67e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Unité formée le 1er avril 1939, à Bizerte, par prélèvement de cadres sur tous les régiments de la métropole et armée de chars D1 provenant du parc de Lunéville.
ENCADREMENT au 12 Juin 1940
Chef de Bataillon VALLETEAU, Commandant le Bataillon.
Capitaine de SEZE, Chef d'État-Major.
Capitaine DUGAST, Adjoint technique.
Lieutenant RICHER, Officier de Renseignements.
Sous-Lieutenant CHAMBRIS, Officier de Liaisons.
Sous-Lieutenant PONSOLLE, Officier des Transmissions.
Sous-Lieutenant MARQUET, Officier des Détails.
Sous-Lieutenant BATAILLE.
1ère COMPAGNIE | 2e COMPAGNIE | 3e COMPAGNIE | COMPAGNIE D'ÉCHELON |
Capitaine LAPICHE Lieutenant JUSTER Sous-Lieutenant BORIE Sous-Lieutenant SANTONY Sous-Lieutenant MONCHICOURT |
Capitaine FAURE Lieutenant CHARRIERA Lieutenant HUGUES Lieutenant SYLVAIN Sous-Lieutenant PIVANT Sous-Lieutenant BELUET |
Capitaine BLANC |
Capitaine DUHEN Lieutenant CHEDORGE Lieutenant PARAMELLE Sous-Lieutenant CASELLE |
CITATION
A l'ordre de l'Armée - Ordre N° 211 /C du 2 septembre 1940. Le 67e Bataillon de Chars de Combat, sous les ordres du Chef de bataillon Valleteau, engagé le 12 juin 1940 dans la région de Souain, pour dégager la 5e D.I.C. menacée de flanc, a réussi brillamment son opération en détruisant de nombreux chars ennemis.
A, en outre, libéré 200 prisonniers avec des moyens considérablement réduits, a renouvelé son exploit le 13 et le 14 juin en plein succès grâce à l'héroïsme et à l'esprit de sacrifice des équipages provoquant l'admiration des éléments de la Grande Unité qu'il était chargé de protéger.
PERTES
Tués : Officiers : 2 - Hommes : 3. Disparus : Officiers : 10 - Sous-Officiers : 40 - Hommes 215 : dont 72 Nord-Africains.
MATÉRIEL
45 chars - 12 tracteurs.
1. - MARS 1939 . 7 JUIN 1940
27 MARS 1939. - A Marseille, sur le quais de la Compagnie Mixte de Navigation, se sont donné rendez-vous des délégations de tous les régiments de Chars de la Métropole du 501 au 512. Tous volontaires pour former le futur 67e BCC prennent place sur le vapeur " 'El Biar ".
1er AVRIL. - Le 67e est créé. Jusqu'au mois d'août, le personnel sera uniquement occupé à la mise sur pied des unités.
22 AOUT. - L'échelon A est mis sur pied et embarqué pour être transporté à Djedejda.
4 SEPTEMBRE. - Le bataillon est mobilisé et les unités rejoignent l'échelon A. L'Etat-Major et la CE stationnent au centre du village, les compagnies bivouaquent dans les oliveraies, à cheval sur la route de Tébourba, dans la vallée de la Medjarda.
NOVEMBRE. - Onze officiers et vingt équipages sont dirigés sur la France. Les compagnies se trouvent réduites à un capitaine et un lieutenant. Quelques manoeuvres sont effectuées avec le 5e RTS à Sidi Et Hani.
MARS 1940 - Des renforts viennent de France. Le Bataillon rejoint Bizerte.
15 MAI. - Le bataillon part à Grombalia pour assurer la sécurité du Cap Bon. Mouvements à Ben Arous, Fechville, M'Rira.
30 MAI. - Le bataillon est alerté pour être embarqué pour la France. Les unités vont s'embarquer sur voie ferrée à Tunis pour être transportées à Bizerte.
31 MAI. - Embarquement des 3e, 1ère et 2e Compagnies sur les Vapeurs " Compiègne " et " Chantilly ". Une avarie aux grues du " Compiègne " oblige les unités à se rendre à Sidi Abdallah pour être chargées avec les grues de la Marine.
1er JUIN. - Le " Compiègne " et le " Chantilly " lèvent l'ancre avec l'Etat-Major et les compagnies de combat. La CE est chargée sur le " Chenonceaux " et le " Mayenne ".
II. - 8 JUIN 1940
8 JUIN. - Séjour à Marseille. Le " Mayenne " a été retardé ; de plus, le débarquement est très ralenti.
9 JUIN. - Embarquement en gare d'Arenc, 3e Compagnie le matin, 2e Compagnie l'après-midi. Point de première destination : Saint-Dizier.
10 JUIN. - Embarquement des première et C.E. A Autry, les 3e et 1ère Compagnies débarquent à 15 km des troupes ennemies. Vingt minutes après l'arrivée en gare, tout le matériel est débarqué et rendu dans le bois d'Autry. La liaison est prise avec le Corps d'Armée Colonial qui prescrit de porter les unités, de nuit, dans le bois d'Hauzy (20 kilomètres au sud). Le bataillon est mis à la disposition de la 6e DIC avec mission de contre-attaquer le 12 à 6 heures, dans la région de Perthes les Hurlus-Souain.
11 JUIN. - La 1ère Compagnie débarque à Sainte-Menehould et rejoint le bataillon dans les bois d'Hauzy.
A 23 heures, le train de la CE arrive en gare de Sainte-Menehoud. La ville est en feu. Le train fait demi-tour pour se porter à Verrière (5 km de Ste-Menehould) où peut sans dommage s'effectuer le débarquement.
12 JUIN. - A 4 heures, le bataillon est en place. P.C. B.C.C. Perthes Les Hurlus, 2e et 3e Compagnies. Bois : 1.800 mètres sud-est de Souain. 1ère Compagnie en réserve, cote 203 (2km500 nord-est de Souain), C.E. Nettancourt.
P.C. : ID 6e DIC, Laval.
