COMPAGNIE GAUDET (3/37)

 

Quelques équipages des 28e, 37e et 15e B.B.C. ont rejoint Mourmelon avec les matériels laissés au Parc n° 1, B1 et B1 bis. Une compagnie de marche est constituée, sous le commandement du Lieutenant GAUDET du 37e B.C.C.
Le lieutenant Gaudet prend son commandement après avoir vu le Général Welvert au PC de la 1ère DCR, le Général Germain commandant le 23e CA et le Général de Lattre à son PC de La Neuville.
La Compagnie comprendra 14 chars :
- 3 chars B1 bis de la Section de Remplacement du 8e B.C.C.
- 4 chars B1 bis du 15e B.C.C. qui étaient en réparation au PEB 101
- 1 B1 bis du 41e B.C.C. et 5 B1 appartenant au parc qui seront dirigés sur Rethel par groupe de deux
Les 3 chars de la Section du S/Lieutenant Robert, débarqués le 15 mai à Hirson, reçoivent l’ordre d’aller à Wassigny pour protéger l’EM de la Division (2e DCR). A Wassigny, La Division étant partie, les 3 chars gagnent Rethel, que le TEMERAIRE, en panne d’essence, rejoindra à 2 heures (nuit du 15 au 16) et où il retrouvera les deux autres.
Ils seront engagés le 16 (placés au Nord de Rethel, en mission de surveillance et de défense) en collaboration avec le 25e GRDI de la 14e Dl et le Ill/152e RI. Leur premier combat aura lieu à la nuit tombante.
Le char du S/Lieutenant André, tombe en panne dans la nuit du 13 au l4 mai entre Perthes et Rethel (poulie AVD faussée et barbotin G bloqué). Réparé au fort de Witry Les Reims, et dérouté le 20 mai au profit de la 14e D.I. sur La Neuville puis le 21 sur Seuil, Thugny-Trugny pour relever le JURA qui sera le 22 à Biernes et le RHIN à Seuil.
Le RHIN ne rejoindra jamais le 41e B.C.C. Les équipages seront relevés les 21 ou 22 mai, dirigés sur La Neuville puis sur Esternay. Le S/Lieutenant André et son équipage rejoindront alors le 41e B.C.C.
Le char TROMBE, 261, venant du 8e B.C.C., s’ajoutera aux 3 autres le 22 mai.
B 1 n° 104 VERDUN PEB 101
B 1 n° 112 MULHOUSE S/Lieut. RAPP (28e)
B 1 n° 122 ALSACE S/Lieut. RUDOLPH (28e)
B 1 n° 127 JURA Sergent GRENNERAT (28e)
B 1 n° 132 POITOU S/Lieut. DECRETE (28e)
Ces chars étaient à l’origine des appareils du 37e B.C.C. Ce dernier les avait reversés, le 6 mai au P.E.B., après avoir perçu son reliquat de B1 bis.
B 1bis n° 201 FRANCE 15e BCC
B 1bis n° 217 CANTAL S/Lieut. LE CAIGNAC (28e)
B 1bis n° 232 AMIENS 15e BCC
B 1 bis n° 245 LUNEVILLE Caporal Chauvière (8e BCC)
B 1bis n° 246 TEMERAIRE Sergent Wackherr (8e BCC)
B 1bis n° 252 FLAMBERGE 15e BCC
B 1 bis n° 311 RHIN 41e BCC
B 1bis n° 261 TROMBE 8e BCC arrivé à la Compagnie le 22 mai.
B 1bis n° 402 VILLERS - BRETONNEUX S/Lieutenant Robert (8e BCC)
Ce groupement improvisé, avec des effectifs très réduits, combat dans les rangs de la 14e D.I. jusqu'à destruction complète le 24 mai.

16 mai 1940
Dans Rethel : VILLERS-BRETONNEUX à la sortie Nord-est de Rethel, LUNEVILLE en haut du cimetière.
TEMERAIRE au carrefour à l’Ouest de Rethel.

17 mai1940
Le VILLERS-BRETONNEUX reste en surveillance de la route Nord Est de Rethel. Le TEMERAIRE protège le repli du 31e BCP jusqu’à la rive Sud de l’Aisne, repasse la rivière et se poste en surveillance de la ville.
Le LUNEVILLE passe de l’autre côté du cimetière et protège le repli d’une compagnie du 152e R.I. Dans la nuit du 18 au 19.
Il reste en surveillance de l’autre côté du pont de l’Aisne. Le soir le TEMERAIRE défend le pont de l’Aisne puis se replie derrière le canal.

19 mai 1940
Le LUNEVILLE revient de l’autre côté du cimetière puis de l’autre côté du canal, en surveillance. Les chars garderont leur position jusqu’au 22 mai, date de relève des équipages.

