HISTORIQUES DES

COMPAGNIES COMPOSANT
LE 501e RCC  
 


1ère COMPAGNIE AUTONOME

de CHARS de la FRANCE LIBRE

devenue 1ère COMPAGNIE du 501e R.C.C.

1940 – 1945

L'histoire de cette Première Compagnie commence aux heures les plus sombres de l'histoire de notre pays en juin 1940, quand la ruée de l'Armée allemande déferla sur nos routes put un instant faire croire que tout était perdu.
A cette date, sur un convoi anglais de la Mer du Nord revenaient de la courageuse et glorieuse expédition de Narvik, douze chars Hotchkiss modèle 39, qui avaient vaillamment prouvé leurs qualités dans des opérations d'appui aux unités du Corps expéditionnaire. Seule l'invasion des plaines du Nord de la France leur avait interdit de parachever leurs premières victoires de Bjervick, Ankenes. .. La défaite de leurs frères devant les blindés supérieurs en nombre et en armement dans les meurtriers combats de la Somme contraignait à la même heure de nombreux jeunes gens à se poser la question Cruciale :
Comment reprendre le Combat ? Quelle armée, quels moyens peuvent à leur tour infliger à cette armada hitlérienne, jusqu'ici invaincue, la défaite dont chaque jeune Français rêvait ?
L'Appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940, et l'attitude inflexible et admirable du peuple anglais apportaient la réponse. De multiples points des côtes de France, par tous les moyens. de la barque de pêche au déguisement sous uniforme étranger, sans autre désir qu'une volonté forcenée de se battre, plusieurs milliers de jeunes gens, étudiants, ouvriers, paysans, tentèrent d'atteindre l'Angleterre.
C'est ainsi que pendant la deuxième quinzaine de juillet 1940, dans un camp près d'Aldershot, cent trente de ces jeunes civils furent rassemblés avec dix-sept anciens de Norvège et une trentaine de rescapés de la bataille de France pour constituer autour des douze H 39 la première Compagnie de Chars de la France Libre, unité quelque peu disparate, à l'instruction forcément limitée par les craintes d'usure prématurée du matériel, mais animée d'un moral à toute épreuve. Une homogénéité des courages compensant largement la diversité des formations.
Après un mois et demi d'instruction seulement, entrecoupé de deux inspections exceptionnelles, celle du Général de GAULLE et celle du roi George VI, la 1ère Compagnie de Chars qui s'attendait à être engagée dans la bataille d'Angleterre que tous pensaient proche, se vit soudainement équipée de tenues coloniales et embarquée sur le Pennland, transatlantique hollandais. Le 31 août, après un violent bombardement par les vagues d'avions allemands, le convoi lève l'ancre dans la nuit pour une destination inconnue.
 
AFRIQUE

14 septembre, arrivée à Freetown, capitale de la Sierra Léone où nous apprenons l'objectif du Corps expéditionnaire des F.F.L. : Dakar. Les 23 et 24 c'est un premier échec, les autorités du gouvernement de Vichy refusant toute conversation avec les Français libres, avaient mis en place sur les plages un tel déploiement de forces que toute attaque devenait impossible.
26 septembre retour à Freetown et le 2 octobre le bateau reprenait la mer pour arriver le 6 octobre à Victoria, port du Cameroun britannique, à proximité immédiate de Douala, où le Colonel LECLERC avait réussi sans coup férir à rallier l'ensemble du pays à la France Libre un mois auparavant.
La 1ère Compagnie débarque ainsi le 9 octobre en terre française. Après quelques jours seulement de remise en état des chars et des camions, une section accompagnée d'éléments légers et des indispensables moyens de réparation, part pour la campagne du Gabon par voie de terre, c'est-à-dire à travers la forêt équatoriale. Cette campagne épuisante pour le matériel comme pour les hommes, dont certains atteindront l'équateur à N'DJOLE, est marquée seulement par quelques coups de fusil retardateurs de tirailleurs isolés ; elle s'achève par un succès total : toute l'Afrique équatoriale est ralliée à la France Libre.
Le 11 janvier 1941, la Compagnie embarque sur le Fort de Troyon, pour arriver à Pointe Noire, au Congo Français, où elle apprend sa future destination : le Moyen-Orient. Chars et camions sont chargés sur un cargo qui par le Cap va gagner l'Egypte, tandis que l'ensemble des officiers et chasseurs s'en va retrouver à Freetown un énorme convoi de troupes britanniques qui prend la mer le 9 mars. Une escale à Durban en Afrique du Sud vient combler le 27 mars l'impatience de tous ces terriens un peu déroutés par ces voyages en mer et, le 23 avril, la 1ère Compagnie au grand complet débarque à Suez.
 
SYRIE - LIBAN

Tous les espoirs de départ immédiat sur le front de Libye s'évanouissent hélas très vite. C'est la Palestine au camp de Quastina qui est sa destination pour entraîner les équipages au combat dans le désert. mais aussi entreprendre une grande action offensive contre la Syrie quelques mois plus tard.
 
LYBIE 1942

Ici se place l'épisode le plus douloureux de son histoire. La campagne de Syrie fut dirigée contre l'armée du Général DENTZ, contre les chars et les troupes françaises qui jour après jour permettaient des incursions plus nombreuses des avions allemands sur le Moyen-Orient,
accueillaient leurs aviateurs avant un jour peut-être de recevoir des troupes. Cette opération militaire menée côte à côte avec les Anglais, du 9 juin au 13 juillet, fut extrêmement meurtrière. Les canons de 75 ou de 47 qui avaient si souvent manqué aux combattants de la campagne de France étaient là pour attendre les H 39 dans la plaine devant Damas. La 1ère Compagnie exécute son impitoyable et douloureuse mission, mais perd dans ces combats deux officiers et quatre chasseurs dont le sacrifice va resserrer l'union, durcir la volonté d'éliminer tout obstacle quel qu'il soit à la libération de la France.
A l'issue de cette campagne qui a éliminé presque tout le matériel, la 1ère Compagnie est rééquipée en chars Renault 35, les frères des H 39. Elle reçoit l'appoint combien précieux de plusieurs dizaines de sous-officiers et soldats venus directement de France, en renfort de l'armée de Vichy. De Damas où s'écoule la fin de 1941, elle gagne Beyrouth au début de 1942.
 
EGYPTE - CYRENAIQUE - TRIPOLITAINE

Le 13 avril, abandonnant ses chars R 35 sans grand regret, la 1ère Compagnie est envoyée en Egypte où elle stationne sous la tente au pied des Pyramides. Très vite lui sont affectés les premiers Crusaders, chars anglais rapides et légers, dont les performances comparées à celles des vieux chars français, déchaînent l'enthousiasme.
Une formation accélérée est donnée aux chefs de chars, mécaniciens et tireurs, dans la fébrilité des nouvelles de la foudroyante avance allemande vers l'Egypte et le 16 août la première Compagnie part pour le front dans le cadre d'une colonne volante formée avec trois escadrons de spahis motorisés.
Le secteur du front qui lui est affecté est constitué par les escarpements au Nord de la dépression de Qattara.
Reconnaissances, prises de contact avec les immenses champs de mines, familiarisation avec la chaleur et le sable, quelques bombardements ou mitraillages par les avions allemands, tout ceci constitue la toile de fond des deux mois de front précédant l'attaque d'El Alamein, où la 1ère Compagnie est engagée en appui de la Légion Étrangère le 24 octobre 1942. Ce premier combat, pour les uns contre l'infanterie italienne, pour les autres contre les chars de reconnaissance allemands, est un réel succès.
Si l'attaque contre le plateau d'El Himeimat, trop bien défendu, doit être abandonnée, les carcasses de deux chars allemands détruits sont les témoins que les chars français ont repris le combat. Les opérations se poursuivent les jours suivants pour se conclure les 3, 4 et 5 novembre par une gigantesque chasse dans le désert, au-delà des champs de mines ennemis, où les chars de la 1ère Cie ramassent plusieurs canons anti-chars et des centaines de prisonniers.
Du début novembre jusqu'en février 1943, la colonne volante va suivre de loin l'avance anglaise à travers le désert. Les chars seront remis à neuf, complétés pour l'attaque de la ligne Mareth, que les Allemands occupent solidement dans le Sud Tunisien. Les 4 et 5 mars, les Crusaders participent à des opérations de reconnaissance et le 6 mars 1943 se déclenche à quelques kilomètres au Sud de Médenine une contre attaque puissante de la 21e Panzer. Le combat est tout de suite très meurtrier pour les Crusaders, percés à grande distance par les obus de 75 ou de 88 des engins blindés allemands, mais la colonne volante se faufilant dans les oueds parvient à stopper l'avance des Panzers. Un char Skoda, une automitrailleuse et plusieurs véhicules à chenilles sont détruits à bout portant par les équipages de la 1ère Compagnie qui viennent de subir de lourdes pertes.
 
TUNISIE

Les jours qui suivent voient l'affectation des chars et des automitrailleuses de la colonne comme unité d'appui de la colonne LECLERC qui, à travers le désert, a gagné la Tripolitaine, et ouvre à ce moment-là en arrière du massif montagneux des Matmata le chemin aux Divisions blindées alliées qui contourner la ligne Mareth pour prendre Gabès. La campagne de Tunisie s'achève donc sur des opérations de reconnaissance effectuées au milieu des unités allemandes et italiennes en pleine déroute.
Les mois de juillet-août 1943 se passent en Tripolitaine au camp de Sabratha où les nouvelles recrues en provenance de l'armée d'Afrique sont instruites, mais cette période est également celle de l'intégration de la 1ère Cie dans le 501e R.C.C. constitué à cette date avec les 2e et 3e Cies qui l'ont rejointe dans cette oasis du désert.
 
