GROUPE A.S.8

Journal de Marche en Opérations


Du 1er février 1917 au 25 août 1918
 

1er février 1917
Il est constitué au Fort du Trou-d'Enfer, près de Marly le Roi, une unité filiale du 81e Régiment d'Artillerie Lourde ; cette unité appelée : 8e Groupe d'Artillerie d'Assaut, reçoit comme désignation abrégée l'indicatif A.S.8.
L'A.S.8 comprend : 14 officiers et 95 hommes de troupe (dont 18 sous-officiers et 1' brigadiers).

Ordre de bataille des officiers.
1. de Blic, active, Capitaine, commandant le Groupe
2. Pathier, territoriale, Capitaine, commandant la 1ère Batterie
3. de Ravel, réserve, Lieutenant, commandant la 4e batterie
4. Heurlin, réserve, Lieutenant, commandant la 2e batterie
5. Bussières, active, Lieutenant, commandant la 3e batterie
6. Daher, réserve, Lieutenant, chef de char
7. Le Poëtvin, réserve, Lieutenant, chef de char
8. Halay, réserve, Sous-lieutenant, chef de char
9. Lépine, réserve, Sous-lieutenant, chef de char
10. Graby, réserve, Sous-lieutenant, chef de char
11. Bugnard, active, Sous-lieutenant, chef de char
12. Tuva, active, Sous-lieutenant, chef de char
13. de Virel, réserve, Sous-lieutenant, Officier-Adjoint.

Ce même jour, l'A.S.8 qui Marly le Roi par voie de fer et arrive au camp de Cercottes près d'Orléans.

du 2 au 7 février 1917
Instruction du personnel. Tirs au canon et à la mitrailleuse. Réception des appareils.

8 février 1917
Le groupe quitte Cercottes par train spécial, à destination du Camp de champlieu, près d'Orrouy (Oise), en lisière Sud de la forêt de Compiègne.
Il emmène 16 chars d'assaut modèle Schneider, armés au total de : 16 canons de 75mm courts et de 32 mitrailleuses Hotchkiss.

9 février 1917
Transport par voie de fer.

10 février 1917
Débarquement au Camp de Champlieu. Le Groupe gagne ses baraquements.

du 11 février au 16 mars 1917
Entraînement du personnel. Tirs. Manœuvres.
Mise au point des appareils.
Mutations :
Le 7 mars, le Sous-lieutenant Delbeaux arrice de Marly le Roi au 8e Groupe d'A.S.
Le 14 mars, le Sous-Lieutenant Graby quitte le Groupe, remis à la disposition de son arme (cavalerie).

16 mars 1917
L e 8e Groupe fournit à un Groupe de Marche provisoire constitué pour une opération près de Lassigny : 2 officiers (M.M. Daher et Delbeaux), 4 sous-officiers, 3 brigadiers et 7 hommes d'équipages, ainsi que quatre chars d'assaut.

22 mars 1917
Le personnel et le matériel ci-dessus rentrant au Groupe sans que l'opération ait eu lieu.

du 22 mars au 10 avril 1917
Continuation de l'entraînement intensif au Camp de Champlieu.

10 avril 1917
L'A.S.8, qui depuis le 1er mars est rattaché à un Groupement provisoire commandé par le Chef de Bataillon Chaubès, embarque à destination de Ventelay (Marne), pour participer à une offensive.
Il comprend : 13 officiers et 111 hommes de troupe dont 22 sous-officiers.
En outre il laisse derrière lui comme garde de ses baraquements de Champlieu : 1 sous-officier et 4 canonniers.

11 avril 1917
Débarquement sur une voie d'A.L.G.P. au village de Ventelay.
Le Groupe gagne par voie de terre un emplacement de bivouac à proximité et à l'Ouest de la ferme : Le Faîté.

12 avril 1917
Le Groupe quitte son bivouac à 20 heures par nuit obscure et se porte par Roussy et le pont de La Rouelle (pont d'A.L.G.P.) sur Cuiry les Chaudardes.

13 avril 1917
Aux premières lueurs du jour, le Groupe atteint son emplacement de bivouac, 400m Ouest du village.
Le personnel s'installe partie au bivouac, partie au cantonnement.
Les quatre commandants de batterie effectuent une reconnaissance de l'itinéraire conduisant aux emplacements de Départ pour l'attaque, et de ces emplacements eux-mêmes.
Le Groupe est encombré au bivouac par l'A.S.3 et l'a.S.7 A Maizy bivouaque le Groupement Bossut.

