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1940 - 2e BCC JMO

2e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
 
Cette unité, équipée de 45 chars R 35, aux ordres du commandant François est formée le 31 août 1939 et rattachée administrativement au 501e Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC), affectée à la Ve  Armée.
De septembre 1939 à mai 1940 le Bataillon est stationné en Alsace. Cantonnements à Hochfelden puis Schweinheim.

10 mai 1940
A 1 heure le 2e bataillon est mis à la disposition de la IXe Armée et quitte le cantonnement de Schweinheim à partir de 17 heures.
L’embarquement a lieu à Saverne sur 4 rames échelonnées sur 24 heures. Les éléments lourds sur roues constituent une colonne qui fait mouvement sur route.

15 mai 1940
A 12 heures, l’E.M. et la 2e Compagnie débarquent à Guignancourt. A 15 heures le chef de bataillon François commandant le 2e BCC prend contact avec le colonel Simonin commandant la 8e demi-brigade de chars dans les bois de Corbeny puis avec le colonel de Gaulle commandant la 4e Division Cuirassée à Bruyère. Le 2e Bataillon est affecté à la 8e demi-brigade de chars.

17 mai 1940
La 2e Cie du 2e BCC est engagée à 4h15 sur l’axe Maison Bleue, Sissonne, Boncourt, La ville Aux Bois, Lislet.
Objectifs :
O1, passage de la Serre à Lislet
Mission de Couverture de la 4e DCR face à l’est.
A 19h30 les objectifs sont atteints ; la 2e Compagnie prise à partie par l’artillerie ennemie et par des antichars se replie à défilement de tourelle face à l’objectif. A la suite d’une contre attaque motorisée ennemie, 2 chars sont détruits, le  chasseur Lacoustête est tué. Au cours de la progression de la section d’Échelon le chasseur dépanneur Cabos est tué par une arme automatique.
A 18 heures, le chef de Bataillon au reçu de l’ordre regroupe la 2e Cie dans les bois de Montaigu.
Successivement, la 1ère Compagnie débarquée à Mont Notre Dame, puis la 3e Compagnie débarquée à Braine rejoignent le Bataillon.

Nuit du 17 au 18 mai 1940
Bivouac gardé dans les bois de Montaigu.

18 mai 1940
3 Sections de la 3e Compagnie sont placées en bouchons à Sissonne, PN de la Maison Bleue, Château de Montaigu. Le caporal Mouchot détruit 3 véhicules blindés à Sissonne.
La C.E. débarquée à Mont Notre Dame s’installe à Guyencourt.

19 mai 1940
A 0 heure, le Bataillon fait mouvement pour gagner des positions de départ au N.O. de Laon.
Heure H : 4 heures : Axe d’attaque : Chéry les Pouilly, Crécy sur Serre.
Objectifs :
O1 lisières sud de Chéry les Pouilly
O2 lisières sud de Crécy sur Serre.
Après arrêt sur O1 sur l’ordre du chef de Bataillon, la progression reprend en direction de O2 qui est atteint à 9 heures. Soumis à un violent bombardement par avions une partie du Bataillon se replie, à défilement de tourelle face à l’objectif. La 1ère et la 3e Cie occupent le sud de Crécy. A 15 heures, au reçu de l’ordre le chef de Bataillon regroupe le Bataillon puis le porte en bivouac gardé dans les bois de Lavergey. Une section est fournie en bouchon à Parfondru.
A 17 heures l’élément avancé de la C.E. stationnant à Craonnelle et Pontavert est attaqué par des éléments légers rapides ennemis et se replie en combattant avec 2 chars de remplacement, derrière l’Aisne.
Pertes du 19 mai 1940.
Blessés :
Sergents Tiveddo, Mallerand, Hily, caporal Boulard, chasseur Poupard.
Disparus :
S-Officiers Chidaine et Le Gouriellec, caporal Bressenot, Chasseurs Queillet, Madal, Lorilloux, Ressedand, Néand, Perrochain.
Pertes en Matériel :
Chars détruits par antichars au pont de Crécy sur Serre :
4 dont 3 de la 3e Cie
Chars en panne sur le terrain et abandonnés :
4 dont 2 de la 3e Cie
Pris par l’ennemi :
2 chars non armés de l’Échelon avancé
1 tracteur de ravitaillement et 2 remorques.

20 mai 1940
A 6 heures, le 2e Bataillon mis à la disposition du 10e Cuirassiers détache une section de la 1ère compagnie au PC de Festieux.
La 2e compagnie fournit 3 sections en bouchons pour garder les issues de Bruyères en direction de Laon, Vorges et Parfondu. La 3e compagnie (9 chars) reçoit l’ordre de former bouchon à la Maison Bleue. Elle est attaquée au S.-O. de Festieux et ne peut plus s’y porter.
A 11 heures le chef de bataillon donne l’ordre aux éléments sur roues de se replier derrière l’Aisne par Vailly. La section Robert de la 1ère compagnie détaché le 19 à Parfondru rejoint Festieux vers 12 heures. Elle dégage l’itinéraire de repli du 10e Cuirassiers qui décroche sur ordre à partir de 13h30.
La 1ère compagnie se regroupe ainsi que des éléments de la 3e compagnie à Chamouille et passe l’Aisne au pont de Bourg et Comin à 17h30.
La 2e compagnie reçoit à 14 heures l’ordre de repli avec la mission d’assurer la protection des éléments d’état-major du 2e Bataillon sur l’itinéraire : Bièves, Chermiey, Paissy, Pont l’Oeilly.
A la ferme de la Tour du Paissy la colonne est attaquée et arrêtée par des armes antichars. Le char du commandant de compagnie, lieutenant Forest est détruit. Les éléments d’E.M. ne peuvent franchir les barrages ennemis et ne réussissent à rejoindre les lignes françaises que 48 heures plus tard. Les chars de la compagnie parviennent à se dégager et passent l’Aisne aux ponts d’Arcy et Bourg et Comin.
Pertes en personnel pour la journée du 20 mai
Tués :
Capitaine Chanut de la 3e compagnie
Lieutenant Forest commandant la 2e compagnie
Matériel :
1 char détruit par mines françaises au pont d’Oeilly.
1 char détruit à la ferme du Tour du Paissy.
3 chars en panne détruits par les équipages.
2 tracteurs de ravitaillement de la 3e compagnie détruits à Festieux.

21 mai 1940
Le Bataillon se regroupe avec sa base arrière à Crugny.

24 mai 1940
Un bataillon de marche est formé sous le commandement du capitaine Barrelet avec 15 chars du 2e Bataillon de chars et 5 chars du 24e Bataillon.

25 mai 1940
Le Bataillon de Marche 2/24 fait mouvement et stationne dans le bois 1 km O. de Braches. PC à Braches.

26 mai 1940
Mouvement et stationnement dans les couverts au N. de Thoix. PC à Thoix.

28 mai 1940
Le Bataillon fait mouvement à 0h30 et se porte au sud d’Abbeville dans les bois entre Wiry et Allery. A 15 heures le Bataillon va se placer en P.D. au sud de Limeux et contre attaque de 17 heures à 22h15. 17 canons antichars sont détruits. L’ennemi compte environ 700 tués et blessés et 800 prisonniers.

29 mai 1940
A 4h10 l’avance reprend, les chars appuient le 22e Régiment d’Infanterie Coloniale.
La 1ère compagnie passe en réserve et forme bouchon dans le ravin d’Huchenneville.
Pertes en Personnel :
Capitaine Barrelet blessé, non évacué.
Lieutenant Mourot blessé.

30 mai 1940
A 11h30, le Bataillon se porte aux lisières N. du bois des Hétroys pour contre-attaquer éventuellement en direction de Villers-Mareuil.
Mareuil est repris, le général de Gaulle y installe aussitôt son PC mais les allemands s’accrochent sur le Mont Caubert et le Camp de César. Le char 50660 est touché par un obus de gros calibre.
A 19h30 le capitaine Barrelet reçoit l’ordre de se mettre à la disposition du 3e Bataillon (Cdt Jacobi) du 23e R.I.C. pour attaquer en direction du bois de Villers.
P.D. Route de Rouen au S.-O. de Villers-Mareuil.
Les compagnies d’Infanterie ne sont rassemblées que vers 21h30.
L’opération ne peut avoir lieu étant donné la nuit. La marche d’approche des chars protégée par le 3e Bataillon s’effectue en direction du bois de Villers.
Le groupement mixte constitué par 11 chars du 2e Bataillon et les éléments du 23e R.I.C. atteint le carrefour route de Bienfay-Villers, chemin de terre du Mont de Caubert , le 31 à 2 heures du matin.

31 mai 1940
A 4 heures, le Bataillon 2/24 et le 3e Bataillon du 23e RIC sont violemment bombardés par l’artillerie ennemie. Le commandant Jacaobi donne ordre à une section du 2e Bataillon de se porter à l’attaque en direction du Mont de Caubert, 20 minutes après à une autre section de se porter à la lisière N. du bois de Villers et de nettoyer les lisières face au nord.
La première des 2 sections part vers son objectif. A ce moment le capitaine commandant le 2/24 reçoit l’ordre de repli, mais ne peut arrêter ses sections, l’infanterie ayant déjà fait mouvement. Il donne néanmoins à la 2e section l’ordre de remplir sa mission et de se replier immédiatement après avoir averti la 1ère section d’avoir à se replier également. Ces ordres sont strictement exécutés. Néanmoins au cours de l’attaque, les sections sont prises sous le feu réglé d’armes antichars.
5 chars restent sur le terrain.
Le sous-lieutenant Robert est porté disparu, présumé tué.
L’aspirant Bichet, l’aspirant Lefevre et le chasseur Roy sont blessés et évacués.
L’infanterie réussit à s’infiltrer, la mission est remplie.
Le bataillon se regroupe avec les éléments du 24e Bataillon restés au bois de Hetroys pendent l’opération, à Frucourt.
Pertes en Personnel :
1 officier disparu, présumé tué : Lieutenant Robert.
2 sous-officers blessés : aspirants Bichet et Lefevre
2 chasseurs blessés : Vivier et Roy.
Pertes en matériel :
5 chars détruits par antichars au bois de Villers.

