JOURNAL DE MARCHE ET OPÉRATIONS DU

4e RÉGIMENT DE DRAGONS PORTÉS

 

 

Le Journal des Marches, tenu depuis la mobilisation générale de septembre 1939 ayant été brûlé pendant la campagne des Flandres, à Ghyvelde, avec les documents du P.C du régiment, il ne peut être fait qu'un court résumé des mouvements qui ont précédé l'entrée en campagne du 10 Mai. Antérieurement au 10 Mai, le régiment n'a pas été engagé. De la mobilisation générale au 10 Mai le régiment et sous le commandement de son colonel en temps de paix, le colonel Lacroix, qui a fait du régiment une magnifique unité combattante.
En septembre et octobre 1939 le régiment stationne dans la région de Verdun :
Dieue, Génicourt, Sommedieue ; puis Châtillon–sur-les-Côtes, Watronville, Eix, Azannes, Fleury-sur-Aire.

Le 10 novembre, le régiment est alerté, la neutralité Belge est menacée et la 1ère D.L.M.doit se porter aux frontières de la Belgique. Le régiment fait mouvement et se porte dans la région de Quiévy, puis de valenciennes (P.C. à Aubry).
La situation internationale étant détendue, le régiment se replie et cantonne dans la région de Cambrai. PC. E-M. et E.H.R à Naves ; le 1er bataillon à Cagnoncles ; le 2e bataillon à Neuvilly ; le 3e bataillon à Bethencourt. Le 10 janvier 1940, le colonel Lacroix est appelé à prendre le commandement de la 4e B.L.M. et le commandant Causans prend le commandement du 4e dragons.

Le 16 janvier la situation internationale étant de nouveau menaçante, le régiment se porte de nouveau à la frontière, en direction de Bavay. Le 18 janvier une détente s'étant produite le régiment reprend ses cantonnements.

Le 14 mars le régiment rompt de ses cantonnements pour se rendre dans la région de Valenciennes-Curcies et y effectuer des travaux de défense. Il est mis a la disposition du général commandant la 2e D.I.N.A. (général Dame) P.C Marly.

Le 25 mars, le régiment fait mouvement sur ses anciens cantonnements de la région de Cambrai et le 27 il les quitte pour stationner dans la région de Saint-Omer, la première DLM étant mise à la disposition du général commandant la 7e armée (général Giraud).
Le régiment se cantonne dans la région de la Lys (P.C à Delettes) jusqu'au 30 avril.

Le 30 avril, le régiment fait mouvement dans la région de Clairmarais.

10 MAI 1940 – Le régiment est cantonné dans la région de clairmarais à l'est de Saint-Omer, dans des baraquements édifiés par le génie de la 1ère DLM et qui sont en cours de construction.
Le PC est installé dans le parc de l'ancienne abbaye de Woestine, depuis le 30 avril. Le stationnement est le suivant : E.M et E.H.R., ancienne abbaye de Woestine ; le 1er bataillon, à Erques et Erbelles ; 2e bataillon à Nieppe ; 3e bataillon au séminaire Saint-Bernard. Des éléments du 2e bataillon (3e et 14e escadron) cantonnent dans la région d'Oxelaefe.
A partir de 4h30 et pendant plus d'une heure, le camps de Clairemais est survolé par les bombardiers ennemis, pris par la D.C.A de Saint-Omer à Woestine. A 6 heures, est donnée l'alerte numéro 3. Peu après, un message de la division avertit que l'heure «H», c'est-à-dire l'heure où les premiers éléments de la première D.L.M. franchiront la frontière belge est fixée à 10 heures. Le régiment part sur deux itinéraires différents (I4 et I5). Il doit franchir la frontière aux points initiaux suivants : l'Abeele (I4) et Bailleul (I5), à H plus 1h45.
Sur I4 marchent l'EM du régiment et le 2e bataillon ; sur I5 marchent le 1er et 3e bataillons. Le régiment est commandé en l'absence du colonel Causans, en permission et rappelé par télégramme dès le reçu de l'ordre d'alerte, par le chef d'escadrons Amanrich. Le 1er bataillon (bataillon Amanrich) est commandé par le capitaine Clavé.
La traversée de la Belgique s'effectue sur les itinéraires prévus dans un ordre parfait et jusqu'à 18 heures, des bombardiers allemands effectuent à Termonde un bombardement en piqué d'une grande précision, au cours duquel le pont sur l'Escaut est détruit, obligeant ainsi à suivre un autre itinéraire. A 21 heures, sur la transversale Anvers-Malines au carrefour de Waloos, liaison et prise entre les deux éléments du régiment marchant sur les deux itinéraires. A 24 heures le commandant Amalrich se porte, de sa personne, à Oostmalle, où se trouve le P.C. avancé de la division, pour y prendre les ordres du général Picard, tandis que le régiment poursuit sa route.
Le sous-lieutenant Lagary, blessé dans un accident de side-car est évacué.

11 mai 1940
Le régiment a pour mission de se porter sur une ligne Tilbourg et le canal de Turnhout et, en liaison avec les unités de l'armée Hollandaise qui tiennent Tilbourg, arrêter l'ennemi. Dans la matinée, le P.C. du régiment est fixé à Poppel et les escadrons sur leurs positions, en suivant l'itinéraire Ostmalle-Merksplag-Poppel. Pendant toute la journée, un bombardement d'une extrême violence a lieu, par avions, presque sans arrêt. L'aviation allemande en nombre, avec une maîtrise complète de l'air bombarde les colonnes et les villages, parfois à très basse altitude et avec un bruit de sirènes qui marque la volonté de l'ennemi de semer la terreur. Des motocyclistes isolés, agents de transmission, sont pris en chasse par les mitrailleuses. La route entre Osmalle et Merksplag passe par une région de bruyères et de bois qui sont en flammes. Toutefois, l'effet produit par l'aviation est plus psychologique que matériel et les pertes sont légères. Le sous-lieutenant Cara est blessé. A 17 heures ; le P.C du régiment est porté à Hoogh – Eind, à 3 kilomètres au nord-est de Poppel, en territoire hollandais. Les renseignements qui parviennent au P.C. font savoir que les Hollandais se replient sur la région de Tilbourg et qu'il n'ont pas l'intention de tenir ce village (renseignements donnés par le lieutenant de Saint-Hubert, officier de liaison de l'armée belge auprès de l'armée hollandaise). Le dispositif du régiment, qui se réalise dans la soirée, est le suivant : 2e bataillon Loge-Mierde-Hooge-Mierde-Lisière-sud-est des bois de Hooge-Vijvers-Bosch, le 1er bataillon est en réserve à Beerse.
 
