirigé sur Santhoven.
Ses escadrons à peine regroupés, le commandant de Thelin reçoit l'ordre, vers midi, de se porter immédiatement à Rethy. Mission : coopérer à la défense du canal d'embranchement de Tumhout avec la division belge du général Six.
Le P.C. du général Six est à Kasterlé ; le P.C. d'un bataillon belge (commandant Schmidt) à Rethy. L'atmosphère est déjà tendue, les troupes belges, abritées derrière des destructions, se sentent en mauvaise posture ; le rôle immédiat du commandant de Thelin est de rétablir la confiance et de maintenir sur place par tous les moyens ces troupes intactes, déjà fortement ébranlées dans leur moral.
L'arrivée du Groupe s'était faite sans incident ; toutefois, le char S du commandant n'a pu suivre, les ponceaux des routes ne supportant pas un tel poids. Ce point de détail privera le commandant de Thelin de ses moyens de transmission radio.
L'escadron de Viéville H a trois pelotons en soutien des éléments belges barrant trois points dans la région Arendonck, Den Brand.
L'escadron de Chatellus H tient, au sud, la région de Desschel-Donck. Vers 17 heures, une partie est envoyée à Rethy (deux pelotons H, un peloton A.M.D. du 6ème Cuirassiers, les A.M.R. constituées en peloton sous les ordres de l'aspirant Schreiber) ; l'autre partie reste à Desschel avec le lieutenant de la Morsanglière.
Nuit sans incident réel, malgré les multiples demandes inconsidérées du commandant du bataillon belge, qui désirait engager les chars la nuit et par petits paquets pour maintenir le moral de sa troupe.
Pas de nouvelles de la base. Le Régiment a subi ses premiers bombardements aériens, sans pertes.

Lundi 13 mai :
Dans la matinée, deux pelotons du 4ème escadron effectuent quelques patrouilles sur les bords du canal de Tumhout. Le 2ème peloton est en réserve à Rethy. Reconnaissance des officiers du Groupe S en direction du canal de Tumhout et d'Oostmalle en vue de préparer une action retardatrice du nord vers le sud.
Les escadrons S reçoivent l'ordre vers 18h30 de se replier derrière le canal Albert et se portent à Ranst (8 km est d'Anvers).
Vers 13 heures, un peloton du 2ème escadron se porte à l'écluse 4 pour y ramener une A.M.D. enlisée et effectue des reconnaissances sur les bords du canal, puis se replie à la tombée de la nuit sur Dresschel ; dans la nuit, il est sans cesse inquiété par des infiltrations d'infanterie ennemie. Contact d'armes anti-chars.
Toute la journée, atmosphère de plus en plus critique. Le maintien de la position s'avère difficile et le moral du bataillon belge et de ses chefs est atteint. Dans la nuit du 13 au 14, le repli est ordonné.

Mardi 14 mai :
Le Groupe H, aux ordres directs du colonel de Causans, commandant le secteur, décroche vers 4 heures du matin. Le 2ème escadron est dirigé sur Halle ; le 4ème escadron sur Oostmalle par Tumhout.
Les P.C., T.C. et Groupe S se trouvent au sud du canal Albert ; le Groupe H (à la disposition du colonel de Causans) au nord.
Dans l'après-midi, le 4ème escadron est dirigé sur Oostmalle, arrière-garde d'un groupement composé de dragons portés et de Belges. Une flanc-garde du peloton de Ferry est envoyée au pont de Beerse ; un de ses chars, déchenillé, la retarde considérablement dans une zone infestée.
A 14 heures, le Génie belge fait sauter des carrefours importants sur la route Oostmalle-Tomhout. A 17 heures, le capitaine de Viéville, dont le P.C. est à Westmalle, inquiet sur le sort de la flanc-garde du lieutenant de Ferry, se porte à sa recherche avec les pelotons Nicolas et Vigue et la ramène malgré l'intervention des armes anti-chars ennemies. A 18 heures, l'escadron de Viéville se trouve à Westmalle ; l'escadron de Chatellus, dans les bois nord de Halle ; le Groupe S est à Ranst.
Vers 19 heures, ordre est donné de constituer un Régiment S aux ordres du lieutenant-colonel Pinon et un Régiment H aux ordres du lieutenant-colonel Poupel.
Le Groupe S part pour embarquer à 21h30 à Boom et Puers. Un char S du 3ème escadron s'embourbe dans le parc à chars ; il sera détruit ultérieurement.
Le Groupe H repasse aux ordres du lieutenant-colonel Poupel, qui envoie des agents de liaison porter l'ordre de se regrouper à Bouchout (10 km S.-O. d'Anvers).
Le Groupe H du 18ème Dragons (commandant Marchal) était à Halle et reçoit également l'ordre de se porter à Bouchout. Avant que l'ordre de regroupement n'arrive au commandant de Thelin, différentes missions avaient été confiées par le colonel de Causans aux escadrons :
- au 2ème escadron : patrouiller entre Santhoven et Zoersel pour permettre l'installation du 4ème R.D.P. à l'ouest de la route (cette mission a été remplie par le capitaine de Chatellus avec deux pelotons : Morsanglière et Costerousse)
- au 4ème escadron : couvrir l'installation des D.P. face à Oostmalle. Le mouvement du P.C. sur Bouchout s'opère dans la nuit, au milieu d'incidents divers (coups de feu aux abords immédiats de la route ; prétendue intervention de parachutistes ennemis).

Mercredi 15 mai :
Journée sans incident.

Jeudi 16 mai :
L'Escaut est franchi à l'aube sur un pont de bateaux. Les chars S de commandement reçoivent un itinéraire spécial, par Boom-Termonde.
Le Régiment H arrive vers 8 heures du matin à Haaltert, village occupé par les arrières des troupes britanniques (D.C.A. britannique très active).
Deux chars de commandement sur quatre ont des incidents graves (embourbés) et ne rejoindront pas. Ils seront détruits ultérieurement par leurs équipages.
Vers 20 heures, le colonel annonce aux officiers la rupture du front en France.
La division va se porter dans la région sud de Valenciennes pour s'opposer à la ruée des engins blindés ennemis.
La 1ère D.L.M. ne fait plus partie de la VIIème Armée et rejoint la Ière. Du 10 au 14 mai, la division a perdu la moitié de la Découverte (6ème Cuirassiers) et 3 escadrons du 4ème de Dragons portés, 3 canons de 25 ont été perdus le 12 ; 3 chars ont été perdus, embourbés et détruits par leurs équipages.