14 avril 1917
Révision du matériel. Mise en état des appareils et de l'armement.
Un officier, Lieutenant Le Poëtvin, brûlé à la face par un commencement d'incendie survenu dans son char au cours de la marche du Faîté à Cuiry est évacué.

15 avril 1917
Le Maréchal des Logis de Blic (Jacques) atteint d'un panaris gangreneux du médius de la main droite est évacué.
A 20 heures, par nuit noire et pluie mêlée de neige, le Groupe lève le bivouac et s'engage en colonne en tête du Groupement Chaubès, sur une piste jalonnée et reconnue par l'Etat-Major du Groupement, piste parallèle à la route de Pontavert et à 100m environ au Sud de cette route.
Le char 61105, chef de char Adjudant Florimond, tombe en panne de moteur entre Cuiry et Chaudardes ; il ne rejoindra le Groupe que le lendemain.
Les quatre chars de la 1ère batterie, ainsi que les trois premiers chars de la 2e batterie s'embourbent en terrain marécageux, sur la piste jalonnée, à hauteur de Chaudardes ; ces chars ne rejoindront que le lendemain.

16 avril 1917
Ce qui reste du Groupe, à savoir : 3 chars de la 3e batterie, et 4 chars de la 4e batterie (dont le char affecté à l'officier mécanicien du Groupe, chargé du dépannage), arrive à la clairière du Bois de Beaumarais vers 5 heures.
L'heure H est fixée pour 6 heures.
A 6 heures, les Groupes 3 et 7, qui ont pris la tête depuis Chaudardes, se portent en avant, sur l'itinéraire préparé.
L'A.S.8 entame son mouvement à 6h30, en raison de la lenteur d'écoulement des Groupes précédents.
A 6h30 une compagnie du 76e R.I. est mise à la disposition commandant de Groupe, comme troupe d'accompagnement. Rendez-vous est donné à cette compagnie à la tranchée de Magdebourg, dans la 2e position allemande ; jusque là, en effet, le Groupe n'effectuera qu'une marche d'approche sur un itinéraire collectif préparé par les soins du Groupement.
L'emploi du Groupe, qui sera Groupe d'aile gauche du Groupement Chaubès, ayant à sa droite d'abord le 7e, puis le 3e, ne doit commencer que pour l'attaque de la 3e position ennemie, au delà du ruisseau Fayaux.
L'action du Groupe est prévue jusqu'au Nord d'Amifontaine ; et en fin de journée, tout le groupement doit se replier en un point dit : de reconstitution, au S.-O. et près d'Amifontaine.
A 7 heures, le Groupe, passant à hauteur et à l'Est de la ferme du Temple, en queue du groupement, les chars en colonne par un, commence à tomber sous le feu de l'artillerie ennemie.
Le 5e C.A., avec lequel marche l'A.S.8, et tout le Groupement Chaubès, a enlevé la tranchée de la Plaine, et la tranchée de soutien immédiatement au Nord ; l'ennemi tient dans la tranchée suivante.
Le 1er Corps, qui attaque à gauche du 5e, ne parvient pas à déboucher sur le plateau de Craonne. Il en résulte que toute notre attaque de la plaine, qui a progressé, est prise de flanc par l'artillerie des plateaux et dominée par les observatoires terrestres ennemis.
A 7h15, le char 61125 (S-lieutenant Tuva) est atteint de flanc, à gauche, par un obus de 105 percutant qui éclate dans l'appareil, tue le mécanicien Morel, blesse le chef de char, le sous-chef et deux mitrailleurs.
A 7h45 environ, la tête de la colonne du groupement est arrêtée devant la tranchée de la Plaine sur laquelle le passage n'a pu être préparé en raison des tirs d'enfilade, reçoit un feu violent d'artillerie qui se prolongera toute la matinée. Plusieurs chars sont incendiés.
L'A.S.8 déboîte de la colonne et fait une tentative plus à l'Est ; cette tentative n'aboutit pas ; la compagnie d'accompagnement ne peut être retrouvée.
Le commandant de Groupe, descendu dans la tranchée et s'étant renseigné sur la situation, donne l'ordre de se replier provisoirement dans une position défilée, près des sources du Ployon.
Pendant ce mouvement, quatre chars sont encore mis hors de combat par le tir de l'artillerie ennemie ; 1 sous-officier et 1 servant sont tués, 3 servants sont blessés.
Au prix de grands efforts, 3 chars appartenant tous à la 4e batterie, sont ramenés, non pas aux sources du Ployon, reconnues marécageuses, mais à la lisière Nord du Bois de Beaumarais, à 1000m Sud de la ferme du Temple.
Le Groupe passe la nuit dans les chars, ou dans les abris à proximité.