12 mai 1940
Le colonel de Causans rejoint dans la matinée le P.C. d'Hoog-Eind, qui est commun avec celui du 74e régiment d'artillerie (colonel Marguerittes). Vers 11 heures, le commandant de Saint–Martin envoie un premier compte rendu pour avertir d'un premier contact à l'est de Loge-Mierde. Une demi-heure plus tard, le contact se précise sur tout le front du 3e bataillon, qui trouve en face de lui des éléments à pied et des motocyclistes. Toute l'après midi, les combats se poursuivent, dans les bois, et les 13e, 14e et 15e escadrons résistent sur place, sans céder un pouce de terrain. Les mitrailleuses du 13e escadron ont des champs de tir réduits et exécutent des feux meurtriers avec leur hausse de 200.
Vers 15 heures, le commandant Saint-Martin craint d'être coupé du P.C., des infiltrations s'étant produites à l'extrême gauche de son dispositif. Du pont de l'Aa à la sortie nord de Wellenseind.
A la même heure, le contact se précise sur le front du 2e bataillon, notamment pour le 8e escadron qui tient l'Aa dans les bois, au sud-est d'Hoog-Eind. A 16h30 le village de Diessen, tenu par un peloton d'A.M.R du 6e escadron (peloton Delord), le 7e escadron et un peloton divisionnaire anti-chars est attaqué par un détachement ennemi. Le contact est pris, d'abord, par les autos-mitrailleuses légères puis par des chars et des éléments à pied, toujours en plus grand nombre. A 16 heures le colonel déplace le P.C. pour l'installer à Esbeck où se trouve celui du 2e bataillon. A 17h30 l'ennemi attaque également Hilvarenbeck, tenu par le 6e et le 10e escadrons. L'aspirant Vanermarcq, du 7e escadron qui assure la liaison entre la division et le régiment apporte l'ordre de tenir sur la position jusqu'à 20h30.
La mission du régiment se sera de se replier derrière le canal de Turnhourt et de le tenir vers 18h30.
Les éléments qui tiennent Diessen doivent se replier, les pièces d'artillerie sont détruites et la pression de l'ennemi est de plus en plus forte. A 20h30 le régiment commence son décrochage. Le colonel quitte le Village, à 20h45, le pistolet à la main, au moment où les premier soldats allemands débouchent sur la place du village. Le repli est rendu très difficile en raison des bois, en l'absence de chemin et de la nuit. Le 2e bataillon retraite par échelons, il est accroché sur ses flancs et il est accompagné par un très sévère tir d'artillerie ennemi dès le débouché de Poppel. Il fera 40 kilomètres à pied dans la nuit pour rejoindre le lieu de rassemblement (bois est de Vlimmeren) où il arrivera le lendemain à 7h30. le 3e bataillon se replie par les bois, tenus par le 15e escadron et passe le canal d'embranchement sur des portières, le pont de la nationale 25 étant sauté.
Le 15e escadron réussit son décrochage et revient sans pertes ; par contre les 13e et 14e escadrons ont des pertes sévères et ni le lieutenant Fonclade ni le lieutenant Hennessy qui les commandent ne les rejoignent.
A partir de 23h30, le P.C. du régiment est installé dans la villa Ter-Loo, à 2 kilomètres de Kasterlee, sur la route de Retie.
La journée a coûté au régiment les pertes suivantes : le lieutenant Fonclade blessé ; les lieutenants Lafforest, Chabonnier, Hennesy, Yanisse, les sous-lieutenants Béguin-Billecoq, Donneau, Catry ont disparu.
 
13 mai 1940
La mission du régiment est de tenir le canal d'embranchement depuis Turnhours jusqu'à Deschel.
Pour l'accomplissement de cette mission, le colonel de Causans a sous ses ordres des éléments du 4e cuirassiers et du 18e dragons pour les têtes de ponts, et il a également sous ses ordres la 18e division d'infanterie Belge, dont le P.C. est à Kasterlee. Le premier bataillon tient le canal depuis Turnhours jusqu'à Vooneide. Le P.C. du commandant Amanrich est à Ooend-Turnhours ; le 2e bataillon est à droite du premier et tient le reste du secteur. Le P.C. du commandant Marlard est à Rétie ; le 3e bataillon qui a combattu pendant 24 heures et qui a opéré un décrochage difficile de nuit et dont les pertes sont sérieuses reste en réserve dans les bois entre Tielen et Ciele. Les belges ont préparé sur les routes des «destructions folles» et ont hâte de les mettre en œuvre. La volonté de résistance du 4e dragons ramène de nombreux fantassins sur leur position qu'ils avaient abandonné sur le canal.
Durant la journée, le contact est étroit, notamment sur le front du premier bataillon ; mais, nulle part, l'ennemi ne réussit à franchir le canal, sinon quelques isolés armés de mitrailleuses qui passent à la nage. Deux prisonniers, en civil, mais qui sont porteurs de leur livret de solde, sont amenés au P.C. à 22 heures, ce sont des fantassins qui prétendent avoir quitté leur uniforme pour fuir plus facilement.
Le régiment a perdu au cours de la journée le sous-lieutenant Chévenier, disparu.

14 mai 1940
Vers minuit, les C.R. des escadrons renseignent le colonel et lui apprennent que le pression devient très forte, qu'à la faveur de la nuit, des infiltrations se multiplient, à 1 heure, l'aspirant Vandermarcq apporte les ordres du général Picard qui sont de se replier sans délai pour occuper une nouvelle position. Le repli s'effectue à partir de 3h30. Le régiment doit occuper sa nouvelle position à partir de 7h30. le décrochage et le mouvement ont lieu dans des conditions normales, l'activité de l'aviation ennemie, très intense la veille, est en ce moment presque nulle. La mission du régiment est de tenir la ligne Saint-Lenaarts – Oostmalle – Zoersel – Zandhoven – Vierse. Le 1er bataillon est au nord du dispositif (P.C. à Oosmalle) ; le 2e bataillon est au centre (P.C au carrefour des routes Halles – Pulderbosch) ; le 3e bataillon est au sud (P.C à Lanneremberg).
Les Belges manifestent une hâte inconsidérée pour faire sauter les ponts et veulent, dès le milieu de la matinée (9h30) faire sauter le pont de Massenhoven, rendant de ce fait, tout repli éventuel du 3e bataillon impossible. Le général Giraud, commandant la 7e armée, vient vers 10h30 au P.C. du régiment, à Halle et rédige de sa main l'ordre aux troupes Belges de ne faire sauter les ponts de Massenhoven et de Wignegen, que sur ordre du colonel de Causans ou de son reprèsentant. A partir de 16 heures, sur les fronts des 2e et 1er bataillons les contacts avec l'ennemi se précisent.
Vers 17h30 le commandant Marlard rend compte que l'ennemi attaque en force son bataillon. Le colonel de Causans demande au colonel Marguerittes de faire un tir de barrage dans les bois qui facilitent la progression des Allemands. L'ennemi est stoppé. A la tombé de la nuit le contact est perdu et sur la route, les chars «H» du 4e cuirassiers circulent librement. A 19h30 arrive l'ordre de se replier au sud du canal Albert. Le mouvement doit s'effectuer de nuit.
L'E.M du régiment, les 2e et 1er bataillons se replient par l'itinéraire Halle – Lindenhoek – Wigneghem ; le 3e bataillon se replie par Massenhoven – Lammenrenberg.
Le régiment a perdu dans la journée le lieutenant Parmentier, blessé.

15 mai 1940
Le repli s'effectue dans de bonnes conditions et les destructions n'ont lieu qu'après le passage de tout le régiment, qui se regroupe dans la région de Kontich. Le P.C. et dans le château de Kontich. Vers 18 heures le régiment fait mouvement en direction d'Alots. Le P.C se fixe à Aaigem. L'aviation allemande poursuit son activité, mais la D.C.A. britannique est très active et oblige les avions ennemis à se disperser et à voler haute altitude. A 21 heures, le régiment fait mouvement vers le sud pour regagner la France.

16 mai 1940
A 9 heures, en arrivant à Condé-sur-Escaut, le colonel apprend que les allemands ont pénétré en territoire Français et qu'ils sont à Avesnes, se dirigeant sur Landrecies. Remontant des colonnes de fuyards, le régiment se porte vers le sud, au delà Du Quesnoy. Le P.C s'installe dans une prairie, voitures camouflées sous les arbres et le long des haies, à l'entrée d'Englefontaine.
Le régiment doit tenir depuis Jolimetz jusqu'à La Croix–Caluyau, les lisières de la forêt de Mormal.
Mais le régiment ne forme plus un tout, dans la main de son chef. Le colonel De Causans commande un groupement dans lequel s'intègrent à la fois le 3e bataillon et des chars du 4e et 6e cuirassiers et le 18e dragons et une batterie du 74e R.A ; les 1er et 2e bataillons sont : le premier en réserve de division, le second aux ordres du colonel Beauchesne, qui commande un autre groupement.
Le régiment a perdu, au cours de la journée du 15 le capitaine Mir, évacué.

17 mai 1940
Les renseignements qui parviennent avertissent de l'approche de détachements légers ennemis dans la forêt de Mormal, notamment sur Locquignol. D'autre part, l'ennemi progressant sur l'axe Le Cateau-Cambrai le 2e bataillon reçoit l'ordre du colonel Beauchesne de se porter à Solesmes, où la journée se passe avec de simples accrochages de patrouilles.

