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1944 9e RCA jmo

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 9e REGIMENT DE

 CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 

ETAT-MAJOR - 1er ESCADRON - ESCADRON HORS RANGS
 
Le 9e R.C.A., après un séjour passé aux Aréas à ASSI-BEN-OKBA, où dans une même attente sont groupés tous les Escadrons, ne sera à nouveau réuni que pour des périodes de repos et de réorganisation très courtes.
En effet, la 1ère D.B., formant pendant toute la durée des opérations 3 Groupements tactiques, les 2e, 3e, 4e Escadrons de Tank-destroyers du 9e R.C.A. détachés aux G.T. 1, G.T. 2, G.T. 3, auront dès leur embarquement, 11 Août 1944, pour les premiers éléments, une vie, une histoire propre, que l'on trouvera relatées dans leurs historiques respectifs.
L'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. resteront groupés sous les ordres du Colonel commandant le 9e R.C.A. Ces éléments seront à plusieurs reprises renforcés d'unités venues des régiments de chars, du 3e R.C.A. et du 68e Rgt. d'Artillerie, pour former sous les ordres du Colonel de LABARTHE un groupement qui trouvera son emploi dans les Vosges, en Alsace et en Allemagne.
On ne trouvera donc relatée dans ces pages que l'histoire de la "portion centrale" du 9e R.C.A. et celle du "Groupement de LABARTHE".

1° EMBARQUEMENT et DEBARQUEMENT
L'embarquement du matériel et du personnel du 1er Escadron a lieu les 1er et 2 Septembre à ORAN sur L.S.T.
Le Commandant en second, le Lieutenant?Colonel GUIBERT, le Capitaine de LIGONNES et le Lieutenant SAUZAY de l'E.M. embarquent avec cet Escadron.
Le 4 Septembre, à 13 heures, au port d'ORAN, personnel et matériel de l'E.M. et de l'E.H.R. embarquent également sur L.S.T.
Le convoi se forme en large du port d'Oran et le départ a lieu le 5 Septembre vers 13 heures.
Enfin, le 9 Septembre, après une traversée sans incident, le convoi arrive en vue des Côtes de France.
Le 1er Escadron débarque à 20 heures devant la plage de la NARTELLE à un kilomètre à l'Est de SAINTE-MAXIME.
L'E.M. et l'E.H.R. ne débarqueront que le 10 Septembre dans la nuit.
Ces éléments du 9e R.C.A. sont regroupés dans une zone d'attente aux environs de COGOLIN.

2° SUR LES ROUTES DE FRANCE
Le Colonel CALDAIROU, Commandant le G.T. 3 et les éléments débarqués de la 1ère D.B., donne au Régiment l'ordre de se porter dans la région de MACON en quatre étapes : AIX - BOLLENE - SAINT-RAMBERT D'ALBON - MACON.
Le 10 Septembre, le Régiment fait mouvement à 14 heures par l'itinéraire COGOLIN - SAINT-LUC et se porte à AIX-EN-PROVENCE où il arrive vers 18 heures et bivouaque dans une prairie à 4 kilomètres au Sud-Est de cette ville. L'étape a été de 107 kilomètres et s'est effectuée sans incident dans la joie de reprendre contact avec la France.
Le 11 Septembre, le Régiment se porte à BOLLENE par l'itinéraire : AIX - SENAS - ORGON - ORANGE - BOLLENE. L'E.M. et l'E.H.R. cantonnent à MONDRAGON, le 1er Escadron dans un hameau plus au Nord.
Distance parcourue : 143 kilomètres.
Le 12 Septembre, le Régiment fait mouvement à 7h30 par MONTELIMAR VALENCE - SAINT-VALLIER et arrive à SAINT-RAMBERT à midi où cantonnent le 1er Escadron et l'E.H.R., l'E.M. est dans le charmant petit village de CHANAS. L'étape parcourue était de 130 kilomètres.
Le 13 Septembre, empruntant le pont de PEYRAN, sur le Rhône, le Régiment se porte à CRECHES (q. kilomètres au Sud de MACON). L'E.M. et l'E.H.R. cantonnent au Château de CHAINTREY, où le Commandant SONNERY les reçoit avec une charmante et admirable hospitalité. Le 1er Escadron est au Château de VINZELLES.
Pendant ces quatre jours de repos, consacrés à l'entretien du matériel, tous retrouvent avec joie une FRANCE souriante et moins meurtrie qu'ils ne craignaient.
Le 18 Septembre, le Régiment quitte cette région privilégiée pour se porter à GENLIS par CHALON-SUR-SAONE, BEAUNE, NUITS-SAINT-GEORGES et DIJON. Une étape de 150 km qui remet en mémoire à tous les crus célèbres de la Bourgogne.
Le 19 Septembre, passant par AUXONNE - DOLE - BESANCON et RIOZ, l'E.M. et l'E.H.R. cantonnent à ANDELARRE près de VESOUL, tandis que le 1er Escadron s'installe tant bien que mal à VELLEGUINDRY.

3° VERS LE THEATRE DES OPERATIONS
Après s'être présenté au Général du VIGIER, à NOROY-LE-BOURG, le Colonel donne l'ordre à l'E.M., 1er Escadron et E.H.R. de faire mouvement sur LURE où ils cantonnent.
Le 26 Septembre, à 9h15, le 1er Escadron et le 3e Escadron, commandé par le Capitaine GIRAUD, sont mis à la disposition du Colonel pour agir à l'intérieur du G.T. 2 en direction de RECOLOGNE. Le P.C. quitte LURE à 11 heures pour se porter à LA COTE, l'E.H.R. restant à LURE.
A 15 heures, le 1er Escadron envoie trois reconnaissances à pied dans les bois de LABROSSE, des éléments de F.F.I. l'accompagnent. Après avoir parcouru 3 à 400 mètres dans un bois très dense, elles se heurtent à des armes automatiques et à des tirs de minen qui les obligent à se replier.
Les chasseurs DELPRADO et MATHIAS sont portés manquants. Le chasseur HADJADJ est blessé à la cuisse, il sera cité à l'ordre de l'Armée pour son courage et son audace.
Le Colonel décide de reporter son P.C. et le 1er Escadron à ROYE où ils passeront la nuit.
Le lendemain, 27 Septembre, le 1er Escadron reçoit pour mission de nettoyer la partie du bois de la NOIE-JEANNIN située au Sud de la route MAGNY - LA COTE. Il est renforcé par une section de zouaves, bénéficie des tirs à vue exécutés par un peloton du 5e R.C.A. et de l'appui d'une batterie du 68e R.A.
L'action commencée à 10h30 se termine à 13 heures.
Le chasseur MALHOMME est tué, le Brigadier GUTTIN et le chasseur ROUABLIA sont blessés.
A 16 heures, l'E.M. et le 1er Escadron sont mis en réserve de D.B. à LURE.
Ce court engagement a été pour beaucoup le baptême du feu, à quelque échelon que ce soit, tous ont fait preuve de calme et de courage, qualités qui ne seront pas démenties par les combats suivants.
Le 1er Escadron, dans des conditions très pénibles, combats de bois, a fait son apprentissage du rude métier de fantassin. Il l'a si bien fait qu'à maintes reprises, c'est encore à lui qu'on fera appel pour des besognes plus ingrates, mais hélas, plus coûteuses aussi en vies humaines.
Le Brigadier GUTTIN, les chasseurs MATHIAS et MALHOMME sont cités à l'ordre de la Division. Le Brigadier REDO et le chasseur DELPRADO sont cités à l'ordre du Régiment.
Le lendemain, des F.F.I. retrouveront dans les bois les corps des chasseurs DELPRADO et MATHIAS.

4° LES VOSGES - LA MOSELLE
Après une semaine de repos à LURE, tous aspiraient à retourner au feu. Aussi est-ce avec joie qu'après une reconnaissance faite le 9 Octobre par le Colonel dans le secteur de RAMONCHAMP, le Régiment reçut la mission d'assurer la défense de la Vallée de RAMONCHAMP au Nord de la Moselle, le Colonel ROUGIE ayant reçu la même mission.
Le Colonel dispose du 1er Escadron, du peloton FELLER, venu du 2e Escadron, d'un groupe de F.F.I. du Bataillon CHAROLLAIS.
Le 9 Octobre, vers 15 heures, le P.C. s'installe entre REMANVILLERS et LETRAYE dans une villa au Nord de la route. A 17 heures, le 1er Escadron commence la relève de la 3e Compagnie du 4e Zouaves. Les zouaves quittent LETRAYE à minuit. Les 150 F.F.I., arrivés à partir de 22 heures, sont mis en place au fur et à mesure de leur venue.
Le Commandant JALENQUES prend le commandement des éléments qui occupent LETRAYE, le Capitaine de LIGONNES lui est adjoint.
Le 1er Escadron, dans une situation difficile, manquant d'air et de vue, essaie de mettre la main sur la Côte 601 au N.E. de LETRAYE. Il ne peut y parvenir. Le chasseur MAJIDI EL HADJ est tué.
Le 11 Octobre, réorganisation de la Vallée de la Moselle. Le Colonel de LABARTHE prend le commandement de la Vallée de RAMONCHAMP (secteurs Nord et Sud) avec tous les éléments qui s'y trouvent.
Le Commandant JALENQUES prend le commandement de la zone Nord du fleuve, il dispose du 1/9 R.C.A., d'un peloton de chars du 2e Cuir. et de 100 F.F.I. de la Compagnie du CHAROLLAIS (Capitaine CLAUDE).
Le Capitaine de LIGONNES prend le commandement de la zone Sud où il dispose de l'Escadron ANDRE, du 3e R.C.A., de 140 F.F.I. du Groupement "ALSACE-LORRAINE", non encore en place. Un peloton de chars du 2e Cuir. est mis en réserve au Carrefour de REMANVILLERS ainsi que des éléments du 88e Génie. Une batterie du 68e R.A. est mise à la disposition du Groupement LABARTHE.
Le Capitaine JULLIEN fait une liaison avec le Régiment de parachutistes qui occupe la tête du GELANT, le P.C. des parachutistes se trouvant au COL de DRUMONT.
A 17h30, l'Aspirant CHAVEROU est tué par une balle en nettoyant les maisons à LETRAYE.
Les F.F.I. "ALSACE-LORRAINE" (Capitaine GOSSOT) sont en place au Mont des BREUCHEUX. Ils prennent la liaison avec les gardes mobiles qui forment la gauche du G.T. 2.
Le Groupement F.F.I. du Lt-Colonel de ROUGEMONT est mis à la disposition du Groupement LABARTHE ; il est destiné à assurer la relève du Régiment de parachutistes.
Le 4/9 R.C.A. (Capitaine DÉCHETS), qui était au repos avec le G.T. 3, est mis à la disposition du Groupement LABARTHE qu'il rejoint dans la nuit du 13 au 14 Octobre.
Le peloton HAU est affecté au point d'appui Nord, le peloton FOLLIN au point d'appui sud, le peloton PLATEAU est en réserve à FERDRUPT.
Le 14 dans la nuit, les F.F.I. ROUGEMONT ont relevé les parachutistes, ils installent un élément à la tête du GEHEN (Bataillon CERONI), un autre au Mont des ROCHOTTES (Bataillon FRANCOT).
Le contact entre nos éléments occupant l'ETRAYE et l'ennemi étant extrêmement serré, le Colonel décide pour donner de l'air à ses éléments :
a) de faire nettoyer le ravin situé entre le Mont des ROCHOTTES et la tête du GEHEN ; dans ce ravin, de nombreuses fermes sont en effet occupées par l'ennemi ;
b) de conquérir la crête Nord-Est qui domine le village de l'ETRAYE.
L'opération déclenchée à 15 heures est appuyée par des tirs d'artillerie sur les crêtes du CHAILLON et la tête MOSIQUE par des tirs de M.8 de l'Escadron ANDRE. Les 3 canons de 75 du 1/9 R.C.A., aux ordres du Lieutenant de BOUILLAS, exécutent des tirs très meurtriers sur les lisières du THILLOT où un auto-moteur est touché ainsi que sur des résistances se révélant dans les fermes du ravin. Les M.8.du Capitaine ANDRE détruisent une mitrailleuse de 20.
Malgré ces appuis de feu, le Bataillon FRANCOT ne peut atteindre la crête, le terrain insuffisamment nettoyé abritant encore de nombreuses mitrailleuses ennemies. Le Bataillon est obligé de se reporter sur ses positions de départ à la tombée de la nuit. Il a eu 8 tués, 2 disparus et 17 blessés.
A 20h45, le Colonel de LABARTHE reçoit l'ordre d'opérations n° 7 lui prescrivant d'adopter une attitude défensive.
Du 15 au 18 Octobre, plusieurs relèves des éléments F.F.I., venus en renfort du Groupement LABARTHE, par des éléments moins instruits, moins bien équipés, moins nombreux, permettent à l'ennemi de sonder notre dispositif par des patrouilles d'une audace remarquable.
Pendant ce temps, le P.C. s'est installé au Château de FERDRUPT et l'Escadron BRISSON, du 3e R.C.A., est venu relever le 1er Escadron du 9e R.C.A.
Le Chasseur COUREUIL est tué, le brigadier chef VENTANT est blessé ; ils appartenaient tous deux au 1/9 R.C.A.
Le 18, une patrouille allemande passe vers 9h30 à 100 mètres de l'observatoire du Mont des BREUCHEUX qu'elle ne voit pas. Un peu plus tard, le Capitaine de LIGONNES se heurte à une patrouille ennemie qu'il met en fuite.
Devant cette infiltration due aux faibles effectifs du point d'appui de LIGONNES, le Colonel décide de lui envoyer le 1er Escadron. La situation reste confuse jusqu'au 20 Octobre 17 heures, heure à laquelle un dispositif plus homogène peut être mis en place.
Groupement SUD
- L'Escadron BOUCHIER tient le bois des BREUCHEUX, en liaison, à sa droite, avec les gardes mobiles du G.T. 1
- L'Escadron ANDRE tient les lisières Est de RAMONCHAMP. Il sera relevé dans la nuit par l'Escadron DESMOUTIS.
- Un peloton de l'Escadron DUMENIL (Lt. MOINE) dans RAMONCHAMP.
- Le peloton FOLLIN en position aux lisières Est du village.
Groupement NORD
- L'Escadron BRISSON tient les lisières Est de l'ETRAYE.
- Le Capitaine KOPF commande le "Sous-secteur de la Montagne" depuis le Col de DRUMONT jusqu'au Mont des ROCHOTTES inclus.
Il dispose de 2 pelotons de l'Escadron JURY.
La liaison entre KOPF et BRISSON est assurée par deux pelotons de l'Escadron JURY.
- 1 peloton de l'Escadron DUMENIL dans l'ETRAYE.
- 1 peloton de l'Escadron GIRAUD dans REMANVILLERS.
- L'Escadron de chars légers DUMONT est en réserve à FERDRUPT.
Ce remaniement du dispositif n'est pas sans entraîner de nombreux mouvements de véhicules qui déclenchent une violente réaction de tirs ennemis ; le chasseur BEDU du 4e Escadron et le Maréchal des Logis GEVA du même Escadron sont grièvement blessés.
Le 22 Octobre, un obus de gros calibre sur le P.C. du Capitaine de LIGONNES, les chasseurs VARO et MOHAA sont blessés. Le Maréchal des Logis LEBOURDAIS du 4e Escadron est blessé dans FERDRUPT.
Le Général BROSSET, Commandant la 1ère D.M.I., vient au P.C. du Colonel LABARTHE, un bataillon de sa division devait relever le Groupement LABARTHE dans la nuit du 25 au 26 Octobre.
En relevant des mines anti-personnel avant de quitter le secteur, le Maréchal des Logis ROSSEL et le brigadier REDO sont tués accidentellement, tandis que l'Adjudant GENSOUS et le Maréchal des Logis DUPUIS sont blessés.
La relève s'effectue sans incident, les éléments en renfort du Groupement LABARTHE rejoignent leurs unités respectives et le 27 Octobre, l'E.M. et l'E.H.R. sont en cantonnement de repos à FLAGY près de VESOUL, le 1er Escadron étant à VELLEFRIT.
Le 8 Novembre, pour la première fois depuis l'embarquement, le Colonel retrouvera, pour bien peu de temps d'ailleurs, ses trois Escadrons de T.D. qui, sur ordre du Général, ont été remis à sa disposition.

5° VERS L'ATLANTIQUE
Le 19 Novembre, le Régiment de nouveau réduit à l'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. prépare son départ pour ANGOULEME, il doit être employé à réduire les résistances allemandes de la Côte Atlantique. Il est prêt à faire mouvement quand une autre mission, plus conforme à ses aspirations, lui est assignée.

6° L'ALSACE
Cette mission se résume en un mot : "L'ALSACE".
Le Régiment reçoit donc l'ordre de se porter dans la Région Ouest de MONTBELIARD.
Parti le 20 à 8 heures, le Régiment, passant par l'ISLE-SUR-LE-DOUBS, malgré l'embouteillage invraisemblable de MONTBELIARD et d'AUDINCOURT, arrive à BISEL le 21 après minuit.
Le Colonel prend le commandement d'un groupement ainsi composé :
              ( E.M. du Régiment
3e R.C.A. ( Escadron DUMONT (Chars légers)
              ( Escadron ARGOUX (Reconnaissance)
              ( E. M.
9e R.C.A. ( Escadron JULLIEN (Reconnaissance)
              ( E. H. R.
Ce groupement reçoit l'ordre de lier son action, à droite avec le G.T. 1, à gauche avec le R.C.C.C. dont le but est la prise d'ALTKIRCH. Le Groupement VALIN du G.T. 2 progresse du Sud au Nord par BISEL - HIRSINGUE - ALTKIRCH.
Le R.C.C.C. se dirige sur HIRTZBACH par SEPPOIS et LARGITZEN.
Le Colonel de LABARTHE décide de pousser sur ALTKIRCH par HEIMERSDORF, HIRTZBACH, CARSPACH.
Le 21 à 8 heures, l'Escadron ARGOUX occupe HIRSINGUE ; à la même heure, le P.C. du Groupement se transporte à HEIMERSDORF.
Des reconnaissances poussées de HIRSINGUE en direction de HIRTZBACH rencontrent une sérieuse résistance au Château de REINACH.
Le peloton qui avait atteint REINACH est pris à partie par des 88 et des bazookas, les pertes sont sérieuses : 1 tué, 11 blessés dont 1 aspirant, 2 A.M. détruites, 2 jeeps détruites, 1 char M.8 endommagé.
Le Groupement VALIN, qui lui aussi débouche difficilement vers le Nord, subit quelques pertes, tandis que le peloton qui avait atteint Château REINACH doit se replier légèrement sur HIRSINGUE.
Le 1er Escadron, qui était arrivé péniblement la veille à EXINCOURT, peut enfin se porter en avant et arrive à DELLE, mais la route de SEPPOIS a été coupée par l'ennemi qui pousse vers le Sud, mais il est réquisitionné par la 5e D.B. pour la défense de FAVEROIS. Relevé par des éléments du 1er Cuir., le Capitaine JULLIEN, utilisant le seul itinéraire alors libre par RECHESSY - PFETTERHOUSE - MOOS, rejoint HIRSINGUE à 23 heures.
L'E.H.R., pris aussi dans les embouteillages de MONTBELIARD, n'a toujours pas rejoint, il a passé la nuit du 20 au 21 sur la route et n'a pu ensuite passer par la route DELLE - SEPPOIS coupée par l'ennemi.
Le 22 Novembre, l'Escadron ARGOUX du 3e R.C.A., appuyé par les chars légers de l'Escadron DUMONT (3e R.C.A.), se porte à CARSPACH par la route de l'ILL et l'atteint vers 9 heures.
L'Escadron JULLIEN, avec les pionniers, prend l'itinéraire au Nord de la rivière. Pour éviter des infiltrations ennemies provenant des éléments refoulés par l'opération de dégagement de la route SEPPOIS - DELLE, il reçoit l'ordre de se porter à HIRTZBACH pour relever des éléments du 6e R.T.M.
En fin de journée, le Groupement LABARTHE, réduit aux seuls éléments du 9e R.C.A., est mis à la disposition du Colonel CALDAIROU commandant le G.T. 3 dont le P.C. est à MULHOUSE. Le Colonel de LABARTHE porte aussi son P.C.
Le 1er Escadron et l'E.H.R., qui a enfin pu rejoindre malgré une seconde coupure de la route de DELLE, sont aux ordres du Commandant JALENQUES. Ordre est donné à l'E.H.R. de s'installer à LANDSER en prenant mesures défensives nécessaires pour parer à des infiltrations possibles d'éléments légers ennemis.
Le 23 au matin, le 1er Escadron reçoit l'ordre de s'installer défensivement à RIXHEIM, face à la forêt de la HARDT. Le P.C. quitte MULHOUSE pour RIXHEIM. Dans l'après-midi, le Colonel reçoit l'ordre de se porter sur FLAXLANDEN et ZILLISHEIM ; le 1er Escadron et L'E.M. font mouvement par BRUEBACH.
Le 1er Escadron s'installe défensivement le long du Canal du RHONE AU RHIN, face à l'Ouest, l'ennemi est de l'autre côté du Canal. L'Escadron JULLIEN est soumis à un tir intermittent de mortiers.
L'E.H.R. est toujours à LANDSER.

ORSCHWILLER - HEIMSBRUNN
Le 24 Novembre, le Colonel reçoit le commandement d'un groupement ayant pour mission de couper les communications ennemies à PONT D'ASPACH.
Composition du Groupement LABARTHE
1) Les éléments du 9e R.C.A.
Escadron de reconnaissance
Un peloton de T.D. du 4e Escadron (Aspt PERRUCHE)
E. H. R.
2) 3e R.C.A.
Un peloton de reconnaissance de l'Escadron ARGOUX (peloton BLASELLE)
Escadron de chars légers (Cne DUMONT)
3) 2e R.C.A.
Escadron de chars moyens (Cne de LAMBILLY)
4) 1 Section du Génie
5) 2e Régiment de Zouaves
E.M. du 2e Bataillon
1 Compagnie de fusiliers-voltigeurs
La Compagnie d'appui.
Ce groupement est ainsi articulé
Détachement JALENQUES
Escadron de chars moyens LAMBILLY
Escadron de reconnaissance JULLIEN (moins le peloton de pionniers)
Bataillon ARGOUX 1ère Cie de F.V., 1ère Cie d'appui
1 peloton de chars légers (Esc. DUMONT Lt. PICHOU)
1 peloton T.D. (Aspt. PERRUCHE)
en place à 10 h, à MORSCHWILLER.
Détachement de réserve
Escadron DUMONT Chars légers (2 pelotons ) aux ordres du Cne DUMONT
1 peloton d'A.M. du 2e R.C.A. Lt. BLASELLE) 2 pelotons
1 section de Génie
1 peloton de pionniers (Esc. JULLIEN) aux ordres du Capitaine DECHERY
P.C. du Cne DECHERY
1 peloton de chars moyens
en place à 10 h, à DORNACH.
Le P.C. du Commandant JALENQUES et celui du Groupement se trouvent à DORNACH. La mission du Groupement est :
1) de s'emparer d'HEIMSBRUNN
2) de pousser aussitôt vigoureusement sur PONT D'ASPACH
Le Commandant JALENQUES transporte son P.C. à MORSCHWILLER. Le P.C. du Groupement se transporte à 11 heures dans une maison à l'entrée Est de MORSCHWILLER. A peine installé, il est violemment pris à partie par des pièces de 88 ; la maison est atteinte par 4 obus, 5 hommes sont blessés, une moto hors d'usage, l'Officier de liaison d'artillerie et son radio sont blessés, leur half-track est endommagé. Le tir a duré environ 3 minutes. Le Colonel décide alors de porter son P.C. au Château de MORSCHWILLER, plus camouflé aux vues de l'ennemi ; au cours du déplacement, 2 chasseurs sont à nouveau blessés.
A 14 heures, l'attaque débouche du village. Le 1er Escadron attaque à pied par la route et ses abords, suivi des auto-canons commandés par le Lieutenant REGLADE.
Le Bataillon du 2e Zouaves est au Nord de la route.
A 15h30, les hauteurs dominant HEIMSBRUNN sont atteintes, les unités essaient alors un violent tir de minen. En outre, des feux nourris de mitrailleuses en interdisent le débouché. Le Capitaine ARNOUX est tué en tentant d'entraîner ses hommes à l'assaut du village ; le Capitaine STEINEMAN prend le commandement du Bataillon du 2e Zouaves. Un peloton de chars moyens (Sous-lieutenant COQUARD), un T.D. du peloton PERRUCHE et les auto-canons du Lieutenant REGLADE sont liés à la route.
A 16 heures, au débouché de la crête où les éléments à pied ont dû s'arrêter, un char moyen est atteint par le 88 d'un JAGDPANTHER et flambe ; un peu plus tard, le T.D., voulant prendre à partie le char ennemi, est atteint à son tour.
A 15h15, le Capitaine DUMONT avait reçu l'ordre de se porter en flanc-garde à la droite du détachement JALENQUES et de se diriger sur BRUCKENNUHL - FABRIQUE pour interdire, face au Nord, la route REININGUE - HEIMSBRUNN.
A 16 heures, un peloton de chars légers atteint la FABRIQUE ainsi qu'un peloton de chars moyens (Lieutenant COSEVIN - 2e R.C.A.). Un des chars saute sur une mine, l'équipage est sauf. Un char léger de l'Escadron DUMONT est atteint vers 16h30 par un coup de 88 dans les moteurs. Il flambe à son tour, l'équipage est sauf. Les T.D. de l'Aspirant PERRUCHE ouvrent le feu sur cet auto-moteur qui parait atteint aux chenilles.
A 17 heures, l'accès de la FABRIQUE est battu par une arme automatique ennemie. Une section du 6e R.T.M., mise à la disposition du Colonel de LABARTHE, va renforcer les défenses de la FABRIQUE. Elle reçoit en outre pour mission d'envoyer de nuit une patrouille reconnaître les ponts entre la FABRIQUE et la DOLLER. Dès le début de la nuit, une patrouille ennemie incendie un des chars qui n'a pu être récupéré. Toutes les troupes restent sur place pour la nuit ; des mines anti-chars sont posées, notamment sur la route principale à 150 mètres des mitrailleuses allemandes, par le Maréchal des Logis VOLATTE, du 1er Escadron. La patrouille du 6e R.T.M. rend compte que les ponts, au nombre de 4 entre la FABRIQUE et REININGUE, sont intacts.
A 15 heures, les premiers éléments de l'Escadron JULLIEN abordent le village par la gauche de l'axe, pendant que le peloton BOUILLÉ déborde par la droite, suivi du peloton BOUILLAS. Les zouaves suivent de près. On entend des bruits de chars ennemis qui s'éloignent puis, à 15h30, une formidable explosion : les Allemands viennent de faire sauter, au carrefour principal du village, un blockhaus et plusieurs maisons. La résistance faiblit enfin, le village est rapidement traversé, malgré quelques tireurs isolés ; plusieurs prisonniers sont faits, dont un lieutenant. Ils appartiennent à l'arme du Génie et déclarent que le village était défendu par deux Compagnies de 100 hommes, d'une soixantaine de travailleurs et huit chars lourds. L'ordre était de résister coûte que coûte.
Le Capitaine JULLIEN prend liaison à gauche avec le Bataillon DIEBOLD qui est arrêté à la côte 310, puis aux lisières Sud, et n'a pu déboucher qu'une fois le village atteint par le 1/9 R.C.A.
A 16h30, le village est entièrement occupé et nettoyé, le pont sur l'axe à la sortie Ouest du village a été détruit.
Le Commandant DIEBOLD est chargé d'assurer la défense du village et d'autres unités aux ordres du Cdt. JALENQUES rentrant à MORSCHWILLER.
Le Bataillon du 2e Zouaves quitte le Groupement.
La nuit est calme.
Le 27, reprise du mouvement en avant, le P.C. du Colonel LABARTHE est maintenant à HEIMSBRUNN, le détachement DIEBOLD établit une tête de pont à l'Est d'HEIMSBRUNN sur la route du PONT D'ASPACH. Le Génie rétablit la circulation, grâce à un pont dit "Chemin de roulement de D.B.". Le détachement JALENQUES assure la défense du village et fait des patrouilles.
A 17 heures, les éléments du détachement DIEBOLD atteignent LA CHAPELLE. Le ponceau a été détruit par l'ennemi.
Le 26, le Groupement LABARTHE reçoit un renfort, 3 Compagnies du Bataillon DIEBOLD du 6e R.T.M. Les ordres pour la journée du 26 sont toujours de prendre HEIMSBRUNN et d'occuper PONT D'ASPACH en liant les mouvements du Groupement LABARTHE avec ceux du Groupement LEPINAY qui attaque du N.-E. au S.-O. par BERNWILLER et LES BURNHAUPT.
L'attaque doit être menée par le Bataillon DIEBOLD, appuyé par le détachement JALENQUES. Celui-ci, resté sur la route, et le Bataillon DIEBOLD, au Nord, devront s'emparer de la côte 310 et déborder le village par le Sud.
Le Commandant DIEBOLD dispose, en plus de son Bataillon, de la Section de Génie du Lieutenant PON, du peloton de pionniers du 9e R.C.A.
L'attaque débouche à 9h40 et rencontre aussitôt une très vive résistance. On signale des chars lourds allemands embossés à l'entrée du village. MORSCHWILLER est bombardé par l'ennemi, le Capitaine DECHERY reçoit un obus de mortier sur son scout-car, le conducteur et un sous-officier sont blessés.
A 13 heures, la Compagnie de tirailleurs, qui a pour objectif la côte 310 à 900 mètres au S.-E. d'HEIMSBRUNN, est stoppée. Un peloton de chars légers vient appuyer sa progression. Un peloton de chars moyens du 2e R.C.A. est envoyé avec le Capitaine DUMONT pour contourner la côte 310 par le Sud, un char léger saute sur une mine, l'équipage est sauf.
Le 1er Escadron demande un tir d'artillerie sur les vergers à l'entrée du village ; c'est là, en effet, que se situe le gros de la résistance : chars embossés et mitrailleuses lourdes. Le tir extrêmement précis permet au Capitaine JULLIEN de pousser son Escadron en avant, le peloton LAPORTE dans les fossés, tandis que les chars moyens de l'Escadron LAMBILLY suivent au plus près, ainsi que les auto-canons du Lt. REGLADE. Les Zouaves (Bataillon KLEINMANN) lient leurs mouvements au 1er Escadron.
A 14h30, les auto-canons du Lt. REGLADE passent devant les chars et appuient très efficacement la progression très lente qui s'effectue sous un feu nourri de mines et d'armes automatiques.
Le 28, la mission reprend sans changement ; l'infanterie débouche passant la rivière sur les planches, un gué est établi pour les blindés par le Génie.
L'infanterie progresse encore d'environ 1 kilomètre, mais est arrêtée par des feux violents venant du MOULIN de la HARDT. Les troupes restent en place pour la nuit, de petits groupements mixtes, infanterie, chars, et parfois T.D., sont constitués et se cerclent dans les bois.
Le P.C. du Colonel à HEIMSBRUNN a été sévèrement bombardé : 2 tués, 4 blessés, le scout-car du Colonel et une moto sont endommagés.
Le 29, malgré une progression très ralentie par les mines et les résistances ennemies, une patrouille chars T.D. atteint à 10h15 le triangle Sud de PONT D'ASPACH.
A 14 heures, le P.C. à HEIMSBRUNN est à nouveau violemment bombardé : 1 blessé, 1 half-track et 1 moto endommagée.
Le Groupement LEPINAY prend à son compte la défense de PONT D'ASPACH.
Le Groupement GENTIEN, nouvellement constitué, s'installe à HEIMSBRUNN, assurant la défense de cette localité et la sécurité des communications.
Le Groupement LABARTHE est réduit aux éléments du 9e R.C.A. et à l'Escadron LAMBILLY du 2e R.C.A. ; il va cantonner à SPECHBACH-LE-BAS.
Etat des pertes durant cette période d'opérations, du 25 au 29
TUES : 24 sous-officiers et troupe
BLESSES : 5 officiers, 107 sous-officiers et hommes de troupe
DISPARUS : 4 troupes dont, pour le Régiment (E.M. - E.H.R. - 1er et 4e Escadrons)
TUES : 10 sous-officiers et troupe
BLESSES : 40 sous-officiers et troupe
DISPARUS : 1 troupe
ainsi répartis :
le 25 - TUES
1er Escadron : Chasseur LASNIER
4e Escadron : Chasseur GALVEZ
Blessés évacués
E.M. : Brig. Chef WINDELS
Brig. VIGNAUD
Chasseur ORS
Chasseur COINDARD
1er Escadron : M. des L. CIANFARINI, DUPUIS
Chasseurs BEN SOUSSAN, YAMANI, GRAOUI, SLIMANI
4e Escadron : M. des L. HECRE
Chasseurs FOURTON, MARLIN
Blessés non évacués
E.M. : M. des L. KRIEF
Chasseurs ESCHEMANN, GRIAUX
le 26 - TUES
1er Escadron : Chasseur MAURY, IBANES
Brig. QUEINNEO, LINGENFELD
Blessés évacués
1er Escadron : M. des L. LE GOFF, ISARD, GOMBARD
Chasseurs TOUBART, PONTHIEUX, BERNARD, LE HELLEC, CREVON, MASTAIN
4e Escadron : Adjt. LIMELETTE
Brig. CUQ
le 27 - Blessés évacués
1er Escadron : M. des L. MATHIEU
Chasseurs BELVOIRE, MUSTAPHA
Blessés non évacués
1er Escadron : M. des L. EL AOUFI
le 28 - TUES
E.M. : Chasseur CHALLIER
E.H.R. : Brig. OLIVIER
4e Escadron : Br. Chef HANRIOT
Blessés évacués
E.M. : Chasseurs ZAIDI, KERFOUT
1er Escadron : Chasseurs DULONG, LE BLANCHE
Blessés non évacués
E.M.: Brig. GRIAUX, MORAGUES
Disparus
4e Escadron : Chasseur SNOUSSAONI
le 29 - TUE
4e Escadron : Brig. GOULUT
Blessés évacués
E.M. : M. des L. KRIEF
1er Escadron : Chasseur GRIMAULT
4e Escadron : Chasseur DUMONT, LAMBERT
Pendant la première semaine de Décembre, le Régiment s'installe à TAGSDORF, le 6, le Colonel de LABARTHE reçoit le commandement d'un Groupement qui comprend les éléments du 9e R.C.A. laissés à sa disposition (E.M. - E.H.R. - 1er Escadron) et des éléments du 3e R.C.A. (E.M. - Escadron de reconnaissance Escadron de chars légers).
Ce groupement, qui doit relever le 2e Bataillon du 1er R.T.A., a pour mission d'interdire toute infiltration au Sud de la DOLLER entre MORSCHWILLER et HEIMSBRUNN, tandis que se déroule une opération menée sur THANN par la 2e D.I.M. Il est créé deux quartiers : quartier de MORSCHWILLER aux ordres du Commandant GENTIEN du 3e R.C.A. ; quartier de HEIMSBRUNN aux ordres du Capitaine DUMONT.
Du 7 au 12, avec quelques modifications peu importantes, le dispositif restera le même. Les unités en ligne subiront de légères pertes dues à des tirs de minen. Des patrouilles ennemies effectuées par des S.S. venus du camp de LUTTERBACH se montreront d'une incroyable audace.
Par suite d'un remaniement complet du dispositif de la D.B., les éléments du 9e Chasseurs quittent le secteur pour prendre quelques jours de repos à UBERSTRASS.
Le 23, l'E.M., le 1er Escadron et l'E.H.R. sont mis à la disposition du Colonel CALDAIROU commandant le G.T. 3. La mission de la D.B. est de tenir le secteur limité à l'Ouest : par ASPACH-LE-HAUT, MICHELBACH, GUEWENHEIM, SOPPE-LE-HAUT (exclus)
à l'Est : par COUVENT D'OELENBERG - N.D. DU CHENE (exclus).
Le Colonel de LABARTHE reçoit le commandement du sous-secteur Est, avec pour mission de tenir les bois du HAUSERWALD, de surveiller les gués de la DOLLER, et en cas d'attaque générale, de tenir sans esprit de recul les débouchés de la DOLLER.
Il dispose en plus des éléments du 9e R.C.A. du 2e Bataillon de Chasseurs à pied, formation issue des F.F.I. de BRESSE, déjà sérieusement "militarisés" et commandés par le Chef de Bataillon DAUMONT et de quelques canons de 57 mm.
Le Commandant JALENQUES est chargé d'assurer la défense de BURNHAUPT-LE-BAS où est l'E.M. et qui doit former un point d'appui ferme en cas de franchissement de la DOLLER par l'ennemi.
Jusqu'au 7 Janvier 1945, ces éléments resteront en place, le dispositif ne subissant que de légères modifications. De nombreuses patrouilles seront effectuées et le peloton de pionniers posera un nombre considérable de mines en même temps qu'il neutralisera un nombre encore plus considérable de schumines. Malgré le froid et la neige, NOEL et le JOUR de L'AN seront fêtés dans un calme presque complet, seulement troublé par instants par quelques minen perdus.
Le 3e Chasseurs relève le 8 les éléments du 9e R.C.A.
De ce jour au 17 Février, E.M., E.H.R. et 1er Escadron feront plusieurs cantonnements sans toutefois s'éloigner de la Région de MULHOUSE. Ce sera le repos pour l'E.M. et l'E.H.R., alors que le 1er Escadron connaîtra, du 1er au 9 Février, des journées très dures. Il sera employé à pied dans l'affaire de SCHOENENSTEINBACH par un froid effrayant et des conditions singulièrement démoralisantes.
Le 2 Février, le village est malgré tout conquis.
Le 3, le 1er Escadron, inclus dans le Groupement du Commandant DEWATRE, stationne à la CITE ANNA, prêt à exploiter en direction du NORD lorsque nos éléments auront réussi à franchir la THUR.
Le 5 seulement, le Capitaine JULLIEN reçoit l'ordre de s'emparer du village de REGUISHEIM, ce qui est fait malgré des tirs nourris du côté ennemi et un terrain extrêmement boueux où s'enlisent scout-cars et half-tracks. 125 prisonniers environ ont été faits, dont 4 officiers, un important matériel a été pris. Mais, le Chef BONZON a été mortellement blessé, le chasseur RAHMANI tué, le Mal. des Logis ADAMI et le chasseur SALAH blessés.
Le 7, l'Escadron est mis aux ordres du Colonel de LEPINAY, sa mission est de s'emparer de RUMERSHEIM en débordant le village par la forêt de la HARDT ; le Capitaine JULLIEN reçoit en renfort un peloton de chars du 2e R.C.A. Une manœuvre hâtivement montée en fin d'après-midi échoue. Tous les ponts sur le canal sont sautés, une seule passerelle battue par les armes automatiques ennemies est infranchissable ; ce n'est que le lendemain à 8h30 que la passerelle peut être utilisée et le village investi et nettoyé. L'Escadron pousse alors vers CHALAMPE qui est atteint à 10h30 et complètement nettoyé.
Ces dernières journées auront permis au 1er Escadron d'exécuter une manœuvre très cavalière, hélas l'Escadron aura à porter le deuil du M. des Logis Chef BONZON et de plusieurs chasseurs. Le Sous-Lieutenant BARRAS sera grièvement blessé par une schumine. Cette opération terminée, le 1er Escadron rejoindra l'E.M. et l'E.H.R. alors stationnés à MULHOUSE.
Après une période de repos, coupée par des opérations très brèves effectuées par des Escadrons de T.D. qui, entre-temps ont été remis sous les ordres de leur Colonel, opérations qui ont pour but la destruction de casemates situées de l'autre côté du RHIN.
Afin de permettre à la division destinée à passer le RHIN de remplir toutes les missions qui pourraient lui être confiées, le Général commandant la 1ère D.B. décide de constituer un nouveau groupement tactique indépendant des G.T. Ce Groupement est placé sous les ordres du Colonel LABARTHE, il quittera CHATENOIS près de SELESTAT le 19 Avril pour l'ALLEMAGNE.

7° L'ALLEMAGNE
Le 19 Avril, entre 1 heure et 2h30, le Groupement franchit le RHIN sur le pont de bateaux de BENHEIM. Ce Groupement a alors la composition suivante :
l'E.M. du 9e R.C.A.
le 1er Escadron du 9e R.C.A. (Cne JULLIEN) l'E.H.R.
l'Escadron mixte chars et T.D. composé de 2 pelotons de chars moyens venus du 2e R.C.A. et du 2e Cuir. et d'un peloton de T.D. Cet Escadron est sous les ordres du Capitaine DU CREST.
Arrivé à 7 heures à KUPPENHEIM, le Groupement reçoit l'ordre de se porter dans la Région de FREUDENSTADT en réserve de division, il y arrive sans incident à 18h30 après une étape de plus de 200 kilomètres.
La mission de la 1ère D.B. qui comprend outre le G.T. 1 et le G.T. 2 le Groupement LABARTHE et le Groupement LEBEL est de couper la retraite des forces allemandes de la FORET NOIRE en progressant rapidement jusqu'à la frontière suisse.
Le Groupement LABARTHE est mis aux ordres du Colonel commandant le G.T. 2 qui lui donne l'ordre d'occuper le 20 Avril OBERNDORF et de mettre la main sur les fameuses Usines MAUSER.
A 16 heures, OBERNDORF est occupé, l'opération confiée au Commandant JALENQUES a été rondement menée par l'Escadron JULLIEN et l'Escadron DU CREST. Les Usines MAUSER tombées entre nos mains sont confiées à un détachement de sécurité de la 1ère D.B. Un camp de travailleurs français et polonais est délivré.
Nos pertes ont été les suivantes : 1 sous-officier tué, 1 autre blessé, ainsi que quelques chasseurs.
Tard dans la soirée, ordre est donné au Colonel LABARTHE de franchir le NECKAR le 21 au matin et de gagner rapidement TUTTLINGEN ; pour cette opération, son Groupement est renforcé des unités suivantes :
3/9e R.C.A. (Escadron GOUBET)
1/5e R.C.A. (Escadron BERTHET) (chars légers)
3/5e R.C.A. (Escadron CHERY) (chars moyens)
1/3e R.C.A. (Escadron BLASELLE) (A.M.)
1 Cie du 1er R.T.A.
1 batterie du 3/6e R.A.
1 section du Génie
Le Régiment cantonne à ZIMMER OBER ROTTWEIL où il arrive à 22 heures ; le village a été pris quelques heures auparavant, plusieurs maisons brûlent encore, un certain nombre de prisonniers sont faits.
A 5h30, le 21 Avril, les ordres suivants sont donnés par le Colonel LABARTHE le Détachement de LIGONES s'emparera du Pont de TUTTLINGEN sur le DANUBE.
Le Détachement BERTHET reconnaîtra la vallée de la PRIM.
L'Escadron BLASELLE couvre le Groupement vers l'Est, assurant la liaison avec le Groupement LEBEL.
Le gros aux ordres du Commandant JALENQUES progresse sur l'axe de marche.
Vers midi, le Détachement de LIGONES tombe sur une assez forte résistance avant d'entrer à TUTTLINGEN : 2 tués, 2 blessés, 2 jeeps détruites.
Fournissant un gros effort, le 1er Escadron, bousculant les résistances ennemies, s'empare des ponts de TUTTLINGEN qu'il réussit à garder intacts ; le nettoyage de la ville commence.
Ordre est donné à toutes les unités de se regrouper à TUTTLINGEN, en vue de couper la retraite des forces ennemies qui se dirigent de la FORET NOIRE vers l'EST et d'être en mesure de pousser en direction générale d'ULM.
Bousculant de nombreuses résistances allemandes, faisant un grand nombre de prisonniers, le Détachement atteint STOCKACH à 20h15.
Le Groupement LABARTHE, parti de CHATENOIS le 19 Avril à 2 heures, arrive au Lac de CONSTANCE à l'extrême pointe de la 1ère ARMEE FRANCAISE, le 21 Avril à 20h15, après avoir parcouru 300 km en 66 heures, pris la ville d'OBERNDORF, les Usines MAUSER, s'être emparé de la ville de TUTTLINGEN et des 2 ponts intacts sur le DANUBE, faisant 500 prisonniers, anéantissant plusieurs convois ennemis, s'emparant d'un très grand nombre d'armes et de matériels divers.
Le 22 Avril, après une nuit agitée, les postes aux issues de STOCKACH ayant à intervenir constamment contre des groupes ennemis qui cherchent à s'infiltrer dans la ville, et notamment contre une unité ennemie bien encadrée et très mordante qui réussit à anéantir au bazooka 2 A.M.
Le Groupement LABARTHE ne disposant plus que de L'E.M. du 9e R.C.A. et d'une section du Génie a pour mission de couvrir face au SUD le Groupement BEAUFORT chargé de l'effort principal sur ULM.
Réduisant de nombreuses résistances, anéantissant plusieurs convois ennemis, et malgré de nombreuses barricades, le Groupement atteint ALTSHAUSEN où il cantonne dans le Château du Grand-Duc de WURTEMBERG qui reçoit le Colonel en l'assurant de ses sentiments anti-nazis.
Le bilan de la journée est de 1 tué et 11 blessés.
Nous avons fait 200 prisonniers et détruit une trentaine de véhicules.
Le 23 Avril, après une nuit très calme, le Groupement continue sa mission de flanc-garde, et après une marche que n'arrêtent ni les snippers, ni les panzerfausts, ni les convois ennemis qui embouteillent les routes, le Groupement arrive à GUTTENZELL vers 18h30, mais les pertes de la journée ont été sévères : le Lieutenant DES PORTES a été tué, 2 autres officiers ont été blessés ; 1 homme tué, 5 autres blessés.
Si les pertes ont été sévères, le bilan est intéressant :
9 officiers prisonniers
800 hommes de troupe prisonniers
85 véhicules auto-détruits
30 véhicules hippo-détruits
plus de 500 armes collectives et individuelles mises hors d'usage.
Dans la nuit, un canon de 105 ennemi, qui cherchait en vain à regagner son unité dispersée, est capturé ainsi qu'une centaine d'hommes.
La mission du Groupement est toujours de couvrir vers le Sud l'attaque sur ULM en atteignant PILLER.
Le 24, des patrouilles reconnaissent l'itinéraire et à 10 heures, DIETENHEIM est atteint, mais les ponts sautent à l'arrivée de l'avant-garde ; seule une patrouille à pied franchira PILLER sur les débris du pont. La liaison est prise avec des éléments de la 10e D.B. américaine qui se dirige sur ILLEREIGHEN. Un pont est construit par le Génie américain, des reconnaissances ayant appris au commandement que les autres ponts de PILLER étaient sautés ou rendus infranchissables par de très fortes résistances.
Cette étape effectuée sans aucune perte nous rapporte 500 prisonniers, dont 10 officiers, la capture d'un convoi de vivres et d'un important dépôt de matériel de transmission.
Le 25, afin de libérer la zone américaine, le Groupement reçoit l'ordre de faire mouvement sur OCHSENHAUSEN pour couvrir le G.T. 2 sur sa gauche.
Ce n'est que le 26 que OCHSENHAUSEN est atteint et nettoyé, de nombreux prisonniers sont faits.
Le 28, continuant sa mission, AICHSTETTEN est atteint, la progression très facile, sans un coup de feu, retardée uniquement par le grand nombre de prisonniers et l'effondrement de plusieurs ponceaux : 150 prisonniers ont été faits dont 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 3 commandants, 7 capitaines.
Le 29 Avril, le Groupement LABARTHE, faisant 100 prisonniers, détruisant un nombre considérable de panzerfaust et d'explosifs, atteint MUTHMANNSHOFEN.
Le 30, le Groupement, toujours en réserve, arrive à KEMPTEN et cantonne à OTTACKER et ROTTACK dans sa marche, il a fait 80 prisonniers, dont 5 officiers.
Du 1er au 3 Mai, le Groupement, réduit aux seuls éléments du 9e Chasseurs, stationne sous la neige et remet en état son matériel. Il partira de cette région pour gagner en plusieurs étapes la région de LANDAU.

CONCLUSION

Du 10 Avril au 2 Mai, le Groupement parcourant 578 kilomètres, après s'être emparé d'OBERNDORF, des Usines MAUSER, de la ville de STOCKACH, de TUTTLINGEN, des ponts sur le DANUBE, atteint le Lac de CONSTANCE, puis est arrivé le premier sur PILLER, devançant de quelques heures les Américains, faisant 2 500 prisonniers, ramassant un immense butin, délivrant de nombreux déportés, mais perdant 8 tués, dont 1 officier et 1 sous-officier, 30 blessés dont q. officiers et 23 hommes.

S'ils n'ont pu participer à la délivrance de la plus grande partie de la FRANCE, l'E.M., le 1er Escadron, l'E.H.R. auront cependant connu en ALSACE et en ALLEMAGNE des heures glorieuses.

 
Le 2e ESCADRON du 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE
pendant la Campagne "RHIN & DANUBE"

Depuis le débarquement allié en AFRIQUE DU NORD, le 2e Escadron du 9e Régiment de Chasseurs d'Afrique suit dans la région de MASCARA, sous les ordres du Capitaine LORETTE, puis du Capitaine RIGAUD, une instruction intensive qui a pour but de former, avec les éléments récemment incorporés, une Unité susceptible de recevoir rapidement l'équipement américain.
Le 17 Avril 1943, il reçoit à TIZI ses T.D. et son armement, et se transforme en Escadron de Chasseurs de Chars en poursuivant l'instruction individuelle de son personnel.
Lorsque le 18 Octobre 1943, le Capitaine LAPORTE prend le commandement de l'Escadron, il pourra entreprendre l'instruction d'ensemble qui se poursuivra sans relâche au cours d'un stage d'invasion dans la région de la MACTA (du 27 Octobre au 17 Novembre) et au cours de nombreux exercices et tirs dans les régions de RELIZANE et SAINT-DENIS du SIG.
C'est au cours d'un de ces exercices, le 6 Juin 1944, qu'il apprend la nouvelle du débarquement en NORMANDIE. A l'explosion d'enthousiasme succède l'impatience ; quand pourrons-nous à notre tour nous mesurer avec l'Allemand sur lequel nous voulons prendre notre revanche ?
LES AREAS
Le 8 Juin, autre bonne nouvelle, reçue avec une joie délirante. La Division va stationner dans une zone de regroupement, véritable lieu de passage, d'où sont parties toutes les Unités lancées dans les combats d'ITALIE. Le Régiment coupe l'AREA 55, au confluent des pistes poussiéreuses qui sillonnent l'immense camp.
Mais alors que les Unités qui nous ont précédés n'ont effectué qu'un séjour de courte durée dans ce délice de poussière, la Division y passera une longue partie de l'été. La poussière, le manque d'eau, la chaleur torride ne peuvent cependant abattre le moral qui se maintient d'autant plus haut que l'Escadron vient d'avoir l'assurance d'embarquer avec le C.C. 1 qui, sous les ordres du Général SUDRE, est mis à la disposition de l'Armée Américaine et doit prendre pied le premier sur la terre de FRANCE.
Cet honneur fait battre tous les cœurs et chacun achève sa mise au point ; tous perfectionnent les moindres détails. Et si l'impatience se fait jour, l'assurance de prendre part au combat empêche le découragement.
Le 22 Juillet, l'Escadron quitte, enfin, le paysage désolé des AREAS pour se livrer à proximité d'ORAN aux opérations qui ont pour but de permettre l'emploi du matériel dans un débarquement de vive force.
L'EMBARQUEMENT
Le 8 Août 1944, l'Escadron est embarqué en deux fractions :
1) la plus importante comportant tous les véhicules de combat et de commandement prend place sur le L.S.T. 33 (navire américain, équipage grec) où se trouvent également les véhicules de commandement de l'Etat-Major du C.C.1. et ceux de l'Etat-Major du 2e Cuirassiers (Régiment de Chars du C.C.1) ;
2) la deuxième comprenant la majorité des véhicules de service embarque sur le MT "John C. BRINKINRIDGE".
Les opérations d'embarquement s'effectuent sans incident. Le 8 Août au soir, tout l'Escadron a trouvé place dans les bateaux qui ne quitteront le port que le 10 Août à 15h15, iront se former en convoi dans la rade d'où ils partiront à 19h30 vers l'avenir tellement attendu.
Composition de l'Escadron :
L'Escadron aux ordres du Capitaine LAPORTE a la composition suivante :
Un peloton hors-rang commandé par l'Adjudant-Chef MOLIERE et comprenant :
- un groupe de commandement
- un groupe des Services.
Trois pelotons de combat
de composition identique, comprenant chacun :
- un groupe de commandement
- deux groupes anti-chars (2 T.D. par groupe)
- un groupe de protection.
Ces pelotons sont commandés :
- le premier, par le Lieutenant JORDAN
- le second, par l'Aspirant de COURTIVRON
- le troisième, par le Sous-Lieutenant FELLER, auquel est adjoint l'Aspirant CORDONNIER.
Des éléments détachés de l'E.H.R. du Régiment, et comprenant :
- 2 camions et remorques pour le transport du carburant
- 1 camion et remorque pour le transport des munitions.
Ces éléments sont englobés par le groupe des Services du peloton hors-rang.
Le tableau suivant donne la répartition du personnel dans les différents pelotons.

  Désignation           des pelotons

Officiers Sous-Officiers Brigadiers Chas. Français Chas. Indig. TOTAL
  P. H. R. 1  9  10  13  12  45
1er Peloton 1 5 5 26 9 46
2e Peloton 1 5 6 25 10 47
3e Peloton 2 5 6 24 10 47
TOTAL 5 24 27 88 41 185

Dans l'ensemble, ce personnel n'a pas l'expérience de la guerre. Seuls 2 Officiers ont déjà connu l'épreuve du feu.
Pour les Sous-Officiers, ils proviennent en majorité de l'Armée d'Afrique qui est restée en place en 1939-1940. Seuls 3 Sous-Officiers ont combattu en FRANCE.
La troupe, composée en grande majorité de mobilisés d'AFRIQUE DU NORD, n'a jamais connu les combats, ni la joie de la victoire, ni la rage de la défaite. Elle brûle du désir de se battre et son élan est irrésistible. Si les premiers engagements ne tournent pas en catastrophe, on pourra lui demander beaucoup. Elle accomplira son devoir avec un cœur admirable et une conscience professionnelle qui rempliront d'admiration les populations peu habituées à trouver chez le soldat une telle tenue et un tel sérieux.
DEBARQUEMENT
Du 10 au 15 Août 1944, le calme n'a cessé de régner dans le convoi.
Plongés sur nos cartes, nos plans de la Côte, nous préparons activement le débarquement. La baie de FREJUS n'a plus de secret pour nous, nous en connaissons tous les petits chemins qui nous conduiront à nos zones de regroupement.
Le 15 Août vers 16 heures, nous arrivons en vue des Côtes françaises, mais l'ennemi ne veut pas se laisser faire et notre débarquement si bien préparé est décommandé. Nous reprenons le large après avoir assisté à de splendides écoles à feu de la Marine Française qui, pour l'occasion, a hissé le grand pavois.
Une alerte aérienne nous plonge dans un épais brouillard, percé seulement par le chapelet des projectiles traceurs qui déroulent de bas en haut leurs trajectoires matérialisées.
Mais nous nous éloignons toujours de la Côte que nous retrouverons plus au Sud, au Golfe de la NARTELLE où nous débarquons "en touristes", sans la moindre réaction ennemie, le 16 Août à 2h15, foulant à nouveau cette terre de FRANCE que nous venons délivrer.
Nous n'avons pas le temps de nous attendrir ; le débarquement se poursuit à son rythme accéléré et, dans la nuit noire, au milieu de véhicules de toutes provenances, nous gagnons SAINTE-MAXIME où nous devons débarrasser nos véhicules de leurs équipements amphibies qui donnent à nos chars des allures cocasses.
L'aube commence à poindre lorsque nous atteignons SAINTE-MAXIME. Nous apercevons des visages anxieux, les habitants un peu secoués par les bombardements des jours précédents sont inquiets de nous voir démolir avec une superbe ardeur les splendides cheminées d'air qui ornent nos chars. Ils ne sont pas loin de croire que nous détruisons notre matériel, il faut calmer leurs inquiétudes, et comme nous le faisons en français, leur étonnement fait place à la joie, une joie fébrile et émue... à laquelle nous nous arrachons pour commencer la poursuite qui nous conduira en un premier bond aux portes de MARSEILLE, objectif de choix, premier jalon d'une série de victoires.
OPÉRATIONS AYANT AMENÉ LA CHUTE DE MARSEILLE
Le C.C.1 est articulé en 3 groupements : les groupements DUROSOY, LETANG, de LAPRADE.
Chacun de ces groupements comprend en particulier un peloton de T.D.
Du 16 au 20 Août, les axes de progression de ces pelotons se confondent. Ces axes sont parfois de petits chemins de montagne, et sans coup, Gonfaron - Flasseus - Le Luc - Tourves et la Roquebrussanne tombent, sans que l'Escadron ait à s'employer, sauf toutefois le peloton FELLER qui reçoit le baptême du feu à LE LUC le 17 Août, puis détruit un convoi ennemi le 19 Août à hauteur de SAINT-ESTEVE.
Mais nous sommes à présent au contact de la ligne de résistance qui barre l'accès de MARSEILLE, cette ligne jalonnée dans le secteur du C.C.1 par Aubagne, le Carrefour de la Pomme, l'Auberge Neuve, nécessite l'entrée en oeuvre des T.D.
Tandis que les pelotons JORDAN et COURTIVRON sont engagés dans les combats pour la prise d'Aubagne, du 20 au 21 Août, le peloton FELLER détruit une casemate au Carrefour de la Pomme le 21 Août, puis deux canons de 88 à l'Auberge Neuve.
Tandis que la progression reprendra sur MARSEILLE, le peloton FELLER, avec le groupement de LAPRADE, s'engagera dans une poursuite effrénée qui le conduira bien loin de l'Escadron. Nous retracerons ultérieurement son équipée.
INVESTISSEMENT ET NETTOYAGE DE MARSEILLE
Le 22 Août, le bouchon d'Aubagne a été enfoncé, dans l'après-midi le mouvement reprend, et l'Escadron parvient à la tombée de la nuit à la VALENTINE - Les Trois Lucs. Le 23 au matin, le mouvement reprend sur MARSEILLE. Le peloton JORDAN est alerté, car des autos mitrailleuses allemandes se promènent, parait-il, dans MARSEILLE... Les T.D. bondissent et, brûlant le pavé, parviennent d'un seul élan au Palais de Longchamp et sur la Cannebière. Il n'y a pas d'autos-mitrailleuses, mais par contre, des tirs d'artillerie de gros calibre, et surtout des coups de feu d'armes légères. Il faut livrer, au milieu d'une population enthousiaste, parfois gênante, des combats de rues pour lesquels les T.D. sont relevés par les chars du 2e Cuirassiers.
Du 23 Août au 27 Août... quelques coups de canon à bout de portée sur les batteries ennemies de l'Estaque, nettoyage des régions Sud et Nord-Ouest de Notre-Dame de la Garde par le peloton JORDAN.
COMBAT DE LA TANTE ROSE
Le 27 Août, le peloton de COURTIVRON, un peloton de chars du 2e Cuirassiers (peloton MOUSNIER) sont mis aux ordres du Capitaine LAPORTE pour appuyer les Tabors dans l'attaque des positions qui défendent MARSEILLE au Nord.
Le terrain rocailleux est bourré d'organisations défensives : blockhaus, tranchées, abris cimentés, observatoires, murs anti-chars.
Les tabors ont attaqué le 26 au soir, ils ont été stoppés au contact de l'ennemi, et ils sont pris en écharpe par les tirs d'artillerie venant de l'Estaque.
Aucun char ennemi n'est signalé.
La décision suivante est prise :
- dans un premier temps
Le peloton de chars entraînera les Tabors jusqu'aux lisières du village, il sera appuyé dès le débouché par le peloton de T.D. qui établira par ses tirs une brèche dans le mur anti-chars.
- dans un deuxième temps le peloton de T.D. se portera sur une position qui lui permettra de détruire les canons qui gênent la progression. Le peloton de chars aidera la progression de l'Infanterie dans le village.
EXÉCUTION
La première partie se passe sans incident notable, les Allemands surpris par les chars et délogés par les Tabors abandonnent leur position, le mur anti-chars vole en pièces. Tout semble devoir être rapidement réglé.
Mais le Chef de peloton de chars, entraîné par sa fougue, pénètre seul avec son char dans le village, un tireur au Panzerfaust le tue dans sa tourelle.
Une contre-attaque allemande se déclenche, elle est stoppée par le tir des chars qui, au canon et à la mitrailleuse, arrêtent l'ennemi qui est presque parvenu au corps à corps.
Le peloton de T.D. mène à bien sa mission de destruction des canons ennemis, non sans quelques ennuis... un T.D. s'est engagé sur un sentier dont un côté s'éboule sous le poids, le T.D. se retourne sur la tourelle. Par bonheur, l'équipage s'en tire sans une égratignure ; les obus pleuvent autour de lui, mais le canon qui se montre si généreux est détruit à son tour.
Tout le secteur entre la Mer et notre position redevient calme et nous pouvons concentrer notre effort sur le village où se poursuivent les combats à la grenade, où les mortiers et les rafales de mitrailleuses donnent bien l'ambiance du combat d'infanterie.
Les Tabors dominent la situation... le soir tombe, les Allemands se rendent. Mission terminée et avec elle une bien lourde journée.
Le 28 Août, la Garnison Allemande de MARSEILLE se rend ; le 29 Août, le peloton JORDAN représente l'Escadron à la prise d'armes qui soulève l'enthousiasme d'une population vibrante et toute à la joie, parfois égoïste, de sa libération.
BILAN DES OPÉRATIONS
L'ensemble des opérations depuis le débarquement permet d'établir le bilan suivant :
- l'Escadron a détruit : une casemate, deux canons de 88, une batterie d'artillerie, un convoi ennemi.
Il a participé aux opérations de Le Luc, Aubagne, l'Auberge Neuve, la Tante Rose, infligeant de sévères pertes à l'ennemi.
- Ses pertes sont :
- le Brigadier-Chef PITOU tué le 22 Août au cours d'une liaison motocycliste ;
- trois Chasseurs blessés dans un accident de Jeep le 23 Août en se portant rapidement à un point menacé.
REMONTÉE DE LA VALLÉE DU RHONE
Profitant de l'arrêt que nous avons dû consentir pour nous emparer de MARSEILLE, l'ennemi a décroché ses troupes. Une poursuite échevelée va en résulter.
Cette poursuite va, dès le début, se montrer difficile, car le secteur donné à la 1ère D.B. se situe sur la rive droite du Rhône, dont tous les ponts ont sauté.
D'autre part, le carburant n'étant pas poussé assez en avant, il faudra venir le chercher jusque sur les plages de débarquement. La longueur des lignes de communication, les embouteillages aux points sensibles (passages du Rhône) feront peser une lourde menace sur toutes les Unités. Grâce à l'admirable entrain des conducteurs du groupe des Services, aux efforts du M.D.L. Chef HOFFMANN, chargé du ravitaillement en carburant, l'Escadron n'a jamais été réduit à stopper, et a eu au minimum une avance lui permettant de parcourir deux cents kilomètres. Nous verrons qu'il n'en a pas été de même pour le peloton FELLER qui, détaché de l'Escadron, est resté plusieurs jours en panne sèche.
Le 29 Août, après la prise d'armes de Marseille, le P.H.R., les pelotons JORDAN et COURTIVRON se retrouvent à PALISSANNE (9 km E de Salon).
Le 30 Août, étape à FONTVIEILLE, le Moulin de Daudet qui avait déjà vu beaucoup de choses s'étonne de tout ce déploiement guerrier.
Le 31 Août, tandis que le Lieutenant JORDAN se porte sur VALLABREGUE avec les T.D. pour y passer le Rhône, les véhicules légers font route sur AVIGNON où le fleuve est franchi sur pont de bateaux.
La circulation s'avère difficile, et un embouteillage monstre caractérise les journées du 31 Août et du 1er Septembre.
Le 1er Septembre à 9 heures, le Rhône n'est plus un obstacle pour les T.D. Le 2 Septembre, nous les retrouvons à SAINT-GALMIER, après avoir remonté la vallée du Rhône jusqu'à TOURNON, grimpé jusqu'à ANNENAY, franchi le col de la République par des petites routes où la conduite des chars est voisine de l'acrobatie, traversé en trombe Saint-Etienne, en un mot parcouru 180 km sur des routes encombrées ou dangereuses.
Le 3 Septembre, nous débordons largement LYON par le Nord et venons couper la Nationale 6 à LISSIEU (18 km de LYON).
Le 4 Septembre, longeant la Saône, nous parvenons en fin de soirée à SENNECEY-LE-GRAND (10 km N de TOURNUS).
Le 5 Septembre, CHALON-SUR-SAONE est libéré, le contact est repris avec l'ennemi qui semble vouloir défendre le seuil de BOURGOGNE.
Depuis le 1er Septembre, nous avons parcouru 350 km, nous retrouvons enfin l'ennemi. Nous allons pouvoir reprendre la lutte.
L'Escadron est toujours amputé du peloton FELLER dont il est temps de s'occuper.
LES PERIGRINATIONS DU PELOTON FELLER
Nous avons laissé le peloton FELLER avec le groupement de LAPRADE, en train de lutter victorieusement contre des canons de 88, à l'Auberge Neuve, le 22 Août.
Débordant largement MARSEILLE par le Nord, il assure la garde des sources qui alimentent MARSEILLE, puis Radio P.T.T. et atteint SALON le 24 Août, TARASCON le 25.
Les 26 et 27 Août à VALABREGUE, il assure le passage du Rhône au groupement LAPRADE.
Le 28, il est à UZÈS.
Le 3, nous le retrouvons à VALLON, où il participe au nettoyage de la ville, faisant 30 prisonniers.
Ses réservoirs sonnent creux, avec beaucoup de patience, le Chef de Peloton entreprend une série de démarches, allant même réveiller le Général cdt la D.B.
Ses démarches sont couronnées d'un succès partiel, et le ravitaillement qu'il reçoit lui permet d'atteindre le sommet du Col de MEZILHAC (23 km N de VALS-LES-BAINS) à 120 mètres d'altitude.
Mais là, c'est vraiment la panne sèche ; la neige fait son apparition, va-t-il se résoudre à un hivernage prématuré ? Les démarches recommencent, elles lui valent beaucoup de bonnes paroles, mais quelques milliers de litres de carburant feraient bien mieux son affaire.
Après avoir vainement tiré les sonnettes chez le Général de MONTSABERT, chez le Général BROSSETTE, à l'Etat-Major du Corps d'Armée à SAINT-GALMIER, le Sous-Lieutenant FELLER rencontre son Capitaine à l'ARBRESLE près de LYON, le 3 Septembre.
Encore un effort supplémentaire à demander au groupe de ravitaillement, mais le 4 au matin, le peloton FELLER a son carburant, et le 6 à 4 heures, il rejoint l'Escadron au Nord de CHALON, après avoir parcouru 306 km en moins de 48 heures, sur des routes de montagne pendant le tiers du parcours.
Après une telle étape, les ressources de carburant de l'Escadron sont évidemment épuisées... Encore une fois les camions devront rouler, les conducteurs ne pourront pas se reposer.
Qu'importe... L'ennemi est tout proche, il faut le saisir à la gorge, le bousculer sans lui laisser de répit.
C'est dans un travail fiévreux que va s'écouler la nuit du 5 Septembre. Les équipages préparent et graissent leur matériel, les servants des armes en vérifient le bon fonctionnement, les dépanneurs réparent les avaries légères causées par les dernières étapes, les ravitailleurs perçoivent et distribuent les munitions. C'est une veillée d'armes au sens rigoureux du mot.
Demain s'engagera la bataille sur le seuil de BOURGOGNE. Demain nous vaincrons.
OPERATIONS EN BOURGOGNE
Tandis que l'Armée Française se porte à marches forcées sur BELFORT, les débris de l'Armée Allemande tentent de retarder notre avance au Nord de LYON, dans l'intention de défendre DIJON, dernier grand centre ferroviaire et routier sur la route de BELFORT.
Le 5 Septembre, les défenses de CHALON sont enfoncées.
Le 6 Septembre, la progression reprend en direction de BEAUNE par DEMIGNY - BLEGNY.
C'est à coups de canons que l'on force le passage à DEMIGNY, et à BLEGNY où un peloton de chars est anéanti par une arme anti-chars.
Les T.D., placés trop en arrière dans la colonne, ne peuvent intervenir immédiatement, ils prennent néanmoins position à l'Est du village. L'arme anti-chars se manifeste à nouveau, elle est immédiatement prise à partie ; les quatre T.D. du peloton JORDAN lui assurent une réplique instantanée, une salve de 3 obus par appareil... et nous pouvons aller "au résultat", l'axe est débloqué.
Le 8 Septembre, l'Escadron fait son entrée à BEAUNE et effectue des patrouilles dans la région.
PRISE DE DIJON
La libération de BEAUNE n'est pas le terme de notre effort ; il faut pousser sans désemparer sur DIJON. Malgré la pénurie de carburant, il faut maintenir la pression sur l'ennemi qui cherche à se ressaisir.
Le peloton JORDAN est mis à la disposition du Colonel DESAZAR qui, avec un groupement comprenant des Unités du Bataillon de choc, est chargé de déborder les défenses de DIJON par l'Ouest.
Ce peloton rencontre des colonnes ennemies le 10 Septembre entre TALANT et PLOMBIERE et lui inflige de lourdes pertes. Mais la nuit tombe et, sous la pression de l'Infanterie ennemie, l'élément de Bataillon de choc qui avait réussi à s'emparer du pont de PLOMBIERE doit se replier. Cependant, le 11 au matin, nous sommes maîtres de la situation et l'entrée à DIJON s'effectue sans incident.
L'accueil délirant de la population nous récompense de nos peines ; après 3 jours de combat, la manœuvre pour DIJON est terminée. Celle pour LANGRES commence.
LE PELOTON FELLER DANS LA PRISE DE LANGRES
Les charmes et l'accueil chaleureux de DIJON ne sauront nous retenir longtemps.
Dès le 12 Septembre, nous reprenons la progression sur LANGRES, par l'axe TILCHATEL, PRAUTHEY, LONJEAU.
Le 13 Septembre au matin, nous sommes en vue de LANGRES. Le peloton JORDAN fait partie du groupement chargé de l'action frontale sur la Citadelle. Cette action présente peu d'intérêt pour le peloton de T.D. qui ne sera pas employé.
Par contre, le peloton FELLER est chargé de déborder par l'Ouest et le Nord la résistance de LANGRES. Au passage, il effectue des tirs sur la Citadelle ; l'effet des projectiles est nul sur ces fortifications et il cesse vite le tir.
En arrivant à HUMES (6,5 km Nord-Ouest de LANGRES), il aperçoit, filant vers le Nord, une importante colonne ennemie longue d'environ deux kilomètres et qui essaie d'échapper à l'investissement.
Le peloton, très richement doté en obus explosifs et qui dispose d'un magnifique champ de tir, ouvre le feu sur cet objectif. Il ne s'arrêta qu'après avoir vidé ses soutes.
La route sur laquelle circulait la colonne allemande n'est plus qu'un charnier.
Revanche des Unités Blindées Françaises !!! Ce ne sera pas la seule.
OPÉRATIONS DANS LES VOSGES
La liaison a été effectuée avec la 2e D.B. Toute la ligne de retraite de la Wehrmacht est coupée.
Les Unités de la D.B., par une marche vers l'Est, vont se mettre en place pour l'assaut des VOSGES.
Les mouvements sont lents, car le manque de carburant paralyse les Unités, les étapes se font plus courtes et les réservoirs sonnent creux. Mettant à profit les heures de haltes forcées, les pelotons participent au nettoyage de la région de JUSSEY et réparent le matériel.
Le 19 Septembre, l'Escadron se trouve à AMBLANS dans la région de LURE, prêt pour l'attaque qui par MELISEY - SERVANCE - le Haut du THEM CHATEAULAMBERT doit nous amener au THILLOT.
Le peloton COURTIVRON est chargé d'appuyer la reconnaissance qui parvient à MELISEY, d'où elle ne peut déboucher. Le terrain détrempé est impraticable en dehors des axes soigneusement minés par l'ennemi, qui prend de flanc notre progression grâce à son excellente position dans le bois du Mont de VANNE. COURTIVRON effectuera de nombreux tirs sur les observatoires et les organisations ennemies, mais son action ne le portera pas en avant de MELISEY.
Le peloton JORDAN est prêté à l'Escadron de chars légers du 3e Régiment de Chasseurs d'Afrique qui doit tenter le débordement de la résistance par l'Ouest. Les routes détrempées, le terrain défavorable, empêchent le déroulement normal des opérations.
La progression sur CHATEAU-LAMBERT et le THILLOT s'avère difficile en direction Sud-Nord ; une tentative Ouest-Est va être effectuée par l'Axe CORRAVILLIERS, Col du Mont des FOURCHES, BOIS-LE-PRINCE.
Après une période de lente progression, le front se stabilise à hauteur de BOIS-LEPRINCE. Le peloton COURTIVRON est détaché pour appuyer les éléments en ligne. Son action sera pratiquement sans importance, l'expérience prouvant une fois encore que l'accumulation des moyens sur un seul axe en pays de montagne ne donne guère l'avantage, car seuls les éléments de tête peuvent se déployer et agir efficacement. Pendant toute cette période, les pelotons JORDAN et FELLER se livrent à des tirs d'artillerie, tirs de harcèlement sur les axes routiers hors de portée de l'Artillerie organique de la D.B.
Du 27 Septembre au 10 Octobre, nos Chasseurs se transforment en Artilleurs, déchirant le silence de la nuit de leurs salves rageuses répercutées par les échos des montagnes.
Les tirs sont généralement préparés sur buts auxiliaires et reportés sur les objectifs à battre sous le contrôle de l'avion d'observation.
Ils s'avèrent précis, nous pourrons en citer deux exemples : celui de l'Officier de liaison d'Artillerie qui, se trompant de route, est soumis toute la nuit aux tirs de harcèlement d'un groupe de T.D. ; au retour de sa mission, il confirme la mise en place correcte du tir. L'autre exemple nous sera fourni quelques jours plus tard par les habitants de la LONGENE. Le pont sur la MOSELOTTE, objectif d'un T.D., a été touché au moment où les Allemands amenaient des explosifs pour en effectuer la destruction. Un très beau feu d'artifices a coïncidé avec l'arrivée de l'obus.
Dans cette morne période, il y eut cependant des moments agréables dus à la parfaite compréhension qui n'a cessé d'exister entre les Artilleurs et les Chasseurs.
Un important dépôt de munitions est constitué ; il ne sera pas inutile, car bientôt nous le passerons comme matériel de secteur au 3e Escadron du Régiment qui vient nous relever de notre mission trop sédentaire, tandis que nous nous engouffrons dans la vallée de la MOSELLE où, travaillant de part et d'autre de la rivière, le peloton JORDAN au Sud, le peloton FELLER au Nord, atteignent RAMONCHAMP en fin de soirée du 8 Octobre. La contre attaque ennemie se prononce à la tombée de la nuit. Fortement appuyée par des tirs d'artillerie et de mortiers, et par des auto-moteurs, elle jette un instant de désarroi sur nos troupes en cours d'installation au Nord de la Moselle. Il faut tout le sang-froid d'un groupe de T.D. du peloton FELLER commandé par l'Aspirant CORDONNIER pour rétablir une situation flottante. Le Maréchal-des-Logis ASCIATH, dans le crépuscule de cette soirée, est tiré presque à bout portant dans son T.D. par un auto-moteur qui lui décroche un obus explosif sur sa tourelle, en même temps qu'il encaisse un obus perforant tiré par le T.D.
Résultat : la lunette du canon du T.D. est cassée.
Le M.D.L. ASCIATH est assourdi... Il prétend avoir touché le Boche qui n'a pas flambé, et n'est pas resté sur le terrain. Ca ne compte pas.
Les journées qui vont suivre n'apportent aucune amélioration au sort des T.D., le paysage tourmenté ne s'accorde que très peu avec la trajectoire tendue de leurs obus, aussi du 8 au 16 Octobre, nous recevons stoïquement des tirs de mortiers sans pouvoir y répondre.
Le 16 Octobre, les pelotons JORDAN et FELLER changent de secteur, passent dans la vallée de la MOSELLOTE où ils continueront à recevoir des tirs d'artillerie avec le même calme, et sans l'espoir de rendre les coups.
LE PELOTON DE COURTIVRON DANS LES VOSGES
Nous avons laissé le peloton de COURTIVRON en appui des éléments en ligne, au BOIS-LE-PRINCE le 1er Octobre. Son campement sylvestre pourrait avoir quelques charmes si le paysage n'était absolument noyé dans la pluie ou la brume... Les arbres serrés ne laissent filtrer qu'un jour parcimonieux, et dans le sous-bois très sombre, la nuit tombe vite. Quelques patrouilles de son groupe de protection marquent une activité très réduite.
Mais le 12 Octobre, le peloton est mis à la disposition du Commandant de MAISON-ROUGE (2e Cuirassiers) pour effectuer, une ascension au Col de MORBIEUX, puis redescendre pour constituer un point d'appui à TRAVEXIN.
Utilisant des chemins forestiers, le peloton arrive non sans peine à destination... Deux T.D. sont à TRAVEXIN mais derrière eux le chemin est éboulé, le deuxième groupe ne peut le suivre et domine la situation. Ces deux groupes sont très mal lotis ; celui de la montagne recommence un campement dans la forêt, agrémenté par les arrivées d'obus de tous calibres. Celui de TRAVEXIN a retrouvé un cantonnement sec, mais le moindre mouvement est impitoyablement sanctionné par des rafales d'artillerie.
Le 16 Octobre, un canon anti-chars vient imprudemment s'installer devant TRAVEXIN. Il ouvre le feu, touche un char du 2e Cuirassiers, mais le T.D. Amiens (Chef de char M.D.L. DESHAIS) riposte magistralement et détruit le canon ennemi.
Le séjour continue sous les arbres, agrémenté par une pluie torrentielle qui emporte le sentier de montagne déjà fortement malmené par nos engins.
Les travaux de terrassement occupent une partie des longs jours et l'acrobatie reprend lorsque, relevés par le 4e Escadron du Régiment, nous nous regroupons pour gagner des cantonnements de repos.
PERIODE DE REPOS
En effet, le 22 Octobre, après 67 jours de combat, l'Escadron va goûter les délices d'un repos bien gagné.
Les pertes subies par l'Escadron au cours de cette longue période sont minimes : 2 tués, 8 blessés, celles qu'il a infligées à l'ennemi sont considérables.
Les gradés et chasseurs sont pleins de confiance en eux-mêmes et dans leur matériel.
Ils savent qu'ils devront effectuer encore de durs efforts, mais que la victoire leur appartient.
Aussi, dans le petit village de la Haute-Saône qui est choisi comme stationnement, ils travaillent avec cœur à la remise en état de leur matériel. Les bruits les plus divers ne cessent de circuler, il est question d'un grand déplacement vers les poches de l'Atlantique, les plans d'embarquement sont faits lorsque le 16 Novembre parvient un ordre d'opérations qui nous entraîne vers de nouvelles destinées.
CAMPAGNE D'ALSACE
De nuit, l'Escadron fait mouvement vers VESOUL, pique sur BESANCON, se redresse sur BAUMES-LES-DAMES et vient stationner dans la région de VERCEL, où il se tient prêt à exploiter la brèche ouverte dans les défenses allemandes le long de la frontière suisse.
Tous suivent avec passion la partie engagée, et le 19 Novembre au soir, lorsque l'ordre de mouvement arrive, tous pensent aux futurs combats qui les amèneront en vainqueurs sur la terre d'ALSACE.
C'est encore une étape de nuit, 100 kilomètres sur les petits chemins tortueux, au relief accusé, qui nous amène à 2 heures, le 20 Novembre, à BEAUCOURT où nous sommes à pied d'œuvre pour une action imminente qui ne se fera pas attendre. A 4 heures, le peloton JORDAN, appuyant la reconnaissance du C.C. 1, s'engage dans l'étroit couloir ménagé le long de la frontière suisse et, par DELLE, SEPPOIS, atteint l'ALSACE et occupe WALDIGHOFFEN.
Quelques heures après, tout l'Escadron foule la terre d'ALSACE. L'émotion est intense, faite de mélange de respect pour ce pays si particulièrement cher à nos cœurs de Français, et de joie orgueilleuse après notre chevauchée victorieuse.
Les pelotons de T.D. sont découplés dans les groupements tactiques.
Le peloton JORDAN rentre dans la composition du groupement VALIN.
Le peloton FELLER va au groupement DUROSOY.
Le peloton de COURTIVRON au groupement LETANG.
Ces groupements reçoivent la mission de s'emparer par une manœuvre combinée de la ville d'ALTKIRCH.
MANOEUVRE POUR LA PRISE D'ALTKIRCH
Tandis que le peloton COURTIVRON déborde largement vers le Nord et vient atteindre L'ILL à ILLFURTH, où il aide l'Infanterie à s'installer, le peloton JORDAN contourne ALTKIRCH par le Sud et par HIRSINGUE, utilisant un chemin forestier que l'ennemi n'a pas songé à garder, il prend à revers toutes les défenses d'ALTKIRCH orientées vers l'Est où le peloton FELLER fait sentir son action. D'autre part, une forte colonne ennemie, comprenant des autos-mitrailleuses, des pièces d'artillerie, des éléments à pied qui cherchent à se replier sur DANNEMARIE, est découverte. Le peloton JORDAN vide ses soutes sur cette colonne, rééditant avec le même succès le coup heureux du peloton FELLER devant LANGRES.
Pendant ce temps, le peloton FELLER est aux prises avec un char "Panther" qui, livrant un combat retardateur, vient de toucher une auto-mitrailleuse et d'incendier deux chars. Remarquablement posté, il est difficile à repérer, seul un rayon de soleil sur sa tourelle plate nous permet de le découvrir.
La manœuvre pour le détruire s'avère difficile, car le terrain détrempé nous empêche de quitter la route surveillée et battue par cet ennemi de qualité. Cependant, une position de tir acceptable est trouvée sur la route même. Gêné par des tirs d'artillerie amie, le T.D. ouvre le feu sans autre résultat que de s'attirer une réponse immédiate qui démolit, les branches au-dessus de lui.
Il faut cependant en finir... avec des précautions infinies, une douceur inattendue, le T.D. Nancy (Chef de Char M.D.L. CUIN) vient reprendre position et, au signal précis, ouvre rapidement le feu.
Cette fois-ci, le char boche ne riposte plus ; doublant nos chars qui flambent encore, le T.D. s'approche plus près de son ennemi et achève le char qui, à présent, est entouré de flammes et secoué d'explosions internes.
Cette journée du 21 Novembre est particulièrement glorieuse pour l'Escadron qui a anéanti une colonne allemande et détruit un char lourd allemand sans subir la moindre perte.
Stoppé sur ordre à ALTKIRCH, l'Escadron y restera jusqu'au 25 Novembre, participant à une opération limitée en vue d'aider la progression de la 5e D.B.
Le couloir de DELLE a été coupé par une contre-attaque allemande, le M.D.L. PROU retardé par suite d'une panne de son T.D. a dû se frayer un passage à travers les résistances ennemies pour pouvoir rejoindre l'Escadron. Mais tout rentre dans l'ordre.
Le 26 Novembre, l'Escadron fait son entrée à MULHOUSE et, tandis que les pelotons FELLER et COURTIVRON tiennent des points d'appuis à MORSCHWILLER et à l'Est de MULHOUSE, le peloton JORDAN repart le 27 en direction du Pont d'ASPACH pour couper la route de retraite à l'ennemi et refermer la nasse. L'opération est terminée le 29 et tout l'Escadron se retrouve à MULHOUSE, où il participe à la défense de la ville.
Le 3 Décembre, les pelotons JORDAN et FELLER sont mis à la disposition du C.C.2, tandis que le peloton COURTIVRON est prêté à la 4e D.M.M. Il restera détaché auprès de cette Division jusqu'au 22 Décembre, se livrant méthodiquement et sur ordre à la destruction des cheminées qui, sur l'autre rive de la DOLLER, peuvent servir d'observatoires à l'ennemi.
Ce passe-temps peu discret est parfois suivi d'une verte riposte, mais en général tout se passe bien.
Les pelotons détachés auprès du C.C. 2 étudient des contre-attaques éventuelles sur les débouchés de la forêt de la HARDT. Le 14 Décembre, ils sont de retour au C.C. 1 où ils continuent leurs missions à RIXHEIM et RIEDISHEIM.
Le 22 Décembre, le C.C. 1 passe en réserve de Corps d'Armée et, regroupé dans la région Est et Nord-Est d'ALTKIRCH, doit se tenir prêt à effectuer diverses contre-attaques en cas de retour offensif de l'ennemi. Les délais très courts qui lui sont fixés imposent le maintien des groupements tactiques. Cette mesure présente l'inconvénient de dissocier l'Escadron, de rendre difficiles les opérations de dépannage et d'entretien et illusoires les réparations. Cette mesure s'est avérée néfaste pour le matériel qui n'a pas pu recevoir les soins indispensables.
Pendant cette période, quelques remaniements dans l'encadrement de l'Escadron.
L'Adjudant-Chef MOLIERE, nommé Sous-Lieutenant, quitte l'Escadron, il est remplacé au Commandement du P.H.R. par l'Adjudant HOFFMANN qui vient d'être nommé à ce grade.
Le peloton JORDAN reçoit comme Adjoint le Sous-Lieutenant BAYLE qui, évadé par l'Espagne et s'ennuyant dans un dépôt, a réussi à se faire détacher comme "stagiaire" dans une Unité combattante.
L'Aspirant GELT, sorti tout neuf de CHERCHELL, est placé en doublure du Sous-Lieutenant de COURTIVRON.
Le peloton FELLER est sans changement.
Le rude hiver alsacien fait sentir ses attaques, neige et gel nous obligent à nous défendre et à protéger notre matériel contre les atteintes du froid.
De plus, l'ordre de nous retrancher dans nos cantonnements est arrivé : fils de fers barbelés, pose de mines, préparation de destructions sont en bonne voie. Mais le 20 Janvier 1945, une préparation d'artillerie de trente minutes donne le signal d'une nouvelle période offensive, celle qui aboutira à la libération totale du sol de France.
La bataille pour la réduction de la poche de COLMAR est donc engagée.
L'ennemi n'a pas abandonné l'espoir de se cramponner en ALSACE. Ses attaques incessantes menacent STRASBOURG. Accroché aux VOSGES, il semble vouloir continuer sur ces positions une lutte épuisante.
Par une attaque de tous les éléments, le Général cdt l'Armée Française veut en finir avec l'ennemi. C'est le secteur Sud qui commencera l'attaque.
Le C.C. 1 est mis à la disposition de la 9e Division d'Infanterie Coloniale qui, débouchant de MULHOUSE, attaque en direction d'ENSISHEIM ; sa limite droite (Est) borde l'ILL, sa gauche passe par la lisière Est de la forêt de Nonnenbruch.
La base de départ est la DOLLER qu'il faut franchir de vive force pour prendre pied dans la banlieue ouvrière de MULHOUSE.
L'opération se déclenche le 20 Janvier au matin ; la surprise est complète. La DOLLER est franchie, le Génie travaille pour assurer la construction de ponts ; LUTTERBACH - BOURTZWILLER - ILLZACH tombent entre nos mains. Le C.C. 1 passe sur la rive Nord de la DOLLER, le peloton JORDAN avec le groupement DUROSOY s'établit à BOURTZWILLER. Le 22 Janvier, au cours d'une reconnaissance, le Sous-Lieutenant BAYLE est tué par un tireur isolé, le peloton perd en lui un chef de valeur.
Le peloton de COURTIVRON avec le groupement DORE (2e Cuirassiers) est poussé sur ILLZACH.
Le peloton FELLER, avec le groupement VALIN, est le 23 au soir à RICHWILLER.
COMBATS DE MEYERSHOF (23/24 Janvier 1945)
Dans l'après-midi du 23 Janvier, une Compagnie d'Infanterie, un peloton de chars, un peloton de T.D. reçoivent l'ordre de s'emparer de MEYERSHOF : usine et dépôt de munitions importants situés à 1 500 mètres Nord de RICHWILLER.
C'est le peloton JORDAN qui participe à cette action qui, déclenchée vers 15 heures, donne des résultats partiels, car la nuit tombe avant que le nettoyage de cette agglomération puisse être achevé.
La Compagnie d'Infanterie étroitement au contact s'installe défensivement pour la nuit. Les pelotons de T.D. et de chars reçoivent l'ordre de se maintenir dans le point d'appui, car la situation est loin d'être claire ; au cours de la nuit du 23 au 24, une patrouille capture un prisonnier et annonce, pour les premières heures de la matinée, une violente contre-attaque avec l'appui de chars sur le point d'appui de MEYERSHOF et sur la cité RICHWILLER, et la contre-attaque prévue se déclenche simultanément sur les deux points.
Celle qui a pour objectif MEYERSHOF est appuyée par 3 Jagdpanthers, de nombreuses A.M. et une Infanterie portée sur engins tous terrains accompagne les chars.
Le T.D. du M.D.L. RUIZ va se trouver seul pour recevoir cette avalanche, il appelle à l'aide ; le Lieutenant JORDAN prend place à bord du "Mulhouse" et se porte au-devant de l'ennemi. Son T.D. pris à partie est touché dans sa soute à munitions, il saute et tout l'équipage, sauf le conducteur est tué à son poste.
Mais de RICHWILLER, le peloton FELLER a vu la menace, il se livre à un tir précis sur les engins ennemis. Ce tir trop lointain ne peut arriver à perforer l'énorme carapace des chars ennemis, mais il agace considérablement ces monstrueux engins qui, pour faire face à cette menace, changent leur direction de marche et se présentent de flanc devant le T.D. "Strasbourg" arrivé à la rescousse. Ouvrant le feu à moins de 150 mètres, il surprend et décime l'ennemi qui se retire en abandonnant sur le terrain son matériel en flammes. Le point d'appui de MEYERSHOF est sauvé. Au cours des opérations de nettoyage, le Commandant allemand qui dirigeait la contre-attaque est fait prisonnier ; au cours de l'interrogatoire, il donne comme raison de son échec le tir meurtrier et précis de nos armes anti-chars.
Avec le Lieutenant JORDAN disparaît une des figures les plus marquantes de l'Escadron, auquel depuis 1942 il avait donné le meilleur de lui-même. Après avoir vaillamment combattu pendant les opérations de 39/40, il s'était à nouveau couvert de gloire pendant les opérations qui aboutirent à la prise de BEAUNE, de DIJON et d'ALTKIRCH. Son dernier combat est encore une victoire qui couronne un acte splendide de camaraderie de combat.
Son peloton, très éprouvé par la perte de son Chef, est immédiatement pris en main par l'Adjudant-Chef BRILLAULT, il termine le combat sous ses ordres et tient le point d'appui jusqu'à l'arrivée de l'ordre de relève.
COMBATS POUR CITE ANNA (25 Janvier 1945)
Le répit sera de brève durée, car le 24 Janvier à 23 heures, l'Escadron reçoit l'ordre d'appuyer avec deux pelotons l'action du 23e R.I.C. sur Cité ANNA, Cité FERNAND, Puits ANNA.
Le début de l'attaque a lieu à 6 heures, dans une tempête de neige et sur un terrain miné où les reconnaissances d'objectifs n'ont pu être effectuées à cause de l'obscurité.
Les chars et T.D. ne peuvent déboucher qu'au jour, leur apparition déchaîne un déluge de feu. Le tir d'artillerie se poursuit impitoyablement toute la journée causant des graves avaries au matériel et faisant de nombreux blessés. Le Sous-Lieutenant de COURTIVRON est atteint dès le début de l'opération, le commandement du peloton est assuré par l'Aspirant GELI. En fin de soirée, nous avons cependant pris l'ascendant sur l'ennemi, Cité ANNA est entre nos mains, mais l'ennemi tout proche continue à tenir ferme.
Après cette journée bien remplie, les pelotons GELI et BRILLAULT sont relevés et viennent se reconstituer à PFASTATT.
Le peloton FELLER, poussé sur Cité AMELIE II, est contre-attaqué mais réussit à maintenir les positions acquises.
REMANIEMENT DE L'ESCADRON
Par suite des pertes en personnel et des indisponibilités du matériel maltraité par les tirs d'artillerie, il n'est plus possible de mettre en ligne 3 pelotons.
Les dispositions suivantes sont prises :
- l'Aspirant GELI et l'Adjudant-Chef BRILLAULT passent en réserve de commandement.
- l'Aspirant CORDONNIER prend le commandement d'un peloton constitué par le personnel et le matériel des anciens pelotons JORDAN et COURTIVRON.
Le Sous-Lieutenant FELLER conserve le commandement de son peloton.
Le personnel et le matériel en excédent est groupé à MULHOUSE sous les ordres de l'Adjudant HOFFMANN et servira de réserve.
Sous cette forme, l'Escadron va aborder une nouvelle période d'opérations.
OPÉRATIONS du 27 Janvier au 8 Février
Dans le cadre des opérations de la 9e D.I.C., le peloton CORDONNIER attaque Cité KUHLMANN le 27 Janvier ; dure journée car l'ennemi se cramponne dans toutes les Usines et les Cités ouvrières.
Le 30 Janvier, nouveau départ sur l'axe : Cité ANNA - SCHOENENSTEINBACH - PULVERSHEIM, puis ENSISHEIM
Le peloton FELLER arrive en fin de soirée au Château de HOHROENDECHUBEL et s'y installe en point d'appui. Il tiendra ce point d'appui jusqu'au 2 Février au soir.
Le 3 Février, l'attaque du C.C. 1 se déclenche en partant de Cité SAINTE-BARBE en vue de mettre la main sur Cité SAINTE-THERESE et le passage de l'ILL à ENSISHEIM.
La Cité SAINTE-THERESE est occupée après un combat de nuit. Jusqu'au 5 Février, le peloton CORDONNIER fournira des feux sur ENSISHEIM qui, attaqué dans la nuit du 5 au 6, tombe entre nos mains. Les moyens de franchissement de l'ILL en crue sont longs à mettre en place, ce retard ralentit la poursuite, les destructions des passages sur le Canal du RHONE au RHIN y ajoutent leurs difficultés.
Le 9 Février, la campagne d'ALSACE est terminée, l'ennemi est chassé de FRANCE. Une première partie de l'épopée prend fin.
Le bilan des pertes est lourd pour l'Unité :
- 2 Officiers et 9 Chasseurs ont trouvé la mort sur cette terre doublement chérie.
- 18 blessés (dont 1 Officier) sont dans les hôpitaux, beaucoup reprendront leur place à l'Escadron avant le rush final.
- 1 T.D. a été détruit au combat, un autre a dû être évacué vers l'arrière.
Le matériel se ressent des efforts accomplis dans des conditions difficiles.
Mais les pertes infligées à l'ennemi, tant à ALTKIRCH qu'à MEYERSHOF, nous consolent de nos peines.
Une période de repos va s'ouvrir, nous en profiterons pour remettre de l'ordre dans tous les domaines.
PERIODE DE REPOS EN ALSACE
Du 11 Février au 18 Avril, l'Escadron est au repos en ALSACE, il cantonne successivement à FELDBACH, HIRSINGUE, puis EBERSHEIM.
Les pelotons remaniés sont commandés respectivement :
- le premier peloton par le Lt BOURGEOT, auquel est adjoint l'Aspirant CAZALIS,
- le deuxième peloton par l'Aspirant GELI,
- le troisième peloton par le S/Lieutenant CORDONNIER.
Seul le premier peloton est à quatre T.D., les deux autres sont, par suite d'indisponibilités du matériel, réduits à trois appareils.
Les tirs sur les casemates de la ligne Siegfried, en bordure du RHIN, maintiennent l'esprit guerrier que l'accueil charmant de la population alsacienne risquerait d'émousser.
Déjà, des éléments de la Division sont lancés dans la bagarre en ALLEMAGNE. Le Régiment a déjà deux Escadrons engagés avec les C.C.2 et C.C.3 ; nous sommes impatients de traverser le RHIN et de marquer sur les routes allemandes l'empreinte de nos chars.
OPERATIONS EN ALLEMAGNE
PASSAGE DU RHIN
Le 18 Avril, l'ordre tant attendu est arrivé.
Partant d'EBERSHEIM (10 km N. de SELESTAT), tout l'Escadron traverse STRASBOURG ensommeillé et, par HAGUENAU, gagne ROPPENHEIM (5 km Sud de SELTZ) où s'effectue la traversée du RHIN.
Le pont de bateaux est de faible débit, notre impatience est grande, il en résulte un embouteillage qu'une aviation allemande eût pu transformer en catastrophe.
Mais tout se passe bien et, à peine de l'autre côté du RHIN, les pelotons de T.D. éclatent dans les trois groupements
- le peloton BOURGEOT avec le groupement VALIN
- le peloton GELI avec le groupement DUROSOY
- le peloton CORDONNIER avec le groupement DORE
partageront leur sort pendant toutes les opérations.
Sans s'épuiser dans des luttes fatigantes, le C.C. 1 a la chance d'entreprendre d'entrée l'exploitation.
FRANCHISSEMENT DU NECKAR
Dès le 19 Avril, le peloton BOURGEOT intervient par ses tirs et permet au groupement VALIN de prendre pied sur l'autre rive du NECKAR, à HORB.
Il ouvre ainsi la brèche par où s'engouffre le C.C. 1 tandis que le peloton GELI manœuvre pour mettre la main sur les passages du NECKAR à DETTINGEN.
LE DANUBE
La progression continue malgré les obstacles opposés par l'ennemi, car rien ne peut arrêter l'élan de nos troupes déchaînées.
Progressant de jour et de nuit, le peloton BOURGEOT, avec le groupement VALIN, atteint le DANUBE à MULHEIM le 21 Avril à 11 heures et établit une solide tête de pont.
Le lendemain à 11 heures, le même peloton entrait à SIGMARINGEN.
LA MARCHE SUR ULM
Le nom seul de ULM suffit à donner à la marche des divers éléments lancés dans la poursuite une allure d'épopée.
C'est le peloton CORDONNIER qui, avec le groupement DORE, aura l'honneur de représenter l'Escadron dans ce fait d'armes auquel il apporte sa part personnelle en
surprenant le 23, vers 10 heures, dans la région d'UNLINGEN, une forte colonne ennemie dont il incendiait les chars et un canon de 88 et décimait le personnel.
A 20h30 ce même jour, il atteignait les premières maisons de ULM.
Dans cette avance rapide, nous nous sommes enfoncés en pays ennemi, laissant derrière nous un village vite refermé, car nos Unités blindées ne sont pas suivies d'assez près par des Unités d'infanterie. Cela vaut à nos ravitailleurs des heures pénibles.
En effet, l'Escadron est parti avec un lourd handicap ; les camions qui lui ont été prêtés depuis l'embarquement lui ont été retirés la veille du départ pour l'ALLEMAGNE, il ne lui reste pour assurer son ravitaillement en carburant qu'un camion capable de transporter tout au plus le carburant nécessaire pour permettre un déplacement de 80 km. Mais le rythme de la poursuite est tellement ardent que les étapes moyennes sont de l'ordre de 100 km.
Les véhicules pris à l'ennemi nous assurent le tonnage nécessaire, mais ce carburant, il faut aller le chercher très loin, traverser une zone où l'ennemi s'est refermé, et chaque convoi de ravitaillement court le risque d'être intercepté.
Tenant les passages sur le DANUBE, il faut nettoyer la région comprise entre le Fleuve au Nord et la route UNLINGEN - SAUGGART - UNTERSTADEIM - ROTTENACKER.
Le 26 Avril, les opérations de nettoyage permettent au peloton BOURGEOT de capturer un groupe d'artillerie hippomobile qui se rend au complet le 26 Avril, tandis que le groupe de commandement fait deux cents prisonniers.
MARCHE VERS L'AUTRICHE
Le 27 Avril, la nouvelle direction d'efforts est assignée au C.C. 1 qui, vers le Sud en direction de WALDSEE - ISNY - IMMENSTADT. ISNY est occupé le 28.
OBERSTAUFEN - IMMENSTADT et AACH le 30.
La frontière autrichienne est atteinte.
Des opérations de nettoyage se poursuivent sans arrêt jusqu'au 2 Mai, date à laquelle le C.C. 1 est relevé de sa mission et se regroupe dans la région de OBERSTADEIM.
CONCLUSION
L'épopée commencée au Golfe de la NARTELLE prend fin aux contreforts du TYROL. La FRANCE est libérée, l'ALSACE retrouvée. Un élan vainqueur nous a conduit sur le NECKAR et le DANUBE.
ULM a vu reparaître des Régiments français.
La défaite de 1940 est vengée.
La victoire n'a pas été acquise sans lutte ; de durs combats ont dû être livrés et le courage et l'abnégation de tous ont été nécessaires. Beaucoup d'entre nous sont tombés en route ; par leur sacrifice total, ils ont soutenu nos cœurs jusqu'à la victoire finale. Rendons-leur l'hommage dû à leur courage.
 

3e ESCADRON DU 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

Généralités
Le 3/9 R.C.A., après avoir participé brillamment à la campagne de Tunisie, regagne MASCARA au début de Mars 1943. Il est aussitôt recomplété en personnel et perçoit matériel, équipements, armement américains. Le Régiment fait partie de la 1ère Division Blindée et va parfaire son instruction et son entraînement au camp américain de SEBDOU, T.D. Training Center of the Vth Army. Le Général JUIN, au cours d'une inspection, laisse entrevoir pour la 1ère D.B. une participation active aux opérations d'Italie. Cadres et troupe sont "gonflés à bloc".
L'attente
Les jours, les semaines, les mois passent, rien ne survient pour confirmer la promesse du Commandant en Chef. L'Armée B, sous les ordres du Général de LATTRE de TASSIGNY, est créée, les opérations d'Italie se déroulent sans nous. L'instruction et l'entraînement sont poussés à fond ; le débarquement du 6 Juin 1944 nous surprend en pleine manœuvre, la nouvelle nous arrache des larmes de joie. Tous espèrent une intervention prochaine sur le sol de FRANCE, aux côtés de nos alliés.
Les "Stagins Aréas" (Juin 1944 - 7 Août 1944)
Toute la Division va s'entasser à ASSI-BEN-OKBA, près d'ORAN. Le séjour aux Aréas, qui ressemblent à s'y méprendre à un camp de travaux forcés, eau rare, puces légion, va durer plus de deux mois. Le moral est très mauvais, le désespoir gagne les mieux trempés. Début Août, le Général du VIGIER nous annonce la fin de notre inhumain séjour. Les CC 1 et 2, l'E.M. de la 1ère D.B. reçoivent l'ordre préparatoire à l'embarquement.
Les véhicules sont waterproofés, les T.D. prennent l'aspect de monstres préhistoriques, la joie est intense.
L'embarquement.
Le 7 Août, nous disons adieu, sans le moindre regret, à ces Aréas maudites et nous embarquons. Le P.C. et le 1er Peloton sont à bord du "CROSSY NOYES", le 2e
Peloton sur le "JAMES PARKER", le 3e Peloton sur le "KINGS WOOSLEY". Nous reprenons contact avec la vie civilisée, douches bienfaisantes, consommations et nourritures de choix, cigarettes, bonbons à profusion, une vie de coq en pâte.
Le 11 Août, l'immense convoi s'élance vers le large, salué par les hourras des parents et amis qui accompagnent de leurs vœux l'Armée de la libération.
La traversée est particulièrement calme. La mer est d'huile.
Le 14 Août, les côtes de CORSE sont en vue et le 15 au matin, la terre de FRANCE s'offre à nos yeux ravis. Minute inoubliable qui efface toutes les peines, toutes les angoisses, la voie est droite ; chasser l'Allemand exécré du sol de la Mère Patrie.
La Campagne de France
Le CC 1 débarque rapidement de ses LST ; il est aussitôt en pleine mêlée victorieuse. Le CC 2, auquel l'Escadron appartient, débarque trop lentement à notre gré. Ses véhicules chargés sur des Liberty Ship nécessitent des manœuvres nombreuses et habiles. Le 22 Août, l'Escadron est rassemblé après avoir salué les bateaux familiers, il s'ébranle dans le grondement de ses puissants moteurs.
a) en Provence
Une marche triomphale nous conduit à AVIGNON par GARDANNE et SALON. La population est délirante. L'ennemi n'engage pas ses chars, les T.D. reçoivent des missions de sécurité.
Le 26 Août, l'Escadron assiste à l'arrivée du Général de LATTRE à AVIGNON ; il est accompagné de notre Chef, le Général du VIGIER.
Le 27 Août, le franchissement du Rhône est entrepris, cette opération délicate va durer 48 heures. De nombreuses difficultés sont surmontées à force d'ingéniosité, de patience et de bonne humeur.
b) La remontée du couloir Saône-Rhône
Après une pointe rapide sur ALES, l'Escadron se porte rapidement dans la région lyonnaise, il traverse PREVENCHERES, PLANFOY, SAINT-ETIENNE sans rencontrer d'ennemis. L'accueil reçu de nos compatriotes est inoubliable.
c) La libération de VILLEFRANCHE
Dans la nuit du 2 au 3 Septembre, le Capitaine GIRAUD reçoit la mission de s'emparer du pont de VILLEFRANCHE-sur-SAONE. Il dispose :
- de son P.C.
- du Peloton A.M. SAUVEBOEUF 2e RSAR
- du Peloton TD JURION 9e RCA
- d'une section de Génie
Le détachement fait irruption dans la ville et met la main sur le pont. L'ennemi est abasourdi. Cependant, il regroupe ses forces au Lycée et une lutte impitoyable s'engage. Un T.D. est incendié. Surestimant nos forces, l'ennemi capitule dans l'après-midi. Une colonne de secours est bloquée au Sud de la ville, son chef se voyant coupé de ses arrières se rend après de nombreux atermoiements.
Le bilan est le suivant :
ENNEMI : 1 Colonel, soixante officiers, trois mille hommes prisonniers
1 douzaine de canons, une trentaine de véhicules capturés
AMI : 4 morts, 5 blessés
1 T.D. incendié
Le même jour, le Peloton LEGER qui participait à une action similaire sur le pont ANSE - ST-BRIGNAND a eu deux T.D. détruits par 88 P. A. K.
d) Capture d'un train blindé à SAINT-BERAIN
L'Escadron quitte VILLEFRANCHE le 4, il gagne CLUNY, CHAGNY BULLY où le 3e Peloton donne vainement la chasse à un char Tiger.
Le 7 Septembre, le 3e Peloton est en flanc garde à SAINT-BERAIN ; il aperçoit sur la voie ferrée un train blindé. (T.D. BOURGOGNE, T.D. BRETAGNE)
"Le feu est aussitôt ouvert sur la locomotive, vite endommagée, et sur les tourelles de 105 Les occupants se ressaisissent rapidement et attaquent le village en force à dix contre un. Heureusement, le 1er Peloton arrive en renfort, et l'ennemi se replie en désordre. Cinq trains de marchandises, chargés de denrées pillées par l'ennemi, viennent se faire capturer dans la soirée.
BILAN ENNEMI : un train blindé
cinq trains de marchandises capturés
AMI : un mort (Chef de char du T.D. ARDENNES)
e) La course aux Vosges
La marche libératrice se poursuit par COHREAUX, FOUCHANGE.
Le 13 Septembre, l'Escadron défile à DIJON, libéré par le C.C. 1. Le 15, il est à POINCON où, en collaboration avec une Compagnie de Zouaves portés du 1er Zouaves, il capture un Général et trois cents Allemands.
Le Capitaine GIRAUD reçoit la croix à DIJON, honneur partagé par tout l'Escadron. Le 15 Septembre, il cantonne à COMBEAUFONTAINE. L'essence et le fuel n'arrivent plus, les unités se déplacent trop vite. Le manque de carburant va permettre à l'ennemi de se rameuter, de s'installer dans les Vosges. Il sera aidé par des pluies abondantes qui condamneront les blindés à se déplacer sur les routes, leur interdisant toute manœuvre.
f) Campagne des Vosges (20 Septembre - 25 Octobre)
L'Escadron va participer à une série d'actions peu spectaculaires au cours desquelles l'ennemi résistera avec opiniâtreté.
g) Combats de la Région de Lure (20 Septembre - 30 Septembre)
L'Escadron détache, un petit élément à la VERRERIE pour y appuyer les portes. L'ennemi résiste farouchement et son artillerie effectue de nombreux harcèlements. La pluie persiste, la boue fait chaque jour des progrès marqués.
L'Escadron est regroupé le 25 à la VERRERIE dans le but de parer à une contre-attaque blindée qui viserait à dégager MAGNY D'ANIGON et CLAIREGOUTTE.
Le 27, l'Escadron demeure en soutien des forces qui attaquent le magnifique observatoire constitué par la Chapelle de RONCHAMP. Les blindés ennemis ne réagissent pas dans le secteur, ils sont occupés plus au Sud.
Le 28, l'Escadron gagne la NEUVELLE, ce village, dégagé par nos progrès dans les bois de MT-VANES, devient cantonnement de repos lorsque le 3e Peloton quitte ses positions de MONNIERE.
h) Période de repos (1 au 8 Octobre)
Le personnel prend un repos bien gagné. Les cheveux sont coupés, les effets nettoyés. Le Colonel de LABARTHE rend visite à l'Escadron et admire les trophées conquis à VILLEFRANCHE et à SAINT-BERAIN.
Activement, on poursuit la remise en état du matériel littéralement enrobé d'une boue tenace. Le moral est excellent.
i) Château-Lambert (9 Octobre - 21 Octobre)
Le 9 Octobre, à 6 heures, l'Escadron se porte au Col du Mt de FOURCHE. La route recouverte de boue est très glissante. Arrivé au point de destination, l'Escadron s'installe sur des positions d'où il effectuera des tirs indirects. Tous pestent contre ce travail d'artilleurs.
Le 11 Octobre, le 2e Peloton est poussé sur la route de CHATEAU-LAMBERT pour prendre à partie des automoteurs qui gênent notre infanterie. Le terrain condamne ce Peloton à combattre à pied. Impossibilité pour les véhicules de quitter les routes, vues insuffisantes.
Les autres groupes de protection viennent renforcer le Peloton. L'ennemi exécute sans répit des tirs de minens. Du 19 au 20 Octobre, le 2e Peloton aura deux tués, cinq blessés.
Le 20, le 1er Peloton relève le 2e Peloton qui gagne LA ROCHE où il s'installe en position de tir indirect avec le 3e Peloton qui bataille pendant trente six heures pour arracher son matériel à la boue. Le TD "BERRY" ne pourra rejoindre, car un de ses embrayages lâche dans la lutte contre la boue.
j) Vallée de la Moselle (22 Octobre - 28 Octobre)
Le 3e Peloton va s'établir en anti-char dans le village de l'Etraye ; il y subit de nombreux tirs de minens et de gros mortiers. Il appuie de ses feux une attaque amie, visant à donner de l'air au village.
Les groupes de protection des 2e et 3e Pelotons relèvent un peloton du 4/9 à RAMONCHAMP. Ils connaissent également de nombreux tirs de minens.
Cette situation prend fin le 25 Octobre ; l'Escadron est relevé par l'Escadron FRAPPA du 8e R.C.A.
k) Cantonnement de repos
L'Escadron séjourne successivement à FRANOULD, DOMMARTIN, où il demeure alertable sur préavis de quelques heures. Il descend au repos avec le C.C. 2 dans la région de VESOUL ; il cantonne à VEZET, COMBERJON, PUSEY où a lieu la prise d'armes du 11 Novembre. Le Colonel de LABARTHE, commandant le 9e R.C.A., remet plusieurs décorations. A l'issue de la prise d'armes et du défilé, un vin d'honneur est offert par la Municipalité aux Officiers présents. Le 12 Novembre, l'Escadron reprend sa place au C.C. 2 ; il rejoint VEZET, l'ordre de se tenir en état d'alerte le touche dans la nuit et, le 14, il part pour LANDRESSE, la neige tombe à gros flocons. Il demeure alerté jusqu'au 17 et il se porte sur HERIMONCOURT où il s'installe en halte gardée.
l) La marche sur Mulhouse et le Rhin (18 Novembre - 12 Décembre)
L'attaque lancée par la 1ère Armée a complètement surpris l'ennemi, les blindés vont foncer à toute vitesse sur les routes du SUNDGAU et porter nos couleurs sur le Rhin.
L'Escadron va encore être écartelé dans plusieurs groupements blindés formés par le C.C. 2.
Le 18, à BEAUCOURT, les 1er et 2e Pelotons effectuent des tirs indirects sur les axes utilisés par l'ennemi. Le 2e Peloton participe à la prise de GRANDVILLARS sur le Canal du Rhône au Rhin. L'armée est soulevée d'enthousiasme au grand détriment de la circulation. Tous les véhicules semblent s'être donnés rendez-vous sur le Rhin, aucune règle n'est respectée, il en résulte des embouteillages effroyables.
Si l'ennemi disposait de quelques bombardiers, il en résulterait une catastrophe sans précédent.
Péniblement, l'Escadron se regroupe à GRANDVILLARS pour éclater aussitôt. Des chars et des automoteurs ennemis sont signalés, les T.D. vont avoir du travail. La marche en avant reprend sur WALDIGHOFFEN, DURMENACH, ROPPENTZWILLER.
Le 23 Novembre, le 3e Peloton est à la disposition des postes à l'lle Napoléon, les autres éléments de l'Escadron sont à BRUEBACH.
Le 24, l'Ile de France du 2e Peloton détruit un char ennemi auquel il met le feu.
Les pelotons vont de point d'appui en point d'appui, partout où la menace blindée se manifeste. En forêt de la Hardt, les éclats d'obus nous mettent quelques chasseurs hors de combat.
Fin Novembre, la résistance ennemie se raidit, il n'a pas réussi à couper la D.B.de ses arrières, il veut néanmoins la stopper, il lance constamment des contre-attaques menées par une Infanterie animée d'un mordant exceptionnel, soutenue par des blindés agressifs et puissants.
Le 1er Décembre, un groupe du 1er Peloton est à GRÜNHUTTE en forêt de la Hardt, le 2e groupe est en position au Nord du Pont du Bouc, le 3e Peloton est à RIEDISHEIM.
Des heures angoissantes se préparent.
a) GRÜNHUTTE
Les éléments d'infanterie sont insuffisants, les blindés occupent le terrain avec tout ce que cela peut comporter d'aléas.
Dans la journée du 2, le point d'appui de GRÜNHUTTE est encerclé par des troupes nombreuses et actives. Les tentatives menées pour rompre l'étreinte demeurent toutes infructueuses.
Un peu avant la nuit, l'artillerie amie déclenche un tir massue tout autour du point d'appui. Dès la fin du tir, le détachement s'élance pour regagner la ligne amie. Les axes sont tenus par l'ennemi, il faut se frayer un chemin dans les sapins avec les chars et les T.D. Les jeeps bientôt doivent être mises hors d'usage après avoir brisé les postes radios. Derrière les chars, les arbres se redressent et forment une barrière impraticable aux véhicules à roues. L'ennemi harcèle le détachement de toutes parts. Une volonté farouche anime les gars des blindés. Un des T.D. du Peloton, l'ARDENNES, qui a ses réservoirs crevés, doit être remorqué. Sur les plates-formes des T.D., de nombreux fantassins portés, dont certains sont grièvement blessés. Le détachement très éprouvé est enfin recueilli à la nuit par des éléments amis.
Le peloton a eu : quatre blessés
cinq jeeps détruites
un T.D. indisponible pour 8 jours
b) PONT DU BOUC
Le Peloton JURION est en position au Nord du Pont du Bouc, il est à la disposition d'une Compagnie de Tirailleurs de la 4e D.M.M.
En raison du harcèlement incessant de l'artillerie ennemie, il a renvoyé ses véhicules à roues vers l'arrière, à l'exception de la jeep de commandement de l'officier de peloton.
La mission est d'interdire les layons aux chars ennemis. C'est une mission anti-char de jour. Le 2 au soir, une patrouille ennemie vient au contact et se replie rapidement. Redoutant un coup de main nocturne contre ses T.D., le Lieutenant JURION demande l'autorisation de faire repasser le canal à ses T.D. pour la nuit. Il essuie un refus. En conséquence, il place sa protection sur le terrain de telle sorte qu'elle puisse alerter en cas d'arrivée de patrouilles ennemies. La nuit se passe calmement lorsque, à cinq heures, un violent tir d'artillerie tombe sur la position. Le tir est à peine levé que l'infanterie se précipite à l'assaut des engins blindés. Les fantassins ennemis surgissent de partout, on n'y voit goutte, la mêlée est confuse. Le Lieutenant JURION s'efforce de rameuter son peloton au pont qu'il importe de défendre coûte que coûte. Il dispose tous les éléments disponibles appuyés par un T.D. l'ALSACE en demi-cercle en avant du pont. Le Peloton des BRUNES arrive en renfort avec ses quatre T.D. et sa protection. Le jour se lève sur cette tragédie douloureuse.
Les deux officiers s'emploient à réorganiser leur position. Au cours d'une reconnaissance, le Lieutenant JURION est mortellement blessé par un sniper ; il rend sa belle âme de chef et de héros dans les bras de son ami, le Lieutenant des BRUNES. Le 2e Peloton a perdu :
- son chef
- cinq chasseurs
Il a en outre :
- onze prisonniers
- huit blessés
Au point de vue matériel, il a eu :
- trois T.D. détruits ou capturés
- un half track capturé
- une jeep capturée
Tout l'Escadron est atterré, la mort du Lieutenant en premier, les pertes du 1er et du 2e Pelotons sont cruellement ressenties à tous les échelons. Le 6 Décembre ont lieu au cimetière militaire de MULHOUSE les funérailles du Lieutenant JURION. Le meilleur d'entre nous n'est plus.
A tour de rôle, le 1er et le 3e Pelotons tiennent des positions à RIXHEIM où ils subissent des tirs de minens et d'artillerie sans éprouver de pertes.
Le 13 Décembre, l'Escadron est regroupé à MULHOUSE. Il y reçoit le Lieutenant BERTON qui est affecté au 2e Peloton. L'Escadron cantonne successivement à HIRSINGUE, STRUETH, UBERSTRASS, fournissant souvent des patrouilles qui recherchent des parachutistes ennemis.
Le 27 Décembre, au cours d'une prise d'armes, le Colonel LEHR, qui a remplacé le Colonel KIENTS à la tête du C.C. 2, remet des décorations.
Le 30 Décembre, l'Aspirant NICOL est affecté à l'Escadron, il remplira les fonctions d'adjoint au peloton des BRUNES.
L'Escadron se remet en état, il reçoit un renfort en personnel, entre autres l'Aspirant VITALI du 4e Cuirassiers, il touche également un peu de matériel, ce qui permet de remettre sur pied deux pelotons de T.D.
La liquidation de la poche d'Alsace (19 Janvier 1945 - 8 Février)
L'attaque RUNDSTEDT a fait long feu, les armées alliées pénètrent en Allemagne. L'hiver est très dur, neige, verglas, température polaire, néanmoins, la 1ère Armée Française va de nouveau se lancer dans la mêlée. L'alerte est donnée le 19 Janvier.
Le 20, l'ennemi, complètement surpris, laisse de nombreux prisonniers dans nos mains, des officiers sont capturés en pyjama.
Dans la journée du 20, les pelotons sont mis à la disposition du groupement MENDITTE et le 21, l'Escadron est regroupé à l'asile de CERNAY (ex-quartier SS). Un tirailleur demande des T.D. pour aller secourir des éléments amis encerclés par des chars allemands à la CROISIERE. Le peloton LÉGER s'y porte rapidement, fausse alerte.
Le 22, au lever du jour, l'ennemi sonne l'asile avec ses minens et ses 88, plusieurs véhicules à roues subissent des dommages. Le peloton LÉGER reçoit comme mission de détruire l'observatoire ennemi. Il fait tirer 10 obus sur le clocher de CERNAY, les résultats observés sont excellents. L'ennemi nous expédie un tir de représailles d'une demi-heure, sans résultats.
Vers 16 heures, l'ennemi "remet ça" sans succès. Le 1er peloton se porte sur SCHWEIGHOUSE à la nuit.
Le 23, ce peloton et le P.C. gagnent REININGUE, il reste des mines enrobées dans la neige, l'ANJOU saute, dégâts insignifiants ; par contre, le camion essence a deux roues arrière volatilisées. Les dépanneurs le remettent en état, il rejoint dans la soirée. Les manutentionnaires n'ont pas réalisé.
Le 24, le 1er peloton prend part à l'attaque de CITE ELSE avec un escadron de chars moyens (Cne DUMESNIL). Un automoteur réussit à toucher le T.D.ALSACE, les dégâts sont insignifiants, mais le Sous-Lieutenant PARA D'ANGERT à pied, en avant du T.D., est très grièvement blessé.
Le 26, le 1er et le 3e pelotons participent à la conquête de la CITE AMELIE II. L'ennemi se bat magnifiquement. Les équipages souffrent du froid toujours très vif.
Les 28, 29, 30, les pelotons appuient l'infanterie amie, métier ingrat, l'ANJOU et l'ALSACE sont touchés par des obus et rendus momentanément indisponibles. Le dépannage est sans cesse sur les dents ; il accomplit dans des conditions d'inconfort inimaginables un travail de romain.
Le 1er Février, le 1er Peloton, très éprouvé physiquement, est relevé par le 2e Peloton dont le personnel est frais.
La résistance ennemie va s'affaiblir chaque jour, l'Escadron participe à la chute de CITE ROSALMEND, de BOLLWILLER et, avec l'occupation de GUNDOLSHEIM et de MUNVILLER, la 2e campagne d'Alsace se termine victorieusement.
Prélude à la campagne d'ALLEMAGNE (8 Février - 21 Mars)
L'Escadron cantonne à UBERSTRASS, MOERNACH, HIRTZBACH, il touche un peu de matériel, remet en état l'ancien, participe à des prises d'armes, poursuit son instruction.
Le 6 Mars, le Lieutenant GOUBET succède au Capitaine GIRAUD désigné comme instructeur à SAUMUR. Le départ de son Capitaine est un coup sans précédent pour l'escadron. Depuis 4 ans, le Capitaine GIRAUD commande cette unité. Beaucoup d'yeux laissent échapper des larmes ; tous les cœurs sont lourds.
La trêve est terminée, les T.D. vont effectuer des tirs sur les casemates ennemies de la rive droite du Rhin ; au retour d'une de ces missions, l'Escadron se porte vers STRASBOURG avec le C.C. 2, il doit travailler avec une D.I. en ALLEMAGNE.
La Campagne d'ALLEMAGNE (7 Avril - 3 Mai)
Le 5 Avril, à 10h30, l'Escadron franchit la frontière allemande à BERGZABERN et, le 6 au matin, il traverse le Rhin à MANNHEIM dans un décor dantesque. Alerté le 7, il se porte sur DURLACH, 4 kilomètres Est de KARLSRUHE et le 8, les blindés s'enfoncent en FORET NOIRE.
De durs combats se déroulent du 8 au 12 qui amènent l'occupation de BADEN-BADEN. Prise de SPIELBERG, ITTERSBACH, de MOOSBRONN, de PFAFFENROT, de GAGENAU, les T.D. font un travail excellent avec des pertes minimes : nombreux prisonniers, canons capturés, 88 détruits, un panzerjager capturé. Le moral est extraordinairement élevé, la joie générale. Les équipages magnifiquement dotés en accordéons et harmonicas se déplacent dans des flots de musique où l'harmonie est remplacée par la vigueur de l'exécution. Il règne un temps idéal, le printemps fleuri salue les vainqueurs. Avec une émotion rétrospective, nous évoquons souvent le printemps de 40 et la joie de la revanche vient effacer les mauvais souvenirs.
Du 12 au 17, le C.C. est souvent ralenti par des abattis nombreux et des destructions, il fait des centaines de prisonniers. L'Escadron coopère au nettoyage de la forêt, entre MURG et Plaine de BADE.
Les pelotons vont de la MURG à la Route des Crêtes, appuyant goumiers ou fantassins, de nombreux prisonniers sont encore capturés.
Le 18, traversée de FREUDENSTADT, la moitié de la ville est dévastée par de récents bombings, la marche sur le NECKAR et le DANUBE commence aussitôt. Les T.D., en réserve le 19 et le 20, sont mis à la disposition du groupement LABARTHE le 21, dans la journée TROSSINGEN, TUTTLINGEN, STOCKACH tombent, nous passons la nuit à 8 kilomètres du Lac de CONSTANCE.
Nous entrons dans la phase enivrante pour des cavaliers : l'exploitation. Le 22, la marche sur ULM est entreprise sans désemparer malgré des arrières peu sûrs, carburant, munitions, vivres suivent. Très souvent, les pleins sont faits en voltige.
Le 23, les T.D. mettent à mal un détachement ennemi, lui incendiant 5 camions et lui détruisant un canon de 20. Ils prennent à partie une colonne mixte auto-hippo, dans laquelle ils sèment la mort et la panique. Le 24, un détachement mixte AM-TD, après avoir ramassé une centaine de prisonniers, atteint PILLER à DITENHEIM, les trois ponts sautent. L'officier ennemi chargé de cette destruction est capturé, il était demeuré sur la rive gauche pour donner l'ordre de mise de feu dès notre arrivée.
Le 27, l'Escadron participe à la reprise d'OCHSENHAUSEN, réoccupé après notre rapide passage du 23. Il détruit un jumelage de 20 et rend les observatoires ennemis intenables. Le 28, la marche sur le "réduit" est éclairée par un détachement mixte scout-car-TD, l'ennemi n'en veut plus, partout il se rend.
Les villages de AITRACH, AICHSTETTEN, MUTMANSHOFEN sont occupés. Le 30, le groupement atteint OTTACKER, il stoppe au pied des pics tyroliens recouverts de neige. Des patrouilles ramassent encore des prisonniers dans les bois où ils se terrent. La neige se met de la partie.
La guerre européenne est terminée. Toutes les Armées nazies capitulent. Le suicide d'HITLER est diffusé sous toutes réserves par la radio. Les Allemands réagissent peu. Ils se montrent hospitaliers, courtois, et parfois d'une platitude révoltante.
 