17 avril 1917
Le Groupe est maintenu en réserve au Bois de Beaumarais.
Des reconnaissances de dépannage sont faites pendant la journée, aux appareils mis hors de combat et restés sur le champ de bataille. La situation de ces appareils, en pleine vue de l'ennemi, rend précaire l'étude qui peut être entreprise de leurs avaries. L'artillerie ennemie cherche à interdire, par de violentes rafales, l'accès des chars.
Dans la nuit des équipes de mécaniciens et de servants, commandés par l'officier mécanicien du Groupe, tente de nouveau de retirer, après réparation, quelques uns des chars démolis ; les avaries sont trop considérables pour que ceci puisse être réalisé. On se borne à emporter tout le matériel, les mitrailleuses et les munitions des chars.

18 avril 1917
En réserve au bivouac, au Bois de Beaumarais.

19 avril 1917
Même situation pendant toute la journée.
A 20 heures le Groupe quitte Beaumarais pour regagner Cuiry les Chaudardes ; la colonne comprend : 3 chars de la 4e batterie, 1 char de la 3e, 4 chars de la 1ère, 3 chars de la 2e.

du 20 au 23 avril 1917
Au cantonnement à Cuiry les Chaudardes. Révision et remise en état du matériel.

24 avril 1917
A 7 heures le Groupe se transporte par Maizy à Courlandon, à proximité duquel il s'installe au bivouac.

25 avril 1917
A midi le Groupe embarque en gare de Courlandon pour rentrer à Champlieu.

26 avril 1917
A 5 heures du matin, le Groupe débarque à Champlieu et reprend ses baraquements.

du 26 avril au 17 octobre 1917
Réorganisation du Groupe à Champlieu.
Transformation du matériel.
Perfectionnement de l'instruction.

17 octobre 1917
Le 8e Groupe embarque au Camp de Champlieu à destination de Condé sur Aisne pour prendre part à une offensive. Il est placé, pour cette opération prochaine, à la disposition du Général commandant la 43e D.I.
Il fait toujours partie du Groupement Chaubès ; de ce Groupement, deux autres Groupes : A.S.11 et A.S.12 participeront également à l'opération avec les divisions limitrophes.
Il comprend : 13 officiers (dont 3 stagiaires) et 100 sous-officiers et hommes de troupe.
Ordre de bataille des Officiers :
1. de Blic, active, Capitaine, commandant le Groupe
2. Courcelle, active, Capitaine, commandant en second
3. de Ravel, réserve, Lieutenant, commandant la 4e batterie 61326
4. Daher, réserve, Lieutenant, commandant la 1ère batterie 61200
5. Bussières, active, Lieutenant, commandant la 3e batterie 61118
6. Le Poëtvin, réserve, Lieutenant, commandant la 2e batterie 61339
7. Chaussat, réserve, Sous-lieutenant, chef de char 61205
8. Bugnard, active, Sous-lieutenant, chef de char 61341
9. Tuva, active, Sous-lieutenant, chef de char 61115
10. Halay, réserve, Sous-lieutenant, chef de char 61075
11. Delbeaux réserve, Sous-lieutenant, chef de char 61340
12. de Virel, réserve, Sous-lieutenant, chef de char
13. Clermont, réserve, Lieutenant, en surnombre.
Le Groupe est constitué en quatre batteries de 3 chars Schneider modifiés.

18 octobre 1917
Le Groupe débarqué dans la nuit, en pleine voie au Moulin Saint-Pierre 1800m Ouest de Vailly) sur une voie d'A.L.G.P. gagne sa position de rassemblement dans un vallon à l'Ouest de Vailly. Les chars, dissimulés sous les arbres fruitiers sont en outre camouflés par des toiles appropriées.
Le personnel, sauf une garde, est cantonné dans les caves de Vailly.

