Historique du 19e Bataillon
de Chars de Combat
LE 19e BATAILLON DE CHARS D 2
PENDANT LA GUERRE DE 1939-1940
I CE QU'ETAIT LE 19e
LES ORIGINES DU BATAILLON
Le 19e Bataillon de Chars a été créé au début de 1918. Il comprenait alors les 355e, 356e, 357e Compagnies et était sous les ordres du Chef de Bataillon BRUNAUX, qui en 1939 forma la 1ère Division Cuirassée.
Il prit part jusqu'au 11 Novembre 1918, à de nombreux engagements et sa glorieuse conduite lui valut une citation à l'ordre de l'Armée.
Dissous en 1920, le 19e devint le 1er Bataillon du 507e Régiment de Chars et avec celui-ci, tint garnison à METZ jusqu'à la mobilisation de 1939.
A la dissolution du 507, le 27 Août 1939, il reprit son ancien numéro de 1918.
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Le Colonel DE GAULLE Commandant le 507e R.C. présente le 1er Bataillon au Général DELESTRAINT Commandant la Brigade, qui va prendre sa retraite (Mars 1939) |
LE PERSONNEL
En raison de la situation politique qui avait nécessité la maintien du contingent et le rappel des B.-o, le Bataillon était à peu près au complet, au moment de la mise sur pied de l'Echelon A.
Un apport relativement faible de réservistes, vint le compléter à la Mobilisation. Tous avaient servi au Bataillon et étaient bien connus des Cadres.
Les Officiers, les Caporaux et les hommes venaient de tous les coins de notre belle FRANCE et les Sous-Officiers étaient, en grande majorité des Lorrains.
Cadres et troupe disciplinés, animés d'une foi ardente, fidèle aux traditions des Chars, formaient pour toutes ces raisons, à l'inverse de beaucoup de Corps de Troupe de l'Armée Française, un bloc très homogène dont la solidité, malgré les tristes spectacles dont ils furent témoins, a résisté jusqu'au dernier jour.
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Deux Compagnies du Bataillon à FRESCATI et sur le terrain de JEANNE-D'ARC |
LE MATÉRIEL
CHARS
Les photographies et dessins qui illustrent ce récit donnent une idée exacte de ce qu'était ce Char qui avait fière allure et qui constituait un puissant moyen de combat.
Malheureusement, la pénurie de rechanges et les retards dans les fabrications empêchèrent de remettre en état ce matériel qui avait servi à l'instruction de 1937 à 1939. Ce fut avec des chars usés, à bout de souffle, que le 19e Bataillon entra dans la bataille.
Une deuxième tranche de 50 D 2 avait été mise en fabrication au début de la Guerre. Mais les Chars ne commencèrent à sortir des usines que fin Avril 1940. Confiés à des Compagnies Autonomes (345 – 346 - 350) qui furent placées au fur et à mesure de leur mise sur pied, sous le commandement du Chef de Bataillon, commandant le 19e, ils furent livrés trop tard pour être utilisés dans de bonnes conditions.
Certains d'ailleurs avaient été sabotés. On put constater en effet sur les culbuteurs des Chars de la 345e, des entailles faites à la scie à métaux.
Au total le bataillon disposa (sans parler des 3 chars laissés au dépôt pour l'instruction) de 81 chars qui furent répartis ainsi qu'il suit :
19e Bataillon, 45 (en mauvais état) numérotés 2004 à 2053, moins les 2005-24-44-45-48.
345e Cie Autonome, 14 (neufs dont plusieurs avaient été sabotés) numérotés de 2054 à 2058, moins le 2062.
346e Cie Autonome, 10 (neufs mais servis par un personnel l'ignorant totalement numérotés de 2069 à 2078.
350e Cie Autonome. 12 (neufs, mais servis comme à la 346e) numérotés de 2079 à 2090. Les 2082-83-84-89-90 n'ont jamais rejoint le Bataillon.
On trouvera au Chapitre IV le détail des pertes.
Le Tableau de constitution du Bataillon donne le nom des Chars ainsi que celui des Marraines. Celles-ci, retrouvées pour la plupart pendant la guerre, ont répondu à l'appel que le Chef de Bataillon leur avait adressé et ont fait preuve d'une très grande générosité envers les équipages.
LE BAPTÊME DES CHARS DU BATAILLON | |
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1938 | 1938 |
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1939 |
LA FÊTE DU REGIMENT 2 Juillet 1939 |
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Le Colonel DE GAULLE préside à la finale du challenge du Régiment (Basket-ball) | L'Eléphant d'Hannibal |
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Le char de demain | Le cheval de Troie |
MATERIEL AUTOMOBILE
Ce matériel provenait du 507 (Echelon A) et de la réquisition.
Si, celui stocké au Corps, était en excellent état, il n'en était pas de même de celui qui avait été réquisitionné et le Bataillon en souffrit considérablement. Jusqu'au dernier jour il ne put obtenir du matériel neuf et ses transports furent toujours difficiles.
L'ORGANISATION DU BATAILLON
Le 19e Bataillon sur le pied du guerre comprenait :
1 Etat-Major
3 Compagnies de combat
1 Compagnie d'Echelon
1 Section d'ouvriers de Parc
Chacune des Compagnies de combat se fractionnait en 4 Sections de combat et une Section d'Echelon.
Au 12 Septembre 1939, après la mise sur pied de l'Echelon A, le Bataillon était constitué ainsi que l'indiquent les tableaux ci-après, donnant le nom du Personnel des Equipages.
ETAT-MAJOR DU BATAILLON
Chef de Bataillon AYME Commandant du Bataillon
Capitaine HAMEL Chef de l'E-M
Lieutenant BLAISE Officier des Transmissions
Lieutenant CLÉMENT Officier de Renseignements
Lieutenant MAROIS Adjoint Technique
Lieutenant BRIARD Chargé des Détails
Adjudant PICOUREIX Médecin
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Le Chef de Bataillon AYME Commandant le Bataillon de chars D 2 25 Octobre 1938 - 31 juillet 1940 |
COMPAGNIES DE COMBAT
N°, Nom de la Marraine | Commandant de Compagnie |
Chef de Section | Chef de char | Mécanicien Pilote | Mécanicien | Radio |
2006 ROCROY Mme FOUCAUD |
Capitaine FOUCAUD | Sergent YUNG | Sergent MONNET | LEQUY CORNET |
BARATTE CHAUFFOUR |
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1ère SECTION | ||||||
2019 ALMA Mme QUEROL |
Lieutenant BOUDARD | S/Lieutenant LACOUR | Cap-Chef BOUCLET | PICARD MARTIN |
SUSONG | |
2025 YORKTOWN Mme AYME |
Sergent WAX | Caporal QUEFFELEC | HAUTEFEUILLE BARBIER |
BAIN | ||
2004 PATAY Mme GOURANDY |
Sergent BOUR | Caporal GUILLOT | SINCQUET PICHARD |
Caporal NICAISE | ||
2e SECTION | ||||||
2021 MALAKOFF Mme MARESCOT |
S/Lieutenant CLERMONT | Adj-Chef GODDALIS | Chasseur ROYNETTE | DAGUET BOUREL |
Cap-Chef DUVET | |
2010 ORLEANS Mme de SAXCE |
Sergent COMMAULT | Cap-Chef BLANC | MERTZ PASQUIER |
CARLIER | ||
2037 LA MARSAILLE Mme GUIBERT |
Sergent CARTON | Caporal NECAILLE | HANZER BOREL |
BONNE | ||
3e SECTION | ||||||
2029 SINTZHEIM Mme LOISEAU |
S/Lieutenant NOUHANS | Serg-Chef VANDENBERGUE | Cap-Chef SACOTTE | GALPIN ARBONA |
Caporal HANON | |
2026 MONS-en-RUELLE Mme DE LA BRETOIGNE DU MAZEL |
Serg-Chef LESUEUR | GURTLER | MULLER BENOIT |
BAIVIES | ||
2030 DENAIN Mme COCHINARD |
Sergent MONNIER | Cap-Chef MEREUZE | DERAME REMOND |
BINET | ||
4e SECTION | ||||||
2035 NEERWINDEN Mme DU COUEDIC DE KERGOALER |
S/Lieutenant SERGENT | Serg-Chef MARCHAL | Cap-Chef DAMOISELET | LANGLOIS BOLZER |
Caporal PELLEAU | |
2007 TOLBIAC Mme COUDANNE |
Sergent TASSEL | DELAU | CREUSOT GROTARD |
VEYRET | ||
2038 STEINKERQUE Mme LE BLEU |
Sergent PIERRON | LEFEBVRE | HAMONIC GUEGAU |
MARTINEAU | ||
Chef de l'Echelon : Lieutenant BRUMEAUX | ||||||
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2e COMPAGNIE DE COMBAT
N°, Nom de la Marraine | Commandant de Compagnie |
Chef de Section | Chef de char | Mécanicien Pilote | Mécanicien | Radio |
2013 AUSTERLITZ Mme GIRAUD |
Capitaine BERTHELOT | Sergent MOREL | Cap-Chef TROY |
FOCARD CLAVAUD |
Cap-Chef LESURQUE DRANCOURT |
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1ère SECTION | ||||||
2017 JEMMAPES Mme VAUTRIN |
Lieutenant BIETTE | Aspirant CARRE |
Caporal DENIS |
HAPIETTE HAGE |
Cap-Chef PETIT |
|
2028 L'ANCRE Mme TRINQUAND |
Sergent CARRION |
Cap-Chef JEUSSET | PORCHAT ALLIOT |
BONNET | ||
2039 LA MOSKOWA Mme BOTTEREAU |
Serg-Chef PIERRAT |
JACTAT | HATAT BOUCOT |
YVON | ||
2e SECTION | ||||||
2020 L'ISLY Mme NIVELLE |
S/Lieutenant BOURGEOIS | Caporal ALBERTINI | CHARLIER GENISSEL |
Caporal BURLOT | ||
2033 MARENGO Mme BAISE |
Sergent VINNEMANN | CAMUS | COUET VELLANDE |
WACOGNE | ||
2022 OISE Mme BRUNEAU |
Sergent MARIANI | Caporal RAUX | BIERRY ROUSSEL |
HENRY | ||
3e SECTION | ||||||
2053 FRIEDLAND Mme BRET |
S/Lieutenant CAVARROT |
ANNIQUE | PLESSIER BOVE |
Cap-Chef SCHIBLER | ||
2032 PYRAMIDES Mme PERREY |
Sergent LORGUE | Cap-Chef JEHLE |
NEF PARMENTIER |
PROUST | ||
2046 IENA Mme DUWINCK |
Sergent TARTELIN | VERBOGT | GIRARD ROBINET |
TAVERNIER | ||
4e SECTION | ||||||
2050 L'YSER Mme DE VILLARET |
Lieutenant BELLIER | DUTERTRE | MARQUILLA DENUNCQ |
Caporal HENRY | ||
2007 TOLBIAC Mme COUDANNE |
Sergent VUILLEMAIN | Cap-chef LANDELLE |
SELLIER FALLOCE |
GUINOIS | ||
2036 EYLAU Mme SEROU |
Sergent LEYOUR | PERROUX | NEDELLEC VALLAMBOIS |
LAVIALE | ||
Chef de l'Echelon : Lieutenant SOT | ||||||
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3e COMPAGNIE
N°, Nom de la Marraine | Commandant de Compagnie |
Chef de Section | Chef de char | Mécanicien Pilote | Mécanicien | Radio |
2041 MAGENTA Mme GARNIER |
Capitaine COLLOT | Sergent DE BRUYNE |
FAURE |
SOURADAIN LECLAIRE |
Cap-Chef WALBY HUBERT |
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1ère SECTION | ||||||
2047 MERY Mme DESROUSSEAUX |
S/Lieutenant AVERLON | Sergent LECCIA |
Chasseur NURAULT |
Chasseur BOISSONET RAYER |
Chasseur PETITPAS |
|
2043 MONTMIRAIL Mme BERTHELOT |
Serg-Chef JENICOT |
POIGNARD | SOUBROUILLARD |
SIRETTE | ||
2042 MARIGNAN Mme LEMUT |
Sergent ANDRE |
GIRARD | PRUVOST |
Cap-Chef HUSSON |
||
2e SECTION | ||||||
2014 LUTZEN Mme LE POGAM |
S/Lieutenant HENRION | Aspirant PEQUIGNOT |
VAYRIOT | NEAU BRUNET |
LALOUETTE | |
2015 RIVOLI Mme BAUDOIN |
Sergent CLAVIER | Caporal TESTARD |
LEPAGE SAUTET |
Caporal MOUZIN |
||
2027 COULMIERS Mme BUEHLMANN |
Serg-Chef JUGNIOT | Sergent MORHAIN |
BUREAU |
PLATEAUX | ||
3e SECTION | ||||||
2034 SOLFERINO Mme LEVY |
Adj-Chef GOUVERNANT |
Sergent FRENOT |
Caporal DESCHAMPS |
HENNEBELLE BLIN |
Sergent LANCEL |
|
2040 MONT-D'ORIGNY | Sergent SIRAN | SOURDET |
FOULON FRANCAIS |
Caporal FOUCHER |
||
2031 LA MARNE Mme COCHINARD |
Sergent ANNEL | ANTOINE | CASTEL JEANSEN |
SENS | ||
4e SECTION | ||||||
2008 POITIERS Mme CORNET |
S/Lieutenant RENAUD | Sergent PHILBERT |
Cap-Chef LABROSSE |
PONTER PARNOTTE |
FRITSCH | |
2051 DOUAUMONT Mme HUBERT |
Serg-Chef PAQUIN | Caporal COINON |
DUFLOT CAPELLE |
BIENFAIT | ||
2009 FONTENOY Mme VERDILHAC |
Sergent FLEURET | FRICHER | BAILLY MEUNIER |
CARPENTIER | ||
Chef de l'Echelon : Lieutenant LE TINIER, en excédent : Lieutenant BIED-CHARRETON |
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COMPAGNIE D'ECHELON
Capitaine LEMUT Commandant de Compagnie
Lieutenant IDEE Chef d'Atelier
Sous-Lieutenant MEYER Chef de la section de dépannage
Sous-Lieutenant BOURGEOIS Officier d'approvisionnement
SECTION DE REMPLACEMENT
Cette Section fournissait le char du Chef de Bataillon et remplaçait les chars indisponibles des Compagnies. Ils devaient être par la suite, répartis entre les Compagnies.
N°, Nom de la Marraine | Commandant de Compagnie |
Chef de Section | Chef de char | Mécanicien Pilote | Mécanicien | Radio |
2052 WAGRAM Mme DE BOYSSON |
Adj.-Chef BOILEAU | Sergent JACQUEMIN | Caporal DANIAU | BLAU AUPRY |
Caporal LECOURT | |
2012 ARCOLE Mme PEUPION |
Sergent BARRE | PAHIER | BROQUET | CRANCE | ||
2016 VALMY Mme DARROUY |
Sergent SCHMIDT | DUTHILLEUL | ALLOUCHERY | DELEHAYE | ||
2049 NAVARIN Mme BRION |
Sergent MARICELLE |
BASTIEN | ECULLE | SAINTE CLUQUE | ||
2011 BOUVINES | Sergent JEAN | YTOURNELLE | ZIBETTE | BRESSET | ||
2018 VILLERS-COTTERETS | Char du Chef de Bataillon | Sergent TOURNIER | Caporal HARMEL | MANOUVRIER ARMAND |
Sergent HENNEBELLE LEGAL |
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Le Sergent KOWALSKI avec son équipe de Dépanneurs | ||||||
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L'effectif du 19e Bataillon était au départ de :
30 Officiers
95 Sous-Officiers
572 Caporaux et Chasseurs.
Cet effectif augmenta considérablement au cours du mois de Juin 1940, du fait de l'affectation au Bataillon :
- de la 346e Cie Autonome (Capitaine Durand)
- d'un renfort venant du Dépôt (Lieutenant Briard)
- de la 350e Cie Autonome (Capitaine REY)
et après sa transformation en Bataillon de chasseurs portés :
- de la 1ère Cie du 12e Bataillon ( Capitaine BORGHETTI)
- de la 1ère Cie du 17e Bataillon (Capitaine PETIT)
Il atteignit fin Juin, pour ces raisons, un total de :
47 Officiers
186 Sous-Officiers
1200 Caporaux et Chasseurs
Le détail des pertes est donné au Chapitre V.
II LE BATAILLON A LA Ve ARMEE
22 AOUT 1939 - 10 MAI 1940
LE SEJOUR A LETRICOURT
22 Août - 13 Septembre 1939
Le 21 Août 1939, ainsi que toutes les Unités de la 6e Région, le 507e R.C. reçoit l'ordre de mettre sur pied ses échelons A.
Le Personnel qui est rompu à ce genre d'opération, exécute toutes les opérations prévues dans le plus grand ordre, et en quelques heures, se trouve prêt à partir.
Le 22 Août à 4 heures, les 3 Compagnies de combat suivies d'un Atelier réduit, défilent devant le Colonel DE GAULLE et, franchissant la porte du quartier Lizé. prennent le chemin de LETRICOURT près de NOMENY, où elles avaient déjà été cantonnées en Septembre 1938.
L'installation dans cette localité est relativement facile. Les Unités prennent les mêmes emplacements qu'en Septembre 1938 en attendant la suite des évènements.
Le 27 aout, la mise sur pied de l'Echelon B ayant été ordonnée, le 507 est dissous et le Bataillon reprend le N° 19 qu'il avait quitté en 1920.
A cette occasion, le Chef de Bataillon adresse au Bataillon l'ordre suivant :
ORDRE DE BATAILLON N° 1
Le 19e Bataillon de Chars est constitué à la date du 27 Août 1939.
Le Chef de Bataillon AYME, Commandant le 19e Bataillon prend sous son commandement tous les Echelons A et B quel que soit leur stationnement.
Il adresse aux Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Chasseurs de l'Active et de la Réserve nouvellement affectés au Bataillon, ses souhaits de bienvenue.
Il leur demande. avant tout, de montrer par leur tenue, leur discipline, les soins qu'ils apporteront à l'entretien du matériel qui leur est confié, qu'ils sont les dignes successeurs des Anciens de l'Artillerie d'Assaut.
LÉTRICOURT, le 21 Août 1939.
Signé : AYME
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Le sergent BOUR devant la première affiche de mobilisation à Letricourt |
L'Echelon B quittant METZ le même jour, s'installe à MARLY, sous le commandement du Capitaine LEMUT.
Le même jour, le Sous-Lieutenant SERGENT qui vient de quitter l'E.A.C.C. arrive à LETRICOURT et est affecté à la 1ère Compagnie. Une "blague" pleine de sel, met à l'épreuve le sang-froid et le jugement de ce jeune officier qui montre en l'occurrence des qualités de premier ordre.
Les opérations de mise sur pied de l'Echelon B terminées, tout le Bataillon se trouve regroupé le 1er Septembre.
La Compagnie d'Echelon cantonne à CHENlCOURT.
Le lendemain 2 Septembre, la mobilisation générale est décrétée.
Le Battaillon passe aux ordres du Groupe de Battaillon 507 (Colonel ROCHE - P.C. MARLY) et est mis en réserve du Groupe d'Armée n° 2 (Général PRETELAT).
Le même jour, le Bataillon se voit attribuer le Secteur Postal 304.
Dans la semaine suivante, quelques modifications résultant de la mobilisation, sont apportées à l'encadrement du Bataillon. Le Lieutenant QUEROL rejoignant l'Aviation de la 3e Armée, est remplacé à la tête de la 3e Compagnie par le Lieutenant CANTONI rentrant de VERSAlLLES, qui est lui-même remplacé quelques jours après par le Capitaine COLLOT, détaché aux Ateliers Radio d'ISSY-LES-MOULINEAUX. Ce dernier a demandé à rejoindre le 19, qu'il avait quitté quelques mois avant.
La vie s'organise à LETRICOURT. Les Commandants d`Unités s'efforcent de donner aux hommes. le maximum de confort.
Les cantonnements nets et propres, bien décorés montrent que le Bataillon est une unité disciplinée et bien tenue.
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Un équipage arrivant à la P.A de LETRICOURT | |
Le 6 Septembre, on apprend la création de la 1ère Division Cuirassée. Le Groupe 507 devient la 2e 1/2 brigade de cette Division et le Bataillon est rattachée au groupe 510 (Colonel TAITOT, P.C. à DELME). Malheureusement le Bataillon se voit enlever quelques uns de ses meilleurs radios dont le Lieutenant CANTONI, au bénéfice de l'E.M. de la 2e 1/2 Brigade.
Le médecin S/Lieutenant PICOUREIX quitte le Bataillon. Très regretté, il est remplacé par le Docteur DENES.
Le séjour à Létricourt touche à sa fin. Le 13, brusquement, le Bataillon reçoit l'ordre de se porter par l'itinéraire AULNOIS, SALES, FRESNES, SAULNOIS, CHATEAU-SALINS, DIEUZE, FENESTRANGE à GŒTZENBRUCK SARREINBERG.
Le Bataillon quitte Létricourt le 14, à 4 heures.
L'étape (83 km) est extrêmement pénible. Le matériel très fatigué par le service intensif qu'il avait dû fournir en temps de paix, et n'ayant jamais fait l'objet d'une révision complète des trains de roulement, en raison du manque de pièces de rechange, se trouve au cours de cette journée, échelonné sur le parcours. Alors que le premier char se trouve à RAUWILLER, le dernier est à peine sorti de LETRlCOURT. L'absence de tracteurs puissants interdit tout transport de nombreux chars en panne et les équipes de Dépanneurs doivent fournir un effort considérable.
Précédant la colonne le Chef de Bataillon arrive vers 11 heures à RAUWILLER, en même temps que la colonne sur roues.
Le Capitaine DE LA TOUCHE, de l'E.M. des Chars de la Ve Armée qui l'y attendait, lui remet l'ordre de se porter immédiatement dans la région de LEMBERG, c'est-à-dire 60 km plus loin.
Le Chef de Bataillon se rend aussitôt auprès du Colonel DE GAULLE, Commandant des Chars de l'Armée, et après lui avoir exposé la situation du Bataillon, obtient de ne repartir de RAUWILLER que le lendemain.
Cette deuxième étape se fait dans la nuit du 15 au 16, par SIGVILLER, LA PETITE-PIERRE, WINGEN (40 km).