1er juin 1940
A 6h30 le Bataillon fait mouvement et se regroupe avec sa base arrière à Hepomesnil.

6 juin 1940
Le 2e Bataillon fait mouvement et stationne le 6 juin au petit jour à Roye.

8 juin 1940
Le Bataillon 2/24 fait mouvement à partir de 14 heures et fournit des bouchons à l’est de Ons-en-Bray pour garder le carrefour route de Gournay à Beauvais, route de Gournay à Auneuil et les passages de la voie ferrée.
PC le Pont Qui Penche.

9 juin 1940
Le Bataillon 2/24 fait mouvement et s’installe à Chars en bivouac gardé en direction N. et N.-O. et passe directement aux ordres du chef de bataillon Bertrand commandant le 4e B.C.P.

10 juin 1940
A 2 heures le Bataillon part en direction de la Villeneuve St Martin et fournit une section à la Villeuneuve St Martin, une section à Us, une section au Bord Haut de Vigny. La section Martin du Haut Bord de Vigny postée depuis 6 heures prend contact à 12 heures et en coopération avec une batterie de 47 antichars et une section du 4e B.C.P. contient l’attaque ennemie jusqu’à 15 heures. A 15 heures l’ordre de repli est donné par le commandant Bertrand au capitaine Barrelet. La section Planchard au contact à Us n’ayant pu être jointe se replie avec les éléments du 4e B.C.P. laissant 2 chars détruits par armes antichars sur le terrain. Le repli du Bataillon s’effectue par le pont de Poissy jusqu’à Beynes.
Pertes en personnel :
1 sergent-chef, 1 caporal-chef et 3 chasseurs du 24e BCC portés disparus.
Pertes en matériel :
2 chars détruits par armes antichars.

12 juin 1940
Le Bataillon 2/24 passe aux ordres du colonel Sudre, commandant la 6e demi-brigade de chars.
A 10 heures, le Bataillon se porte au château de Grandchamp et fournit des bouchons pour garder les routes face au nord et à l’ouest.

13 juin 1940
A 15 heures, le capitaine Barrelet au reçu de l’ordre déplace le Bataillon et l’installe à Beauvilliers en bivouac gardé avec des bouchons aux issues de Beauvillier et à Villereau.

15 juin 1940
A 3 heures le Bataillon 2/24 fait mouvement en direction de Chartres et s’installe à Barjouvelle en vue de contre-attaquer éventuellement avec le 4e BCP face à l’est en direction de Coudray et de Bonville.

17 juin 1940
A 7h40, le capitaine Barrelet reçoit l’ordre de replier la 1ère compagnie de Villars à Cormainville et les 2e et 3e compagnies dans la région de La Frileuse-Villève.
A 8h15, la 1ère compagnie (Lt Fourrier) reçoit l’ordre d’aller décrocher le 4e BCP à Villars. En arrivant à Cormainville le lieutenant Fourrier prend liaison avec le chef de bataillon Bertrand commandant le 4e BCP et apprend que les éléments de Villars ont pu décrocher seuls. Toutefois, une compagnie du 4e BCP n’aurait pas pu décrocher à Neuvy en Dunois. En arrivant à Sancheville, le lieutenant Fourrier apprend par le 12e GRCA qu’il n’y a plus aucune troupe à Neuvy en Dunois.
La 1ère compagnie forme alors des bouchons face au nord en direction de Villars et face à la Folie Herbaut où des éléments ennemis sont signalés par des patrouilles.
Ces bouchons sont maintenus jusqu’à la fin du décrochement de ces éléments. Le contact est pris dans les deux directions Villars – La Folie. La mission terminée, la compagnie se replie en tirant sur les éléments ennemis qui avaient atteint les lisières N. et N.-E. de Sancheville et assure à nouveau le repli et la protection des éléments du 11e Tirailleurs et du 4e BCP au nord de Cormainville.
La S.E. de la 3e compagnie est encerclée à Gaubert et se dégage élément par élément.
A 12 heures, le bataillon fait mouvement et s’installe en bouchon sur la Nationale 155 à la sortie N. de Villampuy.
A 13 heures, le capitaine Barrelet met la 2e compagnie  à la disposition du commandant Bertrand pour protéger le 4e BCP à Civry. Vers 15 heures, le contact est pris à distance en direction de l’est avec les éléments ennemis. Au cours du bombardement deux chars sont détruits.
A 16h50 l’ordre de repli est donné. Le Bataillon forme des bouchons face à l’est à Juvrainville-Harbouville, puis des lisières de la forêt de Marchenoir face à l’est et au sud-est.
A 23 heures, l’ordre de mouvement parvient au Bataillon qui se porte en direction de Mer et de Chambord.
Pertes en personnel :
Blessés à la 3e Cie :
Lieutenant Weil, commandant la Cie, sergent Filliol, chasseur Gaye
Trois chasseurs de la 3e Cie sont portés disparus : Jaunay, Rey, Boue
Pertes en matériel :
2 chars détruits par bombardement (dont le 50018)

18 juin 1940
Le Bataillon bivouaque au petit jour au carrefour 3 km nord de Bracieux dans la forêt de Boulogne.
A 15 heures le Bataillon reçoit l’ordre de partir à Bauey.
Des bouchons sont installés face au nord et à l’est.
La 2e compagnie fournit une section (lieutenant Rosset) qui fait bouchon à Neuvy à la disposition du commandant bertrand. A 23 heures le capitaine Barrelet reçoit l’ordre de changer le dispositif. La 1ère compagnie doit fournir 1 section en bouchon à Dhuizon, une section en bouchon à Villeuneuve. La section de Neuvy reste en place.
9 chars provenant du Parc de Rosny sont récupérés dans la nuit.

19 juin 1940
Un contrordre arrive et prescrit le mouvement du 2/24 pour 3h15 en direction de Cour-Cheverny.
Une section reste en bouchon au carrefour de la Nationale 765 et CC 19 en direction de Romorantin. Le gros du Bataillon aux lisières sud de Cheverny est en surveillance face au S.E.
A 7h30 la 2e compagnie envoie une section à Contres à la disposition du 4e escadron du 6e Cuirassiers.
A 12h10 la 1ère Cie et le 2e Cie fournissent chacune une section en bouchon à Condres.
A 13h30 le Bataillon fait mouvement vers Choussy et le dispositif général est réalisé à 17h30 avec :
1 section au Clouseau.
2 sections à Condres
1 section à St Romain
et 10 chars aux issues de Choussy.
A 19h30 l’ordre de mouvement est donné pour se porter vers Orbigny par le pont de Bourre en assurant la protection du 4e B.C.P.

20 juin 1940
Au petit jour 1 section est placée en bouchon à Pertuis, 1 section à l’Etang S.E. d’Orbigny, 2 sections à Beaumont-Village.
A 17h45, l’ordre de mouvement est donné. Le Bataillon reste en appui du 4e BCP et stationne à Charnizay. La 2e Cie fait bouchon à la Belletière. La 1ère Cie détache la section Martin à St Michel.
6 chars en panne sur le terrain ont du être incendiés.

21 juin 1940
A 8h30, le capitaine Barrelet reçoit l’ordre de porter le Bataillon à St Flovier dans le but de contre-attaquer éventuellement en direction de Châtillon.
Des bouchons sont installés route de Flère, au nord de St Flovier et sur la route de Châtillon.
L’après-midi, une section fait une patrouille de reconnaissance.
Le contact est pris route de Flère vers 19 heures.
A 21h45, l’ordre de repli arrive. Le Bataillon fait mouvement et stationne à Martizay.
Pertes en matériel :
1 char incendié 1 km nord de Verneuil.

22 juin 1940
Le Bataillon fournit un bouchon de 3 chars à Tournon, de 2 chars sur le G.C. 18, de 3 chars sur la Route Nationale 675 et de 3 chars sur la V.O. N.-O. de Martizay.
1 section de la 1ère compagnie se porte en direction de Bossay pour dégager le 10e Cuirassiers. Le repli s’effectue à 12 heures. Le Bataillon stationne à Angles et garde les issues Fournioux – St Pierre de Maille.
Sur ordre, le lieutenant Fourrier commandant la 1ère compagnie part en patrouille avec 2 sections de chars à Vicq et Izeures où des éléments ennemis étaient signalés. Il rentre et rend compte.
A 20 heures le Bataillon fait mouvement en direction de Charnizay et stationne à Lhommaize.
Pertes en matériel :
4 chars en panne incendiés.

23 juin 1940
Une section est installée en bouchon au Pont de Civaux pour appuyer le 4e BCP.
A 11h30, 1 section de la 1ère Cie est détachée sur la Nationale 147 en direction de Poitiers.
A 15h15, le Bataillon fait mouvement et stationne à Jousse.