MAROC

Septembre 1943 : au Maroc, près de Rabat, les équipages du Régiment sont dotés des Sherrnans américains.
Avril 1944 c'est le transport de la 2e D.B. en Angleterre et le 3 août 1944 les 13 chars aux noms évocateurs du glorieux passé de leur unité débarquent près de Ste Mère Eglise sur le sol de France, le cœur de tous empli d'une joie profonde, mais mesurant mieux au souvenir des batailles du désert l'ampleur et l'âpreté des combats qui l'attendent.
 
CAMPAGNE de FRANCE

Attaque de Mortrée le 12 août, d'Ecouché le 13 août, où les chars de la 1ère Cie forcent le passage de l'Orne, détruisent un convoi de troupes allemandes et tiennent pendant cinq jours la tête de pont sur laquelle viennent buter les Panzers en retraite, sont les points les plus saillants de la Campagne de Normandie qui apporte les premières victoires sur les Mark IV, les Panthers, mais aussi la mort de plusieurs vieux compagnons de 1940 dans ces duels de forêts.
Les Shermans sont à nouveau engagés dans l'attaque du Sud de Paris le 24 août à Longjumeau, Massy-Palaiseau, Antony où les 88 de la D.C.A. allemande utilisés en antichars dans des missions de sacrifice, tombent par paquets sous l'avalanche des chars français qui sont ce jour là irrésistibles à l'approche de Paris. La journée du 25 août est une journée d'apothéose, marquée seulement pour la 1ère Cie par quelques coups de canon dans les jardins des Tuileries. Qu'elles paraissent loin ce jour là les batailles du désert, quelle récompense après quatre années d'absence.
La tâche des bérets noirs n'est pourtant pas achevée. Le 12 septembre c'est la ruée dans Andelot en Haute-Marne, le 16 septembre la bataille de Chatel, le 19 passage de la Moselle et le 30 l'attaque sur Rambervillers. A cette période de brillantes opérations de mouvements, où les chars opèrent avec les fantassins du Tchad groupés sur la plage arrière, succède ensuite un mois de guerre de position lancinante face au Sud dans les forêts bordant la Mortagne sous les tirs de harcèlement de l'artillerie.
Mais la grande opération de dégagement est proche. La 1ère Cie gagne le 30 octobre les lisières de la forêt au Nord-Est de Baccarat et le lendemain, en trois vagues successives, ses trois sections engagées successivement prennent les villages de Brouville et Merviller, coupent la route de Baccarat et foncent au Nord jusqu'à Montigny, détruisant cinq canons pour s'arrêter devant les premiers obstacles antichars de la ligne des Vosges.
 
ALSACE

23 jours plus tard c'est la charge sur Strasbourg où les tireurs allemands se ressaisissant trop tard, peuvent abattre sur leurs tourelles plusieurs chefs de chars mais sont impuissants à arrêter l'élan irrésistible qui mène les Shermans au cœur de la ville d'abord, jusqu'à Graffenstaden ensuite.
Décembre 1944, attaques vers le Sud dans le brouillard et la neige, sur des routes minées, coupées d'arbres abattus ou bordées de fondrières impraticables, villages qu'il faut prendre un à un contre un ennemi acharné, galvanisé par la proximité de l'Allemagne et la proche offensive des Ardennes. Le charnier d'Herbsheim, les bords de l'Ill, les ruines de Witternheim, voient s'égrener semaine après semaine les tombes des anciens de 1940 dans les plus durs et ingrats combats que la 1ère ait livrés depuis le débarquement.
Les premiers jours de 1945, les rescapés font route vers la Sarre pour revenir en Alsace participer le 30 janvier, par l'attaque d'Artzenheim au Nord de Neuf-Brisach, à la liquidation des dernières unités allemandes présentes sur le sol de France.
La 1ère exténuée profite d'un long repos à Marckolsheim d'abord, près de Vatan dans l'Indre ensuite. Le remplacement des Shermans détruits, l'instruction des jeunes engagés qui viennent combler les vides, sont le prélude à la campagne d'Allemagne que tous appellent de leurs vœux.
La course commence le 27 avril avec la traversée du Rhin, elle se poursuit jusqu'au 5 mai dans la folle allégresse des équipages, au rebours d'immenses colonnes de prisonniers désemparés. Elle ne s'achèvera qu'à Berchtesgaden où la porte de la caserne s'ouvre sous la poussée d'un char, les deux mille prisonniers qui l'entourent formant la plus belle auréole de gloire qu'ait pu imaginer la 1ère Cie aux heures de souffrance et de deuil vécues cinq années auparavant.
 



HISTORIQUE DE LA 2e COMPAGNIE DU 501e CHARS

AU COURS DE LA CAMPAGNE DE LIBÉRATION

1940 – 1945
 

LA PRÉPARATION AU COMBAT

Le 16 octobre 1940, la 2e Compagnie Autonome de Chars des Forces Françaises Libres est créée en ANGLETERRE par décision du Général de GAULLE. Commandée par le Lt GROSNIER, ses effectifs sont de 34 Officiers, sous-Officiers et Chasseurs.
D'abord cantonnée à CAMBERLEY, elle s'installe le 30 octobre au Camp d'OLD-DEAN. Le Lieutenant RATARD en prend le Commandement le 16 novembre et ses effectifs atteignent 128 en avril 1941.
Jusqu'en août 1941, elle poursuit son instruction sur des chars légers, qu'elle abandonne pour embarquer à LIVERPOOL. Débarquant le 2 octobre à POINTE NOIRE, elle gagne successivement BRAZZAVILLE, puis BANGUI et FORT-LAMY. Le 11 décembre 1941, elle est dirigée sur LAGOS puis KANO (NIGERIA) où elle perçoit 17 chars légers américains, prenant alors le nom de "Compagnie de chars du Régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad".
Son instruction s'effectue sur place pendant une année et, le 16 février 1943, laissant sur place son matériel à une unité britannique, elle embarque par avion pour rejoindre KARTOUM puis LE CAIRE.
Le 10 mars 1943, elle prend le nom de "2e Compagnie de Chars de la 1ère D.F.L.". Après différents stages de spécialités à la VIIIe Armée Anglaise, elle est dotée de chars "CRU5ADERS" et dirigée sur SABRATHA (Tripolitaine) qu'elle rejoint le 16 juin 1943.
Le 1er juillet 1943, la 2e Compagnie s'intègre au 501e R.C.C. reconstitué à la 2e D.F.L. et passe sous le Commandement du Capitaine de WITASSE ; le capitaine RATARD est affecté à l'E.M. du 501e. Les S/Lieutenants IMBERT, MICHARD, de LA BOURDONNAYE et DAVREUX sont Chefs de Section de la Compagnie.
Le 28 août elle quitte SABRATHA, laissant encore une fois son matériel sur place et fait mouvement sur CASABLANCA. La 2e D.F.L. prend alors le nom de 2e D.B., grande unité dans laquelle s'intègre le 501e RCC.
Toujours avec le 501e, elle perçoit sa dotation de Chars américains "SHERMAN" (17 M 4 A2) bivouaque au Maroc dans la forêt de TEMARA où, jusqu'en avril 1944, elle effectue l'instruction de son personnel dont une parte est constituée d'évadés de FRANCE. L'aspirant LACOSTE prend le commandement de la 2e Section en remplacement du S/Lt. DAVREUX affecté au PC du 501e.
Embarquant avec ses chars pour l'Angleterre, d'avril à août 44 elle stationne avec le Régiment à HUGGATE.
C'est également avec le Régiment qu'elle débarque en NORMANDIE le 1er août 1944. Désormais. Elle va participer à toute la campagne de Libération dans le cadre du GTV qui comprend 150 h. et plus spécialement sous les ordres directs du Commandant PUTZ qui commande le IIIe R.M.T. et son sous-Groupement.
 
LA NORMANDIE

Le 12 août, débouchant de SEES, le S/groupement reçoit du Général LECLERC, la mission de traverser la forêt d'ECOUVES où se sont réfugiés de nombreux blindés allemands, pour aller à la rencontre du dëtachement ROUMIANTZOFF accroché dans la forêt.
La 1ère Section fonce en tête et, très vite, le MONTEREAU, est atteint par un "PANTHER" embossé. Le Sergent-Chef JAMETTE, sous le feu direct de l'ennemi, parvient à dégager du char son aide pilote blessé.
La 3e Section prend alors la tête et c'est au tour de l'ELCHINGEN d'être touché. C'en est trop. Les chars ne peuvent manœuvrer dans la forêt et risquent de se faire descendre les uns après les autres. Le P.C. de la Compagnie met pied à terre, dépasse les chars et, à l'aide des fantassins du IIIe R.M.T., s'infiltre dans les bois. Guidant les chars, il parvient à localiser le "PANTHER coriace qui est mis hors de combat à coups de bazooka après une défense vigoureuse.
Le carrefour de MEDAVI est pris dans les mêmes conditions en dépit de la résistance ennemie, et dépassé.
La nuit on bivouaque sur place, s'attendant à tout moment à une contre-attaque. Mais tout reste calme et la progression reprend à l'aube. Dès le début de la matinée la jonction est faite avec le détachement ROUMIANTZOFF.
Dans cette affaire le s/groupement s'est emparé de 3 canons de 155, d'un "PANTHER", d'automitrailleuses, de chenillettes, de camions, mais la 2e Compagnie a, pour son premier engagement, eu deux chars détruits.
C'est une sévère leçon qui portera ses fruits. Désormais, jamais plus les chars ne seront engagés sans avoir de possibilités de manœuvrer ou, au moins, de se soutenir efficacement par le feu.
 