Cette marche, moins pénible que la précédente, est cependant rendue difficile par la sinuosité de l'itinéraire et le mauvais temps.
Dans la descente de ZIKERSHEIM, 3 chars et 2 camions se renversent dans les fossés. Les Equipages et les Dépanneurs doivent déployer toutes leurs qualités d'adresse et de force.
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SARREINSBERG sous la neige |
ALTHORN fief de la 1ère Compagnie |
LE SÉJOUR A SARREINSBERG .
16 Septembre 1939 - 7 Mars 1940
A 3 heures du matin, le 16 Septembre, le premier char fait son entrée à SARREINSBERG sous une pluie battante.
Le lendemain après un repos bien gagné, les Unités commencent à s'installer dans ce cantonnement qu'elles devaient occuper plusieurs mois.
SARREINBERG qui se confond avec GOETZENBRUCK, est une agglomération peuplée d'ouvriers (plutôt paysans qu'ouvriers), très pauvres. Lorrains de langue allemande, tous ses habitants reçoivent le Bataillon d'une façon parfaite. Pendant tout le séjour du Bataillon, aucun incident ne se produisit, il en fut de même pour le petit hameau d'ALTHORN où la 1ère Compagnie fut admirablement reçue.
Les Chars ayant été camouflés dans les bois entourant le village doit remettre rapidement en état tout ce matériel qui vient de faire 120 km dans des condition très pénibles. L'Atelier est déployé et chacun à son échelon, se met à l'œuvre avec ardeur.
Restant toujours en réserve du Groupe d'Armée N° 2, le Bataillon reçoit l'ordre de préparer un certain nombre de contre-attaques, en avant et à l'intérieur des ouvrages des la ligne fortifiée au S.O. de BITCHE.
Les reconnaissances d'emploi commencent immédiatement et tous les Cadres procèdent dans les derniers jours de Septembre, à une étude complète des hypothèses suivantes envisagées en fonction du terrain.
1° L'ennemi ayant prix comme axe d'attaque la Vallée de la SCHWALB a pris pied sur la ligne de crête jalonnée par la côte 352, WOLMUNSTER, LESSELING-LE-HOCHFELD, la croupe Est de NOUSSEVILLER-LES-BITCHE.
2° L'ennemi a pris pied sur les hauteurs à l'Ouest de WOLMUNSTER (GOLDBERG, PITTEBERG, SAEZERBERG).
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Un abri de Char dans les bois |
L'équipage de l'Adjudant chef GOUVERNANT devant son abri |
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Le champ de tir d'HASSELTHAL |
Le 20 Septembre le Bataillon reçoit la visite du Général KELLER, Inspecteur des Chars.
Quelques jours après, on procède a un essai de destruction par char d'une tranchée anti-chars clayonnée, sur le plateau Sud de BINING. On peut constater, au cours de cette expérience, que les obus explosifs de 47 S.A. 34, n'ont que peu d'effet sur un obstacle de ce genre.
A la même époque, on s'efforce de réaliser un dispositif permettant au char de transporter lui-même une fascine et de la poser dans la tranchée qu'il doit traverser. En raison des difficultés provenant du poids (1 tonne), les essais ne seront pas poursuivis, mais le Bataillon confectionnera 45 fascines d'un mètre de diamètre et de 3 mètres de long qui lui serviront plus tard.
Le 9 Octobre à 16h25, le Bataillon est brusquement mis en état d'alerte. On vient d'apprendre que des chars ennemis auraient attaqué les positions de la 35e D.I. et que des éléments de celle-ci se seraient déjà repliés en arrière de la ligne fortifiée.
L'ordre de se porter sans délai dans la région de la FROHMULH par MONTBRONN et de se mettre à la disposition du Commandant du VIIIe C. A. arrive à 16h30.
Le Chef de Bataillon accompagne le Colonel L'HUILLER. Commandant le Groupe 508, au P.C. du VIIIe C.A. Tous deux y trouvent le Général FRERE qui donne l'ordre au 19e de ne pas quitter sa P.A. Ils rentrent ensuite à SARREINSBERG où arrive à 17h15, le Colonel, Commandant les Chars de la Ve Armée.
Celui-ci, qui ne sait pas encore que la situation s'est transformée, a l'intention de rassembler tous les Chars de la Ve Armée, et de contre-attaquer en avant de la 35e D.I. pour permettre à cette dernière de réoccuper les emplacements qu'elle a quittés.
Lorsqu'il connait l'ordre du Commandant de C.A., il annule le sien. Cependant, le Bataillon reste en état d'alerte pendant plusieurs jours.
Le 17 Octobre, le Bataillon est de nouveau alerté, mais seul le 24e Bataillon se porte en avant des fortifications. Le calme revient le lendemain et le Bataillon reprend à SARREINSBERG sa vie habituelle.
Un journal " L'EPlSCOPE " du à la verve d'HERBULOT et de LORIDANT paraît à ALTHORN.
Le 23 Octobre, le Bataillon est passé en revue par le Président de la République.
Aligné en bordure de la route de WINGEN, il est présenté à 8 heures par le Colonel DE GAULLE, Commandant des Chars de la Ve Armée.
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La revue du 23 Octobre 1939, de gauche à droite, le Général FRERE, le Colonel DE GAULLE, M. LEBRUN, Le Chef de Bataillon AYME. |
Apres le départ du President, le Bataillon défile devant le Général FRERE au carrefour de MEISENTHAL, et rentre vers 10 heures à son cantonnement. Le Personnel s'emploie aussitôt à effacer les traces de chenilles sur le terrain.
Un cours radio dirigé par le Lieutenant BAISE a été organisé et groupe des élèves provenant de divers Bataillons des IIIe, IVe et Ve Armées.
Pour la première fois depuis le départ, le Chef de Bataillon peut procéder à des nominations de gradés. Il nomme au grade de Caporal-Chef : SACOTTE, LANDELLE, TESTARD, MEREUZE, JEUSSET, COISNON, CHARPIOT, PELLEAU, MIENS, SOUCHON et au grade de Caporal : le Chasseur DEGLAIRE.
Au cours du mois de Novembre, le Bataillon continue à améliorer ses cantonnements et à travailler aux Chars. Les Cadres font de nouvelles reconnaissances dans la zone Est de la Ve Armée (vallée du Rhin) et étudient des contre-attaques dans les régions de SOULTZ-SOUS-FORET et SOUFFLENHEIM.
Le 20 Novembre, à la satisfaction générale, commence le premier tour de permission.
Au 1er Décembre, les abris pour les Chars du Bataillon, sont terminés. Les appareils sont installés à l'abri des vues et surtout du froid. Les équipages ont travaillé avec ardeur et ont réussi parfaitement.
Au début du mois, un Centre d'instruction de Chars est constitué à BLAMONT et le Bataillon y détache aussitôt 2 Chars sous le commandement du S/Lieutenant CAVARROT.
Le parcours SARREINSBERG-BLAMONT sur les remorques CODER est extrêmement pénible. Les Chars doivent faire la plus grande partie du trajet sur chenilles.
Le Lieutenant IDEE est détaché au Centre comme Instructeur. Quelques jours après, la 2e Compagnie s'y rendra toute entière.
Le Lieutenant HENRION quitte le Bataillon le 19 Décembre pour être affecté au 8e Bataillon (B).
Le premier Noël de guerre est fêté aussi bien que possible. Une séance récréative est organisée au Foyer de SARREINSBERG.
Il fait très froid et la 2e qui devait rentrer de BLAMONT, y est maintenue jusqu'à nouvel ordre.
Le Lieutenant NOUHAND affecté à un Bataillon B de nouvelle formation quitte le Bataillon le 30.
Et voici le 1er janvier 1940 ! Que nous apportera cette nouvelle année ? C'est ce que tous se demandent avec anxiété. Chacun comprend que cette situation ne peut s'éterniser et qu'il faudra bien en découdre, un jour ou l'autre. Le Colonel DE GAULLE en répondant au Chef de Bataillon qui lui a adressé les voeux de tous ne cache pas son opinion à ce sujet.
Cependant la vie continue sans trop d'à-coups.
Le 4 janvier, le Foyer du chasseur construit par les soins du bataillon (sans aide) et organisé par le Lieutenant CLEMENT qui une fois de plus, a l'occasion de montrer ses qualités, est inauguré. Les Gradés et Chasseurs trouvent là, quelque confort et le fréquentent assidument. Les recettes montent. Le Chef de Bataillon qui a déjà fait appel aux marraines des chars, crée la Caisse de Secours du Bataillon qui répartira les bénéfices réalisés, entre les Gradés et Chasseurs chargés de famille et sans ressources.
Le 5, le Colonel DE GAULLE visite ce Foyer et exprime sa satisfaction.
Le 13, nouvelle alerte. Les permissions sont supprimées provisoirement. Le Centre de BLAMONT est dissous et la 2e Compagnie reçoit l'Ordre de rejoindre le Bataillon. Elle fait son mouvement par un froid rigoureux (neige, verglas). On doit sabler la route de WINGEN à SARREINSBERG. La Compagnie met 11 heures pour rentrer au cantonnement.
Les permissions à la joie de tous, sont rétablies le 18.
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Le Foyer du Chasseur à SARREINSBERG | |
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Les Officiers de la 3e Compagnie |
Le Capitaine COLLOT est affecte à l'E.M. du Commandant de Chars de la IIIe Armée et est remplacé provisoirement au commandement de la 3e Compagnie, par le Lieutenant LE TINNIER.
Le Centre de BLAMONT est ouvert à nouveau et la 2e Compagnie reçoit l'ordre d'y partir.
Par une température sibérienne, elle exécute son mouvement. Il lui est impossible de sortir de la gare de RECHICOURT. Les Chars glissent sur le verglas. En les poussant d'un doigt on les fait tourner. Il faut 24 heures pour franchir le pont et atteindre les terres cultivées sur lesquelles les Chars peuvent rouler.
A la suite de ces incidents, le Chef de Bataillon fait étudier la fabrication d'un crampon pour patin.
Le 29, arrive du Dépôt un renfort de 24 chasseurs commandes par le Sous-Lieutenant THEVENET.
Celui-ci quitte rapidement le Bataillon, pour être affecté au Groupe de Bataillon 507.
Le Lieutenant BIED CHARRETON est muté le 31, de la 3e à la C.E. et le Lieutenant BOUDARD remplace à BLAMONT, le Lieutenant IDEE
qui prend le commandement de la C.E. en l'absence du Capitaine LEMUT parti en stage.
Février se déroule sans évènements notables. Il fait froid, toute la région est sous la neige. On se chauffe comme on peut. On fait tourner les moteurs toutes les deux heures. La 2e a organisé une piste de luge qui a le plus grand succès.
Le chef de Bataillon nomme quelques Caporaux-Chefs : QUEFFELEC, DANIAU, LECOURT, NICAISE, FOUCHER, FORTIN, CHAPELYNCK, LE BOTTIER, et Caporaux : FERBUS, VAYROT, RAHIER, BRUMAIN, RISLER, LEFORT, PRACHE, COSSON.
Les Lieutenants IDEE et BAISE, |'Adjudant-Chef GODDALIS étant inscrits sur la liste d'aptitude, l'encadrement du Bataillon est modifié de la façon suivante :
Le 8 Février, le Lieutenant BAISE prend le commandement de la 3e, Le Sous-Lieutenant CLERMONT devient Officier des Transmissions. L'Adjudant-Chef GODDALIS prend le commandement de la Section du Sous-Lieutenant CLERMONT à la 1ère. Mais le 11, après l'arrivée du Capitaine NICOL venant du Dépôt, cet Officier prend le commandement de la 3e. Le Capitaine BERTHELOT passe à un E.M. de 1/2 Brigade à la 3e D.C.R et quitte le Bataillon. Il est remplacé à la 2e par le Lieutenant BAISE.
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La 1ère à BLAMONT | La chemin d'ALTHORN sur lequel on a déroulé les fascines pour que la 1ère puisse y passer |
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Le Sous-Lieutenant LACOUR |
Le 16 Février, la 3e qui est à BLAMONT depuis le 28 Janvier reçoit |'ordre de rentrer à SARREINSBERG. Son embarquement en gare de RECHICOURT se fait sous une violente tempête de neige. Les plate-formes sont recouvertes d'une épaisse couche de verglas qui se reforme aussitôt qu'on l'enlève. On a toutes les peines du monde à embarquer le matériel. Un char tombe sur le quai. En cours de route le Char 2027 glisse sur la plate-forme, rompt les câbles et tombe sur la voie, un peu avant SARREBOURG. Par miracle il n'y a pas d'accident sur cette ligne très fréquentée.
La 1ère part le même jour pour BLAMONT.
Le 1er Mars, le Bataillon reçoit la visite du Général KELLER, Inspecteur des Chars. Au Chef de Bataillon qui lui rend compte de l'état désastreux du matériel, le Général répond "Je n'y peux rien. Dans l'état actuel des choses, je ne peux faire quoi que ce soit pour le 19e".
Quelques jours après, le Commandant des Chars de l'Armée décide que le Bataillon prendra part à une manoeuvre qui doit se dérouler aux environs de BLAMONT, le 8 mars.
Au moment du départ, le Capitaine HAMEL, Chef de l'E.M. du Bataillon, dont chacun a pu apprécier depuis le début de la campagne, l'esprit de camaraderie, la loyauté et l'ardeur au travail, tombe malade et doit être évacué sur SAVERNE.
Le mouvement du Bataillon sur CIREY s'éxécute sans incident. La température est redevenue normale ; on sent le printemps.
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Les Chiens du BATAILLON |
LE SÉJOUR A CIREY-SUR-VEZOUSE
8 MARS -15 MAI 1940.
Le 8, le Bataillon exécute la manœuvre prévue devant le Général PRETELAT. Le terrain est très lourd et les Chars qui ont tous leur train de roulement très fatigué, ne peuvent progresser facilement. La manœuvre oblique, voulue par le Commandant des Chars de l'Armée ne peut, de ce fait, être réalisée pleinement.
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MANOEUVRE DU 8 MARS Le chef de Bataillon attend l'heure H. |
Le Bataillon doit rester à CIREY quelques jours. Dès le début de son séjour, le Commandement ayant donné l'ordre de changer les canons de 47 S.A. 34, il est décidé que le Bataillon restera à CIREY auprès du Parc d'Engins Blindés et enverra ses tourelles (par lots de 5), aux Ateliers de RUEIL, pour que l'on y place les nouveaux S.A. 35. Quelques spécialistes du Bataillon sous les ordres du Lieutenant IDEE, accompagneront les tourelles pour aider l'Equipe de RUEIL, insuffisante.
On doit profiter de cette opération pour remettre les Chars en état. On s'y prépare, mais pour effectuer ces révisions, il faudrait avoir des pièces de rechanges. C'est malheureusement ce qui manque.
On peut changer environ 1.500 patins, mais seuls 5 Chars de la 2e pourront être révisés entièrement. Les pièces reçues ne permettront pas de faire davantage.
Le Capitaine DRANSARD. le Lieutenant GUILLEMIER et le Sous-Lieutenant LE BARS arrivent du Dépôt.
Le Capitaine LEMUT. commandant la C E affecté à un E.-M. d'une 1/2 Brigade d'une D.C.R quitte le Bataillon.
Le Lieutenant BRIARD, en raison de son âge et de sa situation de famille est envoyé au Dépôt, malgré sa résistance et les efforts du Chef de Bataillon.
L'encadrement du Bataillon doit être modifié. Le Capitaine FOUCAUD devient chef de l'E.M., le Lieutenant IDEE prend le commandement de la 1ère Compagnie, le Lieutenant BAISE celui de la 2e, le Capitaine DRANSARD celui de la C.E., le Lieutenant GUILLEMIER devient Officier d'approvisionnement. Les Sous-Lieutenants BOURGEOIS et LE BARS sont affectés comme Chef de Section aux 1ère et 3e Compagnies.
Le Bataillon est rattaché au Groupe 507 (Lieutenant-Colonel SIMONIN).
Le séjour à CIREY n'est pas désagréable. Les chasseurs s'y plaisent. On a reconstitué le Foyer, dans un des bâtiments de l'ancienne glacerie de Saint-GOBAIN. Le Bataillon fait 2 ou 3 manœuvres. Quelques Sous-Officiers passent le brevet de Chef de Section. Tout va aussi bien que possible, mais on sent qu'il se prépare quelque chose.
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Quelques chars pendant les manœuvres de BLAMONT |
En effet, le 10 Avril, les permissions sont suspendues. Elles reprendront quelques jours après.
Le 20 Avril, le Commandant des Chars de l'Armée prescrit que la 2e pour laquelle le travail est presque terminé, doit reprendre sa place à SARREINSBERG. Cet ordre ne sera exécuté que plus tard.
Le 26, le Chef de Bataillon reçoit l'ordre de se diriger sur VERSAILLES, pour y percevoir des Chars neufs. Le Personnel d'une Compagnie de Combat renforcée, qui une fois équipée, doit être envoyée en Norvège.
La désignation se fait par tirage au sort. C'est la 1ère qui doit partir.
Les volontaires nécessaires pour compléter son effectif sont trouvés très facilement. L'inaction des quelques mois que l'on vient de vivre pèse à tous.
Le Lieutenant IDEE qui est à RUEIL, doit prendre le commandement de la 1ère et la rejoindre à VERSAILLES. Le Lieutenant BOUDARD, Les Sous-Lieutenants SERGENT, LACOUR, l'Adjudant-chef GODDALIS sont les Chefs des Sections de Combat. Le Lieutenant BRUMAUX est Chef de l'Echelon. Le Lieutenant MAROIS est à la tête de l'Elément de C.E. (Atelier réduit). Les Sous-Officiers de la 1ère sont complétés par les Sergents CLAVIER, ANDRE, OLMICCIA, LORGUE, KOWALSKY. Le Sergent-Chef JULSONNET malgré ses 4 enfants ne veut pas être remplacé, il tient à partir avec "sa" 1ère.
La Compagnie embarque le 27, à 10h30, à IGNEY-AVRICOURT. après avoir laissé tous ses Chars et son matériel auto au Bataillon qui se trouve ainsi à la tête de 44 Chars avec seulement 30 Equipages. Le même jour, la 2e Compagnie dont tous les canons ont été changés, repart pour SARREINSBERG avec un P.C. de Bataillon réduit, commandé par le Capitaine FOUCAUD.
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Quelques camarades du Bataillon à CIREY |
Le 29, le Commandant PETlT du 47e Bataillon (B) vient voir le Chef de Bataillon. Il a reçu l'ordre de fournir au 19e une Compagnie entière dont le Personnel ignore naturellement tout du D 2. Cette mesure, doit il n'est pas nécessaire de souligner l'étrangeté, est heureusement reportée.
Le Chef de Bataillon demande à aller au Dépôt de VANNES. chercher le Personnel dont il a besoin et qui s'y trouve. Il ne peut obtenir cette autorisation.
Le 7 Mai, la 1ère Compagnie, qui est devenue la 345e Compagnie Autonome, est encore à SATORY. Elle devait, après avoir touché ses chars, être dirigée sur BREST. Malheureusement les équipages confirmés qui composent cette Compagnie ont tout de suite compris en touchant leurs chars, que ceux-ci n'étaient pas au point. Tous les paliers arrières fuient. Il manque neuf boites de pointage que l'on enlèvera sur les vieux chars restés au 19e. Il y a donc un très gros travail à exécuter et tous s'y mettent avec ardeur. Ils s'étonnent cependant qu'on veuille envoyer des Chars D 2 en Norvège, alors que le dernier hiver a prouvé leur mauvaise tenue sur la neige et la glace. Et comment débarquer ?
Cependant le 10 Mai, le Bataillon est réveillé par l'Aviation Allemande qui revient de bombarder ESSEY-LES-NANCY et NANCY.
La situation du Bataillon ce jour-là est la suivante :
La 2e, avec 15 Chars armés de canons de 47 S.A. 35, mais dont 5 seulement ont subi une révision générale, est à SARREINSBERG.
La 3e, avec 6 Chars armés de canons de 47 S.A. 35 et 9 qui ont leur tourelle et les batteries d'accus à RUEIL, est à CIREY. Aucun des Chars n'a subi de révision générale.
Enfin les 14 Chars de l'ex-1ère, armés de 47 S.A. 34, sans équipage et sans boîte de pointage (envoyées à RUEIL), sont à CIREY et n'ont pas été révisés.
La C.E. a son atelier réduit au minimum (14 ouvriers ont été passés à la 345e).
Le 11 Mai, le Chef de Bataillon reçoit l'ordre de transporter son P.C. à SARREINSBERG. Les permissions sont arrêtées. Les Officiers sont rappelés.
Le Capitaine DRANSARD qui avait à peine eu le temps d'atteindre PARIS, Les Sous-Lieutenants CLERMONT et CAVARROT rentrent dans la nuit.
Le 12, le Capitaine NEGRETTI chargé des D 2 à RUEIL vient voir le Chef de Bataillon pour faire régler la fin du travail de transformation des tourelles. Ils se rendent tous les deux auprès du Commandant des Chars de l'Armée.
Le 14, en arrivant à CIREY où il est allé régler différentes questions, le Chef de Bataillon apprend que le Bataillon doit être embarqué et dirigé vers le Sud, pour reconstitution.
Le Chef de Bataillon ramène son P.C. à CIREY.
Dès réception de l'ordre de départ, il demande ce qu'il doit faire des Chars sans équipage. Il lui est répondu d'emmener tout et de ne laisser au P.E.B. V. que le matériel en cours de réparation et un personnel réduit pour le réparer.
Devant cette nécessité, le Chef de Bataillon reconstitue la 1ère Compagnie en prélevant du personnel sur les autres Unités et en donne le Commandement au Capitaine CLEMENT. Les 44 Chars du Bataillon n'ont donc plus que des équipages incomplets.
Il est vrai que ce n'est, paraît-il, que pour aller vers l'arrière !
Cette illusion dure peu, car en fin de journée, après avoir reçu l'ordre d'embarquement, on apprend au cours de la visite faite à la Régulatrice de SARREBOURG, que le Bataillon doit être dirigé sur FERE-EN-TARDENOIS.
A l'E.M. du Bataillon, chacun pense que ce ne sera pas encore là que l'on remettra les Chars du Bataillon en état de marche !