18 mai 1940
L'ennemi, par des détachements blindés et motocyclistes, manifeste une activité accrue dans la forêt de Mormal et sur l'axe Locquignol-Jolimetz. Vers midi le P.C. du colonel De Causans est coupé de ses communications avec l'arrière par une auto-mitrailleuse ennemie qui entre Louvignie et Englefontaine, révèle sa présence en mitraillant un agent de liaison du régiment. Le lieutenant Astoul, du 6e cuirassier part avec un blindé repousser la patrouille allemande.
Celle-ci se replie par une petite route en direction de l'est (forêt de Mormal). A 13 heures le colonel De Causant replie son P.C et le porte à la sortie du Quesnoy, sur la route d'Englefontaine, dans une maison où le commandant Saint-Martin a déjà installé le P.C. du 3e bataillon. A 16 heures les chars allemands ont bousculé la résistance française de Jolimetz et approchent Du Quesnoy. Le colonel a l'ordre d'attaquer sur le Quesnoy-Landrecies et de prendre liaison avec le groupe de Beauchesne qui doit attaquer, de son côté, sur l'axe : Solesmes-Neuvilly – Le Cateau. A 17 heures l'attaque débouche Du Quesnoy et les chars du commandant de Thélin repoussent les deux A.M. ennemies, qui étaient arrivées aux portes de la citadelle. Le colonel et son état major, à pied sur la nationale 46 suivent la progression des chars et des dragons du 3e bataillon. A Englefontaine, la liaison est recherchée sur la transversale Bavay-Le Cateau, mais l'attaque du groupement de Beauchesne n'a pu déboucher en même temps. En effet, le colonel de Beauchesne ayant reçu à 15h30 l'ordre d'attaquer à 16h30 demande que l'attaque n'ait lieu qu'à 17h30, les chars du colonel Pinon  ne peuvent être en place sur la base de départ qu'à cette heure, le général de division décide que l'attaque ne sera décalée que d'une demi heure, soit 17 heures. N'ayant pu se mettre en liaison avec le colonel Pinon et le commandant Amalrich, le colonel De Beauchesne se rend au P.C. du général de division d'une part pour demander un nouveau décalage de l'attaque, et d'autre part, pour prendre contact avec le colonel commandant les chars et le commandant le 14e D.P.
A 18 heures les chars n'étant pas en place et l'attaque devant avoir lieu, à base de chars, le colonel De Beauchesne envoie le capitaine Boery dire aux deux chefs de bataillon de surseoir l'attaque. Pendant ce temps, le 1er bataillon, qui a pour mission de tenir les lisières et les abords de Vendegies est, depuis 16 heures au contact avec l'ennemi dont il repousse toutes les attaques. A l'heure prescrite, le 2e bataillon occupe sa base de départ, sa droite, au carrefour des routes Neuvilly, le Cateau, à sa gauche 1 kilomètre sud d'Amerval. Dans l'après midi du 18, Neuvilly a été attaqué violemment par l'aviation, de nombreuses bombes incendiaires, qui n'ont pas éclaté jonchent les rues. Une liaison, à gauche, est recherchée, mais une importante colonne motorisée remonte le flanc droit du 2e bataillon par la crête d'Ynchy-Viesly, vers Fontaine-au-Tertre. Bientôt les armes automatiques et anti-chars ennemies prennent de flanc le 2e bataillon et nos chars, malgré les tirs à vue de nos batteries.
Cette colonne est bloquée par un char Somua qui arrivé par hasard à Neuvilly, est mis en place à la sortie nord de la ville, par le capitaine Ségur, en bordure de la rivière, et par le détachement du lieutenant Carini, du 6e cuirassier, qui débouche de Fontaine-au Tertre. Ce dernier a disparu au cours de l'opération, plusieurs chars ennemis sont mis hors de combat.
Le capitaine de Boery (de la brigade) vient de donner l'ordre de se replier à Solesmes et de tenir le village. La nuit est tombée quand les chars du colonel Pinon arrivent sur la base de départ, l'ordre de repli apporté par le capitaine de Boery était en cours d'exécution. Le décrochage a lieu par échelons, couvert sur le flanc gauche ouest par nos chars. Il a lieu sous un violent bombardement de 77. Les A.M.R. du B.T.N. restent en soutien du B.T.N. du 131e qui coopèrent à l'action et ne se replient qu'après le décrochage de l'infanterie. Le bataillon reprend ses emplacements à Solesmes.
Le 1er bataillon reçoit l'ordre de se replier sur Escarmain. A la même heure, ordre est donné au 2e bataillon de poursuivre le repli et d'aller occuper défensivement, face au sud, Montrecourt, Saulzoir, et Villers-en-Cauchie, en liaison, avec le 131e R.I. (établi à Verchain).
Pour le groupement de Causans, demeuré seul, la situation devient sérieuse. Il réussit à progresser au delà de Ronbersart et jusqu'à deux kilomètres environ de Landrecies. Mais 22h30, il doit s'arrêter et, tandis que le 3e bataillon s'installe définitivement pour la nuit, le colonel porte son P.C. dans une ferme, à proximité immédiate de la route. Les chars se tapissent en lisières des bois.
Un convoi de munitions allemand incendié par les chars jette les lueurs d'un véritable feu d'artifice.

19 mai 1940
A 1h30 le colonel De Causans donne l'ordre aux éléments de son groupement de se replier sur Le Quesnoy. Le repli s'effectue sans grande difficulté et le groupement s'arrête vers 8 heures à Louvignies. Le lieutenant Hennesy, du 12e escadron, reçoit l'ordre de reconnaître avec son peloton moto la route Du Quesnoy. Une demi heure plus tard, son sous-officier adjoint ramène le peloton. Le lieutenant Hennesy a été fait prisonnier par l'ennemi, qui tient les abords du Quesnoy. Devant la situation créée par la présence de l'ennemi sur l'itinéraire de repli et l'absence de communication, le groupement s'installe en position défensive pour tenir le village de Louvignies. A 10 heures, le lieutenant Botreau-Bonneterre part en voiture pour rejoindre la division et demander des ordres. Une demi heure plus tard sa voiture revient à Louvignies, la présence de blindés allemands oblige l'officier de liaison à abandonner sa voiture et de poursuivre sa mission à pied. A partir de 11 heures, des détachements légers ennemis, composés soit d'un blindé, soit d'un blindé et de quelques motocyclettes ou même de motocyclettes seules viennent au contact et sont repoussés par les A.M. embossés aux sorties du village grâce aux mitrailleuses du 15e escadron et un canon de 47, placé sur la route nationale, en direction d'Englefontaine. Vers 15 heures la pression ennemie devient plus active et des infiltrations se font par les vergers qui entourent le village. A partir de 17 heures la fusillade s'intensifie, des avions survolent à très basse altitude les défenseurs de Louvignies, qui tirent sur eux au fusil.
Quatre chars du groupement qui sont en assez mauvais état mécanique (chenilles détendues), reçoivent l'ordre de se replier par Ghissignies, en direction de l'ouest, pour regagner la division. A 19 heures des infiltrations ont permis à l'ennemi de pénétrer dans Louvignies. Les mitraillettes crépitent. Le feu est très dense, mais ne semble pas ajusté. Les balles font sauter les tuiles des toits, écaillent les murs ou ricochent sur les pavés des rues. Le colonel donne alors l'ordre de repli sur Ghissignies, qui est à 3 kilomètres, tenu par un bataillon du 27e R.T.A. Le repli s'effectue par une route étroite heureusement bordée de talus et sous le feu des balles traçantes que prodigue l'ennemi. A 21 heures le groupement du colonel De Causans se resserre avec les 600 tirailleurs dans la cuvette de Ghissignies. Pendant cette journée, le 1er bataillon, qui s'est replié à 2 heures sur Escarmin, continue son mouvement vers l'ouest, jusqu'à Iwuy, où il arrive vers midi. A partir de 19 heures, l'ennemi attaque vigoureusement sur tout le front du bataillon, qui brise ses élans. Le contact intense dure jusqu'à 23 heures, heure à laquelle le bataillon reçoit l'ordre de décrocher et de franchir le canal de l'Escaut, à Bouchain. Le 2e bataillon est installé défensivement à Montrecourt, Saulzoir, Villers-en-Cauchies (8e escadron renforcé d'A.M.R). A 17 heures violente attaque, chars et infanterie ennemis cherchant à progresser par les vergers dans Montrecourt et Villers-en-Cauchies. Une batterie R.A.C, placés à proximité des voies pénétrantes, détruits trois chars, les canons anti-chars et mortiers du bataillon enflamment trois nouveaux chars. Les équipages et l'infanterie d'accompagnement sont dispersés par nos tirs d'armes automatiques et mitrailleuses, les allemands subissent de lourdes pertes. A Villers-en-Cauchies le 8e escadron résiste également à tous les assauts.
Le lieutenant Ménières capture une voiture ennemi contenant trois officiers (l'un s'échappera lors du décrochage de l'escadron). Vers 21 heures arrive l'ordre de décrochage. Le capitaine Roger (adjoint envoyé en liaison à Noyelles, près du colonel commandant le 131e R.I.) ne rentre pas. Le contact avec l'ennemi est en ce moment très étroit pour le 8e escadron et les éléments de droite. Le décrochage ne pourra être terminé qu'à 24 heures (sans pertes). Le commandant se porte aux ponts du canal (au sud de Denain) conformément aux ordres reçus.