PARIS

Dans la nuit du 23 au 24 août, après une randonnée éprouvante dans la chaleur, la poussière, et les gaz d'échappement qui brûlent les yeux, la 2e Compagnie est parvenue, tant bien que mal à atteindre les environs de LIMOURS, où elle essaie de prendre quelques heures de repos.
Mais dès l'aube du 24 le S/Groupement se met en route en direction d'ARPAJON, LONGJUMEAU, ANTONY.
A partir de LONGJUMEAU la 2e Compagnie en tête du s/Groupement, se heurte à toute une succession d'antichars camouflés de part et d'autre de la route et qui sont successivement détruits par la manœuvre des chars de la 3e Section. L'EYLAU, à lui seul, en inscrit quatre à son palmarès. A son tour la 2e Section passe en tête et l'ULM neutralise un fort méchant "GOLIATH". Une batterie de 75 PAK est anéantie au Sud d'ANTONY. Mais l'ennemi réagit : l'AUSTERLITZ, dans LONGJUMEALI, est atteint par un obus du mortier qui atterrit sur le char, tuant le caporal-chef LE SAOUT et blessant un autre membre d'équipage.
D'ANTONY même, impossible de déboucher : un 88 FLAK, solidement embossé à la CROIX-de-BERNY, prend à partie à 1500 mètres tout char qui ose montrer le bout du nez. Le Général LECLERC, venu sur place s'impatiente de ce retard. La 2e Section manœuvre par l'Ouest et l'aspirant LACOSTE, avec son FRIEDLAND, règle personnellement, à moins de 50 mètres, son compte à ce gênant 88 dont il s'est approché centimètre par centimètre par des voies détournées, et qu'il surprend de flanc.
A la chute du jour, le s/groupement. épuisé, occupe la CROIX-de-BERNY où il s'installe.
Pas toute la 2e Compagnie cependant, car le Général LECLERC a donné au Capitaine DRONNE (9e Compagnie du IIIe RMT), renforcée de la Section MICHARD, l'ordre de s'infiltrer dans PARIS la nuit tombée. Ce sont donc les chars de la 1ère Section, ROMILLY en tête, qui auront l'honneur d'entrer les premiers dans la capitale. De la CROIX-de-BERNY nous suivons à la radio leur progression jalonnée par le son des cloches qui sonnent à toute volée et nous entendons avec émotion MICHARD annoncer son arrivée à l'Hôtel de Ville.
Le 25 à l'aube le s/groupement démarre à son tour.
Par CHEVILLY, VILLEJUIF, la PORTE d'ITALIE, il parvient à la Seine sans coup férir, au milieu d'une population délirante d'enthousiasme, qui ouvre les barricades à son arrivée pour lui permettre d'entrer dans PARIS. Il défile devant Notre-Dame et, sur la place St-Michel, la 2e Compagnie, toujours amputée de sa 1ère Section, reçoit l'ordre de libérer le LUXEMBOURG, fortement occupé par l'ennemi et sur lequel s'escrime depuis le matin l'Escadron de Protection du Général Leclerc que commande le Capitaine de Boissieu ; une des Sections commandée par l'Aspirant de la FOUCHARDIERE vient du 501e R.C.C., elle sera à l'honneur pendant toute cette action sur le Luxembourg.
L'ambiance est extraordinaire. Successivement et sans transition, la foule se presse autour des chars, puis des rafales éclatent on ne sait trop d'où et c'est aussitôt le vide, la foule revient quelques instants après. Il est difficile de combattre dans une telle atmosphère.
Des éléments F.F.I. qui tiennent les barricades sur le boulevard St-Michel, ouvrent des passages aux chars et se mettent spontanément à la disposition des équipages.
Vers 13 heures le jardin est en vue mais, solidement défendu par des blockhaus et des chars, il est impossible de l'atteindre. L'adjudant de Compagnie CORLER est tué en effectuant une reconnaissance à pied.
Un "PANTHER", sorti en catimini du jardin, tient nos chars à distance respectueuse. Vers 15 heures le char 105 LA MOSKOWA, embossé à l'angle des rues de Médicis et de Vaugirard, aperçoit son arrière qui se déplace et, à quelques mètres, lui envoie un coup de 105 qui incite son équipage à l'abandonner. Les autres chars ennemis renoncent à sortir du LUXEMBOURG.
Peu à peu le feu s'apaise. A 19 heures l'ennemi ne donne plus signe de vie et c'est au total 3 "PANTHER" ; 4 B1 bis et 6 R 35, soit 13 chars en état de combattre.
Ces blindés allemands avaient reçu mission de se porter vers la gare Montparnasse pour attaquer le P.C. du Général Leclerc.
Le petit matin du 26 est salué par un coup de canon insolite qui met le quartier en émoi : c'est un parisien curieux qui, après avoir manœuvré les commandes du canon a, par mégarde, appuyé sur la détente du PANTHER. Le coup primitivement destiné à LA MOSKOWA part alors, heureusement dans les nuages.
C'est à la 2e Compagnie qu'il revient, le 8 septembre, et alors que le reste de la 2e D.B. s'ébranle vers l'est, de demeurer quelques heures sur place afin de rendre, place de l'Etoile, les honneurs au Général EISENHOWER, et de défiler sur les Champs-Elysées.
 
LA LORRAINE

Dans le courant du mois de septembre 1944, la 2e Compagnie, avec le s/groupement, prend part à diverses actions en LORRAINE. A BULGNEVILLE elle effectue un coup de main qui ramène 47 prisonniers. Elle est mise à la disposition du GTL, qui se bat à DOMPAIRE, mais n'a pas l'occasion d'intervenir.
Le 30 septembre, le Capitaine de WITASSE et le Lieutenant IMBERT, partis en reconnaissance pour l'opération du lendemain tombent dans une embuscade au milieu des bois. Ils ne sont dégagés, in extremis, que par l'intervention de la Section LACOSTE.
Le 1er octobre elle attaque ANGLEMONT qui est pris en fin de matinée. Le village est alors occupé défensivement par des Spahis et du Génie, tandis que la 2e Compagnie se place en protection sur les hauteurs environnantes.
Dans la nuit, avec l'appui d'un violent tir d'Artillerie, les Allemands contre-attaquent ANGLEMONT avec des chars et la petite garnison doit évacuer le village.
Au petit jour du 2 l'Artilleríe pilonne sans arrêt nos positions et nous cause des pertes en personnel. A 11h.30 le Commandant PUTZ donne l'ordre à la Compagnie de reprendre ANGLEMONT occupé par les chars adverses, et de le tenir coûte que coûte.
La Section MICHARD, franchissant le barrage d'Artillerie, dévale les pentes à toute vitesse sous la protection des tirs des 2e et 3e Sections qui imposent à des renforts d'Infanterie et de blindés ennemis de faire demi tour, et s'enfonce dans le village.
Dans ANGLEMONT la lutte est au corps à corps. Un mark IV est détruit, mais le CHAMPAUBERT est atteint lui aussi. Successivement un, puis deux PANTHERS sont détruits. Vers 13 heures le village est nettoyé, l'ennemi s'acharne alors sur lui avec son Artillerie.
A la chute du jour la 2e Compagnie est relevée par des troupes américaines et rentre à St-MAURICE par petites fractions successives. Dans cette affaire le s/groupement a détruit 3 PANTHERS, 1 Mark IV, plusieurs anti-chars et capturé 300 prisonniers.
Le 1er novembre, la 2e Compagnie reçoit la mission de reconnaitre le village de MIGNEVILLE. Profitant d'un épais brouillard elle occupe, par surprise, le village que l'ennemi évacue rapidement.
 