Vendredi 17 mai :
A partir de cette date, les opérations ne seront pour ainsi dire plus ordonnées. La division, déjà séparée en deux groupements, les dragons portés d'une part, la découverte et les G.R. d'autre part, aura encore ses chars dans d'autres directions. Ce jour-là, elle se trouve dans la région sud de Valenciennes théoriquement en réserve et à la disposition de la IXème Armée. Il n'y a plus de IXème Armée. Elle reçoit l'ordre du G.A./1 de se porter sur Le Cateau (par Valenciennes et Solesmes) et sur Landrecies (par Condé, Morchies, Le Quesnoy) pour agir, soit en direction d'Avesnes, soit en direction de Guise. L'après-midi, la D.L.M., sans chars, se trouve sensiblement sur la ligne Neuvilly - Croix-Caluyau-Ribersart dans un meli-melo de réfugiés et de fuyards. Les Allemands occupent Landrecies. A 9 heures, le Régiment H fait mouvement en direction générale de Valenciennes, étape longue et très lente. Vers midi, le P.C. a dépassé Quarouble, et des premiers renseignements signalent l'ennemi à Avesnes dès le matin. A 13 heures, le P.C. se porte à Jenlain. Violents bombardements aériens ; le T.C., à Quarouble, a quelques pertes. Le Groupe S est toujours en position défensive sur le canal de Charleroi. Au 3ème escadron, le peloton André de Conigliano, alerté à 10 heures, se porte sur Le Cateau. En fin de journée, il rejoint le 4ème R.D.P. à Englefontaine et reçoit l'ordre à 18 heures d'établir une tête de pont à Landrecies. En débouchant du passage à niveau, le lieutenant André de Conigliano, qui est en tête, est violemment pris à partie par des armes anti-chars à bout portant. Son char est détruit ; il est tué ; son conducteur, le brigadier-chef Fresnais, également. Le reste du peloton, sous les ordres du maréchal des logis-chef Léger, se replie sur Englefontaine vers 19h15 et reste en position défensive sur la route de Landrecies.
Le peloton Coupé, en position à Pont-à-Celles, perd la liaison avec son escadron.
Quant au 1er escadron, il reçoit, vers 10 heures, l'ordre de se diriger immédiatement sur Valenciennes. Il s'y porte par l'itinéraire Soignies - Mons-route de Valenciennes.
A Quiévrain, où il est soumis à un violent bombardement, il est orienté sur Le Quesnoy et y arrive vers 18 heures. Il reçoit l'ordre d'envoyer un peloton à Noyelles, sur la Sambre, et deux pelotons à Berlaimont pour occuper les ponts. Ces ponts seront donnés à la garde de l'infanterie qui doit accompagner les chars.
Les renseignements sur l'ennemi sont les suivants : quelques A.M.D. patrouillent dans la forêt de Mormal.
Il reste à peine 60 litres d'essence par char. Le capitaine de Segonzac laisse au Quesnoy, avec le commandant Vertier, le peloton Dauger. Il envoie le peloton Bourgeois à Noyelles et part à Berlaimont avec les pelotons Champsiaud et Guillien par l’itinéraire Jolimetz-Locquignol-Berlaimont. La route est effroyablement encombrée de réfugiés et de fuyards jusqu'à la sortie de Locquignol. Peu après, le peloton Champsiaud, qui est en tête, ouvre le feu sur une auto-mitrailleuse ennemie et la détruit. Le village de Berlaimont paraît inoccupé. L'escadron y entre le plus rapidement possible pour tenter de gagner les ponts. A peine y est-il engagé que les Allemands, parfaitement camouflés dans les maisons et les vergers, ouvrent un feu violent d'armes anti-chars. Plusieurs chars sont atteints ; le cuirassier Gorlier, conducteur du maréchal des logis Gille, a l'épaule et la jambe fracturées. Plusieurs armes anti-chars sont détruites et l'escadron continue d'avancer à l'intérieur du village. Le char du lieutenant Champsiaud en tête prend feu ; le conducteur, brigadier-chef Bernard, est tué ; le lieutenant Champsiaud, sortant de son char, est abattu à coup de pistolets-mitrailleurs. Le brigadier-chef Delaporte parviendra à rejoindre l'escadron. Derrière le char du lieutenant Champsiaud, le char du brigadier-chef Aumaitre, très violemment pris à partie, a son tourelleau arraché et projeté à une vingtaine de mètres. Le capitaine lui donne l'ordre de rentrer au Quesnoy. Quelques armes anti-chars sont encore détruites ; mais la nuit vient, les chars tombent en panne d'essence et l'infanterie d'accompagnement annoncée n'a jamais paru. Dans ces conditions, le capitaine donne l'ordre aux chars qui restent de se reporter à la lisière est de la forêt de Mormal. De là, il envoie le sous-lieutenant Guillien rendre compte au Quesnoy et demander de l'essence à tout prix. Il est environ 21h30. A 24 heures, ne recevant ni essence ni ordres, le sous-lieutenant Guillien n'étant pas encore rentré, le capitaine décide de se replier sur Locquignol, qui est occupé par l'unité à pied de la 1ère D.C.R. La moitié des chars est en panne d'essence ; elle est remorquée par l'autre moitié ; le tout arrive à Locquignol qui vient d'être abandonné par les fantassins. Le capitaine finit par trouver de l'essence et fait ses pleins. Le lieutenant-colonel Pinon lui donne l'ordre de se reporter sur Jolimetz, où il retrouve à 4 heures le peloton Bourgeois.