24 juin 1940
Des bouchons sont fournis par le Bataillon sur la route d’Usson et sur la route de Payroux.
A 10 heures, le gros du Bataillon se porte à Usson pour dégager le 4e BCP et lui permettre de se replier à pied, son train de combat étant pris par l’ennemi. Le contact est pris immédiatement avec des colonnes venant du nord et de l’est.
2 chars sont détruits par armes anti-chars.
Le capitaine Barrelet avec une section de chars à la sortie de Jousse assure le plus longtemps possible le repli du 4e BCP vers Genouillac.
Pertes en personnel :
Aspirant Rouget, tué.
Sous-lieutenant Martin et 1 chasseur contusionnés.
Pertes en matériel :
2 chars détruits par armes antichars
1 char en panne, incendié.

25 juin 1940
Le Bataillon 2/24 fait mouvement et stationne à Dounazac.

1940 - 1er RC

                                                                
JOURNAL  DE MARCHE DU 1er RÉGIMENT DE CUIRASSIERS


1er janvier 1940

Le Régiment est formé par le Centre d'Organisation Mécanique de la Cavalerie. Ses cadres proviennent de divers Régiments et du C.O.M.C. ; la troupe provient de plusieurs dépôts et ne comprend à quelques exceptions près que des réservistes.
1°) L'effectif est de : 37 Officiers - 125 Sous-Officiers - 800 Hommes
2°) Son Organisation est la suivante :
- Un Etat-Major.
- Un E.H.R.
- Un Groupe d'Escadrons (n°1) à 2 Escadrons et 4 Pelotons de 5 chars Somua.
- Un groupe d'Escadrons (n°2) à 2 Escadrons et 4 Pelotons de 5 Chars Hotchkiss,
Soit avec les chars de Commandement :
46 Chars Somua
42 Chars Hotchkiss
En tout : 350 véhicules.
3°) L'Ordre de Bataille des Officiers est le suivant :
Chef de Corps : Lt Colonel de Vernejoul (Active)
État-Major Capitaine adjoint : Cne de Labarthe (Active)
Officier de Renseignements : Lt Leitienne (Réserve)
Officier de Transmissions : Lt Rabot (Réserve)
Officier orienteur : S-Lt Misse (Réserve)
Chef de Service Auto : Cne de la Forest Divonne (active)
Médecin Chef : Médecin Capitaine Basset (Réserve)
Officier de Détails : S-Lt Meric (Active)
E.H.R. Capitaine Commandant : Cne Wurtz (Réserve)
Officier d'Approvisionnement : Lt Pruvost (Active)
Chef d'Atelier: S-Lt Barraud (Active)
Dentiste : Dentiste Auxiliaire Chapard (Réserve)
Pharmacien : Pharmacien Auxiliaire Prunet (Réserve)

1er GROUPE D'ESCADRONS       Chef d'Escadrons de Loustal (Active)     Adjoint : S-Lt de Bouillas (Active)
Médecin Auxiliaire Duché de Bricourt (Réserve)
1er ESCADRON.             Cne Cdt :                Lt Mazeran (Réserve)
Chefs de Pelotons : Lt Finat Duclos (Réserve)  S-Lt Spangenberger (Active)    S-Lt Baillou (Active)    S-Lt Racine (Active)
2e ESCADRON             Capitaine Cdt :        Capitaine Ameil (Active)
Chefs de Pelotons : Lt Dorance (Active)  Lt Aubry de la Noé (Active)   S-Lt Issaverdens (Active)   S-Lt Pasteur

2e GROUPE d'ESCADRONS         Chef d'Escadrons : de Lépinay (Active)    Adjoint : S-Lt Bigourdan
Médecin Lieutenant Dulongcourty (Réserve)
3e ESCADRON             Capitaine Cdt : Capitaine de Geffrier (Active)
Chefs de Pelotons :     Lt Robert (Réserve)      S-Lt Oddo (Active)    S-Lt Lagarde (Active)    Aspirant Raison (Réserve)
4e ESCADRON             Capitaine Cdt :             Lt de Roffignac (Active)
Chefs de Pelotons :     Lt Chauffert (Active)     S-Lt Depinay (Active)   S-Lt Nepveux (Active)   Aspirant de Montmorin (Réserve)

Le Régiment est cantonné dans la région Sud de Saumur.
E.M. - E.H.R. au Coudray-Maconard.
1er Groupe : St Cyr en Bourg
2e Groupe : Mollay
Il poursuit son instruction pendant les mois de Janvier et de Février et perçoit tout son matériel.

Mars 1940
Aux environs de cette date et en plusieurs trains, le Régiment est transporté au Camp de Sissonne où il continue son instruction en exécutant de nombreuses manœuvres et tirs, seul et dans les cadres de la 5ème Brigade Légère Mécanique sous les ordres du Général de La Font (qui provient toute entière du C.O.M.C.) et de la 3ème Division Légère Mécanique sous les ordres du Général Langlois, qui se trouve rassemblée pour la première fois au Camp.

8 avril 1940
La Division fait mouvement sur la région Est de Cambrai, le 1er Cuirassiers allant occuper les villages de Saint-Aubert ( E.M.- E.M.R. - 2ème Esc.) Villers en Concies (2e Groupe) St Hilaire en Cambraisis (1er Escadron).
Le matériel est remis en état à la suite des fatigues du travail au camp.

14 avril 1940
La Brigade se rapproche de la frontière sur alerte et y reste après l'alerte. Le Régiment occupe La Sentinelle (Faubourg Ouest de Valenciennes) par son E.M., E.H.R. et Groupe Somua, et Condé sur Escaut par son groupe Hotchkiss renforcé de deux Escadrons de chars H du 11e Dragons Portés.
Le Lt Leitienne est affecté au Dépôt de Guerre de Cavalerie N° 41 à Luneville. Le S-Lt Bigourdan le remplace comme Officier de Renseignements, et le S-Lt de Bouillas vient à l'État-Major comme Officier de Liaison.

10 mai 1940
Pendant la matinée, le Régiment est alerté. Du fait des permissions, malades, etc....; 6 Officiers et 124 Hommes sont absents. Son effectif de départ sera de 682 Hommes. Quelques chars sont en cours de réparation et ne pourront être emmenés (Sept). Reste 80 chars à partir.
Le mouvement à réaliser est celui prescrit par l'Ordre Général d'Opérations N°7 de la 3e D.L.M. en date du 13/4/40, précisé par l'Ordre d'Opérations pour la journée de J.1 de la 5e B.L.M., sur lesquels est basé l'ordre de mouvement pour J.1 du Chef de Corps. La mise en route est ordonnée par l'ordre 657/3/ de la 3e D.L.M. en date du 10 mai ; la frontière doit être franchie à 13H45 .
Le Régiment se porte en Belgique sur la Dyle, en premier échelon de la Division, couvert par la Découverte et la Sûreté Eloignée. Il marche (entre le 2e Cuirassiers au Sud et le 4/17 Dragons britanniques au Nord) en deux colonnes ;
Colonne Nord, le groupe Hotchkiss sur l'axe : Condé – Chièvres – Tubize – Waterloo - Rixensart ;
Colonne Sud, le groupe Somua, avec le Chef de Corps et les trains, sur l'axe : Valenciennes – Mons - Soignies - Braine le Comte - Ninelle - Wavre.
La marche s'oriente régulièrement et se termine de jour pour la Colonne Sud, de nuit pour la colonne Nord.
Le Cuirassier Levaux de l'E.M. cycliste est blessé au genou par une balle tirée d'avion. Le T.C.1 rejoint Limal.

11 mai 1940
Le Régiment se met en route à 6 Heures en exécution de l'ordre d'Opérations pour la Journée de J.2 de la 5ème B.L.M., complété par l'ordre N° 8. Il marche en une seule colonne dans l'ordre groupe H, groupe S, sur l'itinéraire Jodoigne - Marilles en vue d'aller tenir la Petite Gette avec les Escadrons Hotchkiss de Orp Le Petit à Pellaines, le groupe S étant en réserve à Marilles et Jauche en vue de contre-attaquer. Le départ est en retard d'une heure par suite du bombardement de Rixensart, qui occasionne au Groupe H, 4 tués dont l'Aspirant Raison, et 16 blessés dont le S-Lt Oddo.
La marche et la mission sont exécutés sans incidents.
Le P.C. est à Marilles - Le T.C.I est à Glimes.

12 mai 1940
Dans la nuit du 11 au 12, le Régiment est relevé par des éléments de la 6ème B.L.M. Le P.C. se transporte à Antre Eglise, le groupe S. en réserve de Division à Jauche, le groupe H en réserve du Corps de Cavalerie à Foix les Caves. (Ordre d'Opérations pour J.3 de la 3e B.L.M.)
Les Unités étudient et se tiennent prêtes à exécuter des contre-attaques. Le contact avec des forces blindées ennemies est pris sur la Petite Gette par les Dragons Portés et le 2ème Cuirassiers.

