1929 CHAR RENAULT D1
Le "Char D1" Renault est le char léger développé en 1928, sur demande de la Direction de l'Infanterie, à partir du Renault NC 29. Ce dernier, destiné à l'exportation, est un FT dont les trains de chenilles ont été remplacés par de nouveaux trains à grands ressorts verticaux. Le D1 s'en distingue par une nouvelle coque plus large et par une nouvelle tourelle.
L’équipage est de 3 hommes : le chef de char, le conducteur, le radio-télégraphiste. Ce 3e homme explique la coque plus large.
Son poids est de 14 tonnes.
Les dimensions sont les suivantes : longueur H.T. : 4810 mm ; largeur H.T. : 2160 mm ; hauteur H.T. : 2400 mm (hauteur caisse : 1550 mm)
La coque de forme très simple est en plaques planes boulonnées sur un cadre cornière. Elle ne comporte pas de volumes surplombant les chenilles. Le poste conducteur forme saillie sur le glacis selon une disposition qui sera reprise par de nombreux chars. À l'arrière, le capot moteur est en pente. Le char peut être équipé d'une queue de franchissement. Il comporte normalement une grande antenne cadre triangulaire coté droit.
Le blindage est de 30 mm dans les parties exposées.
Le D1 est armé d’un 47 SA en tourelle. On lit couramment qu'il s'agit d'un 47 SA 34, ce qui est inexact. En fait, les premières tourelles ST (section technique) sont équipées du "47 pour ST2" qui est un 47 modèle 1892 de Marine raccourci. Par contre les tourelles de série, livrées seulement en 1936 sont effectivement équipées d'un 47 SA 34. La tourelle comporte une mitrailleuse autonome. C'est une tourelle dite "à deux armes".
La tourelle définitive ST2 est moulée. Sommairement, elle a une forme de baquet retourné, mais sa forme détaillée est complexe. C'est une tourelle à 3 niveaux de vision. Ce sera le gros échec de ce char, échec dénoncé même au niveau le plus élevé et qui aura des conséquences graves sur la suite. Elle est dans l’axe du char. Notons que les premières ST2 disposent d'un tourelleau plat, en forme d'assiette renversée, au lieu du "bonnet chinois" qui équipe les suivantes.
En attendant sa tourelle définitive, le D1 est équipé de tourelles pour FT, moulées ou rivetées.
La chenille est droite et se caractérise par sa suspension typique à grands ressorts verticaux, normalement cachés par le coffrage de protection. On distingue au sommet de ce dernier, les nombreux bossages qui tiennent les ressorts et les balanciers. Le barbotin est à l'arrière et la roue tendeuse, au bout d'une longue pince en U, à l'avant. Le D1 a 15 roues de route par coté. Il n'y a pas de galets support mais des glissières en bois dur.
Peu fiable, de faible puissance, inconfortable, mal conçu, peu performant en tout-terrain, déjà usé lorsque les tourelles définitives furent livrées, le D1 n'a pas laissé un souvenir impérissable à ses utilisateurs et n'a pas marqué comme il l'aurait dû la doctrine française d'emploi des chars.
Les chars D1 sont affectés aux 507e, 508e et 510e RCC .
Dès 1937, le char D1 est déclassé et l'ensemble du matériel est envoyé en Afrique du Nord où ce matériel peut encore faire face à la menace italienne.
Trois bataillons de 45 chars, les 61e, 65e et 67e BCC sont rattachés au dépôt n° 521 de Bizerte.
En juin 1940, le 67e BCC, est rapatrié en métropole. Il affronte les chars allemands le 12 juin et subit de lourdes pertes. Les 43 chars du bataillon sont détruits.
Après l'armistice, les 61e et 65e bataillons sont transférés en Algérie et, à leur dissolution, les D1 sont ventilés au 2e RCA (45 chars) à Mascara puis Oran, au 4e RCA (15 chars) à Tunis, au 5e RCA (35 chars) à Alger et les 12 derniers à l'école de cavalerie d'Alger.
Les D1 du 2e RCA affrontent les Américains à Saint Lucien (sud-est d'Oran) lors de l'opération Torch le 9 novembre 1942. Les D1 totalement obsolètes subissent des pertes sévères.
Les chars survivants, ainsi que les chars des 4e et 5e RCA, combattent ensuite les troupes italo-allemandes en Tunisie au sein de la Brigade Légère Mécanique 14.