4e ESCADRON du 9e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE
Pendant la campagne 1944-45

Le 4e Escadron du 9e Régiment de Chasseurs d'Afrique, après trois mois passés à l'Aréa 55 à Assi-Ben-Okba, s'embarque le 3 Septembre 1944 à ORAN, sur le L.S.T. 141.
Le convoi quitte MERS-EL-KEBIR le 5 Septembre et l'Escadron prend pied sur la terre française à ST-TROPEZ, le 9 Septembre, après une traversée tranquille.
Dès le lendemain, commencent les étapes qui, par la vallée du RHONE et de la SAONE, l'amènent d'abord à CRECHES S/SAONE.
Après un repos de 7 jours, pendant lesquels le matériel est revu, le 4e Escadron est mis à la disposition du C.C. 3 commandé par le Colonel CALDAIROU.
Le 24, cantonnement d'alerte à AMBLANS, pendant que le C.C. 3 monte une attaque pour prendre pied sur le plateau de VANNES au N.-E. de LURE.
Le 26, les 3 pelotons sont placés en D.C.B. à LA NEUVELLE aux Granges Guénins et à Montesseaux. Aucune réaction de l'ennemi.
Pendant ce temps, le C.C. 3 prend le Col de la CHEVESTRAIE, le 28, pour le perdre le lendemain à la suite d'une contre-attaque de blindés.
L'Escadron accourt et le 3e Peloton fait bouchon anti-chars à la sortie du Col. La mise en place a été agitée du fait de l'Artillerie allemande qui sonne à vue directe, la route de FRESSE à la CHEVESTRAIE.
Deux morts (GINGEMBRE et NEHAL), un blessé (le M. des L. BELGHIT).
Le lendemain 30, les Allemands essaient de percer avec des chars moyens, sur la route unique. Le char Pz IV de tête est immobilisé et détruit par le tir des T.D., malgré le brouillard. Les fantassins allemands qui s'infiltrent sont stoppés par les armes automatiques du Groupe de Protection commandé par le M.d.L. THOMAS. Mais le Sous-Lieutenant FORQUERAY, gravement blessé, est évacué ainsi que deux chefs de T.D. Un indigène est tué. L'adjudant FOURCHE prend le Cdt du 3e peloton.
Pendant ce temps, les deux autres pelotons font du tir indirect, puis le 2e peloton passe en D.C.B. au 3e R.C.A. à SERVANCE.
Le 3 Octobre, en vue d'une attaque sur le ballon de SERVANCE, l'Escadron se porte à l'ENCLOSE à 1 km de SERVANCE. Le 1er peloton est mis en D.C.B. sur la route de MIELLIN, et le 3e en réserve.
L'attaque échoue et les Unités restent sur leurs positions, l'Escadron étant à la disposition du Colonel GUIBERT (3e R.C.A.) commandant un groupement.
Le 13 Octobre, la 1ère D.I.M. vient nous relever et le C.C. 3 va au repos dans la région de QUERS (au Nord de LURE).
A CHAMPORY, deux heures après son arrivée, l'Escadron est mis à la disposition du Lt-Colonel de LABARTHE (9e R.C.A.) commandant un groupement à FERDRUPT, face au THILLOT. Le 1er Peloton et le 2e Peloton sont mis à la disposition des commandants des deux points d'appui (Nord et Sud de RAMONCHAMP). Le 3e peloton exécutera des tirs indirects. Deux pelotons sont donc employés en défense fixe et ne participent pas à l'attaque du 16, qui d'ailleurs échoue. Par contre, très bons résultats au tir indirect sur des rassemblements ennemis. Le 19, l'Escadron est rappelé par le C.C. 3 qui relève le C.C. 1 dans la région de CORNIMONT.
La relève s'effectue le 21. Le 1er Peloton est aux BARANGES, sortie Ouest de CORNIMONT, et le 3e peloton, commandé par l'Aspirant PLATEAU, est à TRAVEXIN. Le 2e peloton est mis à la disposition de l'Artillerie pour exécuter des tirs indirects. Le secteur est calme, jusqu'au 24, date à laquelle l'Escadron va au repos à ORMOICHE jusqu'au 14 Novembre et à VAROGNE jusqu'au 15 Novembre.
Le repos est employé à revoir le matériel et à l'entraînement des tireurs.
Le 15 Novembre, le C.C. 3 devant participer au nettoyage de la boucle du DOUBS, l'Escadron part pour VELLEVANS. Le 1er peloton et le 2e peloton sont mis à la disposition du Commandant ARFOUILLOUX (Zouave) et GARDY (2e R.C.A.) pour attaquer sur VOUGEAUCOURT et ESTOUVANS. L'attaque se poursuit les 16 et 17 Novembre. Les Allemands se sont repliés.
A 22h30, ordre de mouvement pour BLAMONT, à l'Est de PONT DE ROIDE.
Le 19, l'Escadron au complet passe à DELLE à 11h30 pour arriver à FELDBACH à la nuit. Un groupement de C.C. 3 ayant atteint le RHIN, à minuit, l'Escadron reçoit l'ordre d'aller occuper KEMBS (2e Peloton), BARTENHEIM (1er Peloton), SIERENTZ (3e Peloton).
A 4h30, le 20, après une marche (plein phares), ces points sont occupés, après quelques accrochages avec des retardataires allemands. Au jour, la population est émerveillée de voir des Français.
Relève par le R.I.C.M. dans la matinée. Le 2e Peloton, avec une Compagnie d'Infanterie, pousse jusqu'aux lisières de OTTMARSHEIM, au Nord de KEMBS. Mais, pris à partie par l'artillerie allemande en batterie à l'Est du RHIN, le 2e Peloton revient à PETIT-LANDAU.
Pendant ce temps, le C.C. 3 a pris MULHOUSE, où le 1er Peloton se distingue surtout au cours de l'attaque des casernes. Le Lieutenant HAU est blessé, c'est l'Aspirant PERRUCHE qui le remplace comme Chef du 1er Peloton. Le Chef BICHENDARITZ fait 483 prisonniers dans une caserne.
Le 3e peloton, contournant MULHOUSE par l'EST, s'installe au Nord de cette ville, à MODENHEIM, après avoir poussé une pointe jusqu'à BALDERSHEIM et aidé à repousser une contre-attaque allemande.
Le 22 Novembre, le train de combat réussit à venir de DELLE en longeant la frontière suisse, la route principale étant coupée par les Allemands.
Le lendemain, l'objectif du C.C. 3 est le Pont d'ASPACH et BURNHAUPT. Mais le 24, les Allemands ayant contre-attaqué de la HARDT en direction de RIXHEIM, le 4e Escadron se porte sur les hauteurs de RIEDISHEIM (au Sud de MULHOUSE). Les Allemands sont repoussés et le 25, la progression reprend de MORSCHWILLER vers HEIMSBRUNN. C'est le 1er peloton qui appuie l'attaque des Sherman, engagés sur une route unique. Le groupement est commandé par le Lt-Colonel de LABARTHE. Echec total devant les Jagpanther qui mettent en flammes 3 Sherman, 1 T.D. et un char léger. Les pertes de l'infanterie attaquant en terrain découvert sont lourdes. Le 1er peloton perd un char, 2 tués, 1 blessé. Le P.C. a deux blessés.
Le 2e Peloton, avec le Groupement du Colonel de LEPINAY, attaque sur GALFINGUE 1 T.D. casse une chaîne sur une mine. 1 blessé.
Le 3e Peloton flanc-garde, au Sud, le groupement LABARTHE et fait la liaison avec le groupement de LEPINAY.
Le 26, le dispositif est remanié, l'Adjudant LIMELETTE est tué au P.C., 1 conducteur blessé. HEIMSBRUNN tombe à midi grâce aux tirailleurs et au 1er Escadron du 9e R.C.A. Le 2e peloton qui a essuyé une grosse contre-attaque de nuit à GALFINGUE est relevé par le 3e. Il vient faire bouchon à HEIMSBRUNN, le 27, puis est mis en appui d'infanterie le 28 et, le 29, atteint Pont d'Aspach en même temps que le C.C.6 (Groupement DUROSOY). Un T.D. immobilise un char allemand que ceux-ci récupèrent la nuit. Le 1er Peloton était resté à HEIMSBRUNN pour assurer les arrières.
L'affaire de Pont d'Aspach a coûté 2 tués, 3 blessés et une jeep à l'Escadron. Le 29, l'Escadron est regroupé à SPECHBACH-LE-BAS où un gros travail de remise en état du matériel est nécessaire.
Le 8 Décembre, l'Escadron est en état d'alerte. La 2e D.I.M. attaque en direction de CERNAY et le C.C.3 doit exploiter la percée. Le 3e Peloton va à BURNHAUPT-LE-HAUT.
Le 11, l'Escadron est réparti en 3 points d'appui :
2e Peloton à ASPACH-LE-BAS
3e Peloton à SCHWEIGHOUSE
1er Peloton et P.C. au Pont d'Aspach
Situation inchangée jusqu'au 24. L'Escadron est relevé et prend cantonnement à AMMERTZWILLER. Il entre dans le système défensif de la DOLLER. Le Lt de BOUILLAS prend le commandement du 1er Peloton.
Jusqu'au 22, exécution de tirs indirects et de tirs matraques.
Le 22, articulation en profondeur en vue d'une action sur CERNAY. Le P.C. est à ALTENACH.
Le 2e Peloton se rend à l'asile d'aliénés de CERNAY et à FERME LUTZELHOF en D.C.B. Tir sur un dépôt de munitions qui saute. Le 26, le 1er Peloton relève le 2e. Le 31, le C.C. 3 se groupe au S.-O. de MULHOUSE pour une action avec la 9e D.I.C. en direction de la Cité ANNA.
Le Groupement ARFOUILLOUX (3e Peloton - S/Lt FORQUERAY) n'a pu entrer dans la cité ANNA. Le reste de l'Escadron est à BOURTZWILLER. Le 1er Février, attaque par le Groupement ARFOUILLOUX des bois de JUNGHOLTZ et de MORSGRABEN.
Les T.D. du 3e Peloton démolissent de nombreuses armes automatiques. Le lendemain, attaque sur SCHOENENSTEINBACH, les T.D. sont en appui direct. Le village est pris, mais le S/Lt FORQUERAY est gravement blessé. Le reste de l'Escadron est à KINGERSHEIM sur la défensive.
Le 3, attaque sur PULVERSHEIM. Le 3e peloton appuie l'attaque, tandis que le 2e fait verrou après la prise de ce village. Le P.C. et le 1er peloton sont en réserve à la Cité ANNA.
Le 4 et le 5 Février, le Groupement DEWATTRE, avec le 3e Peloton, exploite en direction de UNGERSHEIM et le groupement LEPINAY, avec le reste de l'Escadron, en direction de STE-CROIX-EN-PLAINE. Les T.D. détruisent de nombreux véhicules en retraite.
Enfin, le 8 Février, l'Escadron est regroupé au complet à UNGERSHEIM et la poche de COLMAR étant réduite, va au repos à MOERNACH, puis à HIRTZBACH.
Repos jusqu'au 28 Mars, avec seulement quelques tirs de destruction sur les casemates, de l'autre côté du RHIN. Le 28, l'Escadron se porte à EBERSHEIM où il est mis à la disposition du C.C. 3 qui lui donne comme cantonnement BISCHOFFSHEIM.
Le 12 Avril, à 0 heure, l'Escadron reçoit l'ordre de se porter à WISSEMBOURG, où il est à 5 heures, et reçoit les ordres pour le franchissement du RHIN.
La colonne légère le franchit à MAXIMILIANAU et la colonne lourde à GEMERSHEIM.
Le regroupement de l'Escadron se fait à KARLSRUHE, dans la matinée, pour être à nouveau scindé dès que le C.C. 3 a reçu sa mission, qui consiste à pousser sur OFFENBOURG.
2e Peloton (Aspt. CADOUX) avec le groupement PETIT à KUPPENHEIM.
3e Peloton (Aspt. PLATEAU) groupement LEPINAY à RANENTHAL et BISCHWEIER.
Le 1er Peloton et P.C. en réserve à MUGGENSTURNS.
Le 13, le 3e Peloton gagne WIMBUCH, en passant par STEINBACH où le remplace le 1er Peloton. Pendant ce temps, le 2e Peloton, qui a démoli un 75 PAK, tue une vingtaine d'ennemis et fait 100 prisonniers, perd son chef de peloton (jambe coupée). Le lendemain, aux ordres de l'Aspt PERRUCHE, il participe à l'attaque de ZINOLSHOFFEN, tandis que le 3e Peloton est à URLOFFEN. Le 15, l'Escadron est regroupé à WILSTATT et franchit la KENZIG pour aller à OTTENHEIM où il passe aux ordres du Cdt PETIT pour l'attaque de NUNNEMWEIR. Le 1er Peloton est mis à la disposition du Colonel LEPINAY à OFFENBOURG et ne rejoint l'Escadron qu'à FRIBOURG.
Dans la nuit du 18 au 19, l'Escadron est mis à la disposition du Groupement LAURENT devant nettoyer la région KIPPENHERMWEIER - GROF - HAUSEN KAPPEL - NIEDERHAUSEN, et atteindre RIEGEL par KINZINGEN.
Départ de LAHR à 9 heures jusqu'à KOUDRIGEN, atteint le 20 à 16 heures, beaucoup de prisonniers sont faits et de nombreuses armes anti-chars sont détruites. l'Aspt PERRUCHE est blessé, le Chef SEGURA commande le 2e Peloton.
Le 21, le 3e Peloton, avec le Groupement LAURENT, progresse vers DENZINGEN ; le 2e Peloton et le P.C. sont en réserve, car il n'y a qu'un seul axe de progression. Nuit passée à BUCHEIM.
Le lendemain, arrivée à FRIBOURG, peu défendu, où le 1er Peloton rejoint après sa courte incursion en Forêt Noire.
Le 24, direction LORRACH (près de BALE) par un itinéraire de montagne, qui cause de grosses difficultés au matériel sur roues.
Le 25, WHER et ALBRUCK sont atteints après réduction de nids de mitrailleuses.
Le 26 Avril, le 1er peloton passe du Groupement PETIT et arrive à FUTZEN, très sérieusement défendu par des S.S. qui mènent la vie dure aux T.D. (1 mort - 5 blessés).
Le 2e peloton, avec le Groupement LAURENT, essaie de tourner FUTZEN par le Nord, mais est durement contre-attaqué par des Panzer-grenadiers à UBERACHEN, où il résiste sur place pour permettre aux fantassins de se dégager (5 morts - 4 blessés). 2 T.D. détruits. Les pertes ont été limitées par l'intervention du Groupe de protection qui refoule l'attaquant, et permet au 3e T.D. de se dégager.
60 Allemands sont comptés morts sur le terrain et de nombreux véhicules ont été détruits. Cette journée désastreuse pour l'Escadron termine son activité au cours de la Campagne d'Allemagne. Du 27 au 3 Mai, il participe seulement à des opérations de nettoyage et au ramassage des prisonniers (environ 300). Le 7 Mai, l'Escadron cantonne à SEBRANZ, après être passé à TENGEN - STOCKACH - INGOLDINGEN - REICHENBACH.
Le 8 Mai, l'Escadron repasse le RHIN à KEHL et commence l'occupation à RHODT jusqu'au 8 Juillet, puis à SIMMERN-unter-DHAUM jusqu'au 16 Octobre, date à laquelle il rentre en FRANCE dans le cadre du Régiment.

 

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1944 6e RCA jmo


 
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JOURNAL DE MARCHE DU  

  6e RÉGIMENT DE  CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 


 

Du débarquement à Colmar       LE SIXIÈME R.C.A. EN FRANCE

23 SEPTEMBRE
Les premiers éléments du Régiment comprenant tous les éléments de combat embarqués à Oran le 13 septembre 1944, débarquent à Saint-Tropez et se portent de Cogolin au Beausset.

24 SEPTEMBRE
Après avoir traversé Marseille sous les acclamations de la population, ces éléments se regroupent à Rognac.
Accueil chaleureux de la municipalité et des habitants de Rognac.

30 SEPTEMBRE
Le 2ème échelon du régiment débarque à Marseille. Il rejoint Rognac dans la nuit du 30 Septembre au 5 Octobre.

5 OCTOBRE
Les chars légers du 1er Escadron et de l'État-major embarquent sur voie ferrée à Miramas.

6 OCTOBRE
Le Lieutenant Joyau, officier précurseur du régiment et l'échelon sur roues du 1er Escadron font mouvement à destination de Besançon avec étapes dans les régions de Valence et de Bourg.

14 au 18 OCTOBRE
Le reste du régiment fait mouvement par voie ferrée et par route en direction de Choye village situé à 15 km Sud Est de Gray.
Tout le régiment est cantonné dans les villages échelonnés sur 5 km de Choye vers Gray :
Etat-Major et E.H.R. à Choye.
1er Escadron à Villefrancon.
2ème et 4ème Escadron à Velesme.
3ème Escadron à Velloreille.

28 OCTOBRE
Le Régiment fait mouvement de nuit, avec éclairage en black-out. Tous les véhicules du Régiment sont répartis en dix rames.
Départ de Choye du véhicule de tête à 1h20.
Arrivée du dernier véhicule dans la nouvelle zone de stationnement, le 28 Octobre à 5h00.

INSTALLATION AU CANTONNEMENT
Les unités du Régiment sont installées au cantonnement à proximité de Vesoul :
Etat-Major : Vaivre, village situé à 2 km à l'Ouest de Vesoul
1er Escadron : Montigny : village situé 4 km à l'Ouest de Vesoul
2ème et 4ème Escadrons : Pontcey
3ème Escadron et E.H.R. : Noidans-les-Vesoul
Echelon : Faubourg Sud de Vesoul.

 

OPÉRATIONS DANS LES VOSGES

Pour tromper l'ennemi sur les intentions du Commandant en Chef, le C.C. 6. Colonel Tritschler va, en exécution des ordres du Général de Lattre de Tassigny, Commandant la 1ère Armée Française, faire une diversion dans les Vosges, avant que ne soit entreprise, de front, l'attaque de la région de Belfort.
Alerté le 1er Novembre, tout le régiment, moins le 1er Escadron qui reste provisoirement à Montigny, se porte le 2 Novembre dans la région de Remiremont.

2 NOVEMBRE
Ses différentes unités sont mises par la D.B. à la disposition du Général Guillaume, Commandant la 3ème D.I.A., et réparties en 2 groupements tactiques :
G.T. 4 au Nord (2ème et 4ème Escadrons) ;
G.T. 3 au Sud (3ème Escadron).
Le Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc prend le Commandement du Sous-groupement Sud du G.T. 4 qui comprend, en particulier, le 2ème Escadron.
Le P.C. de ce sous-groupement s'installe à Vagney à 13 heures.
Le 3ème Escadron, mis à la disposition du G.T. 3 se porte sur Gontrexard. Dans la soirée, le P.C. de cet Escadron, les 1er et 2ème Pelotons se portent au Sud-Est de Planois.
Le 4ème Escadron est mis à la disposition du Sous-groupement Gambiez, chargé de l'effort principal sur l'axe, le Haut du Tôt, Haut-du-Todt, la Sotière, Tête de la Neuve Roche.


3 NOVEMBRE
Dans le cadre du sous-groupement d'Arc, le 2ème Escadron doit couvrir au sud l'action du détachement nord et l'appuyer en progressant sur l'axe Sapois - Menaurupt - Vieux-Mont.
L'heure de l'attaque fixée à 6 heures 30 est reportée à 8 heures. Le peloton de tête (Lieutenant Chevallier) de l'escadron Bes de Berc se porte avec la 1ère section de la 9ème Compagnie du III/R.M.L.E., sur le carrefour Est de Sapois.
Une patrouille chars-infanterie ayant reconnu la scierie non occupée et le pont de Cens-la-Ville intact, le peloton fonce vers la scierie. La route étant minée, la progression est lente. Les chars de tête arrivent devant Menaurupt à 14 heures 30.
Deux chars Panther sont mis en fuite. Le Lieutenant Chevallier, pris à partie par un 75 Pak, neutralise les servants ; la pièce est capturée, ainsi qu'une pièce de 150 dont les servants prennent la fuite.
A 17 heures 15, le peloton Chevallier atteint Vieux-Mont, occupant les objectifs fixés et réalisant une avance de 3 km. Un retour offensif à la nuit, est dispersé par le feu des armes automatiques : 5 prisonniers, une mitrailleuse et plusieurs Faust-patronne restent dans les mains du peloton.
Au cours de la journée, un char a sauté sur une mine, sans perte pour l'équipage.
Au 3ème Escadron, les pelotons Martin et Déroulède ne peuvent remplir leur mission de soutien, leur axe de marche étant, dès le départ, embouteillé par 2 chars, l'un sauté sur une mine, l'autre embourbé, en essayant de doubler le premier.
Trois chars du peloton Tourneux qui a attaqué à 8 heures en direction de Rochesson sautent sur des mines.
Le 4ème Escadron, débouchant à 8 heures, parvient rapidement au Haut-du-Tôt. Mais sa progression sur la Sotière et la Scierie, à gauche est retardée par un champ de mines. Privé de son chef, le peloton Guériaud parvient à la scierie à 17 heures avec 2 Chars seulement ; le peloton de Chauvigny, après un déploiement sur la crête dominant la Sotière, réduit brillamment la garnison. Il pousse jusqu' à Lyris, appuyé par la section d'expérimentation du Bataillon de choc, pendant que le peloton de Maraumont occupe Blancfaing.
A la nuit, les pelotons se replient au Haut-du-Tôt.
Quatre chars ont sauté sur des mines, 2 sont tombés en panne de terrain. Le Brigadier-Chef Rey, le Brigadier de Rivoyre, les chasseurs du Ponthavice de Heussay, Lariau et Cros ont été tués, l'Adjudant-chef Guériaud. le Chasseur Miralles sont grièvement blessés.

4 NOVEMBRE
Les chars du 2ème escadron appuient de leurs feux l'infanterie chargée de s'emparer des hauteurs dominant Menaurupt. Le peloton Tourneur, du 3ème Escadron, entre dans Rochesson à 8 heures. Il est relevé par le peloton Déroulède qui attaque en direction de la maison forestière des 4 Sous et se replie à la nuit, sur Rochesson.
Les pelotons de Chevigny et de Maraumont, du 4ème escadron, renforcent l'infanterie à Lyris et Blancfaing et reviennent à la nuit au Haut-du-Tôt

5 NOVEMBRE
Le peloton Eblé, du 2ème escadron, fournit des feux au profit de l'infanterie et se replie à la nuit au Vieux-Mont.
Une patrouille du peloton Martin, du 3ème escadron, progresse en direction de la maison forestière des 4 Sous. Après un dur engagement au cours duquel les chars se défendent seuls, privés momentanément de leur appui d'infanterie, elle parvient à son objectif. Un char a été traversé par plusieurs grenades antichars et immobilisé.
Dans l'après-midi une autre patrouille de ce peloton appuie la progression de l'infanterie sur le Xatis ; le soir, les chars se replient à Planois.

6 NOVEMBRE
Les escadrons de chars moyens gagnent des positions de cantonnement : le 2ème escadron fait mouvement sur Saint-Amé, le 3ème est regroupé à Bréhavillers (Le Syndicat), sauf le peloton Déroulède, qui, restant engagé à l'est de Rochesson ne rejoindra que le 7. Le 4ème escadron rejoint Autrive, pour y cantonner.
Quant au 1er escadron (chars légers), mis à disposition du Général Commandant la 3ème D.I.A., il se porte à Planois. Au cours d'une progression sur un terrain détrempé, 2 chars du peloton Vuillerme qui soutenaient le 1er Tabor Marocain, s'embourbent. A la tombée de la nuit, Les pelotons regagnent leurs positions à Planois.

7 NOVEMBRE
Le peloton de Montgrand est détaché à Rochesson à la disposition d'un bataillon du 4ème R.T.T. Il rejoindra Planois dans la nuit du 7 au 8.

10 NOVEMBRE
Tout l'escadron est rassemblé à la Gare de Syndicat - St-Amé, où il cantonne à proximité des autres unités du régiment.

 

OPERATIONS DE DÉPANNAGE PAR LE PELOTON D'ÉCHELON RÉGIMENTAIRE

Les opérations dans les Vosges ont été rendues très dures par le terrain détrempé, le froid, la neige, les mines. Un grand nombre de chars ont sauté ou se sont embourbés.
Sous la direction du Capitaine Mourot, le groupe de dépannage qui a rejoint le corps à Vagney, le 3 Novembre, procède aussitôt au dépannage d'un Char léger, 2 chars moyens, 2 chars T.D. et d'un automoteur embourbés et retire d'un champ de mines un char moyen.
Dans la nuit du 4 au 5, s'étant porté sur l'axe du 3ème escadron, il dépanne un char moyen qui, sauté sur une mine interdisait le passage des colonnes de ravitaillement. Il dégage ensuite un autre char moyen embourbé.
Les 5 et 6 Novembre, 3 chars moyens et 2 T.D. du 4ème escadron sont désembourbés. Un char moyen est retiré d'un champ de mines.
Le 7 Novembre, l'échelon entreprend le dépannage de deux chars du 1er escadron, travail pénible sous la neige et dans un mauvais terrain à proximité de l'ennemi.
Le 11, le groupe de dépannage rentre à Remiremont après avoir encore remis sur la route un T.D. et un automoteur de l'Artillerie embourbés.
Durent cette période, les ouvriers de l'atelier ont, à Remiremont, remis en état 3 chars moyens endommagés par des explosions de mines et réparé, au Haut-du-Tôt, le train de roulement d'un char du 4ème escadron endommagé également par une mine.
Ainsi, du 6 au 11 Novembre, toutes les unités du régiment ont reçu le baptême du feu ; quelques jours de répit seulement leur sont octroyés au cours desquels le matériel qui a beaucoup souffert, du terrain en particulier, fait l'objet de soins empressés.

14 NOVEMBRE
Le Régiment alerté fait mouvement sur la région Est de Vesoul. Toutes les unités cantonnent à Noroy-le-Bourg, sauf l'échelon, qui s'installe à Cerre.

 

OPÉRATIONS DE LA TROUEE DE BELFORT

La 1ère Armée Française borde les Vosges et est arrêtée devant la trouée historique de Belfort. C'est l'heure pour la 5ème D.B., du Général de Vernejoul d'entrer en action.
Ayant travaillé sans répit, pendant 2 mois, à compléter la solide défense de Belfort, réarmant ses forts, s'organisant en profondeur, richement doté en artillerie, l'ennemi est maintenant puissamment "accroché".
En dépit des circonstances atmosphériques défavorables, des défenses anti-chars et des mines qui ceinturent la ville, dans un terrain sursaturé d'eau, rendant difficile l'action des engins blindés, le Général de Lattre de Tassigny, Commandant la 1ère Armée Française, décide une attaque audacieuse qui, surprenant totalement l'ennemi, va être couronnée de succès.
Dans un premier temps, Montbéliard et Héricourt vont tomber, premiers fleurons de la Division "France d'Abord" du Général de Vernejoul.
Agissant dans le cadre du C.C. 6, sous les ordres du Colonel Tritschler, le Régiment va s'emparer des gros points d'appui de Chagey, Champey et Chalonvillars.
Dans un 2ème temps, réalisant point par point la manœuvre en tenaille conçue par le Général Commandant la 1ère Armée Française, le C.C. 6 séparé du reste de la 5ème D.B. et provisoirement aux ordres Général Commandant la 2ème D.I.M., va forcer par surprise la défense de Belfort où le 6ème R.C.A. entrera le premier le 20 Novembre, tandis que les C.C. 4 et C.C. 5 aux ordres du Colonel Schlesser et du Colonel Mozat, vont s'emparer de Dannemarie et porter leur avance jusque sur la Doller.


17 NOVEMBRE
Le C.C. 6, stationné au Nord-Est de Villersexel, reçoit, dans la nuit du 16 au 17, l'ordre de s'engager sur l'axe général Champey - Chagey - Chalonvillars. Les unités du régiment sont réparties de la façon suivante :
Sous-Groupement A : sous les ordres du Lieutenant Colonel Renaudeau d'Arc, Commandant le 6ème R.C.A. : E.M. et 3ème Escadron.
Sous-Groupement B : 4ème Escadron.
Sous-Groupement C : 1er Escadron.
Le 2ème Escadron avec le 4ème R.T.M.
Le 1er Escadron est en réserve sur l'axe Saulnot - Champey.
Le 2ème Escadron, qui a fait mouvement dans la nuit, attaque dès le matin. A 8 heures 30, le peloton de Bouvet part du bois d'Arcey pour Gonvillars qu'il occupe. A partir de 9 heures 30, il appuie l'attaque d'une compagnie du 4ème R.T.M. L'objectif est rapidement coiffé mais un violent tir d'artillerie oblige les tirailleurs à se replier. Le peloton rejoint Chavannes à 13 heures.
Le peloton progresse depuis le bois d'Arcey et occupe Chavannes que les Allemands ont évacué. L'avance, retardée un moment par des mines, se poursuit sans incident, les éléments ennemis réfugiés dans le bois sont neutralisés par le peloton Chevallier, en soutien.
Vers 16 heures, le Colonel Bridot du 4ème R.T.M. donne l'ordre au Capitaine de Berc, de progresser simultanément sur les axes Vernoy - Champey et Saulnot - Champey.
Le peloton de Bouvet, aidé d'une section du Bataillon F.F.I. de Bourgogne, d'un groupe de T.D., d'une équipe de démineurs, progresse sur l'axe Saulnot - Champey, tandis que le peloton Eblé avec un appui semblable opère sur l'axe Vernoy - Champey. Le peloton Chevallier reste en surveillance aux lisières des bois pour empêcher tout retour offensif de l'ennemi.
A 16 heures 45, le peloton de Bouvet pénètre dans Champey. La visibilité est mauvaise et un combat de rues fort confus s'engage. Deux chars sont touchés par une arme anti-char puis par des Faust-patronen. Le feu se déclare à bord.
A 17 heures 30, le peloton Chevalier qui progressait derrière le peloton de Bouvet signale au Capitaine Commandant que deux des chars du peloton Eblé touchés par armes anti-chars, sont en train de brûler. Heureusement, les équipages ont pu se dégager et sont indemnes.
Le reste de ce peloton et les T.D. d'accompagnement passeront la nuit au Vernoy dont ils renforceront la défense. A Champey, les pelotons se regroupent et occupent le sortie Sud-Ouest du village, pendant toute la nuit.
Le sous-groupement A. dont font partie l'E.M et le 3ème Escadron du 6ème R.C.A., a reçu l'ordre de se porter sur l'axe général Villersexel - Champey - Chalonvillars, dans la région de Champey, pour agir dès que cette localité aura été occupée par le 2ème Escadron. Le détachement Nodet (pelotons Tourneux et Déroulède) du 3ème Escadron et la 1ère section de la 10ème compagnie du III/R.M.L.E. s'installent pour la nuit à Essouaivre. Le P.C. et le détachement Levant (peloton Martin du 3ème escadron, 2ème et 3ème sections de la 10ème Compagnie du III/R.M.L.E.) s'installent pour la nuit, au village de Crevans, presque entièrement détruit.
Le 4ème escadron se déplace avec le sous-groupement B, de Noroy-le-Bourg à Corcelles. De nuit, la progression Corcelles-Saulnot s'effectue sans incident.
Les pertes du régiment, pour la journée du 17 s'élèvent à 4 chars moyens incendiés par anti-chars et Faust-Patronen. Deux chefs de chars (M.d.L.-Chef Permingeat, M.d.L. Bodiot) un tireur (Brigadier Leclerc) un aide-pilote (Chasseur Pichard) du peloton de Bouvet sont gravement blessés. Les chasseurs Ferrandi, Grandperrin et Pello sont manquants, deux n'ont pu sortir des chars en flammes, le troisième a été tué à quelques mètres de son véhicule.

18 NOVEMBRE
Le 1er Escadron attend, sur l'axe Saulnot-Champey, d'être engagé. Le 2ème escadron se regroupe à Champey à 8 heures. Le peloton Chevallier est retardé dans sa progression par un pont que les pionniers du 4ème R.T.M. remettent en état. Vers 13 heures 30 il arrive à Couthenans, libéré le matin. Le peloton Eblé quitte Champey vers 12 heures 30 et atteint Chagey à 17 heures après avoir été arrêté par des abatis importants qu'il a contournés et après avoir neutralisé un canon anti-char et des armes automatiques situés aux lisières des crêtes boisées Nord-Est de Chagey.
Pendant la nuit, l'Escadron se regroupe à Couthenans.
Le C.C. 6 reçoit l'ordre de pousser sur Chalonvillars et de s'emparer des passages et écluses du canal de la Saône au Rhin, aussitôt que les ponts de Chagey et Luze auront été pris par le 2ème escadron, afin d'être en mesure d'appuyer l'attaque du Salbert par la 1ère Brigade de choc et le groupe de Commandos et de déborder ultérieurement la place fortifiée de Belfort par le Nord.
Pour remplir cette mission, le sous-groupement A dont font partie le 3ème escadron et l'E.M., continue de progresser sur l'axe Champey - Chagey - Chalonvillars. A 7 heures, le P.C. et le peloton Martin se portent de Crevans à Saulnot, où ils arrivent à 7 heures 30. A 14 heures, ils progressent sur Champey, libéré la veille au prix de durs combats par le 2ème escadron. Ils arrivent dans cette localité à 15 heures.
A 13 heures, les pelotons Tourneux et Déroulède quittent Essouaivre. A 17 heures 30, ils abordent par le sud-est le village de Chagey partiellement occupé, sur ses lisières, par des éléments F.F.I. Au cours de cette progression, le char de tête a un galet percé par un faust-patrone et un chef de char des T.D. est tué par un sniper. A 18 heures, le détachement Nodet, renforcé de la section Lhotel du R.M.L.E., ayant écrasé le point d'appui ennemi établi à 200 mètres au nord-est du village, s'installe dans Chagey qu'occupent, par ailleurs, des éléments F.F.I. et le 1er peloton du 2ème escadron.
Le 4ème escadron, ayant en tête le 2ème peloton, quitte Saulnot à 6 heures 45, atteint Champey et ouvre le feu sur des armes automatiques situées dans le bois au sud de la route. Les trois pelotons de l'escadron se regroupent dans Luze à 19 heures 30.
L'avance de la journée s'est effectuée sans perte en personnel pour le régiment, un char du 3ème escadron a été atteint par un Faust-patrone.

19 NOVEMBRE
Le 1er escadron pousse deux reconnaissances, en direction de Chenebier. La première (peloton Lafouge) trouve la voie libre. Partie de Couthenans vers 8 heures, elle est de retour à 9 heures. La seconde (Maréchal des Logis Chef Cornet) est stoppée à 2 kilomètres au Nord-Est de Chagey, un pont étant coupé et ses abords minés. Ayant réussi à passer plus au Nord, elle revient avec les mêmes renseignements : la voie est libre.
Le peloton Lafouge, suivi du char du Capitaine Mirabeau et du 75 Pak pris à l'ennemi, essaie de gagner, par un itinéraire détourné, Frahier où des Commandos se battent pour conserver un pont important à l'entrée Sud du village. Coupé de sa suite par l'écroulement d'un pont de fortune, le peloton Lafouge part seul, malgré de nombreuses mines ; il réussit à prendre contact avec un officier de commandos et, sur sa demande, effectue des tirs efficaces. Il reste en position pour appuyer les fantassins jusqu'à l’heure, où lui parvient l'ordre de rejoindre le sous-groupement C à Buc. Un de ses chars, arrêté au passage d'un pont qui s'écroule, rejoindra ultérieurement.
Le 2ème escadron, regroupé, est maintenu en réserve.
Le détachement Godet progresse depuis Chagey et reçoit l'ordre de s'arrêter à son premier objectif atteint à 10 heures 20, sans avoir pris contact avec l'ennemi.
Les deux sections du R.M.L.E. cependant, dépassent l'objectif et s'emparent à 11 heures 45 de Chalonvillars, après avoir fait 35 prisonniers et repoussé une contre-attaque d'une compagnie d'infanterie débouchant des pentes sud du Salbert.
A 12 heures, arrive l'ordre de relève du C.C. 6 : le Combat-Command doit rejoindre, avec les deux autres C.C., de la 5ème D.B., la région de Montbéliard en vue d'une exploitation faisant suite à la percée réalisée dans les défenses avancées de Belfort. Cependant, le Colonel Chapuis, Commandant le Groupement, obtient l'autorisation de conserver le C.C.. 6. en vue de s'emparer par surprise de Belfort. A 15 heures 30, le peloton Déroulède du 3ème escadron rejoint à Chalonvillars, avec les autres éléments du sous-groupement A (génie et T.D.) les sections du R.M.L.E. Le Capitaine Nodet s'installe avec les pelotons Tourneux et Martin et la section Kestner à 1500 mètres de Chalonvillars où il passe la nuit.
Le 4ème escadron a reçu l'ordre d'occuper, à partir de Luze, les villages d'Echenans, Mandrevillars et Buc. Après une préparation d'Artillerie sur le mont Vaudois, Échenans est traversé sans difficulté. De même, Mandrevillars et Buec sont occupés.
Mais l'apparition des chars à la sortie Nord-Est du village est saluée par des tirs nourris de minens. Le Capitaine Blacas Commandant l'escadron s'organise en point d'appui et reste toute la nuit dans Buc.

20 NOVEMBRE
Le 4ème Escadron reçoit l'ordre de s'emparer des hauteurs dominant Buc. Ses Pelotons sont répartis entre 3 groupes tactiques A, B et C, le groupe C restant en réserve dans Buc. Dès le début de l'attaque, le premier peloton, à droite, se heurte à une résistance importante constituée de tireurs d'élite et de tireurs de faust-patrone établis dans une tranchée. Une pièce de 88 qui se trouve en arrière d'eux est réduite au silence. Touché par faust-patronne, le char 65 (dont le chef, le Brigadier Ledante est mortellement blessé) est mis hors de combat, ainsi que le char du chef de peloton et le 3ème char de premier échelon.
Le Capitaine Blacas, Commandant le groupe A, suivi de deux chars de soutien du 1er peloton, réussit à franchir la tranchée et à s'installer en lisière d'un bois qui couronne la cote 458. Après l'arrivée d'un sérieux renfort d'infanterie, ces trois chars rentrent à Buc dans le courant de la nuit.
A gauche, dès le débouché, à 8 heures 30, le char de tête du 3ème peloton prend feu, atteint d'un coup de faust-patrone. Le Maréchal des Logis Petitjean, Chef de char, le Brigadier Favriou, tireur et l'aide-pilote Boyer blessés parviennent à sortir, mais les corps du pilote, Cros Jules et du chargeur, Amsilli Charles, tués, ne peuvent être dégagés du char. Malgré une forte opposition, le peloton parvient à s'installer aux lisières du bois, d'où il appuie l'infanterie.
Le peloton du groupe C, en réserve à l'entrée de Buc appuie de ses feux la progression des deux autres groupes. Le Lieutenant de Chevigny monte une patrouille et, aidé de quelques légionnaires, fait une douzaine de prisonniers. A 14 heures, une autre patrouille fouille le bois et ne trouve plus que des cadavres ; le peloton rentre à Buc à 17 heures.
C'est en allant vérifier les emplacements et les consignes de tir des chars destinés à la défense de Buc, durant la nuit, que le Lieutenant de Chevigny est tué par un obus de mortier qui blesse également les chasseurs Chantereau et Portery.
Le 1er escadron d'abord en réserve dans Buc pour exploiter la trouée vers Belfort ne tarde pas à entrer en action aux abords même de Buc. L'Aspirant l'Hoste est blessé par un éclat de mines et évacué.
Vers 14 heures, le peloton de Montgrand est engagé pour soutenir l'Infanterie ; les servants d'un canon de 88 sont fauchés et le peloton ramène une dizaine de prisonniers. Au cours de l'action, le char du Capitaine commandant tombe, par surprise, sur un point d'appui ennemi. L'engagement est rapide et se termine au pistolet, les prisonniers sont confiés à la Légion.
Un détachement part de Buc en vue de gagner Belfort par Bavilliers. Au départ de Buc, 2 chars moyens sautés sur des mines, barrent la route et retardent la progression de ce détachement.
De nuit, l'Escadron regagne Mandrevillars, laissant un peloton à Buc pour soutenir l'infanterie très éprouvée qui craint une contre-attaque.
Dans la nuit du 20 au 21 également, le 4ème escadron fait mouvement vers Chalonvillars, où il est regroupé à 6 heures.
Il entre dès lors dans la composition du Groupement C.

 

LIBÉRATION DE BELFORT

20 NOVEMBRE
De Chalonvillars, dont se sont emparé, de haute lutte, deux sections de la 10ème Compagnie du R.M.L.E., vont être déclenchées à partir du 20 Novembre à 3 heures, des opérations successives qui amèneront le même jour à 17 heures, la libération par surprise, de la ville fortifiée de Belfort.
A 3 heures, le passage sous le canal de la Haute-Saône au Rhin, donnant accès au village d'Essert, est tenu par une forte reconnaissance des commandos de France.
Le Sous-Groupement A (Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc) a atteint Chalonvillars dès la soirée du 19. Il a pour mission de s'emparer le lendemain de Belfort, en progressant par Essert.
Sa composition pour la journée du 20 est la suivante :
- Les 2ème et 3ème escadrons du 6ème R.C.A. (Capitaines de Berc et Nodet).
- Un peloton de T.D. du 11ème R.C.A. (Lieutenant Marsauche).
- La Compagnie Levert du 3ème R.M.L.E.
- Une Section du 96ème Bataillon de génie (Aspirant Jouve).
- Deux batteries du 3/62.
- Les commandos du Colonel Gambiez comprennent :
- les commandos du Commandant de Foucaucourt
- le Bataillon de choc du Capitaine Lefort.
Le Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc, coummence dès le début de la nuit à monter l'opération :
Dans un premier temps, de nuit, les commandos doivent tenir discrètement le passage en dessous du canal et son débouché sur la grand route, et s'emparer au petit jour du village clef d'Essert ouvrant la porte sur Belfort.
Le passage en dessous, sitôt tenu, devra être immédiatement déminé.
Dans un deuxième temps, toujours de nuit, une compagnie du Bataillon de choc du Capitaine Lefort doit occuper le massif du Coudray, et le Haut-Mont qui surplombent Belfort à l'Ouest.
Ces deux mouvements constituent en effet des montants de la porte d'Essert sur Belfort.
L'autre montant (le bois de la Côte) tenu par les Allemands doit être écrasé par l'Artillerie avant d'être attaqué, par le sous-groupement B (Commandant Gombeaud).
Le 20 Novembre, vers 6 heures, les commandos du Lieutenant-Colonel Gambiez s'emparent d'Essert et occupent le Coudray.
A 8 heures 30, le 2ème escadron du 6ème R.C.A. arrive à Chalonvillars.
A 9 heures 10, le peloton Tourneux du 3ème escadron et la section Kestner du R.M.L.E., ayant franchi par le passage en dessous, le canal de la Haute-Saône au Rhin, sont arrêtés devant le fossé anti-chars du village d'Essert. Une reconnaissance préalable faite par le génie, dès le 19 avait permis de situer l'emplacement exact d'un pont à construire près de l'écluse, dès que le Coudray serait occupé. Ce pont est indispensable pour faire traverser le canal au Bulldozer du génie, nécessaire à la destruction des obstacles anti-chars à l'entrée ouest d'Essert.
De 9 heures à 10 heures 20, le pont est établi. L'Adjudant Morvan et le chasseur Cantegril envoyés en jeep en liaison à Buc auprès du Capitaine Blacas, sont blessés tous les deux et évacués.
A 12 heures, le peloton Martin du 3ème escadron que son commandant d'unité a rejoint, arrive à Essert. Renforcés par 2 sections de légionnaires de la Compagnie Levert, et appuyés par les commandos du Commandant de Foucaucourt, les pelotons Tourneux et Martin marchent sur Belfort.
A 15 heures 15, le 2ème escadron et son infanterie traversent Cravanche. A 1500 mètres de ce village, un fossé anti-char, coupant la route, a arrêté les jeeps du 1er Commando lourd. Le Bull-Dozer venu d'Essert comble ce fossé.
Vers 16 heures, entrent dans les faubourgs de Belfort : au nord, par la rue de Cravanche et l'Avenue Jean Jaurès, le détachement de Berc (2ème escadron) ; à l'Ouest, le détachement Nodet (3ème escadron) dont le gros a gagné par la route nationale 19, le fort des Barres, atteint à 17 heures 15 où il s'installe. (Le pont de chemin de fer étant coupé, il ne peut progresser sur la Savoureuse.)
Pendant ce temps, le peloton Martin et une section rejoindront plus au nord, à travers champs et jardins, l'avenue du Château d'eau, pour atteindre l'usine à gaz.
A 16 heures 20, le premier char du peloton de tête (peloton Chevallier du 2ème escadron) touché par un faust-patrone devant la poste du Faubourg des Vosges, prend feu, et le corps du chargeur, chasseur Zmaili Ali, tué, ne peut être dégagé.
Les pelotons du 2ème escadron parcourent ensuite les rues de Belfort, dans les conditions suivantes :
a) Le peloton Chevallier franchit la Savoureuse et se met en position à proximité du pont de l'Est. Un caporal-chef du génie réussit à arrêter le dispositif de mise de feu aux charges d'explosifs destinées à faite sauter le pont, que venait de déclencher un petit groupe ennemi se repliant vers la Forge.
b) Le peloton Bouvet se dirige vers la gare de marchandises et effectue des tirs de mitrailleuse dans les rues transversales sur des groupes ennemis qui se replient en désordre. Il reçoit ensuite l'ordre de regagner le carrefour de la rue de l'Est et de l'Avenue Jean Jaurès où il est maintenu en réserve avec deux T.D.
c) Le peloton Eblé s'installe sur la place Corbis d'où il interdit l'accès du pont que prolonge à l'Est le Boulevard Carnot.
Le 20 au soir, la situation est la suivante :
le 2ème Escadron avec sa demi-section du génie, ses T.D. et son Bataillon de choc, se trouve en plein centre de la ville et tient tous les poing principaux. A 17 heures 30, il est rejoint par un P.C. avancé du Sous-Groupement d'Arc disposant d'un half-track de transmissions de l'E.M. du 6ème R.C.A. qui s'installe Place des Vosges. A 1 heure du matin, il est rejoint par le peloton de mortiers du 6ème R.C.A., venant de Chalonvillars.
Le 3ème escadron, une demi-section du génie, un compagnie de la légion et les commandos Foucaucourt occupent le Fort des Barres.
Au cours de leur action du 20 novembre dans Belfort et durant les premières heures de la journée du 21 Novembre, les détachements de Berc et Nodet ont fait plus de 200 prisonniers dont plusieurs officiers.


21 NOVEMBRE
Dans la nuit du 20 au 21, le 2ème escadron a procédé au nettoyage des rues limitées, au Nord par les rues de Barcot et des Carrières, à l'Est par la Savoureuse, au Sud par la Rue de l'As de Carreau et à l'Ouest par la ligne de chemin de fer.
A 3 heures du matin, le peloton de mortiers du Régiment a pris position aux abords de la Préfecture.
Le 3ème escadron a nettoyé le quartier de l'usine à gaz et le Faubourg de Paris.
Le groupe de Commandos d'Afrique du Lieutenant-colonel Bouvet, venant de Cravanche, semble être installé dans l'usine Alsthom, à l'Ouest du Faubourg des Vosges. Aucune liaison n'a pu être établie avec lui.
Les opérations du Sous-groupement A s'effectuent à partir de 7 heures 30, simultanément, du nord au sud dans trois secteurs :
Secteur du Faubourg de Brisach, du camp retranché du Vallon, et des Forts de la Miotte et de la Justice.
Secteur du vieux Belfort et du Château.
Secteur des Faubourgs de Montbéliard, de Lyon et de Paris, dans les conditions suivantes :
a) Premier Secteur : le 3ème escadron détache le peloton Tourneux et la section Kestner, pour assurer le nettoyage des quartiers situés au sud du fort des Barres puis se porte à 7 heures 45 avec son infanterie vers le Faubourg de Brisach et le camp retranché du Vallon.
A 8 heures, le peloton Martin, traverse la Savoureuse au pont de la route de Mulhouse et est pris sous le feu de tireurs isolés postés dans la manutention de l'Espérance et le Parc d'Artillerie.
A 9 heures 30, ce détachement atteint les sorties de Belfort, sur les routes de Mulhouse et d'Altkirch entre le fort de la Justice et le Château.
Il est alors renforcé par le peloton Déroulède (tenu jusque-là en réserve) et sa section de protection de la 10ème Compagnie du III/4ème R.T.M. Cette section de Tirailleurs, engagée pour nettoyer le pâté de maisons entre le Parc d'Artillerie et le Fort de la Miotte, se heurte vers midi à quelques éléments ennemis retranchés dans le Fort et rejoint la route de Mulhouse où elle reste en appui des chars.
Le Fort de la Justice a été visité et reconnu vide d'Allemands. Une attaque d'infanterie sur le Fort de la Miotte débouchant du Parc d'Artillerie, appuyée par le tir des chars est déclenchée vers 17 heures.
Le terrain arrête cette progression. Le Lieutenant Martin du 3ème peloton du 3ème escadron se porte à l'aide de l'infanterie.
S'étant approché du fossé, pour pouvoir tirer, son char est atteint par un faust-patrone et lui-même est tué d'une balle à la tête ; malgré tous les efforts de son peloton, son corps, coincé entre le canon et les parois intérieures de la tourelle ne peut être ramené.
Pour la nuit, le dispositif reste le même. Le peloton Tourneux du 3ème escadron est gardé en réserve au carrefour des routes de Mulhouse et d'Altkirch.
2) Deuxième Secteur : Vers 7 heures 30, le peloton de mortiers pénètre dans la Manutention de l'Espérance, où il fait 6 prisonniers.
Guidé par un civil, il se porte vers les contreforts Nord du château. Il est pris sous le feu de tireurs ennemis. Le combat s'engage. Le chasseur Rodriguez est blessé au bras. Le peloton s'élance sous les voûtes qui conduisent au pont-levis, fait 4 prisonniers mais est obligé de se retirer. Il met ses mortiers en position, à l'abri des maisons voisines et fait encore prisonniers huit soldats allemands qui cherchaient à gagner le château.
Le Maréchal des Logis Martin et le Brigadier Mahomet Ben Abdallah sont blessés. Le char N° 25 du peloton Eblé du 2ème Escadron et un groupe de commandos achèvent le nettoyage, aux abords de la manutention, faisant 18 prisonniers.
Vers 8 heures, les pelotons du 1er escadron du 6ème R.C.A. pénètrent dans Belfort et gagnent le quartier du vieux château en achevant le nettoyage de la ville. Le groupe du Maréchal-des-Logis-Chef Cornet du 2ème peloton, fait prisonnier, au cimetière de Brasse, un groupe de 24 soldats allemands qui s'y étaient réfugiés.
Vers 9 heures 20, le 1er escadron, appuyé par les chars de commandement du Régiment et par les chars moyens du peloton Eblé du 2ème escadron, tient tous les débouchés du château.
Le P.C. avancé du Sous-groupement A s'est installé ver 9 heures 30 à la Préfecture. A 9 heures 50, le Lieutenant Frois, Officier de renseignements du 6ème R.C.A. et son peloton pénètrent dans l'ancienne Kommandantur, perquisitionnent dans un local de la rue Marceau, dans un immeuble occupé par la Gestapo Quai Vauban, dans le collège de Jeunes filles et au café des Chasseurs où étaient installés des bureaux de la Milice. Le Lieutenant Frois est blessé, aux abords du château, par un éclat de minen.
Vers 15 heures, un sous-officier allemand prisonnier est envoyé en parlementaire, avec un drapeau blanc, auprès des défenseurs, pour les sommer de se rendre. Le Maréchal-des-Logis Pedroletti, du 1er escadron, qui l'accompagne, est blessé par une rafale de mitrailleuse ; escorté par un F.F.I., le sous-officier allemand pénètre dans le château. Il est renvoyé par le Commandant qui refuse de se rendre.
Vers 15 heures, le Lieutenant de Montgrand du 1er escadron fait entrer en action un de ses chars, pour soutenir le groupe des secrétaires de l'E.M. qui participe au nettoyage des abords de la Préfecture. Le Capitaine Mirabeau, commandant l'Escadron décide de le soutenir par les feux du canon de 75 Pak, pris à l'ennemi à Menaurupt.
En surveillant la mise en batterie, ces deux officiers sont blessés par des éclats d'obus qui atteignent également l'Adjudant-Chef Lafouge, posté avec son peloton à une trentaine de mètres de là.
a) Troisième Secteur : A 7 heures 30, le détachement du Lieutenant Gufflet comprenant le peloton Tourneux du 3ème escadron et une section d'infanterie, détache un de ses éléments sur la route de Bavilliers au devant des formations amies qui doivent arriver de Buc. Avec un groupe de chars et quelques légionnaires, il s'empare d'un pont sur le canal de la Haute-Saône au Rhin, au moment où il allait sauter ; l'officier et les 12 soldats allemands chargés de sa destruction, sont faits prisonniers. La liaison est établie vers 14 heures avec des tirailleurs venant de Buc. Sa mission terminée, le Lieutenant Guillet reçoit l'ordre de rejoindre le 3ème escadron au carrefour des routes de Mulhouse et d'Altkirch,
Vers 8 heures, le peloton de Bouvet du 2ème escadron, appuyé par deux T.D. gagne les faubourgs sud et pousse jusqu' au village de Danjoutin où il se heurte à des centres de résistance ennemis. Le Lieutenant de Bouvet est blessé, un de ses chars détruit un canon de D.C.A. en position sur le Fort des Basses Perches. Sa mission accomplie, le peloton de Bouvet rejoint vers 10 heures son escadron au Faubourg des Vosges.
Vers 15 heures, le peloton Vuillerme du 1er escadron s'établit en bouchon aux sorties sud du Faubourg de Montbéliard. Il rejoint son escadron à 24 heures, ramenant deux prisonniers.
Pendant que se déroulent les opérations menées par le Sous-groupement A, le 4ème escadron du 6ème R.C.A. entre dans la composition du sous-groupement C.
Il pénètre dans le faubourg des Vosges, le 21 Novembre à 11 heures 30, venant de Chalonvillars par Cravanche. Vers midi, le 2ème peloton (Maréchal des Logis Duhamel) et une section de légionnaires, se portent sur Valdoie, pour dégager une formation de F.F.I. en difficulté, aux lisières S.O. de la forêt d'Arsot. Ils franchissent la Savoureuse à gué, détruisent deux pièces de 88 et appuient la progression des légionnaires vers un fortin établi aux lisières nord de la forêt. Les légionnaires ont plusieurs blessés et font un prisonnier. A la tombée de la nuit, le 4ème escadron est dirigé sur le Quartier d'Artillerie Gérard, dans le Faubourg des Ancêtres.

22 NOVEMBRE
Au cours d'une réunion tenue, le 21 Novembre en fin de soirée, à son P.C., le Colonel Trischler, commandant le groupement, décide de faire relever dans les premières heures de la journée du 22, les éléments du détachement Nodet (3ème escadron) par le II/4ème R.T.M. Une compagnie de ce Bataillon s'établit à 1 heure, aux abords N.E. du Parc d'Artillerie. A 7 heures 10, une autre compagnie vient relever les sections du R.M.L.E. qui occupent une crête, aux abords S.O. du Fort de la Justice. Pendant cette relève, une section pénètre dans le Fort de la Justice, réoccupé pendant la nuit par les Allemands et doit, à 8 heures 30, après un sérieux accrochage, se replier sur les autres sections de la compagnie.
Le détachement Nodet regagne Belfort sous la protection du peloton Déroulède maintenu au S.O. de la porte du Vallon. Le peloton ne rejoindra son escadron qu'à 18 heures 30.
Vers midi un canon anti-char et une mitrailleuse sous casemate, sont détruits, aux lisières sud de la forêt d'Arsot par les tirs du peloton Chevallier du 2ème escadron appuyé par un T.D. du peloton Marsauche. Ce peloton rejoint l'escadron à 13 heures.
A 13 heures, le peloton Déroulède du 3ème escadron est ramené, des abords S.E. de la Porte du Vallon, au carrefour des routes de Mulhouse et Altkirch pour permettre des tirs d'Artillerie. Les deux groupes du peloton, appuyés chacun par un T.D. accompagnent les deux compagnies du II/4ème R.T.M. qui, débouchant des abords N.E. du Parc d'Artillerie, se lancent à l'attaque des deux forts. L'attaque des tirailleurs ayant échoué, les chars du peloton Déroulède restent en position devant l'infanterie jusqu'à ce qu'ils reçoivent l'ordre de rejoindre leur escadron.
Dans l'après-midi, le char N° 25 du Peloton Eblé, du 2ème Escadron, détruit des mortiers qui, établis au Sud du Faubourg de Montbéliard, font subir des pertes aux Tirailleurs installés rue Colbert avec le Peloton Vuillerme du 1er Escadron.
Ce peloton sera relevé le même jour, à 24 heures. Le groupe Autran du peloton Bouvet du 2ème escadron effectue une deuxième patrouille aux lisières sud de la Forêt d'Arsot et détruit une arme anti-char.

23 NOVEMBRE
A partir de 8 heures 17 les escadrons font mouvement sur la région de Frahier, village situé à 6 km au N.O. de Chalonvillars. Le stationnement du Régiment est alors le suivant :
Etat-Major, 2ème et 3ème Escadrons à Frahier.
1er Escadron à Evette.
4ème Escadron, qui a fait mouvement avec le Sous-groupement C, à Errevet.

24 NOVEMBRE
Le peloton Eblé du 2ème escadron qui avait été maintenu la veille à Belfort, à la disposition III/4ème R.T.M. rejoint son escadron à Frahier à 10 heures.
Le 4ème escadron (Capitaine Blacas) se porte 15 heures à la sortie nord de Giromagny.

 

MOUVEMENTS ET STATIONNEMENT DES TRAINS

17 NOVEMBRE
Les T.C. 1 bis et les T.C. 2 du groupement du Colonel Tritschler (C.C. 6) stationnent respectivement à Cerre-les-Noroy et Noroy-le- Bourg, pendant la nuit du 17 au 18 Novembre, tandis que les T.R. sont rassemblés à Autrey-les-Cerre.

18 NOVEMBRE
A 15 heures, les ravitaillements destinés aux unités partent en quatre colonnes vers les trois sous-groupements et l'élément réservé, se trouvant dans la région de Champey.
A 19 heures, ordre est donné aux T.C. 2 de faire mouvement sur Courchaton. Les T.C. 1 bis et T.R. vont respectivement, les premiers à Melecey et Fallon, les seconds, à Grammont.

19 NOVEMBRE
A 16 heures, le ravitaillement des unités, dans la région de Chagey-Couthenants est régulièrement assuré.
Dans la soirée, le Brigadier Joly Jacques et le chasseur Larbi ben Mohammed sont blessés par mine et évacués.

20 - 21 NOVEMBRE
Le ravitaillement est assuré dans la région de Chalonvillars, le 20, et dans Belfort même, le 21 au soir.

22 NOVEMBRE
Les T.C. 2, T.C. 1 bis et T.R. font mouvement à 10 heures, de Courchaton par Fallon, Grammont, Melecey, sur Belfort.
A 13 heures 30, le ravitaillement dans Belfort est assuré. Le Brigadier Rocca Marcel, le Chasseur Garrigos Robert de l'État-Major sont tués par l'explosion d'une mine. Les chasseurs Riahi ben Djilali, Brenet, Marcellin sont blessés. Le Brigadier-Chef Channac Maurice, du peloton de ravitaillement en carburant, légèrement touché, ne se fait pas évacuer.

23 NOVEMBRE
Les T.C 2 font mouvement de Belfort à Chagey et Luze. Le peloton d'Echelon de l'E.H.R. reste à Belfort.
Les T.C. 1 bis font mouvement sur Couthenans et les T.R. sur Cotemagny. Le ravitaillement est normalement assuré.

24 NOVEMBRE
Les T.C. 1 bis, T.C. 2 et T.R. restent dans leurs cantonnements de la veille et continuent à assurer le ravitaillement des unités engagées.

 

OPÉRATIONS DE LA HAUTE-ALSACE

25 NOVEMBRE
Le sous-groupement A comprenant les 1er et 3ème Escadrons et l'E.M. du 6ème R.C.A., quitte Frahier à 8 heures 30. Il s'arrête à Chaux, de 10 heures 30 à 11 heures 30. Sa mission est de se porter sur la Doller, par l'axe Giromagny, Etueffont-Haut, Etueffont-Bas, Anjoutey, Saint-Germain et de s'emparer des ponts de Guewenheim et Pont d'Aspach, un de ses éléments restant à la Chapelle, face à Belfort, pour assurer sa couverture. Le 2ème Escadron a pour mission de se porter de Frahier sur Rougemont, pour atteindre la Doller à Lauw. Le 4ème Escadron, plus au nord, doit progresser, suivant l'axe Sewen - Dolleren - Masevaux - Bourbach-le-Haut - Bitschwiller.
Le 2ème Escadron doit passer par Vescemont et continuer au nord sur le Brinval pour obliquer à l'Est vers le Ballon Gunon. De grosses difficultés sont rencontrées sur la piste au sud du ballon et le sous-groupement C dont fait partie l'Escadron subit un retard de 5 heures.
A Rougemont qu'il atteint cependant, lui parvient du C.C. 6 l'ordre de pousser immédiatement sur Lauw. Le Capitaine de Berc, Commandant l'Escadron, ayant rendu compte qu'il ne pourrait atteindre Lauw avant la nuit, un ordre du Colonel Trischler, Commandant le C.C. 6, lui enjoint de revenir pour la nuit aux lisières Est du village, ce qui est fait.
Le 3ème Escadron quitte Chaux à 11 heures. Le peloton Tourneux, envoyé sur Petite Fontaine, y trouve le pont sur la rivière Saint-Nicolas, coupé. Il prend liaison avec des commandos, patrouille avec eux le long de la rivière et s'établit pour la nuit dans le village.
Le peloton Déroulède avec un groupe de T.D. du 11ème R.C.A. trouve à la chapelle, un détachement du 3ème R.S.M. Il contribue au nettoyage de ce village, mais ne peut déboucher sur la route Nationale N° 83, le pont ayant également sauté.
Le Capitaine Nodet, Commandant le 3ème escadron rejoint le peloton Déroulède et passe la nuit à la Chapelle.
Le peloton Channet est resté en réserve avec le P.C. du Sous-groupement à Felon.
Le groupe de génie qui accompagnait le peloton Déroulède, rejoint d'urgence Rougemont où il travaille à la remise en état des communications vers Lauw.
Pendant ces opérations, le 1er escadron et l'E.M. se sont portés, par le même itinéraire, sur Felon qu'ils ont atteint à 15 heures 10 et où ils passent la nuit du 25 au 26 Novembre.
Sur l'axe du 4ème escadron, une avant-garde comprenant le peloton Dorr, deux T.D. et un peloton de reconnaissance de Fusiliers-Marins, part en tête au lever du jour. La progression vers Sewen atteint à 11 heures, s'effectue à travers barricades et mines. Le peloton continue ensuite sur Dolleren où le char de tête est atteint par un coup de 75 pak qui tue l'aide conducteur Martinez Fernand et blesse au pied le tireur Lanez Jean. La pièce ennemie est détruite par le second char (Maréchal-des-Logis Sauzeau).
Les chars N° 67 et 69 en tête du peloton de Fusiliers-Marins pénètrent dans le village d'Oberbruck. Un combat de rues s'engage, les Allemands bousculés se replient sur l'autre rive de la Doller et sont pris à partie par les canons des chars. Un camion de munitions est détruit. L'avant-garde des Fusiliers-Marins s'installe dans la partie Ouest du village, en attendant l'arrivée des fantassins.
Une patrouille du 1er peloton, avec 2 T.D. et 3 Jeeps fait une sortie sur le Ballon d'Alsace. Elle dépasse de 2 km le lac d'Alfeld, mais la destruction de la route l'empêche de prendre liaison avec la Légion. Elle ramène un prisonnier.
A la nuit, le 2ème peloton reste dans Dolleren, le 1er et le P.C. occupent Sewen.

26 NOVEMBRE
Les 1er et 3ème Escadrons et l'E.M. se portent sur Rougemont où les Sapeurs du génie du C.C. 6 se sont appliqués à la remise en état des communications. Ils doivent suivre, avec les autres éléments du Sous-groupement A, la route Rougemont-Law et se porter ensuite vers le sud, en direction de Mortzwiller - Soppe-le-Haut, pour exécuter leur mission. Le 3ème escadron ne dépasse pas les lisières Est de Rougemont atteint à 9 heures, le sous-groupement C n'ayant pu dégager Law. Le sous-groupement A passe la nuit et la journée du 27 Novembre à Rougemont.
Le 2ème escadron s'engage au début de la matinée, dans le bois communal de Leval. Le peloton Eblé accompagné de 2 T.D., d'une section de légionnaires et d'une escouade du génie part à 8 heures en vue de s'emparer du carrefour 422 et de se diriger ensuite sur Mortzwiller. Des abatis minés ralentissent la progression, et les travaux de déblaiement sont gênés par de violents tirs d'artillerie.
A 14 heures, la progression reprend malgré les tirs d'Artillerie. Le char de tête du peloton Eblé saute sur une mine, met en flammes les munitions d'une arme automatique ennemie qui réussit cependant à le percer. A 16 heures 15, un canon automoteur est signalé, venant de Mortzwiller, un T.D., placé en tête est incendié, dès son apparition au carrefour. Le deuxième T.D. qui vient seconder le premier, saute sur une mine.
A 18 heures, le peloton Eblé prend ses dispositions pour la nuit aux deux carrefours situés au sud et au sud-ouest de Law.
Dans le secteur du 4ème escadron une patrouille à laquelle participent les chars 75 et 62 du 1er peloton se dirige sur Rimbach. En arrivant à Horben, des mitrailleuses ennemies se dévoilent de part et d'autre de la route. Pris sous les feux du char de tête et d'un T.D., l'ennemi se replie.
Un T.D., le char 62 et une jeep poussent jusqu'à Ermensbach qu'ils trouvent évacué. La progression se poursuit alors sur Rimbach ; à l'entrée du village le char 75 et un T.D. sont reçus par un feu nourri d'armes automatiques et de tireurs isolés. Le char 75, touché sans gravité par un faust-patrone, incendie la maison d'où est parti le coup. Le village est nettoyé.
Après l'arrivée de chars légers et de goumiers, les chars 75 et 62 rejoignent à 15 heures 30 l'escadron dans Dolleren, où ils cantonnent la nuit, le pont sur la Doller n'étant toujours pas rétabli. L'Echelon reste à Sewen.


27 NOVEMBRE
Les 1er et 3ème escadrons et l'E.M. passent la journée à Rougemont. Le 2ème reste sur ses positions de la veille.
Le 4ème escadron attend encore dans Dolleren, le rétablissement du pont sur la Doller, quand il reçoit l'ordre de se porter sur Romagny. Le mouvement s'effectue par la route du Ballon d'Alsace et l'escadron atteint de nuit Saint-Germain, où il cantonne.

28 NOVEMBRE
Le pont de la Chapelle ayant été lancé dans la nuit du 27 au 28 le Sous-groupement A se porte à nouveau sur son axe initial, et atteint la Chapelle vers 13 heures.
A la sortie de ce village, le peloton Déroulède du 3ème escadron est arrêté à 13 heures 30, par un fossé anti-char qu'il réussit à franchir à 14 heures. Soppe-le-Bas est atteint à 15 heures. Sous de violents tirs de minen, le peloton Déroulède progresse jusqu'au pont à la sortie Est du village, mais ne peut franchir cet ouvrage, à moitié démoli.
Le peloton Tourneux contourne Soppe-le-Bas par le sud et atteint Diefmatten où il se heurte à un pont coupé sur la route qui mène à Soppe. Ce peloton ne rejoindra pas l'escadron qui, regroupé dans Soppe-le-Bas, y passe la nuit. Le 1er escadron et le P.C. font mouvement de Rougemont à la Chapelle où ils s'installent à 13 heures et où ils resteront jusqu'au 1er Décembre.
Le 2ème escadron quitte le bois de Leval à 8 heures 30. Le peloton Chevallier, une section du R.M.L.E., un groupe de T.D. et des démineurs entrent à Mortzwiller à 11 heures 50. Des hauteurs Nord du village, où il s'est retiré, l'ennemi tire sur le détachement. Le chasseur Riant en effectuant une liaison est mortellement blessé.
A midi, le peloton Housse, suivi d'une section du R.M.L.E. est lancé vers Soppe-le-Haut tandis que le Lieutenant Eblé qui n'a pu passer le pont de la route Mortzwiller-Sentheim, reste avec son peloton à Mortzwiller.
A 13 heures, à Soppe-le-Haut, le peloton Hodin rencontre une résistance faite de barricades battues par des tireurs isolés, tirant des fenêtres et des toits. Le Maréchal-des-Logis Mercier, est mortellement blessé d'une balle dans la tête. Les chars réagissent de toutes leurs armes et détruisent les barricades, les deux autres pelotons rejoignent et tout l'escadron passe la nuit dans Soppe-le-Haut.
A 10 heures, le Capitaine Blacas Commanda le 4ème escadron, reçoit l'ordre de détacher un peloton de T.D. et un de Moyens pour des action de soutien d'infanterie, visant à dégager les sorties Nord et Nord-Est de Masevaux. Ces actions se déroulent normalement dans le courant de l'après-midi.
Le 4ème escadron passe la nuit à Saint-Germain où il s'était rassemblé pour se rendre, suivant les ordres reçus, à la Chapelle.

29 NOVEMBRE
Les 1er et 3ème Escadrons et l'E.M. restent sur place.
Le 2ème escadron doit se porter sur Guewenheim dans l'ordre : pelotons Eblé, Hodin, et Chevallier
Le peloton Eblé doit atteindre le village au sud, le peloton Hodin, à l'Ouest. Le départ a lieu à 7 heures 50. Le peloton de tête est arrêté par des abatis. Le génie s'emploie activement ; à 9 heures 10, un pont ayant sauté, un Bulldozer entre en action, il s'embourbe ; les tirs d'artillerie rendent impossible la continuation du travail.
Le peloton Hodin progresse par un itinéraire de fortune et entre à Guewenheim à 16 heures 15.
Le Lieutenant Chevallier qui suit avec ses chars se porte aux lisières Est du village. Le peloton Eblé rejoint dans la nuit et se porte également dans la partie Est de Guewenheim.
Le peloton Dorr du 4ème escadron quitte Saint Germain à 7 heures 15, passe par Romagny et pousse jusqu'à l'entrée de Masevaux, où il reçoit l'ordre de progresser sur l'axe Masevaux - Bourbach-le-Haut - Bitschwiller. Malgré de nombreux abatis et des mines, Bourbach-le-Haut est atteint à la tombée de la nuit. Le peloton y passe la nuit tandis que le P.C. se replie à Masevaux. Le peloton de Maraumont à la disposition des Fusiliers-Marins à Lauw, devait progresser sur l'axe Lauw - Bourbach-le-Bas - Roderen - Thann, mais les ponts sur la Doller non rétablis, ne permettent pas son engagement, il reste en état d'alerte à Lauw.

30 NOVEMBRE
Le peloton Eblé du 2ème escadron a pour mission d'accompagner une compagnie du Bataillon "Bourgogne" sur l'Eichwald, mouvement boisé au Nord de Guewenheim. Le départ a lieu à 11 heures 45. Vers 14 heures, une puissante neutralisation sur les lisières Est, est effectuée par les trois chars dont dispose le Lieutenant Eblé, un canon de 75 Pak et un canon léger sont détruits ; de lourdes pertes sont infligées à l'ennemi.
La progression dans le bois d'Eichwald se poursuit, mais l'infanterie glisse vers le sud et le peloton se trouve isolé avec ses légionnaires. Un half-track américain capturé et utilisé par les Allemands est détruit avec tout le personnel qu'il transportait.
A 14 heures 15, le Lieutenant Eblé signale que ses munitions s'épuisent. Le Lieutenant Hodin part relever son camarade à 15 heures avec trois chars et un T.D. La liaison radio de ce détachement avec le P.C. fonctionne mal et le Lieutenant Eblé signale qu'il ne voit pas arriver le Lieutenant Hodin.
A 16 heures 30, ordre est donné au Lieutenant Eblé, de se replier. Ce dernier signale alors plusieurs incendies. Il craint que les chars du Lieutenant Hodin ne soient tombés sur une contre attaque blindée ennemie.
A 18 heures, le peloton Eblé rentre à Guewenheim, suivi par le T.D. qui accompagnait les trois chars du Lieutenant Hodin. Sur le T.D. rentrent le Maréchal des Logis Chef Kauffer, les chasseurs Motel et Calteau, ce dernier blessé. Ce sont les survivants du peloton Hodin, qui est tombé à la sortie de Bourbach sur une contre-attaque blindée allemande en plein développement.
Le char de tête, touché, a brûlé ; tout l'équipage a pu sortir. Le pilote Lernould est grièvement blessé, le Brigadier Regnier est parti chercher une voiture sanitaire à Bourbach-le-Bas (on le retrouvera mort à 150 mètres de son char, le 12 décembre).
Le 2ème Char touché a brûlé aussi, le Brigadier Carrière qui a réussi à sortir du char déclare, avant de mourir au 1er poste de secours, que tous ses camarades sont morts (Lieutenant Hodin, Chasseurs Grollet, Masson et Tisserand).
Le 3ème char, qui, par suite d'ennuis mécaniques, ne suivait que de loin, a été touché moins gravement et l'équipage est indemne.
A la tombée de la nuit, les incendies de cinq chars (les deux premiers chars du peloton Hodin, un Jagdpanther et deux Panther) illuminent le terrain. La contre-attaque allemande a échoué : Bourbach-le-Bas reste à nous.
Le 3ème Escadron reçoit l'ordre de se porter à Pont d'Aspach tenu par des éléments du 5ème R.T.M. Dès 7 heures, le peloton du Maréchal-des-Logis-Chef Channet suivi d'un T.D. et d'une section du R.M.L.E. quitte Soppe-le-Bas. A 9 heures 30, le peloton Channet franchit la Doller à gué, reprend la route et monte jusqu'à la crête. Prise sous un violent tir d'Artillerie, l'infanterie ne suit pas.
Le char de tête est mis en flamme par une arme anti-char. Le Chef de char (Brigadier-Chef Parmentier) le tireur (Chasseur Lignel), le chargeur (Galtier) sont brûlés mortellement. Seul le chasseur Legendre est indemne, le Brigadier Galinier est blessé.
Un char allemand Panther est mis en fuite.
A midi, à la demande du Commandant Clément du 1/5 R.T.M., le peloton Channet revient en deçà de la Doller, pour permettre une préparation d'Artillerie qui a lieu à 13 heures. Mais le gué où les chars sont déjà passés deux fois est impraticable pour une troisième traversée et le peloton Channet s'installe en base de feux à coté du peloton Tourneux à la gendarmerie de Pont d'Aspach. Le peloton Déroulède est en réserve sur la route de Soppe-le-Bas,
Le 1er escadron et l'E.M. rejoignent le 3ème escadron et passent la nuit avec lui, à Pont d'Aspach où ils stationneront jusqu'au 2 décembre soir.
Les deux pelotons dont dispose le 3ème escadron reprennent leur progression sur leurs axes respectifs. Le peloton Dorr débouchant de Bourbach-le-Haut, est arrêté par une arme char qui détruit le scout-car de tête. Le char de tête (Maréchal des Logis Claque) la détruit aussitôt : De nombreux abatis sont encore rencontrés. Néanmoins, le col d'Hundsrück, à mi-distance entre Bourbach-le-Haut et Bitschwiller, est atteint. Le peloton revient passer la nuit à Bourbach-le-Haut.
Le peloton de Maraumont se rend à Bourbach-le-Bas par un itinéraire détourné et se porte en surveillance des hauteurs dominant le village prêt à parer à toute contre-attaque ennemie.

1er DÉCEMBRE
Le 1er escadron reste à la Chapelle.
Le 2ème escadron continue ses attaques dans l'Eichwald. Le peloton Chevallier comprenant 3 chars, un groupe de T.D. et une section du R.M.L.E. quitte Guewenheim à 15 heures 15. Des tirs sont effectués qui causent des pertes appréciables à l'infanterie ennemie. Nos fantassins sont gênés dans leur progression par de nombreuses mines anti-personnel. Le char du Lieutenant Chevallier saute sur une mine. Au cours du dépannage, le Brigadier Lesens, est blessé par l'explosion d'une mine anti-personnel. Il fait déjà nuit, des minen éclatent, le peloton se replie au complet à Bourbach-le-Bas.
Au moulin de Pont d'Aspach, sont restés 2 Chars du peloton Channet (3ème escadron) ; vers 17 heures un violent tir d'Artillerie s'abat sur eux ; le Maréchal des Logis Weiser est tué par éclats d'obus, le chasseur Gotlibowski est blessé aux deux jambes et évacué. Il succombe à ses blessures.
Rien à signaler pour le 4ème escadron dont les 2 pelotons ont repris chacun sur son axe une progression ralentie principalement par des mines et des abatis.

2 DÉCEMBRE
Le peloton Éblé du 2ème escadron, avec 3 chars, un groupe de T.D., une section du R.M.L.E., une escouade du génie et une voiture sanitaire, part de Guewenheim, à 6 heures 45. De nombreuses mines sont rencontrées, un char saute. Un des chars tourne à gauche vers Roderen et met en flammes un camion chargé d'Allemands.
A 15 heures, ordre de repli est donné au Lieutenant Éblé qui rentre à Guewenheirn quand les canons de 57 se sont installés en appui de l'infanterie.
Le peloton Dorr du 4ème escadron détache un char pour protéger les travaux du génie qui continue à dégager la route de Bitschwiller.
Le peloton de Maraumont fournit des feux sur des éléments ennemis qui tentent de s'infiltrer à travers bois, vers Bourbach.

3 DÉCEMBRE
Le 3ème escadron s'installe en réserve de secteur à Burnhaupt-le-Haut, le peloton Tourneux reste à Pont d'Aspach en base de feu, jusqu'à 16 heures.
Le P.C. du 4ème escadron reste à Masevaux. Le peloton Dorr protège les travaux du génie. Le peloton de Maraumont appuie de ses feux l'attaque des fantassins.

4 DECEMBRE
Le 1er escadron stationne jusqu'au 7, à la Chapelle, le 3ème entretient son matériel à Burnhaupt-le-Haut, où il reste jusqu'au 7.
Deux chars du peloton Dorr du 4ème escadron sont détachés au col du Hundsrück, puis tout le peloton progresse à partir de ce col jusqu'à l'auberge du Rutemsthal. Le char du Maréchal des Logis Claque est traversé, non loin de Bitschwiller par un obus anti-char. Blessé à la tête, le Maréchal des Logis Claque, succombe à sa blessure 2 jours après. L'arme antichar est détruite par le char touché. A la nuit, le peloton revient à Bourbach-le-Haut.
Le peloton de Maraumont effectue un travail sensiblement pareil à celui de la veille et cantonne à Bourbach-le-Bas.

5 DECEMBRE
Les 1er, 2ème et 3ème Escadrons restent sur leurs positions.
Le 4ème escadron remplit des missions de surveillance et de protection.

6 DECEMBRE
Le 2ème escadron forme un élément d'appui d'infanterie. Cet élément comprend le peloton Chevallier avec 3 chars, un groupe de T.D.. une section du R.M.L.E., une escouade du génie, une voiture sanitaire. L'Infanterie du Bataillon de l'Yonne doit attaquer Michelbach.
Le 4ème escadron fait mouvement de Masevaux sur Bourbach-le-Haut. Le peloton de Maraumont reste à Bourbach-le-Bas, avec la même mission.

7 DÉCEMBRE
A 9 heures, la progression du 2ème Escadron commence. Vers 10 heures, les lisières de Michelbach subissent de violents tirs de neutralisation. A 12 heure 30, une importante réaction d'Artillerie se fait sentir. Le char de tête est immobilisé par un obus anti-char. Des chars ennemis signalés depuis Aspach-le-Haut, patrouillent dans le village. Ils sont réduits au silence par un des T.D. et un Medium.
Le pont de Michelbach étant détruit, les chars ne peuvent suivre l'infanterie qui a pris pied dans le village. Les troupes du Bataillon de l'Yonne et l'élément Blindé se replient sur leurs positions.
Les 1er et 3ème escadrons, dans le cadre du sous-groupement A doivent appuyer l'attaque de 2 Bataillons du 5ème R.T.M franchissant la Doller sur des passerelles, pour s'emparer d'Aspach-le-Bas et de Schweighouse.
Le 3ème escadron doit franchir le pont d'Aspach, réparé la nuit, dès que l'infanterie tiendra les crêtes au Nord du pont.
Par suite de crues, les passerelles n'ont pu être lancées. Deux compagnies, avec le soutien du peloton Déroulède, attaquent à 11 heures 30 par la route nationale 83. Des mines stoppent la progression des chars. Le génie ne peut achever le déminage car il se trouve à 50 mètres des nids de résistance ennemis. Le char 41 (Maréchal des Logis Chef Bacq) est touché par un faust-patrone mais n'en continue pas moins le combat.
A la nuit, la patrouille de tête est repliée au sud de la Doller, tandis que le peloton Provensal reste en base de feu, à l'Ouest du village de Pont d'Aspach, sur la route de Gewenheim. Un détachement blindé du 4ème escadron, aux ordres du Capitaine Blacas et composé du peloton Dorr et d'un peloton de T.D. quitte Bourbach-le-Haut et se met en position d'attente à l'auberge de Rutemsthal. Il a pour mission de soutenir l'infanterie qui attaque Bitschwiller. Après une préparation d'Artillerie intense, de 9 heures à 9 heures 20, les blindés se lancent dans Bitschtwiller où ils parviennent avant l'infanterie. Le char 69 (Maréchal des Loges Chef Duhamel) saute sur une mine. Les chars reviennent chercher l'infanterie à l'entrée du village. Vers 10 heures, le chasseur Cano est blessé à la tête. Le nettoyage du village s'effectue sans rencontrer de grosse résistance. Trente hommes et un officier sont capturés.
Mais le pont sur la Thur saute avant que les chars ne l'atteignent.
A 11 heures 45, le nettoyage de la ville étant terminé, le détachement blindé s'organise en point d'appui cerclé avec l'infanterie.
Bitschwiller est soumis à de violents tirs de minen et d'artillerie ; à 16 heures, le brigadier Buisson, les chasseurs Ahmed Ben Brahim, Djilali Ben Arbi et Ali Ben Mohamed du half-track de commandement sont blessés par éclats d'obus.
Le peloton de Maraumont, du 4ème Escadron, appuie de ses feux une progression d'infanterie sur le Brucklenwald. L'attaque a lieu à 9 heures 30 ; après préparation d'artillerie, le peloton se déplace à 10 heures 15 et détruit plusieurs nids d'armes automatiques. Un faust-patrone ricoche sur un de ses chars. Cinq soldats allemands sortant d'un abri sont faits prisonniers ; le chasseur Tournaire descendu du char dont il est pilote, pour participer au nettoyage de la position est tué.
Les mortiers ennemis entrent également en jeu et la position s'avère être un vaste champ mines, où notre infanterie subit de lourdes pertes : le peloton continue cependant à soutenir l'infanterie jusqu'au moment où soumis à des tirs de perforants venant de Roderen et Leimbach, il reçoit l'ordre de se replier sur Bourbach-le-Bas.

8 DÉCEMBRE
A 11 heures 30, le 3ème escadron reçoit l'ordre se porter sur Soppe-le-Haut Mortzwiller, Lauw, Masevaux et Bourbach-le-Haut. A 15 heures 30, Bitschwiller est atteint ; le peloton Provensal est resté à Burnbaupt-le-Haut. A 17 heures, le Capitaine Nodet engage le peloton Déroulède dans Thann pour y appuyer l'action d'un détachement du 3ème R.S.M. et passe la nuit au cœur de Thann.
L'Etat-Major du 6ème R.C.A. fait mouvement de Soppe-le-Bas à Sickert où il arrive à 17 heures 30. A 22 heures, le Lieutenant-Colonel d'Arc, commandant le 6ème R.C.A. reçoit du C.C. 6, l'ordre de se porter avec tous les éléments de son régiment sur Bitschwiller.
Le 1er escadron toujours à la Chapelle et le peloton Provensal, du 3ème escadron, resté à Burnhaupt-le-Haut, rejoignent la région de Masevaux dans la nuit du 8 au 9. Ils repartent ensuite pour Bitschwiller avec le P.C. avancé du Régiment.
Le 2ème escadron prend position pour soutenir une action éventuelle du II/5ème R.T.M. sur Michelbach. Vers 15 heures 30, une contre-attaque ennemie est arrêtée par les feux d'un char et d'un T.D.
A 17 heures, le détachement blindé du Capitaine Dubois, comprenant les 3 chars du Lieutenant Eblé, relève le Capitaine de Berc. Vers 18 heures, un char du peloton Chevallier, saute sur une mine alors qu'il allait, suivi d'un deuxième char de ce peloton, prendre en remorque le char 30, lui-même sauté sur une mine. Le Maréchal des Logis Raffault et le chasseur Belmudes sont blessés. Le dépannage ne pouvant être continué, le Lieutenant Chevallier se replie sous de violents tirs de minen et d'Artillerie.
A 22 heures, deux chars du 2ème peloton vont relever, à Pont d'Aspach, des éléments blindés. Ils reviennent le lendemain matin, à 9 heures 30.
Le 4ème escadron a eu pour mission de franchir la Thur, de nettoyer le village, d'installer un bouchon sur la route de Goldbach et de faire liaison avec les goums descendant de Saint-Amarin sur Moosch et Willer
Un détachement, sous les ordres du Capitaine Blacas, et comprenant quatre chars moyens, deux T.D. et deux sections d'infanterie aborde Willer par le tunnel de la voie ferrée.
L'entrée dans Willer nettoyé par l'infanterie, se fait sous un violent tir de minen. Le bouchon sur la route de Goldbach est immédiatement placé. Au moment de lancer la reconnaissance sur Moosch arrive le peloton Tourneux qui prend cette mission à son compte et la mène à bien.
Le détachement Blacas relevé, rentre à Bitschwiller, avec un blessé, le brigadier-Chef Sanchez qui a reçu un éclat d'obus dans Willer et succombera.
Le peloton de Maraumont du 4ème escadron, en surveillance sur le Brucklenwald, détruit, à la demande de l'infanterie, plusieurs nids de mitrailleuses ; vers 17 heures, les chars rentrent à Bourbach-le-Bas : le peloton de Maraumont rejoindra son escadron à Bitschwiller le 12 Décembre.
Du 9 au 15 Décembre, le 4ème escadron est désormais en réserve, le sous-groupement d'Arc a relevé dans Bitschwiller, le groupement du Colonel Simon du 8ème R.C.A. Il en profite poux revoir son matériel et est partiellement recomplété en chars de combat.

10 DÉCEMBRE
Pendant que les 1er et 3ème escadrons opèrent dans Thann et que le 4ème stationne à Bitschwiller, le 2ème escadron a pour mission de se porter sur Roderen par deux itinéraires : le détachement du Capitaine de Berc passant par Bourbach-le-Bas et celui du Lieutenant Eblé, plus au sud.
A 7 heures, le premier détachement marche sur Bourbach-le-Bas. La progression se trouve ralentie par des mines dissimulées sous la neige. A 11 heures 30 tous les éléments du détachement sont en vue de Roderen. A 12 heures, des tirailleurs pénètrent dans le village. Les chars tirent sur l'ennemi qui se replie dans les bois S. E. de Roderen, mais sont peu après arrêtés par une destruction importante.
Le détachement Eblé parti à 9 heures n'arrive en vue de Roderen, qu'à 12 heures 15, ayant été retardé par des abatis minés et un pont difficile à franchir, nécessitant l'intervention d'un Bull-Dozer. Il pénètre dans le village dont il contribue au nettoyage. Un petit point d'appui ennemi est réduit et sa garnison se rend.
Le détachement s'installe en point d'appui avec deux bouchons, l'un vers Leimbach, l'autre vert le Bergwald.
A 14 heures, le détachement de Berc reçoit l'ordre de faire demi-tour et de prendre l'itinéraire qu'a suivi le Lieutenant Eblé. Un char du peloton Chevallier saute sur une mine. Vers 15 heures, le détachement entre à Roderen, et reçoit l'ordre de pousser vers Leimbach à 16 heures 15. La visibilité devient mauvaise et en soutenant les légionnaires qui avancent de 500 mètres, les chars sont violemment pris à partie par l'Artillerie ennemie. A la nuit, le peloton se replie dans Roderen et y cantonne.

11 DÉCEMBRE
De 7 heures 30 à 11 heures, le peloton Eblé du 2ème escadron fait la liaison avec des éléments amis qui occupent déjà Leimbach.
Le 2ème escadron, à travers les bois se porte sur Aspach-le-Haut et Aspach-le-Bas par deux itinéraires reconnus par le 1er R.E.C.
A 11 heure 30, le détachement du Capitaine de Berc reçoit l'ordre d'aller à Aspach-le-Haut par Michelbach. De 12 heures à 14 heures, la progression est arrêtée, le pont devant Michelbach n'étant pas encore rétabli. A 14 heures 45, Aspach-le-Haut est atteint et ordre est donné de pousser sur Aspach-le-Bas.
Au passage à la station, le détachement essuie un tir nourri de minen. Vers 15 heures Aspach-le-Bas est atteint. Les chars pénètrent dans le village, où le peloton Chevallier fait une vingtaine de prisonniers.
Le peloton Eblé atteint par le Bergwald, Aspach-le-Haut à 14 heures. Il se porte sur Aspach-le-Bas et s'y installe au carrefour Nord-Ouest. Le peloton Chevallier forme bouchon à la sortie Sud-Est sur Schweighouse et Pont d'Aspach.
Les éléments du C.C. 3, venant de Pont d'Aspach arrivent vers 22 heures 30.

12 - 13 - 14 DECEMBRE
Le 2ème escadron se déplace sur Soppe-le-Haut puis Guewenheim, le C.C. 6 devant être mis en réserve de Division.

 

OPÉRATIONS DANS THANN

9 DECEMBRE
Les escadrons du 6ème R.C.A. compris dans le Sous-groupement A, se trouvent à Bitschwiller. Le peloton Vuillerme, du 1er escadron, participe, dès le lever du jour, au nettoyage de Thann ; le peloton Tourneux, du 3ème escadron, s'est établi en point d'appui dans Willer, tandis que le peloton Déroulède dirigé la veille, vers 17 heures, sur Thann, a passé la nuit dans le centre de cette ville. Le P.C. avance dans Bitschwiller au lever du jour.
A 10 heures, les pelotons Tourneux et Provensal du 3ème escadron et le peloton Vuillerme, du 1er sont engagés pour nettoyer la ville de Thann. Le peloton Vuillerme fait vingt prisonniers. Deux chars allemands repérés à 200 mètres de l'église, sont fixés par les chars du Lieutenant Déroulède. Le peloton Provensal, fonçant sur la route de Leimbach, est arrêté par deux barricades, à proximité de la Sous-Préfecture, où il passe la nuit, renforcé par une section du R.M.L.E. qui fait 10 prisonniers.
Le peloton Tourneux, débordant par le sud, détruit un canon automoteur ennemi et met en fuite un Jagdpanther. Cependant, le char du Maréchal-des-Logis Perron est détruit à son tour et flambe. Les chasseurs Boulier et Kouliche ne réussissent pas à se dégager, les chasseurs Combe et Mathieu sont blessés.
A midi, le Lieutenant Denolle avec 3 chars du peloton Rummler du 1er escadron et une section du 8ème R.T.M. est engagé sur les versants N. du Staufen repris par l'ennemi. Une cinquantaine d'Allemands, réfugiés dans un tunnel de chemin de fer, sont faits prisonniers, après une action menée avec vigueur et rapidité.

10 DECEMBRE
Un premier détachement, aux ordres du Lieutenant Gufflet du R.M.L.E. comprend les pelotons Vuillerme et de Montgrand du 1er escadron et le peloton Tourneux du 3ème.
Le peloton Vuillerme (chars légers) aide l'infanterie à prendre pied sur le Rangenkopf, franchir la Thur à gué, fait 90 prisonniers. Pris à partie par une arme antichar il se replie à 17 heures. Le Brigadier Borier est blessé, un char est atteint.
Le peloton de Montgrand va nettoyer l'usine de produits chimiques située entre la gare et Vieux-Thann, il subit de très violents tirs de minen, le Brigadier-Chef Greder est blessé. Mais les pertes infligées à l'ennemi sont telles que les Allemands se réfugient dans Vieux-Thann.
A la nuit, ces deux pelotons de l'escadron Mirabeau viennent cantonner dans l'usine de textiles, à l'entrée de Thann, sur la route de Bitschwiller.
Le peloton de chars moyens du 3ème escadron a pour objectif le carrefour 328 au sud de Vieux-Thann. A l'embranchement de la route de Mulhouse, il rencontre des barricades et le Lieutenant Tourneux ne peut faire déboucher son peloton pris sous le feu d'une arme antichar. A 13 heures en voulant reconnaître l'itinéraire permettant la mise en batterie d'un T.D. qui l'accompagne le Lieutenant Tourneux est atteint à la cuisse par la balle d'un tireur d'élite. Il succombe peu après, ayant l'artère fémorale sectionnée. Le peloton se replie un peu plus tard aux lisières sud de Thann, où il passe la nuit.
Un deuxième détachement, sous les ordres du Lieutenant Déroulède, comprend, en plus de son peloton de chars moyens, le deuxième peloton de chars légers du premier escadron.
Le peloton Rummler s'installe à un carrefour situé au sud de la sous-Préfecture qu'il devra tenir, aidé du canon de 75 Pak. L'Adjudant Rummler, blessé, est remplacé par le Lieutenant Denolle. Les servants du canon : Gaziello, Bouchaib, Ahmed et le brigadier Douineau, blessés, sont évacués. Le soir, le Peloton rejoint l'Escadron à son cantonnement, dans l'usine de textiles.
Le peloton du Lieutenant Déroulède a pour mission de se porter sur Leimbach. Au cours de sa progression, il fait une soixantaine de prisonniers descendant du Stauffen. Vers 11 heures 30 il est violemment pris à partie par une arme anti-char. Il progresse cependant de 1200 mètres, met en flammes un Jagdpanther et en touche un autre qui sera trouvé abandonné le lendemain. Le Peloton rentre pour la nuit aux lisières Sud de Thann.
Le Peloton Provensal, du troisième Escadron, inclus dans le détachement du Lieutenant Lalo (R.M.L.E.), a pour mission de se porter sur Leimbach par l'Est. Il est arrêté au carrefour 328 par les mêmes armes anti-chars que celles qui ont arrêté le peloton Tourneux. A 10 heures, au moment où le peloton s'installe pour la nuit, un obus blesse 4 des membres de l'équipage du char 53, les chasseurs Corbella, Guillermin, Hofmann et Rossel.
Le P. C. avancé du S/Groupement A s'est porté de Bitschwiller dans Thann, à 9 heures. Dans la nuit du 10 au 11, le Colonel Commandant le 6ème R.C.A. prend provisoirement le commandement du C.C. 6, en, remplacement du Colonel Tritschler, évacué, et le Chef d'Escadrons de Viéville assure, pendant son absence, le commandement du S/Groupement A et du 6ème R.C.A.

11 DÉCEMBRE
Les objectifs restent les mêmes. Le Peloton Déroulède atteint Leimbach à 6 heures 30, après avoir fait une douzaine de prisonniers. Le Peloton Provensal avive à son tour dans Leimbach. Ces deux pelotons sont relevés par des éléments du 3ème R.S.M. Au carrefour de l'Auberge (400 mètres Est du village) le char C 1 saute sur une mine, le brigadier chef Doux qui le guidait est tué.
A 11 heures 30, ces deux pelotons du 3ème escadron approchent du carrefour 328. Le peloton Déroulède se met en base de feu et protège l'avance du peloton Provensal qui atteint le carrefour à 15 heures. Mais il ne peut en déboucher et sa situation, sous le feu d'une arme antichar, est très délicate ; le chef Channet et le chasseur Chatain sont blessés. Appel est fait au Capitaine Mirabeau pour que ses éléments qui opéraient dans Vieux-Thann, fassent une poussée, vers le carrefour.
Le Lieutenant Largy affecté au 3ème escadron, après l'évacuation du Lieutenant Tourneux, se dirige avec son peloton, vers le carrefour 328. A 17 heures 15, la liaison et prise entre la pelotons Provensal et Largy et un point d'appui est organisé pour la nuit au carrefour 328.
Les pelotons Denolle et de Montgrand du 1er escadron sont engagés au Sud-ouest de Vieux-Thann. Dans la fabrique de produits chimiques, premier objectif, le Maréchal-des-Logis-Chef Chaussoy est tué par une balle de tireur d'élite. Le Brigadier Galvez et le chasseur Groubatch sont blessés. Le Maréchal-des-Logis-Chef Tranchant chef du char de commandement 02 qui appuie le peloton Denolle, est blessé à son tour, par un tireur d'élite. Il mourra peu après, des suites de cette blessure.
Dans la nuit du 11 au 12, profitant de l'obscurité, (sous la direction du Chef d'escadrons Lamourère) le groupe de dépannage régimentaire effectue le dépannage de deux chars du 3ème escadron, embourbés entre les lignes

12 DÉCEMBRE
Le point d'appui en 328 tient toute la nuit mais au lever du jour ne réussit pas à faire déminer la route Nord vers Vieux-Thann à cause de l'infanterie ennemie, que les chars ne peuvent déloger. Dès qu'ils se mettent en mouvement, ils sont, en effet, pris sous le feu d'armes antichar.
Les pelotons Vuillerme et Denolle, du 1er escadron, appuyés par le char 01 du Colonel, un T.D., une section de légionnaires et une équipe du génie, ont toujours pour mission le nettoyage des quartiers ouest de Vieux-Thann. Vers 10 heures, une patrouille d'infanterie et le char 01 sont envoyés en direction de l'usine Scherer. Le char 01, touché aussitôt par deux coups de 88, flambe. L'Adjudant Klein et le Maréchal-des-Logis de Langalerie, blessés, ne peuvent être dégagés et périssent dans les flammes.
Le peloton Déroulède, du 3ème escadron fournit des feux sur le Rangenkopf où le 5ème R.T.M. est violemment contre-attaqué.
En fin d'après-midi, le peloton Vuillerme, du 1er escadron, en position de tir sur le Rangenkopf, est pris sous un violent tir d'Artillerie. Le lieutenant Vuillerme, le Maréchal-des-Logis-Chef Chaudron, le Maréchal-des-Logis Cadot, le Brigadier-Chef Reboul, le Brigadier Collet, le chasseur Audibert, blessés sont évacués. Le brigadier Collet succombera le 14.
Au point d'appui 328 un obus d'Artillerie, tombant sur un abri, tue les chasseurs Rebillaud, Guit, Legendre, et blesse gravement les chasseurs Robert et Flejot qui sont évacués. Le Maréchal-des-Logis Leber légèrement blessé au pied est soigné sur place.
A 23 heures, le Capitaine Nodet reçoit l'ordre de faire décrocher le point d'appui du carrefour 328. A 4 heures du matin le dépannage sur le terrain du 52 par l'Adjudant-chef Vuillemin, et le repli sur Thann, sont terminés, sans qu'aucun coup de feu ait été échangé.
Au 1er escadron, le Capitaine Mirabeau, partant en permission, le Lieutenant Denolle prend le commandement de l'escadron.

13 DÉCEMBRE
Le sous-groupement A devait être au repos dans Thann, mais, après une violente préparation d'artillerie, entre 6 heures 30 et 7 heures 30, les Allemands reprennent le Rangenkopf. En conséquence, le détachement du Capitaine Nodet, comprenant le 3ème escadron, la 10ème Compagnie du R.M.L.E., le peloton de Montgrand du 1er escadron et un peloton de T.D. du 11ème R.C.A. est alerté. Le peloton Déroulède effectue des tirs face au nord, le peloton Largy est placé en soutien d'Infanterie sur la route de Mulhouse.
Vers 13 heures 30, à la suite d'un très violent bombardement ennemi, l'intervention du peloton Déroulède (3ème Escadron) et du peloton de Montgrand (1er Escadron) est demandée. Quelques tirs sur les pentes Sud du Rangenkopf sont effectués, tandis que l'Artillerie du Sous-groupement A bombarde le piton repris par l'ennemi.
A 15 heures les Tirailleurs du 5ème R.T.M. reprennent le Rangenkopf. Le détachement Nodet est ramené à Bitschwiller, le peloton léger du Lieutenant de Montgrand, deux T.D. et une section du R.M.L.E. sont laissés à Thann, en réserve d'Infanterie.
Le P.C. avancé, dans Thann est encadré par des tirs de plus en plus précis, ce qui laisse supposer que des espions ont signalé son emplacement exact. Vers 15 heures, un obus entre par la porte du bureau et explose, fort heureusement, sous le plancher du rez-de-chaussée. Aucune des sept personnes se trouvant dans la pièce n'est touchée. En fin d'après-midi, le P.C. avancé va s'établir dans Bitschwiller.

14 - 15 - 16 DÉCEMBRE
Le sous-groupement A reste au repos dans Bitschwiller en réserve de Division.
Le 16 Décembre un obus tombé à proximité du cantonnement du 1er escadron, fait 5 blessés : le Brigadier-Chef Morel et les Chasseurs Sion, Bourion, Andoli et Bailles.
Pendant les opérations dans Thann du 9 au 16 Décembre, les 1er et 3ème Escadrons ont eu 8 tués et 26 blessés. Le régiment a perdu 2 chars moyens incendiés, l'un par un char ennemi l'autre par un anti-char. Un char a sauté sur une mine, deux chars légers touchés par obus antichar sont inutilisables.

20 DÉCEMBRE
Le Régiment fait mouvement de Bitschwiller sur la région de Lure par l'itinéraire : Bitschwiller, Bourbach-le-Haut, Masevaux, Rougemont, Giromagny, Lure. A la sortie de Bitschwiller, les rames sont prises sous un violent bombardement. Le Maréchal-des-Logis Lopez du 4ème escadron est blessé. Les stationnements du régiment en fin de mouvement sont les suivants :
E. M. - Services - E.H.R. : Lure
1er et 4ème Escadrons : Vouhenans
2ème Escadron : Magny
3ème Escadron : Saint-Germain
Groupe Ravitaillement essence et munitions : Echenans
Echelon : Belfort

21 DÉCEMBRE
Le régiment est placé en réserve d'Armée.


POCHE D'ALSACE

Le 1ère Armée Française, du Général de Lattre de Tassigny, en dépit des combats incessants auxquels elle a pris part et malgré des réserves en nombre limité, va maintenant, par une action d'ensemble, menée au nord par le 2ème Corps d'Armée du Général de Montsabert et au sud par le 1er Corps d'Armée du Général Bethouart, résorber la poche que les Allemands occupent en Alsace, en même temps qu'elle fera tomber, par là-même, la menace qui pèse au sud de Strasbourg.
Le C.C. 6, sous les ordres du Colonel de Lavilléon assurera dans cette bataille, la lourde tâche de faire tomber le centre de résistance de Jebsheim, clef de voûte de toute la défense ennemie et point de couverture de Neuf-Brisach, passage obligé, par où se font toutes ses évacuations.
Rôle ingrat, mais combien glorieux qui va faciliter au Général Schlesser, Commandant le C.C. 4, la prise de Colmar, nouveau titre de gloire de la 5ème D.B. du Général de Vernejoul.

5 JANVIER
Le conseil municipal de Belfort, ayant décidé de parrainer, au nom de la ville, le 6ème R.C.A. et d'offrir au régiment un fanion d'honneur, le colonel remet au maire de Belfort une maquette en bois du char 27, portant le nom de "Bugeaud" qui, entré le premier dans la ville, a été incendié par faust-patrone, Place des Vosges, le 20 Novembre 1944.
Le Maire de Belfort et le Président de la chambre de commerce, qui, au nom de cette assemblée, a offert une voiture de liaison au Colonel, sont nommés chasseurs de 1ère classe honoraires.
Le nouveau fanion du régiment portera, sur la croix noire de Saint-André, du chef d'Escadrons Bossut, du coté opposé à l'insigne du Corps, les armes de la ville de Belfort.

6 JANVIER
Le Régiment est alerté pour se porter en réserve du 2ème Corps d'Armée, dans la région de Molsheim.

7 JANVIER
A partir de 9 heures, le régiment fait mouvement par Lure, Luxeuil, Saint-Loup, Aillevillers, Plombières, Hadol.
Les chars rencontrent de grosses difficultés, la route, couverte de neige glacée, occasionnant des glissements sur les bas-cotés.
A 13 heures 30, les deux rames de l'E.M. atteignent Hadol. Le 1er escadron arrive presque au complet et continue sur Bruyères.
Le 4ème escadron arrive avec 7 chars seulement à Prés Français. Le 3ème escadron arrive avec 11 chars à Geromenil vers 19h30. Le 2ème escadron, avec 11 chars, atteint le Haut de la Charme. Le régiment passe la nuit dans les villages et hameaux atteints en fin de journée.

8 JANVIER
Le déplacement continue par Larche, Bruyères, la Chapelle.
L'E.H. et le 2ème escadron arrivent à la Chapelle à 17 heures 30, le 4ème à Ivoux à 18 heures, le 3ème à Bruyères à 18 heures et l'E.H.R. à Laval à 18 heures. Le 1er escadron a pu atteindre Schirmeck où il passe la nuit.

9 JANVIER
L'E.M., les escadrons de chars moyens et l'E.H.R. partent de la région de la Chapelle à 9 heures. Itinéraire : la Chapelle, les Pouillères, Taintrux, Saint-Dié. Passage de la tête de colonne à Saint-Dié à 10 heures 20, et au col de Saales à 13 heures 10. L'E.M, et le 2ème escadron cantonnent pour la nuit à Schirmeck, atteint à 14 heures, tandis que le 3ème, le 4ème et l'E.H.R. s'installent entre Schirmeck et Rothau.
Le 1er escadron parvient à Ittenheim.

10 JANVIER
Le 1er escadron, alerté à 12 heures 30 fait mouvement sur Entzheim, au sud de Strasbourg.
L'E.M. et les escadrons de chars moyens partent de la région de Schirmeck à 8 heures. Itinéraire : Schirmeck - Urmatt - Mutzig - Dorlisheim. L'E.H.R. restera à Rothau jusqu'à nouvel ordre. Des parachutistes ennemis sont signalés aux environs de Still.
L'arrivée de la tête de colonne a lieu à 11 heures 45 et le stationnement du régiment est le suivant :
1er Escadron : à Entzheim.
2ème Escadron : à Griesheim.
3ème Escadron : à Altorf.
4ème Escadron et Etat-Major : à Dorlisheim.
T.C. 2 et peloton de commandement E.H.R. à Avolsheim.
T.C. 1 bis à Oberhaslach et Niederhaslach.
T.R. à Muhlbach.

11 JANVIER
Rien à signaler.

12 JANVIER
Les 1er, 2ème et 4ème Escadrons, aux ordres du Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc, Commandant le 6ème R.C.A. et le 3ème escadron avec le 4/11ème R.C.A. et une compagnie du R.M.L.E.. formant un détachement sous les ordres du Chef d'Escadrons du Chelas, vont occuper le matin du 12, les villages suivants :
Meistratzheim : P.C. avancé, canons, mortiers d'E.M., 2ème Escadron.
Niedernai : 1er Escadron.
Krautergersheim : 4ème Escadron.
Hindisheim : 3ème Escadron et P.C. du Commandant du Chelas.
Les villages occupés ont été mis en état de défense, pour parer à toute tentative ennemie en direction de Strasbourg.

DU 13 AU 18 JANVIER
Toutes les unités effectuent des reconnaissance de terrain en vue de stopper éventuellement une attaque ennemie vers le nord, pour contre-attaquer ensuite vers le Sud-Est et l'Ouest.
Les reconnaissances sont particulièrement confiées à l'Escadron de chars légers.

19 JANVIER
A 16 heures, les mouvements suivants sont exécutés :
L'E.M., va de Meistratzheim à Krautergersheim. Le 1er escadron va de Niedernai à Innenheim.
Le 2ème escadron va de Meistratzheim à Duppigheim.
Les 3ème et 4ème Escadrons restent respectivement à Hindisheim et Krautergersheim.

22 JANVIER
Le Lieutenant Joyau du 4ème escadron, avec les 3 chars Médium de son peloton, est mis à la disposition du Colonel Delange (de la 1ère D.M.I.) et quitte Krautergersheim pour Bergheim à 8 heures.

23 JANVIER
Le régiment fait mouvement par Niedernai, Epfig, Blienschwiller, Hohwarth, Triembach, Villé. La progression est très lente, les chars éprouvent de grosses difficultés à tenir la route à cause de la neige glacée. Un char du peloton d'Echelon régimentaire verse sur le bas-coté de la route. Le chasseur Brachet Maurice qui se trouvait dans la tourelle, est tué par écrasement du thorax.
La région de Villé est atteinte à 13 heures 30 et le stationnement du régiment est le suivant :
P.C. et Etat-Major : Fouchy.
1er Escadron : Bassemberg.
2ème Escadron : Laloye.
4ème Escadron : Charbes,
Le 3ème escadron s'est déplacé avec le Sous-groupement Rémond (Commandant du Chelas) et a atteint Chatenois (4 km N.O. de Sélestat) vers 16 heures.

24 JANVIER
Les escadrons de chars moyens sont répartis entre trois sous-groupements composant le C.C. 6 :
2ème escadron avec le sous-groupement B (Chef de Bataillon Boulanger, commandant le III/R.M.L.E.).
3ème escadron avec le sous-groupement R. (Chef d'Escadrons du Chelas, du 6ème R.C.A.).
4ème escadron avec le sous-groupement A. (Colonel d'Arc, Commandant le 6ème R.C.A.).
L'Escadron de chars légers, 1er escadron, est maintenu en réserve de groupement.
Le 22 Janvier, le C.C. 6 a reçu la mission suivante : débouchant en tête de la 5ème D.B., dès que la 1ère D.M.I., appuyée par un C.C. de la 2ème D.B. et la 3ème D.I.U.S. auront rompu le dispositif ennemi, de part et d'autre de la forêt communale de Colmar :
1) s'emparer des passages des canaux de Colmar et du Rhône au Rhin.
2) progresser au plus vite sur la direction Durrenentzen et Biesheim pour s'emparer des passages du Rhin à Brisach.

25 JANVIER
Le sous-groupement R qui s'est déplacé sur Bergheim reçoit, à 2 heures 30 du matin l'ordre :
1) de se porter immédiatement aux lisières Ouest de la Forêt de Colmar.
2) de franchir l'Ill au pont 178.
3) de s'emparer du Moulin de Jebsheim, couvert sur sa gauche par le sous-groupement B.
A 8 heures le moulin de Jebsheim est attaqué ; en tête, le 3ème escadron (Capitaine Nodet), suivi de la 10ème Compagnie du R.M.L.E., les 6 T.D. du 4/11ème R.C.A. sont placés, par groupes échelonnés de deux, sur la gauche de la colonne qu'ils appuieront de leurs feux.
Arrivés au ruisseau de Riedbrunnen, vers 9 heures 15, les chars sont pris à partie par des Jagdpanthers cachés dans les boqueteaux. Un T.D. est touché et brûle. Le Lieutenant Largy (3ème Escadron) franchit le ruisseau avec son peloton, puis part en reconnaissance à pied avec le sous-Lieutenant Lhotel de la 10ème Cie du R.M.L.E. Ils tombent sur un petit poste ennemi occupant une tranchée. Le sous-Lieutenant Lhotel est tué ainsi que le Maréchal-des-Logis Lachat.
Le Lieutenant Largy envoie en avant une patrouille de deux chars, les chars 48 et 49 qui, atteints de flanc par des coups venant du nord, se mettent à flamber, le Brigadier Lemaire et le chasseur Gourceau sont tués.
Ordre est alors donné au 3ème escadron (Capitaine Nodet) d'appuyer au sud et d'emprunter la route Maison-Rouge - Moulin de Jebsheim.
A 13 heures, le peloton du Sous-Lieutenant Provensal prend liaison avec des éléments du 254ème Régiment de la 3ème D.I.U.S., à 500 mètres à l'est de la Maison Rouge, puis progresse vers le moulin de Jebsheim.
A 15 heures, le peloton Provensal atteint le moulin de Jebsheim où il trouve 3 T.D. américains (dont un détruit) et une compagnie à effectif réduit. Le reste du sous-groupement rejoint le moulin de Jebsheim.
A ce moment, une contre-attaque allemande, appuyée de 2 Jagdpanthers débouche de Jebsheim. Un T.D. américain est mis en flammes. Le half-track du Capitaine Nodet est également incendié. Le char du Lieutenant Provensal touché par le tir d'un char ennemi, a sa tourelle bloquée.
Un tir d'arrêt de notre Artillerie stoppe la contre-attaque ennemie et un Jagdpanther est incendié par le tir des chars du Lieutenant Largy.
Le sous-groupement se trouve dans une situation difficile, pris sous des tirs ennemis très violents, n'ayant que 5 chars disponibles et des effectifs d'infanterie très réduits. L'ordre est de tenir coûte que coûte jusqu'à l'arrivée des renforts.
A 18 heures 30, un Bataillon de parachutistes est mis à la disposition du sous-groupement R. Il n'arrive qu'à 22 heures, attaque et s'installe dans les bois situés au nord du moulin.
Le sous-groupement B se porte aux lisières Est de la Forêt communale de Colmar. Il couvre la gauche du sous-groupement R., mais ne pouvant franchir le museau de Riedbrunnen, le 2ème Escadron (Capitaine de Berc) reste en position d'attente à l'Ouest de Riedbrunnen et effectue des tirs d'appui.
A la nuit, le sous-groupement s'organise en point d'appui.
Le sous-groupement A (devenu ensuite sous-groupement V, Chef d'Escadrons de Viéville) se porte en avant de la Maison-Rouge où il reste en réserve dans la neige et par un froid très vif, jusqu'au 27 après-midi.

26 JANVIER
A une heure du matin, des renforts américains arrivent au moulin de Jebsheim.
A 10 heures, le 1er escadron (Capitaine Mirabeau) du 6ème R.C.A. est mis à la disposition du sous-groupement R qui décide de déborder Jebsheim par le sud (Riedwihr), laissant devant le moulin le Bataillon de parachutistes et 3 T.D. Riedwihr étant encore occupé par l'ennemi, ce projet ne peut être mis à exécution.
A 14 heures, les Américains décident d'attaquer dans la soirée le village de Jebsheim.
Vers 17 heures, le Lieutenant Largy du 3ème escadron est blessé et évacué.
Le Maréchal des Logis Zissler est tué par un minen tombé sur la tourelle de son char.
A 17 heures 30, les Américains débouchent dans Jebsheim dont ils occuperont la partie nord à l'aube du 27.

27 JANVIER
Le sous-groupement R, avec un peloton de chars moyens, 2 T.D. et la 10ème Compagnie du III/R.M.L.E. se porte sur Jebsheim. Le Bataillon de parachutistes tient le moulin, le peloton Provensal et 3 T.D. contrôlent de leurs feux les lisières Nord de Jebsheim.
A 10 heures, le P.C. du Sous-groupement R s'installe à Jebsheim et en entreprend la défense Nord et Est. Le peloton Déroulède (3ème escadron) et le peloton de Montgrand du 1er Escadron sont placés au N.E. du village, les pelotons Provensal (3ème escadron) et Denolle (1er escadron) au nord, avec mission d'avérer toute contre-attaque venant de Grussenheim.
A 11 heures, une patrouille de chars légers (Lieutenant de Montgrand) signale des éléments ennemis à 300 mètres du cimetière. Le peloton L'Hoste (1er escadron) s'y porte et ramène 80 prisonniers.
Le sous-groupement B (2ème escadron) se porte dans Jebsheim qu'il atteint à midi. Un détachement (Lieutenant de Bouvet) est alors poussé avec 3 chars, un T.D. du 11ème R.C.A., une section du R.M.L.E. sur le carrefour 182, dans le but d'atteindre le pont 183 sur le canal de Colmar. Un détachement (Adjudant Gaillard) avec 3 chars, un T.D., une section de légionnaires, reçoit la mission de nettoyer le pâté de maisons situé au S.O. de Jebsheim.
A 14 heures, le détachement de Bouvet débouche par la route d'Artzenheim, il est immédiatement pris à partie par des armes anti-chars situées dans les lisières Ouest du bois de la Hardt. Le char du Lieutenant de Bouvet, reçoit deux coups d'explosifs sur la tourelle. Le Lieutenant de Bouvet, grièvement blessé succombera à ses blessures, son tireur (Brigadier-Chef Valot) et son chargeur (Chasseur Gacon) sont également atteints. Le char 32 est immobilisé par une rupture de chenille mais le 3ème char mène à bien la mission confiée au peloton. Son action permet la capture de cent prisonniers.
A 15 heures, le peloton de l'Aspirant Debrinay est envoyé continuer la mission du peloton de Bouvet. Une trentaine de prisonniers sont capturés. Ce peloton se replie pour la nuit aux alentours du cimetière.
Le détachement Guillard prend pied dans le groupe de maisons qu'il avait pour objectif, remplissant ainsi sa mission.
Le sous-groupement de Viéville devait dès que Jebsheim et Grussenheim seraient occupés, dans un premier temps, atteindre avec un Bataillon parachutistes, la languette de bois située au nord de la cote 182, dans un second temps, s'emparer de l'écluse 84, sur le canal du Rhône au Rhin. Grussenheim n'étant pas pris et Jebsheim n'étant que partiellement nettoyé, il ne pourra effectuer qu'une patrouille offensive.
Le sous-groupement V fait mouvement de la Maison-Rouge sur Jebsheim et occupe les lisières du village, dans la partie libérée par les Américains du 254ème R.I.
Vers 18 heures, il pousse une reconnaissance la cote 182. Les chars qui l'exécutent parviennent jusqu'à 200 mètres des bois de la cote 182, puis font demi-tour, la nuit ne permettant pas de pousser plus loin. Ils ramènent un prisonnier.
Le Colonel Renaudeau d'Arc et son Etat-Major de Régiment ont fait mouvement de Bergheim à Jebsheim où la colonne de véhicules de l'E.M. a pénétré vers 16 heures, alors que la partie nord du village était soumise à de violents tirs de mortiers et d'artillerie ennemie. Le Maréchal des Logis Narik du peloton de renseignements a été mortellement atteint et l'Aspirant interprète Bibasse, le Brigadier Allard, les Chasseurs Goutay et Keriel du même peloton sont blessés.
Le Colonel Renaudeau d'Arc prend le commandement de tous les éléments du C.C. 6 qui se trouvent dans Jebsheim et dans la nuit du 27 au 28 dirige les opérations de nettoyage de la partie sud du village.



28 JANVIER
La défense du village de Jebsheim est organisée : le secteur Nord tenu par le sous-groupement du Chelas, le secteur sud par le sous-groupement Boulanger.
L'Escadron de Berc envoie vers 8 heures son 3ème peloton rejoindre le peloton Debrinay, près du cimetière. A 300 mètres au sud du cimetière, le char 34 (Chef Autran), touché par un obus d'arme anti-char brûle. Le char 32 (Chef Sicre) et immobilisé, les équipages sont indemnes. Le T.D. d'accompagnement est également touché au chemin de roulement. Le mouvement de ce peloton est suspendu. Les pelotons Debrinay et Gaillard appuient de leurs feux l'infanterie qui nettoie le village. Une trentaine de prisonnier sont faits.
Le peloton Déroulède du 3ème escadron effectue vers 12 heures des tirs à obus fumigènes sur les lisières Ouest du bois de la Hardt, pour aider la progression sur Grussenheim d'un groupement de la 2ème D.B. A 17 heures un obus tombe sur l'embout avant du char 55 (Sous-Lieutenant Provensal) le rendant inutilisable.
Deux chars du 4ème escadron envoyés pour coopérer au nettoyage du village sautent sur des mines dissimulées sous la neige.
L'ennemi occupant les maisons environnantes, le déminage ne peut se faire qu'au fur et à mesure du nettoyage des maisons par les parachutistes. Le Brigadier-Chef Baudier est tué. Le chasseur Lopez est blessé ainsi que le Maréchal-des-Logis Thibaut.
Dans la nuit du 28 au 29 Janvier, l'ennemi tente de reprendre pied dans Jebsheim. Il est stoppé par nos tirs d'arrêt et subit de lourdes pertes.

29 JANVIER
Le sous-groupement du Chelas se consacre à la défense du quartier nord du village de Jebsheim. Les Allemands ayant réoccupé dans la nuit quelques fermes et maisons isolées au sud-ouest du village, le peloton Debrinay du 2ème escadron exécute des tirs de destruction sur les bâtiments, où l'ennemi s'est retranché. Le peloton de l'Adjudant Guillard progresse avec les 2 chars restant du 3ème peloton, dans les quartiers sud-Ouest, sur la route de Riedwihr. Le char 28 (Maréchal-des-Logis Desgranges) est touché par plusieurs obus d'une arme anti-char ennemie, le pilote (Chasseur Pollet) est très grièvement blessé et succombera à ses blessures.
A 17 heures 30, le nettoyage de Jebsheim est complètement terminé. La nuit du 29 au 30, trois sous-groupements s'installent aux lisières village, dans les secteurs qui leurs sont répartis.
Les opérations pour la prise de Jebsheim, du 25 au 30 Janvier nous ont coûté très cher aussi bien en personnel qu'en matériel, mais au soir du 29 Janvier, et en dépit de la résistance désespérée des Allemands, Jebsheim est définitivement entre nos mains.

30 JANVIER
Le C.C. 6, renforcé d'un Bataillon de choc, a pour mission de couvrir au nord la progression de 3ème D.I.U.S.A. attaquant de part et d'autre du canal de Colmar. Le C.C. 6 devra occuper le bois de la Hardt et pousser jusqu'au canal du Rhône au Rhin.
Dés le jour, le peloton de Montgrand du 1er escadron patrouille sur le cimetière que l'on croit encore tenu, ce qui est faux.
Les sous-groupements de Viéville et du Chelas doivent attaquer côte à côte, le premier au sud le second au nord de la route Jebsheim-Artzenheim.
L'attaque prévue initialement à 8 heures est retardée de 3/4 d'heure par suite de l'arrivée tardive du Bataillon de choc.
Le sous-groupement R débouche, après une préparation d'Artillerie et sans qu'aucune liaison ait pu être prise entre chars et infanterie. Dés le départ, un des chars s'embourbe. A 200 mètres de leur base de départ, les autres sont violemment pris à partie. Le char 51 (Maréchal-des-Logis Gouhier) est touché et brûle. Le chasseur Minet est blessé. Le char du Lieutenant Déroulède a sa tourelle transpercée. Le Lieutenant Déroulède est tué ainsi que son tireur, le Brigadier-Chef Poulain. La réaction ennemie se fait de plus en plus violente. A 9 heures 50 un char ennemi est mis en flammes.
A 10 heures, le Bataillon de choc et arrêté à 500 mètres de son objectif. Un nouveau char du 3ème escadron est atteint et le Capitaine Nodet prenant le Commandement du peloton formé par les quatre chars restant a la joie de détruire un Jagdpanther qui se met à flamber, mais doit s'arrêter à 400 mètres devant le bois de la Hardt dans les premiers rangs de l'infanterie.
A 11 heures, une 2ème vague d'infanterie est à son tour stoppée par la violence des bombardements par minen et par fusants. Des armes automatiques se révèlent, elles sont prises à partie par nos chars. Le Capitaine Commandant la 10ème Compagnie du III/R.M.L.E. est tué. Deux chars ennemis sont repérés, mais les T.D. ne peuvent intervenir.
A 13 heures, le char du Capitaine est touché et brûle. En l'évacuant, le Capitaine Nodet est blessé au bras. Le sous-Lieutenant Provensal prend le commandement des trois derniers chars de l'escadron.
A 13 heures 30, le char 46 (Chef Soutière) est atteint et immobilisé, le chef Soutière est tué peu après.
Les deux chars restant protègent le repli de l'infanterie et reviennent à 15 heures aux lisières Est de Jebsheim, prêts à parer à toute contre-attaque ennemie.
Le Lieutenant Haffner, de l'E.M., prend le commandement du 3ème escadron, le Capitaine Nodet ayant été évacué.
Le sous-groupement V (4ème escadron) est pris à partie dès le début de sa progression. Le char 62 (Chef Combier) touché, flambe. Le Brigadier Fabre est tué à son poste de pilote. Le char 61 du Lieutenant Joyau tombe en panne de terrain. Au cours du dépannage le chasseur Béraud est tué. Les chars dépassent l'infanterie clouée au sol et mitraillent des groupes d'Allemands qui s'enfuient. D'autres se rendent. Les blindée foncent rapidement jusqu'à l'objectif.
Celui-ci, constitué par des languettes de bois, est atteint vers midi et le char du Capitaine Blacas met en fuite un Jagdpanther, sans doute à court de munitions.
Deux half-tracks de la légion, qui ont suivi progression de nos chars, atteints par des coups anti-chars, flambent.
Un violent tirs de fusants et d'explosifs s'abat sur les couverts où sont les cinq chars du 4ème escadron. Cette concentration est suivie d'une tentative de contre-attaque de la part des Allemands, que le feu de nos chars disperse sans difficulté.
Le sous-groupement dont l'infanterie à pied très éprouvée n'est pas en mesure de continuer l'action jusqu'au canal se maintient en flèche, entre les blindés du sous-groupement du Chelas, à gauche, et les éléments d'infanterie américains à droite, également en retrait. Après une liaison en char léger du Lieutenant Denolle, dont le peloton assure la liaison entre nous et les Américains, il reçoit l'ordre de se replier dans Jebsheim où il ramène une centaine de prisonniers. Le Maréchal-des-Logis Ollivier du peloton Denolle est blessé.
Le 2ème escadron reste en base de feu aux lisières de Jebsheim, le peloton Debrinay est mis à la disposition du Capitaine Potier chargé avec ses T.D. de couvrir le flanc gauche de l'attaque.
Le détachement Potier est bientôt stoppé par une pluie de fusants. Le T.D. ne peuvent intervenir. La visibilité étant mauvaise et les tirs du peloton Debrinay sur les anti-chars ennemis se font un peu au jugé.
Le soir, le peloton Debrinay se replie aux lisières de Jebsheim dont il assure la défense avec le sous-groupement B.
Les 13 chars moyens restant au total, aux 2ème, 3ème, et 4ème escadrons, les 13 chars léger du 1er escadron et les mortiers du peloton de commandement assurent la défense de Jebsheim, pour la nuit du 30 au 31 Janvier. Le nuit est calme, l'ennemi qui a perdu près de 2000 prisonniers en quelques jours ayant abandonné tout espoir de reprendre Jebsheim. Le Maréchal-des-Logis Chaumat du 4ème escadron est blessé par un éclat d'obus.

31 JANVIER
Sur un ordre du Colonel Commandant le C.C. 6, les sous-groupements sont dissous et le Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc reprend le commandement de tous les éléments du 6ème R.C.A.

1er FÉVRIER
Un groupement de marche, comprenant le 1er escadron et tous les chars moyens restant (aux ordres du Capitaine de Berc) est constitué.
A 10h30, il est alerté, mais reste sur place.
Les pelotons de combat des 3ème et 4ème escadrons passent sous le commandement du Capitaine de Berc ; les autres éléments regagnent Fouchy.

3 FEVRIER
Mouvement des éléments du 6ème R.C.A. restant à Jebsheim :
E.M. et Peloton Sanitaire sur Rosheim
1er Escadron sur Obernai
2ème Escadron sur Bischoffsheim.

4 FÉVRIER
Ces mêmes éléments font mouvement sur Oberschaeffolsheim (Ouest de Strasbourg) où stationnera le Régiment.

5 FEVRIER
Tout le Régiment se regroupe à Oberschaeffolsheim et est placé en réserve du 2ème C.A.

9 FEVRIER
Revue avec remise de décorations et défilé dans Colmar libérée le 2 Février. L'Étendard, sa garde et le peloton de Montgrand du 1er Escadron, y participent.
Le Capitaine Bes de Berc est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
Le Chasseur Moinac (3ème Escadron) est décoré de la Médaille Militaire.

10 FEVRIER
Dans l'après-midi, à une prise d'armes se déroulant à Colmar, le lieutenant-colonel Renaudeau d'Arc est fait Officier de la Légion d'honneur et reçoit sa décoration des mains du Général de Gaulle.

11 FÉVRIER
L'Étendard, sa garde et un Peloton de chars moyens du 2ème Escadron participent à une prise d'armes et revue par le Général de Gaulle, à Strasbourg.


OPÉRATIONS DE LA FORET DE HAGUENAU
DU FRANCHISSEMENT DE LA LAUTER ET DE LA FORET DE BIENWALD

Depuis la liquidation de la poche de Colmar, le 6ème R.C.A. stationne en Alsace. Après avoir pansé ses plaies, comblé les vides faits dans ses rangs et complété en partie son matériel, le régiment va reprendre sa place au combat.
Avec la 1ère Armée Française, la 5ème D.B. sous les ordres du Général de Vernejoul puis du Général Schlesser, va avoir le rare privilège de réaliser en terre allemande la poursuite et l'exploitation fières au cœur de tous les Cavaliers.
Dans son ordre du jour de la victoire, le Général de Lattre de Tassigny s'adressant à ses troupes, glorifie leur action en ces termes :
"En un mois de campagne, vous avez traversé la Lauter, forcé la ligne Siegfried et pris pied sur la terre allemande. Puis, franchissant le Rhin de vive force, élargissant avec ténacité les têtes de pont de Spire et de Germersheim, vous avez écrasé la résistance d'un ennemi désespérément accroché à son sol et conquis deux Capitales, Karlsruhe et Stuttgart, le Pays de Bade et le Wurtemberg. Enfin, débouchant sur le Danube, le traversant aussitôt vous avez voulu, renouvelant la victoire de la Grande Armée, que flottent nos couleurs sur Ulm."
Sous les Ordres du Général de Lavilléon, le C.C. 6 avec la 3ème D.I.A. entre en Allemagne, le 19 Mars, après avoir largement contribué à écraser les résistances ennemies dans la forêt de Haguenau et celle de Bienwald (ligne Siegfried).
En dépit des efforts désespérés de l'ennemi, les chars du Général de Vernejoul prennent pied avec la 3ème DIA. et la 2ème D.I.M. (2ème C.A. Général de Montsabert) en plaine Badoise qu'ils vont conquérir de haute lutte.
Un coup de main audacieux permet au C.C. 6 du Général de Lavilléon de conquérir une tête de pont au sud de l'Enz à Dürrmenz, puis dans le cadre de la manœuvre, maintenant célèbre de la 1ère armée française, de Freudenstadt, le C.C. 6 poursuivant son action sans répit, s'emparera de haute lutte de Stuttgart, capitale du Wurtemberg, le 21 Avril. avant de barrer la route à Mauenheim aux divisions allemandes refluant de la Forêt Noire.

14 MARS
Le C.C. 6 est mis à 10 heures à la disposition de la 3ème DIA. pour des opérations en direction de Lauterbourg. L'Etat-Major, les 1er, 4ème et 2ème Escadrons, ce dernier complété par le peloton du Chef Deschamps du 3ème Escadron, sont répartis en deux Sous-Groupements :
Le sous-groupement A, sous les ordres du Lieutenant-colonel Renaudeau d'Arc, Commandent le Régiment.
Le sous-groupement B, sous les ordres du Chef de Bataillon Boulanger, Commandant le III/R.M.L.E. Vers 15 heures, le 2ème escadron fait mouvement sur Oberhausbergen où doivent être rassemblés les éléments du Sous-groupement B. Il se dirige ensuite sur Bischwiller et y cantonne.

15 MARS
L'E.M., les 1er, et 4ème escadrons se ressemblent avec les autres éléments du sous-groupement A, aux lisière Est du bois d'Herrenwald.
Le S/Groupement Renaudeau d'Arc comprend :
L'E.M. du Régiment.
Le 1er Escadron (Capitaine Mirabeau).
Le 4ème Escadron (Capitaine Blacas).
Le 4ème Escadron du 11ème R.C.A. (Capitaine Lambert).
La 11ème Compagnie du R.M.L.E. (Capitaine Lalo).
La 3ème Section de la 3/96ème Génie (Adjudant Heckel).
Le peloton Sanitaire et le groupe de dépannage Régimentaire.
Dans la nuit du 15 au 16, la 3ème Compagnie du 4ème R.T.T. est mise à sa disposition.
Ce sous-groupement Boulanger comprend :
Le 2ème escadron du 6ème R.C.A. (Lieutenant Eblé) et le peloton Deschamps du 3ème escadron.
Le 3ème compagnie du III/R.M.L.E.
Un escadron de T.D. du 11ème R.C.A.
Une section de la 3/96ème Génie.
L'Escadron Eblé entre en action dès le 15 Mars ; après une violente préparation d'artillerie, le peloton Debrinay débouche et accompagne la progression du 1/4ème R.T.T., qui doit s'emparer du camp d'Oberhoffen. De ses feux, il neutralise la lisières du camp. A 8 heures 30, l'usine est occupée par les Tirailleurs qui continuent vers le carrefour de l'auberge.
Un barrage d'Artillerie et de mortiers ennemi arrête les fantassins, leur causant de lourdes pertes. Une reconnaissance jusqu'au carrefour de l'auberge ne provoque aucune réaction ennemie. Le char 23 (Maréchal des Logis Walter) saute sur une mine, en revenant à sa position de départ.
Une deuxième attaque est montée avec le char 32 (Maréchal des logis Chef Sicre) et un T.D., les autres chars appuyant de leurs feux la progression des tirailleurs Tunisiens. Le char 32 atteint l'usine mais n'est pas suivi par les fantassins. Pris à partie par un auto-moteur et touché, le char 32 flambe. Le Brigadier-Chef Anouilh est très gravement blessé par un coup de mortier en évacuant le char, le Chef Sicre, le Brigadier Lambert, l'aide-pilote Aubry sont légèrement blessés. Le chef Menuet est blessé à son tour, en se portant au secours de ses camarades.
Le peloton est ramené à Bischwiller, où il passe la nuit.
Le 2ème peloton (Lieutenant Chevallier) débouche, après une préparation d'Artillerie de 10 minutes, par la route d'Oberhoffen à Schirrheim. Des abatis ralentissent la marche de l'élément. Des réactions d'armes automatiques sont neutralisées par les chars.
Des mines anti-personnel ralentissent la marche de l'infanterie et le char de tête se heurte à une barricade. Un auto-moteur ennemi apparaît, mais pris à partie par deux T.D. et le char de tête, il rompt, le combat.
A 16 heures 30, le point de passage sur la voie ferrée est atteint, un violent tir de 88 et de mortiers ennemis s'abat sur le carrefour de la maison Forestière. Vers 18 heures, un char ennemi repasse la voie ferrée à 800 mètres du passage à niveau.
A 18 heures 30, après la mise en place d'un bouchon anti-chars, l'élément blindé est relevé et replié à Bischwiller.

16 MARS
Le sous-groupement A se porte vers 11 heures sur Gries par Hoerdt, le Colonel d'Arc donne à chaque peloton du 4ème escadron, renforcé d'une section de la légion, un axe à travers la Forêt de Haguenau pour rechercher un ennemi qui a décroché.
Le peloton Tailleux (4ème escadron) ne peut trouver le contact, le terrain étant impraticable et un fossé Antichar arrêtant sa progression. Les goumiers du 2ème G.T.M. qui tentent de s'infiltrer dans le bois, sautent sur des mines anti-personnel. Le sergent Delaise, du génie est grièvement blessé en allant leur porter secours. A la nuit, le peloton s'organise en point d'appui cerclé.
Le peloton Galvez (4ème escadron) doit explorer l'axe sud. Il traverse le champ de tir et tente de pénétrer dans le fort de Haguenau. Le half-track transportant l'adjudant Heckel et l'Aspirant Galvez saute sur une mine (2 morts, plusieurs blessés) L'itinéraire est obstrué d'abatis et de ruisseaux, la progression s'arrête.
Le peloton Dorr (4ème escadron) a pour mission de reconnaître l'axe central. Après le champ de tir, il se heurte à des abatis infranchissables.
A 18 heures 15, ordre est donné aux 2ème et 3ème pelotons de passer la nuit, en point d'appui fermé, aux lisières Est du champ de manœuvres. Le reste du sous-groupement A cantonne dans les bois environnant la maison forestière de Stiefelhardt où est établi le P.C.
L'ennemi ayant décroché, le peloton Debrinay du 2ème escadron débouche des lisières N.O. d'Oberhoffen et nettoie le camp faisant 17 prisonniers. Puis il va s'embosser aux lisières nord du bois de Rapp pour appuyer la progression de l'infanterie et des voitures de reconnaissance vers la maison forestière de Stiefelhardt.
Le 3ème peloton remplit sensiblement la même mission et vient se joindre au peloton Debrinay.
Le peloton Chevallier attaque Schirrheim. Dans le village même il se heurte à une barricade. De violents tirs de minen et des rafales d'armes automatiques causent de lourdes pertes à l'infanterie Les chasseurs Cassin, Lemoine, Rippol, le Brigadier-chef Scherer sont blessés. Les deux autres pelotons viennent appuyer cette action et il parvient à contourner Schirrheim à travers bois.
Vers 18 heures 50, il reçoit l'ordre de se replier à Oberhoffen. Il y passe la nuit, avec les autres pelotons.