20 mai 1940
Depuis le décrochages des 1er et 2e bataillons, décrochage qu'il ignore, le groupement De Causans est seul à 25 kilomètres des lignes en avant des lignes françaises, qu'il ne pourra rejoindre. A 1h30 le colonel De Causans renvoie, sous les ordres du capitaine Serre, du 74e R.A. les T.C du groupement et ceux du bataillon de tirailleurs. Les blessés sont mis dans une camionnette, la sanitaire du bataillon
étant insuffisante. Une heure plus tard, le capitaine Serre ramène la colonne de T.C. : il s'est heurté aux sorties de Salesches, à des barricades gardées par des chars ennemis. A 6 heures, la fusillade commence et ne cessera de s'intensifier. A 11 heures, le groupement tente une sortie et réussit une sortie en direction de Bermerain. Mais les chars n'ont plus d'essence, les vivres et les munitions manquent : le sort du groupement est de plus en plus critique. Cependant d'après les renseignements recueillis, le groupement Causans, attaqué de toutes parts, réussira à gagner Saint-Hilaire-Les-Cambrai, à plus de 15 kilomètres de son point de départ. Il ne sera capturé que le lendemain. Le régiment (les 1er et 2e bataillons), sous les ordres du chef d'escadron Amanrich, tient le canal de la Sensée, de Paillencours à Brunemont. Dans la matinée pour rejoindre leurs positions, les colonnes sont prises sous un violent bombardement. Le 2e bataillon a reçu l'ordre de tenir les points de passage sur le canal de la Sensée, sud de Vasner-au-bac, Paillancourt et l'est de Wavrechain.
Cependant, pendant cette occupation, des éléments du G.R.4, qui défendaient le pont de Paillencourt sont bousculés avec quelques pertes ; l'ennemi s'infiltre au nord du canal, vers 14 heures. Le 2e escadron monte une contre-attaque (2 pelotons des 8e et 9e escadrons plus le 10e escadron) sur l'axe Wavrechain, pont de Paillecourt ; devant cette attaque, les éléments ennemis repassent le pont, mais les pelotons sont soumis toute la soirée à des tirs ennemis. Le front est rétabli avant la nuit. De plus sur la gauche du 2e bataillon, à Bouchain, l'infanterie amie déclenche une forte attaque pour dégager entièrement Bouchain, au sud du canal.
Le 7e escadron en entier a été prêté à l'infanterie et participe à cette attaque (aucune perte). Le P.C. du Régiment est installé à Fressain, le 1er bataillon est commandé par le capitaine Clavé.
Le régiment a subi les lourdes pertes suivantes : colonel De Causans, commandant Saint-Martin, les lieutenants Sappey, Botreau, Hamon, Poncy, Logeard, Vande-Viele, Hennesy, Mazerot, Véne, Chevillot, Verdier, Cicéron, médecin lieutenant Bonin, capitaine De Chabalier disparus. Lieutenant Devoyot tué au combat.

21 mai 1940
Au début de la matinée, un renseignement signale que l'ennemi fait mouvement de l'ouest vers l'est, ordre est donné au 2e bataillon d'occuper Paillencourt et de pousser une reconnaissance vers Thun, Iwuy, par la crête sud-est de Paillencourt. Paillencourt est rapidement occupé par les 8e et 9e escadrons, une reconnaissance motos, A.M.R, (aux ordres du capitaine Ségur) est poussée vers Thun. Cette reconnaissance signale qu'une importante colonne motorisée se dirige vers le sud-ouest. Dans l'après midi l'ennemi revient en force et cherche à forcer les ponts de Paillencourt et le pont sud de Wasnes-au-bac, mais le génie de la D.L.M. parvient à temps à détruire ces ponts. Les tentatives ennemies sont rapidement brisées avec pertes. Le lieutenant Becker est blessé. A partir de 21heures, le régiment est relevé par les éléments de la 25e division d'infanterie et le 4e G.R.D.I., le 4e dragons fait mouvement en direction du nord-ouest sur Aubigny.
Le régiment a perdu le lieutenant Becker, blessé, l'aspirant Fortin disparu.

22 mai 1940
L'état-major du régiment et le 1er bataillon font mouvement par l'itinéraire Fresnes-Gravelles-Thélus. Le 2e bataillon, par Drocourt-Acheville-Vimy-Givenchy-Souchez-Carency. Au carrefour de la route de Thélus-Neuville, avec la nationale 26 (Arras-Lens), le commandant Amanrich apprend que les allemands occupent le mont Saint Eloi, à Neuville-Saint-Waast. Mais la relève du 2e bataillon par la 25e D.I. ne sera terminée que vers midi. A ce moment l'aviation ennemie bombarde intensément les routes entre Marcq et Villers-au-Tertre.
Le groupe de commandement du 2e bataillon, qui ferme la marche est violemment pris à partie et subit des pertes lourdes ; la voiture du commandant Marlard est criblée de balles, le chauffeur est tué au volant. Le 2e bataillon, à Souchez, reçoit l'ordre de se porter sur Carency et forme une charnière entre les 2 bataillons.
Le 1er bataillon attaque vigoureusement et prend possession du mont Saint Eloi, à 16h30 malgré un tir violent de l'artillerie et les bombardements aériens. Dans le mont Saint Eloi, le 1er bataillon fait 130 prisonniers et s'installe en position défensive.
Le régiment a perdu, au cours de la journée, le lieutenant Coche, disparu.

