51e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 

Le 51e BCC est créé en septembre 1939 à Verdun à partir du 511e Régiment de Chars de Combat (RCC).
Ce Bataillon, équipé de chars FCM-2C, aux ordres du commandant FOURNET, est rattaché administrativement au 511e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC) et affecté à la IIIe armée. Il est installé à Belrupt (5 km Est de Verdun)

En 1939 les chars 2C sont stockés au 511e RCC à Verdun d’où ils n’ont pas bougé depuis longtemps.
Les chars sont remis sommairement en état de marche, en tout 7 chars, 3 par compagnie et 1 de commandement.
Le matériel est hors d’état de faire campagne, tous les moteurs Mercedes sont à bout de souffle.
Dans les hangars, des éléments de chars permettraient de reconstituer 1 ou 2 appareils supplémentaires.

En octobre le 51e BCC s’installe aux environs immédiats de Briey, 43 km N.-E. de Verdun.
De juin à octobre, un huitième char est remis en état.
A Briey, la remise en état se poursuit combinée avec les entrainements et les tirs.
L’arsenal de Puteaux fournit des moteurs Maybach neufs.

10 mai 1940.
Le Bataillon campe dans un bois à 5 ou 6 km Nord de Briey. Courant du mois, le bataillon s’installe à Noroy-le-Sec et Joudreville, 8 km N-O de Briey.
Au cours du déplacement, le 95 en instance de remise en état tombe en panne à Mainville, 8 km N-O de Briey.

12 juin 1940.
Vers 13 heures, ordre d’embarquer les chars sur voie ferrée à Landres, 4 km Nord de Noroy-le-Sec. Entre 20 h et minuit les chars se mettent en route sur Landres.
Le chef de gare de Landres n’a pas d’instructions et pas de locomotives nécessaires pour les manœuvres d’embarquement sur Boggies.
Entre temps les équipes d’entretien s’étaient rendues en gare de Landres pour vérifier les boggies et les faire installer sur la voie d’embarquement.
Le chef de gare de Landres fait envoyer une locomotive pour le 13 au matin.

13 juin 1940.
A 10h30 l’embarquement des chars sur boggie est terminé. A 11 heures des locomotives et des wagons arrivent Deux trains se forment, comprenant chacun 3 chars.
Le 2e Cie part à 13h30. La 1ère Cie part à 14h30.
Entre temps, le Colonel de Saint-Sernin commandant le G.B.C. 513, suivant d’ordre de la IIIe armée, donne l’ordre de faire sauter.
- le char 95 en instance de remise en état à Mainville.
- le char 92 tombé en panne électrique à Piennes, 2 km S.-O. de Landres au moment de suivre le mouvement.
Ces deux chars nécessitaient au minimum 24 heures de travail.
A 14 heures le Colonel Fournet reçoit, transmis par le Colonel Boiron, commandant des chars d’Armée, l’ordre n° 4144/3 confirmant le mouvement des chars par voie ferrée et celui des échelons par voie routière vers la même destination : Gondrecourt-le-Château, 34 km au S.-O. de Toul.
La région de Gondrecourt-le-Château et la vallée de l’Ornain étant bombardés pendant la journée, le Colonel Fournet installe ses 2 compagnies, toujours sur voie ferrée, à proximité de Badonvillers, 7 km N.-E. de Gondrecourt-le-Château où elles arrivent entre le 13 à 24 heures et le 14 à 2 heures.

14 juin 1940.
L’ordre de mouvement de la IIIe Armée prescrivant que le 51e BCC stationnerait sur voie ferrée à Gondrecourt-le-Château jusqu’à nouvel ordre, le Colonel Fournet envoie le Lt Robillot à la recherche de l’E.M. de la IIIe Armée pour rendre compte et demander des instructions.
Le Lieutenant Robillot revient sans avoir trouvé l’E.M. de l’Armée.
Voyant passer des éléments d’une D.Cr vers le Sud qui déclarent « après nous, ce seront les Allemands ! », le Colonel Fournet prend les dispositions nécessaires pour le débarquement à 7 heures envoie le Capitaine Rollet, son chef d’E.M., à la recherche de l’E.M. de la IIIe Armée avec la même mission que celle du Lieutenant Robillot.
Le Capitaine Rollet trouve l’E.M. de l’Armée à Bainville sur Madon, 12 km S.-O. de Nancy et revient avec l’ordre :
- mettre les trains en route sur les gares de Certilleux et de Landaville, 5 et 8 km Sud de Neufchâteau.
- Diriger les échelons sur ces localités.
- Rendre compte mouvement terminé.
Les trains sont mis en route sur Gondrecourt-le-Château puis Neufchâteau.
Ils sont violemment bombardés à quelques kilomètres de Gondrecourt-le-Château sans grosse casse : 1 Sergent blessé, une voiture détruite, des bidons d’essence crevés.
Entre 13 et 14 heures les trains continuent sur Neufchâteau.
Dans la matinée la voie ferrée a été bombardée dans cette ville. Les trains sont arrêtés plusieurs fois par des coupures que les équipages arrangent tant bien que mal, surtout dans les rampes où il faut remorquer char par char, la locomotive de chaque train étant incapable de remorquer 3 chars. Devant il y a des trains qui avancent tout aussi péniblement.
A minuit les trains sont encore à 12 km de Neufchâteau.
Les échelons sont en route sur Certilleux et Landaville.
Le Colonel Fournet rejoint les échelons sur roues au passage à niveau de Certilleux où la voie ferrée a été détruite sur 50 mètres environ par un bombardement.
Le personnel des chemins de fer venu pour réparer a renoncé et a disparu.
Impossible d’amener les trains sur Certilleux et Landaville en admettant qu’ils arrivent à passer Neufchâteau.
Le Colonel Fournet, avec le Lieutenant Canard qui l’a rejoint, va à Neufchâteau trouver le Commissaire régulateur pour envisager une solution vers le Sud.
Le Commissaire ne peut donner aucun renseignement sauf que les trains sont encore nombreux au Nord de la ville. La presque totalité du personnel de la gare est partie.
Le Colonel Fournet et le Lieutenant Canard se mettent en marche sur les voies pour essayer de connaître la position de leurs deux trains.
Ils trouvent un aiguilleur qui sait où sont les trains du 51e BCC et affirme qu’il va essayer de les faire passer par un aiguillage qu’il manœuvre lui-même pour les acheminer par une autre voie sur Neufchâteau et ultérieurement sur Ys-sur-Tille (22 km Nord de Dijon) la seule voie en état pour le moment.
Le Colonel Fournet repart sur Certilleux et Landaville pour savoir où sont les échelons sur roues. Il les trouve à Aulnois, 12 km S.-E. de Neufchâteau où ils arrivés à 2 heures du matin.
Il leur prescrit d’attendre de nouveaux ordres.