13 mai 1940
Dans la nuit du 12 au 13, le groupe H passe aux ordres du Lt-Colonel de Vigier Cdt le 2ème Cuirassiers, et reste à Foix Les Caves.
Le Lt Colonel de Vernejoul reçoit le Commandement du Quartier de Jauche et comprenant le point d'appui de Jandrain, occupé par le Bataillon Laffargue du 11ème D.P.) et le groupe S. à Jauche qui a été bombardé pendant la nuit.
La matinée est calme et se passe à mettre au point l'organisation défensive. Un escadron de mitrailleuses et d'engins et un escadron moto du 6e G.R.C.A. viennent renforcer le point d'appui de Jandrain (Somua), qui possède déjà son Escadron de Char Hotchkiss (Cne Lizeray du 11ème D.P.).
Un autre escadron de Mitrailleuses et d'Engins vient tenir Jauche, avec le Lt-Colonel de Boissieu, qui est chargé d'organiser la défense de ce village dont le débouché Nord est déjà tenu par le peloton Baillou (Somua) et le débouché Est par le peloton de La Noé (Somua).
A la fin de la matinée, l'aviation ennemie est de plus en plus active. Elle attaque les villages à la bombe et à la mitrailleuse, notamment Marilles à 11 H.
A 11H30, on voit des chars ennemis se profiler dans tout l'horizon à l'Est : le feu s'allume sur la Petite Gette. Le point d'appui de Jandrain (Capitaine Laffargue) est vite pris à partie par les engins blindes, qui, après s'être heurté au village, s'engagent d'abord au Nord, puis au Sud en direction de Jauche.
A 13 H, le Colonel décide de les contre-attaquer en direction de Jandrenouille avec le 2e Escadron (Cne Ameil) ; ceux des Lt Dorance et Issaverdens, menacés sur leur gauche, reçoivent l'ordre de se replier sur Jauche.
La liaison avec Jandrain réalisée au début par motocyclette, l'est ensuite par char ; ce qui permet au Capitaine Laffargue de recevoir l'ordre de repli envoyé par le Colonel (14H45) - Aucune radio n'était possible faute de postes.
Mais entre temps, le Général Cdt la 3ème D.L.M. (Ordre 65) prescrivait directement de mettre 2 pelotons Somua à la disposition du Cne Brault, Cdt le 2ème Bataillon du 11ème Dragons à Marilles. Cette mission fut remplie par le peloton du S-Lt Spangenberger qui disparut en direction du Nord vers Noduwez, pris à partie par les chars ennemis ayant franchi la Petite Gette, et par le Lt Finat Duclos qui se bat à l'Est de Marilles et parviendra le lendemain seulement à rejoindre le Régiment après avoir subi de lourdes pertes (4 chars sur 5).
Il restait donc cinq pelotons dans la zone du Régiment : trois en premier échelon autour de Jauche (Lt Dorance, S-Lt Baillou, de La Noé) deux en deuxième échelon (S-Lts Racine et Issaverdens ). Le Peloton Racine est vivement pris à partie à proximité du P.C. et devra être recomplété en munitions, mais il empêchera les chars ennemis ayant franchi la Petite Gette vers Orp le Petit de descendre vers le sud.
Vers 15H30, arrive l'ordre de la 5e B.L.M. autorisant de manœuvrer en retraite. Tout le monde est engagé dans la bataille, et aucun élément du point d'appui de Jandrain n'a encore atteint Jauche.
Les chars allemands sont de plus en plus nombreux sur la rive Ouest de la Petite Gette au Nord de Jauche, et ce village est sous le feux d'armes tirant des lisières de Jandrain.
Le Colonel donne alors l'ordre de repli des chars (16H45) qui est porté au 6 pelotons Somua, par le Cdt de Loustal. Par suite de l'intensité du feu ennemi le Colonel se replie à pied avec le P.C. vers Enines, au delà duquel il retrouve des véhicules.
Puis avec les chars il suit l'itinéraire prescrit ; Huppaye - Glimes - Carrefour St Michel - Route de Gembloux, puis route de Wovre - La Tombe de Libersart. L'arrière garde était assurée par le Capitaine Ameil disposant du peloton du S-Lt Issaverdens, qui sera grièvement blessé en se décrochant au contact de nombreux chars ennemis.
Le Lt de la Noé disparaît en quittant Jauche au milieu de chars ennemis. Les pelotons Baillou et Dorance se replient ensemble par Bomal et retrouvent le Régiment à la Tombe de Libersart au début de la nuit.
Pendant la plus grande partie de la journée le Groupe d'Escadrons Hotchkiss (Cdt de Lepinay) était resté en réserve à Foix les Caves par ordre du Lt-Colonel de Vigier.
Le Chef d'Escadrons et le 3ème Escadron, (Cne de Geffrier) rejoindront le Régiment le soir à la Tombe de Libersart sans avoir été engagés.
Par contre le 4e Escadron (Lt de Roffignac) fut mis à la disposition de la 6e B.L.M. (ordre de la 5e B.L.M. daté de 16H20). Cet Escadron fut employé en deux parties :
Les pelotons Montmorin et Depinay, sous les ordres du dernier contre attaquent les chars ennemis au N.E. de Marilles pour dégager les Dragons Portés.
Dans la nuit, ils rejoignent le Régiment par Piétrain et Jodoigne.
Les pelotons Chauffert et Nepveux sous les ordres du Lt de Roffignac contre attaquent dans la Région Est de Goetsenhoven pour dégager les combattants à pied. Ils rejoignent également le Régiment dans la nuit par Piétrain et Jodoigne avec des éléments du 11ème Dragons.
Les T.C. cantonnent à Montain le Val.
Les pertes du Régiment ont été ce jour de 6 Blessés et 44 disparus.
Le S-Lt Issaverdens est blessé, le Lt de la Noé et les S-Lts Pasteur et Spangenberger disparus.
Vingt cinq chars ont été mis hors de combat.
3 Somua sont tombés en panne par le fait du feu ennemi.
8 Somua et 3 Hotchkiss ont été détruits par le fait du combat.
12 Somua ont disparu avec leurs équipages, ne revenant pas des contre attaques effectuées à l'Est et au Nord de Jauche.
Au cours de la nuit, deux ordres successifs (N° 9 daté de 22 H le 13 et N° 11 daté de 3 H le 14) de la 5e B.L.M. précisent la mission du Régiment qui est en réserve de Brigade. Il devra s'éclairer par des patrouilles motos poussées vers Opprebois et Wastines à hauteur de la ligne anti-chars belge et préparer des contre attaques en direction de Jodoigne, si cette ligne anti-chars était franchie par des engins blindes ennemis.
Au lever du jour, deux patrouilles motos sont envoyées ; celle de Wastines sous les ordres du S-Lt Misse rentrera à la fin de la matinée après avoir renseigné ; celle d'Oprebois sous les ordres du S-Lt Bigourdan tombe sous le feu d'engins blindés dans les environs d'Incourt. L'Officier et son conducteur sont touchés et ne rejoindront pas le corps ; le reste de la patrouille retrouve le P.C.dans l'après midi mais à pied, n'ayant pu ramener ses véhicules.
Le groupe Hotchkiss, sur ordre du Colonel, envoie deux patrouilles blindées jusqu'à la route Wavre - Thorembois St Trond.
A 8 H, par suite des débordements allemands du Nord et du Sud, la 5e B.L.M. donne l'ordre de se replier sur Nil St Martin, déjà tenu par le 7e G.R.D.I. Le mouvement s'exécute aussitôt couvert vers le Nord en direction de Corroy le Grand par l'Escadron Ameil. Le Régiment vient s'articuler à Corbais - Nil Abesse - Nil St Martin - Nil St Vincent.
Vers 14 H des chars allemands sont signalés vers Saint-Paul remontant vers le Nord. Le Colonel organise aussitôt une contre-attaque avec le 4e Escadron (Lt de Roffignac). Mais aucun char ennemi n'est en vue, et l'ordre arrive de se replier à Court St Etienne derrière la position de Résistance tenue par les Corps d'armée.
Le mouvement s'exécute en ordre par Mont St Guibert sous les yeux du Colonel ; le dernier char passe la ligne principale de Résistance à 17 H.
Le Groupe Somua est mis à la disposition du 3e C.A. et va cantonner à la sortie ouest de Court St Étienne -(Parc de Wisterzte).
Le P.C. du Colonel et le Groupe Hotchkiss vont stationner à Suzeril (1 Km S.E. de Court St Etienne).
Dans la matinée le P.C. arrière du Colonel avait été pris à partie par des parachutistes du coté d'Hévillers.
Les pertes du Régiment sont de 5 blessés et 4 disparus dont le S-Lt Bigourdan
1 Char Somua et 2 Hotchkiss tombent en panne et doivent être évacués.
Le T.C. cantonne à Houtain le val.

15 mai 1940
Dans la matinée arrivent les ordres particuliers N° 54 du 3e C.A. et l'ordre 1309/35 de la 1ère D.I.M. Ils prescrivent de porter le groupe Somua au Sud de Suzevil sous les ordres de la 1ère D.I.M, le P.C. et le groupe Hotchkiss à Bonsval sous les ordres du 3e C.A.
Ce dernier mouvement s'exécute sans incident à la fin de la matinée.
Pour le groupe Somua , dont le Commandant était parti en liaison au 3e C.A. un contre ordre et des renseignements sur la situation au N. de Court St Etienne font qu'il se dirige vers Bousval par des chemins de terre à l’Ouest de la route nationale Wavre - Mérilles . En arrivant sur le plateau du S.O. de Wisterzte, les chars sont pris à partie par l'artillerie allemande, les batteries de 47 françaises et des armes automatiques de Tirailleurs : 4 chars seront détruits et le Lt Mazeran et le S-Lt Baillou blessés, le premier grièvement. Le reste des véhicules avec le Capitaine Ameil rejoint Bousval.
A midi 15, l'ordre N° 13 de la 5e B.L.M. annonce que la Brigade passe à la disposition du 4e C.A. et prescrit de se porter sur Marbais, (P.C.) Sart Dame, Avelines (Groupe S), Tilly (Groupe H).
Le mouvement s'exécute dans l'après-midi malgré l'encombrement des routes utilisées par les Trains des Corps d'Armée.
Les pertes de ce jour ont été de :
5 blessés dont le S-Lt Baillou et le Lt Mazeran qui mourra à l'Hôpital de Marcoing.
4 chars S ont été détruits, 3 chars S et 1 char H tombent en panne mécanique dues au feu.
Le T.C. cantonne à Frasnes Les Gosselies.