17 MARS
L'action du 1er escadron pour la journée du 17 Mars commence à Soufflenheim. L'escadron Mirabeau reçoit deux missions de reconnaissance.
La 1ère liaison à prendre avec les goums dans la forêt de Haguenau, est remplie par le peloton de Montgrand qui est arrêté par un pont sauté.
La deuxième (reconnaissance sur Koenigsbruck) est confiée au peloton Denolle qui se heurte également à une coupure et des abatis sur plusieurs centaines de mètres. La route ne sera ouverte que le lendemain matin après un travail de terrassement qui a duré la moitié de la nuit.
En ce qui concerne le 2ème escadron, scindé en 3 éléments, il doit appuyer l'avance de l'infanterie entre Schirrheim et Soufflenheim.
A 8 heures 30 le peloton Chevallier, après démolition de la barricade qui l'avait stoppé la veille, traverse Schirrhoffen et continue sur Soufflenheim. Mais le pont sur l'Eisenbeckel saute au moment où les chars en approchent. Le génie entreprend aussitôt la construction d'un pont de fortune.
Pendant ce temps, le 3ème peloton (Chef Deschamps) essaie de déborder par le nord, par des pistes sous bois très difficiles, le village de Soufflenheim. Il prend liaison avec le peloton Dorr, aile droite du sous-groupement A. Des abatis imposants l'arrêtent définitivement et il rejoindra l'escadron par l'axe principal, dans le village de Soufflenheim.
A midi, le peloton Chevallier utilise le pont construit par les sapeurs, et pénètre dans Soufflenheim où le rejoignent les autres pelotons. Le village est rapidement nettoyé.
A 17 heures 30, ordre est donné au peloton Debrinay de pousser sur Runtzenheim. Il n'atteint ce village qu'à la nuit, par suite de destructions et de ponts incomplètement rétablis. Le peloton Chevallier rejoint dans Runtzenheim.
Le 3ème peloton reste dans Soufflenheim, n'ayant pu passer l'Eberbach.
En ce qui concerne l'escadron Blacas, les missions restent les mêmes. Chaque peloton du 4ème escadron essaye de se frayer un passage sur l'itinéraire fixé.
Les trois pelotons visent à déborder le village de Soufflenheim pour l'attaquer ultérieurement par l'Est.
Le peloton Tailleux est mis à la disposition du Colonel Leblanc (Commandant le 2ème G.T.M.). Le Char 62 s'embourbe. Le char 52 a son radiateur percé et revient vers l'arrière. Le peloton atteint la maison forestière d'Eberbach. Le char 64 saute sur une mine en essayant de frayer un chemin aux fantassins du 2ème G.T.M.
Le peloton Dorr ne pouvant franchir une zone marécageuse revient, sur ordre du Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc, à sa position de départ. Le peloton Galvez est obligé d'en faire autant.
A 18 heures 45, le 4ème escadron gagne Soufflenheim, où le reste du groupement s'est déjà porté derrière le 2ème escadron. La nuit, dans ce village, est relativement calme, troublée seulement par quelques tirs de mortiers.



18 MARS
Le peloton Tailleux du 4ème escadron qui a trouvé un itinéraire impraticable, revient à Soufflenheim où tout le sous-groupement A se trouve rassemblé.
A 7 heures 15, le sous-groupement A quitte Soufflenheim et se dirige vers Koenigsbruck. Sa mission est d'atteindre la Lauter et même de la franchir. La colonne est retardée par de nombreuses coupures.
Devant Niederroedern atteint à 12 heures 10, liaison est prise avec la 14ème D.B. américaine. De nouvelles destructions occasionnent une nouvelle halte : tandis qu'un pont est jeté sur la Salzbach par le génie américain, le peloton l'Hoste du 1er escadron pousse une reconnaissance sur Seltz, où il parvient en utilisant un gué profond et trouve le village vide.
L'Escadron Blacas reçoit à 16 heures 30 l'ordre d'exploiter sur l'axe Oberlauterbach-Salmbach où est déjà parvenue une section du 5/4ème R.T.T., de renforcer le dispositif de cette section et de tenter de forcer le passage de la Lauter au nord de Salmbach.
Le P.C. avant du sous-groupement A atteint Oberlauterbach à 19 heures tandis que le 1er escadron du 6ème R.C.A. reçoit comme mission d'exploiter sur l'axe Oberlauterbach-Niederlauterbach, de reconnaître les villages de Buhl et Trimbach. Ces deux dernières missions sont rapidement menées par les pelotons de Montgrand et Denolle qui font des prisonniers.
Le Capitaine Mirabeau Commandant le 1er escadron accompagne le 3ème peloton (Sous-Lieutenant L'Hoste) sur l'axe Ober-Niederlauterbach ; Salmbach et Niederlauterbach sont occupés. Le Capitaine Mirabeau décide de pousser sur Lauterbourg. A 17 heures 30, le premier char arrive à l'entrée du village qui se révèle fortement tenu. Le char du sous-Lieutenant L'Hoste est bazooké et immobilisé, plusieurs obus anti-char le transpercent. Le sous-Lieutenant L'Hoste et le Chasseur Funel sont tués. Les deux autres occupants disparaissent, on retrouvera deux jours après le corps du chasseur Jezequel. Quant au chasseur L'Herbette, fait prisonnier, libéré par l'avance américaine, il rejoindra le régiment le 6 Mai à Meckenbeuren.
Presqu' aussitôt, le Capitaine Mirabeau est gravement blessé au bras par balle explosive et est évacué. Le Lieutenant Denolle prend le commandement de l'escadron, le chef Cornet, prend le commandement du 2ème peloton, le Sous-Lieutenant Dumouchel celui du 1er. A la nuit, l'escadron se regroupe dans Oberlauterbach.
Le 4ème Escadron qu'a devancé le 1er, progresse lentement vers Salmbach. Il est retardé par de nombreuses coupures et le mauvais état des chemins. A Salmbach, le Capitaine Blacas, (4ème escadron) rencontre une patrouille du 1er Escadron qui lui apprend la poussée de cette unité sur Lauterbourg et lui donne le renseignement : Niederlauterbach est libre ; l'escadron s'installe à Niederlauterbach, Salmbach étant occupé par un Combat Command américain.
Sept prisonniers et une auto-mitrailleuse légère sont capturés, après liaison avec les Américains à Salmbach Une compagnie de tirailleurs tunisiens vient à Niederlauterbach renforcer le dispositif de nuit.
Le Lieutenant Joyau (2ème peloton - 4ème escadron) s'est porté à Salmbach où il est mis à la disposition du Capitaine Lalo (2ème Compagnie III/R.M.L.E.).
Les 1er et 2ème pelotons du 2ème escadron partent de Runtzenheim à 5 heures et occupent Roeschwoog sans rencontrer de résistance. Ils traversent ensuite Roppenheim et foncent sur Beinheim. Le pont sur la Sauer, coupé, les arrête peu après. Le 3ème peloton rejoint à 9 heures les deux premiers pelotons. A 16 heures, ordre de repli sur Soufflenheim et marche de nuit sur Niederroedern, atteint dans la nuit.

19 MARS
Le sous-groupement A a pour mission de reconnaître la Lauter au nord de Salmbach et Niederlauterbach.
Le peloton de Montgrand du 1er escadron va reconnaître le pont de Scheibenhardt. Il dispose de 3 T.D. du 11ème R.C.A. et arrive au contact à 9 heures. Il fait 7 prisonniers. L'escadron tout entier le rejoint à 10 heures et un des pelotons se porte à l'entrée de Lauterbourg, recueillir le corps du Sous-Lieutenant L'Hoste.
A 16 heures 30, tous les chars du 1er escadron et les T.D. assurent une base de feu qui permettra aux fantassins d'établir une tête de pont sur la Lauter. L'escadron passe la nuit à Scheibenhardt. Bombardement toute la journée, le Chasseur Crucher est blessé.
Au petit jour, le peloton Dorr du 4ème escadron est poussé jusqu'à la Lauter avec la légion et 2 T.D. A 8 heures 10, ce détachement est pris à partie par de violents tirs d'artillerie et de mortiers. De l'autre coté de la Lauter, les tranchées ennemies sont occupées par des "snippers" et il semble qu'une arme anti-char vienne de s'installer. Les chars fournissent des tirs sur les organisations ennemies. A 10 heures 30, une seule patrouille est maintenue sur les bords de la rivière, le reste rentrant à Niederlauterbach ; tout le peloton rentrera le soir dans ce village.
Le peloton Deschamps rattaché au 2ème escadron part à 9 heures, atteint Wintzenbach, Neewiller et Lauterbourg où il arrive vers 10 heures. Le peloton Chevallier l'y rejoint. Tous deux restent dans le village jusqu'à la nuit et sont soumis à de violents tirs de 88 et de mortiers. Un coup au but touche le char 48. Le Maréchal-des-Logis-Chef Deschamps, Chef de char et le chasseur Izzo sont tués, le chasseur Alberic est blessé.
Pendant ce temps, de Neewiller, le 1er peloton (Aspirant Debrinay) effectue des tirs de neutralisation sur les bois de Scheibenhardt où l'infanterie établit une tête de pont sur la Lauter.
A 20 heures 30, les 2ème et 3ème pelotons rentrent de Lauterbourg à Neewiller.

20 MARS
Le sous-groupement A a pour mission d'élargir la tête de pont établie sur la Lauter par le 3ème D.I.A. et d'exploiter en direction de Neu-Lauterbourg et Berg, tout en reconnaissant les pénétrantes qui, à travers le Bienwald, mènent à Buchelberg.
A 7 heures 20, le char 70 (Brigadier-Chef Laugier) passe le premier sur la rive allemande de la Lauter.
Le pont s'étant affaissé, les autres chars du 4ème Escadron ne passent que vers 8 heures. La progression se poursuit vers Neu-Lauterbourg et Berg, les chars de 2ème échelon (Peloton Tailleux et T.D.) prêts à appuyer de leurs feux, à partir des lisières Est de Scheibenhardt.
Le 1er peloton vient dans Neu-Lauterbourg et remonteur au nord vers Buchelberg, se place, en bouchon, à hauteur de la maison Forestière, puis progresse vers la clairière de Buchelberg. Il rencontre un fossé anti-char, des mines, des abatis, tandis que de violents tirs s'abattent sur lui. Une arme anti-char se dévoile. La progression s'arrête là et il rentrera pour la nuit à Neu-Lauterbourg.
Le 2ème peloton est arrêté par un important barrage de mines, sur la route d'Hagenbach, et soumis à de violents tirs d'artillerie et de mortiers.
A 8 heures 35, le 3ème peloton (Sous-Lieutenant Dorr) occupe le carrefour central de Neu-Lauterbourg et entre à Berg à 9 heures 05. Il essaie ensuite de contourner les résistances qui arrêtent le 2ème peloton et lance, à travers bois, une attaque que soutiennent les tirailleurs et une préparation d'artillerie. Les fantassins éprouvent de lourdes pertes par mines. A 17 heures 55, le char de tête, N° 70, est atteint par un obus anti-char et le Brigadier-Chef Laugier est gravement blessé. L'attaque est stoppée. Le half-track sanitaire, qui allait secourir les blessés, est atteint d'un minen et prend feu. Le médecin auxiliaire Pérez les chasseurs Gavini, Ménager et Mohamed ben Driss périssent dans les flammes, ainsi que 3 tirailleurs.
Les pelotons Dumouchel et Cornet du 1er escadron ont reçu des missions de reconnaissance dans la forêt de Bienwald, en direction de Buchelberg. Ils prennent le contact au nord de Scheibenhardt, sur les casemates même de la ligne Siegfried et sont pris à partie par des 75 Pak.
Dans le but de déborder les casemates et dans la crainte d'une contre-attaque, le peloton de Montgrand, resté en réserve, vient relever le peloton Cornet. Au moment de la relève, les 2 pelotons sont pris sous un violent tir d'obus au phosphore. Le feu prend dans la forêt autour des chars qui réussissent à sortir grâce à une intervention énergique du Lieutenant de Montgrand.
A 10 heures 30, le peloton Debrinay du 2ème escadron traverse la Lauter à Scheibenhardt et s'établit en protection de la tête de pont.
Le peloton Chevallier part en direction de Buchelberg à 16 heures et rencontre des abatis dans les bois de Bienwald. Le char 27 (Maréchal des Logis Gozzi) pris à partie par un char allemand tirant dans l'axe de progression, sort du layon et s'embourbe. Le T.D. de protection reçoit un coup de 88 au barbotin, le half-track du génie est atteint par un explosif. L'artillerie prévenue déclenche un tir explosif et fumigène. Le char ne peut être ramené en arrière.
Le 3ème peloton commandé par le Lieutenant Laporte, rentré à l'escadron le jour même, a pour mission de rechercher un passage vers Buchelberg, en partant de Scheibenhardt. Parti vers 11 heures, il est arrêté peu après par un abatis de 200 mètres de long ; un autre passage est recherché, un nouvel abatis très important se présente.
L'accès de Buchelberg se révèle impraticable aux blindés et le peloton regagne vers 19 heures 30 Scheibenhardt, où l'escadron passera la nuit.

21 MARS
Le sous-groupement A a pour mission de préciser le contact sur les axes Berg-Hagenbach et Neu­-Lauterbourg-Kandel.
A 13 heures, les pelotons Dumouchel et de Montgrand, du 1er escadron, vont dans la forêt de Bienwald en soutien des fantassins du 4ème R.T.T. Ils rentrent à 16 heures.
Les 2ème et 3ème pelotons du 4ème escadron restent dans Berg, tandis que le 1er peloton (Sous-Lieutenant Tailleux) reprend le même itinéraire que la veille, au nord de Neu-Lauterbourg. Deux chars sont avancés à hauteur des équipes de déminage. Le char 63 (Maréchal-des-Logis Perceau) est atteint par anti-char. Le pilote et le tireur (Chasseur Martin et Brigadier Ducros) sont blessés, le chargeur Gontier ne peut évacuer le char et périt dans les flammes. L'opération est interrompue.
Le 4ème escadron reçoit en renfort, à Neu-Lauterbourg, les 3 chars restant du peloton de Gonet du 3ème escadron.
Le peloton Debrinay du 2ème escadron a pour mission d'appuyer la progression d'un tabor de Niederlauterbach sur Schaidt ; au carrefour 136 il oblique à l'est vers Langenberg. Au carrefour 136, les goumiers sont reçus par de violents tirs d'armes automatiques réduits au silence avec l'appui des chars. Un violent tir de mortiers et de 88 s'abat sur le carrefour, gênant la reconnaissance des abatis s'étendant sur 400 mètres qui barrent la piste vers Langenberg. Un bulldozer entreprend le déblayage, mais les tirs ennemis rendent impossible le travail du génie. Un tir d'artillerie est ajusté sur les lisières et le fossé d'où sont partis les coups des armes automatiques.
Liaison est prise avec les Américains qui refusent de nous prêter leur char Bulldozer.
Les sapeurs essaient de nouveau de dégager les abatis mais doivent y renoncer. Les goumiers continuant à progresser, se heurtent à des tirs violents provenant de casemates. Un automoteur ennemi apparaît et, devant les feux de nos chars rebrousse chemin.
A 18 heures, tout l'élément décroche et rentre à Scheibenhardt.
Le peloton Chevallier resté en réserve rentre aussi à Scheibenhardt.
Le peloton du Lieutenant Laporte, venu remplacer le Chef Deschamps, a reçu la même mission que la veille : rechercher un passage vert Buchelberg à partir de Scheibenhardt ; comme la veille il est arrêté par des abatis. L'élément Robillard dont fait partie ce peloton, reçoit l'ordre de se joindre, le cas échéant, aux éléments Eblé et Chevallier. Il rentre à Scheibenhardt à 18 heures.

22 MARS
Le P.C. du sous-groupement A et le 1er escadron se portent de Scheibenhardt à Lauterbourg.
Les 1er et 2ème pelotons du 2ème escadron restent au repos à Scheibenhardt. Le 3ème peloton, avec l'élément Robillard, repart sur l'axe de progression qu'avait la veille le peloton Debrinay. Il reste toute la journée en surveillance, prêt à déboucher vers Schaidt, au cas où l'ennemi décrocherait. Au soir, il rentre à Scheibenhardt.
Le peloton Joyau du 4ème escadron se porte sur le même itinéraire que l'avant-veille, au nord de Berg. A 9 heures 25, un obus anti-char atteint le char 69 (Chef Mattera) dont le chargeur Defese est blessé. Les réactions étant très violentes, la patrouille reçoit l'ordre de rentrer. De son coté le peloton Tailleux essaie vainement de progresser sur son axe Neu-Lauterbourg - Kandel puis rentre.

23 MARS
Dès 0 heure, le sous-groupement A doit être prêt à faire mouvement. A 11 heures, le 4ème escadron quitte Berg et s'installe en lisière sud du Bienwald, à mi-distance entre Scheibenhardt et Lauterbourg. Vers 14 heures 15, plusieurs obus tombent sur le local de Lauterbourg que le P.C. venait de quitter.
La ligne Siegfried n'ayant pu être forcée à l'Est entre Berg et Maximiliansau, mais une brèche ayant pu être faite par les Américains, en direction de Schaidt, le sous-groupement A contourne Bienwald par l'Ouest, dans la nuit, en passant par Kapsweyer - Schaidt - Freckenfeld - Minfeld – Kandel - Langenberg.
Le 2ème escadron est réparti en trois éléments :
a) L'élément Robillard, comprenant le peloton Laporte et un peloton de T.D., une section de la 9ème Compagnie du 3ème R.M.L.E., des éléments renforcés du génie, des éléments de pont.
b) L'élément Chevallier, semblablement constitué, mais renforcé d'un peloton du R.E.C. et d'une compagnie de Tirailleurs sur half-tracks.
c) L'élément Eblé, semblable à l'élément Robillard, moins les éléments de pont.
L'élément Robillard progressera suivant l'axe Niederlauterbach - Schaidt, les deux autres éléments seront progressivement poussés derrière lui.
Vers 12 heures, l'élément Robillard est au carrefour 136, tandis que les deux autres éléments sont poussés d'urgence vers Kapsweyer, pour utiliser la percée faite par les Américains dans la ligne Siegfried et contourner, par le nord-Ouest, Buchelberg.
Ces deux éléments progressent sur l'axe Kapsweyer - Schaidt - Freckenfeld - Minfeld - Kandel, ce dernier village étant atteint à 2 heures 30.
L'élément du Lieutenant Eblé reste à Kandel pour en assurer la protection, tandis que le Lieutenant Chevallier doit se porter sur Worth par la route forestière. Trois destructions successives l'arrêtent et il revient à Kandel.
L'élément Robillard protège le travail du génie sur la route de Schaidt. Le travail du génie est rendu impossible par les tirs ennemis. Le char 41 (Brigadier-chef Galvez) est pris à partie vers 11 heures par une arme anti-char et sort de la route. Le char 45 (Lieutenant Laporte) riposte, mais reçoit un explosif qui rend inutilisables ses moyens de vision. Vers 17 heures, le repli des Allemands est signalé et les abatis barrant la route sont déblayés. L'élément Robillard reprend sa progression.

24 MARS
A Minfeld, le détachement du Capitaine Lalo dont fait partie le peloton Joyau du 4ème escadron, part en reconnaissance d'itinéraire à travers le Bienwald, en direction de Hagenbach. Il est arrêté par une destruction.
Lancé en reconnaissance d'itinéraire par le Capitaine Blacas, le half-track de commandement (Aspirant Galvez) atteint le carrefour de Langenberg. Il rend compte qu'il a emprunté un chemin praticable mais n'a pas encore pris liaison avec les goumiers du 2ème G.T.M.
Le détachement du Capitaine Blacas, comprenant une section du R.M.L.E., une escouade du génie et le peloton du sous-Lieutenant Dorr se porte sur le carrefour de Langenberg et se dirige vert Hagenbach.
A 6 heures 30, le peloton Dorr débouche de la forêt du Bienwald, vers Hagenbach ; 500 mètres après la sortie du bois, le char de tête N° 75 est pris à partie par les feux de casemate. Il reçoit trois coups de panzerfaust, après avoir détruit deux mitrailleuses. L'infanterie coiffe les casemates et fait des prisonniers. Le Maréchal-des-Logis Coquet ramène le char 75 à l'entrée de la forêt ; il est blessé, ainsi que les Brigadiers Klein et Nataf. Le Brigadier Klein succombera à ses blessures.
Le char 74 est passé en tête. Après avoir contourné les destructions, il entre dans Hagenbach. Deux coupures empêchent les chars de pénétrer plus profondément dans le village. A 8 heures 10, un obus de mortier éclate tout prés du char 71 et tue le Sous-Lieutenant Dorr, Chef du 3ème peloton. Le détachement Blacas est stoppé, dépassé par le détachement Lalo et se regroupe au carrefour de Langenberg.
Le détachement Lalo se dirige, vers 8 heures 30, de Hagenbach sur Worth. Des T.D, du 4/11ème R.C.A. sont placés en base de feu; le terrain au Nord-Ouest de Hagenbach, étant impraticable, le détachement est obligé d'entrer dans la partie Nord du village et se heurte à un centre de résistance. Le char 67 (Maréchal-des-Logis Laborde) accompagné de légionnaires et de goumiers annihile cette résistance. A partir de midi, le détachement Lalo progresse vert Worth. Des armes anti-chars se révèlent et mettent en feu un T.D. Le char 53 et un half-track de la légion sont atteints.
Les occupants du char (Brigadier-Chef Caffarel, Chasseurs Canut, Petit, Gabory) sont blessés. Le char 67 s'embourbe en sortant de la route, tandis qu'un Jagdpanther essaie vainement de l'atteindre. Le char 66 et un T.D. réagissent jusqu'au soir où ils reviennent au carrefour de Langenberg.
Le peloton Tailleux a, lui aussi, essayé d'atteindre Worth, il s'est heurté à des armes anti-chars sous casemates ; un char et un T.D. ont été touchés. Sa progression s'arrête et le peloton revient à Langenberg.
Le peloton de Montgrand pousse une reconnaissance sur Buchelberg d'où il revient vers 10 heures. A 13 heures, le peloton Dumouchel accompagne de l'infanterie vers Worth. Accroché sérieusement par des automoteurs et les tirs d'une casemate, il est relevé vers 16 heures par un peloton de chars moyens.
Dans le secteur de l'escadron Eblé (2ème escadron) l'élément Robillard continue sa progression. Le char 62 saute sur une double mine. Hagenbach est atteint à 9 heures. La traversée de la ville étant rendue impossible par une coupure, un chemin de planches, à travers champs, permet au char 41 et au char de l'artillerie d'atteindre la station de Hagenbach vers 12 heures. Ils y passent la nuit.
L'élément Eblé, dans un premier temps, doit se porter sur Jockgrim puis s'installer à la digue aux lisières du bois, pour appuyer de ses feux la progression de l'élément Chevallier qui se porte sur Worth par la lisière des bois, à sa droite. L'élément Eblé se porte sur Jockgrim déjà occupé par un peloton du R.E.C. et aide au nettoyage tout en se gardant au sud. Dans le village, pavoisé de drapeaux blancs, des soldats allemands se rendent d'eux-mêmes ou après avoir été dénoncés par des civils de leur nationalité. Quelques déportés français aident à ce travail de nettoyage.
A 13 heures, en allant prendre sa position de tir, l'élément tombe sur un groupe de soldats ennemis armés de Panzerfaust. Deux coups atteignent le char B.1 qui s'enflamme, l'équipage se réfugie dans un abri. D'après les renseignements fournis par un prisonnier, 55 gradés ennemis commandés par un Lieutenant ont pour mission de tenir en arrêt tout élément cherchant à regagner Worth. L'élément Eblé se porte en avant mais l'ennemi se déportant vers l'est, il appuie la progression d'une compagnie de tirailleurs avançant entre lui-même et l'élément Chevallier.
L'élément Chevallier est chargé de progresser sur Worth en direction du Sud. Il est arrêté sur ordre à 2 km sud de Jockgrim et entre en contact, au cours de l'après·-midi, avec une patrouille ennemie signalée par le Lieutenant Eblé.
Pour la nuit, les deux éléments reviennent cantonner à Jockgrim.

25 MARS
Le détachement du Capitaine Lalo est retardé par des destructions dans sa marche vers Worth et Maximiliansau ; Worth est occupé à 8 heures et le détachement Lalo atteint le Rhin à 13 heures 20. Le pont de Maximiliansau a sauté.
A 15 heures 15, ordre est donné de rejoindre Worth.
Le détachement du capitaine Blacas est également dans Worth face à l'Est. Entre 13 heures et 13 heures 30, le P.C. du sous-groupement A s'est porté à Worth, laissant le 1er escadron à la maison forestière de Langenberg.
Le détachement Robillard (2ème escadron) se rend à Jockgrim, où il arrive vers 18 heures. Au cours d'un déplacement, le char du Brigadier-Chef Hallet est pris sous un tir de minen, le chasseur Garnier est légèrement blessé, le Brigadier-Chef Hallet grièvement accidenté au moment où son char cherche à s'embosser.
L'élément Eblé assure aux mêmes emplacements que la veille, la protection du débouché de l'élément Chevallier vers le sud.
L'élément Chevallier double l'élément Eblé vers 9 heures, se portant au bord du Rhin, au Nord de Maximiliansau. Retardé par des destructions, il arrive à Worth, après avoir emprunté la voie ferrée. Il se heurte à de nouveaux obstacles, s'arrête et rappelé à Jockgrim, rentre.

26 MARS
Le sous-groupement A est dissous, les unités se rassemblent en vue d'un départ. Le 2ème escadron reste au repos à Jockgrim.

27 MARS
Le 6ème R.C.A, regroupé, fait mouvement sur Oberschaeffolsheim, à partir de 9 heures 50 et arrive dans ses anciens cantonnements entre 14 heures et 16 heures.

 

 

OPERATIONS SUR LA RIVE DROITE DU RHIN STUTTGART - LA FORET NOIRE

2 AVRIL
Le Régiment est alerté, prêt à faire mouvement sur préavis d'une heure.

3 AVRIL
Le Régiment part d'Oberschaeffolsheim à 9 heures et se dirige par Achenheim - Ittenheim - Stutzheim - Lempereheim - Haguenau - Surbourg, sur la région de Schwabwiller. A midi, arrêt du mouvement qui reprend à 18 heures 10 par Riedseltz, Wissembourg - ·Bergzabem - Appenhofen - Landau - Hochstadt sur Zeiskam où la tête de colonne arrive à 2 heures 30.

4 AVRIL
Le mouvement se poursuit à 3 heures 45, par Schwegenheim - Spire - Friedensau, sur le pont de bateaux construit par le génie américain à Ludwigshafen.
Le Rhin est franchi par la tête de colonne à 6 heures 15 et le régiment gagne, par Mannheim, Schwetzingen et Hockenheim, Saint·Léon où il arrive à 9 heures 30.

5 AVRIL
Le régiment est réparti entre 3 groupements et des éléments réservés.
1° Groupement A (Colonel Renaudeau d'Arc) : 3ème escadron (Capitaine Huot)
10ème Compagnie du R.M.L.E. (Capitaine de Torquat)
2ème section de la 3/96ème Génie (Lieutenant Jouve)
Peloton Sanitaire (Capitaine Etchecopar).
2° Groupement B (Chef de Bataillon Boulanger, Commandent le III/R.M.L.E.)
2ème escadron (Lieutenant Eblé)
9ème compagnie du R.M.L.E. (Lieutenant Robillard)
1ère section de le 3/96ème Génie.
3° Groupement. C (Chef d'escadrons du Chelas, du 6e R.C.A.):
4ème escadron (Lieutenant Joyau)
11ème Compagnie du R.M.L.E. (Capitaine Lalo)
3ème section de la 3/96ème Génie (Adjudant Heckel).
4° Eléments réservés :
I/6ème R.C.A. - 4/1er R.E.C. - 4/11ème R.C.A.
III/14ème Bataillon Médical - 3/12ème G.E.R.

6 AVRIL
Le régiment est alerté mais seul le 1er escadron à la disposition du Colonel Commandant le C.C. 6 quitte Saint-Léon à 19 heures pour Knittlingen où il arrive à 22 heures.

7 AVRIL
Le 1er escadron a pour mission de reconnaître l'itinéraire Maulbronn - Otisheim - Mühlacker - Illingen. Départ à 8 heures, les lisières nord de Muhlacker sont atteintes à 9 heures. Un barrage est dégagé, le peloton Denolle pénètre dans le village et y soutient l'infanterie amie au contact.
Le peloton Vuillerme, se porte aux lisières Est du village, vers Illingen, où il attend de nouveaux ordres.
Le peloton de Montgrand reste sur place, en surveillance des lisières Nord.
A 11 heures, le village est entièrement nettoyé et occupé, l'ennemi s'est retiré à Dürrmenz, de l'autre côté de l'Enz dont les ponts ont sauté. Le peloton Denolle pousse une reconnaissance sur Lienzingen. Il trouve le village occupé par le sous-groupement A. Le peloton Vuillerme progresse alors en direction d'Illingen ; il est pris à partie par des snippers, des armes automatiques et du 88, à 500 mètres des lisières Ouest d'Illingen ; dès les premiers coups anti-chars, le char de tête est touché et brûle. Le Brigadier·Chef Dordognin est blessé, le tireur Monchalin, l'aide-pilote Martinière sont blessés. Le Chasseur Argenta, pilote, est tué. Le Lieutenant Vuillerme, descendu de son char pour leur porter secours, est grièvement blessé par un tireur d'élite et traîné dans le fossé par le chef Goupil qui est à son chevet. Il succombe le 10.
Pendant ce temps, le peloton de Montgrand reconnaît Mühlhausen où il rentre. A ce moment, il reçoit l'ordre de porter secours au peloton Vuillerme en difficulté.
Apprenant que le Lieutenant Vuillerme, blessé, est resté sur le terrain, le Lieutenant de Montgrand tente d'aller le ramener avec son propre char. Au moment où il sort de sa tourelle, pour relever son camarade, il est touché à la jambe par un tireur d'élite.
Le peloton Denolle arrive à ce moment en renfort, les deux autres chefs de pelotons sont hors de combat.
Les chars légers se sont légèrement repliés pour éviter les coups d'auto·moteurs et gardent le contact de l'infanterie ennemie. Vers 16 heures, les chars moyens du commandent de Viéville relèvent le 1er escadron, attaquent et, après avoir nettoyé la partie Ouest du village, prennent Illingen. Le peloton Denolle pousse une reconnaissance sur Rosswag ; il bouscule les fantassins ennemis puis est arrêté par une coupure avant le village.
A 18 heures, l'escadron s'installe en point d'appui, dans le village. Le Maréchal des Logis Potier avec le 3ème Peloton reçoit mission d'appuyer les légionnaires dans Mühlhausen. Il revient à 21 heures, sa mission accomplie.
A 8 heures, le groupement B part en direction d'Illingen.
Le 3ème peloton (Sous·Lieutenant Maymil) du 2ème escadron, parti en tête, atteint Lienzingen, au sortir duquel il prend le contact. Réactions d'armes d'infanterie, puis de 88 explosifs et perforants. Le peloton neutralise les lisières Sud·Est des bois de Lienzingen et fait 12 prisonniers.
Le 1er peloton (Aspirant Debrinay) double le 3ème peloton qui revient dans le village pour recompléter ses munitions et faire ses pleins. Le Lieutenant Robillard de la 9ème compagnie du R.M.L.E., commande cet élément. Au pont de chemin de fer, des automoteurs ennemis le prennent à partie et 5 légionnaires sont blessés. Le pont à l'entrée d'Illingen étant coupé, une patrouille part chercher un point de passage et ramène 10 prisonniers. Les tirs ennemis se ralentissent. Un élément du groupement C arrive, par Mühlacker, à l'entrée du village. Les deux éléments de B, et C. pénètrent, presque en même temps, dans Illingen. Le soir, à 18 heures, le peloton Debrinay pousse sur Kleinglattbach où le 2ème peloton (Guillard) a pénétré.
Le 2ème peloton (Adjudant Guillard), dès 11 heures, a débordé Illingen par le sud pour appuyer la progression du 1er peloton dans Illingen. Il est, lui aussi soumis à une violente réaction d'automoteurs ennemis. Le Maréchal-des-Logis Desgranges est blessé au visage. Le peloton franchit difficilement la voie ferrée, protégé par 3 T.D. Une vingtaine de soldats allemands se constituent prisonniers. Le peloton pénètre dans Illingen. De là, il fonce sur Kleinglattbach qu'il atteint sans difficulté et à vive allure, détruisant des véhicules ennemis quittant le village. Malgré un violent bombardement et un itinéraire direct coupé, le peloton s'engage, pénètre et s'installe définitivement dans le village pour la nuit.
Le groupement A quitte Saint-Léon à 5 heures 30 et gagne Forst par l'autostrade, traverse Bruchsal - Heidelsheim - Diedelsheim et arrive à 8 heures à Rinklingen. Il repart de ce dernier village à 14 heures 55 et stationne, de 15 heures 15 à 16 heures au hameau d'Elfingerhof où sont formés trois détachements.
Détachement Huot : Peloton Provensal et section Troussard, une équipe du génie.
Détachement Laporte: Peloton Laporte et section Baguères, une équipe du génie.
Détachement de Torquat : Peloton de Gonet et section Grossman, une équipe du génie.
Au début de la matinée, le colonel Renaudeau d'Arc a assuré, en l'absence du Colonel de Lavilléon, le commandement du CC 6, le Chef d'escadrons du Chelas, le commandement du Groupement C et le Chef d'escadrons Humblot, celui du groupement A.
A 11 heures 30, le Groupement A s'est porté sur Lienzingen et a lancé :
1) Le détachement Huot en reconnaissance sur l'Enz, au S.O. de Mühlacker, pour rechercher un passage à gué. Au cours de cette reconnaissance, le Capitaine Huot est blessé à 200 mètres d'un petit poste ennemi.
D'après les renseignements recueillis, il ressort que l'Enz est infranchissable, sur cette partie de son cours.
2) Le détachement Laporte sur la région Nord de Mühlacker, pour reconnaître les itinéraires Illingen - Mühlacker et au besoin les déminer.
3) Le détachement de Torquat sur les bois situés au sud de Lienzingen, pour en assurer le nettoyage.
Des dispositions sont prises, au début de la nuit, pour assurer, dès le retour des trois détachements la défense éventuelle du village, en cas de contre attaque ennemie venant du Sud-Est.
Le Sous-Groupement C quitte St-Léon à 6 heures et arrive à Rinklingen à 7h25. Il repart à 8h45 pour les fermes Elfingerhof (2 km Ouest de Maulbronn) où il arrive à 10 heures.
Le Sous-Groupement reçoit l'ordre de pousser sur Illingen par l'Ouest. Il démarre à 13h45.
A 16 heures le peloton du Sous-Lieutenant Tailleux et ses légionnaires, entrent dans Illingen, déjà occupé par le Sous-Groupement B du Commandant Boulanger.
Le peloton de l'Aspirant Galvez entre à 16 heures dans Illingen, débordant le village par le Sud.
A 16h10, liaison est prise avec le Sous-Groupement B qui se trouve à 500 mètres au Nord du village.
Illingen doit être tenu par le 1er Escadron du 6ème R.C.A. A 18 heures, le Commandant du Chelas vient reprendre son commandement et constitue dans son groupement les détachements :
Lalo (Capitaine commandant la 11/3 R.M.L.E.), qui doit prendre le pont de Mühlhausen.
O'Brien (Capitaine commandant le 1er Escadron du 6e R.C.A.) qui occupera Klein-Glattbach.
Joyau (Lieutenant commandant le 4e Escadron du 6e R.C.A.) qui se placera de façon à appuyer l'entrée du Groupement B, dans Vaihingen.
A 20h45, l'élément du Capitaine Lalo remplit sa mission et démine le pont encore intact. L'élément du Capitaine O'Brien occupe Klein-Glattbach où sont déjà des Goumiers, et l'élément Joyau nettoie les pentes Sud et Sud-Est d'Illingen, puis effectue quelques tirs sur Vaihingen où le Groupement B n'attaque pas. Des reconnaissances faites par le Maréchal-des-Logis Mahé du C.R. et un Lieutenant du Génie, il ressort que le pont de Mühlhausen est praticable aux chars moyens. Tout le C.C.6 passera par là, quelques jours plus tard. Au cours de la journée, le 1er Escadron a eu un char touché par anti-char. Ses pertes s'élèvent à quatre blessés, (Lieutenant de Montgrand, Brigadier-Chef Dordognin, chasseurs Monchalin et Marinière) et deux tués (Lieutenant Vuillerme et chasseur Argento). Le 2ème Escadron a eu un blessé (M.D.L. Desgranges) et le 3ème également (Capitaine Huot).

8 AVRIL
Le 1er Escadron quitte Illingen à 7h30, avec mission de reconnaître Klein-Glattbach. Un peu plus tard, un peloton de chars moyens (Lieutenant Joyau) vient se joindre au 1er Escadron. Jonction est faite au centre de Sersheim, avec un Groupement du 3ème R.S.A.R.
Le 2ème peloton du 2ème Escadron (Adjudant Guillard) a l'ordre de prendre Unterriexingen. Déployé en bataille, il progresse en direction de son objectif. Le terrain est découvert et en pente jusqu'à l'Enz. A 2000 m, de l'autre côté du cours d'eau, 4 ou 5 chars allemands embossés ouvrent le feu sur le peloton qui descend le glacis. Le chef de peloton fait appuyer sur la gauche, où se trouvent des couverts et fait tirer le char 27 (canon long) qui au 3ème coup réussit à mettre en flammes un des chars ennemis. Les autres tirent encore et notre artillerie déclenche un violent bombardement. Néanmoins, 3 half-tracks de la Légion sont touchés et il y a des blessés.
Le peloton inflige de lourdes pertes aux éléments motorisés qu'il aperçoit de l'autre côté de l'Enz, mais ses munitions s'épuisent et il vient se placer dans un verger au sud-est de Gross-Sachsenheim.
A la nuit tombante, le 1er Escadron reçoit l'ordre de passer l'Enz à Mühlhausen. Un char fait une chute de 4 mètres. Les occupants sont contusionnés. L'escadron débouche au milieu d'une contre-attaque. Trois T.D. sont en flammes.
Le peloton Denolle est mis à la disposition du Capitaine de Torquat du R.M.L.E. et passera la nuit en point d'appui prés d'Aurich.
Le reste de l'escadron participe à la défense de Gross-Glattbach.
Le 1er peloton du 2ème Escadron (Aspirant Debrinay) contribue à disperser les éléments ennemis mis en fuite par les feux du peloton Guillard, dont il a pour mission d'appuyer la progression. L'Aspirant Debrinay, avec un char et deux half-tracks arrive à proximité de Gross-Sachsenheim. Six prisonniers, dont un feldwebel sont capturés ; peu après, un Lieutenant de S.S. et son motocycliste sont pris. Ordre est alors donné au peloton Debrinay d'attaquer Unterriexingen. Il neutralise les lisières du village, tandis que les Légionnaires y pénètrent vers l'Ouest. Après une préparation d'artillerie et un violent feu des chars dans la rue principale du village, où refluent en désordre de nombreux ennemis, l'attaque va se déclencher.
Mais arrive l'ordre : "Repli sur Gross-Sachsenheim, occupé par les Goumiers et pousser sur Bissingen''.
Le tout-terrain étant impraticable, l'élément Debrinay reprend la route. Il est pris à partie par un Ferdinand et une arme anti-char. Deux half-tracks de la Légion et le char 25 sont touchés : le Maréchal-des-Logis Walter et le Brigadier Klein sont blessés. Le char ne flambe pas, mais en essayant de s'embosser, il va au fossé et n'en peut sortir.
L'ordre arrive de ne pas récupérer pour le moment le char 25 et les deux half-tracks et de rentrer à Gross-Sachsenheim.
Le 3ème peloton (Sous-Lieutenant Maymil) quitte Illingen à 6h45 et se poste à Klein-Glattbach où il reçoit la mission de couvrir la gauche des éléments qui marchent sur Unterriexingen, ce qu'il assure de la cote 249. Il se porte ensuite aux lisières Est de Gross-Sachsenheim et exécute des tirs d'appui pour le Groupement et les Goumiers. A 19 heures, il rentre à Illingen pour la nuit.
Les premiers éléments du Groupement A (3ème Escadron) quittent Lienzingen à 5h45 et se portent sur Illingen. De ce dernier village, sont envoyés :
1° Le détachement Laporte, sur Vaihingen pour protéger l'établissement d'une tête de pont que tentera de réaliser une compagnie du 3e R.T.A.
2° Le détachement Torquat (ancien détachement Huot), sur Oberriexingen pour assurer la liaison avec le Groupement C.
3° Le détachement Haffner (ancien détachement Torquat), sur Mühlhausen. Ce détachement ayant franchi l'Enz, sur le pont de Mühlhausen, pousse sur le Sud-Est, se heurte à une sérieuse résistance, la réduit, capturant 16 prisonniers, et s'empare, en fin de journée, d'Aurich, où il capture 43 prisonniers.
L'infanterie rejoint ce dernier détachement d'Aurich pour l'aider à assurer la défense de nuit, tandis que le reste du Groupement s'installe à Mühlhausen.
Pendant ce temps, le Colonel Renaudeau d'Arc reçoit le commandement des éléments de la tête de pont de Mühlhausen-Vaihingen. Il se rend, à la tombée de la nuit, à Gross-Glattbach pris par le 4/I R.E.C. pour organiser la défense de ce village avec un Bataillon du 5ème R.T.M., le 4/1 R.E.C, une partie du I/6 R.C.A., et les T.D. du 4/11ème R.C.A. Au début de la nuit a lieu une grosse contre-attaque d'un bataillon ennemi. Le 4/I R.E.C. la bloque et fait de nombreux prisonniers.
A 10h15, l'élément O'Brien du Sous-Groupement C, se trouve aux portes du village, tandis que le Groupement Bonjour occupe Horrheim.
A 11 heures le détachement du Capitaine Lalo est relevé de sa garde au pont de Mühlhausen, par le Sous-Groupement A et gagne Sersheim.
Il est 12h45 quand le détachement du Lieutenant Joyau débouche de Sersheim, en direction de l'Est. Mais les ponts situés à 1 km Sud·Est de ce village sont coupés.
A 18 heures, le Sous-Groupement C rentre à Illingen, laissant le III/3 R.T.A. occuper Sersheim.
Le 1er Escadron fait toujours partie du Groupement C. A 15 heures, une opération de nettoyage dans des bois, au Nord de Gross-Glattbach donne 75 prisonniers. A 18 heures, au cours d'une seconde opération de nettoyage, le Lieutenant Denolle est blessé par minen, ainsi que le chasseur Rodriguez.
Le Sous-Groupement B (2ème Escadron) quitte Illingen au lever du jour en direction de Mühlhausen, Gross-Glattbach et Pinache.
Le peloton Guillard a pour mission d'attaquer n de s'emparer de Pinache. Après avoir nettoyé les bois jusqu'à la route Mülhlhausen-Pinache le peloton s'installe à 50 mètres au Sud des bois de 355, face à Pinache qu'il attaque rapidement : une forte réaction d'armes automatiques se fait sentir, les chars mitraillent et canonnent, mettant en flammes les premières maisons du village et prenant d'enfilade la rue principale. Les Légionnaires nettoient les maisons. Les Allemands sont tués en masse ou se rendent. Le char de tête, à la sortie Nord de Pinache, échappe de peu à un Panzerfaust ; 150 prisonniers sont ramassés et l'élément s'installe défensivement à la sortie Sud du village.
Le peloton Maymil fait partie de l'élément Eblé qui a pour mission de se rendre à Pinache. à travers les bois non nettoyés par l'élément précédent. Le parcours sous bois est très pénible. Les chars atteignent la route Durrmenz-Pinache, rencontrant des feux d'infanterie très mobiles et des abatis qui stoppent sa progression. La mission consiste à couvrir le flanc Nord-Ouest de l'élément Robillard. Les bois sont fouillés et un dépôt de bicyclettes, celles des éléments mobiles ennemis, et découvert.
Deux prisonniers parlent et situent, sur les croupes boisées à l'Ouest de la route Durrmenz-Pinache, l'emplacement où se regroupent les résistances mobiles harcelant nos colonnes. Le Lieutenant Eblé demande l'appui d'une compagnie de Tirailleurs. Le Chef de Bataillon dont dépend cette compagnie hésite, car il a besoin de tous ses hommes, des S.S. s'infiltrant entre Enzberg et Durrmenz menaçant sa droite. L'attaque, trop tardive, ne peut être lancée et le Lieutenant Eblé reçoit l'ordre de rejoindre Pinache. A la nuit, le peloton Maymil s'installe avec son accompagnement de Légionnaire, sur la face Est du village et cantonne là en défensive.
Au matin, le Sous-Groupement A (3ème Escadron) s'est rassemblé en dispositif articulé face au Sud-Est, pour agir en direction d'Enzweihingen, en soutien du R.E.C. Celui-ci ne pouvant prendre le village, c'est le Groupement A qui reçoit vers 16 heures l'ordre de s'en emparer.
Le peloton Laporte a quitté Mühlhausen à 5 heures du matin et s'est porté en position d'attente à Gross-Glattbach. Vers 15 heures, il se trouve sur les crêtes Sud-Est de Vaihingen, prêt à appuyer de ses feux le détachement Haffner qui doit s'emparer d'Enzweihingen.
A 20 heures, il rentre au bivouac, en protection du P.C.
Le peloton Provensal, se dirige vers 6h30 de Mühlhausen vers Aurich, met, en fuite, à 800 m Est d'Aurich une quinzaine d'hommes armés de Panzerfaust qui avaient attaqué les deux derniers chars. Vers 15 heures, il se porte au Nord-Ouest d'Aurich, pour suivre le détachement Haffner qui a pour mission de pénétrer dans Enzweihingen. Pendant la nuit, il occupera le carrefour Sud-Est d'Enzweihingen. Une première barricade, à 7500 m du village, défendue par des panzerfausts, est réduite par les Légionnaires d'accompagnement.
La progression reprend sous un violent tir de 88 et de minen. Les défenseurs se replient au Sud du village, à l'abri des crêtes. Le détachement Laporte, en position de tir, leur cause de lourdes pertes. A 18h30, le village est traversé.
Un minen fait trois blessés, dans le half-track de commandement : les chasseurs Djilali ben Bouazza (1554), Mohamed ben Mohamed (1240) et Rahal ben Abbes (1294). Le Maréchal-des-Logis Gouhier, du char 52, est blessé par éclat de 88. Le char 50, ayant un moteur grippé, est immobilisé à la sortie S.S.E. du village et forme, seul, un môle de résistance.
Les Légionnaires du Capitaine de Torquat s'établissent en point d'appui au carrefour de la route Vaihingen-Stuttgart et le peloton de Gonet s'établit au carrefour Sud-Ouest du village.
Le Sous-Groupement C (4ème Escadron) fait mouvement, à 9 heures du matin sur le pont de Mühlhausen, jusqu'aux lignes de crêtes 333 et 355.
Le Sous-Groupement B attaquant Pinache à 11 heures, le Sous-Groupement C le flanque sur sa droite en nettoyant les bois et fournit des appuis de feux sur la gauche.
Le peloton Tailleux et la section de l'Aspirant Arnaud nettoient les bois au Nord de la route Pinache-Gross·Glattbach.
Le peloton Galvez a pour objectifs le carrefour des pistes, 600 m Ouest du tournant de la route Pinache-Durrmenz. Il atteint son objectif. Le char de l'Aspirant Galvez est "bazooké" sans gravité. Quinze prisonniers sont faits.
A 18h45, les éléments reviennent à leur base de départ face au Sud. La section de l'Aspirant Merel est envoyée en renfort à 2h25, à Enzweihingen, où le Sous-Groupement A subit une très violente contre-attaque.

10 AVRIL
Le 1er Escadron, toujours au Groupement C, se porte, à 14 heures, à 1 km 500, au Sud de Durrmenz pour nettoyer les bois de Schutzenheim et de Schtauf. Le débouché a lieu à 17 heures, mais n'aboutit pas, des abatis obstruant tous les layons utilisables.
Pour la nuit l'escadron reste au bivouac, formé en carré, avec sentinelles fournies par les Tirailleurs. Celles-ci ouvrent le feu sur les ennemis repoussés de Pinache par le Groupement B. Le Marédnal-des-Logis Greder est blessé par minen, une cinquantaine de prisonniers sont faits, au cours de la journée.
Le sous-Groupement B reste en position défensive dans Pinache. L'artillerie exécute des tirs efficaces sur des rassemblements ennemis repérés.
Dans l'après-midi, une attaque d'infanterie échoue. L'artillerie et les chars ennemis tirent à vue sur tous les véhicules cherchant à sortir du village de Pinache.
A la nuit, les pelotons reprennent leurs positions défensives de la veille.
A minuit, les éléments du Groupement A. dont fait partie le 3ème Escadron, sont attaqués dans Enzweihingen. Le village n'est tenu que par 2 pelotons de chars et 3 sections de Légionnaires, le peloton Laporte restant à la cote 318 pour contre-attaquer éventuellement.
La contre-attaque ennemie se dessine au carrefour Sud-Est du village où les assaillants approchent à 50 m du peloton Provensal. Le char 50 immobilisé, se trouve isolé et à court de munitions. Le char C 1 va lui en apporter. Il reçoit un coup de Panzerfaust 10 mètres avant de l'atteindre. Le chasseur Coll est tué, le Maréchal-des-Logis-chef Vicens grièvement blessé, ainsi que le Brigadier-Chef Lespinasse, mort 2 jours après. Les chasseurs Waltz et Sarmeo sont également blessés.
A 4h30, la contre-attaque est repoussée et 67 prisonniers sont dénombrés.
A 11 heures, le peloton Laporte se porte au carrefour Sud d'Enzweihingen. A 14 heures, il va appuyer de ses feux, au Sud de Durrmenz, la progression du Groupement C, de l'autre coté de l'Enz.
Le peloton Provensal passe la journée en attente au carrefour Sud-Est d'Enzweihingen. Au cours d'une reconnaissance à pied, le Maréchal–des-Logis Vincent (char 54), est grièvement blessé. Le chasseur de Bourgoing est tué.
A la nuit, les détachements Haffner et Torquat sont renforcés par des Tirailleurs,
Le Groupement C (4ème Escadron) reçoit l'ordre de départ à 12h15, avec mission de nettoyer les bois de Rotenberg.
Le détachement du Capitaine Lalo comprenant 3 sections de Légionnaires et 2 pelotons de chars, démarre à 18 heures, puis prend à partie un groupe d'observateurs-spectateurs amis se trouvant dans la zone et dont la présence n'avait pas été signalée. Fort heureusement, il n'y a aucun blessé.
A 19 heures, la mission est remplie, 28 prisonniers ont été faits. Le village de Niefern est en vue, mais le C.C. 6 interdit de l'attaquer.
Au cours de la journée, le 3ème Escadron a eu 2 tués et 5 blessés. Le Régiment a fait de nombreux prisonniers.

11 AVRIL
A 6 heures, le 1er Escadron gagne Durrmenz. A la sortie des bois, à 500 m de la route de Pinache, B reçoit une volée de 50 coups d'automoteurs qui passent à fleur de tourelle. L'escadron fonce au plus vite.
Il se fractionne en trois pelotons marchant avec 3 compagnies et a pour mission le nettoyage des bois du Steckhof et du Schutzenheim. Au cours de cette opération 70 prisonniers sont faits.
Après une forte préparation d'artillerie, les chars s'apprêtent à attaquer les bois de Tannenberg. Ils subissent un violent tir de minen qui cause des pertes. Le Brigadier-Chef Rainat est tué, le Maréchal-des-Logis Leroy, les brigadiers Pérez et Claverys et le chasseur Bourion sont blessés. Pérez succombera dans la nuit.
A 19 heures, les chars repartent aux lisières Nord des bois de Tannenberg. A 20h30, l'escadron s'installe en cantonnement d'alerte à Durrmenz. Il ramène 26 prisonniers.
L'élément Eblé (2ème Escadron) et avec lui, le peloton Maymil vont se poster à 6h30, pour appuyer la progression du R.E.C. sur Oschelbronn et couvrir le flanc Est du Groupement C qui marche sur Niefern.
Les chars sont en position sans avoir été décelés et des groupes ennemis sont repérés à 800 m, ainsi qu'un poste d'observation ennemi. Celui-ci est pulvérisé par le tir d'un de nos chars. Les autres chars avancent sur une crête et exécutent, à leur tour, des tirs très meurtriers.
Peu après, une forte réaction de 88 encadre notre position et les chars se replacent à contre-pente.
Deux groupes de Légion et deux chars poussent une pointe sur les carrières Nord d'Oschelbronn ; capturent 20 prisonniers, et décèlent des résistances.
Au moment où se monte une action plus puissante, avec appui d'artillerie, arrive l'ordre de se porter en liaison avec le Sous-Groupement C. Cette manoeuvre déclenche une très violente série de tirs de 88. Liaison est prise avec le 1er Escadron du 6ème R.C.A. Les tirs ennemis se font plus violents. Le Lieutenant Eblé est légèrement blessé au bras. Le 1er Escadron se replie, l'élément Eblé reçoit à son tour l'ordre de gagner Pinache où il passera la nuit, dans le même dispositif que la veille.
Le Sous-Groupement A (3ème Escadron) appuie de ses feux l'attaque du C.C. 6 sur les bois de Tannenberg. Le soir, il se regroupe à Otisheim.
Le Sous-Groupement C (4ème Escadron) a pour mission de nettoyer les bois au Sud·Est de Niefern et de s'emparer des crêtes 399 et 381.
Dix minutes après l'heure H (8 heures), le détachement Lalo précise le contact dans les bois de Tannenberg. Il fait 80 prisonniers mais subit des pertes.
Le peloton Tailleux repère des organisations défensives ennemies très solides ; les prisonniers capturés affirmant, d'autre part, la présence de 300 Allemands sur la position. Un tir d'artillerie est demandé. Il est exécuté à 15h50.
L'attaque part à 16 heures, appuyée par des T.D. et les chars du Groupement A.
Le détachement Lalo reprend le contact à 17h20. Il atteint ses objectifs à 18h35. Les Tirailleurs en font le nettoyage.
Le Colonel commandant le C.C. 6 veut l'encerclement du Tannenberg. L'Aspirant Galvez est accroché par une forte résistance venant du Sud de Niefern. Des coups de 88 touchent sans gravité un char et un half-track.
Le Sous-Lieutenant Tailleux est blessé au visage. A 19h35, le Commandent du Chelas fait rentrer les chars moyens et légers à Durrmenz. Le détachement Lalo tiendra, aidé de Tirailleurs, la corne Sud-Ouest du bois de la cote 228.

12 AVRIL
Le 1er Escadron se porte, à 7h30, à la ferme Schaufhauss, située en lisière du bois de Schutzenheim. Deux pelotons redoivent mission de reconnaître le bois de Tannenberg.
La compagnie de Tirailleurs les accompagnant s'installe aux lisières du village de Niefern. Le dernier peloton a pour mission de déborder le bois par le Sud. Les lisières Ouest sont également débordées. Au moment de donner l'assaut au village de Niefem, le 1er Escadron reçoit l'ordre de rester sur place.
Le 1er Escadron rejoint Durrmenz à 14 heures et cantonne.
Le Sous-Groupement B (2ème Escadron), sauf deux petits éléments quitte Pinache à 9 heures et gagne Mühlhausen.
Les chars du 3ème Escadron ayant repris position sur le Lattenwald, dégagent par le feu les pentes Nord-Ouest de la cote 381.
A 6h50 l'Escadron Joyau (4ème Escadron) vient renforcer les Légionnaires du Capitaine Lalo.
Des tirs d'arrêt sont demandés par l'infanterie une contre-attaque allemande se dessinant avec un effectif d'environ 2 compagnies.
A 11 heures, l'objectif de la veille est de nouveau entre nos mains. A 12h20, les éléments du Sous-Groupement C dont fait partie le 4ème Escadron, sont regroupés dans Durrmenz.
Le 1er Escadron cantonne à Durrmenz : entretien du matériel, recomplétements.
Le 1er peloton du 2ème Escadron reste en surveillance sur ses positions. L'autre élément de surveillance est relevé par le peloton Maymil.
Le Sous-Groupement A (3ème Escadron) se répartit entre Kieselbronn, le Lattenwald et Enzberg. Il n'intervient pas. Mouvement du P.C. de 14h30 à 15 heures sur Kieselbronn.
Au 4ème Escadron, le Capitaine Blacas, rentré de permission, reprend le commandement. Il va, avec le Capitaine Lalo et le Lieutenant Marsauche des T.D., reconnaître des emplacements de tir et des cheminements en cas de d'attaque.

14 AVRIL
Le 1er Escadron fait mouvement de Durrmenz sur Niebelsbach, entre 15 heures et 19 heures, par Otisheim. Durm, Eisingen, Stein, Wilferdingen, Ellmendingen.
Au 2ème Escadron, le peloton Guillard relève le 1er peloton. A 13 heures, les deux pelotons de surveillance rejoignent Mühlhausen. A 15h15 l'escadron gagne Grafenhausen, avec le Sous-Groupement B.
Le 3ème Escadron se porte, entre 17h10 et 20 heures, de Kieselbronn à Eisingen, Stein, Wilferdingen et Auerbach où il passe la nuit.
Le 4ème Escadron part à 16h25 pour Dietlingen où il arrive à 21h30.

15 AVRIL
Le 1er Escadron reste en état d'alerte à Niebelsbach,
le 2ème cantonne à Grafenhausen : entretien du matériel,
le 3ème reste à Auerbach et le 4ème à Dietlingen.

15 AVRIL
Le 1er Escadron fait mouvement de Niebelsbach à Fünfbronn où il s'installe en point d'appui.
Le 2ème Escadron fait mouvement avec le Sous­-Groupemrnt B et gagne par Neuenburg, le village de Gaugenwald où il passe la nuit.
Alerté à 13h50, le Sous-groupement A (3ème Escadron), se porte par Neuenburg, Wildbach, Calmbad, sur Simmersfeld atteint à 19h45. Le Lieutenant-Colonel Renaudeau d'Arc, mis à la disposition de la Direction de la Cavalerie fait ses adieux au Régiment. Dès lors, le commandement du 6ème R.C.A. et du Sous·Groupement A est assuré par le chef d'escadrons de Viéville.
Le 4ème Escadron part à 15h35 de Dietlingen pour Aichhalden atteint à 21 heures. Le Lieutenant Josse parti en précurseur, entre, sans le savoir, le premier dans Aichhalden, non encore occupé. Ce n'est qu'un quart d'heure après que la Légion arrive, mitraillette au poing.

17 AVRIL
Le 1er Escadron quitte Fünfbronn à 13h30 pour Nagold atteint à 14h30 et prend liaison avec le Capitaine Astoul commandant le 4ème escadron du R.E.C.
A 19 heures, une reconnaissance composée du peloton Dumouchel et d'un peloton d'auto-mitrailleuses (Lieutenant Colas) s'avance sur la route de Mötzingen. Deux hôpitaux, situés au bord de la route sont fouillés.
A 1500 m du village, cette reconnaissance en prise à partie par des tirs de snippers et des tireurs de panzerfaust. Le village est débordé par le Nord et des tireurs ennemis sont neutralisés.
Pendant ce temps, un élément avec le Sous·Lieutenant Olié du R.E.C. et des chars légers, pousse jusqu'aux lisières Sud-Ouest d'Oberjettingen. Restent en réserve, au carrefour 800 m. Est de Nagold, un peloton de chars légers et un peloton d'A.M. avec le Capitaine Astoul
A 20h30, les villages de Mötzingen, Oberjettingen et Unterjettigen sont occupés après une vive réaction ennemie. Mais à la nuit, vu le peu d'infanterie d'accompagnement, le C.C.6 donne l'ordre de repli sur Nagold.
Au cours de la journée, 10 prisonniers ont été faits.
A 10 heures, le Lieutenan-Colonel d'Arc vient faire ses adieux au 2ème Escadron.
Une trentaine de tous jeunes Allemands (16 à 18 ans) viennent se constituer prisonniers.
A 14 heures, l'escadron part en direction de Nagold. Le peloton Guillard s'installe aux lisières Est de Mützingen, pour éventuellement appuyer de ses feux une reconnaissance sur ce village. A la nuit, il regagne Nagold sans avoir eu à intervenir.
Dans l'après-midi, les trois détachements du Sous-Groupement A (3ème Escadron) effectuent des reconnaissances et des nettoyages d'itinéraires dans le quadrilatère: Nagold, Waldorf, Egenhausen, Schietingen. Les ponts sur la Nagold sont reconnus. Le 4ème Escadron part d'Aichhalden à 17 heures, sur Oberweiler, Simmersfeld, Altensteig, atteint à 18h30.


18 AVRIL
Le 1er Escadron est mis à la disposition du Colonel commandant le R.E.C.
Un premier détachement, aux ordres du Capitaine Astoul et comprenant 2 pelotons du I/6 R.C.A. et le 4ème Escadron du R.E.C., moins un peloton, a pour mission de reconnaître et éclairer les axes Unterjettingen, Oschelbronn, Tailfingen et Tubingen, d'une part et Mötzingen, Bondorf, Seebronn, Wurmlingen, d'autre part.
Un deuxième détachement, aux ordres du Capitaine O'Brien et comprenant un peloton du 4/R.E.C. et un peloton du 6ème R.C.A., doit reconnaître l'axe Nagold, Oberjettingen, Herrenberg.
Le départ de Nagold a lieu à 5h45. Oberjettingen est occupé et une heure plus tard, la progression du détachement O'Brien sur Herrenberg, se poursuit. Des patrouilles sont lancées sur les lisières Ouest d'Herrenberg. A la voie ferrée, de nombreuses armes automatiques se dévoilent et le village semble fortement tenu. D'autre part, les villages d'Affstatt et Kuppingen sont encore aux mains de l'ennemi
A 12 heures, un détachement de chars moyens et de T.D. vient aux lisières d'Herrenberg.
La mission confiée au détachement O'Brien est alors la suivante: dès qu'Herrenberg sera libre, reconnaître Bebenhausen et Lustnau.
Le détachement du Capitaine Astoul est en train de prendre Bondorf, Tailfingen et Wurmlingen.
A 14 heures, la mission du Capitaine O'Brien change : il nettoiera le centre du village d'Herrenberg. Cette mission est accomplie à 15 heures et l'escadron repasse aux ordres du Colonel commandant le C.C. 6 avec mission de tenir Altingen face au Sud et de détacher un élément à Sindlingen, ce qui est réalisé à 23 heures.
Au cours de l'avance du détachement Astoul, le Brigadier-Chef Martin est tué au Nord de Tailfingen.
Le Sous-Groupement B (2ème Escadron) est divisé en trois éléments :
l'élément de Raymond, avec le peloton Guillard,
l'élément Eblé, avec le peloton Maymil,
l'élément Robillard, avec le peloton Debrinay.
L'éliment de Raymond part à 5 heures en direction de Mötzingen où il pénètre et qu'il nettoie. On lui donne alors Kuppingen comme objectif. Les chars, déployés en bataille, attaquent le village par l'Est et l'Ouest, une centaine d'ennemis le défendent avec des armes automatiques. Un Capitaine de S.S. tient tête farouchement avec quelques hommes. Il est tué. D'autres défenseurs s'enfuient.
Les îlots de résistance sont détruits un par un, une cinquantaine de prisonniers sont faits. Le village est nettoyé, l'élément s'y installe. Durant l'après-midi, une forte réaction de mortiers se fait sentir : le chasseur Verguet, pilote du char 28, est grièvement blessé.
L'élément Eblé part à 5h30 sur Oberjettingen où il entre en liaison avec des éléments du R.E.C. et les chars du I/6 R.C.A. Il s'installe aux lisières Nord du village. Un camion allemand arrive et se présente à l'entrée du village : trois Allemands se rendent et, venant de Stuttgart, affirment que la route est libre d'éléments militaires.
A 9 heures, l'élément appuie la progression sur Herrenberg. A 10 heures, ordre est reçu d'aller à Sulz puis Kuppingen. Sulz est atteint rapidement et occupé sans la moindre réaction de l'ennemi ; des prisonniers français libérés signalent que les troupes allemandes, parties depuis peu formeraient un bouchon entre Sulz et Kuppingen.
En effet, à la sortie du village, des tirs d'anti­chars et de 88 arrivent. Le char 08 est touché, le chasseur Masade est tué, Marion et Roulier sont blessés. Chaque tentative de sortie du village par l'Est ou le Sud est arrêtée par des tirs d'anti-chars très précis. L'élément Eblé se place au Nord d'Oberjettingen, couvrant des éléments de Spahis qui vont occuper Sulz. Mise en place terminée, ordre est donné à l'élément de tenir pour la nuit le village d'Affstatt, entre Kuppingen et Herrenberg.
L'élément Robillard quitte Nagold à 6 heures et se porte à Unterjettingen. Il pousse ensuite sur Sindlingen où il fait 12 prisonniers. Il prend ensuite Affstatt sans difficulté ; liaison est prise dans Herrenberg avec le Groupement C. Patrouille sur Nufringen sans résultat. Retour à Kuppingen.
Dès 7 heures, le Sous-Groupement A (3ème Escadron) reçoit l'ordre d'atteindre la transversale N.S. Unterjettingen, Mötzingen, Volmaringen, ce qui est fait rapidement, malgré quelques résistances légères. Le Sous-Groupement reçoit l'ordre de pousser au Nord-Est vers Herrenberg. Le détachement Haffner se porte par Haslach au Sud-Ouest de cette ville avec mission d'y appuyer l'entrée du Sous-Groupement C. Une patrouille de deux chars et deux half-tracks de la Légion, aux ordres du Sous·Lieutenant de Gonet. fonce à 12 heures sur Herrenberg et prend un quartier de cette ville qu'il nettoie. Le Groupement C y pénètre, à son tour. Le Sous-Lieutenant de Gonet revient à Haslach.
Le détachement du Lieutenant Laporte, occupe Gulstein vers midi et y fait 20 prisonniers.
Le détachement du Lieutenant Dubouchet atteint Nebringen.
Vers 16 heures, ces deux détachements attaquent Altingen. Une préparation d'artillerie de 10 minutes, précède l'attaque qui réussit.
Le Sous-Groupement A, le 18 au soir, est réparti comme suit :
détachement Laporte à Kayh,
détachement Dubouchet (Peloton Provensal) à Monchberg,
détachement Haffner et P.C. à Gulstein.
Le Sous-Groupement C (4ème Escadron) doit progresser derrière les Groupements A et B, avec mission de les appuyer et de protéger leurs flancs.
Il comprend :
l'élément Blacas (Commandant le 4/6 R.C.A.), avec un peloton de chars, une section de Légion et du Génie.
l'élément Lalo de même composition.
l'élément Chauffert (Lieutenant de T.D.)
Vers 11 heures, l'élément Lalo va sur Haslach où il pénètrera à 11h35 après avoir rencontré une assez forte résistance. Le half-track de commandement du Capitaine Lalo, bazooké, flambe.
L'élément Blacas se porte au carrefour 2 km 500 Ouest d'Herrenberg et prend liaison, à midi, avec le Groupement B.
A 13h30, un tir de fumigènes aveugle les cotés Nord-Ouest et Nord-Est d'Herrenberg et les chars démarrent. Les premiers éléments du détachement Lalo sont à l'entrée Sud d'Herrenberg à 13h50 ; une vive fusillade a lieu, une centaine d'Allemands résistent avec des Panzerfaust et des armes d'infanterie. Ces éléments sont refoulés et à 14h05, le détachement Lalo est au centre d'Herrenberg.
Le détachement Blacas progresse plus lentement dans un terrain marécageux fort difficile ; un de ses chars (Brigadier·Chef Watrigant), est tiré par Panzerfaust et brûle. Le pilote Perricaud et l'aide­-pilote Sartor sont blessés.
A 20h45, un renfort d'infanterie est demandé pour permettre, éventuellement, de supporter une contre-attaque ennemie venant de l'Est. La défense du village est solidement organisée.
A 21 heures, une délégation de notables de Nufringen, vient nous supplier d'occuper la ville, évacuée par les troupes allemandes.
Dans la journée, le Régiment a eu un tué et quatre blessés, un char touché par anti-char, un half-track et un char incendiés par Panzerfaust.

19 AVRIL
Le 1er Escadron est réparti en trois pelotons qui font partie des éléments : Sous-Lieutenant Olié, du R.E.C., Capitaine O'Brien, Sous-Lieutenant Anseau du R.E.C. Ces détachements reçoivent des missions de reconnaissance.
Le départ a lieu à 8 heures, sur l'itinéraire Tailfingen-­Gulstein·Mönchberg.
A 11h30, à 1 km 500, au Sud-Ouest de la ferme Schaishof, se trouvent des barrages d'abatis. Une A.M., voulant les déborder s'enlise. A 16 heures le détachement arrive au complet à la ferme, par un itinéraire détourné.
Une demi-heure plus tard, un motocycliste ennemi se présente, il est tué. A 17 heures, un camion ennemi chargé de munitions, tiré par les chars, explose.
L'ennemi, que repousse le 2e R.S.A.R., afflue vers la ferme, de plus en plus nombreux. Il est cloué au sol. A 20h45, liaison est prise avec les éléments du 2e R.S.A.R.
L'escadron reste en point d'appui défensif pour la nuit.
L'élément Eblé, du 2e Escadron part à 10 heures d'Affstatt, avec mission de se porter à Breitenholz. En cours de route, il rencontre le 3ème Escadron du 6e R.C.A., qui a la même mission. En conséquence, l'élément Eblé pousse sur Entringen qu'il atteint à 10h50. Tubingen étant pris, l'élément marche sur Bebenhausen, par un itinéraire difficile.
A 13h55, arrivée au château de Bebenhausen, demeure de la reine de Wurtemberg. L'élément pousse sur Lustnau, atteint à 15h10, puis sur Pfrondorf atteint à 17 heures, sans essuyer un coup de feu.
Kirchentellinsfurt est le nouvel objectif ; un abatis retarde le progression. Le pont situé à l'entrée du village saute devant les éléments de tête. Les chars ouvrent le feu sur les soldats allemands circulant dans le village. Quelques tireurs d'élite ripostent.
Le Sous-Groupement C double l'élément Eblé qui rentre passer la nuit à Pfrondorf.
De Pfrondorf, le peloton Guillard pousse une reconnaissance à 2 km en forêt et ramène 15 prisonniers. Il regagne Pfrondorf pour la nuit.
Le peloton Debrinay qui arrive à son tour à Pfrondorf, va reconnaître Eichenfirst puis rentre avec 20 prisonniers.
Le Groupement A (3ème Escadron) reçoit mission de couvrir au Nord le mouvement du Groupement B sur Tubingen et d'appuyer le débouché de ce Groupement sur Breitenholz.
Les détachements Laporte et Dubouchet progressent difficilement (barrages, abatis) sur l'itinéraire Mönchberg, Nord de Bebenhausen. Ils n'arrivent que vers 18 heures à ce dernier village, après de nombreuses variantes d'itinéraires.
Le détachement Haffner, avec 3 T.D. du 11ème R.C.A. se porte sur Entringen, puis sur Bebenhausen où il arrive vers 16h30. De là, il est poussé face au Nord, sur Dettenhausen pour prendre liaison avec le R.E.C. Il rencontre un barrage que le Génie supprime, puis double le R.E.C. et, appuyé par l'Artillerie, attaque le village à la tombée de la nuit, malgré une forte résistance. Un half-track de la Légion, atteint par panzerfaust flambe : deux blessés. L'ennemi, en fuite, est violemment pris à partie par l'Artillerie, les chars, les A.M. et laisse entre nos mains 31 prisonniers.
Les détachements Laporte et Dubouchet rejoignent Dettenhausen vers 22 heures. Tous assurent pour la nuit la défense du village.
A 10h45, le Groupement C (4ème Escadron) reçoit la mission de tenir le carrefour 573 et de s'installer défensivement à Mönchberg.
Le peloton Joyau est envoyé au carrefour et tout le reste du Groupement part pour Mönchberg. Le peloton Joyau est fortement accroché, par Panzerfausts et armes automatiques. Au moment où l'on envisage de lui envoyer de l'Infanterie, l'ennemi décroche. Il est 12h30.
A 16 heures arrive au sous-Groupement l'ordre de se porter à Tubingen. A 17h50, l'élément comprenant le peloton Galvez, est arrêté sur la route, à hauteur de Kirchentellinsfurt, par un pont sauté et un bagage anti-char fortement défendu. Le village surplombant la route, les mitrailleuses allemandes interdisent le passage. L'élément de tête réussit à le forcer. Suit le P.C. qui, faisant feu de toutes ses armes, réussit également à passer sans mal. Six prisonniers sont faits ; deux de ceux­ci, que l'on essayait d'évacuer sont tués par des balles des leurs.
Les camions d'essence sont, à leur tour, pris à partie par les rafales des mitrailleuses allemandes et deux conducteurs sont blessés.
A 20 heures, le peloton Galvez entre dans Rubgarten. L'élément Lalo a pénétré dans Pliezhausen. Le village de Gniebel attaqué à la fois par ces deux éléments, tombe après un court combat.
Tout le Sous-Groupement fonce sur Walddorf tandis que le peloton Joyau nettoie Gniebel.
Walddorf est occupé défensivement pour la nuit.

20 AVRIL
A 13 heures, le détachement O'Brien du 1er Escadron reçoit pour mission de reconnaître les villages de Plattenhardt, Bonlanden, Bernhausen, Plieningen. A l'Ouest du premier village, une vive fusillade crépite, néanmoins, le village est occupé une heure après par les chars moyens.
Bonlanden, puis Bernhausen à 19h15 et Plieningen à 20h40, sont atteints. Liaison est prise avec le Commandant de Viéville, commandant le Sous-Groupement A.
L'élément Eblé du 2ème Escadron a pour mission de se porter sur Aich. Au cours de la progression, une quarantaine d'Allemands, surpris au repos, au bord de la route, sont faits prisonniers.
Des tirs sont effectués sur Aich ; l'attaque du village est menée à bien. A midi, le nettoyage est terminé. A 14 heures, le Lieutenant Eblé a pour mission de prendre Grotzingen. L'attaque menée à partir des hauteurs Sud est couronnée de succès. De nombreux prisonniers de la Flak sont capturés, ainsi que leurs canons anti-aériens. L'élément rejoint le Sous-Groupement à Wolfschlugen.
L'élément de Raymond (peloton Guillard) a pour première mission de prendre intact le pont de Neckartailfingen, ce dont il s'acquitte rapidement.
Au cours du nettoyage du village, une soixantaine de prisonniers sont capturés. Plus loin, à environ 1500 m se trouvent des pièces de D.C.A. (renseignement donné par des prisonniers), l'Adjudant Guillard détruit de ses feux 9 mitrailleuses de 20. L'élément regagne Wolfschlugen.
L'élément Robillard (peloton Debrinay) a marché dans les traces du Lieutenant Eblé jusqu'à Aich puis s'est porté sur Wolfschlugen.
Le Sous-Groupement B regroupé à Wolfschlugen, reçoit l'ordre de pousser, de jour et de nuit, sans répit, sur Stuttgart.
A la nuit, les villages de Neuhausen et Scharnhausen sont atteints par l'élément de Raymond, suivi d'Eblé et de Robillard qui pousse sur Ruit. Ils rencontrent aux lisières Sud de ce village, une forte résistance. L'attaque de nuit étant jugée très difficile, l'opération est remise au lendemain et le peloton s'installe en point d'appui fermé, à 400 m au Sud du village, dont l'artillerie neutralise les abords.
A 8 heures, le Sous-Groupement A (3ème Escadron) reçoit l'ordre de s'emparer de Waldenbuch. Les détachements Dubouchet (Provensal) et Laporte mènent l'attaque sur le même axe, celui du détachement Dubouchet étant impraticable. Le village est pris à 11 heures.
A midi, les deux détachements et le P.C. avant sont dans la localité. Le détachement Haffner qui les couvre, est pris à partie par l'artillerie ennemie quand il quitte sa position (2 tués et 7 blessés à la Légion).
A 13 heures, le détachement Dubouchet effectue une reconnaissance sur Aich et nettoie Glashütte et Neuenhaus.
A 14 heures, le détachement Laporte reçoit l'ordre de s'emparer de Plattenhardt, puis de Neuenhaus, ce qui est fait, après avoir décimé une colonne ennemie à la mitrailleuse et au canon. Le détachement Dubouchet (Peloton Provensal) attaque Plieningen et l'enlève. Les 3 détachements se regroupent à Plieningen.
A 17 heures, ordre est reçu de pousser sans désemparer sur Esslingen par Neuhausen. A peine lancés sur Neuhausen qu'occupe le détachement Dubouchet arrive l'ordre de foncer sur Stuttgart, de jour et de nuit.
Les détachements sont axés sur Bernhausen et Plieningen qui est atteint à 21 heures, et occupé par tout le Sous-Groupement. Un violent tir de 88 s'abat sur Bernhausen, 19 prisonniers sont faits.
Le C.C. 6 ordonne au Groupement C (4ème Escadron), d'occuper Häslach, Altenriet et le Neckar, jusqu'à Pliezhausen.
A 8h30, l'élément Calvez occupe Häslach. L'élément Joyau occupe Altenriet et surveille le Nord et l'Est de la vallée du Neckar. L'élément Chauffert (11ème R.C.A.) part pour Pliezhausen, revient par Dörnach et doit reconnaître le pont de Mittelstadt.
A 9h30, le deuxième élément ne peut empècher le pont d'Altenriet de sauter.
A 13 heures, ordre est donné de relever le Groupement B à Neckartailfingen. Les éléments Joyau et Simian marchent sur ce village. Le char de tête est tiré par un automoteur ennemi. La résistance ennemie se raidit.
A 18h45, le détachement du Capitaine Blacas entre dans Neckarhausen, en subissant à la crête dominent le village, une réaction d'automoteurs ennemis placés sur l'autre rive du Neckar. A 22 heures, tout le Groupement démarre vers Neuhausen. De là, les deux éléments, aux ordres du Capitaine Blacas, essaient de pousser sur Denkendorf. Tandis que la tête est arrêtée par des obstacles battus, un half-track d'accompagnement est détruit par panzerfaust.
A 23h30, le Groupement reçoit l'ordre de pousser directement sur Nellingen. Une barricade obstruant le passage par le pont de Körsch, la colonne est déroutée encore plus à gauche par Scharnhausen. Le half-track du Capitaine s'embourbe.



STUTTGART

21 AVRIL
Le 1er Escadron se portant à Stuttgart par Plieningen, Kemnat, Sillenbuch, prend à partie des éléments ennemis se défilant vers le Sud et détruit un command-car, un canon anti-aérien, et un antichar. Plieningen est organisé défensivement, face au Nord et face au Sud.
L'après-midi, l'escadron reçoit l'ordre de nettoyer les bois de Nalsbach, à l'ouest de Plieningen.
A 15 heures l'ordre arrive de se porter à Kemnat. Une batterie de D.C.A. avec ses servants, est faite prisonnière.
La progression sur Stuttgart, se poursuit ensuite par Sillenbuch. Dans Stuttgart, l'Escadron prend liaison avec le Chef de Bataillon Boulanger, commandant le Groupement B.
Pour la nuit, défense du P.C. du C.C. 6. Au cours de la Journée, l'Escadron a fait 160 prisonniers.
2ème Escadron (Sous-Groupement B)
Action de l'élément de Raymond.
Dans le cadre de cet élément, le peloton Guillard attaque au lever du jour, le village de Ruit, de front et par débordement. Il fait de nombreux prisonniers et s'installe en défensive aux sorties Nord et Nord-Est.
Action de l'élément Robillard
Le peloton Debrinay faisant partie de cet élément, est envoyé en arrière de Scharnhausen, reprendre liaison avec le Sous-Groupement C, coupé par le repli d'une colonne allemande. 20 prisonniers sont faits, le peloton et son accompagnement regagnent Ruit.
Action de l'élément Eblé
Le peloton Maymil, de cet élément, se poste à l'abri de tirs d'automoteurs, en protection de l'élément Robillard qui se porte sur Scharnhausen. Le Brigadier Albert de l'échelon est blessé par éclat d'obus. L'élément rejoint Ruit à 11 heures.
A 11h30, il doit se porter sur Kemnat où des automoteurs gênent le Sous-Groupement A pour débouler de Plieningen. Un contre-ordre prescrit au Lieutenant Eblé de foncer sur Stuttgart par le village de Sillenbuch et de s'emparer du pont entre Stuttgart et Cannstatt.
A 12h10, l'élément du Lieutenant Eblé quitte Ruit et se dirige vert Sillenbuch. Les feux de neutralisation des chars forcent une compagnie allemande à se rendre. Dans Sillenbuch, occupé sans difficulté, des prisonniers se rendent ; le char 08 incendie une voiture légère où deux officiers allemands sont tués. L'élément de Raymond relève l'élément Eblé qui repart en avant, capturant deux officiers allemands et des ennemis isolés.
L'élément s'apprête à foncer sur la route de Stuttgart quand arrive l'ordre de s'établir solidement au carrefour de Dagebroch.
Après liaison avec le chef de Bataillon Boulanger, commandant le Sous-Groupement B, l'élément obtient la permission de foncer jusqu'aux lisières du bois Sud de Stuttgart et d'y attendre les deux autres éléments du Sous-Groupement B. En s'y rendant, le char de tête détruit une voiture légère.
A 14h55, les trois éléments sont groupés et reçoivent à 15h40, l'ordre de pousser en avant.
Le Sous-Groupement fonce à vive allure, sous une pluie battante, pour éviter panzerfausts et tireurs isolés, et pénètre à 16 heures dans Stuttgart. Le pont situé entre Stuttgart et Cannstatt, objectif final, est atteint sans désemparer. Ce pont étant coupé les chars s'établissent en bouchon. L'ennemi, surpris par la rapidité de la pénétration française dans la ville, fuit en désordre devant le déboulé des chars. Un point d'appui fermé, aux alentours du pont, est établi par l'ensemble du Sous-Groupe­ment B. Des centaines de prisonniers sont capturés.
Le 3ème Escadron (Sous-Groupement A) a reçu ordre de foncer sur Stuttgart, de traverser la ville et de s'installer sur les hauteurs, au Nord.
Le détachement du Lieutenant Dubouchet (peloton Provensal), qui se porte de Plieningen sur Degerloch, faubourg Sud de Stuttgart est accroché à la sortie Nord-Est de Plieningen, par une résistance opiniâtre et qui se maintient en place, malgré un violent bombardement du III/62.
Le détachement du Lieutenant Laporte, débloque le Groupement C, (4ème Escadron) attaqué dans Scharnhausen, puis prend la résistance à revers, en passant par Echterdingen et la fait tomber, ramassant 58 prisonniers.
Pendant ce temps, le Capitaine Bachelot, adjoint au Commandant de Viéville, réussit à persuader le Médecin-Chef de l'hôpital d'Hobenheim, des dangers courus par l'hôpital si la résistance installée à proximité ne cesse pas. Cette action et le débordement du détachement Laporte, amènent la reddition de 171 combattants, sans compter les 940 blessés de l'hôpital.
Le détachement Dubouchet atteint Degerloch à 15 heures. Le Lieutenant Laporte doit revenir sur ses pas pour rattraper les autres éléments dans ce village, son premier itinéraire étant coupé d'abatis.
16h30, attaque de Stuttgart.
17h10, la pancarte "Stuttgart" est dépassée par le Lieutenant Dubouchet qui entre dans la ville à 17h30, après avoir doublé une colonne du C.C. 4 arrêtée dans la descente vers la ville. Celle­ci est traversée vivement, par la Place du Théâtre, la Place Hindenburg, la Place de la Gare Centrale, jusqu'à la Tour Bismarck, sortie Nord·Est de Stuttgart, atteinte vers 19h30. Les tireurs isolés et au panzerfaust sont réduits par les chars, appuyés par la Légion.
Le détachement Haffner suit et stoppe à 19h30, à Weisserhof, tandis que le Lieutenant Laporte arrête son élément au quartier de la Gare Nord.
Les trois détachements cantonnent sur place. Le P.C. avancé du Groupement, qui a progressé pendant toute l'opération, avec le détachement Dubouchet, s'installe dans le point d'appui de ce dernier, dans la villa de l'ancien Général allemand commandant la ville de Stuttgart.
Les ravitaillements et les liaisons sont pris à partie, à la tombée de la nuit, par des snipers et des tireurs de panzerfaust. Un camion d'essence brûle, faisant plusieurs blessés.
Au cours de la journée du 21, 190 prisonniers ont été faits par le Sous-Groupement A, plus 340 blessés, à Hohenheim.
4ème Escadron.
A 3h30, le détachement du Capitaine Blacas quitte Scharnhausen, sans avoir rencontré l'ennemi.
L'élément de l'Aspirant Galvez, ainsi que le P.C. du Sous-Groupement, partent le rejoindre à 5 heures.
Brusquement, à l'entrée Sud du village, à 6h20, les coups de canon fusent de partout, ainsi que tirs de Panzerfausts et rafales de mitrailleuses. Le hall-track qui précède le V.T.T. radio du Commandant du Chelas, touché par 3 coups de Pak, explose. Un T.D, est également touché. C'est une colonne ennemie qui essaie de se frayer un passage à travers les éléments du Groupement C.
Les prisonniers faits signalent la présence de 300 Allemands. Le peloton Galvez est momentanément coupé de sa section et du Groupement. Les éléments se ressoudent, après une riposte très vive et entreprennent le nettoyage des maisons de Scharnhausen, tandis que l'Artillerie (3/62) tire à vue sur les ennemis affluant du Nord et de l'Ouest.
La section de Légion Robillard est envoyée à l'aide et nettoie le secteur.
A 8 heures, l'élément du Capitaine Blacas est également fortement accroché à Nellingen, par une colonne ennemie qui essaie de percer vers l'Est. Notre artillerie et nos chars lui causent de lourdes pertes, une batterie ennemie de 105 est détruite.
Le détachement du Lieutenant Joyau s'est porté à 6 heures à l'entrée d'Esslingen. Il mitraille 50 porteurs de panzerfaust qui descendaient tranquillement vers lui. Ses prisonniers déminent un sérieux barrage. A 8 heures, un élément à pied nettoie le pâté de maisons au Sud·Ouest d'Esslingen, tandis que les chars prennent à partie une colonne cherchant à descendre vers l'Est par la route Bruhl-Esslingen.
A 10 heures, la situation, un moment confuse, est complètement rétablie. Les éléments du Groupement C se réunissent à Nellingen, l'élément Joyau continuant son nettoyage à Esslingen. A Nellingen, 150 prisonniers sont faits, un important matériel est capturé.
Dés 14 heures, commence le nettoyage de la région située entre la route Stuttgart - Esslingen et le Neckar.
Le détachement du Lieutenant Joyau, suivi du P.C du Sous-Groupement, attaque Heumaden par le Sud. A l'entrée du village, un half-track est touché sans gravité par Panzerfaust. La colonne essuie quelques coups de feu de snipers. Le village est nettoyé et occupé, 40 prisonniers sont faits. Il est 17h30.
Les mêmes éléments continuent de pousser sur Hedelfingen où ils entrent à 19h30.
L'élément du Lieutenant Simian doit passer par Ruit, aller au carrefour de Bruhl, puis occuper le carrefour Nord-Ouest d'Hedelfingen. Il est accroché après Bruhl : un char est atteint par Panzerfaust ; le chasseur Jacques est tué, les autres membres de l'équipage, plus ou moins blessés. Des Allemands se rendent, mais les barricades empêchent la continuation de la progression.
A 20 heures, l'élément du Lieutenant Joyau,lancé dans la nuit vers Stuttgart, prend liaison avec le Sous­-Groupement B, au pont entre Stuttgart et Cannstatt.
Pour la nuit, cet élément défend Hedelfingen, l'élément du Lieutenant Simian est à hauteur du carrefour 800 m. Nord de Bruhl, en point d'appui cerclé, et l'élément Chauffert-Galvez en position défensive également. La nuit est calme.

22 AVRIL
Le 1er Escadron reste de garde au P.C. du C.C. 6. Il nettoie les bois Est et Sud·Est de Degerloch et Stuttgart et fait 40 prisonniers.
Le 2ème Escadron, stationné à Stuttgart, continue à nettoyer les quartiers confiés au Sous·Groupement B.
A 9 heures, le Chef d'Escadrons de Viéville (3ème Escadron), convoque et reçoit les notabilités de la ville de Stuttgart : Bourguemestre, Chef de la police locale, Chef de la police du Wurtemberg, Chef du Service d'Hygiène, Chef du Ravitaillement.
Des ordres leur sont donnés au sujet du maintien de l'ordre dans la ville et des mesures sont arrêtées pour permettre le fonctionnement de la Police et des Services Médicaux.
Le 3ème Escadron, avec le concours des Goums, continue le nettoyage de la ville et capture 216 prisonniers.
Le 4ème Escadron poursuit le nettoyage d'Hedelfingen et l'E.M. du Sous·Groupement, dont fait partie l'Escadron, capture 50 prisonniers pendant la nuit.
Dans la matinée, les détachements constitués la veille, nettoient la région d'Hedelfingen.
Vers 14h15, tout le Sous-Groupement C se porte à Wangen dont il achève le nettoyage. Liaison est reprise avec le Groupement B, en vue du nettoyage de l'usine par le Groupement. A 19 heures, il cantonne pour la nuit, sur les hauteurs Sud de Stuttgart.

23 AVRIL
Le 1er Escadron rallie le Régiment et fait mouvement dés 18 heures jusqu'à Tuttlingen, sur le Danube, atteint à 16 heures, le lendemain.
Le 2ème Escadron reçoit à 18 heures, l'ordre de faire mouvement sur Tuttlingen, le 3ème, à 17 heures, celui de rejoindre le Régiment, pour la même destination.
Grand' halte de nuit, aux environs de Horb.
Le 4ème Escadron part de Stuttgart à 18h50, vers Tuttlingen.

24 AVRIL
Le 1er Escadron, à la disposition du C.C. 6, fait mouvement avec lui, sur Liptingen qu'il défend de nuit. Un peloton va soutenir des Fusiliers-­Marins à Stockach. Alerte à 0h15 ; deux prisonniers sont faits.
Le 2ème Escadron traverse le Danube à 6 heures. 6 chars sont en panne, deux seulement sont aptes à combattre. Le Groupement Boulanger cantonne finalement à Honstetten.
Arrivé à Tuttlingen, à 15 heures, le 3ème Escadron se porte dans la soirée à Reithaslach, 20 km Sud­-Est de Tuttlingen, 10 prisonniers sont faits en cours de route.
Le 4ème Escadron est à Tuttlingen à 16h50 et rejoint le 3ème à Reithaslach, où ils s'organisent en point d'appui fermé.

25 AVRIL
A 7 heures du matin, le 1er Escadron va occuper les ponts de Tuttlingen jusqu'à l'arrivée du Sous­-Groupement B. A 14h50, il rejoint R P.C. du C.C. 6, à Liptingen.
Les Sous-Groupements sont reconstitués, mais le nombre de chars du Régiment, étant insuffisant, il est décidé de former un escadron de chars moyens et un escadron de légers, qui seront sous les ordres du Commandant du Chelas.
A 7h30, ordre de départ pour Tuttlingen ; les pelotons de chars sont commandés par les Lieutenants Joyau, de Gonet, Provensal, les T.D. par le Lieutenant de Broissiat, la 11ème Compagnie du 3/R.M.L.E., qu'on prend au passage, par le Capitaine Lalo.
Le 2ème Escadron va avec le Sous-Groupement B, à Tuttlingen, se placer en bouchon face au Nord et au Nord-Ouest, avec mission de couper la retraite à tous les éléments ennemis de la Forêt Noire, qui cherchent à gagner le réduit autrichien.
Les chars du 3ème Escadron partent pour le C.C. 6 à Liptingen, formant un peloton de marche, commandé par le Sous-Lieutenant Provensal et aux ordres du Sous-Groupement C.
L'Artillerie (8ème Batterie), la section de l'Aspirant Arnaud, le Lieutenant de Broissiat, se portent sur Emmingen, pour en assurer la défense.
A 18 heures, la mission a changé. Il faut prendre Hattingen puis pousser sur Immendingen, pour tenir le pont sur le chemin de fer, à 7 km Sud-Est de ce village, pont auquel le Commandement attache une grosse importance.
A 19h30, la section de l'Aspirant Arnaud et un T.D. s'installent défensivement au pont-objectif, atteint sans incident. Les Allemands devancés font demi-tour.
A 19h45, Mauenheim est occupé après un léger accrochage (deux prisonniers, dont un officier).
Un élément mixte est envoyé sur Immendingen, aux ordres du Sous-Lieutenant Provensal. A 500 m, au Nord de Mavenheim, un combat s'engage, au cours duquel le char 42 du Maréchal-des-Logis Merlin est atteint par anti-char et brûle. Les chasseurs Ribot et Mohamed ben Bouchaib sont tués, le chasseur Bouguet blessé. La résistance semble très forte et le Commandant du Chelas replie ses faibles moyens dans Mauenheim. Il rend compte au C.C. 6 de sa situation précaire, et organise à base de mitrailleuses placées dans les maisons et croisant leurs feux avec ceux des half-tracks, une défense utilisant tout le personnel disponible, y compris les secrétaires du P.C.
A 21h35, il est décidé de replier le bouchon formé au pont du chemin de fer, par l'Aspirant Arnaud.
A 22 heures, ce dernier demande des tirs d'arrêt pour stopper l'attaque d'une forte vague d'infanterie. Il est impossible de lui envoyer un renfort. L'Artillerie, alertée par la radio du char du Sous­-Lieutenant Provensal, raccourcit de plus en plus ses tirs autour du bouchon et trois quarts d'heure après, l'attaque allemande est définitivement enrayée. Seize prisonniers sont faits, de nombreux cadavres jonchent le terrain.
Il est 23 heures, le Commandent du Chelas décide le repli de l'Aspirant Arnaud dont il peut avoir besoin et envoie une jeep avec le Lieutenant de Broissiat, le chercher. A minuit, il arrive avec ses prisonniers.

26 AVRIL
A 6h30, le 1er Escadron va renforcer le Sous­-Groupement C accroché à Mauenheim. Le village est atteint à 7h30. Une patrouille gagne Engen, prend contact avec le 2ème R.S.A.R. et rallie Mauenheim à 9h30.
L'Escadron est réparti alors en deux éléments de reconnaissance, dont l'un, avec 2 pelotons de chars légers, une section de Légionnaires et un T.D., est confié au Capitaine O'Brien. Il devra suivre les hauteurs au Sud et au Nord·Ouest d'Hatringen et atteindre le village d'Immendingen, dont les ponts seront gardés. Des armes automatiques se révèlent, des prisonniers sont faits.
Vers 16 heures, au carrefour à 1 km Sud d'Immendingen, les chars de tête et le T.D. prennent à revers l'ennemi qui empêchait le débouché du Groupement C et détruisent 3 armes anti-chars. L'ennemi, totalement désorganisé part en débandade.
L'attaque d'Immendingen a lieu à 17h30. A 19h15, le village est occupé, 200 prisonniers sont faits. Les ponts sur le Danube sont pris intacts.
Les autres escadrons tiennent toujours Mauenheim.
A 4 heures du matin, brusquement, tout le village est illuminé par les tirs de minen et de mitrailleuses. Chacun saute sur son arme et rejoint son poste.
Dix minutes plus tard, le Sous-Lieutenant Provensal qui était allé demander un tir d'artillerie, arrive en chancelant. Il est blessé d'une balle à la cuisse et rend compte de la situation dans le secteur Nord.
De nombreux Allemands descendent, par vagues, de la crête à 150 m et, malgré le barrage de nos armes automatiques, réussissent à progresser.
A 4h15, un tir d'arrêt très précis, déclenché sur la crête stoppe, pour un temps, l'attaque ennemie.
On apprend par les prisonniers, que les Allemands, partis la veille à 23 heures, d'Immendingen, sont encore des milliers et qu'ils ont trois petits chars avec eux. A proximité immédiate, 600 à 800 hommes ont pour mission de rompre l'encerclement qui coupe leur retraite vers le Sud-Est.
A 4h45, le Sous-Lieutenant Lecleach réclame des tirs d'arrêt, les Allemands débordant par l'Ouest le village ; les tirs d'arrêt sont exécutés, mais le Sous-Lieutenant de la Légion les veut encore plus près. La 8ème batterie du 3/62 tire des "pozit" à 50 m devant nos hommes. Les éclats cassent les tuiles des maisons.
L'ennemi ne peut plus reculer et essaie de s'infiltrer dans les maisons. On se bat à la grenade. Tout le peloton de renseignements et les gens du P.C. tirent.
Le Commandant du Chelas fait foncer, dans nuit, un char qui écrase tout sur son passage, mitraille et a la vie sauve, grâce à la précision des mitraillettes des Légionnaires qu'il porte.
A 5h15, l'Adjudant-Chef Heckel, du Génie, revient du C.C.6 avec un camion d'essence. Ce n'est pas de l'essence qu'il nous faut, mais plutôt des munitions. Les mitrailleuses consomment les dernières réserves avec une rapidité inquiétante. Pourra-t-on tenir le coup ? On retéléphone au 4ème Bureau : nos camions sont à Tuttlingen, il leur faut le temps d'arriver.
A 6h15, les Allemands font donner leur Artillerie dont les obus tombent au Sud du village. Ils tentent de passer par l'Est, mais les Sections Duter et Merel tirent de tous côtés.
Le jour venu, le Commandant du Chelas lance une deuxième contre-attaque, menée par le Lieutenant de Broissiat, avec un T.D., un char (Chef Merlin), 2 half-tracks de la Légion et le half-track de l'Artillerie (Sous-Lieutenant Schaal). Chars et half-tracks balaient la route et la crête ; les Allemands s'enfuient et se précipitent dans le moulin situé à 800 m. Là, des tirs d'artillerie les mettent en poussière. Le détachement de Broissiat s'installe au Nord de Mauenheim. Les prisonniers affluent de toutes parts.
A 7 heures, tout s'est à peu près calmé. Des maisons brûlent. Le 1er Escadron arrive en renfort, dans la soirée.
A 12h30, le Capitaine Blacas vient avec son escadron remplacer les chars du 3ème Escadron remis à la disposition du Sous-Groupement A. Le Sous-Groupement C a reçu pour mission d'attaquer Immendingen tenu par 500 ennemis avec un Pak et 2 mitrailleuses à chaque entrée.
Dès le débouché de Mauenheim, l'artillerie ennemie entre en action.
Le détachement Ouest commandé par le Lieutenant de Broissiat et comprenant le peloton Joyau et la section de Légion Lecleach, trouve le contact au carrefour Est de Gundelhof. Un char est tiré par panzerfaust
Le détachement Est (Capitaine O'Brien), qui a progressé par le pont, rejoint la route Mauenheim-­Immendingen à 1 km Nord de Gundelhof.
Le détachement de Broissiat est attaqué sur ses flancs par de nombreux fantassins. Le Commandant du Chelas lui envoie l'élément réservé (Aspirant Galvez) tandis que l'artillerie hache les bois environnant la route. Le détachement O'Brien se couvrant au Nord, revient dégager le détachement de Broissiat.
A 18 heures, les Allemands s'enfuient en désordre et les deux détachements reprennent leur progression. Ils prennent intact le pont d'Immendingen et pénètrent dans le village où ils font des centaines de prisonniers.
Il est 20 heures, le 3ème Bataillon du 152ème R.I. est affecté au Groupement C et occupe Mauenheim. Le 2ème Spahis est lancé dans les bois à la gauche du Groupement, pour couvrir ce dernier.
Tout le Sous-Groupement C se rassemble d Immendingen, et s'y installe défensivement après avoir achevé de nettoyer le village.
Le Sous-Groupement A, de son côté, s'est installé défensivement pour la nuit à Engen.



27 AVRIL
Le 1er Escadron reste à Immendingen, aux ordres du 152ème R.I. En fin de journée, il participe au nettoyage des bois situés au Sud-Ouest du village : 15 prisonniers.
Le 2ème Escadron reste à Tuttlingen,
A 4h30, arrivent dans Engen, occupé par le 3ème Escadron, les premiers éléments du 152ème R.I. Le détachement du Lieutenant Laporte est poussé à Weischingen avec une compagnie du même R.I. Une reconnaissance est ensuite poussée jusqu'à Husslingen, frontière suisse.
A 6h15, le char 01 tombe sur un détachement de 5 camions allemands que les occupants viennent d'abandonner, on les voit fuir à 400 ou 500 mètres. Le Capitaine Bachelot, aidé par les hommes du peloton mortiers, ramène les véhicules, deux mitrailleuses quadruples, deux canons F.T.A., plusieurs prisonniers.
Toute la journée, des prisonniers sont ramassés par nos patrouilles ; au total 130, dont un Lieutenant­-Colonel et un Capitaine.
A 18h10, le détachement du Lieutenant Haffner va reconnaître l'itinéraire Beuren, Blumenfeld, Weil, Watterdingen. Il rentre à Bergen, nouveau P.C., dans la nuit, à 0h30 avec 67 prisonniers, dont 6 officiers.
Dans l'après-midi, le Capitaine Bachelot prend contact avec des hauts fonctionnaires allemands du Ministère de l'Intérieur, du duché de Bade, réfugiés à Tengenstadt, pour essayer de faire remettre au Général allemand Kepler, une lettre personnelle du Général Béthouard, demandant la reddition des éléments allemands encerclés. Cette manœuvre échoue, les rapports entre le Ministre de l'Intérieur du Duché de Bade, Mr. Staub et les S.S. du Général étant moins qu'amicaux.
A 19 heures le Sous-Groupement se porte dans la région de Mauenheim - Bargen. Mauenheim étant plein de troupes, l'installation à Bergen est réalisée à 22 heures.
Dans le secteur tenu par le 4ème Escadron, une Compagnie du 3/152 nettoie au petit jour la zone comprise entre le pont-route sur le chemin de fer (7 km Ouest d'Hattingen) et Immendingen.
Vers 9h30, partent trois reconnaissances, pour reconnaître l'état des ponts. La première, sur Hintschingen, ramène 6 prisonniers, le pont est en mauvais état, mais utilisable. La deuxième, partie vers Bachzimmern, signale 40 prisonniers allemands dans l'hôpital, le pont du chemin de fer est intact ; le pont de Hausen, à demi-démoli, sera aménagé pour V.L., le jour-même. Cette reconnaissance ramène 40 prisonniers et signale que la route est libre. La 3ème reconnaissance va en direction d'Amtenhausen.
A 12h30, 380 prisonniers sont emmenés vers le C.C. 6. L'après·midi, le Sous-Groupement C a pour mission d'interdire le franchissement du Danube.
Le Sous-Lieutenant Schaal, au cours d'une reconnaissance, ramène 46 prisonniers.
Le pont d'Immendingen s'écroule au passage d'un char. La section Heckel du Génie aménage aussitôt un passage par le pont du chemin de fer.

28, 29, 30 AVRIL
Mouvements du Régiment.


LA FIN DES HOSTILITÉS

1er, 2, 3 MAI
Les 1er et 2ème Escadrons cantonnent à Tettnang et entretiennent le matériel.
Les 3ème et 4ème Escadrons sont à Meckenbeuren.

4 MAI
Le Lieutenant-Colonel Dudognon arrive au Régiment rentrant de permission. Il prend les fonctions de Chef de Corps, que remplissait, depuis le départ du Lieutenant-Colonel d'Arc, le 17 Avril, le Chef d'Escadrons de Viéville.

5 MAI
Prise d'Armes, place de la gare, à Meckenbeuren, présentation du Régiment au Lieutenant-Colonel Dudognon.

7 MAI
Le 2ème Escadron, cantonné à Bregenz est présenté au Lieutenant-Colonel Dudognon.
A 13 heures 45, parvient le message :
Cessation des hostilités à partir de 1 heure 45

9 MAI
Le 2ème Escadron fait mouvement sur l'Allemagne et va cantonner à Geberthausen.

10 MAI
Regroupement du Régiment à Weingarten.

 

6ème REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

ETAT-MAJOR : Lt Col RENAUDEAU d’ARC
M 4 A2 01 JEANNE D'ARC Adj KLEIN †
MdL de LANGALERIE †
détruit à Vieux-Thann le 12 12 1944
M 4 A2
01   JEANNE D'ARC II     
M 4 A2 02 JEAN DE METZ    
M 4 A2
08   CHASSEUR BRACHET   détruit à Küppingen (D) le 18 04 1945
M 4 A 08        
   
1er ESCADRON   Cne MIRABEAU  
M 5 A1 A1  
M 5 A1 A2 ARTEMIS  
1er Peloton     SLt VUILLERME  
M 5 A1       BC DORDOGNIN
Tireur MONCHALIN
Pilote ARGENTO †
Aide-pilote MARTINIERE
détruit à Illingen (D) le 07 04 1945
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
2ème Peloton     AdjC LAFOUGE  
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
3ème Peloton     Lt de MONGRAND  
M 5 A1       SLt LHOSTE †
FUNEL †
JEZEQUEL †
L'HERBETTE
détruit à Lauterbourg le 18 03 1945
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
M 5 A1          
     
     
     
     
2ème ESCADRON   Cne BES de MERC  
Peloton échelon     Lt HODIN  
M 4 A2 B1       détruit à Bourbach le 30 11 1944
M 4 A2 B1       Détruit à Hagenbach (D) le 24 03 1945 
M 4 A2     LA HIRE    
M 4 A2          
1er Peloton     Lt EBLE 2 chars détruits à Champey le 17 11 1944
M 4 A2 21      
M 4 A2 22      
M 4 A2 23     MdL WALTER  
M 4 A2 24        
M 4 A2 25        
2ème Peloton     Lt BOUVET 2 chars détruits à Champey le 17 11 1944
M 4 A2 26     Lt BOUVET
Tireur B-C VALOT
Chargeur GACON
 
M 4 A2 27 BUGEAUD 420414 MdL ROUDIERE
Chargeur ZMAÏLI
détruit à Belfort le 20 11 1944
M 4 A1 76mm 27 485370 BUGEAUD II MdL GOZZI  
M 4 A2 28 BAYARD MdL DESGRANGES
Pilote POLET †
détruit à Jebsheim le 28 01 1945 
M 4 A2 29        
M 4 A2 30        
3ème Peloton     Lt CHEVALLIER  
M 4 A2 31 BOURGOGNE   détruit à Bourbach le Bas le 30 11 1944
M 4 A2 32   MdLC SICRE
BC ANOUILH
Bier LAMBERT
Aide-pilote AUBRY
détruit au camp d’Oberhoffen le 15 03 1945
M 4 A2 33      MdLc KAUFFER †
Tireur : REIGNER †
Pilote : LERNOULD
détruit à Bourbach le 30 11 1944
M 4 A2 34     MdLc AUTRAN détruit à Jebsheim le 28 01 1945
M 4 A2 35 BERRY Lt HODIN †
Tireur : CARRIERE †
détruit à Bourbach le 30 11 1944
   
3ème ESCADRON   Cne NODET  
M 4 A2 C1     Cne NODET détruit à Artzenheim le 30 01 1945
M 4 A2 C1     MdLc VICENS  
1er Peloton     SLt DEROULEDE  
M 4 A2       SLt DEROULEDE †
Tireur BC POULAIN †
détruit à Artzenheim le 30 01 1945
M 4 A2       BC PARMENTIER †
Tireur : LIGNEL †
Chargeur GALTIER
LEGENDRE
GALINIER
détruit à Pont d’Aspach le 30 11 1944
M 4 A2       MdLc BACQ  
M 4 A2 41     BC GALVEZ  
M 4 A2 42     MdL MERLIN détruit à Mauenheim (D) le 25 04 1945
2e Peloton     Lt TOURNEUX
puis Lt LAPORTE
 
M 4 A2 45      Lt LAPORTE  
M 4 A2  46 CONDE Lt TOURNEUX †     → 
MdLc SOUTIERE †
Pilote PRIGERMAIN
Tireur GUILLE
Aide-pilote Bier de BLIC
Chargeur DEVOS
détruit à Artzenheim le 30 01 1945
M 4 A2 47   MdL PERRON détruit à Thann le 09 12 1944
M 4 A2 48       détruit au moulin de Jebsheim le 25 01 1945
M 4 A2 48     MdL DESCHAMPS †
IZZO †
ALBERIC
détruit à Lauterbourg le 19 03 1945
M 4 A2 49 CAMBRONNE MdLC SOUTIERE
Tireur BC VIAUD
Pilote GOURCEAU †
Aide-pilote Bier LEMAIRE †
Chargeur MARTIN
détruit au Moulin de Jebsheim le 25 01 1945
M 4 A2 50     MdL GOUHIER détruit à Artzenheim le 30 01 1945
3ème Peloton     Lt MARTIN     puis  MdLc CHANNET  
M 4 A2 51 CORNOUAILLES Lt MARTIN †
Tireur GAFFARET
Pilote PIVOT
Aide-pilote MONAC  
Chargeur GIRARDOT
détruit à Belfort le 21 11 1944
M 4 A2 51   CORNOUAILLES II    
M 4 A2 52     MdLC CHANNET  
M 4 A2 53   BC CAFFAREL
CORBELLA
GUILLERMIN
HOFMANN
ROSSEL
Détruit
M 4 A2 53     BC CAFFAREL
CANUT
PETIT
GABORY
 
M 4 A2 54     MdL VINCENT  
  55     SLt PROVENSAL
Pilote MdL WEISER
 
   
4ème ESCADRON   Cne BLACAS  
Peloton échelon     SLt DORR  
  D1     MdL CLAQUE  
1er Peloton     Lt AUBRY de MARAUMONT  
M 4 A2 61 420829 DIXMUDE Lt JOYAU  
M 4 A2 62 DOUAUMONT MdLC COMBIER
Pilote Bier FABRE †
détruit à Artzenheim le 30 01 1945
M 4 A2 62       endommagé à Hagenbach (D) le 24 03 1945 
M 4 A2 63 D'ARTAGNAN    
M 4 A2 64        
M 4 A2 65     MdL LEDANTE †
détruit à Buc le 20 11 1944
M 4 A1  76mm      
2ème Peloton        
M 4 A2 66  468230 Lt BOISSEAUNNEAUX de CHEVIGNY
Tireur FEBVREL
 
M 4 A2 67   BRETAGNE MdL LABORDE  
M 4 A2 67 BRETAGNE II 
MdL MERCIER
   
M 4 A2 68   NORMANDIE BC WATRIGNANT
MANCINI
BRAC de la PERRIERE
PENICAUD
SARTO
détruit à Herrenberg (D) le 18 04 1945
M 4 A1 76mm 69     MdLC SAUZEAU
Aide-pilote BELMUDES
 
M 4 A2 69     MdLC MATTERA
Chargeur DEFESE
détruit à Büchelberg (D) le 21 03 1945
M 4 A2 70     BC LAUGIER détruit à Hagenbach (D) le 20 03 1945
3ème Peloton     AdjC GUERIAU    puis SLt DORR 
M 4 A2 71   DAUPHINE SLt DORR †
 
M 4 A2 72        
M 4 A2 73   DIJONNAIS MdL PETITJEAN
Tireur Bier FAVRIOU
Pilote CROS †
Aide-pilote BOYER
Chargeur AMSILLI †
détruit à Buc le 20 11 1944
M 4 A2 74   DORDOGNE MdL MITARD
Tireur ROMAN
Chargeur CANO
détruit à Hagenbach (D) le 24 03 1945
M 4 A2 75   DOUBS MdL COQUET
Bier KLEIN †
Bier NATAF
endommagé à Hagenbach (D) le 24 03 1945 

 

 

1944 8e RCA jmo

JOURNAL DE MARCHE 
 DU 8e RÉGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 

Le 8e régiment de Chasseurs d'Afrique est formé à Rabat en 1941.
Il est envoyé à Ségou au Soudan jusqu'en mars 1943, il fait ensuite mouvement vers la région d'Oran en Algérie où il va être transformé en bataillon de Tank-Destroyer sur le modèle américain.
Le régiment est alors composé d'un Etat-Major, d'un Escadron Hors Rang, d'un escadron de reconnaissance sur scout-cars et jeeps et de trois escadrons de 12 Tank Destroyer.

ETAT-MAJOR
Lieutenant-Colonel SIMON
Commandant en Second : Chef d'Escadron de BURON
Chef d'Escadrons Adjoint : Chef d'Escadron du CORAIL

1er Escadron

2e Escadron
Capitaine de la MORSANGLIERE
Capitaine de CHAZELLES
Capitaine BOUCHARD
1er Peloton
Lieutenant FRANCOEUR
Lieutenant AYOUN
2e Peloton
Lieutenant GAUTHIER
Lieutenant MICHELET
3e Peloton
Lieutenant de VILLOUTREYS
Lieutenant GAUTHIER-St GILET

 

3e Escadron
Capitaine BREUIL
Capitaine PERIQUET
Capitaine LAVAUT
Capitaine de TILLY
1er Peloton
Sous-Lieutenant de la ROCHE
2e Peloton
Lieutenant BARTHELEMY
Sous-Lieutenant SOUGE
Aspirant TRUCHET
3e Peloton
Lieutenant DUPRAT
Aspirant BORDIER

4e Escadron
Capitaine FRAPPA
Capitaine LACAS
Capitaine SOULE
1er Peloton
Sous-Lieutenant PHERIVONG
Adjudant ROCHARD
Lieutenant MERCIER
Sous-Lieutenant LOISEAU
2e Peloton
Lieutenant LACASSIEU
Aspirant de VILLEPLEE
Lieutenant LANIEL le FRANCOIS
3e Peloton
Lieutenant RHEINNAT
Sous-Lieutenant DARO
Adjudant DARNA
MdL Chef MUZZOLI

 

1944 L'ITALIE

Le 1er janvier 1944, le régiment est à Naples, affecté à la 2e Division d'lnfanterie Marocaine qui tient le secteur de droite du Corps Expéditionnaire Français dans les Abruzzes. Le régiment s'installe difficilement dans un secteur montagneux très encombré.

Le 12 janvier, la 2e D.I.M. se lance sur le Monte Monnacasale. La configuration du terrain ne permet pas au 8e R.C.A. d'exploiter le succès de l'offensive. Le régiment doit se limiter au soutien d'artillerie.

Du 15 janvier au 15 mars près de 50000 coups seront tirés. En prévision de l'offensive vers Rome, tous les canons prématurément usés devront être changés.
Le régiment est rattaché à la 1ère Division Française Libre (D.F.L.), dernière division affectée au C.E.F.

 

DU GARIGLIANO A ROME

Suivant le plan du général Juin, le percement de la "ligne Gustav", se fait en deux mouvements :
Une attaque par la montagne avec trois divisions et les tabors marocains.
Une attaque par la rive droite du Liri avec la 1ère D.F.L et le 8e R.C.A. sur la route de Rome.

Le 11 mai à 23 heures, le 8e R.C.A. traverse le Garigliano, protégé par une intense préparation d'artillerie.

Le 13 mai, la "ligne Gustav" est percée et le 8e R.C.A. s'élance avec deux escadrons, pour conquérir Sant'Apollinare et San Georgio A Liri.
La progression est difficile, ralentie par l'artillerie, les mines, les destructions de ponts et la ténacité de l'ennemi.
Le 3e escadron progresse à découvert sur sa droite car les Canadiens ne suivent pas sur la rive gauche du Liri.
Le 20 mai, 3 T.D. sont détruits.

Le 23 mai, le régiment est réaffecté à la 2e D.I.M.

Le 28 mai, Prise de Geocano par le 8e R.T.M., renforcé des 1er et 3e escadrons du 8e R.C.A.

Le 2 juin, après avoir franchi le Sacco, la route s'ouvre vers Rome. Le 1er escadron réalise un bond de 30 km. A 20 heures il arrive à Colleferro à 50 km de Rome où il est rejoint par le 3e escadron rejoint. Le régiment stationne sur place.

DE ROME A SIENNE
 
Le C.E.F. forme un corps de poursuite avec la 3e D.I.A. et la 1ère D.F.L.
A la suite de la prise de Rome, le 8e R.C.A. est articulé en trois groupements basés sur un escadron de T.D. renforcé d'une unité de reconnaissance et parfois de chars américains. Ces groupements sont commandés par des officiers du 8e R.C.A.
Groupement de gauche : 3e escadron.
Groupement du centre : 4e escadron sur l'axe de la route n°2 vers Sienne.
Groupement de droite : 2e escadron.

Le 18 juin, prise de Radicofani après des combats acharnés.

Le 19 juin, l'avance reprend, ralentie par les destructions systématique des ouvrages d'art et les mines.

Le 24 juin, le capitaine Breuil, commandant le groupement progressant à l'ouest est tué par l'explosion d'une mine.

Le 30 juin, le groupement ouest s'empare de Grotti et de Raddi en vue de Sienne.

Le 1er juillet, Les 2e et 4e escadrons dépassent Sienne qu'ils contournent par l'est et l'ouest.

Le 3 juillet, la 3e D.I.A. entre dans Sienne, absolument intacte, sous les acclamations de ses habitants.
La campagne d'Italie est finie pour le C.E.F. et le 8e R.C.A.
Du Garigliano au nord de Sienne, le 8e Chasseurs a effectué un parcours de 400 kilomètres dans des terrains particulièrement difficiles pour un régiment blindé.

PERTES
64 Tués : 6 officiers, 10 sous-officiers, 48 gradés et chasseurs.
327 Blessés dont 27 officiers, 51 sous-officiers et 249 gradés et chasseurs.

Le 7 juillet 1944, le régiment fait mouvement vers le sud pour embarquer a Tarente à destination de la France.

LA FRANCE - LE DEBARQUEMENT

Le 10 Août 1944. La rade de TARENTE est couverte jusqu'à l'horizon de bateaux de transport, de navires de guerre de tout tonnage. On sait à bord que, ce jeudi, doit avoir lieu le départ. Depuis cinq jours on discute ferme. Que faire d'autre, en effet, à bord d'un bateau immobile ?... Le lieu de destination est l'objet de commentaires passionnés. On essaye de le déduire des indices les plus minces, de la situation internationale, du ravitaillement emporté. Celui-ci surtout laisse rêveur. A bord du "Fort Stager", par exemple, où se trouve tout l'Escadron PERIQUET et une partie de l'Escadron LE HAGRE, le Lieutenant CHAUDEUR, responsable de but le chargement, a pris en compte quarante-cinq jours de vivres n'est-ce-pas l'indice d'une longue, très longue traversée ? Il a embarqué trois semaines de farine et d'eau potable qui ne doivent pas être entamées avant le débarquement, n'est-ce pas le signe que l'on doit nous diriger vers des contrées sans pain et sans eau ? Les pronostics vont leur train... ALBANIE, DALMATIE, BIRMANIE, tout est envisagé et tout se termine toujours par ce souhait si seulement cela pouvait être la FRANCE !... Tout à cette pensée, personne ne songe que peut-être un sous-marin ou un avion ennemi pourrait interrompre la croisière qui va commencer.

15 heures, le convoi de quarante navires auquel nous appartenons se forme et, encadré de ses chiens de garde, met le cap vers le Sud. Les cartes du débarquement ont été déposées en rouleau scellé, nous aurons le droit de l'ouvrir dans trois heures. A 18 heures, au milieu de nos hommes silencieux et graves, nous rompons les cachets et c'est tout à coup un hurlement de joie, les cartes et les plans comprennent la partie des côtes de FRANCE limitée entre CANNES et TOULON. Et très tard, ce soir-là, beaucoup d'entre nous restèrent seuls ou en petit groupe, accoudés au bastingage, rêvant au pays qui bientôt surgirait de l'horizon...

Et ce fut une traversée de rêve, sous un ciel sans nuages, sur une mer d'un bleu unique et sans une ride. Nous saluâmes au passage l'ETNA, MALTE, PANTELLARIA, la côte de TUNISIE, rappelant les souvenirs de Décembre précédent alors que nous suivions la route inverse. Le dimanche 13, au début de l'après-midi, dix porte-avions nous dépassent cinglant vers le Nord, nous les suivons d'un regard d'envie,... ils arriveront avant nous...

L'unique distraction est l'affichage, trois fois par jour, des dernières nouvelles reçues par radio. Nous suivons avec un intérêt compréhensible la percée américaine vers la BRETAGNE, son développement vers la LOIRE, le vaste mouvement tournant qui doit acculer les Allemands à la SEINE et ces nouvelles ne font que grandir notre impatience de prendre part tout de suite à la fête de la Libération de la Patrie.

 

15 Août. La première radio nous apprend que le débarquement a eu lieu à l'aube sur les côtes de PROVENCE avec un plein succès c'est bien, mais nous grognons parce que on ne nous a pas attendus. Il faudrait tout de même savoir si, oui ou non, nous sommes de la première vague. Par contre, !a date semble bien choisie. Quelque trois siècles plus tôt, le roi LOUIS XIII faisait donation à la Vierge Marie de son royaume envahi sur toutes ses frontières et ordonnait de fêter solennellement le 15 du mois d'Août... et ce fut la fameuse année de CORBIE qui vit l'étonnant redressement des Armées Françaises et l'aube de nouvelles victoires. N'est-ce pas cette fois encore présage de libération prochaine ? Et il nous semble que jamais ce jour ne finira, que jamais nous n'atteindrons les côtes de FRANCE qui sont pourtant si proches. L'on dormit très peu à bord cette nuit-là !

L'aube du lendemain voit tout le personnel embarqué groupé à la pointe avant du bateau.

Le flot nous apporte assourdi le grondement puissant des lourds canons de marine. Avant de voir quoi que ce soit, nous percevons de plus en plus nettement le fracas de la bataille vers laquelle nous voguons. C'est vraiment de la fièvre, à tel point que nul ne prêtera attention à nos patrouilleurs grenadant la mer où est apparu, sur les flancs du convoi, un sous-marin ennemi. Enfin, une ligne plus sombre apparaît au-dessus de l'horizon et chacun contemple cette sorte de brume qui matérialise pour lui le Pays. On ne raconte pas des heures semblables, on se souvient et l'on se tait.

Et voici que nous passons entre les navires de guerre, ancrés de flanc, dont les bordées ébranlent l'air elles s'en vont porter, hélas ! la ruine et la mort sur un sol auquel nous voudrions tant voir épargner ces épreuves. Et à nos yeux grandit la côte où nous distinguons maintenant SAINT-RAPHAEL qu'empanachent de lourdes fumées. Puis, cap au Sud, nous longeons à courte distance une côte dont nous nommons tous les points SAINT-AYGULF, VAL d'ESQUIERES, La NARTELLE... et voici s'ouvrir le golfe de SAINT-TROPEZ. A perte de vue des bateaux couvrent la mer.., on s'interpelle de transport a transport... toute l'Armée Française est là, celle qui vient directement d'AFRIQUE du NORD, impatiente d'entrer dans la bataille, celle avec laquelle nous avons combattu en ITALIE. Mains en portevoix, on échange des numéros de Régiment, on se reconnaît parfois, on demande des nouvelles, pendant que nous doublons SAINTE-MAXIME et BEAUVALLON pour venir nous ancrer au fond de la baie. Sur les hauteurs, les forêts brûlent, au-dessus de nos têtes passent, avec un bruit d'express les obus de gros calibre de la marine alliée, des avions sillonnent le ciel, tandis que des centaines de camions amphibies font la navette entre les bateaux et la terre. Spectacle de force puissante et tranquille qu'il faut avoir vu pour s'en faire une idée. Et brusquement, alors que nous sommes tout à la contemplation d'une terre où il nous tarde de prendre pied, se déchaîne le tonnerre de centaines et de centaines de canons de D.C.A. au milieu desquels crépitent des milliers de mitrailleuses, tandis que d'innombrables trajectoires lumineuses se croisent dans le ciel et que s'élève le fracas brisant des chapelets de bombes s'écrasant entre les navires. Courte attaque des bombardiers ennemis dont deux s'engloutissent en flammes dans la mer.

Il n'est pas d'attente qui ne se voit enfin couronnée. Tour à tour, par va et vient de chalands, nous prenons contact avec la terre. Les illustrés, le cinéma ont donné des images de ces exilés risquant leur vie pour la reconquête de leur sol natal, images où l'émotion prend parfois des allures théâtrales. La réalité ne se confond pas toujours avec l'illusion facile qui enthousiasme la foule.., l'émotion fut sincère et très profonde, mais une pudeur virile la referma presque toujours au fond du cœur.

Au fur et à mesure que nos éléments débarquaient, ils allaient se grouper dans les bois entourant le petit village de La CROIX-VALMER. L'accueil des habitants est indescriptible. Le Colonel SIMON venu installer son P. C. au Mas de CHAUSSE, ne cache pas son émotion d'être embrassé de tout cœur par une femme charmante, venue de PARIS pour goûter, ô ironie, de calmes vacances sur la côte Provençale.

Mais il ne faut pas s'endormir dans les délices de l'arrivée. Les commandos ont créé la tête de pont et l'ont élargie rapidement, il va s'agir de passer à l'attaque de la position fortifiée de TOULON, un des gros môles défensifs de la XIXe Armée Allemande sur le littoral méditerranéen. Cette Armée, à laquelle nous allons nous heurter, nous la repousserons devant nous peu à peu dans une lutte farouche au long d'une route qui mènera poursuivants et poursuivis jusque dans les hautes vallées des ALPES autrichiennes. Poursuite prenant parfois l'allure d'une débâcle, mais coupée de redressements étonnants qui donneront leur nom aux batailles de la Trouée de BELFORT, d'ALSACE, du RHIN, de l'ENZ, du DANUBE.

Pour ce début de bataille, le 8e R.C.A. est à la disposition de la 1ère D.F.L. du Général BROSSET, placée, avec la 9e Division d'infanterie coloniale et un groupement de commandos et de bataillons de choc, sous les ordres du Général de LARMINAT.

L'axe de la Division est représenté par la route St-RAPHAEL-TOULON au Nord de laquelle opérera le R.C.T. 2 du Colonel GARBAY à la disposition duquel sont mis deux pelotons du 4ème Escadron, tandis que le R.C.T. 3 du Colonel RAYNAL agira entre cette route et la mer, il lui est adjoint le 3e peloton du 4e Escadron. L'attaque est fixée pour le 20 au matin.

La place de TOULON est garantie à l'Est par deux lignes de défenses extérieures concentriques. La plus éloignée est jalonnée par le Mont FENOUILLET (293 m), HYERES, le Mont REDON la plus rapprochée, par les collines de TOUAR, les villages de la GARDE et du PRADET, tout un système de casemates et de forts relie ces points.

 

Dès le 19 au soir, nos éléments du détachement Nord s'établissent à 1 kilomètre au Sud de PAS du CERF, tandis que le peloton LACASSIN se porte au GALOUPET. Le lendemain l'attaque démarre favorablement. Les Allemands ont été tellement surpris qu'ils n'ont pas eu le temps d'enlever les pancartes indiquant leurs champs de mines, et d'autre part on sent très bien que l'on a affaire à des détachements retardateurs et que le contact n'est pas pris encore avec la véritable position de résistance. Au cours de quelques escarmouches, le peloton DARD, au Nord, neutralise des nids de mitrailleuses et fait 7 prisonniers, il s'établit pour la nuit au château de SAUVEBONNE. Au Sud, le peloton LACASSIN appuie le B.M. 24 progressant sur HYERES et se trouve, au soir, à 800 mètres à l'Est du pont du GAPEAU.

 

Le 21 Août, alors qu'au Nord la ligne des défenses extérieures est complètement enfoncée, le détachement Sud est stoppé face à HYERES. Le passage du GAPEAU est interdit par la formidable position du Golf-Hôtel. Le Colonel SIMON, qui vient de prendre le commandement du R.E.C.C.E. devant le R.C.T 3, fait venir tout le 3e Escadron du Capitaine PERIQUET. Dans l'après-midi, le peloton TRUCHET, en soutien du peloton LACASSIN, force le passage du GAPEAU les deux pelotons réunis, tirant à bout portant sur les Allemands en retraite leur causent de lourdes pertes. La garnison du Golf-Hôtel, écrasée par l'artillerie, décimée par les destroyers tirant à vue directe dans les embrasures, cède et se rend. A huit heures du soir, HYERES est atteint et traversé sous les acclamations d'une foule en délire, s'exposant au feu ennemi pour applaudir les Français vainqueurs. Première victoire sur le sol de FRANCE, mais durement acquise cinq tués devant le Golf-Hôtel, deux à la sortie Ouest de HYERES où le half-track du Lieutenant LACASSIN flambe au milieu de la rue, tandis qu'un destroyer du 3e Escadron est atteint de plein fouet. Enfin, au Nord, le Sous-Lieutenant DARD est tué d'une rafale de mitraillette au cours d'une reconnaissance à pied. DARD, nouvellement promu, magnifique de calme et d'assurance, débordant de joie à l'idée de revoir bientôt, après quatre années d'absence, sa femme habitant MONTELIMAR. Au total, nous avons perdu 8 tués, dont un officier et 14 blessés. Mais, personnellement, je compterai trente cadavres ennemis autour du lieu où gisent cinq des nôtres et les sous-sols de l'Hôtel-de-Ville de HYERES ne peuvent contenir la foule de prisonniers qui s'y entassent

Du Nord au Sud, toute la première position adverse a sauté. Sans désemparer, on s'attaque à la deuxième. Le 22 Août au petit jour, le Colonel SIMON pousse son P.C. à quelques centaines de mètres de la ligne où s'est établi le contact. Le 3e Escadron essaye de pousser de l'avant, stoppé par un feu nourri d'antichars, exposé au tir violent de l'artillerie lourde des forts, il ne peut, malgré ses efforts, déloger l'allemand cramponné solidement au remblai de la voie du chemin de fer. Le peloton de reconnaissance de l'Aspirant AZEMAR essaie de trouver un passage par une autre voie, il se heurte à de telles résistances et subit des tirs si violents qu'il est obligé de se replier. Cependant, au cours de la journée, nos hommes ont réussi à repérer à peu près toutes les résistances importantes et l'artillerie se déchaîne sur elles. La journée coûte au 9e, 2 tués et 10 blessés. Nous avons fait 23 prisonniers. Et, dans la soirée, le Sous-Lieutenant COSTER vient prendre liaison au P.C. du Colonel la deuxième vague du 8e R.C.A. a débarqué à BEAUVALLON. A la tombée de la nuit cependant, le Bataillon du Pacifique prend d'assaut le village de la GARDE où l'ennemi résiste farouchement délogé malgré tout, il interdit la progression vers l'Ouest et, ici encore, va intervenir un peloton du 3e Escadron en une de ces actions courtes et brutales dont nos gars avaient le secret et qui, si souvent, forcèrent la décision.

"A notre tour maintenant, quatre destroyers, quatre chars légers des fusiliers marins et en avant.., deux claquement Les Boches nous tirent au perforant... on se planque en vitesse et, à pied, on va se rendre compte. Après le virage, sous les platanes, une auto-blindée nous a repérés, un peu à droite, deux canons de 88 interdisent la route... Des ordres brefs... 4 obus sifflent ensemble, en plein dans le mille une flamme a jailli. On a gagné... 4 obus encore et les 88 rendent leur âme. Ouf On a eu chaud. Un char léger s'approche, passe doucement le virage dangereux un boche planqué dans le fossé, saute sur le derrière du char, une grenade à la main il ouvre le volet de la tourelle, va lancer sa grenade... un gars de l'équipage sort son colt et d'une balle, sauve son char. La route est libre maintenant nous rentrons à la GARDE où nous devons passer la nuit. Notre tâche n'est pas finie, demain TOULON s'offrira à nos coups ".
(Carnet du Maréchal des Logis LEFEBVRE).

Le lendemain 23 Août, la progression continue sur TOULON à l'Ouest de la GARDE, mais l'action principale a lieu sur l'axe Sud où le peloton La ROCHE du 3e Escadron opère avec le détachement SAVARY, des fusiliers marins. C'est l'affaire du CLOS-AUGUSTA que le Sous-Lieutenant de LA ROCHE a consignée sur ses tablettes.
" On signale un char ou un automoteur vers le Clos AUGUSTA ! Renseignement classique par son imprécision... Mon peloton, avec ses trois T.D., se glisse dans les bois de pins qui bordent la mer... l'infanterie n'a rien vu de précis, mais le Capitaine de la Compagnie stoppée est très heureux de voir arriver les destroyers qui vont l'aider à progresser vers le Clos AUGUSTA.
Ce fameux Clos se présente sous l'aspect inoffensif d'un bois de pins fermé de notre côté par un mur. Une section suffira.
Un Aspirant monte sur mon char de tête et nous partons avec les tirailleurs... en approchant, il apparaît que les Boches ont remué beaucoup de terre par ici.
Au bout du sentier, apparaît d'abord une petite casemate qui le commande... un obus explosif et la casemate grille avec son lance-flammes. A travers la fumée, le Brigadier-Chef PLONGERON, tireur aux yeux bleus infaillibles, distingue un PAK au ras du sol... un obus projette son tube à dix mètres il n'ennuiera plus les voitures qui ne pouvaient déboucher du PRADET.
Sur la droite, encore deux mitrailleuses qui sautent en l'air il reste le mur... trois coups de perforants y font de bonnes brèches. Rien ne bouge dans le Clos, mais les tirailleurs sont arrêtés par les barbelés et le champ de mines, Ils hésitent. Le T.D. de tête s'avance alors, tandis que l'Aspirant crie à ses hommes de marcher dans les traces des chenilles... 'Un bond jusqu'au mur, un coup sur un tas de munitions, pendant qu'un deuxième T.D. se dirige sur la droite pour contourner le Clos. Les Boches alors n'insistent plus et c'est les bras tremblants qu'ils sautent le mur... 43 dont un officier sont pris. Le Clos, on le voit maintenant, est truffé d'abris bétonnés.
On ramasse 3 mortiers de 81 et plusieurs lance-grenades de 50. Chez nous, pas un blessé le coup est payant ".
La dernière ligne de défense de l'ennemi a sauté à son tour. TOULON est atteint. Dès l'aube du 24 Août, le peloton AZEMAR reconnaît le quartier AIGUILLON où il livre des combats de rues et a un blessé. De son côté, le détachement PERIQUET opère à l'intérieur de la ville il cause de lourdes pertes aux Allemands au fort de la MALGUE, détruit des casemates et des nids de mitrailleuses. Enfin, tout au Sud, le peloton de LA ROCHE, mis en goût sans doute par son exploit de la veille, anéantit le fort SAINTE-MARGUERITE

" Le fort de SAINTE-MARGUERITE se présente sous l'aspect d'un ouvrage dominant la mer avec 4 pièces de 155 tournées vers le large, 2 pièces de 88 D.C.A. et D.C.B., des pièces de 47 antichars en embrasures et de nombreux canons de 20 Bréda. Une tour bétonnée avec télémètre surmonte le tout.