23 mai 1940
A 7 heures, le 1er bataillon reçoit l'ordre de se replier sur la ferme de  Berthonval. Le 2e bataillon, s'établit défensivement à Carency et aux lisières ouest du bois à 2 kilomètres au sud-ouest. Le 8e escadron pousse dans la matinée, une reconnaissance motorisée (aux ordres du capitaine Segur) sur Villers-au-Bois. Des renseignements très importants sont rapportés. Une très forte colonne motorisée  ennemie se dirige sur Carency, une autre sur le mont Saint Eloi. Vers 14 heures, une violente attaque ennemie se présente à l'ouest de Carency et contourne ce village par Amblain-Saint-Nazaire, abritée par une crête. Le 2e bataillon se défend avec acharnement, tenant en échec l'avance Allemande et s'opposant au mouvement débordant par le nord ; vers 17 heures, l'attaque ennemie s'intensifie par l'ouest le nord et le sud. Le chef d'escadron est blessé près des mortiers en s'efforçant de parer au mouvement enveloppant par le nord de Carency.
Pendant toute la journée, la bataille est très dure, le régiment a en face de lui les chars de la 7e panzer-Division, des chars en nombre et sur tout le front du régiment de mont Saint Eloi à Carency, se déroule une bataille de chars et d'infanterie. Les chars de la 1ère D.L.M, attaquent, en liaison avec les chars Britanniques, tandis que l'aviation allemande bombarde les villages (Thélus, Neuville-Saint-Vaast, Givenchy, Souchez) et les combattants.
Le capitaine Clavé étant blessé, le chef d'escadron Amanrich prend lui même et directement le commandement du 1er bataillon. Le chef d'escadrons Malard est blessé et c'est le capitaine Ségur qui prend le commandement du 2e bataillon, dont la situation est sérieuse car l'ennemi arrêté par le régiment cherche sur Notre Dame de Lorrette, à le déborder par la droite. A 23h30, le commandant Amanrich reçoit l'ordre de replier son régiment dans la région de Vimy.
Le régiment a perdu le capitaine Clavé, le commandant Marlard et l'aspirant Frémaux blessés.

24 mai 1940
Au reçu de nouveaux ordres parvenus au P.C. du mouvement de Vimy, à 2 heures, le régiment se porte à Gondecourt (3 kilomètres de Seclin). A 14 heures le régiment fait mouvement sur Herliès (E.M et 2e bataillon) et Erquinghem. Le 1er bataillon durement éprouvé au mont Saint Eloi, est renforcé par le 38e G.R.D.I ; il est commandé par le capitaine Arenemann.
Le régiment a perdu le lieutenant de Marne, tué, et le sous-lieutenant Hébert, blessé.

25 mai 1940
Journée calme, marquée seulement par quelques bombardements aériens. Le capitaine Grimbert, du 18e dragons, est affecté au régiment, comme officier des transmissions en remplacement du capitaine Botreau-Bonneterre, disparu le 20 mai.

26 mai 1940
A 9 heures, le régiment reçoit une nouvelle mission. Il s'agit de tenir le canal de la Deule, de Bauvin au sud, à Bac-à-Wavrin au nord. Le commandant Amanrich porte son P.C. à la ferme de Coquerez (sortie nord-ouest de Saint-chin) puis à la ferme de Coupignies, tandis que le 1er bataillon s'installe au nord ; de Bac-à-Wavrin à Don et que le 2e escadron s'installe au sud, depuis le pont de Don. Nos lignes sont sous le feu de l'artillerie ennemie.

27 mai 1940
Le régiment en ayant reçu l'ordre, décroche à partir de 3 heures ; sa mission est de tenir la Lys depuis Estaires (2e bataillon) à Bac-Saint-Maure (1er bataillon). La relève s'effectue normalement pour les unités de gauche ; le 8e escadron, qui tient la boucle du canal devant Bercleau n'a pu être touché, vers 4 heures, alors que la relève venait de se terminer, le 8e escadron est violemment attaqué ; il est obligé de se dégager après un combat au corps à corps.
Le lieutenant de la Panousse est blessé.
L'installation du régiment est terminée à midi, de nombreuses péniches, bord à bord, qui pourraient permettre les infiltrations ennemis sont coulées. A 15 heures, les renseignements qui arrivent au P.C. signalent que les Allemands ont percé entre Hazebrouck et Cassel et qu'ils s'infiltrent dans la forêt de Nieppe. Le régiment doit alors faire face au sud-ouest et à l'ouest et tenir depuis Estaires jusqu'à Vieux-Berquin. A 19h30, le 9e escadron est au contact de l'artillerie ennemie, puis le 8e et 10e escadrons sont au contact de l'infanterie allemande qui s'infiltre et traverse le canal de Nieppe

28 mai 1940
A 14 heures, le capitaine de l'Escalle, de l'E.M. de la 3e D.L.M, vient en liaison au P.C. du régiment (sortie ouest de Doulier) et rend compte que la 3e D.L.M. tient la ligne Estaire-La Bassée. Toute la journée, le régiment est au contact, légèrement d'abord, puis, vers le soir, des contacts se précisent avec des éléments de l'infanterie, appuyés de chars. Un char et une voiture de D.P. ennemis sont détruits devant Estaire, par les canons et les mitrailleuses du lieutenant Becker. La menace pèse lourdement à la droite du dispositif du régiment, qui risque d'être tourné par le nord. Les renseignements qui arrivent sur la situation de l'armée des Flandres sont d'une gravité exceptionnelle : l'ennemi occupe Cassel et Hazebrouck. A 21 heures le chef d'escadron Amanrich reçoit l'ordre de se replier sur Zuydcoote, par l'itinéraire : Bailleul-l'Abeele-Watou-Rondschoote-Guyvelde. Le décrochage s'effectue à partir de 22 heures, alors que des infiltrations se sont produites entre les P.A .de droite et le repli a lieu lentement, à travers les décombres de Bailleul, sur un itinéraire déjà utilisé à plein par les grandes unités qui retraitent.
Le régiment a perdu, dans la journée le lieutenant Boyer.

29 mai 1940
Vers 8 heures les premiers éléments du régiment arrivent à Guyvelde et se rassemblent dans le cimetière. Ordre est donné d'abandonner les voitures, de saboter les camions et le matériel automobile. A 13 heures les avions allemands font leur apparition. Jusqu'à la nuit, ils ne cesseront de bombarder Bray-Dunes et le pont sur le canal de Dunkerque, entre Bray-Dunes et Guyvelde sans toutefois, réussir à atteindre ce dernier point. La D.C.A. britannique est en action.
Le régiment a perdu dans la journée, le sous lieutenant Couturier, l'aspirant Bazier, le lieutenant Soye et l'aspirant Perrée, disparus.
 
30 mai 1940
A 8 heures, à pied, le régiment quitte Ghyvelde et va s'installer dans les dunes de Zuydcoote. A 11h50, le régiment fait à nouveau mouvement pour se regrouper dans les dunes de Malo-Terminus. La mer est d'huile.
A 21 heures, l'artillerie allemande entre en action et les obus tombent dans les dunes et encadrent le Casino-Hôtel ou se trouvent de nombreux blessés.

31 mai 1940
Le régiment, par détachement de 250 hommes embarque à Dunkerque sous les bombardements de la fin de l'après-midi. Les éléments du régiment débarquent à Douvres et sont acheminés vers des destinations différentes (Porthsmouth, Bournmouth, Plymouth) ; la campagne des Flandres est terminée.

6 juin 1940
De retour sur le sol Français le régiment se regroupe à Gaudreville-la-Rivière. Il doit se reformer sur de nouvelles bases : 1 escadron de motos, 3 escadrons de F.V. et 1 escadron de mitrailleuses et d'engins.