16 mai 1940
La Brigade étant mise à la disposition de la Division Marocaine, par son ordre N° 15 daté de 0H30, le Régiment est chargé de renforcer le 7e Tirailleurs qui s'est replié sur la voie ferrée de Tilly.
Le Colonel articule le Régiment de la façon suivante :
le Groupe Hotchkiss à Rigéné, le groupe Somua dans les bois à l'Est de Sart Dame Avelines. Les mouvements s'exécutent avant le jour et des contre-attaques sont préparées en direction de Tilly.
A la fin de la matinée une menace ennemie se faisant sentir sur Genappe la 5e B.L.M. donne à 11H55 l'ordre n° 17 de porter le Régiment dans la région du carrefour des Quatre Bras face au Nord. Cette région étant absolument découverte et sans aucun obstacle, le Colonel décide de s'installer sur la voie ferrée au Nord de Franes les Gosselies, où il porte son P.C., et de se couvrir au Quatre Bras par le 2e Escadron (Cne Ameil) qui a le moins de chemin à parcourir pour atteindre ce point. Les mouvements ont lieu aussitôt.
A 14H30 et à 15H des comptes rendus du Lt Dorance (2e Escadron) et du S-Lt Neveux (12e Cuirassiers) signalent que Genappe est libre. Le Colonel décide alors de relever le 2e Escadron en raison de ses pertes et de sa fatigue par le 3e Escadron (Cne de Geffrier) encore complet et de confier le commandement des éléments des Quatre Bras au Chef d’escadrons de Lepinay.
La Division Marocaine devant se décrocher dans la nuit, l'ordre N°19 de la 5e B.L.M. daté de 15H50 prescrit au Régiment de rester en place jusqu'à 2 Heures du matin, puis d'aller former une tête de pont à Rénissart sur le canal de Charleroi. Un ordre (daté de 12 H) est envoyé aux Escadrons dans ce sens.
A 18H30, l'Escadron Geffrier arrive au carrefour et détache des reconnaissances vers le Nord, où des colonnes ennemies ont été repérées. Une patrouille de 3 chars commandée par le Lt Robert disparaîtra entièrement en direction de Lancée.
A 18H45 des contacts se produisent avec des chars légers ennemis. La relève est suspendue : les 2e et 3e Escadrons restent superposés.
L'attaque allemande se poursuit jusqu'à la nuit malgré de nombreuses pertes en chars ; elle est exploitée par des éléments à pied qui progressent à l'Est et à l'Ouest en direction de Fresnes. Tous les éléments non blindés sont alors renvoyés à l'arrière sous les ordres du Lt Rabot. Une batterie de 75, qui se repliait est arrêtée par le Colonel et ses derniers obus viennent aider nos chars attaqués dont la situation était angoissante. Des patrouilles blindées ont lieu sans arrêt entre les Quatre Bras et Frasnes pour empêcher l'ennemi de couper la retraite des chars.
Une fois la nuit tombée, la bataille cesse sans que les Allemands aient atteint la voie ferrée. Le Colonel, en char, patrouille sans arrêt dans Frasnes.
Vers 23 H l'écoulement de l'infanterie étant terminé, et craignant que les Allemands atteignent le Canal avant nous, le Colonel envois le S-Lt Nepveux en char porter au Cdt de Lepinay l'ordre d'exécution du repli et lui-même avec les chars de Frasnes, il se porte aussitôt vers le pont de Rénissart.
Toute la nuit se passe à rouler dans des chemins compliqués ; des chars du 2e Cuirassiers viennent s'agglutiner aux nôtres. Au petit jour le pont est atteint mais il a sauté la veille par ordre du Génie belge. Le S-Lt de Lavalette, détaché de la Brigade, conduit la colonne vers le pont de la route Nivelles - La Louvière qui est également sauté, puis vers celui du village d'Arquennes qui est franchi au moment où quelques chars allemands se présentent sur la rive est du canal.
Pendant ce temps, les chars aux ordres du cdt de Lepinay qui ont pu quitter les quatre Bras sans difficultés, rencontrent une colonne du 2e Cuirassiers aux ordres du Lt-Colonel du Vigier. Celui-ci conduit l'ensemble vers le Nord de Godarville où le canal passe en tunnel.
Les pertes de ce jour ont été de 1 tué, 4 blessés et 7 disparus dont le Lt Robert.
8 chars sont hors de combat et 5 ont disparu.
Le T.C. a cantonné dans le bois d'Havre.

17 Mai 1940
Après avoir franchi le canal de Charleroi, le Régiment se regroupe dans les bois 5 km Nord de La Louvière pour se transporter au cours de l'après-midi dans les bois 2 km Nord de Roeulx.
Par ordre N° 21 de la 5e B.L.M. (daté de 20H30).
1- Les chars en état de combattre sont formés en deux groupements :
- Groupement Hotchkiss aux ordres du Cne de Geffrier avec 2 pelotons de chaque régiment (S-Lt Lagarde et Lepinay du 1er Cuirassiers. Ce groupement fera mouvement sur Chièvres dans la nuit pour se mettre en réserve de D.L.M.
- Groupement Somua aux ordres du Cne Hardoin du 2e Cuirassiers avec 1 peloton de chaque régiment (Lt Dorance du 1er Cuirassiers) en vue d'être mis à la disposition du 4e C.A. Le Cne Ameil fait fonction d'Officier de liaison avec ce Corps d'Armée.
2- Le personnel disponible aux ordres du Colonel est dirigé dans la nuit sur Wez (6 Km Sud de Tournai) par Roeulx , Thiensis, Casteau, Mons, Lens, Ath, Leuze, Tournai.
3- Les chars hors de combat sont mis ordres du Lt de Roffignac et mis en route de nuit sur Aniche en vue de retrouver l'E.R.D. Itinéraire : Mons - Valenciennes - Denain .
Le T.C. cantonne â Quiévy.
Le Régiment perd 1 cavalier tué par bombe d'avions.

18 mai 1940
1- Les groupements Geffrier (Chars H) et Hardoin (Chars S), mis à la disposition du 4e C.A. et regroupés à Chièvres dans la matinée tiennent tête tout l'après-midi à des chars et de l'infanterie ennemie devant Casteau Cambron (Est de Chèvres).
2- Dans la nuit du 18 au 19 le personnel disponible aux ordres du Colonel (par ordre N° 21 de la 5e B.L.M. daté de 17H55) fait mouvement de Wez vers Bugnicourt, entre Douai et Cambrai par Orchies-Roches-Douai en vue de retrouver la Brigade qui se replie de Chièvres à Villers au Tertre.
3- Les chars hors de combat aux ordres du Lt de Roffignac atteignent Aniche à midi et vont cantonner à Lewarde (7 km S.E. de Douai). l'Effectif des chars est de 32.
Le T.C. cantonne à Inchy.
Les pertes du Régiment sont de 1 blessé et 2 disparus.
Deux chars sont mis hors de combat et 1 disparaît.

19 Mai 1940
1- Les groupements Geffrier et Hardoin atteignent la région de Villers au Tertre entre Douai et Cambrai, puis suivent la Brigade à Roclincourt et Bailleul Sire Berthoult (Nord d'Arras) et passent aux ordres du Lt Colonel du Vigier
2- Les trains et le personnel disponible des 2 Régiments sont groupés du Lt Colonel de Vernejoul et font mouvement dans l'après midi sur Méricourt (S.E. de Lens) (Ordre 1/19 du Lt Colonel du Vigier).
3- Les chars hors de combat du Lt de Roffignac font mouvement sur Rouvroy (S.E. de Lens).
Le Régiment perd 3 disparus.

20 mai 19640
1- Les groupements H et S sont en situation défensive au Nord d'Arras
2- Les Trains aux ordres du Colonel, après plusieurs ordres et contre ordres, font mouvement sur Coucourt et Freyvillers (10 km Sud de Bruay) et se groupent dans le second village au cours de la nuit par suite d'une menace allemande, dont les éléments avancés atteignent St Pol (Renseignements envoyés à la Brigade).
3- Les chars hors d'état de combattre du Lt de Roffignac font mouvement sur Vaudricourt (Sud de Bethune)
Le Régiment perd 4 disparus.

21 mai 1940
1- Les groupements H et S sont engagés avec succès dans des combats très vifs au Sud-Est d'Arras dans la région : Achicourt - Dainville - Warins Berneville - Bac du Nord. Le Capitaine de Geffrier y est tué par un obus. 3 chars sont mis hors de combat.
2- Les trains sous les ordres du Colonel font mouvement sur Givenchies (Est de Béthune) Ordre N°34 de la 5e B.L.M. daté de 8 H . Itinéraire Gauchin-Barlin - Houchin.
Le Colonel envoie à la Brigade des renseignements sur l'ennemi, recueillis auprès du P.C. du 12ème Lanciers Britanniques à Freyvillers.
3- Par ordre du Cdt de Béthune, les chars hors de combat du Lt de Roffignac passent au Nord du canal et vont cantonner au Hamel.
 