A 14 heures, l'ennemi est signalé à Jonchery-sur-Suippes. Le flanc gauche de la division étant découvert, le général commandant la division donne l'ordre de porter une compagnie (2e) à Suippes et une autre à Somme-Suippes (1ère) pour s'opposer à l'avance de l'adversaire qui tente de déborder de flanc les éléments du Corps Colonial. A 15 heures, la 2e Compagnie pénètre dans Suippes de vive force et contient l'ennemi aux lisières ouest, nord-ouest et sud-ouest du village.
A 18 heures, la 3e Compagnie, en position dans les boqueteaux au sud de Souain, contre-attaque ce village pour dégager un bataillon du 5e RTS qui s'y trouve encerclé. Dès le débouché, les chars sont soumis à des feux d'armes antichars. Font face à une contre-attaque de blindés ennemis (100 à 150 environ, de tous modèles). Nos appareils succombent sous le nombre, blindages percés, chars en feu, 7 sur 15 échappent à la destruction. Mais le village est dégagé et deux cents fantassins sont dégagés.
A 18 heures 30, l'ennemi réagit dans Suippes. La 2e Compagnie contre-attaque, les quatre sections sont engagées pour nettoyer et contenir l'infanterie ennemie qui s'accroche aux issues sud et sud-ouest. Totalement isolée sans aucun appui, la Compagnie lutte désespérément jusqu'à 20 heures, lorsque la DIC donne l'ordre de repli.
La 1ère Compagnie, en réserve à la cote 203 reçoit à 20 heures l'ordre de se porter à Somme-Suippes, puis à Tilloy et Bellay. Deux chars indisponibles sont remorqués sur Nettancourt.
Les éléments de cette division devant se replier dans la région de Tilloy et Bellay-Auves, par la route Somme-Tourbe - Croix de Champagne.
A 20h30, le bataillon reçoit la mission d'assurer la protection du flanc gauche de la division sur l'axe Auves-Nettancourt. Mission assurée par la 2e Cie. Au cours du repli, le PC BCC est établi au passage à niveau de Somme-Tourbe.
13 JUIN. - Pour assurer la mission de protection qui lui a été donnée, le bataillon prescrit aux compagnies de se regrouper sur l'itinéraire Thilloy et Bellay, Auve, Herpont, Varimont, Somme, Yèvre, Givry. Jusqu'à 2 heures, le PC BCC est au passage à niveau de Somme-Tourbe et, à 6h30, fonctionne à nouveau à Thilloy et Bellay. Les chars restant des trois compagnies se replient. A 6 heures, ils sont échelonnés entre Somme-Bionne et la Croix de Champagne. A l'insu du Commandant de Bataillon, la division donne directement l'ordre aux 1ère et 2e Compagnies de se diriger sur Saint-Menehould. La 1ère Compagnie passe au carrefour d'Auves, mais la 2e, bloquée dans un embouteillage, peut être rattrapée.
Vers 8 heures, les premiers éléments ennemis apparaissent devant Auves.
3e Compagnie.
- A 10 heures, à la Croix-en-Champagne, la Compagnie tombe dans une embuscade. Deux chars se sacrifient et permettent à la Compagnie de se dégager. Réduite à 5 appareils, la colonne se replie à travers champs, en direction de Sainte-Menehould en passant par Valmy. Le Commandant de compagnie part pour tenter de récupérer des appareils. Il ne reviendra pas. Les deux chars restant continuent péniblement ; l'un d'eux tombe en panne. Il est sabordé. Et, à La Verrière, le dernier est laissé à la défense du village.
IIe Compagnie. - Après de violents accrochages dans la région de Ste-Menehoud, rend compte qu'il lui reste cinq chars sans essence à Laheycourt. Un ravitaillement lui est expédié. Aucun des éléments de la Compagnie, ni du ravitaillement, ne rejoindra le Bataillon.
Les deux chars disponibles qui étaient remorqués sur la CE restent à la défense à Varimont où pendant deux heures, ils arrêteront l'avance ennemie.
A 20 heures, à Nettancourt, aucune nouvelle de la première Compagnie. A la deuxième, il ne reste plus que quatre chars dont deux en remorque.
Le premier C.A.C. donne au bataillon l'ordre de se replier sur Ecriennes, au sud de Vitry-le-François. Au moment du départ, un contre-ordre prescrit de se diriger sur St-Dizier.
A Ville-sur-Saulx, le colonel commandant le GBCC 532 se replie.
14 JUIN. - Au petit jour, à Bar-le-Duc, il reste encore quatre chars dont deux en remorque. L'avance rapide de l'ennemi empêche la remise en état du matériel ; de plus, l'essence faisant défaut, trois appareils sont sabordés. Et, à 18 heures, à Ligny-en-Barrois, une bombe d'avion détruit le dernier appareil.
Sans nouvelles du commandant du GBCC qui a quitté Sommeil : Nettancourt en direction de Vassy. Le bataillon reste sans liaison avec le commandement.
Les isolés sont regroupés à la CE à, Gondrecourt. Le repli s'opère par Chaumont, Langres et Dijon.
A Chagny, un centre de regroupement indique l'emplacement du PC du Commandant les chars de la IIIe Armée qui regroupe les restes du 67e avec ceux du 7e et les dirige sur Toulouse par Moulins, Auzances, Limoges, Angoulême, Bergerac et Casteljaloux.
14 JUIN. - La 1ère Compagnie, après s'être péniblement dégagée de Ste-Menehould et atteint Laheycourt où elle reçoit le ravitaillement qui lui était envoyé, effectue sa retraite vers l'est, est prise en compte par la cinquième armée où elle continue la lutte jusqu'à l'armistice.
A partir du 15, les éléments du bataillon font mouvement sans arrêt de jour et de nuit.
A Chaumont, les Allemands pourchassent le convoi à la mitrailleuse.
16 JUIN . - St-Paul.
26 JUIN.... Dissolution du bataillon.
Curieuse odyssée que celle du 67e BCC, créé en Tunisie en temps de paix dans une période de prémobilisation, arrivé sur le front français pour le baroud d'honneur où il disparaît en deux journées de combat.
La mise sur pied en Tunisie fut quelque peu laborieuse.