Samedi 18 mai :
A 13 heures, arrive un ordre du général Giraud d'attaquer dès que possible "pour border la Sombre de Landrecies à Ereux" dit le général Picard.
" Entre Le Cateau et la forêt de Mormal pour prendre en flanc les unités ennemies qui attaquent Le Cateau de front" dira le général Giraud.
Cette attaque "chars en tête" pouvait avoir "des résultats énormes " dira-t-on encore. Il importe donc de s'étendre un peu plus longtemps sur les événements de cette journée : l'ordre d'attaque a donc bien été donné à 13 heures et transmis aux groupements tactiques :
a) Groupement de Beauchesne, qui tient Neuvilly et le bois de Vendrecies, avec deux bataillons du 4ème R.D.P., les chars du 18ème Dragons, un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Le Cateau-Wassigny.
b) Groupement de Causans, qui tient la lisière S.-O. de la forêt de Mormal et de Ribersart, avec un bataillon du 4ème R.D.P., les chars H du 4ème Cuirassiers, un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Landrecies.
Or, au début de l'après-midi du 18, les deux groupements, constitués depuis le 15, qui ont fait mouvement depuis le 16 et ont pris contact le 17, sont éparpillés. Le groupement de Beauchesne n'attaque pas "en raison de l'absence des chars" (qui n'ont pu parvenir à temps) en raison aussi d'une attaque allemande qui se produit sur Solesmes à l'heure même où la nôtre devait se déclencher. Le contre-ordre a été donné par le colonel de Beauchesne à 18h30. Le journal de marche du 18ème Dragons dit que les pelotons de chars ayant combattu le 17 et le 18 au matin, se sont trouvés "engagés partout" et n'ont pu être regroupés. Au début de la nuit, le groupement se repliera vers le nord-ouest. Le groupement de Causans a attaqué et progressé jusqu'aux abords de Landrecies. Mais deux escadrons de chars H avaient été retenus au Quesnoy par le général Martin, et, sur l'effectif restant (trente appareils), une vingtaine est détruite vers Jolimetz.
L'attaque ne fut pas exécutée. Dispersée sur un vaste front, ayant exécuté successivement le 17 et le 18 au matin des ordres souvent contradictoires émanant d'autorités très diverses, morcelée en petits détachements sur lesquels les chefs locaux "mettaient la main", lancée en pleine bataille dans une région déjà sillonnée par les blindés allemands, la 1ère D.L.M. se trouve incapable de répondre à la mission que lui avait assignée le général Giraud car elle n'existe déjà plus en tant qu'unité constituée.
Groupe S
Le Groupe S contre-attaque toute la journée en direction de la forêt de Mormal.
Le capitaine de Segonzac, commandant l'escadron, est chargé par le général Martin d'organiser la défense de Jolimetz. Il y a dans le village des A.M.D. du 6ème Cuirassiers, un peloton du 4ème D.P., des éléments de la 1ère D.C.R., une pièce anti-chars belge, etc... A 8 heures, les Allemands commencent à attaquer le village. La plupart des éléments isolés présents disparaissent et il ne reste plus à Jolimetz (en sus des dix chars du 1er escadron) que le commandant de la Sayette, le peloton du 4ème D.P. et une compagnie de tirailleurs algériens qui vient d’arriver.
L’action se poursuit toute la journée, avec des contre-attaques nombreuses, bien soutenues par les tirailleurs et la D.P.. L’ennemi utilise des chars dont plusieurs seront détruits, de l’artillerie de 105 et des armes anti-chars qu’il peut amener en lisière de la forêt de Mormal sans qu’on puisse repérer le mouvement.
A partir de 10 heures, successivement le char du maréchal des logis Gateau est mis en feu, puis brûlent ensuite le char du maréchal des logis Noizet et celui du maréchal des logis Bombaron. Le char du maréchal des logis-chef Litzler est détruit. Le sous-lieutenant Guillien, envoyé en patrouille avec le maréchal des logis Flamant, ne revient pas.
Le capitaine de Segonzac se place au carrefour central du village, avec les sous-lieutenant Bourgeois, le brigadier-chef d’Ormesson restant un peu en arrière avec le chef Enfroy dont le char est en difficulté. Il est environ 17 heures ; à ce moment l’attaque ennemie atteint son maximum d’intensité. Des témoins oculaires prétendront que cinquante chars ennemis occupent le village. A quelques mètres du char du capitaine, le char du sous-lieutenant est immobile et ne répond plus. Un gros char allemand, probablement un PzKpfW IV, vient d’arriver derrière le char du capitaine et le prend à partie. Le sous-officier radio comptera dix perforations dans le char avant que l’équipage soit contraint d’abandonner.
Au Quesnoy, il ne retrouve ni le commandant Vertier qui a été blessé vers 12 heures, ni le peloton Dauger. Un officier d’état-major l’oriente sur Waretz ; il perd le contact avec le 4ème Cuirassiers et ne le rejoindra que le 9 juin, après avoir combattu sur la Somme avec le 7ème Cuirassiers.
Seul, le char du brigadier-chef d’Ormesson a pu quitter Jolimetz et rallier le peloton Dauger qui, à court d’essence, n’a pas été engagé dans ce combat. Ce peloton avait été maintenu en réserve à la disposition du commandant Vertier.
Le 3ème escadron, sous les ordres du lieutenant de Vandières, participe également aux contre-attaques de la forêt de Mormal et se repliera finalement, le soir, sur Iwuy.
Groupe H.
Vers 14 heures, l’ordre d’attaque de la D.L.M. arrive au Régiment le groupe d’escadrons de Thelin passe aux ordres du colonel de Causaus, le groupe d’escadrons Marchal aux ordres du lieutenant-colonel Pinon.
Cette attaque devait s’effectuer au sud de la forêt de Mormal et atteindre le canal de la Sambre. Le groupe d’escadrons de Thelin arrive au Quesnoy, 2ème escadron en tête. Dès son arrivée, le 2ème escadron est poussé pour débloquer la sortie sud du Quesnoy où des éléments allemands de force encore indéterminée ont pris position.
Le 2ème escadron engage successivement le peloton Aussel (aspirant Aussel tué à la tête de son peloton), le peloton de la Morsanglière qui, après avoir fait sauter la résistance et progressé d’un kilomètre environ en direction de Jolimetz, tombe sous un feu extrêmement nourri d’armes anti-chars installées dans les bois en lisière de la route. Ce peloton, qui n’avait plus que quatre chars, est littéralement détruit. Le capitaine de Chatellus se porte en char près du lieutenant de la Morsanglière pour lui donner l’ordre de repli ; il est tué, son char étant percé d’un groupement serré de cinq obus anti-chars. A signaler la belle conduite du maréchal des logis-chef Coquart.
Les pelotons Costerousse et Desmontiers, légèrement en arrière, se replacent sous les ordres directs du commandant de Thelin et sont envoyés sur la route de Landrecies ; à ces deux pelotons se joignent deux chars rescapés du peloton Aussel.
Ce groupement du 2ème escadron subit de fortes pertes et est presque entièrement détruit. Sur les vingt et un chars du 2ème escadron, deux seulement, ceux du maréchal des logis Schiltz et du maréchal des logis-chef Desmontiers, rejoindront Haspres le lendemain matin et se joindront au 4ème escadron.
Le 4ème escadron, pendant ce combat, se trouvait dans Le Quesnoy même. Le général Martin, commandant la place du Quesnoy, fait appeler le capitaine de Viévile à son P.C. Il veut utiliser les chars à son profit ; le capitaine de Viéville lui répondant qu’il est aux ordres du commandant de Thelin, reçoit l’ordre d’aller le chercher ; il trouve le commandant à la sortie sud du Quesnoy, lui transmet le désir du général Martin, que le commandant ne peut satisfaire recevant lui-même ses ordres du colonel de Causans.
Pendant ce temps, le lieutenant de Ferry est appelé auprès du général Martin, qui lui donne l’ordre d’envoyer deux pelotons à Louvignies et deux pelotons à Orsinval, en soutien des éléments d’infanterie qui se trouvaient dans ces deux villages. Le lieutenant de Ferry envoie à Louvignies le peloton de l’aspirant Pi et son peloton personnel sous les ordres du maréchal des logis Durin.
La résistance ennemie à l’est du Quesnoy faiblit ; mais une menace apparaît au nord. L’ennemi attaquait avec des chars appuyés par de l’infanterie. Le pont sud du Quesnoy saute (vers 18 heures). Le lieutenant de Ferry envoie un peloton à la sortie nord du Quesnoy, en soutien de la défense (aspirant Nicolas) et le dernier peloton (adjudant-chef Vigue) à la sortie sud avec la même mission.
Vers 20h30, apprenant que le pont nord allait sauter, le lieutenant de Ferry rassemble les deux pelotons Nicolas et Vigue et se porte en direction générale de l’ouest, rencontre au carrefour de Capelle le lieutenant de la Morsanglière avec quatre chars H absolument hors de combat et arrive à Haspres le lendemain à 4 heures.
Le capitaine de Viéville, sur un renseignement inexact après son entretien avec le commandant de Thelin, était parti pour retrouver son escadron d’abord à Louvignies, où il a pris contact avec le peloton Costerousse, ensuite sur les indications du commandant de Thelin sur la route de Ghissignies-Salesches, Neuville, Vendegiesaux-Bois ; il fait une partie de cette route avec le peloton Dauger, du 1er escadron (Groupe S), peloton presqu’à court d’essence. Vers 23 heures, il rejoint le peloton Dauger à Vertain, où se trouve le Groupe H (Marchal). L’ensemble de ces chars gagne Avesnes-le-Sec vers 4 heures du matin ; le capitaine de Viéville rejoint le reste des deux escadrons H du 4ème Cuirassiers vers 4h30.
Les pertes de la journée sont très dures également au 4ème escadron. Les pelotons Pi et Durin, envoyés à Louvignies, ont disparu.
De plus, aucune nouvelle du commandant de Thelin et de son P.C., qui ont suivi le colonel de Causans. Le lieutenant-colonel Poupel rejoint vers 17 heures le lieutenant-colonel Pinon à Ovillers.
L’attaque prévue n’était pas encore partie ; le colonel décide de se rendre à Bermerain, au P.C. de la D.L.M., pour prendre des renseignements complémentaires.
De retour vers 19 heures à Ovillers, il arrive au moment du repli du colonel Pinon sur Saint-Python près de Solesmes.
La situation était alors extrêmement grave l’attaque prévue avait été devancée par une attaque allemande qui progressait sur l’axe Le Cateau-Cambrai.

Dimanche 19 mai :
La 1ère D.L.M. est attachée ce jour au corps de cavalerie ; repli derrière la Sensée face au sud.

Lundi 20 mai :
A 0 heure, décrochage général de tous les éléments de Verchain. Le maréchal des logis-chef Thomas rejoint avant l’aube le P.C. du Régiment avec son char, après s’être particulièrement distingué.
Le Groupe de Viéville se replie sur Bouchain et Mastaing, où il reprend liaison avec le Régiment ; il reçoit l’ordre, vers 9 heures du matin, de se porter sur Marquette. A peine arrivé, vers midi, il attaque en direction du canal pour y rejeter des éléments ennemis qui l’auraient traversé et reporté sur cette ligne l’infanterie amie.
Le matin, vers 8 heures, le maréchal des logis Schiltz est arrivé au P.C. du Régiment avec deux chars H : le sien et celui de l’aspirant Pi dans lequel se trouvait le cadavre de celui-ci. L’aspirant Pi faisant partie du détachement envoyé la veille sur Louvignies, avait rejoint avec les deux pelotons du 4ème escadron le commandant de Thélin à Englefontaine. Avec le commandant de Thélin, il était revenu à Louvignies puis à Ghissignies.
D’après les déclarations du maréchal des logis Schiltz, l’aspirant Pi, chargé avec trois chars de défendre une des sorties de Ghissignies au moment où l’ennemi y arrivait, avait attaqué, passé au travers de l’ennemi et pris la direction de Solesmes. Arrivé à proximité de cette ville en pleine nuit, apercevant des signaux lumineux, il avait sorti la tête de sa tourelle pour prendre contact avec des éléments qu’il croyait amis, il a été tué à bout portant. En entendant les détonations, le char de tête (brigadier chef Chabert, brigadier Moulin) a foncé en direction de Solesmes. On ne sait ce qu’il est devenu.
Le conducteur de l’aspirant Pi (cuirassier Goupille) fait demi-tour, suivi par le char du maréchal des logis Schiltz qui n’avait pas vu se dérouler cet événement.
Ce n’est qu’au premier arrêt que Schiltz apprend de Goupille la mort de l’aspirant Pi. Il ramène alors les deux chars à Marquette. L’aspirant Pi est enterré dans le parc du château le 20 dans la matinée.