15 juin 1940.
A 3 heures le Lieutenant Canard part à Neufchâteau pour connaître la position des trains. A 4 heures il revient : les trains ont progressé mais n’ont pas encore franchi la gare de Neufchâteau.
A 5 heures le Colonel Fournet part pour Chauffourt, 46 km S.-O. de Neufchâteau, où se trouvait l’E.M. d’Armée. Il trouve le Colonel Boiron, commandant les chars de l’Armée, à qui il rend compte de la triste situation dans laquelle il se trouve, en insistant sur toutes les difficultés rencontrées par manque de liaison, des retards accumulés en maintenant les chars sur rail aux environs de Gondrecourt-le-Château et de l’encombrement des voies qui aurait pu être évité en agissant plus vite.
Le Colonel Boiron approuve la solution de prendre la direction d’Ys-sur-Tille et de manœuvrer au mieux pour dégager les chars. Ordre formel est donné de faire sauter les chars si à quelque endroit que ce soit ils sont absolument bloqués., courant le risque d’être attaqués par les allemands sans moyens de défense et de les voir pris par eux.
Vers 10 heures le Colonel Fournet est de retour à Aulnois et donne les ordres aux échelons sur roues pour qu’ils se dirigent sur Arnoncourt-sur-Apance, 40 km Sud de Neufchâteau.
Le Lieutenat Canard vient rendre compte au Colonel Fournet : entre 8 et 9 heures les 2 trains de char ont pu passer Neufchâteau et sont en direction d’Ys-sur-Tille. Le colonel Fournet envoie un motocycliste à Chauffourt pour rendre compte au Colonel Boiron. Il revient 2 heures après sans avoir trouvé l’E.M. qui a fait mouvement. Le colonel Fournet n’aura plus aucun contact avec lui.
Le Colonel Fournet oriente les sections d’échelon sur Pouilly-en-Bassigny et sur Daurémont, 4 km O. et 7 km S.-O. d’Arnoncourt-sur-Apance.
Vers 16 heures le Colonel Fournet envoie le Capitaine Rollet vers Ys-sur-Tille pour savoir où en sont les choses.
Il revient une heure après : les chars sont à Meuse où ils sont bloqués (Meuse 42 km Sud de Neufchâteau).
Le Colonel Fournet part à Meuse. La situation est catastrophique, les 2 trains sont bloqués entre 5 trains devant eux et à peu près autant derrière. A l’avant un train de carburant flambe. Un certain nombre de mécaniciens de locomotives sont partis après les avoir détériorées.
Le Colonel Fournet rencontre un officier du Génie de l’Etat-Major de la IIIe Armée qu’il a perdu. D’après lui les Allemands occupent Culmont-Chalindrey 24 km Sud de Meuse et Montigny.
Les 2 trains sont sur une voie courbe en déblai. Impossibilité absolue de débarquer en raison de cette position dont on ne peut pas bouger. Quant à la défense sur une voie en déblai, c’est une autre affaire.
Le Colonel rassemble tous les officiers et chefs de chars pour évaluer la situation. Il n’y a rien d’autre à faire pour sauver les équipages de la captivité ou d’une fin tragique que de saborder les chars.
Ordre est donné de détruire le matériel. A 19 heures tout est fini.
Des camions sont emmenés des sections d’échelon pour embarque les équipage et l’E.M.
Le convoi se forme sur la route Montigny, Bourbonne-les-Bains en direction de Gevigney.
Les éléments de tête se trouvent en présence d’Allemands à Blondefontaine et à Jussey, 30 km N.-O . de Vesoul mais parviennent à passer.
La colonne se trouvera fractionnée en différents convois qui finiront par se regrouper et arriveront à Moustier près d’Albi.