L'essentiel, personnel et chars avait été prévu ; quant au reste, il était laissé à l'improvisation des exécutants. Les états-majors ont toujours estimé que... l'intendance suivrait ; c'est une conception facile, elle permet de ne pas se fatiguer dans le souci des détails, les exécutants se débrouillent et puis le commandement peut ainsi se ménager quelques futurs sujets de critique. Les équipages firent face à ces insuffisances grâce à leur technicité, leur conscience et leur esprit " Chars ". Pourtant, cinq mois ont été nécessaires pour se battre avec cette intendance qui ne suivait pas.
Les chars n'étaient pas en état, chenilles montées à l'envers, armement incomplet, absence de moyens de transport pour amener le matériel à pied-d'oeuvre ; atelier inexistant, hangars pour le matériel non prévus.
A la mobilisation, la mise sur pied du bataillon est tout juste achevée.
Les déplacements imposés au bataillon facilitent le rodage du matériel et donnent de la cohésion aux unités. Mais à peine le 67e est-il devenu une réalité, qu'en novembre on l'ampute d'un tiers de ses équipages au profit de la métropole. Ce ne sera que cinq mois après, en avril 40, que des renforts lui seront envoyés pour le recompléter, alors que les dépôts regorgent de personnel de tous grades.
Le bataillon est dirigé sur le cap Bon pour coopérer à sa défense. Mission très simple : " Vous avez devant vous un dénommé Mussolini ; on ne sait pas ce qu'il veut, lui non plus ou du moins pas encore. Prenez vos dispositions pour agir au mieux ". Certes, l'ordre était plus académique, plus fignolé, mais c'était l'esprit. Lorsqu'on parle du cap Bon, il est indispensable d'en considérer l'étendue. C'est une presqu'île de 45 km à la base et d'une longueur de 100 km.
Depuis que la bataille sur le front français est déclenchée, les équipages sont impatients de venir y combattre. Le 1er juin, c'est chose faite, le 67e embarque.
L'arrivée sur la terre de France n'est pas réconfortante. A Marseille, les dockers ralentissent le déchargement. Ils ne consentent à décharger qu'un char à l'heure. Huit dans la journée est pour eux un record olympique.
Au départ de Bizerte, le bataillon avait reçu l'ordre d'y laisser les munitions ; aussi le premier souci en arrivant sur la terre métropolitaine fut-il d'en demander. Démarches sans nombre durant deux jours. Enfin, le 10 juin, deux wagons de munitions sont accroché, au dernier train de la CE.
Le 11 au débarquement, il faut les décharger, les charger sur camions, les transporter aux unités, dans la nuit du 11 au 12, à 40 kilomètres de là. Ces munitions tant attendues parviennent aux équipages sur la position de départ au petit jour. Si l'attaque n'avait pas été retardée, on aurait vu des chars D partir au combat sans projectiles. Que les anciens du 67e se consolent, cette plaisanterie était déjà arrivée à un bataillon de FT en septembre 39, dans la boucle de la Blise.
Les équipages sont pleins d'allant, de confiance. Confiance en leurs chefs, en leur matériel ; ils ont la foi et ils vont le montrer. Ce qu'ils ignorent, c'est la situation générale le 12 juin. Pour le pays, c'est la date cruciale de la bataille de France. D'heures en heures, la situation s'aggrave, c'est ce jour-là que s'évanouit le dernier espoir de poursuivre une défense coordonnée.
Le 11 au soir, le Général en Chef lance l'ordre de repli général sur tout le front.
A l'entrevue de Briare, le 11, le Général Weygand faisait savoir à Churchill que l'armée française ne possédait plus de réserve, et, disait-il " aujourd'hui, j'ai, en tout et pour tout, un régiment d'infanterie en réserve et il sera engagé demain à la première heure ; cet après-midi, nous jetons dans la bataille nos tous derniers chars "
(Procès verbal du Conseil Suprême de Briare et mémoires de M. Reynaud).
Les équipages du 67e qui, dans la nuit du 11 au 12 montaient pleins d'espoir à leur position de départ ignoraient que le Général en chef faisait allusion à leur unité. C'est donc dans un combat pour l'honneur que le 67e va s'engager.
Dans les journées des 12 et 13, les équipages se donneront à fond ; ils font face à tous les assauts dans toutes les directions ; ils contre-attaquent vers le nord, à Souain ; à l'ouest, à Suippes contre un ennemi venant du camp de Châlons ; au sud, toute la journée du 13 faisant face aux blindés de la 8e Panzer qui assaillent les arrières-gardes de la 6e DIC sur l'axe Auve-Somme-Yèvre.
Dans ces deux jours de combat, la derrière unité de notre arme est anéantie. Le 67e bataillon aura été à la peine et à l'honneur afin qu'il ne soit pas dit qu'une fraction de notre arme n'ait pas combattu jusqu'aux dernières limites.
51e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Le 51e BCC est créé en septembre 1939 à Verdun à partir du 511e Régiment de Chars de Combat (RCC).
Ce Bataillon, équipé de chars FCM-2C, aux ordres du commandant FOURNET, est rattaché administrativement au 511e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC) et affecté à la IIIe armée. Il est installé à Belrupt (5 km Est de Verdun)
En 1939 les chars 2C sont stockés au 511e RCC à Verdun d’où ils n’ont pas bougé depuis longtemps.
Les chars sont remis sommairement en état de marche, en tout 7 chars, 3 par compagnie et 1 de commandement.
Le matériel est hors d’état de faire campagne, tous les moteurs Mercedes sont à bout de souffle.
Dans les hangars, des éléments de chars permettraient de reconstituer 1 ou 2 appareils supplémentaires.
En octobre le 51e BCC s’installe aux environs immédiats de Briey, 43 km N.-E. de Verdun.
De juin à octobre, un huitième char est remis en état.
A Briey, la remise en état se poursuit combinée avec les entrainements et les tirs.
L’arsenal de Puteaux fournit des moteurs Maybach neufs.
10 mai 1940.
Le Bataillon campe dans un bois à 5 ou 6 km Nord de Briey. Courant du mois, le bataillon s’installe à Noroy-le-Sec et Joudreville, 8 km N-O de Briey.
Au cours du déplacement, le 95 en instance de remise en état tombe en panne à Mainville, 8 km N-O de Briey.
