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                    42e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 

 

 

 

Unité formée à Vannes le 16 novembre 1939, avec des réservistes provenant des dépôts 505 (Vannes) et 509 (Maubeuge) originaires du Nord et de Bretagne, et armée de chars H 39.
 

ENCADREMENT
Chef de Bataillon VIVET, Commandant le Bataillon.
Capitaine MICHELOT, Chef d'Etat-Major.
Lieutenant COLIGNON, Adjoint Technique.
Lieutenant FORLIARD, Renseignements.
Lieutenant COLLOMBY, Détails.
2e COMPAGNIE 3e COMPAGNIE COMPAGNIE D'ÉCHELON
Lieutenant LANNEFRANQUE
Lieutenant DEQUENNE
Lieutenant DERUPTI
Sous-Lieutenant JOURFIER
Sous-Lieutenant JOB
Lieutenant MERCIER S.E.
Capitaine DU COS DE LA HITTE
Lieutenant DUC
Sous-Lieutenant PELLEGRIN
Aspirant LESTIENNE
Aspirant ANDRIEU
Lieutenant VENTAJOU S.E.
Capitaine AUBRY
Lieutenant CEILLIER
Lieutenant FUSELIER
Sous-Lieutenant SCANVIC
1ère COMPAGNIE (pour mémoire)
Capitaine DUBLINEAU.

Ordre de l'Armée n° 2038/C du 17 novembre 1947.
 
Magnifique bataillon de chars légers, ardent et tenace au feu, fait à l'image de son chef le Commandant Vivet, guerrier légendaire à la 3e Division Cuirassée, qui, dans tous les combats de mai et de juin 1940, a répondu jusqu'au sacrifice à l'appel du Général Commandant la Division.
En mai, durant douze jours, a mené des contre-attaques au sud de Sedan, triomphant d'un ennemi supérieurement armé, grâce à la farouche obstination de ses équipages. Du 10 au 16 juin, de l'Aisne de Rethel à l'Armançon de Montbard, au cours d'une retraite difficile, s'est battu chaque jour, donnant des coups de boutoir décisifs, et protégeant efficacement les replis de l'infanterie amie jusqu'au dernier appareil.
A sa création le bataillon est constitué à effectif normal lorsqu'en avril 40, la 1ère compagnie est désignée pour faire partie du Corps Expéditionnaire de Norvège sous le titre de Compagnie autonome 342. Elle devait être remplacée par une compagnie du 48e BCC, cette unité ne rejoindra jamais le bataillon et sous le titre de 1/42 elle combattra en pleine autonomie. De sorte que le 42e BCC durant toute la campagne restera à deux compagnies.

I. - 16 NOVEMBRE 1939 - 11 MAI 1940.

16 NOVEMBRE-JANVIER 40. - Le bataillon stationne au camp de Meucon (10 km nord de Vannes).
 
FÉVRIER - Les unités sont transportées par voie ferrée dans la zone des armées et vont stationner dans la zone de cantonnement de la 2e DCR.
 
15 MARS. - Le bataillon est placé sous les ordres du GBC 534, qui devient 7e demi-brigade à la 3e DCR.
La 1ère compagnie est affectée au corps expéditionnaire de Norvège.
 
3 AVRIL-11 MAI. - Le 3 avril le bataillon fait mouvement par voie de terre pour se porter dans la région de Reims : PC et CE Bazancourt. 2e Cie Caurel. 3e Cie Bétheny.
Durant cette période les unités sont recomplétées en matériel et poursuivent activement leur instruction tant sur le terrain de Bétheny qu'à Mourmelon où elles effectuent des tirs.
 
II. - 12 MAI 1940 - 31 JUILLET 1940.
 
12 MAI. - Alerté en fin d'après-midi, le bataillon reçoit l'ordre de quitter ses cantonnements et de se regrouper dans les bois de la ferme de l'Espérance (2 km nord de Bazancourt). La CE reste dans le village pour achever les travaux en cours.
 
13 MAI. - Dans la journée Bazancourt est bombardé et le bataillon subit ses premières pertes. Dans la nuit les unités font mouvement. Par Rethel elles se portent à Tourteron (20 km nord-est de Rethel).
 