Depuis deux jours, ces deux pièces de 88 ont fait un travail monstre, tirant partout sur les fantassins, démolissant nos voitures, tirant même au fusant sur nos avions d'observation.

L'artillerie, malgré plusieurs pilonnages, n'a pas réussi à les faire taire on distingue toujours de la cote 55 les artilleurs s'activer autour de leurs 88. C'est alors qu'un de mes T.D. se glisse dans les pins pour gagner une position acrobatique au bord de la falaise. Le fort se voit assez bien, se découpant sur le soleil à 1.500 mètres. Le tireur ouvre le feu sur la pièce de gauche qui est touchée au 3e coup, une salve de six coups et le tube est coupé. On passe à la suivante qui est traitée de la même manière, bien que le réglage soit assez difficile, car le sol, en aiguilles de pins, s'affaisse à chaque départ, sous les 30 tonnes du destroyer. Enfin, une courte flamme, et le long canon du 88 s'affaisse...

Au tour du télémètre maintenant.., quelques coups de perforant-explosifs en ont raison deux ou trois obus sur un tas de munitions, et le haut du fort est complètement dévasté nous pouvons nous retirer tranquilles...

L'infanterie s'est avancée à 300 mètres du fort les chars légers des fusiliers marins tâtent le terrain... un obus perforant atterrit à 20 mètres devant le premier !... Surprise le fort tire encore et l'on rappelle les T. D.

L'un d'eux est amené derrière une murette. Son tireur, qui avait eu chaud en ITALIE, lorsque son char avait grillé, examine attentivement le fort... Deux embrasures carrées regardent la routé, ce doit être là !...

A 300 mètres, le premier obus entre dans l'embrasure de gauche quatre obus le suivent et une énorme explosion entraîne une bonne partie du fort à la mer, tandis que les fusiliers marins poussent des cris d'enthousiasme, il peuvent avancer tranquilles. Il est 10 heures. Le Capitaine, commandant la Compagnie attaquante du B.M. 21, envoie deux sections en avant dont une sur le fort.., mais l'accrochage est sérieux, tout le bois entourant l'ouvrage est rempli de fusiliers marins boches.

A 13 heures, le Capitaine a l'idée d'envoyer un prisonnier allemand accompagné d'un Sergent français brandissant une serviette au bout d'un roseau. Il invite la garnison à se rendre, sinon tout le monde sera anéanti. Le coup réussi, un Colonel allemand sort accepte de se rendre à 14 heures. On cesse le feu et à 14h30 nous voyons sortir avec stupéfaction 700 hommes et 21 officiers dont 3 supérieurs. 60 blessés sont encore dans les souterrains.

Je ramasse la casquette du Colonel allemand dans sa chambre, souvenir d'un joli coup de filet ".

(Carnet du S/Lieutenant de LA ROCHE).

Au soir du 24 Août, tous les éléments engagés du 8e Chasseurs sont regroupés à la GARDE et aux environs, ils ont été rejoints par le 2e Escadron et le reste du 1er débarqué le 22.

Les 26 et 27, tout le Régiment fait mouvement et, par AIX-en-PROVENCE, tout récemment délivré, va s'établir au Sud d'AVIGNON à MAILLANE patrie de MISTRAL, et à GRAVESON. Tout au long du parcours, la population ne sait comment manifester sa joie et son enthousiasme on nous comble de. fleurs et de fruits, nous faisons des orgies de pêches, de poires, de melons et, après tant de semaines de conserves, nous apprécions tellement mieux la pulpe douce et fraîche des beaux fruits de FRANCE.

 

Le 28 Août, ordre arrive de constituer un groupement blindé SIMON comprenant les 1er et 2e Escadrons du 8e R.C.A., un Escadron du R.F.M., une Compagnie de Sénégalais et une section de génie, avec mission de pousser des reconnaissances sur l'axe LUNEL, MONTPELLIER, BEZIERS et NARBONNE. Le 29, ces éléments passent le RHONE à ARLES, sont reçus à LUNEL avec enthousiasme et vont cantonner pour la nuit à MONTPELLIER. Des pointes sont poussées le lendemain sur BEZIERS, SETE et NARBONNE la région est calme et définitivement abandonnée par les Allemands. Le 31, tous remontent sur NIMES où les rejoint le 3e Escadron. Le groupement SIMON a ordre de remonter la rive droite du RHONE en direction de GIVORS, LYON, en passant par Le PUY.

Mais hélas, le ravitaillement en carburant n'arrive pas. Pendant trois semaines, ça va être la question la plus angoissante. Nous avons été trop vite pour prendre TOULON, nous avons vingt jours d'avance sur l'horaire prévu, et les pétroliers, qui apportent l'aliment indispensable à nos moteurs, ne peuvent augmenter leur vitesse. Alors que nous voudrions talonner l'Allemand en pleine retraite, nous n'allons pouvoir avancer que par à coup. poussant les Escadrons vers le Nord, les uns après les autres, au fur et à mesure que nos camions amènent essence ou gas-oil des plages de débarquement. L'ordre reçu le 31 ne peut donc être exécuté. Le mouvement n'aura lieu que le Septembre et conduira le Régiment, moins le 4e Escadron resté au Sud d'UZES, au PRADEL à 13 km au Nord d'ALES. Il faudrait pousser tout de suite vers le Nord, mais les réservoirs sont vides et le plein ne pourra être fait que le 2 Septembre au soir et immédiatement la marche reprend, il s'agit de rouler toute la nuit, l'objectif étant LYON dont le débordement doit commencer le lendemain et, tous phares allumés, pour pouvoir avancer plus vite, le 8e Chasseurs, en un immense convoi illuminé, fonce sur SAINT-AMBROIX, RUOMS, les gorges de l'ARDECHE, VALS-les-BAINS, la vallée de la VOLANE, grimpe à MEZILHAC, descend sur Le CHEYLARD et aboutit enfin, à l'aube, à SAINT-AGREVE. Nous pourrions doubler LYON le même soir, mais, une fois de plus immobilisés faute de carburant, le mouvement ne pourra être repris que le 4 Septembre. Partout l'accueil est remarquable, mais nous gardons cependant la rage au cœur de nous trouver sans cesse arrêtés, alors qu'il serait si agréable de foncer sans trêve ni repos, derrière un adversaire qui se retire et qu'une poursuite énergique démoraliserait certainement davantage. Enfin, dans la journée du 4, le 1er Escadron et le P.C. du Colonel, par TENCE, MONTFAUCON, BOURG-ARGENTAL, atteignent la vallée du RHONE en face de VIENNE, puis, par GIVORS, SAINT-GENIS-LAVAL, ECULLY, CHAMPAGNE-au-MONT-d'OR, débordent LYON par l'Ouest et aboutissent à LIMONEST. Une fois encore les réservoirs sont secs ou presque et les Escadrons de destroyers, qui, n'ont pu soutenir une marche aussi rapide, n'ont pas rejoint.

Dans LYON cependant, dont tous les ponts ont sauté, sauf un, la lutte se poursuit entre F.F.I. et miliciens une brève incursion dans les rues de la ville nous montre qu'il est malsain d'y séjourner au milieu des explications particulières et l'on remet au lendemain l'heure d'aller surprendre des parents ou des amis pourtant tout proches.

Le P.C. du Colonel s'installe au château de la BAROLIERE et le 1er Escadron au château de BOIS-DIEU. A l'un comme à l'autre endroit, l'accueil fut empreint d'un tel charme que, malgré notre déception de ne pouvoir continuer l'avance, nous avons conservé de notre séjour un souvenir inoubliable. Atmosphère essentiellement française, avec ce charme de la conversation, cette délicatesse dans l'attention, cette ironie dans l'émotion, cette élégance dans les moindres choses qui ont fait autrefois de la FRANCE la nation la plus enviée et la plus admirée de l'EUROPE. C'est d'une douceur incomparable surtout lorsque après des années d'absence on retrouve sa patrie et que l'on fait halte au milieu des brutalités de la guerre ; Nos délicieuses hôtesses méritent bien de trouver ici, après trois ans passés, ce témoignage d'un des oiseaux de passage de l'époque.

Notre arrêt forcé va durer onze jours. Malgré l'enchantement du séjour, le temps nous paraîtra long, car chaque jour qui passe représente une chance de plus pour l'ennemi de pouvoir se ressaisir. Nous savons bien que la 1ère D.B. est à se poursuite, mais il n'empêche que, si nous étions plus, ce serait mieux, et que nous rêvons sans cesse de nouvelles routes ouvertes vers le RHIN.

Le 5 Septembre a lieu une prise d'armes à LYON. L'étendard, le Colonel et le 1er Escadron y participent et défilent devant le Général de LATTRE de TASSIGNY. On a souvent dit et répété que les Lyonnais étaient des gens froids et peu expansifs... apparence trompeuse, ce fut un débordement d'enthousiasme inouï. Nous fûmes fêtés, acclamés, applaudis, entourés, bousculés, embrassés. Jamais, pour ma part, je ne fus et ne serai autant embrassé par autant de jolies filles en une seule après-midi... c'est un record imbattable.
Ce même jour, les 2e et 3e Escadrons rejoignent LIMONEST, mais sans pouvoir aller plus loin. Le 4e, lui, est toujours dans l'ARDECHE et n'arrivera que le 11. Entre temps, bénis par les habitants ou pays, nous y remettons un peu d'ordre. Nous nous opposons au pillage des fermes, nous faisons la police des routes où circulent trop de gens armés qui, sous prétexte de libération, alors que les Allemands sont à deux cents kilomètres au Nord, se livrent à des trafics peu réguliers. C'est ainsi que, le 7 Septembre, nous arrêtons une camionnette de F.T.P. transportant 650 kilos d'or volé dans une banque lyonnaise, ce qui nous permet de restituer le tout à la banque de France. C'est ainsi que, le 9 Septembre, nous arrêtons 3 Allemands cachés dans une propriété particulière avec la complicité du maître du logis qui se fait embarquer avec ses trois hôtes.

Enfin, le 12 Septembre, un premier ravitaillement en gas-oil permet de pousser sur VARENNES-le-GRAND les T.D. des 2e et 3e Escadrons. Le 15, un deuxième ravitaillement arrive et tout le Régiment remontant vers le Nord par MACON, CHALON et BEAUNE vient s'établir à AUBIGNY et BRAZEY-en-PLAINE où nous arrivons réservoirs vides mais coffres pleins de vieilles bouteilles de Bourgogne que les habitants nous ont offertes en cours de route.

Ce même jour, la 3e vague, comprenant tous les services, embarque à NAPLES à bord du COLOMBIA et débarquera à TOULON le 23 Septembre.

L'accueil de ces deux villages de BOURGOGNE fut parfait en tous points. Pas un homme qui ne couche dans un lit, qui ne mange à la table de ses hôtes, qui ne goûte une hospitalité plantureuse. Cinq jours de séjour suffiront à créer des liens tels que, tout au long de l'hiver, lettres et colis afflueront au 8e Chasseurs, que beaucoup s'ingénieront à revenir en ces lieux et que, maintenant encore, des relations subsistent entre anciens du 8e Chasseurs et leurs hôtes bourguignons.

Le 19 Septembre, arrive l'ordre de mouvement avec le carburant nécessaire pour l'accomplir. Ce déplacement doit nous conduire dans la HAUTE-SAONE. Nous ne sommes pas arrivés à temps pour forcer d'un seul élan la trouée de BELFORT et atteindre l'Est de BAUME-les-DAMES, ce qui tend à nous annoncer une campagne d'hiver sur le sol de FRANCE dans une région particulièrement favorable à la défensive. Et ce mouvement va être le point de départ d'une suite interminable d'autres mouvements qui, par allongements successifs, nous porteront de plus en plus vers le Nord. Et le temps, se mettant contre nous, va nous faire connaître une fois de plus, les souffrances de l'eau et de la boue, en attendant la neige et le gel.

VERS BELFORT

Et voilà le 8e Chasseurs quittant la plantureuse BOURGOGNE pour l'humide et triste FRANCHE-COMTE. Nous apprenons à faire connaissance avec les villages sans joie ni confort, où l'accueil est réservé, méfiant, dirait-on... ce n'est plus le rire clair et l'accent savoureux où chante un reflet de vie, de bon vin, de grand soleil, c'est un pays sérieux, où on se livre difficilement et qui ignore la douceur de vivre.

La mission primitive est de déboucher sur l'axe VILLERSEXEL, CHAMPAGNEY, GIROMAGNY, en se couvrant en direction d'HERICOURT. Le 21 Septembre, on aboutit au dispositif suivant : le P.C. est aux forges de MONTAGNEY, le 1er Escadron à MONTAGNEY, le 2e à GOUHELANS, le 3e à CUBRIAL, le 4e à Les MAGNY. Pays boisé, très coupé, favorable aux embuscades où les lignes très étirées permettent aux Allemands de faire des coups de main sur nos arrières pays de défilement où se cachent encore nombre de fuyards qui essaient de regagner 'ALLEMAGNE. C'est ainsi que sur les bords de l'OGNON sont surpris 5 ennemis, appartenant à l'artillerie de marine qui avaient retraité à pied depuis la BRETAGNE.

Jour après jour, nos éléments vont glisser de flanc vers le Nord. Le 4e Escadron, relayé par le 3e, se porte sur ATHESANS et le 2e, quittant GOUHELANS, s'installe dans la région de VILLAFANS puis, glissant lui aussi vers sa gauche, vient renforcer le 4e sur ses positions en même temps qu'une partie du 1er Escadron. Tous ces mouvements s'accompagnent d'escarmouches plus ou moins graves où, en quelques jours, nous perdons un tué et trois blessés. Enfin le 25, il est formé un groupement blindé aux ordres du Colonel SIMON, chargé de pousser sur CLAIREGOUTTE et RONCHAMP. Cet élément d'exploitation comporte l'Escadron de reconnaissance du 1er R.F.M., le 1er Escadron et le 3e Escadron du 8e R.C.A., 1 soutien d'infanterie portée (2 Cies du B.I.M.P.). Le 4e Escadron appuie ce jour-là le B.M. IV à l'attaque de LYOFFANS, tandis que le 2e Escadron avec l'Escadron KERMADEC du R.F.M. forment un groupement de poursuite aux ordres du Chef d'Escadrons du CORAIL. LYOFFANS est enlevé et l'attaque se poursuit sur ANDORNAY. Le 27, le 4e Escadron appuie le B.M. IV sur MAGNY-JOBERT et le B.M. 21 sur CLAIREGOUTTE. Dans la soirée CLAIREGOUTTE et FREDERIC-FONTAINE sont enlevés de haute lutte. Ces quelques opérations nous coûtent 1 tué et 13 blessés. L'Allemand se défend avec un acharnement chaque jour accru et profite du terrain favorable avec une science qu'il nous a déjà fait voir en ITALIE. De plus, son artillerie est nombreuse et fort bien approvisionnée ses observatoires excellents. L'aviation fait sa réapparition, ce qui vaudra au 4e Escadron d'abattre un Messerschmitt à la mitrailleuse à CLAIREGOUTTE.

Suivant l'ordre reçu, il faudrait continuer de CLAIREGOUTTE sur RONCHAMP, mais la route en lacets qui, à travers bois, conduit à l'objectif est barrée de nombreux abatis minés qui, à l'aube du 28, stoppent le débouché. Un scout-car du peloton de pionniers saute sur une mine et le peloton CUROT part avec un autre groupe de pionniers pour assurer la sécurité du 2e Escadron et protéger le travail de déminage de la route par des patrouilles sous bois. L'Allemand, en effet, est embusqué partout, les tireurs d'élite dans les arbres abattent leur homme à coup sûr et leur artillerie pilonne avec une intensité accrue les villages, les carrefours, les routes, les bosquets. Pas de front continu de notre côté, la Division étant étirée sur un front trop considérable pour pouvoir le réaliser. Pendant 4 jours, sous la pluie incessante, ce sera entre CLAIREGOUTTE et EBOULET un terrible jeu de cache-cache, aggravé par la menace permanente des mines réapparues plus nombreuses que jamais.

Le 29 Septembre, l'avance réalisée est de 1.500 mètres. Ce jour-là, se constitue un sous-groupement du CORAIL comprenant le 3e Escadron et un peloton du 1er Escadron du 8e R.C.m A., un Escadron de reconnaissance du 1er R.F.M. Il s'agit pour lui de s'étendre au Nord et de se porter au VOLVET. près de FRESSE, pour contre-attaquer les éléments ennemis qui ont repris à la 1ère D.B. le col de la CHEVESTRAYE. Au soir, le sous-groupement a établi des bouchons antichars à la sortie Est de FRESSE et à la sortie Est de MONTANJEUX. Le lendemain, le 2e Escadron qui, sous la protection du peloton CUROT, s'est faufilé plus avant dans les bois de la NANNUL, détruit un canon antichar à la lisière de BOULET, mais le 22e B.M.N.A., chargé du débouché sur RONCHAMP, n'atteint pas son deuxième objectif et le 8e R.C.A. est obligé de stopper sur place. Le lendemain, la situation reste sans changement, l'artillerie ennemie s'acharne sur toutes nos positions et l'on attend l'arrivée du B.M. 24 pour réattaquer sur RONCHAMP.

L'assaut a lieu le 2 Octobre le B.M. 24, appuyé par le 4e Escadron, parvient d'un premier bond jusqu'à l'Eglise de RONCHAMP. Le 2e Escadron en profite pour pousser sur EBOULET. Une fois de plus, il tombe sur des antichars mais réussit quand même à progresser à l'abri de fumigènes. Malgré les mines et surtout les concentrations massives d'artillerie allemande, l'avance se poursuit et, le 4e Escadron s'installe à la sortie Est de RONCHAMP. Il a un peloton engagé sur la route de CHAMPAGNEY. un autre sur la route de BELFORT. Il est stoppé par des abatis et l'Aspirant ROUX, qui vient de prendre à l'ennemi un camion chenillé intact, est mortellement blessé en allant les reconnaître à pied.
Et la guerre de mouvement se termine là, Dieu seul sait alors pour combien de temps. Après le manque d'essence, c'est le manque de munitions qui se fait sentir. Les retards du carburant, empêchant la poursuite, ont permis à l'ennemi de fortifier solidement les avancées de BELFORT, et, maintenant, nos transport ferroviaires déficients ne permettent pas d'acheminer vers la ligne de bataille trop lointaine assez de munitions pour entamer sérieusement cette ligne fortifiée. D'autre part, il y a crise d'effectifs. Notre passage à travers la FRANCE libérée a suscité un fol enthousiasme, mais cet enthousiasme n'a pas été jusqu'à pousser beaucoup d'hommes à nous suivre au danger. Les quelques engagements volontaires recueillis ne peuvent boucher les trous, et, jeunes recrues ou F.F.I. intégrés, tous ont besoin d'un entraînement sérieux pour combattre utilement sans pertes trop fortes.

Pour le 8e R.C.A., ses pertes, du 28 Septembre au 5 Octobre, jour où se stabilise le front, s'élèvent à 8 tués dont un Aspirant et à 33 blessés. Quant à cette stabilisation du front, elle se présente ainsi pour nous : le 1er Escadron est installé en point d'appui fermé à la scierie de RONCHAMP vers le carrefour CHAMPAGNEY-BELFORT. Le 2e Escadron est établi près d'EBOULET. La situation des défenseurs de RONCHAMP est un peu paradoxale. Ils sont sous les vues directes des observatoires ennemis qui, des hauteurs où passe la nationale 19 de PARIS à BELFORT, voient tout ce qui se passe dans les rues du bourg. Tout mouvement leur est donc interdit, chaque ravitaillement est sanctionné par une volée d'obus et tous leurs emplacements sont soumis à des tirs de harcèlement qui ne leur laissent aucun répit. On s'organise comme on peut, on se cache, on s'enterre en un sol boueux que détrempe une pluie continuelle. Le 3e Escadron, avec un peloton du 1er, se trouve toujours au débouché du col de la CHEVESTRAYE. Le 4e enfin, qui a subi les coups les plus durs, est envoyé au repos dans la région de BESANÇON.

Cette situation va se prolonger pendant 8 jours sans aucun changement. Il y aura à déplorer cinq blessés par éclats d'obus. Les Escadrons de T.D., sur leurs positions, effectuent des tirs sur des emplacements de batteries, des automoteurs. Le 1er Escadron appuie de ses feux de mitrailleuses le coup ce main sur le carrefour RONCHAMP-Le PLAIN, effectue des patrouilles, prend à partie les résistances ennemies rapprochées et subit stoïquement le tir des mortiers et des canons adverses. Le 12 Octobre. un obus de 105 traverse ce qui reste du toit du P.C. du Capitaine LE HAGRE, casse, ô horreur, une bouteille de fine posée sur la table et s'enfonce à ses pieds dans le plancher sans éclater.

 

Le 13 Octobre, les éléments de la 1ère D.B. qui étaient en position au Nord de la 1ère D.F.L. se sont retirés du front, notre secteur voit sa limite Nord reportée jusqu'à la route SERVANCE-Le THILLOT. La Division n'ayant pas assez d'effectifs pour allonger ainsi son front confie au 8e R.C.A., en plus de ses missions normales, celle de prendre à se charge la défense antichars de l'axe SERVANCE-Le THILLOT. Cette mission est confiée au groupement du CORAIL qui détache à cet effet, à SERVANCE, un peloton de T.D. du 3e Escadron et des éléments de reconnaissance du 1er R.F.M. Nos hommes voient ainsi s'alourdir le travail qui leur incombe et, du reste, la fatigue se fait si durement sentir que le 1er Escadron est relevé le 14 pour aller au repos dans la région de BESANÇON où le rejoindra le lendemain le peloton AZEMAR détaché au groupement du CORAIL.

 

Jusqu'au 25 Octobre, la situation reste inchangée. Les deux Escadrons en lignes continuent leurs tirs et subissent chaque jour des ripostes sévères qui heureusement ne causeront que deux blessés, mais, le 25, le front de la 3e D.I A., au Nord du secteur de la D.F.L. étant rétréci et une partie du terrain, tenu par elle, étant attribuée à celle-ci, nous voyons notre limite Nord reportée à l'axe RUPT-sur-MOSELLE-Le THILLOT inclus. Cette modification du front entraîne un remaniement dans le dispositif. Le 2e Escadron continue à tenir l'axe RONCHAMP-CHAMPAGNEY. Le 3e conserve la défense de ses deux axes PRESSE-PLANCHER-les-MINES et SERVANCE-Le THILLOT, et le 4e Escadron, ramené au front, entre dans la composition d'un groupement aux ordres du Commandant de MORSIER du R.F.M. et reçoit pour mission de constituer un bouchon antichars en profondeur sur la route RUPT-Le THILLOT, vers la sortie Ouest de RAMONCHAMP. Le 4e quittant la région de BESANÇON, gagne ses nouveaux emplacements et établit son P.C. à La ROCHE. Il sera rejoint le lendemain par le peloton MALAVOY du  1er Escadron. La ligne des avant-postes n'étant pas continue, puisque les postes sont éloignés les uns des autres de plusieurs kilomètres, ce peloton sera chargé d'assurer par des patrouilles la liaison entre la Légion et le col de MORBIEUX tenu par 3e Spahis.

Cette situation se prolongera jusqu'au 14 Novembre. Le temps reste mauvais et se refroidit, la neige succède à la pluie et ne facilite pas la tâche des patrouilleurs ni celle du service du ravitaillement. Les gars des T.D., toujours immobilisés, maudissent leur métier d'artilleurs, maudissent l'ennemi dont les ripostes sont toujours sévères, le 3e Escadron perd un destroyer qui brûle atteint de plein fouet. Le 2e Escadron effectue, le 14 Novembre, un tir à vue directe sur les lisières Ouest du THILLOT et un civil. passé dans nos lignes le surlendemain, signale que ce tir a détruit 3 canons de 88 et 2 mitrailleuses lourdes. Le 2 et le 11 Novembre sont marqués par des cérémonies religieuses et patriotiques au P.C. du 8e établi à FAUCOGNEY. Le 1er Escadron fournit chaque nuit des patrouilles ou des équipes de coups de main qui s'en vont dans la région des houillères de RONCHAMP.

Malgré le mauvais temps persistant, nombre d'indices semblent annoncer une offensive prochaine et, pourtant, des ordres ont été donnés pour une installation en quartiers d'hiver, les permissions ne sont pas suspendues à l'intérieur des corps, qui cherche-t-on à tromper ? Il y a quarante jours que le front s'est stabilisé, les parcs à munitions sont gonflés à bloc, des renforts sont arrivés et... une nouvelle fois nous nous étalons davantage sur le terrain. En effet, le 13 Novembre, ordre est donné au 8e Chasseurs de former un bouchon antichar sur l'axe SAULXURES-CORNIMONT avec un Escadron de T.D. du 7e R.C.A. La mission est confiée au 1er Escadron qui va s'installer à 1 kilomètre à l'Est de SAULXURES, à l'usine des BRUCHES, d'où il poussera des reconnaissances jusque sur CORNIMONT.

Cette dernière période de stabilisation nous a coûté cinq blessés. Une autre va-t-elle s'ouvrir encore 7. Le 14 Novembre, on apprend que la 2e D.I.M. qui tient le secteur au Sud du nôtre, a déclenché une offensive, mais, malgré la progression favorable de cette attaque qui affecte maintenant la 9e D.I.C., rien ne semble bouger dans notre secteur. Est-ce affaire locale ou début d'une opération généralisée ? En face de nous, l'ennemi accentue son activité, travaux et tirs d'artillerie et, de notre côté, sur tout notre front, les patrouilles resserrent le contact. Il se trame quelque chose, mais le secret est bien gardé.

 

BELFORT ET LA HAUTE-ALSACE

Le 18 Novembre, notre front est brusquement raccourci et le 1er Escadron rappelé de la vallée de la MOSELOTTE en HAUTE-SAONE. Dans la soirée, arrive un ordre d'opérations articulant les unités blindées de la 1ère D.F.L. en trois groupements ainsi répartis :
Groupement de MORSIER : éléments du 1er R.F.M., 4e Escadron du 8e R.C.A. réparti entre FERDRUPT, La ROCHE, col de la FOURCHE, CHATEAU-LAMBERT. Doit être prêt à se regrouper en réserve dans la région de la LONGINE après relève par la 3e D.I.A.
Groupement de GASTINES : éléments du 1er R.F.M., peloton AZEMAR du 1/8e R.C.A., 2 Escadrons du 8e R.C.A., éléments du 2e Cuirassiers. Mission : suivre l'action de l'infanterie et travailler à son profit sur l'axe RONCHAMP-CHAMPAGNEY-PLANCHER-BAS se tenir prêt à devancer l'infanterie pour reconnaître et exploiter en direction de GIROMAGNY rechercher la liaison avec la 2e D.L.M.
Groupement du CORAIL : éléments du 1er R. F. M., éléments du 2e Cuirassiers, 3e Escadron du 8e R.C.A. Mission : maintenir un bouchon anti-chars vers SERVANCE, être prêt à suivre l'action de l'infanterie sur l'axe FRESSE, La CHEVESTRAYE, PLANCHER-les-MINES, en aidant sa progression par le feu, en le devançant en cas de rupture de la défense ennemie, en constituant rapidement, le cas échéant une solide défense anti-chars.
Le Colonel SIMON, commandant le 8e R.C.A., assure le commandement de l'ensemble des groupements et l'heure de l'attaque est fixée au 19 Novembre à 7h30.
Ces détails techniques sont indispensables pour permettre de suivre la série d'actions que va mener le Régiment sur des axes différents.
Le temps est épouvantable, les routes défoncées et très minées - on va s'en apercevoir - les prairies inondées et tous les cours d'eau en crue. La pluie continue à tomber épaisse et froide, les sommets sont sous la neige, tout promet beaucoup de plaisir.
Donc ce dimanche 19 Novembre, le groupement de GASTINES, en soutien de la 4e Brigade du Colonel RAYNAL, progresse sur l'axe RONCHAMP, la HOUILLIERE, la BOUVERIE, CHAMPAGNEY et sur l'axe RONCHAMP, SOUS-les-CHENES. Les seules difficultés proviennent du terrain détrempé et des mines fort nombreuses, l'ennemi ne semble pas vouloir réagir immédiatement. En fin de journée, il stationne, d'une part aux lisières Est de CHAMPAGNEY, d'autre part aux lisières S.-E. de SOUS-les-CHENES où le peloton AZEMAR est au contact.
Le groupement du CORAIL, en soutien de la 2e Brigade du Colonel BASTIDE, ne peut démarrer ce jour-là, malgré la prise en fin de journée du col de la CHEVESTRAYE, l'itinéraire est impraticable aux véhicules, il faut que le Génie l'aménage rapidement.
Quant au 4e Escadron, il détruit plusieurs observatoires ennemis dans la région Sud du THILLOT. La progression continue le lendemain toujours lente à cause des difficultés du terrain, des inondations, des destructions énormes et aussi de l'ennemi qui ne consent pas à se laisser bousculer sans réagir. Le groupement de GASTINES s'empare cependant de Le MAGNY, PLANCHER-BAS et AUXELLES-BAS, faisant 50 prisonniers, et parvient, sur la route de GIROMAGNY jusqu'à 2 kilomètres N.-E. d'AUXELLES, où il est arrêté par une coupure fortement battue. Des éléments sont alors détachés plus au Sud et s'emparent de haute lutte de Les GRANGES-GODES, ERREVET, EVETTE-HAUT et BAS, mais une résistance plus forte couverte par de grosses inondations ne leur permettent pas d'occuper La CHAPELLE-sous-CHAUX, ni de déboucher du passage à niveau d'EVETTE. Ils sont de plus sous le feu direct du fort du SALBERT qui est fortement tenu. Un simple fait suffira à montrer les difficultés du parcours : l'Aspirant AZEMAR, essayant de passer le RAHIN à gué, vit son scout-car complètement submergé, il fallut des heures l'effort pour le dégager, à la suite de quoi, il poursuivit sa route sans désemparer. En fin de journée, il prend liaison à FRAHIER avec le groupement MOLLE de la 2e D.I.M.
Le groupement du CORAIL franchit le col de la CHEVESTRAYE à 12h30, dévale sur PLANCHER-les-MINES qu'il enlève à 14 heures en liaison avec l'infanterie et se trouve arrêté à un kilomètre au Sud du MONT par une coupure. Celle-ci est aménagée sur le champ, les abatis retirés et à 19 heures ses véhicules à roues entrent dans AUXELLES-HAUT. Il a perdu un T. D. sauté sur une mine.
Quant au 4e Escadron, relevé de sa mission, il se met en route sur FAUCOGNEY, mais, dans la nuit, il doit envoyer des éléments de T.D. et le peloton MALAVOY vers le col de la FOURCHE et CHATEAU-LAMBERT où les F.F.I., qui ont relevé la Légion, craignent une contre-attaque.
Groupement de GASTINES : Opérant dans la région d'EVETTE, le groupement enlève La CHAPELLE-sous-CHAUX dans la matinée. Puis le peloton AZEMAR, à pied, reconnaît les pentes boisées du SALBERT, il revient après avoir déterminé les emplacements de deux armes anti-chars qui seront détruites par les T.D. A 16 heures, il est envoyé à VALDOIE où il pénètre et essaie de prendre à revers le SALBERT dont la résistance arrête toujours les Fusiliers-marins. Surpris par la nuit, il s'y installe en point d'appui, sous un bombardement sévère.
Le groupement de GASTINES piétine toute la journée devant l'énorme coupure qu'il est impossible de déborder. Ses T.D. appuient la progression de l'infanterie, détruisent un observatoire, une arme anti-chars et font huit prisonniers.
Le groupement du CORAIL détache des patrouilles à pied sur LEPUIX-GY au Nord de GIROMAGNY. Il n'a d'autre route praticable que celle où est stoppé le groupement de GASTINES et doit, comme lui, attendre le rétablissement de la coupure.
Enfin le 4e Escadron arrive à son tour dans la région d'EVERET et détache aussitôt un peloton devant VALDOIE en soutien de l'infanterie et du peloton AZEMAR dont la situation n'est pas particulièrement solide.

Au matin du 22, le Commandant de GASTINES réussit à faire passer ses chars légers et ses T.D., il progresse sur GIROMAGNY qu'il enlève en liaison avec l'infanterie venant du Nord et du N.-O. Il envoie immédiatement sur VESCEMONT une patrouille de T.D. qui occupe le village, faisant prisonnier le sapeur allemand chargé de faire sauter le pont avant qu'il n'ait pu actionner sa mise à feu une autre patrouille de T.D. et de chars légers enlève ROUGEGOUTTE et s'installe aux lisières Sud et S.-E. du village, faisant des prisonniers, mais se trouve soumise à un bombardement très violent.

Le groupement du CORAIL établit la liaison avec de MORSIER à CHAUX et pousse des reconnaissances en direction du ballon d'ALSACE, mais, après MALVAUX, une importante destruction empêche toute progression. Il reçoit en renfort le peloton MALAVOY du 1er.

Au Sud, le groupement de MORSIER achève le nettoyage de la CHAPELLE-sous-CHAUX et par CHAUX s'empare de SERMAMAGNY. Le peloton AZEMAR aux lisières de BELFORT est toujours intensément bombardé. Ne possédant plus que deux véhicules aptes au combat, il est relevé par le peloton CUROT.

Le lendemain, le groupement du CORAIL reçoit l'ordre de prendre à son compte les bouchons à établir sur les axes du ballon d'ALSACE et de BRINVAL. En direction du Ballon d'ALSACE, il est impossible toujours de dépasser la coupure de MALVAUX. Le peloton MALAVOY, avec un groupe de T.D. du peloton TRUCHET est alors envoyé en reconnaissance. Les carnets de route du Lieutenant MALAVOY renferment de cette action un récit qu'il faut reproduire en entier.

"Dans la nuit du 22 au 23 Novembre, je reçois l'ordre de me rendre à VESCEMONT au petit jour et de me mettre aux ordres du Bataillon LANGLOIS, avec mon peloton de reconnaissance et un groupe de T.D.

Je pars de GIROMAGNY vers 6h45, sous une pluie torrentielle et glaciale qui rend à peu près inutilisables les moyens de liaison radio. Le Commandant LANGLOIS, toujours jovial m'accueille avec le sourire, me met rapidement au courant de la situation et me donne ma mission.

Son Bataillon tient VESCEMONT et PLANCHE-le-PRETRE A 800 mètres, les lisières des bois qui étaient encore tenues hier au soir, semblent abandonnées par l'ennemi. Les patrouilles d'infanterie n'ont plus trouvé de résistance au lever du jour. La Légion, attaquant le Ballon d'ALSACE à gauche, il faut essayer de couper les lignes de retraite de l'ennemi en atteignant la vallée de la DOLLER à SEWEN.

Ma mission est donc, aidé par deux sections d'infanterie, de reprendre le contact et de pousser au plus vite jusqu'à SEWEN. Le seul itinéraire possible, dans ce pays de montagnes aux forêts particulièrement denses, est une route forestière qui monte au col de la Grande ROCHE, frontière d'ALSACE, et redescend sur SEWEN par la vallée de la DOLLER. Mission simple : il faut rattraper le Boche et évaluer la valeur de ses résistances.

Moteurs en route ! En avant Le détachement démarre. La première difficulté ne devait pas se faire attendre : route en corniche sautée, impossible aux véhicules de passer, seules les sections d'infanterie peuvent continuer. Nous voilà partis à la recherche d'un débordement qui, à première vue, semble impossible mais seules les jeeps peuvent passer, et encore de justesse.

Les destroyers et les scout-cars attendent donc que le génie rétablisse le passage et je pars avec mes jeeps. Nous rattrapons rapidement l'infanterie qui progresse très lentement, car les hommes, en plus du poids de leur équipement, doivent supporter celui de l'eau qui imbibe tous leurs vêtements.

Liaison avec l'Officier : R.A.S. - Je remonte en voiture et, sans attendre l'infanterie, nous poursuivons notre route vers le col. L'altitude s'élève rapidement et nous entrons dans la neige que la pluie n'a pas encore fait fondre. Mais voici le dernier tournant avant le col. Prudence Je vais le reconnaître à pied avec quelques hommes.., il n'y a que des traces isolées de pas dans la neige, les Allemands ont dû se replier à travers bois.

Nous sommes au col, personne ! Et c'est le cœur gonflé de joie et d'orgueil que, les premiers de la Division nous mettons le pied sur la terre d'ALSACE. Mais le temps n'est pas aux émotions, il faut continuer notre mission car il n'y a plus d'ennemis par ici (C'était une erreur et nous ne devions l'apprendre qu'à notre retour).

L'infanterie n'a pas encore eu le temps de nous rejoindre. Tant pis ! Je fais venir les voitures et nous commençons la descente dans 30 cm de neige fondante. A 500 mètres, nouvel arrêt, car la route est barrée par d'épais abatis que, seul, le Génie peut enlever. Tout débordement est impossible, les pentes boisées sont trop abruptes.

Je décide de pousser une petite patrouille avec trois hommes pour reconnaître le terrain. A peine avons-nous dépassé les abatis que j'aperçois dans la vallée qui prend naissance à 200 mètres en-dessous de nous, une voiture à cheval allemande avec deux hommes. Prenant en courant la pente à travers bois, ARNOULT, CARDOT et moi nous nous lançons à "l'attaque de la diligence". Les deux Boches, surpris, sautent de la voiture, se couchent derrière elle et nous épaulent. A notre tour, cachés derrière des tas de bois qui bordent la rouie, nous ouvrons le feu. Après quelques salves peu meurtrières, les deux Allemands se rendent, et, dans l'interrogatoire rapide que je leur fais subir, ils m'expliquent qu'ils viennent de porter le ravitaillement au poste allemand (60 hommes) qui se trouve un peu plus haut, en arrière de nous, dans, la vallée où je viens d'aboutir, au refuge de FENNEMATT. Craignant que ce poste n'ait entendu nos coups de feu et ne me surprenne par derrière, je fais descendre de mes voitures trois hommes de plus avec une mitrailleuse légère. Nous nous installons dans la neige fondante sous la pluie qui continue à tomber sans arrêt. Au bout de quelques instants, voyant que le poste allemand semble ne pas m'avoir entendu, je décide de passer outre et de poursuivre avec mon sous-officier et mes six hommes, ma reconnaissance sur SEWEN.

Avec l'espoir que le poste ennemi de FENNEMAT ne m'avait pas vu et ne me couperait pas mon chemin de retour, je m'engage dans la vallée qui mène à SEWEN, premier village d'ALSACE, encore distant de 4 kilomètres. Vallée encaissée et sinueuse qui aurait été charmante en été, mais dangereuse et propice aux embuscades, avec les forêts sur toutes les pentes.

La patrouille progresse lentement mais sûrement, selon les plus belles méthodes du service en campagne. Nous avons déjà fait 3 kilomètres, j'ai l'impression de faire l'instruction des recrues.., jusqu'au moment où, la vallée s'élargissant, nous sommes plaqués à terre par une fusillade nourrie venant du chalet de LERCHENMATT, à 300 mètres de nous.

Le contact est pris, il s'agit maintenant d'évaluer la valeur de la résistance. ARNOULT et deux hommes un peu trop engagés. en terrain découvert ne peuvent se replier. J'amène tout de suite ma mitrailleuse dans un taillis pour contrebattre les tireurs ennemis. A ce moment, CARDOT, apercevant un boche, tire et le tue d'une balle en pleine tête (renseignement donné le lendemain par un prisonnier). C'était un des servants d'une pièce anti-char qui, du coup, se dévoile et nous tire à bout portant à explosifs. Ma décision est vite prise. J'ai le renseignement, je suis isolé à 4 kilomètres dans les lignes ennemies, notre infanterie est encore loin, nous ne sommes que huit, je dois me replier sans tarder. Nous nous regroupons dans les bois, personne n'est touché, mes hommes ont manœuvré d'une façon splendide.

Mais ce n'est pas fini. Il faut rentrer chez nous. Je prends la tête et nous partons à l'abri des bois, pour éviter le canon qui prend la route d'enfilade. La pluie tombe de plus belle.. le brouillard se lève, le sous-bois est très sombre... Je n'ai pas fait 500 mètres que je m'arrête, le cœur serré : je viens d'apercevoir un groupe d' Allemands à 50 mètres de moi ! Caché par un arbre, je fais signe à mes hommes de se camoufler rapidement derrière moi.

Les Boches m'ont vu, ils s'arrêtent. Je reste debout, sans galons, le col relevé, avec des bottes en caoutchouc noires, semblables aux bottes allemandes. Grâce à la mauvaise visibilité et se sachant dans leurs lignes, ils me prennent pour un des leurs. Mais apercevant le canon du fusil d'un de mes hommes, l'officier me crie : — Nicht schiessen, wir sind deutsch (Ne tirez pas, nous sommes allemands) — ich sehe, Sie können sich nähern (Je vois, vous pouvez vous approcher).

Lorsque l'officier n'est plus qu'à dix mètres de moi, je bondis de mon arbre, lui arrache ses grenades et son pistolet pendant que mes hommes sortent de leurs buissons et, après quelques coups de feu, s'emparent des autres. Total : un Capitaine, 12 hommes.

Haut les mains, colonne par deux, et rapidement chez nous. Nous ne sommes encore qu'à 500 mètres du point d'appui auquel nous venons de nous heurter ils ont sûrement entendu les coups de feu, pas une minute à perdre. L'officier allemand, en tête, à côté de moi, est blême de rage.

Nous sommes trempés, fourbus, et c'est avec joie que nous retrouvons nos jeeps toujours en place. Une section d'infanterie vient d'arriver au col. Pendant que j'étais accroché devant SEWEN, une résistante allemande, qui m'avait laissé passer avant le sommet, s'est dévoilée et à fait prisonnier un officier et plusieurs hommes. Quelques instants après mon retour, la résistance de l'auberge de FENNEMATT arrête la 2e section et tue à la tête de leurs hommes, le Commandant LANGLOIS et le Lieutenant de FONTGALLAND

La mission est accomplie, toutes les résistances sont bien déterminées, seule la pluie glacée continue à nous transpercer jusqu'aux os... (Extrait du journal de marche du Lieutenant MALAVOY).

Pendant ce temps, au Sud, le groupement de GASTINES réussissait à déboucher de ROUGE-GOUTTE vers 12h30 après réparation de la coupure de la route, mais se trouvait arrêté à nouveau, 1.500 mètres plus loin, devant une nouvelle destruction très sérieusement défendue. Une fois de plus, le Génie se remet au travail sous les obus.

Enfin, le groupement de MORSIER est ralenti par des difficultés de franchissement de la SAVOUREUSE en crue. Un peloton du 4e Escadron réussit cependant à passer le torrent à gué et appuie vigoureusement une attaque d'Infanterie sur ELOIE. Lui aussi est bientôt contraint de stopper devant une nouvelle coupure protégée par des abatis et l'inondation.

Et cet après-midi là, à LURE, avait lieu les obsèques du Général BROSSET. Ce magnifique entraîneur d'hommes, ce lettré délicat, ce chef devenu légendaire, que l'on voyait toujours aux endroits les plus exposés, était mort d'un accident stupide le 20 au soir.

Malgré la mort du chef, l'offensive ne se ralentit pas, au contraire. Tout le monde sait qu'il faut passer coûte que coûte si l'on veut donner de l'air au mince couloir de ravitaillement qui le long de la frontière SUISSE, permet d'alimenter la 1ère D.B. Celle-ci, en effet, se lançant à corps perdu dans la bataille, a occupé MULHOUSE, mais est contrainte de s'y retrancher pour y attendre, son essence et ses munitions. Le Boche. qui sent la gravité de la situation, attaque sans répit du Nord au Sud, pour arriver à asphyxier la grande unité aventurée, il ne faut pas qu'ils y parviennent. Et malgré d'épouvantables conditions atmosphériques, partout on travaille d'arrache-pied et l'on se bat avec fureur pour avancer malgré tout. Le groupement de GASTINES réussit à franchir la coupure qui l'avait stoppé la veille, entre dans GROSMAGNY dont le nettoyage est terminé en fin de journée et il se prépare à attaquer violemment dès l'aube la position devant laquelle il s'arrête.

Le groupement du CORAIL envoie un détachement sur le Ballon d'ALSACE. Il est très durement accroché (4 tués et 17 blessés au R.F.M.) et les T.D., dans le brouillard qui noie tout, ne peuvent intervenir efficacement. Un autre détachement part sur SEWEN. La résistance reconnue la veille par le Lieutenant MALAVOY tombe à 12 heures ; elle laisse entre nos mains un 75 antichar intact et 15 prisonniers, mais il est impossible à la nuit de pénétrer dans le village dont les lisières sont garnies d'antichars. A l'aube du 25, l'attaque reprend et après trois heures de durs combats de rue, les Allemands abandonnent SEWEN. Sans perdre de temps, on pousse de tous côtés. Le peloton MALAVOY réussit la liaison au Ballon d'ALSACE avec le 1er Bataillon de Légion qui y livre de durs combats il ramène un prisonnier. Pendant ce temps un détachement de T.D. enlève DOLLEREN à 15 heures et atteint OBERBRUCK à 17 heures. Impossible d'aller plus loin, pour l'instant, la route est coupée.

Le groupement de GASTINES, lui, doit préparer le débouché du C.C. 6 sur ROUGEMONT-le-CHATEAU, il devra donc pousser des pointes sur tout l'itinéraire et assurer la sécurité du flanc Sud par la reconnaissance et le nettoyage des axes ETUEFFONT - ANJOUTEY - ROUGEMONT - ST-GERMAIN. Dans un élan magnifique. le groupement débouche de GROSMAGNY, enlève l'un après l'autre, sous un feu intense les abatis minés qui lui barrent la route, s'empare de ETUEFFONT-HAUT, ETUEFFONT-BAS, ANJOUTEY, ROUGEMONT et SAINT-GERMAIN. Puis, après avoir assuré la sécurité de son flanc en établissant un bouchon antichar sur la route de BELFORT-Les-ERRUES. dépasse son objectif, pousse jusqu'à BETHONVILLIERS où il fait 80 prisonniers, envoie un élément de reconnaissance avec des T.D. à La CHAPEtLE-sous-ROUGEMONT où s'engage un très violent combat de rues les T.D. détruisent un 88 et mettent de nombreux Allemands hors de combat. Vers le Nord-Est une reconnaissance atteint les lisières de LAUW, en aval de MASEVAUX, mais, trop faible, elle doit rejoindre ROMAGNY. Si le C.C. 6 n'a pu déboucher sur ROUGEMONT, le travail a été fait quand même et c'est un incontestable succès.

Le 4e Escadron qui, la veille, n'a pu bouger de ses emplacements, quitte alors le groupement de MORSIER et se trouve placé à la disposition du groupement du CORAIL pour exploiter dans la vallée de la DOLLER... il laisse cependant un peloton à SERMAMAGNY.

Dans la nuit, arrive un ordre particulier constituant, sous les ordres du Colonel SIMON, un groupement de poursuite comprenant le groupement du CORAIL, la brigade de choc du Lieutenant-Colonel GAMBIEZ, un Bataillon de Légion, un groupe d'artillerie, des éléments du Génie. Il s'agit pour lui de se porter sur l'axe MASEVAUX, BOURBACH-le-HAUT, BISCHWILLER pour s'emparer au plus tôt des ponts de THANN en constituant de solides bouchons à MASEVAUX et à BOURBACH-le-HAUT.

A l'aube, le 4e Escadron en entier se porte à SEWEN, prêt à intervenir. Devant OBERBRUCK le Génie travaille au rétablissement de la coupure sous des feux ennemis qui nécessitent l'intervention de l'Infanterie et des T.D. du 3e Escadron qui détruisent un nid de mitrailleuses. OBERBRUCK est enfin occupé et dépassé et le peloton MALAVOY soutenu par un groupe de T.D. de l'Aspirant BORDIER, progresse vers RIMBACH qu'il attaque à 8h30. Le combat dure trois heures, il faut enlever les maisons une à une à un ennemi qui se défend pied à pied. tout en perdant beaucoup de monde en tués, blessés et prisonniers. Mais le passage d'OBERBRUCK n'a pu être rétabli que provisoirement, le Génie qui y travaillait a perdu tous ses officiers et sous-officiers les éléments qui tiennent RIMBACH sont obligés de se replier sur DOLLEREN. La brigade GAMBIEZ atteint MASEVAUX.

La journée du 27 est extrêmement confuse. La résistance allemande ne faiblit en aucun point, la densité de son artillerie, de ses mortiers et de ses armes lourdes est plus forte que jamais, partout on se heurte à d'infranchissables coupures, le groupement SIMON est trop lourd pour pouvoir s'articuler efficacement en des vallées étroites, sur des routes de montagne. Resteront seuls engagés ce jour-là le 3e Escadron arrêté devant WEGSCHEID et le 2e qui appuie l'action des fusiliers-marins sur MASEVAUX et participe au nettoyage difficile de la ville. Il s'établira pour la nuit à NIEDERBRUCK.

Le 28, la situation s'éclaire un peu. Le 3e Escadron franchit la coupure de WEGSCHEID à 8 h. sous un feu violent et précis de minen et de balles explosives. Le village est pris et occupé, mais la progression est de nouveau stoppée devant KIRCHBERG. Les T.D., intervenant à nouveau, détruisent un antichar, une mitrailleuse lourde, prennent 3 Allemands et anéantissant les restes de la résistance ennemie, entrent dans le village. Pendant ce temps, les 1er, 2e et 4e Escadrons participent au nettoyage de la partie Nord de MASEVAUX où les Allemands, retranchés dans le château et la chapelle, résistent opiniâtrement. Finalement, le château tombe à 10h30 et l'on y ramasse 50 prisonniers un canon antichar a été détruit. Et tandis que l'artillerie ennemie réagit violemment, le 2e Escadron appuie le débouché de l'Infanterie sur EICHENBOURG, détruisant un mortier.

Le lendemain, après une nouvelle répartition des Escadrons, la lutte reprend. Le 3e Escadron, parti de KIRCHBERG à 8 heures, parvient à NIEDERBRUCK, achevant ainsi le nettoyage de toute la haute vallée de la DOLLER qui est entre nos mains jusqu'en aval de MASEVAUX. Le 1er et le 4e Escadron attaquant vers le N.-E. s'emparent de HOUPPACH, du col de SCHIRM, et atteignent BOURBACH-le-HAUT à 16h30. il s'agit, en progressant sur une route étroite, montante, sans aucune possibilité de débordement, d'enlever le col du HUNDSRUCK pour descendre ensuite sur la vallée de la THUR et THANN. Plus à l'Est, le 2e Escadron, appuyant le mouvement du 1er R.F.M. sur BOURBACH-le-BAS, y détruit 3 mitrailleuses lourdes, puis s'avance sur RODEREN qui est si fortement tenu qu'il est obligé de se replier pour la nuit sur BOURBACH. Dans l'après-midi, afin d'être au plus près, le Colonel SIMON porte son P.C. à MASEVAUX il y sera durement secoué par un tir de harcèlement aussi violent que précis.

 

Le 30 Novembre, le peloton MALAVOY est envoyé en reconnaissance vers le col du HUNDSRUCK. Il se heurte dans les lacets de la montée à une forte résistance allemande disposant d'un canon antichar. Le scout-car du Lieutenant MALAVOY reçoit trois perforants et prend feu, les deux jeeps de tête, trop engagées, réussissent quand même à se replier sous la protection d'un tir de T.D. et rapportent de précieux renseignements sur la position ennemie, ce qui permet au 4e Escadron de détruire l'arme antichar, ouvrant le passage à la Compagnie de choc MISSOF. Celle-ci, soutenue par le peloton AZEMAR attaque le col qui est occupé à 17 heures.

Plus à l'Est, le 2e Escadron reprend l'attaque de RODEREN. Cette fois encore il est stoppé à 1.200 mètres du village, et, pour ne pas rester en une position par trop dangereuse, revient s'installer en point d'appui autour de BOURBACH-le-BAS. A 17 heures, une violente contre-attaque ennemie, appuyée par des chars est déclenchée sur le village. La situation est rapidement très critique, mais elle est redressée et sauvée par le Lieutenant AYOUN qui, avec son seul peloton, détruit deux Jagdpanther et un Panther, brisant l'élan ennemi et le faisant refluer sur ses positions de départ. Je tiens à citer ici le rapport aussi précis que modeste que fit de l'action le Lieutenant AYOUN sur l'ordre du Colonel SIMON.

Le peloton a été engagé pour appuyer une reconnaissance sur l'axe BOURBACH-le-BAS, RODEREN, éventuellement VIEUX-THANN. A la sortie Est de BOURBACH-le-BAS, la reconnaissance se heurtait à la ligne de résistance ennemie, protégeant RODEREN et interdisant le débouché sur la plaine de LEIMBACH-CERNAY.

Une opération devait dès lors être montée l'infanterie dut occuper la crête à l'Ouest de 475 pendant que les T.D. se mettaient à l'affût, en défilement, au carrefour Est de BOURBACH (cote 435) et en lisière du bois. La surveillance pour tous était la cote 475.

Dans l'après-midi du 30 Novembre, une opération de débordement était prévue par le groupement voisin sur le BRUCKLENWALD avec appui de Sherman, la position de départ étant sur l'EICHWALD dès le débouché, les chars apparurent sur la crête, bien en vue de la cote 475 ; il était tentant pour des Jagdpanther (chasseurs de chars du type Panther) de mettre leur canon à l'épreuve, mais on nous savait sur 435.

Pendant que les chars ennemis se postaient avec un bruit de chenilles qui a été perçu des fantassins, une violente et très précise préparation d'artillerie avait lieu en direction de nos T.D., encadrant ceux-ci d'extrêmement près.

Fort heureusement, une équipe de guetteurs avait été installée à proximité. Le dernier obus tombé, un char, du type Jagdpanther, faisait son apparition sur la crête, bientôt suivi de deux autres. Les T.D. n'avaient plus qu'à tirer, mettant rapidement en flammes deux des Jagdpanther, le troisième se repliait aussitôt et disparaissait.

Le Commandant d'Escadron était là et put rameuter l'Infanterie qui, attaquée pour la première fois par des chars, s'était repliée avec un certain désarroi sur BOURBACH, en même temps qu'il faisait venir sur le terrain, aux lisières Sud-Est et Nord du village, les deux autres pelotons de T.D. en vue de parer au débordement de la position. Le désarroi a d'ailleurs été aggravé par le passage d'un peloton de Sherman qui, traversant la zone de combat à toute vitesse, se dirigeait par la route, sans précautions, vers la cote 475 qu'il prenait par erreur pour l'EICHWALD.

Mais alors que tous les regards étaient dirigés vers la cote 475, un char du type Panther, par conséquent le char de commandement, débouchait des bois dans notre flanc Nord et tirait à perforant sur un T.D. sans l'atteindre. Le tireur, s'en étant aperçu à temps, put manœuvrer et mettre rapidement le Panther en flammes il s'en fallut de peu que nos éléments ne fussent eux-mêmes mis hors de combat par ce char apparaissant dans un secteur dont la surveillance n'était plus assurée par l'infanterie, qui avait abandonné ses positions.

En attendant que les éléments à pied qui s'étaient repliés, tranquillisés par l'arrêt brutal de la contre-attaque des chars, puissent reprendre leurs emplacements, les groupes de protection des T.D. et un peloton à pied de fusiliers-marins assurèrent l'occupation de la position.

Les éléments qui, la veille au soir, avaient pris le col de HUNDSRUCK, en débouchent au jour, peloton AZEMAR en tête. Ce dernier, après 200 mètres environ, est arrêté par de très gros abatis qui atteignent 800 mètres de profondeur. Tous ces abatis sont minés ainsi que les bords de la route d'autre part, ils sont défendus par des tireurs d'élite installés dans les bois qui dominent la route. Les pionniers du Régiment enlèvent de nombreuses schuhmines et le Génie qui travaille, protégé par les T.D.. sous la direction personnelle du Capitaine LE HAGRE, subit de grosses pertes. Il faut en effet tirer un à un les arbres piégés à l'aide du treuil d'un half-track, pendant que l'Infanterie livre dans les bois une véritable guérilla. En plus, l'artillerie allemande réagit violemment sur le col. De même, impossible de déboucher de BOURBACH-le-BAS. Une nouvelle tentative de contre attaque ennemie est stoppée par les T.D. du 2e Escadron : l'ennemi se venge de ce nouvel échec en pilonnant le village. On a l'impression que le Boche s'accroche désespérément à ce terrain si propice à la défensive, il veut à tout prix nous empêcher de descendre vers COLMAR et de border le RHIN de STRASBOURG à la frontière SUISSE. Sa ténacité, nos pertes et notre fatigue l'aideront à y parvenir pour un temps.

Les 2 et 3 Décembre, sur le col du HUNDSRUCK. on continue le déblaiement des abattis. Des hommes continuent à tomber en plein effort au long de la route, des pieds, arrachés par les mines témoignent des souffrances endurées pour gagner quelques centaines de mètres. Et quand, le 3 Décembre les derniers arbres abattus roulent dans la précipice, ils découvrent une énorme coupure barrant le passage. Le lendemain seulement, la route JOFFRE réparée permet la reprise du mouvement en avant. Le Capitaine LE HAGRE prenant la tête de l'avant-garde réussit à la tombée de la nuit un coup de main sur l'auberge de RUTHENSTALL à 2 kilomètres au S.-O. de BITSCHWILLER et s'y enferme pour la nuit avec un groupe du Bataillon de choc. Cependant un des chars de soutien a été atteint par une arme antichar, qu'un T.D. est détruit. Quant au 2e Escadron, il appuie une attaque d'infanterie sur RAMMERSMATT, mais l'attaque échoue devant la violente réaction ennemie. Un de ses pelotons est alors envoyé au repos à MELISEY.

Le 5, l'adversaire réagit sur tout le front avec une force inouïe. Nos éléments, à bout de souffle, sont obligés de se cantonner dans la défensive, mais réussissent à garder tous les points a teints, notamment l'auberge de RUTHENSTALL qui nous donne vue et accès sur la vallée de la THUR. Dans l'après-midi, le 1er Escadron en entier et un peloton du 4e sont, à leur tour, envoyés au repos, la limite d'épuisement étant atteinte. Le 6 Décembre, du reste, voit la relève d'une partie des éléments de la 1ère D.F.L. engagés dans le secteur, par des unités de la 2e D.I.M. Il ne demeure plus en ligne que 2 pelotons du 4e Escadron face à BISTCHWILLER et 2 pelotons du 2e, face à RAMMERSMATT.

 

Le 7, le Colonel SIMON, qui dispose d'un Bataillon du 8e R.T.M., d'un peloton de médium, du 4e Escadron et d'une Compagnie du Génie, attaque sur BITSCHWILLER après une préparation d'artillerie de 20 minutes. Les T.D. et les Sherman appuient la progression de l'Infanterie qui entre dans le village vers 11 heures, malgré une résistance désespérée et le nettoie avec l'aide des T.D. Un half-track du 4e Escadron saute alors sur une mine. Un peloton du 4e Escadron remontant la vallée s'avance sur WILLER, tandis qu'un deuxième peloton procède au nettoyage de la fabrique située à la sortie Sud de BITSCHWILLER. s'emparant d'un canon antichar avec son tracteur et faisant 20 prisonniers. Quant au 2e Escadron, formant la deuxième branche de la tenaille qui se resserre sur THANN, il aide l'Infanterie à attaquer RAMMERSMATT qui, cette fois, est enlevé dans la matinée.

Le lendemain 8 Décembre, c'est l'attaque de THANN. Le peloton LANIEL le FRANÇOIS perd son Lieutenant qui est remplacé par l'Aspirant de VILLEPLEE. La progression est difficile, mais les T.D., appuyant vigoureusement l'infanterie, entrent dans la ville où les Allemands opposent une farouche résistance. Des Tiger et des Jagdpanther interviennent dans les combats de rue. C'est, autour de la cathédrale, une chasse terrible où les lourds blindés se cherchent et se canonnent à bout portant. Un T.D. est atteint par un Tiger, mais un autre détruit un Jagdpanther. L'Aspirant de VILLEPLEE est mortellement atteint, mais, au soir, THANN est presque entièrement conquise. Nos hommes passent la nuit aux aguets. tandis que les rafales de mitraillettes claquent au détour des rues. Au matin du 9, le 4e Escadron est relevé par des éléments du 6e R.C.A. et descend au repos. Les deux pelotons du 2e Escadron encore engagés ont participé la veille à l'élargissement du terrain conquis autour de RAMMERSMATT. Ils sont intervenus efficacement pour enrayer une forte contre-attaque allemande, détruisant un Jagdpanther et très probablement un deuxième, mais n'ont pu empêcher l'ennemi de réoccuper la fabrique. Après avoir harcelé l'adversaire au canon, toute la nuit, ils jouent leur rôle, ce matin-là, dans la reprise de l'usine. Le 10 enfin, ces deux pelotons, envoyés en liaison à la préfecture de THANN, sont arrêtés par des antichars à quelques kilomètres au Nord de RAMMERSMATT. C'est à ce moment que leur parvient l'ordre de relève.

Le 8e Chasseurs n'a plus un seul élément en lignes et se trouve le 11 Décembre tout entier regroupé autour de MELISEY. Il profite de ces quelques jours de repos pour refaire ses effectifs et son matériel. Les pertes ont été lourdes en cette offensive qui de RONCHAMP nous a menés à THANN. Le régiment a perdu 7 tués dont 1 officier et 41 blessés dont 5 officiers. Et surtout la fatigue a été terrible. Froid, pluie, neige, boue, inondations, tout s'est conjugué pour faire de ces trois semaines une période extrêmement pénible. Et pourtant nos gars furent admirables, toujours décidés, pleins d'allant et souriants même en des cas tragiques, tel le Brigadier MAITTE du 1er Escadron, qui, le bas de la jambe arraché par un perforant, disait à son Lieutenant en train de lui faire un garrot "Ce coup-ci, mon Lieutenant, je peux dire que cela va me faire une belle jambe". Tel, le Lieutenant AYOUN qui, blessé par un éclat d'obus dans le dos, évacué sur BELFORT, se fait panser et soigner sans même vouloir s'asseoir et, quelques heures après, bardé de pansements, rejoint son peloton engagé devant ROUGEGOUTTE.

Après dix jours de repos à MELISEY, le Régiment fait mouvement pour aller s'installer dans la région d'HERICOURT où il assure une mission défensive dans le secteur compris entre la voie ferrée BELFORT-ALTKIRCH et le canal du RHÔNE au RHIN. Mais il a à peine le temps de reconnaître ses emplacements et de fêter Noël. La mission défensive sera confiée à d'autres. Quand il y a du danger quelque part, on songe toujours à ceux qui furent de tous les coups durs et se font gloire d'en être sortis avec honneur. A nouveau rattaché à la glorieuse 1ère D.F.L., le 8e Chasseurs, brusquement alerté, part, au matin du 31 Décembre, pour un nouveau champ de bataille, à la conquête d'une nouvelle gloire.

 

DEFENSE DE STRASBOURG

 

Le 31 Décembre est un dimanche et il neige. Les conditions habituelles sont réunies pour que le Régiment fasse mouvement. Depuis quinze jours, la température oscille entre 15 et 20 degrés au dessous de zéro, le voyage en voiture découverte s'annonce charmant sur une route brillante de verglas est ce que l'on appelle du tourisme militaire. Mais, nous en avons vu d'autres, et, malgré tout, la gaieté régnera au long de l'étape qui, par LURE, PLOMBIERES, REMIREMONT, SAINT-DIE, le col de SAALES, nous amènera, à la nuit tombée, dans un black-out total, à la recherche de nos positions, au Sud de STRASBOURG. La situation à laquelle nous allions avoir à faire face, mérite une mention spéciale et quelques explications.

Le 16 Décembre, la fameuse offensive, déclenchée par Von RUNDSTEDT dans les ARDENNES, enfonce le front allié et pénètre très profondément en BELGIQUE. La nécessité de colmater la poche qui se forme et de préparer des points forts qui tiendront et en permettront la réduction oblige le commandement suprême à prélever des unités sur des fronts calmes. C'est ainsi que la 2e D.B. du Général LECLERC est retirée du secteur qu'elle tient au Sud de STRASBOURG. Pour la remplacer, il n'y a rien. Rien d'actuellement disponible et l'on rappelle aussitôt la 1ère D.F.L. désignée fin Novembre pour l'opération ROYAN-POINTE de GRAVES et qui, depuis le 15 Décembre, a commencé à s'installer dans la région N.-E. de BORDEAUX. Donc, dans les derniers jours du mois, la Division va traverser la FRANCE à toute allure, pour venir prendre la nouvelle place qui lui est assignée. Et, en attendant on appelle le 8e Chasseurs qui, une fois de plus, lui est rattaché, monte en lignes pour relever déjà certains éléments de la 2e D.B.
Le front à tenir s'étend sur 40 kilomètres, ce qui est énorme pour une Division. Longeant le bord du RHIN de PLOBSHEIM à RHINAU, il s'infléchit ensuite presque à angle droit, traversant entre RHINAU et EBERSMUNSTER cette partie marécageuse de la plaine et coupant perpendiculairement le canal du RHONE au RHIN, l'ILL et toutes les lignes d'eau secondaires : nouvel angle à EBERSMUNSTER pour rejoindre SELESTAT, mais sans border l'ILL : si bien que, de cette dernière ville à RHINAU, il ne se trouve aucun point d'appui naturel à quoi s'accrocher. En ce cas, la vraie solution tactique consisterait à établir partout la ligne de résistance sur la rive gauche de l'ILL, ce qui raccourcirait le front et permettrait de tenir solidement une ligne naturelle du terrain, mais ceci obligerait, en cas d'attaque ennemie, à abandonner, sans combat, des villages alsaciens libérés qui ont tout à craindre des représailles ennemies. L'ordre est donc formel tout faire pour conserver la totalité du territoire libéré.

Le 1er Janvier, le Général commandant la 1ère D.F.L. fixe la répartition de ses forces qui donne au 8e R.C.A. la place suivante. Le Colonel SIMON est désigné pour commander le sous-secteur centre, il dispose du 8e moins deux Escadrons de T.D., du 2e Cuir., du 3e Bataillon de Légion et d'une Compagnie Nord-Africaine. Sa mission est de tenir sans esprit de recul les villages de KOGENHEIM, SEMERSHEIM, HUTTENHEIM avec des éléments de surveillance à la lisière Sud du bois de SEMERSHEIM. Le 2e Escadron est mis à la disposition du Colonel GARDET, commandant le sous-secteur Sud qui va de EBERSMUNSTER à SELESTAT, le 4e Escadron rentre dans la composition de la réserve blindée de la Division aux ordres du Commandant de GASTINES qui dispose en outre de 2 Escadrons du 1er R.F.M. à NIEDERNAI.

Le 3 Janvier, la mise en place est terminée. Le Colonel SIMON a établi son P. C. au bord de l'ILL à HUTTENHEIM. Le 1er Escadron est à HUTTENHEIM avec 1 peloton de T.D. du 3e Escadron

Le 2e Escadron s'installe autour de EBERSHEIM et DAMBACH, le 3e à KOGENHEIM et le 4e à NIEDERNAI.

Mais, après l'arrêt de l'offensive des ARDENNES qui, néanmoins, a absorbé toutes les disponibilités alliées, voici que les Allemands attaquent en LORRAINE. Il n'y a plus de réserves à leur opposer, aussi les Américains décident-ils de raccourcir leur front en repliant en trois échelons la droite de la 7e Armée jusqu'au pied des VOSGES. Cette manœuvre équivaut à l'abandon de STRASBOURG et de tout le Nord de l'ALSACE. STRASBOURG doit être évacué le 4 Janvier. Mais le Général de GAULLE intervient alors vigoureusement pour sauver la capitale de l'ALSACE. Au cours d'une réunion tragique au G.Q.G. allié, en présence de Monsieur CHURCHILL, venu spécialement de LONDRES, après un entretien téléphonique avec Monsieur ROOSEVELT, il obtient du Général EISENHOWER d'arrêter le repli américain, déjà commencé, à hauteur d'HAGUENAU. Mais en contrepartie, l'Armée française devra prendre immédiatement à son compte tout le secteur de STRASBOURG. Or, toutes les unités françaises sont déjà engagées. Pour s'étendre sur trente kilomètres de front supplémentaires, il faudra donc retirer une Division en lignes et demander aux autres de s'étirer davantage pour combler le vide ainsi créé. La 3e D.I.A. qui combat sur les sommets vosgiens est donc transportée sur STRASBOURG, la 3e Division U.S. appuiera vers l'Ouest et la 1ère D.F.L. s'étendra sur la partie Est du secteur actuel de cette dernière.

C'est sur plus de 50 kilomètres que s'étend maintenant la 1ère D.F.L. Cette modification n'atteint pas le dispositif du 8e R.C.A., mais les dernières réserves d'Infanterie ont disparu dans cette extension. Il n'y a plus qu'un Escadron de T.D. et 2 Escadrons du 1er R.F.M. comme ultime ressource en cas de nécessité. Or, tout fait prévoir un mouvement offensif de l'ennemi. Les 4, 5 et 6 Janvier, tandis que fiévreusement, sur notre rive de l'ILL, nous organisons des points d'appui, les Allemands multiplient les tirs de harcèlement sur KOGENHEIM et SEMERSHEIM, et tentent de forts coups de main. Heureusement, nous ignorons l'importance de ce qui se prépare en face de nous, il vaut mieux ne mesurer qu'après coup l'étendue du danger couru. Mais quelques mots en feront voir la gravité. Le repli américain dans l'ALSACE du Nord a permis aux Allemands de se rapprocher de STRASBOURG. D'autre part, le saillant français, englobant la ville, se termine le long du RHIN, à 30 kilomètres au Sud. Une attaque en tenaille avec des moyens puissants, contre une ligne française désespérément mince paraît avoir toutes les chances de réussir.

Elle est décidée le 5 Janvier. L'ennemi dispose de troupes fraîches, de plusieurs Divisions d'élite comprenant des S.S., d'une brigade de chars équipée en Tiger et Jagdpanther, en tout une centaine de blindés lourds. Il y a, en face, une Division d'Infanterie et les trente-six T.D. du 8e Chasseurs. On comprend alors facilement l'ordre du jour que le Général allemand, commandant le secteur, adresse à ses troupes avant l'attaque : "Je compte sur vous pour pouvoir annoncer dans quelques jours à notre Führer que le drapeau à croix gammée flotte à nouveau sur la cathédrale de STRASBOURG".

L'attaque attendue débouche le dimanche 7 Janvier à 6h45. Une forte préparation d'artillerie s'abat sur les avant-postes et sur la ligne de résistance et deux colonnes ennemies foncent sur les Français. Une massive colonne blindée, suivie d'Infanterie portée, se lance en direction HERBSHEIM-ROSSFELD. En peu de temps, les postes éloignés les uns des autres, sont submergés par les infiltrations allemandes : mais chacun, encerclé, résiste avec acharnement, tandis que notre artillerie, entrée en action déverse des tonnes d'obus sur l'adversaire. Le 1er Escadron garde les barrages sur l'ILL à la sortie Sud de HUTTENHEIM, et, à 12 heures, il doit détacher le peloton GERBAULT, accompagné d'un groupe de T.D., pour essayer de dégager un poste du 2e Cuir, encerclé dans la forêt de SEMERSHEIM. Le peloton rééditant en voitures, les charges des anciens cavaliers, se jette sur l'ennemi qui plie sous le choc et s'enfuit laissant de nombreux cadavres sur le terrain et des prisonniers entre nos mains. C'est là que l'on put voir le chasseur DUFOUR, seul à bord de son scout-car conduire d'une main et servir sa mitrailleuse lourde de l'autre. A 13h30, le poste est dégagé et l'Infanterie voisine qui avait dû se replier, reprend ses positions, mais à 17 heures, la poussée allemande, très forte sur la gauche, ne permet pas de passer la nuit en pointe. Le peloton du 8e un peloton du 2e Cuir, et une section d'infanterie du B.M. 11 se replient de 800 mètres et s'installent en point d'appui cerclé : la nuit, par ce froid, sera rude pour les hommes sans abris.

Pendant ce temps, dès 9 heures du matin, le peloton DUPRAT du 3e Escadron est envoyé sur HERBSHEIM pour renforcer la garnison et il y détruit deux chars ennemis : le contact est étroit puisque les Allemands ont réussi à un moment à s'emparer des premières maisons du village d'où ils sont difficilement chassés.

Le peloton TRUCHET du 3e Escadron est envoyé, lui, à KOGENHEIM et un groupe du peloton LA ROCHE à ROSSFELD. Il faudrait être partout à la fois et parer à tous les coups en trop d'endroits différents. La situation est grave : A 13 heures, les premiers chars ennemis sont à KRAFT devant le canal de décharge de l'ILL, dernier obstacle avant STRASBOURG distant de 15 kilomètres : mais les ponts sautent et les chars sont cloués sur place au canon.

Dès 10 heures du matin, le 4e Escadron, dernière réserve, a été alerté et a rejoint BENFELD. Un de ses pelotons, avec des éléments du 1er R.F.M., tente de donner la main à la garnison d'OBENHEIM en difficulté. Il parvient jusqu'à la rivière ZEMBS, mais est contraint de se replier sur SAND à la nuit, après avoir détruit 2 chars Panther. Un autre de ses groupes et des chars légers du 1er R.F.M. sont envoyés à 16 heures sur HERBSHEIM complètement encerclé. Ils y parviennent à 17 heures, mais le Capitaine LACASSIN, nouvellement promu, qui commande le 4e Escadron, est mortellement blessé par un éclat d'obus dans HERBSHEIM.

En fin de journée le 8e R.C.A., toutes ses missions remplies tient partout ses positions qui lui ont été assignées et les coups de boutoir qu'il a portés à l'ennemi ont efficacement aidé la Division à maintenir intacte la ligne de l'ILL. Le peloton LA ROCHE se trouve lui, partie dans HERBSHEIM, partie dans ROSSFELD et se situation est précaire car l'ennemi circule entre ces villages et l'ILL, mais la consigne est maintenue, il faut résister sur place partout où l'on est, sans esprit de recul et contre-attaquer pour reprendre le terrain perdu. Seule cette dernière partie de l'ordre est inexécutable, faute de moyens disponibles.

Dans la matinée du 8, la pression allemande s'accentue et le bois de SEMERSHEIM est occupé. Les T.D. du peloton DUPRAT assurent la défense antichars de l'ILL, vers BENFELD, puis sur SAND un moment menacé et reviennent à HUTTENHEIM pour la nuit. Le 4e Escadron appuie les opérations sur les axes BENFELD-ROSSFELD et BENFELD-HERBSHElM, ces opérations soulagent les garnisons de ces deux points d'appui qui ne sont pas attaqués dans l'après-midi. En même temps, le peloton GERBAULT du 1er Escadron vient s'établir au carrefour de ROSSFELD avec ordre de le tenir coûte que coûte puisque c'est le seul passage qui permette de rester en liaison avec les éléments tenant le village. Et, cependant, à HUTTENHEIM, le peloton de pionniers travaille sans arrêt à poser des mines, sous un déluge d'obus qui lui cause des pertes.

Dans la nuit, l'ennemi lance contre ROSSFELD une première attaque qui est repoussée, mais une deuxième l'amène, vers 4h30, aux lisières du village et dans le cimetière. A 5h30 une dizaine d'hommes du B.I.M.P. avec un T.D. du 3e Escadron réussissent, dans une folle ruée, à l'en déloger. Il fait si froid que les mitrailleuses à eau gèlent sur place. Dans la matinée, la route est coupée entre le peloton GERBAULT et ROSSFELD : aussitôt un groupement de chars légers du 1er R.F.M., accompagné du peloton de T.D. DUPRAT et du peloton GERBAULT, contre-attaque pour dégager le village. Le bois de BENFELD est nettoyé. 60 prisonniers ramassés et 2 chars détruits. A 15h30, la liaison est faite à ROSSFELD même, avec les T.D. du Sous-Lieutenant de LA ROCHE qui soutiennent au plus près l'Infanterie, enfermés avec elle dans le village. Vers 17 heures, le peloton AZEMAR vient relever le peloton GERBAULT épuisé. A la sortie du pont de BENFELD, seul encore utilisable, il est pris à partie par des automoteurs qui lui détruisent une jeep.

D'autre part, la liaison est prise vers 16 heures entre le 1er R.F.M. et la garnison encerclée de HERBSHEIM où le groupe de T.D. du Maréchal des Logis DUQUESNE a détruit 2 chars et fait des prisonniers. Les T.D. du 4e Escadron appuient, eux, l'infanterie et les chars du C.C. 5 sur l'axe SAND-OBENHEIM, en vue de réaliser la liaison avec le B.M. 24, enfermé dans le village et qui manque de vivres et de munitions. Ce groupement parvient jusqu'à la ZEMBS dans l'après-midi, mais il est obligé de se replier sur la rive Ouest de l'ILL, devant une puissante contre-attaque allemande qui, soutenue par 20 chars lourds, menace le pont de SAND. Les T.D. détruisent 1 Ferdinand et 1 canon antichar, mais nos pertes sont lourdes.

La nuit, glaciale, n'amène pas le calme : l'artillerie continue son vacarme : dans la neige, les blessés allemands hurlent, des infiltrations se tentent : il faut sans cesse être aux aguets pour ne pas se laisser surprendre. Et, sur les routes, les hommes, les femmes, les enfants s'en vont dans la nuit, sous la neige, fuyant les bombardements, fuyant surtout l'Allemand qui semble vouloir revenir. Ils ne savent pas bien sûr que nous avons ordre de nous faire tuer tous jusqu'au dernier, que nous avons ordre d'empêcher le passage de l'ILL et que nous entendons bien exécuter l'ordre.

La matinée du 10 est relativement calme devant le Régiment. L'ennemi veut en finir ce jour-là avec le B.M. 24 encerclé depuis 4 jours dans OBENHEIM sans vivres et sans munitions : l'aviation française, malgré un brouillard épais, exécute un parachutage, mais il est trop tard dans la soirée le B.M. 24 aura été anéanti, fidèle à l'ordre de tenir jusqu'au dernier homme les emplacements confiés. Tous les efforts ont été tentés pour éviter ce désastre, mais en vain. Du moins le sacrifice du B.M. 24 va-t-il permettre l'opération audacieuse qui consiste à relever par le 1er Bataillon de Légion le B.I.M.P. qui tient depuis 4 jours dans HERBSHEIM et ROSSFELD avec le peloton LA ROCHE. Le départ a lieu à 16 heures. Le Bataillon relevant est protégé par un Bataillon de Parachutistes prêté par le 2e C.A., des éléments du 1er R.F.M. et tous les T.D. disponibles des 3e et 4e Escadrons du 8e R.C.A. Fonçant à travers le bois de BENFELD infesté d'Allemands que les parachutistes nettoient derrière eux, les éléments blindés atteignent, à 17h45 HERBSHEIM où DUQUESNE vient de détruire un Ferdinand, et, à 18 heures, ROSSFELD. La relève d'Infanterie se fait et le peloton LA ROCHE peut rentrer à BENFELD, mais il a fallu laisser sur place un T.D. en panne de batterie. Les éléments portés du 4e Escadron qui participent à l'opération font 28 prisonniers et tuent plusieurs ennemis dans les bois de BENFELD pendant que les T.D. détruisent un Panther et un canon antichar. Le peloton AZEMAR s'est lui aussi, replié sur ordre sur la rive Ouest de l'ILL et vient renforcer le point d'appui de HUTTENHEIM.

Après cette journée mouvementée, la matinée du 11 est beaucoup plus calme, l'ennemi se ressent très certainement des pertes sévères qui lui ont été infligées sans qu'il puisse obtenir un résultat appréciable. Mais vers 14h30, l'Infanterie ennemie, qui s'est infiltrée dans les bois de SEMERSHEIM et de BENFELD. attaque HERBSHEIM et ROSSFELD. Tandis que les chars allemands s'avancent vers les ponts de BENFELD. Il se produit alors un très violent engagement avec les T.D. et le peloton porté du 4e Escadron. Les blindés adverses réussissent à franchir le premier pont de l'ILL, détruisant 2 jeeps et 2 T.D. du 4e Escadron qui perd d'un coup 23 blessés, mais sont stoppés et contraints de se replier devant la résistance farouche du reste de l'Escadron qui inscrit 3 Panther à son tableau de chasse.

A partir de 19 heures, une opération est montée pour dégager le 1er Bataillon de la Légion, toujours encerclé à HERBSHEIM et ROSSFELD, et dont le maintien sur place ne s'avère plus nécessaire. Il s'agit de réaliser la liaison et de permettre le repli à l'Ouest de l'ILL. L'opération exécutée au cours de la nuit réussit sans aucun incident grave : le 3e Escadron récupère le T.D. en panne laissé à HERBSHEIM, mais il est obligé de détruire avant de l'abandonner celui qui restait à ROSSFELD. L'équipage perd un disparu, au retour, sous un tir de mortiers. C'est la première fois que le 8e R.C.A. a dû abandonner du matériel sur le terrain. Tout est terminé le 12 à 7 heures. Au cours de cette journée, plus calme que la précédente, les T.D. assurent la défense antichars de BENFELD et de HUTTENHEIM d'une part, du nouveau point d'appui de KERTZFELD d'autre part. Dans la soirée le 1er Escadron est relevé et regroupé à ZELLWILLER en réserve mobile de Division.

Le front semble se stabiliser. Pour se venger de n'avoir pu percer, les Allemands écrasent sous leurs obus la partie centrale de BENFELD, de HUTTENHEIM et arrosent tous les villages environnants L'artillerie française, qui a été encore renforcée, répond de telle façon que les batteries ennemies se taisent vers 18 heures le 13 Janvier. Elles recommencent le lendemain matin pour couvrir une attaque brusque sur HUTTENHEIM où l'ennemi réussit à s'emparer de la scierie, il en est chassé par un tir rapide et brutal de nos T.D. déclenché presque à bout portant. Les 15, 16 et 17 Janvier la situation reste inchangée : cette fois, c'est la fin, l'ennemi a perdu la partie dans ce secteur. Et, le 18 Janvier, la 1ère D.F.L. étant relevée sur la gauche, le 8e R.C.A. est envoyé se regrouper dans la région de NOTHALTEN-BLIENSCHWILLER.

Il est maintenant possible de faire le bilan de ces jours tragiques. Comment l'ennemi attaquant avec des moyens bien supérieurs à ceux de la défense n'est-il point parvenu à réaliser la percée qui devait obligatoirement lui livrer STRASBOURG ? Son échec est dû, sans doute, à la très judicieuse répartition de nos points forts, mais aussi et surtout au moral, au cran admirable, pourquoi ne pas dire ce mot, à l'héroïsme de toutes les unités engagées. Et le 8e Chasseurs y a sa belle part. Toujours sur la brèche, de jour et de nuit, dans la neige, par des températures extrêmement basses, luttant en kaki visible contre les fantômes blancs des Divisions de montagne, les destroyers gris, cibles trop faciles pour les Jagdpanther et les Tigers peints en blanc, recherchant le combat et brisant partout la ruée des blindés lourds allemands, l'Escadron de reconnaissance chargeant en jeep comme leurs aînés à cheval, tous, du Colonel au dernier secrétaire, payèrent de leur personne et risquèrent leur vie pour "qu'ils ne passent pas".

Le chiffre des pertes est éloquent du 7 au 14 Janvier, le 8e Chasseurs a perdu 3 tués dont le Capitaine LACASSIN, commandant le 4e Escadron, 5 disparus, 51 blessés. Au point de vue matériel, 5 jeeps, 1 half-track, 3 T.D. ont été détruits et une grande partie des véhicules endommagés par éclats d'obus, ou balles. Par contre, s'il est impossible de chiffrer les pertes humaines infligées aux Allemands, il est facile de compter celles qui furent causées à son matériel. Le 8e Chasseurs, en ces 7 jours, inscrivit à son palmarès 2 chars Panzer IV, 11 Panther, 2 Ferdinand, 1 Tiger, 1 Jagdpanther, 1 automoteur, 1 canon antichar. Il est inutile d'insister sur l'importance tactique d'un tel résultat et sur l'influence morale de ces destructions sur l'ennemi.

Enfin, il faut rendre hommage aux oubliés de toujours, dépanneurs et ravitailleurs qui se dépensèrent de jour et de nuit pour réparer les radiateurs crevés, les roues abîmées, les postes de radio traversés, pour rendre la vie aux moteurs défaillants, à l'atelier comme en pleine bagarre, avec en plus, sur le terrain, l'angoisse et la rage de recevoir des coups sans pouvoir rien faire pour les rendre. Et le transport des carburants, des obus, des mines, des cartouches, des grenades, du barbelé, de la nourriture, si le combattant est souvent tenté de penser que c'est une place de tout repos, il n'en est rien dans la réalité : il faut tout de même que ceux qui, par ordre, tenaient leur place en ces services, sachent la grandeur, de leur rôle obscur, ingrat mais indispensable.

Et peu à peu, le sourire revient sur les visages des habitants des villages sauvés et qui avaient eu si peur. Ils préféraient accepter la ruine de leurs biens au retour de l'esclavage. En tout cas, l'Allemand, une fois de plus, avait essuyé une de ces défaites partielles, prélude de la défaite totale mais la plus belle récompense de tous, ce fut peut-être ce mot envoyé par le Général LECLERC au Général GARBAY, commandant la 1ère D.F.L. "Bravo mon vieux". En somme, la 1ère D.F.L. aura probablement sauvé STRASBOURG après que la 2e D.B. l'a pris. J'espère que cela ne t'a pas coûté trop cher. Félicite tout le monde de ma part".

 

LA POCHE DE COLMAR

Après la dure bataille qui vient de sauver STRASBOURG, le Régiment est bien retiré du front, mais ce n'est pas pour se reposer, c'est simplement pour gagner de nouveaux emplacements de départ. Sans laisser de répit à l'adversaire, avant même que se soit apaisé le fracas de la canonnade dans le secteur de BENFELD, l'ordre d'offensive pour la prise de COLMAR et la libération de toute l'ALSACE centrale est arrivé. Cet ordre général N° 6 peut se résumer ainsi :

Le 1er C.A. vient de déclencher une offensive en direction générale de NEUF-BRISACH. Le 2e C.A. avec, au Nord, la 1ère D.F.L., au Sud, la 3e D.I.U.S. doit attaquer en direction générale de MARCKOLSHEIM, JEBSHEIM.

Mission de la 1ère D.F.L.

1) Rompre le dispositif ennemi sur l'axe GUEMAR-ILLHAEUSERN-MARCKOLSHEIM, s'emparer au plus vite du passage de l'ILL à ILLHAEUSERN et couvrir ce passage vers l'Est et le Nord.

2) Pousser en force sur MARCKOLSHEIM et s'établir solidement face au Nord, puis faciliter et couvrir l'action de la 5e D.B. sur NEUF-BRISACH.

Deux groupements sont constitués au Nord R.C.T. 2 axe SAINT-HIPPOLYTE-OHNENHEIM au Sud R.C.T. 1 axe GUEMAR-ILLHAEUSERN-ELSENHEIM. Les éléments du 8e R.C.A. sont répartis ainsi qu'il suit avec le R.C.T. 2 du Colonel GARDET : le 2e Escadron (BOUCHARD) moins un peloton, un peloton de reconnaissance du 1er et une équipe de déminage du 1er : avec le R.C.T. 1, du Colonel DELANGE, le 3e Escadron (PERIQUET), le 1er Escadron LE HAGRE) moins un peloton, le 4e Escadron (SOULE).

 

La journée du 22 Janvier est employée par les Escadrons et détachements à gagner les emplacements initiaux qui leur ont été fixés par leurs commandants de groupement respectifs.

Chacun contemple le terrain sur lequel il va falloir se battre. Jusqu'à l'horizon, il est tout blanc sous une épaisse couche de neige et le thermomètre est à moins 15. Cette plaine sur laquelle on va s'engager est sillonnée du Sud au Nord par toute une série de cours d'eau, autant de lignes de défense ou, sans aucun doute, l'ennemi s'accrochera avec sa ténacité habituelle, ILL, NEUGRABEN, BENWASSER, etc.. Partout, des bois, des boqueteaux, des marécages, autant de points favorables à la défense qui devront probablement être enlevés les uns après les autres avec les difficultés que l'on devine. Une seule consolation : tous les véhicules ont été passés à la peinture blanche pour être moins visibles : sur l'étendue neigeuse, mais les équipages n'ont pas été recomplétés et la saignée du début de Janvier a été sévère. Malgré tout, on a confiance et l'on blague, il n'y a pas de raison pour qu'on n'enlève pas le morceau cette fois encore.

Et l'attaque de la Division démarre le 23 Janvier à 7 heures. L'épaisse couche de neige où s'enfoncent les fantassins rend les mines pratiquement indétectables, mais aussi les empêche de fonctionner ce qui, malgré les souffrances du froid, sauvera nombre de vies humaines seules les routes seront vraiment dangereuses à ce point de vue.

Début d'offensive favorable sur tout son front la Division parvient assez rapidement à franchir l'ILL. Mais la nécessité de rétablir les ponts sur la rivière - seul subsiste celui d'ILLHAEUSERN - ne permet pas aux unités du 8e Chasseurs d'entrer en action Leur activité se limitera ce jour-là au déminage des axes par les pionniers du Escadron et, dans la soirée, à la défense antichars aux abords de l'ILL et du pont d'ILLHAEUSERN, cependant que le Génie rétablit les coupures.

Dans la nuit, le pont sur l'ILL est rendu praticable aux blindés et, dès 4 heures, au matin du 24, le peloton de reconnaissance CUROT, le peloton de T.D. TRUCHET, le peloton porté du 3e Escadron et un détachement du 1er B.L.E, attaquent le Moulin du RIED qui, la veille, à résisté aux assauts de l'Infanterie. Le Moulin est atteint, enlevé et occupé pour 10 heures, mais le peloton qui s'y installe est en butte à de gros bombardements.

A 12 heures, le bois d'ERLEN - 1 km Est d'ILLHAEUSERN - est attaqué par l'Infanterie et enlevé à 14h30. Mais la progression par la route d'ELSENHEIM est interdite par de grosses résistances ennemies et des chars semblant tirer des lisières Sud du bois d'ELSENHEIM. Appel au 8e Chasseurs. Vers 15 heures, une patrouille composée de 2 jeeps (M.d.L. BRECHELIERE - M.d.L. GERBAULT) du peloton de T.D. TRUCHET et du groupe de pionniers DUFRESNAY est chargé de tâter la résistance ennemie, de la reconnaître et situer, les T.D. étant là pour la détruire.

Le Maréchal des Logis BRECHELIERE, en tête, roule trop vite. Le maréchal des Logis GERBAULT, dans la deuxième, essaie de le rattraper, mais il stoppe brutalement en apercevant, à 50 mètres, un char ennemi (Hornisse) embossé à gauche de la route dans des boqueteaux assez denses. BRECHELIERE qui a continué, arrive presque aussitôt au contact avec l'Infanterie allemande. Il ouvre !e feu, mais sa mitrailleuse s'enraye rapidement. L'ennemi, espérant le faire prisonnier s'approche et commence à l'encercler. A ce moment, GERBAULT ouvre le feu à son tour, mais sa mitrailleuse, elle aussi s'enraye. Cependant, ses premières rafales ont fait hésiter les Allemands et BRECHELIERE, suivi de son conducteur, en profite pour se jeter dans la petite rivière qui, en contrebas, borde le côté droit de la route. Le conducteur de la 2e jeep, tandis que le char ennemi tourne sa tourelle et l'ajuste, bondit à son volant et recule sa voiture à la hauteur du char de l'Aspirant TRUCHET qui vient de s'embosser au tournant. Il était temps, le premier obus touche la jeep qui flambe. Il y a là aussi, le Sous-Lieutenant CUROT, venu en liaison avec la jeep de l'Aspirant TRUCHET. Pendant que ce dernier recule son T.D. de 50 mètres, GERBAULT et son conducteur, émergent de la rivière, trempés et glacés jusqu'aux os. Cependant, le Sous-Lieutenant CUROT est resté sur place, accroupi au pied d'un arbre, cherchant avec ses jumelles à repérer exactement le Hornisse qui continue à tirer sans arrêt sur la route,. Il est tué net d'un éclat à la tempe, le T.D., atteint coup sur coup de trois perforants, prend feu et flambe avec son conducteur, l'Adjudant-Chef CHAUVIN est tué à la tête de son peloton porté qui perd 10 blessés, la situation est intenable, la patrouille se retire sans pouvoir ramener les jeeps de l'Aspirant TRUCHET et du Maréchal des Logis BRECHELIERE.

Quelques instants après, le Maréchal des Logis DUFRESNAY, qui veut aller rechercher le corps du Sous-Lieutenant CUROT, est refoulé par un Capitaine d'infanterie qui lui interdit de passer. Mais, à la Légion comme dans la Cavalerie, on a pour règle de ne jamais laisser la dépouille d'un camarade à l'ennemi aussi, un peu plus lard, un Capitaine de la Légion et un de ses hommes accompagnant le Brigadier HUSTACHE s'en vont pour remplir ce devoir impérieux, Ils sont obligés de progresser dans la rivière avec de l'eau jusqu'au cou par un froid de moins 20, mais, au prix d'efforts surhumains, ils ramènent le cadavre au Moulin du RIED.

Pendant ce temps, sur l'axe Nord confié au R.C.T. 2, un peloton de T.D., en soutien d'Infanterie, traverse l'ILL à 15 heures et parvient aux lisières Est du bois, appuyé par le peloton porté. A 16 heures, un groupe de ce peloton part avec l'Infanterie qui attaque les résistances ennemies accrochées en abris sous rondins dans les bois de la maison forestière GEMEINMARCK. Le bois est occupé et nettoyé pour 19 heures 35 prisonniers dont 1 Chef de Bataillon ont été capturés ainsi que 2 mortiers de 81, tandis que les T.D. détruisent deux blockhaus.

Le lendemain 25, si la mission de la Division reste inchangée, par contre tous les moyens, y compris le Combat-Command de la 2e D. B., doivent être concentrés sur l'axe ILLHAEUSERN-ELSENHEIM. Mais la résistance allemande est si farouche que l'infanterie ne peut progresser dans les bois d'ELSENHEIM et son artillerie si active que le C.C. de la 2e D.B. ne peut déboucher. De même, une action montée sur la cote 177 avec coopération du 3e Escadron est arrêtée : sur tout le front, c'est l'échec et les pertes de la Division pour la seule journée s'élèvent à près de 10% de l'effectif engagé. La situation ne peut pas s'éterniser, les unités sont squelettiques, le nombre de pieds gelés augmente dans des proportions effrayantes : si l'on n'obtient pas promptement une décision, on risque de courir à un échec total et fort sanglant. Aussi est-il décidé de faire accomplir le lendemain par le C.C. de la 2e D. B. (renforcé d'un peloton de T.D. du 8e R.C.A.) un vaste mouvement enveloppant passant par le secteur de la 3e D. I. U. S. Ce mouvement a pour but de tourner les résistances des bois d'ELSENHEIM, en liant ce débordement à une attaque frontale du R.C.T.I.

Cette attaque démarre le 26 au matin mais l'Infanterie qu'appuie le peloton TRUCHET ne peut forcer les résistances du bois d'ELSENHEIM. Combattant sur l'axe, nos T.D. échangent des coups de canon avec un "Rhinocéros" : un de nos destroyers, atteint brûle avec 3 hommes de l'équipage, mais presque aussitôt le char allemand flambe à son tour. L'arrêt imposé sur le front du R.C.T.I ne permet pas de prendre la liaison avec le groupement de la 2e D.B. qui a atteint à midi le carrefour 177, appuyé par les T.D. de LA ROCHE. Ceux-ci détruisent un char allemand à 2 km à l'Ouest de GRUSSENHEIM, mais l'un des nôtres brûle avec 2 membres de l'équipage dont le Chef de char.

L'effort continue sans se ralentir dans la journée du 27, mais, en raison des pertes élevées et la fatigue des Escadrons du 8e R.C.A, une nouvelle répartition est faite. Les 3e et 1er Escadrons moins le peloton MALAVOY sont renvoyés en réserve à BERGHEIM : les pelotons des 2e et 4e Escadrons reprennent à leur compte les missions des Escadrons relevés. Mais c'est le lendemain que la violence du combat semble atteindre son maximum, c'est aussi ce jour-là que, sans aucun doute, a été obtenu la décision qui n'aura son plein effet que le 1er Février. La Légion ne pouvant enlever GRUSSENHEIM de front, soumise à une contre-attaque sérieuse sur les bords de la BLIND et pilonnée par l'artillerie, on alerte le 3e Escadron, passé la veille en réserve. Il s'agit pour lui d'aller s'installer au carrefour 177 pour se tenir prêt à appuyer le sous-groupement PUTZ de la 2e D. B. dans son mouvement vers le Moulin de JEBSHEIM.

Vers 13h30, le Capitaine PERIQUET, qui prend liaison au carrefour (1 500 mêtres au Sud du bois d'ELSENHEIM) avec le Colonel PUTZ, est tué par un éclat d'obus ainsi que ce dernier et son Chef d'Etat-Major. Aucun des trois n'avait voulu se coucher. Ainsi disparaissait une figure devenue célèbre au Régiment et un officier légendaire à la 2e D.B. Mais ce jour-là GRUSSENHEIM est enlevé, il faudrait dire arraché à l'ennemi, maison par maison et le bois d'ELSENHEIM complètement nettoyé par le peloton MICHELET.

Cependant, malgré l'acharnement de sa résistance, l'ennemi donne des signes de fatigue et même d'épuisement. Il faut donc poursuivre l'effort avec toute l'intensité possible et tenir, malgré tout plus longtemps que l'adversaire. Pour le 8e Chasseurs la mission, ce jour-là consistera à tenir les positions conquises à tout prix, tout en gardant une attitude offensive en direction du bois d'OHNENHEIM, où l'Infanterie n'a pu pénétrer, et face à ELSENHEIM. Dans la soirée, le 3e Escadron, qui a perdu la veille son Capitaine, passe définitivement en réserve.

 

Le 30, le peloton MICHELET du 2e Escadron, participe au nettoyage du bois d'OHNENHEIM où il rencontre de grosses difficultés ; il ne parvient pas à déboucher sur la lisière Nord. Dans la soirée, le Général commandant la 1ère D.F.L. demande au Colonel SIMON de porter tout ce qu'il a disponible sur le front d'attaque du R.C.T. 1. La mise en place est terminée pour le matin du 31 Janvier. Pendant qu'au Nord, un peloton achève le nettoyage du bois d'OHNENHEIM et s'installe, le soir, en point d'appui, à la lisière Est. Tout ce qui reste du 2e Escadron, partant du Moulin d'ELSENHEIM, participe à l'attaque et au nettoyage des sorties Est du bois de WUSMATTEN, puis assure pour la nuit la défense du village d'ELSENHEIM occupé par l'Infanterie. C'est ce jour-là, à 15 heures, que, pour la première fois, les T.D. du 8e R.C.A. atteignirent le territoire allemand en tirant sur le viilage de SALZBACH.

Au cours de la nuit suivante, le peloton de T.D. AYOUN participe à l'attaque du pont de MARCKOLSHEIM avec des éléments du 1er R.F.M. et s'en empare intact. Il détruit ensuite plusieurs nids de mitrailleuses dans la partie Sud du village où la bataille fait rage. Dans la matinée, toujours avec le 1er R.F.M., il pousse sur ARTZENHEIM où il engage le combat avec les chars ennemis et a un T.D. déchenillé par un coup direct. Néanmoins le village est enlevé. Rayonnant autour de MARCKOLSHEIM, le 2e Escadron est de toutes les affaires de la journée ; le peloton MICHELET avec le peloton porté BORNE occupe la ferme HULLE, puis patrouille dans le bois de la HARDT jusqu'à l'écluse N° 64, faisant 70 prisonniers. D'autres T.D. reconnaissent la zone entre le canal du RHONE au RHIN et le fleuve jusqu'aux abords du pont sauté de SALZBACH. En fin de journée, la Division a atteint tous ses objectifs, elle borde le RHIN sur tout le front de son secteur ; le 2e Escadron se regroupe à MARCKOLSHEIM, le 4e s'établit à GRUSSENHEIM où il a été envoyé pour parer à toute menace pouvant venir de la HARDT.

Il reste au 8e R.C.A. 18 T.D. disponibles sur 36.

 

Le 2 Février, stationnement sur place. La 1ère D.F.L. monte la garde au RHIN entre RHINAU et ARTZENHEIM. Les Allemands n'ont pas renoncé à toute activité et lancent patrouilles et coups de main à travers le fleuve. Le 8e Chasseurs est en réserve de Division avec un Escadron de T.D. dans chacun des deux sous-secteurs de Brigade. De nouveaux emplacements lui sont assignés qu'il doit occuper pour le 5 Février. P.C. : ITTENWILLER et EICHLOFFEN, 1er : ANDLAU, 2e : MUSSIG, 3e : STOTZHEIM 4e : WESTHOUSE, E.H.R. : SAINT-PIERRE.

Pour le Régiment, pratiquement la campagne de FRANCE est terminée. Il l'a menée avec son entrain habituel et, parti des rives du golfe de SAINT-TROPEZ le 16 Août, il atteint le RHIN dans Je dernier secteur Alsacien tenu par l'ennemi le 1er Février. Il a galonné sa route de hauts faits et de victoires, le GOLF-HOTEL, le fort SAINTE-MARGUERITE, GIROMAGNY, SEWEN, MASEVAUX, THANN, HUTTENHEIM et tant d'autres. Il a aussi semé le long chemin parcouru des tombes de ses morts, il a rougi du sang de ses blessés tous les lieux où il s'est illustré.

 

Le 9 Février, l'ordre du jour suivant du Général de LATTRE témoigne de la victoire : "Au vingt-et-unième jour d'une âpre bataille au cours de laquelle les troupes américaines et françaises ont rivalisé d'ardeur, de ténacité et de sens manœuvrier, l'ennemi a été chassé de la plaine d ALSACE et a dû repasser le RHIN. Les forces alliées de la première Armée Française bordent le fleuve sur toute l'étendue de leur secteur. Elles ont tenu la parole de TURENNE : "II ne doit pas y avoir d'hommes de guerre en repos en FRANCE tant qu'il restera un Allemand en deçà du RHIN".

Pendant le reste du mois de Février et tout le mois de Mars, ce va être la vie de cantonnement dans les villages accueillants blottis au pied des VOSGES, perdus dans leurs vignobles. Il y aura des prises d'armes : à SAINTE-ODILE, en présence du Général de MONTSABERT, à COLMAR en présence du Général de GAULLE ; on déménagera même, pour ne pas perdre l'habitude du changement ; ce sera l'occasion de faire de nouvelles connaissances, de troubler de jeunes cœurs, de comparer les crus différents. Les plans de l'Etat-Major modifieront également le rattachement du Régiment. La 1ère D.F.L., retirée du 2e C.A., est envoyée sur le front des ALPES et le 8e R.C.A. passe en réserve d'Armée. C'est avec peine et regret que nous quitterons la grande Unité avec laquelle tant de fois nous avons fait de si bon travail ; il y avait entre elle et nous tant de points de contact, tant de souvenirs communs, tant de liens tissés par les souffrances supportées ensemble, les hauts faits accomplis en étroite coopération, la similitude de l'esprit, de l'entrain, de vaillance, de l'esprit de revanche, de la haine du Boche, de l'amour simple et profond de la terre natale. Nous passerons administrativement à la 2ème D.I.M., puis sous les ordres de l'artillerie de la 1ère D.B., puis sous les ordres de l'artillerie divisionnaire de la 14e D.I.

Mais, faut-il le dire, tout ceci n'intéresse que fort peu les hommes du 8e Chasseurs. Bien sûr, la vie est agréable, les filles jolies, le vin coquin, mais là-bas, à l'Est, la ligne bleue de la FORET-NOIRE semble nous narguer. Border le RHIN, savoir que, le sol Français ne porte plus un ennemi qui ne soit mort ou prisonnier, c'est beau, mais ce n'est pas suffisant. Tous ont visé plus loin, une seule ambition vraiment ancrée au cœur : prendre pied chez l'ennemi, fouler son sol, entrer en vainqueurs dans ses villes et ses villages. A quoi bon être venus de si loin, avoir couru tant de dangers, surmonté tant de difficultés et d'épreuves, avoir refoulé devant soi l'ennemi des ABRUZZES aux coteaux Florentins, de la CÔTE d'AZUR au RHIN, si c'est pour s'arrêter inactifs au moment de toucher au terme de l'immense chevauchée ? Monter à SAINTE-ODILE, au HAUT-KŒNIGSBOURG, pour mieux contempler, dans la pure lumière des après-midi de Mars, cette nouvelle terre promise qui semble refusée à nos armes, ce n'est pas une consolation, mais l'exaspération d'un désir ; voir de là-haut, "au-delà de la ligne scintillante du RHIN, s'écrouler les villages allemands sous le pilonnage de notre artillerie, c'est se dire qu'il y a représailles pour les obus tombés sur COLMAR ou sur STRASBOURG, c'est se persuader plus intensément qu'il n'y aura pas de repos pour la terre d'ALSACE libérée, tant que nous ne serons pas là-bas, au cœur des montagnes, des vallées et des plaines du pays de BADE, du WURTEMBERG, de toute cette ALLEMAGNE que nous scrutons de nos jumelles.

Inactifs, ai-je dit, pas complètement tout de même. A deux reprises, des destroyers du 8e R.C.A iront prendre position près de RHINAU, sur la digue même du RHIN, pour effectuer par surprise des tirs à vue directe sur les casemates de la rive droite, sur les bateaux de transport embossés le long du rivage, avec lesquels de temps à autre, l'ennemi poussait des reconnaissances offensives sur nos postes d'infanterie. Le résultat se chiffra par onze casemates détruites, trois coupoles blindées arrachées, cinq grands bateaux coulés, un observatoire démoli, un certain nombre d'ouvrages endommagés. Mais ce ne sont là que des hors-d'œuvre et nous voudrions être lancés à la curée.

Les jours qui passent ne font qu'accroître notre impatience ; celle-ci devient d'autant plus vive qu'elle se double d'une certaine jalousie vis-à-vis des unités plus favorisées qui combattent déjà sur le territoire ennemi. En effet, lorsque, le 18 Mars, l'aile gauche de la 1ère Armée Française achève, en liaison avec les Américains, de libérer la dernière parcelle de terre Alsacienne encore aux mains du Boche il avait été entendu que la frontière franco-allemande de LAUTERBOURG devait marquer le terme de son avance. Les premiers ordres du Commandement Suprême lui prescrivaient d'attendre, en deçà de cette limite, que l'effet des offensives alliées, plus au Nord, lui permette d'entrer à son tour en ALLEMAGNE.

Mais nos chefs n'admettent pas que, leurs troupes assistent passivement et en spectatrices à l'envahissement des territoires d'Outre-Rhin. Pour l'honneur de l'Armée et le prestige de la FRANCE, il convient qu'elles franchissent le RHIN à peu près en même temps que leurs alliés voisins. Pour cela il faut une base de départ convenable inexistante en ALSACE. Derrière le RHIN alsacien, en effet, se trouvent les puissantes organisations défensives qui s'appuient sur le massif tout proche de la FORET-NOIRE ; c'est un obstacle qu'il serait fou de vouloir aborder et renverser de front. A la suite de démarches pressantes, le Général de LATTRE obtient l'autorisation de faire pénétrer ses troupes dans le PALATINAT et, dès la fin Mars, les Unités Françaises, s'infiltrant dans la ligne SIEGFRIED, la percent aux environs de KANDEL en direction de LANDAU.

Comment ne pas envier les camarades qui, les premiers d'entre nous, pénètrent en terre allemande ? D'autant plus que de grandes unités, comme la 5e D.B. et la 2e D.I.M., sont poussées au Nord de STRASBOURG comme si elle allaient être engagées dans la bataille que livre le 2e C.A. dans le PALATINAT, alors que le 8e Chasseurs reste en place. Et ce n'est pas tout ; l'accord allié a été obtenu le 27 Mars et étend la zone française jusqu'à SPIRE. Comme les Américains doivent franchir le RHIN avant la fin du mois, le temps presse. Bien que la concentration des forces ne soit pas achevée, bien que les moyens de franchissement soient fort réduits puisque une partie des équipages de pont de nos Divisions blindées a été prêtée aux alliés, le Général de LATTRE, sur les instructions du Général de GAULLE, décide de brusquer l'opération.

 

Le 31 Mars, à l'aube, l'attaque se déclenche ; le RHIN est franchi en face de SPIRE et en face de GERMERSHEIM. Là-bas, dans ses cantonnements, au Sud de SELESTAT, le 8e Chasseurs se croit oublié, et l'angoisse au cœur, tous se demandent ce que signifie cette mauvaise plaisanterie. Pour la première fois, le Régiment ne participe pas au départ d'une offensive, nous nous sentons injustement lésés, la sensation d'une injustice pèse sur nous, le printemps a perdu son charme, nous piétinons.

 

L'ALLEMAGNE

 

C'est un beau dimanche de Pâques. L'an dernier, en cette même fête chacun grognait, parce que, à peine descendu de lignes, il fallait y remonter dans la pluie glacée et des brumes du GARIGLIANO ; cette année, sous le soleil radieux d'un jour de printemps, dans des villages d'ALSACE en fête, la voix des cloches sonnant à toute volée ne dissipe pas l'amertume qui gonfle les cœurs. Des troupes françaises ont forcé depuis la veille le passage du RHIN ; pour un soldat de la revanche il ne peut y avoir de fête que là-bas. C'est que le RHIN n'est pas une frontière ordinaire. Depuis l'époque de CESAR c'est le symbole même de l'intégrité du pays germain ; prendre pied sur la rive droite c'est vraiment renverser le dernier rempart protégeant la puissance allemande, c'est jeter à bas le vieux dieu tutélaire de la race et du territoire. Et nos ennemis, nourri des vieilles légendes écloses dans les brumes du feu sacré, nos ennemis, dont l'enfance et la jeunesse s'enchantèrent au récit des exploits des NIEBELUNGEN du pays de SPIRE, devaient plus encore, ressentir cette impression.

Sombre dimanche de Pâques passé dans l'inaction ! Mais c'est toujours au moment où l'on désespère le plus que se réalisent les désirs les plus chers. Le lendemain 2 Avril, à 11 heures le Régiment est alerté et doit se tenir prêt à faire mouvement vers l'ALLEMAGNE. Les préparatifs de départ se font dans une joie délirante, jamais il ne fut si peu nécessaire de presser qui que ce soit, tout est terminé en un temps record ; 3 heures après l'ordre d'alerte, les premiers éléments sont en route. La dernière aventure, mais la plus belle, est commencée.

L'ordre particulier de l'Armée qui met le 8e R.C.A. à la disposition du 2e C.A. précise que ses éléments combattants doivent se trouver, ce jour-même 2 Avril avant 18 heures, rassemblés autour de BELLHEIM à l'Est de LANDAU. Dans l'après-midi, la frontière est franchie à LAUTERBOURG et dans la soirée le Régiment est regroupé dans la zone qui lui est assignée. On a tant parlé du fameux Volksturm que chacun ouvre l'œil et garde son arme à portée de sa main, mais la population se révèle fort peu dangereuse, moins sans doute que certain petit vin blanc du RHIN.

La journée du 3 se passe à mettre au point tous les derniers préparatifs de combat. Le Régiment, est rattaché à la 2e D.I.M., il doit passer le RHIN à l'aube du jour suivant. La joie règne partout. Le vin est encore bien meilleur que la veille, les saucisses petites ou grosses, les tranches de jambon et autres "delikatessen", cadeaux plus ou moins spontanés de nos hôtes, garnissent les coffres des voitures en prévision des faims futures.

A 1 heure du matin, départ. Le black-out est complet et la nuit sans lune paraît plus profonde encore Des projecteurs sillonnent le ciel là-bas, au dessus du RHIN, et, par toutes les routes qui convergent vers SPIRE, s'avancent les milliers de véhicules de la 5e D.B. Le secteur français ne possède pas encore de pont où puissent passer les blindés et nous devons emprunter le pont américain de LUDWIGSHAFEN-MANNHEIM. Dans un ordre impeccable, la progression s'effectue de façon à amener chaque fraction au pont à une heure bien déterminée. A 4 heures, nous pénétrons dans ce qui fut la ville industrielle de LUDWIGSHAFEN ; paysage chaotique de ferraille tordue, de pans de murs écroulés, d'arbres déchiquetés, paysage lunaire fourmillant d'énormes cratères ; et voici le RHIN, le libre RHIN allemand chanté par BECKER et proclamé inviolable, et tandis que doucement le pont de bateaux s'enfonce sous le poids de nos lourds engins, le clapotis du fleuve rythme en ma mémoire les vers de MUSSET :

" Nous l'avons eu votre RHIN allemand

Son sein porte, une plaie ouverte...

Nous l'avons eu votre RHIN allemand

Si vous oubliez votre histoire

Vos jeunes filles, sûrement,

Ont mieux gardé notre mémoire ;

Elles nous ont versé votre petit vin blanc... "

 

" Ils ne l'auront pas, avaient-ils dit, le libre RHIN allemand, jusqu'à ce que les ossements du dernier homme soient ensevelis dans ses vagues... " Les fils ont retrouvé le chemin suivi par leurs pères. CONDE de son cheval avait déjà déchiré la robe verte du fleuve ; aujourd'hui, nos moteurs grondants nous ont portés jusqu'à cette rive droite où MANNHEIM dresse vers le ciel les lamentables squelettes de ses ruines. Nobles façades ouvertes sur un pan de nuit plus claire, désert de pierres entassées où ne chante pas un oiseau, où pas même une ombre furtive ne vient rappeler la grande ville bruissante de naguère.

Le jour se lève. La vie reprend dans la campagne retrouvée. Dans les villages, les habitants regardent avec une sombre indifférence, peut-être parfois avec une lueur d'espoir, un sentiment obscur de délivrance, la masse des blindés qui débouchent de partout, qui, en longues files impressionnantes, s'allongent sur les routes plates. A 8 heures, nous entrons dans la petite ville d'HOCKENHEIM. On dirait une fourmilière qui vient d'ouvrir un coup de pied brutal. L'affolement règne en maître. Au volant de ma voiture arrêtée au milieu de la rue principale, je contemple ces femmes s'enfuyant un matelas sur la tête, une valise à la main, cette population tourbillonnant comme brassée par une tempête trop forte, ces vieillards résignés qui, après des années de victoire, voient pour la deuxième fois le vrai visage de la défaite. C'est un plaisir cruel de songer que, cinq ans plus tôt, nos villes et nos bourgs offraient le même spectacle.

Le Régiment doit séjourner 24 heures à HOCKENHEIM avant d'être engagé. Inutile de dire que l'installation est princière, les luxueuses demeures des principaux nazis sont immédiatement réquisitionnées et l'atelier régimentaire s'installe dans une fabrique de cigares !... O rationnement du tabac !.. Jamais on ne vit en même temps autant de militaires français arborer de magnifiques cigares. Et ils furent d'autant plus appréciés qu'ils étaient réservés à la Wehrmacht !...

Mais le 8e R.C.A. n'est pas outre-Rhin uniquement pour fumer des cigares, ou déguster de poudreux flacons à long col ; la guerre continue et dans la journée arrive de la 2e D.I.M. l'ordre d'opérations. Le Régiment se trouve fractionné de la façon suivante : les 1er, 3e et 4e Escadrons à la disposition du C.C. 4 du Général SCHLESSER ; le 2e Escadron et le peloton de reconnaissance AZEMAR aux ordres du Général CHAPPUIS, commandant l'I.D. 2.

Le 5 Avril, dès 7 heures, cette deuxième fraction sous le commandement du Capitaine BOUCHARD, fait mouvement sur BRUCHSAL où se trouve le P.C. du Général CHAPPUIS. Celui-ci met le détachement à la disposition du Lieutenant-Colonel commandant le 5e R.T.M. Avec les tirailleurs, il participe à la prise de GONDELSHEIM vers 17 heures et à celle de DIEDELSHEIM, vers 19 heures. Dans ce dernier village, à la tombée de la nuit, le Lieutenant AYOUN se trouve à l'improviste nez à nez avec un char allemand qui, tous feux éteints, cherchait à sortir de l'agglomération. Avec son légendaire sang-froid, il arrête l'engin, persuade l'équipage d'abandonner volontairement son char et, ceci fait, le détruit à coups de T.D.

Dans la journée, le P.C. du Colonel se porte à FRIEDRICHSTAL, puis à SPOCK, enfin, à 19 heures, à OBERGROMBACH. En même temps, l'articulation du Régiment est modifiée de la façon suivante : le 3e Escadron est mis à la disposition du Colonel MIOUEL commandant le 1er R.E.C. à GRABEN, il stationne le soir à JOHLINGEN ; le 4e Escadron lui, est mis aux ordres du Colonel NAVARRE (sous-groupement de CASTRIES).
Les objectifs du sous-groupement MIQUEL sont les ponts de l'ENZ entre PFORZHEIM et MUHLACKER. Il est réparti en trois détachements : avec le détachement Nord, le peloton BORDIER, avec le détachement Centre, le peloton SOUDE, avec le détachement Sud le peloton LA ROCHE, le peloton STEIDEL et le peloton MICHON-COSTER. Ces trois détachements partent dans la nuit du 5 au 6 Avril. Au Nord, un des T.D. du peloton BORDIER est atteint et endommagé par un perforant, et le Maréchal des Logis-Chef DUQUESNE récupère un Panzerjäger 38 ; au Centre, le peloton SOUDE atteint vers le soir OETlSHElM qui est déjà occupé, et, au Sud, le peloton LA ROCHE détruit deux canons de 88 au carrefour à 2 km Est de KIESELBRONN. Ce carrefour est ensuite occupé et tenu par les pelotons STEIDEL et MICHON-COSTER.
Ce même jour à l'aube, l'Escadron BOUCHARD avec le peloton AZEMAR est parti à l'attaque sur la route de STUTTGART, en direction de MAULBRONN. Il se heurte à une résistance qui est en train de s'installer à quelques kilomètres du village. Une heure d'explication avec les T.D. du peloton MICHELET persuade l'ennemi d'abandonner la partie.
Le peloton AZEMAR repart alors en reconnaissance sur MAULBRONN. Le Maréchal des Logis MARGUET et le Brigadier-Chef HEURTEVENT sont dans les jeeps de tête. Les premières résistances, enterrées aux abords du village, ne réagissent pas et les laissent passer ; c'est seulement lorsque le peloton aborde les premières maisons qu'il est stoppé net par un feu violent d'armes automatiques se déclenchant subitement de toute part. Une mitrailleuse Bréda tractée tire à balles explosives.
Le chasseur TERLON, tireur du Brigadier-Chef HEURTEVENT, n'a pas le temps d'ouvrir le feu. Il est tué d'une balle en pleine tête. Le Maréchal des Logis MARGUET réussit à se mettre à l'abri avec sa jeep dans une maison. Le Sous-Lieutenant AZEMAR saute de son scout-car avec le Brigadier-Chef ZUBER et il tombe mortellement blessé d'une balle à la face. ZUBER, lui, atterrit dans un fossé nez à nez avec un officier allemand qu'il tient en respect aussitôt avec son arme et à qui il tient compagnie en attendant de pouvoir l'évacuer. Au même moment, le tireur du scout-car est blessé à son tour et le conducteur HARDIER reste seul valide dans son véhicule ; il bondit alors à la mitrailleuse lourde et en quelques rafales détruit la Bréda et met le feu à son tracteur.
Arrive alors le Lieutenant AYOUN qui, avec les T.D., ouvre le feu à bout portant sur le village, pendant que le peloton porté KUHNMUNCH aide à nettoyer les nids de résistance et que l'infanterie attaque par le Nord. A midi, l'opération est terminée :  7 prisonniers, dont 2 officiers sont ramenés au P.C.
A 16 heures, le peloton TRUCHET fonce sur OTISHEIM qu'il attaque par surprise, pendant que le Brigadier-Chef CHEVALIER poursuit en jeep toute une section allemande à travers champs. A 17 heures, le village est pris avec 50 prisonniers dont 1 officier. Poursuivant immédiatement sa route, il s'empare de SCHONENBERG à 18 heures. A 20 heures, le Capitaine MALAVOY avec les restes du peloton AZEMAR, les T.D. du peloton AYOUN et une section d'infanterie, attaque la position d'ERLENBACH, défendant l'entrée de MUHLACKER. A la nuit tombante, il pénètre dans le village en flammes, puis, sous une violente réaction de l'artillerie allemande, il reçoit l'ordre de laisser la défense aux soins de l'infanterie qui vient d'arriver pour aller assurer la sécurité d'OTISHEIM où il s'installe à 23 heures.

La journée du 7 Avril sera passée sur les positions, divers indices laissent prévoir une contre-attaque de chars et toutes les précautions sont prises pour la déjouer et la briser, si malgré tout elle se produit. Seul le peloton STEIDEL est envoyé en reconnaissance en direction de PFORZHEIM et il regagne l'Escadron après avoir été accroché par une très forte résistance.
Dans la nuit, le Colonel SIMON prend le commandement d'un groupement comprenant, outre le Régiment, le groupe de commandos et le sous-groupement CHAMBOST. Les ponts de l'ENZ étant coupés et fortement tenus, sa mission est de filer de flanc devant la ligne ennemie, de contourner PFORZHEIM et de foncer vers le Sud, pour donner la main à la 9e D.I.C. qui descend plus à l'Ouest. En effet, l'ennemi, de toute évidence, cherche à nous interdire le plus longtemps possible les directions essentielles de STUTTGART par le couloir naturel de PFORZHEIM, et de KEHL ; le commandement français, confiant en la valeur combattive de ses troupes, n'hésite pas alors à lancer ses Divisions en plein Sud, au cœur du massif montagneux de la Forêt-Noire, ce sera déborder les puissantes organisations de la ligne Siegfried face à STRASBOURG, et ouvrir la route vers les plaines du WURTEMBERG au Sud de STUTTGART.

Le groupement SIMON démarre au jour. Le peloton TRUCHET en tête aborde PFORZHEIM. Les Commandos se sont battus toute la nuit dans les faubourgs Ouest qu'ils occupent, mais l'ennemi tient toujours la partie Est de la ville et les hauteurs qui la dominent, ainsi que la partie Sud. Le 1er Escadron se trouve bientôt bloqué dans la ville par un détachement de la 5e D.B. qui, fortement accroché à la sortie Sud, ne peut progresser. Il en résulte rapidement un embouteillage d'autant plus dangereux que nos éléments sont soumis aux tirs à vue des automoteurs allemands embossés sur les crêtes toutes proches de la rive droite de l'ENZ. Il faut chercher un cheminement possible en dehors de la ville et à travers bois. La progression est lente... des véhicules s'enlisent et il faut l'aide des T.D. pour les sortir du sol spongieux ; l'enchevêtrement des layons ne permet pas une orientation correcte et, vers 16 heures, le Capitaine MALAVOY, avec le Sous-Lieutenant TRUCHET et le Chef ARNOULT, part en patrouille à pied. Parvenu à la lisière, il s'aperçoit qu'il a gardé la bonne direction et observe devant lui l'ennemi en train de s'installer.
Immédiatement alertés, les pelotons TRUCHET et STEIDEL débouchent, soutenus par un peloton de chars du 6e Chasseurs, et foncent à la charge, en bataille à travers champs, sur l'ennemi qui, culbuté et affolé, se replie et se rend. Total : 3 blessés légers et 30 prisonniers. La poursuite est immédiatement continuée sur ISPRINGEN, pendant que le peloton STEIN, avec le 3e Escadron, s'empare de DIETLINGEN. Les T.D. assurent immédiatement la garde du carrefour à 2 km Est du village et le P.C. du Colonel s'installe à 16 heures à ISPRINGEN. L'artillerie allemande est active et rend difficiles toutes les liaisons qui sont obligées de défiler en pleine vue sur les hauteurs N.-O. de PFORZHEIM.
Pendant ce temps, le 4e Escadron, qui a pris part à l'abordage de PFORZHEIM, se regroupe à WILFERDINGEN, quant au 2e Escadron, il fait mouvement sur MULHAUSEN. Le peloton GILLET prend position sur les crêtes Sud du village et tire un automoteur allemand. Sa mission terminée, il est surpris en lisière de bois par une patrouille munie de bazookas. Il y a 2 T.D. atteints et incendiés.
Pour clôturer la journée qui a été fort dure, le peloton TRUCHET, dans la nuit, fait un prisonnier qui, conduit au P.C. du Capitaine MALAVOY, disparaît mystérieusement. Vers une heure du matin, le Capitaine voulant se reposer, le retrouve endormi dans son lit.

Le 9 Avril le P.C. se porte d'ISPRINGEN à ELLMENDINGEN. Le groupement SIMON a pour mission de s'emparer, couvert par le C.C. 4 en direction de HERRENHALB, du nœud routier à 600 m. au Nord de NEUENBURG, pendant qu'une autre action débordera le même objectif par l'Ouest et le Sud-Ouest ; il dispose pour l'opération du groupe des Commandos de FRANCE.
A 0 heures, le peloton TRUCHET, le peloton STEIN et un peloton de chars se mettent en route sur DIETLINGEN où ils sont renforcés par une section de Génie, puis se dirigent sur NIEBELSBACH. De là, tandis que le peloton STEIN se dirige vers l'Est avec le groupement HALLO, le peloton TRUCHET et le peloton de chars s'en vont en reconnaissance sur ARNBACH. Quelques tireurs isolés prennent la colonne à partie dans les bois. ARNBACH est défendu par un ennemi disséminé dans les maisons. Le peloton de chars, arrivé à la crête dominant le village, ouvre le feu sur les lisières, tandis que le peloton TRUCHET se lance en avant. Après une courte échauffourée à la mitrailleuse, mitraillette et à la grenade, le village est enlevé à 14 heures et 21 prisonniers envoyés à l'arrière.
Les Allemands se replient dans les bois ; la route de SCHWANN est coupée par des abatis. Le Capitaine MALAVOY envoie le Sous-Lieutenant TRUCHET à pied avec six hommes pour reconnaître la route. Ceux-ci débordent par la forêt et, très rapidement, sont accrochés par des armes automatiques. Un des chars les rejoint alors et, après une courte explication, l'ennemi se dérobe pendant que le Génie enlève les abatis.
Arrivent alors en renfort le peloton de T.D. SOUDE, une section portée de la Légion et un Commando pour attaquer SCHWANN. Après une reconnaissance à pied jusqu'aux lisières des bois d'où l'on peut apercevoir le village, le Capitaine monte son dispositif d'attaque, mais le Génie n'a pu terminer le déblaiement de la route, la nuit tombe et l'affaire est reportée au lendemain.
Quant au peloton STEIN, sous les ordres du Capitaine LAVAULT du 3e Escadron, il pousse sur GRAFENHAUSEN qu'il occupe. Il envoie des reconnaissances dans les bois environnants où il est arrêté par de violents tirs de mitrailleuses ; il se replie alors sur GRAFENHAUSEN où il doit se défendre contre une attaque de chars ennemis : le chasseur LENGLEZ a le bras arraché au volant de sa jeep. Ensuite, il participe à l'attaque du fameux carrefour de la Croix du Paradis à 600 mètres de NEUENBURG. Celui-ci est très fortement tenu et ne peut être enlevé. Le peloton s'installe défensivement à proximité dans une maison isolée. Un tir d'artillerie lui cause un blessé, puis, le dernier obus tombé, le téléphone privé se met à sonner. Le Brigadier-Chef ZUBER prend l'appareil, répond dans le plus pur allemand à son interlocuteur et apprend ainsi que le soi-disant propriétaire de la villa est un officier en civil, chargé de communiquer les positions ennemies. Celui-ci est arrêté sur le champ.
De leur côté, les pelotons STEIDEL, MICHON-COSTER et un peloton de T.D. du 3e Escadron, partis de ELLMENDINGEN avaient attaqué et occupé OBERHAUSEN où ils s'installent pour la nuit.
Le 4e Escadron, dans le groupement de CASTRIES, se porte dans la journée à ITTERSBACH, tandis que le 2e réduit à 3 T.D., demeure à proximité de MULHAUSEN.

Le 10 Avril, à 6h30, le peloton TRUCHET, appuyé par les pelotons de T.D. SOUDE et BORDIERS déclenche l'attaque de SCHWANN qu est occupé et nettoyé une heure plus tard puis soumis à de violents tirs d'interdiction de l'artillerie adverse. Arrive alors l'ordre de pousser sur DENNACH. La route étant fortement tenue, le peloton TRUCHET tente de déborder la résistance par une piste forestière. Le Brigadier-Chef HUSTACHE, dans la jeep de tête, tombe nez à nez au sortir d'un virage, avec un nid de résistance armé de panzerfaust. Le peloton stoppe et la fusillade devient vite générale dans les bois. Le Capitaine envoie la section portée de la Légion aux ordres du Sous-Lieutenant DARRAS, pour soutenir le peloton engagé, mais le combat est extrêmement confus, les Allemands fort nombreux s'infiltrant partout. Le Sous-Lieutenant TRUCHET, en tête, est bloqué dans un trou par des tireurs embusqués dans les arbres. On apprend par les prisonniers capturés (13 hommes et 1 officier) que tout un Bataillon tient cette partie de la forêt. Les moyens de notre côté étant nettement insuffisants pour venir à bout d'une résistance aussi étoffée, le détachement reçoit l'ordre de se replier sur SCHWANN avec l'aide du peloton de Commandos. Le mouvement s'effectue sans incidents et les pelotons regagnent le village où ils s'installent sur la défensive.
Pendant ce temps, le peloton STEIN termine le nettoyage du nœud routier au Nord de NEUENBURG, puis, passant à travers bois, rejoint SCHWANN où il vient renforcer le détachement MALAVOY ainsi qu'une section portée de mitrailleuses et un peloton d'obusiers.
A 21 heures, l'ordre est donné au Capitaine MALAVOY de pousser coûte que coûte jusqu'à DENNACH. Le détachement repart donc en pleine nuit, peloton STEIN en tête. Il est arrêté dans la forêt, qui semble avoir été abandonnée, par de nombreux abatis que le Génie commence aussitôt à déblayer sous la protection des chasseurs du Lieutenant STEIN, partis à pied au carrefour situé à la sortie des bois pour assurer la sécurité avancée. Mais à 2 heures du matin, le travail est loin d'être terminé et les sapeurs ont épuisé tous leurs pétards le Capitaine est obliger de replier son détachement sur SCHWANN. C'est là qu'en pleine nuit, le peloton STEIDEL, qui n'a pas été engagé, vient rejoindre en route, l'Aspirant est tiré par un panzerfaust qui manque de peu sa voiture.
Pendant cette même journée, le 4e Escadron s'est porté sur LANGENALB et rentre le soir à ITTERSBACH, tandis que le 2e Escadron continue à stationner à MULHAUSEN.
La farouche résistance opposée par l'ennemi en cette région ne doit étonner personne. L'ordre d'opération de la 257e Division de Grenadiers, daté du 10 Avril, prévoit de forts centres de résistance près de NEUENBURG, au Sud de SCHWANN et à l'Ouest de LANGENALB. L'intention est claire il s'agit d'empêcher à tout prix les Français d'entrer dans la montagne en direction du Sud, de barrer la route menant à la vallée de l'ENZ par NEUENBURG.
C'est pourquoi aussi, les ordres d'opération français prescrivent d'avancer par tous les moyens pour ne pas laisser à l'ennemi le temps de se réorganiser ; ce qui est en jeu c'est la dislocation de tout le 4e C.A. et la prise de flanc de la 19e Armée. Pour la journée du 11 Avril, le groupement SIMON reçoit donc mission de pousser des reconnaissances sur WALDRENNACH, WILDBAD et LANGENBRAND en s'emparant au minimum de WALDRENNACH.