Mardi 21 mai :
Les chars S du Régiment, sous les ordres du lieutenant de Vandières, rejoignent le lieutenant-colonel Pinon à Farbus. Pour les chars H, journée semblable à celle de la veille : surveillance de la boucle du canal ; pas d’incidents à noter.
Tous les chars de la brigade ne forment plus qu’un seul groupement (S et H) aux ordres du lieutenant-colonel Pinon. Les escadrons du 18ème Dragons et ce groupement opèrent en fin de journée dans la région du Mont Saint-Eloi une contre attaque fort brillante qui ramène des prisonniers et du matériel.
Les chars S restent en position défensive jusqu’à 18 heures et participent ensuite à l’attaque du Mont Saint-Eloi. Le P.C. du Régiment a reçu un sévère bombardement d’avions en piqué à Farbus.
Le lieutenant-colonel Poupel est appelé au P.C. de la division à 20h30 pour prendre le commandement de tous les chars, le lieutenant-colonel Pinon ayant été grièvement blessé.

Vendredi 24 mai :
Le groupement de chars de la D.L.M. devait attaquer aux premières heures de la journée en direction de Souchez. Le capitaine Miquel, de l’E.-M. de la 1ère D.L.M., apporte à 1 heure l’ordre de repli en direction du nord, canal de la Haute-Deule.
Le décrochage s’opère à partir de 3 heures du matin, l’arrière-garde étant formée par l’escadron de Vandières auquel se joint le peloton de Ferry. Le regroupement du Régiment s’effectue dans les bois de Phalempin, au sud de Seclin, vers 13 heures.

Samedi 25 mai :
A 14h15, départ du Régiment à destination des bois de Phalempin. Le soir, il n’était question que d’une attaque massive franco-anglaise en direction du sud-ouest. Dans la nuit, un violent bombardement dans la région de Carvin fait prévoir au contraire une attaque allemande pour le lendemain.

Dimanche 26 mai :
Les bois de Phalempin, où le maréchal des logis Carette, aumônier régimentaire, dit une messe à 7 heures, résonnent du bruit du canon voisin.
Les chars sont engagés dans des actions répétées au profit de l’infanterie qui défend la boucle de Carvin. Ce qui reste des chars H du Régiment, les pelotons de Ferry et Vigue (neuf chars), passent aux ordres du capitaine de la Chauvelais, du 18ème Dragons, et y restent jusqu’à Dunkerque.
Toute la journée, des demandes de chars affluent au P.C. colonel, et à 18 heures les chars S contre-attaquent en direction de Provin. A la tombée de la nuit, le Régiment s’installe à Annoeulin. Situation confuse. L’infanterie abandonne Carvin. L’escadron de Vandières est mis à la disposition de la 43ème D.I., dans la région de la Bassée.

Lundi 27 mai :
L’ordre de repli arrive et est exécuté à 3 heures du matin, en direction de Petit-Mortier (8 km ouest d’Armentières).
A midi, ordre est donné au lieutenant-colonel Poupel de prendre liaison avec le général commandant la 43ème D.I. pour lui donner l’appui de tous ses chars disponibles. Vers 14 heures, il reçoit un ordre du général commandant la 1ère D.L.M. d’avoir au contraire à rallier le Petit-Mortier et engager ses chars en direction de la forêt de Nieppe.
L’escadron de Vandières fait mouvement vers 4 heures du matin ; il est mis à la disposition du 7ème G.R.D.I. à Illies. Il reçoit l’ordre de rejeter l’ennemi qui s’est infiltré au delà du canal et de tenir ce dernier. Le peloton du sous-lieutenant Legendre contre-attaque en direction de Violaines. Le peloton de l’aspirant Dauger contre-attaque entre la Bassée et Salomé, au-delà de la voie ferrée ; il perd deux de ses chars et dégage un peloton d’A.M.D. Le peloton du lieutenant Coupé tient le passage à niveau sur la route d’Illies à Salomé. Les pelotons Legendre et Coupé, après une lutte sévère, se replient vers 17 heures à Aubers, où ils se regroupent pour gagner Fromelles, où ils s’installent en halte gardée pour la nuit. Le peloton de l’aspirant Dauger ne rejoint pas.
Vers 20 heures, contre-attaque par des éléments blindés ennemis. Vive réaction. Le 7ème G.R.D.I. se replie, protégé par les "Somua", en direction d’Armentières - Bailleul.

Mardi 28 mai :
Le P.C. du Régiment s’installe à Doulieu vers 15 heures. Situation des chars approximativement la même.
A 10 heures, des fantassins britanniques signalent des chars allemands. Des patrouilles sont effectuées par les chars H. Cinq chars ennemis sont signalés à Godevaerswelde. Un peloton s’y porte. Le lieutenant de Ferry se porte au Mont des Cats pour couper la route aux chars ennemis au sud de Godevaerswelde. Le peloton fait sa jonction avec le reste de l’escadron H du capitaine de la Chauvelais, du 18ème Dragons, et l’ensemble contre-attaque. Les chars sont arrêtés par une tranchée profonde.
Le colonel a pu, grâce à une reconnaissance hardie de l’aspirant Schreiber, situer la position de l’escadron de Vandières dans la région des Monts de Flandres. Vers 16 heures, devant la poussée des chars ennemis, il essaie de rattraper ce qui reste de cet escadron, qui a changé de position et continue sa mission initiale au profit du G.R.D.I..
La situation générale a profondément évolué. Les dangers d’enveloppement se précisent. Vers 19 heures, le lieutenant-colonel Poupel est appelé au P.C. de la D.L.M. ; à 20 heures, les ordres de repli vers le littoral sont donnés. Départ à 23h30, après avoir rendu inutilisables les véhicules spéciaux, détruit un grand nombre de documents.

Mercredi 29 mai :
A 3 heures du matin, la colonne est obligée de s’arrêter à 3 km sud de Bailleul. La route est embouteillée d’une manière inextricable. Tous les véhicules à roues sont abandonnés et le Régiment regagnera à pied ou par des moyens de fortune la zone de Ghyvelde qui avait été donnée comme point de première destination.
Les chars arriveront à se frayer un passage et à atteindre vers 20 heures le bivouac à 2 km ouest d’Adinkerke.
Tout le matériel du Régiment, sauf une vingtaine de chars, a été abandonné. Le T.C. avait rejoint le Perroquet, lieu-dit à l’est de Bray-Dunes. Il avait subi le 28 mai un violent bombardement aérien à Berthen et eu de lourdes pertes en matériel. La base de la 1ère D.L.M. était également à Bray-Dunes.

Jeudi 30 mai :
Rassemblement du Régiment sur la plage de Malo-les-Bains. Pas de bateaux à la disposition des troupes françaises.
Les chars, sous les ordres du commandant Marchal, reçoivent une mission de sacrifice : celle de continuer à combattre pour protéger l’embarquement de l’Armée du Nord.
Un groupement est constitué à Coudekerque le 30 mai avec tout ce qui avait pu être rassemblé de chars appartenant aux trois D.L.M., soit 21 chars S et 18 H.

Vendredi 31 mai :
Embarquement à Dunkerque à partir de 13 heures, sur le bateau "Ingénieur Cachin". Bombardement de l’artillerie ennemie. Au large, quelques coups de canon d’une batterie côtière. Arrivée à Douvres vers 20 heures. Débarquement non autorisé.

