1935   AMD PANHARD 178
 
Cette automitrailleuse de découverte était le candidat de Panhard pour répondre aux spécifications de la cavalerie pour son programme de mécanisation de 1931. Le prototype, présenté en octobre 1933, avait de remarquables capacités de franchissement. L'engin est adopté en 1934 sous la dénomination d'AMD PANHARD modèle 1935 et mis en production à partir de 1935. 480 exemplaires étaient en service en 1940. Plus connue sous le terme d'AMD 178 ou le sobriquet de PAN-PAN, c'est la véritable remplaçante de l'Autoblindée White datant de la Première Guerre Mondiale.

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

Poids au combat : 8 300 kg Pression au sol : 2.558 kg / cm²
Longueur : 4,79 mètres Largeur : 2,01 mètres Hauteur : 2,31 mètres
Equipage : 4 hommes
Blindage et Armement :
Armement : 1 canon de 25mm SA 34 (150 coups) 1 mitrailleuse de 7,5mm (3750 coups)
Blindage maximum : 20 mm Blindage minimum: 7 mm
Propulsion :
Moteur : 1 Panhard I.S.K. Puissance : 105 CV Puissance spécifique : 13 CV / tonne
Vitesse sur route : 73 km/h
Réservoir : 145 litres Autonomie sur route : 363 km Autonomie tout terrain : 207 km
Production : 500 exemplaires Prototype : octobre 1933

L'AMD 178 AU COMBAT
Le Chef d'Escadron Joseph d'Astorg (1892 - 1944), commandant le Groupe de Découverte du 1er R.A.M. pendant les opérations de Belgique (10 - 22 mai 1940) puis commandant le Régiment de Découverte (1er R.A.M.) de la 4ème D.L.M. pendant les opérations de la campagne de France (11 - 24 juin 1940), a rédigé ce rapport sur l'AMD-178 tout juste après la bataille :

Qualités particulièrement appréciées dans le matériel en cause :

A. Silence, permettant sous la réserve indiquée ci-après au sujet des freins : la surprise.
B. Vitesse appréciable, certes, mais encore très insuffisante par rapport aux automitrailleuses allemandes.
C. Robustesse mécanique : ce matériel est d'une qualité d'exceptionnelle, au point de vue mécanique. A part l'embrayage qu'on pourrait renforcer utilement et la pompe à essence qui a donné que de rares ennuis, aucune de nos voitures n'a été arrêtées pendant deux fois 12 jours malgré l'emploi intensif dans des conditions très dures. Pratiquement pendant ces deux périodes ci-dessus rappelées, les voitures n'ont eu aucun entretien et se sont néanmoins magnifiquement comportées au point de vue mécanique.
D. Aptitude au passage en terrains variés. A condition que :
1. Il n'y ait pas de fossé important.
2. Que le terrain soit suffisamment dur.
Ce matériel se tire parfaitement bien d'affaire en dehors des routes. Plusieurs patrouilles ont été faites sur les hauts de Meuse au N.O. de Dinand en plein champs sur une distance de 4 ou 5 kilomètres, avec franchissement d'escarpements et de chemins encaissés.
Deux fois mon escadron de Panhard a participé en pleins champs à des contre-attaques exécutées par notre escadron de chars pour étendre le front d'attaques et en protéger les flancs. Jamais nos voitures n'ont été mises en difficulté. (Il faut noter que le terrain était suffisamment résistant : herbages et guérets).
Il reste au moins que ces voitures qui sont des voitures routières, peuvent sortir facilement de la route pour contourner un obstacle.
E. Rayon d'action suffisant.

Défauts constatés :
A. Vitesse insuffisante si on la compare à celle des automitrailleuses allemandes. Les Panhard atteignent difficilement à plein régime 80 kilomètres-heure.
Or, le 15 juin à Courtenay, un officier d'Etat-Major de la 4ème D.M.L. a été fait prisonnier. Il était en side-car Indian. Au bout d'une demi-heure il s'est échappé, a retrouvé son side et est parti à toute vitesse en direction de Montargis sur la route nationale. Trois automitrailleuses allemandes sont parties à sa poursuite avec un handicap de 500 à 700 mètres. En 4 kilomètres, elles l'ont rattrapé, dépassé et repris. Ceci indique une vitesse instantanée de 110 à 115 kilomètres-heure au moins. Nos Panhard plafonnent à 35 kilomètres au dessous.
B. Si la marche même à plein régime est silencieuse, par contre les freins sont extrêmement bruyants et s'entendent à plusieurs kilomètres de distance comme un hululement. C'est un inconvénient grave de jour comme de nuit, auquel il importe de porter un remède.
C. Blindage : nettement insuffisant. Toutes nos voitures ont été plus ou moins blessées par des armes allemandes. Les Allemands visent toujours la tourelle. Rares sont les points d'impacts au-dessous de la circulaire. Cette dernière partie est particulièrement vulnérable car rien ne la protège et nombreuses sont nos voitures dont la tourelle a été bloquée par un obus anti-char. Les canons de 25 également ont été mis hors d'usage par des coups au but sur le canon.
D. Armement : il est insuffisant contre le char lourd Skoda qui précédait toutes les colonnes blindées ou motorisées allemandes. Le canon de 25 perfore sous incidence normale 30 à 40 millimètres mais non 50. Si le canon de 25 avait au moins été du modèle automatique, on aurait pu obtenir un résultat meilleur par un martelage ou le ramollissement du blindage ennemi.
La mitrailleuse de 7,5mm par contre est excellente contre le personnel et n'a donné lieu à aucun incident. Mais le manque total de balles traceuses s'est fait péniblement sentir.
A côté de cette mitrailleuse il est indispensable de pouvoir disposer d'une arme à grande puissance de perforation et utilisation des projectiles et traceurs à la fois. L'effet moral de projectiles traceurs sur l'adversaire est considérable et nous avons eu le grave tort de le négliger. Les Allemands avaient des projectiles traceurs pour toutes leurs armes.
E. Habitabilité : Il est presque impossible de bouger à l'intérieur de la voiture surtout lorsque le poste de T.S.F. est installé à bord. Les sièges sont impossibles à régler ce qui augment les difficultés de tir. La tourelle est beaucoup trop lente et devrait comporter un débrayage de tourelle. L'aération est absolument insuffisante et n'est d'ailleurs pas organisée.
F. T.S.F. : Les postes de radio n'ont jamais fonctionné car à la première bombe d'avion tombé à proximité toutes les lampes ont été mises hors d'usage. D'autre part les antennes n'ont pas résisté aux éclats d'obus ou de bombes ou à l'arrachage par les branches des arbres.
En résumé, la T.S.F. indispensable entre le Commandement de la Découverte et la Division est inutile et même nuisible dans les voitures de Peloton.
Appréciations générales :
En résumé malgré les défauts ci-dessus exposés et auxquels il aurait dû être porté remède en temps voulu, en particulier en ce qui concerne la protection de la tourelle et l'armement, ces voitures se sont splendidement comportées et ont fait beaucoup de mal à l'ennemi...En tout cas, un principe doit être maintenu : c'est celui de l'équipage de 4 hommes pour des voitures de l'ordre de grandeur de la Panhard...

Extrait de la Revue de la Cavalerie Blindée, mars 2006 (Informations Thierry Faucheret)