Historique sommaire de la
 345e compagnie autonome de chars D2 bis
 
 
 
I. Fondation de la 345e compagnie.
Le 26 avril 1940, le 19e bataillon doit envoyer une de ses compagnies à Versailles pour percevoir 15 chars D2bis neufs et du matériel roulant neuf pour être dirigé ensuite vers les T.O.E. ; c'est-à-dire la Norvège.
La première compagnie est désignée et devient ainsi la 345e compagnie autonome de chars.
La compagnie débarque à Versailles-chantier le 28, et le 29 débarquent que les 15 chars à la gare des matelots.
Au cours de la marche vers Satory, la moitié des chars tombe en panne par suite de difficultés dans l'embrayage. Il s'agit après démontage effectué par le lieutenant Bondard et le capitaine Idée, de mauvais roulements d'embrayage, des manques de graissage, etc… Mais ces chars paraît-il ont satisfait avec succès à toutes les épreuves de réception !
Cependant ce n'est que 15 mai que le capitaine Idée commandant la 345e compagnie pourra déclarer au Ministère, ses chars prêts à partir. La compagnie partira avec 14 chars, le 15e n'étant pas prêt.

II. Combats au nord de l'Aisne.
Le 15 mai, après-midi, la compagnie embarque en 2 rames, à la gare des Matelots. La direction est donnée jusqu'à Soissons, où nous recevons le point de direction suivant.
Le 18 mai, la première rame arrive vers huit heures du matin, à la gare de Soissons. Elle reçoit l'ordre de débarquer immédiatement. Le lieutenant-colonel Sudre commandant la 6e demi-brigade de la 4e D.C.r. dont dépend la compagnie, lui donne l'ordre d'aller se porter et de s'installer en position défensive dans la région sud-ouest de Soissons.
La deuxième rame arrivera à la gare de Crouy, vers 11 heures du matin. Les ordres sont changés, la compagnie doit se porter immédiatement dans la région nord-est de Laon, dans la forêt de Samoussy.
L'itinéraire est suivi sans encombres ; les véhicules sur roues sont laissés dans la région sud de Laon, à Presles.
Le 17 mai, à 4 heures du matin, la compagnie à l'attaque, sa gauche appuyée à la voie ferrée en direction de Montcornet. Elle est encadrée à droite par une compagnie B, la compagnie Bibes.
Dès le début, les chars B que l'on avait espéré rapides, se font remarquer par leur lenteur. Les D2 bis sont obligés de passer les premiers.
Entre Liesse et Chivres, la route traversant des marais est le seul passage possible. Les B doivent passer les premiers. Le passage étant miné, un camion de munitions y a sauté. Les chars sont obligés de se replier momentanément pour pouvoir passer. Un B envoie des coups de 75 mm sur le pont. Le B passe, puis les D2, puis les deux compagnies.
Les villages de Chivres, Bucy, La Ville aux Bois qui étaient occupés par l'ennemi sont nettoyés.
Arrivée à Montcornet, la compagnie D2 peut tirer à loisir sur des colonnes de camions et des motocyclistes circulant sur les routes de Montcornet à Marle et de Montcornet à Lislet. Les chars et automitrailleuses ennemis tentent sans grand succès de s'y opposer. Ils seront détruits.
L'ennemi réagit par son aviation. Le char du lieutenant Lacour est incendié par l'un d'eux, mais l'équipage est recueilli par lieutenant Sergent.
Pendant ce temps, quelques sous-officiers et chasseurs de la compagnie ne faisant pas partie des équipages faisaient des prisonniers et tuaient des ennemis récalcitrants à Liesse.
L'ordre de repli arrivé, la compagnie est attaquée par l'aviation ennemie en nombre. Plusieurs bombes sont jetées sur elle. Une bombe tombe devant le char du sergent Sacotte, les chenilles rompues, le char tombe dans l'entonnoir. Au commandement du commandant de compagnie, les chars se dispersent le plus possible, subissant des attaques en piqué de fléchettes incendiaires ; ils se regroupent à Bucy-les-Pierrepont. C'est là que le sergent Duvet et le chasseur Pract rejoignent la compagnie couverts de brûlures ; ils ont essayé de récupérer l'armement et les munitions du char du lieutenant Lacour, mais ils ont été attaqués par un avion ennemi qui a incendié leur char à son tour.
La compagnie derrière Bucy-les-Pierrepont, a installé ses chars pour garder les issues et pouvoir agir contre une contre-attaque. Les B se replient à 21 heures, la compagnie D2 bis à 22 heures. Elle reste une heure de plus n'ayant pas reçu d'ordre. J'ordonne le repli ; entre Chivres et Liesse je rencontre le colonel Sudre qui ordonne de porter notre compagnie dans la forêt de Samoussy.
Le 18 mai les chars sont remis en état : nettoyage ; le sable sur les blindages, dans la chambre des machines est enlevé. Remise en état des antennes de T.S.F, beaucoup sont cassées. Chaque char a 4 ou 5 impacts, le char du lieutenant Sergent en a 6. Ils n'ont pas traversé, les balles perforantes sont entrées un peu plus profondément mais n'ont pas traversé.