22 Mai 1940
Le matin à Dainville, les groupements H et S sont engagés contre des éléments à pied ; vers midi, ils se replient vers Neuville St Waast.
3 chars sont mis hors de combat.
Le S-Lt Depinay rejoint le P.C. ; les chars H du Régiment restent sous les ordres du S-Lt Lagarde, les chars S sous les ordres du Lt Dorance et l'ensemble sous les ordres du Cne de Beaufort.
2- Les trains sous les ordres du Colonel stationnent à Givenchies et coopèrent avec les Anglais à la surveillance du canal. Des renseignements sur l'ennemi sont envoyés à la Brigade.
3- Dans la nuit le Lt de Roffignac embarque tous les chars hors de combat (37) à la gare de Fouquereuil (Ouest de Béthune) puis le personnel rejoint le corps.

23 mai 1940
1- Les Pelotons Lagarde et Dorance contre attaquent un ennemi supérieur en nombre et doté de chars dans la région Hersin - Noeux les Nimes (S.E. de Bruay).
Trois chars sont mis hors de combat.
2- Les Trains aux ordres du Colonel font mouvement sur Verte Rue et Caudescure (lisière Est de la forêt de Nieppe) par la Couture - La Gorgne-Merville
1 orienteur est blessé.

24 mai 1940
1- Les Pelotons Lagarde et Dorance se portent à Wachemy, près de Séclin (11 km Sud de Lille).
2- Sur la demande du Cne d'Andoque, Cdt l'E.R.D., qui est en contact à Merville, le Colonel lui envoie le Capitaine Ameil, le Lt Finat Duclos et le S-/Lt Nepveux pour prendre les chars disponibles et protéger l'E.R.D. Trois chars en état de combattre sont aussitôt utilisés et se portent en direction d'Haverskergue ; ils rencontrent des patrouilles ennemies et détruisent 1 char, 1 canon anti-chars, des motocyclettes.
Puis sur ordre du Colonel, ils se replient avec l'E.R.D., et rejoignent le P.C.
3- Les trains aux ordres du Colonel se portent à Berthen (entre le Mont des Cats et le Mont Noir), où ils sont bombardés arrivant.
Le Régiment perd 4 tués, 3 blessés et 2 disparus.

25 mai 1940
1- Le Lt Dorance et le S-Lt Lagarde rejoignent le P.C. avec leurs chars qui ne sont plus en état de combattre.
2- Avec d'autres chars récupérés, le Colonel constitue 2 pelotons aux ordres des S-Lt Racine (Somua) et Nepveux (Hotchkiss) et les envoie en ligne sous les ordres de la Brigade à Wathessart (Sud de Séclin).
3- Le reste du Régiment séjourne à Berthen.
Pendant la journée il y a 1 blessé.

26 Mai 1940
1- Les pelotons Racine et Nepveux contre-attaquent en direction de Carvin, puis se portent à Ploegstert (Nord d'Armentières).
2- L'ordre N°28 daté de 11H30 de la 5e B.L.M. prescrit aux Trains de se porter dans la forêt d'Houthulst (S.E. de Dixmude), Le Colonel les y conduit par Poperinge - Elverdinge Zuidxhote - Kippe dans l'après-midi.
Le Régiment compte 5 disparus.

27 Mai 1940
1- Le S-Lt Nepveux rejoint le Corps. Le Peloton Racine va à Sailly sur la Lys, et assure la protection des Dragons Portés à Laventie.
2- Le Régiment aux ordres du Colonel fait mouvement vers Leisele (10 km S.S.O de Furnes) par Kippe - Merken - Noordschote - Reninge – Loo - Weagscheede - Kruiske.

28 Mai 1940
1- Le peloton Racine effectue des contre attaques pour protéger le décrochage de combattants à pied à Laventie puis il se replie à Nieppe.
2- En exécution de la Note de Service 3872 - 3/3 de la 1re Armée en date du 26 mai, la 5e B.L.M. donne l'ordre (N°1/28 daté de 6 H) de constituer dans le Régiment deux échelons : un 1er échelon comprenant les officiers, les équipages, radios et mécaniciens de chars sous les ordres du Colonel ; un 2e échelon avec le reste du personnel et les conducteurs de véhicules aux ordres de l'Officier commandant le T.R. (Lt Pruvost).
Le même ordre prescrit de se porter sur Zuydcoote par Izenberge - Vinken - Bulskamp - Adinkerque. Le mouvement s'effectue au milieu de la journée. Le 1er échelon doit s'embarquer à Dunkerque le soir même ; le 2e échelon ultérieurement.
A Zuydcott, le regroupement de la colonne est long par suite de l'extrême encombrement des routes. Les voitures rangées en parc, le personnel est conduit dans les dunes afin d'être à l'abri des bombardements. La Brigade fait alors savoir que les navires sur lesquels devaient embarquer le 1er échelon ayant sauté en rade, l'embarquement prévu est annulé, Le Colonel du Vigier envoie alors l'ordre 2/28 daté de 11H30 qui organise la défense contre avions.
Mais le Régiment reçoit l'ordre 3/28 daté de 15H40 qui prescrit au 1er Echelon de se mettre en route à pied à 16H30 pour Dunkerque.
Seuls les paquetages individuels peuvent être emportés sur l'homme.
La marche s'effectue sous une pluie battante et sans halte ; à 19 H on atteint Malo Les Bains et à 20 H le port de Dunkerque. L'Etat-major et le 1er Groupe vont embarquer sur le "Sauternes" ; le 2e Groupe et l'E.H.R. ne trouvant plus de places sur le "Hird" sont embarqués sur le "Douaisien".
A 20H30, les navires quittent le port,
3- A Zuydcott , le Lt Pruvost se met aux ordres du Cne Malfroy du 2e Cuirassiers (Ordre 3/28 de la 5e B.L.M.).

29 Mai 1940
1- Le Peloton Racine exécute une action retardatrice au profit de l'Infanterie sur l'axe : Bailleul – Hautkerque - Houdschoott – Ghywelde dans les circonstances les plus graves.
2- Le "Sauternes" continue sa traversée sans incident hormis un abordage de nuit qui fait peu de dégâts et pas de victimes.
3- Le "Douaisien" saute sur une mine au milieu de la nuit du 28 au 29 à proximité de Dunkerque et va s'échouer sur un banc de sable. Les éléments du Régiment sont évacués à la fin de la matinée vers le port et y séjournent toute la journée sous un violent bombardement. Le S-Lt Depinay est tué ; il y a en plus 3 blessés et 1 disparu.
A la tombée de la nuit, le 2e Groupe et l'E.H.R. sont embarqués sur le "Thérèse Louis" qui est remorqué jusqu'à Douvres.
4- Le Lt Pruvost et son personnel séjournent à Zuydcott.

30 mai 1940
1- Le Peloton Racine retrouve à Zuydcott le 2e échelon du Régiment sous les ordres du Lt Pruvost et se repose.
2- L'E.M. et le 1er Groupe débarquent le matin à Cherbourg et sont transportés en fin de journée par voie ferrée à Neuilly la Forêt (Calvados)
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. débarquent à Douvres (Grande Bretagne) et sont conduit en Chemin de fer à Southampton.
4- Le 2e Échelon (Lt Pruvost fait mouvement de Zuydcott vers Malo Les Bains.
1 cavalier est blessé par un éclat d'obus sur la plage de Malo.

31 Mai 1940
1- Le Peloton Racine rejoint à Coudekerque Branche le groupement de chars du Secteur Fortifié des Flandres en vue de couvrir Dunkerque.
2- L'E.M. et le 1er Groupe séjournent à Neuilly la Forêt .
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. arrivent à Southampton et embarquent sur le "Wicking".
4- Le 2e échelon (Lt Pruvost) est réparti en plusieurs groupes qui embarquent à Dunkerque sur plusieurs navires à destination de l'Angleterre.
Tout ce personnel sera ensuite réembarqué pour la France et débarquera soit à Cherbourg soit à Brest dans les environs du 4 Juin. Une bonne partie rejoindra le Régiment dans les environs de Conches,
Le S-Lt Meric, Officier de Détails, blessé dans l'accident du "Douaisien" sera hospitalisé à Cherbourg.
Les pertes du Régiment ont été de 2 tués, 1 blessé et 8 disparus.

1er juin 1940
1- Le Peloton Racine à Teteghem (S.E. de Dunkerque) atteint dans l'après-midi le canal de la Basse Colme par Galgoeck au cours d'une reconnaissance. Le soir il contre attaque sur le même axe. 2 chars sont mis hors de combat.
2- L’E.M. et le 1er Groupe séjournent à Neuilly la Forêt.
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. débarquent à Cherbourg , et sont transportés par voie ferrée à Conches (Eure).

2 juin 1940
1- En avant de Galgoeck, le Peloton Racine contre attaque deux fois pour soutenir l'Infanterie. Deux chars sont mis hors de combat par le  bombardement de l'Artillerie.
2- l'E.M. et le 1er Groupe sont transportés par voie ferrée à Conches  où ils retrouvent le 2e Groupe et l'E.H.R.