A 6h30, le détachement MALAVOY se porte sur DENNACH. Après un long travail de déblaiement il atteint à 8 heures le village en flammes que l'ennemi vient d'évacuer. Il a été soutenu dans son opération par les pelotons de T.D. BORDIER et SOUDE. Puis le peloton TRUCHET part en reconnaissance sur HOFEN, mais les Commandos sont contre-attaqués à WILHELMSHOHE et, le passage étant impossible, le peloton s'installe en bouchon en soutien de ces derniers. Au soir, il est relevé par la section portée de la Légion et revient participer à la défense de DENNACH qu'il faut absolument tenir pour la nuit. Les tirs de mortiers sont fréquents et assez denses. Sur la gauche, le peloton LA ROCHE s'est emparé du carrefour 664 entre DOBEL et DENNACH y détruisant 2 canons de 75 PAK. Quant au 4e Escadron, toujours au groupement de CASTRIES, il atteint le même jour ROTENSOL. Dans ce pays de vallées et de croupes boisées, où les observatoires n'ont aucune vue, la bataille est farouche pour empêcher nos troupes de déboucher sur HERRENALB. Mais nos hommes s'infiltrant sans arrêt, attaquant, débordant, s'enfonçant hardiment entre les points d'appui ennemis, désorganisent peu à peu l'adversaire sur des chemins impossibles, les chars, les T.D. cahotent, s'enlisent, glissent, aveugles et intrépides les unités allemandes morcelées, privées de transmissions régulières, se replient, se rendent ou s'émiettent, non sans avoir cependant résisté jusqu'à la limite, protégées par une artillerie encore puissante mais qui ne peut plus suffire à sa tâche. C'est au soir de ce jour que le Général commandant la 257e Division est tué d'un éclat d'obus à proximité du carrefour que vient d'enlever le peloton LA ROCHE.

La journée du 12 n'amène aucun changement. Puisqu'il n'est pas encore possible de bousculer d'un seul coup un ennemi trop fortement accroché à ses bois, ses crêtes, ses rivières, il faut reconnaître ses points les plus faibles et faire sauter les jointures brutalement par une action en force sur les points les moins défendus ou supposés inattaquables.

L'ordre d'opération, valable pour la journée du 13, amorce cette manœuvre. Le groupement SIMON, avec la 10e Cie du 4e R.T.M.. un peloton d'A.M., doit mener, avec tous les moyens de feu disponibles, l'attaque de diversion sur l'axe NEUENBURG. LANGENBRAND, en vue de s'emparer de WALDRENNACH. Après relève par le 4e R.T.M., il regroupera tous les moyens blindés non utilisés dans l'opération précédente.
Sans donc s'attarder à forcer le passage au Sud de SCHWANN, les éléments du 8e Chasseurs se regroupent et, changeant d'axe, se dirigent sur NEUENBURG. C'est une délicieuse petite ville, blottie au creux dune étroite vallée, dans une boucle de l'ENZ ; ses collines, couvertes de sapins, lui font une sombre couronne entre les vieilles maisons à pignons, entre les jardins fleuris par un printemps exubérant, la limpide rivière chante de sa voix de cristal et les relents de gas-oil de nos blindés ne peuvent étouffer le pénétrant parfum des fleurs épanouies à profusion. C'est en ce décor pourtant que la guerre continue. Pendant que les 155 pilonnent WALDRENNACH, le peloton BORDIER prend position pour canonner les lisières du village. A 15 heures, le 1er Escadron, peloton TRUCHET en tête, s'empare du village qu'il tient avec l'infanterie, puis le groupement est arrêté à la sortie Sud par des tirs de mitrailleuses et d'automoteurs impossibles à repérer dans les sapinières épaisses. L'objectif cependant est atteint, mais l'artillerie allemande écrase WALDRENNACH dont de nombreuses maisons prennent feu, illuminant fantastiquement le paysage pendant la nuit.
Ce même jour, le 2e Escadron, toujours inutilisable à cause de ses pertes non réparées, se porte de MULHAUSEN à ISPRINGEN, tandis que le 4e Escadron, s'enfonçant dans le dispositif ennemi, atteint GERNSBACH, près de BADEN-BADEN, s'ouvrant la route qui, par la vallée de la MURG, remonte, jusqu'à FREUDENSTADT. La manœuvre de dislocation et d'encerclement est si bien amorcée que l'ennemi va faire, mais en vain, des efforts désespérés pour y parer.
Pour couronner, l'on apprend au P.C. une nouvelle citation du Régiment à l'Ordre de l'Armée pour hauts faits accomplis pendant la campagne de FRANCE la même distinction est accordée au 3e Escadron et le Colonel SIMON reçoit la rosette. Et chacun pense bien que cette deuxième palme décernée à l'Etendard ne sera pas la dernière l'ennemi s'en apercevra mieux que quiconque dans les jours qui vont suivre.

Le lendemain 14, le commandement prescrit d'accentuer la pression vers l'Est, Sud-Est. L'axe du groupement SIMON est jalonné par LANGENBRAND. SCHOMBERG, BAD-LIEENZELL, NEUHENGSTETT et CALW. Il s'agit pour lui, en se couvrant face au Nord-Est, de s'emparer de HOFEN et de rechercher un passage sur la NAGOLD afin de déborder CALW par l'Est.
L'attaque démarre à 7 heures. Le peloton TRUCHET en tête, est arrêté, après le premier carrefour à l'intérieur des bois par des abattis solidement défendus. Le peloton STEIDEL est envoyé sur sa gauche pour essayer de contourner la résistance la patrouille à pied, qu'il détache, se heurte à un ennemi fortement retranché. Sur la droite, le Maréchal des Logis MULLER, parti à pied lui aussi, rencontre également l'adversaire, cependant que les  obus fusent dans les sapins, atteignant deux jeeps.
Puisque le passage s'avère impossible de face, tous nos éléments de tête, obliquant vers la droite, rejoignent l'axe ami déjà déblayé et, par HOFEN, s'engagent sur la route en lacets qui monte vers LANGENBRAND où ils font brutalement irruption à 14 heures. La lutte est chaude, l'aviation attaque et mitraille nos colonnes, le peloton BORDIER détruit deux chars, une arme antichar et un véhicule blindé dans les rues du village qui commence à brûler. Nos hommes se battent bientôt dans une véritable fournaise qui risque à chaque instant de communiquer le feu aux véhicules. Dans les écuries, les animaux blessés meuglent ou hennissent lamentablement devant l'incendie qui gagne. Les obus ennemis, s'écrasant sur les charpentes en flammes, font jaillir d'impressionnantes gerbes d'étincelles et couvrent les routes de brandons enflammés. Mais l'élan est tel que le village est dépassé et, à 18 heures, les pelotons TRUCHET et STEIDEL occupent SCHOMBERG où tout le 3e Escadron se regroupe en fin de soirée. Tout semble faire prévoir pour le lendemain matin une contre-attaque de chars, et l'on se tient sur ses gardes.
Le 2e Escadron, lui, s'est porté sur WALDRENNACH ; de là il tente de déboucher à l'Est sur ENGELSBRAND afin d'élargir la ligne de communication de NEUENBURG à SCHOMBERG, mais il est repoussé et perd un chef de peloton blessé. Le 4e Escadron a atteint en fin de journée REICHENTAL. Ainsi, ce que l'ennemi craignait et n'aurait pas cru possible se réalise cependant. Des éléments blindés lourds, s'infiltrant en pleine montagne par des sentiers inimaginables, manœuvrant par les crêtes, débordant toutes les résistances soigneusement mises en place pour barrer la vallée. Il est difficile de dire ce qu'il faut le plus admirer, de l'audace de conception du commandement, ou de l'habilité et de endurance des troupes qui réalisèrent ce tour de force.

Au matin du 15, la contre-attaque attendue ne se produit pas et le mouvement en avant reprend dès 10 heures. Il va être mené par le 1er Escadron à un rythme endiablé qui se maintiendra pendant les jours suivants. L'Escadron de reconnaissance inscrira aux fastes du 8e Chasseurs des pages ardentes et glorieuses dans la plus belle tradition de la Cavalerie.
Donc, le peloton STEIDEL part en tête ; avec le peloton TRUCHET, il s'empare d'OBERLANGENHART vers 11 heures, ramassant 14 prisonniers, puis poursuit sur ZAINEN. Là, tout l'escadron se trouve bloqué par un détachement de la Légion, arrêté par la résistance d'OBERKOLBACH qui le prend de flanc. Pendant que le peloton TRUCHET attaque par l'Ouest, le peloton STEIN, passant par les bois s'infiltre et entre dans le village par le Nord. L'ennemi, à l'effectif d'environ une compagnie, se replie et s'enfonce dans les bois au Nord-Est. Il se montrera du reste agressif puisque, vers le soir, il contre-attaquera l'infanterie amie, coupant les lignes de communication de l'Escadron qui se trouvera dangereusement en pointe. Pour l'instant nul ne s'en soucie, l'ordre est de foncer, on fonce et l'on inaugure une sorte de marche en tiroir où chaque peloton, tour à tour en tête, rivalisera d'audace, j'allais dire de témérité.
Pendant que le peloton STEIDEL tient MAISENBACH et le peloton STEIN OBERKOLBACH, le peloton TRUCHET file sur EBERSPIEL qu'il enlève à 15 heures. Aussitôt, le peloton STEIDEL rejoint et, à son tour, dévale sur OBERREICHENBACH qu'il occupe et où il s'installe en bouchon, à cheval sur la grand'route de CALMBACH à HIRSAU le peloton STEIN alors relève le peloton TRUCHET qui, dépassant le peloton STEIDEL, attaque et prend ALTBURG. Le peloton STEIN relève le peloton STEIDEL qui part occuper WELTENSCHWANN, puis s'en vient rejoindre à ALTBURG le peloton TRUCHET. Là, il est renforcé d'un peloton de chars, d'une section portée de la Légion, d'un groupe de T.D. du peloton LA ROCHE, et, dans un coup de folle audace, va tenter, avant la nuit, de mettre la main sur les ponts de la NAGOLD.
Le Brigadier-Chef FERRER qui conduit le scout-car de tête a décidé de violer tous les règlements limitant la vitesse des véhicules militaires sur route. Il descend sur la vallée à tombeau ouvert derrière lui, le peloton colle au plus prés. L'ennemi, décontenancé par cette sorte d'avalanche inattendue, fuit en désordre ; à 20h30 CALW est atteint, occupé ; les ponts sur la NAGOLD sont intacts tant la surprise a joué et le chef du Volksturm est arrêté avant qu'il ait pu prendre le commandement de ses hommes.
Ainsi le 1er Escadron du 8e Chasseurs, initialement chargé d'une mission de flanc-garde, l'a, par son impétuosité, et son habileté manœuvrière, changée en mission d'avant-garde. Au soir du 15 Avril, en pointe de l'Armée, il s'installe autour des passages de la NAGOLD qui ouvrent la route vers STUTTGART et vers ULM. L'ennemi qui s'est ressaisi devant le danger, coupe toutes ses communications avec l'arrière et stoppe à plusieurs endroits la progression de l'infanterie qui s'efforce de profiter sans retard de la voie magnifiquement ouverte. Les hommes sont harassés et la nuit qui vient couronner ce soir de victoire ne leur apportera pas le repos ; on a combattu le jour, il faut veiller la nuit pour conserver le terrain durement conquis et, dès l'aube, laissant à d'autres le soin d'occuper ce que l'on a pris, il faudra repartir de l'avant et combattre à nouveau sans autre repos que la joie de vaincre.
Pendant cette journée, le 2e Escadron est resté à WALDRENNACH. Le 4e qui commence à être très loin de la partie principale du Régiment, puisque l'on n'entend plus sa radio et que les services du ravitaillement ne trouveront pas son emplacement, s'est enfoncé de plus de 15 kilomètres en pleine FORET-NOIRE et a participé, dans le groupement de CASTRES, à la prise de BESENFELD, ce qui le porte à la latitude de STRASBOURG. La défense allemande en plaine de BADE et dans tout le massif montagneux est à la veille de s'effondrer.

Et sans repos, la folle course à la victoire continue. CALW occupé, et le passage de la NAGOLD assuré, le 8e R.C.A. a ordre de se diriger vers le Sud aussi rapidement que possible, le 1er Escadron devant flanc-garder face à l'Est le groupement de la Légion qui se dirige sur la ville de NAGOLD. Les éléments de tête démarrent à 9 heures, le 1er Avril, et arrivent à ZAVELSTEIN où un Escadron du 1er R.E.C. est arrêté devant des marécages, des coupures et des abatis. Mais personne n'entend piétiner sur place ; pas de passage, on en trouvera quand même ! Le peloton STEIDEL s'en va en reconnaissance vers le Sud-Est, se rabat sur BAD-TEINACH, ravissante petite ville d'eaux dans une délicieuse vallée étroite à souhait et d'un pittoresque délicat, et l'occupe. C'est vraiment la guerre totale, le Capitaine MALAVOY, s'arrêtant au long du ruisseau qui gazouille sous les sapins, tue une magnifique truite à la carabine. Puis le Maréchal des Logis LIGNON avec une patrouille de deux jeeps découvre en forêt un chemin qui permet d'aboutir au-delà des coupures et des abatis. On l'utilise aussitôt et le peloton TRUCHET s'en va purement et simplement occuper NEUBULACH pendant que le peloton STEIDEL en fait autant d'ALTBULACH.
Ce mouvement de rocade a fait passer le 1er Escadron devant les éléments de la Légion dont il devait protéger le flanc. Qu'à cela ne tienne ! A nous l'honneur, il faut bien quelqu'un en tête et c'est une place qui nous paraît devoir nous revenir de droit. Le 1er prend donc à son compte la mission des Légionnaires et continue sa marche en flèche en espérant que cela suivra.
Même tactique de progression en accordéon. Le peloton STEIN vient occuper NEUBULACH, d'où le peloton TRUCHET se dirige sur OBERHAUGSTETT, puis sur SCHONBRONN où il est accroché, mais après un combat rapide, l'ennemi n'insiste pas et se replie. C'est alors le peloton STEIDEL qui rejoint et qui continue sur EFFRINGEN où il est accroché à son tour. Le Maréchal des Logis LIGNON détruit une mitrailleuse, puis les jeeps s'infiltrent dans le village, protégées par le feu des armes lourdes du peloton. Le Brigadier-Chef GALBAN tue le chef du Volksturm qui combat au milieu des soldats en uniforme, le village est enlevé après un engagement rapide mais brutal.
Et la poursuite continue. Le peloton TRUCHET quitte SCHONBRONN qu'occupe le peloton STEIN et il continue sur WILDBERG. L'ennemi, pris de vitesse, n'a pas le temps de s'installer ; une courte fusillade et il se replie. Pendant que s'achève le nettoyage de la petite ville dont toute la population s'est réfugiée dans un tunnel, le peloton STEIN démarre à son tour et va reconnaître PFRONDORF qu'il occupe après avoir fait 3 prisonniers. Le peloton TRUCHET vient le rejoindre en passant par la route bordant la rivière et tout l'Escadron s'enferme dans PFRONDORF pour la nuit, accueillant avec joie un peloton de T.D. arrivé en renfort.
Le peloton SOUDE, intégré au sous-groupement BOILEAU, a participé, sur un axe parallèle vers l'Ouest à celui du 1er Escadron, à la prise de WENDEN, de ROTFELDEN, et, en fin de journée, à celle de MINDERSBACH, tant il est vrai que tous les éléments du 8e Chasseurs rivalisent entre eux de vitesse comme si chacun mettait son point d'honneur à s'installer, pour la nuit, le plus loin possible à l'intérieur du dispositif ennemi. Et tout le Régiment est en mouvement. Le P.C. suit au plus près ; à 14h30. il est déjà à NEUBULACH, le 2e Escadron s'étage entre SCHOMBERG et BAD-TEINACH, car tout de même, s'il est magnifique de progresser aussi rapidement, de lancer des pointes au plus profond des lignes ennemies, il faut cependant assurer le mieux possible les communications permettant le ravitaillement. Or, si le pays est remarquable de poésie et de pittoresque, c'est aussi un pays rêvé pour tous les guet-apens imaginables. Routes étroites, enserrées dans l'épaisseur inquiétante des bois de sapins, hameaux isolés, fermes perdues, vallées encaissées, abrupts dominant les pistes, ponts impossibles à surveiller, innombrables layons se croisant et s'entrecroisant, tout est mystère, inquiétude, surprise possible pour le ravitailleur circulant avec un camion solitaire.
Et là-bas, à l'Ouest, le 4e Escadron que, depuis 36 heures on cherche en vain à ravitailler, a encore gagné vers le Sud. Depuis deux heures du matin, il a progressé au milieu des embûches, dans des forêts dont les hommes se désespèrent de voir jamais la fin, au cœur de montagnes dont l'altitude ne fait qu'augmenter. Tous ont l'impression d'être engagés dans une aventure assez folle et ressentent une impression d'isolement assez compréhensible mais le Commandant de CASTRIES a décidé que son groupement enlèverait le morceau à une allure record et tout le monde suit avec une ardeur endiablée. Au soir du 16, l'Escadron SOULE, participe à l'attaque et à l'occupation d'IGELSBERG.

La nuit n'a apporté de repos à personne et l'ordre d'opérations pour la journée du 17 ne laisse pas présager d'heures calmes, Il s'agit en effet de pousser d'une part sur HORB et d'y atteindre le NECKAR, de pousser d'autre part sur FREUDENSTADT et de couper ainsi la route KEHL-TUBIGEN une seule consigne faire vite. A première vue, il semble parfaitement déraisonnable de vouloir faire tenir pareil programme entre l'aube et la nuit et pourtant, le soir venu, il se trouvera entièrement réalisé.
Le 1er Escadron est toujours en tête. Il détache le peloton STEIN au groupement HALLO de la Légion. Le reste de l'Escadron, soutenu par le peloton de T.D. LA ROCHE ; quitte PFRONDORF à 8 heures. Il traverse la jolie ville de NAGOLD, qui est fortement pilonnée par l'artillerie lourde ennemie, puis fonce plein Sud. Le village d'INSELHAUSEN est rapidement reconnu et occupé ce qui permet de libérer un grand nombre d'ouvriers étrangers. Le peloton STEIDEL repart sur GUNDRINGEN et l'enlève après avoir fait sauter un barrage antichars. Le peloton TRUCHET rejoint et, prenant la tête à son tour, atteint SCHIETINGEN qu'il prend y faisant des prisonniers.
Le tentation est grande de continuer sur cette route que talonnent des villages presque aussitôt pris qu'abordés, mais là, à l'Est, pointe le clocher du gros bourg d'HOCHDORF et il n'est pas possible de défiler en le laissant inexploré sur son flanc. Le Capitaine envoie alors le peloton STEIDEL avec un T.D. en soutien, reconnaître HOCHDORF. L'Aspirant envoie par radio le renseignement que le village semble fortement tenu. Le Capitaine alerte alors le peloton TRUCHET, toujours à SCHIETINGEN, et lui donne l'ordre de contourner l'objectif en passant par les pistes forestières du Nord, puis, les deux pelotons en place attaqueront en débouchant par surprise.
Il y a dans les carnets du Sous-Lieutenant TRUCHET un récit de l'affaire trop savoureux pour ne pas lui faire prendre la place de la narration officielle

Le 17Avril.
11h40. — Je termine avec mon peloton le nettoyage de SCHIETINGEN quand j'apprends du haut-parleur de mon 610 que STEIDEL vient de voir des Boches à HOCHDORF. Aussitôt le Capitaine m'alerte et je pars rejoindre le P.C. avec mon prisonnier cycliste.
11h45. — En route pour exécuter les ordres du Capitaine aller reconnaître le village par la gauche. Je prends la jeep du Maréchal des Logis MULLER avec moi et en avant, à flanc de coteau, dans un chemin étroit et accidenté dans un sous-bois sombre et antipathique. Nous arrivons à la lisière du bois, à 500 mètres des premières maisons. J'aperçois les Boches en train de terminer leurs travaux de défense. Sur ma droite, STEIDEL commence à tirailler. Nous sommes repérés. Ma radio ne marche plus et j'envoie chercher le reste du peloton.
11h50. — Je reçois l'ordre d'attaquer. En bataille, scout-car au centre, sur 600 mètres de front, nous nous engageons dans le terrain découvert. Mes véhicules avancent rapidement, bien alignés dans les champs, crachant le feu de leur sept mitrailleuses. Les hommes, comme d'habitude, hurlent de joie et trépignent dans leurs véhicules, ravis une fois de plus de cette charge digne de l'ancienne cavalerie. Tout à coup, la jeep de MULLER, à côté de moi, disparaît dans une grande flamme suivie d'une épaisse fumée. Trois explosions de grenades, MULLER vient de déchiqueter dans son trou le servant du Panzerfaust qui l'avait tiré et manqué à bout portant. Le scout-car réduit au silence une mitrailleuse à gauche et mon peloton s'engouffre entre deux maisons dans la brèche ainsi pratiquée.
12 heures. — Nous sommes dans la place !... Je laisse le scout-car comme point de ralliement et mes 5 jeeps se dispersent dans toutes les directions pour prendre à revers les résistances ennemies du pourtour du village. La ronde infernale du peloton commence, mitraillant et nettoyant les maisons à la grenade et à la mitraillette chaque jeep, toute seule, moteur à plein régime, affole un secteur de la défense.
Je pars pour essayer de faire une liaison avec STEIDEL. On me tire dessus d'une maison ! Je stoppe au coin d'un mur, deux grenades dans la cave, une rafale de mitraillette dans les issues, quelques coups de mitrailleuse dans les greniers pour y mettre le feu, et voilà cinq Allemands, les bras en l'air, qui sautent d'une fenêtre... Deux coups de pied dans le derrière pour leur donner la direction du centre d'accueil des prisonniers (le scout-car nous a vus) et en avant.
Une vache en rupture d'étable traverse la rue, un Boche caché derrière elle. Je la tue d'une rafale et le sixième S.S. rattrape déjà les autres an courant et en se déséquipant. Vive les armées disciplinées !...
Nous sortons du village pour essayer de rejoindre STEIDEL, mais nous sommes tirés par plusieurs mitrailleuses à la fois, de la scierie à droite, du cimetière à gauche, du village derrière.
Allez, CANITROT, fonce et fais des zigzags dans les champs !
40 milles en tout terrain Je tire à la mitrailleuse, mais nous allons trop vite. Mon garde du corps, HALOPE, assis sur les paquetages derrière, pousse des hurlements. Il n'a pas peur, mais il essaye simplement de ne pas se faire vider de la voiture dans les virages, tout en conservant sa mitraillette. CANITROT, tête baissée, appuie sur l'accélérateur et nous tournons en rond.
- Bon Dieu, ça siffle, mon Lieutenant
- Je m'en aperçois, mon vieux ! File tout droit, nous allons essayer de rentrer par là.
12h30.— Ouf ! Nous sommes de nouveau dans le village ! Nous avons au chaud, la jeep, un peu transpercée marche bien. Je regagne le scout-car où nos six S.S. sont devenus 30 avec leurs 60 bras au-dessus de la tête. Mes hommes ont bien travaillé...
L'effet de surprise a joué complètement et les Allemands, persuadés que nous sommes au moins 300, lachant pied de tous côtés. Je repars pour aller à la rencontre de mes voitures. Je parcours le village en tous sens il a l'aspect familier de toutes nos conquêtes. Il flambe tranquillement un peu partout, toutes les disponibilités en linge blanc sont aux fenêtres et, à chaque arrêt, la jeune fille blonde offre d'une main tremblante, mais soumise, la boisson au vainqueur...
13 heures. — Le peloton est rassemblé, la section portée de la Légion et le peloton STEIDEL nous rejoignent et commencent le nettoyage méthodique des maisons. HOCHDORF est pris. Le peloton n'a que 4 blessés et une jeep hors de combat. Il a tiré presque toutes ses munitions (25.000 de mitrailleuse, 10.000 de mitraillette et 100 grenades), capturé une dizaine d'armes automatiques, 30 S.S., et en a tué et blessé une vingtaine d'autres.
Le peloton est réduit à 14 hommes, noirs de poudre et de terre, avec des tenues déchirées, montés sur des véhiculas poussiéreux, transpercés, remplis de douilles et d'armes capturées.
Assis sur le capot de ma jeep, j'allume une cigarette, et, subitement fatigué, j'écoute la joie de mon peloton... (Extrait du journal de marche du S/Lieutenant TRUCHET).

De son côté, le peloton STEIDEL n'était pas resté inactif et, lancé sur le côté le plus fortifié du village, il avait d'abord eu à faire sauter une barricade avant d'accrocher l'ennemi. Là aussi, les aventures individuelles ne manquèrent pas, telle celle-ci, vécue par un sous-officier qui l'a consignée sur son journal tout en voulant conserver l'anonymat :
"11h30. Les femmes ont fini de démolir le barrage. L'Aspirant STEIDEL me donne l'ordre d'aller reconnaître entrée Nord de HOCHDORF. Je rappelle GALBAN et son équipage.
- Prends la route à plein pot et stoppe à la crête. Je te suis.
11h40. — Un coup d'œil rapide à la plaine, on aperçoit les premières maisons à 600 mètres.
- En avant jusqu'au bouquet d'arbres.
Bon Dieu ! à droite du village, sur la lisière, deux Fritz détalent et sautent dans une tranchée. Ma radio ne marche pas Je hurle pour faire arrêter GALBAN. Ma parole, il est sourd ! Et pourtant, il faut l'arrêter, sinon il va se jeter dans la gueule du loup, car il n'a rien vu.
- Vite, LLENS, fonce, rattrape-le !
Mon conducteur accélère, mais GALBAN est déjà à l'entrée du village qui est coupée par des abattis. Rien ne bouge. J'arrive à hauteur de sa jeep, et, sans m'arrêter, la dépasse en criant à GALBAN de me suivre. J'ai repéré une scierie à droite de la route, là nous serons à l'abri car l'abatti est pris sous le feu d'une mitrailleuse qui commence à nous arroser.
11h45. — Ouf mes deux jeeps sont en lieu sûr !
Tout le monde à terre, les pièces aussi.
A travers le tas de planches, MOREL arrose le taillis à 20 mètres de nous, d'où sort la flamme de l'arme automatique qui nous a reçus. FIEVET et MAGNIN tiraillent à la carabine sur les trous individuels où se cachent les Boches.
11h50. — J'en ai assez, je pars avec GALBAN pour essayer de contourner la résistance pendant que MOREL la fixe. Mais, dès que nous sortons des planches, nous sommes accueillis à coups de fusils et de mitraillettes un snipper nous prend pour cible, mais il tire mal. GALBAN trouve qu'il fait chaud, moi aussi d'ailleurs. Nous sommes bel et bien coincés dans la scierie. Et cette maudite mitrailleuse qui crache toujours. Les balles ricochent sur les planches, de drôles d'abeilles bourdonnent. Je lance quelques grenades en direction du taillis, sans résultat. Nous allons essayer le Panzerfaust.
Tiens, ça a du bon La mitrailleuse se tait. Mais ce n'est pas la seule et la fusillade redouble de tous côtés. Impossible de se déplacer autrement qu'en jouant au ver de terre.
12h30. — Le T.D. est arrivé, mais il est stoppé à 600 mètres de là. L'idiot il tire sur la scierie, sur nous. Nous voilà propres ! La scierie prend feu et nous sommes mûrs pour faire de magnifiques grillades ! Il faut prévenir le T.D. et la radio ne marche plus. Il n'y a qu'un moyen, y aller à pied mais c'est scabreux. Tant pis ! Je suis le plus proche de la route, c'est à moi de partir. Un coup de gnole et hop ! on y va. J'ai de la chance, j'atterris sans dommage dans le fossé. En avant pour une petite séance de ramping. Je préfère commander l'école du lapin que la faire moi-même. J'arrive enfin auprès de l'Aspirant et fais arrêter le tir du T.D. Pendant ce temps, GALBAN continue à s'expliquer avec le Boche qui ne veut pas démordre.
12h45. — Mes hommes sont toujours coincés et je discute ferme pour avoir un T.D. L'incendie de la scierie fait des progrès... Enfin, PLONGERON me suit. Il vient placer son char contre le talus et, presque à bout portant, azimute les salopards qui détalent dans la plaine où ils sont arrosés à coups de mitrailleuses et d'explosifs par le Capitaine et le T.D. de LUDINARD.
13 heures. — Ca y est ! Mon groupe respire, nous entrons à HOCHDORF où nous rejoignons le peloton TRUCHET qui a forcé l'entrée par la gauche. "Il fait frais à présent, me dit GALBAN " J'en conviens de bon cœur.

Ces deux simples récits montrent bien ce qu'était alors la vie du Régiment. Cette, longue énumération de localités abordées, attaquées, enlevées, dépassées au rythme le plus rapide aurait pu faire croire qu'il ne s'agissait pour nous en ALLEMAGNE que d'une sorte de chevauchée fantastique et toujours triomphante au moindre prix. A dire vrai, la réalité, pour belle qu'elle fût, était bien plus rude. L'ennemi talonné, enveloppé, morcelé, gardait cependant une grande partie de ses qualités combattives et il se défendait farouchement chaque fois que l'occasion s'en présentait et l'exemple d'HOCHDORF n'est pas une exception.
Pendant que se déroulait cette affaire, le peloton STEIN, dans le groupement HALLO, se dirigeait sur HORB. En chemin, il surprend une unité ennemi en déplacement et l'attaque aussitôt. Au cours de la poursuite à travers bois, il enlève 13 prisonniers et délivre un parachutiste français que les Allemands emmenaient avec eux. Vers midi, il pénètre dans HORB, ramasse quelques prisonniers et va s'installer immédiatement en point d'appui à la sortie pour protéger le pont sur le NECKAR. Il est intact, mais miné et le Lieutenant STEIN, avec ses pionniers s'emploie à neutraliser rapidement les fourneaux amorcés.

Ainsi, quelques heures après le départ, les objectifs fixés sur cet axe sont atteints. C'est une vie fiévreuse, trépidante mais passionnante les hommes se précipitent au combat comme à la fête et les blessés refusent de se laisser évacuer pour ne pas perdre leur place en tête, à l'honneur et au danger. S'il en faut un, de témoignage, qu'il me soit permis de citer ces lignes que le Capitaine MALAVOY écrivait ce jour-là en son journal de marche et qui rendent l'atmosphère de ces jours inoubliables :

" Depuis 12 jours, l'Escadron, toujours en tête de la Division, laisse derrière lui un long itinéraire jalonné par de nombreux incendies stigmatisant sur le terrain tous ses combats livrés à une cadence accélérée.

Mes trois pelotons, perpétuellement en action, sont tenus en haleine par leur enthousiasme et les vieilles traditions de la cavalerie renaissent. La charge, remise à l'honneur, se montre une excellente tactique dans ces terrains particulièrement favorables. Les jeeps et les scout-cars en bataille, à travers tout terrain, foncent par surprise sur la résistance ennemie. Les véhicules sont rapides, toutes les mitrailleuses crachent à une cadence accélérée, les hommes hurlent de joie en jetant leurs grenades, l'ennemi, assailli de tous côtés, est décontenancé.

Très vite le feu se déclare dans les greniers, sous l'effet des balles traceuses et incendiaires, semant la panique. Les jeeps s'infiltrent partout, tourbillonnent, harcèlent l'ennemi de toute part et rapidement occupent, victorieuses, le terrain conquis. Les rues sont parsemées de douilles encore brûlantes. La fumée acre des incendies prend à la gorge, les prisonniers hébétés sont rapidement assemblés le long d'un mur, près du P.C. La radio, fébrile, passe sur émission :

— Allô Hasardeuse (indicatif radio du Régiment), ici Gazelle ! (indicatif du 1er Escadron). Allô Hasardeuse, ici Gazelle... Nous occupons Bernard... Nous continuons sur André, nous continuons sur André... Terminé !

La population civile, timidement, sort de ses caves. Les femmes sourient aux vainqueurs et leur apportent à boire. De belles filles.., qu'il faut hélas abandonner car la guerre continue...

— TRUCHET ! STEIDEL ! En avant ! Dépêchez-vous, nous continuons !

Nouveaux ordres, nouveau départ. Quelle vie intense que la nôtre ! Pas une minute de répit, ni pour le corps, ni pour l'esprit...

— Allô Chevreuil, ici Gazelle en personne, m'entendez-vous, répondez !

— Allô Gazelle, ici Chevreuil, je vous écoute.

— Allô Chevreuil, ici Gazelle, attaquez

(Extrait du journal de marche du Capitaine MALAVOY).

Une fois de plus, tous les éléments du 8e R.C.A. ont rivalisé d'audace, afin de s'installer pour la nuit, le plus loin possible de leur point de départ. Le peloton de T.D. SOUDE, dans le sous-groupement BOILEAU, arrive au soir à ALTHEIM pour aujourd'hui, il est battu de plusieurs longueurs par STEIN. Et, à l'Ouest, au cœur de la FORET-NOIRE, le 4e Escadron entre dans FREUDENSTADT en flammes.
Cette chute était prévue. Depuis que le peloton STEIN avait enlevé les ponts de CALW intacts, depuis que le premier Escadron et nos pelotons de T.D. s'étaient enfoncés comme une flèche, au cœur du dispositif ennemi et avaient menacé de le couper totalement en deux en arrivant à HORB, la situation à l'Ouest était devenue intenable. Le commandement ennemi avait donc fait retraiter vers TUBINGEN et le JURA SOUABE tout ce qu'il pouvait encore atteindre et commander, le point fort de PFORZHEIM servant de pivot. Mais cette manoeuvre avait ouvert un trou à chaque instant plus large et béant entre la plaine de BADE et les vallées du NECKAR et de la NAGOLD. C'est ainsi que FREUDENSTADT qui, primitivement, d'après l'ordre du 13 Avril, devait être défendu à tout prix, a dû être abandonné trois jours plus tard. Le Volksturm essaye alors de prendre à son compte la défense de ce carrefour vital, il ne fait que provoquer une action combinée de l'aviation et de l'artillerie française, transformant en quelques minutes une grande partie de cette délicieuse station de montagne, en un brasier croulant.
La journée est importante. Toutes les Divisions de la 19e Armée restées en plaine de BADE, voient leurs communications avec l'arrière définitivement coupées, il ne leur reste qu'à se faire écraser ou à se rendre. De plus, toute menace pesant sur STRASBOURG est écartée les canons lourds qui depuis OBERKICH, bombardaient la capitale de l'ALSACE sont réduits au silence, la route est ouverte à toutes les forces du 1er C.A. du Général BETHOUART, réuni devant KEHL, et cette masse de manœuvre va pouvoir par surprise, franchir le RHIN et se porter d'un bond sur le HAUT-NECKAR, où, deux jours après, elle pèsera de tout son poids sur la destinée malheureuse des restes de la 19e Armée.
Là-bas, au cœur du WURTEMBERG. les gars du 8e Chasseurs, heureux de leurs succès, ne se doutent pas que leur fougue a permis la réalisation de la première partie du plan offensif français et que leurs efforts ont eu une influence décisive sur la victoire finale qui a vraiment pris corps ce jour-là. Fatigués, rompus ils passent la nuit sur les positions conquises tandis que le P.C. se porte à OBERTALHEIM et que le 2e Escadron vient tenir ROTFELDEN, WILDBERG et EMMINGEN.

La journée du 18 Avril est consacrée à une sorte de réorganisation sur place, ce qui ne veut pas dire repos, car l'artillerie allemande se fait entendre assez fréquemment et le 1er Escadron perd un tué et deux blessés au cours d'un mitraillage par avion. A HORB, le peloton STEIN s'emploie à empêcher l'ennemi de se réinstaller sur la rive droite du NECKAR et il faut, dans la soirée, lui envoyer le peloton STEIDEL en renfort. Pour les reste du Régiment, il n'y a rien à signaler, sinon que le 4e passe la journée à FREUDENSTADT et que le 2e se regroupe à ROTFELDEN. On ne s'enfonce pas ainsi pendant plusieurs jours dans le dispositif adverse sans être obligé, à un moment quelconque, de s'arrêter pour permettre aux liaisons et au ravitaillement d'étaler un peu plus des distances devenues trop grandes. Mais le calme relatif de cette journée n'est que le prélude à une nouvelle action en force. Dans la nuit, en effet, les Capitaines commandants, appelés au P.C. du Colonel SIMON, apprennent que le Régiment quitte la 5e D.B. pour passer à la 2e D.I.M. et que, abandonnant la direction Sud, ils vont avoir à attaquer franchement face à l'Est. En effet, aussitôt le RHIN franchi à KEHL par le 1er C.A., le commandement Français a décidé d'engager les actions décisives qui aboutiront à la destruction et à l'anéantissement de la 19e Armée. Il s'agit, dans le secteur qui nous intéresse, d'encercler STUTTGART, d'enlever la ville en raflant du même coup toutes les Divisions allemandes, prises comme au filet dans une vaste poche. L'ordre précise qu'il faudra marcher et combattre de jour et de nuit sans laisser à l'adversaire une minute de répit.
Pendant que le 4e Escadron reste à FREUDENSTADT et que le 2e se porte à TUBINGEN qui vient de tomber entre nos mains, l'affaire va être menée par les 1er et 3e Escadrons. En tête, le peloton STEIDEL passe à KUPPINGEN et reconnaît OBERJESSINGEN qu'il enlève et où il est rejoint par le peloton STEIN et le peloton SOUDE. En même temps, le peloton LA ROCHE atteint EHNINGEN et le peloton BORDIER NUFRINGEN, bordant au Nord-Est de HERRENBERG la voie ferrée se dirigeant sur BOBLINGEN. Puis le peloton STEIN, se rabattant vers le Nord est chargé de reconnaître DECKENPFRONN. Il s'engage dans un terrain découvert. Les trois jeeps de tête approchent, sans la voir, d'une résistance bien enterrée et camouflée qui subitement ouvre le feu à courte distance ; et tout le peloton est cloué sur place par un barrage particulièrement dense de BREDA et de mortiers. Les chasseurs PLANTARD, AZIL et ALI sont tués, les chasseurs BOUGUET, LEMOINE  blessés. Celui-ci, malgré sa blessure, réussit à ramener la jeep de son chef de peloton restée sans conducteur et la reste du peloton se replie aux premières maisons du village, laissant sur place les trois premières jeeps impossibles à atteindre. Le chasseur BOUGUET est fait prisonnier.
Pendant que les hommes demeurés valides s'installent en point d'appui, le peloton TRUCHET, resté à UNTERJETTINGEN, est appelé en renfort et il arrive en même temps qu'une section d'infanterie cependant que les mortiers allemands continuent à s'abattre sur le village dont les toits s'en vont peu à peu. Avant la nuit, le Capitaine MALAVOY envoie le peloton TRUCHET tâter les bois qui s'étendent à l'Est d'OBERJESSINGEN ; il se heurte à des éléments ennemis avancés, fait un prisonnier et rentre.
Le détachement LAVAULT est venu occuper KUPPINGEN où le P.C. du Colonel s'installe dans la soirée.

Dès le matin du 20, les deux sous-groupement de CASTRIES et LAVAULT essaient de déboucher, le 1er en direction de DAGERCHEIM, le second en direction de DECKENPFRONN, mais la résistance qui couvre ce dernier village est inabordable de front. Laissant alors sur place pour défendre le point d'appui, le peloton STEIN, le peloton de T.D. SOUDE et l'infanterie qui continue à arriver le Capitaine MALAVOY part au jour pour essayer de progresser par les bois de GARTRINGEN avec les pelotons TRUCHET, STEIDEL et deux chars légers. Le premier tente une fois encore, de reconnaître DECKENPFRONN dont il s'est approché sous le couvert de la forêt. A 500 mètres de la lisière, en plein découvert, le peloton est pris de flanc par des tirs de Bréda. La jeep de tête est détruite, le chasseur HALOPE, grièvement blessé, reste sur le terrain tandis que le Sous-Lieutenant TRUCHET avec sa 2e jeep et son scout car, réussit à se replier, sous le feu, à l'abri des bois.
Pendant qu'un T.D. est demandé à OBERJESSINGEN, le Maréchal des Logis MULLER avec 4 volontaires part rechercher le chasseur HALOPE. Ils réussissent à le ramener malgré la violence du tir ennemi, mais le Maréchal des Logis MULLER et le chasseur CANITROT sont blessés à leur tour.
Le T.D. est arrivé. Le Sous-Lieutenant TRUCHET, qui s'est livré à une observation minutieuse du terrain, signale que la résistance de DECKENPFRONN se prolonge vers l'Est par une ligne de crêtes fortement tenues. Le T.D. exécute alors, sur ses indications, de nombreux tirs sur des nids de mitrailleuses, pendant que le peloton se fortifie à l'orée des bois. Pour parer à une situation qui, étant donné la force de l'ennemi, peut devenir grave d'un moment à l'autre, le peloton STEIDEL organise des bouchons sur les layons avec les chars légers en soutien et le P.C. du Capitaine.
Dès le début de l'après-midi, les pelotons TRUCHET et STEIDEL signalent des infiltrations ennemies dans les bois ; à ce moment également arrivent en renfort le peloton porté du Sous-Lieutenant COSTER et une section d'infanterie, et le Capitaine MALAVOY, qui a ordre de tenir la forêt, regroupe ses éléments en trois points d'appui plus solides et moins isolés.
Quelques heures après, la situation devient beaucoup plus confuse. L'ennemi abandonne sa position défensive et passe à l'attaque. En effet, l'investissement de STUTTGART est terminé et, pour ne pas être prises, un certain nombre d'unités vont essayer de rompre le cercle fragile qui les entoure pour gagner le Sud. Vers 17 heures, le Médecin-Lieutenant HUCHET qui était avec la base de l'Escadron à KUPPINGEN, vient prévenir qu'aussitôt après le départ du P.C. du Colonel en route pour GARTRINGEN, l'ennemi s'est infiltré aux abords du village qu'il menace. La situation évolue rapidement et d'une façon alarmante ; OBERJESSINGEN est encerclé, le Brigadier-Chef ZUBER, qui y était resté, vient d'arriver à pied en apportant la nouvelle. A KUPPINGEN, il n'y a plus de troupes et les réserves sont loin ; il n'y reste que le dépannage du 1er Escadron, avec l'ambulance. Le Chef-Dépanneur MARTINET, en liaison au P.C. de son Capitaine, apprenant cela, part avec son conducteur GENTIL et le Maréchal dés Logis MULLER pour récupérer ces éléments. En entrant dans le village, il tombe sur les Allemands qui l'y ont précédé, saute de sa jeep, revolver au poing, tue le premier ennemi et tombe lui-même mortellement atteint d'une rafale de mitraillette. Le chasseur GENTIL est lui aussi tué, tandis que le Maréchal des Logis MULLER, après avoir abattu un Allemand qui se jetait sur lui, réussissait à se cacher dans une maison. Le chasseur VERICEL avait pu se replier quelques instants plus tôt, emmenant avec lui les éléments de dépannage. Seul, le chasseur CAILLETTE, blessé, était fait prisonnier. L'Adjudant MAVERAUD, envoyé avec un scout-car pour arrêter le Chef MARTINET dans sa téméraire entreprise, arrive trop tard et ne peut même pas aborder KUPPINGEN.
A la tombée de la nuit, la situation s'aggrave encore. Ordre est donné au 1er Escadron et aux éléments qui l'accompagnent de quitter leur position devenue particulièrement malsaine et de se replier sur GARTRINGEN dont on organise la défense. Le P.C. du Colonel a dû, lui aussi, quitter ce village vers 21 heures, pour se porter à ROHRAU. Le Colonel établit trois points solidement tenus ROHRAU, NUFRINGEN, GARTRINGEN. Le 4e Escadron, à peine arrivé de FREUDENSTADT, quitte OSCHELBRONN et essaie de reprendre KUPPINGEN sans y parvenir et il a un T.D. atteint par un perforant cependant que l'artillerie française pilonne durement le village.

A 3 heures du matin, le 21 Avril, le 1er Escadron est alerté. L'ennemi a continué sa progression de nuit et attaque NUFRINGEN qu'il encercle. L'Escadron tout entier avec un peloton de T.D. et un peloton de chars légers gagne ROHRAU où le P.C. du Colonel est menacé. Le peloton STEIDEL s'installe en défensive à la sortie Ouest, tandis que les pelotons TRUCHET et STEIN partent vers NUFRINGEN pour essayer de reprendre la liaison avec les éléments qui y sont enfermés. La nuit est d'un noir d'encre, l'artillerie, fait rage, les tirs d'encagement amis tombent à l'intérieur des lignes, si tant que l'on puisse parler de lignes, puisque dans toute la région, troupes françaises et troupes allemandes se trouvent inextricablement enchevêtrées. Ne connaissant absolument pas le terrain, le Sous-Lieutenant TRUCHET arrête son peloton et part à pied avec le Brigadier-Chef CHEVALIER pour reconnaître la route. Il tombe sur l'ennemi qui traverse celle-ci en direction des bois de ROHRAU. L'obscurité est si épaisse qu'il est impossible de discerner quoi que ce soit. Seul le bruit permet de deviner ce qui se passe. Des hennissements de chevaux, des crissements de chenilles, le roulement sourd de l'artillerie tractée, le piétinement confus de l'infanterie, tout cela se mêle en un brouhaha indescriptible. Le Sous-Lieutenant TRUCHET est, sans le savoir, au contact de la flanc-garde de cette invraisemblable colonne.
A ce moment, l'artillerie allonge son tir et les obus viennent tomber à hauteur de l'Escadron. Les pelotons TRUCHET et STEIN sont obligés de se replier de quelques centaines de mètres, puis tout le monde, dans le silence le plus complet se met en place et attend le moment favorable pour passer à l'action.
Pendant ce temps, les éléments du P.C., qui voulaient se rendre à HERRENBERG par les bois, sont attaqués par les Allemands. Ce fut une mêlée confuse où, dans l'obscurité rendue plus épaisse par la flamme des carabines et les rayons lumineux des balles traceuses, tous, du Chef de colonne au dernier secrétaire, firent le coup de feu autour de leurs voitures. Finalement, l'ennemi persuadé qu'il a affaire à forte partie, se retire et la colonne de l'Etat-Major se rend à GARTRINGEN en passant par EHNINGEN.
Et voici que le jour commence poindre, permettant d'utiliser ses armes de façon efficace. Le peloton TRUCHET est installé sur la route, le peloton STEIN en bataille à gauche, le peloton de T.D. embossé aux lisières du village, le peloton de chars légers patrouille en avant. Et subitement, tous ensemble ouvrent le feu sur l'ennemi qu'ils prennent de flanc. Soudaineté de l'attaque, densité et précision terrible des feux, tout contribue à provoquer chez l'adversaire une panique générale. Les Allemands s'enfuient en désordre, abandonnant sur place leur matériel et poursuivis par les gerbes lumineuses des balles traceuses, par les points d'impact des obus de T.D. tirant rageusement à une cadence terrible. Des hommes et des hommes tombent, des chevaux emballés, traînant derrière eux leurs voitures sans occupants, foncent en tous sens dans la campagne et le soleil, qui se lève, éclaire une scène de carnage affreuse. Tandis que peu à peu mitrailleuses et canons se taisent, on entend plus distinctement les hurlements de douleur des centaines de blessés jonchant le sol.
A la même heure, le 2e Escadron, aidé du 151e R.I., reprenait KUPPINGEN, AFFSTATT et OBERJESSINGEN, capturant une énorme quantité de personnel et de matériel. Dans le seul village de KUPPINGEN, l'ennemi laissait entre nos mains 10 pièces de 88 de campagne.
Le calme revenu, on put, en interrogeant les prisonniers et en reconstituant les heures vécues dans la confusion, réaliser exactement ce qui s'était passé. Devant la menace d'encerclement, le commandement allemand avait décidé de forcer le passage de la NAGOLD à hauteur de WILDBERG, de bousculer les arrières français pour tenter de gagner la région de ROTTWEIL et peut-être l'illusoire réduit bavarois. La manœuvre, qui avait débuté le 19, échoue ce jour là. Elle va être aussitôt reprise en un autre point, cette fois en direction d'HERRENBERG. L'attaque, comme on l'a vu, connaît d'abord un plein succès. KUPPINGEN pris, OBERJESSINGEN encerclé, AFFSTATT menacé, la journée du 20 est bonne et la nuit permet presque d'atteindre la phase décisive, NUFFRINGEN est atteint ainsi que les abords d'HERRENBERG et le bruit se répand que la percée est faite. Aussitôt tous les restes d'unités cachées dans les bois se mettent en route pour profiter du passage ouvert et c'est ainsi que se forma cette immense colonne hétéroclite dans les rangs de laquelle notre artillerie et nos Escadrons firent de si cruels ravages. Deux Divisions ont été anéanties.

Si nos hommes et leurs chefs n'avaient pas gardé un sang-froid inaltérable, si les Allemands avaient eu plus de mordant, s'ils avaient pu se douter de la faiblesse des forces qui leur barraient la route, s'ils avaient deviné que, derrière un mince rideau d'unités aventurées loin de leurs bases, il n'y avait strictement rien, l'affaire se serait terminée en désastre pour le 8e R.C.A. dont le P.C., Colonel en tête, pouvait être enlevé et les Escadrons décimés, dispersés.

L'affaire avait donc été chaude. Et voici que, peu à peu, les disparus rentrent dans nos lignes et regagnent leurs Escadrons. Le Sous-Lieutenant de CHALAIN, de l'Etat-Major, le Maréchal des Logis NIEUDAN du 3e le chasseur BESSODES de l'Etat-Major, arrivent sales, poussiéreux, dépouillés.. Après leur capture, ils avaient été emmenés et avaient du parcourir sans casque une longue route sous les tirs de l'artillerie française, sans même l'autorisation de se coucher quand les Allemands se jetaient dans les fossés ; aussi, profitant d'un matraquage plus violent, avaient-ils faussé compagnie à leurs gardiens. A KUPPINGEN, le 2e Escadron retrouvait vivant le Maréchal des Logis MULLER, qui avait dû caché dans un grenier, essuyer toute la nuit le pilonnage ami, et relève les cadavres du Chef DUQUESNE du 3e, du Chef MARTINET du 1er et du chasseur GENTIL du 1er également. Après eux reparurent le chasseur BOUGUET blessé et disparu depuis le 19 et le chasseur CAILLETTE qui, emmené de KUPPINGEN, avait dû, malgré sa blessure, porter un tube de mortier et avait défilé devant son Escadron avec la colonne que celui-ci avait décimée.

Va-t-on avoir la possibilité de souffler un peu après ces deux jours pénibles ? Non pas, car la victoire est en marche et c'est une maîtresse exigeante qui convie impérieusement tout le monde à ses rendez-vous. Dans la soirée du 21, le Général commandant la Division prescrit de se tourner à nouveau vers le Sud et de se diriger aussi vite que possible vers le DANUBE. Pour cette opération le 8e R.C.A. en entier passe aux ordres du groupement NAVARRE et il se voit fractionné en deux sous-groupements :
le sous-groupement SIMON, élément de tête qui comprend les 1er et 2e Escadrons, plus un Escadron du 4e R.S.M. et une Cie de Chasseurs cyclistes,
le sous-groupement de CASTRIES où entre une partie du 3e Escadron.

Départ dès l'aube du 22. Après avoir franchi le NECKAR à TUBINGEN, la vieille cité universitaire qui mire ses maisons à pignons et ses jardins dans le cristal de la rivière, le sous-groupement SIMON, par DINGLINGEN et NEHREN, arrive à MOSSINGEN où s'établit le P.C. ; l'avant-garde, aux ordres du Capitaine BOUCHARD, est arrêtée à 3 km en avant par une ligne de résistance accrochée aux premiers contreforts du JURA SOUABE. Pour aller plus vite, le 1er Escadron assure le transport de l'infanterie qui monte à l'attaque. Aidé de deux Bataillons du 5e R.T.M., l'échelon de tête, après une journée de durs combats, réussit le soir à enlever le village de TALHEIM et, par la route étroite, aux virages en épingles à cheveux qui, par les bois, dominant le village aboutit au plateau, débouche à la nuit sur celui-ci. L'affaire a été rude, car l'ennemi s'est défendu pied à pied, utilisant à merveille un terrain propice à la défensive, battant de feux denses et précis les coupures de la route et concentrant ses efforts sur cette espèce d'étroite porte naturelle donnant accès au plateau où de nouveau nous pourrons nous déployer dangereusement pour lui. N'eût-été la fougue et le mordant de nos troupes, nous risquions de piétiner longtemps devant un verrou solide.
Pendant ce temps, le peloton STEIDEL allait prendre liaison avec le sous-groupement de CASTRIES à OFTERDINGEN et le peloton STEIN reconnaissait BELSEN où aboutissait le soir le peloton LA ROCHE du 3e Escadron. Le reste du 3e a passé la journée en réserve de groupement à DUSSLINGEN et le 4e à HERRENBERG.

Le 23 au petit jour, la ligne de résistance cède totalement et le groupement exploite immédiatement. Il passe derrière l'avant-garde à TALHEIM sous une véritable pluie d'obus de mortiers, puis, se déployant rapidement, arrive à SALMENDINGEN où tous les membres du Volksturm sont arrêtés avant d'avoir pu offrir une résistance sérieuse et où s'installe le P.C. du Colonel. Puis le 1er Escadron va rejoindre les éléments de tête et renforcer le point d'appui établi à RINGINGEN en flammes. Une reconnaissance qui devait aller explorer BURLAFINGEN avant la nuit, est fortement accrochée au Nord de cette localité et perd deux scout-cars par antichar. Le soir tombe, chacun s'installe en défensive pour passer la nuit au cours de laquelle d'actives patrouilles feront des prisonniers.
Et le reste du Régiment s'échelonne sur la longue route déjà parcourue la veille, afin d'assurer la sécurité des arrières. Le 3e Escadron occupe MOSSINGEN et le 4e OFTERDINGEN, pendant que la Base vient cantonner à WURMLINGEN, près de TUBINGEN. Cette précaution d'assurer la sécurité en profondeur n'est pas vaine, puisque le peloton d'approvisionnement, à plus de vingt km à l'arrière de la ligne de feu, capturera 14 prisonniers dans les bois entourant le village de WENDELSHEIM après un bref échange de coups de carabine.

Le 24, c'est le 1er Escadron qui part en tête des éléments de l'avant-garde. Il a pour mission d'atteindre aussi rapidement que possible BURLADINGEN, en passant par les pistes forestières de l'Ouest, afin de déborder la résistance qui n'a pu être forcée la veille au soir, si elle est encore en place. Le peloton STEIDEL entre dans le bourg à 7 heures du matin et le nettoie sans perdre un instant. Puis la radio apporte au Capitaine MALAVOY l'ordre de se porter à toute vitesse sur SIGMARINGEN, à près de 30 km de là. Mais ce n'est pas une considération capable d'arrêter des gens qui veulent vraiment aller de l'avant.
A 10 heures, FREUDENWEILER est occupé et le peloton STEIDEL reconnaît NEUFRA. L'ennemi se replie rapidement sans même tenter de véritable résistance ; les prisonniers se présentent d'eux-mêmes et l'un d'eux, boiteux, a réquisitionné pour venir se faire prendre, un immense tracteur conduit par un paysan. Le bruit du moteur et des chenilles l'a fait prendre de loin pour un char et tout le monde s'est trouvé en alerte. Puis c'est HARTHAUSEN qui est atteint, VERIGENSTADT où un bref engagement laisse 10 prisonniers entre nos mains, et, à 16 heures, le 1er Escadron entre dans la ville historique de SIGMARINGEN, établit la liaison avec la 1ère D.B. et s'installe pour la nuit en point d'appui, à la sortie Est. Les gars de l'Escadron de reconnaissance ne cachent pas leur fierté d'être les premiers de la Division à s'établir sur la rive du DANUBE.
Le Colonel, qui suit au plus près, installe peu après son P.C. dans le magnifique château des princes de HOHENZOLLERN. Le Capitaine LE HAGRE annexe à son usage personnel l'appartement du Maréchal PETAIN. Des documents appartenant à Messieurs LAVAL, de BRINON et LUCHAIRE sont recueillis et adressés au 2e Bureau. Cependant qu'un vieux majordome, en livrée somptueuse, resté à son poste, et paraissant descendu tout vivant d'un pastel du 18e siècle, sert ses nouveaux maîtres avec la hautaine indifférence qu'il avait sans doute apportée à servir les anciens. Étrange apparition que celle de ce vieillard en culotte et bas de soie, s'empressant près de modernes guerriers casqués et poudreux.

24 Avril : jour faste, le Général de LATTRE télégraphie ce même soir au Général commandant la 2e D.I.M. : "Pour tous, Chefs et Troupes sous vos ordres, mes plus fervents compliments, mon admiration et ma gratitude pour les magnifiques exploits réalisés aujourd'hui".
Le résultat, en effet, est d'importance. La 1ère D.B., qui a passé le RHIN à KEHL, après avoir gagné le HAUT-NECKAR, s'est rabattue le long du DANUBE, et, parcourant 150 km en deux jours, s'est emparée de tous les passages sur le fleuve, pour venir hisser, le 24 à midi, nos couleurs sur la cathédrale d'ULM, 140 ans après les soldats de la Grande Armée. Toutes les forces ennemies du JURA SOUABE sont prises à revers et la 2e D.I.M.. dont le 8e Chasseurs constitue l'avant-garde blindée, a parachevé l'anéantissement ennemi en coupant en deux, par une avance foudroyante, l'immense poche formée au Nord du DANUBE.
Si l'action la plus spectaculaire a été réservée au 1er Escadron, arrivé en tête en fin de course, les autres ne sont pas, pour autant, restés inactifs ; le 2e, après avoir, lui aussi, atteint le DANUBE, a traversé le fleuve et s'est avancé jusqu'à KRAUCHENWIES à 8 km au Sud, mais trop isolé, il doit se replier pour la nuit sur SIGMARINGEN ; le 3e, dans le sous-groupement de CASTRIES, après avoir traversé BITZ et WINTERLINGEN, détache deux pelotons de T.D. à LAIZ, à 2 km à l'Ouest de SIGMARINGEN car tout le monde veut être au rendez-vous sur le fleuve au nom prestigieux, évocateur de victoires, de musique, de chansons, d'amour et de gloire. C'est du reste, pour tout le monde, une désillusion ; le fleuve n'est qu'une maigre rivière roulant mélancoliquement un flot grisâtre dans une vallée extrêmement pittoresque ; où sont donc les flots bleus au bord desquels amour est un enchantement et la valse une nécessité ? Quant au 4e Escadron, esclave de sa mission, il reste seul en arrière, explorant et occupant  la région et la ville de HECHINGEN.

Mais la progression rapide n'a pas permis le nettoyage le plus élémentaire du terrain ; aussi, dès le 25 au matin, tout le Régiment se déploie en un immense éventail autour de SIGMARINGEN. Le 3e Escadron est lancé dans le flanc droit de la 47e D.I. allemande, par JUNGNAU, VERINGENSTADT, INNERINGEN, il atteint HULDSTETTEN ramassant des prisonniers et détruisant du matériel, dont un canon de 88 au compte du peloton SOUDE ; le peloton BORDIER lui, par BINGEN, s'étend jusqu'à ZWIEFALTENDORF, ramasse une centaine de captifs et se rabat pour la nuit sur RIEDLINGEN.
A l'Ouest, le 1er et le 2e Escadron exécutent, dans la matinée, les mêmes opérations de ratissage dans la région de STETTEN, SCHWENNINGEN, IRRENDORF, BARENTHAL. Ravissant pays, tout coupé de forêts ; sorte de plateau élevé, entaillé de nombreuses vallées étroites descendant vers le DANUBE ; région idéale pour se cacher, s'infiltrer, et où de nombreux groupes allemands isolés cherchent à passer pour gagner le Sud et le refuge des ALPES autrichiennes. Le 1er Escadron ramène une trentaine de prisonniers et rentre à SIGMARINGEN en faisant le tour par TUTTLINGEN.

Dans l'après-midi, l'ensemble du Régiment se dirige vers l'Est, pour se concentrer autour de RIEDLINGEN. Au cours de ce mouvement, le Lieutenant DUPRAT fait prisonniers 3 officiers allemands. Et, à ce propos, il faut remarquer qu'il n'est plus douteux pour personne que l'Armée allemande ne soit en pleine décomposition. Quelques rares captifs. fanfaronnent encore, conservant une sorte de dignité raidie, un espoir fanatique en un revirement final que rien du reste ne saurait plus expliquer, les autres s'en vont vers les camps de prisonniers par files compactes, tenant parfois plusieurs kilomètres de route, las, abrutis, conduits par leurs propres officiers et escortés par une poignée de gardiens ridiculement insuffisants. Le tragique spectacle offert par l'Armée française en 1940, voici qu'à son tour l'Armée allemande le donne à ses compatriotes, au cœur de provinces inviolées depuis plus d'un siècle.
Dans la nuit, l'installation se fait autour de RIEDLINGEN. Ce sont les premières troupes françaises qui pénètrent dans la région et toute la population est endormie. Nos postes feront prisonniers, par surprise, des hommes et des officiers ignorant totalement notre présence dans la ville.

Au matin du 26, le Régiment quitte la 2e D.I.M., pour êre remis à la disposition de la 5e D.B. Il se regroupe tout entier à SIGMARINGEN, sauf le 4e Escadron qui passe directement aux ordres du C.C. 6 et participe à l'opération de nettoyage du bord Est de la poche de la FORET-NOIRE, en s'emparant de IMMENDINGEN et des villages environnants. Il eût été dommage que le 8e Chasseurs, après avoir été de toutes les batailles de destruction, ne prît pas part à celle-là où tout le 18e Corps d'Armée S.S., fort de 4 Divisions avec une nombreuse artillerie automotrice, se trouva anéanti. Pris au piège par la rapidité de nos mouvements enveloppants et complètement encerclé, il tente en effet ce jour-là de s'ouvrir un passage dans le barrage dressé devant lui. L'opération se soldera par des milliers de tués et plus de 15.000 prisonniers.
Après 25 jours de campagne en terre allemande, six Divisions françaises ont conquis deux Etats BADE et WURTEMBERG, franchi le RHIN et le DANUBE, détruit ou capturé en entier les neuf Divisions qui leur étaient opposées. Les prisonniers atteignent le chiffre de 90.000 dont 7 Généraux et la fameuse 19e Armée, poursuivie sans trêve ni répit depuis les côtes de PROVENCE, a cessé d'exister. A l'horizon, sous la neige qui commence à tomber, se profilent les cimes des ALPES autrichiennes et bavaroises.
Le 8e Chasseurs a eu sa bonne part dans cette gerbe de succès. Au soir de ce jour, le Général de LINARES, Commandant la 2e D.I.M., lui adresse l'ordre du jour suivant :
"Au moment où le 8e R.C.A. cesse d'être placé sous mes ordres, je suis heureux d'adresser au Colonel SIMON mes remerciements et mes félicitations pour le magnifique travail accompli.
En vingt jours, de PFORZHEIM à SIGMARINGEN, en passant par FREUDENSTADT, vous avez parcouru plus de 250 kilomètres, dont toute une partie à travers les contreforts de la FORET-NOIRE, au prix de difficultés innombrables. A HERRENBERG, grâce à votre intervention efficace, une situation compromise a pu être rapidement rétablie. Vous vous êtes emparés de plus de cent localités et vous avez capturé plusieurs centaines de prisonniers.
Ces actions brillantes, réalisées grâce à l'habileté des Chefs et à l'audace de la troupe, constitueront une nouvelle page de gloire à l'histoire du 8e R.C.A.".

Après une journée de repos à SIGMARINGEN, le mouvement reprend le 28 et la plus grande partie du Régiment se porte, sans combat, à MESSKIRCH et aux environs ; la neige, tombant à gros flocons, redonne une physionomie hivernale au paysage et surprend tout le monde après les délicieuses journées de printemps vécues en FORET-NOIRE ou dans la plaine du WURTEMBERG. Le 29 n'apporte aucun changement ; la 5e D.B. a amorcé une manœuvre pour contourner le lac de CONSTANCE par l'Est, mais, jusqu'à présent, le 8e R.C.A. n'y participe pas. C'est tellement inhabituel que cela ne peut pas durer.

De fait, le 30 Avril, sous une neige épaisse, tout le Régiment, sauf le 4e Escadron restant à MESSKIRCH, fait un bond jusqu'à WANGEN in ALLGAU qui vient d'être pris. Il s'agit pour lui de renforcer 4e D.M.M. qui entre en AUTRICHE par la montagne. Dans la soirée, le P.C. se porte à LINDENBERG, en BAVIERE, à proximité immédiate de la frontière. Le Colonel SIMON vient de prendre en effet le commandement d'un groupement comprenant le 8e Chasseurs et une partie du 1er R.E.C. aux ordres du Chef d'Escadrons LENNUYEUX. Et, ce même soir, des éléments du 3e Escadron, poussés immédiatement en avant entrent en AUTRICHE. Ainsi, 28 jours après avoir franchi la frontière allemande à LAUTERBOURG, après 4 semaines jour pour jour, le 8e Chasseurs avait traversé en diagonale le Sud-Ouest de l'ALLEMAGNE et pénétrait en vainqueur sur une nouvelle terre étrangère.

Il neige désespérément, et nos T.D. peinent sur les pistes de montagne où ils s'enlisent ; néanmoins, dès le lendemain 1er Mai, nos éléments atteignent LANGEN, cependant que le reste du Régiment stationne à WANGEN. Le 2, le 1er Escadron s'installe à LINDENBERG ; le Capitaine, parti en liaison au P.C. du Colonel, ramasse en route deux prisonniers ; le 2e Escadron demeure à WANGEN, le 3e à LANGEN, tandis que le 4e pousse aussi loin qu'il peut en direction de LANGENEGG, en plein massif du REGENZERWALD. Mais les destroyers, enfonçant dans la neige et la boue, s'immobilisent les uns après les autres ; les pistes s'effondrent sous les 30 tonnes de leur blindage ; malgré l'envie de forcer l'ennemi dans son dernier repaire du VORARLBERG, il faut stopper et laisser ce soin à l'infanterie et aux unités de Cavalerie qui ont la chance de disposer de la grand'route de BREGENZ à INNSBRUCK. Le soir même, l'ordre arrive au P.C. de regrouper tout le Régiment à WANGEN.

Il s'exécute le lendemain, sauf pour le 4e Escadron qui continue à pousser des reconnaissances en pleine montagne, avec l'aide du peloton STEIN travaillant à rétablir des pistes pour le passage des T.D. Mais à quoi sert l'obstination devant l'impossible ? La nature du terrain interdit toute progression et l'ordre supérieur est formel, il faut rétrograder et, le 4 Mai, au matin, sous une pluie torrentielle, tout le 8e Chasseurs, y compris la base, se trouve réuni à WANGEN.

La guerre serait-elle finie ? Nous n'avions pas envisagé cette éventualité sous un jour aussi prosaïque. Ne devait-ce pas être plutôt une ultime charge sur un ultime carré ? Eh bien non ! Dans les confortables villas allemandes qui nous hébergent, c'est la radio qui, heure après heure, nous apprend les derniers émiettements de ce que fut, il y a quelques années, la plus puissante machine de guerre du monde. Pendant 3 jours consécutifs, inactifs et impatients, dans cette ville charmante où tout est devenu sourire pour nous, sous le soleil brusquement revenu qui fait étinceler tout proches les sommets neigeux de la haute BAVIERE et éclore dans les jardins une prodigieuse floraison, nous promenons notre ennui et notre attente. Non, ce n'était pas ainsi que nous avions désiré être vainqueurs. On ne l'est pas vraiment quand on apprend une capitulation, enfoncé dans un fauteuil profond, on l'est quand, le champ de bataille resté vide, on remet son épée au fourreau. La guerre moderne aura donc banni toute poésie, même de la victoire.

Enfin, le 7 Mai, à 10h10, arrivait le fameux message : "Par ordre du Gouvernement Français, confirmé par les Autorités Alliées, les hostilités cessent en ALLEMAGNE et sur tous les fronts à 1h40 le 8 Mai 1945. Les opérations offensives doivent cesser dès maintenant. Les mouvement ayant trait à l'occupation continuent".

Et cette nuit-là, à 0h50, alors que l'historique capitulation sans conditions devenait une réalité, les équipages de tous les T.D. et de tous les véhicules de combat du 8e Chasseurs, déchaînaient une dernière fois le tonnerre de leurs canons et de leurs mitrailleuses. Il ne fallait pas moins que la voix puissante de l'acier, l'éclair ardent de la poudre, pour matérialiser l'allégresse des cœurs, illuminer l'aube nouvelle après ce tragique crépuscule des Dieux et saluer dignement la gloire enfin revenue s'abriter, comme en un asile familier, aux plis de nos Etendards.

 

8ème REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 ETAT MAJOR : Lt-Col SIMON

 

MF 2570 R

 

PELOTON HORS RANG :

 

 

 

 

 

 

 1er ESCADRON :

MF 2571 R

               

 

        

 

 2ème ESCADRON :
Cne de la MORSANGLIERE
 

MF 2572 R

M 10

MANGA

 

 

M 10

DAOLA

 

 

M 10

MANOA

 

 

M 10

MANOA II

 

 

M 10

GAOUA

 

 

M 10

OUAGADOUGOU

 

 

M 10

KOUDOUGOU

 

 

M 10

FERKESSE

 

 

M 10

DIEDOUGOU DOUGOU

 

 

M 10

BOBO-DIOULASSO

 

 

M 10

BOBO-DIOULASSO II

 

 

M 10

DINDERESSO

 

 

M 10

DINGASSO

 

 

M 10

DINGASSO II

 

 

M 10

DINGASSO III

 

 

M 10

SIKASSO

 

 

M 10

SIKASSO II

 

 

 

 

 

 

3ème ESCADRON :
Cne BREUIL
 

MF 2573 R

M 10

COBRA

 

perdu à Nagold (D)

M 10

COBRA II

432-623

 

M 10

NAJA

 

perdu à Lindenberg (D)

M 10

NAJA II

 

 

M 10

CROTALE

 

perdu en Italie     janvier 1944

M 10

CROTALE II

 

détruit à Monte-Leuccio (I) mai 1944

M 10

CROTALE III

 

détruit à Roosfeld janvier 1945

M 10

CROTALE IV

 

détruit à Grussenheim janvier 1945

M 10

CROTALE V

 

 

M 10

PYTHON

 

 

M 10

PYTHON II

 

 

M 10

CRACHEUR

 

détruit à Monte-Leuccio (I) mai 1944

M 10

CRACHEUR II

 

 

M 10

MARGOUILLAT

 

détruit à Hyères   août 1944

M 10

MARGOUILLAT II

 

détruit à Illhauesern janvier 1945

M 10

MARGOUILLAT III

 

 

M 10

PORC-EPIC

439-607

détruit à Illhauesern janvier 1945

M 10

PORC-EPIC II

 

 

M 10

IGUANE

 

 

M 10

IGUANE II

 

 

M 10

MALINKE

 

 

M 10

MALINKE II

 

 

M 10

MOSSI

 

 

M 10

MOSSI II

 

 

M 10

SOMONO

 

 

M 10

SOMONO II

 

 

M 10

OUOLOF

 439-572

 

4ème ESCADRON :
Cne FRAPPA   

 

MF 2574 R

M 10

DIA

 

 

M 10

DOUNA

 

 

M 10

DJENNE

 

 

M 10

DIRE

 

 

M 10

KOULIKORO

 

 

M 10

KOUTIALA

 

 

M 10

KATI

 

 

M 10

KOULOUBA

 

 

M 10

SEGOU

 

 

M 10

SEGOU KOURA

 

 

M 10

SAN

 

 

M 10

SANSANDING

 

 

 

1944 5e RCA jmo

 Image

5e REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

 

 

 

 

1er au 4 Juillet 1944 :
Le Régiment est stationné à la Zone d'Attente N° 1 (Assi ben Okba - Aréa 31).

5 Juillet 1944 :
Par message N' 4792/1 en date du 5 juillet 1944 de Monsieur le Général commandant l'Armée "B", le Lieutenant Maroger Gilbert, du 5e R.C.A. est affecté à l'Etat-Major de l'Armée "B"

8 Juillet 1944 :
Sur le rapport du Commissaire à la Guerre, le Gouvernement provisoire de la République Française décrète :
Article premier
Sont promus à titre temporaire pour prendre rang du 25 juin 1944 : Active - Troupes Métropolitaines Cavalerie :
au grade de Chef d'Escadrons : Monsieur le Capitaine Arnoux de Maison Rouge Marie-Gilbert ;
au grade de Capitaine: Monsieur le Lieutenant Dumesnil Robert, Charles Adolphe ;
au grade de Lieutenant indigène : Monsieur le Sous-Lieutenant indigène Soukehal Tahar ;
au grade de Sous-Lieutenant : Messieurs l'Aspirant Prévost Bernard -Marie, l'Adjudant-Chef Mauclert Aimé.
Réserve - Cavalerie :
au grade de Sous-Lieutenant : Monsieur l'Aspirant Chazot Guy-Marie.
Article 2
Le Commissaire à la Guerre est chargé de l'exécution du présent décret qui sera enregistré et communiqué partout où besoin sera.
Fait à Alger, le 27 juin 1944.
signé : Charles de Gaulle.
Le Capitaine Dumesnil Robert prend la date de ce jour le commandement du 4e Escadron.
A l'occasion du passage de consignes du Chef d'Escadrons de Maison Rouge au Capitaine Dumesnil, une prise d'armes s'est déroulée au bivouac du 4e Escadron en présence du Colonel Kientz, Commandant le Régiment.
A l'issue de cette prise d'armes, sous une toile de tente dressée entre deux chars, le Chef d'Escadrons de Maison Rouge et le Capitaine Dumesnil ont offert aux Officiers et Aspirants du Régiment un apéritif.

10 Juillet 1944 :
Suivant avis de Mutation N° 4873/I en date du 7 juillet 1944 de Monsieur le Général, Commandant la 1ère D.B., le Chef d'Escadrons Arnoux de Maison Rouge Marie, du 5e R.C.A. est affecté au 2e Régiment de Cuirassiers.

14 Juillet 1944
Le Régiment a pris les armes, à l'occasion de la Fête Nationale. La présence de Monsieur le Général de Lattre de Tassigny, Commandant l'Armée, rehaussait l'éclat de cette cérémonie.
Les quatre escadrons de combat, aux ordres de leurs Capitaines ont pris part à cette manifestation, qui groupait les C.C. 2 (Général Le Couteulx de Gaumont) et C.C. 3 (Colonel Caldairou). Le C.C. a pris part aux manifestations qui se sont déroulées à Oran.
L'Etendard était porté par le Lieutenant Pinoteau du 4e Escadron. L'Etat-Major assurait sa garde ainsi que celle du fanion personnel du Colonel.
L'Aréa où stationne la Division (Région d'Assi ben Okba) a été le théâtre de cette manifestation à laquelle assistaient en outre le Général du Vigier, Commandant la 1ère D.B. et le Colonel Rousset, Commandant l'Artillerie Divisionnaire.

1er Août 1944 :
Le Régiment a été articulé pour l'embarquement en cinq fractions (quatre de matériel et personnel, une de personnel), correspondant sensiblement aux quatre Escadrons de combat. Les éléments de l'Etat-Major et de l'E.H.R. ayant été répartis avec les Escadrons de combat.
Le 1er août au soir, tout le matériel est embarqué.
Le personnel s'installe de nouveau sous les guitounes de l'Aréa 31.
Le Régiment vit grâce aux véhicules mis à sa disposition par le 2e R.C.A., le 38e F.T.A. et la Compagnie de transport de la Division.
Les Officiers de l'Etat-Major du Régiment sont embarqués comme suit :
Le Colonel et le Lieutenant Richter : sur le bateau N° 1 avec l'Escadron Moreau.
Le Commandant de Beaufort, le Capitaine de Mas Latrie et le Lieutenant Lugan : sur le bateau N° 5 avec l'Escadron Pazzis.
Le Commandant Rouvillois et le Sous-Lieutenant, Hervouet : sur le bateau N° 7 avec l'Escadron Chéry.
Le Commandant de Menditte : sur le bateau N° 8 avec l'Escadron Dumesnil.

4 Août 1944 :
ORDRE N° 151
Le Colonel Kientz exerçant provisoirement le commandement du C.C. 2, le Chef d'Escadrons de Beaufort assurera pendant son absence le commandement du Régiment.
Le Colonel Kientz remplace le Général Le Couteulx de Gaumont qui vient d'être nommé Gouverneur de Rome.

6 Août 1944 :
Le Colonel Désazars de Montgailhard revenant de l'Ile d'Elbe et d'Italie, récemment affecté au C.C. 1 fait une courte apparition au bivouac.

8 Août 1944 :
A 6 heures 30, l'embarquement du Régiment commence. Des véhicules de la Base d'Oran transportent le personnel soit au Quai d'Oran soit à Mers-el-Kébir.

9 Août 1944 :
A midi, le Régiment est entièrement embarqué. Les bateaux restent à quai.
La vie s'organise à bord d'où il est interdit de descendre.

10 Août 1944 :
A 18 heures 30, le convoi quitte la rade de Mers-el-Kébir pour une destination inconnue. Le R.C.A., pour la première fois de son histoire, quitte la terre d'Afrique en corps constitué.

11 Août 1944 :
Le convoi longe les Côtes d'Afrique à quelques 5 ou 6 milles et se dirige vers l'Est.

12 Août 1944 :
Le convoi arrive au large d'Alger.

13 Août 1944 :
Le convoi quitte les côtes à hauteur du Cap de Fer dans la Région de Philippeville et se dirige vers le Nord-Est.

14 Août 1944 :
Le convoi longe les côtes ouest de la Sardaigne et de la Corse.

15 Août 1944 :
Le convoi arrive au large des côtes de France dans la Région de Saint-Tropez. Le canon tonne. Une messe est célébrée sur le pont du " Godkin ".

LE 5e R.C.A. EN FRANCE
ORDRE DE BATAILLE
Chef d'Escadrons de Grout de Beaufort, Commandant le Régiment
Etat-Major :
Chef d'Escadrons de Berterèche de Menditte, Adjoint et Commandant en second.
Chef d'Escadrons Rouvillois, Réserve de Cadres.
Capitaine de Mas Latrie, Chef du Service Auto.
Médecin : Capitaine Aubert.
Lieutenant Lugan, Officier de Transmissions.
Lieutenant Richter, Officier de Renseignements et Commandant du P.C.
Sous-Lieutenant de Montalembert, Officier de Liaison.
Aspirant Petiet, Officier de Liaison.
Sous-Lieutenant Hervouet, Commandant le Peloton de 57.
Escadron hors rang :
Capitaine Vincent, Commandant l'Escadron.
Capitaine Liautaud, Commandant l'Echelon régimentaire.
Capitaine Peix, Commandant le Peloton d'approvisionnement en essence et en munitions.
Lieutenant Réau, Commandant le Peloton d'approvisionnement en vivres.
Sous-Lieutenant Soukéhal, Officier indigène.
Sous-Lieutenant Chevalier, 0fficiér des Détails.
Aspirant Vives, Commandant le Groupe de Canons A.C.
Médecin auxiliaire : Nenna.

1er Escadron :
Capitaine Moreau, Commandant l'Escadron.
Lieutenant Rouland.
Sous-Lieutenant Destremau.
Sous-Lieutenant de CabroL
Adjudant-Chef Girard, Commandant le Peloton d'Echelon.
2e Escadron :
Capitaine de Séguins-Pazzis, Commandant l'Escadron.
Lieutenant Croizé-Pourcelet, Officier d'Echelon.
Lieutenant Sauve grain.
Sous-Lieutenant Schreiber.
Aspirant Le Corre.
3e Escadron :
Capitaine Chéry, Commandant l'Escadron.
Lieutenant d'Aram.
Lieutenant Foerst.
Sous-Lieutenant de Boisgelin.
Lieutenant Loustau, Officier d'Echelon.
4e Escadron :
Capitaine Dumesnil, Commandant l'Escadron.
Lieutenant Pinoteau.
Sous-Lieutenant Dory.
Aspirant Goumand.
Adjudant-chef Finot, Officier d'Echelon.

Les navires du convoi jettent l'ancre dans la baie de la Nartelle le 15 août 1944 à 19 heures.
Les opérations de débarquement commencent le 16 août pour les bateaux des 1er et 2e Escadrons.
Débarquement terminé le 19 août. Ces éléments seront engagés dans des conditions qui font l'objet d'un chapitre particulier.
Les opérations de débarquement commencées le 19 août au soir pour le bateau du Escadron sont terminées le 21 août à midi.
Le " Dalton " est débarqué à partir du 20 août. Les opérations sont terminées le 23 août.
La Zone de regroupement du Régiment est le Hameau de la Fourre, trois kilomètres Ouest de Grimaud. Au bord Ouest : Zone de stationnement du 1er Zouaves. Au Sud-Est bivouac du III/68.

21 Août 1944 :
Les éléments débarqués aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte font mouvement dans l'après-midi sur les Hervattes par l'itinéraire : Carrefour N-O. de Grimaud (p. i.), La Garde Freinet, Gonfaron, Flaissans, Brignoles, Tourvès, Rougiers, Sainte-Zacharie, Auriol.
Départ du bivouac : 14 heures 45 dans l'ordre :
E.M., 4e Escadron, Peloton Boisgelin (3e Escadron), E.H.R.
Le Capitaine Vincent, Commandant l'E.H.R., reste sur place pour regrouper le reliquat du 3e Escadron et les éléments de l'E.H.R., qui n'ont pas encore débarqué.
Arrivée à Hervattes à 20 heures 30. Installation en halte gardée :
P.C., 4e Escadron,, à l'Ouest de la station d'Auriol ; Peloton Boisgelin, 57 de l'E.H.R., bloquage du carrefour Auriol-Roquevaire.
Peloton de 81, Contrôle de la circulation à 400 mètres Nord du P.C. sur la route de la Destrousse.
A la Destrousse, le 1er Zouaves.
A la station d'Auriol, la Compagnie du Génie.
A Roquevaire, une reconnaissance du 1/3e R.C.A.

22 Août 1944 :
Le 4e Escadron, des éléments légers du P.C., le Peloton de 81, participent aux opérations de nettoyage dans la Région de Peypin, dans les conditions suivantes :
Le Général Commandant la 1ère D.B. qui veut avoir sa liberté de mouvement sur les axes d'Aix ou de Marseille, charge le Commandant du C.C. 2 (Colonel Kientz) de faire tomber la position de Peypin dans la journée du 22 août.
Le Chef d'Escadrons de Menditte reçoit le commandement de l'opération et dispose
- de la 3e Compagnie de Zouaves,
- d'une Section du Génie,
- des feux de trois Pelotons du 5e R.C.A.,
- de la 9e Batterie du III/68e R.A.,
- des canons M. 8 et des mortiers du 3e R.C.A.,
- des mortiers du 5e R.C.A.
L'infanterie a pour mission de s'infiltrer par la crête boisée S.-E. , N.-O., reliant Destrousse à Peypin ; en fin d'action, elle doit occuper Peypin et pousser une reconnaissance sur le mamelon 1 kilomètre Ouest.
En cas de réaction ennemie sérieuse, elle se contentera de resserrer le contact, sans pousser à fond le nettoyage envisagé. Cette reconnaissance offensive sera appuyée par les feux du Groupe d'artillerie des chars du 5e R.C.A. (ceux-ci agissant uniquement comme base de feux mobile) l'ensemble aux ordres du Chef d'Escadrons, Commandant le III/68e R.A.
Des tirs sont préparés sur les objectifs repérés la veille au soir et sur les zones pouvant être tenues par l'ennemi.
Des tirs éventuels d'Artillerie et de T.D. sont demandés au Groupement La Pradé (C.C. 1) en particulier contre une batterie signalée à un kilomètre Sud de Condoline.
Le Génie est chargé du déminage le long de la route La Destrousse - Peypin et aux lisières de Peypin.
Le Groupement La Pradé agira sur l'axe Condoline - Mamelon, un kilomètre Ouest de Peypin.
A 1 heures 45, apprenant que la 1ère Compagnie de Zouaves venant de Saint-Tropez est sur le point d'atteindre La Rescousse, le Colonel, Commandant le C.C. 2 prescrit qu'elle devra être en mesure d'appuyer l'attaque par ses feux et de recueillir la 3e Compagnie en cas d'échec.
Entamée à 15 heures la progression évolue normalement puis est ralentie par les tirs d'arrêt ennemis et un terrain difficile. Vers 18 heures l'attaque est arrêtée aux lisières Est de Peypin-le-Vieux et Peypin-le-Neuf par une résistance sérieuse non repérée. Il semble qu'il va falloir arrêter l'attaque.
Le Commandant de Menditte se porte sur la ligne avant pour se rendre compte de la situation et dirige personnellement les feux du 5e R.C.A. sur les lisières Nord de Peypin-le-Vieux, les ruines du Château de Peypin et le clocher de Peypin, dans lesquels des mitrailleurs ennemis ont été repérés. A 20 heures 30 la 1ère Compagnie occupe Peypin et les clochers de l'église carillonnent.
Le 23, 7 heures 30, la progression aux ordres du Chef de Bataillon, Commandant le 1er Zouaves, reprend jusqu'au mamelon, un kilomètre Ouest de Peypin. Le nettoyage se fait sans difficulté. L'ennemi se rend sans résistance. Les prises de matériel sont importantes : canons anti-chars, mortiers, armes automatiques, voitures automobiles.
Le nombre des prisonniers faits le 21 août s'élève à 32. Le 23 août ce chiffre s'élève à environ. D'après les renseignements recueillis auprès d'eux, l'effectif occupant Peypin se monterait à 600. Le Service de Santé du C.C. 2 a assuré les soins de 50 blessés allemands.
Les pertes du C.C. 2 s'élèvent à 2 tués et 15 blessés.
En fin de journée, les éléments, ayant participé à l'action, stationnent sur place en halte gardée. Le 3e Escadron rejoint dans la nuit et bivouaque entre Auriol et le carrefour de la route de Roquevaire.

23 Août 1944 :
Le C.C. 2 se regroupe dans la Région de Gardanne par l'itinéraire : La Bouilladisse, La Valentine, Saint-Savaren, Simiane, La Salle, Bouc-bel-Air.
Le détachement du Régiment fait mouvement dans l'ordre : 3e Escadron, P.C., 4e Escadron, T.C., T.R.
Installation en halte gardée aux lisières Est du village Bouc-bel-Air. P.C. à la mairie.
Le 1er Zouaves est Luynes (6 kilomètres Nord).
Le III/68e est à Simiane.

24 Août 1944 :
Le Capitaine Vincent, Commandant l'E.H.R., rejoint avec les derniers éléments débarqués.
A 17 heures 15, le détachement du Régiment fait mouvement dans l'ordre :
3e Escadron, P.C., 4e Escadron, T.C., T.R., sur Eyguières par l'itinéraire :
Calas, Aqueduc de Roquevafour, Moulin-du-Pont, Les Guiches, Lançon, Salon. Le pont sur le Canal du Congrès, 3 kilomètres Sud d'Eyguières étant détruit, le Régiment bivouaque en halte gardée immédiatement au Sud du canal.
1er Zouaves (une Compagnie).
Une Compagnie Zouaves + III/68 vers carrefour Bel-Air, 3 kilomètres Ouest de Salon.

25 Août 1944 :
La I/88 rétablit un pont sur le canal. Le détachement commence à passer a partir de 10 heures 40. Le Régiment est installé aux lisières du village d'Eyguières :
4e Escadron - Nord.
3e Escadron - Ouest.
T.C. et T.R. - Ouest,
P.C. à la station.
Stationnement des Unités voisines sans changement. Une messe en l'honneur de Saint Louis, patron de la 1ère D.B., est dite à la mémoire des Aspirants, gradés et chasseurs tués devant Toulon.

26 Août 1944 :
Le Commandant de Beaufort arrive à Eyguières avec les éléments du P.C., les 1er et 2e Escadrons, les éléments du T.C. et dépannage qui ont participé aux opérations devant Sollies-Pont, La Farlède, La Valette et Toulon.

JOURNAL DE MARCHE
du Groupement du Chef d'Escadrons de Beaufort
(1er et 2e Escadrons du 5e R.C.A. devant Toulon)

ORDRE DE BATAILLE
Chef d'Escadrons de Beaufort, Commandant provisoirement le 5e R.C.A.
Capitaine de Mas Latrie, Chef du Service Auto-Adjoint..
Lieutenant Lugan, Officier de Transmissions.
Lieutenant Richter, Officier de Renseignements.
Sous-Lieutenant de Montalembert, Officier de Liaison.
Capitaine Aubert, Médecin-chef du 5e R.C.A.
Médecin auxiliaire Nenna.

1er Escadron :
Capitaine Moreau.
Lieutenant Rouland, Chef de Peloton.
Sous-Lieutenant Destremau, Chef de Peloton.
Aspirant Scaramangas, Chef de Peloton.
2e Escadron :
Capitaine de Pazzis.
Lieutenant Croizé, Chef de Peloton.
Lieutenant Sauvegrain, Chef de Peloton.
Sous-Lieutenant Schreiber, Chef de Peloton.
Aspirant Le Corre, Chef de Peloton.
   


19 Août 1944 :
11 heures - Le Chef d'Escadrons arrive au bivouac à Grimaud, rentrant du P.C. de l'Armée, le Général du Vigier était venu le chercher à 7 heures 30.
Un détachement composé de :
1) des Eléments du P.C. : 2 chars de Commandement, Observateurs, Transmissions et 6 pompiers,
2) le 1er Escadron réduit à 1 peloton (Destremau), les autres n'ayant pas encore débarqué,
3) le 2e Escadron complet moins l'Aspirant Le Corre, Officier T.Q.M.,
4) des Eléments de ravitaillement très légers, doivent être prêt à démarrer à 12 heures.
A 12 heures 30. - Le Lieutenant Richter part avec les Orienteurs vers le P.C. du Général de Montsabert (Les Vidaux), Région de Pierrefeu.
A 14 heures. - Le Détachement part pour Pierrefeu.
A 19 heures. - Le Capitaine de Mas Latrie rejoint Pierrefeu venant de Sainte-Maxime.
Le P.C. s'installe à l'hôpital de Pierrefeu.
Les Unités au bivouac à l'entrée Est.
Les Eléments suivants arrivent à Pierrefeu pour se mettre aux ordres du Chef d'Escadrons :
a) Peloton de Reconnaissance Tréhu du 3e R.C.A., Compagnie Guidicelli du 6e R.T.S.,
b) 2e Compagnie du 101e Régiment de Génie,
d) Peloton spécial Lieutenant Lamaze du 3e R.C.A.
e) Section Somson du 71e Régiment de Génie, 3e Compagnie. Tous ces éléments s'installent au bivouac à l'Est du village. Les véhicules du Régiment sont ravitaillés en carburant vers 20 heures.
Le Chef d'Escadrons se présente au Général Magnan, dont le P.C. est installé à côté de l'hôpital.
La mission du Groupement est de s'emparer par surprise de l'Arsenal de Toulon. Le Groupement doit entreprendre son action aussitôt que l'infanterie de la 9e D.I.C. lui aura établi un passage sur le Gapeau.

20 Août 1944 :
A 2 heures. - L'ordre particulier N° 3 prélève sur le Groupement, l'Escadron Pazzis pour le mettre à la disposition du Colonel Salan, Commandant le 6e R.T.S.
Cet Escadron a pour mission d'appuyer la progression de l'infanterie dans un terrain difficile de la Cote 188, 2 kilomètres Est de Guers, en direction de Sollies-Pont.
A 4 heures. - Ordre N° 1 du Chef d'Escadrons.
A 4 heures 45. - Départ de l'Escadron Pazzis et du char Bossut qui doit servir de liaison entre les chars et l'infanterie.
A 6 heures Départ en Jeep du Chef d'Escadrons et du Capitaine de Mas Latrie.
Le reste du Groupement restera au bivouac aux ordres du Capitaine Guidicelli prêt à faire mouvement sur ordre.
Pendant toute la matinée et le début de l'après-midi l'Escadron Pazzis progresse au milieu de l'Infanterie dans un terrain difficile entre la côte 188, 2 kilomètres 500 Sud-Est de Cuers, et les hauteurs qui dominent Sollies-Pont, immédiatement à l'Est.
L'Escadron engage un duel d'artillerie violent avec les batteries allemandes situées aux environs de Sollies-Ville.
Pertes :
1 tué : Chasseur Clouet, du 2e Escadron.
2 blessés : Maréchal des Logis-Chef Boyer.
A 15 heures. - Arrivée de l'ordre de relève du 2e Escadron par l'Escadron T.D. du R.C.C.C.
(Ordres particuliers N° 4 et 6).
En réalité par suite de la lenteur des T.D. l'opération n'est réalisée qu'à 20 heures.
L'Escadron rejoint la zone de ralliement du Groupement, Ferme Afrique, 2 kilomètres Est de Cuers, à 21 heures.
Au début de l'après-midi, le Peloton Trehu avait été porté à Cuers et a poussé des reconnaissances sur Sollies-Pont, Sollies-Touka, et n'ayant pu progresser en raison des réactions ennemis, il reste en surveillance sur Sollies-Pont, à 2 kilomètres 500 Nord-Est de ce village.
Ce Peloton a été relevé par l'Escadron de Reconnaissance du R.I.C.M. à 15 heures 15.
Il rejoint le C.C. 2 en fin de mission.
A 15 heures. - Le Chef d'Escadrons donne l'ordre au Capitaine Moreau de rejoindre le P.C. avec le reliquat de son Escadron. Opération terminée à 19 heures.
Au cours d'une reconnaissance, le char de Commandement du Chef d'Escadrons se retourne dans un passage difficile. Le Maréchal des Logis Tison, Chef de char, est tué.
Le char est relevé et rejoint le P.C. dans la soirée.
Le P.C. et les deux Escadrons passent la nuit aux environs de la Ferme Afrique à proximité du P.C. du Général, Commandant la 9e D.I.C.
A 22 heures. - Le Chef d'Escadrons revient du P.C. du Général, où il a reçu des ordres verbaux et donne ses ordres pour les opérations du lendemain.

21 Août 1944 :
Réception de l'ordre particulier N° 9, du Général, Commandant la 9e D.I.C., qui confirme les ordres verbaux donnés la veille.
Il est constitué aux ordres du Chef d'Escadrons, un détachement comprenant :
- les deux Escadrons du 5e R.C.A.,
- un Escadron T.D. du R.C.C.C.,
- un Escadron de reconnaissance du R.I.C.M.,
- une Compagnie d'Infanterie,
- une Section du Génie,
- une Batterie d'Artillerie.
Trois Détachements de reconnaissance (Chars légers du 5e R.C.A.) sont axés respectivement sur les Senès, Sollies-Pont, Le-Pont-Neuf.
Les résultats de ces reconnaissances indiquent que la Région du Pont-Neuf est minée, les champs de mines sont battus par des blockhaus. Le pont de chemin de fer de Sollies-Pont est intact, mais miné et la voie ferrée minée également sur une grande longueur.
Vers 10 heures, les premiers chars légers peuvent déboucher de les Senès en direction de Sollies-Pont. Ils doivent, pour déboucher, mitrailler des résistances situées sur les pentes qui dominent la route.
Les patrouilles poussées sur Sollies-Ville rencontrent des difficultés de terrain et des résistances ennemies et sont obligées de faire demi-tour.
Le peloton Destremau pousse sur l'axe de la Farlède, détruit un canon de 75 P.A.K. au Logis-Neuf, enlève une barricade battue par le feu et malgré un violent barrage d'artillerie pénètre dans la Farlède à 11 heures 30.
Patrouillant dans le village, il engage un combat à la mitrailleuse avec des éléments ennemis tirant des fenêtres et lançant des grenades et des mines sur les chars.
Les chars continuent à patrouiller dans les rues jusqu'au moment où un obus de gros calibre tombe sur un char léger. Le Chef de char est tué. Le char démoli interrompt toute circulation. Les Allemands profitent du répit qui leur est ainsi laissé pour abattre deux énormes platanes en travers de la route et poser des mines piégées pour en interdire l'accès.
Le terrain n'étant pas déminé aux abords du village, les Eléments du Peloton Destremau, qui l'ont dépassé sont pratiquement coupés du reste du détachement. Malgré toutes ses réclamations, le Commandant du Groupement blindé ne peut obtenir la Compagnie d'Infanterie qui a été théoriquement mise à sa disposition.
Pour dégager la Farlède, il décide :
1) de mettre le Peloton Lamaze à la disposition du Capitaine de Mas Latrie pour déloger les tirailleurs ennemis qui, embusqués de part et d'autre de la route entre le Logis-Neuf et la Farlède, interdisent l'accès de la barricade,
2) d'attaquer avec l'Escadron Pazzis au Sud de la Farlède le long de la voie ferrée pour dégager largement la localité.
L'attaque des chars moyens débouche à 13 heures 55 et après avoir écrasé la ligne fortifiée ennemie, atteint son objectif Jérusalem, Station de la Farlède, La Garrejade.
Pertes : 8 chars moyens, dont 2 ou 3 peuvent être récupérés rapidement.
L'attaque du 2e Escadron a été couverte sur sa gauche et appuyée par l'Escadron de T.D. du R.C.C.C. qui avait enfin rejoint.
A 15 heures. - Pendant ce temps le Peloton Lamaze commençait le travail de nettoyage des abords de la route Logis-Neuf, La Farlède, puis de la Farlède. En raison de son faible effectif et des bombardements intenses, le nettoyage et le déminage de la route ne put être terminé que vers 20 heures. Entre temps par de nombreux messages, le Commandant du Groupement blindé continue à demander l'Infanterie toujours promise, jamais donnée. A 17 heures 25, le Commandant du Groupement blindé rend compte qu'il ne pourra plus progresser tant que l'Infanterie n'aura pas nettoyé La Farlède. Peu après un Officier d'E.M. de la 9e D.I.C. vient en liaison et fait remarquer que l'objectif fixé pour le soir est La Valette et qu'il doit être atteint sauf impossibilité. L'ordre est donné au Capitaine de Pazzis de prendre sous son commandement le Peloton Destremau et pousser des reconnaissances en direction de Pierreronde - La Valette. Quelques instants plus tard le Capitaine de Pazzis rend compte qu'il est arrêté par des armes anti-chars à Pierreronde.
L'Infanterie ayant promis d'occuper La Farlède sans délai, le Capitaine de Pazzis reçoit l'ordre d'attaquer et de continuer sa mission avec une grande prudence.
Vers 19 heures le Capitaine de Pazzis rend compte qu'il est installé à La Valette. Des patrouilles, sous les ordres du Sous-Lieutenant Destremeau ont été poussées jusqu'au Fort d'Artiguès. Le détachement s'est replié pour la nuit sur La Valette.
Comme il a été dit plus haut, l'Infanterie promise n'est toujours pas arrivée et le passage de La Farlède est toujours coupé.
Le Peloton Rouland reçoit alors mission de rechercher un passage à l'Est de La Farlède pour permettre de rétablir une liaison avec La Valette. Il rencontre des régions minées et ne peut passer.
Vers 20 heures 30 le Peloton Rouland et le Commandant de Groupement blindé dans son char essaient de forcer le passage par la route, mais, seul un char léger arrive à passer et à traverser La Farlède, le Commandant du Groupement arrive à passer d'abord en Jeep, puis à pied dans La Farlède et constate :
1) que La Farlède est évacuée par les Allemands et que la barricade peut être enlevée,
2) que l'occupation du village par l'Infanterie est faite seulement par un Aspirant et quatre Sénégalais réfugiés au fond d'une grange. Le village et ses abords sont soumis à un bombardement très violent,
3) en utilisant le char léger qui a réussi à passer, une tentative de liaison faite pour reprendre liaison avec le détachement Pazzis reste sans résultat.
Cette journée de combat est caractérisée par l'impossibilité pour un Groupement blindé d'opérer dans des conditions acceptables s'il n'est appuyé par une Infanterie suffisamment mobile et suffisamment nombreuse pour assurer sur ses arrières le nettoyage de quelques points essentiels et la garde de ses communications.
Il faut noter également qu'aux défenses ennemies, comprenant des champs de mines défendus par les feux d'une Infanterie ardente et décidée, des armes anti-chars des organisations bétonnées ou enterrées, s'ajoutait une artillerie nombreuse de tous calibres disposant d'observatoires, lui permettant d'effectuer des tirs extrêmement denses et précis. Cette artillerie s'est toujours attaquée particulièrement aux chars dès qu'ils apparaissaient sur un point du champ de bataille. Seules les qualités manœuvrières des unités et la prudence de leurs chefs ont limité à peu de chose, les effets de ces tirs d'une violence vraiment exceptionnelle.
En fin de soirée le Groupement blindé était ainsi articulé :
Un Elément de tête occupant La Valette avec 8 chars moyens et 2 légers, le reste du détachement est avec le Commandant du Groupement dans la région de La Farlède avec 6 chars légers et 2 chars moyens, récupérés après la première attaque de l'escadron Pazzis sur La Farlède.
L'Escadron de tanks-destroyers est échelonné entre Logis-Neuf et Sollies-Pont. A la nuit, pour faire le ravitaillement, le Détachement est replié aux abords de Sollies-Pont.
L'infanterie passe la nuit à la hauteur de Logis-Neuf, pendant que le Détachement de La Valette aux ordres du Capitaine de Pazzis se battra dans les rues de La Valette et aux alentours, au canon ou à la mitraillette, infligeant à l'ennemi des pertes considérables en hommes et en matériel.
Pertes du 21 août :
1er Escadron :
Personnel :
Blessés : Sous-Lieutenant Destremeau, Maréchal des Logis-Chef Gouraud, Maréchal des Logis de Lavarenne, Chasseurs Serrecourt, Grizaut, Guédj.
Tués : Maréchal des Logis-Chef Chambon, Brigadier-Chef Gouin, Chasseur Valbros.
Matériel :
1 char léger endommagé : Aunis, 2 chars légers détruits : Aquitaine et Artois.
2e Escadron :
Personnel :
Blessés : Lieutenant Sauvegrain, Brigadier-Chef Kast, Chasseur Dubois, Lieutenant Croizé, Sous-Lieutenant Schreiber.
Tués : Chasseurs Froment, Messina, Bonnet, Maréchal des Logis Berthon, Chasseur Gillot.
Matériel :
5 chars endommagés : Paris, Poitiers, Soissons, Rocroi, Saumur ;
3 chars moyens détruits : Strasbourg (par 88), Reims (par grenade A.C.), Rennes (par 88).

22 Août 1944 :
L'ordre d'opération N° 10 fixe les missions des 9e D.I.C. et Groupements blindés.
A 10 heures 30 ; les Eléments de Groupements blindés se portent sur la Pierreronde en mitraillant au passage de nombreux éléments ennemis et parvient rapidement sur les hauteurs à 2 kilomètres Ouest de La Valette où le Commandant du Groupement blindé installe son P.C. Les chars échelonnés de part et d'autre de la route mitraillent les nombreux éléments ennemis entre la Pierreronde et ce point en attendant l'arrivée de l'Infanterie. A hauteur de la Pierreronde le char de Commandement du Capitaine Moreau a été, percé par une arme anti-char. Pendant tout l'après-midi, les chars et le P.C. sont soumis aux tirs de l'artillerie adverse.
Le Sous-Lieutenant Mauclert, Chef de Char de Commandement du Chef d'Escadrons, est blessé.
Le Détachement blindé a été renforcé par l'Escadron de chars légers du R.I.C.M., mais cette unité arrivant à la tombée de la nuit ne peut être employée. A 19 heures 30, deux chars légers aux ordres du Lieutenant Rouland forcent le passage en direction de La Valette et prennent liaison avec le Détachement de Pazzis. Vers 20 heures l'Infanterie renonçant à débloquer le passage de La Valette le soir même, le Commandant du Groupement s'y porte lui-même avec un char de Commandement pour y établir son P.C.
Pendant la journée du 22 août le Détachement de Pazzis a effectué plusieurs sorties pour détruire des batteries ennemie ou des nids de résistance.
Pertes du 22 août :
Personnel :
Blessés : Sous-Lieutenant Mauclert, de l'Etat-Major, Chasseur Penicaud, du 1er Escadron, Chasseur Bady, du 1er Escadron, Sous-Lieutenant Destremau, du 1er Escadron, Chasseur Nanta, du 1er Escadron, Chasseur Ausina, Chasseur Kuflig, du 1er Escadron.
Matériel :
2 chars légers endommagés : Anjou, Bretagne.

23 Août 1944 :
Le 23 au matin l'Infanterie de la 9e D.I.C. fait une nouvelle tentative pour forcer le passage vers La Valette appuyée par
1) des Eléments de chars légers et moyens aux ordres du Capitaine Moreau, (cinq ou six chars légers, deux chars moyens)
2) un Escadron de chars légers du R.I.C.M. (Escadron non encore engagé),
3) un Escadron de Chasseurs de chars du R.C.C.C.
Cette attaque est appuyée par une sortie des Eléments encerclés dans La Valette.
Vers 8 heures du matin les Allemands attaquent violemment La Valette avec de l'Infanterie et des Equipes de chasseurs de chars. Ils sont repoussés après un violent combat de rue, mais le char "Verdun" est détruit et deux autres chars endommagés. Une partie des Eléments blindés se porte au devant de l'Infanterie pour aider Sa progression. Le reste des chars, posté aux lisières Nord et Sud de La Valette, mitraille les colonnes ennemies en retraite, tuant au moins 200 Allemands. Deux chars moyens attaquent à 7 heures 50 la fameuse batterie allemande du Touar et la neutralisent.
Au milieu de l'après-midi l'Infanterie fait enfin son entrée dans La Valette défendue depuis deux jours et demi par les chars seuls. Il était temps, toutes les munitions étant épuisées.
Le Détachement blindé se porte au repos, sur Château-Redon pour effectuer la révision et l'entretien de son matériel.
Pertes de la journée du 23 août :
1er Escadron :
Personnel :
Tués : Aspirant Gorini.
Blessés : Chasseur Charlet.
2e Escadron :
Tués : Maréchal des Logis Mairesse-Lebrun, Chasseurs Pollet, Barrey, Gaabus.
Blessés : Chasseurs Lathiène, Bartholo, Brigadier Faucombret.
Matériel :
1 char moyen détruit "Verdun", 2 chars moyens endommagés "Rouen", "Rochefort".

24 Août 1944 :
Vers 14 heures 30 le Groupement blindé est placé aux ordres du Colonel Le Puloch, Commandant le R.I.C.M., pour participer au nettoyage de Toulon.
Vers 15 heures le Chef d'Escadrons part au P.C. du Colonel Le Puloch, Commandant le R.I.C.M. Vers 15 heures 30, le Capitaine de Mas Latrie le rejoint avec l'Escadron léger réduit à dix chars, l'Escadron moyen réduit à cinq chars.
Vers 16 heures le Groupement reçoit l'ordre de faire la liaison entre le Groupement-Bonjour, encerclé dans Toulon depuis 48 heures et les Eléments de la 9e D.I.C. installés à l'Ouest de Toulon.
Le Détachement blindé, par la Gare et les Quatre-Chemins gagne Ollioules.
Il rentre à Château-Redon vers 10 heures du soir. Mission accomplie sans incidents.

25 Août 1944 :
Le Groupement blindé a passé la nuit à Château-Redon.
Vers 10 heures le Général Magnan vient faire ses adieux au Groupement et remet au Chef d'Escadrons l'ordre particulier N° 13 ; le Groupement est mis à la disposition du Général, Commandant le Sous-Secteur Ouest, P.C. Ollioules, dans la presqu'île du Cap Sicie, Cette mission terminée le Groupement rejoindra la 1ère D.B.
Le départ a lieu à 12 heures 30 dans l'ordre :
L'Escadron de Chars moyens, P.C., Trains.
Itinéraire : La Valette, route touristique Sud du Faron, Val Bourdin, les Quatre-Chemins, Ollioules.
A hauteur du Fort d'Artigues, sur lequel nos tirs d'artillerie avaient cessé vers midi, le Commandant fait échelonner les chars moyens prêts à tirer. Le Fort étant encore aux mains de l'ennemi, celui-ci réagit faiblement. Une cinquantaine, d'Allemands essaient de gagner leurs emplacements de combat, mais sont arrêtés par les tirs de mitrailleuses des chars. Tout le détachement passe sans incident à 20 mètres du Fort et gagne Ollioules où se trouve le P.C. du Général Morlière.
Il est d'abord envisagé de monter une opération d'Infanterie appuyée par les chars pour s'emparer du Fort et des Six-Fours. Les pourparlers de reddition du Fort étant en cours, le Groupement est libéré. Il gagne à la tombée de la nuit Palante, 2 kilomètres Est d'Aix-en-Provence.
Pertes de la Journée du 25 août : néant

26 Août 1944 :
A 9 heures le Groupement se porte à Eyguières où il rejoint le reste du Régiment à 11 heures.

1er Escadron
Comment l'équipage du " Bretagne " (char léger) effectue la reconnaissance de La Valette

Le 22 août 1944 20 heures, le Lieutenant Rouland, Commandant un Peloton de chars légers du 5e Chasseurs d'Afrique, recevait l'ordre de reconnaître l'axe La Valette - La Farlède sur lequel devait opérer le groupement tactique auquel il appartenait. L'objectif final était Toulon, 7,5 kilomètres de La Valette.
Abondamment fortifié, bien pourvu en canons anti-chars de tous calibres, en abris bétonnés, ce secteur, dans lequel plusieurs routes étaient minées, était encore défendu par les batteries côtières de Toulon, que l'ennemi avait retournées vers l'intérieur.
Un Escadron de chars moyens précédé par un autre peloton de chars légers, avait réussi le 21 août 1944 par une audacieuse manœuvre à se frayer un chemin jusqu'à La Valette, première porte de Toulon. Enfermés depuis au cœur de l'agglomération, dont les issues avaient été barrées après leur passage, les chars constituaient un îlot de résistance puissant sans doute, mais aussi fortement handicapé par les munitions qui s'épuisaient, et par le terrain lui-même, les rues d'une petite ville étant par définition le contraire d'un champ de manœuvre.
Tels étaient les renseignements que le Lieutenant Rouland avait pu donner à ses Chefs de chars au moment du départ. Telle était l'ambiance dans laquelle il allait travailler. Le décor à la mesure du reste, était essentiellement constitue à droite et à gauche de son axe qui se prolongeait sur dix kilomètres par des lignes de hauteurs fortifiées, coupées de vignes, tous terrains impraticables aux chars, qui se trouvaient de ce fait condamnés à ne pas quitter la route.
Quoiqu'il en soit, et grâce à l'appui des feux de trois chars moyens, les cinq chars de la patrouille allaient réussir à gagner après quelques efforts la dernière crête dominant les issues de son objectif. Un bon observatoire à 1 000 mètres des premières maisons permettait d'effectuer le tour d'horizon indispensable, mais il n'était guère possible de mettre pied à terre. Chaque tentative du Chef de peloton avait immédiatement déclenché des tirs nourris de mitraillettes servies par les Allemands dissimulés dans les vignes et si bien camouflés par les feuillages que ce n'est qu'au jugé que nos tireurs pouvaient leur répondre de leurs tourelles.
Pour obtenir le renseignement cherché, une première incursion vers le village était donc nécessaire. Le Lieutenant Rouland décidait de tenter la chose et sur son propre char, le " Béarn ", appuyé par le " Bretagne ", il se portait en avant jusqu'à cinq ou six cents mètres de la petite ville, dans laquelle rien ne paraissait bouger, mais où chaque fenêtre semblait voir. L'Officier et son Adjoint arrivaient à déceler la présence de deux canons anti-chars de 88, dont les servants soigneusement camouflés sans doute, ne donnaient signe de vie. A quelques mètres du " Béarn ", la carcasse de l'"Aquitaine ", un des chars qui avaient tenté la veille de forcer le passage, témoignait cependant de l'excellence du tir de ceux qui se montraient aussi prudents pour l'heure.
Leur observation terminée, les deux véhicules regagnaient donc en hâte le défilement de la dernière crête et chacun dûment renseigné, une descente violente sur le village était décidée. Elle devait être précédée d'une part, de la destruction des canons repérés par un tir ajusté, des trois chars moyens qui venaient d'arriver, et d'autre part, d'un tir nourri et systématique de ces mêmes chars, sur toutes les lisières se trouvant dans le champ de leurs 75.
En quelques minutes une cinquantaine d'explosifs s'abattaient donc sur tous les points suspects et les deux premiers chars légers de la patrouille, " Bretagne " en tête, dévalaient en trombe vers leur objectif suivant les consignes reçues.
C'était sans doute là, l'occasion si patiemment attendue par la défense allemande. A peine les chars s'étaient-ils engagés, que, des maisons, des buissons, qui paraissaient endormis à la minute précédente, jaillissait un feu nourri de mitrailleuses lourdes et de canons légers. Dans le même temps une batterie allemande de gros calibre encadrait la route avec précision isolant le " Bretagne " du reste de la patrouille.
La radio cependant allait jouer son rôle, et tandis qu'on pouvait voir la tourelle du " Bretagne " cracher tout azimut, la voix du Chef de char situait, très calme dans tout ce fracas, les objectifs précis que sa présence dévoilait. En quelques secondes le Commandant de la reconnaissance détenait les, renseignements grâce auxquels l'Infanterie et l'Artillerie allaient pouvoir jouer leur rôle. A l'expiration de ces précieux instants le Lieutenant Rouland apercevait de son char le " Bretagne " qui effectuait un fantastique virage et culbutait sur la droite de la route, tandis qu'une de ses chenilles volait en éclats.
La radio s'était tue, mais la patrouille avait accompli la première partie de sa mission. Tous les chars, sauf le "Bretagne", rassemblés de nouveau derrière la crête, allaient attendre l'infanterie pour entamer la deuxième phase de son travail.
Le 23 août 1944, La Valette étant définitivement conquis, les équipages du Peloton Rouland, n'avaient pu, que constater les blessures du "Bretagne", criblé d'impacts, un train de roulement fracassé, il gisait complètement retourné dans le fossé de la route à l'endroit même où on l'avait vu disparaître.
A l'intérieur, parmi le désordre inextricable des obus et des casiers arrachés, rien ne permettait de fixer le sort des membres de l'équipage disparus ou prisonniers, que le Capitaine s'apprêtait à ajouter à la liste déjà longue de ses morts et de ses blessés. Cependant, la nouvelle incroyable fit le tour de l'Escadron au bivouac, comme une traînée de poudre, le Chef Raymond et les gars du "Bretagne" revenaient de la montagne avec 150 prisonniers.
Le char renversé, les occupants s'étaient trouvés dans l'obscurité la plus complète, et tous, depuis Raymond, le Chef de bord, jusqu'à Nanta, le pilote, Deperne, le tireur, Ausina, l'aide-pilote, pensèrent, comme ils l'avouèrent par la suite, que leur dernière heure était arrivée. Le sable des sacs de protection emplissait la bouche des pilotes. D'une boîte de transfert éventrée, s'écoulait de l'huile brûlante, quant à ceux de la tourelle, coincés entre la culasse du canon, à demi assommés par les obus éjectés de leurs alvéoles, ils étaient incapables de se mouvoir.
Ce fut Ausina, qui le premier retrouva ses esprits. Tâtonnant à la recherche d'une lampe électrique, il était parvenu à se redresser un peu lorsque son crâne heurta le verrou de la trappe d'évacuation qui se trouvait sur le fond du char. Saisir ce verrou, l'ouvrir, ne fut l'affaire que d'une seconde. La trappe était coincée, s'arc-boutant de la tête et des pieds, Ausina parvint en y laissant un peu de son cuir, à la faire sauter et se glissent par le trou d'homme, se retrouva à l'extérieur au milieu d'un cercle attentif d'Allemands armés de mitraillettes. Faire sortir Nanta gravement brûlé par les projections d'huile, fut l'affaire d'une seconde.
Pendant ce temps Raymond et son tireur avaient pu aussi se reprendre, à la lueur du trou d'homme maintenant ouvert, leur situation leur apparut dans toute sa désespérance. Deperne, la tête en bas, avait les doigts d'une main coincés dans sa porte de tourelle. Faute de ne pouvoir se dégager, il ne pouvait faire place au Chef tassé en boule à côté de lui. Tous les deux très calmes envisagèrent toutes les solutions possibles. Ce fut Deperne, qui le premier pensa avoir trouvé et qui déclara " Prenez votre couteau, Chef, et coupez-moi les doigts ". Cela était dit d'une façon si simple, que Raymond, Chef de char depuis deux fois cités pour faits de guerre et qui depuis la campagne de Tunisie, est attaché à son tireur par les liens d'une affection solide en faillit connaître sa première défaillance, celle que provoquait une émotion profonde. Cependant énergique devant son refus, Deperne avait fouillé dans ses poches, y avait trouve son couteau et l'ayant ouvert entamait froidement la besogne que son co-équipier refusait de faire. Les seuls commentaires qu'il fit par la suite au médecin qui soignait ses graves entailles furent pour regretter d'avoir un couteau si mauvais qu'en arrivant à l'os, la lame ne pouvait mordre.
Ausina à l'extérieur s'était d'abord évanoui. Pour très peu de temps d'ailleurs, car rassemblant ses forces et toujours sous l'œil des Allemands impassibles, qui se gardaient bien de bouger tant le bombardement était intense. il s'était muni de la barre à mine fixée sur le "Bretagne", et s'attaquait résolument aux ferrailles tordues qui bloquaient le Chef dans sa tourelle.
Malgré de nombreuses défaillances physiques, il parvenait enfin à la dégager et Raymond émergeant à son tour du chaos se trouva entouré d'ennemis. Par gestes, il leur fit comprendre la situation du dernier membre de l'équipage. Un cric était nécessaire pour le dégager. Il convient de souligner ici en toute impartialité le geste de ce Sous-Officier allemand, qui sans se départir de sa surveillance donne l'ordre l'un de ses hommes d'aller chercher l'outil demandé. Ces Allemands étaient les servants d'une pièce de 77, et trois d'entre eux avaient été tués par le tir du "Bretagne".
Lorsque Deperne sentit le char se soulever, il eut la conviction que cela signifiait la mise en place de la mine traditionnelle par laquelle la route allait se trouver déblayée de la carcasse du char.
Il avait mit sa tête entre ses genoux, et se résignait à mourir lorsque un dernier espoir, un dernier désir de vivre encore lui fit appeler son Chef. Raymond entendit ce dernier appel ou perçait pour la première fois un intense désespoir "Chef ne me laisse pas !" Et la réponse vint, apaisante, magnifique de simplicité "T'as pas besoin de gueuler, je suis là".
La conclusion est fournie par Deperne lui-même, elle est aussi laconique que tout le reste "Ça m'a quand même fait plaisir, dit-il, lorsqu'il raconte la fin de l'histoire".
Les tirs d'artillerie s'étaient calmés. Encadrés par une douzaine d'Allemands, dont plusieurs blessés, les hommes du "Bretagne" furent conduits dans des grottes souterraines qui dominent La Valette. Près de 150 Allemands s'y trouvaient, beaucoup étaient blessés, tous paraissaient avoir fourni de gros efforts. Le Chef Raymond et ses hommes devaient passer 36 heures dans ce refuge. Au matin du 24 août un Officier allemand vint à lui, et lui exposa brièvement la situation générale. Les Français victorieux arrivaient de toutes parts. Etait-il possible pour éviter un massacre, que Raymond et ses hommes assurent la reddition de toute la garnison des souterrains. Une heure après les premiers tirailleurs s'entendaient interpeller par un Sous-Officier français qui leur livrait sans coup férir ses 150 gardiens de la veille.

26 Août 1944 :
Le Régiment regroupé va stationner entre les villages de Maillane et Graveson.
P.C. à la ferme Juillau.
III/68e à Maillane.
5e Chasseurs à Graveson.

27 et 28 Août 1944 :
Entretien du matériel sur place. Reconnaissance en vue des passages du Rhône.
Le Régiment franchira le Rhône en deux points.
1) Dans la Région de Vallabrèques par portières de péniches, les chars et véhicules de plus de 9 tonnes.
2) Au Sud d'Avignon par ponts de bateaux de circonstance les véhicules à roues et à chenilles pesant moins de 9 tonnes.

29 Août 1944 :
Les opérations de franchissement commencent dans la Région de Vallabrèques dans l'après-midi :
Etat-Major à 7 heures.
1er Escadron à 9 heures.
4e Escadron à 13 heures.
2e Escadron à 19 heures.
3e Escadron le 30 août, à 1 heure du matin.
Après franchissement les Eléments se rendent par Remoulins à Saint-Filaire d'Ozilhon. P.C., C.C. à La Bégude avec le III/68e.
La 1ère Brigade de la D.M.I. est à Remoulins.
Les derniers Eléments lourds du Régiment rejoignent le cantonnement dans la nuit du 30 août à 4 heures du matin.

30 Août 1944 :
Le C.C. 2 se porte dans la Région Villefort - La Bastide par Uzès, Alès, Villefort.
Les Eléments lourds font mouvement à partir de 17 heures dans l'ordre :
1er Escadron, P.C., 2e Escadron, 3e Escadron, 4e Escadron, La tête du Régiment atteint Villefort à 23 heures.

31 Août 1944 :
Les Eléments légers du Régiment qui ont commencé le franchissement du Rhône à 7 heures du matin, rejoignent Villefort à 15 heures 30. Départ 17 heures.
Brèche importante au Sud de Prévenchères, une déviation permet de la contourner sans incident notable.
L'Aspirant Ribeyron est blessé accidentellement par la chute d'un arbre au cours des opérations d'aménagement.
Le Régiment atteint Langogne à 20 heures 30 :
1er Escadron, 2e Escadron, E.H.R., lisières Nord du village.
3e et 4e Escadron terrain de sport.
P.C. et C.C. 2 Pradelles.
III/68e lisières Sud de Langogne.

1er Septembre 1944 :
Le Régiment se porte dans la Région de Saint-Genest - Planfoy par Le Monastier, Yssingeaux, Tence, Montfaucon, Riotard, Marlhès.
Départ à 4 heures 15.
Arrivée à Saint-Genest 23 heures 30, P.C. à Saint-Genest.
1er et 2e Escadrons lisières Nord du village.
3e et 4e Escadrons à sec de gasoil, restent à 5 kilomètres à l'Ouest de Tence.
Ils gagneront la lisière Nord de Mont faucon dans la journée du 2 septembre.
P.C. et C.C. 2 sur la route du Col de la République à 1500 mètres Sud-Est de Planfoy.
III/68e à Saint-Genest.

2 Septembre 1944 :
Le Régiment au complet est regroupé à Saint-Genest.
Révision et entretien du matériel dans l'attente du carburant.

3 Septembre 1944 :
Le Chef d'Escadrons Rouvillois prend le Commandement d'un détachement composé d'un Elément du PC., du 1er Escadron, d'une section de 81 et de 57.
Le détachement se porte sur Chessy, à 5 kilomètres Nord de l'Arbresie, par Saint-Etienne, Montrond, Sainte-Foy. Il quitte Saint-Genest à 16 heures 30, arrive à Chessy vers 21 heures sans incidents.
Le reste du P.C. et le 3e Escadron font mouvement à partir de 22 heures par le même itinéraire, arrivée à Chessy à 0 heure.
Le 4e Escadron et le 2e Escadron font mouvement dans la matinée.
Les T.C. et T.R. restent sur place à Saint-Genest.

4 Septembre 1944 :
Villefranche a été libérée la veille après une action menée par les Zouaves, l'Escadron Giraud du 9e R.C.A. et le III/68e.
La 1ère D.B. a pour mission de s'emparer de Mâcon.
Effort principal par le C.C. 1 sur Nationale 6 - flangardé à l'Ouest par le C.C 2.
Le Régiment entre dans la composition de deux Groupements de marche :
Groupement A aux ordres du Commandant Rouvillois, comprenant des Eléments du P.C. Les 1er et 2e Escadrons reçoivent une mission de reconnaissance et d'éclairage.
Groupement C aux ordres du Commandant de Beaufort comprenant des Eléments du P.C., le 3e et le 4e Escadrons et une Batterie du III/68e.
Est en réserve de Division à Belleville où il arrive vers 16 heures.
Les T.C. et T.R. s'installent à Saint-Georges-de-Reneins.
Mâcon est tombé au début de l'après-midi. La 1ère D.B. poursuit son mouvement vers le Nord dans le même dispositif. Le Groupement "A", renforcé de deux pelotons A.M. du 3e R.C.A. se porte sur Cluny.
Le Groupement "C" se porte sur Saint-Albain où il arrive vers 22 heures 30.

5 Septembre 1944 :
A 15 heures le Commandant du Régiment est convoqué par le Général, Commandant la 1ère D.B. à son P.C. de Villars. Il reçoit pour mission de se porter en direction de Buxy par Tournus, Sennce au grand carrefour de la Coudre, pour renforcer le Groupement Rouvillois, qui mène une opération devant Givry, dont le détail figure d'autre part (voir fin du 5 septembre).
Un Peloton du 2e Escadron participe à 21 heures 30 aux opérations de nettoyage de Givry.
A 23 heures 15 le stationnement du Régiment, qui s'est regroupé, est le suivant :
P.C. : Château de Saint-Désert.
Le 2e Escadron : carrefour 218 Sud de Givry.
Le 4e Escadron à Saint-Désert.
Le 1er Escadron à Moroges.
Le 3e Escadron reste stationné à Germolles qu'il tient fortement, mitraillant de nombreux éléments ennemis qui remontent vers le Nord. Dans la nuit une Compagnie de Zouaves est poussée sur cette localité pour renforcer le 3e Escadron.
1/3e R.C.A. : Lisières Ouest de Saint-Désert.
Son Génie : Givry.
Le 5 septembre, à 16 heures 30, le Commandant Rouvillois est convoqué par le Colonel Lecoq, dont les Eléments sont bloqués devant Givry, il reçoit comme mission :
1) de faire tomber Givry avec l'Escadron Chéry en le débordant par Jambles et en s'emparant du carrefour de Germolles ;
2) Lorsque l'opération menée par l'Escadron Chéry sera déclenchée, d'effectuer avec le reste du Détachement (Escadron Moreau, Escadron de reconnaissance du 3e R.C.A.) un large mouvement débordant par Bariset et Bourgneuf - Val-d'Or pour se rabattre par Mercurey sur le carrefour de Germolles ;
3) de mettre la Section du Génie à la disposition du Colonel Lecoq pour déminer les entrées de Givry.
Le mouvement est déclenché de Buxy à 17 heures 30.
Malgré une forte résistance et des barrages de mines l'Escadron Chéry parvient à la nuit à Germolles après avoir détruit plusieurs pièces d'artillerie et causé de fortes pertes à l'ennemi.
Le reste du détachement, ralenti par des tirs des minen arrive aux abords immédiats de Bourgneuf où à court de carburant, et la nuit étant venue, le Commandant du C.C. 2 lui donne l'ordre de se reporter dans Moroges.
Pertes :
1er Escadron : Lieutenant Rouland et deux hommes de son char blessés par des mines ; 1 char léger détruit.
3e Escadron : Lieutenant Foerst blessé dans son char, Lieutenant d'Aram blessé dans le nettoyage de Germolles, trois chasseurs tués ; 1 char incendié par bazooka, 1 char détruit par un canon de 88.
Pertes ennemies : Nombreux tués, une soixantaine de prisonniers, plusieurs pièces d'artillerie détruites ou neutralisées.

6-7-8-9 Septembre 1944 :
Le 6 septembre à 17 heures, le Groupement A du C.C. 2 déclenche une opération pour dégager Chagny et les abords de la route Chagny - Meursault.
Le 2e Escadron et la Compagnie de Zouaves arrivent à Puligny à temps pour mitrailler les véhicules des derniers défenseurs qui s'enfuient à l'arrivée des chars. Plusieurs Allemands sont tués, un prisonnier est fait, un camion de munitions est détruit.
Le 3e Escadron, à bout de carburant, occupe sans incident le village de Corpeau, évacué par l'ennemi..
Le 4e Escadron, chargé de reconnaître et éventuellement d'occuper Meursault, aborde le village vers 19 heures, malgré une assez violente réaction de l'ennemi, tirs nourris d'armes automatiques et de canons de petit calibre.
Le char de tête, le "Murat" est atteint par deux obus de 88 et immobilisé.
Les chars en appui de feu détruisent aussitôt le canon ennemi.
Un Peloton du 4e Escadron déborde Meursault par le Nord.
Devant le mouvement, l'ennemi évacue le village en toute hâte, canonne et mitraillé par tous les chars.
La nuit tombe et aucune Infanterie n'est disponible pour nettoyer le village. Dans ces conditions, le Commandant du Groupement A donne l'ordre au 4e Escadron de se replier pour la nuit aux abords de Puligny.
Dans la nuit, l'ennemi réagit par de violents tirs d'artillerie aux abords de Puligny. Le 4e Escadron, pris sous une concentration est obligé de changer d'emplacement.
Le 7 septembre, à 10 heures 30, l'opération sur Meursault est reprise.
Le 4e Escadron reconnaîtra le village. S'il est occupé, le 2e Escadron le débordera par le Nord (point de direction Monthelie) pendant que le 4e Escadron et l'Infanterie attaqueront de front.
Meursault est libre, mais une colonne ennemie, qui emprunte la route de Pommard est prise à partie par le 4e Escadron et détruite.
Un canon de 105 en batterie sur les hauteurs de Volnay est détruit par les Chars de Commandement.
Le 2e Escadron est aussitôt poussé sur Auxey et Petit-Auxey avec la Compagnie d'Infanterie du Lieutenant Puig.
Vers 14 heures 30, le Capitaine de Pazzis pousse avec le Peloton Mauclert sur le carrefour de Saint-Romain, détruisant en cours de route un nouveau convoi allemand, s'emparant de deux canons de D.C.A., d'un groupe de minen et d'un canon de 105.
L'ennemi, venant de Melin, essaie alors de reprendre Petit-Auxey. Avec une audace extraordinaire il met en batterie à moins de 300 mètres de nous trois canons de 105, qui ouvrent le feu.
A chaque salve, on entend distinctement le commandement "Feuer".
Des pièces de D.C.A. de 20 ouvrent également le feu sur nous, des hauteurs avoisinantes.
300 à 400 fantassins ennemis progressent de part et d'autre de la route de Melin vers Petit-Auxey.
Le Commandant du Groupement A qui est à Petit-Auxey ordonne une contre-attaque immédiate avec les Eléments disponibles.
Le Peloton de chars moyens de l'Aspirant Le Corre, accompagné d'une Section d'infanterie, la Compagnie Puig, attaquera de front les éléments allemands sur l'axe Petit-Auxey - Melin.
Le Peloton Schreiber, posté sur la route Petit-Auxey - Saint-Romain appuiera la contre-attaque.
En quelques minutes les trois canons de 105, placés en D.C.B. le long de la route Petit-Auxey - Melin sont détruits par les canons de l'Aspirant Le Corre.
Les fantassins ennemis s'arrêtent, hésitent, puis commencent à fuir. Les fuyards sont poursuivis jusqu'à Melin par l'infanterie et les chars, et laissent entre nos mains plus de 100 prisonniers, de nombreux morts et trois canons.
Faute de carburant, les opérations ne peuvent être poussées plus avant. Le Groupement A stationne le soir dans les conditions suivantes :
Le Groupement Rouvillois tient Meursault et Monthelie.
Le Groupement Pazzis tient Saint-Romain et Petit-Auxey (2e Escadron, Compagnie Puig).
Dans la nuit du 7 au 8, vers 4 heures du matin, l'ennemi tente un coup de main sur le point d'appui de Petit-Auxey, commandé par le Lieutenant Puig. Mais la défense, remarquablement préparée, triomphe aisément.
Les Allemands s'enfuient bientôt en abandonnant sur le terrain 20 morts, 4 canons et laissant entre nos mains 14 prisonniers.
Dans la journée du 8 septembre, le 1er Escadron ravitaillé avec de l'essence allemande, a rejoint Meursault.
Le Commandant du Groupement A obtient l'autorisation de l'utiliser pour faire un coup de main sur les convois ennemis signalés sur la route Nolay - Ivry-en-Montagne.
L'ennemi sera attaqué :
Sur la route à proximité d'Ivry par un Peloton de chars légers (Sous-lieutenant Destremau).
A hauteur de Corabeuf par deux Pelotons de chars légers avec le Capitaine Moreau.
Enfin le Peloton de chars moyens du Sous-Lieutenant Schreiber interdira par ses feux (distance de tir 5.500 mètres) la route d'Ivry à la sortie de Nolay.
L'opération réussit parfaitement. Le Peloton Destremau arrête et disperse une Compagnie d'infanterie et de nombreux véhicules à l'entrée d'Ivry. L'ennemi laisse entre nos mains un butin considérable ; de nombreux morts et 20 prisonniers.
Le Capitaine Moreau, après avoir coupé le convoi à hauteur de Corabeuf remonte la route nationale N° 6 jusqu'à Ivry, tuant de nombreux ennemis, ramenant dix prisonniers et détruisant un nombre important de véhicules, dont un canon et deux canons de D.C.A.
L'opération n'a pas été aussi payante qu'elle aurait pu l'être, l'autorisation d'amener de l'Infanterie pour le nettoyage du terrain ayant été refusée.
L'ensemble de ces opérations a permis de prendre ou de détruire un canon de 88, huit canons de 20 ou une dizaine de canons de D.C.A., plus de 100 véhicules divers. Au moins cinq cents Allemands ont été tués, blessés ou faits prisonniers. Nos pertes ont été seulement d'une dizaine de blessés.