14 MAI. - Au lever du jour les unités s'installent dans les bois de Tourteron (1 km est du village) à cheval sur la route Lometz - Le Chesne.
A 10 heures parvient l'ordre d'attaque de la 3e DCr. La division doit s'engager en direction de Chémery Bulson-Sedan, avec mission de rejeter les éléments ennemis au delà de la coupure de la Meuse.
Base de départ : Lisières nord du bois de Mont-Dieu.
Premier objectif : Chémery.
A midi, sous un violent bombardement le bataillon fait mouvement pour aller occuper ses positions de départ. A 14 heures, l'attaque est décommandée. Le bataillon stationne dans les bois d'Armageat (est de Sauville) où il passe la nuit.
 
15 MAI. - Sous la pression de l'ennemi, la situation s'aggrave et la DCR reçoit l'ordre d'établir avec ses unités un dispositif défensif antichars pour barrer les incursions des blindés ennemis sur la zone Le Chesne-Tannay.
En fin de matinée le bataillon reçoit la mission de tenir les passages autour de l'étang de Bairon.
La 2e Cie va prendre position au passage routier de Bairon au nord de l'étang. La 3e Cie dans la région de la Remonte entre l'étang et le canal.
A 17 heures les unités sont en place, aucune formation amie n'existe dans le secteur.
 
16 MAI. - Durant la nuit les unités stationnent sur leurs positions. La situation est critique, l'ennemi est au contact et nos unités de chars sont isolées, privées de tout appui d'infanterie.
A 7h30 l'ennemi venant de la région de Sauville déclenche une forte attaque, son infanterie progresse à cheval sur la route de la Remonte. Attaque appuyée par son artillerie et par de nombreuses armes automatiques qu'au cours de la nuit l'ennemi a pu mettre en place. Par trois fois, la section Duc stoppe l'adversaire et lui inflige des pertes sérieuses.
A 9 heures, la situation s'aggrave. Le bataillon reçoit l'ordre de se replier à l'est du canal, pour occuper au plus vite les ponts de Le Chesne, de Pont-Bar et de Tannay, ces ponts n'ayant pas été détruits. Le 16e BCP qui était en position à Oches reçoit la même mission défensive. Il constitue deux détachements : l'un dirigé sur Pont-Bar qui, protégé par les chars de la 3e Cie, débarque sous le feu des mitrailleuses allemandes. L'autre, sous la protection de la 2e Cie, s'installe sans grande difficulté à Le Chesne.
La progression de l'ennemi est arrêtée mais il réitère ses attaques appuyées par les stukas. A midi l'ennemi est stoppé. A 14 heures deux chars légers se présentent suivis d'éléments d'infanterie. Un violent combat par le feu s'engage, les deux chars ennemis sont détruits.
A 18 heures, un premier pont saute, suivi à 18h30 du second. Le Chesne est violemment bombardé. A 21h30, les chars tirent leurs derniers obus et ce n'est qu'à l'aube que l'ennemi cesse ses attaques. En aucun point l'ennemi n'a pu franchir le canal. Au cours de cette journée trois appareils ont été détruits ou endommagés.
 
17 MAI. - La 2e Cie avec le 16e BCP continuent à défendre le passage de la région de Le Chesne et de Tannay ; tandis que la 3e en liaison avec des groupes du GRDI et du 16e BCP opèrent dans la région des Petites-Armoises.

18 MAI. - Des missions d'appui sur les bois du Mont-Dieu sont effectuées au profit du 91e RI.
Dans la nuit le bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement vers la région de Neuville-en-Tourne-à-Fuy. Un contre-ordre tardif parvient à l'unité mais la 3e Cie déjà en mouvement n'est arrêtée que dans la région de Ville-sur-Retourne.
 
19 MAI. - Tandis que la 3e Cie passe la journée à Ville-sur-Retourne, la 2e Cie stationne dans les bois sud de Belleville où dans la nuit elle est rejointe par la 3e Cie.
 
20 et 21 MAI. - Sans changement.
 
22 MAI. - Au matin le bataillon reçoit l'ordre d'occuper défensivement le bois du Mont-des-Grues (2 km est de Brieulles-sur-Bar).
Dans l'après-midi la 2e Cie exécute plusieurs contre-attaques locales avec les 51e, 67e et 91e RI empêchant leur encerclement et infligeant à l'ennemi des pertes sévères.
 
