HISTORIQUE

              DU IIIe GROUPE du 68e RÉGIMENT D'ARTILLERIE
 

 Sources : Archives d'Henri COTTENCEAU

Le Groupe III/68e de l'Artillerie de la 1ère Division Blindée s'embarque à MERS-EL-KÉBIR le 8 août 1944. 
En vue des côtes de Provence, le 15 août 1944, à 16 heures, il commence son débarquement sur les plages de la NARTELLE le 16 août au matin.
Toujours sur la brèche depuis cette date sous les ordres du chef d'escadron ELIET, puis du chef d'escadron BERTRAND, le groupe a travaillé au profit de la totalité des divisions et des troupes spéciales de la 1ère Armée française.
Ses commandants de batterie, ses observateurs, ses officiers ou agents de liaison, mêlés aux premiers rangs des chars ou de l'infanterie.
Ses chars observatoires prenant part au combat parmi les pelotons de tête.
Ses avions d'observation sans cesse en action au profit de tous.
Il a été constamment l'objet des appréciations les plus flatteuses de ses camarades de combat pour l'appui toujours efficace et souvent décisif qu'il leur a donné avec abnégation.
A peine débarqué, il participe avec la seule 9e batterie disponible à la prise de PEYPIN, le 23 août 1944.
Il franchit le Rhône les 30 et 31 août à AVIGNON et VALABRÈGUE.
Lancé à toute allure vers le Nord par la route des CÉVENNES, traversant ALÈS, GENOLHAC, YSSINGEAUX, SAINT-ÉTIENNE, sous les acclamations de la foule.
Par un itinéraire de montagne particulièrement dur, le groupe accomplit un raid de 480 kilomètres en moins de trois jours.
Matériel au complet, il est à LACHASSAGNE le 3 septembre.
Il surprend et décime les colonnes ennemies remontant de LYON.
Ecrase sous ses feux les défenseurs de ANSE, dont les zouaves s'emparent ;
Ouvre la route de VILLEFRANCHE aux tanks destroyers devant lesquels 2.500 Allemands mettent bas les armes.
Pourchassant l'ennemi sans trêve, lui portant de durs coups :
- le 7 septembre la 7e batterie du capitaine HONSEL détruit un train blindé en gare de SAINT-BERAIN ;
- le 14 septembre le groupe appuie de ses feux la prise de GRENANT - SAULLES - BELMONT, âprement défendus ; il atteint LURE le 19 septembre.
En un mois il a parcouru en combattant plus de 1000 kilomètres.
Du 19 septembre au 1er octobre, La COTE - PALANTE - MAGNY D'ANIGON sont autant de combats victorieux où le III/68 se distingue.
Le 30 septembre, les observateurs avancés des 8e et 9e batteries, encerclés dans la chapelle de RONCHAMP, brisent à courte distance les plus furieux assauts de l'ennemi. Ils font, par leur calme et leur virtuosité, l'admiration de leurs camarades du 1er Zouaves.
Puis du 4 octobre au 8 novembre, ce sont les durs combats dans la forêt vosgienne, jalonnés par le col du MORBIEUX, la Tête du GEHAN, CHATEAU-LAMBERT, RAMONCHAMP, le col du MESNIL, le ROUGE GAZON, MENAURUPT, ROCHESSON, où, appuyant successivement le 1er régiment de chasseurs parachutistes, le C.C. I, la 3e D.I.A., le C.C. 2, les commandos de France, poussant toujours au plus près, malgré les pluies diluviennes, un terrain presque impraticable aux blindés, commandants de batteries, lieutenants DAUXIN et GIMENEZ et leurs équipes de liaison, lieutenant GUÉRIN et son équipe d'observation, soudés aux fantassins dont ils partagent la peine et la gloire, le groupe prend une large part à des succès chèrement remportés.
A PONT-DE-SAULX, le 4 octobre 1944, les 8e et 9e batteries déployées à 800 mètres d'un observatoire ennemi, sont sévèrement bombardées.
Sans désemparer, le groupe est poussé par VESOUL - BAUME-LES-DAMES sur le LOMONT où, appuyant la 9e D.I.C. par un temps affreux, il perce le front ennemi le 15 novembre à ÉCURCEY.
Remis à la disposition du C.C. 2, c'est, du 16 au 23 novembre, la bousculade de l'ennemi de DELLE à MULHOUSE par :
- MORVILLARD, où la 7e batterie, par un tir fusant foudroyant, sort littéralement l'ennerni de positions où il s'était accroché toute la journée ;
- BREBOTTE ;
- VELESCOT, où la 8e batterie, par une nuit d'encre, bloque et refoulé, désemparée, une puissante contre-attaque parvenue au centre du village sur les arrières des zouaves ;
- BISEL.
Nos lignes de communications temporairement coupées à COURTELEVANT ne sont pas un obstacle pour la C.R. du capitaine BERTRAND qui, franchissant les barrages ennemis, assure sans défaillance le ravitaillement du groupe.
Puis c'est la période de stabilisation autour de MULHOUSE, marquée par les affaires :
- d'HABSHEIM, le 24 novembre, la 7e batterie du capitaine HONSEL cloue net au sol, une puissante attaque d'infanterie et de blindés débouchant à courte distance des couverts de la forêt de LA HARDT ;
- de l'ILE NAPOLÉON, du 25 novembre au 1er décembre.
Le capitaine GUITTON et les observateurs de la 8e batterie aux avant-postes du 1er zouaves, puis des tirailleurs de la 4e D.M.M. bloquent toutes les attaques de l'ennemi et maintiennent l'intégralité de cette position, clé de Mulhouse ;
- de GRUNHUTTE, après une progression pénible, tirailleurs de la 4e D.M.M. et chars du C.C. 2. sont durement contre-attaqués et encerclés, le 3 décembre à la maison forestière. Le décrochage se fait sous la protection des feux du groupe.
Sur 4 kilomètres, en pleine forêt, de GRUNHUTTE à PONT-DU-BOUC, un encagement regressif, coordonné par le Poste Central de Tir du capitaine DELSERIES, est déclanché. Le lieutenant LECOULS, à l'arrière-garde avec son char observatoire, règle pas à pas, à quelques mètres de lui, des tirs d'une efficacité, d'une puissance et d'une précision telles qu'aucun blindé ennemi, pourtant supérieur en puissance, ne peut s'opposer au décrochage.
A minuit, il passe, le dernier, le canal à PONT-DU-BOUC, ayant sauvé les survivants de GRUNHUTTE.