12 juin 1940.
Vers 13 heures, ordre d’embarquer les chars sur voie ferrée à Landres, 4 km Nord de Noroy-le-Sec. Entre 20 h et minuit les chars se mettent en route sur Landres.
Le chef de gare de Landres n’a pas d’instructions et pas de locomotives nécessaires pour les manœuvres d’embarquement sur Boggies.
Entre temps les équipes d’entretien s’étaient rendues en gare de Landres pour vérifier les boggies et les faire installer sur la voie d’embarquement.
Le chef de gare de Landres fait envoyer une locomotive pour le 13 au matin.
13 juin 1940.
A 10h30 l’embarquement des chars sur boggie est terminé. A 11 heures des locomotives et des wagons arrivent Deux trains se forment, comprenant chacun 3 chars.
Le 2e Cie part à 13h30. La 1ère Cie part à 14h30.
Entre temps, le Colonel de Saint-Sernin commandant le G.B.C. 513, suivant d’ordre de la IIIe armée, donne l’ordre de faire sauter.
- le char 95 en instance de remise en état à Mainville.
- le char 92 tombé en panne électrique à Piennes, 2 km S.-O. de Landres au moment de suivre le mouvement.
Ces deux chars nécessitaient au minimum 24 heures de travail.
A 14 heures le Colonel Fournet reçoit, transmis par le Colonel Boiron, commandant des chars d’Armée, l’ordre n° 4144/3 confirmant le mouvement des chars par voie ferrée et celui des échelons par voie routière vers la même destination : Gondrecourt-le-Château, 34 km au S.-O. de Toul.
La région de Gondrecourt-le-Château et la vallée de l’Ornain étant bombardés pendant la journée, le Colonel Fournet installe ses 2 compagnies, toujours sur voie ferrée, à proximité de Badonvillers, 7 km N.-E. de Gondrecourt-le-Château où elles arrivent entre le 13 à 24 heures et le 14 à 2 heures.
14 juin 1940.
L’ordre de mouvement de la IIIe Armée prescrivant que le 51e BCC stationnerait sur voie ferrée à Gondrecourt-le-Château jusqu’à nouvel ordre, le Colonel Fournet envoie le Lt Robillot à la recherche de l’E.M. de la IIIe Armée pour rendre compte et demander des instructions.
Le Lieutenant Robillot revient sans avoir trouvé l’E.M. de l’Armée.
Voyant passer des éléments d’une D.Cr vers le Sud qui déclarent « après nous, ce seront les Allemands ! », le Colonel Fournet prend les dispositions nécessaires pour le débarquement à 7 heures envoie le Capitaine Rollet, son chef d’E.M., à la recherche de l’E.M. de la IIIe Armée avec la même mission que celle du Lieutenant Robillot.
Le Capitaine Rollet trouve l’E.M. de l’Armée à Bainville sur Madon, 12 km S.-O. de Nancy et revient avec l’ordre :
- mettre les trains en route sur les gares de Certilleux et de Landaville, 5 et 8 km Sud de Neufchâteau.
- Diriger les échelons sur ces localités.
- Rendre compte mouvement terminé.
Les trains sont mis en route sur Gondrecourt-le-Château puis Neufchâteau.
Ils sont violemment bombardés à quelques kilomètres de Gondrecourt-le-Château sans grosse casse : 1 Sergent blessé, une voiture détruite, des bidons d’essence crevés.
Entre 13 et 14 heures les trains continuent sur Neufchâteau.
Dans la matinée la voie ferrée a été bombardée dans cette ville. Les trains sont arrêtés plusieurs fois par des coupures que les équipages arrangent tant bien que mal, surtout dans les rampes où il faut remorquer char par char, la locomotive de chaque train étant incapable de remorquer 3 chars. Devant il y a des trains qui avancent tout aussi péniblement.
A minuit les trains sont encore à 12 km de Neufchâteau.
Les échelons sont en route sur Certilleux et Landaville.
Le Colonel Fournet rejoint les échelons sur roues au passage à niveau de Certilleux où la voie ferrée a été détruite sur 50 mètres environ par un bombardement.
Le personnel des chemins de fer venu pour réparer a renoncé et a disparu.
Impossible d’amener les trains sur Certilleux et Landaville en admettant qu’ils arrivent à passer Neufchâteau.
Le Colonel Fournet, avec le Lieutenant Canard qui l’a rejoint, va à Neufchâteau trouver le Commissaire régulateur pour envisager une solution vers le Sud.
Le Commissaire ne peut donner aucun renseignement sauf que les trains sont encore nombreux au Nord de la ville. La presque totalité du personnel de la gare est partie.
Le Colonel Fournet et le Lieutenant Canard se mettent en marche sur les voies pour essayer de connaître la position de leurs deux trains.
Ils trouvent un aiguilleur qui sait où sont les trains du 51e BCC et affirme qu’il va essayer de les faire passer par un aiguillage qu’il manœuvre lui-même pour les acheminer par une autre voie sur Neufchâteau et ultérieurement sur Ys-sur-Tille (22 km Nord de Dijon) la seule voie en état pour le moment.
Le Colonel Fournet repart sur Certilleux et Landaville pour savoir où sont les échelons sur roues. Il les trouve à Aulnois, 12 km S.-E. de Neufchâteau où ils arrivés à 2 heures du matin.
Il leur prescrit d’attendre de nouveaux ordres.
15 juin 1940.
A 3 heures le Lieutenant Canard part à Neufchâteau pour connaître la position des trains. A 4 heures il revient : les trains ont progressé mais n’ont pas encore franchi la gare de Neufchâteau.
A 5 heures le Colonel Fournet part pour Chauffourt, 46 km S.-O. de Neufchâteau, où se trouvait l’E.M. d’Armée. Il trouve le Colonel Boiron, commandant les chars de l’Armée, à qui il rend compte de la triste situation dans laquelle il se trouve, en insistant sur toutes les difficultés rencontrées par manque de liaison, des retards accumulés en maintenant les chars sur rail aux environs de Gondrecourt-le-Château et de l’encombrement des voies qui aurait pu être évité en agissant plus vite.