10 Septembre 1944 :
Repos et entretien du matériel.
A 20 heures 50 le Régiment reçoit l'ordre suivant :
Mission du C.C. 2 : se porter le 11 au matin sur le Canal de Bourgogne vers Aiseray - Longecourt, franchir le canal, l'Ouche et atteindre Arc-sur-Tille pour investir Dijon par le Nord-Est.

11 Septembre 1944 :
Le mouvement s'exécute à partir de 7 heures 30. Le Régiment fait partie du Groupement A aux ordres du Commandant de Beaufort composé de :
une Compagnie de Zouaves,
une Batterie du III/68e,
une Section du Génie.
Itinéraire : Beaune, sortie Nord-Est, Givry, Varenne, Longuay, Argilly, la forêt de Cîteaux, vers le Nord-Est, Bessay-les-Citeaux, Aiseray, Chigey, Fartle-Haut, Fart-le-Bas, Longeault, Beire-le-Fort, Labergement, Cessay-sur-Tille,
Remilly-sur-Tille et Arc-sur-Tille.
En fin de journée, qui n'a été marquée par aucun contact avec l'ennemi, le Groupement a stationné dans le dispositif suivant :
P.C., 3e Escadron : Magny - Saint-Médard.
2e Escadron : Sovolles.
3e et 4e Escadrons et Zouaves, aux ordres du Commandant Rouvillois, à Mirebeau.
Artillerie et Génie, à Arc-sur-Tille.

12 Septembre 1944 :
Repos et entretien du matériel.
En fin de journée le stationnement est modifié comme suit : le Groupement Rouvillois, moins le 1er Escadron occupe Bézé. Le P.C. et le 3e Escadron s'installent avec le 1er Escadron à Mirebeau. Les T.C. et T.R. serrent sur Magny et Saint-Médard.

13-14 Septembre 1944 :
Le 13 septembre, à 15 heures 45, le Groupement A du C.C. 2 stationné dans la Région de Mirebeau (5e R.C.A., Batterie d'Artillerie Honssel du III/68e, Compagnie Puig du 1er Zouaves, Section du Génie du Sous-Lieutenant Sborgi) reçoit l'ordre :
1) de détacher un Escadron moyen à la disposition du Groupement B. Escadron rendu pour 16 heures à Jacquenay.
Le 2e Escadron du 5e R.C.A., est désigné. Etant donné la distance, il ne peut matériellement rejoindre avant 17 heures 30, au plus tôt.
2) de pousser sur l'axe : Fontaine-Française, Frettes, Genevrières, Poison, La Folie, avec le reste du Groupement.
Eventuellement, occuper Vitrey et Cintrey.
Le Groupement A doit pouvoir appuyer le Groupement B.
Le Groupement est articulé de la façon suivante :
Aux ordres du Commandant Rouvillois :
L'Escadron de chars légers et un Escadron moyen chargé d'éclairer et de faire tomber les résistances légères entre les routes D. 17 et N. 460 incluses.
Des Eléments réservés :
le 3e Escadron du 5e R.C.A., la Batterie d'Artillerie, la Section du Génie, la Compagnie Puig du 1er Zouaves.
Les Eléments réservés sont prêts à intervenir en faveur du Groupement B ou du Groupement Rouvillois suivant les circonstances.
Les bonds fixés au Groupement Rouvillois sont :
Les Frettes - Argelières.
Genevrieres. - Farincourt - R.N. N° 19.
A 18 heures, le Commandant Rouvillois rend compte qu'il est parvenu sur la ligne Frettes - Argelières - R.A.S.
Il reçoit l'ordre de se porter au bond suivant.
A 19 heures 30, il rend compte que le nouveau bond est atteint et signale des colonnes ennemies vers Belmont - Bussières.
Des reconnaissances poussées vers ces points donnent les renseignements suivants :
- Bussières est libre.
- Belmont est tenu.
L'heure tardive et la pluie rendent impossible toute action.
Pendant ce temps, le Commandant du Groupement A a reçu à 18 heures l'ordre du C.C. 2 d'aider le Groupement B.
Mais il est impossible de déclencher une action sans connaître la situation de ce Groupement.
A 19 heures le Commandant du Groupement A décide d'attaquer avec les éléments réservés, un point d'appui ennemi établi à Seuchey.
Action menée par le 3e Escadron avec l'appui de l'Artillerie, L'action est déclenchée à 20 heures, mais étant donné le mauvais temps et l'heure tardive, l'action doit être interrompue.
Le Groupement passe la nuit sur place.
P.C., Compagnie de Zouaves et Génie à Frettes.
Détachement Rouvillois, Peloton de 57 à Genevrières.
3e Escadron à la Ferme de la Voisine.
Artillerie en bivouac cercle de 1500 au Sud-Ouest du 3e Escadron.
Le Commandant du Groupement reçoit 20 heures 45 l'ordre de 19 heures 30 du C.C. 2.
En conséquence le Commandant Rouvillois reçoit l'ordre de pousser dès l'aube des reconnaissances sur Bussières, Belmont, Poinsont (Ordre N° 53).
Les Eléments réservés seront poussés en même temps sur Genevrières pour appuyer son action :
Le P.C. du Groupement A arrive vers 8 heures à Genevrières.
Le Commandant Rouvillois a donné les ordres suivants pour le nettoyage de Belmont :
un Peloton de chars légers se portera à Poinsont ; un Peloton moyen à Bussières, pour intercepter les convois ennemis retraitant vers le Nord ;
un Peloton de chars moyens est placé en base de feux au Sud-Est de Belmont ;
un Peloton léger (Destremau) et un Peloton moyen (Dory) attaqueront le village, accompagnés par le personnel du peloton de 57 (Hervouet) et de quelques F.F.I.
L'opération se déroule rapidement : les convois sont attaqués dans le village même et sont massacrés.
Nombreux tués, plus de 200 prisonniers, quatre pièces d'artillerie, dont deux canons de 88, butin considérable.
A 8 heures voyant le déroulement favorable du nettoyage de Belmont, le Commandant du Groupement A décide de nettoyer la lisière Sud de Fayl-Billot où quelques groupes ennemis sont signalés. L'opération est menée par le 3e Escadron et la Compagnie Puig. Quelques Allemands sont tués, une Batterie d'artillerie avec attelage et caisson et une centaine de prisonniers sont capturés.
A 10 heures le Détachement du Commandant Rouvillois rejoint le carrefour de la Folie après avoir nettoyé des bois au Sud de la Route Nationale 9 et fait 70 nouveaux prisonniers.
Le Commandant du Groupement A demande à 10 heures, mais ne peut obtenir, un crédit de 20 kilomètres pour réaliser une opération de nettoyage dans la Région de Vitrey.
En fin de journée le Groupement A est stationné de la manière suivante :
P.C. et 2e Escadron : Pressigny.
Escadron : Broncourt.
3e Escadron : Cintrey.
4e Escadron et Peloton 57 : Vitrey.
T.C. : Pressigny.
Bilan :
Les pertes pour les journées du 13 et 14 septembre ont été les suivantes :
Tué : Maréchal des Logis-Chef Dallé (1er Escadron).
Blessé : Sous-Lieutenant Hervouet, deux Chasseurs brûlés., trois F.F.I. blessés, dont le Chef des F.F.I.
Un char percé.
Du côte ennemi :
Sept canons pris, un matériel considérable.
600 Allemands tués, blessés ou prisonniers.
Rapport de Monsieur le Capitaine PEIX,
Commandant le T.C.,
au sujet de l'affaire de PRESSIGNY

"15 Septembre 1944 :
J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que vers 13 heures, j'ai été avisé par un habitant de Pressigny que deux sentinelles allemandes armées se trouvaient dans une baraque située sur la route de Pressigny à Poinsont, à deux kilomètres environ de cette dernière localité.
J'ai décidé d'effectuer une reconnaissance avec deux patrouilles avec mission de s'emparer de ces deux sentinelles pour obtenir des renseignements.
Une patrouille aux ordres du Lieutenant Soukehal avec six Gradés ou Chasseurs. Une autre aux ordres de l'Adjudant-Chef Constans avec cinq Gradés ou Chasseurs. Un camion avec mitrailleuse de 20, montée sur la cabine avec conducteur et tireur.
J'ai fait transporter ces Eléments à hauteur du C. de I.C. 25. Une patrouille progressait à droite et l'autre à gauche du ruisseau, défilées aux vues.
Moi-même, je plaçais le camion avec mitrailleuse de 20 dans un champ dominant le thalweg et pouvant arroser de ses feux les lisières du bois pour appuyer les patrouilles et éventuellement leur permettre de se replier si elles étaient fortement accrochées.
La patrouille de l'Adjudant-Chef Constans arrivée à la lisière du bois, prend la liaison avec un Half-Track du 1er Escadron (Aspirant Scaramangas) qui venait de traverser le bois sans rien voir, ni essuyer un coup de feu. Constans engage alors sa patrouille dans le bois, où, suivant les renseignements donnés par Scaramangas, il pourrait trouver quelques Allemands.
La Patrouille Soukehal oblique à droite et longeant la lisière du bois se dirige vers la baraque.
Scaramangas me dit avoir terminé sa mission qui était de traverser le bois et se rendre à Poinsont.
Quelques minutes plus tard, la patrouille Constans voit des Allemands sur lesquels elle ouvre le feu. La riposte est immédiate. Les patrouilleurs tirent sur d'autres Allemands qui, en hurlant, descendent la pente du bois. Sentant leurs munitions s'épuiser, Constans amorce un mouvement de repli pour regagner le fond du thalweg, mais à chaque mouvement de ses hommes une gerbe de balles les entoure. Je me faufile derrière une haie et vais donner l'ordre au camion d'ouvrir le feu avec sa mitrailleuse de 20 dans le bois à mi-hauteur de la pente pour appuyer le décrochage de Constans.
Le repli de Constans n'a pu s'effectuer, car d'un boqueteau situé à une centaine de mètres sa patrouille a été prise sous le feu de mitrailleuses allemandes et tout son monde, munitions épuisées, a été capturé.
La patrouille Soukehal progressant le long de la lisière du bois vers la baraque est tombée sur des ennemis couchés dans un petit fossé qui longe le bois et a été tirée à bout portant..
Voyant que mes patrouilles avaient eu à faire à un fort parti, je me suis rendu auprès de ma Jeep laissée au bord de la route pour aller rendre compte de la situation. Le long de la haie que je suivais, je vois couchés trois Allemands sur lesquels je tire avec mon colt. Ces Allemands lèvent les bras et se rendent. Je les conduis à ma Jeep et je les amène à l'Etat-Major du C.C. 2 à Poinsont ou je rends compte de l'engagement au Chef d'Escadrons Schneider, Chef d'Etat-Major.
L'interrogatoire des trois prisonniers confirme mon impression d'avoir à faire à un fort parti. D'après leurs déclarations 400 Allemands avec un P.C. de Bataillon disposant de nombreuses mitrailleuses et de mortiers se trouvent dans ce bois.
Le Commandant Duvernois est chargé de diriger l'opération de nettoyage de ce bois avec des moyens (T.D. - F.F.I.) mis à sa disposition par le C.C. 2.
Je me rends nouveau auprès du camion avec mitrailleuse de 20 que j'avais toujours en surveillance auprès de l'endroit où. avait eu lieu le premier accrochage, je prends un Half-Track du 9e R.C.A. et je patrouille aux lisières du bois en tirant. Le Chasseur Niar de la patrouille de l'Adjudant-Chef Constans sort du ruisseau qui longe le bois. Je le recueille ; il me fait le récit de son évasion et me précise de nombreux points très intéressants. Je repars porter à la connaissance du Commandant Duvernois ces nouveaux renseignements. Le Chasseur Tarfa, blessé dans l'action, à l'épaule, se traîne jusqu'à nous.
Patrouillant du côté où avait été accrochée la patrouille Soukehal, l'Aspirant Petiet entend des râles et découvre le Brigadier-Chef Nekbil, grièvement blessé, ainsi qu'un Allemand sérieusement atteint.
Un peu plus loin le corps du Lieutenant Soukehal, déjà mort, et le corps du Chasseur Ziane mort aussi.
Le bilan de cette affaire est le suivant :
Lieutenant Soukehal mort, Chasseur Ziane mort, Brigadier-Chef Negbil Naas grièvement blessé, Chasseur Tarfa, blessé à l'épaule, Adjudant-Chef Constans prisonnier, Chasseur Muschiato prisonnier, Chasseur Gauchet prisonnier, Chasseur Gonzalès prisonnier, Chasseur ind. Ben Seba, prisonnier, Chasseur Niar évadé, Chasseur Nacal évadé, Brigadier Marque évadé, Chasseur Amour Arkat évadé.
J'ai l'honneur de signaler la conduite extrêmement courageuse : du Brigadier Marque, du Chasseur Niar et du Chasseur Nacal, qui, après avoir été fait prisonniers, après épuisement de leurs munitions, se sont évadés, après avoir pansé leurs camarades blessés, fournissant des renseignements précieux pour le Commandement.
En outre le Brigadier Marque et le Chasseur Nacal ont permis la capture de quinze prisonniers.
Le Lieutenant Soukehal et le Chasseur Ziane ont été enterrés au cimetière de Pressigny le 16 septembre 1944.
Le Brigadier-Chef Negbil et le Chasseur Tarf a ont été évacués par l'ambulance du C.C. 2."

16 Septembre 1944 :
Le P.C. du Régiment s'installe à Port-sur-Saône avec les 2e et 4e Escadrons.
Le 3e Escadron est à Scey-sur-Saône.
Le 1er Escadron demeure à Broncourt.
Les Trains à Pressigny.

17 Septembre 1944 :
Sans changement.

18 Septembre 1944 :
Le P.C. avec les quatre Escadrons de combat se portent à Borey.

19 Septembre 1944 :
Le Régiment se porte en entier à Arpenans. Les Trains s'installent à Mollans.

20 Septembre 1944 :
Sans changement.

21 Septembre 1944 :
Sans changement.

22 Septembre 1944 :
Le P.C. du Régiment avec le 3e Escadron se porte â Magny-Vernois.
Les 2e et 4e Escadrons s'installent à Vouhenans.
Le 1er Escadron s'installe aux Aynans avec les Pelotons de 57 et 81 de l'Etat-Major.

23 Septembre 1944 :
Le 1er Escadron s'installe à Vy-les-Lure auprès du PC. du C.C. 2. Le secteur des Aylans étant devenu celui de la D.M.I.

24 Septembre 1944 :
Sans changement.

25 Septembre 1944 :
A 7 heures les quatre Escadrons de combat se portent à Frotey.
COMPTE-RENDU DES OPERATIONS
I) Le 24 Septembre 1944, le Commandant de Beaufort, Commandant provisoirement le 5e R.C.A. reçoit le Commandement d'un Groupement, comprenant le Régiment, la Compagnie Puig du 1er Zouaves et la Section du Génie du Lieutenant Sué et l'appui de deux Batteries du III/68e.
Ce Groupement reçoit la mission suivante :
1) Après l'occupation de Lyoffans par la 1ère D.M.I., s'emparer de Magny-d'Anigon en vue de couvrir l'action de cette Division sur Palante et Claire-Goutte.
2) Gagner les lisières Sud des Bois de la Nannue (Côte 365).
3) Si possible, pousser des Eléments aux lisières Nord de ce bois en vue d'interdire la route Ronchamp - Recologne.
II) Le Chef de Corps, accompagné de ses Chefs d'Escadrons et des Capitaines Commandants, effectue immédiatement une reconnaissance de terrain. cette reconnaissance fait ressortir que la prise de Palante est indispensable au développement de l'opération en direction de Magny.
Le Commandant de Beaufort demande et obtient que Palante soit inclus dans sa zone d'action.
III) Les ordres verbaux donnés à vue sur le terrain, sont confirmés à 18 heures 45 par l'ordre suivant :
a) Axe d'attaque : Frotey-les-Lure - Palante - Magny - Cote 365 - Sortie Ouest Recologne.
Base de départ : Lisières Nord-Est des bois Ouest de Frotey-les-Lure.
b) Exécution :
1er temps : Occupation et nettoyage de Palante par l'Escadron de Pazzis, accompagné par le personnel à pied du Peloton de 57 Hervouet chargé du nettoyage du village.
Simultanément l'Escadron Dumesnil se portera dans un premier bond à hauteur de la route Palante - La Côte, soutenu par l'Escadron Chéry, et sans marquer d'arrêt sur cet objectif gagnera immédiatement les crêtes dominant Magny.
2e temps : Occupation et nettoyage de Magny par la Compagnie Puig et l'Escadron de chars légers Moreau.
3e temps : Sur ordre, reprise de l'attaque sur les lisières Sud du bois de la Nannue. etc....
c) La Section du Génie déblaiera et déminera l'itinéraire Frotey - Palante - Magny Cote 365, au fur et à mesure de la progression.
d) Artillerie : Trois tirs à priori sont demandés à l'Artillerie sur les zones suivantes :
- Sortie du bois de part et d'autre route Recologne - Magny.
- Puits et usine de Magny.
- Clairière Est Magny.
Le Chef d'Escadrons Rouvillois est chargé de coordonner l'action de l'Artillerie au cours de l'attaque.
IV) Des reconnaissances effectuées à la nuit par le Lieutenant Richter, Officier de renseignements, assurent au Groupement un itinéraire défilé aux observatoires ennemis, de la Chapelle de Ronchamp et autres.
En raison de la pluie persistante, occasionnant la crue du Rahin, les gués reconnus ne peuvent être utilisés le 25 septembre au matin et tout le Groupement doit passer la rivière à hauteur du pont de Roye sur un radier à moitié enlevé par la crue, et en utilisant le gué en amont du pont détruit.
Des tirs de fumigènes sont effectués pour masquer le passage difficile et lent.
V) Le Général Brosset vient en personne à Frotey prévenir le Commandant du Groupement de la prise de Lyoffans. L'attaque est déclenchée à 11 heures 15. Dès le franchissement du carrefour de la Tuilerie vive réaction de l'Artillerie ennemie, appliquée à hauteur de la route Palante - Roye et aux lisières Est du village de Frotey ; néanmoins la progression se poursuit malgré le terrain très détrempé qui immobilisera sous le feu deux chars.
VI) Palante est attaqué vigoureusement par l'Escadron de Pazzis qui est soumis à une forte réaction ennemie. Sa progression est considérablement ralentie par de très nombreux abattis, dont certains sont minés.
Les opérations de nettoyage sont poursuivies méthodiquement. Aux dernières maisons du village, la résistance se raidit.
Le Peloton de chars de l'Aspirant Le Corre et l'Equipe de nettoyage du Peloton Hervouet sont soumis à un violent tir très ajusté d'armes d'infanterie et de minen. Obligés de manœuvrer, les chars se déploient. Le terrain spongieux ne supporté pas le poids des chars ; deux d'entre eux s'embourbent à 200 mètres des lisières d'Andornay. L'Aspirant Le Corre est mortellement blessé, plusieurs Sous-Officiers et Chasseurs du Peloton de 57 sont tués ou blessés.
Laissant un Peloton sur la crête dominant le cimetière de Magny - Jobert pour appuyer éventuellement la progression de la 1ère D.M.I., le Capitaine de Pazzis concentre ses moyens très réduits pour empêcher la capture et la destruction par l'ennemi de ses deux chars immobilisés.
L'escadron est renforcé du Peloton de Mortiers de l'Adjudant-Chef Jacquot et livrera toute la journée et toute la nuit un combat avec un ennemi agressif et solidement accroché aux lisières d'Andornay. Une tentative de dépannage, effectuée à la chute du jour, coûte la vie au Maréchal des Logis Cati, de l'Equipe de dépannage de l'Escadron. Une seconde tentative permet de récupérer le char "Vouziers". L'Equipe du char Vendôme", qui est restée à son poste de combat, est à bout de munitions ; il est ravitaillé au cours de la nuit, qui est coupée d'alertes continuelles ; fusées éclairantes, tirs de minen et mitraillage du char. Le char "Vendôme" ne sera récupéré que le 26 en fin de journée après la prise d'Andornay par 1ère D.M.I.
VII) Cependant l'Escadron Dumesnil, après avoir atteint la crête de Palante, se porte sur les hauteurs dominant Magny.
L'Escadron Moreau et la Compagnie Puig longent les lisières Sud-Est des bois de la Noie - Jeannin, abordent le village de Magny par sa face Ouest, tandis que le Peloton de chars moyens du Lieutenant Pinoteau fait face à l'Est pour contrôler les lisières du bois qui sont à courte distance. Il est immédiatement pris à partie par les tirs d'artillerie et des bazooka qui transpercent le char "Montluc" et blessent grièvement les deux pilotes. Vive réaction du Peloton qui en quelques minutes détruit cinq bazookas.
A 13 heures 30, l'Escadron Moreau arrive aux premières maisons du village. après avoir perdu en cours de route le char " Lyonnais " incendié par bazooka. Le nettoyage du village s'avère très difficile car ses défenseurs sont enterrés et armés de nombreux bazookas.
Néanmoins les opérations se poursuivent maison par maison malgré la réaction de l'ennemi, qui occupe encore aux 3/4 le cirque, au fond duquel se trouve le village de Magny. Au cours de ces opérations le char "Auvergne", déjà touché par bazooka reçoit sur la tourelle un coup direct de minen. L'Aspirant Scaramangas, chef de char, et le tireur André Bonnifacy y sont déchiquetés. Les deux pilotes sont blessés. Le Sous-Lieutenant Destremau est blessé pour la troisième fois depuis le 15 août.
VIII) L'Escadron Chéry et le reste de l'Escadron Dumesnil assurent avec l'Artillerie, la couverture de l'opération, pilonnant l'usine, le puits et les lisières encadrant la côte 365. Ces tirs provoquent une vigoureuse réaction de l'Artillerie ennemie qui concentre ses feux sur ces Escadrons. A 15 heures 45 une première salve blesse le Chef d'Escadron Rouvillois, la seconde atteint le Chef d'Escadrons de Beaufort, le Chef d'Escadrons de Menditte et un Major anglais détaché auprès du Bataillon du Charolais. Le Commandant de Beaufort, blessé à la cuisse, doit être évacué. Avant son départ, il remet le Commandement du Groupement au Commandant de Menditte.
IX) A 16 heures 25 la situation est la suivante :
Le nettoyage de Magny est en bonne voie. Il sera terminé à 16 heures 40.
A Palante l'action relatée plus haut bat son plein.
La pluie redouble et la visibilité est très mauvaise.
A droite la 1ère D.M.I. n'a pu déboucher de Lyoffans.
A gauche le Groupement A est coupé du Groupement B par un bois.
Devant cette situation et étant donné l'heure, le Commandant de Menditte décide et rend compte qu'il ne poussera pas au-delà de Magny.
Il prend pour la nuit les dispositions suivantes :
a) Point d'appui de Magny aux ordres du Capitaine Moreau : Compagnie Puig, deux Sections du Charolais, Escadron léger, Peloton Pinoteau.
Mission : S'enfermer dans le village, organiser la défense, surveiller les lisières qui l'entourent et signaler tout objectif justiciable de l'artillerie.
b) Poste de surveillance de la croupe Sud-Est de Magny aux ordres de l'officier de Zouaves : deux Sections du Charolais, une Section Mitrailleuses du 1er Zouaves.
Mission : Contrôler la route Magny - Palante pour permettre au cours de la nuit les évacuations et le ravitaillement en munitions.
c) Point d'appui de Palante, aux ordres du Capitaine de Pazzis : un Escadron de chars, Peloton de 57, Peloton de mortiers.
Mission : Défendre Palante et empêcher la destruction des chars immobilisés au gué.
Ce P.A. recevra à 4 heures du matin le renfort d'une Compagnie de la 1ère D.M.I.
d) Réserves : Escadron Chéry et Escadron Dumesnil, moins un Peloton, aux lisières Sud-Ouest et Nord de Palante.
e) P.C. : Carrefour Ouest de Palante.
f) Un encagement de tirs d'arrêt autour du P.A. de Magny est préparé par le Chef d'Escadrons Elliet, dont les trois Batteries sont mises à la disposition du Groupement.
Entre le P.A. de Palante et Audornay un tir de mortiers appliqué à la lisière d'Audornay est préparé.
X) La nuit se passe sans incident notable devant Magny ; elle est plus agitée devant Palante ainsi qu'il a été relaté plus haut.
A 23 heures, l'Escadron de reconnaissance du 9e R.C.A., envoyé en renfort auprès du Groupement A arrive à Palante et stationne sur place.
XI) La Compagnie Puig a confirmé au cours de ces opérations de nettoyage ses qualités d'allant et d'agressivité dont elle avait déjà fait preuve au cours des opérations de Bourgogne. C'est une unité solide, commandée par un chef vigoureux, méthodique et courageux..
XII) L'appui de l'Artillerie a été particulièrement efficace. Ces résultats ont été acquis grâce à une liaison intime et directe entre le Commandant du Groupe et le Commandant du Groupement. Les tirs ont été d'une précision et d'une rapidité de déclenchement remarquables. Je signale tout particulièrement l'activité et l'action personnelle du Capitaine Honssel, Observateur avancé du Groupe, qui s'est tenu constamment aux côtés du Commandant du Groupement.
XIII) La Section du Génie aux ordres du Lieutenant Sué à permis tout d'abord par son travail ingrat sous la pluie et les pieds dans l'eau, le passage du Rahin en améliorant le radier en partie enlevé par le courant. Il a effectué ensuite le déminage sous les obus de la route Frotey - Palante, puis le déblaiement et le déminage de Palante; enfin le 26, il a effectué le même travail sur l'axe Palante - Magny, malgré un tir d'artillerie nettement dirigé contre ses Equipes de travailleurs.
Toutes ces opérations ont été menées avec rapidité et beaucoup d'entrain.
XIV) Les Eléments du Bataillon du Charolais devaient selon l'ordre du Commandant du C.C. 2, relever à Magny, la Compagnie Puig pour lui permettre de continuer sa mission plus au Nord. Ces Eléments ont progressé dans le sillage des Unités d'attaque. Ils sont entrés dans la composition des garnisons du P.A. et ont été d'une aide très efficace pour le Groupement.
XV) Les pertes du Régiment au 25 au soir ont été les suivantes :
Personnel :
Deux Aspirants tués ; sept Sous-Officiers et Chasseurs tués ; 24 Officiers, Sous-Officiers et Chasseurs blessés.
Matériel :
Deux chars légers incendiés (1 récupérable) ; 1 char moyen traversé, mais récupérable ; huit chars embourbés ou en panne de terrain, dont sept ont été récupérés, le dernier (char "Montcalm ") sera dépanné dès que la situation permettra d'envoyer des wreckers 10 t. à la sortie Nord de Magny.
Du côté ennemi : De nombreux tués et blessés qui ont été laissés sur le terrain ; une cinquantaine de prisonniers, dans l'ensemble très jeunes, se battant avec acharnement, qui ont été remis au Bataillon du Charolais.


Rapport du Capitaine, Commandant le 2e Escadron sur l'action du char " Vendôme " à Andornay
Le 25 septembre, l'Escadron appuyé par le 57 et une Section du Génie s'était emparé du village de Palante ; le Peloton de 57 commandé par le Sous-Lieutenant Hervouet, fut chargé de terminer le nettoyage du village. Ce peloton fut pris dans la partie basse du village sous le feu des armes des Allemands retranchés dans Andornay.
Le Sous-Lieutenant Hervouet, voulant nettoyer aussi les lisières de ce village, situé à proximité immédiate de celui de Palante, demanda l'appui d'un Groupe de chars. L'Aspirant Le Corre fut désigné et partit vers 14 heures avec son char " Vendôme " et le char "Versailles ".
Arrivé aux lisières de Palante, prenant sous son feu Andornay, l'Aspirant Le Corre voulut faire mieux, et d'accord avec le Sous-Lieutenant Hervouet, entrer dans Andornay, pour y écraser la résistance allemande. Le pont sur la petite rivière qui sépare les deux villages était détruit. Le Corre veut passer quand même et dans un terrain détrempé par là pluie s'engage à droite du pont pour passer la rivière à gué ; le terrain s'effondre et le "Vendôme" reste enlisé au milieu de la rivière. Alors commence un furieux tir d'artillerie, de mortiers, de toutes les armes d'infanterie sur le " Vendôme ", vu de toutes parts et que le " Versailles " et le Peloton de 57 appuient de leurs feux. Pendant plusieurs heures l'ennemi est tenu en respect durement malmené par nos canons et nos mitrailleuses que d'autres chars viennent renforcer.
Le " Vendôme ", où tout le monde reste calme comme à la manœuvre, tire de près d'une façon très précise et ferme la bouche aux armes automatiques, mais l'artillerie se déchaîne toujours sur lui.
L'Aspirant Le Corre, toujours insouciant danger, reste la tête en dehors de sa tourelle pour, mieux voir ; il n'a mis que son casque de char, faible protection contre les éclats. Vers 16 heures un éclat d'un des nombreux obus qui tombent autour du char atteint Le Corre à la tête. Il perd connaissance. Très calme le tireur Rossich annonce que l'Aspirant est blessé et que le tir continue. Le Chasseur Lebeau, aide-pilote du "Vendôme", et le Maréchal des Logis Raoul Duval, Chef de char du "Versailles ", arrivent à sortir de son char l'Aspirant Le Corre et à le porter un peu en arrière. Le Médecin auxiliaire Nenna et son équipe de brancardiers se précipitent pour évacuer l'Aspirant qui mourra peu de temps après. Toute cette opération se fait sous une grêle de balles.
Pendant ce temps le Peloton d'échelon a été demandé pour voir s'il est possible de faire remorquer le "Vendôme". L'Adjudant Gazel, le Maréchal des Logis Cau, les Chasseurs Reboulleau et Drevet se dirigent vers le char ainsi que le Sous-Lieutenant Schreiber, qui a pris le commandement du peloton en remplacement de l'Aspirant et vient de mettre pied à terre de son char. Tous ceux qui approchent du char sont pris sous le feu de tireurs ennemis que nous n'arrivons pas à repérer.
Le Maréchal des Logis Cau est tué d'une balle au cœur tirée de très près. Devant l'impossibilité pour l'échelon de travailler ainsi sous le feu, je renonce à récupérer le " Vendôme " ce soir là. Par contre, le char " Vouziers ", embourbé derrière le " Vendôme " peut être récupéré sous le feu par les équipes de dépannage régimentaire.
Les quatre membres de l'équipage continuent la garde et le tir ; nous restons reliés à eux par radio.
Pendant la nuit quelques indigènes nord-africains de l'Escadron et deux groupes du Peloton de 57 se relaieront auprès du "Vendôme " pour aider à le protéger. L'équipage reste au char et commence à aménager le terrain pour le dégager. Nous ravitaillons le char en munitions. - Fréquentes alertes. - Les Allemands qui semblent avoir en partie évacué le village à la tombée de la nuit, y reviennent et nous tâtent avec une mitrailleuse légère et une mitrailleuse de 20 min. Nous répondons copieusement au canon, à la mitrailleuse et par des tirs de mortiers qui ont été préparés dans la soirée par l'Adjudant-Chef Jacquot.
Avant le lever du jour la garde du "Vendôme" doit être relevée, car elle est trop exposée, à deux pas des Allemands. Seuls les quatre membres d'équipage restent à leur poste appuyés par les canons de cinq chars, par le Peloton de 57, et une Compagnie d'Infanterie arrivée pendant la nuit et qui doit attaquer au jour. Le "Vendôme" subit encore les feux de l'Artillerie allemande et une partie de la préparation d'Artillerie française sur Andornay.
L'attaque de l'Infanterie se déclenche à 9 heures, mais les derniers Allemands sont délogés des positions de tir qu'ils ont pris au Nord du village seulement dans l'après-midi. La liaison ne peut être rétablie entre l'Escadron et le " Vendôme "que dans la soirée et c'est vers minuit qu'une Equipe de l'Escadron de réparation aidée par le " Versailles " ramène le char à Palante.
L'équipage qui n'a pas cessé de réaliser des tirs excellents peut enfin sortir de sa prison et se reposer.
Aux Armées, le 3 octobre 1944.
Le Capitaine Commandant.
signé : de Pazzis.

Opérations menées par le Groupement " A "
pour la période du 26 Septembre au 1er Octobre

26 Septembre 1944 :
Mission : Le Groupement A assurera l'intégrité des positions acquises, libèrera la route Palante - La Côte, et entamera le nettoyage du bois de la Noie-Jannin, appuiera de ses feux l'action offensive menée sur sa droite par la D.M.I. (Ordre N° 63 du 252350 A).
Exécution :
1) La garnison du P.A. de Magny se bornera jusqu'à nouvel ordre à se maintenir dans le village et à signaler par une observation minutieuse des lisières qui l'entourent, tout mouvement suspect.
2) Les 3e et 4e Escadrons reprendront au lever du jour leur position qu'ils occupaient la veille.
Le 4e en mesure de fournir des feux sur les lisières boisées dominant Magny Jusqu'à l'usine incluse.
Le 3e Escadron : même mission à partir de l'usine, en mesure en outre d'appuyer la progression de la D.M.I. en direction de Claire-Goutte.
3) Le 2e Escadron posté aux lisières Est de Palante, contrôlera les lisières d'Andornay prêt à appuyer de ses feux l'action offensive de la D.M.I. sur Andornay
4) La liaison avec le Groupement B sera recherchée dans un premier temps sur la route Palante - La Côte par une Compagnie du Charolais, qui disposera d'un Groupe de la Section du Génie et de l'Escadron de reconnaissance du 9e R.C.A., Détachement aux ordres du Capitaine Claude.
Cette route libérée, la Compagnie du Charolais remontera sur le Nord-Est en. nettoyant le bois : objectif final la route La Côte - Magny..
5) Artillerie : Tirs d'arrêt devant Magny sans changement.
A la demande du Capitaine Claude, Tir 305 appliqué sur le bois au Nord de la route Magny - La Côte.
La journée est marquée par de violents bombardements sur le P.A. de Magny qui maintient ses positions malgré une tentative ennemie débouchant des lisières Sud du bois et qui est clouée sur place vers 9 heures 30 par les feux de la défense.
Tout mouvement suspect est immédiatement pris à partie par les deux batteries du III/68e et les canons des 3e et 4e Escadrons.
Le point d'appui de Palante est bombardé toute la journée par l'artillerie et les minen qui causent quelques pertes. Le Peloton Mauclert du 2e Escadron, bien placé, participe efficacement par ses feux à la prise du cimetière de Magny-Jobert vers midi par la D.M.I.
L'opération en direction de la Côte débute favorablement à 8 heures 55 la route est libérée. Les opérations de nettoyage du bois commencent à 9 heures 30, mais, après une progression difficile, la Compagnie est arrêtée aux abords de la route Magny - La Côte par deux P.A. ennemis : l'un à la lisière Sud-Est, l'autre en plein bois sur la route. Quelques pertes, La Compagnie décroche, laissant en fin de journée, un Elément de surveillance aux environs de la Cote 321.
L'attaque menée par la D.M.I. au cours de la journée, a libéré Andornay.
Enfin de journée les Eléments avancés de cette Division sont en liaison avec la garnison de Magny au carrefour 1000 mètres Sud-Est du village.
Le 3e Escadron, suivant à vue la progression, a exécuté des tirs de flanc très efficaces sur l'ennemi, qui se replie.
Dispositif pour la nuit :
Aucune modification au stationnement du 25 au soir.

27 Septembre 1944 :
a) Les missions de protection du point d'appui de Magny et d'appui de l'action offensive menée par la D.M.I. dans la Région Frédéric-Fontaine - Claire-Goutte continuent à être assurées par les mêmes Eléments avec la même efficacité.
Détente dans les points d'appui de Magny et de Palante, qui ne sont plus soumis aux violents bombardements de la veille.
b) Un détachement du 9e R.C.A. reprend le nettoyage des bois jusqu'à la route Magny - La Côte.
Le Commandant du 5e R.C.A. reçoit l'ordre de flanc-garder cette opération par des feux d'un Escadron de chars appliqués de 10 heures à 15 heures sur le P.A. repéré la veille à la lisière du bois.
L'opération menée par l'Escadron du Capitaine Dumesnil renforcé de deux Sections du Charolais : Le P.A. est bombardé et la progression réalisée le lendemain permettra de constater l'efficacité de ce bombardement : plusieurs cadavres ; membres et têtes épars.
Malheureusement le détachement du 9e R.C.A. ne vient pas prendre liaison avec le détachement Dumesnil et ces heureux résultats ne peuvent être exploités immédiatement.
c) En fin de journée la garnison du P.A. de Magny est renforcée :
- du Peloton de mortiers de 81 dans le village ;
- de l'Escadron Dumesnil, installé aux lisières Ouest et Nord-Ouest du village ;
- d'une Compagnie du Charolais ;
d) En réserve : 2e Escadron, 3e Escadron, Peloton à Palante.
e) P.C. sans changement à Palante.

28 Septembre 1944 :
Le Groupement A a pour mission :
- de maintenir le contact ;
- garder la liaison avec la D.M.I. ;
- se tenir prêt à pousser sur Recologne dans le cas où la résistance ennemie de la côte 365 diminuerait ;
- mettre les feux du 2e Escadron à la disposition du Groupement B.
Ordre N° 66272015 A :
1) Un Détachement aux ordres du Capitaine Dumesnil, composé du 4e Escadron, d'un Groupe du Génie et de deux Sections du Charolais, vérifiera l'évacuation des P.A. ennemis de la forêt de la Noie Jannin et dans l'affirmative déblaiera l'itinéraire Magny - La Côte et prendra liaison avec le Groupement B.
2) Lorsque le Détachement Simon (D.M.I.), opérant sur l'axe Claire-Goutte -Eboulet, aura atteint la route conduisant au puits de Magny, un Détachement d'exploitation aux ordres du Capitaine Chéry, comprenant son Escadron, la Section du Génie, moins un Groupe, et une Section de la Compagnie Puig, progressera sur l'axe 365 lisière Nord du bois de la Nannue en vue de fournir des feux sur les pentes Sud-Est et Sud du mamelon de la chapelle de Ronchamp.
3) Une reconnaissance offensive menée par une Compagnie du Charolais sera poussée sur le puits et l'entrée du tunnel.
4) Le P.A. de Magny sera occupé par la Compagnie Puig, moins une Section, et le reste des Eléments Charolais.
L'opération sur l'axe Magny La Côte se déroule sans incidents.
La route est dégagée de ses nombreux abatis et mines et la liaison est prise a xx heures 45 avec le Commandant du Groupement B par le Sous-Lieutenant Dory.
L'usine, le puits et l'entrée du tunnel évacués par l'ennemi sont occupés, à la même heure, par le Détachement Charolais.
Dès qu'il est informé de l'avance du Détachement Simon, le Commandant du Groupement A découple le Détachement Chéry : Progression lente, nombreux abatis, mines en bois, mines métalliques d'un modèle inconnu, que les sapeurs enlèvent avec habileté et un mépris complet du danger.
Le carrefour 365 est atteint à 12 heures 15 ; les abatis et les mines accumulés jusqu'à la sortie des bois ne permettront pas d'atteindre en fin de journée la lisière Nord.
Le déblaiement s'effectue avec ardeur, mais à partir de 13 heures le travail s'effectue en vue de la chapelle de Ronchamp et la réaction de l'Artillerie adverse est vigoureuse.
Le détachement est renforcé de tous les Eléments de Zouaves restés à Magny.
Utilisant une allée parallèle à la route, le Détachement Chéry est poussé jusqu'à la lisière Nord des bois de la Nannue où il déloge un adversaire remarquablement organisé et camouflé. Vigoureuse réaction de l'Artillerie adverse.
En fin de journée le Détachement Chéry très isolé dans un bois infesté d'Allemands, les isolés étaient tirés à la mitraillette dans les layons, est ramené à 365 et l'installation pour la nuit est la suivante :
a) P.A. du carrefour 365 aux ordres du Lieutenant Puig disposant de :
- sa Compagnie ;
- un Peloton de 57 ;
- un Peloton de chars.
Un engagement de tirs d'arrêt est prévu et réglé sur les bois qui entourent sur ses trois faces le P.A. de 365.
b) Les 1er Escadron, 3e Escadron (moins un Peloton), 4e Escadron, Compagnie Charolais à Magny.
c) La 7e Batterie, qui au cours de la journée a changé d'emplacement, est installe dans les lisières Sud-Est du bois de la Noie-Jannin.
Cette Batterie est renforcée, pour la nuit, par le Peloton de 81 mm, chargé d'assurer sa sécurité avec le personnel dont il dispose.
P.C. : Magny.
La Compagnie Puig, éprouvée par ses pertes et par quatre journées de combat et de veille ininterrompus, aurait besoin de repos. L'insécurité du P.A. de 365 ne permet pas de la relever et d'assurer la défense de cette position par une Unité du Bataillon du Charolais, dont l'armement est faible et la valeur combattive médiocre.

29 Septembre 1944 :
Ronchamp a été occupée la veille à 20 heures par le Groupement B. La mission du Groupement A est inchangée ; en conséquence (Ordre N° 67 282250 A) :
1) Couverte par un détachement léger d'infanterie la Section du Génie déblaiera pour 8 heures 15 la route jusqu'à la sortie des bois.
2) Le Capitaine Chéry portera aux lisières Nord du bois de la Nannue deux Pelotons de chars protégés par la Compagnie Puig (diminuée du Détachement léger).
Mission : Etre en mesure de tirer à partir de 8 heures 30 sur les pentes Sud Est et Sud de la chapelle de Ronchamp.
3) Le 4e Escadron se tiendra prêt à pousser sur Recologne, accompagné par le Peloton de 57 à pied.
4) L'Artillerie poussera des observateurs à la lisière du bois pour être en mesure de participer par ses feux à la défense du P.A. de la chapelle de Ronchamp.
Malgré sa nuit de veille la Compagnie Puig entraînée par son Chef, repart en avant à 7 heures 45 dans le brouillard qui laissait une visibilité de cent mètres à peine.
L'ennemi surpris par l'arrivée des chars, tire et s'enfuit laissant quatre prisonniers. La lisière est atteinte : la sécurité sur le flanc droit est organisée par le Lieutenant Puig.
Lorsque le brouillard se lève, permettant une observation de flanc extrêmement favorable, tous les objectifs surgissant à l'Est de la ligne chapelle de Ronchamp Recologne sont violemment canonnés.
Sur la route de Recologne, le Génie poursuit son travail à 8 heures et le pont sur le Rahin aux lisières du village est atteint.
Les abords et les rues sont truffés de mines et de pièges qui sont repérés et enlevés avec une habileté et un sang-froid remarquables.
Conformément aux ordres reçus, la Section du Génie démine la rue Ouest qui permettra de prendre à midi la liaison avec les Eléments du Groupement B, qui occupent la sortie Ouest du village sur la route nationale 19.
Sur la rue secondaire (Sud) de Recologne, le travail du Génie est stoppé dans l'après-midi par des feux d'Infanterie tirés d'une barricade située à 50 mètres Sud de la sortie Est du village.
Par ailleurs une contre-attaque ennemie oblige les Eléments avancés du Groupement B à se replier sur la sortie Ouest du village.
Le nettoyage et l'occupation de la portion de bois située entre la sortie du tunnel et nos Eléments déjà en place à la lisière Nord du bois, sont confiés dans l'après-midi à la Compagnie Herouart des Charolais. Cette Compagnie surprend l'ennemi à la sortie du tunnel et capture quelques prisonniers. Inquiétée sur son flanc droit cette Compagnie décroche et se regroupe au carrefour 365.
Les dispositions suivantes sont prises pour la nuit :
1) P.A. du Pont de Recologne aux ordres du Sous-Lieutenant Dory :
- un Peloton de chars ;
- un Peloton de 57 à pied ;
- un Groupe du Génie.
Mission : Assurer la garde du pont et maintenir la liaison avec le Groupement B.
Tirs d'arrêt préparés par la 7e Batterie sur les sorties Est de Recologne de part et d'autre de la route nationale.
Mines et pièges posés par le Génie autour du P.A.
2) P.A. de la lisière Nord du bois, aux ordres du Lieutenant Puig :
- une Compagnie de Zouaves ;
- un Peloton de chars.
Mission : Maintenir l'intégrité de la position acquise à la lisière du bois.
3) P.A. du carrefour 365 :
- une Compagnie du Charolais ;
- un Peloton de 81 du Régiment.
Mission : Assurer la sécurité de la ligne de communication Recologne - Magny.
4) A Magny en réserve :
- 1er et 3e Escadrons (moins un Peloton) ;
- 4e Escadron (moins un Peloton) ;
- une Compagnie du Charolais ;
- P.C.: Magny ;
- Artillerie, sans changement ;
Nuit calme sans réaction de l'ennemi.

MISSION DU GROUPEMENT A :
Maintenir des Eléments de chars aux lisières des bois de la Nannue, garder la liaison avec le Groupement B dans Recologne.
Exécution : (Ordre N° 68 292100 A) :
- le 3e Escadron reprendra ses positions aux lisières du bois. Sécurité assurée par la Compagnie Puig.
- le Capitaine Dumesnil vérifiera l'occupation par l'ennemi de la barricade de la rue secondaire. Dans la négative, le déminage de la rue sera entrepris sans délai.
Durant toute la journée chars, artillerie, mortiers effectueront sur un itinéraire de ravitaillement repéré par nos observateurs sur les pentes Sud-Est de la chapelle de Ronchamp, des tirs de harcèlement. Certains résultats peuvent être observés dans la région du cimetière de Ronchamp.
La barricade est toujours occupée. Elle est soumise dans la matinée à un bombardement d'artillerie.
Le coup de main sur la barricade, monté avec précision par le Sous-Lieutenant Dory, réussit vers 15 heures, avec le minimum de pertes (un blessé).
Ce coup de main avait été vigoureusement appuyé par les Pelotons de chars postés aux lisières des bois de la Nannue qui canonnèrent et mitraillèrent l'ennemi qui se repliait.
Le déminage et le déblaiement sont entrepris immédiatement et à 17 heures 30 l'Equipe du Génie atteint le carrefour de la route nationale 19 et la sortie du village.
Une opération de nettoyage des bois de la Nannue à l'Est de notre position est menée à partir de 15 heures par un Bataillon de la D.M.I. qui appuie sa gauche à la voie ferrée et sa droite à la route Claire-Goutte - Eboulet.
Une Compagnie du Charolais est intercalée entre notre position et la Compagnie de gauche de ce Bataillon pour assurer la liaison. L'opération du Charolais est réalisée sans pertes.
Les dispositions suivantes sont prises pour la nuit :
1) P.A. de Recologne, aux ordres du Capitaine Dumesnil, disposant de :
- son Escadron, moins un peloton ;
- le Peloton de 57 à pied ;
- la pièce de 57 du 1er Escadron ;
- le Peloton de 81 mm ;
- un Groupe du Génie.
Mission : Assurer la défense du village et la liaison avec le Groupement B. Tirs d'arrêt de l'artillerie inchangés. Tirs d'arrêt de mortiers réglés sur la sortie Est du village.
2) P.A. de la lisière du bois de la Nannue :
une Compagnie du Charolais renforcée d'un Groupe de Zouaves.
Mission : sans changement.
3) En réserve à Magny :
- 1er Escadron, 3e Escadron, un Peloton du 4e Escadron ;
- Compagnie de Zouaves (moins un groupe) ;
- une Compagnie du Charolais.
4) P.C. : Magny :
Artillerie sans changement.
Nuit très calme.

1er Octobre 1944 :
MISSION DU GROUPEMENT A :
Maintenir les positions acquises en attendant d'être relevé et la mise en réserve de Division.
Exécution : Ordre N° 69 302000 A. Dispositif sans changement.
Après avoir recueilli un renseignement d'habitant, une patrouille à pied pousse à 9 heures jusqu'à l'église de Ronchamp qu'elle atteint sans rencontrer d'Allemands.
En fin de journée, à 18 heures 15, une contre-attaque menée sur Recologne par une Compagnie est stoppée à 50 mètres de nos premiers éléments, par les feux ajustés de la défense et par les tirs d'arrêt des mortiers.
En attendant la relève, les dispositions suivantes sont prises :
1) P.A. de Recologne : Mission et garnison sans changement. Commandement du P.A. assuré par le Chef d'Escadrons Rouvillois.
2) P.A. de la lisière du bois : deux Sections du Charolais. Mission sans changement.
3) En réserve à Magny : la Compagnie de Zouaves, P.C. léger : Magny.
Les 1er, 2e et 3e Escadrons ont gagné en fin d'après-midi leurs emplacements de repos dans la Région Les Baraques - La Goulotte.
Nuit calme.

2 Octobre 1944 :
Le Commandant de la Brigade de la D.M.I. libère les derniers Eléments du Groupement A à 8 heures 30.
La Garnison de Recologne regagne la zone de stationnement du Régiment à 11 heures 15.
Pendant la période du 28 septembre au 1er octobre le 2e Escadron a participé à la défense de la position de la chapelle de Ronchamp et de Recologne, en soutien du Groupement B.
Les feux de ses canons sont appliqués sur les pentes Nord et Sud du mamelon.
Un Peloton exécute des tirs d'interdiction à 6 000 mètres sur la route nationale 19 et un P.C. allemand aux quatre maisons, sortie Est du bas des côtes est violemment bombardé.
Après huit jours de durs combats le Groupement A a libéré trois villages, nettoyé une forêt, progressé de 8 kilomètres et atteint les objectifs qui lui avaient été fixés.
Par sa présence sur le flanc de l'ennemi et les tirs ajustés de l'artillerie et des chars, il a contribué efficacement à la défense du point d'appui de la chapelle de Ronchamp.
Il a infligé des pertes sévères à l'ennemi, capturé une soixantaine de prisonniers, détruit ou capturé une dizaine de bazookas et deux mitrailleuses.
Les pertes pour le 5e R.C.A. ont été les suivantes :
Personnes tués : deux Aspirants, deux Sous-Officiers, cinq Troupe. blessés : six Officiers, cinq Sous-Officiers, dix-huit Troupe.
Matériel : le char léger " Lyonnais " détruit, le char léger " Auvergne " endommagé, récupérable, les chars moyens " Montluc " et "Versailles " endommagés, récupérables, un Dodge sauté sur mine, irrécupérable.
En fin de soirée le Régiment est regroupé dans la Région Nord de Lure :
- P.C. : Château des Grands Bois à Bas-Dessus ;
- Etat-Major : Bas-Dessus ;
- 1er et 4e Escadrons La Goulotte ;
- 2e et 3e Escadrons : Aux Barraques ;
- T.C. et TR. : Lure.
Le Régiment est en réserve de Division et consacre son activité a' la remise en ordre de son matériel.

3 Octobre 1944 :
Sans changement.

4 Octobre 1944 :
Par télégramme officiel du Général, Commandant la 1ère A.F., transmis par note de service N° 339/I en date du 29 septembre 1944 au Général, Commandant la 1ère D.B.
1) Le Général Sudre est affecté comme Général-Adjoint au Général, Commandant la D.B.
2) Le Colonel Désazars de Montgailhard est affecté au Commandement de la Brigade de Chars et du C.C. 1.
3) Le Colonel Désazars de Montgailhard prend son Commandement le 20 octobre 1944 à 0 heure.

5 Octobre 1944 :
Ordre N° 164 : Le Chef d'Escadrons de Beaufort reprend à la date de ce jour le Commandement du Régiment.

6 Octobre 1944 :
Est promu à titre temporaire et à titre exceptionnel pour prendre rang du septembre 1944 : Cavalerie : Au grade de Lieutenant-Colonel, le Chef d'Escadrons Grout de Beaufort Henri, Marie, Guy.

7 Octobre 1944 :
Le Capitaine Méhu de Beaujeu est affecté à l'E.H.R.-Etat-Major, en réserve de Commandement.
Le Lieutenant d'Active Brassard de Corbigny Antoine est affecté au 1er Escadron.
Le Lieutenant d'active Ronsin du Châtelle Roland est affecté au 2e Escadron. L'Aspirant d'Active de Guillonnière Serge passe du 3e Escadron à l'E.H.R. Etat-Major (Peloton de 57).

10 Octobre 1944 :
Par Ordre N° 10.2200 A du C.C. 2, un Escadron est mis à la disposition du Colonel Kientz, Commandant un Groupement, qui opère sur l'axe Bois-Le-Prince - Château-Lambert.
Le reste du Régiment passe en réserve de Division dans la Région de Faucogney.
L'Escadron Chéry est désigné par message n° 2.330 A. Il quitte son cantonnement le 11 octobre, à 7 heures, pour Coravillers, d'où il est aiguillé vers Bois-Le-Prince, face à Château-Lambert.

11 Octobre 1944 :
A 13 heures 15, le reste du Régiment fait mouvement sur Faucogney. Le 1er Escadron est poussé sur Amont.

12 Octobre 1944 :
Le Peloton de Mortiers de 81 de l'Etat-Major, est mis à la disposition du Groupement Kientz, ainsi que deux Groupes de 57.

13 Octobre 1944 :
Le Q.G. de la 1ère D.B. venant s'installer à Faucogney, le Régiment est poussé sur la Longine. Moins le 1er Escadron, qui demeure à Amont.
Par Avis de mutation N° 557/1 en date du 10 octobre 1944, de M. le Général, Commandant la 1ère D.B., le Capitaine de réserve Méhu de Beaujeu est muté à l'Etat-Major de la 1ère D.B. (5e bureau).

15 Octobre 1944 :
Par Avis de mutation N° 33917/s en date du 28 septembre 1944 de M. le Général, Commandant la 1ère A.F., le Sous-Lieutenant de Cavalerie Tabuteau Michel, venant du B.C.R.A., est affecté au 5e R.C.A.
Cet Officier est affecté au 2e Escadron.
Le Sous-Lieutenant de Cabrol, évacué le 21 août sur le XVe Bataillon médical à Cuers, sortant de l'hôpital, rejoint son Unité, le 1er Escadron.

16 Octobre 1944 :
Par Avis de mutation N° 25167/I C.N., en date du 11 octobre 1944, de M. le Général, Commandant la 1ère Armée Française, le Colonel Kientz André, Commandant le 5e R.C.A., est affecté à la 1ère D.B., et prend le Commandement du C.C.2 et de la Brigade de Soutien.
Le Lieutenant-Colonel de Beaufort, Commandant en second, prend le Commandement du 5e R.C.A.

18 Octobre 1944 :
L'Escadron Pazzis, relève l'Escadron Chéry de ses emplacements de Bois-Le-Prince, face à Château-Lambert. L'Escadron s'installe à la Longine.

19 Octobre 1944 :
En exécution de la Note de Service N° 790/I, le Chef d'Escadrons Rouvillois, détaché à l'Etat-Major du C.C. 1, réintègre le 5e R.C.A.

20 Octobre 1944 :
Par Note de service N° 115 bis/O.P .S., en date du 20 octobre, le 5e R.C.A quitte sa situation (réserve de Division) pour être remis à la disposition du C.C.2.

21 Octobre 1944 :
En exécution de l'Ordre d'opération N° 27, en date du 19 octobre, l'Escadron Dumesnil relève l'Escadron du 2e Cuirassiers dans le sous-secteur Labarthe - Fédrupt.
L'Escadron Pazzis et le Peloton 81 restent dans le sous-secteur Kientz.

25 Octobre 1944 :
En exécution des prescriptions de l'Ordre 232000 A du C.C. 2, le Régiment passe en réserve du 2e C.A. dans la nuit du 24 au 25 octobre, dans la Région de Auterive-Meyvillers.
Le P.C. et les Escadrons de combat (moins le 3e Escadron) font mouvement pour stationner dans cette Région par l'itinéraire :
Coravillers, Col du Mont-de-la-Fourche, Rupt, Maxonchamp, Remiremont (par la route nationale 66), Saint-Etienne-de-Remiremont, Celles, où ils arrivent en fin de matinée.
Le P.C. s'installe à Auterive (Filature Bielger) ;
- le 1er Escadron à Meyvillers ;
- le 2e Escadron à Celles ;
- le 3e Escadron mis à la disposition de la D.M.I. demeure à la Longine, où il se tient prêt à intervenir sur ordre du Général, Commandant le 2e C.A.
En exécution de l'Ordre N° 241901 de la D.B., cet Escadron en réserve à la Longine, détache un Peloton de Chars à la Côte, qui prend liaison en ce point, avec le Commandant du sous-secteur intéressé. Le Peloton Lousteau est chargé de l'exécution de cette mission.
Le 4e Escadron, dont la relève s'effectuera le lendemain, après entente avec le Colonel, Commandant le 9e R.C.A., fait mouvement de Fedrupt sur Auterive le 26 dans la matinée.
Les T.C. et T.R. se fixent à Raon-aux-Bois et la Racine, où ils se rendent par Luxeuil, Fougerolles, Plombières.
Dans l'éventualité d'une intervention du C.C. 2 au profit de la 3e D.I.A., le Lieutenant-colonel, Commandant le 5e R.C.A., reçoit le Commandement d'un détachement comprenant : - un Escadron moyen du 5e R.C.A. ;
- le 1er Bataillon de Zouaves ;
- un Peloton du 3e R.C.A. ;
- un Peloton du 9e R.C.A.
Le reste du Régiment aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte, demeure à la disposition du Colonel, Commandant le C.C. 2.
En exécution des prescriptions de l'Ordre particulier N° 1248/3 du C.C. 2 du 29 octobre 1944, le Détachement Beaufort devra être en mesure d'agir en, cas d'avance ennemie, et sur ordre du Colonel, Commandant le C.C. 2 :
- soit au profit du G.T.4 (Colonel Bonjour) de la 3e D.I.A. à l'Est et au Nord de Vagney ;
- soit au profit du G.T.3 (Colonel Guillebaud) en direction générale de La Bresse ;
- soit au profit du G.T.1 (Général Duval) en direction générale de Saulxure, Cornimont, Saulxure, Ventron.
En conséquence, des reconnaissances actives sont poussées par le Colonel et les Officiers de son Etat-Major dans tout le secteur où le Régiment aurait à intervenir. La liaison est prise avec les Commandants de Groupements.

27 Octobre 1944 :
Le Lieutenant Foerst Edouard, blessé et évacué le 5 septembre 1944, rayé des contrôles du Corps le 17 septembre, a rejoint le Régiment à sa sortie de l'hôpital de Mâcon le 25 octobre 1944. Cet Officier est réaffecté à son Unité, le 3e Escadron.

28 Octobre 1944 :
Le Lieutenant Rouland, du 2e Escadron, passe à l'E.H.R.- Etat-Major, à cette date.

31 Octobre 1944 :
Au cours d'une reconnaissance dans la Région du Haut-du-Tot, le Lieutenant-Colonel de Beaufort, le Commandant de Menditte, le Commandant Rouvillois, le Lieutenant Rouland et le Lieutenant Richter, imprudemment guidés par le Lieutenant Maître de l'Etat-Major du 2e R.S.A.R., ont déclenché le tir d'un canon automoteur de gros calibre en abordant une crête en vue de l'ennemi ; Le Lieutenant Richter a été légèrement blessé par un éclat dans le cou.
En exécution des prescriptions de l'Ordre de mouvement N° 0200 A du C.C. 2, le Régiment fait mouvement sur Vellexon et Charentenay par l'itinéraire :
Rupt-sur-Moselle, Col de Fourche, Faucogney, Luxeuil, Vesoul, Grandvelle (18 kilomètres Ouest de Vesoul).
Le P.C. s'installe à Vellexon avec le 2e et 3e Escadrons.
Le 4e Escadron s'établit à Queutrey.
Le 1er Escadron, les T.C. et T.R. s'installent à Charenteney.
Les hommes se reposent et l'entretien du matériel est poussé activement.

4 Novembre 1944 :
Le Sous-Lieutenant de Montalembert Henry de l'E.H.R.- Etat-Major, passe au 1er Escadron.

6 Novembre 1944 :
Par Avis de mutation N° 1228/I en date du 4 novembre 1944, de M. le Général, Commandant la 1ère D.B., le Capitaine Berthet Henri, de l'Etat-Major de la 1ère D.B. est affecté au 5e R.C.A.

13 Novembre 1944 :
A 7 heures, le Régiment fait mouvement sur le Camp du Val-Dahon par Frétigney, Oiseley, Mésizey, Besançon, où il arrive vers 10 heures pour une mission inconnue. Vers midi, on apprend que le Général de Gaulle, accompagné de hautes personnalités alliées passera en revue le Régiment ainsi que des Détachements de F.F.I.
Il neige et le ciel est couvert. Dans l'Allée centrale du Camp, le Régiment est aligné sur un rang, les chars légèrement en oblique, le canon perpendiculaire au bâtiment. En face un Bataillon de la Légion avec musique et drapeau et quelques F.F.I.
Après deux heures d'attente, vers 17 heures, le Général de Gaulle, accompagné de Monsieur Winston Churchill, Premier Britannique, du Général de Lattre, des Généraux Juin, du Vigier, de Vernejoul et Molle (F.F.I.), arrivent au camp, passent les Troupes en revue, assistent au défilé, spectacle impressionnant à la nuit tombante.
Vers 21 heures, le Général de Lattre transmet téléphoniquement au Colonel de Beaufort, par l'intermédiaire du Commandant du Camp, l'expression de sa vive satisfaction.

14 Novembre 1944 :
A 14 heures, le Régiment quitte le Val-Dahon pour par l'itinéraire : Avoudrey, Pierrefontaine.
Le 1er Escadron et le T.C. cantonnent à Charmoille, les 3e et 4e Escadrons à l'Aviron.

16 Novembre 1944 :
ORDRE N° 176
Officiers, Sous-Officiers, Brigadiers, Trompettes et Chasseurs,
" J'ai la profonde douleur de vous faire part de la mort du Colonel Désazars de Montgailhard, tué à l'ennemi devant Héricourt le 15 novembre 1944.
Conservez pieusement le souvenir de ce Chef de grande valeur, qui vous a formé et instruit.
Et souvenez-vous pour l'exécution mieux encore, du dernier ordre qu'il vous a donné en vous quittant, le 7 mai 1944
" Quoi qu'il advienne, restez disciplinés et forts, grandissez-vous toujours, aidez-vous généreusement les uns les autres. "
L'Ordre particulier du 16 novembre, 23 heures, du Colonel, Commandant le C.C. 2, donne au Colonel de Beaufort le Commandement d'un Groupement comprenant :
- le 5e R.C.A., moins un Escadron ;
- le 1er Bataillon du 1er Zouaves, moins une Compagnie ;
- le III/68e d'Artillerie, moins une Batterie ;
- l'Escadron de reconnaissance Ardant ;
- l'Escadron de T.D. Giraud ;
- la 1/88e Génie, moins une Section ;
- un Escadron de reconnaissance du R.I.C.M.;
- un Bataillon du 9e Zouaves sera mis ultérieurement à la disposition du Groupement pour assurer le nettoyage et l'occupation des positions conquises.
La mission comporte :
La mise à la disposition du 9e Zouaves, d'un Escadron de chars pour l'attaque de Thulay et d'Hérimoncourt.
Une action d'exploitation ultérieure en direction de Morvillars, lorsque le pont d'Hérimoncourt aura été livré par l'infanterie.
Le Groupement est ainsi articulé dès le départ :
Sous-Groupement A aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte, comprenant :
- le 1/3e R.C.A. ;
- le 3/5e R.C.A. ;
- la Compagnie Puig du 1er Zouaves ;
- une Section du Génie.
Un Sous-Groupement B aux ordres du Chef de Bataillon Barbier.
- le 4/5e R.C.A.;
- une Compagnie du I/1er Zouaves ;
- un Escadron de reconnaissance du R.I.C.M. ;
- une Section du Génie.
Un Sous-Groupement C aux ordres du Capitaine Madon du 1er Zouaves, comprenant :
- le 1/5e R.C.A. ;
- le 3/9e R.C.A. ;
- la Compagnie d'appui du 1er Zouaves ;
- le III/68e, moins une Batterie.

17 Novembre 1944
OPERATIONS DU 17 NOVEMBRE 1944
Le Groupement A a pour mission de s'emparer de Vaudoncourt, puis de progresser sur l'axe Dasle, Méziré, Morvillars.
Le Groupement B débouchera après la prise de Vaudoncourt et prendra pour objectif Montbouton, Fèsches-l'Eglise, puis, suivant la situation, portera son effort soit sur Grandvillars soit sur Delle.
Vers 11 heures, les chars du 3e Escadron, qui accompagnent le 9e Zouaves, sont parvenus sur les hauteurs qui dominent Hérimoncourt. L'ordre est donné au Groupement A de se porter sur Hérimoncourt et de déboucher sur Vaudoncourt.
L'embouteillage des routes, retarde la reconnaissance qui doit démarrer en tête.
En définitive c'est le 3/5e R.C.A. qui, repassant par Thulay, s'assure du Pont d'Hérimoncourt. (Les détails de l'engagement du Groupement A sont donnés à la suite, dans le journal particulier de ce Groupement.)
A 14 heures 30, la reconnaissance, qui a enfin rejoint, débouche. Elle est arrêtée à 14 heures devant Vaudoncourt par une défense solidement organisée.
Le Commandant du Groupement A reçoit l'ordre d'attaquer,
Le Groupe III/68e, qui doit l'appuyer signale qu'il est bloqué à Thulay par l'embouteillage de la route et qu'il n'a pas pu prendre les positions de tir prescrites.
Il est fait appel à l'Artillerie de la 9e D.I.C., mais à 16 heures, les tirs ne sont pas encore déclenchés.
Le Groupement Le Puloch qui devait progresser parallèlement par Saint-Dizier - Lebetain, est détourné et l'ordre est donné de lui donner un créneau derrière le Groupement A par Thulay, Hérimoncourt, d'où il se rabattra sur Abevillers, Croix, Saint-Dizier.
L'embouteillage qui résulte de ce nouvel afflux de véhicules empêchera le passage du Groupement Barbier jusqu'à 16 heures.
Le Groupement C ne pourra rejoindre que dans la nuit.
Le Groupement A étant arrêté devant Vaudoncourt, le Groupement B reçoit dès son arrivée, l'ordre de pousser une reconnaissance sur Seloncourt, puis si Seloncourt est libre, sur Dasle.
A 17 heures 15 le Groupement A signale qu'il occupe Vaudoncourt. Deux canons antichars de moyen calibre ont été pris.
Une reconnaissance poussée sur Dasle rend compte que le village est occupé.
L'heure tardive empêche de monter une attaque.
Le Groupement B signale que Seloncourt est tenu.
Il reçoit l'ordre de ne pas insister et de rejoindre le Groupement A à Vaudoncourt, prêt à déboucher le lendemain, dès l'aube, en direction de Grandvillars.
Le Groupement C reçoit l'ordre de pousser sur Hérimoncourt, sortie Nord-Est.
Le P.C. des Groupements A et B à Vaudoncourt.
Le P.C. du Lieutenant-Colonel, Commandant le Groupement, sortie Nord-Est d'Hérimoncourt.

17 Novembre 1944 :
RAPPORT D'OPERATIONS DU GROUPEMENT A
En exécution de l'Ordre particulier du 162300 A du C.C.2, le Sous-Groupement A est constitué aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte et comprend les éléments suivants :
- 1/3e R.C.A. ;
- 3/5e R.C.A. ;
- 1ère Compagnie du 1er Zouaves ;
- la 2/1 du 83e Génie ;
- ultérieurement la 7e Batterie du 3/68e.
Le Sous-Groupement A se porte de la Région de Sancey, La Violette, Charmoille, dans la Région Noirefontaine, Pont-de-Roide, Roide, où la tête des Eléments arrive à 7 heures 30.
Liaison avec le Colonel, Commandant le 9e Zouaves, à Haute-Chaux, à 8 heures.
Le 3e Escadron reçoit mission d'appuyer l'attaque de l'objectif 02, menée par un Bataillon du 9e Zouaves en direction de Thulay, Hérimoncourt.
L'attaque débouche 9 heures de Roches-les-Blamont.
Thulay est pris à 10 heures.
Vive réaction au débouché de Thulay - Hérimoncourt, attaqué par l'Ouest par l'Infanterie, et par le Sud par le 3e Escadron, renforcé de la 1ère Compagnie du 1er Zouaves, est libéré à 14 heures 30.
Le Sous-Groupement A peut rentrer en action.
La reconnaissance, découplée sur l'axe Hérimoncourt - Vaudoncourt, est arrêtée 14 heures 45 à 1000 mètres Ouest de Vaudoncourt par des résistances ennemies, renforcées d'armes antichars.
La reconnaissance signale en outre une batterie 105 à la sortie Sud du village.
Des tirs sont demandés à 14 heures 50 pour écraser ces résistances.
L'Artillerie, qui appuie le Sous-Groupement A n'est pas l'Artillerie organique du C.C. 2. Il en résulte de longs retards et finalement à 16 heures 30 l'attaque de Vaudoncourt est déclenchée sans appui d'Artillerie. Un habile mouvement débordant du Peloton d'Aram, verrouille la ligne de retraite vers Dasle.
L'ennemi abandonne le village qui est nettoyé et occupé à 17 heures 10.
Un canon de 75 P.A.K. 40, un canon de 76,2 russe, quelques véhicules automobiles, tombent entre nos mains.
La reconnaissance est poussée sur Dasle, dont elle atteint les premières maisons à 18 heures.
Il fait nuit et devant la menace d'armes antichars, renforcées d'une quarantaine d'hommes, la reconnaissance se regroupe à Vaudoncourt.
Installation en point d'appui fermé. Dans la soirée le Sous-Groupement A est renforcé du Sous-Groupement B. Pertes de la journée : néant.
Nuit calme. Seul incident Une voiture allemande qui se présente à un de nos postes est incendiée, quatre prisonniers.

18 Novembre 1944 :
L'Ordre d'opérations pour la journée du 18 novembre est donné en annexe.
Le Groupement A a pour objectif Morvillars, le Groupement B a pour objectif Fèsches-l'Eglîse, puis, suivant les circonstances, Grandvillars ou Delle.
Le Groupe III/68e qui a fait mouvement dans la nuit, est à 7 heures 30 en batterie au Sud de Vaudoncourt, prêt à appuyer notre avance.
OPERATIONS DU GROUPEMENT A Journée du 18 novembre 1944.
La progression reprend sur l'axe Dasle - Dampierre - Méziré - Morvillars.
La reconnaissance du 1/3e R.C.A. est découplée à heures 15.
Dasle évacué, est occupé à 8 heures. Des reconnaissances sont immédiatement poussées sur Dampierre, Seloncourt, Audincourt, Etupe.
Dampierre est occupé à 9 heures 30.
La reconnaissance aidée par un Groupe du Génie réussit à empêcher l'ennemi de faire sauter le pont, voie ferrée, sur la route Dampierre - Le Rondelot. Etupe est atteint par la reconnaissance à 9 heures 30. Quelques Eléments légers ennemis sont encore retranchés dans des maisons.
Une Section de la Compagnie de Zouaves est envoyée pour nettoyer le village.
Cette opération est terminée à 10 heures 30. Un important matériel auto et de dépannage a été récupéré.
Seloncourt et Audincourt ont été reconnus libres par les reconnaissances du 3e R.C.A., qui avaient reçu pour mission de renseigner sur les flancs du Sous-Groupement.
Sur l'axe principal la progression continue jusqu'aux lisières Sud du Rondelot.
Les deux ponts sur la Feschotte sont coupés. Un passage est reconnu à travers l'Usine, 400 mètres Sud des ponts, mais en débouchant, les snipers font subir des pertes sérieuses au Groupe du Génie, qui suivait dans le sillage de la reconnaissance.
Entre temps la reconnaissance signale que les ponts de Fèsches sont sautés.
Ce renseignement est inexact. Les ponts sur Méziré étaient intacts et auraient permis d'atteindre les objectifs fixés sans livrer un combat pour forcer le passage au Rondelot.
En possession de ces renseignements inexacts, le Commandant du Sous-Groupement A décide de forcer le passage du Rondelot.
Se couvrant par le feu en direction des bois Nord-Est de l'usine, le nettoyage du village est conduit par deux Pelotons de chars et deux Sections de Zouaves, appuyés par les feux de la 7e Batterie.
L'opération commence à 12 heures 15. Elle est conduite méthodiquement. Le Rondelot et Le Grand-Comptoir sont libérés et le nettoyage des bois à l'Est du Rondelot est entamé.
Opération lente, car la réaction des tireurs ennemis et des minens est vive.
A 14 heures 30 les localités sont nettoyées et les Zouaves sont installés en flanc-garde dans les bois de la lisière Est.
Sur l'axe de marche, au lieu dit "Le gros chêne ", les chars se heurtent à un large fossé antichars.
La décision est prise à 15 heures 15 de pousser sur Méziré par l'itinéraire Ouest.
Cette opération est confiée au 1er Escadron, moins un Peloton, qui a mission de surveillance au Nord-Est de Dampierre.
L'Escadron Moreau atteint Méziré à 16 heures et prend le village sans soutien d'Infanterie malgré une violente défense antichars armés de trois 75 P.A.K.
A 16 heures 30, la progression au Nord de Méziré est arrêtée par un large et profond fossé antichars.
Pendant que se déroulent les opérations du Rondelot, de Méziré, la population civile, sous l'impulsion du Médecin-Capitaine Aubert, a établi un passage sur la rivière permettant le passage de tous les véhicules, sauf les chars moyens, qui utilisent le passage de l'usine, toujours sous le feu ennemi.
De son côté la Section du Génie du Sous-Lieutenant Sborgi a rétabli un passage sur le fossé du "Gros-Chêne", qui permet aux Eléments mixtes, chars moyens - Zouaves de gagner Méziré par l'itinéraire direct.
Les dispositions suivantes sont prises pour la nuit :
Point d'appui de Méziré (aux ordres du Capitaine, Commandant le 3/5e
- 1ère Compagnie de Zouaves ;
- 1er Escadron ;
- 3e Escadron.
Point d'appui du Rondelot (aux ordres du Capitaine, Commandant le 1/3e R.C.A.
- Escadron de reconnaissance, qui sera renforcé dans la nuit par la 1ère Compagnie du 9e Zouaves).
Point d'appui de l'usine aux ordres du Sous-Lieutenant Hervouet) :
- Mission : Assurer la sûreté de la ligne de communication. Le Rondelot -Dampierre
- Peloton de 57 ;
- Peloton de 81 mm.
Malgré les précautions prises, l'installation de la garnison de ce Point d'appui nous coûte quelques pertes.
P.C. du Groupement : Méziré.
Les pertes du Groupement A sont les suivantes :
1/3e R.C.A. : un Sous-Officier tué, un Sous-Officier blessé, un blessé, un blessé non évacué.
1/88e Génie : trois tués, trois blessés, deux blessés non évacués.
1/1er Zouaves : un tué, quatre blessés.
1/5e R.C.A. : trois tués, 1 blessé, un Sous-Officier blessé non évacué :
Peloton de 57 (5e R.C.A.) : un Sous-Officier tué, deux tués, deux blessés.
Deux chars légers touchés, dont un récupérable.
Du côté ennemi : Nombreux cadavres, une quinzaine de prisonniers, trois P.A.K. 40 et quelques véhicules automobiles et de nombreux bazookas. Nuit calme. Le travail entrepris par les F.F.I. de Méziré pour combler le fossé antichar doit être interrompu, car il provoque une réaction de feux d'infanterie.
OPERATIONS DU GROUPEMENT B :
Le Groupement B progresse rapidement jusqu'à Fèsches-l'Eglise, où il est arrêté par des tirs de minen et d'A.A. Une attaque est montée. La C.A. du 1er Zouaves est remise à la disposition du Groupement B. L'Escadron du 3/5e R.C.A. prend position sur les hauteurs Nord de Beaucourt pour l'appuyer de ses feux.
Le 3/68e se met en batterie dans la même région.
L'ennemi ne résiste pas longtemps et se replie devant la menace des chars et de l'Infanterie.
A 13 heures la nouvelle de la prise de Delle parvient. Le Groupement B reçoit l'ordre de pousser sur Grandvillars. Le débouché est retardé par le passage du fossé antichars, dont le passage doit être renforcé par le Génie pour être praticable aux chars.
Le Groupement atteint et nettoie Grandvillars vers 16 heures et, renforcé par la C.A. du Zouaves, reçoit l'ordre :
- de pousser des reconnaissances sur Morvillars, Froidefontaine et Vellescot ;
- d'attaquer le cas échéant Morvillars par le Nord-Est pour aider le Groupement A ;
- de laisser une garnison à Grandvillars.
La reconnaissance est arrêtée devant Morvillars par des tirs de minens et d'armes automatiques et n'insiste pas.
Les chars du 4e Escadron s'engagent sans appui.
Un de ses pelotons parvient sur la piste de Méziré jusqu'au fossé antichars et prend à partie l'ennemi qui se replie, mais ne peut pousser plus loin.
Le Peloton Dory arrive à pénétrer dans la partie Nord de Morvillars, détruit trois canons de 75 P.A.K.
Le Sous-Lieutenant Dory est grièvement blessé.
Le Peloton, au soir, reçoit l'ordre de se replier sur Grandvillars.
La reconnaissance sur Froidefontaine et Vellescot n'a pas été envoyée par le Commandant du Groupement B.
Le stationnement en fin de journée est le suivant :
Groupement A : Méziré - Le Rondelot - Dampierre ; il est renforcé par une Compagne puis un Bataillon de Zouaves.
Groupement B : Grandvillars.
Groupement C : Fèsches-l'Eglise.
Artillerie : Région Dampierre - Fèsches-l'Eglise.
P.C. du Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. : Beaucourt.

OPERATIONS DU 19 NOVEMBRE 1944 :
L'articulation du Commandement est modifiée comme suit :
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., prend sous son commandement un Groupement composé :
- du 5e R.C.A., moins un Escadron moyen ;
- de la 1ère Compagnie du 9e Zouaves ;
- du Groupe d'Artillerie III/68e , moins une batterie ; d'un Bataillon du 9e Zouaves.
La mission du Groupement est d'abord de prendre Morvillars à tout prix, ensuite de pousser vers le Nord, dans la mesure possible.
Le Lieutenant-Colonel donne les ordres suivants :
1) Le 9e Zouaves relèvera le Groupement Menditte le 19 novembre à l'aube et attaquera Morvillars ; l'objectif du 9e Zouaves est la partie du village située au Sud de l'église. Heure H : 10 heures.
2) Le Groupement Menditte, composé du 3/5e R.C.A., de la 1ère Compagnie du 9e Zouaves, d'une Section du Génie et de la Batterie d'Artillerie Honsel, attaquera Morvillars en partant de Grandvillars. Objectif : Partie Nord du village.
3) Les Eléments disponibles : 1/5e R.C.A., 2/5e R.C.A., Peloton de 57, Peloton de Mortiers restent en réserve dans les bois au Sud de Grandvillars aux ordres du Capitaine de Pazzis.
L'attaque du 9e Zouaves, partie très tard échoue.
L'attaque du Groupement Menditte est rapportée plus loin dans le journal de marche du Groupement.
Vers midi, le nettoyage de Morvillars étant amorcé favorablement, le Capitaine de Pazzis, disposant du 1/5e R.C.A. et du Peloton de 57, qui travaillera à pied comme infanterie d'accompagnement, reçoit l'ordre de reconnaître et d'attaquer si nécessaire Froidefontaine, Brebotte et Recouvrance.
Puis une fois ce premier objectif atteint, de prendre liaison à Grosnes avec le Groupement Barbier, qui a progressé sur Vellescot.
Ce Groupement rencontre une vive résistance de l'ennemi qui dispose de plusieurs armes antichars, de mortiers et d'Artillerie.
Trois chars légers sont détruits en essayant d'aborder Froidefontaine et l'attaque doit être stoppée en attendant l'intervention de notre Artillerie qui pilonne les lisières Est de Froidefontaine où des armes antichars sont signalées.
Une nouvelle attaque de nos chars, accompagnés par les Equipes de 57, réussit ; deux canons antichars P.A.K. 40 et une dizaine de prisonniers sont capturés. L'avance se poursuit immédiatement sur Brebotte et Recouvrance.
Ces deux villages sont pris malgré une vigoureuse défense ennemie, appuyée par des tirs très denses de mortiers et d'Artillerie. Un char moyen et deux légers sont touchés par les antichars.
Le Capitaine Moreau, Commandant le 1/5e R.C.A. est très gravement blessé.
Le nettoyage est terminé dans la nuit, à la lueur des incendies.
Deux canons de 75 P.A.K. 40 sont encore pris, ainsi que deux mortiers de 120. Plusieurs prisonniers restent entre nos mains.
Le 19 octobre, au soir, le Groupement stationne dans les conditions suivantes :
- Sous-Groupement Menditte : partie Nord de Morvillars ;
- Sous-Groupement Pazzis : Froidefontaine - Brebotte ;
- P.C. du Groupement : Grandvillars.
- Pertes du Groupement Pazzis pour la journée du 19 novembre :
- 2e Escadron : un blessé.
- 1er Escadron : cinq tués, 8 blessés.
- Peloton de 57 : 3 tués, 1 blessé.

OPERATIONS DU GROUPEMENT A
Journée du 19 novembre 1944.
Le Xe Bataillon du 9e Zouaves, qui a été poussé sur le Rondelot, grâce aux camions du Peloton de 57, arrive à relever le Sous-Groupement A à 7 heures 30.
Le 1/3e R.C.A. a été remis à la disposition du C.C. 2 dans la nuit.
Le 1/5e R.C.A. reçoit une autre mission.
A 8 heures le Sous-Groupement A se porte à la sortie Sud de Grandvillars.
Mission : Attaquer Morvillars.
Axe d'attaque : la grand'route.
Nettoyer la portion de village au Nord de l'Allaine et faciliter par cette action l'attaque menée par le Bataillon du 9e Zouaves sur l'axe Méziré - Morvillars.
Appui des feux de deux Batteries du 3/68e.
L'attaque est déclenchée à 11 heures 25.
Au Sud de la route, les prairies détrempées ne permettent pas le déploiement des chars. Au Nord la route s'appuie à la voie ferrée et à des bois.
Le Peloton de chars de tête est soumis au tir d'un 75 P.A.K. 40 bien embossé, qui touche trois chars sur cinq. Le canon est détruit.
Le nettoyage commence.
Dans la partie Nord du village l'opération réussit malgré la présence d'un canon de 88, d'un canon de 75 P.A.K. 40 et de plusieurs canons de calibre inférieur. Le long de la voie ferrée et de la grand'route, deux Sections de Zouaves mènent une opération coûteuse, car elles sont soumises à des feux d'Infanterie extrêmement bien ajustés et meurtriers.
Toute l'après-midi, la défense ennemie est soumise à des tirs extrêmement efficaces de l'Artillerie et des chars.
Un tir fusant sur les positions à contre-pente au Sud du village est remarquablement ajusté par le Capitaine Honsel.
Le Bataillon de Zouaves attaquant du Sud au Nord, ne progresse pas.
A 17 heures les objectifs sont atteints et nettoyés.
Le Sous-Groupement s'installe pour la nuit en deux Points d'appui fermés :
- Un Point d'appui Sud (aux ordres du Lieutenant Foerst) :
- un Peloton de chars ;
- deux Sections de Zouaves ;
au carrefour de la station de Morvillars.
Un Point d'appui Nord (aux ordres du Capitaine Cléry) :
- deux Pelotons de chars ;
- une Section de Zouaves.
P.C. du Sous-Groupement dans le Point d'appui Nord.
Les pertes de la journée sont les suivantes :
1er Zouaves : un Officier (Lieutenant Riffel) blessé mortellement, cinq tués, huit blessés.
3e Escadron : un tué, un Sous-Officier blessé. Les trois chars touchés sont récupérables.
Du côté ennemi : un canon de 88, deux canons de 75 P.A.K. 40, plusieurs canons de calibre inférieur, plusieurs véhicules, de nombreux cadavres sont identifiés sur le terrain, une dizaine de prisonniers.
Nuit calme. Nombreux tirs d'Artillerie.
En raison de l'insécurité de la route, il n'est pas fait de ravitaillement de nuit.

GROUPEMENT B
OPERATIONS DU 20 NOVEMBRE 1944
Les Allemands ont évacué pendant la nuit la partie Sud de Morvillars.
Le Groupement Menditte est relevé par le 9e Zouaves. Il rejoint Grandvillars pour faire ses pleins de carburant et de munitions, vers 10 heures.
Le Groupement Pazzis est relevé par le Régiment de reconnaissance de la 5e D.B. et rejoint Grandvillars.
A midi, le Groupement Beaufort reçoit l'ordre suivant :
" La reconnaissance a atteint Chavannes-le-Grand. Poussez rapidement sur Romagny et Dannemarie. "
L'opération est confiée au Détachement Menditte.
Le Détachement Pazzis sera maintenu en réserve pour agir éventuellement en direction de Valdieu.

OPERATIONS DU GROUPEMENT A
Journée du 20 novembre 1944
Les derniers défenseurs de Morvillars ont évacué le village pendant la nuit.
Nos reconnaissances poussées au lever du jour vont à la rencontre du 9e Zouaves, tandis qu'une patrouille mixte va occuper le pont sur le canal de la route Morvillars - Bourogne. La relève terminée, le Sous-Groupement se porte à Grandvillars où s'effectuent les ravitaillements.
A midi 30, le Sous-Groupement, renforcé du ?e Escadron, moins un Peloton, reçoit l'ordre suivant :
Chavannes-le-Grand est atteint par la reconnaissance.
- Pousser rapidement sur Romagny, Dannemarie.
Les ravitaillements terminés, le Sous-Groupement démarre à 13 heures 30, articulé de la manière suivante :
Un Détachement d'éclairage aux ordres du Capitaine Berthet, comprenant :
- un Peloton de chars légers ;
- un Peloton de chars moyens ;
- une Section de Zouaves portés ;
- un Groupe de déminage. Le reste du Sous-Groupement dans l'ordre :
- P.C. ;
- Escadron moyen, un Peloton ;
- Compagnie de Zouaves, une Section ;
- Section du Génie, un Groupe ;
- un Peloton de chars légers.
La tête du Sous-Groupement est arrêtée à hauteur du carrefour de Vellescot par la reconnaissance, qui n'a pas pu déboucher au Nord de ce carrefour.
L'attaque, et le nettoyage des bois de Ragie-la-Dame sont décidés immédiatement. Les reconnaissances de terrain sont effectuées sous un violent tir de minens.

20 Novembre 1944 :
L'attaque sera menée par le Capitaine Berthet, disposant de son Détachement renforcé d'une Section de Zouaves, appuyée par les feux de deux Pelotons de chars moyens et d'une Batterie du 3/68e.
En réserve : un Peloton de chars moyens, une Section d'Infanterie. L'action est déclenchée à 1 heures 30 après qu'une reconnaissance ait été poussée sur la route de Bretagne pour assurer la sécurité du flanc gauche (Ouest). Celle du flanc droit étant acquise par la présence du détachement Barbier, opérant sur l'axe Vellescot - Suarce.
Une neutralisation des lisières est faite au canon et à la mitrailleuse.
Progression normale jusqu'à la lisière.
A 16 heures, dans le bois, deux chars légers sautent sur des mines. Le Capitaine Berthet prend la tête et atteint le carrefour de la route de Bretagne, malgré des réactions de minens et de feux d'Infanterie ajustés.
La tombée de la nuit interrompt la progression et le Lieutenant-colonel, Commandant le Groupement, décide d'organiser aux ordres du Capitaine Berthet un Point d'appui à la sortie Nord des bois de Ragie-la-Dame comprenant :
- la Compagnie du Zouaves ;
- une Compagnie du 9e Zouaves, qui y sera poussée immédiatement ;
- un Peloton de chars moyens ;
- les Eléments de chars légers ;
- deux canons de 75 P.A.K. 40 du 5e R.C.A.;
- un Groupe de la Section du Génie.
Le reste du Sous-Groupement A stationne à Vellescot.
A 20 heures le Commandant du Point d'appui rend compte que son installation est complètement terminée.
Deux Sections ont été envoyées en reconnaissance à la lisière extrême Nord du bois qu'elles atteignent sans incident : l'une d'elles s'installe en P.A. fermé dans une maison de la lisière.
Les pertes pour la journée sont les suivantes :
1er Escadron : un tué, deux Sous-Officiers blessés, cinq blessés.
1er Zouaves : dix blessés.
Deux chars légers sautés sur mines. Un char léger détérioré par minens.

21 Novembre 1944 :
Dans la nuit, le C.C.2 fait mouvement sur Muespach-le-Bas. Le Sous-Groupement A est dissous.
Les Eléments du Point d'appui Berthet restent en place jusqu'à leur relève par le Bataillon du 9e Zouaves.
Les Eléments du 3e Escadron restent en place jusqu'à leur relève par les Eléments de la 5e Division Blindée.
Le reste du Groupement fait mouvement par Boron, Joncherey, Faverois, Courtelevant, Seppois, Feldbach, Waldighoffen, et pénètre en Alsace le 21 novembre à 6 heures 30.

ORDRE D'OPERATIONS DU 18 NOVEMBRE
Le Groupement A se tiendra prêt comme prévu, à progresser sur l'axe Dasle - Morvillars, et faire reconnaître Etupe et Fèsches-le-Châtel.
Le Groupement B progressera en direction de Dampierre, puis  éventuellement Grandvillars.
Le Groupement C viendra occuper Vaudoncourt dès le départ des groupements A et B.
Artillerie : Prendra des positions de batterie au Nord de Hérimoncourt, afin de pouvoir déclencher à partir de 7 heures des tirs sur Dasle, les lisières du bois à l'Est et au Nord de Dasle. (Initialement l'observateur d'Artillerie marchera avec le groupement A)
Horaire du commencement de mouvement pour les Groupements A, B et C : 7 heures.
Le P.C. se déplacera sur l'axe du Groupement B.
signé : de Beaufort

21 Novembre 1944 :
Le Régiment est cantonné dans les villages de Muespach-le-Bas, Muespach-le-Moyen, Muespach-le-Haut.
A 15 heures, il reçoit l'ordre du 21.14.45 A du C.C.2.
Des Détachements blindés ont percé et occupé Courtelevant et le carrefour au Nord-Est, menaçant nos lignes de communication.
Un Détachement aux ordres du Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. composé :
- une Compagnie de Zouaves ;
- deux Escadrons moyens ;
- un Peloton T.D. ;
- un Peloton 57, (5e R.C.A.) ;
- une Section du Génie ;
- deux Batteries du III/68e.
Mission : Conserver à tout prix la dernière ligne de communication, passant par Réchésy, Pfetterhouse.
Le Détachement est immédiatement alerté et fait mouvement vers Bisel.
Le Chef d'Escadrons Rouvillois, chargé de coordonner l'action des Eléments du C.C.2, opérant au Sud de la route Delle - Waldighofen, organise deux Points d'appui.
L'un à Réchésy : deux Pelotons de chars, une Compagnie d'infanterie, un Groupe de 57/5e R.C.A., aux ordres du Capitaine, Commandant le 4e Escadron.
L'autre à Pfetterhouse : un Peloton de chars, un Peloton de 57 aux ordres de l'Officier le plus ancien.
Le Peloton T.D. en réserve à Bisel.
P.C., Détachement Rouvillois à Bisel.
P.C., Compagnie du Groupement à Feldbach.
2e Escadron en réserve à Feldbach.
Des tirs d'arrêt sont répartis autour des Points d'appui.
Nuit calme.
Pertes néant.

22 Novembre 1944 :
Matinée calme marquée seulement par un tir inefficace d'un automoteur allemand sur le char observateur d'Artillerie au Nord-Est de Réchésy.
A 15 heures 15 le Détachement Rouviilois reçoit l'ordre d'aller renforcer le Groupement Charles dans la Région Ueberstrass - Friesen.
Laissant un Peloton de chars pour participer aux opérations de nettoyage menées par la Compagnie Le Huède dans les bois à Seppois, le Détachement se porte immédiatement dans la Région indiquée.
La situation est déjà rétablie et le Commandant du Détachement exécute alors la deuxième partie de l'ordre 22.1515 A du Général, Commandant la 1ère D.B.
" Relever le Groupement Labarthe dans la Région d'Hirtzbach, Hirsingue, Heimersdorf. "
Le 2e Escadron relève le 4e Escadron et le Détachement gagne la Région indiquée à 20 heures 30 :
Un Point d'appui à Heimersdorf : une Section de Zouaves, un Groupe de C.A.C. 57e.
Un Point d'appui à Hirtzbach : Escadron, un Groupe de C.A.C. 57.
Un Point d'appui à Hirsingue (P.C. à Hirsingue) : Compagnie Puig, moins une Section, un Peloton T.D., Mortiers de 81, Section du Génie.
Nuit calme. Alerte au matin à Hirtzbach.
26 prisonniers, dont un Officier.
Pertes de la journée : néant.
Le P.C. du Groupement Beaufort est demeuré à Feldbach.

23 Novembre 1944 :
Conformément aux ordres reçus du C.C. 2, le Groupement fait mouvement vers la Région de Mulhouse et stationne dans les villages suivants :
1er Escadron : Landser.
2e Escadron : Steinbrunn-le-Bas.
3e Escadron : Dietwiller.
4e Escadron : Landser.
P.C. : Steinbrunn-le-Bas.
A 16 heures 30. le 3e Escadron est mis à la disposition du Groupement Barbier qui relève à l'Ile-Napoléon les éléments du C.C 3.
Cet Escadron renforce les garnisons :
- de l'Ile-Napoléon : un Peloton.
- de la Kreuzstrasse : un Peloton.
- de Modenheim : un Peloton.
Cet Escadron reste à la disposition du Groupement Barbier jusqu'au 25 novembre, 20 heures.
Les Pelotons de l'Ile-Napoléon et de Kreuzstrasse brisent par leurs feux ajustés les contre-attaques ennemies déclenchées le 24 novembre vers 15 heures.
Le 4e Escadron prend à Dietwiller la place du 3e Escadron. Pertes de la journée : néant.

24 Novembre 1944 :
A 11 heures :
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., en liaison au C.C.2, est averti qu'une attaque ennemie est déclenchée en direction d'Habsheim à partir de la lisière Ouest de la Harth.
Les dispositions pour contre-attaquer sont données par radio en cours de route.
Le 4e Escadron, alerté à 11 heures 15, se porte d'un bond à Eschentzwiller et Habsheim, où il se déploie dans les conditions suivantes :
3e Peloton sur la route Eschentzwiller - Habsheim.
Peloton sur les pentes Sud-Ouest d'Habsheim.
2e Peloton se porte sur Habsheim par le chemin de terre Eschentzwiller - carrefour de Bellevue,
Le 1er Escadron 57 et le Peloton de se portent à Dietwiller à la place du 4e Escadron.
Le 2e Escadron, vers 11 heures 15, se porte de Steinbrunn-le-Bas, sur Landser, prêt à contre-attaquer ou à prolonger l'action du 4e Escadron.
A 12 heures 25 :
Des chars allemands sont repérés par le 4e Escadron à la lisière Ouest de la Harth, à hauteur de la maison forestière du Chant des Oiseaux.
Le tir du 3e Peloton est déclenché à 12 heures 15.
Deux "Panther" sont touchés et immobilisés. L'un prend feu.
A 12 heures 25 : Deux autres chars sont repérés. L'un est détruit par le 3e Peloton, l'autre par les T.D.
La contre-attaque allemande est stoppée.
A la nuit le 4e Escadron est retire et se reporte à Zimmersheim en halte gardée, prêt à contre-attaquer soit sur Rixheim, soit en direction d'Eschentzwiller.
Le 2e Escadron démarre à Landser, prêt à contre-attaquer soit sur Dietwiller, soit sur Schlierbach.
Le reste du Groupement Beaufort est dans le dispositif suivant :
Point d'appui de Dietwiller, aux ordres du Capitaine, Commandant le 1er Escadron :
- 1er Escadron :
- Peloton de 57.
Point d'appui de Schlierbach :
- Compagnie Puig, avec une Section en soutien des T.D. du R.C.C.C. au carrefour 248 (tir et auberge).
P.C. du Groupement à Eschentzwiller :
- avec un Peloton T.D. du 9e R.C.A.
La garnison d'Eschentzwiller est fournie par le 1er R.T.M.
Nuit calme.
Pertes de la journée :
Lieutenant Lousteau blessé, un tué, deux blessés.

25 Novembre 1944 :
Dispositif inchangé.
Journée calme, sauf dans le secteur de l'Ile-Napoléon, très bombardé.
En fin de journée le P.C. se porte Zimmersheim.
Le 3e Escadron relevé de sa mission à l'Ile-Napoléon, s'installe à Riedisheim.
Pertes de la journée : un Sous-Officier blessé, 2 blessés.

26 Novembre 1944 :
Le P.C. se porte à Mulhouse, Sud-Est.

27 Novembre 1944 :
Repos, entretien du matériel.

28 Novembre 1944 :
7 heures 45 : Le Groupement Rouvillois, comprenant les 2e et 4e Escadrons du 5e R.C.A. reçoit l'ordre d'appuyer, à partir de 10 heures, la progression de trois Compagnies d'Infanterie, ayant pour objectif :
- Pont du Bouc ;
- Ecluse de Hombourg ;
- Carrefour du canal de Huningue et de la route Habsheim - Petit-Landau.
10 heures : Départ de l'Escadron Pazzis (Peloton Tabuteau) sur l'axe Kreuzstrasse - Pont du Bouc.
Deux Pelotons de l'Escadron Dumesnil démarrent pour appuyer la progression de l'Infanterie sur l'axe Habsheim - Ecluse de Hombourg (Peloton Pinoteau) et sur l'axe Habsheim - 239, carrefour canal de Huningue (Peloton Goumand).
A 10 heures 45 : Le Capitaine Dumesnil signale que la progression est extrêmement ralentie par un minage massif des axes, et la présence d'armes automatiques.
14 heures : Le Peloton Pinoteau atteint 235.
15 heures : Le char de tête du 2e Escadron atteint Pont du Bouc, malgré une violente réaction ennemie. Le pont est sauté, mais imparfaitement. Il permet le passage de l'Infanterie et des chars. Un violent engagement a lieu pour permettre au détachement de franchir le Pont du Bouc, et d'établir une tête de pont.
15 heures 30 : Le Peloton Goumand approche de 239. Son char de tête "Clisson" saute sur une mine, cependant que des tirs d'Infanterie ennemie tuent un sapeur et brisent l'appareil de détection.
Le dépannage du "Clisson" est effectué sous le feu rapproché et malgré plusieurs attaques au bazooka.
15 heures 35 : Le Génie de la 4e D.M.M., n'ayant plus d'appareil disponible, rend compte qu'il essaie de s'en procurer.
15 heures 40 : Le Commandant Rouvillois demande l'envoi d'une Section du Génie du C.C.2 pour permettre au Peloton Goumand de reprendre sa progression.
16 heures : Le Peloton Pinoteau atteint l'écluse de Hombourg, dont le pont saute devant le char de tête, interdisant tout passage.
16 heures 15 : Le Capitaine de Pazzis signale qu'il a envoyé des reconnaissances en direction des cotes 232 Nord-Est et Grünhütte, Nord-Ouest du Pont du Bouc, R.A.S., mais au retour un char reçoit un coup de bazooka.
16 heures 45 : L'arrivée de la Section du Génie de la 88/1e permet de reprendre le déminage devant le Peloton Goumand.
17 heures : Le Peloton Goumand atteint 239.
17 heures 30 : Les deux Escadrons font demi-tour pour regagner leur cantonnement.
18 heures 30 : L'Infanterie ayant continué sa progression sur l'axe Sud, atteint le troisième objectif (carrefour canal et axe Habsheim - Petit-Landau).
Pertes de la journée :
Deux Officiers blessés (Capitaine de Pazzis et Sous-Lieutenant Tabuteau),
un Sous-Officier blessé (Médecin auxiliaire Nenna), 2 blessés.
Deux canons de 75 P.A.K. 40 détruits.

29 Novembre 1944 :
7 heures : L'ennemi a repris dans la nuit du 28 au 29 le Pont du Bouc, bousculant l'Infanterie du 1er R.T.M. et l'obligeant à se retirer au-delà de la rive Sud du Canal. De ce fait l'Ordre d'opération du Colonel, Commandant le Sous-Secteur Harth et qui visait à déborder les résistances Nord de Mulhouse en les contournant par l'Est, ne peut recevoir exécution.
8 heures 30 : Une opération est décidée pour reprendre le Pont du Bouc avec le 2/1er R.T.M. appuyé par l'Escadron Pazzis.
9 heures 30 : Départ de l'Escadron Pazzis.
10 heures 15 : Les chars signalent qu'ils se heurtent à des tirs d'Infanterie et de nombreuses mines.
11 heures : Le Capitaine de Pazzis signale qu'il est à proximité du Pont du Bouc, mais en raison de la forte défense ennemie, il est impossible de s'approcher du pont, qui semble sauté.
11 heures 30 : Le pont semble dans le même état que la veille, mais de violents bombardements rendent l'observation malaisée.
12 heures 30 : Les destructions opérées sur le pont ont été augmentées. Il est désormais impraticable aux chars. Le Capitaine de Pazzis s'efforce avec des matériaux de fortune d'établir un passage pour les fantassins.
13 heures 30 : Les fantassins s'avèrent incapables de constituer une tête de pont suffisante pour permettre au Génie d'aménager un passage pour les chars. Les chars de tête, entassés contre le pont pour avoir des vues, assomment de tirs à courte portée les positions allemandes.
15 heures : Des Eléments d'Infanterie ayant enfin franchi le Canal et établi une tête de pont, le Génie amène à pied d'œuvre son camion pour établir une rampe.
16 heures 30 : La rampe est installée.
17 heures : La nuit est tombée. Les chars font demi-tour, cependant que les fantassins appuyés par des T.D. s'établissent sur la tête de pont.
17 heures 15 : L'Escadron Dumesnil, qui était resté en réserve sur l'axe regagne son cantonnement.

30 novembre 1944 :
L'ordre sans numéro du 29 novembre 1944 du Colonel, Commandant le C.C.2, reçu à 0 heure, constitue un Groupement de :
- deux Escadrons de chars moyens ;
- une Section du Génie ;
- un Peloton T.D. du 3/9e R.C.A.
aux ordres du Chef d'Escadrons Rouvillois. Ce Groupement doit être en mesure d'intervenir au profit de la 4e D.M.M. à partir de 8 heures, mesures de détail à prescrire après liaison avec le Colonel, Commandant le 1er R.T.M. 7 heures : Le 4e Escadron est mis à la disposition du Chef de Bataillon Girard, Commandant le 2/1er R.T.M., qui, dans son ordre particulier du 30.11, sous N° 3993/2 B, prévoit la conquête des carrefours Grünhütte et cote 232 par une Compagnie d'infanterie et un Peloton de char pour chaque objectif.
8 heures : Le Peloton Pinoteau démarre en direction de Grünhütte, appuyant la 5e Compagnie du 1er R.T.M.
8 heures 15 : Départ du Peloton Fleury, qui appuie la progression de la 8e Compagnie du R.T.M. en direction de 232.
10 heures : Le Capitaine, Commandant le 4e Escadron, signale, que la progression se heurte à une violente résistance de l'ennemi (armes automatiques et antichars) et est extrêmement ralentie par la présence de nombreuses mines A.C. sur les axes et A.P. sous-bois.
12 heures : Grünhütte atteint. Un violent combat s'engage pour le nettoyage du carrefour.
13 heures 30 : 232 atteint. Grünhütte complètement nettoyée. Le Capitaine, Commandant le 4e Escadron rend compte qu'il a capturé deux armes antichars
Pertes : un tué, deux blessés.
15 heures : Un ordre particulier sans N° du Colonel, Commandant le C.C. 2, constitue un Groupement de Beaufort, comprenant :
- les deux Escadrons de chars moyens du 5e R.C.A. déjà engagés ;
- un Peloton T.D. du 3/9e R.C.A.;
- une Compagnie du 1er Zouaves stationnée au Sud de Mulhouse ;
- une Section du 88e Génie, déjà engagée avec le 4e R.T.M. ; avec mission de pousser un Détachement char infanterie sur le pont de la maison forestière de Battenheim en vue de l'occuper s'il est libre et d'agir par son canon sur la Région des carrefours 1500 m Nord-Est et Sud-Est de Sausheim.
15 heures 15 : Le Lieutenant-Colonel de Beaufort rend compte au C.C. 2 des difficultés qui semblent devoir rendre l'opération irréalisable : l'heure tardive laquelle les ordres ont été reçus et, le fait que les Eléments du détachements ne sont pas en état d'alerte, font que le Groupement ne disposera pas du temps suffisant pour exécuter l'opération avant la nuit. D'autant plus que cette action s'avère très dure, en raison des moyens connus de l'ennemi.
15 heures 20 : L'ordre est maintenu. Le passage des Eléments est retardé par l'embouteillage des routes et la difficulté de franchissement du Pont du Bouc.
15 heures 30 : Départ pour Grünhütte de l'Escadron Pazzis et de la Compagnie Puig, l'ensemble aux ordres du Capitaine de Pazzis.
16 heures 30 : Le 2e Escadron et la Compagnie Puig atteignent Grünhütte et tentent de progresser en direction de la maison forestière de Battenheim. Leur débouché se heurte immédiatement à une forte opposition ennemie (chars, automoteurs, armes antichars et automatiques).
16 heures 45 : Le char de tête "Soissons" est détruit à une centaine de mètres du carrefour par un char ennemi, après un duel au canon. Notre char a mis trois coups au but, sans résultat à cause de l'insuffisance de notre canon en face des blindages ennemis.
17 heures : La progression s'avère impossible. Des chars embossés, dans les layons et gardés par des Eléments d'infanterie, tiennent l'axe sous leurs feux. Le Lieutenant-Colonel, Commandant le R.C.A., dont le P.C. avancé est à Grünhütte, donne l'ordre de repli lorsqu'il apprend que les Equipes de bazooka du 1er Zouaves n'ont pu aborder les chars ennemis.
17 heures 45 : Le 2e Escadron et la Compagnie Puig ne pouvant progresser, regagnent Rixheim.
Pertes : cinq tués, deux blessés.
18 heures : Dispositions pour la nuit : l'Escadron tient les trois Points d'appui (Grünhütte, 232, Pont du Bouc) en soutien de l'infanterie.
Pertes de la journée : deux Sous-Officiers tués, quatre tués, quatre blessés.

1er Décembre 1944 :
L'Ordre général d'opérations du 30 novembre 1944, 2230 A du C.C. 2, prévoyait une attaque de rupture en vue de s'emparer des débouchés de l'île-Napoléon :
Précédée d'un mouvement de flanc exécuté par le 1er R.T.M. sur la direction cote 232 - écluse 43 ;
Couverte vers le Nord par un Détachement opérant sur l'axe Grünhütte -Ecluse 44.
Le 1er décembre, à 00h00, cet Ordre général est annulé.
Seul subsiste le nettoyage de la Forêt de la Hardt au minimum dans le triangle : Ile-Napoléon, Grünhütte, maison forestière de Battenheim, et même, si possible, jusqu'au carrefour du puits du Radbrunnen ;
Le Détachement du C.C. 2 composé de :
- deux Escadrons moyens ;
- deux Compagnies de Zouaves ;
- une Section du Génie ;
- un Peloton de T.D. ;
est maintenu à la disposition de la 4e D.M.M.
Le Colonel, Commandant le C.C. 2 précise que l'action sur l'axe carrefour 230 - puits du Radbrunnen ne pourra être effectué que si l'appoint d'infanterie nécessaire est donné par le Général, Commandant la 4e D.M.M.
Dans son Ordre d'opérations du 302245 A, le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. avait décidé que le Commandement du Détachement sera assuré initialement par le Chef d'Escadrons Rouvillois, qui :
- détachera le Peloton T.D. pour renforcer le Point d'appui de Grünhütte ;
- détachera le 4e Escadron, un Groupe du Génie aux ordres du 1er R.T.M. avec un Peloton en premier échelon, deux Pelotons en réserve ;
- découplera sur l'axe Grünhütte - écluse 44 un Détachement aux ordres du Capitaine de Pazzis avec :
- Compagnie Puig ;
- un Groupe du Génie ;
- un Peloton du 2e Zouaves ;
- gardera en réserve pour renforcement éventuel du Détachement Pazzis et la garde du carrefour 230 :
- la Compagnie Le Huède ;
- deux Pelotons de chars du 2e Escadron ;
- un Groupe de sapeurs ;
- P.C. : Initial à partir de 8 heures avec P.C., 1er R.T.M.
Cet ordre est rectifié par radio 0.10045 A
- Seul le Détachement Pazzis opérera sur l'axe prévu.
- Le Commandant Rouvillois restera au P.C. du 1er R.T.M :
Mais l'ordre du 1er décembre 0.2 A du Colonel, Commandant le 1er R.T.M. a organisé en vue de la conquête de débouchés sur la lisière Ouest de la Hardt deux Sous-Groupements :
Sous-Groupement E (aux ordres du Commandant Rouvillois) comprenant :
- un Escadron moyen (Pazzis) ;
- une Compagnie de Zouaves ;
- un Peloton T.D. ;
- une Section de la 88/1e Génie, moins un Groupe ;
Un Sous-Groupement Sud aux ordres du Commandant Girard :
- 2/1er R.T.M. ;
- 1/1er R.T.M. ;
- 6/23e R.I.C. ;
- un Escadron de chars (Dumesnil) ;
- un Groupe de la 88/1er Génie ;
- des feux du 3/65e et 68e.
Mission : Conquête de l'écluse 43, nettoyage de la forêt dans le triangle, écluse 43 - Ile-Napoléon - carrefour 232.
Etablissement des Points d'appui cerclés et couverts par des mines sur la route du Pont du Bouc à Ottmarsheim, couvrant largement le Pont du Bouc et sur la route de Grünhütte. La progression sur les écluses 43- 44 commencera à 8 heures.
Dans la nuit des renseignements de prisonniers, confirmés par de nombreux bruits de moteurs, signalent dix chars lourds, sept légers et un millier d'hommes, qui se grouperaient dans la Région du carrefour 228, deux kilomètres Nord-Est de Grünhütte.
Bantzenheim couvrant le carrefour de Grünhütte. Un peloton de T.D. supplémentaire est mis à 7 heures à la disposition du Commandant Rouvillois.
Conformément aux ordres du Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. sur l'organisation du Commandement des Détachements : le Capitaine de Pazzis prend le commandement du Détachement opérant en direction de l'écluse 44.
8 heures 30 : La progression est entamée.
8 heures 45 : A 500 mètres du carrefour de Grünhütte le char "Rochefort" est atteint d'un obus tiré par un char embossé dans un layon.
La progression s'avère difficile, car tous les carrefours de layons en direction de l'écluse 44 sont battus par des chars, des automoteurs ou des antichars couverts par de l'Infanterie.
L'action sur l'écluse 43 est d'abord précédée par une opération de dégagement de l'axe Pont du Bouc - 232, qui permet d'ailleurs au Peloton Goumand de détruire deux automoteurs armés de canons de 88.
A 10 heures 30, après accord avec le Colonel, Commandant le 1er R.T.M., le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. décide de confier au Commandant Rouvillois le commandement du Groupement actuellement commandé par le Capitaine de Pazzis. Les deux Compagnies du 1er R.T.M. et les T.D., stationnés à Grünhütte passent sous ses ordres.
A 11 heures 10, deux automoteurs embossés sur la route d'Ottmarsheim mettent en feu le char "Curély" du Commandant Rouvillois, détruisant son half-track de commandement et endommageant le char "Commandant Bossut" du Lieutenant Rouland.
A 12 heures 30, le Commandant de Menditte reçoit le Commandement du Groupement Nord et est mis par le Colonel, Commandant le 1er R.T.M. au courant de la situation.
A 13 heures les automoteurs allemands se sont rapprochés et tirent à vue directe sur le Pont du Bouc détruisant d'abord deux Jeeps, puis un camion du Génie qui est en flammes à l'entrée du pont.
Le Commandant de Menditte reçoit l'ordre de ne pas franchir le pont et de commander son Détachement par radio de la rive Sud.
A 13 heures 15, le peloton Gournand escorté de tirailleurs tente sans succès de déboucher de 232 en direction de l'écluse 44.
A 14 heures 30, le pont est toujours battu et il est envisagé de monter une action en direction d'Ottmarsheim pour desserrer l'étreinte et libérer le passage.
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., offre au Colonel, Commandant le 1er R.T.M. de charger le Commandant de Menditte de monter l'opération. Cette offre n'est pas acceptée.
A 15 heures 30, l'ordre est donné par radio au Capitaine de Pazzis de regrouper son Détachement et de le ramener aux environs du Pont du Bouc.
Cet ordre, facilement exécutable pour les chars, exige un certain délai pour la Compagnie de Zouaves, engagée à pied sous bois.
A 16 heures 15, le Colonel, Commandant le 1er R.T.M. étudie avec le Commandant de Menditte l'organisation de l'opération.
Aucun des Eléments d'attaque n'est en place.
Le Détachement est en mouvement vers le Pont du Bouc. La Compagnie du 1er R.T.M., mise à la disposition du Commandant de Menditte, n'a pas encore atteint la maison forestière de Gehren.
L'appui de l'Artillerie est encore à l'état de projet.
Le Commandant de Menditte décide que dans ces conditions l'attaque est irréalisable avant la nuit.
Il reçoit l'accord du Colonel, Commandant le 1er R.T.M., pour une opération de dégagement du Pont du Bouc par audacieuse infiltration par les bois menée par la Compagnie Puig sans aucun appui d'Artillerie.
Cette opération, menée de nuit avec une rare habileté par le Lieutenant Puig, réussit.
Le gros de la Compagnie atteint et dépasse la patte d'oie 600 mètres du Pont du Bouc. Ses patrouilles avancées poussent jusqu'au carrefour 232 Nord-Est du Pont du Bouc et entendent le repli des automoteurs allemands.
Cette opération permet d'élargir vers le Nord-Est le Point d'appui du Pont du Bouc qui embosse deux T.D. à la patte d'oie avec une protection d'infanterie.
Les dispositions suivantes sont prises pour la nuit par le Colonel, Commandant le R.T.M. :
- Commandement des Points d'appui de 232, Grünhütte et du Pont du Bouc : Commandant Girard.
- Eléments du C.C. 2 à ses ordres dans les Points d'appui.
- un Escadron de chars moyens (2e Escadron).
- deux Pelotons de T.D.
Le 4e Escadron, qui a été relevé par le 3e Escadron, peut repasser le pont vers 18 heures 30. La Compagnie Puig rejoint Rixheim à 22 heures.
Les pertes de la journée sont, pour le 5e R.C.A.
Chef d'Escadrons Rouvillois blessé, huit tués, quatre blessés.
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A. adresse au Commandement le rapport, dont ci-joint la copie :

COMPTE-RENDU D'OPERATIONS DU 1er DECEMBRE 1944
Les opérations prévues pour la journée du 30 novembre devaient comporter :
- une action d'Eléments du C.C.2, 2 Escadrons du 5e Chasseurs, et une Compagnie du 8e Zouaves, aux ordres du Commandant Rouvillois, qui avait pour mission de s'emparer de l'écluse 44 ;
- une action du 8e R.T.M. sur l'écluse 43, avec l'appui du 4e Escadron du 5e Chasseurs.
1) L'action sur l'écluse 44 s'est heurtée dès le débouché aux défenses ennemies comprenant deux chars lourds protégés par de l'Infanterie, un char du 2e Escadron a été détruit.
Notre tir a été inefficace.
Dans la journée, l'action a été reprise après un fort bombardement d'Artillerie, sans résultats, les chars ennemis n'ayant pas abandonné leurs postes de tir. Un nouvel essai d'attaque au canon par nos chars reste sans résultats de part et d'autre.
2) L'action sur l'écluse a d'abord été retardée par la nécessité de rétablir les communications entre le Pont du Bouc et le carrefour 232 coupées par des Eléments ennemis. Cette opération menée par un Peloton du 4e Escadron et une Compagnie du 1er R.T.M. a permis de rétablir la communication et de détruire deux automoteurs.
Ces canons automoteurs étaient armés de canons de 88. Ils ont pu être détruits parce qu'ils se sont présentés de flanc aux chars qui les attendaient.
La progression sur l'écluse 43 n'a pas été reprise, par la suite.
3) L'action de dégagement des communications Pont du Bouc - écluse 43 a absorbé le peloton de chars posté au nord du Pont du Bouc. La surveillance exercée ayant été insuffisante après le départ de ce peloton, l'ennemi a pu poster à bonne portée de tir du pont un ou deux canons anti-chars, qui en ont interdit l'accès.
Vers 16 heures 30, la Compagnie du 1er Zouaves, appuyée par les chars du Capitaine de Pazzis a pu progresser sans incident jusqu'au carrefour 800 mètres Nord-Est du Pont du Bouc.
4) En accord avec le Colonel Deleuze, le 4e Escadron est relevé par le 2e Escadron. Le 4e Escadron, replié, sera remis en réserve de C.C. et remplacé comme Elément à la disposition de la 4e D.M.M., par le 3e Escadron. Je demande que cet Escadron soit prêt à se porter sur Rixheim pour 7 heures du matin le 2 décembre.
L'Ordre sans N° du 1er R.T.M., reçu à 15 heures, donne la mission suivante au détachement Beaufort :
Pour assurer la ligné de nos communications :
- un Peloton de chars du 2/5e R.C.A., la 1/1er Zouaves, assurera la ligne de communications Pont du Bouc - maison forestière de Grünhütte ;
- un Peloton de chars du 3/5e R.C.A. et une Compagnie désignée par le Commandant Girard assurera les communications sur l'axe Pont du Bouc - 232.
A 8 heures : Le Capitaine, Commandant le 2e Escadron, signale :
- 232 encerclement et contact étroit par l'infanterie ennemie ;
- à la maison forestière de Grünhütte : bombardement violent et encerclement par chars ennemis ;
- au Pont du Bouc : gros bombardement, pas d'action de patrouille.
A 10 heures 20 : Le Capitaine, Commandant le 3e Escadron, rend compte que l'opération sur l'axe Pont du Bouc - Grünhütte est déclenchée.
L'opération sur l'axe 232 est déclenchée peu après.
A 12 heures 10 : 232 et Grünhütte sont atteints.
A 12 heures 25 : Le Capitaine, Commandant le 3e Escadron ayant apprécié la situation de Grünhütte, demande confirmation de l'ordre de commencer le dégagement de l'axe Grünhütte - 232.
Ordre est donné de mener l'opération avec prudence.
La réaction brutale des blindés allemands stoppe les chars. Seules quelques patrouilles de Zouaves s'infiltrent en vue de bazooker les chars allemands. Ces patrouilles sont stoppées à 150 mètres des chars par les Sections de protection de ces engins. A la faveur de la nuit cependant une de ces patrouilles pourra maintenir pendant une demi-heure le contact étroit avec la défense blindée ennemie sur l'axe Grünhütte - écluse 44 et provoquera par sa présence un certain décrochage des chars allemands.
Sur l'axe 232 - Ile-Napoléon la présence d'un char allemand à quelques centaines de mètres du carrefour interdit toute action dans cette direction.
Devant le Point d'appui du pont, malgré la présence de deux T.D., qui ont été poussés le matin jusqu'à hauteur de la patte d'oie 500 mètres Nord-Est du pont, des automoteurs ou chars ennemis, auxquels se superposent des batteries, bombardent le pont de pierre en permanence, interdisant toute circulation.

2 Décembre 1944 :
15 heures : Le Colonel, Commandant le 1er R.T.M. donne l'ordre aux détachements mixtes de rentrer avant la tombée de la nuit.
Cette opération est combinée avec une relève des Pelotons du Escadron à Grünhütte et à 232 ceux du 3e Escadron.
Le Peloton Foerst est maintenu en réserve aux environs du carrefour de la Kreuzstrasse,
Le P.C. du Capitaine, Commandant le 3e Escadron, est établi auprès de celui du Commandant Girard.
Le 2e Escadron, la Compagnie Puig et la Section du Génie réussissent à repasser à la nuit le pont sans incidents notables. Ce Détachement reprend ses cantonnements à Rixheim.
A 18 heures 30 : L'Ordre général d'opérations du C.C.2 du 021730 A parvient avec son modificatif relevant la Compagnie Puig par la Compagnie Vianne.
Cet ordre précise in fine que le Lieutenant-Colonel de Beaufort étudiera avec le Colonel, Commandant le 1er R.T.M. la possibilité de replier pour la nuit du 2 au 3 décembre en arrière du canal les éléments de chars moyens utilisés actuellement dans les Points d'appui de Grünhütte et de 230 et du carrefour 232.
Le Colonel Commandant le 1er R.T.M. répondit verbalement à 21 heures 30 que cette opération ne pourrait être exécutée cette nuit.
Dans la soirée l'opération de relève nombre pour nombre du Peloton T.D. de Grünhütte est organisée, aux ordres du Capitaine Giraud, disposant en outre d'une Section de la Compagnie Vianne comme soutien.
Une opération offensive a été arrêtée dans la soirée.
Attaque en direction d'Ottmarsheim par le Bataillon Bastiani, renforcé d'un Détachement mixte composé :
- du 4e Escadron ;
- de la Compagnie Vianne ;
- d'une Section du Génie.
Cette attaque sera précédée d'une infiltration de nuit effectuée par une Compagnie du Bataillon Bastiani avec pour objectif 232 sur la route Ottmarsheim.
Cette dernière opération seule sera effectuée, car dans la nuit du 2 au 3 décembre arrive l'ordre retardant de 24 heures l'opération offensive prévue.
En vue de l'opération offensive : un pont, pouvant supporter les chars, a été construit par le Génie sur des péniches amarrées à 200 mètres à l'Ouest du pont de pierre.
Les Pertes pour la journée sont :
- un Troupe tué ;
- un Troupe blessé.
Le "CURELY" brûlé dans un layon de la Forêt de la Hardt.
A 21 heures 30 : Les T.D. en position à la fourche signalent des infiltrations ennemies entre la route d'Ottmarsheim et le canal. Transmis immédiatement au Commandant Girard pour information.

3 Décembre 1944 :
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le Détachement du C.C.2, est convoqué au P.C. du Colonel, Commandant le 1er R.T.M., où il est mis au courant de la situation :
- Le Point d'appui du Pont du Bouc a sauté après une violente préparation d'Artillerie et une infiltration audacieuse de l'ennemi qui a attaqué et détruit à la grenade les quatre T.D. embossés à la patte d'oie, dispersé les deux Compagnies qui formaient la garnison du Point d'appui, fait sauter les chemins de roulement métalliques lancés sur les restes du pont de pierre.
- On est sans nouvelles de la Compagnie du Bataillon Bastiani, lancée de nuit sur 232 Est.
Les Points d'appui de Grünhütte et de 232 (Ouest) sont désormais coupés.
Les abords Sud du Pont du Bouc sont violemment bombardés par l'Artillerie ennemie et les automoteurs allemands qui se sont rapprochés effectuent des tirs d'enfilade sur la portion de route au Sud du pont.
Le Peloton T.D. de l'Escadron Giraud est poussé sur cette toute pour contre-battre éventuellement les blindés ennemis qui s'exposeraient à nos vues.
Le 3e Peloton du 3/5e R.C.A. est poussé vers les berges Sud du canal pour épauler l'infanterie.
A 7 heures 45, le 4e Escadron est alerté pour participer éventuellement à une contre-attaque.
Le Colonel, Commandant le 1er R.T.M., et le Colonel, Commandant le 5e R.C.A. se portent sur le canal pour juger sur place la situation.
Ces deux Officiers supérieurs sont blessés légèrement au cours de cette reconnaissance.
L'avancée ennemie est contenue et le commandement peut envisager une opération pour rétablir la situation.
A 9 heures 45, le Point d'appui rend compte par radio qu'il est attaqué et demande les tirs d'arrêt. Il signale en outre la présence d'un automoteur entre 232 et le pont, qui coupe définitivement la route de repli.
A 10 heures, le Point d'appui de Grünhütte rend compte qu'il est attaqué.
A 10 heures 40, par radio, ordre est envoyé aux Points d'appui de pousser des reconnaissances sur les axes de repli pour reconnaître si les itinéraires sont libres. De renseigner avec la plus grande prudence sur les résultats de ces reconnaissances.
A 10 heures 50, le Point d'appui 232 rend compte qu'il a repéré un automoteur à 150 mètres du carrefour sur la piste 232 - écluse 43 ; un autre automoteur sur la voie ferrée à l'ouest de 232.
A 13 heures, après un Conseil de guerre, auxquels participent le Colonel, Commandant le 1er R.T.M., et le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., le Commandement décide qu'une opération sera montée pour permettre le repli des Points d'appui encerclés.
Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., est chargé de donner les ordres nécessaires aux deux Points d'appui.
Cette opération comprendra :
1) Après une concentration massive d'Artillerie sur la rive Nord du canal à hauteur des points de passage, attaque de deux Compagnies, ayant pour mission de rétablir une tête de pont.
2) Repli des Eléments des Points d'appui encerclés vers le pont de péniches. Cette opération sera engagée par l'Artillerie de la manière suivante :
- un barreau Ouest : à l'Ouest de l'axe 232 Pont du Bouc ;
- un barreau central appliqué sur la bissectrice des deux axes ;
- un barreau Est appliqué à l'Est de l'axe Grünhütte - Pont du Bouc ;
- un fond de tableau, constitué par des concentrations massives appliqué au départ au Nord des Points d'appui et ultérieurement sur hausses régressives en fonction de la régression des garnisons.
En outre un Groupe d'Artillerie sera actionné directement par l'Officier d'Artillerie, du Point d'appui de Grünhütte pour effectuer des tirs à la demande sur objectif inopiné.
A 13 heures 15 : Le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., donne par radio les ordres aux Points d'appui :
- le Commandement a décidé de récupérer les garnisons des Points d'appui avant la nuit ;
- l'action sera menée par l'attaque, celle des Compagnies Bastiani, qui marchent sur la tête de pont et une ruée des deux Points d'appui en direction de cette tête de pont ;
- les deux Commandants de Points d'appui attaqueront en se gardant sur leurs arrières ;
- préparation d'Artillerie de H-5 à H avec encagement des deux côtés de la route du retour et à l'arrière ;
- prévenir de l'heure à laquelle on peut écraser les carrefours quittés ;
- l'opération sera réalisée à tout prix ;
- des tirs sur objectifs inopinés pourront être demandés par radio et exécutés instantanément ;
- l'opération sera montée en force et de façon méthodique ;
- l'encagement est calculé sur la base de deux kilomètres heure, et cet horaire pourra être modifié sur demande ;
- la partie Nord de l'itinéraire sera encagée de H à H + 5
- la partie Sud de H + 1 à H + 2 ;
- heure H voisine de 13 heures 30 sera passée par radio ;
une bonne coopération entre l'infanterie et les chars est une condition essentielle du succès ;
- l'Aviation coopérera à l'opération.
A 13 heures 35 : La Compagnie Vianne reçoit l'ordre de se porter sur véhicules à la maison forestière de Gehren, où elle recevra des instructions pour son engagement sur le canal.
Ces véhicules seront ramenés à Rixheim par leurs conducteurs.
A 14 heures : L'heure H est donnée par radio aux Commandants des Points d'appui.
H : 14 heures 10.
Le décrochage du Point d'appui de Grünhütte s'effectue dans de bonnes conditions et toute la garnison augmentée de la population civile, hommes, femmes et enfants du hameau, se replie vers le Sud par l'axe Grünhütte - Pont du Bouc. Celui de 232, qui est au contact plus étroit, est plus délicat.
Le décrochage est réalisé par le Peloton de chars et par le sacrifice d'une Section d'Infanterie, dont l'Officier est tué. Un char est détruit. L'organisation du transport des blessés retarde le décrochage des chars.
14 heures 32 : d'Aram annonce : Grünhütte est évacué et que l'on peut bombarder le carrefour. La garnison du Point d'appui s'engage sur l'axe routier, deux T.D. du R.C.C.C. en avant.
14 heures 40 : d'Aram annonce : destroyer en feu devant lui, ordonne à ses chars de s'abriter derrière l'écran de fumée pour tirer sur les automoteurs.
14 heures 42 : d'Aram annonce : queue de colonne attaquée par des blindés ennemis à hauteur du canal des égouts.
14 heures 50 : d'Aram annonce : Aspirant Paget tué.
Le destroyer en flammes barre la piste. Il commande de foncer à travers bois par la droite (Ouest).
14 heures 51 : Boisgelin rend compte que les tirs d'Artillerie ennemis ont gêné son décrochage, qu'il a dû reconstituer ses équipages.
Le Capitaine, Commandant le 3e Escadron, lui donne l'ordre de se rabattre sur la gauche à travers bois et de hâter son mouvement pour coordonner son action avec celle d'Aram.
Il est immédiatement demandé au Colonel, Commandant l'Artillerie, de supprimer le barreau central de l'encagement. Le III/68e rendu ainsi disponible sera employé aux tirs sur objectifs inopinés.
15 heures 02 : Boisgelin donne l'ordre à son char de tête " En avant, coûte que coûte ". -
15 heures 05 : Boisgelin rend compte : Mouvement de décrochage commence. Il a dépassé le passage à niveau.
Il n'a aucune liaison avec les fantassins, qui "sont partis comme des lapins ". Il lui reste deux chars.
15 heures 07 : Le bombardement de 232 est ordonné.
15 heures 10 : Le Commandement annonce que les Eléments du Commandant Bastiani ont repris pied sur la berge Nord du canal (ce qui était faux).
Renseignement envoyé aux deux chefs de Peloton.
15 heures 20 : Le T.D. de tête signale qu'il est arrêté par une résistance ennemie à 1500 mètres Nord du pont sur la piste.
15 heures 25 : Le tir est commandé sur la résistance signalée en 4786-1084.
Le Capitaine, Commandant le 3e Escadron rend compte au Lieutenant-Colonel que les Eléments d'Infanterie ne sont pas de l'autre côté du pont.
Par ailleurs, un char du 3e Peloton au Sud du canal, pousse aux abords même du canal pour interdire à l'ennemi l'accès sur le pont de péniches, et appuyer le débouché de l'Infanterie, reçoit un coup de bazooka, six blessés.
Char récupérable.
15 heures 30 : Les deux Chefs de Pelotons s'interrogent sur leur position respective.
15 heures 31 : Premier tir parti sur 4786-1084, durée cinq minutes. On demande de renseigner sur l'efficacité.
15 heures 38 : d'Aram se reporte en avant.
15 heures 39 : Deuxième tir parti il y a deux minutes pour une durée de cinq minutes.
15 heures 50 : Le Capitaine demande à Boisgelin s'il a rejoint les Tirailleurs de prendre liaison avec d'Aram à gauche et de faire attention aux bazookas.
15 heures 52 : Détachement Boisgelin à mi-route.
15 heures 54 : Boisgelin rend compte qu'il est maintenant au centre du dispositif d'Infanterie,
16 heures 10 : d'Aram demande un tir sur la route à 500 mètres du point où il est et demande qu'on ne tire plus à droite (Ouest) de la route. Les tirs sont immédiatement reportés à l'Est de la route.
16 heures 17 : Un tir aux abords même du pont de péniches est déclenché.
16 heures 27 : Le Détachement d'Aram se reporte en avant.
16 heures 40 : Ordre à Boisgelin de serrer sur d'Aram.
16 heures 45 : Le Détachement Boisgelin se reporte en avant.
L'Officier des T.D. signale que le Détachement Est est entouré d'ennemis.
16 heures 50 : Le Capitaine, Commandant, donne ses ordres pour les dispositions à prendre à l'arrivée sur le canal.
Etablir avec l'Infanterie une tête de pont pour permettre au Génie de refaire une passerelle.
16 heures 50 : Les deux Détachements se cherchent, les Chefs de Peloton décident de tirer des rafales de balles traceuses pour se repérer.
17 heures 05 : d'Aram : "En avant, c'est la bonne direction ".
Avertissez vos fantassins pour qu'ils ne nous prennent pas pour des boches.
17 heures 06 : d'Aram traverse la route du pont et demande encore quelques rafales pour s'orienter.
17 heures 10 : Boisgelin signale un camion plein de blessés qu'il ne faut pas abandonner.
17 heures 17 : Ordre du Lieutenant-Colonel aux Chefs de Peloton pour aborder le canal.
- Reconnaissances des péniches par l'Infanterie.
- Tête de pont de tous les chars avec les canons tournés dans toutes les directions et entourés du 2e Echelon de l'Infanterie.
- Attention aux Snipers.
17 heures 32 : Ordre au Peloton de chars de la rive Sud de tirer des rafales de mitrailleuses traçantes pour guider les détachements vers le pont de péniches.
17 heures 40 : d'Aram annonce " Vu ", mais est en difficulté à cause de tirs de bazookas.
18 heures 15 : Boisgelin annonce qu'il est en face du pont.
18 heures 32 : La tête de pont est établie de l'autre côté du canal. Liaison est en train de se faire avec les Eléments du Sud,
18 heures 40 : Deux Compagnies. une de Tirailleurs et la Compagnie Vianne s'installent en tête de pont sur la rive Nord du canal.
19 heures 15 : Le Capitaine, Commandant, signale les difficultés du passage, on aménage par la rampe Nord barrée en plus par deux arbres.
Le Génie est alerté et tout est mis en œuvre pour rétablir le passage à 19 heures 35 : Le Détachement rend compte que la situation est calme et qu'ils ne sont pas soumis à des tirs d'Artillerie.
20 heures 25 : Ordre est donné de tenter le passage à tout prix.
Les sapeurs font sauter les arbres qui sont dégagés par les chars.
22 heures 22 : Le premier char franchit le canal.
22 heures 52 : Tous les chars sont passés.
23 heures 10 : Tous les chars et tous les T.D. sont passés.
Les blessés et la population civile avaient été transportés de l'autre côté du canal dès l'arrivée du Détachement des Equipes prévues et dirigées par les Médecin-Capitaine Aubert et Médecin-Auxiliaire Nenna du 5e R.C.A.
L'Escadron se regroupe et rejoint ses cantonnements à Riedisheim. La tête de pont sera maintenue toute la nuit.
Dans la matinée du 4 décembre une attaque allemande force les Eléments d'Infanterie à se replier sur la rive Sud du canal.
La destruction du pont de péniches est réalisée par la première Compagnie du 88e Génie.
Les pertes pour la journée du 3 décembre sont les suivantes :
5e R.C.A. l'Aspirant Paget tué, un tué, 11 blessés, deux chars détruits.
3/9e R.C.A. : Lieutenant Jurion tué, un chasseur tué, onze blessés évacués, trois blessés non évacués, seize disparus.
Quatre T.D., six jeeps, un H.T. détruits.
Pertes de la XVe Compagnie médicale : brancardiers : quatre blessés, deux disparus ; Equipage H.T. : deux disparus ; un H.T. détruit.
Les chiffres des disparus seraient à vérifier, car un au moins a rejoint directement la Compagnie médicale.