III AVEC LA IVe DIVISION CUIRASSEE
16 MAI - 11 JUILLET 1940
Dès le 15 Mai, le 19e Bataillon de Chars, bien qu'il l'ignore encore, fait partie de la IVe Division Cuirassée.
Le Colonel DE GAULLE qui a reçu la mission de constituer celle-ci, ne l'a pas oublié. Il sait qu'il peut compter sur le Bataillon et il l'a demandé au Commandement.
A partir de ce moment, le Bataillon n'agira plus que dans le cadre de la IVe D.C.R.
C'est pour celle raison que nous avons pensé qu'il était nécessaire de donner dans cet historique pour chacune des phases de la Bataille de FRANCE, des renseignements succincts mais précis, sur ce que fut le rôle de celle grande Unité, qu'au cours de celle période douloureuse de l'Histoire de notre cher Pays et de lui rappeler ainsi que malgré les difficultés de toute nature et grâce à la valeur de ses Chefs à tous les Echelons et à l'énergie farouche du Personnel de toutes Armes qui la composaient elle a de toutes ses forces,
DÉFENDU LE SOL DE LA FRANCE.
Son action pendant la campagne de FRANCE bien que minimisée par la suite, a eu une importance capitale et c'est
SANS PEUR, SANS REPROCHE
comme BAYARD, qu'elle est entrée dans l'Histoire.
CE QU'ETAIT LA IVe DIVISION CUIRASSÉE
La Division dont la constitution avait été décidée dès le 1er Mai, ne possédait le 15 Mai 1940, qu'une partie de son Etat-Major.
Elle fut commandée :
Du 15 Mai au 6 Juin : Par le Général DE GAULLE (qui quittera le commandement de la Division pour devenir Sous-Secrétaire d'Etat à la Guerre).
Le Chef d'E.-M. sera d'abord le Lieutenant-Colonel RIME-BRUMEAU, puis le Commandant CHOMEL.
Du 6 au 7 Juin : Par le Colonel CHAUDESOLLE, commandant l'Artillerie Divisionnaire (chef d'Etat-Major, Commandant FAIVRE).
Du 7 Juin jusqu'à la dissolution, par le Général DE LA FONT qui vient de combattre en Belgique avec la 8e D.L.M. (Chef d'Etat-Major Commandant FAIVRE).
COMPOSITION
La Division se composait des Unités Suivantes :
Chars :
6e 1/2 Brigade (B' BC') : Colonel SUDRE. 46e B.C.C. : Commandant BESCOND. 47e B.C.C. : Commandant PETIT. |
8e 1/2 Brigade : Colonel SIMONIN. 24e B.C.C. : Commandant DELATOUR. 2e B.C.C. : Commandant FRANÇOIS. 44e B.C.C. : Commandant LIBMANN. |
Le 19e Bataillon de Chars (D 2), Commandant AYME, ainsi que la 345e Compagnie (ex-1ère Compagnie du 19e Bataillon de Chars), passeront successivement de la 8e à la 6e pour revenir ensuite à la 8e 1/2 Brigade.
La C.T. 74 (Capitaine DE LA BRUYERE), qui sera utilisée pour le transport du matériel R 35 des Bataillons de Chars légers.
Cavalerie :
3e RC : Colonel FRANÇOIS.
10e RC : Colonel DE HAM.
Eléments portés :
Colonel DE LONGUEMAR.
Commandant BERTRAND.
Artillerie :
Cdt de l'Artillerie Divisionnaire Col. CHAUDELOLLE.
322e R.A.T. Colonel ANCELME.
10 80 B.D.A.C.
111 86 B.D.A.C.
661 B.D.A.C.
665 B.D.C.A.
51e Batterie Anti-Chars Autonome.
1020 Batterie du 404e D.C.A.
Le premier groupe du 303e R.A.T. arrivé le 25 repartira à la réserve générale de l'artillerie le 6 Juin.
Génie :
Sapeurs-mineurs Compagnie 134.
TRANSMISSION Cie 134/84 : Lieutenant CLEMENT.
Train :
Commandant du Train : Capitaine LAPORTE.
Compagnie de Q6 249 22: Capitaine CAMUS.
Cie de Transport 34922 : Cap. ROUCHON-MAZERAT.
VALEUR DU PERSONNEL
CHARS. Sauf pour le 46e Bataillon qui, primitivement destiné à utiliser des Chars légers, vient à peine de recevoir du matériel "B" et n'a, de ce fait, qu'une instruction tactique des plus réduite, sinon inexistante, le Personnel de toutes les autres unités de Chars est au point et prêt à Combattre.
CUIRASSIERS : Au 3e, hâtivement formé, cadres et hommes n'ont pas encore eu le temps de se connaître.
Chefs de pelotons (frais émoulus de SAINT-CYR) et Chefs de Chars, sont dans la proportion de 4 sur 5 ignorants des conditions de vie dans les chars (conduites, entretien, tir).
Le 10e se trouve dans de meilleures conditions.
ÉLÉMENTS PORTÉS : Le 7e R.D.P. est formé de cadres et d'hommes qui, sauf de rares exceptions, n'ont servi jusque-là, que dans des formations montées.
Le 4e B.C.P., au contraire est une Unité homogène, possédant des cadres qui connaissent leurs hommes depuis longtemps.
L'ARTILLERlE, LE GÉNIE, LE TRAIN sont composés d'éléments instruits, se connaissant très bien et au courant de leur matériel.
L'ÉTAT-MAJOR ET LES SERVICES possèdent un personnel choisi, rompu aux fonctions qu'il va avoir à remplir.
VALEUR DU MATÉRIEL
CHARS : Les Bataillons "B" ont un matériel neuf et en très bon état.
Les Bataillons "R 35" possèdent un matériel de valeur inégale : les 2 et 24 ont beaucoup roulé pendant la période de calme.
La 345e Compagnie (ex-1ère Compagnie du 19e B.C.C.) a des Chars D 2 neufs. On y constatera cependant des traces de sabotage (culbuteurs en mauvais état).
Le 19e Bataillon a, lui, son matériel D 2 (vieux de 3 ans) en très mauvais état. On vient à peine de lui changer ses canons de 47.
CUIRASSIERS : Le 3e RC ne possède aucun matériel de dépannage ni d'atelier.
Il manque au 10e RC, deux détachements d'A.M. envoyés en Tunisie le 16 Mai.
ÉLÉMENTS PORTÉS : Chaque Bataillon du 7e R.D.P. est privé de son escadron d'A.M.R. Les caisses des bandes de mitrailleuses et d'obus de 81 manquent. Plusieurs canons de 25 n'ont pas leurs freins réglés et ne sont pas utilisables. Il n'y a pas de cuisine roulante. Une centaine d'hommes n'ont pas touché de casque.
Le 4e B.C.P. est sans matériel auto de combat. Il n'y a aucune voiture d'A.M.D., pas de voiture blindée ou chenillée de groupe. Il n'existe aucun véhicule T.T. de commandement.
Un seul camion de dépannage lui a été donné et est en mauvais état.
ARTILLERIE : Le matériel neuf est en bon état.
D'autre part, il manque aux unités de la Division autres que les 1/2 Brigades de Chars, le matériel de transmission.
Aucune liaison Radio ne pourra donc être établie au cours des opérations entre ces unités et le P.C. de la Division, et cela gênera considérablement le commandement.
COMMENT ELLE SE RASSEMBLA
La 4e D.C.R. s'est constituée sur le champ de Bataille.
Les divers éléments qui la composèrent la rejoignirent sur les lieux du premier engagement, dans les conditions suivantes :
Le 15 Mai, l'E.M. de la Division qui vient d'être organisé est encore au VESINET.
Dans la nuit, il s'installe à BRUYERE, près de LAON, et attend ses troupes. Celles-ci le rejoignent à partir du 16 et dans l'ordre ci-dessous :
La 345e Compagnie Autonome de Chars D 2 (ex-1ère Compagnie du 19e Bataillon) arrive de VERSAILLES où elle a été réorganisée en vue de son départ en NORVEGE. Elle débarque le matin du 16 à SOISSONS et à CROUY.
Venus, du Centre, du Sud, de |'Est, les 2e, 24e, 46e Bataillons de Chars arrivent dans la journée et la nuit.
Le 4e B.C.P. lui, va être jeté directement du train dans la Bataille.
Ainsi, la Division, lorsqu'elle se porte à l'attaque en direction de MONTCORNET, ne possède que :
- le gros de ses Chars,
- le 4e B.C.P.
Ses autres éléments ne la rejoindront que dans les jours qui vont suivre.
Le 10e RC, Régiment de découverte, ne rejoindra que dans la nuit du 17 au 18.
Le 44e B.C.C. n'arrive que le 19.
Le 19e Bataillon de Chars verra sa première rame débarquer en gare de FISMES le 18 à la pointe du jour. Sa sixième et dernière, n'atteindra la gare de BRAINE que le 20.
Le 47e Bataillon de Chars, le 1er Bataillon du 7e R.D.P. n'arriveront que le 20. Le 2e Bataillon du 7e R.D.P., ne rejoindra que le 24.
Le 2e Groupe d'Escadrons (Hotchkiss), du 3e RC, n'arrivera que le 25.
Les éléments du Train, du Génie, des Services rejoindront dans les mêmes conditions.
Les Unités qui formeront l'A.D., arriveront successivement dans l'ordre ci-dessous :
- 322e R.A.T.T. le 17.
- Les 10/80 et 11/86 B.D.A.C. le 20.
- L'E.-M. de l'A.D., le 1er Groupe du 305e R.A.T.T. (105e) et la 1020e Batterie du 404e D.C.A., le 23.
- Le 665e B.D.A.C., le 25.
- La 51e Batterie Anti-Chars Autonome, le 27.
- Le 661e B.D.A.C., le 28.
La constitution de la Division se poursuivra ainsi jusqu'à fin Mai. Certaines unités ne seront d'ailleurs jamais au complet (Personnel et Matériel).
COMMENT ELLE FUT UTILISEE
Malgré toutes ces difficultés, ayant à peine la moitié de ses moyens, la 4e, dès les premières heures de sa constitution, passe à L'OFFENSIVE.
1° Pour arrêter l'avance allemande en direction des Ponts de PARIS et de l'Ouest. Elle sera engagée les 17 et 19 Mai, en direction de MONTCORNET, puis des ponts de la Serre.
2° Pour réduire la tête de Pont d'AMlENS et celle d'ABBEVILLE. Elle sera engagée les 27 (19e Bataillon seul), 28, 29 et 30 Mai.
A partir du 1er Juin, elle passe à LA DEFENSIVE.
Usée par les Combats de Mai, elle n'a plus la force offensive suffisante. Obligée d'autre part, à de perpétuels engagements, elle ne combat plus à partir de ce moment qu'au profit des Grandes Unités dont elle permettra le décrochage et le repli et sauve ainsi une grande partie de l'Armée Française.
L'ARRIVÉE à la IVe D.C.R.
et les combats de la 345e COMPAGNIE
15 MAI - 21 MAI 1940
16 MAI
A partir de 4 heures 55 le Bataillon quitte CIREY où il vient de passer quelques semaines agréables.
Chacun sent confusément que tout va changer et que l'on entre véritablement dans la guerre.
Le Bataillon a formé 6 rames - 4 pour les chars et 2 pour les véhicules sur roues.
La 1ère qui emporte le Chef de Bataillon, l'E.M. du Bataillon, la 1ère reconstituée, part en tête.
Le trajet effectué très lentement, se passe normalement jusqu'à VITRY-LE-FRANCOIS où la rame se trouve soudainement bloquée. Elle y reste trois heures. Le wagon du Chef de Bataillon est devant la gare.
Les avions Allemands lancent leurs bombes incendiaires sur le centre de la ville qui est bientôt en flammes,
On se demande pourquoi ils épargnent cette longue file de trains qui se suivent à quelques mètres d'intervalle. Trois avions Français apparaissent lorsque le bombardement est terminé.
La 4e rame quitte CIREY à 17 heures. La 2e et la 3e embarquées à la gare d'IMLING démarrent le même jour à 20 heures et 22 heures 25.
17 MAI
La 6e rame part de CIREY à 9 heures. La 2e Compagnie (3e rame) qui était à SARREINSBERG a embarqué le matin à INGWILLER. Son départ retardé à la suite du bombardement de cette gare, peut s'effectuer à 12 heures 15.
La 1ère rame, après 30 heures de route, arrive vers 9 heures en gare d'ESTERNAY. Il y a presque 20 heures qu'elle roule. Le Chef de Bataillon inquiet de ce long retard sur l'horaire (plus de 12 heures) et pensant que, peut-être, certaines des rames parties après la 1ère, sont déjà arrivées à destination, fait décharger sa voiture et part avec le Sous-Lieutenant CLERMONT en direction de FERE-EN-TARDENOIS.
Il y arrive vers 10 heures. Il n'y a plus personne. Tout le monde a disparu, sauf le Commissaire Militaire qui se prépare, lui aussi, à partir.
Le Commandant essaye de téléphoner à MEAUX. Il ne peut avoir aucun renseignement. Il va alors à la gare de LA FERTE-MILON. Il y arrive en pleine alerte aérienne. Les voies sont coupées et il y a plusieurs bombes à retardement dans les environs de la gare.
Le Chef de gare ne peut rien dire, mais confie au Commandant son inquiétude - "il y a quelqu'un qui trahit dit-il. Chaque fois qu'un train est signalé, les Avions arrivent et bombardent la voie".
Le Major de Cantonnement un Lieutenant-Colonel de Chasseurs à pied, ne peut donner aucun renseignement sur ce qui se passe.
Le Commandant retourne à MEAUX. De la Commission Régulatrice de cette gare, il peut téléphoner à celle de la gare de l'Est et il apprend que toutes les rames ont été détournées par PARIS et CREIL et qu'elles ont été dirigées sur VILLERS COTTERET et REIMS.
Il se rend alors à la gare de CREPY-EN-VALOIS pour y attendre leur passage. Le Chef de gare lui dit qu'il est passé un train de Chars qui débarque en ce moment à LONGPONT. Ce ne sont que des SOMUA, et la gare au moment où il arrive est mitraillée par des avions Allemands. CLERMONT et lui n'ont que le temps de se jeter dans un fossé. ›
Retournant à CREPY, il croise la 1ère rame entre ORMOY-VILLERS et VILLERS-COTTERET où elle est bloquée pendant 1 heure en attendant une destination.
Elle reçoit enfin FISMES comme première destination.
Le Chef de Bataillon gagne rapidement cette gare, voit le Commissaire Régulateur qui l'invite à se rendre auprès du Régulateur Général (Colonel MIJEON) à REIMS.
Il est 21heures30. Une pluie diluvienne tombe, on ne voit pas à 3 mètres devant soi. La voiture roule avec prudence. C'est heureux, car sur la route de REIMS. elle se trouve brusquement en face d'une masse sombre qui barre le passage- 2 V.T.O. se sont rencontrées et 2 blessés gémissent. Le Chef de Bataillon les prend dans sa voiture, les dépose à REIMS dans une Ambulance, et se présente au Colonel MIJEON.
Celui-ci apprend que le 19e est affecté à la 4e D.C.R. qui a été constituée le 15 et dont le P.C. était à FESTIEUX (Sud de LAON) le matin.
18 MAI
Retournant à FISMES, le Chef de Bataillon voit la 1ère rame y arriver vers 4 heures. A 4heure30 le débarquement est terminé. Il est temps, quelques instants après, la gare est bombardée et un train d'Artillerie Anti-Chars a de grosses pertes :
Avant de gagner le P.C. de la 4e D.C.R.. le Commandant fixe le stationnement des Unités, ainsi qu'il suit :
P.C. du Bataillon et 1ère Compagnie : Carrière 1.500 mètres de la sortie Nord de FlSMES. sur la route de LAON.
2e Compagnie - Bois a l'Est de la route de FISMETTE à MERVAL.
3e Compagnie - Bois de part et d'autre de la route de COURLANDON à BASLIEUX-LES-FISMES.
C.E. - Forêt de DOLE. de part et d'autre de la route de FISMES-MAREUIL.
Les Chars sans tourelle devront être renvoyés à la C.E.
A 7 heures, le Commandant est à FESTIEUX au P.C. de la 4e D.C.R où après avoir vu le Chef d'E.M., le Lieutenant-Colonel RIME-BRUNEAU, il est reçu par le Colonel DE GAULLE, Commandant de la D.C.R. qui lui dit sa satisfaction de voir arriver le Bataillon.
Le Colonel affecte alors le 19e à la 8e 1/2 Brigade et apprend au Chef de Bataillon que l'ex 1ère devenue 345e n'est pas partie en NORVEGE et qu'elle a été engagée la veille. Elle se trouve dans le bois de SAMOUSSY. Il la redonne au 19e.
Le Chef de Bataillon connait alors dans quelles conditions la 4e D.C.R. a été engagée.
Ayant reçu pour mission de refouler l'ennemi de la région de LAON, la Division a attaqué le 17 Mai à l'aube, sur l'axe LAON-MONCORNET.
Cette opération menée avec des moyens insuffisants, comme on l'a vu plus haut, sur un front restreint, au bénéfice de la 6e Armée, aura une portée profonde et arrêtera l'élan de l'adversaire.
L'Histoire dira exactement quelles en furent les conséquences.
L'opération s'est déroulée de la façon suivante :
Deux 1/2 Brigades de Chars prennent part à ce combat, ce sont :
La 6e 1/2 Brigade, Lieutenant-Colonel SUDRE,
46e Bataillon de Chars "B".
345e Compagnie de Chars D 2.
La 8e 1/2 Brigade, Lieutenant-Colonel SIMONIN,
2e Bataillon de Chars "35 R",
24e Bataillon de Chars "35 R",
La 6e 1/2 Brigade doit fournir l'effort principal en progressant le long de la route LAON-MONTCORNET.
La 8e assurera la protection à l'Est, tout en progressant en direction de LISLET.
Le soutien d'Infanterie est assuré par le 4e B.C.P., commandant BERTRAND.
Les Unités se placent aux lisières Est de la Forêt de SAMOUSSY, dans la nuit du 16 au 17.
Le débouché des Bataillons de Chars a lieu à 14h15. Peu après, six Chars "B" s'enlisent dans une zone marécageuse en raison de l'insuffisance des reconnaissances qui n'avaient pu être faites faute de temps (cinq pourront être récupérés dans la soirée).
Dès le débouché, les Chars réduisent des ilots ennemis peu nombreux, mais résistants, installés dans les vergers des villages de CHIVRES, de BUGY, dans les boqueteaux de la VILLE-AUX-BOIS. Ils y travaillent sans arrêt, pendant toute la matinée.
Dans l'après-midi les Chars pénètrent dans LISLET et MONTCORNET, après avoir détruit de nombreuses armes anti-Chars, très bien camouflées, mais ont souffert de mines posées sur la chaussée.
Le 4e B.C.P. débarqué seulement dans la matinée, doit quitter ses voitures loin de la zone de feu et ne peut suivre les Chars qu'avec un long retard.
Le flanc gauche de la Division est découvert. Des A.M. ennemies, des troupes transportées en camions, une poussière d'éléments motorisés à chefs entreprenants avançant dans toutes les directions libres, agissent derrière les derniers éléments des Chars. Ils cherchent à atteindre l'Infanterie (4e B.C.P.) et les P.C. Ces actions ennemies obligent à un constant nettoyage par Chars et Infanterie.
Un peu avant la nuit, les Chars subissent une violente attaque aérienne.
L'Infanterie manque pour tenir MONTCORNET et LISLET. Les Chars seuls ne peuvent être maintenus sur place.
Le Colonel DE GAULLE, Commandant la Division, décide de regrouper ses troupes dans la Région à l'Ouest de la ligne de CHIVRES-SISSONNE.
Le 4e B.C.P. assure la couverture du mouvement de repli, en tenant les passages du canal d'assèchement de PIERREPONT à SISSONNE.
A la tombée de la nuit, tous les éléments ayant pris part au combat sont regroupés aux emplacements prescrits.
Les pertes sont lourdes en personnel et en matériel, mais tous, sans souci des fatigues de la journée, se préparent activement à reprendre bientôt le combat.
Après avoir été mis au courant des circonstances du combat de la Division, le Chef de Bataillon quitte le P.C.
En sortant il rencontre le Lieutenant MAROIS et, avec lui, se rend aussitôt aupres de la 345e.
Le Capitaine lDEE (qui vient d'être nommé à T.T.) lui fait aussitôt le récit de ses pérégrinations depuis VERSAILLES et de l'attaque de la veille.
Il s'exprime ainsi :
- La Compagnie est arrivée à VERSAILLES le 27 Avril. Elle a perçu le 29 à la gare des Matelots, 14 Chars D 2 neufs. Au cours du deplacement vers SATORY, la moitie des Chars est tombé en panne (mauvais roulements, mauvais graissage, fuites à presque tous les paliers arrières). Ce n'est que le 14 Mai que la remise en état des Chars a été terminée.
Alors que l`on croyait partir pour BREST, la Compagnie a été embarquée le 15 à la gare des Matelots et débarquée à SOISSONS et à CROUY, le 16 à 8 heures et à 11 heures.
Affectée à la 6e 1/2 Brigade, la 345e (Chars et Echelon) s'est portée sans délai dans le bois de SAMOUSSY.
Les véhicules ont été laissés à PRESLE5.
Le 17 Mai, après avoir pris ses P.D. à la lisière du Bois de SAMOUSSY, la Compagnie débouche à 3h45.
Elle a pour objectif final le Village de MONTCORNET, à 40 km au Nord-Est. Elle atteindra cet objectif
assigné par le Colonel Commandant la 4e D.C.R. après avoir traversé les villages de DIZY, LIESSES, CHIVRES, BUSSY-LES-PIERREFONTS, CLERMONT-LES-FERMES.
CHIVRES est entourée de marécages qui ne peuvent être traversés sur le pont de CHIVRES. Sur celui-ci un camion de munitions a sauté et flambe. La Compagnie passe quand même. Des Allemands en side se présentent. Ils sont tués et deux mitrailleuses détruites.
De CHIVRES à BUSSY-LES-PIERREFONDS, la Compagnie progresse en fouillant le terrain méthodiquement. Elle arrive à BUSSY à midi. Le Chef de l'Echelon, le Lieutenant BRUMEAUX, arrive avec son ravitaillement et l'on fait le plein d'essence. Le moral des Equipages est parfait. Tous n'ont qu'un desir : se battre.