19 octobre 1917
Situation d'attente. Les officiers et sous-officiers effectuent des reconnaissances du secteur.
L'escadron de cuirassiers (11e escadron à pied du 9e Cuir) cantonné à Chassenny est donné à l'A.S.8 comme troupe d'accompagnement. Il vient de subir à cet effet un entraînement spécial d'un mois au Camp de Champlieu ; la collaboration est étroite.
Cet escadron entreprend les travaux de terrassement destinés à l'aménagement :
1° des voies d'accès vers les positions de départ.
2° des emplacements de départ Ces travaux ne peuvent s'exécuter que de nuit. Ils seront dirigés par des officiers du Groupe.

20 octobre 1917
Dans la nuit du 19 au 20, un obus de 150, destiné à une batterie d'artillerie lourde voisine atteint le chariot avant droit d'un char.
Les deux hommes de garde qui y dormaient n'ont eu aucun mal.
Le char est mis hors de service pour longtemps ; il est remplacé par un char de la S.R.R.

21 octobre 1917
Situation d'attente. Le jour J est retardé de 24 heures.

22 octobre 1917
Le Groupe quitte sa position de rassemblement à 22 heures. Les hommes dits "d'élite" sont avec leurs chars. Les sections d'accompagnement formant avant-gardes ont précédé les batteries pour effectuer sur les itinéraires déjà aménagés, les réparations nécessitées par les tirs ennemis.

23 octobre
Une seule colonne, de Vailly à hauteur de Jouy ; itinéraire : la grande route. A la bifurcation du chemin conduisant à la ferme Toty, chaque batterie s'arrête quelques minutes pour atteler un traîneau portant des bidons d'essence destinés à faire le plein aux positions de départ.
Les 3e et 1ère batteries s'engagent sur le chemin du Toty ; à 300m Sud de la ferme, près de laquelle avait été choisie la position de départ, elles tombent sous un tir d'interdiction extrêmement violent, à obus explosifs et toxiques. Le char de tête est atteint dans ses oeuvres basses et embouteille la colonne ; les trous d'obus se multiplient ; le marais empêche les chars de déboîter. Seuls parviennent à se tirer de là le char du Lieutenant Bussières, qui, risquant le tout pour le tout, déboîte par le marais et réussit à doubler ; le char du Lieutenant Daher et celui de l'Adjudant Florimond 61342 qui se retirent en marche arrière jusqu'à Jouy et prennent ensuite l'autre itinéraire.
Le char Bussières et le char Florimond prennent part au combat ; le char Daher sorti le dernier, est arrêté et maintenu en réserve par le commandant du Groupe, vu l'heure avancée (9 heures).
La 2e batterie ainsi que la 4e atteignent sans incident leur position de départ : carrière dite "des Obus". A 4 heures un char de la 2e est atteint par deux obus de plein fouet qui le mettent hors de combat et qui tuent le Maréchal des Logis Benoit, les canonniers Guichard et......, blessant grièvement le canonnier Wayouobe qui succombera le lendemain à l'ambulance de Condé sur Aisne.
L'heure H est 5h15. La 2e batterie quitte sa P.D. à 5h15 et est bientôt réduite à un seul char par la mise en panne du char du Sous-lieutenant Bugnard 61341 qui tombe dans un trou d'obus où un coup de l'artillerie adverse vient ensuite l'immobiliser. Le char Aubry 61336, à bord duquel est embarqué le commandant de la batterie atteint vers 7h30 la 1ère ligne d'infanterie, arrêtée sur son 1er objectif ; il est rejoint vers 9 heures par les 3 chars de la batterie Ravel, jusque là en réserve, et que le commandant de Groupe a engagés, puis par le char Bussières et plus tard le char Florimond.