23 MAI. - La 3e Cie reçoit l'ordre d'appuyer une attaque aux abords du village d'Oches. Mais en raison de l'évolution rapide de la situation l'ordre est annulé. Malheureusement les chars ne sont pas prévenus du contre-ordre et en fin d'après-midi la 3e Cie se trouve menacée d'encerclement. Par ses propres moyens elle attaque l'adversaire, sème la panique dans ses rangs, réussit à se dégager en infligeant de très lourdes pertes à l'ennemi. Au cours de ce dégagement elle laisse trois chars sur le terrain.

24 MAI. - Au matin le bataillon gagne la région de Verrières. En cours de journée les compagnies reçoivent des missions distinctes.
La 3e Cie occupe des bois de la cote 253, tenus par une compagnie du 51e RI. Une attaque générale est prévue par le commandement en fin d'après-midi. La situation se modifie et la Cie du 51e RI exécute seule une contre-attaque locale et limitée. Cette action se solde par un échec, et les officiers de chars éprouvent les plus grandes difficultés à regrouper les fantassins en retraite dont tous les cadres ont été tués ou grièvement blessés. Dans l'après-midi la compagnie exécute une mission limitée ayant pour but de neutraliser un nid de mitrailleuses. L'opération est remplie mais deux chars restent sur le terrain. Dans le même temps sur ordre de la 3e DCR, la 2e Cie est chargée d'opérer le nettoyage des bois de la Grange-au-Mont. La situation est mal définie, depuis le matin l'ennemi a progressé. Alors que la compagnie se trouve en colonne dans un layon ne permettant aucune manoeuvre elle est déjà dans les lignes ennemies. Elle continue son avance, enfonce le dispositif de l'adversaire, pénètre profondément à l'intérieur de celui-ci, profite d'une clairière pour exécuter un mouvement tournant et par un chemin différent revient dans nos lignes, prenant à revers l'ennemi surpris auquel elle inflige des pertes considérables. Au cours de l'opération 4 chars sont détruits.
 
25 MAI. - Les compagnies se regroupent en position d'attente dans les bois de Brieulles-sur-Bar.
 
26 MAI. - Le bataillon fait mouvement sur les bois sud de Boult-aux-Bois (500 m est de la route de Vouziers).
 
28 MAI. - Nouveau déplacement sur le bois des Loges (nord Grand-Pré ).
 
29 MAI-6 JUIN. - Stationnement inchangé, révision du matériel dont l'état laisse à désirer par suite des efforts prolongés qui lui ont été demandés.
 
7 JUIN. - Mouvement de nuit sur Semide (10 km sud-ouest de Vouziers ).

8 JUIN. - Après une étape de nuit de 25 kilomètres le bataillon stationne dans les bois de Semide. La 3e DCR et la 7e DLM forment un groupement cuirassé.
 
9 JUIN. - La situation générale s'est aggravée, en plusieurs points l'ennemi a franchi l'Aisne. Dans la nuit le bataillon fait mouvement sur les bois sud de Ville-sur-Retourne.
 
10 JUIN. - L'ennemi a consolidé ses têtes de pont au sud de l'Aisne et de nombreux blindés rayonnent dans la région. Le groupement reçoit l'ordre d'attaquer dans la journée pour tenter de refouler les éléments adverses au nord de l'Aisne.
La DCR est axée entre la Suippes et la Retourne face à l'ouest, la nouvelle mission doit la porter face au nord-ouest. Mais pour passer la Retourne il n'existe plus que deux passages (tous les autres ont été détruits).
Le bataillon fait mouvement sur Ville-sur-Retourne puis sur Annelles en direction du nord afin de gagner des positions de départ entre Annelles et Perthes.
A 14 heures la DCR est en place à cheval sur la route Annelles Perthes en deux groupements. Au nord 42e BCC avec 1 compagnie B du 41e BCC et le 16e BCP.
Le bataillon a pour mission d'attaquer (avec le 16e BCP) Perthes pour y dégager le 127e RI qui s'y trouve encerclé.
A 17 heures, sans appui d'aucune sorte l'attaque part survolée par l'aviation allemande. En quelques minutes le bataillon perd la moitié de ses chars. A 18h30 un élément du 16e BCP suivi du reste du bataillon réussit à atteindre Perthes où il dégage les derniers éléments du 127e RI.
Au prix d'efforts considérables les objectifs sont atteints, 7 chars sur 8 sont atteints de plein fouet. Le lieutenant Duc est grièvement blessé et restera aveugle des suites de ses blessures, deux sous-officiers sont tués et plusieurs équipages sont faits prisonniers.
A 21 heures, le bataillon reçoit l'ordre de se replier dans les bois au sud-ouest de Cauroy.
 