4 Décembre 1944 :
Le C.C. 2 est en réserve de la 4e D.M.M.
Stationnement :
1er Escadron, plus Peloton 57 : Dietwiller ;
2e Escadron : Rixheim ;
3e Escadron : Riedisheim ;
4e Escadron : Zimmersheim ;
E.M. : sortie Sud-Ouest de Mulhouse, chemin de la Couronne.

7 Décembre 1944 :
En exécution des prescriptions de l'Ordre N° 1806/3 C.C. 2 en date du 7 décembre 1944 en vue d'exploiter en direction du Nord, après que la 4e D.M.M. aura enlevé les défenses ennemies de la Doller et de l'Ile-Napoléon, le 5e R.C.A. se trouve être articulé comme suit dans le cadre du C.C. 2.
- Groupement A (aux ordres du Commandant de Menditte) :
- Escadron Dumesnil ;
- Compagnie Puig ;
- Peloton léger (3/9e R.C.A.) ;
- section Ferrouge (88/1e).
Axe de marche : Kingersheim - Wittenheim - Ensisheim (Appui et dépassement du 6e R.T.M.)
Groupement B (aux ordres du Commandant Geliot (1er Zouaves) :
- Escadron Chéry.
Groupement réservé (aux ordres du Lieutenant-Colonel de Beaufort) :
Escadron Pazzis.
Réserve de C.C. 2 : Escadron Berthet.
Le dispositif prévu n'a pas été modifié et l'action prévue n'a pas eu lieu en raison du mauvais temps, de l'usure de l'infanterie, du renforcement de l'ennemi.
Celui-ci a même contraint le Commandement à prévoir des contre-attaques sur l'Ile-Napoléon et Lutterbach, les lisières Ouest de la forêt de la Harth.
Des reconnaissances ont été effectuées dans ce secteur.

9 Décembre 1944 :
En exécution des prescriptions de l'Ordre particulier N° 1888/3 C.C. 2 en date du 9 décembre 2300 A, trois canons antichars du Peloton Hervouet aux ordres de l'Aspirant de la Guillonnière, sont mis à la disposition du 9e Zouaves pour renforcer le Point d'appui de Modenheim.
Le Commandant de Menditte part en permission pour Tarbes.

13 Décembre 1944 :
En exécution des prescriptions de l'Ordre N° 1959/3 C.C. 2 13400 A, le C.C. 2 est relevé par le C.C. 1, où il se regroupera par Corps (zone d'Hirsingue).
Les 2e et 3e Escadrons relevés dans l'après-midi du 13 par les Eléments du 2e Cuirassiers, font mouvement individuellement sur Obermorschwiller par Steinbrunn, vers 16 heures.

14 Décembre 1944 :
Le reste du Régiment E.M., 1er Escadron et 4e Escadron, relevé dans la matinée par les Eléments du 2e Cuirassiers, font mouvement à 14 heures 30 par Steinbrunn-le-Bas sur :
- E.M. : Zaessingue ;
- 1er et 4e Escadron : Franken ;
- les T.C. restent à Steinbrunn-le-Bas ;
- les T.R. avec le Capitaine Vincent demeurent à Illfurth.

1er Janvier 1945 :
Le Régiment est stationné dans la Région de Dannemarie :
- Etat.Major à Saint-Ulrich ;
- E.H.R. à Altenach ;
- 1er Escadron à Boron ;
- 2e Escadron à Brebotte ;
- 3e Escadron à Vellescot ;
- 4e Escadron à Grosne ;
- Atelier à Grandvillars.

2 Janvier 1945 :
NOMINATIONS Par Note N° 35484 1/C.H. de Monsieur le Général, Commandant la 1ère Armée Française, sont promus à titre temporaire :
Pour prendre rang du 25 septembre 1944 (active) :
au grade de Chef d'Escadrons : Capitaine de Mas-Latrie Jacques ; au grade de Lieutenant : Sous-Lieutenant de Montalembert Henri ;
Pour prendre rang du 25 décembre 1944 (réserve) :
Au grade de Lieutenant : MM. les Sous-Lieutenants Schreiber Jean-Claude, Dory Lucien et Destremau Bernard.

14 Janvier 1945 :
RADIATION DES CONTROLES
Lieutenant Loustau, décédé des suites de ses blessures.

16 Janvier 1945 :
AFFECTATIONS PERSONNEL OFFICIERS
Par Avis de mutation N° 502/1 en date du 14 janvier 1945 de Monsieur le Général, Commandant la 1ère Division Blindée, le Capitaine d'active le Carbonnier de la Morsanglière jean, Marie, Henri, mis à la disposition du Général Commandant la 1ère D.B., est affecté au 5e R.C.A.
Cet Officier sera pris en compte par l'E.H.R. Etat-Major et remplira les fonctions de Capitaine-Adjoint.
Par le même avis, le Sous-Lieutenant de Cavalerie de réserve, de Feydeau de Saint-Christophe, mis à la disposition du Général Commandant la 1ère D.B., est affecté au 5e R.C.A. Cet Officier sera pris en compte provisoirement par le 4e Escadron.

19-20 Janvier 1945 :
En exécution de l'Ordre d'opérations N° 2185/3 du 19 janvier 1945 de l'Etat-Major du C.C. 2, le Régiment est mis à la disposition de la 2e D.I.M.
Le Régiment gagne de nuit la zone d'attente qui lui est fixée : Région de Michelbach, Aspach-le-Haut, Aspach-le-Bas par un itinéraire très difficile du fait du verglas.
Un certain nombre de véhicules, en particulier trois chars de Commandement et quelques chars des Escadrons sont immobilisés dans les fossés. Les dépannages entrepris immédiatement, permettent de les récupérer dans la journée du 20 janvier.
Articulation du Régiment à 07h00 le 20 janvier :
a) Groupement Menditte, à la disposition du 4e R.T.M. :
- P.C. : Michelbach ;
- 2/5e R.C.A. : Région d'Aspach-le-Haut ;
- 3/9e R.C.A. : retardé par l'état des routes (verglas et embouteillage) se dirige sur la Région de Guewenheim ;
- Compagnie de Zouaves : Michelbach ;
- 1/88e Génie, Section Ferrouge : Aspach-le-Haut.
b) 3/5e R.C.A. :
- une Section de la 1/88e à la disposition du 4e R.T.M. : Pont-d'Aspach.
c) 4/5e R.C.A.:
- à la dis position du 8e R.T.M. : Sortie Nord de Schweighouse.
d) Groupement réservé aux ordres du Colonel, Commandant le 5e R.C.A., comprenant :
- le 1/5e R.C.A., 57 Mortiers ;
- Bataillon. de Zouaves, moins une Compagnie ;
- 1/3e R.C.A. ;
- Section Sué du 88/1e stationne dans la Région d'Eteimbes ; ultérieurement à Burnhaupt-le-Haut.
- P.C. : Mortzwiller avec le P.C. du C.C. 2.

DEROULEMENT DES OPERATIONS LE 20 JANVIER
GROUPEMENT MENDITTE
Le Groupement est mis à la disposition du 4e R.T.M. pour appuyer son attaque en direction de Cernay.
Les reconnaissances ont été effectuées dans la journée du 19 janvier.
L'Ordre d'opérations définit les missions des différentes Unités.
Les ordres pour le Groupement sont les suivants : Mission
1) appuyer l'attaque du 2/4e R.T.M. sur l'axe Aspach-le-Haut - Pont de Cernay ;
2) participer dans des conditions qui seront fixées ultérieurement à l'action des Commandos.
Exécution :
1) Chars : deux Pelotons de chars en appui des deux Compagnies d'attaque,
- progressent avec la Section réservée et n'intervenant que lorsque la progression des Sections de tête sera stoppée par les feux de la défense ;
- Capitaine, Commandant avec le Commandant du Bataillon ;
- un Peloton en réserve initialement à Guewenheim aux ordres du Lieutenant Puig.
2) T.D. : s'embosseront 4x lisières Nord-Est d'Aspach-le-Haut en mesure :
a) d'appuyer à vue la progression de l'infanterie et d'écraser par concentration de feux tout automoteurs se dévoilant dans la zone d'intervention utile ;
b) éventuellement d'assurer par ses feux la couverture du flanc Nord-Ouest du Bataillon ; un Peloton pourra être mis sur demande la disposition du C.C. 2.
3) Génie :
Un Groupe avec chaque Peloton de chars sur voiture ou à pied selon les réactions de l'ennemi ;
- déminage ou déblaiement au profit des chars ;
- un groupe en réserve à Guewenheim aux ordres du Lieutenant Puig.
4) Zouaves :
Initialement en réserve sur voiture à Guewenheim. Ne sera employé que sur ordre du Colonel, Commandant le C.C. 2.
Des Eléments du 3/5e R.C.A. sont susceptibles d'opérer aux lisières Ouest du Grafenwald, le long de l'ancienne voie romaine.
Le Détachement fait mouvement dans la nuit du 19 au 20 Janvier par l'itinéraire Pont de Montreux-Château, Foussemagne, Fontaine, Angeot, La Chapelle, Mortzwiller, Guewenheim, Michelbach.
A heures 30, la tête du Détachement arrive à Michelbach, malgré les difficultés de la route rendue. presque impraticable par le verglas. D'autre part, un char du 2/5e R.C.A. tombe en panne mécanique dans la rue de Montreux-Château et empêche le passage de l'Escadron de T.D., qui ne rejoint que vers midi.
A 6 heures, les ordres précédents sont modifiés et le Capitaine, Commandant le 2e Escadron disposera de ses trois Pelotons pour appuyer l'attaque du 2/4e R.T.M. sur l'axe Aspach-le-Haut - Cernay.
A 7 heures 15, la préparation d'Artillerie est déclenchée.
A 7 heures 55, les Compagnies d'Infanterie débouchent. Le Peloton Tabuteau opérant avec la Compagnie de gauche est retardé dans son débouché par la brèche dans nos champs de mines qui n'est pas terminée.
A 8 heures 25, le Peloton Mauclert appuyant la Compagnie de droite, a progressé le long de la voie ferrée et entame le nettoyage des baraques au Sud de l'Asile d'aliénés.
A 9 heures 30, le Peloton Tabuteau qui a passé le champ de mines ami, déborde et réduit des résistances sous casemates dans les boqueteaux à l'Ouest de l'asile d'aliénés.
Le Peloton Mauclert pénètre avec les Tirailleurs dans l'Asile d'aliénés et en entreprend le nettoyage qui sera termine vers 11 heures.
Quelques dizaines de prisonniers sont faits.
A 10 heures, le Commandant du 4e R.T.M. demande un Appui de chars sur l'axe Aspach-le-Bas - La Croisière, pour réduire des blockhaus, qui gênent la progression du 3e Bataillon. Le Peloton Schreiber est alerté par radio et termine le nettoyage des boqueteaux Ouest de la ferme Lutzelhof.
Au départ le char "Reims " avait sauté sur nos propres mines.
A 12 heures, l'Escadron T.D. rejoint Aspach-le-Haut et s'installe en surveillance aux lisières Nord du village.
A 12 heures 15 les deux pelotons Tabuteau et Mauclert attaquent le carrefour 306 au Nord de l'Asile. Plusieurs casemates sont détruites.
Un automoteur ennemi est repéré à la corne Nord-Est du cimetière militaire du Faubourg de Cernay. Il est à pris à partie par l'Artillerie, dont le tir est réglé par le Sous-Lieutenant Tabuteau.
Un autre automoteur ennemi est repéré sur les crêtes aux environs de 425 (Sud de Steinbach).
A 13 heures 05, un violent tir d'Artillerie ennemi est déclenché sur le carrefour de la croisière.
L'Infanterie ne poursuit plus sa progression.
Le Peloton Mauclert embosse ses chars aux lisières Nord de l'Asile pour appuyer le Peloton Tabuteau qui pousse ses chars au-delà du carrefour.
Ce Peloton est obligé de se replier, pris à partie par deux automoteurs, l'un situé au faubourg de Cernay, l'autre à la ferme, 1500 mètres Nord-Ouest de la croisière.
Dans l'après-midi des tirs d'Artillerie sont déclenchés à la demande du Sous-Lieutenant Tabuteau sur ces automoteurs qui sont restés au contact.
A 17 heures, les chars reçoivent l'ordre de rallier Aspach-le-Haut en utilisant les cheminements pris à l'aller et de s'y installer pour la nuit.
Mais la neige a recouvert les traces et un char du Peloton Tabuteau saute sur une mine. Un half-track du Génie, rempli de Tirailleurs blessés s'égare dans la nuit et déchenille sur une mine.
Le Commandant du Groupement demande et obtient que la protection des chars immobilisés soit assurée par un détachement de Tirailleurs.
A 19 heures tous les autres chars ont rejoint Aspach-le-Haut.
2e 3e ESCADRON
En fin de mouvement le 20 janvier le 3e Escadron stationne Pont-d'Aspach.
Mission :
Il a pour mission d'appuyer le 5e R.T.M. sur l'axe Aspach-le-Bas, Ruines romaines, transversale Thann - Mulhouse - Cité Else.
En fin de progression, il occupera la Cité Else et se mettra en garde face au Nord et à l'Ouest sur l'ancienne voie Romaine.
A 7 heures, le Peloton Foerst se porte vers Aspach-le-Bas en accompagnement du 1er Bataillon du 5e R.T.M., qu'il a pour, mission d'appuyer jusqu'à la route Thann - Mulhouse.
Le Peloton d'Aram se porte à Schweighouse où il reçoit mission d'accompagner le 2e Bataillon du 5e R.T.M. à travers les bois de Grafenwald jusqu'à la Cité Else.
Le Peloton Boisgelin reste en réserve à Pont-d'Aspach.
La progression des deux Pelotons a été considérablement gênée par la nature marécageuse du terrain et les mines. Il n'existe dans ce secteur aucune pénétrante.
Plusieurs chars restent embourbés aux lisières Sud du bois du Nonnenbruch et finalement les deux Pelotons sont obligés d'emprunter plus à l'Ouest la piste 295, ancienne voie romaine ;
Ils atteignent en se rabattant à l'Est, la grand'route vers 16 heures après avoir réduit quelques blockhaus.
L'Infanterie s'installe pour la nuit en bordure de la route, les deux Pelotons ayant rempli leur mission rallient Pont-d'Aspach pour se ravitailler et y passer la nuit. Au cours du ralliement, deux chars sautent sur des mines. Le repli des chars pour la nuit était rendu nécessaire par les questions du ravitaillement en carburant et munitions ; aucune voie d'accès ne permettant aux camions d'arriver jusqu'aux chars.
4e ESCADRON
En fin de mouvement le 20 au matin, le 4e Escadron se trouve dans le dispositif suivant :
P.C. de l'Escadron : Burnhaupt-le-Haut avec le P.C. du Colonel, Commandant le 5e R.T.M. et un Peloton en réserve, un Peloton un kilomètre Nord-Ouest d'Heimsbrunn, un Peloton à Schweighouse.
Mission (avec deux Pelotons) :
1) appuyer l'infanterie qui doit attaquer le couvent d'Oelenberg ;
2) appuyer en partant de Schweighouse, l'attaque du bataillon du 5e R.T.M. sur la Cité Else et la Mine de Potasse.
Le Peloton qui a stationné au Nord-Ouest d'Heimsbrunn ouvre le feu à 7 heures 30 sur le Couvent, mais l'Infanterie ne peut déboucher des bois. Les tirs ennemis sont très denses et très ajustés.
A 9 heures 30, les chars essaient de progresser pour entraîner l'Infanterie ; ils sont arrêtés par un fossé antichars profond, et par de nombreux champs de mines. Deux chars sautent et sont immobilisés.
Le Peloton qui doit appuyer l'attaque du Bataillon du 5e R.T.M. progresse avec l'Infanterie, mais est tout de suite gêné par la nature du terrain très marécageux. Deux chars s'enlisent.
Le Peloton réduit à deux chars continue, mais ne peut franchir la route minée. A la tombée de la nuit il rallie Schweighouse après avoir dépanné ses deux chars embourbés, mais sans avoir rempli efficacement sa mission.
Le Peloton qui a attaqué le Couvent rallie le P.C. de l'Escadron à Burnhaupt-le-Haut.
Situation en fin de journée :
2/5e R.C.A. : Aspach-le-Haut ;
3/5e R.C.A. : Pont-d'Aspach ;
4/5e R.C.A. : un Peloton à Schweighouse, deux Pelotons à Burnhaupt-le-Haut.
Pertes de la journée :
Groupement de Menditte
Personnel Officiers : un blessé évacué ; Troupe : un blessé évacué.
Matériel : deux chars sautés sur mines, récupérables ; trois chars en panne de terrain, récupérables.
Ennemi : Nombreux tués ou blessés qui n'ont pas été dénombrés ; 74 prisonniers faits en collaboration avec l'Infanterie, appartenant en majorité au 1/1209e I.R.
3e Escadron :
Personnel Officier : un blessé ; Sous-Officiers : un tué ; Troupe : cinq blessés.
Matériel : deux chars sautés sur mines, récupérables ; un char en panne de terrain, récupérable.
4e Escadron :
Pertes : néant.

21 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT :
Groupement réservé, sans changement.
Groupement de Menditte (2/5e R.C.A.) : Aspach-le-Haut.
3/5e R.C.A. : Pont-d'Aspach.
4/5e R.C.A. : Schweighouse, Burnhaupt-le-Haut.
ORDRES POUR LA JOURNEE DU 21 JANVIER :
1) GROUPEMENT DE MENDITTE
Initialement l'Escadron de chars du Groupement, le 2/5e R.C.A. doit appuyer le 4e R.T.M. dans son action offensive en direction de Cernay.
Dans la nuit, l'ordre arrive de mettre deux pelotons à la disposition du Groupement de Commandos Bouvet, qui mènera une action de force visant à déborder Cernay par l'Est.
Cette mission semble irréalisable pour les chars en raison des difficultés de franchissement de la Thur. Après entente avec le Lieutenant-Colonel Bouvet la mission des chars est limitée à la couverture des flancs de l'opération au Sud de la Thur en partant des lisières Ouest de Grafenwald.
En fonction des ordres reçus dans la nuit, le Capitaine, Commandant le 2e Escadron, prend ses dispositions le 21 au matin pour envoyer deux de ses Pelotons et une Section du Génie au carrefour, 500 mètres Sud-Ouest de 286 en lisière de Grafenwald.
Le 3e Peloton étant en réserve à la Briquetterie Nord d'Aspach-le-Bas.
L'Escadron de T.D., réduit à deux Pelotons incomplets, postera un Peloton à l'Asile d'aliénés et gardera (par ordre du C.C. 2) un Peloton en réserve à Aspach-le-Haut.
Mais à 7 heures une forte contre-attaque ennemie, partie de l'ancienne voie romaine, bouscule nos Eléments avancés d'Infanterie et met en déroute les Commandos qui montaient en direction de la voie romaine.
Plus à droite les Eléments du 4e R.T.M., sévèrement bousculés, se replient. La situation est confuse. Il semble que nous avons perdu devant les 5e et 8e R.T.M tout le faible bénéfice de l'attaque de la veille.
A 8 heures le Capitaine, Commandant le 2e Escadron reçoit l'ordre de l'articuler autour de la ferme de Lutzelhof avec mission de bloquer l'avance ennemie.
A 8 heures 30, trois chars Panther sont signalés dans le faubourg de Belfort.
A 9 heures 15, quinze chars lourds ennemis (?) sont signalés par l'Infanterie, se dirigeant vers la croisière. Un tir de barrage est déclenché.
Un Peloton de chars agissant avec l'Infanterie est poussé sur la route Thann Mulhouse au carrefour du layon descendant de Lutzelhof.
A 9 heures 45, tous les chars ennemis signalés ont fait demi-tour.
A 10 heures 30, une patrouille mixte est lancée dans les bois de Rosengarten pour stopper les infiltrations ennemies et élargir la zone de sécurité autour de la ferme Lutzelhof.
La ferme est soumise à des bombardements alternés d'automoteurs et de mortiers.
La situation est stationnaire.
A 16 heures, une contre-attaque ennemie, appliquée sur le Point d'appui de la voie romaine bouscule les Eléments du Bataillon "Bourgogne " mettant hors de combat plusieurs Officiers. Le Lieutenant du Châtelle du 2/5e R.C.A. regroupe les fantassins et repousse la contre-attaque.
A 18 heures les dispositions suivantes sont prises pour la nuit :
- un Peloton T.D., sans changement à l'Asile d'aliénés ;
- un Peloton T.D. à Aspach-le-Haut ;
- un Peloton de chars à Lutzelhof, le reste de l'Escadron et la Section du Génie à Aspach-le-Haut.
2) 3e ESCADRON :
Mission : Le 21 au matin le 3e Escadron, qui est à Schweighouse, reçoit l'ordre de mettre deux Pelotons à la disposition du 5e R.T.M, pour reprendre la route Thann - Mulhouse, perdue le matin à la suite de la contre-attaque ennemie et pousser ultérieurement sur la voie ferrée et la Cité Else.
L'opération a été prévue avec deux Bataillons appuyés chacun par un Peloton de chars.
Les Pelotons Boisgelin et Foerst.
Elle débute à 8 heures. Le terrain est toujours aussi marécageux dans les bois du Nonnenbruch. Les Chefs de Pelotons renoncent à y faire passer leurs chars et l'Infanterie stoppe sa progression.
Les chars rallient Schweighouse à 11 heures.
A 14 heures une nouvelle opération est montée.
Seul un Peloton, celui du Lieutenant Boisgelin, accompagnera l'Infanterie à partir de la Ferme de Lutzelhof qu'il gagne par Aspach-le-Bas.
Dès son arrivée, le Lieutenant de Boisgelin prend contact avec l'Infanterie à l'Est de la ferme. Il fait une reconnaissance détaillée du terrain, à pied.
En raison de l'heure tardive, l'opération prévue sera remise au lendemain. Le Peloton rentre à Schweighouse.
3) 4e ESCADRON
Mission : Appuyer la progression du 8e R.T.M. à travers les bois du Langholz jusqu'à la transversale Thann - Mulhouse.
Le Capitaine, Commandant le 4e Escadron, décide de n'engager que deux Pelotons, le 3e, très éprouve au point de vue chars se portera à Schweighouse, où il restera en réserve.
Le terrain étant toujours impraticable dans les bois, les deux Pelotons restent pratiquement inutilisés sur leurs positions et rejoignent Schweighouse à la tombée de la nuit.
L'Infanterie ne progresse pas.
Situation en fin de journée :
2/5e R.C.A. : Ferme Lutzelhof, Aspach-le-Haut ;
3/5e R.C.A. : Lisières Sud de Schweighouse ;
4/5e R.C.A. : Lisières Nord de Schweighouse.
Pertes de la journée du 21 janvier :
a) Groupement de Menditte ;
Personnel et matériel : néant.
Ennemi : quelques prisonniers
3e Escadron :
Personnel : Sous-Officiers : 1 blessé.
Matériel : trois chars sautés sur mines, récupérables.
4e Escadron :
Néant.
DISPOSITIF DU REGIMENT
- Groupement réservé : Burnhaupt-le-Haut ;
- Groupement Menditte, 2/5e R.C.A. : Ferme Lutzelhof, Aspach-le-Haut ;
- 3/5e R.C.A. : Lisières Sud de Schweighouse ;
- 4/5e R.C.A.. : Lisières Nord de Schweighouse.

MISSION POUR LA JOURNEE DU 22 JANVIER
Groupement Menditte :
Le 2/5e R.C.A. et l'Escadron de T.D. resteront dans le dispositif de la veille prêts à bloquer toute contre-attaque ennemie.
3e Escadron :
Mission : en appui du 5e R.T.M., nettoyer les bois du Nonnenbruch et atteindre la transversale Thann - Mulhouse.
La nature du terrain gêne comme les jours précédents l'action de l'Escadron et finalement seul le Peloton Boisgelin, passant par Aspach-le-Bas et la ferme Lutzelhof, pourra dans la journée appuyer efficacement l'action des fantassins, malgré de multiples ennuis de terrain. Trois chars embourbés et sortis par les moyens du Peloton.
4e Escadron :
Mission : Attaquer Reiningue avec un Bataillon du 8e R.T.M. et une Section du Génie.
Le terrain se présente ainsi :
Vers le Sud : Reiningue est défendu par la Doller, dont le pont est sauté.
Au Nord les dernières maisons touchent le bois du Vorwald.
Entre les bois et la Doller un espace découvert, traversé par la route Schweighouse - Reiningue.
Le Couvent d'Oelenberg, situé à un kilomètre de Reiningue sur la rive Nord de la Doller est toujours tenu par l'ennemi et interdit par ses feux, mortiers et mitrailleuses, la route Schweighouse - Reiningue.
La Région est fortement minée en particulier la route et la lisière du bois.
A 8 heures 30, l'Escadron débouche de Schweighouse, protégeant la Section du Génie qui commence le déminage de la route.
Le Peloton Goumand s'installe en surveillance sur le couvent.
Le Peloton Fleury avec l'infanterie prend pied dans les lisières des bois au Nord-Est de Reiningue.
Le Peloton Pinoteau doit suivre au plus près l'équipe de démineurs sur l'axe.
A 9 heures 10, la tuilerie est atteinte. Une violente réaction de l'Artillerie ennemie n'arrête pas la progression, mais les mortiers et les armes automatiques situées au Couvent d'Oelenberg interdisent le déminage de la route au-delà de la tuilerie.
L'opération se déroule vite et bien, malgré la perte de deux chars sautés sur mines.
Le Peloton Fleury et quelques fantassins coiffent la partie Nord du village, tandis que le Peloton Pinoteau, qui a trouvé un passage à travers les champs de mines au Nord de la route, nettoie la partie Sud du village et parvient rapidement jusqu'à l'église.
La fin du nettoyage est retardée par le manque d'Infanterie, les Eléments engagés avec les chars sont dépensés. Les Compagnies engagées sous bois ne peuvent être récupérées assez vite pour intervenir en temps utile.
Malgré ce retard, les blockhaus sont réduits, les maisons nettoyées, 206 prisonniers, dont sept officiers, restent entre nos mains. L'ennemi abandonne plus de 50 cadavres.
Nos pertes, Infanterie et chars, sont légères.
En fin de journée, le 4e Escadron regagne son cantonnement de Schweighouse pour se ravitailler, la route de Schweighouse à Reiningue, seule voie d'accès tant que le pont de Steinbrunn n'est pas réparé, n'étant toujours pas déminée.
Le Peloton Boisgelin du 3e Escadron rejoint son Escadron à Schweighouse, tandis que le Peloton d'Aram, qui n'a pas été engagé dans la journée, renforce la garnison de Reiningue avec mission de patrouiller sur la route Reiningue - carrefour 268.
Dans la soirée le Groupement Menditte est dissous. Le Chef d'Escadrons de Menditte rejoint le P.C., le 2/5e R.C.A. reste à la disposition du 4e R.T.M.
Pertes pour la journée du 22 janvier :
Personnel : Sous-Officiers : deux tués ; Troupe : un blessé.
Matériel : deux chars sautés sur mines, récupérables.

23 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT
1/5e R.C.A. : Burnhaupt-le-Haut.
2/5e R.C.A. : Ferme Lutzelhof, Aspach-le-Haut.
3/5e R.C.A. : Schweighouse, Reiningue.
4/5e R.C.A. : Schweighouse.
Mission donnée au Régiment :
Après une conférence entre le Colonel, Commandant le 8e R.T.M. et le Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., il est décide de limiter les opérations de la journée à la conquête du Couvent d'Oelenberg et du bois de Saulein.
1) 4e Escadron, aux ordres du 8e R.T.M., appuiera le 2/8e R.T.M. dans son attaque sur Oelenberg.
2) 3e Escadron, passe aux ordres du 2/152e R.I., pour participer au nettoyage du bois de Saulein.
3e Escadron :
Le Capitaine, Commandant, a pris le dispositif suivant :
Deux Pelotons embossés aux lisières Nord de Reiningue fixeront les lisières du bois de Saulein, tandis que le 3e Peloton, partant de Lutterbach, progressera avec la Section du Génie et le 2/152e R.I. par la route Lutterbach - Vieux-Thann. Heure H : 09h00.
Le Peloton Boisgelin atteint rapidement son objectif, par le Sud de la route, celle-ci n'a pu être déminée par suite de l'infiltration ennemie dans le bois de Lutterbach, qui empêche le travail du Génie.
Aucune réaction : l'ennemi avait évacué le bois dans la nuit.
4e Escadron :
Le 4e Escadron part de Schweighouse à 8 heures. L'Infanterie est montée sur les chars : l'Escadron parvient jusqu'au couvent, sans réaction.
L'ennemi l'avait évacué dans la nuit.
SITUATION EN FIN DE JOURNEE :
- 1/5e R.C.A. : sans changement.
- 2/5e R.C.A. : sans changement.
- 3/5e R.C.A. : Sortie Nord de Reiningue.
- 4/5e R.C.A.: Sortie Sud-Ouest de Reiningue.
Pertes pour la journée du 23 janvier
Personnel : Sous-Officiers : un tué.
Matériel : deux chars sautés sur mines, récupérables.

24 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT
- 1/5e R.C.A. : sans changement.
- 2/5e R.C.A. : sans changement.
- 3/5e R.C.A. : Reiningue.
- 4/5e R.C.A. : Reiningue.
Au cours de la nuit du 23 au 24 janvier, l'ennemi a contre-attaqué dans le secteur voisin sur la Cité Richwiller et Meyersdorf avec quatre chars Panther et quatre voitures de D.C.A.
Deux chars et les quatre voitures ont été détruites.
Une opération a été prévue pour le 24 janvier, ayant pour objet lointain Wittelsheim.
Le terrain se présente ainsi : des bois coupés de clairières rares traversés dans la direction de l'attaque par une bonne route : Reiningue - Wittelsheim.
Le long de la route s'échelonnent les Cités Else et Grafenwald, puis celle de Grassaegerste, enfin à la lisière Nord des bois avant Wittelsheim, la Cité Langenzug.
Les bois sont marécageux.
Les itinéraires sont minés jusqu'à la Cité Else.
Missions : L'attaque doit être menée par le 8e R.T.M. appuyé par un Groupement blindé aux ordres du Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e R.C.A., comprenant :
- le 5e R.C.A., moins un Escadron moyen, laissé au 4e R.T.M. ;
- le 3/9e R.C.A. ;
- un Escadron de T.D. du 2e Dragons ;
- la 1/88e Génie, moins une Section.
A la suite d'une conférence entre le Lieutenant-Colonel, Commandant le Groupement blindé, et le Colonel, Commandant le 8e R.T.M., celui-ci décide d'attaquer simultanément Else - Grafenwald et la Mine de Potasse.
Le débouché de l'attaque doit avoir lieu à 8 heures.
Les deux chemins, montant à l'Est de l'objectif, sont minés. Il est décidé d'essayer de franchir d'un bond la clairière marécageuse située au Sud-Est de la cité. Le gel doit permettre de faire passer quelques chars.
Le Peloton de chars de tête, sur lesquels les fantassins sont montés, arrive rapidement aux lisières Est de la Mine et prennent des dispositions pour assurer la couverture face au Nord et au Nord-Est de l'opération.
Les deux autres Pelotons avec leur Infanterie franchissent à leur tour la clairière et commencent le nettoyage de l'usine puis de la cité.
La résistance de l'ennemi, entièrement surpris, est faible. Deux Compagnies s'enfuient à travers bois. Une Compagnie de mortiers en position, doit abandonner du matériel et des prisonniers sans avoir pu tirer.
A 11 heures 15, le Capitaine, Commandant le 3e Escadron, fait savoir que le nettoyage est terminé.
L'Escadron et l'Infanterie s'installent défensivement. Sous le tir de nos canons, un char ennemi a été obligé de faire demi-tour en se couvrant par des émissions de fumée.
a) Cité Else :
Une Compagnie d'Infanterie est mise aux ordres de l'Escadron de chars.
Le reste du Bataillon suivra pour nettoyer et occuper le terrain.
A 8 heures15, les premiers chars arrivent au carrefour 168. La nature du terrain les oblige à emprunter la route jusqu'au passage à niveau Sud-Est de la cité.
Ce passage à niveau est barricadé "rails et mines". Un fossé antichars borde la lisière Sud de la Cité.
Sous un violent tir d'Artillerie les chars du Peloton Dory arrivent à trouver un passage plus à l'Est et pénètrent à 9 heures 15 dans les premières maisons de la cité. L'Infanterie ennemie, retranchée dans des blockhaus, réagit violemment et met hors de combat quelques tirailleurs.
Le nettoyage est cependant rapidement mené. Un Groupe de chars et quelques tirailleurs foncent à travers bois au Nord de la Cité Else, vers des positions de mortiers qu'ils ont repérées. Une Compagnie entière de mortiers est détruite ou capturée. L'Etat-Major du Bataillon de Mortiers est fait prisonnier (un Commandant, quatre Officiers).
A 11 heures 08, le Capitaine, Commandant le 4e Escadron, rend compte que le nettoyage de la Cite est terminé.
L'ennemi contre-attaque avec des chars et de l'Infanterie à plusieurs reprises dans le courant de l'après-midi.
Une première fois à 15 heures 07, deux chars accompagnés d'Infanterie, descendent de Wittelsheim sur la Cité Else. Ils sont repoussés par le tir de nos chars et de l'Infanterie.
A 17 heures 40, deux chars Panthers, escortés d'Infanterie, essaient de tâter le village. Un tir d'arrêt, très efficace, cloue l'Infanterie ennemie sur place et nos chars touchent à plusieurs reprises les deux Panthers, qui se replient en se couvrant d'un écran fumigène.
A 18 heures 30, les 3e et 4e Escadrons reçoivent l'ordre de regagner Reiningue.
L'Infanterie s'installe défensivement pour la nuit sur les positions conquises.
Pertes de la journée du 24 janvier :
Personnel : néant.
Matériel : deux chars sautés sur mines, récupérables.

25 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT :
- P.C. : Heimsbrunn.
- 1/5e R.C A. : sans changement ;
- 2/5e R.C.A. : sans changement ;
- 3/5e R.C.A. : Reiningue ;
- 4/5e R.C.A. : Reiningue.
L'opération prévue pour le 25 janvier a toujours comme objectif lointain Wittelsheim. L'opération sera limitée suivant les possibilités et les circonstances. Elle sera limitée le jour à l'attaque de la Cité Grassaegerste.
Mission : L'attaque doit être menée par un Bataillon du 8e R.T.M., renforce de deux Compagnies du Régiment "Bourgogne" et le 3/5e R.C.A.
Le 4/5e R.C.A. assurera la défense de la Cité Else en se mettant en garde face a l'Ouest, appuyé par un Escadron de T.D. du 2e Dragons.
Le débouché de l'attaque est fixé à 8 heures 30, après une préparation d'Artillerie. La base de départ est la lisière Nord de la Cité Else.
Le Chef de Bataillon Monéglia a décidé d'attaquer par Compagnies successives, chacune appuyée par un Peloton de chars.
Par suite de diverses circonstances, en particulier le retard d'une patrouille de Tirailleurs, qui n'a pas encore rejoint nos lignes, l'attaque est retardée jusqu'à 9 heures, alors que les troupes sont déjà sur la base de départ et que la préparation d'Artillerie a déjà été en partie effectuée.
L'ennemi exécute un tir de contre-préparation massif, qui nous cause des pertes graves.
Pour les chars : un Chef de Peloton tué, un Chef de Peloton blessé.
Pour l'infanterie : le Commandant du Bataillon grièvement blessé, un Commandant de Compagnie tué, de nombreux cadres européens blessés.
L'encadrement des Unités d'attaque étant désorganisé, l'attaque est reportée.
12 heures 30. Le Chef de Bataillon O'Cotereau prend le Commandement du Bataillon.
Le 3/5e R.C.A. est relevé et remplacé par le 4/5e R.C.A.
Sur proposition du Commandant de Groupement blindé, les dispositions pour l'attaque sont ainsi modifiées :
L'attaque sera menée sous forme de coup de main par un Groupement composé comme les jours précédents de l'Escadron de chars (renforcé d'un Peloton du 3/5e R.C.A., d'Aram, d'un Peloton de T.D. et d'une Compagnie d'infanterie, placée à ses ordres.
Le Bataillon, moins une Compagnie suivra pour activer le nettoyage et occuper le terrain.
L'Elément de tête, comprenant : le Peloton Goumand du 4/5e R.C.A., le Peloton de T.D., le Peloton d'Aram du 3/5e R.C.A. et un Elément d'infanterie progressera à l'Ouest de la route à travers bois jusqu'au réservoir Nord-Ouest de la Cité Grassaegerste qui se déploiera aux lisières Nord et Nord-Ouest des bois pour assurer la couverture de l'opération.
Les Pelotons Pinoteau et Dory et la Compagnie d'infanterie, montée sur les chars, après avoir progressé dans le sillage de l'Elément de tête jusqu'à hauteur de la Cité Grassaegerste, se rabattront sur l'objectif pour l'aborder par sa face Ouest.
Le reste du Bataillon suivra au plus près par le même itinéraire pour nettoyer et occuper les positions conquises.
La manœuvre s'exécute comme prévu.
A 13 heures, les automoteurs ennemis ouvrent le feu de la Cité Langenzug. Leur tir est peu efficace, étant donné les dispositions prises pour l'attaque.
A 13 heures 02, le Lieutenant Dory est tué à sa tourelle au moment où son char pénétrait dans la Cité. L'Adjudant-Chef Fleury prend le Commandement du Peloton.
L'ennemi est complètement surpris. Sa défense dans la Cité était uniquement dirigée face au Sud. Le nettoyage et l'occupation sont rapidement terminés malgré la vive réaction des automoteurs ennemis en position à Langenzug, Wittelsheim et dans la Cité Amélie I et des tirs d'Artillerie massifs.
A 13 heures 50, le Détachement Durosoy du C.C.1, qui opère à notre droite dans la Région de la Cité Amélie I est contre-attaqué. Le Colonel, Commandant le 5e R.C.A. fait étudier les possibilités d'intervention du 2e Escadron partant de la Cité Else sur la Cité Amélie I. (Le 1er Escadron avait été remis le matin à la disposition du 5e Chasseurs et avait fait mouvement sur Spechbach-le-Haut puis sur Reiningue et enfin sur la Cité Else où il était arrivé à 12 heures.)
A 13 heures 58, quelques chars ennemis, escortés d'Infanterie, descendent de Wittelsheim sur la Cité Amélie I.
Les contre-attaques allemandes ont obligé les Eléments du C.C. 1 à se replier. Quelques Eléments sont encerclés au Puits Amélie I par des chars.
Cette action fait peser une menace sur notre flanc droit.
Le Lieutenant Le Couls du 3/68e, observateur d'Artillerie, fait déclencher de son char les tirs d'arrêt nécessaires. Vers 15 heures 30, l'ennemi se replie au Nord de la Cité Amélie I.
A 15 heures 40, les Eléments du C.C. 1 ont pris contact avec leurs Eléments encerclés. La situation est complètement rétablie au Puits Amélie I.
Les automoteurs ennemis manifestent de nouveau leur activité à la Cité Langenzug et à l'Est de la route. Ils engagent le combat avec nos Eléments de couverture face au Nord et au Nord-Ouest. Deux chars ennemis ont été touchés, dont un immobilisé.
Vers 15 heures 50, devant cette activité d'automoteurs ennemis, un Peloton de T.D. du 2e Dragons est mis à la disposition du Capitaine, Commandant le 4e Escadron pour renforcer la défense antichars de la Cité Grassaegerste.
Ce Peloton, qui avait reçu l'ordre de prendre l'itinéraire sous bois, suivi par les chars, s'engage sur la route de Wittelsheim et est violemment pris à partie par un automoteur situé à la sortie Sud de Wittelsheim.
Le Chef de Peloton et son conducteur, qui étaient en Jeep dépassent nos Eléments de tête et sont tués à la hauteur des premières maisons de la Cité Langenzug.
Les trois premiers T.D. ont le temps de se réfugier derrière les maisons de la Cité Grassaegerste, d'où ils ne peuvent plus bouger.
Le 4e T.D., n'ayant pas assez rapidement compris la situation, est immédiatement mis en flammes (deux tués, trois blessés).
Un tir de fumigènes permettra ultérieurement aux trois T.D. de se replier.
Les conditions de la relève du 4e Escadron par le 2e Escadron sont étudiées, ainsi que le repli du Peloton de T.D. du 3/9e R.C.A.
Le 2e Escadron pousserait un Peloton dans la Cité Grassaegerste. Les deux autres Pelotons resteraient en réserve dans la partie Nord de la Cité Else.
Le 4e Escadron en entier rejoindrait Reiningue pour se ravitailler. Le Peloton d'Aram rejoindrait son Escadron à Spechbach-le-Haut.
Cette relève ne sera pas effectuée car vers 18 heures, l'ennemi lance une première contre-attaque avec chars partant de la Cite Langenzug.
Cette contre-attaque est stoppée aux lisières Sud de la cité par des tirs d'arrêt préparés et par le tir de nos Eléments.
Une deuxième contre-attaque vers 18 heures 30, à la tombée de la nuit, semble être plus sérieuse.
Les Eléments allemands sont évalués à 500 fantassins accompagnés par trois chars. Les tirs d'arrêt bien appliqués et le feu de tous nos Eléments dissocient l'Infanterie des chars aux lisières Sud et Nord de la Cité Langenzug.
Les chars se replient.
Une troisième contre-attaque à 19 heures 30 échoue également grâce à la précision de nos tir d'arrêt réglés par nos chars et aux feux conjugués de l'infanterie et des chars.
Les Pelotons d'Aram et Goumand rejoignent à la faveur de la nuit la Cité Else, le Colonel, Commandant le 5e R.C.A., décide, étant donné l'activité de l'ennemi de ne pas effectuer la relève des Eléments de Grassaegerste.
SITUATION EN FIN DE JOURNEE :
4e Escadron, Peloton Goumand : Reiningue ; Pelotons Fleury et Pinoteau : Cité Grassaegerste, avec un Peloton de T.D. du 2e Dragons.
2e Escadron : Cité Else, avec deux Pelotons du 2e Dragons et un Peloton du 3/9e R.C.A.
Pertes pour la journée du 25 janvier :
Personnel : Officiers : deux tués : Lieutenant Boisgelin, Lieutenant Dory ; Sous-Officiers : un blessé : Aspirant Foucher ; Troupe : un blessé : Brigadier-Chef Badaroux.
Matériel : cinq chars sautés sur mines, récupérables, un char (tourelle abîmée par l'Artillerie).

26 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT :
P.C. : Cité Else ;
1er Escadron : sans changement ;
2e Escadron : Cité Else, avec trois Pelotons T.D. ;
3e Escadron : Spechbach-le-Haut ;
4e Escadron : deux Pelotons Cité Grassaegerste, avec un Peloton T.D., un Peloton à Reiningue.
L'infanterie étant très éprouvée par les combats de la veille, aucune opération offensive n'est prévue pour la journée.
La matinée est consacrée à effectuer la relève du 4e Escadron par le 2e Escadron.
Un Peloton de chars et un Peloton de T.D. vont relever les Eléments du 4e Escadron à Grassaegerste.
Les deux Pelotons du 4e Escadron rejoignent Reiningue.
Les deux autres Pelotons du 2e Escadron restent à la Cité Else.
A 12 heures, la relève est terminée, sans réaction particulière de l'ennemi.
Au début de l'après-midi, à 13 heures 40, le Capitaine, Commandant le 2e Escadron, signale deux chars Panther embossés aux lisières Est de la Cité Langenzug, l'un à 300 mètres au Nord du carrefour de l'intersection des deux cités, l'autre à 200 mètres au Nord de ce même carrefour.
Ils sont pris à partie par l'Artillerie.
A 13 heures 53, le Capitaine, Commandant le 2e Escadron signale un débarquement d'Infanterie, accompagné de chars, aux lisières Nord de la Cité Langenzug.
L'Artillerie les prend à partie et empêche ces Eléments de déboucher. Le reste de la journée est calme.
Dans la nuit, à 20 heures 30, des infiltrations d'Eléments à pied sont signalés dans les bois à l'Ouest de la route.
L'ennemi est stoppé par un tir d'arrêt.
Deux Officiers et un Aspirant, les Lieutenants Lévy et Bricard, l'Aspirant Heldt arrivent au Régiment venant du G.E.R.I. Ils sont affectés au 3e Escadron.

27 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT :
P.C. : Cité Else ;
le 1er Escadron fait mouvement sur Reiningue ;
2e Escadron : sans changement ;
3e Escadron fait mouvement sur Cité Else ;
4e Escadron : Reiningue.
Ordre pour la journée :
Les bois qui entourent la Cité Else au Nord et à l'Ouest sont occupés en partie par l'ennemi qui gêne considérablement par ses feux nos Eléments des Cités Else et Grassaegerste, et rend impossible l'attaque de Langenzug.
Le nettoyage de ces bois est décidé. Un Escadron de chars appuiera l'infanterie qui en est chargée : 5e R.T.M. et des Eléments de "Bourgogne ".
Pour les chars la tâche est particulièrement difficile. A la neige qui tombe sans arrêt et masque rapidement les moyens de vision s'ajoutent les masses de neige qui tombent des arbres lorsque les chars les heurtent et qui aveuglent complètement les équipages.
L'ennemi ne se rendra heureusement pas compte de l'impuissance totale des chars.
Le 3e Escadron est chargé de l'opération.
Deux de ses Pelotons s'occupent des parties Nord et Nord-Ouest des bois. Le dernier Peloton détache un Groupe pour le nettoyage de la partie Ouest du bois le long de la voie ferrée, un Groupe pour le nettoyage de la Partie Nord-Est.
Au cours de l'opération qui a commencé à 13 heures 30, les chars sont obligés à plusieurs reprises de revenir en arrière chercher l'Infanterie, qui avance péniblement dans la neige et qui est soumise au feu des snipers.
Environ 70 prisonniers sont faits au cours de cette opération longue et fatigante.
En fin de journée le Régiment est articulé :
P.C. : Cité Else ;
1/5e R.C.A. : Reiningue ;
2/5e R.C.A. : un Peloton à Grassaegerste, deux Pelotons Cité Else ;
3/5e R.C.A. : Cité Else, partie Sud ;
4/5e R.C.A. : Reiningue.
Pertes pour la journée du 27 janvier :
Deux chars sautés sur mines, récupérables.

28 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT
P.C. : Cité Else ;
1/5e R.C.A. : Reiningue ;
2/5e R.C.A.: un Peloton à Grassaegerste, deux Pelotons Cité Else ;
3/5e R.C.A. : Cité Else, partie Sud ;
4/5e R.C.A. : Reiningue.
Wittelsheim reste toujours l'objectif final, mais il est difficile de monter une opération sur Wittelsheim tant que la Cité Langenzug sera aux mains de l'ennemi.
Dans la nuit du 27 au 28 janvier, une opération de nuit est décidée pour s'emparer de la Cité Langenzug, très fortement tenue et où au moins trois automoteurs sont signalés. Wittelsheim sera attaqué ensuite si l'opération réussit à Langenzug.
La Cité est truffée de mines et ses abords sont vus des observatoires dont dispose l'ennemi à Wittelsheim où quelques automoteurs et chars sont également signalés.
L'Opération doit avoir lieu à 3 heures du matin dans les conditions suivantes :
Le 1er Bataillon de Zouaves doit se mettre en place dans la nuit aux lisières Nord du bois de Harthle. Là se place un premier incident, qui doit avoir de sérieuses répercussions. L'Infanterie, qui devait occuper les lisières Nord de ce bois n'était pas en place. Elle s'était repliée sur le grand layon plus au Sud.
La mise en place est donc rendue beaucoup plus difficile pour les Zouaves qui sont obligés d'engager un combat pour parvenir aux lisières.
L'ennemi est alerté et un retard sérieux dans le débouché en résulte.
(D'après renseignements de civils, l'ennemi aurait eu connaissance de cette attaque et était en état d'alerte depuis minuit.)
- Le débouché a lieu à 3 heures 30, les Zouaves sont pris sous un violent tir d'Artillerie, de mortiers et d'armes automatiques.
Ils subissent des pertes sévères (50 pour cent pour la Compagnie de droite) et la progression est arrêtée.
Il est fait appel aux chars (2e Escadron) qui grâce au clair de lune magnifique peuvent voir à peu près.
A 4 heures, les deux Pelotons du 2e Escadron sont aux lisières Nord du bois. Un char est touché par l'Artillerie. Le Chef de char, le Maréchal des Logis le Bihen est tué.
Ils débouchent à 4 heures 30 par les itinéraires déminés, mais les Zouaves, pris sous un barrage d'Artillerie et de mortiers très violent, ne suivent pas bien et les chars arrivent presque seuls aux lisières du village.
A 6 heures, ils parviennent à hauteur de la place centrale ;
L'un d'entre eux, le "Vendôme " est touché à 7 heures 15 dans la rue à droite de l'école par le tir d'un automoteur.
Le char est détruit, deux blessés.
A 8 heures, le char " Rochefort " est à son tour touché et détruit, deux tués, deux blessés.
L'attaque piétine, les Zouaves n'arrivent pas. Une partie des chars doit faire demi-tour et retourner aux lisières pour aller les chercher.
A 8 heures 35, deux armes antichars à terre et trois chars lourds sont repérés dans la Cité, trois automoteurs tirent des lisières Ouest de Wittelsheim.
Les chars ne peuvent plus progresser. C'est une véritable partie de cache-cache entre le chat et les souris. Les chars sont obligés de se camoufler derrière les maisons et ne peuvent bouger.
Seule l'Infanterie en s'infiltrant de maison en maison pourrait améliorer la situation, mais elle est trop éprouvée par ses pertes du matin.
A 11 heures, la situation reste inchangée. Nos Eléments sont au contact avec des Eléments ennemis dans la Cité, mais ne peuvent progresser.
Nos chars et les chars allemands sont à 100 mètres les uns des autres.
Le Commandant décide de tenter des infiltrations avec une Compagnie fraîche à 13 heures. D'autre part, le Commandant du Groupement blindé décide de renforcer nos chars très éprouvés par une nouvelle Unité, le 4/5e R.C.A.
L'opération d'Infanterie menée par le Commandant Geliot doit avoir lieu à la même heure qu'une attaque menée par le 4e R.T.M. sur la Cité Amélie I avec un Peloton de chars légers du 1/5e R.C.A.
Mais à 13 heures 40, la situation est toujours la même. La Compagnie fraîche a bien dépassé quelque peu les Eléments au contact, mais elle est tout de suite stoppée. Les automoteurs et chars allemands arrêtent toute tentative de progression de nos chars.
L'attaque sera remise au lendemain avec le renfort du 1/8e R.T.M. Seule l'Infanterie restera pour la nuit au contact. Les deux Escadrons de chars rejoindront Else et Reiningue pour faire leur ravitaillement..
Nos pertes ont été lourdes. La moitié seulement de la cité est conquise.
Le Peloton de chars légers, donné au 4e R.T.M., a pu remplir sa mission. La Cité Amélie I a été atteinte sans réaction, et une patrouille a pu atteindre 257.
Pertes pour la journée du 28 janvier :
Personnel : Sous-Officiers : un tué, un blessé ; Troupe : deux tués, deux blessés.
Matériel : deux chars détruits : "Vendôme ", "Rochefort ; un char abîmé par l'artillerie "Soissons " ; un char sauté sur mine "Paris ".

29 Janvier 1945 :
DISPOSITIF DU REGIMENT
1/5e R.C.A. : Reiningue ;
2/5e R.C.A. : Reiningue ;
4/5e R.C.A. : Reiningue ;
3/5e R.C.A. : Cité Else.
L'attaque est reprise dans les conditions suivantes :
- le 3e Escadron, appuie l'attaque ;
- le 1/8e R.T.M. attaque dans la partie Est de la Cité ;
- le 1er Zouaves attaque dans la partie Ouest de la Cité.
Les chars ennemis se sont retirés dans la nuit à Wittelsheim.
L'attaque commence à 8 heures 30 ; grâce à l'appui des chars, les lisières Nord de la cité sont atteintes à 10 heures 15, malgré de nombreuses mines et de nombreux tirs de mortiers et automoteurs.
Deux chars ont sauté.
Une autre opération a été montée également dans la matinée, sur la droite. L'Escadron de chars légers, doit appuyer avec deux Pelotons du 4e R.T.M. au Nord-Est de la Cité Amélie I.
Cette coopération a pour but le nettoyage des bois à l'Est de Wittelsheim et la conquête de la Cité de la gare.
En fin de matinée le 2e Escadron est alerté et gagne la Cité Else, prêt à intervenir.
A 13 heures, l'ennemi déclenche une forte contre-attaque avec de l'Infanterie appuyée par les chars.
Quatre chars descendant de Wittelsheim sur Langenzug par la route directe, deux autres venant du plein Est, marchent droit sur le village, deux autres encore descendent sur la face Nord. Des Eléments d'Infanterie les précèdent. Nos fantassins qui tiennent les lisières Nord-Est commencent à se replier.
Nos chars reçoivent l'ordre de tenir coûte que coûte. Ils subissent des pertes.
Deux chars sont détruits, un Aspirant tué. Le 3e Escadron a bientôt engagé tous ses moyens.
Le 2e Escadron, alerté à Else, est poussé à Langenzug (un Peloton à Langenzug, un peloton lisières Nord-Est du bois), pour l'appuyer directement, tandis que le 4e Escadron alerté prend des positions de tir à la Cité Amélie I pour inquiéter de flanc les chars ennemis.
Un Peloton de T.D. en positif à Grassaegerste.
Un autre à la lisière Nord-Ouest du bois de Grafenwald complètent la défense antichars.
Dans Langenzug les chars adverses nous canonnent à 100 mètres. Nos chars tiennent malgré la pression, ennemie très forte.
Une attaque de l'aviation amie en piqué, à 16 heures, semble désorienter l'adversaire. De violents tirs d'arrêt dissocient son attaque et il se retire laissant deux Panzer-Jager M. entre nos mains. De nouveau deux de nos chars ont sauté sur des mines. Notre Infanterie a repris ses positions aux lisières Nord de la cité.
A 17 heures 30, le 2e Escadron vient relever le 3e Escadron, qui regagne la Cité Else.
L'Equipe de bazooka du Peloton de 57 est mise à la disposition du Capitaine, Commandant le 2e Escadron, pour compléter la défense antichars.
L'Escadron de chars légers, qui a appuyé le 4e R.T.M. pendant toute la journée se repliera la nuit sur Reiningue.
Pertes de la journée du 28 janvier
Personnel : Sous-Officiers : un tué, Aspirant Heldt ; Troupe: deux tués, Sapinia, Ripoil ; deux blessés, Morel, Olivert.
Matériel: deux chars détruits : "Marne ", "Marengo " ; quatre chars sautés sur mines " Alma ", "Arcole ", "France " (deux fois).
Situation en fin de journée :
- P.C. : Else ;
- 1/5e R.C.A.: Reiningue ;
- 2/5e R.C.A.: Langenzug ;
- 3/5e R.C.A. : Cité Else ;
- 4/5e R.C.A. : Cité Amélie I.

30 Janvier 1945 :
En fin de journée du 29 janvier, le Commandement décide de monter pour le lendemain une opération sur Wittelsheim, opération à base d'infanterie, appuyée par deux Escadrons de chars.
Le terrain est infesté de mines et très marécageux. Les automoteurs ennemis postés à Wittelsheim rendent le débouché encore plus difficile.
ARTICULATION DU 2e ESCADRON
A l'Est le 4e Escadron doit appuyer le 4e R.T.M. en partant des lisières Ouest des bois de Moos.
A l'Ouest le 2e Escadron appuiera le 1/8e R.T.M. en partant des lisières Nord de la Cité Langenzug.
A 9 heures, le 4e Escadron avec deux Pelotons à effectifs réduits essaie de gagner les lisières Ouest du bois de Moos.
Le terrain est très mauvais et infesté de mines. Deux chars sautent.
Un char qui avait réussi à gagner les lisières Nord-Est est touché par le tir d'un automoteur, probablement situé à la Cité de la gare à 10 heures 05.
Le char est détruit, quatre membres de l'équipage sont carbonisés, un blessé grave.
Les feux des chars, qui ont réussi à se porter sur les lisières Ouest permettront cependant aux Eléments d'Infanterie de prendre pied dans les premières maisons de la branche Nord-Est de Wittelsheim.
Le Peloton Pinoteau, resté à Amélie I, appuie, de ses feux l'Infanterie qui arrive à occuper les premières maisons de la fourche Sud-Est de Wittelsheim.
Le 2/5e R.C.A. pousse un Peloton seulement aux lisières de Langenzug. Par ses feux ce Peloton permet à quelques Eléments d'Infanterie de gagner les premières maisons qui bordent la route, mais il ne peut progresser, le déminage des lisières et de la route est impossible. La Section du Génie, qui est à sa disposition est prise sous feux d'armes automatiques et sous un violent tir d'arrêt ennemi (deux tués). Deux chars ont leurs radiateurs percés.
La situation reste la même jusqu'à 15 heures.
A 15 heures 30, une contre-attaque d'Infanterie ennemie se déclenche dans les bois au Nord-Est de la Cité Amélie I.
L'Escadron de chars légers, reçoit l'ordre de se porter dans cette région pour aider l'Infanterie à repousser cette contre-attaque.
A 16 heures, le Capitaine Berthet a pris le dispositif suivant :
Son Escadron est réparti le long de la voie ferrée Nord-Est. Il a de grosses difficultés de terrain. Le bois est sillonné de ruisseaux, difficilement franchissables.
A 16 heures 15, il pousse un Peloton entre le passage à niveau et le pavillon de chasse pour essayer de dégager une Section en difficulté.
A 16 heures 50, toute l'Infanterie reçoit l'ordre de se replier sur ses positions de départ.
L'Escadron perd trois chars au cours du repli dont deux ont sauté sur des mines. Il doit les abandonner.
Le 4e Escadron a réussi à réparer en temps utile un char sauté sur mine et à le ramener à Reiningue.
Le 2e Escadron rentre sans incidents.
Les 2e et 3e Escadrons passeront la nuit à la Cité Else.
Les 1er et 4e Escadrons rentrent à Reiningue.
L'Equipe de bazookas du Peloton de 57 est maintenue pour la nuit à la corne Nord-Est de la Cité Langenzug.
Il ne reste au Régiment que 17 chars moyens.
Pertes pour la journée du 30 janvier :
Personnel : Sous-Officiers : 1 tué, Maréchal des Logis Plantard ; Troupe : quatre tués; Dégardin, Pecquery, Janneria, Bailly ; un blessé : Bourriane.
Matériel : un char détruit : "Luxembourg ", deux chars sautés : "Lasalle ", "Catinat " ; chars légers : deux chars sautés sur mines : "Limagne ", "Limousin " ; un char abandonné : "Lorraine ".

31 Janvier 1945 :
Aucun des Escadrons ne sera engagé. L'Infanterie fatiguée restera sur ses positions de repli dans les cités. Les Equipes de dépannage et l'atelier du corps travaillent d'arrache-pied à réparer les nombreux chars endommagés. La majorité sur mines. Le 1er février au matin, 23 chars sont disponibles.

1er Février 1945 :
Dispositif : sans changement.
Le 1/8e R.T.M. doit pousser dans la matinée une reconnaissance offensive sur Wittelsheim.
Le 2e Escadron est chargé d'appuyer cette reconnaissance, mais seulement par ses feux en portant un Peloton aux Lisières Nord de la Cité Langenzug à 9 heures.
Cette opération est tout de suite arrêtée par les feux d'armes automatiques. Le 1/8e R.T.M. reçoit l'ordre de stopper à 9 heures. La mission du Peloton devenant sans objet, il rejoint Else.
Dans le courant de la matinée des renseignements font prévoir un repli de l'ennemi vers l'Est.
Le Colonel convoque les Capitaines, Commandants les 1er et 4e Esca4rons pour décider une opération vers le Nord-Est au cas où ce repli s'effectuerait.
En définitive l'opération n'a pas lieu.
Pertes de la journée du 1er février
Personnel : Sous-Officier : un blessé. Matériel : néant.

2 Février 1945 :
ARTICULATION DU REGIMENT
P.C. : Cité Else.
2e et 3e Escadrons Cité Else.
1er et 4e Escadrons Reiningue.
La matinée du 2 Février est consacrée au dépannage et la remise en état des chars endommagés.
En fin de matinée, le 4e R.T.M., qui le matin était parvenu sur la transversale 246 - 236 reçoit l'ordre de pousser jusqu'aux lisières Nord des bois et d'attaquer la Cité Rosallemend.
Le 4e Escadron est chargé d'appuyer cette attaque. Le déminage du seul itinéraire praticable aux chars n'étant pas terminé, l'opération est reportée au lendemain.
L'Escadron fournira cependant un Peloton pour la protection de l'Equipe de déminage, qui doit opérer sur la rocade : 246 - 236 en vue de l'opération du lendemain.
Pertes de la journée du 2 février :
Personnel : Sous-Officiers : un blessé, Maréchal des Logis de Loisy ; Troupe : un blessé, Chasseur Bidault.
Matériel : deux chars endommagés par éclats (radiateurs percés).

3 Février 1945 :
ARTICULATION DU REGIMENT
Sans changement.
Le Régiment dans le cadre du C.C. 2 participera aux opérations de la 2e D.I.M. dans les conditions suivantes :
1) Un Escadron, le 2e, en appui du 8e R.T.M. a pour mission de s'emparer de Wittelsheim :
2) Un Escadron, le 3e, en appui du R.T.M., a pour, mission de s'emparer des faubourgs Est de Wittelsheim et de la Cité de la gare.
3) Un Escadron, le 4e en appui du 4e R.T.M. a pour mission de s'emparer de la Cité Rosallemend.
Si possible pousser au plus vite sur la Thur pour s'emparer des deux ponts Staffelfelden et Rosallemend.
L'opération est particulièrement difficile pour les chars à cause de l'importance du champ de mines et de la présence de chars lourds et d'automoteurs ennemis. La fonte des neiges laisse maintenant apparaître toutes celles des mines simplement posées dans la neige.
Les 3e et 4e escadrons ont à traverser des bois très marécageux.
L'opération commence à 11 heures. L'infanterie, très appuyée par les feux des chars, progresse rapidement, permettant au Génie de déminer au plus tôt les axes principaux.
A 11 heures 45, le 2e Escadron pénètre dans Wittelsheim, le 3e Escadron est face à la Cité de la Gare et a occupé la patte d'oie à l'Est de Wittelsheim.
A 13 heures, Wittelsheim est entre nos mains.
A 13 heures 15, le 4e Escadron rend compte qu'il ne peut plus progresser. Le seul itinéraire praticable aux chars entre le pavillon de chasse et le carrefour de Rosallemend est coupé par des abattis minés.
Le 3e Escadron prend à sa charge la mission sur Rosallemend à 15 heures. A 16 heures, il rend compte que le nettoyage est terminé.
Dès la prise de Wittelsheim, le 1er Escadron a reçu l'ordre de découpler deux Pelotons, l'un pour reconnaître le pont 257 entre Wittelsheim et Staffelfelden, l'autre pour reconnaître les rives de la Thur et trouver un gué praticable. Les eaux sont trop hautes et les gués ne sont pas utilisables ce jour-là.
L'opération sur Wittelsheim a pu réussir, parce que les mines, placées dans la neige les jours précédents étaient devenues visibles et par conséquent évitables depuis le dégel. Enfin et surtout les chars et automoteurs ennemis s'étaient repliés au Nord de la Thur. Leurs feux n'étaient pas efficaces.
Pertes de la journée du 3 février :
Personnel : Sous-Officiers : un blessé, Maréchal des Logis-Chef Gaugué.
Matériel : deux chars sautés sur mines ("Soissons ", "Fleurus ").
En fin de journée les 2e et 3e Escadrons rejoignent la Cité Else.
Les 1er et 4e Escadrons : Reiningue.
P.C. : Cité Else.

4 Février 1945 :
La situation générale est la suivante :
Cernay évacué par l'ennemi, est occupé par la 4e D.M.M. Staffelfelden est occupé par le 8e R.T.M.
Des Eléments d'infanterie de la 2e D.I.M. ont déjà poussé en direction de Bollwiller.
Dès que le pont de Staffelfelden sera rétabli, le Colonel Commandant le C.C. 2 a l'intention de pousser plusieurs Détachements sur Bollwiller d'une part, sur la route nationale 83 d'autre part. La mission du C.C. 2 étant de progresser sur l'axe Bollwiller - Raedersheim - Gundolsheim, de façon à couvrir face aux Vosges, la progression du C.C. 3 et de l'aider éventuellement par des actions de rabattement vers l'Est.
Le rétablissement des passages sur la Thur est long. Le 4 février au matin la 4e D.M.M. autorise un Groupement à emprunter l'itinéraire Vieux-Thann - Cernay à partir de 14 heures.
Les eaux ayant baissé dans la nuit, le 1er Escadron reprend la reconnaissance des gués sur la Thur et trouve un passage au Nord-Est de Wittelsheim.
ARTICULATION DU REGIMENT :
L'Escadron de chars légers (Capitaine Berthet) éclairera le Régiment sur ces axes :
Cernay - Issenheim ;
Bollwiller - Gundolsheim :
Le Groupement de Menditte comprenant :
- le 2/5e R.C.A. ;
- une Compagnie de Zouaves ;
- une Section du Génie ;
- une Batterie d'Artillerie ;
prendra l'itinéraire Vieux-Thann - Cernay et poussera sur Rouffach, puis se rabattra sur Niederentzen.
Un troisième Groupement aux ordres du Capitaine Dumesnil comprenant :
- le 4/5e R.C.A. ;
- une Compagnie de Zouaves ;
- une Section du Génie ;
a pour premier objectif Bollwiller, puis Raedersheim, Merxheim, Gundolsheim et Muhwiller, plein Est.
Ces Groupements sont aux ordres du Colonel, Commandant le 5e R.C.A.
Le 3/5e R.C.A. entre dans la composition du Groupement réserve aux ordres du Commandant Gellot.
A 11 heures 30, le Groupement de Menditte fait mouvement par Reiningue, Heimsbrunn, Pont-d'Aspach, Guewenheim, Thann, Vieux-Thann, Cernay.
Il est retardé par des difficultés de terrain et l'embouteillage des routes. Il arrivera trop tard pour participer aux combats de la journée.
A 13 heures 30, l'Escadron Berthet suivi de l'Escadron Dumesnil passe le gué. Sur la rive Nord des destructions et des champs de mines gênent considérablement la progression.
Le Colonel avec son char passe également et devançant la colonne, arrive seul à Bollwiller à 14 heures.
Le P.C. et les Eléments sur roues et demi-chenilles font mouvement par Rosallemend. Retardé par un embouteillage au pont et le déminage de la route, ils n'arrivèrent à Bollwiller qu'à 15 heures.
Le Capitaine Berthet avec son Escadron pousse sur son axe. Il nettoie la Cité Sainte-Thérèse et le carrefour de l'auberge où il neutralise une Compagnie d'Infanterie complète qui est désarmée.
Une reconnaissance d'un Peloton de chars légers est envoyée sur Soultz et prend contact avec des Eléments ennemis s'enfuyant vers l'Est.
A 15 heures 50, le Capitaine Berthet pousse sur Issenheim et Raedersheim. Au débouché du carrefour 246, deux chars légers sont touchés par automoteurs tirant des lisières Ouest de Raedersheim, quatre tués, trois blessés graves, dont deux mourront pendant leur transport.

5 Février 1945 :
Le Peloton Cabrol commence un mouvement, débordant par le Sud-Est. Il sera ultérieurement appuyé par le 4/5e R.C.A.
Le 4/5e R.C.A. rejoint Bollwiller après s'être péniblement frayé un passage à travers les destructions et les mines, mais l'Infanterie qui doit travailler avec lui n'est pas encore arrivée (Compagnie Puig, retardée par l'embouteillage au pont de Rosallemend).
Les Tirailleurs du Bataillon O'Cotereau du 8e R.T.M. arrivent. Ils sont chargés sur les chars et ensemble vont attaquer Raedersheim défendu par un Bataillon d'Infanterie et quelques chars.
La réaction de l'ennemi est très vive. Il faudra pour enlever les dernières résistances par une nuit noire, l'intervention de la Compagnie Puig qui a pu rejoindre et qui attaque avec son brio coutumier.
Le nettoyage est terminé vers 20 heures. Le Détachement Dumesnil campe sur place, prêt à reprendre à l'aube sa progression sur Merxheim.
L'Escadron Berthet et le Détachement de Menditte sont articulés à Bollwiller.
Le 3/5e R.C.A. est à Feldkirch avec le Groupement réservé, Geliot.
Un Peloton du 2/3e R.C.A. a atteint Issenheim à la tombée de la nuit et pousse sur Rouffach en liaison avec le 4e R.T.M.
Un autre Peloton n'a pu atteindre de nuit Merxheim, l'itinéraire étant défendu par des champs de mines battus par le feu.
Laissant Rouffach au 4e R.T.M., le Peloton de reconnaissance se replie sur Issenheim pour la nuit.
En fin de journée le Régiment est articulé de la façon suivante :
1/5e R.C.A. : Sortie Nord-Ouest de Bollwiller ;
2/5e R.C.A. : Bollwiller et Cité Sainte-Thérèse ;
3/5e R.C.A. : Feldkirch ;
4/5e R.C.A. : Raedersheim.
Pertes de la journée du 4 février :
Personnel : Sous-Officiers : deux tués, Aspirant Perez, Maréchal des Logis Cornus ; Troupe : quatre tués, Bossan, Verdi, Gonzalès, Noemi ; un blessé, Chasseur Galland.
Matériel : deux chars légers détruits : "Flandres ", "Anjou " ; un char moyen sauté sur mines : "Tourville ".
ORDRE EN FIN DE JOURNEE DU 4 FEVRIER :
Mission du C.C. 2
Tendre la main au plus vite aux Eléments qui viennent du Nord (12e D.B. U.S.) dans la Région de Oberentzen et Niederentzen.
ARTICULATION DU REGIMENT en fonction de cette mission :
a) Groupement de Menditte se portera sur l'Ill par Rouffach, Raedersheim, en vue de s'emparer des ponts, à ne pas passer sans nouveaux ordres.
b) Groupement Dumesnil se portera sur l'Ill par Merxheim, Gundolsheim, Munwiller, Meyenheim, à ne pas dépasser sans nouveaux ordres.
c) Les 1er et 3/5e R.C.A. restent en réserve à Bollwiller. La reprise du mouvement se fait dès le lever du jour.
d) Le P.C. se porte à Issenheim à 7 heures. Le Groupement Menditte, 2/5e R.C.A. en tête, précédé par la reconnaissance, débouche à Issenheim à 7 heures.
e) A 7 heures 45, la reconnaissance signale qu'elle a été soumise sur la route nationale 83 à des tirs d'automoteurs venant de Gundolsheim.
L'action du Détachement Menditte est combinée avec l'action du Détachement Dumesnil sur Merxheim, Gundolsheim. A 8 heures 35 le Capitaine Lecouls, Commandant la Batterie du III/68e, accroche ses tirs aux lisières de Gundolsheim pour être en mesure d'appuyer l'opération.
A 9 heures, le Détachement Menditte reprend sa progression. Les premiers chars atteignent le carrefour, deux kilomètres Sud-Ouest de Rouffach à 9 heures sans réaction de l'ennemi.
A 9 heures 30, Rouffach est atteint. Le Commandant de Menditte prend liaison avec le Général, Commandant le C.C.A. de la 12e D.B. U.S.
Le Général américain fait remarquer que la zone d'action du 21e C.A. U.S. englobe Rouffach et Oberentzen et demande que les troupes françaises n'opèrent pas dans cette zone.
Le Commandant de Menditte reçoit l'ordre de rechercher un itinéraire de Rouffach à Munwiller pour aider la progression du Groupement Dumesnil.
Le 4e Escadron a poussé dès le lever du jour sur Merxheim avec le Bataillon du 8e R.T.M. et la Compagnie Puig. Il est très retardé par de nombreux barrages de mines et de violentes réactions d'Infanterie armée de bazookas.
A 8 heures 15, Merxheim est nettoyé et la progression continue sur Gundolsheim, qui est entièrement occupé à 10 heures
Le Détachement pousse alors vers l'Est, sur Munwiller. La route est coupée à hauteur de la voie ferrée. Il n'y a pas de passage possible. Le Bataillon du 8e R.T.M. poursuit seul et vigoureusement la progression.
Le 2/5e R.C.A., qui a pu trouver au Nord un itinéraire praticable, prend à sa charge la mission sur Munwiller.
Les chars débordent la corne Nord de l'Altwald au moment où la Compagnie du 8e R.T.M. travaillant au profit du Détachement Dumesnil est stoppée aux lisières Est du bois par des tirs d'armes automatiques partant des lisières Ouest de Munwiller.
Les chars foncent sur le village qu'ils livrent aux fantassins. Le pont sur la Vieille Thur saute à 10 heures, interdisant tout débouché à l'Est de la rivière.
Au cours du nettoyage près de 100 prisonniers sont faits en collaboration avec l'Infanterie.
La liaison est prise à ni heures de part et d'autre du pont détruit avec des Eléments du C.C. 3, qui montent vers le Nord.
Le 2/5e R.C.A. stationne sur place.
Le Détachement est dissous dans l'après-midi du 5 février.
Le 2e Escadron rejoint Raedersheim dans la soirée.
Le 3e Escadron rejoint Merxheim, puis Raedersheim.
Le 4e Escadron, stationne à Gundolsheim.
Le T.C. reçoit l'ordre de se porter à Rosallemend.
Pertes de la journée du 5 février :
Néant.
La Campagne d'Alsace est terminée. L'ensemble des opérations se solde par les pertes suivantes :
Personnel:
Tués : deux Officiers, deux Aspirants, huit Sous-Officiers, onze Chasseurs.
Blessés : deux Officiers, 2 Aspirants, huit Sous-Officiers, 25 Chasseurs.
Matériel :
Quatre chars moyens et quatre chars légers détruits ; cinq chars endommagés par coups directs ; 39 chars sautés sur mines.

1er Février 1945 :
Le Lieutenant de Montalembert Henry, du 1er Escadron, passe au 3e Escadron à compter du 26 février.
L'Aspirant Foucher, du 4e Escadron passe au 3e Escadron.

2 Février 1945 : Sont promus à titre temporaire pour prendre rang du 25 décembre 1944 :
Au grade de Lieutenant : le Sous-Lieutenant Yves Hervouet.
Au grade de Sous-Lieutenant : les Aspirants Vives, Foucher, Petiet.

7 Février 1945 :
Le Capitaine de la Lance passe de l'E.H.R. au 2e Escadron, dont il prend le commandement à compter du 11 janvier 1945.

11 Février 1945 :
ORDRE DU JOUR N° 6
Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats,
Américains et Français de la Armée Française,
Je ne veux pas attendre la fin de cette âpre et victorieuse bataille, pour vous dire ma joie et ma reconnaissance.
Depuis près de trois semaines, je ne vous accorde aucun répit et, de nuit comme de jour, je vous crie durement et sans cesse " En avant ",
Il le fallait !
Nulle tâche n'était plus impérieuse, ni plus belle que celle de sauvegarder Strasbourg et de libérer définitivement l'Alsace. Nulle tâche n'était plus féconde en résultats militaires et politiques, nulle tâche ne méritait davantage votre générosité et votre sacrifice.
Vous l'avez tous compris, et, couverts de boue, transis de froid, épuisés, vous avez trouvé en vous l'énergie suprême pour subjuguer l'énergie désespérée de l'ennemi.
Merci à vous, mes chers camarades américains, qui nous avez apporté votre vaillance et qui n'avez rien épargné, ni de vos armes, ni de votre sang pour nous aider.
Quant à vous, mes chers camarades français, vous pourrez prétendre avec une juste fierté que vous avez été les artisans d'un grand événement national, dont nos enfants parleront avec émotion et respect.
Toutes les divisions de l'Armée de Libération étaient présentes et, chacune, de son génie propre et d'un amour égal pour la patrie, a marqué glorieusement son coin de bataille.
L'Allemand est chassé du sol sacré de la France. Il ne reviendra plus.
signé J. de Lattre.

13 Février 1945 :
Le Colonel, Commandant le C.C. 2, est heureux de transmettre aux Eléments qui ont été placés sous ses ordres pendant la campagne du 20 janvier au 9 février, les félicitations qu'il a reçues pour eux du Général, Commandant la 1ère Armée Française, et du Général, Commandant le 1er C.A.
Tous, Zouaves du 1er Chasseurs du 5e, du 1/3e et du 3/9e, Artilleurs du III /68e et Sapeurs du 88/1e, vous avez rivalisé de courage, d'endurance et d'entrain pour arracher à l'ennemi la portion de terre alsacienne que vous aviez mission de reconquérir. Vous avez été puissamment aidés par le 2/1e E.R.D. et le 2/XVe Bataillon médical, dont le dévouement et l'abnégation ont été au-dessus de tout éloge.
C'est dans l'accueil enthousiaste et reconnaissant des populations libérées que vous trouvez le sentiment de l'œuvre accomplie.
Mais que cette ambiance naturelle d'allégresse soit pour vous empreinte de la gravité et de l'émotion que suscite en vous le souvenir des héros qui sont tombés pour que revive notre Alsace.
Le Commandant Lehr, Commandant le C.C. 2.
Le Général, Commandant la 1ère D.B. a fait part au Commandant du C.C. 2 des nombreux témoignages qu'il avait reçus en ce qui concerne la façon parfaite dont les Eléments engagés avaient manœuvré pendant les dernières opérations d'Alsace et la cohésion avec laquelle ils avaient travaillé avec les Unités de la 2e D.I.M.
Le Colonel, Commandant le 5e R.C.A. est heureux de transmettre les félicitations du Général, Commandant la 1ère D.B., à tous Officiers, Sous-Officiers et Chasseurs.

15 Février 1945 :
ORDRE N° 198
Le Lieutenant-Colonel de Beaufort, partant en permission, le Chef d'Escadrons de Menditte prend le Commandement du Régiment.

17 Février 1945 :
Le Capitaine de Séguins-Pazzis et le Capitaine Moreau sont rayés des contrôles du corps et passent au G.E.R.I, N° 1 à Pérouse, dans les positions "Détaché" et "Hospitalisation".

15 Février 1945
ORDRE N° 198
Le Lieutenant-Colonel de Beaufort, partant en permission, le Chef d'Escadrons de Menditte prend le Commandement du Régiment.

17 Février 1945
Le Capitaine de Séguins-Pazzis et le Capitaine Moreau sont rayés des contrôles du corps et passent au G.E.R.I, N° 1 à Pérouse, dans les positions "Détaché" et "Hospitalisation".

19 Février 1945
Le Chef d'Escadrons Rouvillois est détaché à la direction de l'instruction, Ecole de cadres de la 1ère Armée Française à Rouffach. Une trentaine de Sous-Officiers et Chasseurs sont détachés comme stagiaires à cette école.

28 Février 1945
Le Médecin-Capitaine Aubert est affecté à l'H.E. 412 par Avis de mutation N° 4637 D.S.P./P. en date du 23 février 1945.

3 Mars 1945
Le Lieutenant Jean Masquin du XVe Bataillon médical, 2e Compagnie, est affecté au 5e R.C.A. en remplacement du Médecin-Capitaine Aubert.

9 Mars 1945
ORDRE N° 208
Le Lieutenant-Colonel de Beaufort rentrant de permission le 8 Mars, reprend à la date de ce jour le commandement du Régiment.

10 Mars 1945
Le Lieutenant Lévy, du 3e Escadron est muté à l'E.M.G. de la défense nationale, mission militaire pour les Affaires allemandes.

21 Mars 1945
Le Régiment est alerté le 21 mars par message du C.C. 2 à 04.35 et doit se tenir prêt à faire mouvement dans l'après-midi dans la Région de Strasbourg, Molsheirn, Wasselonne.
Point de première destination : Obernai.
Le Lieutenant Richter part dès 7 heures 30 avec un campement aux ordres du Chef d'Escadrons Duvernoy, de l'E.M. du C.C. 2.
A 10 heures 30, l'ordre de mouvement parvient, au P.C.
Itinéraire : Dannemarie, Soppe-le-Bas, Pont-d'Aspach, Cernay, Colmar, Sélestat, Route nationale 422, Obernai.
Stationnement en fin de mouvement :
P.C., E.H.R., 1er et 4e Escadrons : Obernai,
2e Escadron : Ottrott.
3e Escadron : Saint-Nabor.
Nous laissons douze hommes. et un Sous-Officier au Centre de repos de Pont-Lesney.
Les Gradés et Chasseurs détachés à Rouffach.
Un char "Austerlitz" du 3e Escadron à Vienne (Isère), qui participe à des exercices de franchissement de rivière.
Le Colonel ne fera mouvement que le 22 mars. Il doit recevoir à Mulhouse au cours d'une prise d'armes la D.S.C.
Il arrive au P.C. d'Obernai à 11 heures 15.
Le Chef d'Escadrons du Temple de Rougemont Jean, en provenance de la 3e D.I.A. est affecté au 5e R.C.A.
Le Lieutenant de Réserve Maroger Gilbert, en provenance de la 7e Armée (Mission militaire française du 6e Groupe armées U.S.), est affecté au 5e R.C.A.

3 avril 1945
Depuis le 1er avril, le Régiment est en état d'alerte. A partir de 3 heures du matin, le Régiment est susceptible de faire mouvement sur préavis de 6 heures.

4 Avril 1945
A 23 heures, par message téléphoné du C.C. 2, ordre est donné de se porter à Schwegenheim par l'itinéraire :
- Strasbourg ;
- Haguenau ;
- Wissembourg ;
- Landau.
Départ : 3 heures 30 pour les premiers Eléments.

5 Avril 1945
Le Chef d'Escadrons de Rougemont part à 0 heure 30 pour Speyer (Allemagne), où il doit prendre liaison avec le 2e C. A. De nouveaux ordres seront donnés au Régiment par son intermédiaire à 6 heures à la Mairie de Schwegenheim.
L'Aspirant Boenisch, du 1er Escadron, est détaché au C.C. 2, comme Officier de liaison.
A 11 heures, au carrefour, 2 kilomètres Nord-Est de Landau, le Commandant de Rougemont est porteur de nouveaux ordres :
Stationnement du 5e R.C.A. Dannstadt - Mutterstadt.
Tout le Régiment doit s'y porter par l'itinéraire :
- Landau ;
- Neuestadt ;
- Dannstadt ;
- Mutterstadt (9 kilomètres Sud-Ouest de Ludwigshafen).
Le Lieutenant Richter passe au 3e Escadron.
Sur neuf chars moyens en panne mécanique, cinq rejoignent dans la soirée ou dans la nuit.
Le "Marne", "l' Arcole ", le "Saint-Cyr", le "Clisson", rejoindront ultérieurement.
Un char léger en panne : le "Bretagne", culasse fendue.
Les dispositions sont prises après liaison avec le C.C. 2, pour pouvoir partir dans la nuit en vue du franchissement du Rhin.
Le C.C. 2 est mis à la disposition de la 9e D.I.C. Il devra être réuni dans la Région de Karlsruhe pour le 6 avril, midi.

6 Avril 1945 :
L'Ordre d'opérations N° 4484/3 du C.C. 2, arrivé à 1 heure, prescrit le franchissement du Rhin pour tout le Régiment entre 4 heures 30 et 5 heures 30, et précise la zone de stationnement :
Neureut - Weisch, Nord de Karlsruhe.
Pour permettre à l'Atelier et aux Eléments retardataires de rejoindre, le Sous-Lieutenant Chevalier restera à Mutterstadt jusqu'au 8 avril inclus, avec mission d'aiguiller tous les Eléments légers sur le pont de Speyer et les Eléments lourds par le pont de Mannheim.
Le Régiment fait mouvement à 3 heures 30 dans l'ordre : 2e, 4e, 3e, 1er Escadrons, Etat-Major, E.H.R., par l'itinéraire suivant : Ludwigshafen, Mannheim, Schwetzingen, Hokenheim, Neuluschheim, carrefour 1 kilomètre Sud du Clocher de Reilingen, carrefour 500 mètres Ouest de Kirnlach, Waghausel, Philipsburg, Hüttenheim, Russheim, Liedolsheim, Hochstetten, Linkenheim, Leopolshafen, Eggenstein.
Le pont de bateaux de Mannheim est franchi entre 4 heures 30 et 5 heures 15, comme prévu et sans incident.
L'itinéraire pour se rendre au point de stationnement est difficile et n'est pas fléché, ce qui provoque quelques erreurs de parcours.
A 10 heures, tout le Régiment a rejoint.
Trois chars sont en panne de carburant à la sortie de Mannheim.
Le Dépôt d'armée de carburant de Wisenthal ne pourra en fournir avant la nuit.
Une opération doit avoir lieu le 7 avril au matin avec l'infanterie et deux Escadrons : le 2e et le 4e Escadrons.
Les ordres sont donnés verbalement par le Colonel.
SITUATION GENERALE
La situation générale est la suivante :
A l'Est Bretten est pris par des Eléments de la 2e D.I.M.
Des Eléments du C.C. 4 sont arrives à 10 kilomètres Nord-Est de Pforzheim.
Dans notre secteur, Durlach et Ehlingen sont pris, mais une ligne de blockhaus orientée Sud-Ouest et Nord-Est arrête notre progression au delà de ces deux localités. Des contre-attaques ennemies ont même mis nos Eléments avancés en difficulté au Sud-Ouest de Ehlingen.
Une opération visant à déborder par l'Est les organisations de la ligne Siegfried, qui s'échelonne entre le Sud de Karlsruhe et Rastatt, sera menée à partir du 7 avril par le Groupement Valluy, qui comprend en particulier la 9e D.I.C. et le C.C. 2.
Cette opération doit se décomposer en deux phases :
Première phase : Main mise le 7 avril au matin par des Eléments de la 9e D.I.C., le 3/23e et le 3/126e ; appuyés respectivement par le 2/5e et le 4/5e R.C.A., sur Hohenwettersbach, Palmbach, Busenbach, Stupferich, Reichenbach, à l'Est d'Ehlingen. Les Commandants des 2e et 4e Escadrons prendront contact avec les Chefs de Bataillons, qu'ils doivent appuyer le 7 avril, à 7 heures, à Durlach.
Mais cette opération ne pourra avoir lieu que lorsque la Tour de Rifternthof aura été prise. Une action menée contre cette position a été lancée par des Eléments de la 9e D.I.C., appuyés par des T.D. du R.C.C.C., dans l'après-midi, mais elle échoue. Une nouvelle action est déclenchée dans la soirée, mais aucun renseignement n'est encore parvenu sur son déroulement.
Deuxième phase : Si la première phase se déroule favorablement, deux Détachements d'exploitation seront lancés par les hauts du terrain de part et d'autre de la vallée de l'Alb :
- l'un (9e D.I.C.) en direction d'Ehlingen - Gernsbach ;
- l'autre (C.C. 2) en direction de Reichenbach - Herrenalb.
L'ordre du C.C. 2 prévoit, que la tête du Détachement d'exploitation du C.C., comprendra, aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte, les Eléments frais suivants :
- 1/5e R.C.A. ;
- 3/5e R.C.A. ;
- 1/1er B.Z.P. ;
- une Section du Génie.
Toutes ces opérations sont conditionnées par l'arrivée du carburant.

7 Avril 1945 :
A 0 heure 30, le renseignement parvient au P.C., que la tour n'a pas été prise.
Un Peloton du 2e Escadron sera mis à la disposition du 23e R.I.C., à 8 heures, pour la réduire.
Le Capitaine, Commandant le 2e Escadron, reprendra ce Peloton sous ses ordres dès l'opération terminée, pour l'opération sur Hohenwettersbach.
A 8 heures 30, le gasoil n'est pas encore arrivé. Toutes les opérations sont retardées.
En attendant cependant, sous la protection de l'infanterie, le Génie travaille à rétablir les communications sur le début des itinéraires Durlach - Hohenwettersbach et Durlach - Stupferich.
Les pleins sont faits vers 10 heures.
Le 4e Escadron, Capitaine Dumesnil, fait mouvement sur Durlach où il arrive à 11 heures 40.
Il reçoit aussitôt l'ordre d'appuyer une Compagnie d'Infanterie, qui a pour mission d'attaquer la fabrique de Wolfartweier. Cette opération est dangereuse, parce que nos Eléments vont défiler devant les blockhaus, occupés par l'ennemi.
Le Peloton Pinoteau, part sur la route de Durlach à Ettlingen avec deux Sections sur les chars et deux Sections à pied.
Avant d'aborder les premières bâtisses de l'usine, les Sections d'infanterie sont mises à pied et la progression se poursuit sans réaction.
Arrivé aux premières maisons, le char de tête, le "Montbrun", après avoir tiré trois coups de canon est atteint par un antichars 75 P.A.K. 40 et flambe : trois tués, un blessé. L'arme antichars n'est pas repérée et prendra à partie les autres chars, qui doivent se mettre à l'abri. Cette opération n'ayant aucun intérêt pour les suites de la manœuvre, le Peloton reçoit l'ordre de se replier et rentre à Durlach, en vue d'effectuer l'opération principale avec son Escadron.
Les objectifs de la première phase de l'opération sont Stupferich et Reichenbach.
Le 4e Escadron est axé avec le 126e R.I. sur Durlach, la ferme Thomashof, Stupferich.
Le 2e Escadron est axé avec un Bataillon du 23e R.I.C. sur Hohenwettersbach, Grünwettersbach, Palmbach.
Sur l'axe du 4e Escadron, la progression est bloquée dès le départ par des obstructions considérables sur la seule route d'accès au plateau. Le terrain de part et d'autre est impraticable.
L'Infanterie du 126e essaie de progresser seule, mais on est sans nouvelles d'elle jusqu'au milieu de l'après-midi.
Le Génie travaille au déblaiement, qui sera long. Pour cette journée, on peut considérer dès le début de l'après-midi, que l'opération sur cet axe ne donnera aucun résultat.
Sur l'axe du 2e Escadron, l'obstruction du mauvais chemin de terre qui relie Durlach à Hohenwettersbach, a été presque entièrement négligée par l'ennemi. Aussi est-il rapidement dégagé et lorsque le 2e Escadron arrive à Durlach à 11 heures 25, il peut entamer aussitôt sa progression avec une Compagnie d'lnfanterie qui est placée sous ses ordres.
Malgré de violentes réactions de l'ennemi, mortiers, artillerie, tirs d'auto-moteurs, tirs d'armes automatiques, Hohenwettersbach est atteint à 13 heures. Le Peloton Mauclerc est en tête. Le Sous-Lieutenant Mauclerc sera tué dans le village à 13 heures 15 par un éclat d'obus, alors qu'il était descendu de son char pour mieux observer.
Le Peloton Tabuteau continue aussitôt la mission sur Grünwettersbach, qu'il occupe rapidement sans perte, puis le Peloton Schreiber attaque Palmbach, qu'il occupe à la nuit. L'Adjudant-Chef Gabiot prend le commandement du Peloton Mauclerc. Vers 15 heures 30, le Colonel, Commandant le 5e R.C.A., a proposé au Colonel Landouzy qui commande l'attaque, de profiter de l'avance du 2e Escadron et de la prise de Hohenwettersbach pour faire attaquer Stupferich, directement, en partant de Hohenwettersbach, par un nouveau Groupement aux ordres du Capitaine Chéry, Commandant le 3e Escadron du 5e R.C.A., jusque-là en réserve de C.C., et une Compagnie d'Infanterie à désigner par le Colonel Landouzy.
L'accord est donné aussitôt et l'opération montée sans perte de temps.
A 16 heures 40, l'Escadron Chéry se porte sur Hohenwettersbach, trouve en cours de route la 9e Compagnie du 9e Zouaves, qui lui est donnée et prend ses dispositions pour l'attaque.
Entre-temps, des renseignements sont arrivés sur la position du 126e R.I., dont certains Eléments sont au contact de l'ennemi, qui défend la ferme Thomashof. Le Capitaine Chéry reçoit l'ordre de prendre contact avec eux. Ils participeront l'attaque.
Celle-ci démarre rapidement, Après une vive résistance de l'Infanterie ennemie, Thomashof, puis Stupferich sont enlevés.
L'ennemi laisse entre nos mains, de nombreux tués et plus de 50 prisonniers.
Cette opération est caractérisée par la rapidité, l'énergie et l'adresse avec lesquels le Capitaine Chéry a monté et exécuté une attaque difficile, qui a permis au 126e R.I. d'occuper le soir, l'objectif qui lui est fixé et qui nous donne une excellente base de départ pour le lendemain.
Articulation du Régiment en fin de journée.
- P.C. : Durlach ;
- 1/5e R.C.A. avec Groupement Menditte : Durlach ;
- 2/5e R.C.A. : Durlach ;
- 3/5e R.C.A. : Durlach ;
- 4/5e R.C.A. : Durlach.
Pertes de la journée :
Un Officier tué : Sous-Lieutenant Mauclerc.
Trois Chasseurs tués ; trois Chasseurs blessés.
Pertes infligées à l'ennemi :
Personnel : 100 prisonniers, de nombreux tués.
Matériel : cinq 75 P.A.K. 40, un A.M.

8 Avril 1945 :
En fin de journée, le 7 avril, Hohenwettersbach, Grünwettersbach, Palmbach, Stupferich ont été conquis.
Les Eléments du Régiment sont ainsi répartis pour les opérations du 8 avril :
1) Groupement Beaufort : 2/5e et 3/5e ;
2) Groupement du Lieutenant-Colonel Gilles : 4/5e ;
3) Groupement Menditte : 1/5e
Composition et mission du Groupement de Beaufort :
- 2/5e et 3/5e R.C.A. ;
- III/68e ;
- 3/126e.
Progresser sur l'axe Stupferich, Langensteinbach, Ittersbach, Connweiler, en couvrant la progression du Groupement Gilles, qui marche sur l'axe : Reichenbach - Etzenrot.
Articulation du Groupement de Beaufort :
a) Un Groupement aux ordres du Capitaine Chéry, Commandant le 3e Escadron avec une Compagnie d'infanterie et son Escadron de chars.
Axe de marche : Stupferich - Palmbach - Langensteinbach.
b) Deux Compagnies d'Infanterie et un Peloton du 2/5e, Adjudant-Chef Gabiot, aux ordres du Chef de Bataillon, Commandant le 3/126e (Adjoint-Chef d'Escadron Mont jean), progressera directement dans les bois au Sud de Stupferich.
01 : l'autostrade ;
02 : route lisières Sud du bois ;
03 : Langensteinbach.
c) Réserve de Groupement :
- 2/5e R.C.A., moins un Peloton ;
- une Compagnie d'infanterie ;
aux ordres du Capitaine de la Lance, Commandant le 2e Escadron.
Initialement lisières Nord de Stupferich.
d) Artillerie : en batterie dans la Région de Hohenwettersbach ; observateurs avancés avec les Groupements A et B.
A 9 heures, partant de Stupferich, accompagné d'une Compagnie du 126e RI., le Détachement Chéry se porte à Palmbach pour attaquer Langensteinbach en se déployant à l'Ouest de la route Palmbach - Langensteinbach dans le dispositif suivant :
- Peloton Montalembert et d'Aram en premier échelon ;
- Peloton Richter en soutien.
L'Infanterie est sur les chars, mais met rapidement Pied à terre, car les abords du village sont défendus par de nombreux fantassins installés dans des trous, dotés de nombreuses armes automatiques et de panzerfaust.
Le Lieutenant Richter, débordant par l'Ouest du village, détruit une pièce 75 P.A.K. 40 avant qu'elle n'ait pu intervenir.
Le nettoyage est rapidement mené, grâce aux feux des chars.
Le Lieutenant Richter détruit encore deux pièces de 75 P.A.K. 40, également avant qu'elles n'aient pu tirer.
Le nettoyage est à peu près terminé lorsque le Détachement aux ordres du Chef de Bataillon du 3/126e arrive, retardé par une progression difficile à travers bois.
Trois canons de 75 P.A.K. 40 restent entre les mains du 3/5e et l'ennemi a perdu plus de 30 tués et 80 prisonniers. Des Eléments d'Infanterie importants se sont dispersés dans les bois au Sud de Langensteinbach.
La progression reprend, dès le nettoyage terminé en direction de Reichenbach. L'Infanterie bien appuyée par les feux de deux Pelotons de chars, pénètre dans le village en fin de matinée.
A 14 heures, Etzenrot est à son tour pris et nettoyé sans grande résistance de la part de l'ennemi.
Le 4e Escadron est alors remis à la disposition du 5e Chasseurs par ordre du Général Valluy.
Mais le Lieutenant-Colonel Gilles demande que des chars lui soient laissés pour nettoyer la route Etzenrot - Spielberg et ses abords. Deux Pelotons lui sont laissés pour cette mission. Le Capitaine Dumesnil et un Peloton rejoignent Langensteinbach.
Les ordres donnés à 20 heures 45 pour la reprise du mouvement en avant, sont annulés par l'Ordre d'opération N° 1 du C.C. 2 du 8 avril, 11heures.
Le 3/126e aura pour mission l'occupation de Langensteinbach où il regroupera tous ses Eléments.
La reprise du mouvement vers Ittersbach sera assurée par :
a) à l'Ouest, le Groupement Menditte, qui suivra l'itinéraire déjà indiqué :
Spielberg, Ittersbach, Langenalb, Herrenalb.
b) à l'Est par le Groupement Beaufort, comprenant :
- le 2/5e et le 3/5e R.C.A. ;
- la 2e Compagnie du 1er Zouaves ;
- des Eléments du Génie et une demi-section de D.C.A.
Ce Groupement doit progresser sur l'itinéraire : Langensteinbach, Ittersbach, Conweiler, Dobel.
En tête marchera le Détachement la Lance avec le 2/5e R.C.A., une Compagnie de Zouaves, une Section du Génie, un observateur d'artillerie.
L'Artillerie ennemie réagit avec une extrême violence sur Langensteinbach, qui est en feu.
Les colonnes et même les isolés, qui circulent dans les villages ou sur les routes aux environs sont pris à partie.
Dès le départ, à la sortie de Langensteinbach, le Détachement la Lance se heurte à un 75 P.A.K. 40, qui est détruit, puis à des abattis, défendus par trois automoteurs et une Infanterie nombreuse et bien armée.
La progression est lente, mais continue. Le char de tête, le "Rouen", commandé par l'Aspirant Nou de la Houplière, engage un duel à courte portée avec un automoteur lourd ennemi et le détruit. Il attaque un deuxième automoteur, mais son char est atteint et flambe aussitôt.
Pendant l'attaque de Langensteinbach, le 4/5e R.C.A., aux ordres du Lieutenant Colonel Gilles, s'est porté sur Grünwettersbach vers 8 heures 15, avec mission d'attaquer Busenbach, qui est rapidement occupé. Réaction de l'ennemi faible.
Le char "Rochefort III " est également touché par un perforant qui brise son barbotin.
Des abattis et des destructions considérables arrêtent la progression à hauteur du passage à niveau, deux kilomètres Nord d'Ittersbach. Le feu de l'ennemi, canons de 20 et de 40, artillerie, tirs d'automoteurs, rend les travaux de déblaiement très difficiles et longs. Cependant le Détachement arrive vers 18 heures à la lisière Sud des bois.
Pour aider ce Détachement et neutraliser des Eléments ennemis importants signalés, arrivant en renfort, le Colonel, Commandant le Groupement, engage le Détachement Chéry sur sa gauche. Le Capitaine Chéry disposera de son Escadron et de la 3e Compagnie du 1er B.P.Z. Partant de la Région d'Auerbach, il nettoiera les bois au Nord-Est d'Ittersbach. Il participera ensuite à l'attaque d'Ittersbach. Son mouvement est également très gêné au départ de Langensteinbach par des tirs d'Artillerie très violents, qui interdisent pratiquement toute circulation pendant un long moment (véhicules en feu dans les rues).
En pénétrant dans les bois vers 16 heures, la progression est très ralentie par des abattis. Le Détachement arrive cependant à la lisière Sud des bois vers 18 heures. Le terrain ne lui permet pas de déboucher en direction d'Ittersbach, mais il reçoit l'ordre de stationner sur place jusqu'à la nuit pour protéger le flanc Est de l'attaque, qui va être menée par les Groupements Menditte et la Lance.
Le Groupement Menditte a été ralenti à son passage à Langensteinbach, par des tirs d'Artillerie et d'Infanterie.
Le Capitaine Berthet, qui commande l'Elément de tête (deux Pelotons de chars légers, un Peloton de T.D., une Section de Zouaves, une Section du Génie) arrive à 14 heures 15 en vue de Spielberg.
A 15 heures Spielberg est pris, après un vif combat au cours duquel nous perdons le char "Lyonnais ", atteint par un bazooka. L'ennemi abandonne de nombreux morts et laisse entre nos mains trente prisonniers. Il réagit vigoureusement sur le village avec son Artillerie.
A 17 heures, le Groupement reprend sa progression. Mais bientôt les Eléments de tête du Capitaine Berthet sont stoppés dans le bois Sud-Est du village, par des abattis. Pendant que le Génie déblaie la route, des patrouilles sont poussées aux lisières du bois par les layons au Nord de l'axe. Vers 18 heures, elles repèrent à un kilomètre Nord-Est d'Ittersbach, une batterie enterrée de trois canons de 88, protégée par cinq canons de 40 et de nombreuses A.A. Ces pièces tirent sur le Détachement la Lance.
Le Commandant du Groupement demande des renforts au Colonel, Commandant le 5e R.C.A., retirés au Groupement Gilles, et obtient immédiatement deux Pelotons de chars du 4/5e R.C.A. moyens, qui sont poussés dès leur arrivée à Spielberg sur le Détachement Berthet avec le reste de la Compagnie Puig.
L'observateur avancé d'Artillerie est avec son char avec nos éléments les plus avancés, au meilleur poste d'observation.
A 18 heures 45, les batteries repérées sont attaquées par l'Artillerie, puis par les T.D. Le personnel des pièces est anéanti par les coups fusants, remarquablement bien réglés. Les T.D. achèvent le travail et la batterie tout entière tombe entre nos mains avec un P.C.T. intact.
Le Groupement Menditte et le Détachement la Lance sont alors à pied d'œuvre pour donner l'assaut. Le Commandant de Menditte est chargé de coordonner l'action, des deux Eléments.
Le débouché du Détachement Berthet est très ralenti par des difficultés de terrain considérables et par des antichars. Une défense antichars puissante au Nord et au Nord-Est d'Ittersbach s'oppose à la progression du Détachement la Lance. Une nombreuse Infanterie occupe le Point d'appui.
Plusieurs chars ennemis sont encore dans la position.
Des tirs d'Artillerie opportuns et une heureuse manœuvre par la gauche, permettent vers 20 heures au Détachement la lance d'aborder la partie Nord du village après avoir pris trois canons de 88 et deux canons de 75 P.A.K. 40.
Le nettoyage est immédiatement amorcé.
Le Détachement Berthet aborde la partie Sud-Ouest du village un peu plus tard et coupe à l'ennemi toute la ligne de retraite. Un char lourd ennemi tente, en profitant de la nuit, de s'échapper, mais, entouré de toutes parts, harcelé par les T.D., qui tirent au jugé dans l'obscurité, il est capturé.
Le nettoyage se poursuit dans la nuit.
Le bilan de l'opération peut se faire seulement le lendemain :
250 prisonners, six canons de 88. cinq canons de 75 P.A.K. 40, de nombreux canons de 20 et de 40, deux chars. De nombreux cadavres restent entre nos mains.
La Position est tenue le soir par le 1er B.Z.P.. moins une Compagnie, renforcé par le 3/9e R.C.A. aux ordres du Chef de Bataillon Geliot. Le reste des Eléments est replié sur les cantonnements fixés.
En fin de journée, le Régiment est articulé de la façon suivante :
- P.C. : Langensteinbach ;
- 1/5e R.C.A. : Spielberg avec deux Pelotons du 4/5e
- 2/5e R.C.A. : Langensteinbach ;
- 3/5e R C.A. : Auerbach ;
- 4/5e P.C. et un Peloton : Langensteinbach.
Pertes de la journée :
Personnel : un Officier blessé : Sous-Lieutenant Tabuteau ; deux Chasseurs tués ; quatre Chasseurs blessés.
Matériel : un char léger "Lyonnais ", un char moyen "Rouen ".
Pertes infligées à l'ennemi dans la journée :
Personnel : nombreux tués, plus de 350 prisonniers.
Matériel : deux chars, six 88 P A K. 43, neuf 75 P.A.K. 40, cinq P.A.K. Flak 40 mm., plusieurs mitrailleuses de 20mm.

9 Avril 1945 :
En fin de journée du 8 avril, Spielberg, Langensteinbach, Ittersbach, ont été occupés. La mission du C.C. 2 reste la même, Herrenalb, mais à cette mission s'ajoute celle de couvrir la gauche de la 9e D.I.C. en s'emparant de Burbach et de Bernbach.
Intention : S'emparer de Pfaffenrot, mettre la main ensuite sur Burbach et Schielberg. Ces deux points acquis, pousser de part et d'autre de l'Alb, en direction de Herrenalb.
Mission :
1) Le Groupement Gelliot comprenant :
- le 4/5e R.C.A. ;
- deux Compagnies du 1er B.P.Z.;
- un Peloton de T.D. ;
- un Peloton d'A.M. ;
a pour mission de s'emparer de Pfaffenrot, puis pousser sans désemparer sur Burbach et Schielberg et gagner Herrenalb par Bernbach et la vallée de l'Alb.
2) Le Détachement Chéry, comprenant :
- son Escadron, le 3/5e R.C.A. ;
- une Compagnie du B.Z.P. ;
doit se tenir prêt à pousser de la Région d'Auerbach sur Ittersbach et Pfaffenrot en vue, soit d'assurer les arrières du Groupement Geliot, soit dépasser ce groupement pour agir en direction d'Herrenalb.
Dans la matinée, le Capitaine Dumesnil, Commandant le 4/5e R.C.A., avec un Peloton - les deux chars armés de 76 -, se porte à Pfaffenrot derrière la Compagnie Puig, qui réussit à franchir l'Alb et à faire une petite tête de pont sur l'autre rive.
Les chars ne peuvent franchir l'Alb, aucun passage n'ayant pu être rétabli.
Vers 13 heures, le Détachement Chéry reçoit l'ordre de s'emparer de Volkersbach et si possible de Freiolsheim en partant de Schollbronn.
L'opération doit être menée en liaison avec le 23e R.I.C.,
Partant de Spielberg, le Détachement descend dans la vallée du Moosalb et se porte à Schollbronn.
La liaison est prise dans ce village avec les Eléments du 23e R.I.C.. qui a atteint les bois au Sud du village.
Le Détachement, après avoir traversé les bois, se déploiera pour attaquer Volkersbach par le Nord et le Nord-Est.
La réaction ennemie et violente lorsque les chars débouchent des bois.
Une pièce de 75 P.A.K. 40 et deux de 20 mm Flak sont détruites, l'ennemi ne tient pas sous les tirs des 75 des chars. Des Eléments du 23e R.I.C. viennent appuyer les chars et à la nuit le nettoyage est terminé.
100 prisonniers sont capturés.
Le Détachement s'installe pour la nuit à Volkersbach.
Le Groupement Menditte n'a pas été employé et le 2/5e est resté en réserve à Langensteinbach.
Articulation en fin de journée :
- P.C.: Langensteinbach ; 1/5e R.C.A. : Spielberg ;
- 2/5e R.C.A. : Langensteinbach ;
- 3/5e R.C.A. : Volkersbach ;
- 4/5e R.C.A. : Langensteinbach.
Pertes du Régiment :
Néant.
Pertes infligées à l'ennemi :
Personnel : 100 prisonniers, 20 tués. Matériel : un 75 P.A.K. 40 détruit, deux 20 mm.

10 Avril 1945 :
La mission du C.C. 2 est toujours de s'emparer de Herrenalb.
L'action sur Pfaffenrot - Burbach n'ayant pas donné les résultats attendus, il est décidé de profiter de la prise par le Détachement Chéry, le 9 avril au soir, du carrefour du Moulin, un kilomètre Sud-Est de Schollbronn pour gagner Burbach, puis Bernbach et Herrenalb par la rive droite de l'Alb.
A cet effet :
a) Un groupement aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte, comprenant :
- le 2/5e R.C.A.; un Peloton de chars légers ;
- un Peloton de T.D. ;
- une Compagnie du 1er B.Z.P. ;
- une Section du Génie ;
partira de Spielberg le 10 avril, à 7 heures 30, avec pour objectifs :
1) Burbach, 2) Bernbach, 3) Herrenalb.
b) Le Groupement Geliot, comprenant :
- l'E.M. et la C.A. du 1er B.Z.P. ;
- un Tabor ;
nettoiera les bois de part et d'autre de l'axe.
c) Le Détachement Chéry continue à opérer sur l'axe Volkersbach - Freiolsbeim - Waldtrachweier, avec la 9e D.I.C.
d) Les Eléments réservés aux ordres du Colonel de Beau fort, comprenant :
- E.M., 5e R.C.A. ;
- 1/5e R.C.A. ;
- 4/5e R.C.A.;
- 3/9e R.C.A.;
- une Compagnie du B.Z.P.
e) Un Régiment d'infanterie, aux ordres du C.C., progressera par la vallée de l'Alb directement sur Herrenalb pour occuper derrière les Eléments du C.C. les points atteints.
Le Groupement Menditte démarre à 8 heures 20. En tète un Détachement aux ordres du Capitaine la Lance, comprenant des chars et de l'Infanterie.
A 9 heures, le Détachement la Lance, qui a atteint la vallée du Moosbach et pris la route de Burbach est arrêté par des abattis sur l'axe.
A 9 heures 55, les chars réussissent à contourner les abattis et les Zouaves sont chargés sur les chars.
A 11 heures, le Détachement la Lance pénètre dans Burbach, qui a été évacué par l'ennemi. La progression continue.
Le Détachement Berthet pousse dans le sillage de la Lance jusqu'à Burbach, après avoir détaché le Peloton Cabrol, avec mission de remonter la vallée de la Moosalb et de prendre liaison avec les Détachements d'infanterie, opérant dans la vallée.
A 11 heures 30, le Détachement Berthet occupe le carrefour, deux kilomètres Sud-Ouest de Burbach et a pris liaison avec les Fantassins.
A 11 heures 55, le 2e Escadron est devant Bernbach.
A 12 heures 05, le 1er Escadron occupe Mittelberg. Ordre lui est donné de pousser sur Moosbronn de manière à coopérer à la prise de Bernbach en manœuvrant par le Sud-Ouest.
Le Peloton Cabrol est au carrefour 1 kilomètre Nord-Est de Mittelberg.
Le Capitaine de la Lance demande des renforts d'Infanterie pour nettoyer le village. Le Tabor est mis à la disposition du Lieutenant Colonel de Beaufort. Il est poussé par des camions des 57 jusqu'aux lisières Sud de l'Osterwald.
Il ne participera pas au nettoyage du village, qui est terminé à 13 heures 30, après une vigoureuse défense de l'ennemi. Un char est bazooké.
Quelques prisonniers.
A 13 heures 15 le Détachement Berthet est arrêté devant Moosbronn par une défense, qui parait sérieuse. Un canon de 88 au Nord de Moosbronn et tirant vers le Sud, un 75 P.A.K. 1500 mètres Sud-Est du village et tirant vers le Nord-Est. Un 75 P.A.K. à la sortie Nord et interdisant le débouché des lisières du bois, quelques mitrailleuses de 20 mm.
Un T.D. et un char léger sont touchés.
Le Détachement Dumesnil (4/5e R.C.A. et 1/1er Zouaves) stationné à Volkersbach, est chargé de renforcer le Détachement Berthet.
L'opération sur Moosbronn sera menée de la manière suivante : un Peloton du 4e Escadron et une Section d'Infanterie manœuvreront la résistance en opérant sur l'axe Freiolsheim - carrefour 600 mètres Sud-Est Moosbronn, tandis que le reste du Détachement Dumesnil se portera à Bernbach pour attaquer Moosbronn par le Sud-Est.
L'ennemi sera fixé de front par les Eléments du Détachement Berthet, stoppés aux lisières du bois.
Pendant que s'opère la mise en place de ces différents Eléments, l'attaque d'Herrenalb est réglée de la manière suivante :
Le Détachement la Lance descendra sur la ville en utilisant l'itinéraire Sud.-Ouest. Il sera flanc-gardé par deux goums opérant : l'un sur la ligne des crêtes 706 - 758 - 744 - 563 - lisières Sud-Ouest d'Herrenalb. L'autre marchant sur la crête 558 - 559 abordera le village par sa face Nord.
Le mouvement des chars ne sera déclenché que lorsque les goums auront atteint les premières crêtes dominant la route.
A 15 heures 10, le Détachement la Lance reprend sa progression. A 18 heures, il pénètre dans Herrenalb et entame le nettoyage de la ville sous un violent bombardement d'Artillerie.
L'opération sur Moosbronn débute à 16 heures 30.
A 16 heures 40, le Peloton Goumand, qui descendait de Freiolsheim est pris à partie par un automoteur embossé au carrefour.
Le char "Cambronne" est en feu.
A 17 heures, le Peloton Pinoteau, partant de Bernbach, commence sa progression sur Moosbronn. Il détruit sur la route un canon de 75 P.A.K., remorqué par un camion.
A 19 heures 10, le Détachement Berthet pénètre dans les premières maisons de Moosbronn, nettoie le village, capture deux 75 P.A.K. 40 avec leur chenillette, cinq canons de 20, un camion.
L'automoteur ennemi s'est replié.
A 19 heures 40, l'itinéraire Moosbronn - Freiolsheim est dégagé et la liaison est prise avec la garnison de Freiolsheim.
La défense d'Herrenalb est confiée au Commandant Geliot, disposant de la Compagnie de Zouaves, du Détachement la Lance et de sa C.A.
Le 2e Escadron stationne à Herrenalb ;
Le 1er Escadron stationne à Mittelberg ;
Les T.D. sont regroupés à Burbach ;
P.C. du Groupement à Bernbach.
Détachement Chéry (3/5e R.C.A).
Le Détachement Chéry reçoit à l'aube la mission de s'emparer de Freiolsheim. Une Compagnie du 13e R.I.C. vient en renfort de la 3e Compagnie du 1er B.Z.P.
Les chars se portent aux lisières Sud des bois pour gagner la base de départ fixée à l'Est de la route Volkersbach - Freiolsheim.
L'ennemi réagit violemment par l'Artillerie et les mines. Les pertes sont sévères dans l'Infanterie. Le Maréchal des Logis Barbet est tué par éclats sur son char, le "Malakoff II".
A 10 heures, les chars débouchent. Deux d'entre eux, le "Fort de Vaux" et l'"Alma" sont atteints par un 75 P.A.K. 40, que le char "France". (Lieutenant d'Aram) détruit à son tour.
Une pièce de 88 Flak-pak et une mitrailleuse de 20 et leurs servants sont anéantis par le "Fort de Vaux".
L'Infanterie, très éprouvée, mais très appuyée par les chars, pénètre dans le village. Le char "France" est touché par un automoteur et flambe.
Le nettoyage se poursuit rapidement. Cinquante prisonniers restent entre les mains de l'Infanterie.
L'Artillerie ennemie réagît énergiquement avec des 150 contre le Peloton Montalembert qui, à l'Est du village, a monté une petite opération pour s'emparer d'une pièce de 88, qui est détruite rapidement.
Vers 18 heures 30, le Détachement pousse sur Waldprechweier avec deux Compagnies du 1/23e et le Peloton Montalembert. L'ennemi désemparé, ne réagit que faiblement.
A la tombée de la nuit, le 3/5e rallie Volkersbach pour se ravitailler.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C.: Burbach ;
1/5e R.C.A. : Mittelberg ;
2/5e R.C.A. : Herrenalb ;
3/5e R.C.A. : Volkersbach ;
4/5e R.C.A. : Volkersbach.
Pertes de la journée :
Personnel : un Officier blessé : Lieutenant d'Aram ; deux tués ; neuf blessés.
Matériel : deux chars moyens détruits ; un char léger détruit : "Bourgogne" ; un half-track ; une jeep.
Pertes ennemies :
Personnel : 150 prisonniers ; 80 tués.
Matériel : deux canons de 88 ; cinq canons de 75 P.A.K. 40 ; six mitrailleuses de 20 ; un autocar.

11 Avril 1945
Situation : En fin de journée, le 10 avril, la ligne suivante est atteinte de l'Ouest à l'Est :
Waldsprechweier, Freiolsheim, Bernbach, Herrenalb, Dobel, Neunburg.
L'ennemi continue à opposer une résistance opiniâtre.
Mission du C.C. 2 . Déborder les résistances du massif de Michelbach par le Sud en atteignent d'un premier bond la Murg à Gernsbach.
Dans un deuxième temps, se porter au débouché Ouest de la Forêt Noire en vue de déborder les résistances de Rastatt.
Intention : Atteindre la Murg d'une part sur l'axe Herrenalb - Gernsbach, d'autre part sur l'axe Moosbronn - Michelbach - Gagguenau.
Articulation du Régiment :
A) A la disposition de la 9e D.I.C. : Groupement Chéry.
B) Aux ordres du Lieutenant-Colonel, Commandant le 5e Chasseurs, avec pour mission d'atteindre la Murg entre Gernsbach et Gagguenau :
Le 5e Chasseurs, moins un Escadron, le 1er B.Z.P., moins une Compagnie, le III/68e et le 2e Tabor.
1) Groupement Menditte : Mêmes moyens que le 10 avril. Déboucher d'Herrenalb et se porter sur Gernsbach. S'efforcer de mettre la main sur un des ponts.
En cas de réussite, pousser sur Baden-Baden, soit par Stautffenberg, soit par Müllenbach.
2) Groupement Dumesnil : Poursuivre son action sur Michelbach, puis Gagguenau.
3) Groupement Berthet : En réserve à Mittelberg, initialement avec le 1/5e R.C.A. et le Peloton Hervouet.
I) GROUPEMENT CHERY
A 8 heures 30, le 3/5e, la 3e Compagnie du 1er B.Z.P. et une Section du Génie sont arrivés à Waldprechweier, en liaison avec le 1/23e R.I.C.
Le Détachement doit successivement s'emparer de Ober et Unterweier, de Bischweier et de Kuppenheim.
Progressant à l'Ouest de la route Waldprechweier - Oberweier, le 3/5e se porte sur Oberweier. Le village est rapidement nettoyé.
Un 75 P.A.K. 40, intact, est capturé.
Un autre 75 P.A.K. 40 a le temps de toucher le "Malakoff Il", qui est percé à la tourelle. Quelques secondes après le "Marne Il " est touché à son tour. Les. possibilités de manœuvres sont réduites. Le terrain se présente couvert de verglas touffus, où les chars voient très mal. Le Chef de char et trois membres de l'équipage sont tués. L'Escadron avec l'Infanterie capturent environ cent prisonniers.
La progression continue immédiatement sur Bischweier, qui est pris sans réaction, l'ennemi ayant évacué le village.
Le char "Marengo II" en surveillance à la sortie Est, est néanmoins atteint par un coup de 88, qui met hors d'usage son canon et blesse le tireur. Le Maréchal des Logis-Chef Lambret détruit rapidement l'arme antichars ;
Le pont de Kuppenheim est d'objectif principal, et le Détachement doit s'en emparer avant que l'ennemi ne le fasse sauter. .
Les Pelotons Claverie et Montalembert poussent rapidement vers la station de Kuppenheim, qu'ils nettoient avec l'aide d'une Section de coloniaux, bientôt renforcée d'une Compagnie.
Le Pont est sous le feu des chars, mais l'Infanterie est prise à partie par de nombreuses armes automatiques. Le Peloton Claverie s'avance au plus près et les neutralise. Les premiers fantassins passent, suivis très rapidement des deux Pelotons de chars.
La Section du Génie, qui a suivi immédiatement derrière les chars, désarme le système de mise à feu, sous un violent bombardement d'Artillerie et sous les tirs ajustés de mitrailleuses de 20, qui seront réduites un peu plus tard par le 3e Peloton, venu prendre position à la station.
Les Elémenîs du 1/23e passent rapidement le pont et terminent le nettoyage de Kuppenheim à la nuit sous la protection des deux Pelotons.
L'Escadron rallie vers 21 heures Bischweier pour y faire les pleins.
2) GROUPEMENT MENDITTE
Le Groupement a pour mission de s'emparer de Gernsbach. Le Détachement la Lance progressera sur l'axe flanc-gardé par un Tabor réduit à deux goums, qui progresseront par les Crêtes en nettoyant les bois de part et d'autre de la route.
A 9 heures 30, le col est atteint sans réaction de l'ennemi.
A 10 heures, les goums atteignent respectivement les crêtes 670 et 678. A 10 heures 15, l'Elément de tête des chars est arrêté dans la descente sur Löffenau par de gros abattis, battus par le feu ennemi.
Un char est détruit par un automoteur.
De leur côté, les goumiers rencontrent au Sud de 678 des résistances qui retardent leur progression.
La liaison avec les goums est difficile, car leurs postes radio fonctionnent mal dans les bois. Il en résulte un retard considérable dans le déclenchement de l'opération de débordement du village de Löffenau.
Dans ces conditions, le Lieutenant-Colonel, Comnmandant le 5e Chasseurs, y obtient qu'un bataillon du 23e R.I.C. soit mis immédiatement sa disposition pour enlever Löffenau. Le Bataillon est ensuite poussé au col. Le Chef d'Escadrons de Menditte le prend sous ses ordres.
A 14 heures 10, le Détachement la Lance, ayant déblayé les abattis, reprend sa progression, mais il est arrêté par un second barrage battu par un automoteur, qui met en flammes un deuxième char.
Un automoteur ennemi est détruit par les chars, un deuxième est mis en flammes en coopération avec l'Artillerie. Deux canons dé 75 P.A.K. sont également détruits.
La manœuvre des goums se développe lentement, mais favorablement. A 17 heures, leurs premiers Eléments pénètrent dans le village.
Le dernier barrage est enlevé et les chars peuvent pénétrer dans le village à 18 heures.
La situation est la suivante :
A notre droite : Gagguenau et Offenau sont atteints.
A Löffenau, les goumiers sont à bout de souffle et resteront sur place. Le Bataillon du 23e R.I.C., qui poussait dans notre sillage, a une Compagnie à Löffenau. Le reste du Bataillon articule au Col de la route d'Herrenalb.
Dans ces conditions, le Commandant du Groupement reçoit l'ordre de continuer à pousser.
Gernsbach sera attaqué directement par le Capitaine de la Lance, disposant de :
- deux Pelotons de chars ;
- la Compagnie Le Huède ;
- ultérieurement d'une Compagnie de Coloniaux. Horden sera attaqué directement par le Capitaine, Commandant la Compagnie de Coloniaux, disposant du Peloton Schreiber.
Les Détachements démarrent immédiatement.
A 19 heures 30, un automoteur se dévoile, mais se replie devant la riposte de nos chars.
A 20 heures 35, le Détachement de droite atteint la route au Sud d'Horden.
A 20 heures 45, le Détachement la Lance pénètre dans Gernsbach, où il est soumis à des tirs d'Artillerie.
A 21 heures ; Horden est atteint. 800 prisonniers ou déportés français sont libérés.
A 22 heures, les deux villages sont nettoyés.
Le pont de Gernsbach est sauté et irréparable avec les moyens propres du C.C.
Les dispositions prises pour la nuit sont les suivantes :
Défense de Gernsbach et de Horden, confiée au Chef de Bataillon, Commandant le 1/23e R.I.C., disposant de son Bataillon, moins une Compagnie en réserve à Löffenau.
Défense de Löffenau à la charge du Tabor.
P.C. du Groupement : Löffenau.
3) GROUPEMENT DUMESNIL
A l'aube le Détachement se porte à Freiolsheim.
Un Peloton, accompagné d'une Compagnie d'Infanterie, doit attaquer à 9 heures Michelbach. Le char de tête, le "Lassalle" , est atteint par une arme antichar 75 P.A.K. 40, qui blesse légèrement le Chef de char et fausse la mitrailleuse de tourelle. De nombreux abattis ralentissent la progression, mais l'Infanterie les contourne et la Section du Génie les enlève rapidement.
Pas de réaction à l'entrée du village, qui est vite nettoyé par le Peloton Fleury, que rejoint le Peloton Goumand vers 13 heures. Vers 16 heures la progression reprend sur Gagguenau à peine défendu.
Les deux Pelotons et deux Compagnies d'Infanterie y pénètrent rapidement, faisant quelques prisonniers et tuant de nombreux Eléments qui se replient.
En fin de journée, le 4/5e R.C.A., laissant à l'Infanterie l'occupation du village, rallie Michelbach pour s'y ravitailler.
Le Colonel décide d'utiliser le Groupement Berthet pour s'emparer de Sulzbach dès que le 4/5e R.C.A. aura pris Michelbach avec mission de pousser sur Offenau, en vue de s'emparer d'un pont sur la Murg et d'établir la liaison entre le 4/5e R.C.A. à Gaggenau et le Groupement Menditte à Gernsbach.
A 10 heures 30, Michelbach étant pris, le Détachement part et prend liaison avec le 4/5e, qui vient d'occuper ce village.
A 14 heures, le village de Sulzbach est occupé. La progression a été très lente, le terrain étant très escarpé et les possibilités de manœuvres réduites.
A Sulzbach, le Groupement Berthet retrouve le 3e Goum du Tabor qui, partant de Moosbronn, s'est porté par les crêtes directement sur le village où il arrive un peu après les chars. Les dispositions sont prises immédiatement pour l'attaque d'Offenau, qui sera liée à celle de Gagguenau.
La manœuvre s'effectuera par les hauteurs et les bois pour éviter la route encaissée, qui suit la vallée.
A 17 heures seulement, l'attaque démarre, le Détachement de droite ayant été retardé par des difficultés de terrain.
Les Pelotons progressent jusqu'à la lisière des bois, qui dominent la vallée de la Murg. De nombreuses armes antichars repérées dans la vallée sont prises à partie par les T.D.
L'attaque du village est rapidement menée. Le pont intact est franchi. Mais sur l'autre rive de nombreux Eléments ennemis à pied s'accrochent.
Le Peloton Cabrol les attaque jusqu'à la tombée de la nuit. Il reste avec une Section d'Infanterie pour assurer la garde de la tête de pont.
Le reste du Détachement passe la nuit à Sulzbach. .
Articulation en fin de journée
P.C. : Michelbach ;
2/5e R.C.A. : Löffenau ;
3/5e R.C.A. : Bischweier ;
1/5e R.C.A. : moins un peloton : Sulzbach ;
4/5e R.C.A. : Michelbach.
Pertes de la journée :
Personnel : quatre tués, deux blessés.
Matériel : deux chars moyens détruits : "Saint-Malo " et "Saumur" ; trois chars endommagés : "Marne", "Malakoff", "Lassalle".
Pertes ennemies :
Matériel : deux chars, cinq canons de 75 P.A.K., cinq canons de 88 P.A.K., un canon de 75 de campagne.