A 15 heures, l'attaque reprend en direction de MONTCORNET. Tout ce qui a rejoint la 4e se porte en avant.
- La 345e se rue sur MONTCORNET, après avoir nettoyé CLERMONT-LES-FERMES et ses carrières. Ellearrive par surprise sur la route MONTCORNET-MARLE et celle de MONTCORNET-LISLES. Elle surprend une colonne de camions encadrée de motocyclistes. Tous sont descendus les uns après les autres. C'est un travail de nettoyage parfait, auquel les Equipages se livrent avec joie. Quelques Chars et A.M. Allemands contre-attaquent. Ils sont détruits à leur tour.
- La 345e repart et c'est le combat dans MONTCORNET. Il dure jusqu'à 19 heures. Les Chars de la 345e se battent avec des Chars Allemands. Des engins ennemis sont touchés. Le Char du Lieutenant LACOUR est touché, il flambe, je prends l'équipage dans mon Char et me porte au secours du Char du Lieutenant BOUDARD qui est en panne. Un deuxième Char est touché et flambe.
- A ce moment, l'Aviation Allemande attaque, je donne par radio à la Compagnie l'ordre de se disperser.
Les Chars sont attaqués violemment. Les bombes tombent de tous les cotés. Les balles perforantes et incendiaires crépitent sur les blindages. Les moteurs s'étouffent et cessent de tourner,en raison des éclatements de bombes trop proches. Un Char est touché par une bombe d'avion. C'est le troisième Char détruit depuis que le combat a recommencé.
- Au retour. les Equipages constatent que les blindages portent chacun la trace de 4 à 5 obus ; (celui du Sous-Lieutenant SERGENT en a 5) et de nombreuses balles perforantes. Les boucliers de protection des galets sont tordus dans tous les sens. Le Char du Sergent WAX est traversé de part en part. Mais tous les Equippages sont saufs et seuls le Sergent DUVET et le Chasseur PRAT ont été blessés assez grièvement par des balles incendiaires et brûlés sur différentes parties du corps. Personne n'a été laissé sur le terrain. Si la Compagnie a perdu 3 Chars du fait des circonstances, j'ai ramené tout mon personnel.
- Tous au cours de cette journée, ont donné les plus grandes preuves de leur courage et leur énergie.
- Attaqué par l'Aviation Allemande, je n'ai pas vu un seul avion Français pendant cette journée et pas de Fantassins.
- Nous avons regagné le bois de SAMOUSSY en fin d'après-midi et depuis, nous remettons le matériel en état.
Après avoir vu et félicité les Equipages de la 345e, le Commandant gagne le P.C. de la 8e 1/2 Brigade.
à MAURIGNY-EN-HAYE. Le Colonel SIMONIN lui donne l'ordre de laisser la 345e à son emplacement actuel et de se porter à BRUYERES avec le 19e.
A sa rentrée à FISMES. le Commandant constate qu'aucune des autres rames n'est encore arrivée.
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19 MAI
Convoqué par le Colonel SIMONIN, il arrive au P.C. de ce dernier à 2heures30. Une opération est projetée pour le matin, au Nord de LAON en direction de CRECY-sur-SERRE et le Commandement voudrait voir le 19e y participer.
Comme les quelques Chars arrivés (10) sont ceux que la 345e a abandonnée à CIREY et qui sont incapables de combattre, le Colonel SIMONIN décide que la 345e seule prendra part à l'opération.
La 2e rame (Camions de la C.E.) débarque à MONT-NOTRE-DAME à 7 heures, la 5e à 12 heures.
Cette arrivée ne sera connue au P.C. qu'à 17 heures.
A ce moment on apprend qu'une rame de Chars arrivera dans la soirée à la gare de BRAINE. On ignore laquelle.
En raison des circonstances, le Chef de Bataillon doit modifier l'organisation du Bataillon sur les bases suivantes :
1° - La 345e (Capitaine IDEE) remplace la 1ère qui est provisoirement dissoute. La Section BOILEAU de l'ex-1ère (canons de 47 S.A. 34) la complète.
2° - La 3e (Capitaine NICOL). avec 10 Chars 47 S.A. 35. est complétée par la Section RENAUD de l'ex-1ère).
3° - La 2e Compagnie (Capitaine BAISE), ne subit aucune modification (47 S.A. 35).
4° - Les chars de commandement, 2049 et 2016, sont aux ordres du Sous-Lieutenant CLERMONT, Chef des Transmissions.
5° - Les Chars qui n'ont pas de tourelle, de boîte de pointage, leurs 2 boîtes d'accus, ainsi que ceux dont les réparations n'étaient pas terminées au départ de CIREY sont regroupés à la C.E., qui reçoit l'ordre d'en tirer le maximum.
6° - Les véhicules de la 1ère dissoute seront répartis entres les Compagnies. Celles-ci ne doivent garder avec elles que ceux indispensables au transport du Personnel, des munitions, de l'essence. Tout le reste rejoint la C.E.
7° - Les munitions sont chargées sur des camions distincts pour chaque catégorie (S.A. 34 et S.A. 35).
8° - Le Personnel de la 1ère dont le matériel n'est pas affecté, reprend sa place dans les Unités d'origine. Le Capitaine CLEMENT reprend ses fonctions d'Officier de renseignements.
Pendant que le 19e arrive peu à peu et se prépare, la IVe attaque au Nord de LAON.
Elle n'a eu que le temps dans la journée du 18 :
- de compter ce qui lui reste
- d'entretenir son matériel
- de refaire ses pleins d'essence et de munitions.
Le Personnel éreinté se prépare à prendre quelque repos.
Il n'en sera rien.
Le gros des forces ennemies, au lieu de se diriger sur PARIS, marche d'Est en Ouest suivant l'axe MARLES-LA FERE.
Le Commandement prend, dans la soirée du 18, la décision de l'attaquer de flanc.
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La 4e D.C.R. reçoit la mission d'agir suivant la direction générale LAON-CRECY-SUR-SERRE PARGNY-LES-BOIS, et de refouler l'ennemi au delà de la SERRE.
Le Commandant de la Division organise trois groupements constitués respectivement d'Ouest en Est par :
- le 3e RC.
- la 6e 1/2 Brigade.
- la 8e 1/2 Brigade.
et leur donne les objectifs suivants :
1° - Ruisseau de CHERY-LES-POUILLY, Moulin de BARENTON ;
2° - Ponts de la SERRE, de CRECY à MORTIERS ;
3° - Eventuellement la ligne de MORTIGNY-SUR-CRECY, PARGNY-LES-BOIS, USIERES, Sud du Bois de PREGNY.
La couverture doit être assurée par le 10e RC (Régiment de découverte, sous le Commandement du Lieutenant-Colonel DE HAM) et par deux Compagnies du 4e B.C.P. qui occupent CHAMBRY et gardent les ponts sur le ruisseau de BARENTON, les autres Compagnies en réserve.
Le départ des groupements se passe sans encombre et les débouchés s'effectuent sans pertes.
Les Chars attaquent les lignes de la SERRE, mais ne peuvent la dépasser.
Ils sont en butte au tir très ajusté et meurtrier d'armes Anti-Chars.
Les ponts sont minés.
Au début de la matinée, un avion de reconnaissance allemand a survolé les Chars. A partir de ce moment, les bombardements par avions, qui attaquent en piqué, se succèdent sans interruption.
Les Chars en souffrent peu ; quelques uns sont stoppés par le souffle des bombes qui étouffent le moteur. D'autres reçoivent des fléchettes incendiaires.
Il en résulte une dispersion qui rend difficile le commandement des Unités et la conduite de l'opération impossible.
Le Colonel DE GAULLE décide alors de regrouper la Division au Sud-Est de LAON, dans la région de LAVAL, MONCHALONS, VOSGES, CHAMOUILLE.
Durant toute la journée, les éléments ennemis flanc-gardés des colonnes qui, au Nord de la SERRE. marchent vers l'Ouest, attaquent le flanc et les arrières de la Division.
Le 4e B.C.P. encerclé dans CHAMBRY, se dégage à grand peine, avec l'aide du 10e RC.
La 345e comme l'avant-veille a été engagée dans les conditions suivantes :
Dans la nuit du 18 au 19, la 345e reçoit l'ordre d'attaquer le lendemain, en direction de CRECY-SUR-SERRE dès le lever du jour. Avec le même cran que le 17 Mai, la Compagnie va exécuter cet ordre.
Réservée au début de l'attaque, la Compagnie se trouve dans les couverts situés au Nord de la Cité des Cheminots de LAON.
Les 35 R des Bataillons Légers (2-24-44) sont en tête. Ils attaquent en direction d'AULNOIS, LAON, CHERY-LE5-P0UILLES (1er Objectif) puis des ponts de la SERRE (2e objectif). Ils ne peuvent franchir le passage de CRECY-SUR-SERRE.
La 345e progresse de couvert en couvert. Les Chars, bien remis en état, filent à vive allure et les Equipages attendent avec calme le moment où ils recevront l'ordre d'attaquer.
L'ordre arrive. La Compagnie fonce dans la plaine d'AULNOlS, traverse en bataille, la crête devant CRECY-SUR-SERRE qui est très bombardée par l'Artillerie ennemie et s'engouffre dans cette localité.
Le premier le Lieutenant BOUDARD démolit un premier barrage, passe et arrive sur le pont de la SERRE. Il saute sur le pont miné. Le village a été parfaitement organisé par l'ennemi au point de vue anti-Char. Il y a des pièces A.C. dans les maisons, des Chars de chaque côté de la place de CRECY.
Le combat est violent. Le Char du Lieutenant BOUDARD est pris à partie par ces armes. Il a le plancher ouvert. Le Lieutenant a un coup au front. Le Mécanicien PRAT a la jambe cassée. Le Char suivant (Sous-Lieutenant GODDALIS) saute lui aussi sur une mine et a ses chenilles coupées. Les pièces A.C. lui tirent dessus. Un projectlle traverse le blindage et blesse le Sous-Lieutenant. Le Char du Capitaine IDEE est à 20 mètres du pont. Il reçoit 2 obus dans sa tourelle. Un troisième enlève le pot d'échappement. Le feu prend dans la chambre des machines. Le Capitaine IDEE continue à tirer. Le Radio CHAUFFOUR éteint l'incendie. IDEE se place alors derrière la voie ferrée. Au cours de ce mouvement, il voit un homme qui se glisse sur le talus. C'est BREHAT, le mécanicien du Sous-Lieutenant GODDALIS.
Il le recueille dans son Char et apprend que les autres membres de l'Equipage sont dans un petit bois à 500 mètres. Il s'y rend à pied, trouve le Sous-Lieutenant GODDALIS et PRAT, Il les soigne et les fait évacuer dans un Char et reprend sa place au combat.
Le combat dure jusqu'à 18 heures, sans répit, en attendant l'Infanterie qui ne vient pas.
A 19 heures, l'ordre de repli arrive. Ce qui reste de la Compagnie rejoint LAON. Pendant ce mouvement la Compagnie est attaquée par une centaine de bombardiers ennemis qui lancent leurs bombes en rase-mottes et mitraillent les Chars. Celui du Capitaine prend feu 7 fois.
Rassemblée dans le bois de la NEUVILLE-SUR-LAON, la Compagnie reçoit l'ordre de se porter dans les bois de LAVERGNY, où elle arrive a 22 heures. Les Equipages tombent de fatigue.
20 MAI
Dans la nuit du 19 au 20 la pression de l'ennemi s'accentue au Nord et à l'Est.
En raison des nombreuses infiltrations ennemies c'est une véritable guérilla qui commence.
Au cours de cette journée les 2 dernières rames rejoignent.
La 6e (camions) débarque à MONT-NOTRE-DAME à 7 heures. La troisième arrivera à 14h30.
A 16 heures, le Chef de Bataillon reçoit du Lieutenant MAROIS le compte rendu suivant :
- Situation générale très confuse. Suis avec l'élément de C.E. les 2e et 3e mécaniciens et dépanneurs à URCEL.
- 6 ou 7 Chars existaient encore à 1 heure et étaient réunis à PARFONDRU.
- Plus d'essence, plus de munitions, impossible de joindre les Chars sans aucun doute.
- Si obligé de partir, descendrai sur FISMES par PARGNY-LES-BOVETTES, CHAVONNES, SAINT-MARD, VILLIERS-LE-BRUYERE.
- N'ai reçu aucun ordre depuis hier.
- J'attends vos ordres ici.
Le Chef de Bataillon gagne aussitôt URCEL où il trouve le Lieutenant MAROIS et après examen de la situation se rend au P.C. de la IVe D.C.R. où il apprend ce qui s'est passé dans la matinée. La 345e a été engagée avec la IVe D.C.R. Après son coup de boutoir au Nord de LAON, celle-ci a dû se reporter au Sud-Est de cette ville et la Compagnie a reçu l'ordre de se rendre dans les bois de LAVERGNY, où s'est déroulé l'engagement suivant :
- Les Chars ont été camouflés en lisières. Le Char du Capitaine est à la corne du bois. A 8h30, on voit quelques fantassins progresser dans les fossés de la route d'EPPES a LAON. Sont-ce des ennemis ou des amis ?
- On ne le saura jamais, car soudain, l'ennemi débouche en colonne. Le Capitaine le laisse approcher, puis par radio déclenche le feu. Les Allemands tombent par piles. Une 1/2 heure plus tard, des cavaliers ennemis débouchent du plateau. Ils subissent le même sort.
- La Section du Lieutenant LE HENRY du 24e Bataillon de Chars (35 R) se précipite sur les Cavaliers. La 345e tire, postée. Le Char du Lieutenant LE HENRY se renverse, touché par une pièce A.C. ll est immobilisé. Le Capitaine IDEE envoie la Section du Sous-Lieutenant SERGENT qui neutralise l'arme Anti-Chars.
Le Char du Sergent PIERRON est détruit.
- La 345e revient à son emplacement. 3/4 d'heure s'écoulent. 3 A.M. et un Char Allemands débouchent à toute allure de la crête. Le Capitaine donne l'ordre de les laisser s'approcher et à 300 mètres fait ouvrir le feu. Les engins ennemis sont perforés par les obus de rupture de 47.
- L'ennemi réagit par un tir de 77. Deux Lieutenants sont tués (Sous-Lieutenant HUMBERT du 24 et Lieutenant FOREST du 2).
- Un Char de la 345e est touché. Le Capitaine ne voulant pas le laisser entre les mains de l'ennemi, descend de son Char pour le détruire et se fait protéger par le Char du Sous-Lieutenant SERGENT qui tire devant lui. Un obus passe très près du casque du Capitaine IDEE : les tympans crevés, le Capitaine remonte dans son Char et continue à tirer jusqu'au moment du repli.
- Il a envoyé le motocycliste LEFEVRE (Roger) porter son compte rendu et demander des ordres. Il n'y a plus personne autour de la Compagnie qui s'inquiète de cette solitude sachant que les Boches sont au Sud du village.
Enfin l'ordre est donné de quitter la position.
Le Sous-Lieutenant SERGENT monte dans le Char du Capitaine IDEE qui est resté avec les autres Chars. Il y a avec lui HANON Radio 52, le Sergent MONNET et le Radio 51 CHAUFFOUR. Il est en tête de la colonne qui sort de FESTIEUX. A peine entre-t-il dans la Forêt que le drame se déroule rapide, brutal.
Le Char reçoit à bout portant un obus (vraisemblablement du 37). Le coup arrive dans l'épiscope du Mécanicien et MONNET reçoit tous les morceaux du miroir dans la face. Les lunettes blindées ont été perdues la veille et il est aveuglé avec des coupures au front.
L'épiscope est cassé MONNET ne voit plus rien et ne sait où aller. Il hésite quelques secondes et l'ennemi en profite. Les coups se succèdent implacablement justes, l'avant du Char est découpé comme on casse une assiette avec un marteau.
- Au troisième obus. MONNET s'alIonge en arrière sans un cri. Il doit avoir un coup effroyable à la tête. Le Sous-Lieutenant SERGENT a reçu un obus dans l'abdomen. Il s'effondre dans le Char souffrant atrocement. HANON est brûlé au bras par le plomb et le fer fondus.
Le Char avance en zigzaguant. HANON essaye d'enlever MONNET de son siège. Il pèse 80 kilos et ce n'est pas possible.
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Soudain HANON voit le blindage s'ouvrir devant lui. Le chargeur de la Reibel qui est là vole en miettes. Il reçoit un choc terrible au bras droit. Le Sous-Lieutenant a eu le temps de tirer une ou deux rafales sur la pièce allemande. A demi assourdi, presque insensible, HANON ne sent plus rien, mais il entend le Lieutenant qui souffre et qui trouve cependant assez de force pour lui dire : "Pouvez-vous continuer avec le Char ?" HANON lui répond qu'il ne peut enlever MONNET de ses pédales, le Sous-Lieutenant SERGENT lui dit alors : "Sauvez-vous... si les Boches le veulent bien".
Cependant les autres Chars sont arrivés. Près du Char du Sous-Lieutenant SERGENT. Celui du Lieutenant BRUMEAUX est atteint par un obus et flambe.
Ceux des Sergents WAX, BOUR, MONNIER tirent et permettent au Lieutenant BRUMEAUX et au Chasseur CHAUFFOUR de sortir de leurs Chars et de se réfugier près d'eux.
Le Char du Sergent MONNIER atteint à son tour, brûle. Son équipage sort et est recueilli par les autres Chars.
Le Sergent TASSEL qui était en panne à BRUYERES rejoint ainsi que le Char du Lieutenant ANDRE qui devra être abandonné plus loin.
Tout laisse supposer aux équipages qu'il n'y a plus un homme vivant dans le Char du Sous-Lieutenant SERGENT.
Ils continuent leur route en arrosant les couverts et rejoignent le Bataillon.
Cependant le Char du Sous-Lieutenant SERGENT abrite encore un vivant : HANON, qui a pu se dégager et n'entendant plus rien sort du Char. Il peut après avoir rampé longtemps sous un feu nourri, atteindre FESTIEUX.
Le village est vide, le poste de secours est évacué. Les rues sont couvertes de cadavres de cuirassiers (A.M. et Moto).
HANON aperçoit seulement un Colonel qui, en side-car sort par le Nord de FESTIEUX encore libre et qui ne l'entend pas.
Après avoir erré pendant deux jours, HANON pris par les Allemands, est dirigé sur CHARLEVILLE et après avoir été soigné est envoyé a TREVES où il trouve le motocycliste LEFEVRE Roger qui, le bras dans le plâtre lui dira qu'il a été descendu par les Allemands alors qu'il roulait a 70 km à l'heure, au moment où il rejoignait la Compagnie pour lui apporter l'ordre de repli.
Prisonnier, il avait pu avec tout le personnel du poste de secours de FESTIEUX, voir son Char et le Sous-Lieutenant SERGENT écroulé sur la portière avant.
En fin de journée la IVe D.C.R. est au Sud de l'AISNE.
Les combats des 17 et 19 Mai ont causé de grandes pertes en matériel, mais la IVe en a causé aussi de très lourdes à l'ennemi. Elle a arrêté sa progression vers le S.-O., ralenti sa marche en direction de l'Ouest et permis aux troupes françaises de s'installer sur la ligne de l'AISNE.
Le 19, après avoir couvert le repli de la Division au Nord de FISMES, se porte sur LAGERY, où il arrive dans la nuit.
La 345e qui a cantonné à SERGY la rejoint le lendemain. La Compagnie a perdu au cours de ces 3 journées de combat 10 Chars et a eu 1 Officier, 1 Sous-Ofticier, 3 Caporaux et Chasseurs tués. Il ne lui reste que 4 Chars, les 2056-2057-2060-2058.
Elle a été parfaite à tous les points de vue. Aucune défaillance n'a été constatée. Chacun a fait son devoir totalement, sans hésitation. Mais tous sont épuisés. Les Equipages tombent de fatigue, le Chef de Bataillon n'arrive pas à obtenir du Capitaine IDEE des propositions de citations pour son Personnel. IDEE souffrant atrocement de ses tympans perforés, n'en peut plus.
21 MAI
Le Bataillon est toujours à LAGERY Les Unités ont été réorganisées sur les bases prévues le 19.
A 11 heures, le Bataillon a l'heureuse surprise de voir arriver le Capitaine NEGRETTI accompagné du Lieutenant SOT qui, venant de RUEIL, apporte les extincteurs, les périscopes et les batteries d'accus qui manquaient.
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DÉPLACEMENT VERS AMIENS
23 - 26 MAI 1940
Devant les circonstances. le Haut Commandement envisage d'engager la IVe D.C.R. à l'Est d'AMlENS en corrélation d'une attaque de l'Armée du Nord, partie d'ARRAS, puis au 5ud d'AMIENS pour réduire la Tête de Pont.
Du 22 au 24, la Division va se déplacer de l'Aisne à la Somme, de la Région de FISMES à celle d'AMIENS, de la VIe à la VIIe Armée.
C'est le calvaire du Bataillon qui commence. Du 22 au 26, son Personnel fournira un effort considérable pour que les Chars puissent arriver à destination.
22 MAI
A 15h30. le travail d'entretien des Chars étant à peine terminé, le Bataillon quitte LAGERY en direction de la Forêt de COMPIEGNE.
Le Bataillon est formé en 2 colonnes. La première comprend les Compagníes de combat et leurs échelons. La deuxième est constituée par les éléments sur roues qui ne se déplacent pas avec les Unités de combat. Sous les ordres du Capitaine DRANSARD, Commandant la C.E., elle est englobée dans les Trains de la Division.
L'étape de la colonne de Chars est de 85 km et l'itinéraire est jalonné par les localités et les points suivants : COULONGES, NESLES, MAREUIL-EN-DOLE, CORCY. Le grand layon de la Forêt de VILLERS-COTTERET passant au carrefour Nord de FLEURY, l'Observatoire MANGIN, SAINT-JEAN-AU-BOIS.
23 MAI
Cette étape est très dure et les Unités arrivent le 23 vers 4h30 dans la Forêt de COMPIEGNE, aux environs de la BREVIERE.
ll y a de nombreux Chars en panne sur le parcours et les dépanneurs de la Compagnie ainsi que la Section de Dépannage de la C.E. avec le Lieutenant MEYER, travaillent sans arrêt.
Dès leur arrivée, les Compagnies sont installées dans les bois. de part et d'autre de la route. On procède à l'entretien du matériel et le Personnel se repose un peu.