A 9h15, ces six chars précédant l'infanterie, entament la 2e phase de l'attaque ; ils assurent leur service en avant des vagues d'assaut jusqu'à l'objectif final traversant dans toute sa longueur le plateau dit Chavignon, et ne s'arrêtent qu'au rebord septentrional de ce plateau, conformément aux ordres reçus. Dans cette progression sont à noter les actions suivantes : au sud de la forêt de Bellecroix, le char de la 2e batterie disperse une contre-attaque ennemie qui va déboucher ; au bois de Bousseux, le char 61340 du Sous-lieutenant Delbeaux prend à revers dans les pentes les Allemands qui gagnaient les abris ; le char Bussières réduit plusieurs nids de mitrailleuses.
L'équipe de dépannage, dirigée par le Sous-lieutenant de Virel escorte le Groupe jusqu'au bout, malgré des pertes sensibles.
Les liaisons ont été assurées efficacement, tant entre le commandant de Groupe (lequel est au P.C. de l'I.D.) et les batteries, qu'entre les batteries et les unités d'infanterie auxquelles elles sont affectées ; se sont distingués dans ce service : le Lieutenant Clermont, l'Adjudant Berthet et le Maréchal des Logis Haustraëte.
L'infanterie d'accompagnement et particulièrement les hommes d'élite des chars, ont été à la hauteur de leur tache.
A 11h30, l'objectif était atteint.
A 11h45, les commandants des bataillons d'attaque faisaient parvenir à leurs batteries respectives l'ordre de repli à la position de ralliement.
A 14 heures, tous les chars engagés étaient de retour à la carrière des Obus, à l'exception du char Bussières, resté en panne dans un trou d'obus, en lisère Sud du bois des Bousseux.
A 17 heures sur l'avis favorable du commandant de la D.I. le commandant de groupe donne l'ordre de regagner Vailly.
Les équipages des chars en panne bivouaquent auprès de leurs appareils sur le terrain ou dans l'abri le plus voisin.

24 octobre 1917
Travaux de dépannage des chars restés sur le champ de bataille, dirigés par le Lieutenant de Virel sous la responsabilité du commandant de Groupe resté également sur place.

25 octobre 1917
Même travaux

26 octobre 2017
Même travaux. Le dernier char (char Bussières) rentre dans la nuit.

27 octobre 2017
Le Groupe embarque à Missy-Condé.

28 octobre 2017
Le Groupe débarque à Champlieu.

du 28 octobre 1917 au 18 janvier 1918
Le Groupe quitte Champlieu par voie de fer pour se rendre au camp de l'A.S. du G.A.E. à Martigny-les-Bains (Vosges).

du 19 janvier au 11 avril 1918
Instruction avec les unités d'infanterie, au camp de Martigny.
Le 8e Groupe d'A.S. est l'objet en date du 28 janvier d'une citation à l'ordre de la 43e Division pour sa conduite aux combats du 23 octobre 1917.

11 avril 1918
Le 8e Groupe d'A.S. s'embarque à destination de La Faloise.

12 avril 1918
Débarquement du Groupe à La Faloise et bivouac à la lisière Sud du bois de St Martin.

13 avril 1918
Le Groupe se poste à 19 heures à la lisière Ouest du bois d'Ailly.

24 avril 1918
Le Groupe va se former en bivouac à la lisière Sud du bois des Varinois. (3 km Nord d'Ailly sur Noye).

Ordre de bataille du 8e Groupe A.S.
1. de Blic, active, Capitaine, commandant le Groupe
2. Daher, réserve, Lieutenant, Officier-adjoint
3. de Virel, réserve, Lieutenant, commandant l'échelon
4. Pepiot, active, Lieutenant, commandant la 1ère batterie
5. Le Poëtvin, réserve, Lieutenant, commandant la 2e batterie
6. Bussières, active, Lieutenant, commandant la 3e batterie
7. Halay, réserve, Lieutenant, chef de section
8. Delbeaux réserve, Lieutenant, chef de section
9. Chaussat, réserve, Sous-lieutenant, chef de section
10. Bugnard, active, Sous-lieutenant, chef de section
11. Tuva, active, Sous-lieutenant, chef de section
12. Florimond, réserve, Sous-lieutenant, chef de section.

25 avril 1918
Le Capitaine Compton du Tank Corps de l'Armée Américaine est affecté comme volontaire au 8e Groupe.

27 avril 1918
Le Groupe se porte à la lisière Sud du bois de Boves où il bivouaque.

9 mai 1918
Plusieurs rafales d'obus tombent sur le bivouac du Groupe blessant cinq hommes. Le Groupe se porte à 500m à l'Ouest dans le bois de la ferme "Le Cambos".
Blessés : Brigadiers Lethenet et Saint Martin. Canonniers Michel, Carasec, Garard Charles.

11 mai 1918
Le Groupe se porte au bois des Varmois où il bivouaque.

13 mai 1918
Le Lieutenant Le Poëtvin est évacué pour maladie.

19 mai 1918
Le Groupe se porte à un nouvel emplacement de bivouac, en lisière Ouest du bois de Berny, à 1200m Sud-Ouest de la ferme du bois d'Ereuse.

26 mai 1918
Le Lieutenant Daher est nommé au commandement de la 2e batterie, en remplacement du Lieutenant Le Poëtvin évacué sur l'intérieur.
Le Lieutenaux Delbeaux prend les fonction d'officier-adjoint.
La 2e batterie est détachée pour une période de 15 jours à la ferme St Nicolas, pour y faire des manœuvres avec l'infanterie.