Samedi 1er juin :
Départ de Douvres vers 6 heures. Arrivée au Havre à 20 heures. Accueil extrêmement cordial de la garnison du Havre. Nuit passée au fort de Toumeville.
Embarquement en chemin de fer à 21 heures à destination de la région d’Evreux.

Lundi 3 juin :
Arrivée à 8 heures en gare de La Bonneville. Le Régiment cantonne à Aulnay-sur-Iton.

Mardi 4 juin :
Repos à Aulnay-sur-Iton. Prises d’armes à 11 heures, au cours de laquelle les premières décorations sont remises.

Mercredi 5 et Jeudi 6 juin :
Repos à Aulnay-sur-Iton.

Vendredi 7 juin :
L’état-major du Régiment ainsi que l’ensemble des équipages de chars et quelques services sont dirigés sur Chevreuse dans le but d’être reformés. Le reste du Régiment, soit trois cents hommes environ, demeure à Aulnay, sous les ordres du capitaine de Viéville, et forme le 4ème Régiment de Cuirassiers B.

Samedi 8 juin :
Le lieutenant de Ferry, resté à Dunkerque pour couvrir l’embarquement des troupes, rejoint Aulnay-sur-Iton.

Dimanche 9 juin :
Le capitaine de Viéville reçoit l’ordre de se rendre à Chevreuse pour y prendre le commandement d’un groupe d’escadrons. Le lieutenant de Ferry prend alors le commandement du détachement resté à Aulnay-sur-Iton.
Vers 23h30, il reçoit l’ordre de se porter immédiatement à pied sur Ambenay. Le capitaine de Viéville, avec quelques éléments, part alors sur le champ pour Chevreuse.

Reconstitution du corps de cavalerie (le 10 juin)
Le 10 juin, le corps de cavalerie et ses trois D.L.M. (1ère, 2ème et 3ème) sont reconstitués sous l’impulsion du général Langlois, commandant le C.C., du général Rupied, directeur de la cavalerie et du commandant Schwartz qui commande le dépôt de matériel de la cavalerie.
1ère D.L.M. :
- 1 régiment de Découverte : le 6ème régiment de Cuirassiers (colonel Dario)
  1 peloton de 5 A.M.D. - Panhard 178.
  2 escadrons motos
- 1 régiment de chars réduit : le 4ème Régiment de Cuirassiers (colonel Poupel)
  1 escadron à 10 chars S 35 Somua.
  1 escadron à 10 chars H 39 Hotchkiss.
- 1 régiment de dragons portés réduit : le 4ème régiment de Dragons portés (chef d’escadrons Amanrich)
  1 bataillon = 1 escadron moto,
  3 Escadrons de fusiliers-voltigeurs sur camions,
  1 escadron de mitrailleuses sur camions.
(Un régiment semblable, le 12ème régiment de Dragons portés, rejoindra la 1ère D.L.M. vers le 13 juin).
Ainsi reconstituée, chacune des D.L.M. n’est plus guère comparable qu’à un gros groupe de reconnaissance. Le manque d’artillerie, surtout, se fera sentir, ainsi que les déficiences en engins blindés : le corps de cavalerie voit ses éléments organiques (E.O.C.C.) limités à :
1 groupe de 75 tracté (moins 2 sections)
1 batterie de 47 anti-chars
1 batterie de 25 contre-avions.
Par contre, les combattants qui demeurent, ont maintenant une connaissance de la guerre et une confiance dans leurs cadres, qui suppléent en partie le manque de matériel.
Aussi, le corps de cavalerie ne cessera-t-il pendant la campagne de France, de faire face à l’ennemi avec des faibles moyens, et de le harceler sans cesse. Il exécutera ainsi une série de manœuvres, s’étendant sur un total de plus de 500 kilomètres. Faisant preuve d’une mobilité surprenante, il saura plusieurs fois, après avoir tenu tête à l’ennemi, échapper à son étreinte alors que séparé de toute grande unité, sa situation semblera des plus hasardeuses.

Situation du 4ème Cuirassiers (le 10 juin)
Le 4ème Cuirassiers est articulé comme suit :
- Un E.M. de Régiment très réduit :
Lieutenant colonel Poupel
Capitaine Hénin, adjoint
Un chauffeur, une T.O.
Aspirant Schreiber, en side-car, officier de liaison à la 1ère D.L.M.
- Un Groupe d’escadrons (aux ordres du capitaine de Viéville) comprenant :
un escadron H aux ordres du lieutenant de la Morsanglière,
à trois pelotons : Aspirant Nicolas
                   Aspirant Dauger
                   Maréchal des logis-chef Coquart
soit dix chars H 39.
- un escadron S aux ordres du lieutenant Ville,
  Lieutenant Coupé
  Sous-lieutenant Legendre
  Adjudant Ziora
soit dix chars S.
Cent soixante hommes environ.
Un détachement laissé à Chevreuse, aux ordres du capitaine de Segonzac et du sous-lieutenant Toupet, comprenant environ cent hommes.
Un détachement laissé à Aulnay-sur-Iton, aux ordres du lieutenant de Ferry et du sous-lieutenant Cordonnier, comprenant environ quatre cents hommes.
 
 
TROISIÈME PÉRIODE :
CAMPAGNE DE LA SEINE À LA DORDOGNE (10 JUIN - 25 JUIN)

Lundi 10 juin :
Le Groupe d’escadrons de Viéville, à Houdan, vers 18 heures, est dérouté sur Pacy-sur-Eure, des infiltrations ennemies étant signalées au sud de Vemon.
Vers 20 heures, l’officier de liaison à la D.L.M. (aspirant Schreiber) vient donner le lieu de stationnement pour la nuit : village de la Heunière, et prescrire au colonel une reconnaissance au nord de la forêt de Pacy, afin d’étudier les possibilités d’attaque d’engins blindés ennemis en direction du sud.
Le colonel Poupel se porte au nord de la forêt de Pacy et, dans le but de compléter sa reconnaissance, se dirige seul en side-car un peu plus au nord, vers 21 heures environ. Il tombe dans une embuscade allemande et est fait prisonnier, ainsi que le cuirassier François Le Huérou, conducteur du side-car.