8 juin 1940
Les éléments du régiment, qui doivent former le nouveau 4e Dragons, quittent par la route, Gaudreville pour Saint-Rémy-Les-Chevreuses. Le 4e Dragons est à nouveau constitué et son ordre de bataille est le suivant :
ETAT MAJOR
Chef d'escadron Amanrich, commandant le régiment
Capitaine Bonamy, capitaine adjoint
Lieutenant Chaussivert, chef du peloton de commandemant
Lieutenant Couchard, chef officier de détails
Lieutenant Stalin, chef du service auto
Lieutenant de la Pradelle, officier de renseignement
Capitaine médecin Lafargue, chef du service santé
Sous lieutenant médecin Rudaux adjoint au chef de service de santé
E-M DU BATAILLON
Capitaine Baillet, commandant le bataillon
Sous-lieutenant Delord, adjoint au capitaine commandant la bataillon
1er ESCADRON
Lieutenant Potier, commandant l'escadron
Sous-lieutenant Carissimo    Sous-lieutenant Albert    Lieutenant Chaperon    Adjudant Gaumé
2e ESCADRON
Capitaine Arnemann, commandant l'escadron
Lieutenant Lejoindre    Sous-lieutenant Bonneau     Adjudant-chef Merle
3e ESCADRON
Capitaine Thuillier, commandant l'escadron
Lieutenant Albaut    Lieutenant Gascard     Aspirant Cazenobe    Aspirant Gazats
4e ESCADRON
Capitaine De Vandière
Sous-lieutenant Maurice     Sous-lieutenant Onof    Adjudant-chef Bourdon     Sous-lieutenant Falgas
5e ESCADRON
Capitaine Le Teillier
Sous-lieutenant Vernon    Sous-lieutenant Dosnon    Lieutenant Parriaux      Sous-lieutenant Pornin
 
10 juin 1940
A 2 heures le régiment reçoit l'ordre d'alerte. Il doit avoir touché son matériel pour 11 heures. Durant toute la matinée, à Saint-Rémy-les-Chevreuses, s'effectue la distribution, des armes, des munitions et des véhicules. Les hommes touchent des équipements et des effets. A 14 heures le régiment quitte Saint-Rémy et fait mouvement sur Pacy-sur-Eure. A 19 heures le P.C. est installé dans une ferme, à Saint-Aquillin-de-Pacy. L'ennemi a franchi la Seine dans la région de Vernon et avance en direction de Pacy. Le régiment prend ses dispositions pour la nuit.

11 juin 1940
Le régiment est installé en position défensive : le 1er escadron tient Vaux-Cocherel ; le 2e escadron Ménille ; les 4e et 5e escadrons Pacy-sur-Eure et Saint-Aquillin. Le 3e escadron les rejoint dans l'après midi.
A 18 heures, le régiment attaque en partant de la lisière nord du bois de Pacy appuyé par des chars de la D.L.M. et renforcé par des chars B, en direction de la Heunière. Malgré la pluie et le feu violent des armes automatiques et des minen, la résistance ennemie est brisée ; dans un élan admirable le 4e escadron (capitaine de Vandières) atteint la Heunière, qui était son premier objectif. Une quarantaine de prisonniers sont faits et l'ennemi laisse sur le terrain de nombreux morts et blessés. Mais la 2e D.L.M, qui devait attaquer sur la droite du régiment n'a pu faire déboucher son attaque. L'aile droite du régiment n'est pas couverte et vers 21 heures, il doit exécuter l'ordre de repli sur la ligne Ménille-Pacy.
Le P.C. du régiment est à la mairie de Pacy-sur-Eure.
Le régiment a perdu, au cours de la journée, le capitaine de la Vandières mortellement blessé ; le sous lieutenant Falgas blessé.

12 juin 1940
A 5 heures, le 1er escadron reçoit l'ordre de prendre le pont de Cocherel, que l'ennemi tient sous son feu depuis la veille au matin. Pris à partie, non seulement par des éléments ennemis qui marchent dans la région de Vernon vers l'ouest, mais également par des forces qui viennent des Andelys opérant nord-sud, occupent depuis la veille au matin les crêtes dominant Cocherel et d'autre part, les éléments devant opérer à gauche (6e cuirassiers et le 1er bataillon du 236e R.I.) n'ayant pu progresser, le 1er bataillon ne peut atteindre que les lisières sud-est du village. Il occasionne de grosses pertes à l'ennemi, mais contre-attaqué par des forces importantes, l'escadron subit de sérieuses pertes :
Le capitaine Bonaly et le sous lieutenant Carissimo sont mortellement atteints ; les lieutenants Pottier et Chaperon sont grièvement blessés. Le 1er escadron doit se replier sur Vaux.
A 18 heures, le 3e escadron (capitaine Thullier) reçoit l'ordre de tenir la ferme et le bois de Préaux (1.500 mètres ouest de Saint-Aquilin). Le capitaine part avec le lieutenant en premier, le lieutenant Albaut, et reconnaît la ferme qui ne doit pas être occupée. Aussi décide-t-il de faire débarquer son escadron à proximité de la ferme qui doit devenir son P.C, mais au débarquement, l'ennemi enveloppe la ferme de ses feux. Un rude combat s'engage, acharné, au cours duquel chaque officier, chaque gradé, chaque homme, fait preuve d'un magnifique élan. Des hommes empoignent des mitrailleuses et font un tir incendiaire, mais continu, qui crée l'épouvante chez l'ennemi dont le détachement se replie, laissant sur le terrain deux mitrailleuses et 18 prisonniers et de nombreux morts. A la tombée de la nuit les escadrons sont resserrés à Saint-Aquilin, Pacy, Fains. Le P.C. est porté à la Noé-du-Bois.

13 juin 1940
A 2 heures, le régiment qui a reçu l'ordre, se replie en direction du sud de Dreux, à Torcay. Il reste stationné dans les bois. A 21 heures, il fait mouvement en direction de Verneuil.

LES COMBATS DE COCHEREL DU 11 ET 12 JUIN
C'est en ce paisible et riant village de l'Eure, à Cocherel où naquit Aristide Briand, le démagogue de la paix, aux pieds même de sa statue, que devait se dérouler dans la journée du 11 et 12 juin 1940, les combats les plus sanglants de la campagne de l'Ile de France. Venons aux faits.