LA MARCHE SUR STRASBOURG

Au cours de la 1ère quinzaine de novembre, la 2e Compagnie perd l'aspirant LACOSTE, grièvement blessé à REHERREY par un PANTHER. La 2e Section est alors commandée par l'aspirant RICHARDEAU.
Le 17 novembre elle se trouve au repos, une grande partie du personnel est à LUNEVILLE quand, soudain, "Alerte" : le Commandant PUTZ rassemble son s/groupement pour rejoindre BADONVILLER où le GTV le réclame d'urgence - char par char, presque homme par homme, la 2e Compagnie rallie BADONVILLER ; elle sera complète dans la nuit.
Le 18, vers 11 heures, elle est appelée à relever la 3e Compagnie du 501e et reçoit l'ordre, renforcée d'une Compagnie du IIIe RMT, de s'emparer de PETITMONT, belle position défensive sur la hauteur, et dont le terrain, organisé, est occupé par une compagnie cycliste, renforcée d'anti-chars.
L'affaire est rendue particulièrement difficile par l'impossibilité où se trouvent les chars de quitter la route et de manœuvrer en tous terrains : le sol boueux, étant impraticable au matériel.
Sous la protection des TD, embossés en arrière, la colonne s'ébranle sur la route. Coup sur coup les antichars allemands détruisent deux Half-tracks de la Section d'Infanterie Lelong, puis le char IENA ; le MONTMIRAIL, lui aussi est atteint, mais l'obus de 75 PAK, qui a provoqué une extraordinaire gerbe d'étincelles a ricoché par bonheur sur le masque du canon et ne le met pas hors de combat.
Le PC met pied à terre et la progression reprend alors, lentement et à pied, sous la protection des TD et des chars qui parviennent à repérer les résistances et les détruisent les unes après les autres. A 17 heures les lisières de PETITMONT sont atteintes. Il faut faire vite car la nuit tombe. Les chars de la 2e Compagnie s'engouffrent dans le village qui est nettoyé à 18 heures. L'ennemi renonce à la lutte, abandonnant plusieurs 75 PAK et 15 prisonniers. Il se vengera dans la nuit en arrosant copieusement le village avec son Artillerie.
Le 21 novembre la 2e Compagnie quitte PETITMONT, franchit les Vosges au DABO et se retrouve, à la nuit, à SINGRIST, coupant la route de SAVERNE à STRASBOURG.
Jusqu'à 2 h. du matin l'ennemi ignorera cette interception et ses éléments isolés viendront se jeter dans nos embuscades machiavéliquement préparées et qui lui causeront de sérieuses pertes.
Le 23, à 6h30 le s/groupement se met en marche vers STRASBOURG. Après divers accrochages, la 2e Compagnie arrive en vue du fort KLEBER qui est tenu.
Elle se heurte à un fossé anti-chars qui barre la route.
Le Sergent-chef COMMEINHES est tué sur l'AUSTERLITZ, d'une balle dans la tête.
Grâce au Génie qui travaille sous le feu ennemi, le fossé est franchi vers midi. WOLFISHEIM est nettoyé, quinze Bazookas capturés. La progression reprend alors rapide ; si rapide même qu'une batterie d'Artillerie est surprise et neutralisée avant d'avoir pu tirer. Dans les faubourgs de la ville c'est une course de vitesse. Des camions emplis de soldats allemands sont interceptés avant même que le personnel ait compris ce qui se passe.
Liaison est prise, près du Pont de Kehl, avec le s/groupement ROUVILLOIS qui nous a précédés. En fin d'après-midi la 2e Compagnie stationne NEUDORFF, accueillie à bras ouverts par la population libérée.
 
L'ALSACE

Au cours du mois de décembre la 2e Compagnie occupe successivement ROSSFELD puis WITTERNHEIM qui ont été conquis par les autres s/groupements du GTV. Occupation passablement inconfortable d'ailleurs car l'ennemi déverse quotidiennement quelques milliers d'obus sur les villages qu'il a été contraint d'abandonner. Pour faire cesser cet état de choses déplorable notre artillerie étant absorbée par d'autres missions, un beau soir, tous les chars de la 2ème Compagnie, auxquels se sont joints ceux de la 4ème Compagnie du 501e, s'installent aux lisières des bois, avec, auprès de chaque char, un très sérieux approvisionnement de munitions de 75. Sous la direction des artilleurs, ils effectueront durant toute la nuit, par salves fournies de 50 à 100 coups ou davantage, des tirs massifs sur les batteries allemandes si gênantes. La leçon porte ses fruits. Désormais l'artillerie ennemie sera beaucoup plus discrète et c'est ainsi que la nuit de Noël 1944 pourra être fêtée dans un calme. . . relatif.
Le 1er janvier 1945, la 2ème Compagnie est relevée de WITTERNHEIM. Franchissant les VOSGES la nuit, elle se retrouve après une étape épuisante sur les routes verglacées, sans grand enthousiasme d'ailleurs, à POSTROFF en LORRAINE, village durement éprouvé par la guerre.
Vers le 20 janvier, toujours avec le s/groupement PUTZ, elle franchit à nouveau les VOSGES, puis cantonne à SELESTAT provisoirement en réserve. Le GTV, à partir du 25, livre de très durs combats au nord de COLMAR.
Le 27, le s/groupement entre en action à son tour.
Arrivant à proximité de la BLlND, il reçoit pour mission de s'emparer de GRUSSENHEIM. Par un froid terrible, une toute petite tête de pont est péniblement conquise avec le 1er B.L.E. à l'est de la BLIND, afin de permettre au Génie d'établir des points de passage qui serviront au débouché le lendemain matin.
Dans la nuit la 2ème Section qui forme la tête de pont subit une attaque dans les bois, l'Artillerie allemande met trente sapeurs hors de combat et il faut recommencer tout le travail.
Le 28, le débouché est prévu pour 13h.00 tandis qu'une reconnaissance avec la Section MICHARD, est envoyée par JEBSHEIM, au sud, en vue de faire diversion.
Vers 13h.00 une contre préparation d'une extrême violence s'abat sur le s/groupement. Le lt-Colonel PUTZest tué, ainsi que le Cdt PUIG et le Lieutenant de la BOURDONNAYE qui s'apprêtait à monter dans le WAGRAM. Un coup de 88 immobilise un TD à proximité du pont si péniblement établi, rendant ainsi tout débouché impossible. Il y a du flottement. Tout est à reprendre.
C'est à ce moment que le Lt MICHARD nous apprend par radio que le détachement de diversion, passant par JEBSHEIM, est entré dans GRUSSENHEIM. Profitant de ce renseignement, le Cdt DEBRAY qui a pris la succession du Lt-Col. PUTZ, décide d'attaquer par JEBSHEIM.
Ce qu'il reste de chars disponibles de la 2ème Compagnie se met alors en route mais, au moment de déboucher de JEBSHEIM, on aperçoit le détachement de diversion qui bat en retraite, refluant de GRUSSENHEIM sous le feu des chars allemands.
Le Lt MICHARD est tué. Un désarroi certain règne dans les unités épuisées et très durement éprouvées.
Il faut à nouveau remonter l'affaire, et rapidement, car il est 15 heures passées. La 2ème compagnie, alors réduite à quelques chars en état de combattre, démarre en tête avec les fantassins du Lt FRANJOUX. Le combat est acharné. FRANJOUX est tué. Nos chars tirent sans discontinuer et en peu de temps les coffres sont vides. Des half-tracks apportent des munitions et en plein combat, les chars se recomplètent en continuant à tirer. L'ELCHINGEN est touché. Mais, peu à peu, les lisières de GRUSSENHEIM sont atteintes. Un Peloton de TD, Peloton HINDEN vient, fort à propos, nous aider au nettoyage du village que nous occupons à 19h.30. Désormais toutes les armes : Chars, TD, Infanterie, Génie, Artillerie, vont participer à la défense de GRUSSENHEIM contre lequel toutes les contre-attaques ennemies échoueront dans la nuit et le lendemain.
Le 29. la 2ème Compagnie à bout de souffle et réduite à quelques chars valides, est relevée et rentre à SELESTAT.
Désormais l'histoire de la 2ème Compagnie se confond avec celle du 501ème Chars. C'est avec le Régiment qu'elle entre en ALLEMAGNE et, par marches forcées, atteindra BERCHTESGADEN, où encore une fois elle aura le privilège d'entrer en tête, ouvrant la voie au nid d'aigle d'HITLER à l'OBERSALZBERG.
GRUSSENHEIM constitue l'ultime et le plus sanglant combat de la 2ème compagnie. Pour l'âpreté de la lutte, par l'étendue des sacrifices volontairement consentis, ce petit village d'ALSACE symbolise l'idéal et la volonté qui animaient tous ceux qui le composaient : FFL de 40, évadés de FRANCE, Français d'AFN, ou FFI engagés après le débarquement.
C'est là, également, que ses deux Officiers les plus anciens : les Lieutenants MICHARD et de la BOURDONNAYE, après avoir participé à toute son odyssée depuis 1940, trouveront une fin glorieuse : comme si leur destin devait se clore avec la libération totale de la FRANCE.
 
 
 
La 3ème COMPAGNIE du 501ème R.C.C.