La colonne sur roues est dans la partie Nord de la Forêt et stationne sur la route entre ATTICHY et COMPIEGNE.
A 11 heures, le Chef de Bataillon est convoqué au P.C. de la Division, au Château de PIERREFONDS où avec les Chefs de Corps, il entend un exposé du Colonel DE GAULLE sur la situation générale.
Rentrant au Bataillon. il apprend qu'un renfort commandé par le Lieutenant BRIARD et destiné à remplacer le Personnel de la 1ère qui avait quitté le Bataillon le 27 Avril, est arrivé à MONT-NOTRE-DAME.
Aussitôt, il fait remplacer le Lieutenant BRIARD par le Lieutenant BIED-CHARRETON et donne l'ordre à ce dernier, n'ayant pas les moyens de transport nécessaires pour ramener le Personnel, de se diriger sur CHATEAU-THIERRY et de demander au régulateur ou au Commandant d'Armes de le faire diriger vers l'arrière où le Bataillon le récupérera dès que ce sera possible.
Au cours de la Journée, on signale au Chef de Bataillon des suspects en tenue de Chars, qui circulent dans une vieille Citroën et qui demandent des renseignements au sujet de Chars D 2.
Le Lieutenant BOUDARD part à leur recherche avec l'intention de leur demander des explications précises... Heureusement pour eux, ils sont rencontrés par un Officier du Bataillon et le Lieutenant qui est dans la voiture est reconnu. Il s'agit du Lieutenant DUPONT du 8e Bataillon (2e D.C.R.) qui est à la recherche d'une certaine 346e Compagnie ?
A 22h25, la colonne de Chars reprend sa marche et se porte vers MOREUIL par COMPIEGNE et MONTDIDIER.
La plupart des Chars en panne ne sont pas encore rentrés. Le Commandant de la C.E. reçoit l'ordre de les regrouper dans la région de PIERREFONDS et de les remettre en état, sans délai.
24 MAI
Les Unités arrivent à MOREUIL vers 4 heures. Le P.C. est installé dans la petite ville où il reste quelques rares civils. Seul, l'Hôpital (Asile de vieillards) n'a pas été évacué. Sur l'intervention du Chef de Bataillon auprès de l'E.M. de la IVe D.C.R., il le sera dans la soirée.
Les Compagnies s'organisent dans les bois à l'Est de MOREUIL, avec mission de s'opposer à toute incursion d'engins blindés ennemis venant de cette direction.
Vers 8 heures, les éléments qui sont encore sur la route sont attaqués par des avions ennemis qui les mitraillent à basse altitude. Les Chasseurs LABBE, FREY, CANOOT, conducteurs et dépanneurs sont blessés plus ou moins grièvement. Les Lieutenants BIETTE et CARRE échappent de peu, mais leur voiture est criblée de balles.
Cette étape, 68 km, a encore coûté des Chars au Bataillon et à 16 heures, après vérification, le Chef de Bataillon fait connaître au Commandant de la 1/2 Brigade, la situation du 19. Elle n'est guère brillante.
Il reste en tout et pour tout 19 Chars disponibles : 5 à la 345e, 8 à la 2, 5 à la 3.
5 (2049-2018-2036-2050-2030) sont en panne, mais paraissent devoir être récupérés dans la journée.
17 (2058-2012-2025-2035-20522013-2020-2032-2051-2015-2037-2014-2004-2026-2010-2047-2006) sont dans un état qui nécessite une réparation très longue, et peut-être leur envoi à l'arrière.
2 (2007-2038) ont été laissés à MAREUIL-EN-DOLE et doivent être récupérés par les soins du Capitaine NEGRETTI de RUElL.
5 enfin, n'ont toujours pas de tourelle ni de boîte de pointage.
Le regroupement de tout le matériel dans la Forêt de COMPIEGNE qui avait déjà été décidé la veille, est confirmé par le Commandant.
25 MAI
Le Bataillon a passé une nuit calme. Cependant des incidents bizarres se sont produits, on a pu constater des départs de fusées en provenance des bois à l'Est de MOREUIL. ll y a sans doute des parachutistes Allemands dans ce coin.
Le Capitaine IDEE souffrant atrocement d'une otite suppurée double qu'il a contractée au cours des combats des 19 et 20 est évacué. Il ne veut rien entendre et il faut toute l'autorité du Commandant pour qu'il parte se faire soigner.
A 17h15, le Bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement en direction de la région Sud-Ouest de CONTY, par l'itinéraire AILLY-CONTY.
On apprend quelques heures plus tard par un bulletin de renseignements que les Allemands tiennent la ligne de la Somme entre PERONNE, AMIENS. ABBEVILLE. Dans la journée du 24, ils ont été refoulés jusque dans les faubourgs d'AMIENS, alors qu'ils avaient poussé jusqu'à SALEUX, DURY. SAINT-FUSCIEN, mais ils offrent une forte résistance entre HEBECOURT et DURY.
La ligne de contact se situe entre le cours de la Somme et la zone VILLERS-BRETONNEUX, WARFUSEE.
A 17 heures cet ordre est complété par celui-ci :
- Le 19e est mis à la disposition de la 7e D.I.C. pour participer à une attaque qui aura lieu dans la soirée.
- Diriger le Bataillon sur une P.A. dans la région Nord de BACOUEL.
A 17h50, après avoir donne l'ordre de départ et un point de première destination (lisière Sud au Bois de CATILLON, sur la route de TILLOY à AMIENS) le Chef de Bataillon accompagné du Capitaine CLEMENT est au P.C. de la 7e D.I.C. où il est mis au courant de la situation générale par le Chef d'E.M.
A 18h10, à la rentrée du Général NOIRET qui commande la Division et devant le Général GRANSARD, Commandant le C.A., il est décidé que l'attaque n'aura lieu que le lendemain matin, assez tard dans la matinée et que le Bataillon ne quittera ses emplacements actuels qu'à 22h30.
Au cours de cette réunion, le Général NOIRET décide que l'lnfanterie exécutera pendant la nuit un mouvement préliminaire dans le but d'atteindre la ligne : SALEUX, Lisières Nord de DURY, Côte 115, emplacements qui permettront à |'Echelon de Combat de voir le terrain d'action du lendemain.
D'autre part, le Chef de Bataillon accepte d'engager ses 2 Compagnies dans une action oblique par rapport à la Direction générale de l'attaque, mais il fait remarquer qu'il n'a que 18 Chars et que c'est bien peu pour une opération menée sur une profondeur d'environ 4 km 500.
Enfin, le Commandant de la Division craint que |'opération ne soit trop compliquée pour une Infanterie n'ayant jamais pris part à une action avec Chars.
A 21 heures, les intentions du Général sont arrêtées et l'ordre préparatoire de la Division est remis au Chef de Bataillon.
L'ATTAQUE D'AMIENS
27 MAI 1940
Pendant que le Bataillon va être engagé seul le 27, devant AMIENS, la IVe est lancée sur les positions ennemies au Sud d'ABBEVILLE. Elle est mise aux ordres du Groupement du Général Robert ALTMAYER qui deviendra plus tard la 10e Armée.
Elle attaque à 17 heures en direction de LIMEUX, VILIERS-SUR-MAREUIL, MONT-DE-CAUBERT.
Le premier objectif est atteint à la nuit mais on doit s'arrêter.
L'attaque reprend le 29 à 4 heures. Une défense anti-Chars très puissante et des contre-attaques énergiques l'empêchent d'atteindre le MONT-DE CAUBERT.
Le 30 Mai, la Division tente un nouvel effort qui ne réussit pas.
Elle est relevée le 31 par une Division Britannique.
La 4e pendant ces 3 jours de combat, n'a pu supprimer la tête de pont au Sud d'ABBEVILLE, mais elle l'a réduite considérablement, si bien qu'elle ne pouvait plus servir de base de départ.
Malgré ses pertes, elle a décimé la 37e Division Allemande et a capturé de nombreux prisonniers et un matériel important.
Le 19e lui, loin de la IVe ne poursuivra pas ses efforts aussi longtemps. Une journée de combat suffira pour réduire ses moyens dans des proportions considérables. La journée du 27 Mai sera pour lui excessivement dure à tous les points de vue.
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Rentré à FLEURY, après la réunion d'ESSERTAUX, le Chef de Bataillon rédige l'ordre d'attaque suivant :
P.C. le 27 Mai 1h30.
ORDRE D'ATTAOUE POUR LA JOURNÉE DU 27 MAI 1940
MISSION DU BATAILLON : Aider la 7e D.I.C. à atteindre les lisières Sud d'AMIENS.
EXECUTION : L'opération se fera en deux phases.
1ère Phase - Nettoyage de la zone limitée par la crête indiquée par le calque.
Idée de manoeuvre - Procéder par rabattement, sans franchir la ligne de crête.
Dispositif - 2e en tête, 3e derrière : les deux Unités en deux échelons.
P.D. - Voir calque
Débouché - 10 heures.
Répartition des zones à neutraliser - (Missions des Unités) Voir calque.
Aide de l'Infanterie - Tirs de protection au départ, les parties de la crête neutralisées par le Bataillon seront successivement occupées par l'Infanterie.
Artillerie - Protection au Nord et à l'Est du dispositif par bombardements successifs.
Position de ralliement - Voir calque.
2e phase - Permettre à l'Infanterie de la 7e D.I.C. d'atteindre la ligne indiquée par le calque et en particulier l'Asile d'aliénés d'AMIENS.
Idée de manoeuvre - Atteindre le plus vite possible l'objectif.
Dispositif - 3e à gauche (de direction) 2e à droite.
P.D. - La position de ralliement après la 1ère phase.
Débouché - Sur l'ordre (radio) du Chef de Bataillon.
Mission des Compagnies - Neutraliser les zones indiquées par le calque et y conduire l'Infanterie.
Aide de l'Infanterie - Tirs de protection au départ.
Position de ralliement - Ravin au N.-O. de DURY (voir calque)
EMPLACEMENT DU CHEF DE BATAILLON ET DU VEHICULE P.C. :
Au départ : voir calque
Après le premier objectif : voir calque, environs Nord de DURY.
LIAISONS RADIOS :
Un réseau entre le chef de Bataillon et les Commandants de Compagnies, fonctionnera à partir de H-10. Les postes subordonnés devront être à l'écoute à partir de ce moment.
ORGANISATION DES ARRIERES :
P.C. : fixe (voir calque)
Point d'échange - (Adjoint Technique, Poste de Secours) voir calque.
Axe de ravitaillement et dépannage - voir calque.
Equipe de dépannage : A FLEURY, jusqu'à nouvel ordre.
Le Chef de Bataillon
Signé : AYME
A 3 heures, après avoir reçu l'Ordre général d'Opérations de la 7e D.I.C. le Chef de Bataillon se présente au Colonel, Commandant l'I.D. de la 7e D.I.C. qu'il réveille et qu'il met au courant de la situation.
La 2e et la 3e Compagnies ont quitté à 22h30 leurs P.A. de FLEURY et de CONTRE.
A 4 heures du matin, elles sont aux emplacements fixés (voir calque).
A la suite de pannes qui se sont produites sur le parcours, la 2e Compagnie a 6 Chars et la 3e, 9.
Vers 5 heures, les Allemands qui ont constaté la présence de Chars à ces emplacements, exécutent quelques tirs d'artillerie extrèmement minces, avec du petit calibre (77 ou 105).
Ces tirs font présager d'une défense faible et par conséquent d'une réussite relativement facile.
Le Chef de Bataillon constate au lever du jour que l'opération préliminaire qui avait pour but d'occuper la ligne indiquée par le calque N°1 n'a pas été exécutée et que les premiers éléments des Unités de la 7e D.I.C. se trouvent en de nombreux endroits et en particulier à l'Est de DURY, bien en arrière de cette ligne.
A 5 heures, il renouvelle ses recommandations aux Commandants des 2e et 3e, après leur avoir expliqué verbalement de quelle façon ils devraient exécuter leur progression.
A 9 heures après avoir fait le tour des P.C. des Chefs de Bataillon de 1er Echelon (Bataillon de gauche et Bataillon du Centre), il s'installe à un point d'observation (voir calque 2) qui lui permet de voir le débouché.
Il est en liaison par son poste 51, avec ses commandants de compagnie.
A 9heures50, le tir de préparation prévu se déçlenche normalement sur les organisations ennemies repérées.
A 10 heures, la 2e Compagnie débouche, suivie par la 3e Compagnie, et aborde vers 10h10, ce qui parait être les premiers éléments ennemis.
D'après les renseignements recueillis, il apparait que si cette Compagnie a atteint la région Nord de la CHARMILLE, elle n'a pu rester groupée. Par suite de déraillements dus au terrain, de tirs précis de pièces antl-chars, elle s'est trouvée entièrement disloquée vers 11 heures, et elle n'a pu, pour cette raison, agir convenablement contre la défense anti-chars ennemie.
Derrière, la 3e Compagnie débouche normalement et progresse vers son objectif.
Quelques Chars dépassent la CHARMILLE et y voient des Fantassins appartenant à la droite du dispositif.
La 3e continue son nettoyage mais le 2009 (Sous-Lieutenant PECUIGNOT) dont la tourelle a été bloquée par un obus anti-chars revient vers l'arrlère. Des Fantassins criant alors :
"Voila les Chars, on recule !"
Le Char porte cependant les marques distinctives des Sections. que le Chef de Bataillon avait demandé de faire connaître à tous les Fantasslns. De plus, le Sous-Lieutenant PECUIGNOT avant ouvert sa porte de tourelle, agite un drapeau tricolore.
Le Chef de Bataillon ne réussit pas à calmer les Fantasslns et un recul vers l'arrière s'amorce alors.
Quelques instants après, les Chars de la 3e ayant vu à droite les premiers éléments d'Infanterie à leur objectif et le nettoyage de leur zone terminé, reviennent vers DURY.
Dans cette partie du terrain (Est de DURY), aucun Fantassln n'a dépassé la ligne DURY, Cote 155.
Le Chef de Bataillon qui est alors aux environs de cette cote, fait regrouper les Chars par le Capitaine FOUCAUD et ceux-cl se dirigent vers la cote 110, qu'ils attaquent sans hésitation.
Le mouvement se fait sans incident et des éléments du 1/7e R.I.C. atteignent la côte 110.
Les Chars continuant leurs mouvements en avant. mais n'étant pas suivis par l'Infanterie. reviennent vers DURY.
A ce moment, l'Infanterie quitte la Côte 110, revient en désordre à l'arrière, lisière Nord de DURY en criant :
"Voilà les Chars Allemands!"
Des avions allemands apparaissent alors, les mitraillent et bombardent les Fantassins et les Chars.
Tous les éléments refluent vers l'arrière.
Certains se portent dans les bois au S.-O. de la Cote 115 et prétendent qu'ils sont poursuivis par les Allemands et que ceux-ci sont dans les bois et avancent.
Le Chef de Bataillon aidé du Capitaine CLEMENT s'efforce de remettre de l'ordre parmi les fuyards et de les calmer en leur disant que ce sont nos Chars. Il n'y a rien à faire, c'est la débandade et tous les Fantassins reviennent sur la ligne de départ.
Le Chef de Bataillon se rend auprès du Colonel Commandant l'I.D. et arrive au moment où le Bataillon MAGRET du Centre, a signalé que 5 Chars ennemis étaient arrêtés devant ses lignes et se préparaienl à attaquer DURY.
L'ordre va être donné à l'Artillerie (155) de tirer sur eux.
A grand peine, le Chef de Bataillon arrive à démontrer qu'il s'agit de Chars de la 3e revenant de la Cote 110 et va voir le Chef de Bataillon MAGRET (1/7).
Il assiste alors à un repli total de ce Bataillon.
Les Chars de la 3e revenus en arrière de DURY sont alors regroupés à la lisière Nord du Bois IMPERIAL et reçoivent du Chef de Bataillon l'ordre de s'opposer à toute attaque d'engins blindés Allemands et, en raison des circonstances, au recul des Fantassins.
A 17 heures, l'attaque est arrêtée et le 19e Bataillon est libéré par le Général. Commandant la 7e D.I.C.
Le Chef de Bataillon donne l'ordre de se rallier dans le Bois IMPERIAL et d'y regrouper le matériel qui peut être dépanné.
Vers 19 heures le Général, Commandant la 7e D.I.C., donne l'ordre au Chef de Bataillon de rester avec ses Chars à HEBECOURT pour parer à toute attaque ennemie, mais plus particulièrement dans le but de "donner confiance aux Fantassins".
Le Chef de Bataillon rend compte alors de la situation du Bataillon au Général Commandant la 7e D.I.C. qui libère tout ce qui, au Bataillon, n'est pas capable de combattre et ne garde que la Section PEQUIGNOT qui reçoit l'ordre de défendre les abords immédiats d'HEBECOURT et d'interdire toute infiltration ennemie dans la région N.-O. de ce village.
Il rend compte de même au Colonel DE GAULLE par l'intermédiaire du Lieutenant GIRON de son E.M. qui est venu le voir à FLEURY.
Les restes du Bataillon quittent le Bois IMPERIAL vers 22 heures pour rentrer à FLEURY.
Quelques Chars SOMUA de Cavalerie devaient assurer la protection du mouvement, à gauche du dispositif. Aucune précision concernant le travail effectué par ces Chars n'a pu être obtenue.
Le Bataillon avait perdu au cours de cette triste journée :
3 Equipages d'élite : ceux du Lieutenant BAISE, du Sous-Lieutenant CAVARROT, de |'Adjudant-Chef GOUVERNANT, des Sergents VUILLEMIN et LANDELLE.
7 Chars détruits et laissés sur le terrain.
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Char du Sous-Lieutenant CAVARROT | |
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Char de l'Adjudant-Chef GOUVERNANT |
28 MAI
Au cours de la nuit, ce qui reste du Bataillon, sauf la section PEQUIGNOT, rentre à FLEURY.
Cette dernière Section qui avait reçu l'ordre de patrouiller devant le 35e R.I.C.est rendue au Bataillon sur la demande du Commandant, et rejoint FLEURY dans l'après-midi.
On remet en état les chars récupérés, mais les 2042 MARIGNAN - 2031 LA MARNE - 2049 NAVARIN - 2050 L'YSER - 2053 FRIEDLAND - 2022 L'OISE - 2023 FLEURUS, sont restés sur le terrain. Le 2034 SOLFERINO, a été écrasé par une bombe d'avion qui est tombée sur la tourelle. L'équipage entier de l'Adjudant-Chef GOUVERNANT a été anéanti.
29 MAI
Après une nuit calme, durant laquelle chacun a pu dans un sommeil réparateur, oublier les chagrins de cette effroyable journée du 27, le Chef de Bataillon reçoit de l'Inspection des Chars l'ordre de reconstituer, sous les ordres du Capitaine COLLOT qui doit rejoindre le Bataillon avec les Chars qui sont dans la Forêt de COMPIEGNE ou qui ont déjà été évacués sur le P.E.B.A. VI, une Compagnie D 2 qui devra relever la Compagnie B du 37e Bataillon qui tient les ponts de l'AISNE à RETHEL.
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30 MAI
Devant les ordres impératifs et le manque de nouvelles de la 345e, le Chef de Bataillon confie le commandement du Bataillon au Capitaine FOUCAUD et se rend à l'Atelier de la C.E. installé dans la Forêt de COMPIEGNE.
Au moment de son départ, il reçoit un C.R. du Lieutenant BOUDARD qui lui indique dans quelles conditions il a pris les Chars de la 346e et qu'il se prépare à rejoindre le Bataillon.
A son arrivée à la C.E., il trouve la 345e qui s'apprête à partir, le Capitaine DURAND et le personnel de la 346e.
Le Capitaine est malade et attend d'avoir vu le Chef de Bataillon pour être évacué. Celui-ci lui donne ordre de fournir un compte rendu détaillé sur ce qu'il a fait depuis le jour où il a été désigné pour commander cette unité.
Mis au courant de la situation par le Capitaine DRANSARD, il décide que :
1° - La 345e, comprenant tous les Chars de la 346e, sera dissoute à la date du 1er Juin et qu'elle redeviendra la 1ère Compagnie du 19e.
2° - La 346e, sous les ordres du Capitaine COLLOT qui a déjà rejoint, sera reconstituée avec certains éléments du 19e (Chefs de Chars, Mécaniciens pilotes, Dépanneurs) dont il a la liste et les Chars 2010 - 2052 - 2018 - 2012 - 2032 - 2015 - 2016 qui ont été remis en état. Les 2029 - 2047 - 2041 - 2037 - 2051, en réparation. (Aucun Char n'a été encore dirigé sur le P.E.B.A., mais une équipe du P.E.B. 101 avec le Capitaine LEREST, est venue travailler au Bataillon.
Enfin il remet au Capitaine COLLOT une somme de 50.000 Frs à titre d'avance.
Il donne au Capitaine COLLOT, l'ordre de commencer sans délai l'instruction D 2 du Personnel de la 346e qu'il doit emmener avec lui.
Il l'avertit que le Personnel en trop et inutilisable, sera vraisemblablement dirigé, le plus rapidement possible, vers l'arrière et lui donne l'ordre de se préparer au départ.
Après avoir pris toutes ces dispositions, il rejoint le Bataillon à FLEURY.
31 MAI
La Compagnie BOUDARD rentre au Bataillon dans la soirée.
1er JUIN
Le Chef de Bataillon est convoqué par le Général DE GAULLE (qui vient d'être promu à ce grade) à qui il rend compte des conditions dans lesquelles s'est déroulée l'attaque d'AMIENS.
Les Unités travaillent au matériel et se reposent.
2 JUIN
Une batterie de 47 anti-chars arrive à FLEURY. Le commandant de la batterie a un personnel non instruit. Ce sont les Chefs de Chars du Bataillon, qui font son instruction et c'est le Chef de Bataillon lui-même, qui place les canons, en fonction de la mission reçu par cette unité. Nul parmi ce personnel n'a idée de ce que doit être la défense anti-chars.
LE BATAILLON DANS LA REGION DE BEAUVAIS
Lorsque l'attaque allemande se déclenchera sur la SOMME, la IVe D.C.R. sera stationnée au Nord de BEAUVAIS.