3 juin
1- Le Peloton Racine attaque le matin à Galgoeck , puis continue à protéger l'Infanterie qui se replie derrière le canal des Moères. Sur ordre du Cdt Chemel, des chars dont il dépendait, les deux derniers chars sont détruits et le personnel se dirige à pied vers les quais de Dunkerque, où il devait s'embarquer avec l'Etat-Major du Secteur fortifié des Flandres.
2- Le Régiment séjourne à Conches.
A ce moment, la situation du Corps des Officiers est la suivante :
État-Major : Complet, sauf l'Officier de Renseignements. L'Officier de détails sera successivement le Lt Rabot et le S-Lt Lagarde du 3ème Escadron.
E.H.R. Complet (Le Lt Pruvost rejoindra le surlendemain).
E.M. des groupes d'Escadrons complet.
1er Escadron : Seul le Lt Finat Duclos est présent. Le S-Lt Racine rejoindra le 10.
2e Escadron : Cne Ameil et Lt Dorance présents.
3e Escadron : Plus d'Officiers, le S-Lt Lagarde devenant Officier de Détails.
4e Escadron : Lt de Roffignac, Lt Chauffert, S-Lt Nepveux, et Asp. de Monmorin présents. Soit 23 officiers sur 37 au départ.
Le Régiment n'a plus de chars ni de véhicules automobiles. Tout son matériel est resté à Zuydcott.

4 juin 1940
1- Le S-Lt Racine embarque une partie de ses hommes (les volontaires) sur une barque à rames et quitte le port de Dunkerque à 6 H ; l'équipage (3 b) est complété par du personnel d'autres armes. Le soir, à la tombée de la nuit, il est pris à partie de la côte par un canon de 70 qui tue 2 hommes et en blesse 4 dont 1 mortellement. Le canot est à ce moment à hauteur du Cap Gris Nez.
2- Le Régiment fait mouvement à pied de Conches vers Quincarnon (E.M. et E.H.R) et Collandres (1er et 2e Groupes) - Étape de 11 km.
Le soir le Capitaine Ameil, le Lt Dorance et le S-Lt de Bouillas avec 12 chefs de chars et 12 conducteurs de chars sont envoyés au Centre d'Organisation Motocycliste et d'Autos Mitrailleuses à Montlhéry pour former un Escadron de Chars Somua.

5 juin 1940
1- Le S-Lt Racine et son canot voguent en mer le long des cotes de France.
2- Le Régiment séjourne à Quincarnon - Collandres.

6 juin 1940
1- Le S-Lt Racine atteint le Tréport et débarque après une navigation de 52 Heures.
2- Le Régiment séjourne à Quincarmon - Collandres.

7 juin 1940
Le Régiment séjourne à Quincarnon - Collandres. Il se constitue sous la force suivante :
- E.M. et E.H.R.
- 1 Groupe Somua, dont le Régiment fournit 1 Escadron (Cne Ameil)
- Le personnel pour constituer un peloton de chars sous les ordres du Lt de Roffignac.
- Ce personnel est transporté dans la nuit du 7 au 8 à Pecqueuse, Ouest de Limours, (Seine et Oise)
Le reste est maintenu à Collandres, aux ordres du Cdt de Lepinay et du S-Lt Nepveux.

8 juin 1940
Séjour à Pecqueuse. Le Groupe Somua perçoit à Montlhéry ses chars (10 par Escadron et ses véhicule)s.

9 juin 1940
Séjour à Pecqueuse. Perception d'effets d'habillement. Le Cdt de Lepinay quitte Collandres, et est affecté au Commandement du 17e Dragons.

10 juin 1940
1- Le Groupe Somua aux ordres du Cdt de Loustal avec l'Escadron Ameil (Lt Dorance et S-Lt de Bouillas) sont mis en route pour Merey (7 km S.S.E. de Pacy sur Eure) par ordre de la 3e D.L.M. daté à 0H40. Itinéraire : Cernay la Ville - Auffargis - Le Perray - St Léger en Yvelines - Houdan - Oulins - La Chaussée - Yvry la Bataille.
De Merey, le groupe est porté à St Aquilin puis à Couches par St André et Damville.
L'Escadron Ameil tient Conches en fin de journée.
2- L'E.M., l'E.H.R. et le Peloton B (sans chars) séjourne à Pecqueuse.
Le S-Lt Racine rejoint le P.C. avec 5 hommes.
L'Aspirant Martin est affecté au Régiment E.M. et va percevoir quelques véhicules à Montlhéry.
 
11 juin 1940
1- Le Groupe Somua part à 6H30 pour la Mare Hermier par Bacquepuis  et Houdouville ; l'Escadron Ameil assure la défense du village. A  22 H, le Groupe se porte au Mesnil Jourdain.
2- L'E.M., l'E.H.R. et le Peloton B (sans chars) séjournent à  Pecqueuse.

12 juin 1940
1- L'Escadron Ameil couvre la Division en tenant les carrefours de Verron et Intremare. Puis à midi le Groupe se porte à Ecquetot.
2- Par ordre 1217/C du C.O.M.A.M. (donné à la suite d'un ordre verbal de la Direction de la Cavalerie) le personnel présent à Pecqueuse  est réparti en trois détachements.
a) Les équipages, radios et mécaniciens de chars sont groupés aux ordres du  Lt de Roffignac, Lt Finat Duclos, S-Lt Racine, Aspirant de Montmorin  et Aspirant Deymiers (2e Cuirassiers). Ce détachement est conduit au C.O.M.A.M. à Montlhéry. Il servira à conduire des véhicules de cet endroit au Coudray Macouard près de Saumur, où se transporte le C.O.M.A.M.
Son effectif est de 5 Officiers, 18 S-Officiers, 51 cavaliers.
b) constitution d'un renfort destiné au 17ème Dragons. Ce renfort comprend 3 Officiers (Lt Prupost, Lt Rabot, S-Lt Lisse), 8 S-Officiers, 104 Cavaliers ; il rejoint le 17ème Dragons à "Les Molières" (Nord de Pecqueuse) dans l'après midi.
c) Constitution d'un E.M. et E.H.R. réduit aux ordres du Colonel (7 Officiers, 9 S-Officiers - 61 Cavaliers) - Par ordre 54/4 de la 3e D.L.M., ce personnel est envoyé sur "le centre de Fontevrault" le 13.

13 juin 1940
1- Le Groupe Somua couvre le mouvement de la Division : le peloton  Dorance à Verron, le reste de l'Escadron Granel à l'arrière Garde sur l'axe : St Aubin - Bacquepuis - Conche - Le groupe arrive vers  21 H au Val St Martin et passe la nuit dans la forêt.
2- L'E.M. et l'E.H.R. réduits aux ordres du Colonel font mouvement vers Fontrevault. Gênés par l'encombrement des routes, Ils passent la nuit auprès de Brou (S.O. de Chartres) .
Le Régiment perd 1 blessé.

14 juin 1940
1- Le Groupe Somua protège l'installation de Dragons Portés, l'Escadron  Ameil à Granvillers ; cette unité se porte ensuite à Breteuil.
2- L'E.M. et l'E.H.R. réduits aux ordres du Colonel terminent leur mouvement vers la Loire et atteignent Savigny (Nord de Chinon) le soir.
Le Colonel se met aux ordres du Colonel du Vigier qui est arrivé dans la journée de Conches, amenant avec lui le S-Lt Nepveux et 170 Hommes du Régiment, qui ont débarqué à Port Boulet.
Le Régiment se trouve à l'effectif de 240 ; Le Colonel demande qu'il soit reconstitué en unité combattante et utilisé comme tel.

15 juin 1940
1- Le Groupe Somua se porte par Breteuil - Verneuil - La Ferté Vidame - Longny , en vue de tenir Les Mazes (Lt de Bouillas) - Le Pas St Chaume (M.d.L. Formond ) St Jean des Miergers (Lt Dorance).
2- A Savigny le Régiment parvient à récupérer le détachement Roffignac (venant du C.O.M.A.M.) et du C.O.M.C. (Centre d'Organisation Mécanique de la Cavalerie ) un certain nombre de militaires qui étaient en permission le 10 Mai.
Il se trouve ainsi avec un effectif de 14 Officiers et de 350 Hommes de troupe.
Du Lt-Colonel du Vigier, commandant la 5e B.L.M., le Colonel reçoit la mission de préparer la défense de la Loire de l'embouchure de la Vienne à Longeais avec des éléments du 54e Bataillon de Mitrailleurs Motorisés.
Un ordre est donné dans ce sens aux unités.

16 juin 1940
1- Le Peloton Bouillas, qui est venu renforcer l'Escadron de Dragons du Cne de la Conte (11e Dragons) a un violent engagement dans la direction de la Ferté Vidame. Il a un char mis hors de combat, mais il détruit 3 chars légers allemands ainsi que 5 armes anti-chars et des combattants à pied.
Le Peloton Formond à Marchanville est en contact de l'ennemi et permet le décrochage des Dragons du Cne de Montferrand du 11ème Dragons.
Ces pelotons protègent le repli vers Longny et dans la nuit viennent occuper le ruisseau de Ménar entre Igé et la Ferté Bernard puis se regroupent à Haute Biche (10 km N.O. de la Ferté Bernard).
2- Le Régiment perçoit au camp du Ruchard des fusils-mitrailleurs, mitrailleuses et mortiers ainsi que des voitures tous-terrains (Latil - Unic- Chenillettes).
Le Bataillon 93bis de Tirailleurs commandé par le Cne Pajot et le 2e Groupe Franc de Cavalerie Motorisée (G.F.C.M. ) sont mis aux ordres du Colonel.
L'Organisation de la Défense de la Loire est fixée par l'ordre 1511/3 de la 9e Région et l'ordre d'opérations 1/16 de la 3e D.L.M.
L'ensemble des éléments sous les ordres du Colonel est organisé en cinq détachements.
- Détachement sous les ordres du Lt de Roffignac destiné à la défense du Pont de Port Boulet .
- Détachement aux ordres du Cne de Labarthe destiné à la défense du Pont de Langeais.
- Détachement sous les ordres du Lt Huot destiné à la défense du Pont de Cinq-Mars .
- Détachement aux ordres du Cne Pajot pour la défense de l'Indre (2e position).
- Détachement aux ordres du Cne de La Forest Divonne, en réserve. Le Lt Chauffert et le S-Lt Baillou rejoignent le Corps venant de l'hôpital.