Le Colonel Boiron approuve la solution de prendre la direction d’Ys-sur-Tille et de manœuvrer au mieux pour dégager les chars. Ordre formel est donné de faire sauter les chars si à quelque endroit que ce soit ils sont absolument bloqués., courant le risque d’être attaqués par les allemands sans moyens de défense et de les voir pris par eux.
Vers 10 heures le Colonel Fournet est de retour à Aulnois et donne les ordres aux échelons sur roues pour qu’ils se dirigent sur Arnoncourt-sur-Apance, 40 km Sud de Neufchâteau.
Le Lieutenat Canard vient rendre compte au Colonel Fournet : entre 8 et 9 heures les 2 trains de char ont pu passer Neufchâteau et sont en direction d’Ys-sur-Tille. Le colonel Fournet envoie un motocycliste à Chauffourt pour rendre compte au Colonel Boiron. Il revient 2 heures après sans avoir trouvé l’E.M. qui a fait mouvement. Le colonel Fournet n’aura plus aucun contact avec lui.
Le Colonel Fournet oriente les sections d’échelon sur Pouilly-en-Bassigny et sur Daurémont, 4 km O. et 7 km S.-O. d’Arnoncourt-sur-Apance.
Vers 16 heures le Colonel Fournet envoie le Capitaine Rollet vers Ys-sur-Tille pour savoir où en sont les choses.
Il revient une heure après : les chars sont à Meuse où ils sont bloqués (Meuse 42 km Sud de Neufchâteau).
Le Colonel Fournet part à Meuse. La situation est catastrophique, les 2 trains sont bloqués entre 5 trains devant eux et à peu près autant derrière. A l’avant un train de carburant flambe. Un certain nombre de mécaniciens de locomotives sont partis après les avoir détériorées.
Le Colonel Fournet rencontre un officier du Génie de l’Etat-Major de la IIIe Armée qu’il a perdu. D’après lui les Allemands occupent Culmont-Chalindrey 24 km Sud de Meuse et Montigny.
Les 2 trains sont sur une voie courbe en déblai. Impossibilité absolue de débarquer en raison de cette position dont on ne peut pas bouger. Quant à la défense sur une voie en déblai, c’est une autre affaire.
Le Colonel rassemble tous les officiers et chefs de chars pour évaluer la situation. Il n’y a rien d’autre à faire pour sauver les équipages de la captivité ou d’une fin tragique que de saborder les chars.
Ordre est donné de détruire le matériel. A 19 heures tout est fini.
Des camions sont emmenés des sections d’échelon pour embarque les équipage et l’E.M.
Le convoi se forme sur la route Montigny, Bourbonne-les-Bains en direction de Gevigney.
Les éléments de tête se trouvent en présence d’Allemands à Blondefontaine et à Jussey, 30 km N.-O . de Vesoul mais parviennent à passer.
La colonne se trouvera fractionnée en différents convois qui finiront par se regrouper et arriveront à Moustier près d’Albi.
50e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Formation du 50e BCC
Le Bataillon est formé le 21 mai 1940 au Dépôt 503 à Versailles (Satory). Il est commandé par le chef de bataillon Félix Brossat.
Constituée d’éléments venant en majeure partie du dépôt 502 et du Bataillon 102 (Angoulême) et partiellement d’éléments venant des Bataillons 103 – 110, des dépôts 501 et 503.
Compagnie d’échelon Capitaine Maurice Herbeau, commandant la compagnie Lieutenant Goilot, officier adjoint Lieutenant Gabriel Michon, chef de l’atelier |
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1ère Compagnie Lieutenant Cahn, chef de la section échelon Lieutenant Georges Allée, chef de section Sous-lieutenant Claude Dupin, chef de section Sous-lieutenant Pierre Gosselin, chef de section |
2e Compagnie Lieutenant Elysée Mautaint, commandant la compagnie Lieutenant Jean Bocquillon, chef de la section échelon Sous-lieutenant Eugène Robert Mignot, chef de section Sous-lieutenant Jacques Bleton, chef de section Sous-lieutenant Jean Marie Roussel, chef de section |
3e Compagnie Lieutenant Roger Tournay, commandant la compagnie Lieutenant Maurice Dréneau, chef de la section échelon Lieutenant Franck Daguisé, chef de section Lieutenant Constant Leroy, chef de section Sous-lieutenant Georges Gauthier, chef de section Sous-lieutenant André Chéron, chef de section |
Matériel :
45 chars FT provenant des 40e et 48e BCC de Vannes.
Tous les chars sont armés d’une mitrailleuse de 7,5mm
Mauvais état général particulièrement pour les trains de roulement.
N° des 13 chars affectés à la 2e compagnie
70076 69242 66885 67628 73906 68000 73712 68457 66532 66433 73620 73149 73676
12 side-cars
10 tourismes fermées
10 camions Panhard 3,5t
2 camion Matford 5t
1 camion atelier
1 camionnette sanitaire
11 camionnettes Citroën 23
10 tracteurs de ravitaillement
2 citernes
22 mai 1940
Arrivée d’un renfort provenant du 103e bataillon d’instruction :
3 sous-officiers 28 caporaux et chasseurs
Effectifs au 22 mai
27 officiers 56 sous-officiers 482 caporaux et chasseurs total : 565
Deux sections Daguisé et Leroy de la 3e compagnie sont mises à la disposition du 503e.
Elles sont installées à la ferme « La Meisière » à Satory pour assurer la protection du secteur.
23 mai 1940
Préparation au départ de tout le bataillon.
Arrivée de 5 permissionnaires du dépôt de chars de Tours (501e)
Effectif total au 23 mai : 570
24 mai 1940
Départ du bataillon de Versailles à Montmorency. Le transport est assuré par camions porte-chars de la ST du 503e
(1ère Cie le 23 à 20 heures, 2e Cie et Echelon à 14 heures)
La destination est modifiée, le Bataillon aboutira à Domont
Le personnel a été cantonné dans la localité même, le matériel au château St Herblais situé à 1 km ouest de Domont.
25 mai 1940
Mouvement vers Domont du reste du bataillon.