Trois jours de durs combats dans la région de LAON, les marches et contre-marches de l'AISNE à la SOMME, l'attaque du Sud d'AMIENS, et surtout les trois jours de combat pour réduire la tête de pont d'ABBEVILLE l'ont considérablement usée. Il lui restera en tout pour tout le 5 Juin :
73 Chars et A.M.D. sur 329
A partir de ce moment, elle se trouvera constamment prise entre deux nécessités :
1° - se refaire pour récupérer une force offensive ;
2° - contenir la pression ennemie et rétablir la situation des Corps d'Armée et des Armées dans les Territoires desquelles elle se trouvait.
C'est la deuxième qui l'emportera sans cesse.
La Division luttera jusqu'à l'extrême limite de ses forces au profit du G.A. 3, des Xe et VIIe Armées, de l'Armée de PARIS, des Xe et XXVe C.A.
Elle couvrira jusqu'au dernier jour la retraite des Armées Françaises.
ENGAGEMENTS DE MILLY/THERRAIN ET DE MONT-SAINT-ADRIEN
3 JUIN
Le Chef de Bataillon enlève à la 2e Compagnie les quelques Chars qui lui restent (Le Lieutenant BIETTE en a pris provisoirement le commandement après la disparition du Capitaine BAISE). Il les donne à la 3e et complète celle-ci par ceux de la 345e. La 3e a, après ce mouvement, 6 Chars en état de combattre, 4 en état de rouler, mais qui ne peuvent tenir leur place au combat (tourelle détériorée ou état mécanique insuffisant).
Il reste dans la Forêt de COMPIEGNE la C.E., l'Equipe de Parc, les 13 Chars de la 346e et 10 en réparation.
A 20h30, les 2e et 3e font mouvement sur LIHUS où elles vont rejoindre la 1ère qui y est déjà depuis quelques heures, et est affectée à la 6e 1/2 Brigade.
Au cours de cette marche la 1ère a constaté qu'un des Chars avait ses culbuteurs sabotés. Ils portaient nettement la trace d'un coup de scie. Cette découverte explique certaines pannes qui s'étaient produites dans les Chars de la 345e, les 17, 19 et 20 Mai, et montre qu'il s'agit d'un sabotage exécuté au cours de la fabrication ou du montage à l'usine.
4 JUIN
Le Bataillon arrive à LIHUS, à 2 heures.
A 11 heures, le Chef de Bataillon reçoit l'ordre de se rendre auprès du Général KELLER, Inspecteur des Chars.
Il arrive au Château de CHASNEUIL, près de La FERTE-SOUS-JOUARRE, où se trouve l'Inspecteur Général des Chars, vers 14h30, et expose au Général la situation difficile du 19e.
Il lui demande, en particulíer de faire procéder immédiatement à l'évacuation sur l'intérieur, de tous les Chars anciens et un délai d'au moins 8 jours, pour réorganiser le Bataillon et renvoyer à l'arrière tous les éléments de la 346e qui ne peuvent être utilisés.
Le Général accepte et son Chef d'E.M., le Commandant CORLIEU rédige une note à ce sujet.
Pendant l'absence du Chef de Bataillon, le Commandant de la IVe D.C.R. est venu voir le Bataillon à LIHUS. Le Capitaine FOUCAUD lui a présenté les Unités rassemblées sur la place du village. Le Général, après une minute de recueillement à la mémoire des morts du Bataillon, exprime sa satisfaction à celui-ci et l'avertit qu'il l'a proposé pour une Citation à l'Ordre de l'Armée et que toutes les propositions faites en faveur du Personnel ont été acceptées par lui.
Il lui annonce enfin qu'il quitte le jour même, le commandement de la IVe D.C.R. Il doit en effet rejoindre PARIS, car il vient d'être nommé Sous-Secrétaire d'Etat à la Guerre.
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Dans la soirée, le Bataillon sur l'ordre de la IVe D.C.R. envoie à SATORY pour y percevoir 12 Chars neufs, un détachement composé du Lieutenant ROCHEREUIL, du Sergent-Chef PIERRAT et 9 Caporaux et Chasseurs.
5 JUIN
A 11 heures, le Commandant se rend au P.C. du Commandant de la 6e 1/2 Brigade (Colonel SUDRE) pour lui exposer la situation du Bataillon et le mettre au courant de ce qu'il a demandé la veille au Général KELLER.
A 20h30, le Bataillon se dirige sur RAINVILLERS au S.-O. de BEAUVAIS par l'itinéraire HAUTE-EPINE, LA NEUVILLE, ACHY, GRILLON, GLATIGNY, LA CHAPELLE (45 km).
6 JUIN
Après une marche de nuit très pénible et après un embouteillage terrible à GRILLON (la IVe D.C.R. descend, la IIe monte) le Bataillon arrive à 4h30 à RAINVILLERS et SAINT-LEGER-EN-BRAYE.
La situation des Compagnies estalors la suivante :
1ère Compagnie : 13 Chars neufs et en bon état.
3e Compagnie : 12 Chars anciens, dont 5 ne peuvent combattre en raison de leur état mécanique.
Le Bataillon, en état d'alerte, s'installe dans les villages. Les issues et la route de BEAUVAIS sont barricadées et gardées.
A 9 heures, arrive un ordre mettant la Compagnie COLLOT (qui a pu être constituée dans la Forêt de COMPIEGNE) à la disposition du Bataillon. Son point de première destination est GOUVIEUX (S.-O. de CHANTILLY).
Le Colonel CHAUDESOLLE, Commandant l'Artillerie de la Division prend provisoirement, après le départ du Général DE GAULLE, le commandement de la Division.
Dans la soirée, un compte rendu du Commandant de la C.E. parvient au Chef de Bataillon lui annonçant que les Allemands ont franchi l'AISNE à VIC et que la C.E. évacue ses emplacements pour s'installer au BOIS-LE-ROI entre ORMOY, VILLIERS et NANTEUIL-LE HAUDOIN. Le Sous-Lieutenant BOURGEOIS évacue les Chars en réparation sur des remorques Coder.
7 JUIN
Les cocardes tricolores qui avaient été enlevées des Chars sont repeintes sur l'avant, l'arrière et la tourelle.
A 12h30, le Général DELESTRAINT, Commandant le Groupement Cuirassé, adoré de tous, arrive au P.C. et demande qu'elle est la situation du Bataillon. Il est très soucieux, mais accepte malgré sa hâte de repartir, de déjeûner avec le Chef de Bataillon.
A 14h30, on apprend que la Pression de l'ennemi s'est accentuée.
Une forte infiltration de Chars entre POIX et AUMALE et de petits groupes d'engins dans la région Ouest de GRANVILLIERS, SAINT-ARNOULT, FEUQUIERES sont signalés.
Au Sud d'AMiENS, l'ennemi s'est emparé d'ORESMAUX, mais HEBECOURT tenait encore le matin.
La 24e D.I. tient fortement la ligne CONTY-AILLY.
A 15h30, l'ordre suivant arrive au Bataillon : "Le 19 forme 4 Compagnies D 2 (Commandant AYME). Il recevra tous les Chars D 2 disponibles à l'intérieur, au fur et à mesure des sorties de fabrication. Les excédents momentanés d'effectifs seront enlevés le 9 Juin à destination de HOUDAN (Centre de reconstitution).
Le Général DE LA FONT, prend le commandement de la Division.
Averti que le Bataillon pouvait être appelé à se deplacer au cours de la nuit, le Chef de Bataillon fait porter dans les bois de CHANTOISEAU (Ouest de VILLOTRAN) la 2e Compagnie qui n'a plus de Char.
Les échelons sur roues sont groupés dans les bois au Sud de RAINVILLER5
Au cours de cette journée, la C.E. est dirigée vers la Forêt d ERMENONVILLE. Le Lieutenant BOURGEOIS fait suivre par la route les Chars 2030 - 2020 - 2018 qui ont été remis en état. Les 2026 - 2027 - 2014 sur Coder. Le 2025, dont le train de roulement n'a pu être remonté, est abandonné dans la forêt après avoir été détruit.
Au cours de cette nuit, la Division commence à se porter au Nord de BEAUVAIS pour agir contre les formations blindées qui, d'une part foncent vers ROUEN et, d'autre part, menacent BEAUVAIS et la direction de Paris.
8 JUIN
Une nuit Calme, le Bataillon reçoit à 12 heures, l'ordre de se porter en avant. La IVe D.C.R. a reçu l'ordre de couvrir la mise en place du 25e C.A.
A ce moment le Capitaine COLLOT arrive au P.C. et rend compte de la situation de son Unité. Arrivée à SAINT-SULPICE, elle se dirige en ce moment vers BERNEUIL.
Le Chef de Bataillon répartit alors les missions entre les Compagnies.
La 3e (Capitaine NICOL) avec 9 chars, doit se porter à CRILLON par RAINVILLERS, VILLERS-SAiNT-BATHELEMY, le VIVIER-DANGER. ARMENTIERES et HAUCOURT pour interdire dès son arrivée et jusqu'à nouvel ordre, les accès Nord et Ouest de CRILLON et de la PETITE FRANCE. jusqu'à la mise en place des éléments du 25e C.A.
La 1ère (Lieutenant BOUDARD) se porte dans la région de MILLY-SUR-THERAIN, par le BECQUET, SAINT-GERMAIN LA POTERIE, SAVIGNIES, PIERREFITTE, LES FORGES pour interdire à SAINT-OMER et à MILLY tous les accès de ces localités.
La 346e (Capitaine COLLOT) qui vient de BERNEUIL recoit comme première destination LE GORGUET au Sud de SAVIGNIES (même itinéraire que la 1ère).
LE P.C. du Bataillon est à MILLY-SUR-THERAIN.
La 2e, sans Char, ne doit pas bouger jusqu'à nouvel ordre.
Le mouvement s'exécute normalement.
A son arrivée à MILLY. le Chef de Bataillon, en side, la mitraillette sous le bras, accompagné du Capitaine FOUCAUD, aperçoit un groupe d'hommes dont il ne distingue pas l'uniforme et qui courent vers l'arrière. Il crie "Halte". Tous instinctivement jettent leur arme et lèvent les bras. Ce sont des Fantassins français commandés par un Sergent auquel le Chef de Bataillon fait énergiquement les observations nécéssaires.
Le dispositif est en place vers 15 heures.
A son arrivée à MILLY, le Commandant de la 6e 1/2 Brigade donne au Chef de Bataillon les 6 Chars B des 46e et 47e Bataillons qui y arrivent. Le Chef de Bataillon fait remarquer au Commandant de la 6e 1/2 Brigade que la situation des Unités de Chars placées en avant d'une coupure infranchissable comme l'est la rivière THERAIN, lui parait dangereuse et sans intérêt, puisque placés en arrière de cette coupure, les Chars pourraient en toute sécurité interdire la même zone, pendant le temps nécessaire à la mise en place du 25e C.A.
A 17h30; l'ordre d'envoyer une patrouille de 6 Chars vers la lisière Sud de VILLERS-BONNIERES parvient au Bataillon. Il est annulé et exécuté par l'escadron SOMUA du Lieutenant du CHATELET, du 3e RC.
En même temps l'ordre de repli de CRILLON à BONNIERES est donné à la 3e Compagnie. Les Chars de cette Compagnie, qui ont détruit une A.M. allemande et pris un canon A.C., rejoignent vers 21h30.
A cette heure, le Colonel Commandant la 6e 1/2 Brigade donne l'ordre de se reporter en arrière du THERAIN, mais il est décidé qu'une opération aura lieu auparavant au Nord du THERAIN et en direction du N.-O. le 9 Juin à 3h30. Cette opération doit avoir pour but de permettre au 7e R.D.P. de se replier sur MILLY.
La 345e se replie sur MILLY, mais quelques instants avant son départ, le Caporal-Chef MEREUZE est blessé à SAINT-OMER par des cyclistes Allemands qui passent à côté de son Char. Les Equipages tirent et tuent les cyclistes.
A 22 heures, le Commandant a reçu l'ordre d'envoyer à SATORY un détachement chargé de percevoir 12 Chars. Pensant que cela fait double emploi avec celui du Lieutenant ROCHEREUIL, il demande des précisions.
9 JUIN
A 3h30, l'opération prévue, dirigée par le Capitaine FOUCAUD et comprenant les D 2 de la 1ère, les B des 46e et 47e, est exécutée sans incident. Le Bataillon franchit ensuite le THERAIN pour se porter vers SAVIGNIES par le pont de BONNIERES qui n'a pu sauter par manque d'explosifs.
La 3e Compagnie qui avait reçu l'ordre de se porter au Sud de MILLY, THERAIN, arrive à 5 heures.
A ce moment, le Chef de Bataillon est convoqué par le Commandant de la 6e 1/2 Brigade qui lui donne l'ordre avec ses compagnies (sauf la 346e) et les 2 escadrons du Lieutenant du CHATELET (3e R.C.) de couvrir le repli de la IVe D.C.R. La 346e reçoit l'ordre de rejoindre directement le VAUROUX.
Les ordres donnés aux unités sont les suivants :
a) ESCADRON DU CHATELET.
Restera sur place jusqu'au repli des Unités du 7e R.D.P. installées à MONCEAUX et la région immédiate.
Se portera ensuite sur PIERREFITTE, où il recevra de nouveaux ordres du Commandant de l'Arrière-Garde.
b) COMPAGNIE NICOL.
Même mission en ce qui concerne les Unités du 7e R.D.P. installées à BONNIERES.
C) COMPAGNIE BOUDARD.
Se portera immédiatement sur la ligne : Sortie S.-O. de SAVIGNIES, cote 143. avec pour mission de barrer tout le couloir de MONT-SAINT-ADRIEN, jusqu'au repli de tous les éléments de la IVe D.C.R. Au cours de ce mouvement, le 2057 qui a sa chenille cassée, ne peut être dépanné et doit être incendié.
L'opération se déroule ensuite dans les conditions suivantes :
A 7h45. les éléments du 7e R.D.P. installés à BONNIERES sont repliés. La Compagnie NICOL se porte vers SAVIGNIES. Le Chef de Bataillon, sans nouvelles de l'Escadron du CHATELET, lui donne l'ordre de se porter au Sud de PIERREFITE, à la hauteur de la cote 143 et d'aider la 1ère dans sa mission d'arrêt.
A 9h10, la 3e Compagnie est en place et bat de ses feux la ligne PIERREFITE, cote 143, lisière N.-O. du Bois de TOESTE.
A la même heure, la 1ère Compagnie a une Section interdisant les accès N.-E. de SAVIGNIES et une Section sur la cote 161, en surveillance vers le N.-E.
A 9h30, le Chef de Bataillon envoie à l'Escadron du CHATELET qui a opéré son repli et qui arrive à PIERREFITTE, l'ordre de se porter sur la ligne : Cote 170-172, de part et d'autre de MONT-SAINT-ADRIEN et d'y assurer la protection des Compagnies du 19e Bataillon dès qu elles se reporteront à l'arrière.
A 9h40, l'Escadron est en place.
A 10h10, au moment où les derniers side-car du 7e R.D.P. atteignent le carrefour S.-E. de PIERREFITTE (Unité de queue de la IVe D.C.R) le Chef de Bataillon, qui est à cet endroit en compagnie du Capitaine FOUCAUD, essuie de nombreux coups de feu provenant de fantassins Allemands qui se sont glissés dans les herbes. Il s'agit d'éléments qui ont suivi les derniers motocyclistes français et qui s'efforcent, au moyen de mitrailleuses anti-chars, d'interdire l'entrée de MONT-SAINT-ADRIEN.
Un combat d'arrière-garde s'engage. La Compagnie NlCOL couvre de ses feux la Cote 143. La Compagnie BOUDARD coopère à cette neutralisation Les derniers éléments de la IVe D.C.R. passent vers 10h15 et entrent dans MONT-SAiNT-ADRIEN. A10h30, le Chef de Bataillon donne l'ordre de repli. Les Compagnies NICOL et BOUDARD se portent au Sud de MONT-SAINT-ADRIEN
La 1ère Compagnie, qui avait le 2071 en panne, doit l'abandonner à SAVIGNIES et le détruire.
L'Escadron du CHATELET en place, interdit tout débouché ennemi jusqu'au passage des derniers éléments et agira ainsi jusqu'au VAUROUX.
Au cours du Combat, le Sous-Lieutenant PEQUIGNOT est blessé au pied (il sera amputé par la suite).
Le Sous-Lieutenant RENAUD et les dépanneurs de la 3e ne peuvent rejoindre (ils ont leur VTT prise sous un violent feu d'infanterie). Ces éléments ne rejoignent le Bataillon que le soir, après avoir pu traverser les lignes Allemandes.
La IVe est depuis le matin, en retraite. L'Ennemi, contenu devant BEAUVAIS, progresse rapidement vers la Basse SEINE à l'Ouest, vers l'OISE à l'Est. Pour ne pas être debordées les Armées doivent battre en retraite vers la Seine. La 4e D.C.R. va couvrir vers l'Ouest le mouvement du XXVe C.A.
Des reconaissances du 10e R.C. sont poussées vers GOURNAY et GISORS. L'ennemi tente de déborder nos éléments par les flancs.
Convoqué au P. C. du Colonel Commandant la 6e 1/2 Brigade, le Chef de Bataillon se présente à 12h30 au VAUROUX. Il reçoit l'ordre N° 315 du Général Commandant la 4e D.C.R. lui prescrivant de couvrir la Division à l'Ouest, par GISORS.
La marche vers le Sud est reprise. La 1ère Compagnie doit abandonner le 2078, dont le Westinghouse s'est déterioré et le ventilateur cassé. Ce char est détruit, le remorquage n'étant pas possible en raison de la fatigue de tous les Chars.
A 19 heures, la 1ère Compagnie et quelques Chars de la 3e et de la 346e arrivent à DELINCOURT et couvrent la route de GISORS à PONTOISE, en direction du Nord.
Il n'y a plus à GISORS que des isolés Français. Quelques Allemands y ont pénétré vers 16 heures au moment où le Chef de Bataillon s'y trouvait en reconnaissance.
A 19h30, le Sergent-Chef RIBOULEAU qui a pénétré dans GISORS, y voit de nombreux Chars allemands.
Le Chef de Bataillon envoie le Capitaine FOUCAUD demander de nouveaux ordres au Colonel Commandant la 6e 1/2 Brigade. Celui-ci prescrit au Bataillon de se porter à partir de 21 heures à CHARMONT, au Sud de MAGNY-EN-VEXIN.
LE PASSAGE DE LA SEINE
10 JUIN
A 1h45, le Bataillon reçoit l'ordre de se replier en direction du Pont de POISSY. ll quitte CHARMONT à 3h15 et est à 4h15 au carrefour des routes de GRUGNY et de PONTOISE. Il attend que le 7e R.D.P soit passé pour continuer sa route.
A 5h25. il reprend son mouvement et à 7h20 franchit le Pont de POISSY, pour se diriger ensuite vers NEAUPHLE-LE-CHATEAU.
Seuls 10 Chars passent le pont - 26 ont été laissés sur place dans les conditions indiquées ci-dessous :
1° - Au cours de la marche vers CRILLON et MILLY/THERAIN :
1 Char de la 3e (2046) abandonné à RAINVILLERS.
5 Chars de la 346e (2018-2015-2051-2010-2041) depuis la Forêt de COMPIEGNE jusqu'au Sud de CRILLON.
2° - Au cours du combat de MONT-SAINT-ADRIEN :
2 Chars de la 3e (2017-2036) détruits par obus Anti-Chars.
3° - Au cours de la retraite MONT-SAINT-ADRIEN - POISSY :
3 Chars de la 1ère (2078-2057-2071) ;
7 Chars de la 3e (2031-2021-2019-2043 2039 2046-2033) ;
8 Chars de la 346e (2037-2016-2029-2012-2035-2032-2047-2052).
En dehors de ceux détruits au combat, les Chars qui ont été abandonnés, avaient leur train de roulement complètement à bout, ou leur moteur définitivement mort.
Les conditions de repli étaient telles qu'on ne pouvait envisager :
1° - des dépannages de longue durée (le temps dont on aurait pu disposer était fonction de la lenteur du repli et de la rapidité de l'avance de l'ennemi et ne pouvait être déterminé).
2° - des remorquages sur un long parcours. Le Bataillon n'avait pas de moyens d'enlèvement et les Chars en état de combattre ne pouvaient être alourdis de cette manière.
Le Chef de Bataillon qui, dès le départ de METZ avait rendu compte à tous ses Chefs successifs, que le materiel était dans l'impossibilité de fournir un effort prolongé, avait prévu ces abandons et avait dit au Commandant de la 6e 1/2 Brigade à AUNEUIL: « Si nous reculons, je ne puis évacuer dans de bonnes conditions les Chars qui, en raison de leur état. ne pourront suivre. Je suis donc dans l'obligation de les laisser sur place, après les avoir détruits).
Il avait été approuvé et avait donné l'ordre suivant :
"Tous les Chars ne pouvant être remorqués, en raison du combat en retraite que mène le Bataillon, devront être détruits sur place, s'ils se trouvent au Nord des lignes successives de repli, au moment de l'évacuation de celles-ci et si aucun travail ne peut y être entrepris en raison de la proximité de l'ennemi".
Seuls, ont résisté les Chars neufs provenant de la 345e et de la 346e. C'est avec tristesse et un grand serrement de cœur que les Equipages, qui étaient profondément attachés à leur matériel, ont dû l'abandonner ainsi.
Le Pont de POISSY franchi, le Bataillon reçoit l'ordre de cantonner à PETIT-PRES où il arrive à 9h30. LE P.C., la 2e et la 3e s'y installent. La 1ère et la 346e sont à LA CHAINE.
Les éléments de la C.E. qui ont rejoint le Bataillon cantonnent à GRIGNON.
Le détachement du Lieutenant BOURGEOIS après avoir quitté la Forêt d'ERMENONVILLE se dirige sur TOURNON-EN-BRIE où il réussit à embarquer les 2004-2006-2011.
11 JUIN
Le lendemain, BOURGEOIS réussit à franchir la SEINE, atteint VERSAILLES et reprend contact avec le Bataillon.
Au cours de la journée, le Bataillon reçoit l'ordre général N°104 du Commandant de la IVe D.C.R.
- Le Général Commandant le 25e C.A. a bien voulu témoigner sa satisfaction pour la façon dont la IVe D.C.R. a couvert son flanc gauche dans les journées des 8, 9 et 10 Juin.