11 JUIN. - Après avoir stationné dans les bois au sud de Pont-Faverger, à 9 heures le bataillon reprend son repli. Par les bois de Bennes et la ferme de Moscou, le bataillon gagne la région de Suippes et stationne dans le bois à 500 m de la ferme de Piémont. Il ne reste plus que 8 chars à la 2e Cie.
 
12 JUIN. - Le bataillon reçoit la mission d'interdire les abords de la ferme de Piémont, à cheval sur la route Suippes-Châlons, en liaison avec le 10e BCC.
Vers 12 heures une violente attaque de chars lourds ennemis est repoussée, plusieurs de ses appareils sont détruits mais trois des nôtres sont mis hors de combat.
A 18 heures, le groupement cuirassé donne ordre au bataillon de se replier par Doucey-Montcets-l'Abbaye et Drosnay.
A 21 heures le décrochage s'effectue. Bien qu'au contact des avant-gardes ennemies, le repli s'exécute sans incidents en protégeant les quelques éléments d'infanterie. Par La Cheppe, La Chaussée Romaine ; les équipages restant atteignent Moivre.

13 JUIN. - Au soir le groupement cuirassé réorganise les unités. Un bataillon de marche est constitué avec les éléments disponibles des 42e, 45e et 10e BCC, sous les ordres du Commandant Vivet, avec comme chef d'Etat-Major le Capitaine Monmasson, du 45e. Le personnel en surnombre rejoint la CE.
 
14 JUIN. - Le bataillon reçoit l'ordre d'assurer la défense des passages de la Marne à Frignicourt et Larzicourt (région de Vitry-le-François). Au cours de la journée les détachements refoulent plusieurs incursions allemandes.
A 20 heures parvient l'ordre de repli sur Brienne-le-Château.
 
15 JUIN. - A 8 heures le bataillon reçoit mission d'interdire à l'ennemi la zone de Morvilliers. A 12 heures il repousse une attaque ennemie qui fait perdre 3 chars au bataillon. Les ponts de l'Aube sont tenus jusqu'à ce que le génie français en ait opéré la destruction. A ce moment parvient l'ordre de rejoindre le PC du Groupement à Vendeuvres en maintenant deux détachements retardateurs l'un à la ferme Montmartin, l'autre à Longpré.
Le PC quittant Vendeuvres le bataillon est chargé de protéger son repli. A la sortie de Vendeuvres un bombardement d'avions italiens occasionne la perte de 2 chars, 2 tracteurs, d'un camion citerne et d'une dizaine d'hommes.
Lorsque le détachement parvient à Aiguilly le PC du Groupement est parti et le Chef de bataillon décide de passer la nuit à Polizot où il coopère à la défense du village avec le 22e RTA.
 
16 JUIN. - A 4 heures, le Capitaine Monmasson est envoyé à Tonnerre pour tenter de reprendre la liaison avec le groupement - il ne rejoindra pas, le détachement ayant été fait prisonnier au cours de cette mission.
A 8 heures une mission identique est donnée au Capitaine de la Hitte, qui plus heureux retrouve la demi-brigade à Les Riceys et rapporte l'ordre d'aller protéger le PC installé dans les bois de Crépant (sud de Montbard).
A 13 heures le détachement réduit à 3 chars, une trentaine d'hommes et deux officiers, passe à Montbard où il se heurte à des blindés ennemis venant du sud qui viennent de capturer l'état-major du groupement.
Jusqu'à 16 heures le détachement tient les rives du canal. Successivement deux chars sont détruits et avec le dernier char, bien endommagé d'ailleurs, le commandant le lance à l'assaut du pont. La coupure franchie l'appareil est sabordé, le personnel est embarqué dans deux voitures de tourisme et quelques side-cars. Par la route d'ls-sur-Tille de nuit le détachement gagne Dijon, puis rejoint à Chalon-sur-Saône, l'état-major des chars de la IIe Armée.
Dans le même temps la colonne de la CE est attaquée à Juillenay (12 km nord de Saulieu). Dans la soirée à la sortie nord de Saulieu, la colonne se heurte à des blindés ennemis, le Commandant de la CE est tué et le détachement fait prisonnier.
 