Mardi 11 juin :
Le capitaine de Viéville prend le commandement du 4ème Cuirassiers.
Selon le désir du capitaine Le Tellier, du 4ème R.D.P., chargé de la défense du point d’appui de Pacy, inquiet sur des infiltrations ennemies signalées le long du cours de l’Eure, le capitaine de Viéville pousse un certain nombre de reconnaissances.
- 11 heures. Peloton S (lieutenant Coupé) sur Houlbec, où sont signalés des éléments d'infanterie ennemis. Le lieutenant Coupé prend contact au passage à Menille avec des éléments du 4ème R.D.P. Ceux-ci signalent que les éléments du 6ème Cuirassiers qui devaient tenir Rouvray se sont repliés sur Cocherel. Le lieutenant Coupé se dirige sur Cocherel, dont le pont était barricadé : pas d'éléments du 6ème Cuirassiers. Il poursuit sa mission sur Rouvray. A la sortie de Cocherel, il rencontre, par surprise, cinq cyclistes allemands et ouvre le feu : deux cyclistes sont tués. Un peu plus loin, il est accueilli par le feu nourri d'armes anti-chars : ses trois chars sont percés par plusieurs projectiles. Deux chars sont mis dans l'impossibilité de tirer. Le lieutenant Coupé donne l'ordre de repli en assurant la protection par son feu.
- 15h10. L'escadron H (lieutenant de la Morsanglière) part pour Boncourt avec mission de reporter les éléments du 6ème Cuirassiers (deux pelotons motos) sur le pont de Cocherel. Il y arrive à 16 heures. A peine arrivé, conformément à l'ordre d'opérations de la 1ère D.L.M., il est renvoyé immédiatement sur Boncourt afin de reporter sur le pont de Chambray les mêmes éléments du 6ème Cuirassiers.
- 16 heures. L'escadron S (lieutenant Ville) reçoit l'ordre de se porter à la sortie nord de la foret de Pacy en vue de participer à une attaque en direction de La Heunière et de Bizy en entraînant dans sa zone des éléments du 4ème R.D.P. (capitaine de Vendières de Vitrac).
Le P.C. avancé du Régiment se porte à hauteur du P.C. de la 2ème B.L.M. ; l'aspirant Schreiber y est blessé d'une balle de pistolet mitrailleur à la cuisse. Le débouché de cette attaque a lieu à 18 heures (deux pelotons 1er échelon, un peloton 2ème échelon). Les chars sont pris sous le feu d'une part d'une dizaine d'armes anti-chars installées aux lisières sud de La Heunière, d'autre part d'un barrage d'artillerie de 77.
Après avoir réduit les armes anti-chars, la progression reprend et, à 19h15, le village commence à être contourné par l'ouest en vue d'atteindre le premier objectif, à savoir le carrefour de la route Cocherel-Vemon et Pacy-Vemon.
A 20 heures, la partie nord du village est atteinte. Violente réaction de l'ennemi par armes anti-chars et artillerie. Le nettoyage des lisières sud du village est opéré par le 4ème R.D.P., qui fait de nombreux prisonniers.
Contact pris entre les chars et le 4ème R.D.P. à 20h30 pour prendre des dispositions pour la nuit. Le capitaine de Vendières, au 4ème R.D.P., est grièvement blessé à ce moment et transporté en char par le lieutenant Ville jusqu'au P.C. de la brigade. Le lieutenant Ville reçoit alors des ordres du colonel de Bellefond, commandant la brigade, pour protéger l'installation du 4ème R.D.P. pour la nuit à la lisière nord des bois de Pacy.
Décrochage laborieux sous un feu violent d'armes anti-chars et d'artillerie. L'opération s'effectue la nuit tombée ; les chars se replient sur Pacy vers 23 heures, ramenant en remorque trois canons anti-chars de 37 et leurs munitions. Après recoupement, les pertes causées à l'ennemi sont estimées à :
- une quarantaine de tués et vingt-cinq blessés graves laissés sur le terrain ;
- plusieurs mitrailleuses lourdes détruites ;
- une auto-mitrailleuse détruite ;
- plusieurs camions (quatre à cinq) ;
- un certain nombre d'armes anti-chars neutralisées (trois ramenées, dont deux en parfait état).
Pertes de l'escadron S : un char embourbé et incendié par l'équipage, qui a été récupéré.
Pertes au P.C. : aspirant Schreiber, blessé.
- 18h15. L'escadron H pendant ces événements arrive à Boncourt. Les pelotons Nicolas et Coquart et un peloton moto du 6ème Cuirassiers poussent sur Hardencourt. Le peloton moto est stoppé par des tirs d'armes automatiques.
- 19h30. Les deux pelotons ont terminé le nettoyage d'Hardencourt. Le peloton moto entre dans le village et fouille les maisons ; opération terminée à 20h30. Réaction de l'artillerie ennemie.
Le lieutenant de la Morsanglière décide de se replier sur Boncourt pour y passer la nuit. Arrivé sur Boncourt, sur ordre de la 1ère D.L.M., il reçoit l'ordre de pousser deux pelotons (Dauger, Nicolas) sur Vaux-sur-Eure, avec mission de ramener à Cocherel l'escadron du lieutenant Pottier, du 4ème R.D.P.
Liaison est prise avec le lieutenant Pottier, qui estime impossible de pousser sur Cocherel étant donné la tombée de la nuit. Les deux pelotons reviennent à Boncourt par Croisy et Saint-Aquilin. Installation à Boncourt pour la nuit en point d'appui cerclé. Le T.C., dès 4 heures du matin, avait quitté Pacy pour Boisset.

Mercredi 12 juin :
Au petit jour, la situation des deux escadrons est la suivante :
- Escadron S, regroupé à Saint-Aquilin ; P.C., Saint-Aquilin.
- Escadron H, regroupé à Boncourt.
L'escadron H a reçu l'ordre dans la nuit de recommencer l'opération commencée la veille et interrompue par la nuit, opération destinée à replacer les éléments du 6ème Cuirassiers sur Chambray en passant par Cocherel.
Départ à 4h30 de deux pelotons (Dauger, Coquart). Pendant ce temps, deux pelotons S partent à 4h45 (Coupé, Legendre) avec mission de reporter sur Cocherel en passant par Vaux-sur-Eure l'escadron Pottier du 4ème R.D.P.. Ces deux opérations vont se conjuguer.
Le lieutenant Coupé avec ses deux pelotons prend contact avec le lieutenant Pottier à 5 heures à Vaux-sur-Eure, arrive aux lisières est de Cocherel à 6h15. Rien à signaler. Un peloton S (Legendre) se porte vers le pont pour l'occuper, soutenu par. l'autre peloton. Réaction violente d'armes anti-chars impossibles à déceler étant donnée la configuration du terrain. Le sous-lieutenant Legendre sort de son char pour prendre liaison à pied avec les D.P. ; il est mitraillé à courte distance et tombe. Malgré des recherches effectuées d'une part par le lieutenant Coupé et son peloton, d'autre part par le médecin lieutenant Bouniol avec sa sanitaire, le corps du sous-lieutenant Legendre n'a pu être retrouvé.
Liaison prise avec les éléments H (Coquart) qui progressaient sur l'axe Hardencourt-Cocherel.
Combinaison des efforts et des feux, ce qui permet au maréchal des logis-chef Lambert (S) de détruire successivement trois armes anti-chars qui venaient prendre position et un camion à munitions.
Les pelotons H (Coquart et Dauger) détruisent de leur côté deux armes anti-chars et infligent à l'ennemi placé le long du remblai de la voie ferrée des pertes considérables.
A plusieurs reprises, au cours de la journée, l'escadron H subit de violents tirs d'artillerie notamment vers 16 heures après le survol d'un avion ennemi (sans doute un Morane MS 406 utilisé par les Allemands).
A 18h15, l'encerclement est presque total ; l'escadron H protège le repli des éléments du 6ème Cuirassiers en direction de Caillouet. A 18h35, l'escadron H reçoit l'ordre de quitter Boncourt par la route de Mizerey et se replie sur Saint-Aquilin.
L'escadron S et le P.C. reçoivent l'ordre de se porter à Orgeville, où des infiltrations se révèlent à partir de 21 heures. Le T.C., à 20 heures, reçoit l'ordre de se porter de Boisset aux Essarts (8 km S. de Pacy).
Pertes de la journée : sous-lieutenant Legendre, disparu ; cuirassier Caval, blessé à l'oeil gauche ; 3 sides, 1 solo.
A 21h30, le P.C. et l'escadron S se dirigent d'Orgeville sur Le Plessis, où l'escadron S reste en protection du repli de la D.L.M. jusqu'à minuit avec un peloton du 6ème Cuirassiers (lieutenant de Villèle). L'escadron H se porte de Saint-Aquilin à la Noé-du-Bois au P.C. du 4ème R.D.P.

Jeudi 13 juin :
La D.L.M. opère un repli général vers le sud, protégée par le Régiment, en direction de Blévy (20 km S.-O. de Dreux). Départ de deux escadrons de la Noé-du-Bois à 3 heures. Le 4ème Cuirassiers cantonne à Grolu, le T.C. au Coudray. Arrivée à 9 heures. Entretien et léger repos. Départ à 23h45 pour Fessanvilliers, par Blévy, Brezolles.

Vendredi 14 juin :
Installation sur l'Avre. Arrivée à Fessanvilliers à 4 heures. Entretien, repos.
Départ à 21h30. Le T.C. sur Louvilliers (12 km sud de Brezolles).
L'escadron S part pour Brezolles, en protection du P.C. D.L.M. L'escadron H part pour Revercourt, avec mission de rejeter des éléments ennemis au delà du bois des Drouillets. (P.C. avec l'escadron H). Contact pris avec le commandant Levavasseur, commandant le 12ème R.D.P. Il est décidé de remettre cette attaque du bois des Drouillets au lendemain matin au petit jour. Le 12ème R.D.P. ayant demandé que les chars dégagent le peloton du lieutenant Lagarde fortement accroché aux lisières sud du bois des Drouillets, une opération est montée en pleine nuit (23 heures) avec les pelotons Dauger, Nicolas. Ces pelotons arrivent sans encombre auprès du peloton Lagarde, qui n'était pas sérieusement inquiété, et le ramènent sans difficulté à Revercourt à 23h50.
Une patrouille (peloton Nicolas) est poussée aux abords immédiats de Rivercourt, où les servants d'une pièce de mitrailleuse avaient cru voir des mouvements suspects.