- Le Général Commandant la IVe D.C.R. est heureux de transmettre à toutes les Unités, les félicitation du Général LIBAUD et profite de cette occasion pour exprimer sa fierté d'avoir été appelé à commander les troupes qui composent la Division.
- L'effort qui nous a et nous sera encore demandé est considérable, mais dans la dure bataille qui est engagée, il s'agit du salut du Pays et nous ne devons pas ménager notre peine.
Signé : DE LA FONT
Dans la soirée, après vérification, on constate que sur les 10 Chars qui restent au Bataillon et qui sont confiés à la 1ère, 7 sont à réparer et que ces réparations demandent un délai de 48 heures.
Les 3 autres sont fatigués et ne sont pas susceptibles d'aller très loin.
12 JUIN
Le 12 Juin la IVe est mise par l'Armée de PARIS à la disposition du Xe C.A. qui doit interdire le passage de la SEINE de MANTES à BONNIERES et couvrir le flanc gauche de l'Armée. Menacée par forces allemandes débouchant de VERNON. La IVe D.C.R. reçoit mission de contre-attaquer entre la SEINE et l'EURE.
Elle commence à faire mouvement vers l'Ouest.
Le Bataillon repasse à la 8e 1/2 Brigade et avant de faire mouvement, à partir de 12h20, en direction d'ADAINVILLE, par NEAUPHLE-LE-CHATEAU, MONFORT-L'AMAURY, SAINT-LEGER-EN-YVELINE, LA HAUTE-JAUNIERE, le Chef de Bataillon le fractionne en 2 parties :
1° - 1ère Compagnie, avec laquelle il marchera accompagné d'un P.C. réduit.
2° - Le reste du Bataillon, sous les ordres du Capitaine FOUCAUD. sera incorporé à la base Arrière de la IVe D.C.R. et dirigé sur FORGES-LES-BAINS.
En fin de marche, la 1ère s'installe à ADAINVILLE. Au cours de la marche. les 2070-2073-2074, hors d'état de suivre, sont dirigés sur l'Atelier (FORGES-LES-BAINS).
En fin d'après-midi, le Bulletin de renseignements suivant est reçu :
1° - La 8e D.I.C. tient la ligne CHAIGNES, BONNIERES, MANTES - P.C. à SEPTEUIL.
2° - La 84e D.I. tient à partir de MANTES vers l'Est.
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14 JUIN
Au debut de la journée, les renseignements suivants parviennent au Chef de Bataillon :
1° - L'Armée de PARIS à laquelle est rattachée la IVe D.C.R. se replie vers le Sud.
2° - Aucune activité entre la SEINE et la ligne SAINT-ANDRE-DE-L'EURE, HOUDAN.
3° - L'aviation Allemandejette des tracts.
A 17 heures, le détachement FOUCAUD est à CHATEAU-DU-CORBIER (Sud de JOUY-LE-POTIER).
15 JUIN
La Division recoit l'ordre de constituer des barrages au N.-O. et au S.-O. de CHARTRES (barrer les directions de CHATEAUDUN et ORLEANS).
Elle a devant elle des elements du 10e C.A. qui doivent se tenir toute la journée sur la ligne générale CHATEAUNEUF-MAINTENON-GAILLARDON.
Le 1ère, réduite à 6 Chars gagne LUISANT par SANTEUIL et SOURS et barre les issues Sud de CHARTRES.
Le 2069, qui ne peut suivre, est renvoyé vers l'Atelier.
Le Chef de Bataillon prépare une contre-attaque à l'Ouest de la route et au Sud de la voie ferrée (voir carte). La population civile évacue CHARTRES et ne manque pas en sortant de la ville de piller les quelques maisons qui bordent la route. Les femmes ne sont pas les moins excitées. Un affecté spécial de chez RENAULT insulte les officiers et les hommes, parce qu'on ne peut lui donner à manger. Il est éconduit comme il le mérite.
A 21h30, les renseignements ci-dessous sont communiqués au Chef de Bataillon :
L'Armée de PARIS continue à se replier vers la Loire.
L'aviation Allemande a réapparu. Bombardements sérieux de CHARTRES, BONNEVAL, CHATEAUDUN.
La 1ère D.L.M. tient le Bois de VORE et la Forêt de la SAUSAY.
Le 2e D.L.M. est aux lisières de la Forêt de CHATEAUDUN et à 10 km au Nord de CHATEAUNEUF.
La 8e D.I.C. et la 84e D.I. sont sur la ligne CHATEAUNEUF-EN-THIMERAIS - MAINTENON - GAILLARDON, ARLIS. La 8e D.I.C. a été sérieusement accrochée hier dans la Forêt de CREUX par des Allemands en civil tirant, dissimulés derrière les arbres.
Des éléments motorisés ont franchi l'EURE à ECLUZELLES et ont pris la direction de NOGENT-LE-ROI.
La 83e D.I. est restée accrochée sur la Vallée de CHEVREUSE. Il existe de ce fait, un trou d'une vingtaine de km démasquant la direction RAMBOUILLET, ETAMPES.
Aucun contact sur les barrages tenus par la IVe D.C.R.
16 JUIN
A 6 heures, le Chef de Bataillon et la 1ère (qui a encore 5 Chars) se portent à la BOULAYE en stationnement défensif.
La 8e 1/2 Brigade se porte dans la région N.-O. de BONNEVAL pour barrer la direction CHARTRES-CHATEAUDUN.
A la BOULAYE, Le Chef de Bataillon reçoit la visite du Sous-Lieutenant VAUTIER de la 350e Compagnie autonome de Chars D 2 qui est affectée au 19e.
Cette Unité a été formée à SATORY le 8 Juin et se trouve au Nord de MONTARGIS. Le Commandant, comprenant qu'il s'agit des Chars pour lesquels il a envoye le 4 Juin à SATORY, le Lieutenant ROCHEREUIL avec un détachement, remet au Sous-Lieutenant un ordre prescrivant au Capitaine REY qui commande, de se diriger sans délai vers la Base Arrière de la Division, qui se déplace à partir de CHATEAUDUN dans la direction du Sud. Son intention est de donner ce matériel aux Equipages confirmés qui n'ont plus de Chars.
D'autre part, il rend compte au Commandant de la 8e 1/2 Brigade, de la situation du 19e.
1° - Il reste 5 Chars à la 1ère et 5 à l'Atelier. Il n'est pas possible de compter sur les 12 ou 14 Chars de la 350e avant 48 heures.
2° - L'effectif du Bataillon est actuellement d'environ 30 Officiers, 1100 hommes. - Sauf la 1ère et un P.C. réduit, tout le Personnel est en camions, sous les ordres du Capitaine FOUCAUD.
Considérant que ce détachement encombre les routes et la Base Arrière, il lui parait nécessaire d'en diriger la plus grande partie (les inutiles) vers l'arrière et le demande au Commandement.
17 JUIN
La 1ère reprend la marche vers le Sud. Elle va à la JOINIERE (S.-O. de BONNEVAL). Le parcours est de 12 km.
Elle reçoit la mission d'aider le 7e R.D.P. à interdire les passages du LOIR.
La Compagnie est en place à 7h50. La liaison est prise avec le 7e R.D.P. Vers 8 heures, un agent de liaison de ce Régiment apprend au Chef de Bataillon que des motocyclistes Allemands munis d'un drapeau blanc ont approché d'un barrage tenu par un Bataillon du 4e Zouaves. Ils ont déclaré aux Zouaves que la guerre était finie et que ce n'était pas la peine de continuer. Il y a un gros flottement dans cette Unité.
A 9h45, la 1ère est prévenue qu'elle doit s'attendre à se replier vers le Sud et qu'elle doit se débarrasser des éléments encombrants. Le Chef de Bataillon dirige aussitôt les éléments sur roues sur la CHAUSSEE au Sud de la Loire.
Vers 11 heures, on aperçoit des silhouettes vertes qui avancent et les coups de feu et obus qui éclatent quelques instants après au Sud de BONNEVAL, montrent que la sortie Sud de cette localité n'est plus défendue.
En effet, à 12h45, des éléments Allemands débordent BONNEVAL par l'Est et se dirigent vers le Sud en suivant la rive Est du LOIR.
La 1ère Compagnie se porte alors vers JUPEAU (800 m. Est de VOUVRAY) pour interdire les passages de cette rivière.
Le 2073 déraille. ll ne peut être dépanné et est abandonné après avoir été détruit.
A 13 heures le Bataillon ne se compose plus que de 4 Chars capables de combattre. Le Commandant de la 8e 1/2 Brigade prend le Commandant AYME comme Adjoint, et met la 1ère aux ordres du groupement LONGUEMAR à MARBOUE. Cet ordre est ensuite annulé et la 1ère est rattachée au 44e B.C.C. (Commandant LIBMANN) pour participer au barrage des issues Sud de CHATEAUDUN.
Le P.C. de la 8e 1/2 Brigade est installé à 17 heures aux PATIS (S.-O. de CHATEAUDUN).
A 19 heures, l'ordre de repli au Sud de la Loire est donné à la IVe D.C.R. (après avoir couvert le passage du Xe C.A.).
La 1ère arrive à ECOMAN à 21h30 et il est prescrit à la 8e 1/2 Brigade de traverser la LOIRE à BLOIS.
LE PASSAGE DE LA LOIRE ET L'ENGAGEMENT DE BLOIS
18 JUIN
La 1ère traverse le pont à 1h45. Le feu est à BLOIS, c'est sinistre. Les maisons flambent et s'écroulent. Enfin, les derniers éléments franchissent le pont que le Génie s'efforce de faire sauter.
La 1ère cantonne à CELETTES, à proximité du P.C. de la 8e 1/2 Brigade. Les Equipages travaillent aux Chars et se reposent. La localité est à peu près entièrement évacuée.
Au cours de cette journée, la Base Arrière, qui était à VERNON, s'est dirigée sur BOUGE.
19 JUIN
Dans la matinée, on apprend que des éléments Allemands ont déjà franchi la LOIRE.
La 1ère, qui n'a plus que 3 chars (les 2056 Lieutenant BOUDARD - 2060, Adjudant-Chef BOILEAU - 2076, Sergent-Chef LESUEUR - le 2075, Sergent PIERRON, viennent d'être évacués), se porte au pont de BLOIS et y arrive à 14 heures. Le 2076 est placé devant le pont à gauche. Les deux autres échelonnés à 100 m derrière lui.
La brèche du pont a maintenant 5 m. de largeur. Elle a été faite à coups de 75. Tout l'après-midi on échange des coups de feu des deux cotés de la LOIRE.
Les Boches tirent sur les 35 R. Le 2076 riposte et touche une A.M. Allemande. On se tait pendant un moment. Puis, pendant deux heures, un tir de 77 violent est exécuté sur les maisons qui sont devant le pont.
Le Commandant du 44e donne à 23 heures au Lieutenant BOUDARD l'ordre suivant :
- La 1/19e installera 2 Chars à MONTLIVAULT, 2 Chars à SAINT-CLAUDE. Ces Chars interdiront tout franchissement de la LOIRE.
Les Chars sont mis en place, après avoir longé la rive gauche en suivant la Nationale 751.
20 JUIN
Au lever du jour, on aperçoit sur la rive droite de nombreux civils. Ils sont arrivés trop tard pour passer. On aperçoit aussi des camions Allemands. On se demande s'il s'agit d'équipages de pont.
A 12 heures,le Lieutenant BOUDARD reçoit fordre de porter, sans se faire voir de l'ennemi, en direction de la Forêt de RUSSY (200 m. au Nord de CELETTES).
Dès réception de cet ordre, le Lieutenant BOUDARO envoie le Sergent LEFEVRE (moto) avertir le Sergent-Chef LESUEUR qui était entre l'AUBERGEON et MONTLIVAULT pour le rejoindre à cet endroit, et l`Adjudant-Chef BOILEAU qui se trouvait entre SAINT-CLAUDE et la voie ferrée (à l'Ouest), de l'attendre à HUISSEAU.
Au cours de l'exécution de cet ordre (qui permet au 7e R.D.P. de pouvoir décrocher, des motocyclistes Allemands se présentent sur la route bordant la LOIRE. Les Chars les mitraillent, ils s'enfuient.
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Par suite d'une erreur dans la transmission des ordres. le 5ergent-Chef LESUEUR se porte en direction de HUISSEAU.
Le Lieutenant BOUDARD. qui était alors au N.-E. de MONTLIVAULT sur la route bordant la LOIRE, se porte avec le 7e R.D.P. dans MONTLIVAULT où des éléments ennemis ont déjà pénétré.
Le Lieutenant BOUDARD assure le décrochage des éléments du 7e R.D.P. et revient avec eux, en direction de HUISSEAU.
A HUISSEAU, il n'y a plus de chars. On signale qu'ils sont déjà passés.
Entre HUISSEAU et MONTLIVAULT, une mitraillette ennemie tire sur les premières voitures du 7e R.D.P. Le Lieutenant BOUDARD passe en avant. La mitraillette disparait alors, et la progression continue.
Au carrefour de MONTLIVAULT, un groupe de soldats se disperse à la vue du Char. Le Lieutenant BOUDARD tire et constate aussitôt que ce sont des Dragons portés.
Le Sergent-Chef LE5UEUR, croyant qu'il s'agit d'un Char ennemi, traverse le carrefour et passe. Le Lieutenant BOUDARD le reconnait, le suit à 400 metres mais ne peut le rattrapper.
Chacun des Chars continue sur MONTLIVAULT.
Le Sergent-Chef LESUEUR se dirige sur PHAGE (P.C. de la 8e 1/2 Brigade) où il arrive vers 16h30.
Le Lieutenant BOUDARD se dirige vers l'arrière en direction de MONTRICHARD, il n'a plus en ce moment que 100 litres dans son réservoir (2 h. 1/2 de marche). A SAMBIN, il a pu obtenir 50 litres d'essence auprès d'une colonne d'Approvisionnement. Après avoir franchi le CHER à MONTRICHARD, il a rejoint le P.C. de la 8e 1/2 Brigade à CERE vers 20 heures (Château de MONT-CERE).
L'Adjudant-Chef BOILEAU (Mécanicien Pilote DELAN, Radio VEYRET) a l'ordre de garder le Pont de Chemin de Fer sur la ligne de BLOIS à VENDOME le 18 au soir. Le 19 à 10 heures, il reçoit l'ordre de se porter à HUISSEAU ; il y arrive vers 11 heures.
Le Char a son train de roulement complètement usé et sa porte de tourelle arrachée (obus de 77).
Sur l'ordre d'un Capitaine du 6e Cuirassiers. BOILEAU se replie sur le Château de CHAMBORD.
Quand il y arrive, il y trouve les Allemands et essaye de s'enfuir. Plus loin un barrage l'arrête. Un Officier Allemand lui dit : "l'Armistice est signé" et lui montre un 105 braqué sur son Char et de nombreux fantassins français du 151e (désarmés) derrière lui.
BOILEAU rend le Char inutilisable et, séparé de son Equipage est emmené plus loin. Il réussit à s'enfuir, il est repris le lendemain.
Le Sergent motocycliste LEFEVRE M. disparaît au cours de cette journée.
Le Sergent-Chef LESUEUR, qui a quitté PHAGE, se dirige sur CERE. Mais avant de traverser le CHER, son Char tombe en panne et comme il ne peut être remis en état au moment où les derniers éléments de la IVe D.C.R. passent sur le pont, il est détruit. Il est 19 heures.
Depuis la veille, les Chars ont parcouru 130 kilomètres.
Le 19e Bataillon n'a plus que 3 Chars, dont un seul disponible. Les deux autres sont sur remorques.
Ce dernier Char, le 2056, vient de la 345e Compagnie. Il a depuis le 15 Mai, d'abord avec le Sergent WAX, puis avec le Lieutenant BOUDARD, parcouru 1200 kilomètres et pris part aux opérations suivantes :
MONTCORNET CRECY FORET DE SAMOUSSY FESTIEUX |
AMlENS (DURY) MILLY-SUR-THERAIN SAINT OMER MONT SAlNT-ADRlEN |
BONNEVAL BLOIS MONTLIVAULT |
Il a été atteint à plusieurs reprises par des projectiles anti-Chars Allemands. Il est épuisé. Le moteur tourne rond, mais le T.R. n'en peut plus. Le Char se traîne à 5 à l'heure. Les patins sont tellement usés que par endroit. il y a un trou à la place des nervures.
Le Colonel Commandant la 8e 1/2 Brigade, décide alors de renvoyer à la Base Arrière avec les autres éléments du 19e Bataillon :
- Le Chef de Bataillon,
- Le Lieutenant BOUDARD.
- Ce qui reste de la 1ère Compagnie.
Ces différents élément rejoignent la Base au Château de BOISSY, près de CHAPELLE BLANCHE dans l'après-midi du 20 Juin.
Tout le Bataillon est rassemblé. Le 2056 rejoint sur chenilles, tout doucement.
A partir de ce moment la Division va poursuivre le combat inlassablement avec des forces réduites.
Elle sera sans cesse engagée.
Toujours au profit d'autres grandes Unités, la Division se battra le jour, retraitera durant la nuit et travaillera sans répit.
De la LOIRE au CHER, du CHER à l'INDRE, de l'INDRE à la CREUSE et à la CHARENTE la IVe D.C.R. ne cessera pas de
- couvrir la retraite de l'Armée de PARIS et du Xe C.A.,
- assurer la soudure de l'Armée de PARIS et de la VIIe Armée,
- rétablir les situations compromises,
- permettre le décrochage des Divisions,
- protéger le passage des ponts du Sud,
- retarder le franchissement de l'ennemi,
- se décrocher au dernier moment pour éviter l'encerclement.
LE REPLI SUR PERIGUEUX
21 JUIN
Le Chef de Bataillon prononce la dissolution de la 346e Compagnie (Le Capitaine COLLOT Commandant cette Unité a été évacué ce jour) et l'affectation de son Personnel aux différentes compagnies du Bataillon.
Le Bataillon fait mouvement et en fin de marche, stationne à LURAIS.
Au cours de la journée, le Chef de Bataillon reçoit l'ordre d'organiser la défense du passage de la CREUSE à LURAIS, (19e Bataillon), et à TOURNON-SAINT-MARTIN (éléments du 44e).
Il voit revenir le Capitaine COLLOT. Aucune ambulance n'a voulu le recevoir ; elles sont toutes débordées. Il l'affecte à la C.E.
Au cours de cette journée, le Lieutenant MAROIS fait prisonnier un motocycliste allemand. Interrogé, cet homme répond qu'il a fait les campagnes de POLOGNE, de HOLLANDE, de BELGIQUE, de FRANCE sans avoir tiré un coup de fusil. On sourit ! Mais en réfléchissant ont finit par croire qu'il dit la vérité.
22 JUIN
Le Chef de Bataillon est convoqué au P.C. de la Base de la IVe D.C.R. et reçoit l'ordre de se porter dans la région de BERGERAC en deux étapes.
Le Bataillon est placé sous les ordres du Lieutenant-Colonel WOLF. Commandant le Groupe de Bataillons 511.
Il fait mouvement et cantonne à NONTRON où il arrive le 22 à 23 heures.
Le désordre est considérable. Les routes sont encombrées de fuyards civils et militaires, il faut montrer la plus grande énergie pour passer et empêcher les soldats sans arme de prendre d'assaut les camions.
A 22 heures. le Chef de Bataillon reçoit l'ordre du Lieutenant Colonel WOLF, de constituer un Bataillon de Chasseurs Portés.
Ce Bataillon sera formé d'une Compagnie du 12e Bataillon (Capitaine BORGHETTI), d'une Compagnie du 17e Bataillon (Capitaine PETIT). d'une Compagnie du 19e Bataillon (Lieutenant BIETTE).
Le reste du 19e Bataillon doit être envoyé vers le Sud.
23 JUIN
Le Bataillon de Marche constitué de cette façon est rassemblé à BRANTOME.
Le Chef de Bataillon. commandant le 19e Bataillon de Chars, qui a fait rassembler tout le 19e à CHANCELADE, demande au Général DELESTRAINT, Commandant le Groupement Cuirassé, de transformer le 19e Bataillon en Bataillon de Chasseurs Portés et de ne pas l'envoyer vers le Sud.
Le Général comprend que le Chef de Bataillon ne veut pas quitter ses Compagnies : il donne à ce dernier l'ordre de constituer un Groupement de Chasseurs Portés avec :
- les 3 Compagnies du 19e Bataillon.
- la Compagnie BORGHETTI du 12e Bataillon.
- la Compagnie PETIT du 17e Bataillon.
Tout le 19e se réjouit de cette mesure, il garde toute sa cohésion.
24 JUIN
Le Groupement ainsi constitué, quitte CHANCELADE vers 19 heures, traverse PERIGUEUX et se dirige vers VILLEFRANCHE-DE-PERIGORD.
Avant PERIGUEUX. il a de la peine à se frayer un passage au milieu des fuyards de toutes catégories et le Chef de Bataillon, avec ses fidèles motocyclistes, doit déployer toute son énergie pour remettre de l'ordre sur la route.
PERIGUEUX ne parait pas avoir très bien compris ce qui vient de se passer et la population qui fait la haie sur le passage de la colonne du Bataillon offre des fleurs et du vin aux Chasseurs. Il est vrai que le Bataillon fait impression. Pas un Chasseur n'est débraillé. Tous, en camions ou camionnettes, sont parfaitement corrects et ceux qui les voient passer comprennent qu'ils ont devant les yeux, une troupe disciplinée, commandée, encadrée et encore prête au combat.
IV LES DERNIERS JOURS DU BATAILLON
24 JUIN
Le groupement arrive dans la Région de VILLEFRANCHE-DE-PÉRIGORD. Il s'installe dans les cantonnements suivants :
Le P.C. au Château de BESSE ;
La 1ère à BESSE-LE-CHATEAU ;
Les 2e et 3e à SAINT-CERNIN ;
La C.E. à BESSE-LES-MOULINES
Les Compagnies du 12e et 17e Bataillon à PRATS-DU-PÉRIGORD.
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Le Commandant AYME et le Capitaine FOUCAUD au Château de BESSE |
On apprend que l'Armistice vient d'être signé.
26 JUIN
Le Bataillon reçoit l'Ordre Général suivant du Général DE LA FONT :
IVe DIVISION CUIRASSEE P.C. le 26 Juin 1940
ORDRE GÉNÉRAL
L'ordre de cesser le feu a été donné.