3 juin 1918
La 2e batterie rejoint le Groupe, qui reçoit l'ordre de se tenir prêt à embarquer.

4 juin1918
Le Groupe se porte, par remorque Knox au bois de Conty pour y attendre son embarquement.

5 juin 1918
Le Groupe embarque à la nuit en gare de Conty.
Les camions et autos font mouvement par voie de terre.

6 juin 1918
Le Groupe débarque en gare de Betz et gagne par remorque Knox le cantonnement de Fosse-Martin où il se rassemble au complet.
Le Groupe fait partie depuis le 1er juin d'un Régiment d'A.S. portant le n° 502, sous le commandement du Chef de Bataillon Chaubès.

1er juillet 1918
Le Capitaine de Blic quitte le Groupe pour prendre le commandement du 1er Groupement.
Le Capitaine Ferrari adjoint au 2e Groupement prend le commandement du Groupe.

11 juillet 1918
Le Groupe reçoit l'ordre de départ pour 11 heures et gagne sur remorques Knox la gare de Betz. L'embarquement se fait de nuit. Tout est terminé à 4 heures. Départ le 12 à 5h20 sans incident.

12 juillet 1918
Le Groupe arrive à Chalons à 21h10. Le débarquement est terminé à 22 heurs et les chars se rendent, par leurs propres moyens, jusqu'à Villers-aux-Corneilles où le Groupe est cantonné.

16 juillet 1918
Le Lieutenant de Virel est détaché à la Brigade. Le Lieutenant Halay prend le commandement de l'Echelon. L'Aspirant de Penarsi commande la section.

21 et 22 juillet 1918
Le Groupe reçoit l'ordre de départ à 6 heures. Départ sur Knox à 13 heures et embarquement à Chalons à 15 heures. Départ à 18 heures.
Le Groupe arrive en gare de Germaine à 21 heures. Deux Groupes sont embarqués sur la même rame : le 9e et le 8e. Le 8e Groupe débarque le premier. Notre débarquement se termine le 22 juillet à 2 heures. Les chars restent près de la gare jusqu'au petit jour. Les chars sont placés dans un sentier forêt de Reims et les hommes du Groupe sont cantonnés au camp des Tuileries.

27 juillet 1918
Le Groupe reçoit l'ordre de départ et embarque en gare de Germaine à minuit.

29 juillet 1918
Le Groupe arrive en gare de Poivres le 29 à 6 heures après avoir passé la journée et la nuit du 28 en gare de Sommesous. Le débarquement est terminé à 7h30 ; les chars suivent la route et sont placés sur des fosses au camp de Mailly. Les hommes sont logés dans les baraquements.

1er août 1918
Le Groupe reçoit l'ordre d'embarquer. L'embarquement est terminé à 17 heures. Le Groupe quitte la gare de Poivres à 19 heures.

2 août 1918
Le Groupe arrive en gare de Damery à 4 heures. Le débarquement se fait aussitôt. L'emplacement où nous devons nous poster est le bois de Rancy. Six remorques Knox sont mises à notre disposition sur lesquelles prennent place 4 chars de la 3e batterie et 2 chars de la 1ère. Ces chars sont débarqués près de près de Chatillon. Ils gagnent par leurs propres moyens le bois de Rancy. L'ennemi ayant abandonné les positions sur lesquelles le Groupe devait être engagé, contre-ordre est immédiatement donné et les autres chars restent à Damery.
Le commandant de Groupe donne l'ordre aux commandants de batteries qui ont des chars dans le bois de Rancy de rejoindre Chatillon. Les chars arrivent vers 18 heures et sont placés dans une allée à la sortie Nord du village. Les hommes sont logés dans les maisons abandonnées.

3 août 1918
Les chars retournent à Damery, même emplacement qu'au départ.

11 août 1918
Le Groupe reçoit l'ordre de départ et se porte vers la gare à 23 heures.

12 août 1918
L'embarquement commence à 4 heures du matin et ne se termine qu'à 9 heures par suite du mauvais état de certains trucs dont le plancher s'effondre sous le poids des chars. Le 3e Groupe est embarqué dans notre rame.