26 mai 1940
Deux compagnies du Bataillon sont répartis de la manière suivante afin de s’opposer aux débarquements de l’ennemi par parachutistes ou par avions de transport sur les principaux terrains de la Région Parisienne :
- Claye-Souilly, Compans 2 chars
- Betz, Bouillancy 2 chars
- Chantilly les Aigles 2 chars
- Le Plessis-Belleville 2 chars
- Lognes, Emerainville 2 chars
- Mantes-Gassicourt 2 chars
- Persan-Beaumont 2 chars n° 68457 et 73149
- Cormeilles en Vexin 2 chars
- Chaveneu, Villepreux 2 chars
- Buc 2 chars
- Brétigny, le Plessis-Paté 2 chars
29 mai 1940
Retour des chars remplacés à Persan-Beaumont par des chars venus de Gien.
18 heures : Ordre verbal de cesser tout mouvement de matériel de façon à se tenir en état d’alerte et prêts à un départ inopiné.
31 mai 1940
Arrivée d’un chasseur en renfort, venant du 501e
2 juin 1940
Le sergent Labergue est muté à la 1ère compagnie.
Une reconnaissance est faite par le commandant Brossat et les commandants de compagnie en vue d’un nouveau cantonnement (région de Vitry sur Seine pour la 2e compagnie).
3 juin 1940
Bombardement de la région parisienne. Plusieurs obus et bombes tombent au voisinage du cantonnement de la C.E.
5 juin 1940
La 1ère compagnie est mise à la disposition de la Garde Républicaine et va stationner à Plessis-Robinson.
6 juin 1940
Déplacement de la 2e compagnie entre Domont et Thiais (Seine). La compagnie est cantonnée dans la propriété sise 89 avenue de Versailles. Les officiers sont logés au Château du Vergy.
Evacuation du sergent Debrieu et du chasseur Simon à l’hôpital.
7 juin 1940
La 3e compagnie est mise à la disposition de la Garde Républicaine et va stationner à Aulnay sous Bois.
8 juin 1940
Installation des compagnies de combat dans leurs nouveaux cantonnements.
9 juin 1940
La C.E. et l’Etat-Major du Bataillon se déplacent à Bagneux.
11 juin 1940
Déclaration de guerre de l’Italie. Début d’évacuation de la région parisienne.
12 juin 1940
Déplacement de la 1ère compagnie vers Courbevoie, mouvement sur chenilles.
13 juin 1940
Déplacement de la 3e compagnie vers Blanc-Mesnil.
Après plusieurs ordres et contre-ordres, regroupement du Bataillon à Bagneux puis mouvement de l’unité au Fort de Montrouge.
9 chars tombent en panne au cours des déplacements. Les chars ont été désarmés.
Ordre est donné de rester dans Paris et de ne pas combattre les unités allemandes.
14 juin 1940
Les troupes allemandes occupent et dépassent Paris.
A compter de ce jour le bataillon reste consigné au fort de Montrouge. Malgré la cessation des hostilités la situation n’évolue que très lentement affectant le moral des personnels.
La démobilisation progressive des hommes ne commence qu’au mois d'août 1940.
Le 50e bataillon est dissous le 10 septembre.

Unité constituée le 16 janvier 1940 à Bourges, avec du personnel provenant du dépôt 511 et armée de chars B1 bis.
ENCADREMENT
1ère COMPAGNIE | 2e COMPAGNIE | 3e COMPAGNIE | COMPAGNIE D'ÉCHELON |
Capitaine AULOIS Lieutenant AUBERTIN Sous-Lieutenant RAYNAUD Lieutenant PANTOU Lieutenant DOMECQ Sous-Lieutenant STOLTS Lieutenant VALOIS Sous-Lieutenant ROHON Lieutenant RANDOUIN |
Lieutenant DUMONT Lieutenant MEILLHAN Sous-Lieutenant GODINAT Lieutenant JACQUELIN Sous-Lieutenant NAU Sous-Lieutenant GARNIER Lieutenant HAPPERT Sous-Lieutenant SARTON Sous-Lieutenant BARTHÉLEMY Lieutenant CARPENTIER |
Lieutenant CARAVEO Lieutenant REMOISSENET Sous-Lieutenant MAXENCE Lieutenant FORT Sous-Lieutenant KLEIN Sous-Lieutenant RONOU Lieutenant LAHAYE Sous-Lieutenant LESCLAUX Lieutenant FONT Sous-Lieutenant de GRASSET Adj.-Chef SIMON |
Capitaine BRUNO Lieutenant PRUGNIOT Lieutenant MILLET Lieutenant PICARD Lieutenant TOURNIER Lieutenant BREYNAT |
L'histoire du 49e Bataillon s'établit en trois périodes.
I. - 22 JANVIER - 12 MAI 1940
II. - 13 MAI 1940 - 8 JUIN 1940
13 MAI. - Le bataillon est alerté. Les détachements précurseurs partent immédiatement à destination de Le Chesne. Au soir, tous les éléments sur chenilles font mouvement par l'itinéraire Ferme Milan, Mazagran, Vouziers, Bois du Chesne.
A partir de Vouziers, le mouvement des colonnes est très ralenti par le reflux des réfugiés ainsi que des nombreux éléments en désordre de la 55e D.I.
14 MAI. - Au jour, le bataillon stationne dans les bois 2 km au sud de Le Chesne et à midi, le mouvement est repris par le Chesne, Les Grandes Armoises pour se porter dans la région sud de Stonne. Un bombardement aérien entre Le Chesne et la Cote 166 crée un embouteillage indescriptible au pont de Le Chesne.
Le bataillon reçoit mission de se porter vers Stonne et de se mettre à la disposition du 67e R.I. en vue d'interdire la pénétration d'engins blindés ennemis en direction des bois de Mont-Dieu, de l'étang Fourchu et du bois de Raucourt. En fin de journée, la situation est confuse, des coups de feu partent du village.
A 20h45, le bataillon est établi en stationnement gardé au sud de Stonne, lorsqu'il est avisé que l'ordre primitif est annulé. Le bataillon est mis à la disposition du 91e RI (sous-secteur ouest de la 3e DIM) dans les conditions suivantes :
Une Compagnie (1ère), doit se porter dans la région nord-est de la ferme de la Tuilerie (route Tanay-Chemery).