20 mai 1940
Les chars sont répartis comme suit :
- 4 chars à Rethel
- 1 char à Sault Les Rethel
- 1 char à Biermes
- 1 char à Thugny-Trugny
- 2 chars à Annelles
- 1 char à Menil-Anelles, en panne (?)
Dans l’après-midi, le FRANCE embossé devant une maison de Sault les Rethel subit une attaque par 1 ou 2 civils qui glissent une grenade incendiaire sous le char. Le char prend feu et l’aide-pilote Caporal-Chef Gautheron est brûlé vif. L’Adjudant-Chef Cocheril, chef de char est évacué. La chenille droite du char sera coupée et servira à dépanner l’ AMIENS et le CANTAL.

21 mai 1940
Position des chars :
VILLERS-BRETONNEUX, LUNEVILLE, TEMERAIRE, AMIENS, CANTAL et FLAMBERGE sont à Rethel.
Le FRANCE , incendié est à Sault Les Rethel. Le JURA est à Thugny-Trugny.
L’ALSACE, le MULHOUSE, le POITOU, le TROMBE, le VERDUN sont à Ménil. le RHIN est à La Neuville.

22 mai 1940
A Rethel:
Le VILLERS-BRETONNEUX, en liaison avec l’infanterie peut intervenir rapidement en direction du pont. Son canon de 47 ne fonctionne plus.
L'AMlENS est affecté à la garde du pont sur le canal.
Le CANTAL, en arrière de l’AMIENS, à la disposition d’un sous-quartier du 152e RI, peut intervenir en direction du canal et du pont du chemin de fer ou sur un point choisi par le Capitaine de l’infanterie.
Le LUNEVILLE est camouflé avec son canon de 75 détérioré.
L’ALSACE est dans les vergers de Sault Les Rethel.
A Rethel puis à Thugny-Trugny, le MULHOUSE est à la disposition du 31e BCP et à Seuil, le RHIN est à la disposition du 21e BCP.
A 06h30, l’ennemi concentre ses tirs de 105 sur l’ AMIENS et le CANTAL placés dans la rue principale de Rethel, à 60 m du pont.
Les deux engins sont touchés. L’AMIENS a une chenille coupée et le réservoir du Naeder percé par un projectile qui a perforé le blindage. Le CANTAL est percé au niveau du capot de conduite et une chenille coupée. Son pilote, le Caporal-Chef Oliérou est tué ainsi que l’aide-pilote le Chasseur Morgeras.
5 chars sont à l’atelier : FLAMBERGE y a été dirigé à 11heures. il rejoint ainsi le VERDUN, POITOU, JURA (?), TROMBE ( ?)
Etat des chars à 18h50 :
- 1 sans nouvelles
- 6 engagés, en état de remplir leur mission
- 2 hors d’état de remplir leur mission.
- 5 à l’atelier.

23 mai 1940
A Rethel : l’AMIENS, Le CANTAL et le LUNEVILLE.
A Tugny-Trugny, le MULHOUSE qui était à la disposition du 31e BCP est relevé par le POITOU puis est dirigé sur l’atelier.
A Seuil, le RHIN est toujours à la disposition du 21e BCP.

24 mai 1940
Sur ordre du Général de Lattre (14e Dl), les chars TROMBE, MULHOUSE, VERDUN doivent être dirigés sur Saulces-Champenoises (6 km à l’Ouest d’Attigny), Le VERDUN, tombé en panne le 26 est remplacé par le FLAMBERGE sorti de l’atelier de la CE du 23e BCC.

26 mai 1940
La Compagnie Gaudet est considérée comme la 3e Compagnie du 37e BCC.

28 mai 1940
Les chars sont répartis comme suit :
- A Saulces-Champenoises se trouvent les chars TROMBE, FLAMBERGE et MULHOUSE.
- A Thugny-Trugny, le POITOU
- A Seuil, le RHIN
- A Acy, 2 km Sud de Rethel le VERDUN et l’ALSACE.
- L’AMIENS, remis en état par son équipage, gagne le PEB 101 à Viviers. par ses propres moyens. Dans la nuit du 28 au 29 l’ALSACE et le VERDUN relèvent le TEMERAIRE et le VILLERS-BRETONNEUX.

5 juin 1940
A Seuil, le LUNEVILLE relève le RHIN. Le CANTAL, dépanné gagne le PEB 101 à Viviers.

6 juin 1940
A Acy, le TEMERAIRE et le VILLERS-BRETONNEUX relèvent l’ ALSACE et le VERDUN.

8 juin 1940
Embarquement de la Compagnie 3/37e à Mourmelon.

9 juin 1940
Débarquement à Triel, 20 km au Nord-Ouest de Versailles. La Compagnie passe aux ordres de la 4e DCR. Le TEMERAIRE verse dans un virage dans la descente de Chantelour sur l’itinéraire Boisemont - Chanteloup, pont de Poissy. Il est abandonné, le dépannage s’avérant impossible.

11 juin 1940
La Compagnie 3/37e est rattachée au Bataillon de Marche 46e/47e.

14 juin 1940
Le VERDUN et le LUNEVILLE, en difficulté sont dirigés sur la base arrière à Saint-Hilaire – Saint-Mesmin

15 juin 1940
Le MULHOUSE ayant son moteur qui surchauffe à Allones est renvoyé sur la base arrière.