13 août 1918
Le Groupe arrive à 4 heures du matin à un passage à niveau près de la gare de Tricot où il débarque. Des remorques Knox sont mises à notre disposition pour le transport.
Le Groupe doit se porter au bois de la Côte 99 (route Nle 30 de Rouy à la Capelle). Le chargement fait, les remorques passant par Montdidier arrivent au bois vers 13 heures. Les derniers chars sont placés à 17 heures. Liaison immédiate avec la Division et l'infanterie.

14 août 1918
Le Groupe est affecté à la 60e Division qui tient un secteur allant de Robincourt à Tilloloy. Cette division comprend 3 régiments : le 202e R.I. qui tient le secteur Nord, le 248e R.I. le secteur Sud et le 225e R.I. en réserve.
A 13 heures le commandant de Groupe, l'officier adjoint et les commandants de batteries partent en reconnaissance. Les liaisons sont faites d'abord avec les Colonels commandants les régiments ensuite avec les chefs de bataillons en ligne. Un officier et 40 chasseurs du 19e Bataillon nous sont détachés comme infanterie d'accompagnement.

15 août 1918
Les reconnaissances sont terminées et les liaisons faites. Le Groupe attaque avec ses 3 batteries : 2 batteries avec le 202e R.I. (2e et 3e), 1 batterie avec le 248e (1ère batterie).
Les reconnaissances de terrain n'ont fait envisager l'action des chars que pendant la 2e phase ; un système de tranchées infranchissables les empêchant de travailler sur le 1er objectif. Toutefois les batteries Pepiot et Daher partiront dès l'heure H pour permettre à l'infanterie de déboucher . Sur une profondeur de 600m le terrain paraît être assez bon.
Le Groupe doit se porter à ses positions de départ dans la soirée par une piste faite la veille par le Génie.
Positions de départ :
1ère batterie : bois des Loriots
2e batterie : bois des Moineaux
3e batterie : bois des Merles.
Itinéraire : Côte 99 - Route Nle 30 jusqu'en 75.98 - chemin de terre jusqu'en 81.94.
Pour la 1ère batterie : piste aménagée jusqu'au bois des Loriots. Pour la 2e batterie : piste jusqu'au bois des Moineaux. La 3e batterie : bois des Merles.
A 20 heures, au moment où le groupe s'apprêtait à partir, contre-ordre est donné par la Division ; l'attaque n'aura pas lieu disait la note. Situation d'attente.

16 août 1918
Situation d'attente pendant la matinée. A 14 heurs une note de la Division donne l'ordre au Groupe de se porter sans retard aux positions de départ. A 14h30 le Groupe quitte la position de rassemblement. Les "hommes d'élite", deux par char et l'infanterie d'accompagnement suivent. Seule l'infanterie affectée à la 1ère batterie part en avant avec l'officier adjoint pour continuer la piste. D'après les renseignements de la Division, l'ennemi est en retraite.
Les batteries arrivent à leur position de départ à 16h30. Les liaisons se font immédiatement avec les chefs de bataillons. Au même moment le Lieutenant Bussières est grièvement blessé. Sa batterie venant d'être installée, sortant de son char il allait se mettre en liaison avec son chef de bataillon. Une rafale d'obus de gros calibre s'abat sur le bois des Merles. Un obus éclate tout près de lui arrachant une jambe, le blessant assez grièvement à l'autre. Après un pansement sommaire fait sur place on le conduit à un poste de secours tout proche où les premiers soins lui sont donnés.
En même temps que lui étaient blessés le Sous-lieutenant Tuva (blessé légèrement au pied) et le mitrailleur Pilière (assez grièvement à l'épaule).
La batterie Pepiot est en liaison avec le commandant du 5e Bataillon du 248e. Il reçoit l'ordre suivant : Aidez enlèvement du 1er objectif puis progression sur objectif n° 2. Exécution immédiate.
A 17h30 la batterie quitte la P.D. et par une piste aménagée arrive au point 07.42 (route Tilloloy - Raucourt), les chars sont à hauteur de la 1ère vague d'infanterie, ils se déploient sur la grande route vers le Sud et ouvrent le feu sur des mitrailleuses ennemies qui tirent du bois D. Les mitrailleuses sont vite réduites. La batterie essaie d'avancer, mais les tranchées sont infranchissables ; un char (aspirant de Pennes) reste en panne sur un boyau. L'infanterie progresse derrière.
A 20 heures, la nuit étant proche et ne pouvant plus aider l'infanterie, le commandant de batterie dirige les trois chars restants sur le bois des Loriots et ensuite sur le bois des Merles où ils arrivent à 22h30.
La batterie Daher est en liaison avec le colonel du 202e R.I., il reçoit l'ordre suivant : Aidez l'infanterie à la conquête du 1er objectif et progresser sur le 2e objectif.
A 18 heures, la batterie quitte la P.D. et sous un feu violent d'obus arrive à la grand route Tilloloy - Raucourt au carrefour (point 07.92). Deux chars remontent la route vers le Nord et tirent au canon et à la mitrailleuse sur des mitrailleuses ennemies qui font feu des tranchées. Ces mitrailleuses réduites la batterie ne peut progresser sur les tranchées dont le franchissement est reconnu impossible, elle continue sa route vers le Nord où, 200 mètres après, le char de tête est arrêté par une forte barricade.
La nuit arrivant, il est 20h30 le commandant de batterie donne ordre aux chars de rentrer au P.D. au bois des Pies.
La batterie Bussières, commandée par le S-Lieutenant Florimond reçoit l'ordre du commandant de Groupe de rejoindre la 2e batterie au bois des Pies, de se porter en avant toujours à sa suite et de se déployer à sa gauche dès que le terrain le permettra.
Arrivé au carrefour côte 07.92 la batterie ne peut se déployer et rentre au bois des Pies.
La nuit est employée à la révision des chars. Le char 61294 de la 2e batterie en mauvais état est remplacé par le char 61200 de l'échelon.
Dans la nuit le Capitaine commandant le Groupe qui se trouve sur les lieux, donne l'ordre de pousser les pistes le plus avant possible pour permettre aux chars d'aider l'infanterie si elle se porterait en avant. Les pistes sont préparées.

