1930    CHAR B1
 
Le char B est né d'une proposition faite par le général Estienne en 1920, qui porta à la commande, en 1926, trois prototypes d'un char résultant de la juxtaposition d'éléments de différentes firmes, comme la suspension et la transmission de Schneider et le moteur de Renault. Il devait en résulter un char d'une grande mobilité, armé d'un 75 sous casemate et d'un armement secondaire sous tourelle. La commande, confirmée en 1927, se concrétise en 1930 par la sortie de l'Arsenal de Rueil (maître d’œuvre) du premier prototype, bientôt suivi de deux autres.
A l'origine, le char pèse 25 tonnes et son équipage est de 4 hommes. Il est protégé par 25 mm de blindage et son moteur de 180 cv lui permet de rouler à 45 km/heure. Un réservoir de 800 litres de carburant lui assure 12 heures d’autonomie. L'armement comportait, outre le canon de 75 court, deux mitrailleuses à l'avant et deux en tourelle.
Le général Estienne qui le conçut, en fit un char de conception originale. Le canon de 75mm et la mitrailleuse en casemate sont pointés en direction par déplacement du char. Les chenilles enveloppantes lui permettent d'évoluer très aisément en tout terrain.
Les premiers essais ont lieu en 1931 à Mourmelon. On décide bientôt de porter le blindage à 40 mm et de remplacer les mitrailleuses en tourelle par un canon de 47 court. En 1935, la situation militaire exige le lancement immédiat de la production en série, tandis qu'on poursuit les études en vue d'accroître la puissance de l'engin.
Adopté en 1934, à l'issue d'une longue gestation, une première commande de 7 exemplaires est notifiée le 6 avril. Le premier modèle de série sort en 1936. Le B1 est armé d'un canon de 75mm ABS Modèle 29 en casemate et d'une mitrailleuse de caisse. La tourelle APX 1 est équipée d'un canon de 47mm SA 34 et d'une mitrailleuse de 7,5mm Châtellerault, modèle 31.
Le char est motorisé par un Renault 6 cylindres de 250 CV. Le blindage a une épaisseur maximum de 40mm.
Le B1 est équipé d'un crochet de remorquage. Une remorque de carburant destinée à accroître l'autonomie fut testée mais non retenue.
Une deuxième commande de 20 exemplaires, est passée en décembre 1934. Le 29 avril 1935, une troisième commande de 5 engins supplémentaires porte le total de la production à 35 exemplaires (3 prototypes compris).
La numérotation s'échelonne de 101 à 135. Le matricule est peint sur l'essieu avant sous le canon de 75, et sur la porte latérale. Le numéro 101 construit en acier doux ne sera jamais opérationnel et sert à diverses expérimentations telles que des essais de surblindage, de résistance aux mines et finalement de maquette au projet B1 ter.
Les chars de type B1 entrent en service dans l'armée française entre 1936 et 1937, ils équipent le 2e bataillon du 511e RCC (devenu le 37e BCC 1939). Le 37e BCC sera équipé de B1 bis au printemps de 1940, les B1 mis en réserve sont réarmés d'un canon de 47 mm SA 35.
Une partie de ces chars formera une compagnie de marche (Compagnie Gaudet) et sera engagée dans les combat de Rethel, les autres compléteront la 347e Compagnie Autonome de Chars de Combat mais les matériels usés auront bien du mal à monter en ligne.
Une instruction du général Keller, datée du 6 juin 1940 prévoyait d'affecter 2 chars B1 à chaque formation de chars B1 bis pour renforcer les moyens de sauvetage de la compagnie d'Echelon. Il ne semble pas que cette note ait pu être mise en application.