17 juin 1940
A Vallempoy (45), après ravitaillement en essence, la Compagnie reçoit à 15h30, l’ordre d’occuper Binas. A l’arrivée dans ce village, le POITOU n’ayant plus d’accus et de génératrice Viet détérioré, est dirigé vers le Sud de la Loire, pavillon de MUIDES (entrée du domaine de CHAMBORD). Le chef de char pour ce mouvement est le Sergent-Chef Bouichou.
La Compagnie s’établit sur le pourtour du village avec pour mission d’interdire les voies d’accès en direction de VERDES (de Dufourcq) ; en direction de l’Est vers MENAIN VILLE et ABLAIN VILLE (deux chars du 47e BCC intégrés momentanément dans la 3/37e) ; dans la direction d’ORLEANS (Adde), en direction de BEAUGENCY (de Laromignière).
Le Lieutenant Gaudet garde comme adjoint le Lieutenant Bounaix.
Vers 18 heures, une colonne d’automitrailleuses allemandes est signalée sur la route de VERDES - OUZOUER. La mission des chars reste inchangée : cependant, la Section de Dufourcq reçoit l’ordre de se tenir prête à contre-attaquer en tournant le village en direction de l’Est pour appuyer l’action des chars du 47e BCC et du char du S-Lieutenant Adde qui doivent vraisemblablement avoir les premiers le contact avec l’adversaire.
Le Lieutenant Gaudet garde sur la place centrale du village, un char B en réserve qui lui sert en même temps de PC.
Vers 19h30, un officier et des soldats allemands agitant des cartes se présentent devant les chars de la Compagnie, se disant parlementaires. Ils sont immédiatement appréhendés et dirigés sur la Division. Quelques minutes après, le S-Lieutenant Adde ouvre le feu sur deux automitrailleuses qui s’avancent à 400 m dans son secteur de tir. Il les détruit. Attiré par le bruit du combat, le S-Lieutenant Bourlier se porte aux côtés du S-Lieutenant Adde et fait sauter un stock de munitions ou d’essence allemand contenu dans un camion.
Les chars du 47e, des S-Lieutenants Adde, Bourlier, Besnier et de Dufourcq interdisent de leurs feux l’accès au village à des fantassins allemands qui, ayant débarqué de camions, tentent de s’infiltrer dans les blés. Quelques mitrailleuses allemandes, malgré les chars, ouvrent le feu sur la place du village, quelques obus de 77 tombent aux lisières, la contre-attaque du S-Lieutenant de Dufourcq n’est pas déclenchée.
Le Colonel, Commandant la 1/2 Brigade décide que le décrochage des chars B de la 3/37e, protégeant le repli de la 4e DCR, aura lieu à la tombée de la nuit. Le Commandant de Compagnie prend liaison avec le Capitaine de Cavalerie, Commandant un Escadron d’A.M.R. de la Division pour régler les détails du mouvement.
A cette heure, à la faveur de la demi-obscurité, la pression allemande s’accentue, les infiltrations de fantassins au travers des champs de blé sont plus denses. Tout le village est cerné et il y a force tirs de mitraillettes.
Quand toute la colonne de la DCR a quitté Binas par la route de Colombe, sur l’ordre du Commandant de Compagnie (transmission motocycliste), les chars hormis la section de Dufourcq située sur l’itinéraire de repli et que le Lieutenant Bounaix préviendra du décrochement, se rallient sur la place du village et le départ s’opère sans perte, malgré les feux de mitrailleuses, les chars encadrant la voiture de liaison et la voiture PC.

19 juin 1940
Le POITOU est renvoyé sur la base arrière de Manthelan. Le VERDUN est retrouvé puis dirigé sur la base arrière.

20 juin1940
L’ALSACE en mauvais état à Saint-Flovier est dirigé sur la base arrière.

21 juin 1940
Le POITOU, moteur mort, est incendié à la sortie d’Azay Le Perron.

22 juin 1940
Le VILLERS-BRETONNEUX est incendié à 2 km Nord-Est de Tournon Saint-Pierre (56 km Ouest de Châteauroux).
A Martizay (50 km à l’Ouest de Chateauroux), la Compagnie 3/37e perçoit le char B1 bis VERCINGETORIX, 426. En panne de Naeder, il est incendié 1 km Nord-Ouest de Lezignac-Durand, 40 km au Nord-est d’Angoulème.

24 juin 1940
Le LUNEVILLE est abandonné et incendié à 2 km d’Alloue (Charente), 50 km au Nord-Est d’Angoulême.

15 juillet 1940
A Mainzac (28 km Sud-Est d’Angoulême), il ne reste plus à la Compagnie que le TROMBE et le RHIN (les deux derniers des 14 chars de Rethel) qui sont dirigés sur le parc de Périgueux.

 

Sources : Archives du SHAT Vincennes, Roger Avignon.