Le 11 juin dans la matinée, le 1er escadron, commandé par le lieutenant Pottier, et dont le peloton (lieutenant Chaperon) est resté à la disposition du général commandant la division, reçoit l'ordre de se porter successivement sur Vaux, puis de pousser sur Cocherel, afin d'y assurer la défense du pont et de ses abords.
A Vaux, l'escadron prend liaison avec une patrouille du 6e Cuirassiers qui s'y trouve. Les renseignements recueillis sont très imprécis, des civils prétendent avoir vu des allemands à Jouy. Le lieutenant Pottier envoie immédiatement la patrouille du 6e Cuirassiers dans cette direction. Puis une autre patrouille reçoit pour mission d'aller reconnaître Cocherel, dont la vue est cachée par un rideau d'arbres, à 500 mètres de là. Arrivé à proximité de ces bosquets, elle est arrêtée par des rafales d'armes automatiques provenant des hauteurs qui couronnent la rive droite de l'Eure et le village. Cependant, aucun ennemi n'est visible. Poursuivant la mission reçue, le lieutenant commandant, après avoir fait garer ses side-cars sous les arbres du village de Vaux, donne l'ordre au sous-lieutenant Albert de se rendre avec son peloton au pont de Cocherel, en utilisant les couverts de la rive gauche de l'Eure. Lui-même se porte avec le sous-lieutenant Carissimo et son peloton dans la même direction, mais en empruntant un itinéraire différent. Au cours de l'avance, des rafales de mitrailleuses passent très au dessus des hommes. L'ennemi devine plus qu'il ne voit, tire au jugé.
Bientôt, arrive le capitaine Baillet qui vient aux renseignements et qui accompagne le peloton Carrissimo jusqu'au pont. Ce dernier est désert, mais très exposé aux vues des crêtes environnantes. Des matériaux gisent à quelques pas, ils vont servir à élever des barricades. A ce moment, le capitaine Baillet, en se retournant aperçoit la statue d'Aristide Briand qui, avec ironie, semble présider aux travaux. «dire que c'est à cet apôtre-là que nous devons d'être ici», lâche avec écœurement le capitaine. Un F.M est mis rapidement en batterie au bord de la rive et dans l'axe du pont. Un groupe de combat a franchi la route et s'installe au nord ouest. Le maréchal des logis Joly, qui le commande, s'apprête à le rejoindre, à peine s'est-il élancé qu'une rafale de mitrailleuse, le cloue au sol. Son sang ira fouetter la statue. Une deuxième rafale troue le casque du capitaine Baillet, fou de colère, celui-ci s'empare d'un mousqueton et tire dans la direction de l'emplacement de l'arme ennemi. Le lieutenant Pottier, en fait autant avec un F.M et les hommes suivent leur exemple. Plus loin, le peloton Albert, ouvre également le feu sur des allemands qui se retirent à travers des jardins de la rive droite. Le maréchal des logis Joly est évacué, le capitaine Baillet repart porter les renseignements au commandant Amanrich. A peine a-t-il quitté l'escadron que les 77 et les minenwerfers entrent en action. les obus viennent s'abattre autour du pont. L'ennemi qui, des hauteurs, a repéré, ajuste et amplifie son tir. Le peloton Carissimo risque d'être anéanti sans pouvoir être employé efficacement. Le lieutenant Pottier décide de revenir aux bosquet situé en deçà de la voie ferrée. Le mouvement, pour échapper aux vues de l'ennemi, se fait par l'Eure, dont le niveau et très bas. Quelques rafales viennent néanmoins frapper l'eau à peu de distance. L'une d'elle arrache le F.M des mains du lieutenant. Les balles font un bruit semblable à celui que feraient de grosses gouttes de pluie tombant dans un bassin. Personne ne manque sur la nouvelle position que vient de rejoindre le peloton Albert. Le repli est de courte durée. L'ennemi s'infiltre de tous les côtés et bientôt le combat reprend plus violent et plus meurtrier. Les hommes tirent sans arrêt. Le sous-lieutenant Albert doit à son intervention personnelle le sauvetage d'un groupe de combat qui va être fait prisonnier. Deux blessés et deux disparus. Cependant l'effectif des deux escadrons fond d'un gros tiers. Les blessés sont emmenés. A ce moment, un bruit de tonnerre se fait entendre ; un Potez 63 passe comme un bolide à 20 mètres au dessus de nous, poursuivit par deux Messerschmitt 109. Lui aussi a chaud !!! Le jour décline, passer la nuit à cette endroit, c'est la capture inévitable. Le peloton du sous-lieutenant Bonnaud (3e escadron) est à 200 mètres en arrière et occupe également une mauvaise position. Le lieutenant Pottier et le sous lieutenant Bonnaud décident de s'installer en point d'appui cerclé à Vaux, en mettant toutes leurs ressources en commun. Là, au moins, on tiendra le coup.
Au cours, de la nuit du 11 au 12, le commandant Amanrich est venu se rendre compte de la situation et a donné l'ordre au lieutenant Pottier de reprendre coûte que coûte Cocherel et le pont. Le 18e escadron (lieutenant Chaperon) rejoindra l'escadron. 6 chars Somua (lieutenant coupé) prendront part à l'attaque. L'opération doit se faire dès que les renforts arriveront.
Au lever du jour, arrivent successivement, les chars et le 1er peloton. Le lieutenant Pottier, met le lieutenant Coupé au courant de la situation, et lui demande de faire copieusement arroser les taillis au cours de la progression.
Les divers éléments d'attaque sont rapidement en place. L'ordre est donné ; les Somuas débouchent, l'escadron à pied les suit, en utilisant le plus possible les couverts existants. Le lieutenant commandant marche devant le peloton du centre à proximité du char du lieutenant Coupé. Les deux Somuas de tête fouillent les buissons de leurs rafales de mitrailleuses. Aucune réaction de l'ennemi. Puis, ils abordent et pénètrent dans le village. Même silence de l'ennemi. L'infanterie approche elle aussi, atteint le remblai de la voie ferrée puis le franchit. L'escouade de tête du lieutenant Chaperon est entrée dans le village et doit se trouver près du pont. Le lieutenant commandant, revolver au poing, s'apprête à bondir en avant. Tout à coup, à 30 mètres devant lui, derrière un muret de jardin, se découvre un groupe d'allemands encadrant une mitrailleuse. A peine a-t-il le temps d'esquisser un geste, que le lieutenant Pottier tombe grièvement blessé, sous une longue rafale de mitrailleuse (4 balles l'ont atteint au bassin. Comme si c'était là le signal convenu, immédiatement après s'abat sur l'escadron et sur les chars une grêle de balles et d'obus venant principalement des hauteurs avoisinantes et des maisons situées sur la rive droite. Nos chars répliquent : le 47 et la 7,5 crépitent, l'escadron utilise ses F.M. au maximum. Le peloton Chaperon réussit à atteindre son objectif, occasionnant de grosses pertes à l'ennemi, qui se replie de l'autre côté en lançant des grenades. Des deux côtés, on entend les cris de rage et des hurlements de douleur.
Au plus fort du combat, l'agent de transmission Couvreux narguant les balles, n'hésite pas, à se porter vers son lieutenant commandant, lui donne à boire, essaie de panser ses plaies, mais il a trop à faire. Il retourne à la bataille en lui promettant de le venger. Sur ces entrefaits, le capitaine adjoint Bonamy est arrivé sur le terrain de combat, des renseignements sont nécessaires à son chef, il vient les chercher. Mais le 1er escadron, dont il vient de quitter le commandement pour prendre son nouveau poste. Son cœur reste attaché à ses hommes et le lieutenant Pottier ne l'a pas quitté depuis son arrivée au régiment. C'est vers lui qu'il se dirige aussitôt, méprisant les rafales qui s'abattent alentours. Parvenu à proximité, il lui prodigue des paroles d'encouragements et le félicite de sa conduite. Cependant l'endroit est terriblement exposé. Le lieutenant Pottier, étendu, reçoit encore une balle qui lui troue la poitrine. D'autre part, il n'y a plus d'officiers ; deux chefs de peloton, le lieutenant Chaperon et le sous-lieutenant Carissimo sont tombés à leur tour, le second mortellement blessé. Le sous-lieutenant Albert a fortement à faire à l'aile gauche du dispositif où les baïonnettes des dragons font merveille. Bonamy reprend de lui même le commandement de son ancien escadron. Il veut traverser la route pour donner des ordres à Gaumé, son adjudant, mais il s'écroule aussi, blessé à mort «m.... , ils m'ont touché», dira-t-il en tombant. En même temps que ses chefs, peu à peu l'escadron est décimé, mais il tient toujours, et il tiendra encore.... L'esprit du «grand Charles» et de son «terrible neveu» souffle en lui. Esprit de lutte et de sacrifice, l'escadron ne se repliera que lorsque, l'ordre lui en sera donné. Celui-ci est arrivé, il faut maintenant décrocher. Des hommes sont là, à proximité des blessés, ils s'interrogent du regard ; nos officiers ? un char se replie en tirant. Par malheur il ne voit pas le lieutenant Pottier et se dirige sur lui. Va-t-il l'écraser ? non au dernier moment, rassemblant un peu de vie, le lieutenant lève son casque. Le chef de voiture l'aperçoit et fait stopper. Le portillon s'ouvre, alors sans fièvre, pieusement, au mépris des coups qui continuent à pleuvoir, l'adjudant Gaume, le maréchal des logis-chef Damien et des volontaires, saisissent les corps de leurs chefs, les déposent côte à côte, le capitaine et son fidèle second.
A Cocherel, le 1er escadron a lutté jusqu'au bout de ses forces : 10 tués, 45 blessés, sur un effectif de 78 hommes, contenant pendant vingt quatre heures un ennemi dix fois supérieur en hommes et en matériel de toutes sortes, occupant d'autre part, une position privilégiée, que les chasseurs d'Evreux connaissent bien.

 

14 juin 1940
Le régiment tient l'Avre depuis Verneuil jusqu'à Tillières, le P.C. est installé à Pléviellier. Aucun contact sérieux dans le courant de la journée. Vers le soir, l'ennemi exerce une pression sur le 12e dragons, à la droite du dispositif du régiment.