12 Avril 1945
En fin de journée du 11 avril, la Murg a été atteinte et deux ponts pris intacts. Le 12 au matin, les Groupements, dont la composition ne change pas, ont pour mission de s'emparer de Baden-Baden,
a) Le Groupement Dumesnil, par l'itinéraire : Sulzbach, Sanatorium, Ebersteinburg.
b) Le Groupement Menditte franchira la Murg à Ottenau et se rabattra vers le Sud sur Stauffenberg pour marcher sur Baden-Baden par Mullenbach.
c) Le 1/5e sera maintenu dans la mesure du possible en réserve pour agir au profit de l'un et de l'autre dès Détachements, initialement aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte.
c) Le 3/5e, Capitaine Chéry, avec sa Compagnie et sa Section du Génie, passe aux ordres du Colonel, Commandant le R.I.C.M.
Garde du carrefour : 1 Peloton de mortiers et deux canons de 75 P.A.K., Hervouet ;
- Mühlenbach : Le reste du Peloton Hervouet, une partie des goums ; l'autre partie restant sur place dans les bois ;
- Au col 381 : P.C. du Groupement, Détachement Berthet.
c) Le Détachement Berthet a pour mission initiale de garder les deux carrefours de la route Gernsbach - Baden-Baden dès que le Groupement Menditte les aura atteint.
Seul le premier est occupé par le Peloton Petiet et le Peloton de 57 , le Détachement la Lance étant arrêté au deuxième carrefour.
a) GROUPEMENT DUMESNIL
Le Groupemenî quitte Michelbach à 7 heures 30 pour gagner Gagguenau, d'où doit démarrer l'attaque en direction de Baden-Baden.
La progression se fait rapidement, l'ennemi ne se défendrait pas à Baden-Baden d'après les renseignements des prisonniers. Sulzbach est atteint, puis Ebersteinburg sans aucune réaction. Baden-Baden est atteint également sans réaction. Le Détachement poursuit sa progression dans la ville.
Des Eléments de la Gestapo et quelques S.S. fanatiques essaient de résister dans un immeuble. Les chars prennent à partie au 75 cette résistance, qui est très vite réglée.
Une deuxième résistance est signalée au Casino, organisée par quelques S.S., armés de bazookas. Comme la précédente, elle est vite réduite par quelques coups de canon.
Le Détachement poursuit toujours sa progression avec un Peloton et la Compagnie Puig pour effectuer la liaison avec le Détachement Menditte, qui est complètement bloqué devant Mühlenbach. D'après des renseignements de prisonniers, plusieurs armes anti-chars sont en batterie à la sortie Sud-Est de Baden-Baden près du carrefour de Beueirn.
Successivement, trois 75 P.A.K. 40 seront détruits grâce à la coopération étroite entre fantassins et chars. En particulier, la dernière placée au carrefour même de Beueirn, a été difficile à réduire, des barricades interdisant le passage des chars et la nuit commençant à tomber. Vers 23 heures, à la nuit noire, le Détachement établit la liaison avec le Détachement Menditte par patrouille à pied.
Les chars rejoignent le centre de Baden-Baden pour la nuit.
b) GROUPEMENT MENDITTE .
Le Groupement Menditte est renforcé du Détachement Berthet et de deux goums du Tabor, mis à la disposition du Lieutenant-Colonel de Beaufort.
En exécution d'ordres radio, le Groupement ayant la même composition, reçoit mission de pousser sur Baden-Baden par la route Sud (Mühlenbach). Le Détachement blindé sera flanc-gardé sur les crêtes par des goums.
Le pont de Gernsbach est sauté, mais le pont d'Horden est intact et de mauvais chemins permettent de rejoindre la grande route.
A 9 heures 35, le Détachement la Lance franchit le pont et entame la progression. A 1800 mètres au-delà de Gernsbach des abattis retardent la progression.
Un itinéraire Sud est reconnu impraticable.
La progression reprend à 11 heures et au Col, un Chef de Bataillon, un Capitaine et quelques Allemands sont faits prisonniers.
A 11 heures 35, les goums ont atteint respectivement les cotes 413 et 419.
A 11 heures 50, le Peloton de tète, qui débouche de Mühlenbach est pris à partie par des canons de 88 bien embossés au Sud du carrefour et soutenus par une Infanterie mordante, renforcée de canons de 20.
Un char en flammes.
Le Détachement la Lance engagé dans un vallon extrêmement profond et étroit, ne peut manœuvrer.
Il faut attendre que les goums, progressant par les crêtes, débordent la résistance.
Cette manœuvre ne peut aboutir, car les goumiers sont arrêtés par les feux de la défense et ne peuvent descendre dans la vallée. Un Peloton du goum de gauche, qui s'est avancé jusqu'aux premières maisons du carrefour, est sévèrement accroché.
Compte rendu est fait de la situation au Colonel, qui décide que la résistance de Mühlenbach sera manœuvrée par un Détachement venant de Baden-Baden et composé d'un Peloton de chars et de la Compagnie Puig.
Ce Détachement démarre à 15 heures 30, mais pour parvenir au terme de sa mission il devra nettoyer les faubourgs Sud-Est de la ville. Le char de tête sera tiré sept fois au bazooka pendant cette opération.
A 21 heures 50, les chars du 4e Escadron sont stoppés. Une patrouille à pied ira chercher la liaison au carrefour, que le Détachement de la Lance vient d'occuper.
La liaison est prise à 22 heures. Après avoir fait sauter le barrage de rails ; le Détachement de la Lance va stationner à Baden-Baden, où il arrive à 1 heure 30.
Aussi le Détachement reçoit-il l'ordre suivant :
Dès que le carrefour de la route de Forbach sera libre, pousser avec le Détachement sur Forbach en vue de s'emparer au plus vite de l'usine électrique, qui alimente toute la région.
Le Capitaine Berthet regroupe son Détachement au col, mais la mission sur Forbach est reportée au lendemain, le carrefour n'étant conquis qu'à la nuit.
d) DETACHEMENT CHERY
A attaqué avec le R.I.C.M. Moos qui a été nettoyé à 12 heures 30, puis arrive à Baden-Baden où la liaison est faite avec le 4/5e R.C.A., à 14 heures.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Baden-Baden ;
1/5e R.C.A. : Baden-Baden ;
2/5e R.C.A. : sur place au carre four du Mühlenbach ;
3/5e R.C.A. : Baden-Baden ;
4/5e R.C.A. : Baden-Baden.
Pertes de la journée :
Personnel : quatre tués.
Matériel : un char détruit : "Verdun".
Pertes infligées à l'ennemi :
Deux 88, quatre 75 P.A.K. 40, 50 tués, 200 prisonniers.

13 Avril 1945
Nuit calme, quelques prisonniers sont faits au carrefour.
Quelques tireurs isolés tiennent encore les crêtes et causent quelques pertes.
Une opération de nettoyage est montée par un goum qui en fin de mission occupera la crête 500 mètres Sud du carrefour.
En fin de matinée, des Eléments du 9e Zouaves viennent occuper le carrefour et relever le Détachement qui rejoint Baden-Baden.
a) DETACHEMENT MENDITTE
b) 3/5e et 4/5e R.C.A. : Repos à Baden-Baden.
c) 1/5e R.C.A. : Suivant les ordres reçus la veille le Détachement est prêt à partir en direction de Forbach.
Cette mission est annulée dans le courant de la matinée et à 16 heures, le Détachement rejoint Baden-Baden.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. et les quatre Escadrons à Baden-Baden.
Pertes de la journée :
Deux blessés.
En fin de journée du 13 avril, la situation est la suivante :
I. - La mission incombant au C.C. 2 est de traverser du Nord au Sud le massif de la Forêt Noire pour mettre la main sur Freudenstadt et la rocade Kehl - Freudenstadt.
A l'Ouest nos Eléments de D.I.C. et C.C ) dévaleront le long de la vallée du Rhin pour tenter de s'emparer de Kehl, puis se rabattre face à l'Est, doivent prendre Oberkirch.
A l'Est, le C.C. 4 couvre le C.C.2 en progressant de la direction de Pforzheim vers Freudenstadt.
II. - L'intention du C.C. 2 est de traverser le massif montagneux :
- d'une part en empruntant la route de la vallée de la Murg ;
- d'autre part, en faisant effort par les crêtes entre Murg et la plaine de Bade pour être en mesure, soit d'aider les Eléments de la vallée de la Murg à progresser, soit de se relier aux Eléments de la plaine de Bade.
III. - A cet effet, le C.C. 2 renforcé du 9e Zouaves et du 2e G.T.M. s'articulera en quatre Groupements :
Groupement N° 1, aux ordres du Colonel, Commandant le 9e Zouaves, et comprenant :
- E.M. du 9e Zouaves ;
- un Bataillon du 9e Zouaves ;
- un Peloton de reconnaissance ;
- un Escadron de chars moyens ;
- une Compagnie du 1er Zouaves ;
- une Batterie d'Artillerie ;
- une Section du Génie, qui progressera par la vallée de la Murg.
Groupement N° 2, aux ordres du Lieutenant-Colonel de Beaufort, de la composition analogue au Groupement N° 1 qui progressera par les crêtes et qui cherchera constamment à aider le Groupement N° 2, par des interventions par l'Est et à se lier aux Eléments de la plaine de Bade en envoyant des coups de sonde sur les rocades d'Est en Ouest.
Groupement N° 3 : A base de Tabors, qui marchera dans le sillage des Groupements N° 1 et N° 2 pour nettoyer les arrières et assurer leur sécurité.
Groupement N° 4, comprenant le reliquat du 9e Zouaves et du 5e R.C.A., les T.D., le reliquat du 1er Zouaves et de l'artillerie, axé plus spécialement vers la route des crêtes et qui se tiendra prêt à être utilisé au profit du Groupement N° 1 et N° 2.
IV. La poussée générale vers le Sud du C.C. 2 renforcé, ne peut s'effectuer le 14 avril, en raison de la fatigue du personnel et de la remise en état du matériel. Elle est envisagée pour le 15 avril au lever du jour.
D'ici là, il est indispensable de dégager Baden-Baden et de se donner de l'air afin de disposer de l'espace nécessaire vers le Sud, pour mettre en place un dispositif suffisamment étoffé et cohérent en vue de la poursuite du mouvement.
Des opérations préliminaires auront lieu le 14 avril.
La première aura pour but, dès le 14 avril, de rendre libre la route LichtentaI - Geroldsau et de maîtriser les carrefours de Geroldsau et de Waldschbach.
La seconde vise à s'emparer du col 690 s'il n'est pas tombé d'ici-là.
En définitive, l'ordre suivant est donné pour la journée du 14 avril :
I. - Sur l'ensemble du front plaine de Bade, Forêt Noire, la situation évolue très favorablement.
Sans qu'il soit possible de préciser à l'heure où cet ordre est écrit, quelle sera la situation en fin de journée, on peut admettre qu'à l'Ouest d'Achern, déjà atteint, sera largement dépassé et qu'à l'Est Forbach sera atteint.
Au Sud de Baden-Baden, nos Eléments sont en train de mettre la main sur les carrefours de Geroldsau et de Malschbach.
Des ordres particuliers seront donnés dans la journée en vue de profiter de toute occasion favorable pour gagner du terrain vers le Sud, avant le déclenchement de la poussée générale en direction de la rocade de Freudenstadt.
Notamment, il est possible que dès que Forbach sera atteint par le Détachement Navarre, un Détachement du C.C. 2 soit poussé sur le barrage de Staubecken en vue d'empêcher l'ennemi de le détruire et que la poussée se continue sur les carrefours de Kurhs, si le Groupement Geliot parvient à s'emparer du carrefour 352.
II. Mission du C.C. 2 :
Renforcé du 9e Zouaves et du 2e G.T.M., s'emparer de Freudenstadt et de la rocade Freudenstadt - Oppenau.
III. - Intentions :
Pousser très rapidement vers le Sud en faisant effort par la ligne de crêtes.
Profiter de l'avance rapide dans la plaine de Bade pour déborder par l'Ouest les résistances qui pourraient s'opposer à la progression sur les crêtes.
Mettre la main au plus tôt sur le barrage de Staubecken et en assurer la garde en permanence.
S'emparer de Freudenstadt, soit par une action convergente venant, de la vallée de la Murg, soit par une poussée, venant des crêtes si les Eléments de la vallée sont bloqués. En tout état de cause, se couvrir à l'Ouest et au Sud-Ouest en maîtrisant les carrefours de Kniebis et d'Oppennau.
Rechercher la liaison avec Oberkirch, avec les Eléments de la plaine de Bade.
IV. - Dispositif et missions :
GROUPEMENT N° 1
Sous les ordres du Colonel, Commandant le 9e Zouaves, comprenant :
- E.M
- Eléments régimentaires ;
- deux Bataillons du 9e Zouaves ;
- un Peloton de reconnaissance du 3e R.C.A.;
- un Peloton de chars légers ;
- un Peloton de T.D, ;
- une Batterie d'Artillerie du II/68e R.A.A. ;
- une Section du Génie de la 2/88e renforcé de moyens de pontage ;
- une Section du Génie de la 9e D.I.C.
Mission : Progresser rapidement en direction de Freudenstadt par la vallée de la Murg, en se couvrant sur la gauche, notamment à partir de Nuzenbach.
Dans un premier temps, atteindre Raumtenzach par la vallée de la Murg et par la route à l'Ouest (col 690). Mettre la main si ce n'est déjà fait, sur le barrage de Staubecken. En assurer la garde avec l'effectif d'une Compagnie.
Dans un deuxième temps, pousser sur Schommunzach, en maîtrisant les carrefours de Raumunzach et de Schommunzach jusqu'à relève par des Eléments du 2e G.T.M. S'éclairer en direction de l'Ouest en vue de rechercher la liaison avec le Groupement N° 2.
Dans un troisième temps, se couvrant face à l'Est sur Besenfeld, Igelsberg et Untermusbach, pousser résolument sur Freudenstadt. Reconnaître les abords de la ville. Si elle est faiblement tenue, tacher de s'en emparer. Si au contraire elle est solidement défendue, garder le contact et attendre l'arrivée de renforts pour passer à l'attaque.
L'attention du Colonel, Commandant le Groupement N° 3, est spécialement attirée sur le fait que si l'ennemi fait sauter le barrage de Staubecken, les eaux de la Murg monteront brusquement de 6 à 7 mètres et tout le fond de la vallée sera inondé.
Afin d'éviter des catastrophes, il prescrira à ses Commandants d'Unités de repérer, en cours de mouvement des voies de garages (chemins etc.) à flanc de coteau, où ils pourront garer leur Unité en cas de danger.
GROUPEMENT N° 2
Sous les ordres du Lieutenant-Colonel de Beaufort, Commandant le 5e R.C.A.
- E.M., Eléments régimentaires du 5e R.C.A. ;
- Bataillon du 1er Zouaves, renforcé de la Section de mitrailleuses F.T.A. ;
- Escadron de reconnaissance du 3e R.C.A., moins un Peloton ;
- trois Escadrons de chars moyens du 5e R.C.A.;
- une Batterie d'Artillerie du III/68e R.A.A. ;
- une Section du Génie.
Mission : Déboucher des carrefours de Geroldsau et de Malsbach en direction du Sud en se couvrant sur sa droite et en recherchant, si possible, la liaison avec le C.C. 3.
Mettre la main, dans un premier temps sur l'ensemble des carrefours de Kurs et s'efforcer en se rabattant face à l'Est de mettre la main sur le barrage. Dans un deuxième temps, s'emparer de l'ensemble des carrefours de Hornisgrinde.
Rechercher au cours de ces deux temps, la liaison avec le Groupement N° 2 sur les rocades Kurs - Sand - barrage Staubecken, Binseck - Raumunzach - Eckle - Rinten - Schänmunzach.
Conserver l'intégrité de ces carrefours jusqu'à relève par des Eléments du 2e G.T.M.
Etre prêt, une fois les carrefours du deuxième temps atteints, et sur ordre du Commandant du C.C. 2, soit à foncer avec tout le Groupement sur Freudenstadt, dans le cas où il gagnerait de vitesse le Détachement N° 2, soit à se porter sur la rocade Oppenau - Kniebis, ces points largement inclus, pour la maîtriser.
Dans le cas où le Groupement N° 2 serait dirigé sur Freudenstadt, le Groupement de réserve prendrait à sa charge l'action sur Oppenau et Kniebis.
GROUPEMENT N° 3
Aux ordres du Colonel, Commandant le 2e G.T.M., disposant de la totalité de ses Unités.
Mission : Au fur et à mesure de la progression des Groupements 1 et 2, d'une part nettoyer le cône Ouest de l'axe du Groupement N°2 et d'autre part, la Région montagneuse et boisée qui sépare les Groupements 1 et 2 et notamment maintenir la sécurité des rocades.
Relever les Eléments des Groupements 1 et 2, laissés à la garde des carrefours et maintenir cette garde jusqu'à nouvel ordre.
Franchir la transversale de Baden-Baden, le 13 avril, après-midi, dès que les Groupements 1 et 2 auront suffisamment progressé.
GROUPEMENT N° 4
Réserve de C.C. 2, aux ordres du Commandant du 9e Zouaves, disposant de :
- un Escadron de chars légers du 5e R.C.A., moins un Peloton ;
- un Escadron de T.D., moins un Peloton ;
- un Bataillon du 9e Zouaves ;
la Compagnie 1/88e Génie, moins deux Sections.
Ce Groupement, après le départ du Groupement N° 2, se portera dans la Région des carrefours Geroldsau et Malschbach où il restera jusqu'à nouvel ordre.

14 Avril 1945
Le 14 avril, en vue d'assurer une meilleure défense de Baden-Baden et d'être en mesure de parer à toute contre-attaque, une opération est montée en vue d'atteindre les carrefours de Geroldsau et de Malschbach.
a) GROUPEMENT DE MENDITTE
A 11 heures 30, conformément aux ordres verbaux, donnés par le Colonel, Commandant le 5e R.C.A., un Groupement, composé du 1/5e R.C.A. de la 1ère Compagnie de Zouaves et d'une Section du Génie, a pour mission de s'emparer de Kurhaus - Sand, cependant que le Détachement Dumesnil est chargé de s'emparer de Kurhaus - Barenstein en passant par Bilihier.
A 13 heures 15, départ du Groupement sur Geroldsau.
A 15 heures, la marche du Détachement de tête est retardée par des abattis légers et la nécessité de tâter les différents itinéraires pour s'assurer de leur viabilité.
Le Peloton Schreiber, qui est passé par Maischbach, est arrêté sur la grande route par des abattis. Il doit faire demi-tour.
Le carrefour, deux kilomètres Sud de Maischbach est atteint à 16 heures.
A 16 heures 15, le Peloton de tête se trouve en présence d'abattis considérables, des arbres de grande taille ont été abattus au travers de la route.
Le Génie commence immédiatement le travail.
A 17 heures 35, les patrouilles d'Infanterie signaient que l'ennemi fait des abattis sur la route plus au Sud. Un tir de fusant est demandé à l'Artillerie pour gêner les travailleurs.
A 18 heures 10, une patrouille mixte envoyée par la vallée du Grosbach signale au carrefour 500 mètres Sud-Est de 748 un canon antichars, protégé par des canons de 20 mm.
Le Colonel met la Compagnie Puig à la disposition du Groupement.
Une opération d'Infanterie est montée pour réduire cette résistance la Compagnie le Huède manœuvrera par les crêtes à l'Ouest de la route, la Compagnie Puig utilisera le cheminement du Grosbadh.
Cette opération est précédée d'un sérieux bombardement d'Artillerie.
Les Compagnies démarrent à 19 heures.
A 20 heures, la Compagnie le Huède est arrêtée par des snipers ennemis au nombre d'une quarantaine. Ils sont traités au mortier et se dispersent.
A 21 heures, les abattis sont enlevés et les chars reprennent leur progression. Ils sont de nouveaux arrêtés par des abattis, dont le déblaiement sera effectué au cours de la nuit par le Génie.
A 21 heures 30, la Compagnie Puig a atteint le carrefour où était signalé la défense antichars. Celle-ci s'est repliée.
La Compagnie stationne sur place.
La Compagnie le Huède, qui s'est rabattue sur la route, repère une très grosse barricade piégée, au tournant de la route, à hauteur de 736. En arrivant sur une nouvelle barricade, située à 200 mètres de Kurshaus, elle se heurte à une vigoureuse résistance ennemie à base d'armes d'Infanterie. Sur ordre, la Compagnie décroche et revient stationner pour la nuit 1 kilomètre 500 plus au Nord à hauteur de la barricade en cours de déblaiement.
Un Peloton de chars et un demi peloton de choc, stationnent également sur place.
Les deux autres Pelotons. de chars ont été ramenés à Baden-Baden.
b) 3/5e R.C.A. : Baden-Baden, où il remet son matériel en état.
c) 4/5e R.C.A. Est alerté à 12 heures 30, avec mission de s'emparer de Bilhlertal avec l'aide d'une Compagnie d'Infanterie.
De nombreux abattis gênent la progression, le Capitaine Dumesnil décide de passer dans les bois et de surprendre la défense du village qui est solidement tenu.
Complètement surpris, l'ennemi désemparé laisse une arme antichars et 100 prisonniers entre nos mains.
Le détachement stationne à Bülhlertal pour la nuit.
d) 1/5e R.C.A. : Un Peloton du 1/5e R.C.A. est mis à la disposition du 1er Bataillon du 9e Zouaves pour monter une opération sur le barrage de Staubecken.
Le reste de l'Escadron entre dans la constitution d'un Groupement de réserve aux ordres, du Commandant du II/9e Zouaves.
Le Peloton Petiet parti du carrefour de Milhlenbach est arrêté à 690 par de grosses destructions infranchissables.
Il reçoit l'ordre de faire le tour par Gernsbach et la vallée de la Murg. Après de grosses difficultés de terrain et de nombreuses destructions, le Peloton arrive à Forbach où le Capitaine, Commandant le Bataillon, devant opérer sur le barrage, lui donne les ordres pour le lendemain, 7 heures 30.
P.C. : Baden-Baden ;
1/5e R.C.A. : Baden-Baden, moins un Peloton : Forbach
2/5e R.C.A. : Baden-Baden, moins un Peloton ;
3/5e R.C.A. : Baden-Baden ;
4/5e R.C.A. : Bühlerthal.
Pertes de la journée :
Un Officier blessé : Lieutenant Pinoteau.

15 Avril 1945
En fin de matinée, le 15 avril, le C.C. 2 a pour mission de se porter par tous les itinéraires possibles sur Freudenstadt en vue de s'en emparer.
DISPOSITIF ET MISSIONS
a) GROUPEMENT BEAUFORT
- E.M. du 5e R.C.A. et deux Escadrons de chars moyens (2/5e et 5e R.C.A.) ;
- le 1er B.Z.P. ;
- un Bataillon du 23e R.I.C. ;
- le III/68e, moins une batterie ;
- le 1/3e R.C.A., moins un Peloton ;
- le 1/8e Génie, moins une Section.
Mission : S'emparer du carrefour des Kurhs et contrôler les rocades se dirigeant vers Baumumch. Pousser sur Hornisgrinde et en maîtriser les carrefours, puis sur Freudenstadt.
b) GROUPEMENT LANDOUZY
- E.M. du 23e R.I.C. ;
- deux Bataillons du 23e R.I.C.
- 3/5e R.C.A.
Mission : Maîtriser la rocade Oberkirch - Oppenau - Freudenstadt en s'emparant d'abord d'Oberkirch et en poussant ensuite sur Freudenstadt.
c) GROUPEMENT RESERVE
1/5e R.C.A. aux ordres du Capitaine Berthet, stationnera initialement à Baden-Baden, ultérieurement à Blihl.
Articulation du Groupement Beaufort
a) Un Sous-Groupement aux ordres du Chef d'Escadrons de Menditte :
- 2/5e R.C.A. ;
- 1/1er B.Z.P. ;
- 47e Goums.
Mission : S'emparer de Kurhs.
La nuit a été calme, sauf pour la Compagnie Puig, qui est tâtée vigoureusement à 5 heures du matin. L'ennemi se retire en laissant un blessé grave sur le terrain.
Le 47e Goums, Capitaine Guérin, est mis à la disposition du Sous-Groupement. Ordre lui est donné de pousser sur les crêtes Ouest de la route. Objectif le Kurhaus-Sand.
A 8 heures 00, le bulldozer de la Compagnie du Génie s'attaque à la grosse barricade.
A 9 heures, le Goum débouche et commence sa progression.
A 10 heures, il s'empare du Kurhaus, fait deux prisonniers.
A 10 heures 40, il prend la liaison avec la Compagnie Puig, qui reçoit l'ordre de se regrouper à ses véhicules.
A 11 heures 30, la grosse barricade est enlevée.
Les Eléments de tête se portent jusqu'à là barricade, établie en avant de Kurhs. Celle-ci est très importante une quarantaine d'arbres enchevêtres, piégés et précédée d'une dizaine de mines antichars.
A 15 heures, le Goum atteint le Sanatorium Bilhlerhbhe.
Il fait des prisonniers, dont un Général et plusieurs Officiers et hommes en traitement.
A 16 heures, le long travail entrepris par le bulldozer est achevé. Le Détachement se porte à la barricade suivante, située à un kilomètre au-delà de Kurhs.
Une estafette à cheval vient rendre compte que le Goum a été sérieusement accroché à 300 mètres au Nord de Kurhs -Sand par une forte résistance d'Infanterie appuyée par l'Artillerie. Le Goum, un peu éprouvé, s'est replié sur le Sanatorium.
Le Bataillon 1/9e Zouaves, est mis à la disposition du Groupement Beaufort, qui, le fait pousser par tous les moyens disponibles sur le Sanatorium afin d'attaquer Kurhaus dès le soir.
A 17 heures 15, le Chef de Bataillon Merclat, Commandant le 1/9e Zouaves, rejoint le Commandant du Sous-Groupement et lui rend compte. que son Unité, dont une partie a été transportée par les camions des 57, ne seront pas regroupes avant 18 heures 30.
Avec les délais de mise en place, une opération offensive ne peut être envisagée pour ce soir. Elle est remise au lendemain, mais tous les détails de l'opération sont arrêtés avec le Chef de Bataillon et l'observateur avancé d'Artillerie réunis au Sanatorium.
En attendant, les dispositions suivantes sont prises pour la nuit :
Point d'appui d'Obern : une Compagnie de Zouaves, Eléments de la C.A.
Point d'appui : une Compagnie de Zouaves, Eléments de la C.A.
En réserve au Sanatorium : une Compagnie de Zouaves et le 47e Goums.
Tirs d'arrêt rapprochés en avant et sur les flancs de la position.
Le 2e Escadron et la Compagnie le Huède, stationnent au Sanatorium Bliblerhdhe
Pertes : néant.
b) Un deuxième Sous-Groupement, aux ordres du Commandant Gelliot, Commandant le 1er Bataillon de Zouaves :
- deux Compagnies ;
- la C.A.
- le 4/5e R.C.A.
Mission : S'emparer en partant de Bliblertal du carrefour des Kurhs. La route est coupée à proximité du carrefour et il est absolument impossible de déborder.
Le Détachement stationne à Bliblertal.
c) Groupement réservé :
1/5e R.C.A. est en réserve de C.C. à Baden-Baden ;
- un Peloton, le Peloton Petiet, est à la disposition du 9e Zouaves.
Ce Peloton, après beaucoup de difficultés de terrain sur l'axe Forbach - Raumunzacb, rejoint Forbach à 19 heures, mission terminée. Dès que les pleins seront faits à Forbach, il rejoindra le 1/5e à Baden-Baden à 22 heures 15.
d) Le 3/5e R.C.A., mis à la disposition du Colonel Landouzy, reçoit l'ordre de se porter à Schadelhofen par Bliblachern.
Mission : Attaquer Oberkirch avec la troisième Compagnie du 23e R.I.C. L'attaque est déclenchée à 17 heures 30.
- deux Pelotons de marche, d'Aram et Montalembert ; une Section d'Infanterie montée sur les chars ;
- une Section d'Infanterie à pied.
Des tirs d'armes automatiques venant de Thiergarten ne ralentissent pas la progression des chars, mais à 100 mètres de la piste Walphag - Oberkirch, l'ennemi prend à partie les chars avec ses canons de 75 P.A.K. 40. "Auerstadt " est percé et flambe. L'ennemi déclenche en même temps un violent barrage d'armes automatiques, de mortiers et d'Artillerie. La visibilité est très réduite.
Les chars en particulier ne voient pas à 50 mètres et peuvent difficilement neutraliser les armes qui gênent la progression de l'Infanterie.
Ils s'avancent aveugles proie facile pour les 75 P.A.K. 40 bien camouflés au pied des arbres.
Un ruisseau oblige les chars à emprunter un ponteau à hauteur d'une usine, qui flambe. Entreprise risquée, étant donné l'impossibilité de tout appui de feu réciproque.
L'Aspirant Claverie s'approche du pont et se prépare à le franchir. Il est atteint par un 75 P.A.K. 40 qui met son char en feu.
Toute manœuvre se révèle impossible d'autant plus que l'ennemi déclenche à nouveau de violents tirs de mortiers qui infligent de lourdes pertes à l'Infanterie.
Ordre est donné à 21 heures à l'Infanterie de s'installer sur place et aux chars de rallier Schadelhofen.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Gerolsau ;
1/5e R.C.A. : Baden-Baden ;
2/5e R.C.A. : Sanatorium Bliblerbof ;
3/5e R.C.A. : Schadelhofen ;
4/5e R.C.A. : Bliblertal .
Pertes de la journée :
Personnel : trois tués ; 2 blessés.
Matériel : deux chars détruits : "Auerstadt ", "Valmy ".

16 Avril 1945 :
La mission du Groupement est toujours de s'emparer d'abord des carrefours de Kurhs puis des carrefours de Hornisgrinde.
1. Un Sous-Groupement, composé de :
- 1/9e Zouaves ;
- 2/5e R.C.A.;
- une Compagnie du 18e B.Z.P. ;
- une Section du Génie ;
aux ordres du Commandant de Menditte, attaquera Kurs - Sand en partant du Sanatorium.
Le Bataillon 3/23e R.I.C. attaquera en même temps 884, en partant de la Région de Sickenwald.
Après la prise de Kurs - Sand et de 884, la progression continuera sur Hornisgrinde aux ordres du Commandant de Menditte, qui disposera du :
- 2/5e R.C.A. ;
- 3/23e R.I.C.
- une Section du Génie.
IIe Bataillon 1/9e Zouaves sera laissé au Kurs - Sand.
II. Pendant cette action, un autre Sous-Groupement, aux ordres du Commandant Geliot disposant du :
- 4/5e R.C.A. ;
- 1/1er B.Z.P., moins une Compagnie ;
- une Section du Génie ;
- un Peloton du 1/3e R.C.A. ;
attaquera par le Sud la position de Hornisgrinde en progressant sur l'itinéraire Achern, Kappelrodeck, Ottenbdfen, Seebacb, pour se rabattre ensuite vers le Nord sur les carrefours.
Le Bataillon 3/23e R.I.C. n'est pas arrivé et ne participera pas aux opérations.
Des patrouilles envoyées à 4 heures du matin ont trouvé le carrefour occupé.
L'heure H de l'opération destinée à faire tomber Kurs - Sand est fixée à 8 heures.
Les tirs d'artillerie sont déclenchés à H. A 8 heures, l'Infanterie démarre.
A 8 heures 50, les chars progressant sur l'axe sont arrêtés par une destruction.
A 9 heures 30, l'infanterie atteint le carrefour qui a été évacué par l'ennemi. De gros abatis sur la route de Kurs - Sand - Kurs - Handseck arrêtent les chars. Le bulldozer entre en action, tandis que l'Infanterie, très allante, continue et occupe à 10 heures 10, le carrefour Kurs - Handseck. Une forte reconnaissance est envoyée par les crêtes en direction de Kurs - Hochneck.
A hauteur de 1039, cette reconnaissance se heurte à une vigoureuse résistance à base d'Infanterie, de mitrailleuses lourdes et de canons de 20.
Par ailleurs plusieurs barricades et abattis ont été repérés sur l'axe de marche.
Le Commandant du Groupement décide d'attendre que l'axe soit dégagé pour déclencher une opération qui est montée de la manière suivante :
a) Sur l'axe : Escadron de chars et une Compagnie de Zouaves.
Objectif : Le carrefour 927 puis 830.
b) Par les crêtes à l'Est, de l'axe :
Une Compagnie du 9e Zouaves : base de départ 1039, objectif : la croupe 500 mètres Sud de 927.
c) En réserve : une Compagnie de Zouaves.
d) Les tirs d'Artillerie sont arrêtés comme suit : de H -5 à H : Tir 305 fusant sur le ravin 600 mètres Sud de 1039.
Tir 306 fusant sur le carrefour 830, maintenu sous forme de harcèlement et levé à la demande.
A la levée de 307, tir 308 sur 1140 - 1080, trois minutes, cadence maxima et entretien de 12 minutes.
Tir de protection 309 à la demande sur le Kurs - Breitz.
Les dernières barricades sont enlevées à 16 heures 35 malgré la réaction de l'Artillerie ennemie, appliquée sur la zone des abatis.
Les troupes sont en place. L'heure H est fixée à 17 heures.
A 17 heures 40, les chars sont au carrefour : deux camions sont mis en feu, deux canons de 20 sont détruits, une vingtaine de prisonniers sont capturés.
A 18 heures 15, tout est terminé : le Détachement la Lance reprend sa progression. Un bouchon sérieux (un Peloton de chars, Compagnie le Huède) est laissé vers 830 pour couper la retraite aux Eléments ennemis, attaqués par le Détachement Dumesnil au Kurs-Breite-Brunnen et qui remontent vers nos Eléments.
Le XVe Tabor, en route depuis 5 heures 35, rejoint le Groupement. Il reçoit du Colonel, Commandant le 5e R.C.A., l'ordre de pousser par les crêtes à l'Est de l'axe pour attaquer le Mummelsee.
Les goums fatigués ne peuvent accomplir leur mission avant le lendemain matin.
A 20 heures, la tête du Détachement la Lance se heurte à une grosse barricade à hauteur du grand tournant précédant l'hôtel de Mummelsee. Etant donné l'heure, la décision est prise de ne pas pousser plus avant. Une sécurité au-delà de la barricade est réalisée par la Compagnie de Zouaves. Un Peloton de chars est laissé en soutien. Le Génie travaillera jusqu'à minuit pour terminer le déblaiement.
Les positions acquises seront défendus par le XVe Tabor.
Le 2e Escadron et le 2/18e Zouaves stationnent au Kurs-Handseck. La 1/1er Zouaves est au Sanatorium.
P.C.: Kurs-Sand.
Nuit calme.
Pertes : néant.

SOUS-GROUPEMENT GELIOT
Le Sous-Groupement Geliot avec le 4/5e R.C.A. reçoit l'ordre d'attaquer sur l'axe Achern - Sasbachwalden - carrefour 427.
De nombresux abatis ralentissent la progression et ce n'est qu'à la nuit qu'il atteint l'hôtel Breite-Brunnen, où le Détachement Menditte prend liaison avec lui. Un vif combat livré près de l'hôtel, permet la capture de nombreux prisonniers dont plusieurs Officiers.
Le Groupement stationne pour la nuit sur son objectif.
- 1/5e R.C.A. :
Le 1/5e R.C.A., en réserve de C.C. 2 se porte à Blibl par Geroldsau.
- 3/5e R.C.A :
Le 3/5e R.C.A. quitte Stadelbofen vers 9 heures. et se porte à Thiergarten où il stationne toute la journée, l'attaque prévue sur Oberkirch, étant reportée au lendemain.
Articulation du Régiment en fin de journée :
- P.C. : Kurs-Sand ;
- 1/5e R.C.A. : Blibl ;
- 2/5e R.C.A. : Kurs-Handseck
- 3/5e R.C.A. : Thiergarten
- 4/5e R.C.A. : Kurs-Breite-Brunnen.
Pertes : néant.

17 Avril 1945 :
Mission du Groupement :
S'emparer du carrefour de Hornisgrinde, puis pousser sur Oppenau - Mummelsee est occupé à l'aube, évacué par l'ennemi à 5 heures du matin.
Le mouvement en avant devra s'effectuer après l'occupation du carrefour 1019 par les Tabor. Le Groupement Menditte en tête.
A 8 heures 15, les chars sont arrêtés par des abatis à 300 mètres Sud du carrefour 936. Le Génie entre en action.
A 9 heures 30, la portion de route entre Mummelsee et 936 est soumise au tir d'un automoteur, dont la position ne peut être repérée.
Une reconnaissance poussée de 936 par le chemin descendant vers le Sud-Ouest se heurte à des abattis.
Cet itinéraire est laissé au Détachement Dumesnil, tandis que le Groupement poursuit sa marche sur la grande route.
A 9 heures 50, la route est déblayée. Le Détachement fait un bond en avant et se heurte à 10 heures 35, à deux grosses destructions sur les ponts du carrefour 855 deux entonnoirs de 16 mètres de diamètre.
Cependant les chars peuvent contourner les entonnoirs et le Génie travaille à rétablir le passage qui sera livré aux véhicules à 14 heures.
Le Détachement de tête s'est heurté à nouveau à des abattis très importants et particulièrement enchevêtrés à 300 mètres Nord de Ruhstein.
Des reconnaissances poussées au-delà, signalent des abattis sur la route de Oppenau et de grosses destructions (route en corniche effondrée sur 60 mètres).
Comme l'objectif de la journée était Oppenau, il ne peut plus être question de pousser le Groupement par cet itinéraire.
Le Génie poursuivra cependant le déblaiement (terminé à 15 heures) pour permettre le ravitaillement des Tabors qui progressant par les crêtes à l'Est de l'axe, ont nettoyé les bois et atteint le Ruhstein-Hotel.
A 17 heures 30, le Sous-Groupement fait demi-tour et empruntant l'itinéraire du Détachement Dumesnil, va stationner pour la nuit dans les premières maisons de Seebach.
SOUS-GROUPEMENT GELIOT
A pour mission de s'emparer de Seebach et Ollenhofen par l'itinéraire 1019 - 936 et la piste descendant de 936 vers le Sud-Ouest.
Malgré de nombreux abattis et éboulements provoqués par des destructions, Seebach est atteint en fin de journée. Le Détachement y passera la nuit.
3/5e R.C.A. :
Le 3/5e R.C.A. se bat toujours en liaison avec le 1/ R.I.C. L'Escadron, renforcé par un Peloton de T.D. du R.C.C.C. participe à l'attaque d'Oberkirch. Renonçant à attaquer de face après l'échec du 15 avril, le commandement a monté une opération par le Nord et par le Sud avec une préparation d'Artillerie de vingt minutes.
L'objectif de Ringelbach est atteint rapidement, l'ennemi l'ayant évacué pendant la nuit. Wolfhag, objectif N° 2 est également rapidement atteint et les T.D. s'y installent en appui de feu face au Sud.
Débouchant de Wolfhag, l'Escadron se déploie face à Oberkirch. Malgré un tir d'arrêt très violent, le Peloton Montalembert prend rapidement pied dans les lisières Nord d'Oberkirch et réduit une à une les armes automatiques qui arrêtent l'Infanterie.
Un 75 P.A.K. 40 est anéanti par le "Moskowa ". De furieux combats à la grenade s'engagent à l'entrée Ouest du village, les chars réduisent à coups de canons les immeubles où se sont enfermés les défenseurs.
Le Peloton d'Aram pénètre dans Gernsbach et prend pied dans Oberkirch. Au cours du nettoyage, l'Aspirant Claverie est blessé d'une balle, il continue néanmoins le combat.
A 15 heures, le nettoyage est terminé.
Plus de 100 prisonniers sont faits.
Le 1/5e R.C.A. stationne à Buhl, toujours en réserve.
Articulation du Régiment en fin de combat :
P.C. : Hôtel Mummelsee ;
1/5e R.C.A. : Blibl ;
2/5e R.C.A. : Sebach ;
3/5e R.C.A. : Oberkirch ;
4/5e R.C.A. : Seebacb.
Pertes : un Aspirant blessé.
Pertes ennemies : 300 prisonniers, 60 tués, un P.A.K. 40.

18 Avril 1945 :
Au début de la matinée, le 18 avril, le Groupement reçoit l'ordre de pousser sur Obertal et le carrefour de Murgburg.
Le Sous-Groupement Menditte, en tête avec le 2/5e R.C.A., le 1/3e R.C.A. et deux Compagnies du 1er B.Z.P. poussera le plus vite possible sur l'axe pour occuper le carrefour de Murgburg. Il laissera les Eléments d'occupation nécessaires aux points importants Obertal - Mitteltal, jusqu'à l'arrivée du Groupement Geliot, qui prendra cette occupation à son compte.

19 Avril 1945 :
L'ordre suivant du C.C.2. parvient dans la nuit du 18 au 19 avril au P.C. du 5e R.C.A.
I. - En fin de journée, les Eléments du Groupement Gandoet (P.C. Grüntal, cinq kilomètres Nord-Est de Freudenstatt), tenaient Doosburg, Dietersweiler, Joach, Dornstetten. Ce Groupement ne rencontrait aucune résistance devant lui. Sa mission pour le lever du jour, le 19 avril, est de pousser en direction de Schopfloch et Horb.
La situation est extrêmement favorable face au Sud. Il importe de l'exploiter dans les moindres délais.
II. - Mission du C.C. 2 : Se porter sur Constance par Rottweil - Tuttlingen.
III. - Intentions
1) Eclairer jusqu'à la région de Dornhan, puis de Rottweil, couvert à l'Ouest par le Groupement Lebel qui progresse en direction de Alpirsbach, Schaltach, etc.,
à l'Est par le C.C. 1, qui progresse en direction de Soultz, Sigmaringen.
2) Pousser le gros jusqu'à la région de Dornhan et, Dornhan conquis, exploiter jusqu'à la rocade de Rottweil, premier objectif, en faisant effort par les rives Ouest du Neckar.
IV. - Dispositif et mission :
Première phase : Conquête de Dornhan.
Eclairage : A défaut de l'Escadron de reconnaissance, le 1/5e R.C.A. est chargé d'éclairer la progression du C.C. 2 entre le Neckar et la Forêt Noire. A cet effet, il découplera le 19 avril, dès 06 h, deux Détachements ayant pour objectif commun Dornhan.
Le premier Détacbement empruntant l'itinéraire : Dornstetten, Oberiflingen, Dürrensmettstetten, Hopfau, Neunhausen, Dornhan.
Le deuxième Détachement empruntant l'itinéraire : Dietersweier, Wittendorf, Berzweiler, Dornhan.
Mission : Renseigner sur l'ennemi le long de ces itinéraires. Renseignements à faire parvenir pour 08 h sur le parallèle Lossburg - Oberiflingen.
Gros : Deux Groupements, une réserve (susceptibles d'être modifiés en fonction des renseignements donnés par l'éclairage) Quels que soient les renseignements, le premier Groupement devra être placé pour 08 h dans la région de Dornstetten et le deuxième Groupement 09 h dans la région d'Aach.
V.- Articulation des Groupements :
Groupement N° 1 : Région de Dornstetten, sous les ordres d'un Officier supérieur du 5e R.C.A., le Chef d'Escadrons de Menditte :
- un Escadron de chars moyens ;
- une Compagnie du 1er B.Z.P. ;
- une Batterie du III/68e R.A. ;
- une Section du Génie.
Mission : En fonction des renseignements recueillis, progresser sur l'axe Dornstetten - Schopfloch - Oberiflingen - Dürrensmettstetten - Dornhan (point de première destination), et appuyer la reconnaissance en cas de difficultés.
Groupement N° 2 : Région d'Aach, aux ordres du Chef de Bataillon, Commandant le 1er Zouaves, comprenant :
un Escadron de chars moyens 4/5e R.C.A. ;
une Compagnie F.V. et la C.A. du 1er Zouaves ;
une Section du Génie.
Mission : Progresser sur l'axe : Dornstetten - Glattenleinstetten - Dornhan et appuyer la reconnaissance en cas de difficultés.
Groupement réserve : Lisières Est de Freudenstadt, aux ordres du Lieutenant Colonel de Beaufort, comprenant :
- E.M. 5e R.C.A. et un Escadron de chars moyens (3/5e) ;
- une Compagnie du 1er B.Z.P. ;
- 1/3e R.C A. (dès recomplètement de ses pleins) ;
- 3/9e R.C.A. ;
- Reliquat du Génie.
Mission : Dès que les Groupements 1 et 2 auront dégagé la transversale Domstetten - Schopfloch, se porter dans la Région de Glatten, prêt à intervenir, soit au profit du Groupement N° 1 dans la Région de Durrensmettstetten, ou du Groupement N° 2, dans la Région de Wittendorf - Sterneck.
Lancés sans Infanterie dans cette mission de reconnaissance, les chars légers ont une tâche difficile et dangereuse. Sur le premier itinéraire fixé, Dornstetten - Oberiflingen - Durrensmettstetten - Hopfau - Neunhausen - Dornhan, marche le gros de l'Escadron avec le Capitaine Berthet, et les 1er et 2e Pelotons légers qui éclateront pour reconnaître les itinéraires secondaires voisins.
Sur le deuxième itinéraire : Lombach - Wittendorf - Walde - Dornhan, le Peloton Destremau est envoyé seul.
Etant donné les distances, on ne peut compter sur aucune liaison radio, ni entre le Capitaine, Commandant l'Escadron de chars légers et le C.C., aux ordres directs, duquel il est placé, ni entre le Peloton Destremau et son Escadron.
a) Sur le premier itinéraire la progression commence rapidement.
Sterneck et Durrensmettstetten sont rapidement dépassés. Dans ce dernier village des prisonniers libérés signalent que Glatt est libre et probablement Sulz également.
Mais dans les bois qui descendent sur Hopfau, le char "Flandres" est atteint par un bazooka, puis le Peloton qui continue sa progression se heurte à une barricade défendue par des fantassins armés d'armes automatiques et de bazookas.
L'artillerie ennemie déclenche des tirs d'arrêt très denses.
Le Groupement Menditte pousse sa Compagnie d'Infanterie en renfort des chars légers et demande une Compagnie d'infanterie supplémentaire, qui lui est envoyée aussitôt. Les barricades successives sont enlevées et Hopfau est atteint malgré la très violente réaction de l'Artillerie ennemie.
Le pont d'Hopfau est sauté, la route de l'Ouest est fortement barricadée et tenue. Le Capitaine Berthe demande au Chef d'Escadrons de Menditte, qui l'a pris sous ses ordres, d'essayer l'itinéraire Glatt - Sulz - Weiden en laissant seulement un Elément pour fixer l'ennemi à Hopfau (1/1er B.Z.P., moins une Section et un Peloton de chars du 1/5e R.C.A.).
Le mouvement est déclenché sans retard. Une Section du 2/1er B.Z.P., accompagne l'Escadron léger.
A 14 heures 15, les chars légers abordent Sulz et font enlever les barricades du pont intact par les civils. Les chars légers et le Détachement Menditte sont articulés pour tenir les points conquis.
Entre-temps, le 2e Escadron et la 1/1er B.Z.P. ont reconnu la route Dürrensmettstetten - Leinstetten, qui est impraticable.
b) Sur le deuxième itinéraire le Peloton Destremau progresse sans difficultés jusqu'à Waid, ayant pu tourner une barricade qui interdit la route principale d'accès à ce village.
Mais à 9 heures 30, en abordant les premières maisons, le Peloton est accueilli par une sérieuse défense à base de bazookas. Le char "Languedoc" est détruit. Les autres équipages sont obligés de mettre des hommes à terre pour protéger les chars qui sont attaques sans cesse.
La situation est d'autant plus critique que le Groupement Geliot, qui devait progresser sur cette axe, a été détourné par Glatten - Leinstetten. Le Peloton est donc complètement isolé, sans moyens de liaison et risque l'anéantissement complet.
Heureusement, à la scierie de Neuneck, la route est barricadée et le carrefour sauté devant les chars du Détachement Geliot, qui est alors renvoyé sur l'itinéraire Wittendorf - Waide. En fin d'après-midi, après avoir tenu seul pendant sept heures, le Peloton Destremau est rejoint par l'Infanterie de ce Groupement et le village de Walde est nettoyé.
Le 4e Escadron est obligé d'attendre que la route soit déblayée par le Génie, l'itinéraire détourné, emprunté par les chars légers de Destrernau n'est pas praticable pour les chars moyens.
Il a cependant le temps, avant la nuit, de s'emparer de Rerzweiler et de reconnaître les barricades qui interdisent l'entrée de Dörrhaus.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, le Groupement Menditte qui, suivant l'itinéraire N° 1 des chars légers, les a rejoints à Hopfau, les a aidés avec son Infanterie à s'emparer de ce dernier village et à le tenir. Il les a pris sous ses ordres. Il a été renforcé par une Compagnie de Zouaves supplémentaire. Après l'occupation de Sulz, la progression sur Weiden ne pourra être reprise que lorsque les Eléments qui tiennent Sulz et Hopfau où nous sommes au contact serré de l'ennemi, auront été relevés. Le Peloton de 57 et les mortiers du 5e Chasseurs sont poussés pour occuper Hopfau en attendant l'arrivée d'autres Eléments.
Le Détachement du Chef d'Escadrons Doré, du 1er Cuirassiers, qui est désigné pour occuper ces points, effectue la relève de nos Eléments un peu avant 17 heures.
Le Groupement Menditte reprend aussitôt la progression dans les conditions suivantes :
Le 2e Escadron avec un petit soutien d'Infanterie, progresse de Sulz vers Weiden par les hauteurs à l'Ouest de la vallée.
Le Détachement la Lance, progresse sur Weiden par la route directe.
La progression est ralentie par les abattis et de violentes réactions de l'Artillerie et des mortiers ennemis.
A la nuit, le Détachement Berrhet entre à Weiden, où il est rejoint un peu plus tard par le Détachement la Lance, qui a pu enfin déblayer la route directe.
Le 3/5e R.C.A., très éprouvé par les opérations précédentes, n'a pas été engagé.
Il stationne à Glatten jusqu'au 20 avril.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Glatten ;
1/5e R.C.A. : Weiden, Peloton Destremau à Walde ;
2/5e R.C.A. : Weiden ;
3/5e R.C.A. : Glatten ;
4/5e R.C.A. : Belzueilem.
Pertes de la journée
Personnel : un tué ; quatre blessés.
Matériel : un char léger détruit.
Pertes de l'ennemi :
100 bicyclettes ; 240 bazookas ; 150 prisonniers.

20 Avril 1945 :
La mission est inchangée, les Groupements restent les mêmes, seul le 1/5e R.C.A. passe en réserve de C.C.
a) GROUPEMENT MENDITTE
Le Groupement a reçu la même mission que la veille :
Il est précédé par la reconnaissance, qui trouve Marschalkenzimmer libre, mais Hochnossingen occupé.
Le Détachement la Lance attaque à 9 heures 20 ce village. Des maisons qui abritent des tireurs au bazooka sont mises en feu au canon. Le nettoyage est terminé à 9 heures 45.
A 10 heures 45, le Détachement la Lance occupe et nettoie Beffendorf, défendu par quelques isolés, armés de bazookas.
Sur ordre du Commandant du Groupement, une reconnaissance du 1/3e R.C.A. est poussée sur Oberndorf : elle sera arrêtée à hauteur du carrefour de Lindenhof par une résistance qui sera liquidée dans l'après-midi par l'intervention du Peloton Hervouer.
A 11 heures 45, le Capitaine, Commandant le 2/5e, signale qu'il est arrêté devant Kasperleshof par des tirs d'automoteurs. Son Infanterie est en outre soumise à de violents tirs de mortiers.
Le Colonel, Commandant le 5e R.C.A., envisage immédiatement une manœuvre de débordement menée par le Groupement Geliot pour prendre Rusingen à revers en manœuvrant par 715 - 730. Cette manœuvre est aussitôt amorcée.
En outre, le Commandant du Groupement décide de manœuvrer par les layons forestiers à l'Est de l'axe en utilisant un Elément de la reconnaissance renforcée d'Infanterie. Cet Elément détruira plusieurs voitures et fera quelques prisonniers.
Devant cette manœuvre l'ennemi se retire.
Le Détachement la Lance, profitant d'une accalmie, pousse en avant et occupe Busingen à 13 heures 40. La manœuvre, amorcée par le Groupement Geliot, est arrêtée. Il reprend sa direction primitive.
A 14 heures 15, le détachement de tête atteint Herrenzimmern.
La reconnaissance découplée vers l'Est signalé que les ponts d'Espfendorf sont coupés. Elle canonne des colonnes ennemies qui se replient dans la vallée du Neckar.
A 15 heures, Villingendorf est occupé.
Pour la prise de Rottweil le Groupement Menditte reçoit en renfort le 1/5e R.C.A., le 2/1er Zouaves, les mortiers, le Peloton de 57 (lorsque cette Unité aura été relevée au carrefour de Lindendorf par le Détachement Labarthe) et les feux du III/68e d'Artillerie.
Les ordres suivants sont donnés :
Le Détachement la Lance, progressant par l'itinéraire direct, attaquera la ville par le Nord ;
Le Détachement Berthet (1er Escadron et la 6e Compagnie), progressant par l'Eichwald, occupera Zimmern, et se rabattant vers l'Est, attaquera la partie Sud de la ville.
Limite entre les deux Détachements : Ligne Zimmern - B.H.F.
A 17 heures, le Détachement la Lance, après avoir déblayé l'itinéraire, pénètre dans les premières maisons de la ville. Le nettoyage s'avère difficile, car il y a de nombreux défenseurs.
Le Peloton de mortiers est immédiatement pousse en avant pour participer au nettoyage avec son personnel.
Les ordres concernant le Détachement Berthet sont modifiés. Seul le Peloton Cabrol et une Section d'Infanterie nettoient Zimmern (150 prisonniers). Le reste du Détachement poussera immédiatement par la route pour entamer le nettoyage de la partie Sud de la ville.
L'Escadron de reconnaissance gagnera Rottweil pour reconnaître les ponts et les débouchés à l'Est du Neckar.
Le nettoyage se poursuit : un half-track des mortiers prend en écharpe une camionnette allemande qui s'enfuyait et écrase sept des occupants.
L'Artillerie harcèle les itinéraires de repli de l'ennemi.
A 19 heures, la situation est la suivante :
- la presque totalité de la ville est nettoyée : 450 prisonniers ;
- les ponts ont été reconnus : seul le pont Nord est intact.
La reconnaissance signale que le pont de Blihlingen est intact, mais défendu par de l'Infanterie armée de bazookas.
Le Détachement Berthet est immédiatement poussé dans cette direction. La résistance du pont est liquidée et l'infanterie s'installe en tête de pont sur la rive Est.
Une reconnaissance a été poussée par le pont Nord en direction de Schomberg. Elle signale quelques tireurs isolés sur les crêtes Nord-Est de la ville.
A 19 heures 30, une Compagnie du 1er R.T.M est poussée sur Rottweil.
Les dispositions pour la nuit sont arrêtées de la manière suivante :
Point d'appui de Bühlingen : 1er Escadron, Compagnie, assurer la garde du pont sur le Neckar avec une tête de pont sur la rive droite, qui permettra le débouché du Groupement sur Lauffen.
Point d'appui Nord de Rottweil : une Compagnie du 1er R.T.M. ; un Demi-Peloton de 57 ; un Peloton du 2/5e R.C.A. ; garde du pont Nord.
Point d'appui du pont de chemin de fer : un Demi-Peloton de 57, épaulé par l'Escadron de reconnaissance stationne aux environs.
En réserve : Reliquat du 2e Escadron, 2e Compagnie.
Point d'appui du Groupement : Sortie Nord de Rottweil avec le Peloton de mortiers.
Le 3e Escadron qui a serré, stationne pour la nuit dans le même quartier de la ville.
b) GROUPEMENT GELIOT
Qui a pour mission de progresser dès le lever du jour sur Dummingen par Fluron et Seedorf, quitte Berzweiler et progresse sur l'axe Dornhan - Marschal - kernzimmern - Hochmossingen - Fluorin - Winzeln - Waldmossingen - Seedorf - Dummingen - Horgen - Deisslingen.
Quelques résistances légères. De nombreux prisonniers sont faits. Le nettoyage de Deisslingen est terminé à la nuit. Le pont sur le Neckar est intact. Une longue colonne de véhicules ennemis, qui se repliait sur la rive Est du Neckar est complètement détruite.
Le 3/5e R.C.A., toujours en réserve de C.C., fait mouvement en fin de journée sur Rottweil où il stationne pour la nuit.
Articulation du Régiment :
P.C. : Dornhan ;
1/5e R.C:A. : Bühlingen ;
2/5e R.C.A. : Rottweil ;
3/5e R.C.A. : Rottweil ;
4/5e R.C.A. : Deisslingen.
Pertes : néant.

21 Avril 1945 :
En fin de journée du 20 avril, tous nos Eléments sont sur le Neckar. La mission des Groupements est de s'emparer d'abord de Tuttlingen et de franchir le Danube pour s'articuler enfin dans le triangle Stockach - Engen - Singen en vue d'une mission ultérieure.
DISPOSITIF ET MISSION :
1) GROUPEMENT LABARTHE
- E.M. du 9e R.C.A. ;
- le 1/9e R.C.A ;
- les 1/5e et 3/5e R.C.A. ;
- le 1/3e R.C.A. ;
- une Compagnie du 1er B.Z.P. ;
- le 3/9e R.C.A. ;
- deux Sections du Génie.
Mission : Franchir le Neckar et gagner rapidement Tuttlingen par Deisslingen, Trosingen, Seitlingen.
Faire reconnaître la Prum et s'efforcer de mettre la main sur un ou plusieurs points de passage en aval de Spaichingen.
2) GROUPEMENT GELIOT ET MENDITTE
Initialement sur place en réserve de C.C. Se tiendront prêts sur ordre du Commandant du C.C. à pousser derrière le Groupement Labarthe en vue, soit de l'étayer, soit de profiter des passages qu'il aura livré sur la Prum pour poursuivre par les hauteurs Est de la Prum la marche sur Tuttlingen.
Le Groupement démarra à 5 heures 30 sur l'axe Bühlingen - Lauffen - Deisslingen - Trossingen - Schra - Guningen - Seitingen - Tuttlingen.
Il est couvert à l'Est par le Détachement Berthet composé du 1er Escadron au complet. Le Peloton de T.D., Berthon, à deux T.D., une Compagnie de Tirailleurs du 1er R.T.M. Axe de marche : Trossingen - Aldingen - Spaichingen - Rietheim - Weilheim - Wurmlingen. Il doit s'installer dans ce dernier village pour protéger le Groupement face au Nord. Une voiture 193 est mise à la disposition du Détachement pour la liaison avec le Groupement. Elle ne sera jamais capable de réaliser cette mission.
Le Détachement part à 9 heures, derrière la reconnaissance, qui flanc-garde à l'Ouest et qui ralentit beaucoup la marche des chars légers.
Arrivé à Aldingen sans encombre, le premier char du 1er Peloton se rencontre avec le 1er char du Groupement Doré, chargé de la même mission. Cette situation est portée à la connaissance du Lieutenant-Colonel de Labarthe par le Lieutenant Destremau, en jeep. A 11 heures, l'ordre est reçu de se porter sur Gunningen ; le mouvement est exécuté en passant par Spaichingen.
Liaison est prise à 12 heures 30 au P.C. à Seiringen où le Détachement se porte à 15 heures 30.
Le Groupement n'arrivant pas à déboucher sur Turrlingen et la reconnaissance ayant signalé que les ponts de Geisslingen sont sautés, le Détachement reçoit la mission de reconnaître les ponts de Zimmern et d'Immendingen. Tout le Détachement fait mouvement à 40 miles sur Defingen, sous un orage terrible. En cours de route, le renseignement que Turrlingen est pris, nous parvient ainsi que l'ordre de faire demi-tour et de nous y porter le plus rapidement possible.
L'"Anjou III" a des ennuis mécaniques ainsi que l'"Auvergne ". Le "Bretagne" reste à Durchhausen. Le dépannage entreprend de suite la réparation.
Le Lieutenant Destremau conduit le Groupement à Turrlingen, alors que le Capitaine, Commandant, se porte au P.C. du Lieutenant-Colonel de Labarthe.
Au pont, réception de l'ordre du C.C. 2, disant qu'aussitôt Stockach atteint, le 1/5e R.C.A. se remettra à la disposition de son Régiment à Aach.
Les essais pour passer à l'exécution immédiate sont vains. Le Groupement reçoit même l'ordre de garder le pont et 100 prisonniers.
Toutefois, à 17 heures, l'ordre est donné de suivre la colonne sur Stockach.
Tout l'Escadron est au complet, sauf le "Bretagne", qui rejoindra au cours de la nuit, mais qui restera à Turrlingen avec l'"Anjou III " et l'"Auvergne ". Le mouvement s'exécute par Lipringen, départ vers 18 heures. A huit kilomètres Nord de Stockach, alors que la nuit tombait déjà, le Peloton Cabrol est engagé dans une petite action de nettoyage sans intérêt.
Installation d'un dispositif de défense pour la nuit.
Le scout-car 193 est rendu au 9e R.C.A.
Il est entendu que le mouvement sur Aach doit se faire demain vers 8 heures 30.
3/5e R.C.A. - Le 3/5e R.C.A., avec la 2e Compagnie du 1er B.Z.P., forme le gros du Groupement Labarthe. Il atteint Mossingen sans incident à 9 heures et Säringen à 10 heures. Les Eléments de reconnaissance se heurtant à quelques résistances devant Tuttlingen, le Colonel de Labarthe décide d'engager son gros sur Mohringen avec mission de s'emparer des ponts.
L'Escadron s'engage dans un terrain difficile et se heurte à une vive résistance dans les bois. En plein combat, ordre est donné de faire demi-tour à la nouvelle que Turrlingen est tombé et que le pont est intact.
Traversant le Danube vers 17 heures, l'Escadron atteint Stockach vers 12 heures par Lipringen. Il y stationne pour la nuit.
GROUPEMENT MENDITTE
Le Groupement réduit au 2/5e R.C.A., 3/1er B.Z.P., Peloton 57, Peloton de mortiers, Batterie Guitton, une Section du Génie, est mis en réserve, prêt à pousser derrière le Groupement Labarthe.
A 12 heures 30, ordre est reçu de se porter sur Tuttlingen en remontant la vallée de la Prum.
A 14 heures, le Détachement franchit le Neckar à Bühlingen.
A 15 heures, après quelques reconnaissances d'itinéraires, la Prum est franchie à Aixheim sur un pont intact.
Adingen et Spaichingen sont atteints. Dans cette dernière localité, liaison est prise avec le Groupement Doré qui utilise le même axe que le Détachement.
Cependant l'Elément de tête du Groupement atteint la lisière Nord-Ouest de Tuttlingen à 16 heures 30 et fait enlever par le Génie la barricade, qui interdisait l'entrée de la ville.
Le pont est intact et le Détachement traverse la ville.
Les colonnes sont enchevêtrées et pour remettre de l'ordre le Commandant du Groupement décide d'articuler le Groupement à la sortie Sud-Ouest de la ville et de ne repartir que lorsque la colonne sera reformée.
A 17 heures 15, attaque d'avions amis sur la tête de colonne qui est encore en pleine ville.
En exécution de l'ordre du C.C. 2, 1330 B, le Groupement pousse en direction de Engen.
Le pont de Mobringen est saute.
Décision est prise d'utiliser l'axe Winneg - Mattingen - Mauenheim - Bergen.
A cause de la pluie, la visibilité est mauvaise et les petits chemins empruntés sont difficiles. Néanmoins, le carrefour de Windegg est atteint et nettoyé, puis Harringen est occupé à 19 heures après un court engagement. L'ennemi est surpris et laisse des prisonniers entre nos mains. Les armes et les munitions sont détruites.
A 19 heures 30, un train est arrêté au canon à la sortie du tunnel.
A 20 heures, Mauenheim est attaqué et nettoyé rapidement.
La marche en avant se poursuit jusqu'à Bergen qui est atteint à 21 heures.
Le Commandant du Groupement décide de ne pas poursuivre plus avant et les dispositions suivantes sont prises pour la nuit.
Point d'appui du carrefour Sud de Bergen, un Peloton de chars, un Peloton de mortiers. Mission : Bloquer la grande route Geisingen - Engen.
Point d'appui de Bergen : Reliquat du 2e Escadron, 3e Compagnie Génie ; défense du village.
Point d'appui de Mauenheim : Batterie Guitton, Peloton 1 Jervouet ; défense du village. P.C. du Groupement : Bergen.
La nuit est calme jusqu'à 1 heure du matin, à partir de laquelle le village est attaqué par une cinquantaine de S.S. (renseignements de prisonniers S.S. faits le matin). L'assaillant pénètre dans les premières maisons de la face Nord du village, bazooke le char "Paris", tire des bazookas et des rafales de mitraillette dans les maisons où résiste la garnison de la face Nord : l'Adjudant-Chef Gabior et un homme sont blessés.
Après une accalmie la face Sud est tâtée vigoureusement dans les mêmes conditions : le char " Versailles " est manqué par un bazooka.
Le contact reste étroit toute la nuit. Au petit jour la situation est rétablie, mais la garnison n'a pas eu un instant de repos.
A Mauenheim, la nuit a été calme et au jour la garnison du Point d'appui intercepte un convoi de treize sanitaires ou camions du Service de santé. Une voiture automobile a été détruire dans la nuit.
Un tué, quatre prisonniers.
Au Point d'appui du carrefour R.A.S. Au matin, une voiture, transportant un Commandant, est interceptée.
Au total : 130 prisonniers ennemis dont sept Officiers.
Pertes de la journée :
Par bombardement aérien : deux blessés.
Deux chars bazookés, récupérables.

GROUPEMENT GELIOT
A progressé dans le sillage du Groupement Labarthe sur l'axe : Trossingen - Schura - Durchhausen - Seintingen - Tuttlingen, et s'installe aux sorties Sud et Sud-Ouest pour la nuit.
Situation en fin de journée :
P.C. : Seintingen ;
1/5e R.C.A. : Stockach ;
2/5e R.C.A. : Bergen ;
3/5e R.C.A. : Tuttlingen ;
4/5e R.C.A. : Tuttlingen.
Pertes de la journée :
Personnel : cinq blessés.
Pertes ennemies :
1.500 prisonniers ; nombreux véhicules autos et hippos.

22 Avril 1945 :
Contrairement aux ordres donnés la veille, le C.C. 2 reçoit une nouvelle mission dans le cadre de la 1ère D.B., qui doit s'emparer de Ulm.
L'ennemi semble désorganisé.
Le C.C. 1 progressera sur Ulm par la vallée du Danube.
Le C.C. 2 le couvrira au Sud en progressant sur l'axe : Pfulendorf ; Saulgau ; Kappel ; Laupheim ; Ulm.
Dispositif et mission :
Groupement Beaufort, chargé de l'effort principal du 5e R.C.A., moins le 3/5e réserve du C.C. 2 ;
- du 1er B.Z.P. ;
- du III/68e ;
- d'une Section du Génie.
Se portera d'abord sur Pfulendorf par le Nord de la route Stockach - Pfulendorf, puis sur Saulgau.
Si la situation se présente favorablement, gagnera Kappel et atteindra Laupheim.
S'efforcer de prendre liaison avec la droite du C.C.1.
Sera couvert face au Sud par le Groupement Labarthe, au fur et à mesure de la progression.
Groupement réservé : 3/5e R.C.A. :
une Compagnie du 1er R.T.M. se portera sur Pfulendorf sur ordre du Commandant du C.C. 2.
L'ordre donné au Groupement Beaufort parvient au P.C. à Tuttlingen.
Le Colonel ne modifie pas la composition de ses Sous-Groupements. Le Chef d'Escadrons de Menditte, revient au P.C., le Capitaine de la Lance, prend le commandement du Sous-Groupement.
Le Sous-Groupement Geliot, toujours avec le 4/5e, reçoit à 11 heures 30, l'ordre de se porter sur Saulgau par l'itinéraire :
Liptingen ; Carrefour Est de Hendorf ; Mauwangen ; Nusidendorf ; Sentenbart ; Hach ; Pfulendorf ; Ostrach ; Tafersweiler ; Saulgau.
Jusqu'à Pfulendorf, la progression se poursuit sans aucune réaction de l'ennemi. Devant Saulgau, une colonne de camions est prise à partie. L'ennemi armé de bazookas, semble vouloir défendre Saulgau.
A coups de 75, les nids de résistance sont réduits et à 18 heures 30, le nettoyage est terminé : 400 prisonniers.
Le Détachement reçoit aussitôt l'ordre de pousser sur Biberach par Kappel.
A Kappel, quelques véhicules sont mis en flammes, plusieurs mitrailleuses de 20 sont réduites au silence et le village est occupé complètement la nuit.
Le Détachement y stationne pour la nuit.
Sous-Groupement la Lance : 2/5e R.C.A. et 16e Compagnie B.Z.P., suit dans le sillage du Groupement Geliot et stationne à Saulgau avec le P.C. pour la nuit.
Le 1/5e, remis â la disposition du Colonel, fait mouvement dans la journée, de Stockach sur Pfulendorf dans le sillage du Groupement Labarthe. A Pfulendorf, le Colonel pousse l'Escadron sur Saulgau, où il cantonne pour la nuit.
Groupement réservé : 3/5e et Compagnie du 16e R.T.M., font mouvement en fin de journée sur Pfulendorf en réserve de C.C.
Situation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Saulgau ;
1/5e R.C.A.: Saulgau ;
2/5e R.C.A.: Saulgau ;
3/5e R.C.A. : Pfulendorf ;
4/5e R.C.A.: Kappel.
Pertes : néant.
Pertes ennemies : De 400 à 500 prisonniers. De nombreux véhicules, autos et hippos, quelques mitrailleuses de 20.

23 Avril 1945 :
Ordres remis à 11 heures.
La mission de la 1ère D.B. est de s'emparer d'Ulm, aujourd'hui.
Le Groupement Beaufort, dans le cadre du C.C. 2, couvrira le C.C. 1 vers le Sud, en progressant sur la direction générale :
Biberach - Gunzburg, et se portera au plus tôt dans le triangle : Bellemberg - Weissenborn - Gerlenhofen, éclairé jusqu'à Illertissen.
Il coopérera par sa gauche à la prise d'Ulm.
Le Colonel de Beaufort décide en fonction de ses ordres :
1) de pousser le Groupement Geliot sur l'axe : Kappel - Biberach - Schöneburg - Illertissen - Bellenberg - Weissenborn ;
2) de pousser le Sous-Groupement Berthet sur Kappel - Betzenweiler - Kupershofen - Moosbeuren - Schermerberg - Metingen - Valpet - Schofen - Roth - Blhlafungte - Beuren - Dorndorf ;
3) de pousser de la Lance derrière, le Détachement Geliot jusqu'à Biberacb, d'où il sera en mesure, soit d'aider Berthet à Laupheim, soit de pousser derrière Geliot vers Illertissen ;
4) l'Artillerie appuiera en priorité : d'abord l'attaque sur Biberach, ensuite l'attaque sur Laupheim, enfin le franchissement de l'Iller à Ay.
1) SOUS-GROUPEMENT GELLIOT
A 8 heures 30, le Détachement quitte Kappel, par Buchau, Oggelshausen, Stafplangen, sans réaction.
Devant Biberach, le Peloton de tête est stoppé par de nombreux Eléments à pied, armés de bazookas. Les chars canonnent à courte portée les tranchées ennemies, qui sont enlevées par les Zouaves à la grenade et à la mitraillette.
Après une courte préparation d'artillerie sur les lisières de Biberach, le Détachement entre dans la ville. Un nouveau combat doit être engagé au passage de la voie ferrée. La ville est rapidement nettoyée. Une centaine de cadavres ennemis sont restés sur le terrain.
Le Détachement reprend aussitôt sa progression sur Weissenborn par Bergenhausen, Lauorsthausen, Maselheim, Heggbach. A Heggbach, des prisonniers belges signalent aux Eléments de tête la présence d'un Etat-Major ennemi dans le couvent.
Le couvent est aussitôt encerclé et l'Etat-Major ennemi se rend : un Général de Corps d'Armée, sept Officiers supérieurs et une cinquantaine d'hommes de troupe.
Ils sont emmenés avec le Détachement qui poursuit sa progression sur Schoeneburg sans résistance.
Quelques prisonniers et tout le matériel de l'Etat-Major sont capturés dans le village et les bois environnants. La nuit empêche la progression de se poursuivre.
2) DETACHEMENT BERTHET
Le matin certaines révisions peuvent être faites, la radio mise au point.
10 heures : Arrivée de l'essence.
11 heures : Départ pour la mission suivante : S'emparer au plus vite des ponts d'Ay par l'itinéraire : Buchau - Bertzenweiler - Uttenweiler - Rupertshofen - Oggelsbeuren - Moosbeuren - Altheim - Schemenberg - Baltringen - Laupheim - Burgrieden - Bihlafingen - Schnurrfingen - Beuren - Dorndorf - Ay - Ulm.
Le 2e Peloton en tête, la marche se passe normalement couverte jusqu'à Buchau, pris la veille par le Groupement Geliot, qui doit aujourd'hui marcher sur Biberach - Illerstissen - Weissenhorn.
Jusqu'à Uttenweiler, rien à signaler. L'allure se précipite, 40 miles jusqu'après Rupertshofen, où de nombreux fuyards sont vus. C'est alors un rush, le 2e Peloton fonçant, constituant de petits paquets de prisonniers, restant les bras levés en attendant que le 1er Peloton les mette dans les camions des Zouaves. Le 3e Peloton complète le ratissage du terrain à droite et à gauche de l'axe. Les moteurs chauffent, les mitrailleuses aussi ; mais l'allure est de plus en plus rapide, il faut atteindre le pont de Baltringen le plus tôt possible et là, on soufflera un peu. Le "Bretagne " reste en panne avant Altheim. Il y a tellement de prisonniers que l'Aspirant Bruneau est obligé d'atteler une charrette à son char. C'est réellement la revanche magnifique de 40.
Dès l'arrivée â Baltringen, la patrouille Van Haver est envoyée sur Apfingen. De l'ordre est remis dans l'ensemble, les prisonniers sont débarqués et parqués. Il y en a plus de 700.
L'ordre impératif de prendre Laupheim est reçu. Cela retardera considérablement notre marche, mais Biberach est dur à enlever et il n'y a rien à faire, nous n'arriverons pas à Ay ce soir.
A 15 heures, Van Haver signale un gros convoi arrivant à Apfingen. Le Peloton de Cabrol, moins le groupe Bruneau est immédiatement envoyé pour diriger l'opération. A 15 heures 15, la bataille entendue par radio semble confuse. Immédiatement le Capitaine bondit avec son char, et à 45 miles, arrive au carrefour Sud où un léger désarroi chez nous, fait face à un désordre indescriptible chez l'ennemi. Les objectifs sont tellement beaux, que le Capitaine pousse vent du bas avec les deux chars qui sont à côté de lui, ralliant tout le monde par radio. La poursuite continue entre le ruisseau et la grand'route en direction du Sud. De nombreux prisonniers sont faits, deux mitrailleuses de 20 capturées intactes, mais l'ennemi a eu le temps d'en mettre une en batterie, qui menace dangereusement l'"Artois II ", qui est en terrain découvert et l'"Armagnac " enlisé. Le Sous-Lieutenant de Cabrol ne répond plus à la radio. L'"Aquitaine III " fait alors une manœuvre de débordement et annihile l'arme antichar en trois coups de canons, sans abandonner son troupeau de prisonniers. L'ordre de rallier le village est donné ainsi que de rechercher le Sous-lieutenant Cabrol que personne ne voit et qui ne répond plus. Arrivé à Apfingen, l'"Alsace " est trouvé intact, mais Royet a été tué d'une balle en plein front.
Le dépannage de l'"Armagnac " se poursuit, mais sans urgence, car le premier Peloton sera laissé à la garde de Baltringen pendant la manœuvre de débordement de Laupheim.
Celle-ci ne sera faite que par le 2e et 3e Pelotons dans cet ordre de marche, sur l'axe Mietingen - Walprechtshofen, Est de Laupheim ; A Walprechtshofen, un terrain d'aviation est reconnu par le 3e Peloton, beaucoup d'avions, dont quelques-uns intacts, de même qu'au Nord de Baltringen. Dès lors la route n'est plus qu'un terrain d'Aviation, un énorme camp rempli de baraques, de souterrains, d'avions, de hangars, d'abris bétonnés, d'où sont sortis de nombreux prisonniers. L'enchevêtrement des routes est tel, que le 2e Peloton aboutit par le Sud du village. Le "Béarn II " est tiré par deux fois au bazooka, raté, mais deux fantassins sont très grièvement blessés. Le village devant être attaqué par l'Est, ordre est donné au 2e Peloton de faire demi-tour et de reprendre au plus vite sa route pour ne pas donner à l'ennemi le temps de se ressaisir. Le 3e Peloton a rejoint et l'attaque se fait sur un billard, 2e Peloton à droite de l'église, 3e Peloton a gauche. Un fuselage d'avion brillant donne des émotions à Lacourt, qui le prend pour un 88. Le village est nettoyé, un grand nombre de prisonniers faits, environ 250.
Le 2e Escadron qui a pu passer à Biberach, fonce sur Laupheim et arrive sur la barricade de l'entrée, avant que nous l'ayons prise par derrière. Ordre lui est donné de ne pas tirer, pour éviter les méprises. Quelques types du Volkssturm sont pris et enlèvent la barricade.
Le 1er Peloton reçoit l'ordre de nous rejoindre avec toute la cohorte des prisonniers.
Le village est nettoyé au moment où les premières voitures de l'Etat-Major du Régiment arrivent.
Une patrouille du 2e Peloton retire encore quelques prisonniers d'un abri souterrain, qui avait été déjà fouillé.
Installation pour la nuit.
La mission sera reprise le lendemain à 8 heures.
Pertes : Brigadier-Chef Royet tué.
Matériel détruit ou capturé : 1050 prisonniers, dont plus de 75 Officiers ; trois mitrailleuses de 20 ; 1 canon de 105 ; un nombre impressionnant de charrettes, chevaux, paquetages ; un très important matériel d'aviation.
3) DETACHEMENT LA LANCE.
A suivi dans le sillage du Détachement Geliot jusqu'à Biberach, qu'il finit de nettoyer, puis, de là, fonce sur Laupheim, où iI prend liaison avec le 1/5e R.C.A.
Le nettoyage de cette petite ville est rapidement mené par les deux détachements.
Un grand nombre de prisonniers est fait.
4) DETACHEMENT CHERY
Le Détachement, toujours en réserve de C.C., reçoit l'ordre de se rendre pour 15 heures à Schossenried, par l'itinéraire suivant : Ostrach - Altshausen - Aulendorf.
D'après les renseignements du C.C., l'itinéraire a été suivi déjà par le Groupement Labarthe.
A 13 heures 30, le 3/5e quitte Pfulendorf. A 14 heures 30, à Aulendorf, il se heurte à une vive résistance. La voiture de commandement dans laquelle avait pris places le Capitaine Chéry et qui était en tête de l'Escadron, est prise à partie par des armes automatiques à moins de 30 mètres. Le Capitaine Chéry et le Maréchal-des-Logis-Chef Reynaud échappent de peu à cette surprise.
Le Peloton Montalembert, qui suivait au plus près, se déploie rapidement et neutralise la défense pendant que l'Infanterie progresse dans le village.
Au passage à niveau, l'" Argonne " saute sur une mine et l'" Austerlitz II " s'enlise en s'engageant en tout terrain pour neutraliser une résistance.
100 prisonniers sont capturés, trente cadavres allemands restent sur le terrain. Le détachement se porte d'abord à Biberach, puis à Laupheim, où il stationne.
Situation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Laupheim ;
1/5e R.C.A. : Laupheim ;
2/5e R.C.A. : Laupheim ;
3/5e R.C.A. : Laupheim ;
4/5e R.C.A. : Schöneburg.
Pertes de la journée : Personnel : deux tués ; deux blessés.
Matériel : un char sauté sur mine, récupérable ; un char enlisé récupérable.
Pertes ennemies : 1300 prisonniers, de nombreux tués, un canon de 105, quelques avions sur le terrain Sud de Laupheim, nombreux véhicules, autos et hippos, mitrailleuses de 20.

24 Avril 1945
La mission du Groupement reste la même :
- s'assurer d'un passage sur l'Iller et s'emparer d'Ulm ;
- le Détachement Berthet par l'itinéraire Behlafengen - Beuren - Dorndorf, doit s'emparer du Pont d'Ay ;
- le Détachement Gelliot essayera à trouver un passage â Dietenheim ;
- le Détachement la Lance en réserve, progressera dans le sillage du Détachement Berthet, prêt à l'appuyer ou prêt à se porter' vers le Détachement Geliot, si celui-ci a trouvé un passage ;
- l'Artillerie appuie l'action sur Ay. Positions de batterie à occuper dès que possible dans la Région de Steinberg.
A) Le départ du Détachement Berthet a lieu à 8 heures, comme prévu. La Compagnie le Huède, de plus en plus squelettique, accompagne les chars légers.
La marche débute sans incident. Le 1er Peloton, en tête, fait quelques prisonniers à Beuren. Ils sont mis dans, un camion judicieusement récupéré avant. En arrivant à Ay, le 1er Peloton prend la route de droite afin de gagner le pont.
En fait elle ne mènera qu'à l'hôpital et forcera à un demi-tour. Le 3e Peloton continuera sur la grand route et nettoiera la partie Ouest du village. Le Groupe Bruneau arrive en vue du pont sans réaction notable, mais la destruction est préparée avec des bombes d'avions et mise de feu électrique.
L'Aspirant Bruneau bondit hors de son char avec une pince pour couper les fils. Avant qu'il n'ait pu finir son travail le pont saute sans le blesser gravement et la résistance ennemie se dévoile, mitrailleuses de 20, canons de 40. La fusillade est générale dans le secteur de l'Iller. Le nettoyage est lent et difficile. Le Groupement la Lance est engagé en renfort.
A 11 heures, le 3e Peloton, envoyé en patrouille au Nord d'Ay, tombe sur un canon de 88 en cours d'installation, il le met hors d'usage et capture les servants. Aussitôt un tir de minen, extrêmement ajusté, tombe sur les chars. Le "Limagne " est touché par trois fois, Liotta mortellement blessé ainsi que plusieurs Zouaves.
Les Allemands tirent à la mitrailleuse sur leurs propres soldats prisonniers, au carrefour Nord à proximité du P.C. Ils blesseront ensuite l'infirmier, qui les soigne. L'intervention de l'Artillerie est retardée par suite d'une panne de la voiture radio du Groupe III/68e.
L'observateur d'artillerie, le Commandant Guiton, arrive enfin, et règle les tirs sur les objectifs qui lui sont désignés.
Le P.C. est soumis à un violent tir de minen, bien ajusté. La progression sur Unterkirchberg ne reprend que vers 14 heures. Le 1er Peloton manœuvre en échelon très refusé, le long des bois, tandis que le 2e Peloton attaquera en venant de Kirchberg. Sur la crête d'où l'on voit le village, on aperçoit plus de cinquante travailleurs ennemis qui s'enterrent et deux Groupes installent des canons anti-chars. Des renforts sont demandés aussitôt.
Le Groupement Chéry reçoit l'ordre de se porter sur Altheim, Unterweiler, Gerlen, Hofen. En attendant, l'Artillerie et les chars moyens du Capitaine la Lance, prennent â partie les objectifs signalés, mais l'ordre arrive au Groupement de cesser toute opération dans le secteur et de se replier pour laisser la place aux Unités américaines.
Le 1er Escadron se portera à Biberach pour se mettre à la disposition du Commandant Quinche.
Le Sous-Lieutenant Cabrol est envoyé en avant pour prendre liaison et préparer les cantonnements.
Le Sous-Lieutenant Petiet livre les prisonniers à l'E.M. du C.C. à Laupheim et laisse le "Limagne " et le "Bretagne " à l'atelier.
A 20 heures 40, liaison est prise avec le Commandant Quinche.
B) Un Combat Command américain est arrivé dans le secteur du Groupement Geliot. Le Commandement donne l'ordre de leur laisser la place.
Le Groupement Geliot est ramené sur Hüttisheim. Tous les Commandants d'Unités sont convoqués à 16 heures au P.C. du Colonel, Commandant du 5e R.C.A., qui doit monter une opération de franchissement de l'Iller de vive force et la construction d'un pont. Les préparatifs sont interrompus par l'ordre de laisser la place aux Unités américaines.
C) Détachement Chéry : Se porte à Altheim en vue d'appuyer le Détachement Berthet. L'opération n'a pas lieu et l'Escadron occupe Altheim jusqu'au lendemain.
Situation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Laupheim ;
1/5e R.C.A. : Biberach ;
2/5e R.C.A. : Achstetten ;
3/5e R.C.A. : Altheim;
4/5e R.C.A. : Hiittisheim.
Pertes de la journée :
Personnel : deux tués ; trois blessés.
Matériel : néant.
Pertes ennemies :
200 prisonniers, 20 tués, un canon de 88, quelques mitrailleuses de 20 mm.

25 Avril 1945
Le 25 avril, à 52 heures, l'ordre de mouvement suivant parvient au P.C. :
Le C.C. 2 fera mouvement le 25 avril, à partir de 14 heures 45, pour s'articuler dans la région Sud-Est de Biberach.
Itinéraire : Laupheim - Biberach.
Groupement Geliot : Cantonnera à Ummerdorf, Fischbach.
Groupement la Lance : Mittelbuch, Rottom.
Groupement Chéry : Mettemberg.
P.C. : Ringsnaït.
Groupement Labarthe : Ochsenhausen.
Le mouvement s'effectue sans incident sauf pour le Détachement la Lance.
Les véhicules du train et de l'Echelon du 2/5e se trompent de route à la sortie de Ringsnait et filent sur Ochsehhausen encore occupé par l'ennemi.
Un V.L., un H.T. de dépannage sont perdus, ainsi qu'un camion. Un Sous-Officier et un homme blessés, un tué.
Une expédition punitive est montée, au cours de laquelle le Maréchal des Logis Treillard est grièvement blessé d'une balle à la tête. La première ligne de défense allemande est complètement massacrée. Devant une violente réaction d'antichars, l'absence d'appui d'Artillerie et la nouvelle que le Groupement Labarthe a interrompu sa progression, le repli est ordonné sur le cantonnement prévu.
Situation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Ringschnait ;
1/5e R.C.A.: Biberach ;
2/5e R.C.A. : Mittelbuch ;
3/5e R.C.A. : Mettenberg ;
4/5e R.C.A. : Ummendorf.
Pertes : deux tués et quatre blessés.
Pertes ennemies : trente tués.

26 Avril 1945
Sans changement.
Les Escadrons profitent de ce repos pour remettre le matériel en état.

27 Avril 1945
Sans changement.
Le 1/5e R.C.A., mis à la disposition du Bataillon Quinche à Biberach, est chargé d'une petite opération de nettoyage dans les bois d'Ingoldingen, Winterstettenstadt, Steinhausen.
Le Peloton Petiet est poussé jusqu'à Aulendorf, où iI trouve des Eléments de la 5e D.B. Les deux chars du 3/5e R.C.A., laissés trois jours avant, sont récupérés dans la journée.

28 Avril 1945
La situation générale est la suivante :
A notre droite ; le C.C. 1 a atteint la ligne Waldsee - Ebenhardzell. A notre gauche, la 7e Armée américaine, après avoir dépassé Memmingen, pousse en direction du Sud, en direction de Kempten.
L'ordre d'opération du C.C. 2 du 27 avril prévoit pour le 28 avril une opération sur l'axe :
Ringschnait - Dietsmans - Leutkirch, en vue d'atteindre la ligne : Leutkirch - Aichstetten - Altrach.
Dispositif et Mission du Régiment :
Un Groupement aux ordres du Colonel de Beaufort comprenant :
- le 5e R.C.A., moins le 3e Escadron ;
- le 1er B.Z.P., moins la 2e Compagnie ;
- le III/68e moins une batterie
En réserve aux ordres du Capitaine Chéry :
- le 3e Escadron et la 2e Compagnie du 1er B.Z.P.
Reçoit l'ordre de se porter :
1) sur la transversale Rotb - Wurzach ;
2) sur la transversale Leutkirch - Altrach.
Effort principal sur Leutkirch.
Le Groupement s'articulera en fin de mouvement dans la zone Leutkirch - Altmannhofen - Diepolshofen.
Le Groupement Labarthe assurera la couverture à l'Est.
a) Le Détachement la Lance :
- 2/5e R.C.A. ;
- 3/1er B.Z.P. ;
opèrera sur l'axe Mittelburg - Rottum - Bellamont - Ellwangen - Haverz.
b) Détachement Gelliot :
- 4/5e R.C.A. ;
- 1/1er B.Z.P. ;
- C.A. ;
opèrera sur l'axe : Fischbach - Diettenwangen - Furamos - Dietmans.
c) Détachement Berthet : 1/5e R.C.A. ;
- Peloton de 57 et 81 ; initialement en réserve à Ummendorf.
Progression sur ordre, sur l'axe : Fischbach - Furamos.
Départ fixé à 5 heures 30.
Le départ est retardé par le manque d'essence.
A 9 heures 40, le Détachement la Lance atteint Bellamont sans aucune réaction. Il attend pour démarrer sur Ellwangen que le Détachement Geliot ait démarré.
A 10 heures 10, le Détachement Geliot atteint Furamos. Le P.C. se déplace d'un bond sur Bellamont qu'il atteint à 10 heures 40.
Le 1/5e a déjà serré à Ummendorf et le 3/5e en réserve se porte à Fischbach.
Le Détachement la Lance atteint rapidement Ellwangen et continue sur Hauerz toujours sans réaction.
Le Détachement Geliot atteint successivement Truilz et Dietsmans.
Le 3/5e se porte à Bellamont et le 1/5e à Ellwangen.
Le P.C. se porte successivement à Ellwangen et Dietmans où il arrive à 12 heures 32.
En raison du manque d'essence, l'Escadron léger ne pourra assurer sa mission.
Il passe en réserve de C.C. et le détachement Chéry est remis à la disposition du Colonel.
A 13 heures, la première transversale étant atteinte, le Colonel donne les ordres suivants :
Détachement la Lance : se portera sur Seitbranz puis Altammshofen : se tiendra prêt ensuite, à participer si c'est nécessaire à l'attaque de Leutkirch.
Détachement Chéry : se portera sur Dietmans et Seitbranz, où il restera en réserve du Groupement.
Détachement Geliot : se portera sur Leutkirch par Diepoishofen.
Artillerie : Position à prendre dans la région de Seitbranz, aussitôt le passage du 2/5e R.C.A. pour appuyer l'attaque de Leutkirch.
L'heure H sera passée par radio.
L'heure H est fixée à 3 heures 45.
Très rapidement le Détachement la Lance atteint Seibranz et le Détachement Geliot, Wiwzach, sans aucune réaction. A Wurzach, le Capitaine Dumesnil prend liaison avec des Eléments du C.C. 1 (Commandant de Maison-Rouge).
L'un et l'autre poursuivent leur progression pendant que le 3/5e, qui a fait mouvement, rejoint Dietmans.
Le Groupement Labarthe, a atteint pendant ce temps Altrach, également sans réaction à 14 heures 25.
Successivement, le Détachement Geliot atteint Diepolshofen puis Leutkirch sans combat à 14 heures 55.
Par contre le Détachement la Lance a de grosses difficultés de terrain entre Seibranz et Almanshofen, quelques snipers également font leur apparition.
Enfin, à 15 heures 35, le Détachement Geliot a terminé le nettoyage de Leutkirch et le Détachement la Lance a atteint Almannshofen. Il prend liaison avec des Eléments du Groupement Labarthe à Aichstetten.
Le Détachement la Lance est poussé sur Niederhofen.
Le Détachement Berthet reçoit l'ordre de se porter à Wurzach et le Détachement Chéry à Scibranz.
Le P.C. fait mouvement sur Leutkirch où il arrive à 16 heures 32.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Leutkirch ;
1/5e R.C.A. : Wurzach ;
2/5e R.C.A. : Niederhofen ;
3/5e R.C.A. : Seibranz ;
4/5e R.C.A. : Leutkirch.
Pertes : Aspirant Boenisch blessé par accident d'une balle au poumon.
Vers 20 heures, le C.C. 2 envoie l'ordre suivant :
Rien de prévu pour le 29 avril, avant 12 heures.
Une messe sera célébrée par le père le Thilly à 7 heures 15 à la mémoire des morts du Groupement.

29 Avril 1945 :
Situation du Régiment le 29 avril au matin :
P.C. : Leutkirch ;
1/5e R.C.A. : Wurzach;
2/5e R.C.A. : Niederhofen ;
3/5e R.C.A. : Seibranz ;
4/5e R.C.A. : Leutkirch ;
Comme prévu la veille, la matinée est consacrée à un rapide entretien du matériel. Une opération serait prévue vers le Sud dans le courant de l'après-midi.
Vers 11 heures 40, l'ordre suivant arrive du C.C. 2 par téléphone :
" Toutes Unités prêtes â faire mouvement à partir de 13 heures."
Le manque d'essence, empêche de poursuivre rapidement les opérations. 8000 litres sont nécessaires au Régiment.
Vers 11 heures 45 un premier arrivage de 8000 litres parvient au P.C du 1er Escadron.
A 12 heures 10, l'ordre d'opération en date du 29 avril, 11 heures, du C.C. 2 parvient au P.C.
Le C.C. 2 a pour mission de se porter initialement avec son Groupement dans la région de Wiggensbach (quatre kilomètres Nord de Kempten).
L'intention du C.C. 2 est d'axer le gros du C.C. 2 avec la majorité de l'Artillerie sur Wiggensbach en deux colonnes et de se relier au C.C. 1 par un Détachement comprenant :
- un Escadron de chars moyens ;
- une Compagnie d'infanterie ;
- une Batterie d'Artillerie ; sous les ordres du Commandant Geliot.
Articulation du Régiment :
Le Colonel décide de faire reconnaître deux itinéraires en direction de Wiggensbach par l'Escadron léger et les 57 et 81 :
1) Itinéraire par Kimratshofen - Altusried - Döpsried.
2) Itinéraire par Kimratshofen - Wiggensbach.
Le Détachement la Lance se portera sur l'itinéraire N° 2.
Le Détachement Chéry se portera sur Altusried puis sur Depsried.
Le 4/5e marche avec le Détachement Geliot.
Le P.C. se déplacera sur l'axe : N° 2.
Départ 4 heures 30.
Kirmatshofen ne sera pas dépassé sans ordre du C.C. 2.
L'Escadron Berthet atteint rapidement Kimratshofen, malgré la capture de nombreux prisonniers. Il articule son Escadron sur les deux axes qui lui sont fixés.
Lui et deux Pelotons sur l'axe principal : Wiggensbach.
Le Peloton Destremau sur Altusried.
Le P.C. arrive â 15 heures 15 à Kimratshofen, suivi des 2e et 3e Escadrons.
Sur les deux axes, l'Escadron Berthet ne rencontre que quelques isolés.
A 16 heures 30, Altusried est nettoyé et le Peloton Destremau reçoit l'ordre de pousser sur Krugzell puis Dopsried, suivi du Détachement Chéry, qui, arrivé â 17 heures à Altusried, est dépassé par des Eléments du Groupement Labarthe.
A 17 heures 15, le Détachement Berthet a nettoyé Wigensbach où il a fait 90 prisonniers, dont un officier.
Les objectifs sont atteints. Le Colonel obtient du C.C. 2 de continuer la mission pour se porter sur la transversale Isny - Kempten, objectif prévu pour la journée du 30 Avril.
Les ordres suivants sont donnés à 17 heures 20.
a) Détachement Chéry prendra sous ses ordres le Peloton Destremau et se portera sur Waltenhofen par la grande route en traversant Kempten.
b) Détachement Berthet se portera à Ermengerst puis à Buchemberg, où il stationnera.
c) Détachement la Lance, se portera à Higgensbach prêt à intervenir au profit du Détachement Berthet.
Le 4/5e R.C.A., avec le Détachement Geliot, reçoit l'ordre de se porter de Friesenhofen sur le carrefour, cinq kilomètres Sud-Ouest d'Isny.
Le P.C. quitte Kirmaishofen à 18 heures pour Wiggensbach où iI rejoint le Détachement la Lance.
Successivement à 18 heures 40, le 3e Escadron arrive à Kempten et le 1er Escadron à Buchenberg sans incident. Toujours des prisonniers (40). A 19 heures 30, le 3e Escadron, atteint, Walthofen sans incident.
.Le P.C. à 20 heures 30, quitte Wiggensbach pour Kempten où il arrive à 21 heures 45.
Articulation du Régiment en fin de journée :
P.C. : Kempten ;
1/5e R.C.A. : Buchemberg avec les 57 ;
2/5e R.C.A. : Wiggensbach ;
3/5e R.C.A. : Waltenhofen, Geliot : Carrefour Wiler, 5 kilomètres Sud-Ouest d'Isny ;
4/5e R.C.A. : avec un Détachement
Pertes de la journée :
Personnel : néant.
Matériel : néant.

30 Avril 1945 :
Situation en fin de journée le 29 avril :
P.C. : Kempten ;
1/5e R.C.A. : Buchemberg ;
2/5e R.C.A. : Wiggensbach ;
3/5e R.C.A.: Waltenhofen ;
4/5e R.C.A. avec Détachement Geliot : au Sud-Ouest d'Isny.
Des ordres verbaux ont fixé le 29 au soir, Immenstadt comme objectif du Groupement Beaufort et du Groupement Geliot.
L'ordre d'opération du C.C. 2 du 29 avril, 22.30 B, annule les ordres verbaux précédents.
Missions : Le C.C. 2 a pour mission d'atteindre la transversale Immenstadt (exclus), Wertach et de pousser des reconnaissances jusqu'à Hindelang.
Le Groupement Beaufort franchira l'Iller â Kempten et s'articulera en fin de mouvement dans la zone Petershal - Riedis - Vorderburg - Wertach.
Le pont de Kempten devra être franchi à 9 heures.
La composition du Groupement n'a pas changé.
Le 4/5e est toujours avec le Groupement Geliot et a pour mission de franchir l'Iller au Sud de Kempten et de s'articuler en fin de mouvement dans la zone Agathazell - Stephans - Gintels - Kronzegg.
Articulation du Régiment :
Le Détachement Berthet se portera sur Kempten - Sulzberei - Petersthal - Wertach, où il stationnera.
Le Détachement la Lance se portera sur Petersthal par Sulzberei, prêt à appuyer le Détachement Berthet.
Le Détachement Chéry, le pont de Hegge, deux kilomètres de Waltenhofen, est praticable, se portera sur Riedis et Vorderburg où iI stationnera.
P.C. : Petersthal avec le Détachement la Lance.
A 9 heures, ordre est donné au Détachement Berthet d'emprunter la grande route jusqu'à Ay et se rabattre sur Wertach, même objectif.
A 9 heures 20, le Détachement Berthet démarre et le Détachement Chéry qui a reconnu le pont intact, commence son mouvement. Le pont est passé à 10 heures.
Très rapidement, sur la grande route, l'Escadron léger arrive à Ay sans incident et pousse sur Wertach, où il arrive à 11 heures 05.
Wertach est tenu par les Américains.
A 10 heures 45, le P.C. quitte Kempten. Le Détachement Chéry, malgré de grosses difficultés de terrain, arrive assez rapidement à Sulzberg, où il passe devant le Détachement la Lance, pour atteindre Riedis à 11 heures 50 et Vorderburg à 12 heures 15. La route est très difficile.
Le Détachement la Lance arrive à Petersthal tenu par les Américains. Impossible d'y installer le P.C. A 13 heures le Colonel décide de s'installer provisoirement à Moosbach.
Nous attendons les ordres du C.C. 2.
L'après-midi se passe dans les villages atteints.
Le Détachement Geliot, après avoir eu de multiples ennuis de terrain, était à 17 heures à Oberdorf et Martinzell.
Pertes : néant.
Le Détachement Geliot, suivant les ordres reçus a, en début de matinée, fait mouvement sur le pont de Martinzell, par l'itinéraire Weiter - Ritzen - Wertmari - Moos - Waltraun - Rieggis - Oberdorf.
Seuls, deux Pelotons du 4/5e R.C.A. peuvent passer entre Waltraun et Rieggis. La piste devenue impraticable après le passage des deux Pelotons, le reste du Détachement Geliot fait demi-tour et se porte sur Martinzell en passant par Kempten.
Le Capitaine Dumesnil, après avoir passé le pont à Martinzell, s'est porté sur Stephan - Rettenberg sans incident, où le reste du Détachement le rejoint à 19 heures 30.
Deux chars restent enlisés.
Articulation du Régiment pour la nuit.
P.C. : Moosbach ;
1/5e R.C.A. : Wertacb ;
2/5e R.C.A. : Peterstbal ;
3/5e R.C.A. : Vorderburg ;
4/5e R.C.A. : Rettenberg.

1er Mai 1945 :
Nuit calme pour toutes les Unités.
A 8 heures 30, l'Officier de liaison du C.C. 2 apporte l'ordre suivant :
Le 1/5e et le 2/5e R.C.A. sont dans la zone américaine à Wertach et Petersthal. Ils devront dans la journée avoir évacué ces villages. En conséquence ordre est donné de rechercher des cantonnements dans le secteur occupé par le Détachement Geliot.
Le 1/5e reconnaîtra Kranzegg ;
Le 2/5e reconnaîtra Freidorf, Burberg.
Vers 10 heures 40, le 1/5e R.C.A. signale que Kranzegg est occupé par des Eléments amis. Ordre leur est donné de reconnaître Raubenzell et de s'y installer.
Le 4/5e R.C.A. a fait reconnaître Burberg qu'il a trouvé libre. Ordre est donné au 2e Escadron de se porter de suite à ce Village et de s'y installer. Le 4e Escadron, laissera un Détachement jusqu'à l'arrivée du 2e Escadron.
Articulation du Régiment à 12 heures
P.C. : Mossbach ;
- 1/5e R.C.A. : Raubenzell ;
- 2/5e R.C.A. : Burberg ;
- 3/5e R.C.A. : Vorderburg ;
- 4/5e R.C.A.: Rettenberg.
A 15 heures, le P.C. change de cantonne,ment et s'installe à Freidorf et Greggenhofen. En fin de journée, le Régiment reçoit trois Officiers, venant du G.E.R.I.
- Lieutenant Reignac ;
- Sous-Lieutenant Piferini ;
- Sous-Lieutenant Espinas.
Ils reçoivent immédiatement l'affectation suivante :
- Lieutenant Reignac prend provisoirement le commandement de l'E.H.R. ;
- Sous-Lieutenant Piferini est affecté au 1er Escadron (Officier d'échelon) ;
- Sous-Lieutenant Espinas est affecté à l'E.H.,R. (T.C.). en remplacement du Lieutenant Michel.

2 Mai 1945 :
Articulation du Régiment :
- P.C. : Freidorf - Greggenhofen ;
- 1/5e R.C.A. : Raubenzell ;
- 2/5e R.C.A. : Burberg ;
- 3/5e R.C.A. : Vorderburg ;
- 4/5e R.C.A. : Rettenberg.
L'essence n'est toujours pas arrivée et le rayon d'action du Régiment est très limité.
Les chars 76, ont à peine 30 kilomètres.
Les chars légers, 20 kilomètres.
Les véhicules demi-chenilles et à roues, 15 kilomètres.
En fin de journée, l'essence arrive, les pleins sont faits. Le Régiment attend sur place les ordres, en vue de se regrouper pour un repos et une remise en état du matériel.
Le Capitaine Peix, fait prisonnier le 24 avril, et libéré le 1er mai, rejoint le Régiment et reprend le Commandement de l'E.H.R.
Le Lieutenant Reignac reste à l'E.H.R. comme adjoint.

3 Mai 1945 :
Articulation du Régiment :
Sans changement.
P.C. : Freidorf ;
1/5e R.C.A. : Raubenzell ;
2/5e R.C.A. : Burberg ;
3/5e R.C.A. : Vorderburg ;
4/5e R.C.A. : Rettenberg.
En principe, le Régiment fera mouvement le 4 mai dans la Région Nord de Biberach.
Ordre de déplacement et de stationnement N° 4815/3 C.C.2, du 3 mai, fixe les conditions du mouvement et du stationnement.
Le Régiment fera mouvement dans la journée du 4 mai pour se porter dans la Région Nord de Biberach, par l'itinéraire :
Pont de Martinzell - Kempten - Dirtmannsried - Memingen - Biberach - Altheim.
Départ à partir de 9 heures.
P.C. : Altheim ;
1/5e R.C.A.: Schemmerberg ;
2/5e R.C.A. : Untergriesingen ;
3/5e R.C.A. : Schaiblishausen ;
4/5e R.C.A. : Ingergingen.

4 Mai 1945 :
En exécution de l'ordre de mouvement du C.C.2, du 3 mai, N° 4814/3, C.C. 2, le Régiment fait mouvement à partir de 9 heures.
Le P.C. arrive à 13 heures à Altheim, occupé par des Eléments du 2e Cuirassiers qui ont empiété sur la zone du C.C. 2.
Ordre leur est donné de quitter le cantonnement, ce qui est fait à 16 heures 15. Les Escadrons ont rejoint leur cantonnement :
le 1/5e R.C.A. à 16 heures à Schemerberg ;
le 2/5e R.C.A., à Untergriesingen ;
le 3/5e R.C.A., à Sultmettingen ;
le 4/5e R.C.A., à Interkingen ;
l'E.H.R. et T.C., à Aufhofen.
Le Lieutenant Destremau passe du 1er Escadron à l'Etat-Major (Officier de renseignements).

5 Mai 1945
Dans la matinée, le Colonel décide de changer son P.C. qu'il porte à Risstissen. Le 2/5e, très mal installé à Untergriestingen, prend comme cantonnement le village de Untersultmettingen.
Mouvement terminé à 12 heures.
Articulation du Régiment :
P.C. : Risstingen ;
1/5e R.C.A. : Schemmerberg ;
2/5e R.C.A. : Untersultmettingen ;
3/5e R.C.A. : Obersultmettingen ;
4/5e R.C.A. : Inkergingen.

6 Mai 1945
Sans changement.
Le Lieutenant Schreiber est muté à Paris auprès du Général, chargé de l'Administration française du Grand-Berlin.
Nous perdons également le Lieutenant Foerst et le Sous-Lieutenant Foucher, absents depuis six semaines.

7 Mai 1945
Sans changement.
Le Régiment doit faire mouvement.

7 - 8 Mai 1945
Sans changement.
A 19 heures, le Régiment est alerté et doit être prêt à partir à minuit. Un peu plus tard, l'heure du départ est fixée à 2 heures, puis à 3 heures, la tête du Régiment devant être au P.I. Biberach à 3 h 30.
Le Régiment fera mouvement sur la région de Landau, où toute la 1ère D.B. doit se regrouper.
Exécution de l'ordre de mouvement VT N° 357/MOV de la 1ère D.B. du 7 mai 1945.
Itinéraire : Biberach - Buchau - Saulgau - Herbertingen - Rulfingen - Sigmaringen - Gaumertingen - Hechingen - Horb.
Zone de stationnement pour le 8 mai au soir :
- Schoploch ;
- Glatten.
Départ des éléments dans l'ordre : 1, 3, 2, 4, P.C., T.C., T.R. Départ du 1er Escadron à 2 heures 45. Départ des derniers Eléments à 4 heures.
L'itinéraire est bon, mais il est emprunté par une grande partie des Eléments de la D.B.
En particulier le 2e Cuirassiers, le 2e R.C.A., le 5e R.C.A., l'Artillerie, ce qui provoque de nombreux embouteillages.
D'autre part à Hausen, la circulation routière n'a pas réglé le mouvement sur Failingen. Un Escadron du 5e R.C.A. et un groupe d'Artillerie bloqués par un pont détruit, sont obligés de faire demi-tour, ce qui provoque un embouteillage invraisemblable.
L'étape est beaucoup trop longue : 211 kilomètres.
Beaucoup de chars ont des avaries mécaniques.
Le P.C. arrive à 17 heures à Scoploch, qui est déjà occupé par un dépôt de munitions et des unités de D.C.A.
Le 4e Escadron, qui devait cantonner avec le P.C., s'installe dans un village voisin.

9 mai 1945
L'essence devant arriver dans la nuit, le régiment fera mouvement sur Landau à partir de six heures par l'itinéraire :
Freudenstadt - Oberkirch - Pont de Kehl - Strasbourg - Haguenau - Wissembourg - Landau.
Les escadrons appartenant l'ordre : 3, 4, 2, 1. Ils sont regroupés à l'entrée du Pont de Kehl pour défiler dans Strasbourg.
À la sortie nord de Strasbourg, la circulation routière indique un nouvel itinéraire à suivre : Bischwiller - Seltz - Lauterbourg - Kandel - Spire.
Étape de 220 km pour la journée.
Zone de stationnement : Schifferstadt - Waldsee.
Arrivée à Schifferstadt à 21 heures 15.
En fin de journée :
- PC : Schifferstadt avec le premier et le deuxième escadron, ainsi que l'E.H.R.
- le quatrième et le troisième escadron à Waldsee.
De nombreux chars sont en panne sur la route.
Faute d'huile, plusieurs moteurs ont été détériorés. Les quantités de galets sont à changer.

10 mai 1945
Sans changement.
À 17 heures 15, le colonel reçoit l'ordre de se rendre au PC de la première armée avec le Lieutenant Destremau, officier des renseignements. Il part avec sa Mercedes et deux conducteurs. Le trajet à effectuer étant d'environ 400 km.

5ème REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE

ETAT MAJOR :

MF 42230

   
M 4 A?   BAYARD    
M 4 A1 76mm   DUGUESCLIN    
M 4 A2
  CURELY   détruit à Grünhutte le 01 12 1944
M 4 A2   DESAIX    
M 4 A2   COMMANDANT BOSSUT Lt   ROULAND
 
    DESAIX    

1er ESCADRON :

MF 42231

   
M 5 A1   ALSACE    
M 5 A1   POITOU    
M 5 A1   FLANDRES   détruit à Soultz le 04 02 1945
M 5 A1   ANJOU   détruit à Soultz le 04 02 1945
M 5 A1   ANJOU II    
M 5 A1   ANJOU III    
1er PELOTON :     Lt BROSSARD de CORSIGNY  
M 5 A1   AUVERGNE Asp SCARAMANGAS détruit à Magny le 05 09 1944
M 5 A1   AQUITAINE   détruit à La Valette le 21 08 1944
M 5 A1   AQUITAINE II    
M 5 A1   AQUITAINE III    
M 5 A1 439564 ARTOIS   détruit à La Valette le 21 08 1944
M 5 A1   ARTOIS II    
M 5 A1 446035 AUNIS    
M 5 A1   AUNIS II    
2ème PELOTON :     SLt DESTREMAU  
M 5 A1   BEARN Lt ROULAND détruit à Saint Désert le 05 09 1944
M 5 A1   BEARN II    
M 5 A1 
  BOURGOGNE   détruit à Freiolsheim (D) le10 04 1945
M 5 A1   BRETAGNE   détruit à La Valette le 22 08 1944
M 5 A1   BERRY    
M 5 A1 446054 BOURBONNAIS    
3ème PELOTON     SLt de MONTALEMBERT  
M 5 A1   LIMAGNE   perdu à Cité Amélie I le 30 01 1945
M 5 A1 432712 LORRAINE   perdu à Cité Amélie I le 30 01 1945
M 5 A1   LYONNAIS   détruit à Magny le 25 09 1944
M 5 A1   LYONNAIS II    
M 5 A1 432662 LIMOUSIN   détruit à Spielberg (D) le 08 04 1945
M 5 A1   LANGUEDOC   perdu à Cité Amélie I le 30 01 1945
M 5 A1   LAURAGAIS   détruit à Wald (D) le 19 04 1945
2ème ESCADRON :   MF 42232 Cne SEGUINS  
M 4 A2 445139 PARIS    
M 4 A2 445128 POITIERS    
1er PELOTON :     SLt SCHREIBER  
M 4 A2 445129 REIMS   détruit à La Valette le 21 08 1944
M 4 A2?   REIMS II
  perdu le 20 01 1945
M 4 A2 444675 RENNES   détruit à La Valette le 21 08 1944
M 4 A2   RENNES II    
M 4 A2 444677 ROCROI    
M 4 A2
445131 ROCHEFORT   détruit à Grünhute le 01 12 1944
M 4 A2   ROCHEFORT II   détruit à Cité Langenzug le 28 01 1945
M 4 A1 76mm   ROCHEFORT III    
M 4 A2?
445133 ROUEN   détruit à Langensteinbach (D) le 08 04 1945
2ème PELOTON :     Adj FLORENT  
M 4 A2 445132 SAUMUR   détruit à Gensbach (D) le 11 04 1945
M 4 A2 444679 SOISSONS   détruit à Grünhutte le 30 11 1944
M 4 A1 76mm   SOISSONS II    
M 4 A2 444678 STRASBOURG Lt SAUVEGRAIN détruit à La Valette le 21 08 1944
M 4 A2   STRASBOURG II    
M 4 A2 444680 SAINT CYR    
M 4 A2 468337 St MALO   détruit à Löffenau (D) le 11 04 1945
3ème PELOTON :     Asp Le CORRE  
M 4 A2 445134 VENDOME Asp Le CORRE détruit à Cité Langenzug le 28 01 1945
M 4 A2 444682 VERDUN MdL MAIRESSE-LEBRUN détruit à La Valette le 23 08 1944
M 4 A2   VERDUN II   détruit à Mühlenbach (D) le 12 04 1945
M 4 A2 444681 VESOUL    
M 4 A2 444683 VOUZIERS    
M 4 A2 444676 VERSAILLES MdL DUVAL  
3ème ESCADRON :   MF 42233 Cne CHERY  
M 4 A1 76mm   VALMY Asp CLAVERIE détruit à Tiergarten (D) le 15 04 1945
M 4 A2?   WAGRAM    
1er PELOTON :     Lt LOUSTEAU  
M 4 A2   AUSTERLITZ    
M 4 A2   ARCOLE    
M 4 A2   ALMA    
M 4 A2   AUERSTAEDT   détruit à Tiergarten (D) le 15 04 1945
M 4 A2   ARGONNE    
2ème PELOTON :     Lt d’ARAM  
M 4 A2   FRANCE Lt d’ARAM détruit à Freiolsheim (D) le 10 04 1945
M 4 A2   FORT DE VAUX    
M 4 A2   FLEURUS    
M 4 A2   FRIEDLAND    
M 4 A2   FONTENOY    
3ème PELOTON :     SLt de BOISGELIN  
M 4 A2   MALAKOFF   perdu au Pont du Bouc le 3 décembre 1944
M 4 A?   MALAKOFF II    
M 4 A2?   MARNE   détruit à Cité Langenzug le 28 01 1945
M 4 A? 
  MARNE II    
M 4 A2?   MARENGO   détruit à Cité Langenzug le 28 01 1945
M 4 A?   MARENGO II    
M 4 A2?   MARIGNAN    
M 4 A2?   MOSKOWA    

4ème ESCADRON :  

MF 42234

Cne DUMESNIL  
M 4 A2   RICHELIEU    
M 4 A2   TOURVILLE    
M 4 A1 76mm   TURENNE    
1er PELOTON :     SLt   PORY  
M 4 A2   LUXEMBOURG   détruit au bois de Moos le 30 01 1945
M 4 A2   LASSALE    
M 4 A2   LANNES    
M 4 A2   LAPERRINE    
M 4 A2   LOUVOIS    
M 4 A2   LYAUTEY    
2ème PELOTON :     Lt PINOTEAU  
M 4 A2   MONTCALM    
M 4 A2   MONTBRUN   détruit à Ettlingen (D) le 07 04 1945
M 4 A2   MONTLUC    
M 4 A2   MARCEAU    
M 4 A2
  MURAT   détruit à Meursault le 06 09 1944
3ème PELOTON :     Asp GOUMAND  
M 4 A2   CATINAT    
M 4 A2   CAMBRONNE   détruit à Moosbronn (D) le 10 04 1945
M 4 A2   COURBET    
M 4 A2   CLISSON   détruit le 28 11 1944
M 4 A2   CONDE    
M 4 A2   CHOISEUL    

1944 5e RCA Souvenirs char AUERSTAEDT


L’AVENTURE DU CHAR AUERSTAEDT
SHERMAN DU 1er  PELOTON DU 3e ESCADRON
DU 5e RÉGIMENT DE CHASSEURS D’AFRIQUE, ENGAGÉ DANS  L’OFFENSIVE POUR
 TOTALEMENT LIBÉRER L'ALSACE, LE 20 JANVIER 1945

PAR FERNAND FORMONT

 

Il y avait plusieurs semaines que le 3ème escadron avait pris ses cantonnements à Vellescot, village du Territoire de Belfort libéré deux mois plus tôt par le 4ème Escadron. Le personnel y était revenu sans enthousiasme, car il aurait préféré rester à Riedisheim dans la partie conquise de la banlieue sud de Mulhouse, cela malgré les pertes résultant de difficiles incursions dans la Harth importante forêt s’étalant le long du Rhin.

Tout le régiment était réparti dans le secteur, mettant à profit ce retrait de la zone de belligérance assez calme momentanément, pour effectuer à l’usine des Ets. VIELLARD-MIEGON et Cie de Granvillars, des réparations sur les chars ayant échappé à la destruction mais qui n’en étaient pas en très bon état pour autant. Peu à peu de bonnes relations s’étaient établies avec les villageois et les villageoises... Comme le service à assurer était des plus réduits, malgré le grand froid et l’épaisseur de neige couvrant le pays, les équipages estimaient qu’au fond ils avaient la belle vie. Cependant, en dépit de l’interdiction formelle de trop s’éloigner, comme d’autres j’avais un dimanche fait un aller et retour jusqu’à Mulhouse, ville qui avait pris un aspect sinistre. Constitués de sacs de sable, des fortins abritant des postes de tirs au sol ou de D.C.A. avaient été placés dans divers quartiers. Alors que durant la période suivant immédiatement la libération, l’activité urbaine en particulier rue du Sauvage, avait pu sembler être celle du temps de paix. Le jour s’entend, car on disait que la nuit sortant de caches trouvées dans les décombres dus aux bombardements sur le centre ville, et en relation avec l’ennemi occupant encore des points de la banlieue nord comme Lutterbach, des irréductibles se livraient à des actions de renseignement et de sabotage. Lors de ma visite illicite, la famille qui nous avait chaleureusement accueillis et hébergés durant plusieurs semaines, m’avait fait part de son profond désarroi ayant appris que les Américains étaient sur le point d’ordonner le retrait des troupes alliées de l‘Alsace.

Mais ce 19 janvier 1945 en début d’après-midi l’ordre avait été donné de déplacer les chars mis à l’abri sous les larges débordements des toits de fermes, voire même dans les granges, afin qu’ils reçoivent une couche de peinture blanche dispensée au pistolet par une équipe du P.H.R. Cela avait bien sûr constitué un sujet de plaisanterie, jusqu’au moment où les chefs de pelotons avaient appelé les responsables des chars. Au 1er Peloton le lieutenant FOERST s’était exprimé ainsi "Tenez-vous prêts à faire mouvement dès une heure du matin sur l’itinéraire Magny, Montreux, Chavannes-sur-l’Etang, Bréchaumont, Soppe-le-Bas, Pont d’Aspach, Aspach-le-Bas localité à la sortie de laquelle passe la ligne de front établie depuis novembre" . Puis s’adressant à l’adjudant-chef L...  "Au lever du jour une brèche sera ouverte dans un barrage fait de nos mines, pour permettre votre passage et celui de FORMONT votre soutien. Surtout prenez garde, car deux cents mètres plus loin la route serait truffée de mines, allemandes celles-là. Aussi ne tardez pas à entrer dans les champs à droite pour vous diriger vers ce qui bordera votre horizon, une large forêt traversée par la route Cernay-Mulhouse. Il nous faudra franchir celle-ci afin d’atteindre les objectifs qui sont :

- 01 la cité Else dans le bassin Potassique,

- 02 Staffelfelden et son pont sur la Thur,

- 03 Ensisheim, ne pas dépasser Neuf-Brisach dans la journée (sic).. Placés à votre droite, peu après votre débouché, nous vous rejoindrons accompagnés non pas de nos zouaves, mais de tirailleurs marocains du 8ème appartenant à la 2ème D.l.M., tandis qu’une intense préparation d’artillerie sera faite devant nous.

Arrivés à l’endroit où nous devions attaquer, nous avons eu le privilège de voir se lever le jour dans le beau décor constitué à gauche par la ligne non pas bleue cette fois mais rose, des Vosges illuminées doucement par les premiers rayons du soleil. Personnellement en voyant apparaître peu à peu la crête de l’Hartmannswillerkopf, j’ai eu une pensée pour nos anciens les Diables Bleus, qui de 1914 à 1918 ont tant combattu et souffert sur le Vieil Armand. De l’autre côté s’ouvrait le Ried, la plaine d’Alsace uniformément blanche et silencieuse, jusqu’à l’heure où ont claqué les premiers aboiements des 105 de nos camarades du 68ème R.A.D.B.

Mes appréhensions de la veille nées de la constatation que mon chef de groupe m’avait paru ne s’intéresser que de très loin au briefing, se sont trouvées fondées dès le démarrage de "l’ARCOLE", son char. A en juger par la série de bouffées grises sortant du moteur et correspondant à la montée trop rapide des vitesses, j’ai réalisé que l’aventure commençait plutôt mal. Mais j’étais là pour suivre et couvrir. Passé sans dommages sur les mines annoncées, arrivé à près d’un kilomètre au milieu des explosions prodiguées par nos artilleurs, voyant "l’ARCOLE" arrêté,

J’ai sorti un fanion indiquant que je prenais l’affaire en main, d’autant plus que L... malgré la défense d’user de la radio, me disait: "FORMONT, est-ce que tu vois le peloton ?"(sic)... M’engageant alors sur le vaste glacis nous séparant de la forêt, non indifférent au tragique spectacle des pauvres lapins, lièvres et autres bestioles bondissant de tous côtés dans les fulgurantes lueurs jaunes, rouges et vertes des éclatements, j’ai enfin aperçu au loin de minuscules points noirs avançant lentement en ligne derrière les trois autres chars, repérables tout de même car pas aussi blancs que la neige. "L’ARCOLE" dans mon sillage, me rapprochant en biais de la lisière car nous étions beaucoup trop avancés et déviés de l’axe d’attaque, crachant de toutes nos armes je me disais que si j’échappais à la décapitation par percutant-explosif et à l’allumage par anti-char perforant j’en devrais à LOUIS rendre grâce. Notre Saint Patron de la D.B. a dû intervenir puisque nous sommes arrivés indemnes sous le couvert à l’entrée d’une laie. Ainsi devenus cible moins remarquable, comme mon équipage j’ai éprouvé un soulagement qui n’a fait que croître jusqu’à l’approche difficile dans notre direction de "l’AUSTERLITZ Il", de "l’ARGONNE" et de "l'ALMA", ainsi que des fantassins.

Au fil de la matinée, le coin est devenu très fréquenté, le 2ème peloton et des T.D. de l’escadron GIRAUD du 9ème R.C.A. nous ayant rejoints. Estimant que "I’AUERSTAEDT" avait suffisamment fait "la chèvre", le lieutenant en a désigné d’autres pour passer en tête. Le soleil de plus en plus pâle ayant fait place à la chute de gros flocons, la progression dans le bois de Langholz, partie ouest de la forêt du Nonnenbruch, n’a pas été celle qu’avait prévue l'Etat-Major.

Sauté de mon engin pour m’entretenir avec le chef d’un T.D., je me suis retrouvé enfoncé dans la neige à mi-cuisses, et il est facile d’imaginer la peine des tirailleurs à avancer. Cela a duré des heures, l’ennemi utilisant des abris bétonnés d’avant 1914, et ce n’est qu’au jour déclinant que nous sommes arrivés à la route joignant Mulhouse aux Vosges. M’apprêtant à rejoindre les chars qui s’y étaient aventurés, j’ai assisté à une scène genre western, celle où le cow-boy danse sur place sous le tir de balles à ses pieds, mais là deux Sherman en travers de la voie ne pouvant se déplacer dans un sens ou un autre, sans faire sauter plusieurs mines heureusement pour eux anti-personnel.

C’est ainsi qu’à quatre ou cinq kilomètres de la base de départ, a pris fin pour nous la première journée de l’offensive qui devait nous amener d’un seul élan une nouvelle fois au bord du Rhin. Devant pareil résultat la nuit tombant rapidement, l’ordre étant arrivé de se replier daredare, les marocains embarqués sur les plages arrières les chars ont repris le chemin inverse. Presque en queue de colonne, arrivé à la hauteur de l’un des bunkers difficilement neutralisé à l’aller, "l’AUERSTAEDT" a glissé sur le côté dans un large fossé traîtreusement caché par la neige. Descendu pour diriger la manœuvre une lampe-torche à la main, j’ai moi-même plongé jusqu’au ventre dans un mélange d’eau et de glace. Malgré mes recommandations et les efforts du pilote, après plusieurs essais pour s’arracher, la chenille droite rompue s’est déroulée et nous avons dû renoncer à nous sortir de là, tandis que nos passagers ont détalé sans vergogne. Passant le dernier, précédant à pied le "FRANCE" son char, le chef du 2ème Peloton s’est arrêté pour s’enquérir de notre problème . Ne pouvant ni intervenir ni s’attarder, avec un regard chargé d’intense sincérité le lieutenant d’ARAM de VALADA m’a serré fortement la main en disant : "Bon courage FORMONT".

Prisonnier de la neige...

Un silence pesant s’étant établi, j’ai évalué le degré critique de la situation, tandis que BURTIN notre pilote toujours enclin à l’emphase me disait en me prenant le bras : "Avec toi jusqu’à la mort ...!" En attendant cette éventualité et pour ne pas aggraver mon cas, je me suis débarrassé de ma tenue blanche modèle front russe Wehrmacht, après avoir commandé de vider le char qui donnait de plus en plus de la gîte, de son armement et des munitions. Il ne nous restait plus qu’à nous installer en face dans l’abri. Gros cube de béton, celui-ci ne comportait qu’une pièce étroite attestant de l’importante épaisseur des murs. Sur un côté trois châlits faits de branches superposés et équipés de vilaines paillasses, en prenaient la place à moitié. A terre traînaient des boites contenant des tisanes. L’entrée ouverte vers l’est était masquée par une bâche déchiquetée, et protégée par un mur de rondins ayant souffert de l’assaut. Après avoir quelque peu restauré celui-ci pour y aménager des ouvertures destinées à recevoir les tubes de nos trois mitrailleuses, nous avons déplacé avec difficulté à cause du gel, les corps de trois des défenseurs. A peine revenus de notre pauvre engin pour y prendre le reliquat de notre stock de rations alimentaires, une volée de Minen s’est abattue nous faisant comprendre que notre séjour en pareille villégiature allait comporter certains risques. Même le calme revenu la nuit s’est passée en tours de garde pris à plusieurs, l’estomac noué. L’arrivée derechef des Minen au matin, et l’envie d’avaler une boisson chaude, nous a contraint à ramper auprès de nos malheureux prédécesseurs aussi raides qu’inoffensifs, pour récolter un peu de neige à fondre sur nos plaquettes d’alcool solidifié Méta. Au cours de notre séjour, très vite épuisé le café soluble U.S. a été remplacé par "le thé des familles" trouvé sur place, et nous faisant découvrir le goût que semblait avoir le Teuton pour l’herboristerie...

Le harcèlement s’étant interrompu au début de l’après-midi, bien que très ennuyé d’avoir à m’éloigner de mon équipage, je me suis décidé à aller vers l’arrière pour me rendre compte de l’étendue de notre isolement. Sorti du bois et le longeant sur ce qui me semblait être un chemin, arrivé difficilement au fait d’une petite butte car marchant dans la neige jusqu’aux genoux, j’ai eu soudain le stupeur de voir venant dans ma direction des démineurs actionnant leur poêle à frire, en avant de "l’ALMA". Les sapeurs m’ayant crié de m’immobiliser j’ai attendu que le char lui aussi un temps en difficulté, soit à ma hauteur pour demander à l’ami PAPIN où en était la situation. Pas plus renseigné que moi, sans s’arrêter il m’a seulement fait part de sa hâte de quitter ces lieux par trop inhospitaliers. Après que ses anges gardiens animés des mêmes sentiments aient pratiqué leur pêche aux pièges à C... autour de moi, non sans me dire "an’ ta maboul" en hochant la tête, il ne me restait plus qu’à mettre mes pas dans ceux que j’avais marqués en venant, ce qui d’ailleurs ne constituait pas forcément une sécurité.

Le lendemain les choses ont pris une autre tournure, des projectiles d’artillerie alternant avec des Minen et faisant des ravages dans les ramures. Alors que de puissants rugissements encore inconnus pour nous se faisaient entendre d’assez près, plus inquiétants encore était le crépitement caractéristique de la MG 42, suivi de celui des balles sur le tronc des arbres alentours. C’est là que pour moi s’est alors posé le dilemme au cas où nous aurions affaire à une contre-attaque, mon devoir serait de détruire le char afin de le rendre inutilisable pour l’ennemi action facile à réaliser de nombreux "panzerfaust" étant éparpillé autour de nous. Ou bien au contraire, en empêcher la destruction par une patrouille en maraude. Deux jours se sont passés dans cette expectative, non passivement car nous avions les moyens de faire beaucoup de bruit grâce à nos trois mitrailleuses, surtout avec la 12,7. Sans nourrir trop d’optimisme, nous apprécions que les silhouettes "feldgrau" aperçues ne semblaient pas vouloir trop s’aventurer avec l’intention de nous fondre dessus. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’un peu plus au nord retranché dans un groupe de blockhaus, un assez fort parti de marocains de la 4ème D.M.M. avait constitué un point d’appui. Il est probable que cela constituait un objectif prioritaire et peut-être aussi par notre feu faisions nous illusion Nous ignorions également que dans la même direction, mais beaucoup en retrait, les Commandos d’Afrique du colonel BOUVET vivaient de sales moments à la ferme Lutzelhof.

Le quatrième jour en fin d’une nuit calme, à l’affût derrière des rondins avec mon tireur, nous avons entendu des pas crissant sur la neige et venant de l’arrière. Un homme avançait bien distinct sous la clarté de la lune, au milieu du layon. L’ayant laissé nous dépasser d’une vingtaine de mètres avant de lui faire les sommations d’usage, il s’est arrêté comme pétrifié et ce n’est pas dans l’instant qu’il nous a indiqué sa nationalité... Il s’agissait d’un jeune aspirant du régiment marocain qui, ayant admis volontiers son imprudence, nous a fait la faveur d’augmenter notre petite garnison du groupe de mitrailleurs tous berbères, arrivés à sa suite. Prévenant, le sergent qui le commandait estimant que nous avions grand besoin de récupérer, a tenu à ce que je m’en remette à lui quant à la suite des évènements.

Ayant fait étendre autant que faire se peut les trois paillasses sur le sol, en nous conviant les cinq à nous y recroqueviller au mieux, il a rangé sur le mode rappelant le séchage en silo des feuilles de tabac, ceux de ses hommes non encore préposés à la défense augmentée d’une mitrailleuse de 30 à refroidissement par l’eau. Ainsi tour à tour, huit de ces valeureux guerriers assis sur deux rangs superposés, tous harnachés le fusil entre les jambes et sans la possibilité de bouger sauf au moment des relèves, ont pu constituer un capital de sommeil en prévision de veilles prolongées dans la neige. Comme il restait un espace réduit près de l’entrée, pensant qu’il ne pouvait être utilisé qu’à cet usage, notre sergent moustachu s’est mis en peine d’y faire un bon feu... Passé un moment du suffocation générale, la fumée avant de s’évacuer n’occupant que le haut sans toutefois gêner outre mesure les occupants serrés sur leurs perchoirs, à en juger par leurs toussotements et crachotements modérés, une petite place ayant été faite entre nous pour le sergent, l’ambiance dans le gourbi a pris un ton sympathique compte tenu du contexte. Ajouté à cela qu’il restait des tablettes de Méta, que les musettes marocaines n’étaient pas dépourvues de café, et que TOUCHARD s’était découvert une vocation de cafetier maure, nous ne pouvions qu’admettre que si la guerre était un sport comportant parfois de réels dangers, il n’en offrait pas moins d’indéniables attraits à ceux capables d’apprécier. D’autant plus que nonobstant ces fameux bruits lugubres déchirant l’air et faisant frissonner les nouveaux venus, les mitrailleuses n’ont pas eu à intervenir autant que la veille, le front ayant peut-être craqué quelque part.

Le cinquième jour s’apprêtait à être vécu aussi philosophiquement, quand l’arrivée prudente au milieu de la matinée d’un char de dépannage escorté d’autres tirailleurs, a fait se vider l’abri. Venu en mission d’éventuelle récupération, l’adjudant-chef PAJAUD à notre vue encore plus tonitruant qu’à l’habitude, mais cette fois pour traduire son étonnement et sa joie de nous trouver là surtout en vie, a immédiatement commandé ses gens de l'Echelon de se mettre au travail. Extraire notre épave de sa souille n’a pas été chose facile, et ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous avons pu nous mettre en route, après un échange d’adieux non dénués d’émotion virile et réciproque avec nos compagnons.

Forcés de passer une nuit dans une étable jouxtant un moulin non loin duquel des automoteurs du 68ème étaient en batterie, suivant le lendemain l’engin de dépannage, nous avons contourné la grande forêt par le sud. A nouveau après une éclaircie, la neige tombant en abondance, c’est dans une forte bourrasque que nous avons traversé Heimsbrunn, lieu des exploits réalisés deux mois plus tôt par l’escadron de reconnaissance du 9ème R.C.A. Assis sur la tourelle les jambes à l’intérieur, m’efforçant de guider le pilote aveuglé par la neige, je me suis senti désagréablement enlevé. Le haut du corps pris dans un énorme faisceau de fils que les gars des Transmissions avaient tendus trop bas entre deux poteaux en travers de la rue, j’ai chu par chance à l’écart de la chenille droite en mouvement. Le menton râpé, j’ai pu récupérer mon casque lourd qui avait volé au diable, et rejoindre le char arrêté plus loin.

Arrivé au centre de Reiningue toujours annoncé Reiningen par un panneau jaune bordé de noir, j’ai été arrêté par les grands gestes du chef d’escadrons de BERTERECHE de MENDITTE qui planté au milieu de la rue s’est écrié "Mais c’est l’AUERSTAEDT !" Je l’avais déjà rayé de la liste des chars qui nous restent, tant mieux en voici un de plus. Tous mes compliments !" M’efforçant de croire que l’équipage avait sa part dans cette manifestation de joie, je me suis mis en quête de mon peloton. Je l’ai retrouvé au complet dans une maison disposant encore de ce qui pouvait ressembler à un toit, au moment où il apprenait que le lieutenant de MONTALAMBERT à partir de ce jour, allait remplacer le lieutenant FOERST muté comme magistrat à la Justice Militaire.

Revenu parmi les siens, "l’AUERSTAEDT" devait encore se trouver dans des situations difficiles, mais bien sûr ceci est une autre histoire...

Source : Bulletin de l'Association des Amis du Musée des Blindés de Saumur

 

  1. 1944 2e RSAR jmo
  2. 1944 2e RD Historique
  3. 1944 - 2e RC jmo
  4. 1944 - 2e RCA souvenirs Dépollier

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