Ce brillant fait d'arrnes, au cours duquel le groupe a tiré 1500 coups de canon, suscite l'enthousiasme des tirailleurs et chasseurs et vaut au lieutenant LECOULS la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.
- de KEMBS, le 4 janvier 1945, à 3 heures du matin, le village est attaqué et rapidement encerclé par une compagnie d'élite allemande qui attaque à la grenade et au lance-flamme. Toutes les communications coupées, le commandement reste en liaison avec la garnison grâce au réseau radio de l'artillerie. 
Le capitaine GUITTON s'y porte à pied, en pleine nuit.
Ses observateurs entourent le village d'un cercle de feu infranchissable.
Le char observatoire rnitraille et canonne l'ennemi à moins de 50 mètres. Au milieu de l'infanterie et des tanks destroyers, il nettoie le village et refoule, avec des pertes sévères, les assaillants sur le Rhin.
C'est ensuite la réduction de la poche de COLMAR.
Le 21 janvier 1945, sous une tourmente de neige épouvantable, les commandos d'Afrique, un instant bousculés par des troupes de montagne d'élite, dans leur attaque sur CERNAY, ne peuvent se regrouper que grâce à l'action
foudroyante des tirs d'arrêt du groupe, déclanchés à vue par le lieutenant LECOULS resté seul à l'arrière-garde avec son équipe d'observation.
Toujours au milieu des plus terribles intempéries, dans 40 centimètres de neige, c'est, du 23 janvier au 4 février, la dure et lente progression dans les cités de Mines de potasse où le groupe appuie avec le maximum d'efficacité la 2e D.I.M. puis le C.C. 2.
12.700 coups sont tirés dans cette période.
Les fusées POZIT exercent des ravages parmi les rangs allemands.
Depuis presque six mois le groupe a combattu sans trêve et sans répit.
Un court repos à RÉCHÉSY est à peine suffisant pour détendre le personnel et reviser le matériel.
Et c'est enfin la campagne d'ALLEMAGNE où les qualités manoeuvrières du groupe, l'audace de ses capitaines et observateurs, la foudroyante eflicacité et la précision de ses tirs, contribuent pour une large part aux magnifiques
succès de la 9e D.I.C. et du C.C. 2.
Le RHIN est franchi le 6 avril à LUDWIGSHAFEN.
KARLSRUHE-OTTENAU-BADEN-BADEN-LE HORNISSE GRINDE, au sommet de la Forêt Noire-FREUDENSTADT-ROTTWEIL-Le passage du DANUBE à TUTLINGEN-STOCKACH-SOLGAU-LAUPHEIM-LEUTHIRCH-KEMPTEN jalonnent ses étapes victorieuses.
Le 8 avril, à ITTERSBACH, la 9e batterie du capitaine LECOULS détruisant une batterie de 88 Flak et une batterie de 40, a été "à la base de la prise de cette position qui bloquait l'avance de deux détachements blindés" écrit le
colonel commandant le 5e chasseurs.
Le 10 avril, à MOSBRONN, ce même chef de corps juge ainsi l'action du groupe : " Les tirs sont exécutés avec une rapidité et une précision qui font l'admiration de tous. "
Du 10 au 20 avril, la 8e batterie du commandant GUITTON, à MICHELBACH, MULLENBACH, GERNSBACH, détruit un char lourd, en neutralise un second, neutralise ou détruit 2 pièces de 88, une pièce de 120, 8 pièces de 20, capture intact un 75 pak et son tracteur.
Son char observatoire pénètre le premier dans ROTTWEIL, le 20 avril et livre intact le pont sur le NECKAR.
Le 12 avril la 7e batterie du capitaine HONSEL détruit un Panzerjäger à LOFFENAU.
Du 15 au 18 avril, les Pipers-Cubs du sous-lieutenant PETIT, bravant une chasse ennemie mordante et nombreuse, survolent sans trêve la Forêt-Noire à plus de 1.200 mètres d'altitude, reconnaissent les itinéraires, éclairent les colonnes de toutes armes dans leur progression.
Le 21 avril, l'État-major du groupe du lieutenant GUÉRIN, chefs d'escadron ELIET et BERTRAND, lieutenants DAUXIN et RÉGNIER en tête, prend et nettoie le village d'EMMINGEN.
L'échelon de combat, le service des essences, l'atelier, restés en pleine zone d'insécurité, dans la région de Liptingen du 22 au 24 avril, assurent en permanence le ravitaillement du groupe, parcourant sans trêve, en dépit des pertes, des itinéraires coupés par l'ennemi.
Le 30 avril, le groupe atteint les Alpes du TYROL, à MITTELBERG, dans l'ALGGAU BAVAROIS à 7 kilomètres de la frontière autrichienne.
Le 7 mai 1945, c'est l'Ordre de cesser le feu, c'est la VICTOIRE.
" La 1ère Armée française a anéanti la XIXe Armée allemande qu'elle poursuivait depuis les côtes de PROVENCE."
- De la NARTELLE en PROVENCE, à MITTELBERG en BAVIÈRE, le III /68e s'est accroché à l'ennemi sur près de 3.000 kilomètres.
Il a tiré 90.000 coups de canon.
Il a fait 1.733 prisonniers dont 1 colonel et 12 officiers.
1 aspirant ;
2 sous-ofiiciers ;
14 brigadiers ou canonniers tués.
2 officiers ;
10 sous-officiers ;
63 brigadiers ou canonniers blessés
ont versé leur sang pour la PATRIE.
Une magnifique citation à l'Ordre de l'Armée ;
La Légion d'honneur au commandant GUITTON ;
-      "          "        au capitaine LECOULS.
La Médaille militaire à l'aspirant WEISWEILER,
        "          "       au maréchal des logis CHABRES-CANDAU,
        "         "       à l'adjudant DI PERSIO.
        "         "       au canonnier DAVO.
Trois cent quarante-deux citations ont été la récornpense de ses exploits.
- Officiers, Sous-officiers de l'Arrnée active, fidèles à leurs traditions de  gloire,
- Français de l'Afrique du Nord, égaux en bravoure à leurs anciens de 1914-1918 ;
- Engagés de toutes les Provinces de France accourus au combat malgré les prisons d'Espagne ;
- Musulmans d'Algérie et du Maroc, loyaux soldats, intrépides au combat,
  Tous, MELÉS DANS LA BATAILLE AVEC LES AUTRES ARMES ONT FAIT DU III/68 UN GROUPE LEGENDAIRE SANS LEQUEL
AUCUNE VICTOIRE N'EUT ETE POSSIBLE.