Dans l'epreuve qui atteint la FRANCE, la 4e Division Cuirassée a le droit de tenir la tête haute et de demeurer fière.
Elle a fait tout son devoir. Elle a combattu tous les jours depuis le 16 Mai jusqu'au dernier moment.
Elle reste non seulement invaincue, mais elle a toujours conservé l'ascendant sur l'ennemi.
Le Général Commandant la Division exprime à tous son admiration pour le courage, la ténacité et l'ardeur dont ont fait preuve au milieu des fatigues et des souffrances tous les Equipages et toutes les Unités de la Division sans aucune exception.
Le Général tient à dire que ce sera la fierté de sa vie d'avoir eu l'honneur de commander de telles troupes.
Restons unis, disciplinés, résolus à tous les efforts et les sacrifices qui nous seront demandés pour le relèvement de la FRANCE.
Gloire éternelle à nos morts. Gardons-en précieusement et religieusement le souvenir.
Vive la FRANCE !
Vive la 4e Division Cuirassée
Le Général DE LA FONT.
Commandant la 4e Division Cuirassée
Signé : DE LA FONT.
27 JUIN
Les Officiers procèdent à une vérification des Unités et au recensement des Armes qui restent. Les mitrailleuses des Chars (qui ont été à peu près toutes recueillies) sont réparties entre les Compagnies et on entreprend la construction de trépieds de fortune.
Il y a quelques difficultés avec les habitants de cette région qui n'ont pas encore réalisé la catastrophe et se croient encore aux beaux temps d'autrefois.
28 JUIN
Vers 11 heures, le Capitaine REY Commandant la 350e, se présente au Chef de Bataillon et lui rend compte de ce qu'il a fait depuis son départ de SATORY. Il a encore avec lui 7 Chars, quelques véhicules et la moitié de l'effectif avec lequel il s'est mis en route. Il remet un rapport circonstancié au Chef de Bataillon.
29 JUIN
Le Lieutenant MEYER se rend à la 350e pour vérifier l'état du matériel.
30 JUIN - 1er JUILLET
Le Bataillon ne bouge pas, mais après approbation du Chef de Bataillon, le Lieutenant BOUDARD fait tomber le 2055 dans un ravin assez profond d'où on ne pourra le retirer. Ainsi le dernier des Chars, le plus glorieux, ne tombera pas aux mains des boches.
2 JUILLET
Le Bataillon est réaffecté à la IVe D.C.R. et remonte vers le Nord en direction de SAINT-ASTIER.
A partir de cette date, il cantonne dans les localités suivantes :
P.C. SAINT-AQUILIN
1ère Compagnie LES ROCHES
2e et 3e Compagnies PEYRISSOT et CHARROUX
C.E. SAINT-PARDOUX
Compagnie BORGHETTI (12e Bataillon) SEGONZAC
Compagnie PETIT (17e Bataillon) LA MARTINIE
350e Compagnie FON DE LAUCHE
3 JUILLET
Les Compagnies des 12e et 17e Bataillons reçoivent l'ordre de rejoindre leur Unité.
4 JUILLET
A 9 heures, le Chef de Bataillon, au cours d'une Prise d'Armes à SAINT-AQUILIN remet les Croix de Guerre aux Cadres et Chasseurs cités à l'ordre.
Le Bataillon défile dans un ordre parfait devant le Chef de Bataillon et le 2075 qu'on a descendu de sa remorque.
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Le dernier char du Bataillon | Le défilé des Compagnies |
LA DERNIERE PRISE D'ARMES DU BATAILLON A ST AQUILIN LE 4 JUILLET 1940 |
A l'issue de la Prise d'Armes, un service funèbre à la mémoire des Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Chasseurs du Bataillon tombés pour la FRANCE est célébré par les Prêtres du Bataillon, les Abbés FAVREAUX et COEURET.
DU 5 AU 8 JUILLET
Aucun évènement ne vient troubler le repos du Bataillon.
9 JUILLET
Le Général DE LA FONT passe en revue à MENSIGNAC, les éléments de la 8e 1/2 Brigade.
Un détachement du Bataillon, composé du Chef de Bataillon, de 25 Gradés et Chasseurs par Compagnie, y assiste.
LA PRISE D'ARMES DU 9 JUILLET 1940 AVANT LA DISSOLUTION DE LA IVe D.C.R. | |
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Le Détachement du 19e Bataillon | Les Officiers du Bataillon |
11 JUILLET
La IVe D.C.R. est dissoute. Le Général DE LA FONT adresse aux Troupes de la Division l'Ordre du Jour suivant :
4e DIVISION CUIRASSÉE
ETAT-MAJOR
3e BUREAU
ORDRE du JOUR
Au moment de quitter le Commandement de la 4e Division Cuirassée que j'ai eu l'honneur de commander pendant une période des plus tragiques de notre histoire. Je tiens à exprimer encore une fois à tous ma satisfaction et mes remerciements pour la tâche que vous avez accomplie.
Bien que meurtrie par les engagements auxquels elle avait précédemment pris part, la Division a constamment fait front et rempli sans défaillir, les missions qui lui avaient été confiées, en couvrant en particulier la retraite des autres éléments de l'Armée.
J'ai eu la fierté au jour de l'Armistice de ramener dans notre zone des troupes qui, malgré des pertes, avaient conservé intacte leur valeur combative et n'avaient cessé le feu que par ordre, parmi les derniers dans l'Armée Française, affirmant jusqu'au bout l'ascendant qu'elles avaient pris sur l'ennemi.
Les résultats obtenus avec des moyens, hélas insuffisants, montrent ce qu'aurait pu faire la Division si elle avait reçu en plus grande abondance le matériel qui était nécessaire à son action.
La magnifique présentation de ces Corps au cours des prises d'armes les 10 et 11 Juillet aurait suffi à montrer s'il en avait été encore besoin, la haute valeur des troupes de toutes armes qui la composent.
Qu'il me soit permis d'y voir dans le présent un motif de fierté et pour l'avenir un gage certain de relèvement.
le 11 Juillet 1940.
Le Général DE LA FONT. `
Commandant la 4e Division Cuirassée.
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Le Général DE LA FONT parle aux Cadres de la IVe D.C.R. le 9 Juillet 1940 |
La 2e Compagnie, réorganisée sous le Commandement du Capitaine IDEE qui a rejoint le Bataillon la veille, part pour BOURG-EN BRESSE à la disposition du Général KELLER, Commandant le Département de l'Ain.
Ses cadres sont les suivants :
Commandant de Compagnie. . Capitaine IDEE.
Officier de Détails. Lieutenant GUILLEMIER.
Chefs de Section Lieutenants BIETTE, LE BARS, MAUREL, FUSTIER,
14 JUILLET
Le Bataillon salue le monument aux Morts de SAINT-AQUILIN.
16 JUILLET
En exécution des conventions d'armistice, le Bataillon verse au Parc de PERIGUEUX, les 7 Chars de la 350e et les 2 derniers Chars du Bataillon (sur Coder) (2079 - 2080 - 2081 - 2085 - 2086 - 2087 - 2088 - 2039 - 2066).
Pénible journée pour tous.
Avant que les premiers démobilisés ne quittent le Bataillon, le Chef de Bataillon rédige ordre de Bataillon N°17.
ORDRE DE BATAILLON N° 17
Les conditions de l'Armistice exigent que les Chars disparaissent.
Le 19e Bataillon de Chars sera dissous d'ici peu. `
Fidèle aux traditions du 507e R.C. et à celles de cette belle Lorraine où depuis des siècles on connait l'Ennemi, parce qu'on y a subi durement sa loi, tous ont fait leur devoir.
Les EQUIPAGES se sont battus avec courage et, malgré les défaillances d'un matériel épuisé, ils en ont tiré le maximum.
Le PERSONNEL DES ECHELONS, faisant preuve d'un dévouement sans limite, a fait ce qu'il a pu, pour remettre en état le matériel, dans le minimum de temps et lui permettre ainsi de continuer le combat.
Fier d'avoir commandé une si belle Unité, honoré de la confiance que chacun lui a montrée, le Chef de Bataillon AYME, Commandant le 19e Bataillon, remercie les Officiers, Sous-Officiers et Chasseurs de tout ce qu'ils ont fait pour leur Pays.
Il demande à tous de ne jamais perdre le souvenir des heures graves qu'ils viennent de connaître et de ne pas oublier que si la FRANCE veut vivre heureuse, il lui faut être forte et qu'elle ne peut l'être que si ses Fils restenl unis.
Que tous ceux qui ont appartenu au 19e restent unis.
Ce n'est qu'à cette conditíon que notre beau et cher Bataillon pourra REVIVRE, non seulement dans nos cœurs, mais le jour où la FRANCE l'appellera à nouveau.
Haut les cœurs, plus de tristesse, plus d'amertume ! Tournons-nous vers l'Avenir.
A quelque place que chacun d'entre nous puisse se trouver demain ou plus lard, qu'il reste fidèle à noire fière devise
TOUT EST POSSIBLE
VIVE LA FRANCE
P.C. Le 16 Juillet 1940
Le Chef de Bataillon AYME
Commandant le 19e Bataillon
Signé : AYME.
17 JUILLET
Le Personnel de la 1ère, sous les ordres du Capitaine FOUCAUD, constitue une Compagnie d'Ouvriers de Chars qui part à BERGERAC pour entretenir au P.A. de la XIe Région, les Chars qui y sont envoyés par les Unités dissoutes.
Elle y trouvera 7 Chars D 2 absolument neufs. "Il y en avait donc" pensent les Equipages !
La Section du Lieutenant BOUDARD va à PERIGUEUX à la disposition du commandant du Parc
18 JUILLET
La démobilisation est commencée. Déjà de nombreux gradés et Chasseurs sont partis.
Le Bataillon constitue alors :
- 1 Compagnie d'Infanterie formée par le 19e Bataillon, sous les ordres du Capitaine COLLOT avec les Lieutenants MAROIS, BIED-CHARRETON, les Sous-Lieutenants AVERLON, RENAUD, CARRE, LACOUR.
- 1 Compagnie d'Infanterie formée par le 12e Bataillon sous les ordres du capitaine BORGHETTI et ses Officiers.
- 1 Compagnie d`Infanterie formée par le 17e Bataillon, sous les ordres du Capitaine PETIT.
- 1 Compagnie de travailleurs avec les cadres plus âgés : Capitaine DRANSARD, Capitaine CLEMENT, Capitaine REY, Lieutenant BRIARD, Lieutenant PETITJEAN, Lieutenant PERILHOU.
19 AU 30 JUILLET
Cette organisation dure peu de temps, le Chef de Bataillon refuse de partir à BESSlNES comme Commandant du Canton et prend pendant quelques jours, le Commandement du Groupe de Compagnies d'Ouvriers de Chars à PERIGUEUX, constitué avec le Personnel non démobilisable des Unités et qui devient le 30 Juillet, le 1er Groupe d'Escadrons du Régiment de Cuirassiers Motorisés.
31 JUILLET
Le 19e Bataillon de Chars a vécu. Sa dissolution est prononcée ce jour.
LYON
Le Bataillon ne disparaitra pas encore tout à fait. Complété par des éléments divers de la IVe D.C.R., il constituera à la date du 1er Septembre 1940, le Premier Bataillon du 153e R.I.A.
Fldèle aux Traditions des Chars et plus particulierement à celles du 507e et du 19e, le Bataillon, toujours fidèle à son ancien Colonel et suspect de ce fait, gardera sa cohésion jusqu'au départ du Chef de Bataillon AYME, remplacé le 7 Juin 1941 par un Chef de Bataillon venant de l'Infanterie.
A partir de ce moment, les cadres et les hommes s'éparpilleront. Ils quitteront cette Unité dans laquelle ils n'étaient restés que par attachement à leurs cadres avec lesquels ils avaient combattu et qui, comme eux, ne pouvaient être que "CHARS".
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Le 1er Bataillon du 153e R.I.A. garde les étendards du 504e et 510e R.C.C. |
V LES PERTES DU BATAILLON
(PERSONNEL et CHARS)
PERSONNEL
Les pertes du Bataillon ont été les suivantes :
Officiers | Sous-Officier | Caporaux et Chasseurs | |
Tués | 4 | 4 | 4 |
Blessés | 5 | 6 | 10 |
Disparus | 5 | 37 | |
9 | 15 | 51 |
Les pertes de la 350e Compagnie ne figurent pas sur cette liste. Il n'a pas été possible de recueillir à ce sujet des renseignements précis.
Voiici les noms de nos Camarades morts pour la FRANCE :
20 Mai 1940 à FESTIEUX
Sous-Lieutenant SERGENT
Sergent MONNET
Caporal-Chef DAMOISENET
20 Mai 1940 devant AMIENS
Lieutenant BAISE
Sous Lieutenant CAVARROT
Adjudant-Chef GOUVERNANT
Sergent VUILLEMIN
Sergent LANDELLE
Chasseur ANIQUE
Chasseur PROUST
9 Juin à MILLY-sur-THÉRAIN
Aspirant SARRAZIN
15 Juin à GANAY-SUR-LOIRE
Caporal DENIS
A ces camarades tombés en 1940, il faut ajouter ceux qui ont été assassinés sauvagement par les Allemands :
Commandant FOUCAUD, Chef de la Résistance du Jura, tué près de LONS-LE-SAUNIER. le 26 Avril 1944.
Chasseurs LEMAHIEU et BAIVIES fusillés à PERIGUEUX en Août 1944.
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Le corps du Lieutenunt-Colonel FOUCAUD assassiné par la Gestapo est exposé à LONS-LE-SAUNIER (Octobre 1944) |
ceux qui ont été tués au cours des combats de 1944 et 1945 :
Chasseur SELLIER, tué à SAIDA (Levant)
Sergent DERUELLE tué en ITALIE
Adj-chef PAQUIN, tué à PARIS (Division Leclerc)
Chasseur CASTEL, tué dans les VOSGES
Chasseur GIRARD, tué dans les VOSGES
Chasseur LEPAGE, tué en FRANCE
Caporal-Chef DUVILLE, tué à TROARN
Serg-Chef JULSONNET, tué près de METZ
Adjudant KOWALSKY, tué à MEXIMIEUX (Ain)
ceux qui ont été victimes d'accidents :
Lieutenant MEYER
Caporal-chef BLANC
Chasseur DELAYE
ceux qui sont morts des suites de la guerre :
Chasseur RAHIER
Chasseur CANESSON
Chasseur BLANDIN
Chasseur FRITSCH
CHARS
Les pertes. dont le détail est donné par le Tableau ci-dessous, ont été les suivantes :
1 Char a été évacué sur SAINT-CHAMOND, apres avoir fait une chute de 50 mètres dans les ravins de SARREINSBERG.
21 ont été détruits ou ont disparu au cours des combats.
27 ont du être abandonnés sur place, après avoir été détruits, au cours de la retraite.
16 ont été évacués sur l'arrière. Aucune trace n'en a été relevée.
5 de la 350e ont été perdus au cours du déplacement de cette Unité.
7 ont été versés au P.E.B. de PERIGUEUX en exécution des conventions d'Armistice.
1, le dernier du 19e, a été jeté dans un ravin de la Forêt de BESSE, pour ne pas être livré aux Allemands.
1, de la 346e, dont les traces n'ont pas été retrouvées mais qui a du être abandonné dans la Forêt de
COMPiEGNE (2071).
N° et Nom du Char | Date de la perte en 1940 | Lieu | Motif |
2008 POITIERS | Mars | SARREINSBERG | Tombé dans un ravin près de la P.A. a eu sa caisse déformée. Evacué sur ia CHALASSIERE. |
2063 345e COMPAGNIE | 17 Mai | Attaque de MONCORNET |
Détruits par Anti-Chars et Aviation |
2067 | " | " | " |
2068 | " | " | " |
2055 | 19 Mai | Attaque de CRECY-SUR-SERRE |
" |
2065 | " | " | " |
2064 | 20 Mai | Combat de FESTIEUX | " |
2061 | " | " | " |
2054 | " | " | " |
2059 | " | " | " |
2066 | " | " | " |
2007 TOLBIAC | 22 Mai | MAREUIL-EN DOLE | Evacués par les Ateliers de RUEIL pour Révision Générale |
2038 STEINKEROUE | " | " | " |
2034 SOLFERINO | 27 Mai | Attaque d'AMIENS | Détruit par une bombe d'avion. Equipage tué. |
2042 MARIGNAN | " | " | Détruits par une pièce Anti-Chars. |
2031 LA MARNE | " | " | " |
2049 NAVARIN | " | " | " |
2050 L'YSER | " | " | " |
2053 FRIEDLAND | " | " | " |
2022 L'OISE | " | " | " |
2023 FLEURUS | " | " | Abandonné entre les lignes N'a pu être récupéré par suite du recul de I'Infanterie." |
2009 FONTENOY | 4 Juin | Embarqués à BEAUVAIS | Evacués par les soins du P.E.B. 101 pour Révision Générale. |
2040 MONT-D'ORIGNY | " | " | " |
2028 L'ANCRE | " | " | " |
2026 MONS-EN-PUELLE | 7 Juin | Forêt de COMPIEGNE | Train de roulement brûlé |
2025 YORKTOWN | " | " | Evacués sur remorques P.E.B. 101 à VILLOTRAN pour Révision Générale |
2058 345e COMPAGNIE | " | " | " |
2006 ROCROY | " | " | " |
2004 PATAY | " | " | " |
2011 BOUVINES | " | " | " |
2046 IENA | 8 et 9 Juin | Au cours de la marche RAINVILLERS à MILLY-SUR-THERAlN |
Fuite au réservoir d'essence - brûlé. |
2081 DOUAUMONT | " | " | Axe Arrière grippé - brûlé. |
2035 NERWINDEN | entre le 7 et le 20 Juin | Renvoyés sur chenilles de la Forêt de COMPIEGNE à GIEN - Adj.-Chef CAUNEILLE Chef de convoi |
Remis en état de marche en Forêt de COMPIEGNE, mais hors d'état de combattre |
2014 LUTZEN | " | " | " |
2030 DENAIN | " | " | " |
2020 L'ISLY | " | " | " |
2027 COULMIER | " | " | " |
2013 AUSTERLITZ | " | " | " |
2057 345e COMPAGNIE | 8 et 9 Juin | MILLY-SUR-THERAIN | Chenille cassée - Brûlé |
2071 346e COMPAGNIE | " | SAVIGNIES | Tuyau d'essence brûlé |
2018 VILLERS-COTTERETS | " | entre SAVIGNIES et BERNEUIL |
Accouplement brûlé |
2036 EYLAU | " | Combat de MONT-SAINT-ADRIEN |
Détruits par pièces Anti-Chars |
2017 JEMMAPES | " | " | " |
2041 MAGENTA | 9 Juin | LE BECQUET | Soupapes brûlées |
2078 346e COMPAGNIE | " | LE VAUROUX | Westinghouse brûlé |
2015 RIVOLI | " | " | Tuyau d'essence brûlé |
2016 VALMY | " | " | Accouplement brûlé |
2019 L'ALMA |
" | LA HOUSSAYE | Tuyau d'essence brûlé |
2032 LES PYRAMIDES |
" | 2 km N-E du carr. N°181 sur G.C. 153 | Pompe à essence brûlée |
2010 ORLEANS | 10 Juin | Carr. 183 sur G.C. 153 | Palier arrière brûlé |
2029 SINTZHEIM |
" | entre LAFAYE et VIEUVILLE | Soupape brûlée |
2021 MALAKOFF | " | MAGNY-EN-VEXIN | Moteur brûlé |
2012 ARCOLE |
" | " | Embrayage brûlé |
2033 MARENGO |
" | " | |
2052 WAGRAM | " | CHARMONT | Accouplement brûlé |
2047 MERY |
" | " | Chenille brûlée |
2043 MONTMIRAIL |
" | CUIRY | Moteur brûlé |
2037 LA MARSAILLE |
entre le 12 et 20 Juin | Bois de MAGNY | Panne de terrain - brûlé |
2072 346e COMPAGNIE | " | BONNEVAL | " |
2070 " |
" | LA CELLERIE | " |
2076 " |
" | " | " |
2069 " |
" | OLIVET Sie S. | Tuyau d'essence brûlé |
2073 " |
" | CHAPELLE Bch. | Moteur brûlé |
2075 " |
" | CHATENAY S. S. | Soupapes brûlées |
2060 345e COMPAGNIE | 20 Juin | Forêt de CHAMBORD | Disparu avec l'Equipage |
2056 " |
" | BESSE-LES-MOULINES | Tombé dans un ravin n'a pu en être sorti |
2039 19e BATAILLON | 16 Juillet | PERIGUEUX | Versés au P.E.B de PERIGUEUX |
2074 346e COMPAGNIE |
" | " | " |
2079 350e COMPAGNIE |
" | " | " |
2080 " | " | " | " |
2085 " | " | " | " |
2086 " | " | " | " |
2087 " | " | " | " |
2088 " | " | " | " |
A L'ORDRE DE L'ARMÉE (Ordre général 19140 du 21 novembre 1940).
19e Bataillon de Chars de Combat
" Brillante unité, ardente et manœuvrière. Le 27 mai 1940 sous l'énergique commandement du Chef de Bataillon AYME, s'est portée à l'attaque des positions ennemies devant Amiens ".
" Ayant partout atteint ses objectifs, a réussi à se maintenir sur le terrain avec une partie de ses éléments malgré les feux puissants d'une défense antichars très active, tandis que de l'autre partie retournée en arrière, elle parvenait à entraîner l'infanterie et à la conduire sur l'objectif."
" S'est à nouveau distinguée du 8 au 20 juin en retardant avec des moyens réduits les colonnes ennemies dans leur progression et en leur infligeant des pertes en personnel et en matériel. "
A L'ORDRE DE LA 8e DEMI-BRIGADE DE CHARS
1ère Compagnie du 19e B.C.C. (ex 345e Compagnie Autonome)
R E C O M P E N S E S
LEGION d'HONNEUR : 4 - MEDAILLE MILITAIRE : 4.
CITATIONS
A l'ordre de l'Armée : 9 –
du Corps d'Armée : 10 –
de la Division : 37 –
de la Brigade : 7 –
du Régiment : 154.
Pour le 19e B.C.C. et la 345e C.A.C.C. réunis.
Sources : Exlibris Lieutenant Colonel Louis Paul Ziégler (1900-1981)