de 1941 à 1945


Le 1er décembre 1941 fut constituée en Grande Bretagne dans le cadre du Groupe d'Instruction du Camp d'OLD-DEAN appartenant aux Forces Françaises Libres, une unité qui reçut le nom d'Escadron Mixte et qui devait devenir par la suite la 3ème Compagnie du 501ème Régiment de Chars de Combat. C'était encore la période où on se comptait aux F. F. L....
Cet escadron qui resta plus d'un an en Angleterre où il fut témoin d'un effort de guerre inouï, fut composé d'engagés de toutes origines : évadés de France directement, évadés par l'Espagne, évadés d'Allemagne par la Russie ou la Suède, évadés par l'A.F.N. et Gibraltar ; il reçut en notable renfort une partie de tous les jeunes fils de Français ou descendants de Français habitant aux Amériques et dont certains ne parlaient presque pas un mot de notre langue....
Il ne fut pas facile de maintenir ces jeunes gens à l'instruction eux qui ne rêvaient que plaies et bosses....
Ce qui caractérisa au mieux cette unité c'est l'esprit de discipline librement consenti et l'esprit de camaraderie qui rêgna entre tous. Si on n'admettait pas l'esprit de corps on en était éliminé.
L'unité, commandée depuis l'origine par le Lieutenant BRANET, évadé par l'U.R.S.S., ne reçoit pas de mission opérationnelle pendant son séjour en Angleterre, à l'exception d'une douzaine d'hommes qui suivirent leur capitaine et qui participèrent à une tentative de débarquement de commandos anglais en France qui échouât (Bayonne - Pâques 1942). Après un stage de 3 mois dans une division canadienne (très fière de posséder un escadron français), cet escadron fut ensuite envoyé en Egypte par le Cap deBonne Espérance et Aden, et longea la Libye pour débarquer à Tripoli au cœur de la 8ème Armée Britannique.
Elle rencontra à SABRATHA la 1ère Compagnie et la 2ème Compagnie du Régiment avec qui elle devait former le 1er bataillon de chars qui est devenu lui-même 501ème R.C.C.
L'unité transférée au Maroc y perçut le matériel américain avec lequel elle devait débarquer et passa en Angleterre en mai 1944 après avoir été depuis septembre 1943 à avril 1944 en bivouac dans la forêt de TEMARA.
L'unité était, à la veille de son débarquement, dans une forme splendide, ne rêvant que de l'instant mémorable où elle mettrait le pied sur le sol de France.
Les officiers qui encadraient la compagnie étaient en ce moment-là avec le Capitaine BRANET, le Lieutenant MEYER, le sous-lieutenant BENARD, le sous-Lieutenant MULSANT et l'Aspirant CHRISTEN.
Le 3 août à 1 heure du matin, (la plupart des hommes n'avaient pas revu la France depuis 4 ans et quelques-uns ne l'avaient jamais vue comme descendants de Français de l'étranger) la compagnie débarqua sur une plage de France à "OMAHA BEACH". Les noms des chars de la compagnie étaient à ce jour :
P.C. : ARGONNE - USKUB - LA MARNE
1ère section : MORT-HOMME - VIMY - LFFAUX - MONTFAUCON - DOUAUMONT
2ème section : CHEMIN DES DAMES - VILLERS-COTTERETS - L'OURCQ - LA MALMAISON - LES EPARGES
3ème section : HARTMANNSWILLERKOPF - DIXMUDE - YSER - GRAND COURONNE - NOTRE DAME DE LORETTE.
Le 8 août au soir, la compagnie subit un violent bombardement d'aviation. Il y a 17 blessés et le premier mort de la compagnie le chasseur Nord-Africain BEN AMAR.
Puis la compagnie fait route sur la direction d'ALENCON où elle livre son premier combat.
Le Capitaine, avec un détachement mixte reçoit le 12 août au soir la mission de pénétrer profondément dans les lignes allemandes par le CERCUEIL, La BELLIERE, FRANCHEVILLE, BOUCE. Ce détachement qui était chargé d'atteindre ECOUCHE remplit sa mission avec succès et inflige de lourdes pertes à l'adversaire. Pendant ce temps-là, la 2ème section enlevait la Croix de MEDAVIT, et nous perdons le sergent BOUCLET. Ce sont les faits saillants de cette partie de campagne qui se traduit également par de nombreux engagements dans la région d'ECOUCHE, où le Lieutenant MEYER est grièvement blessé.
Le 24 août, la compagnie fait mouvement. en direction de PARIS, et livre à WISSOUS, à RUNGIS et à FRESNES de violents combats qui préludent à la prise de PARIS. Le char LA MARNE en est victime.
Le 25 août, à 7 heures, une avant-garde est formée par la compagnie pour pénétrer dans PARIS et rejoindre les éléments arrivés au cœur de la cité la veille au soir, et exécute sa mission.
L'enthousiasme populaire est à son comble, un beau soleil plane sur la ville.
La compagnie enlève l'hôtel MEURICE (P.C. allemand de la défense) et ratisse les Tuileries, au prix malheureusement de quelques tués au nombre desquels les sergents LAIGLE et BIZIEN. La 3ème compagnie est ainsi étroitement liée à la capitulation de PARIS et à la prise du Général commandant les troupes allemandes, le Général von SCHOLTITZ, notamment pour son action Place de la Concorde, où le char de BIZIEN éperonne un Panzer.
La compagnie se renforce, grâce à l'engagement de quelques jeunes gens courageux qui viennent combler les vides créés dans nos rangs par nos tués et nos blessés.
Après avoir quitté PARIS vers l'Est de la France, la compagnie participe à la prise d'ANDELOT, puis VITTEL, et s'empara de REMONCOURT, MATTAINCOURT ; puis c'est la prise de NOMEXY et de CHATEL où avec fantassins et spahis était créée une "tête de pont" et où un duel de chars eut lieu contre de puissantes formations allemandes, à qui nous fîmes subir des pertes cruelles.
La compagnie appartient, depuis la prise de PARIS, à un sous-groupement commandé par le Lt. Colonel de la HORIE.
Le 1er octobre 1944, la compagnie compte à son actif une centaine de véhicules autos allemandes détruites, 21 engins blindés dont 10 chars PANTHER, une trentaine de pièces anti-chars.
Au 1er octobre 1944, la compagnie compte 15 tués dans ses rangs et 18 blessés.
Ensuite la compagnie participe à la prise de BACCARAT en attaquant les villages d'HABLAINVILLE et de PETTONVILLE où le Lieutenant MEYER est, pour la seconde fois, grièvement blessé. Puis la compagnie attaque VACQUEVILLE où elle se taille un franc succès.
Le 17 au matin, la compagnie s'empare de BADONVILLERS entraînée par une charge menée héroïquement par le char USKUB conduit par le sergent chef DUBOUCH.
La compagnie s'empare ensuite des carrières de BREIMENIL où elle se heurte à une vive résistance, où est tué glorieusement le Lt. Colonel de la HORIE.
Enfin, le 21, le groupement dont fait partie la compagnie, se lance à l'assaut du DABO et débouche sur MARMOUTIERS.
Le 23 novembre, la compagnie a l'honneur de former l'avant-garde d'un des cinq groupements qui vont s'emparer de STRASBOURG, par LINGOLSHEIM et ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN, la colonne dans laquelle sont imbriqués d'autres éléments, se rue vers STRASBOURG, pilotée à partir d'ILLKIRCH, par l'Aspirant CHRISTEN monté derrière la tourelle du char DIXMUDE. Nous arrivons à STRASBOURG (usine électrique sur les bords du Rhin) ayant participé à cet exploit historique au prix de quelques morts et blessés encore. Le serment de KOUFRA est tenu !
Nous descendons sur KRAFT et allons prendre quelque repos à KERTZFELD.
Le Capitaine BRANET passe sa compagnie, après 3 ans de commandement, au Capitaine de BOISSIEU, son camarade de Combat et son compagnon d'évasion d'Allemagne par la Russie.
Le 2 décembre, au Sud de STRASBOURG à KERTZFELD, lors d'une cérémonie toute simple, le Commandant DEBRAY qui a succédé au Lt-Colonel de la HORIE à la tête du s/groupement H, passe le Commandement de la 3ème Compagnie au Capitaine Alain de BOISSIEU qui venait de quitter le commandement de l'Escadron de Protection du Général LECLERC.