                           OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, BRIGADIERS ET CANONNIERS
                                         MORTS AU CHAMP DHONNEUR
I
 
GRADE NOM UNITE DATE LIEU
1er Canonnier HERNANDEZ Manuel  C. R.  20/8/1944  A bord du Tristram Dalton en rade de la NARTELLE
2e Canonnier MAAFA Mohamed  E.-M.  24/9/1944  LURE
Brigadier GARCIA Joseph  7e Bie  25/9/1944  ROYE
M. d. L. ANDRÉ Maurice  E.-M.  16/10/1944  RUPT DE BAMONT
2e Canonnier NIETO Jean  8e Bie  26/10/1944  CREMANVILLERS
Br. Chef FERNANDEZ André  8e Bie  26/10/1944  CREMANVILLERS
1er Canonnier TORMO Jean  8e Bie  1/11/1944  Bois des SENNETS
2e Canonnier BENRAMDANE Mohamed  7e Bie  18/11/1944  DAMPIERRE LES BOIS
2e Canonnier YEDDOU Abdelkader  8e Bie  24/11/1944  HABSHEIM
Aspirant WEISWEILER Patrice  9e Bie  1/12/1944  FORÊT DE LA HARDT
2e Canonnier LAOUEDJ Ben Amar  7e Bie  4/12/1944  RIEDISHEIM
1er Canonnier LAVIOS Jean  8e Bie  27/3/1945  BISCHOFFSHEIM
2e Canonnier DJEMIL Pacha  C. R.  23/4/1945  MITTELBIBERACH
2e Canonnier DANIÈRE Roger  C. R.  23/4/1945  MINDERSDORF
2e Canonnier MUSARD Gilbert   C. R.  23/4/1945  MINDERSDORF
Adjudant DI PERSIO Antony  9e Bie  23/4/1945  STOCKACH
2e Canonnier DAVO Isidore  9e Bie  23/4/1945  STOCKACH
   
 
 

 

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