Samedi 15 juin :
L'escadron S tient Brezolles (arrière-garde de la D.L.M.) jusqu'à 3h30et rejoint Le Liberot à 7h30 sans incident. Repos. L'escadron H à 18 heures porte deux pelotons (Coquart et Nicolas), sous les ordres du lieutenant de la Morsanglière, à Senonches, en appui du colonel Dario, commandant le 6ème Cuirassiers. Ces deux pelotons rejoignent Le Liberot à 23h30. Rien à signaler.

Dimanche 16 juin :
L'escadron S, réserve de division, reçoit à 18 heures l'ordre de se porter à Longny ; il part à 18h10, est mis à la disposition de la 3ème D.L.M. (chef d'escadrons Albessard), pour aider au décrochage des éléments de la 3ème D.L.M. dans la région de Moulicent, où il arrive à 20 heures.
Contact à Moulicent, sortie N.-E., entre le peloton Coupé et un détachement motorisé ennemi (motocyclistes, une voiture tout terrain, un canon anti-chars) vers 20h30.
L'ennemi subit les pertes suivantes : un side-car, une arme anti-chars neutralisée, des hommes en nombre indéterminé. Par contre, un blessé à l'escadron S : motocycliste Tissier (une balle dans le bras), évacué sur Longny.
A 20h45, sur ordre du commandant Albessard, l'escadron S se replie, sous le feu des armes anti-chars ennemies, sur la ferme Brochard et Feings, où il arrive vers 23 heures.

Lundi 17 juin :
A 12h30, le peloton Dauger fait une patrouille de liaison à Boissy-Maugis, Saint-Maurice, Courcerault, localités occupées par les D.P., mais où des infiltrations étaient signalées. Le peloton Nicolas fait une patrouille de liaison à Remalard où se trouvait l'escadron Maurice, du 4ème R.D.P.. Rien à signaler.
A 16 heures, tirs d'artillerie ennemie sur Boissy-Maugis, le 4ème R.D.P. décroche, protégé par les deux pelotons Dauger et Nicolas. Le peloton Coquart, à Verrières, a reçu l'ordre de faire une patrouille sur Dorleau et Saint-Germain-des-Croix, d'où il ramène sur ses chars un peloton du 12ème R.D.P. qui n'avait pas décroché.
L'escadron S est alerté à Noce à 14h30 et reçoit l'ordre de se porter à Saint-Jean-la-Forêt et à Bellème et, le cas échéant, de s'engager pour enrayer l'avance d'une forte colonne motorisée ennemie signalée descendant de Mortagne sur Bellème. Une A.M. ennemie est signalée à la sortie nord de Bellème, au contact avec des éléments à pied.
Au moment où le peloton Coupé allait intervenir, l'escadron reçoit l'ordre de repli sur la côte 159, sur la route du Mans, 4 km sud d'Igé, où il arrive sans incident. Dans la nuit (23 heures), le repli général s'effectue ; les deux escadrons à l'arrière-garde, l'escadron S et le P.C. à la Fontaine (3 km N.-E. du Mans), l'escadron H à Coulaines (2 km N. du Mans) ; arrivée des deux escadrons vers 2 heures du matin.

Mardi 18 juin :
La D.L.M. poursuit le mouvement vers la Mayenne. Jusqu'à 11 heures, les deux escadrons tiennent les sorties N. et N.-E. du Mans. Le T.C. dès 8 heures fait route sur Loiré (10 km S.-O. de Segré) où il arrive à midi. Les chars passent aux ordres du colonel Dario, commandant le 6ème Cuirassiers, pour exercer une action retardatrice sur l'axe Le Mans-Sablé-Le Lion d'Angers-Segré. Un détachement retardateur de deux pelotons S et d'un peloton moto du 6ème Cuirassiers sous les ordres du capitaine de Viéville sur l'axe.
- un peloton H (Nicolas) à Rouillon, avec deux pelotons motos ;
- un peloton moto à Allonne ;
- le gros des chars à Saint-Georges-du-Bois.
Premier contact avec l'ennemi à Saint-Georges-du-Plain à 13h30. Une colonne motorisée est prise sous le feu du peloton Lambert, qui détruit plusieurs motocyclistes et ennemis à pied et une arme anti-chars qui se mettait en position de tir. Un char lourd ennemi intervient et disparaît. Le peloton se replie, selon les ordres reçus, en avant de Saint-Georges-du-Bois. Le colonel Dario fait replier les éléments d'Allonne sur la Suze-sur-Sarthe et les éléments de Rouillon sur Souligne-Flace. Les éléments de Saint-Georges-du-Bois restent en flèche.
L'ennemi continue sa progression et amorce un enveloppement ; le contact est repris et les chars du peloton Lambert ouvrent le feu sur des ennemis mettant un mortier en batterie.
Sur ordre du colonel Dario, le peloton Lambert se replie à la sortie est de Saint-Georges-du-Bois. La position qu'il occupait immédiatement après son départ est prise à partie sans effet par des mortiers et par le char lourd ennemi.
Le village de Saint-Georges-du-Bois est bombardé par l'artillerie. Reprise du contact aux lisières est de Saint-Georges-du-Bois, où l'ennemi subit encore quelques pertes. A 17h15, le détachement reçoit l'ordre du colonel Dario, qui était à Chemillé, de le rejoindre immédiatement. La mission du Régiment est changée. L'escadron S devait rejoindre le P.C. de la D.L.M. à la Chapelle-Saint-Oudin (4 km est de Segré). L'escadron H devait tenir trois postes : Château-Gontier, Les Près, Champigné. L'escadron S arrive à Chapelle-sur-Oudin à 2 heures du matin. L'escadron H reçoit l'ordre du capitaine de Viéville d'aller tout entier à Château-Gontier en attendant le ravitaillement en essence ; il y arrive à 22 heures. Ses pleins ne seront pas faits avant 3h30 du matin.

Mercredi 19 juin :
A 7 heures, l'escadron S reçoit l'ordre de se porter au nord de Segré pour tenu-la patte d'oie de la Maison-Neuve et la sortie ouest de Segré. L'escadron H a installé ses postes à partir de 5 heures du matin. Les postes des Prés et Champigné reçoivent l'ordre vers 9 heures de se porter à la Chapelle-Saint-Oudon, en réserve de division.
Le peloton Coquart et le lieutenant de la Morsanglière restent à Château-Gontier pour assurer la protection de l'escadron Hérail, du 12ème R.D.P. A 10h45, cet escadron se replie sur La Ferrière, où il embarque sous la protection du peloton H ; celui-ci reçoit l'ordre de se porter à Vem-d'Anjou.
L'escadron S a reçu l'ordre de tenir Segré jusqu'à 15 heures. Il laisse un peloton à la Maison-Neuve pour intervenir éventuellement en faveur d'un G.R.C.A. (commandant de Hauteclocque) qui attend depuis midi ses camions à La Ferrière. Des éléments ennemis nombreux sont signalés, débordant Segré par l'ouest.
Vers 14h45, le G.R.C.A. est en contact avec l'ennemi ; pour aider son action, le lieutenant Ville envoie une patrouille (lieutenant Coupé) jusqu'à la sortie nord de La Ferrière. Contact avec A.M. ennemies. La patrouille revient et, conformément aux ordres de la D.L.M., les deux pelotons composant l'escadron S tiennent les sorties de Segré jusqu'à 15 heures, d'où ils rejoignent Vem où se trouvent deux pelotons de l'escadron H.
Vem devait être tenu jusqu'à 16 heures ; l'ensemble des deux escadrons (moins le peloton Dauger, qui rejoindra à La Pouèze) entame alors une action retardatrice sur l'axe La Pouèze, Bécon, Les Granits, Saint-Augustin-des-Bois, Saint-Germain-des-Près et Montjean.
Coups de mitrailleuses lourdes à Vem, bombardement des crêtes sur la route, sensation d'infiltrations sur les côtés. Au passage de la Loire, au pont de Montjean vers 18 heures, le Régiment s'est présenté de la façon suivante : deux pelotons H, le P.C., un peloton H (Coquart) et l'escadron S.
Les deux premiers pelotons et le P.C. ont franchi le pont sans incident ; une grenade a été lancée à bout portant sur le char de l'adjudant Coquart, à 2 km avant le pont. L'escadron S est accroché avant le passage du pont par des chars légers ennemis qui le suivaient à distance depuis quelques temps. Combat au canon. Deux chars S étaient hors d'état de tirer. La défense a été assurée spécialement par le lieutenant Coupé et le maréchal des logis-chef Léger.
Le lieutenant Ville, à pied, organise le passage du pont, qui se fait très lentement et parfaitement en ordre ; quatre chars S sont touchés. Pas de pertes d'hommes ; une A.M. ennemie mise hors de combat. L'étape se continue sur Saint-Lambert-du-Latay.