Une Compagnie (2e) vers le château du Mont-Dieu.
Une Compagnie (3e), vers la Grange au Mont.
P.C. B.C.C., Ferme de la Tuilerie avec P.C. 91e R.I.
Le bataillon reçoit le renfort de cinq chars du 45e BCC (trois de la 1ère et deux de la 2e).
15 MAI. - Au lever du jour, après avoir recomplété les pleins d'essence, les compagnies se portent aux emplacements prescrits ; la dispersion des unités et la diversité des missions qu'elles vont recevoir vont faire éclater le bataillon sur un front de 5 kilomètres.
3e Cie. - A 5h30, stationne sur la route de la Tuilerie, entre les cotes 182 et 187 avec neuf chars.
A 0h30, les Allemands viennent d'occuper le village de Stonne, la Compagnie reçoit l'ordre de dégager ce village pour permettre à l'infanterie de le reprendre.
A 7h30, la Compagnie part à l'attaque.
Axe d'attaque : les Grandes Armoises, Stonne.
Par la route de la Tuilerie-Stonne, la Compagnie démarre en colonne. A hauteur de la cote 299, elle se déploie, première et deuxième sections à gauche, troisième à droite de la route.
Jusqu'à 9h30, les chars attaquent Stonne, la troisième section nettoie le village par l'est. L'infanterie ennemie se replie très rapidement, abandonnant le village ; aucune arme antichars ne s'est signalée.
L'infanterie et les chars H ne suivent pas ; le Commandant de Compagnie va personnellement la chercher, mais elle ne quittera sa base de départ qu'à 10h30.
L'inoccupation du terrain durant une heure a laissé à l'ennemi le temps de s'infiltrer à droite et à gauche et de mettre en place des armes antichars défilées aux vues des chars.
Les chars repartent à l'attaque, mais les antichars ennemis prennent nos appareils à partie et à très courte distance. A gauche, trois chars sont touchés ; ils continuent cependant à tirer et détruisent des pièces adverses. A droite, la 3e section disparaît et ne rentrera pas. Vers 11 heures, l'infanterie précédée des chars légers rejoint. Quelques éléments d'infanterie pénètrent dans le village ; le reste s'installe en arrière des chars à 150 mètres des lisières sud de Stonne.
A 11h15, la Compagnie reçoit l'ordre de rallier, mais l'infanterie n'étant pas encore installée, le Commandant de Compagnie maintient ses sections dans les rangs des fantassins jusqu'à 12h30. La Compagnie se regroupe aux lisières du bois, 500 mètres sud-ouest de 299. A 13h30, elle reçoit l'ordre de se porter entre la cote 237 et la Barbière Château (route des Grandes Armoises - La Tuilerie) et d'y attendre de nouveaux ordres. Emplacement qu'elle atteint à 14h30.
Vers 15h45, nouvel ordre de rejoindre les lisières du bois du Gros Boul pour être en mesure d'intervenir en cas d'attaque ennemie. Enfin, à la nuit, il lui est prescrit de rassembler tous les chars entre la cote 187 et le château de la Barbière. A ce moment, elle ne dispose plus que de deux chars.
Le 67e RI lui demande de se porter aux lisières sud de Stonne. Dans leur progression, les chars ne rencontrent que quelques éléments légers d'infanterie qui sont rapidement neutralisés. Jusqu'à la tombée de la nuit, les chars restent en surveillance devant Stonne, puis vont se rallier au carrefour 182 (route Grandes Armoises - La Tuilerie).
1ère Compagnie. L'unité stationne à la lisière sud du bois de Mont Dieu et depuis 5 heures est placée en situation défensive au carrefour 165 (500 mètres sud-ouest de la Ferme de la Tuilerie), avec mission de s'opposer à tout débouché d'engins ennemis vers le sud de la route de Chemery-Tannay.
2e Cie. - Stationne au château de Mont Dieu sur la route cote 182. A 16h45, elle reçoit mission de participer avec la deuxième Compagnie à l'attaque de la Ligne 191 - bois de la Basse et de Rouvroy avec le 291e RI. Une Compagnie de chars légers doit également participer à l'opération. L'attaque doit recevoir la protection de sept groupes d'artillerie. Après plusieurs contre-ordres retardant le débouché, c'est à 17h10 que le Commandant de Bataillon est informé que l'heure est fixée à 17h30.
Le premier objectif est limité au triangle formé à l'ouest par la route Tannay-Chemery ; au nord et à l'est par la cote 191, le ruisseau de Terron, le Grand Etang, au sud par les lisières des bois de Mont Dieu, triangle à neutraliser jusqu'à 3h30.
Ligne à ne pas dépasser : chemin de terre 191-197 (bois de la Basse).
Deuxième objectif : A H+30, se porter en protection sur la crête est de la route La Raillerie-La Neuville, vers la cote 181.
Positions de départ.
1ère Compagnie, lisière nord du bois du Mont-Dieu entre 170 et la Raillière.
2e Cie : Lisière du bois du Mont-Dieu à l'est de la route Tannay-Chemery.
A 17h30, sans le soutien d'artillerie promis, les chars partent seuls. Un contre-ordre a été donné aux autres troupes, sauf aux chars.
Première Compagnie. - Les sections débouchent en colonne par l'itinéraire 233, le Vivier, 188, la Raillière, franchissent un fossé antichars à 400 mètres de la base de départ, puis se déploient. A ce moment, un violent feu anti-chars se déclanche provenant du secteur de droite et non repérable par nos appareils.
L'artillerie ennemie entre en action. A la crête sud de Chemery, trois canons antichars ouvrent le feu sur nos chars, et sont immédiatement pris à partie et détruits ainsi qu'un détachement de trois véhicules qui circule sur la route Artaise-Chemery. L'infanterie ne suit pas. Les chars se replient dans la région de la Maison Forestière.
Deux appareils restent dans les lignes, dont celui du Capitaine.
Deuxième Compagnie. A 17h15, en colonne, la Compagnie part de la cote 233 par l'itinéraire Château du Mont-Dieu, Carrefour 181 et 233 - piste de la Raillerie et route de Neuville.
