JOFFRE   n° 412      46e BCC   3e compagnie

 

Perçu par le 46e BCC à Gien le 2 avril 1940.

Le 30 mai 1940, attaque du Mont-Caubert (Bataille d'Abbeville).
A 17 heures, à Bienfay, le JOFFRE est touché par les obus de 88 mm tiré par le bavarois Michaël Greis du groupe FLAK -PAK du lieutenant-colonel Wolf.

Témoignage du pilote, le sergent Rolet :
"Les Allemands ont l'avantage du terrain étant installés sur une crête où l'on voit se dessiner plusieurs batteries de 105. L'infanterie française ne peut déboucher des bois. La section de chars B à laquelle j'appartiens est alors désignée pour attaquer. Nous partons sur le terrain découvert et avançons prudemment. Les Allemands sont à 2000 m environ. À 1600 m, un char de la section reçoit un obus qui lui coupe une chenille. À 1300 m un deuxième s'arrête par suite d'une panne mécanique. Le mien reste seul. Les obus tombent toujours plus près. Le tir ennemi est de plus en plus ajusté. Pensant que j'allais être touché d'un moment à l'autre je fonce sur les canons ennemis et j'ouvre le feu avec mon 75. Le chef de char en fait autant avec son 47 et sa mitrailleuse. En certains points de la ligne ennemie, le feu semble faiblir. Mais voyant qu'ils avaient affaire à un seul char les Allemands concentrent leur feu sur nous. À 600 m d’eux un 105 frappe le ventre de notre JOFFRE. Sous le choc, le tableau de bord arraché vient de frapper les deux cuisses. Je ne puis plus me servir de la droite qui était sérieusement touchée. L'épiscope est inutilisable. Nous avançons encore de quelques mètres mais un deuxième obus vient frapper le volet d'épiscope et le char s'arrête définitivement. J'ai le visage brûlé, tatoué de poudre, l’artère temporale coupée. Le sang ruisselle sur ma figure. Ma face gauche est truffée d’éclats, mon oreille perforée. L'équipage sort du char désormais inutilisable. Sitôt à terre, le radio a une balle dans la cuisse. Me pensant plus en sécurité dans le char, j'y remonte, puis je redescends de nouveau pour essayer de rejoindre l'équipage, mais mes forces me trahissent et je tombe à terre. Un char Hotchkiss qui se trouve en lisière du bois et qui me voit tomber vient me ramasser. On me charge dans le char et on m'amène au poste de secours le plus proche, celui du 22e régiment colonial ou l'on me donne les premiers soins."

Equipage :
Chef de char : Sous-lieutenant Pierre Letourneur.
Pilote : Sergent Marcel Rolet.
Radio : Chasseur Serge Muller.
Aide-pilote : Caporal André Pautras.

 

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