17 août 1918
A 4h30 la batterie Pepiot se porte à sa nouvelle P.D. au bois des linottes ; il lui reste comme effectif 3 sous-officiers et 11 hommes, tout le restant est blessé ou intoxiqué.
A 5h30 la batterie est en liaison avec le commandant du 6e bataillon du 248e R.I. qui a relevé le 5e pendant la nuit. La piste est poussée au fur et à mesure de l'avance de l'infanterie mais les chars ne peuvent déboucher à cause du système de tranchées.
A 5 heures, les 2e et 3e batteries par une piste construite dans la nuit par les pionniers du 202e R.I. arrivent à leur nouvelle position de départ (bois 03.97). La 1ère batterie (Daher) et la 3e Batterie (Florimond) sont en liaison avec le commandant du 6e bataillon du 202e R.I.
Vers 7 heures le bois est violemment bombardé, le char du Lieutenant Bugnard est éventré par un obus.
Situation d'attente jusqu'à 11h30. A cette heure, les commandants de batteries reçoivent l'ordre suivant du commandant de Groupe : Vous ne participerez pas à l'attaque du système de tranchées, vous aiderez l'infanterie à s'emparer des positions comme il était convenu dans le plan d'engagement.
Les divisions voisines n'ayant pas progressé, notre infanterie qui est en flèche ne peut avancer ; elle est clouée par les mitrailleuses ennemies qui tirent de flanc.
A 21h30 le Colonel commandant l'I.D. téléphone de faire rentrer les chars à la P.R. Tous les chars, sauf un (char de l'Aspirant Penard), vont à la P.R. côte 99.

19 août 1918
Dans la nuit du 18 au 19 le char en panne est ramené par les soins de l'échelon.

20 21 et 22 août 1918
Révision du matériel. Presque tous les chars sont indisponibles.
Quelques obus. Aucun blessé.

23 août 1918
Le Groupe se transporte tout près de Montdidier où il doit être embarqué. Pendant le trajet un léger incident se produit. Au passage à niveau (dans Montdidier) un char de la 1ère batterie conduit par le canonnier Bandat entre en collision avec une locomotive. Peu de mal au conducteur qui néanmoins est évacué. Le char ne peut continuer la route, la chenille est brisée. Les réparations commencent de suite.

24 août 1918
Le char rentre par ses propres moyens au bivouac.
Le soir à 20 heures, le Groupe embarque près de Mouchel ; tout est terminé à 23 heures. Le 3e Groupe embarque sur la même rame.

25 août 1918
Le Groupe arrive à 19 heures en gare (camp de Mailly), il débarque aussitôt et à 24 heures tout est rentré (sauf un char qui est évacué) au camp de Poivres, notre nouveau cantonnement.