Le 12 décembre, mise en place des éléments de la 3e Compagnie pour l'opération sur WITTERNHEIM et NEUNKIRCH, en liaison sur sa gauche le long du canal du Rhône au Rhin, avec un bataillon de parachutistes de la 1ère Armée Française (Cdt MEYER).
Tandis que les chars de la 3e Compagnie progressent dans la plaine inondée et gorgée d'eau par les crues de l'Ill, la 9e Compagnie du R.M.T. prend WITTERNHEIM, démine et dégage la route directe ROSSFELD que les chars de la 3e Cie du 501e R.C.C. utilisent en fin de journée.
Le lendemain, le s/groupement H avec la 3e Cie reprend sa progression en direction du SUD, mais dès la sortie de WITTERNHEIM, un violent tir d'artillerie tombe sur les éléments de tête, le MORT HOMME, char de tête, est transpercé par un obus de Panther tiré par un char ennemi qui se trouve à moins de 800 m : un prisonnier fait quelques instants après, apprend que l'ennemi contre-attaque et a reçu mission de reprendre WITTERNHEIM.
Le Commandant du G.T.V. donne l'ordre d'arrêter la progression et de résister sur place à la contre-attaque allemande, tandis que le bataillon de parachutistes débordera par BINDERHEIM.
Grâce à l'appui des tirs du Commandant TRANIE, le s/Groupement H tient ses positions, les Allemands subissent des pertes importantes et renoncent au bout de 36 heures à reprendre WITTERNHEIM. Les inondations de l'Ill s'étendent, les chars de la 3e Compagnie sont immobilisés, le front se stabilise, les combats se limitent à un duel d'artillerie auquel les Allemands ajoutent les rockets de 280 dénomrnées rapidement les "Trains bleus", tant leur bruit rappelle celui du “Paris-Côte d'Azur" lancé à pleine vitesse.
Le 23 décembre le s/Groupement H et toute la 3e Cie sont relevés par un bataillon de la 1ère D.F.L. La 3e Cie passera les fêtes de Noël à KERZFELD.
Dans la nuit du 24 décembre, un messager de la Division prévient le Capitaine d'une grande nouvelle qui doit rester secrète jusqu'à 6 heures du matin le 25 : "demain matin prise d'armes avec chars et défilé devant le Général de GAULLE". Le réveillon bat son plein et l'accueil des habitants de KERZFELD est au-dessus de tout éloge. Cependant la revue sera fort correcte, la présence du Chef du Gouvernement, celle du Ministre de la Guerre, ainsi que le froid, font que chacun a repris ses esprits.
Le 3 janvier la 3e Cie franchit les Vosges dans le sens inverse de la progression du 19 Novembre, HITLER a attaqué en LUXEMBOURG, la 2ème D.B. est en réserve, à la demande du Général PATTON, pour agir sur BASTOGNE ou sur BITCHE.
La 3e Compagnie sera cantonnée à BERG où, en pleine nuit, elle recueille une colonne de blindés américainsà la recherche d'un réconfort et d'une mission. Ce séjour ne sera signalé que par le tir à obus réels des jeunes tireurs de la 3e Cie sur le P.C. du Corps d'Armée U. S.!!!
Le 19 janvier, la 3e Cie repasse les Vosges une dernière fois vers l'Alsace pour participer à l'attaque de
COLMAR.
Le 22 Janvier le G.T.V. cantonné autour de SELESTAT, est mis à la disposition de la 1ère D.F.L. pour l'attaque qu'elle doit lancer le 23 Janvier sur MARCKOLSHEIM, afin d'exploiter vers le Rhin dès que la rupture sera effectuée. Les choses ne vont pas, malheureusement, aussi bien et il faut aider la 1ère D.F.L. qui se heurte au départ à une série d'automoteurs qui lui causent des pertes importantes.
La 3e Cie reçoit l'ordre de "liquider ces automoteurs et de s'emparer des deux carrefours 177 NORD et SUD qui contrôlent les communications dans cette région d'ELSENHEIM". Le Capitaine de BOISSIEU prend le commandement du détachement de tête comprenant les 6 Shermans survivants en état de marche de la 3e Compagnie. plus le char observation d'artillerie ; le Capitaine DEHOLLAIN commandera le détachement flanc-garde à l'EST, comprenant les chars légers et les chars 105 du Régiment, l'ensemble est aux ordres du Commandant SARRAZAC qui commande le s/Grpt H.
Grâce à l'appui massif des sept groupes d'artillerie de la 1ère D.I. Les objectifs sont atteints, en moins d'une heure 4 automoteurs "HORNISSE" sont mis hors de combat, un seul char est touché le "CHEMIN DES DAMES"dans lequel il y aura un tué.
Pendant ce temps les Allemands s'acharnent sur la flanc-garde qui, du fait de la blessure de son chef, est désorientée.
En arrivant sur l'objectif final. un des chars de la 3e Cie envoyé en liaison sur ILLHAUSERN est tiré et manqué par un cinquième automoteur “HORNlSSE", l'Adjudant-Chef HUOT le repère, donne ses ordres, quelques instants après le "HORNISSE" explose sous les coups du tireur du FRANCHEVILLE (cinq automoteurs de 88 en une heure avec un seul char touché, la 3e Cie avait eu de la chance !).
Le 31 janvier, le s/Grpt H s'apprête à être relevé lorsque l'ordre de foncer jusqu'au Rhin arrive ; la 3e Cie repart en avant et c'est la prise d'ELSENHEIM puis d'ONENHEIM. La progression est arrêtée par la nuit et le franchissement du canal du Rhône au Rhin. Tout à coup parvient un renseignement d'une patrouille du 1er Régiment de Fusiliers Marins de la 1ère D.F.L. : "Un pont sur le canal aurait mal sauté, deux travées permettraient probablement le franchissement ... "
Plutôt que d'affronter de jour les 88 qui jalonnent le canal, mieux vaut franchir cet obstacle de nuit et prendre MARCKOLSHEIM par surprise.
A 22h.00 le canal est franchi par ce qui reste des chars de la 3e grâce aux fantassins de la 9e Cie du R.M.T. puis à ceux du B.M. 21, à minuit MARCKOLSHEIM est pris avec toute sa garnison ennemie.
C'est la fin des opérations en Alsace pour la 3. Le lendemain NEUF-BRISACH est pris. Le 11 février la 3ème Cie, par petites étapes, se transporte jusqu'à GENOUILLY (Cher) où elle va se remettre en état pour de nouvelles aventures.
Le 10 avril, le Capitaine de BOISSIEU convoqué à PARIS, est affecté au Cabinet du Général de GAULLE et passe le commandement de la 3e Compagnie au Capitaine COMPAGNON.
Dans les derniers jours d'avril, le Capitaine COMPAGNON fait mouvement en direction de l'Allemagne avec le GTV qui, sur ordre du Général Leclerc, n'avait pas été engagé à Royan et attendait, tous bagages terminés, l'ordre de départ pour foncer en direction du RHIN.
Les étapes au-delà du Rhin, en direction de Munich, furent franchies à des vitesses moyennes, exceptionnelles, les vieux Shermans couraient gaillardement vers la victoire, le Capitaine Compagnon manœuvrant pour éviter les destructions qui barraient les itinéraires vers le "Réduit bavarois".
Malgré toutes ses habiletés, le Groupement Compagnon tomba tout-à-coup sur le barrage de l'INSEL., solidement défendu par les Allemands. Ce sera le dernier engagement de la 2ème D.B. en Allemagne ; au cours de celui-ci, le s/Lieutenant MULSANT se fit couper l'oreille par une balle : pas de morts, quelques blessés.
Ne pouvant faire franchir ses chars et ses half-tracks, le Capitaine Compagnon lançait ses éléments du 1er R.M.S.M. à pied en éclaireurs ; ils parvinrent à Berchtesgaden parmi les premiers de la Division.
Pendant ce temps, à marches forcées, le Capitaine de BOISSIEU rejoignait l'Allemagne pour assister, comme le Général de Gaulle le lui avait permis, aux derniers combats de son ancienne Compagnie.
Le Général Leclerc, pour remercier la 3ème Cie du 501e, confia à un équipage de cette Compagnie le soin de ramener à Paris, au Président du Gouvernement, la dernière voiture d'Hitler.
Ce fut le point final de l'épopée de cette magnifique unité, où, à côté des Français évadés de France, d'Allemagne, d'Afrique du Nord, on trouvait des Mexicains, des Brésiliens, des Argentins, des Chiliens, des Canadiens, voire même des Américains, "Volontaires", venus se mettre sous le drapeau de la France sans qu"aucune loi humaine ne les y contraignit.
 