Le soir la compagnie reçoit l'ordre de se porter dans la région nord de Laon, pour une attaque qui aura lieu le lendemain matin.
La compagnie est passée à la 8e demi-brigade (lieutenant-colonel Simonin).
Le 19 mai, la compagnie est réservée. Position de départ, bois au nord de la Cité des Cheminots. Elle se déplace une première fois, puis doit se porter pour attaquer les lisières sud de Crécy sur Serre, afin de permettre l'entrée dans ce village d'une compagnie de R 35. Arrivée sur place, la compagnie voit les R 35 qui se replient. Elle part à l'attaque mais n'est pas suivie. Les D2 vont chercher les R 35 et les lancent dans Crécy, mais les R 35 ne peuvent passer les ponts à l'intérieur du pays qui sont minés et battus de part et d'autre par des canons antichars. Les D2 se précipitent dans le barrage. Un D2 passe 2 barrages, l'Alma du lieutenant Boudard, mais saute sur le troisième où il est pris à partie par des armes antichars et un Pz III. Le char du lieutenant Goddalis saute sur le deuxième barrage, le char du capitaine reçoit trois obus, derrière d'autres D2 tirent à la mitrailleuse et permettent aux équipages des deux premiers chars d'évacuer leurs engins en flammes et de retourner dans les lignes amies.
Parmi eux, le lieutenant Boudard a reçu un coup au front, le sous-lieutenant Goddalis est blessé de deux éclats dans les épaules, le chasseur Martineau a le pied cassé.
Le passage est impossible, le pont a sauté.
La compagnie se met en bataille derrière la ligne de chemin de fer, elle y reste jusqu'à sept heures du soir en attendant l'infanterie qui n'arrivera pas.
L'ordre de repli est donné. La compagnie largement dispersée en bataille subit une violente attaque d'aviation. Les appareils allemands sont une centaine, lâchant partout bombes, fléchettes incendiaires, mitrailles. De ci, de là, un char B flambe, les B semblent exploser rapidement. Tous les villages sur 20 km de profondeur sont bombardés, ainsi que les quelques bois que l'on peut y rencontrer. Ce n'est que dans les bois de la Neuville sous Laon que les chars D2 bis échappent aux avions ennemis.
Le soir, la compagnie ira s'installer dans le bois de Lavergny. À deux heures les chars sont postés face au nord.
Le 20 mai, la 345e compagnie subit l'attaque allemande dans le bois de Lavergny. Beaucoup de fantassins ennemis, des cavaliers, trois automitrailleuses, un char allemand sont abattus par nos chars. La section du lieutenant Sergent va au secours du lieutenant Le Acurf du 24e BC.C. dont le R 35 touché par les antichars ennemis est en flammes sur la route de Eppes. L'ennemi réagit par un violent tir de 77.
Le capitaine Idée est blessé, il continuera de combattre.
La compagnie se replie.
Festieux est bombardé, encerclé par des fantassins ennemis.
Les chars D2 attaquent ; le char du sous-lieutenant Sergent est pris à partie par un canon antichars dissimulé jusqu'au dernier moment qui le tire à bout portant. Le blindage est percé, les coups se succèdent, les autres chars arrivent. Le char du lieutenant Brumeaux est lui aussi atteint. Derrière les sergents Wix, Bour, Monnier tirent et permettent au chasseur Chauffour, à tout équipage du second de sortir de leur engin. Le char du sergent Monnier est lui aussi atteint, il se replie en flammes à l'intérieur du pays. Les rescapés prennent place dans les chars indemnes, et la compagnie sort de Festieux par la sortie nord.
Le char du sergent Tassel rejoint.
La compagnie arrive à passer l'Aisne, ainsi que la compagnie d'échelon et la section d'échelon sous les ordres du lieutenant Marais.
A Mareuil en Dôle, près de Fismes, la compagnie se regroupe avec le 19e bataillon de chars.
Le 21 mai, l'ordre est donné de rattacher la 345e compagnie au point de vue personnel et matériel au 19e bataillon de chars. Il s'ensuit une répartition générale du matériel de la compagnie. Elle perd également la plupart du personnel de son élément d'atelier ainsi que tous les gradés et chasseurs venus à sa formation des autres compagnies du bataillon.
La 345e compagnie redevient la 1ère compagnie.
Portés disparus le 20 mai : sous-lieutenant Sergent, sergent Mounet, caporal Hénon, caporal-chef Damoiselle, chasseur Lefèvre Georges.
Blessé le 17 à Montcornet : sergent Duvet, chasseur Praët.
Blessés le 19 à Crécy sur Serre : sous-lieutenant Goddalis, chasseur Martineau
Blessés le 20 à Lavergny : capitaine Idée, à Festieux : lieutenant Brumeaux