Les chars se déploient, une section de B à droite et une de H à gauche.
A 17h30, la Section de B engage le combat à 800 mètres sur des chars et des canons antichars puis à 18h30 la Compagnie rallie la cote 181. Au cours de l'engagement, les feux d'artillerie ennemie ont été d'une extrême violence, en particulier sur les bois de la Basse et de Rouvray ainsi que sur les lisières sud d'Artaise. Des chars allemands sont apparus dans les bois de Rouvroy. Quant à la défense antichars, son activité prouve que les armes sont nombreuses et qu'elle possède de nombreux 47 abandonnés par nos troupes.
21 heures, la Compagnie se rallie. Trois chars sont perdus, trois sont détériorés par antichars. Quatre canons de 47 SA sont hors d'usage par suite de la mauvaise qualité des douilles (explosion dans l'arme des obus explosifs).
Les missions données aux chars ont toutes été remplies et ce dans un temps record. Mais le retard mis par notre infanterie à venir occuper la position a été mis à profit par l'ennemi pour amener des renforts par l'unique route dont il dispose (lacets de la route cote 273 - Stonne). De plus, l'occupation du terrain par l'adversaire était d'autant rendue plus facile que l'action de notre artillerie était presque inexistante.
24 MAI. - Au point du jour, les unités vont s'installer dans les bois du Mont des Grues (200 m sud de la cote 230, route Brieulles sur St-Pierremont).
Alerte à midi, pour participer à une attaque en direction de la route de Tannay, la Tuilerie, bois Pré Naudin et Bon temps. L'attaque est montée par un bataillon du 36e RI (à ce moment en marche sur le bois de Sy).
A 14 heures, la liaison est prise avec le Commandant du BI, qui ne possède aucun moyen de transport pour amener les munitions de ses armes lourdes.
Deux sections de la Compagnie Dumont appuient l'opération. Une couverture aérienne doit être assurée, de H-20 à H+1 heure ainsi que par un appui d'artillerie de H à H+1 heure, H=18 heures.
A 16 heures, l'ennemi s'est infiltré en direction de Tannay et l'infanterie ne peut occuper sa base de départ. Il est demandé aux chars de fournir deux sections pour assurer la protection de l'infanterie dans les bois de Bontemps et Pré Naudin et également de permettre au 16e BCP de reprendre Tannay, sans toutefois dépasser la route Tannay-Chemery.
La Compagnie Caraveo reçoit l'ordre de prolonger la Compagnie Dumont avec une section en direction de Tannay et de garder l'autre en protection.
Les sections Valois et Meilhau viennent prendre leur PD au bois de Sy, par l'itinéraire route de Sy, cote 229, Ferme Noclère et la piste.
A 16h40, elles se déploient entre la ferme Moulinet, Mont Idée au nord, corne sud Pré Naudin au sud.
L'ennemie déclenche de violents tirs d'artillerie occasionnant de grosses pertes à l'infanterie qui, malgré tout progresse à droite vers la ferme des Moulinets et à gauche par les bois nord, cote 276.
Dans le secteur de la Compagnie Dumont, à 17h15, l'infanterie n'est pas en place. Il est demandé à la division de retarder l'heure H, demande qui est refusée et, à 17h30, sans protection aérienne, sans appui ni contre-batterie d'artillerie, les chars partent. Seule une compagnie d'infanterie du 36e RI est en mesure d'attaquer.
L'ennemi déclenche de violents tirs de barrage.
Après une heure trente de neutralisation des chars, l'infanterie réussit à border la route de Tannay mais, sous la violence du barrage ennemi, ne peut s'y maintenir.
Aux environs de la Ferme Noclève, les chars sont pris à partie par des armes antichars avec une telle violence et par un si grand nombre de pièces que leur repérage est extrêmement difficile. Quelques pièces de 47 français sont cependant repérées sur la crête est de Tannay.
A 19h30, les chars rallient la Ferme Noclève, puis le bois de Sy et enfin, au cours de la nuit, le bois des Grues.
Sur les 14 chars, dix ont été engagés, trois tombés en panne sous le feu ennemi ont été sabordés par les équipages ; les sept autres sont avariés par des armes antichars et sont inutilisables.
25 MAI. - Le regroupement des appareils s'opère au bois du Grand Colas (2 km au sud-ouest de Boult-aux-Bois).
7 JUIN. - Reconnaissance Bois de Semide et de Bleimont. L'inspection générale des chars prescrit de reformer une seule unité avec les éléments disponibles des 41e et 49e B.C.C.
III. - 9 JUIN - 31 JUILLET 1940
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
48e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Le 48e BCC est créé le 16 novembre 1939 à partir du Centre Mobilisateur 508 de Luneville.
Cette nouvelle unité, équipée initialement de chars FT et H 39 perçoit le 19 mai 45 chars R 35 et R 40. Elle est rattachée administrativement au 535e Groupe de Bataillons de Chars de Combat et doit entrer dans la composition d'une Division Cuirassée.
Le 20 mai, après avoir perçu ses matériels à Satory, le 48e BCC ne peut rejoindre la 2e DCR où il est affecté, la division étant détruite à cette date.
Début juin le bataillon, en renfort de la 4e DCR, se déplace dans la région de Caumont au sud d’Abbeville.
Le 4 juin 1940, avec la 51e division écossaise et le 15e RIA, le 48e BCC est engagé à partir de Behen à une action visant à s’emparer Mont Caubert par le flanc ouest. Progressant sur un terrain dégagé à l’Est de Bienfay plusieurs engins sautent sur des mines. L’intervention de l’aviation ennemie oblige les chars à se replier. A 17 heures les chars aptes au combat se trouvent en ravitaillement à l’arrière du champ de bataille dans la région de Huppy.
Le bataillon très éprouvé passe aux ordres du général Delestrain et avec les quelques blindés qui lui reste continue à se battre et couvre le repli de la Xe armée sur la route de la Loire.
Le 15 juin 1940, les restes du bataillon sont à Oinville au nord d’Orléans.
C’est à Valencey, le 25 juin 1940, que ces éléments apprennent l’armistice.