17 JUIN. - Quelques véhicules qui la veille avaient contourné Saulieu par l'est se trouvent stoppés par des éléments blindés ennemis à Saint-Léger-sous-Beuvray (16 km ouest d'Autun).
 
18 JUIN -31 JUILLET. - Les éléments qui ont pu passer et se soustraire à l'étreinte des blindés ennemis, stationnent successivement à Saint-Etienne-Feurs-Ceaux-les-Allègre-Aurillac-Capdenac puis à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne) où il est procédé à la dissolution du bataillon.

POINTS REMARQUABLES.
Le personnel de ce bataillon provient de deux origines bien différentes, Nord et Bretagne. Excellent mélange pour créer un solide esprit d'unité. Autre caractéristique l'unité est constituée uniquement de réservistes.
Au point de vue matériel le bataillon a l'avantage d'être équipé de l'excellent char H 39, malheureusement sans radio et armé du canon de 37 modèle 1918, qui se révélera encore très efficace avec les obus de rupture.
A la veine du déclenchement de l'offensive une décision regrettable vient amputer le bataillon d'une de ses compagnies. Son remplacement est prévu par une autre compagnie d'un autre bataillon. Ce projet ne sera jamais réalisé et même s'il l'eût été cette valse de compagnies ne pouvait rien faire présager de bon.
Le 10 mai l'instruction du bataillon est loin d'être terminée. Les équipages sont bien rompus à l'emploi de leur matériel mais l'homogénéité des unités laisse encore à désirer, aucune manœuvre d'ensemble n'a été exécutée, et c'est l'ennemi qui en quelques heures, va assurer la cohésion de l'ensemble.
Alors que le 13 mai le bataillon est dans ses cantonnements rémois, l'ennemi à Sedan a forcé le passage de la Meuse, et au cours de la nuit du 13 au 14 il exploite son succès.
C'est au cours de la même nuit que la 3e DCR fait mouvement pour contre-attaquer.
Le 14 à 5 heures du matin, le Commandant de la 3e DCR rédige son ordre d'attaque pour rejeter l'ennemi au delà de la Meuse.
Par suite des difficultés de ravitaillement en essence les bataillons n'atteignent leurs bases qu'à 16 heures. Mais la situation évolue extrêmement rapidement et dès 15 heures le Commandant du 21e CA modifie son ordre, prescrit à la division d'organiser dans toute la zone du corps d'armée des barrages antichars sur tous les itinéraires.
Durant douze jours, du 13 au 25 mai, sans arrêt, les compagnies courent de l'est à l'ouest du secteur. Dès qu'un point est menacé on appelle une unité de chars, on en trouve toujours une qui mission accomplie vient d'être retirée du combat et instantanément elle se porte où l'infanterie est bousculée. Au cours de cette période les appareils parcourent près de 200 kilomètres en mouvement de rocade. Toutes les missions reçues ont été remplies, la progression ennemie a été arrêtée, mais au prix de quels sacrifices ! Au 25 mai le bataillon a perdu près de 50 % de son matériel.
Le 10 juin, c'est l'engagement de Perthes. Engagement lamentable, sans appui, les chars abandonnés de tous. Ce coup de boutoir de la 3e DCr sera sa dernière action de masse.
Avec la même foi qu'aux premiers jours, les équipages luttent d'une manière magnifique dans un combat pour l'honneur et contre un ennemi possédant tous ses moyens.
A partir du 12 juin les termes de bataillon et de compagnie n'ont plus aucune signification, on colmate les rescapés en unités de marche. Jusqu'alors les équipages avaient montré leur esprit de corps, mais au fur et à mesure que les épreuves deviennent plus cruelles, l'Esprit Chars s'épanouit, les survivants s'agglomèrent, tous se soucient, forment bloc, on est Chars.
Après une retraite de quatre jours où tous se sentent traqués, des missions de sacrifice sont données aux équipages sur la Marne, sur l'Aube.
Le nombre des appareils s'amenuise mais tant qu'ils pourront se mouvoir ils accompliront les tâches qui leur sont données.
Le 16 juin les derniers appareils luttent de 13 heures à 16 heures et lorsqu'il n'en restera plus qu'un il sera employé à rompre l'encerclement du dernier carré et le sauver de la captivité.
En un mois de campagne les équipages du 42e BCC ont écrit au livre d'or de l'Arme de bien belles pages de gloire et les anciens de L'A.S. peuvent être fiers de leur cadet.
 
Sources : Archives du SHAT Vincennes.