La technique
La caisse du B1 est formée d'éléments en acier boulonnés et de plaques blindées : le train de roulement est protégé par de grandes plaques de blindage. La caisse est divisée en deux parties par une cloison pare-feu ; les quatre hommes d'équipage se trouvent à l'avant, le moteur et la transmission sont dans la partie arrière. Le pilote, qui est aussi le tireur du canon de 75, dirige le char et pointe en direction au moyen d'un volant de conduite relié par des arbres à chaîne au système hydrostatique Naëder. Un volant de pointage lui permet d'affiner la mise en direction du canon de 75 mm, monté derrière un masque boulonné sur la plage avant, sur la droite de la caisse. Le pointage en hauteur de la pièce déplace, grâce à un système de bielles, la lunette de tir placée dans le poste de pilotage, parallèlement à la pièce elle-même.
Dispositif peu commun pour l'époque, le système à air comprimé Luchard évacue instantanément la fumée après le départ du coup. A droite du canon se trouve une mitrailleuse fixe qui peut être actionnée par le pilote mais aussi par le chef de char. Cette arme peut être pointée en site grâce à une sorte de boucle montée sur un support.
Un chargeur sert toutes ces armes : il visse les fusées sur les obus de 75 mm et charge l'arme, approvisionne la mitrailleuse, et lorsque le chef de char a épuisé les munitions du canon de 47 à sa disposition en tourelle, il doit les recompléter. Positionné à genoux derrière le conducteur, sa place est particulièrement inconfortable en tout-terrain.
Le chef de char, seul en tourelle, dispose d'un 47 mm semi-automatique modèle 34 couplé à une mitrailleuse calibre 7,5 à pointage électrique. Cette tourelle APX 1 est similaire à celle montée sur le char Renault D2
Le radio-télégraphiste, tout comme le chargeur, est assis au-dessous du chef de char et dispose d'un émetteur-récepteur.
Le maniement du B1 nécessite un apprentissage long et une excellente cohésion entre les divers membres d'équipage.
Le chef de char est un officier, accompagné par des sous-officiers gradés d'active.
La porte d'accès principale se trouve sur le côté droit du véhicule ; le pilote a un volet au dessus de sa tête et le chef de char a à sa disposition la porte arrière de la tourelle. Un trou d'homme est ménagé dans le plancher ; il y a également des trappes pour l'évacuation des douilles et une autre issue de secours se trouve sur le toit du compartiment moteur.
Le compartiment moteur est divisé en trois parties. Le moteur et la transmission occupent la partie centrale. A droite, un étroit couloir conduit, par une porte pratiquée dans la cloison, aux indicateurs de niveau du carburant et à une partie des munitions. Toujours sur la droite, il y a deux réservoirs étanches ; un autre est placé sur le côté gauche où se trouvent deux radiateurs et deux ventilateurs qui aspirent l'air extérieur à travers une grille blindée sur le flanc gauche du char.
En sus de l'habituel démarreur électrique, le moteur Renault 6 cylindres type aviation est équipé d'un dispositif à air comprimé original pour la mise en route. L'ensemble boîte de vitesses et transmission, directement relié au réducteur, amène le mouvement à chacun des barbotins par l'intermédiaire d'un différentiel auxiliaire contrôlé par le système hydrostatique Naëder pour la direction. Ce système très évolué régule l'énergie fournie à chaque chenille et permet les changements de direction précis nécessaires au pointage en direction du canon de 75 mm. Très sophistiqué par rapport aux ressources techniques de l'époque. Ce système amènera de nombreux déboires provoqués essentiellement par le manque d'instruction des équipages. Un inconvénient majeur est la nécessité de maintenir le moteur en marche pour pointer le canon de 75 d'un engin dont l'autonomie est déjà très limitée. L'augmentation de puissance moteur du B1 bis aggravera encore ce problème.
Des freins à tambour à servofrein (bandages à sec) montés sur les différentiels auxiliaires permettent aussi au pilote les changements de direction.
La suspension comprend de chaque côté quatre galets tendeurs et trois chariots porteurs, chacun composé de quatre galets couplés en balanciers articulés en leur centre et reliés à de gros ressorts verticaux. La poulie de tension, à l'avant, est montée sur ressort (ce qui était inhabituel), et la tension de la chenille peut se faire de l'intérieur du char. Un tel train de roulement implique une lubrification importante, facilitée par un système de graisseurs réunis en quatre groupes, et un entretien constant.

Il ne subsiste aujourd'hui qu’un seul exemplaire du B1 à l'état d'épave qui devrait être restauré par l'ASPHM à La Wantzenau (67).

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
Constructeur Renault et les F.C.M. (Forges et Chantiers de la Méditerranée)
Production : 35 exemplaires
Période de production : décembre 1935 à juillet 1937
Type char lourd

                                                                    ARMEMENT
Équipage : 4 hommes
Longueur (m) : 6,37
Largeur (m) : 2,50
hauteur (m) 2,79
Poids en ordre de Combat (kg) : 28 000
Blindage : 40mm
Équipement : radio ER53

Armement principal : 1 canon de 75mm ABS 1929 en casemate (V° 220m/s), 1 canon de 47 mm SA 34 en tourelle (V° 450m/s)
Munitions : 74 obus de 75     50 obus de 47
Performances de l'obus de 47mm : 25mm de blindage sous 30° à 400m
Rotation (degrés) canon de 75 : 0°                                    canon de 47 : 360°
Élévation (degrés) : -15° à+25°                                      -18° à +18°
Rotation (360°) : 20 s.
Armement secondaire : 2 mitrailleuses de 7,5mm
Munitions : 5100 coups

MOBILITE
Moteur : Renault
Type & Cylindrée : 6 cyl
Rapport poids/puissance : 8,9 cv/t
Puissance (max.) : 250
Boite de vitesse : 5 avant, 1 arrière
Carburant : Essence
Autonomie (km) : 200
Consommation (litres/100km) : 200
Capacité carburant (litres) : 400
Vitesse sur route : 28 km/h

 

Chenilles : 63 patins
Largeur chenille : 0,45
Pression au sol : 13,9 kg/cm²
Garde au sol (m) : 0,48
Pente (degrés) : 30°
Obstacle Vertical (m) : 0,93
passage à gué (m) : 1,05
franchissement (m) : 2,75

 

 

Le dernier B1 existant préservé dans les locaux de l'ASPHM

 

COMPOSITION DU 2e BATAILLON DU 501e RCC
  Compagnie Hors Rang  
107 REIMS 119 BÉARN 121 BOURGOGNE
     
4e Compagnie 5e Compagnie 6e Compagnie
102 ARMORIQUE 106 METZ 103 LORRAINE
105 STRASBOURG 108 DIXMUDE 104 VERDUN
115 ARDENNES 112 MULHOUSE 109 NANCY
125 PROVENCE 113 COLMAR 110 BELFORT
128 FLANDRES 114  BRETAGNE 111 DUNKERQUE
129 LANGUEDOC 133 FRANCHE-COMTE 116 NORMANDIE
133 NIVERNAIS 123 ALPES 117 VENDÉE
134 CHAMPAGNE 126 PYRÉNÉES 118 AUVERGNE
124 DAUPHINÉ 130 ILE DE FRANCE 122 ALSACE
  135 MORVAN 127 JURA
    131 TOURAINE
    132 POITOU

 

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