Jeudi 20 juin :
Le Régiment part :
- l'escadron H et le P.C. à 10 heures,
- l'escadron S à 13 heures, arrière-garde de la D.L.M., pour Saint-Paul-en-Gâtines, par Chemigné, Maulevrier, Châtillon sur-Sèvre, Cerizay, Montcoutant, Saint-Paul-en-Gâtines près de l'Absie. Le médecin lieutenant Bouniol est désigné comme officier de liaison pour le Régiment auprès de la D.L.M. Etape sans incident. Arrivée à 16 heures ; l'escadron S, 19 heures. Le T.C. avec le Régiment à Saint-Paul-en-Gâtines.

Vendredi 21 juin :
Départ à 10 heures pour Bressuire, en direction du nord. L'escadron H est dérouté et se porte à Airvault, où il arrive à 14 heures. Il détache deux pelotons (Dauger, Nicolas) sur Moncontour-de-Poitou et Saint-Jouin, avec mission de reconnaître ces villages et de couvrir l'installation des D.P., le peloton Coquart faisant bouchon à Saint-Jouin.
A 16h15, le 12ème R.D.P. étant installé, l'escadron H se regroupe à Airvault. L'escadron S arrive également à Airvault vers 14h30, en réserve de division. A 15 heures, il reçoit l'ordre de se porter à Mirebeau, menacé par une progression allemande se dirigeant vers Poitiers. Liaison est prise à 17 heures avec des éléments du 6ème Cuirassiers. A 18 heures, l'escadron et le 6ème Cuirassiers occupent Mirebeau, où il passe la nuit en point d'appui cerclé. Nuit sans incident.
Le T.C. est dirigé sur La Neuville, où l'arrivée des Allemands était annoncée par la municipalité au moyen de haut-parleurs. Le T.C. se replie en direction de Parthenay ; il est arrêté à La Ferrière par le commandant Massue, de la 1ère D.L.M. ; il y passe la nuit.

Samedi 22 juin :
L'escadron H à 7h30 reçoit l'ordre de pousser un peloton à la disposition du 12ème R.D.P., avec mission de dégager le P.C. installé à Moncontour. Ce P.C. était menacé d'encerclement.
Le peloton Dauger exécute plusieurs patrouilles au N.-O. du village. A 11h30, la menace allemande devient pressante ; le commandant du 12ème R.D.P. décide de se replier sur Saint-Jouin ; le peloton aide au décrochage, détruit plusieurs voitures de transport ennemies, une arme anti-chars qui s'installait et environ une dizaine de cavaliers allemands.
Violent tir d'artillerie et de mortiers. Blessés au 12ème R.D.P.. A 12h10, l'ennemi progresse sur Saint-Jouin et déborde par l'ouest en direction d'Airvault. Le 12ème R.D.P. reçoit l'ordre de se replier de Saint-Jouin sur Airvault. Le peloton Coquart décroche un peloton de D.P. sur la route de Brie.
A 13 heures, action retardatrice des deux pelotons de Saint-Jouin à Airvault.
L'escadron H se regroupe à Airvault à 14 heures et se dirige sur Veluche, où il arrive à 15h30. L'escadron S à 10 heures prend contact avec l'ennemi. Combat au canon et au mortier. Il reçoit l'ordre de rejoindre Airvault, où il arrive à 13 heures, et repasse sous le commandement du capitaine de Viéville.
Il se dirige sur Veluche, où il arrive à 16 heures. La cuisine roulante de l'escadron S, allant ravitailler à Mirebeau, tombe vers 11h30 dans une embuscade allemande, est soumise à un tir d'armes anti-chars et de mitrailleuses. L'équipe des cuisiniers se regroupe sous les ordres du maréchal des logis-chef Sart.
Ces hommes rejoindront le Régiment vers 18 heures, à Gourge. A Veluche, l'escadron S est obligé de détruire par le feu un char en panne grave d'embrayage. Le Régiment est envoyé à Gourge ; il y arrive à 17h30. L'ordre de repli général pour la division en direction de Saint-Maixent et le sud, étant donné, l'escadron S reçoit l'ordre de se porter en bouchon aux sorties E. et S.-E. de Parthenay.
Arrivé à Parthenay, sur ordre du capitaine Miquel, de la D.L.M., le lieutenant Ville doit boucher La Ferrière et Saint-Martin-du-Fouilloux. Le lieutenant Coupé se porte en direction de La Ferrière vers 20 heures. Il est accueilli par des armes anti-chars au passage à niveau ; à bout portant, le char du maréchal des logis Chalverat est détruit et en flammes. L'équipage ne peut être dégagé. Le peloton Coupé se replie sur la sortie est de Parthenay, qu'il tient solidement.
Le général commandant la D.L.M. ayant décidé de faire passer la division par Parthenay et Saint-Maixent, en direction de Lezay, l'escadron S tient Parthenay jusqu'au passage des derniers éléments de la D.L.M. L'escadron H, à son passage à Parthenay, reçoit l'ordre de passer en tête de la colonne pour aller tenir les sorties E. et O. de Saint-Maixent, où il arrive à 22 heures, suivi par le P.C. L'escadron S l'y rejoint après minuit, et tout le Régiment repart en queue de la D.L.M. sur Lezay à 1 heure du matin. Arrivée à 4h30.
Pertes de la journée :
- deux chars S ;
- un équipage : maréchal des logis Chalverat, cuirassiers Jamin, Leroux ;
- un camion : une cuisine roulante, un side-car, brigadier-chef Lesueur André, cuirassiers Brillant et Eveiliau ;
- cuirassier Cauffe et sa moto solo, envoyé en liaison par le T.C.
Le T.C., avec qui la D.L.M. a perdu tout contact, quitte La Ferrière à 11 heures pour Vautebis (sud de Parthenay) ; il en part vers 14 heures, roule sans interruption en direction du sud. II a abandonné un char H, pris en remorque, à La Ferrière, après l'avoir rendu inutilisable.

Dimanche 23 et lundi 24 juin :
Poursuite du repli.
Le T.C. quitte Vervant à 11h45, passe à Aubeterre, recoupe le Régiment à La Roche-Chalais et arrive à Saint-Antoine-de-l'Isle. Il rejoindra le Régiment le lendemain, à Siorac-de-Ribérac.
Le Régiment, depuis le 10 juin, a fait en char plus de 1200 kilomètres. A minuit cinq, le Régiment communique aux escadrons la fin des hostilités pour minuit trente cinq. Le Régiment fait mouvement sur Siorac-de-Ribérac, où il arrive à 11 heures.
  1. 1940 - 4e RDP jmo
  2. 1940 - 4e BCC
  3. 1940 - 4e DCR jmo
  4. 1940 - 4e DCR historique

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