15 juin 1940
A 2 heures, le régiment reçoit l'ordre de se replier et de faire mouvement en direction de Remalard. Sa mission est de tenir les lisières nord est nord-ouest des bois de Vore. Le P.C. du régiment est installé à Freulement. Aucun contact avec l'ennemi

16 juin 1940
A 18 heures, le régiment se replie sur l'Huisne pour en tenir le cours depuis Remalard jusqu'à La Fouquelière. ( 2 kilomètres de Maison-Maugis). A 22 heures le P.C.s'installe dans la château de Perrines. Le 1e escadron tient les sorties nord de Remalard. Les 3e et 4e escadrons tiennent l'Huisne depuis Dorceau jusqu'à Bellon, en liaison du 5e qui tient Boissy-Maugis

17 juin 1940
Dès les premières heures de la matinée, l'observatoire du régiment est installé à 500 mètres du château des Perrines deux batteries du C.C, en appuie direct du régiment, joignent leurs moyens de d'observations. Vers 10 heures le contact est pris, dans Remalard, par le 1er escadron, puis par les escadrons qui tiennent l'Huisnes. L'artellerie effectue des tirs qui paraissent efficaces sur les sorties nord de Remalard et sur les crêtes nord de Boissy-Maugis. Dans la région de Boissy-Maugis le contact est pris avec des cavaliers ennemis. C'est la première fois depuis le début de la campagne que le régiment se trouve devant des éléments à cheval. Les combats sont rudes, les armes automatiques sont très actives. Le 5e escadron met en action ses mortiers qui sèment un grand désastre parmi les chevaux ennemis. Chez ce dernier les pertes sont sévères, au régiment elles sont presque nulles.
A 14 heures le régiment sur l'ordre qu'il a reçu décroche et se replie dans la région de Bellevue pour y attendre de nouveaux ordres. Le P.C s'installe de 15 à 18 heures, au château des Fleugerets. A 18 heures, le régiment fait mouvement sur la Fontaine à 2 kilomètres du Mans.

18 juin 1940
A 8 heures, après avoir été survolé en rase-motte par deux escadrilles de bombardiers qui, d'ailleurs, ne lancent aucun bombe, le 4e Dragons fait mouvement. Il traverse Le Mans et arrive à Lion-d'Angers vers 14 heures. Le régiment à une nouvelle mission : tenir la Mayenne depuis Château-Gonthier. Son dispositif est le suivant : le 4e escadron à La Neuville ; le 5e escadron et le 1er escadron, à Montreuil le 2e escadron du pont sur la Mayenne au Lion-d'Angers ; le 3e à Grez ; réserve de bataillon 1er peloton du 3e escadron. P.C. du régiment, stationné à Lion-d'Angers.

19 juin 1940
A 8h45, le contact est pris à Lion-d'Angers, au pont qui traverse la Mayenne. L'ennemi manifeste son mordant : certains des allemands traversent la rivière à la nage, sous les feux de nos mitrailleuses. A 10 heures un char ennemi réussit à neutraliser le canon de 47 qui tient le pont. Vers 11 heures les chars Hotchkiss du 4e cuirassiers arrivent et permettent d'arrêter l'ennemi. Le 3e escadron est fortement accroché à Grez-Neuville ; l'ennemi s'infiltre sur l'aile gauche du village et fait pleuvoir sur le village une pluie de projectiles divers. Les pertes sont sensibles. Le Lion-d'Angersest bombardé à coup de minen mais sans grand dégats. Vers midi, la situation du régiment qui se trouve devant un ennemi très supérieur en nombre et en matériel devint critique et l'encerclement se précise. C'est alors qu'arrive, à 12h30 l'ordre de se replier sur la Loire. Le régiment fait mouvement sur Challonnes où il franchit la Loire ; puis il se regroupe à Breuil (15 kilomètres est de Challonnes), à partir de 17 heures.
Le régiment à perdu, dans la journée ; le lieutenant Bonneau, disparu et l'aspirant Cazats blessé.

20 juin 1940
A 11 heures, le régiment quitte Le Breuil puis, par Chenille-Mauvelier va stationner à Le Bourneuf, à 1 kilomètre au nord de l'Asbie. Il cantonne sur place, tout en gardant les issues du village.

21 juin 1940
Le régiment quitte Le Bourgneuf à 8h45 par Breuil-Chaussée. A 9h30, il reçoit l'ordre de se porter à Thouars, avec mission de barrer la route de Saumur. A 11h30, le régiment forme un centre de résistance aux lisières de Thouars, face au nord à l'est et à l'ouest. A 12h45, un lieutenant d'artillerie se présente au P.C et informe le commandant Amanrich que, sur ordre du commandant de la subdivision de Niort, Thouars est déclarée ville ouverte. Le chef d'escadrons lui répond qu'il a des ordres pour accomplir une mission et qu'il les exécutera, qu'il n'a d'ordre à recevoir que du général de division. Le 3e escadron est désigné pour assurer la défense du pont, appuyé par deux canons de 47 de l'artillerie du C.C. l'escadron établit sa position sur les hauteurs, à l'est du pont. Vers 15h45, deux blindés allemand qui s'étaient présentés sont neutralisés par les canons anti-chars. A partir de 16 h l'ennemi pousse ses armes automatiques dans les maisons et le 3e escadron, violemment pris à partie, subit de lourdes pertes. A l'est l'ennemi dessine une manœuvre d'encerclement qui se précise vers 18 heures. En ayant reçu l'ordre, l'escadron se replie sur Saint-Chartres, en réserve du régiment, qui doit tenir la rivière de Moncontour.
Le P.C. est à Saint-Chartres. Le régiment tient la ligne Messais-Marnes sur laquelle, il n'a pas de contact avec l'ennemi.
Le régiment à perdu l'aspirant Cazenobe du 3e escadron blessé.
 
22 juin 1940
A 11 heures, le régiment, en ayant reçu l'ordre, se replie pour tenir la ligne Les Jumeaux-Assais. Le P.C. est fixé à Venhuchen. A 17 heures le contact est pris aux Jumeaux par le 5e escadron, qui se dérobe péniblement, après un violent combat, quand il en a reçu l'ordre. A 17h30, le régiment, suivant le sort de la division se replie vers le sud, en direction de Saint-Maixent, qui est traversé durant la nuit. Une forte colonne motorisée allemande a passé dans Saint-Maixent entre 18 heures et 19h15. Lle régiment est groupé pour la nuit, dans les pacages, à Bouhas.
Le régiment a perdu, dans la journée, le sous-lieutenant Vernon, du 5e escadron, qui observait dans le clocher des Jumeaux lorsque celui-ci, atteint par un obus, s'est effondré.

23 juin 1940
L'armistice est signé entre la France et l'Allemagne mais la cessation des hostilités doit intervenir 6 heures après la signature de l'armistice entre la France et l'Italie.
A 18 heures, le régiment quitte Bouhas pour stationner à Epanvilliers et tenir le village. A 19h30 il fait mouvement pour tenir le nœud de communication à Rouillac, où il arrive dans la nuit.
 
24 juin 1940
A 7 heures, le régiment se porte dans la région de Saint-Aguilin, à 17 kilomètres au nord-ouest de Coutras, en vue d'interdire à l'ouest de Saint-Aguilin les directions Monvendre-Libourne, aux sorties de la Roche-Chalais. Le P.C. est installé à la Roche-Chalais.
 
25 juin 1940
A 0h35, les hostilités ont cessé entre la France et l'Allemagne, l'armistice étant signé avec l'Italie depuis le 24 juin à 18h30. A 6 heures le régiment fait mouvement sur Chanterac (Dordogne), où il cantonne à partir de 9h30.
 
1er juillet 1940
Prise d'armes du régiment, au château de Chanterac, à 8 heures. Le colonel remercie le 4e dragons pour sa belle conduite au feu et demande à tous de rester unis après la démobilisation.

2 juillet 1940
A 5 heures, le régiment rompt de son cantonnement de Chanterac pour stationner dans la région du Double. P.C. à Saint-Michel-de-Double.

8 juillet 1940
Le régiment prend part à la dernière prise d'armes de la 1ère D.L.M. au moulin de Saint-Vincent-de-Connezac.
Le général Langlois, commandant le corps de cavalerie, passe en revue les troupes que lui présente le général de Beauchesne commandant la 1ère D.L.M.
Le 4e régiment de dragons portés est dissout.
 
Pertes totales du régiment
Du 10 mai au 24 juin 1940
Officiers 49    Sous officiers 174        Troupes 1351