 
4ème COMPAGNIE du 501ème R.C.C.

MARIGNAN, JEMMAPES, MARENGO, ARCOLE, voici quelques noms glorieux des chars de la 4e Compagnie du 501e R.C.C. A cette gloire, vous le lirez, les équipages n'ont pas démérité.
La 4e a toujours joué un rôle particulier dans le Régiment : il y a 20 ans c'était la Compagnie de reconnaissance, c'est aujourd'hui l'Escadron porte engins.
En août 1943, 17 chars sont alignés au botte à botte près du port de Casablanca. Ce sont des M 3 A3 (Honey), moteur en étoile de 7 cylindres, blindage léger, chenilles en caoutchouc permettant d'atteindre 60 Km/heure sur route. Un canon de 37mm et mitrailleuse jumelée sous tourelle hydraulique, une mitrailleuse pour le co-pilote, une mitrailleuse lourde de D.C.A. hors tourelle. Voilà l'armement à la disposition des quatre hommes d'équipage : Chef de char (radio chargeur), tireur, pilote, copilote. Articulée en trois sections de combat à 5 chars chacune, la compagnie possède en plus du char de son Commandant, un char d'échelon, 2 half tracks, 2 jeeps, et plusieurs camions.
Le premier problème est de mettre les moteurs en route et d'amener les chars au bivouac pour les équiper,
problème, car si les effectifs sont au complet. ils ne sont pas instruits, ce sont donc les Officiers et gradés qui mettent en route et pilotent.
Il s'agit ensuite de monter l'armement et les accessoires, tout le monde s'y emploie avec la meilleure bonne volonté à défaut d'expérience, et c'est bientôt toujours avec les mêmes pilotes, la première étape Casablanca-Rabat où nous resterons de longs mois en bordure de la forêt de Temara.
Quel était donc le recrutement de cette nouvelle compagnie ? En dehors des Officiers et de quelques gradés, vétérans des Forces Françaises Libres, des jeunes, parfois très jeunes volontaires évadés de France par l'Espagne ou natifs d'Afrique du Nord. Le problème était ardu d'instruire en plein vent toute une compagnie et qui plus est pratiquer l'instruction de conduite et de tir sur le matériel de guerre tout neuf.
Et la routine commence, théories, classes à pied, maniement d'armes, les 1800 tours minute de l'école de conduite, le tir enfin. Et tout cela, sous la guitoune à l'ombre des chênes-lièges ou sur le terrain tour à tour boueux et poussiéreux en bordure du bivouac. Le peloton de protection du Général Leclerc participe à cette instruction avant de rejoindre l'Escadron de protection aux ordres du Capitaine Alain de Boissieu.
Paradoxalement, c'est la plus jeune compagnie du régiment qui est alertée la première. En effet. Travaillés par des éléments et la propagande ennemie, quelques groupes de la population essayant de fomenter des émeutes dans le but de maintenir en A.F.N. des forces qui n'iraient pas grossir les rangs des combattants pour le débarquement. . . Après la soupe de midi, les hommes font la sieste et ex-abrupto arrive l'ordre d'alerte. La Compagnie a 40 minutes pour être prête. Les pleins ne sont pas faits et pourtant 30 minutes après, la Compagnie est parée et les sections sont articulées sur Rabat et Salé où elles sont rejointes par les fantassins du Tchad avec qui elles feront campagne plus tard. L'ordre est rapidement rétabli sans qu'un coup de feu ne soit tiré et au bout de trois jours, nous regagnons notre bivouac, mais les jeunes ont le sentiment d'avoir gagné le titre d'Ancien.
Et puis le travail reprend, émaillé de manœuvres où déjà se dessine le Groupement tactique. Les tirs sur cibles mobiles sont poussés et pour le délassement du guerrier, la 4e forme une chorale bien vite célèbre au Maroc, puisque sous la direction de Sylvain elle se fait entendre jusqu'à Marrakech.
Le temps passe. l'année s'écoule et l'anxiété nous gagne. La Division sera-t-elle désignée pour le débarquement en France ? Quand aura-t-il lieu ? En tous cas nous croyons être prêts, les nombreuses revues de matériel le prouvent : quant au moral il n'est pas à craindre, où n'irait-on pas avec des volontaires. Cependant le souci dominant des Officiers est de savoir si ces jeunes ont acquis suffisamment le sens de la discipline pour parer à leur fougue ou inexpérience au combat, souvent cause de bien des déboires, l'expérience l'a prouvé.
Le 6 avril, dans le cadre du Régiment, la Compagnie est passée en revue par le Général de Gaulle, et c'est un bien grand jour pour tous ces jeunes de voir de visu "Le personnage de l'appel du 18 Juin 1940".
Enfin, arrive l'embarquement tant attendu pour rejoindre la plate-forme de départ pour l'invasion et en avril 1944 les 4/5 de la Compagnie embarquent avec les chars sur des L.M.T. destination Nord de l'Angleterre, tandis qu'un détachement fait route en camions et jeeps vers le camp poussiéreux d'Assi ben Okba près d'Oran.
Ce détachement embarquera 15 jours plus tard à Mers el Kébir, à bord d'un transport de troupes de 23.000 tonnes pour débarquer à Liverpool et rejoindre le régiment au camp de Huggate. Le séjour d'Assi ben Okba a été mis à profit pour l'entrainement sur parcours de combat, et pour de longues marches de jour et de nuit avec les éléments postcurseurs des autres compagnies du régiment.
Et avec le thé en place de pinard, c'est la vie sous la guitoune qui reprend en Angleterre. Les manœuvres, les inspections, les tirs se succèdent, la 4e est bien rodée, maintenant, elle devient compagnie nourricière des compagnies de combat au camp et avec la 1ère est désignée pour une inspection par le Général Leclerc : exercice de départ, tout paré pour le combat. Tous les régiments de la Division ont envoyé des observateurs, la 4e s'en tire à son avantage.
Le 6 juin éclate la nouvelle du débarquement allié en France, Joie de la nouvelle, consternation de ne pas être participant. Jour après jour. c'est l'écoute passionnée des communiqués et l'attente impatiente de l'ordre de départ : nous craignons de voir l'effondrement du Grand Reich sans notre action.
Enfin, nous faisons-mouvement par fer vers la fin juillet, débarquement et cantonnement à Bournemouth, deux nuits au camp de Weymouth et embarquement sur L.M.T. le 2 août 1944 dans ce dernier port ; le 3 au matin c'est la terre française que nous foulons, contemplons et embrassons, ivres de joie et plus décidés que jamais à nous porter en avant et à faire payer chèrement à l'ennemi notre retard à le rencontrer.
C'est l'heure du combat qui sonne et la Compagnie va s'articuler dans les sous-groupements du Groupement Tactique V. Le sous groupement à effectifs variables comprendra en principe ; une compagnie d'Infanterie (R.M.T.), une section de Sherman, une section de chars légers (4e Cie) un détachement du Génie, parfois un peloton d'Auto Mitrailleuses (1er R.M.S.M.) et des ambulances (Groupe Rochambeau).
La 4e Compagnie est commandée par le Lieutenant Dufaur de Gavardí Monclar.
Premier Lt. Commandant la 1ère Section : Lieutenant Nanterre ;
Commandant de la 2e Section : Sous Lieutenant Rödel
Commandant de la 3e Section : Sous Lieutenant Lespagnol
Commandant de l'échelon : Sous Lieutenant Casteres
Le Sous-Lieutenant Bloch débarque avec nous avant d'être muté à la C.H.R.
Dans la journée du 3 août le Caporal Mouchet et le Chasseur Bichon sont blessés près du bivouac par mine anti-personnel piégée, ce sont les premiers d'une bien longue liste de tués et blessés. Le baptême du feu est reçu dans la nuit du 3 au 4 août par bombardement aérien des bivouacs, mais sans pertes pour la 4e.
Puis dans le cadre divisionnaire ou régimentaire, la 4e participera à toutes les actions, soit sur les grands axes : ALENCON, PARIS, LES VOSGES, STRASBOURG, L'ALLEMAGNE et BERCHTESGADEN, soit dans de petites localités ou bien encore en terrains variés. Partout elle a rempli sa mission, toujours elle a cherché le combat, malgré les fatigues et les rudes pertes, le moral est resté de fer, les brefs extraits du journal de marche de la Cie qui suivent en font foi.
11/8/44 - Mission de reconnaissance axe La Hutte Fresnay, destruction d'un 88.
12/8 - Pointe d"avant-garde axe Alençon Sees Carrouges.
Destruction d'un canon de 20 sur chenilles, nombreux prisonniers, un blessé. Participation au raid sur l'axe Le Cercueil, La Belière, Francheville, Coucé, Avoine et prise d'Ecouché.
17/8 - Liaison avec la 3e D.B. Américaine à l'Ouest de Joué du Plain
23/8 - Mouvement sur Paris
24/8 - Engagement à Antony perte du Marengo et du Lodi.
Cinq gradés et chasseurs blessés à la 2e section. Engagement de la 1ère Section à Savigny-sur-Orge, le Jemmapes est mis hors de combat, le Cap. Chef Descamp est tué, 4 gradés et chasseurs blessés.
25/8 - Prise de Paris. Action de la 1ère Section rue de Rivoli et aux Tuileries, des 2e & 3e Sections au Sénat.
Plusieurs blessés. Capture de 900 prisonniers. 3 Panther 2 B1 bis 15 R35 et de nombreux véhicules.
12/9 - Prise d'Andelot et de Vignes. nombreux prisonniers
18/9 - Passage de la Moselle à gué au crépuscule, toujours les légers en tête, prise de Châtel, nombreux prisonniers
19/9 - Bataille aux débouchés de Châtel, la 2e Section perd un char, le Chass. Grobmann est tué, 4 autres blessés.
Reconnaissances sur divers axes, la 2e Section passe au S/Groupt. de la Horie.
1/10 - La Compagnie moins la deuxième Section est en flanc garde sur l'itinéraire Roville au Chêne, route de Baccarat 2 km N.E. de Rambervillers
2/10 - Différentes missions de reconnaissance et de surveillance autour de Doncières.
31/10 - Attaque sur tout un front au débouché des bois de Chenevierres : objectif du détachement de Gavardi avec la 1ère Section et une Section de Sherman : Brouville.
La 2e Section est au S/Gr. H, la 3e au S/Gr. Buis. Le Char Marignan est frappé en tourelle par un obus de 88, le Lt. de Gavardi et le Chass. Rigenbach sont tués, le Chasseur Durquetty est blessé. Un objectif contourné par les Sherman est atteint par la 1ère Section qui détruit au passage le canon de 88 et son personnel.
La marche en avant se poursuit vers Merviller, 3e Section en tête tandis que le S/Lt. Rödel est blessé devant Vacqueville. Le Lt. Nanterre prend le Commandement de la Compagnie qui participe aux reconnaissances et prises de Montigny et St. Pole avant d'aller cantonner en semi alerte à Reherrey.
11/11 - Le Capitaine de Hollain prend le Commandement de la Compagnie, l'Aspirant Bernie celui de la 2e Section.
16/11 - Attaque de Badonvillers avec la 2e Section, le Capitaine de Hollain, l'Aspirant Berrne et deux chasseurs sont blessés et évacués.
17/11 - Le Lt. Nanterre reprend le Commandement de la Compagnie. Le Chass. Kayem est tué à St. Pole.
18/11 au 21/11 - Préparation de l'attaque de Strasbourg et franchissement du Dabo. Le Capitaine de Castelnau prend le Commandement de la Compagnie. il est tué le 23 pendant l'attaque devant Kronenbourg.
23/11 - Charge sur Strasbourg par l'ensemble de la Division sur plusieurs axes. Section Nanterre au S/Gr. Cantarel. Sections Lespagnol et Vuillerniney au S/Gt. Debray. Pendant l'action le S/Lt. Lespagnol est tué en tourelle. La 1ère Section combat devant le fossé antichars et inflige de lourdes pertes à l'ennemi en plus de nombreux prisonniers, deux Chass. sont blessés.
24/11 - Reconnaissance de la 1ère Section avec appui de Sherman vers les ponts et les villages de Eschau, Fegersheim et Gambsheim, sur les renseignements recueillis, un détachement part semer le trouble derrière les lignes ennernies.
1/12 - Attaque de Herbsheim arrêtée par suite d'un épais brouillard.
2/12 - Attaque de Herbsheim détachement Nanterre en tête, puis en flanc garde du détachement Buis qui prendra le village vers 15h.00. Le Lt. Nanterre et deux Chass. sont blessés et évacués.
La Compagnie est ensuite en alerte et de garde dans différentes localités.
1/1/45 - Le Capitaine Phelep prend le Commandement de la Compagnie et dispose du Lt. Fievet, des S/Lts Héry, Castères et de l'Aspirant Picard et de l'Adjudant Deniel. En ligne devant Witternheim la Compagnie perçoit et répare le matériel et instruit les renforts.
13/1 - 12 chars sont en ligne devant Rosheim.
24/1 - La Section de l'Aspirant Picard détachée au S/Gr. de Holain est attaquée par des 88 automoteurs. Trois de nos chars brûlent : Mondovi, Marengo III, Favorite. L'Aspirant Picard et les gradés et chasseurs Deroche, Karsenti, Herscovici, Dieudonné, Mestrau, Mailho, Del Porto sont tués. 3 gradés et Chass. blessés. Bien que blessé, le Sergent Chef Monnerot Dumaine prend le commandement de la Section. dégage son groupe et azimute un automoteur.
27 au 31/1 - Le Détachement Phelep avec le S/Gt. H fait des reconnaissances dans la région de Rosheim, Guémar, Grussenheim, Dalsenheim, Mutterholz. Mussig.
Février - Cantonnements et missions dans différentes localités alsaciennes.
Mars-avril - Mouvement vers la région de Châteauroux où la Division sera au repos jusqu'au 21 Avril, date à laquelle commence le mouvement vers l'Allemagne.
Et puis c'est la Chevauchée qui sur des axes divers et après des combats sporadiques nous amènera à la prise de Berchtesgaden occupé dans la nuit du 4 au 5 mai. Le 5 mai au matin, le drapeau français flotte seul en haut de la montagne au fameux Nid d'Aigle de Hitler.
Voici la fin de cette glorieuse épopée, objet de nombreux ouvrages relatant les actions de la 2e D.B.
Après le retour en France. les chars sont embarqués pour l'lndochine avec la Compagnie de Marche du 501e R.C.C. qui combattra là-bas sous les ordres du Général Leclerc pendant 2 ans, sous les ordres du Capitaine Compagnon, du Lieutenant Krebs, du Lieutenant de Leucquesaing, du Lieutenant RAYEZ. Elle inscrira de nouveaux noms à la longue liste des garçons courageux qui sont morts pour que vive la France, dans l'Honneur et la Liberté.
 
 

LA COMPAGNIE HORS RANG du 501e R.C.C.
 
Les compagnies hors rang sont en général, considérées comme le domaine des "Planqués", donc par définition l'unité dans laquelle tout nouvel arrivant, de l'Officier au 2e Classe, doit éviter de se faire affecter ; peut-être est-ce là le premier témoignage que l'on veut apporter à son nouveau Chef de Corps de la volonté de se battre dans les rangs d'une unité de combat, témoignage donc aussi de son propre courage.
Il n'est pas douteux que cet état d'esprit pouvait être considéré comme un postulat au 501e R.C.C.: tous les nouveaux arrivants, lors de la formation du Régiment, n'étaient-ils pas en effet des volontaires ? Il n'en demeurait pas moins que le Commandement devait, bon gré mal gré, mettre sur pied la C.H.R. en utilisant au mieux les compétences des nouveaux affectés. Il le fit, patiemment, autour des anciens qui avaient déjà fait leurs preuves dans les rangs des premiers F.F.L.
Les bivouacs des différentes sections de la C.H.R. - tous en forêt de Temara comme tous ceux du Régiment - furent complètement différents de ceux de leurs camarades des autres unités ; leur installation ne pouvait être la même, les matériels à servir étant différents et chaque section ayant son caractère propre. Les sections de ravitaillement, avec les 20 camions d'ingrédients, les 7 camions de munitions en plus des jeeps des chefs d'éléments, formaient un tout, où les tentes des futurs routiers cotoyaient les véhicules.
Dans une clairière proche de ses sections, l'échelon "dépannage" avait son camping ; l'esprit Cambouis y dominait. Ces mécaniciens constituèrent un noyau solide et efficace, s'étant rapidement adaptés à leurs matériels : camions de dépannage, wreckers et tank recovery.
Près du P.C. de Régiment et tout à la partie Est du bivouac, s'était installé le P.C. de la Compagnie cherchant sans doute loin du bruit des moteurs le calme indispensable. Ses véhicules, jeeps, dodges, G.M.C.. ses H.T. radios, pas plus que ses 2 canons de 57 ne venaient guère troubler le calme recherché.
L'infirmerie déployait dans le même voisinage sa grande tente, et ses camionnettes sanitaires. Le Médecin-Chef du Régiment, le Docteur KREMENTCHOUSKY, assisté de son chef de section BLOEDE, y offrait à chacun ses soins vigilants, et tous deux se faisaient un malin plaisir à nous préparer à devenir des combattants hors ligne en nous garantissant la meilleure forme par de nombreuses piqûres.
Restait l'Officier des Détails et ses éléments ; l'organisation administrative à monter de toutes pièces, imposait que, tout en faisant partie organique de la C.H.R., il s'installa au P.C. même du Régiment. La compétence administrative de GASCU eut tôt fait de rendre à tous les meilleurs services, et de libérer le Commandement de tout souci de voir surgir des différends avec l'Intendance.
En octobre 1943, la CHR était installée et pouvait recevoir le renfort de nombreux évadés de France dont le souci principal était de servir dans la Division Leclerc, où que ce soit, et dont le bon esprit et la gentillesse étaient contagieux.
Au gré des mois d'hiver et d'un début de printemps 1944 plein de promesses, après avoir subi le test de la fameuse "Show down inspection", la C.H.R., comme ses soeurs de combat. fut jugée apte à partir au combat.
Le Capitaine Pierre BEAUGRAND était devenu Commandant de la C.H.R. Tout auréolé de ses combats dans le désert, récompensé par l'une des premières croix de la Libération, il allait insuffler à son unité son dynamisme.
Sa foi, sa volonté dans l'action, si humble soit-elle, sa fermeté et son grand coeur, firent qu'il embarqua pour Liverpool une vraie C.H.R. : la C.H.R. du 501e.
Sous l'impulsion de l'adjoint technique de l'Etat-Major du Régiment, le Capitaine EBERHARDT fit effectuer à l'atelier du Régiment un travail harassant : les moteurs furent vus et revus, des plaques de blindage soudées sur les parois latérales des Sherman, à hauteur du poste d'équipage, tous les véhicules à roues furent remis à neuf avec des insignes repeints.
Depuis le 6 juin l'impatience se faisait sentir, mais à chacun son tour. Fin juillet ce fut le départ par la route vers Bournemouth puis, après quelques jours de repos, la séquestration dans le camp d'attente avant l'embarquernent.
Ces mouvements sur route ne furent qu'une simple promenade d'une machine bien au point, le Commandant CANTAREL pouvait être assuré que sa C.H.R. serait dans le coup.
Dès les premiers engagements, la Compagnie Hors Rang va simplement se dévouer à la tâche qui lui est dévolue, soutenir en tout temps et en toutes circonstances les Compagnies de combat pour qu'elles puissent combattre.
La marche à travers le goulot d'Avranches fournira la première occasion pour la section de ravitaillement essence de RAYEZ de faire preuve de vitalité : dès le plein des véhicules réalisé, les soutiers reprendront la route avec leurs jerrycans vides, ils subiront un bombardement aérien mais atteindront le parc de ravitaillement et reviendront vers la D.B. sans ménager leurs peines, leurs sueurs et leurs muscles.
Dès le feu vert donné à la D.B. au nord du Mans, l'accélération fut telle que nos amis Américains en étaient encore à Mortrée lorsque l'ensemble du Régiment, par Tanville, par Montmerry, par Médavy, se trouvait déjà sur le front de l'Orne. La C.H.R., bien sûr, suivait le fléchage de la C.C.R., mais l'avance rapide ne liquidait pas toutes les résistances laissées sur les arrières, ce qui valut à GASCU, monté sur sa jeep et suivi de son Dodge contenant caisse et Drapeau du Régiment, de faire une rencontre dangereuse qui tourna à son avantage : il arriva au P.C. avec son effectif doublé : 9 prisonniers faisaient grise mine sous la garde de ses secrétaires.
Pendant les mêmes journées d'août, LEE s'assurait des recornplètements en munitions, et Dieu sait si les tireurs des compagnies de combat avaient le doigt preste sur la détente. Chacun tenait sa place ; le Capitaine BEAUGRAND veillant à la bonne marche de ses sections.
Toute la C.H.R. était courageusement au travail.
Les antennes du Lieutenant KREMENTCHOUSKY et de l'Aspirant BLOEDE, par leur action instantanée évacuèrent dans les moindre délais les blessés de l'avant, allant chercher les équipages blessés jusque dans les chars avec leurs Rochambelles impassibles sous le feu. Beaucoup d'Anciens leur doivent la vie.
Les munitions arrivaient toujours aux unités engagées ; aussi, après la prise d'Hebersheim, avec quelle joie le Capitaine BUIS ne fut-il pas heureux de voir arriver en pleine bataille les munitions poussées par la C.H.R., et le Capitaine de BOISSIEU n'hésita pas à utiliser les Recovery, dont les équipages étaient volontaires, pour dégager au treuil les abattis piégés sur la route de Witternheim.
A côté de ces situations où les sections de la C.H.R. se distinguèrent, il y aurait tant d'autres exploits à citer !
Sans chercher l'acte d'héroïsme, tous mirent leur volonté à "servir" le Régiment.
La bonne marche de la C.H.R. fut incontestablement ce qu'elle devait être pendant toute la campagne de France ; puis elle réussit des exploits pendant la campagne d'Allemagne, rejoignant les compagnies de combat malgré tous les obstacles. Constituée d'hommes à  l'âme bien trempée, elle tint aussi un autre rôle : celui de renforcer les compagnies de combat lorsque les pertes étaient trop sévères.
L'Aspirant RAYEZ s'en alla ainsi à la 2e Compagnie, l'Aspirant LEE - tué glorieusement depuis en Indochine - eut sa place à la 4e Compagnie, des sous-officiers et des hommes furent également mutés selon les circonstances, et particulièrement après les dures journées des 26 et 27 janvier 1944 à Grussenheim.
La C.H.R. était devenue une compagnie de combat comme les autres : comme elles, elle fut à la peine, et comme elles, elle eut le droit d'être à l'honneur.