17 juin 1940
1- A midi l'Escadron Ameil va tenir la Ferté Bernard (Lt Dorance) et St Georges de Rosay (Cne Ameil).
A 17 h, le peloton Dorance est mis à la disposition du détachement retardateur de la colonne est ; le reste des chars sous les ordres du Cdt de Loustal fait mouvement par St Georges - La Bosse - Tuffé - Changé - Ruardière - Parigné au cours de la nuit.
2- Au cours de la nuit, le Colonel a pris à son compte la défense de la Loire de l'embouchure du Cher (en liaison avec l'Ecole de Cavalerie aux ordres du Colonel Michon) à Tours, qui est défendu par la 2e D.L.M. (Général Bougrain).
Le Colonel transporte son P.C. et sa réserve à Azay le Rideau ; les autres détachements sont mis en place au lever du jour.
Un ordre écrit daté de 14 H est envoyé aux commandants de détachements.
Le S-Lt Baillou est porté à Noyant en vue de renseigner sur l'avance allemande au Nord de la Loire.
Vers l'est, l'ennemi atteint Blois.
Le personnel qui n'a pas pu être armé est rassemblé aux ordres du S-Lt Barraud et mis en route sur Thouars Ce personnel sera embarqué en chemin de fer à destination de Villebruniers, près de Montauban ; il ne rejoindra pas le Régiment.
La journée se passe à mettre au point l'organisation de la Défense qui est assuré par un personnel varié (Cuirassiers, Fantassins, Tirailleurs, Artilleurs).
Le S-Lt Nepveux et l'Aspirant de Montmorin font partie du détachement du Lt de Roffignac ; le Lt Finat Duclos et le S-Lt Racine sont aux ordres du Cne de Labarthe ; le Lt Chauffert et l'aspirant Martin sous les ordres du Cne de La Forest.
Le Lt de Roffignac a un Sous-Secteur allant de l'embouchure de la Vienne à Croix Rouge ; celui du Cne de Labarthe va de ce point au Moulinet ; celui du Lt Huot du Moulinet au viaduc de St Côme.

18 juin 1940
1- L'escadron Ameil suit l'itinéraire : Mulsanne - Pontvallain - Le Sude - Thoré - Chevire - Jarzé - Seiches - Angers, se repliant avec la Division.
2- Sur les ponts de la Loire, la circulation civile et militaire est toujours très active du Nord au Sud ; elle ne s'arrêtera qu'en fin de journée.
Les dispositifs de mise de feu sont terminés ; le Général Pichon, Commandant la Défense de la Loire délégue aux Officiers Commandant les Ponts le droit d'ordonner la mise en oeuvre des dispositifs (ordre daté de 18H30).
Dans l'après midi, l'ennemi est signalé à 50 km puis à 20 km au Nord marchant vers Bourgueuil.
A la tombée de la nuit, les barricades sont fermées sur les ponts, ce qui isole les deux rives. A Langeais qui est sur la rive Nord, la municipalité en profite pour faire enlever les barricades qui avaient été placées aux issues de la ville.
Vers 23 Heures, l'ennemi arrive au Pont de port Boulet où un échange de coups de canon a lieu entre 75 français et 37 anti-chars allemands. Une tentative de faire sauter le pont échoue. Le M.d.L. Wauters et le Cuirassier Louet envoyés en reconnaissance signalent que le canon de 37 est abandonné ; aussitôt le Lt de Rouffignac l'envoie chercher et ramener sur la rive Sud.
Le reste de la nuit est calme.

19 juin 1940
1- Dans la matinée, le Groupe Loustal se reforme à St Clément de la Place sous la protection des pelotons Bouillas et Dorance qui sont face à Angers.
A midi, ordre est donné de franchir la Loire ; le pont de Chalonnes étant trop faible, les chars passent sur celui de Montjean ; puis le Groupe atteint en fin de journée Grézillé (10 km Ouest de Gênnes).
2- La matinée est calme dans les sous-secteurs de Cinq-Mars et de Langeais ; sur ordre du Général Pichon , les deux ponts sont détruits ; les opérations réussissent.
A Port Boulet, l'ennemi bombarde violemment la sortie Sud du Pont ; un nouvel essai de mise de feu échoue.
Des renforts sont mis à la disposition du Colonel, Une Compagnie d’Elèves aspirants de Réserve de St Maixent sous les ordres du Cne Ramard et un Escadron d'Autos Mitrailleuses sous les ordres du S-Lt Perreau de Launay. L'ensemble, sauf un peloton d'.A.M. est affecté au sous-secteur de Port-Boulet.
La Compagnie du S-Lt Heren du Bataillon Pajot est passée au sous-secteur de Langeais et va tenir Rupuanne et Bréhémmont.
Dans l'après-midi, de nouveaux essais de faire sauter le Pont de Port Boulet échouent. L'ennemi réagit vigoureusement ; son feu occasionne des pertes en personnel (4 tués et 15 blessés ) et en matériel (1 canon de 75). Quoique annoncé, aucun avion ne vient détruire le pont.
A Langeais, violente canonnade sans suite vers 19H15 - 2 blessés.
Dans la nuit, un nouvel essai de faire sauter le pont de Port Boulet échoue encore. Des mines sont placées au travers du pont.
Sur la rive Nord de la Loire, on entend des bruits de patrouilles ennemies.

20 juin 1940
1- L'Escadron Ameil est à l'avant-garde d'une des colonnes de la Division sur l'itinéraire : Grézillé - Ambillou - St Georges - Tancoigné - Cléré/Layon - Cersay -  Massais - Moutiers – La Chapelle Gaudin - Noirterre - Faye l'Abbesse – Chiché - Clessé - Pougue.
Le soir le groupe Loustal se reforme à la Vieille Touche.
2- A Port Boulet, à la fin de la nuit, une brèche de moins de 3 mètres a pu être faite dans le Pont . A 7 H, 10 H et 14 H, l'Artillerie allemande bombarde violemment les alentours du pont et occasionne des pertes ; des bruits de marteaux sont entendus sur la rive Nord.
A Langeais , les Allemands envoient des parlementaires (Maire Adjoint, instituteur) pour demander de ne pas tirer, sans quoi la ville serait détruite. Ces plénipotentiaires sont envoyés au P.C, du Général Pichon à Azay le Rideau et gardés sur parole.
A l'ouest, des patrouilles A.M.D. sous les ordres du S-Lt Perreau de Launay, puis du S-Lt Paume (qui ne reviendra pas) sont envoyées chercher des renseignements dans la région de Saumur où le franchissement de la Loire est signalé.
A l'Est, la 2e D.L.M. doit se replier sur l'Indre ; cette mesure est prescrite par l'ordre 4/20 de la 5e B.L.M.
Des ordres préparatoires sont donnés dans ce sens au détachement Huot et à la droite du détachement Labarthe.
A partir de 19 H, le Pont de Port Boulet est violemment attaqué. Appuyés par des feux d'artillerie et d'infanterie, les Allemands progressent de part et d'autre du pont et vers le Néman en radeaux puis sur le pont même en colonne par quatre. Il est alors 21 H.
Nous perdons 15 tués dont l'aspirant de Montmorin au cours d'une patrouille vers Bertignolle et vingt blessés. Certains de nos éléments sont faits prisonniers, d'autres se replient en direction d'Avoine.
A 22 H l'ordre 5/20 de la 5e B.L.M. prescrit de regrouper tous les éléments dans la forêt de Chinon ; L'Infanterie dans la partie N.E. ; la cavalerie dans les bois au Nord de Panzoult et Cravan.
Les mouvements ont lieu pendant la nuit et au lever du jour sans incidents sauf pour les unités du sous-secteur de Port-Boulet.
Le Lt de Rouffignac est fait prisonnier ainsi qu'un certain nombre de ses éléments.

21 juin 1940
1- Le Groupe Loustal assure l'arrière-garde de la Division qui remonte vers Argenton Château. L'itinéraire est : Vernoux - St sauveur - St Porchaire - Chambroutet - Noirlieu - Le Condre.
Départ 10H30.
A 13H30 à Noirlieu, le Groupe reçoit l'ordre de se porter vers Thouars et passe à Moutiers - Mauzé - Thouarsais - Rigné.
L'escadron Ameil garde le P.C. de la Division sur la route Thouars - Bessuire. De 15H45 à 16H30, une violente attaque aérienne se produit : le Commandant Demange, Chef d'État-Major de la Division, est tué. Le Lt Dorance est grièvement blessé, ainsi qu'un homme du Régiment.
Pendant ce temps, le peloton Bouillas, envoyé à Thouars, permettait par une contre-attaque le décrochage des Dragons Portés, puis se repliait sur le Chillas.
L'ensemble du groupe est rassemblé pendant la nuit à Bouillé.
2- A la fin de la Matinée, l'ensemble du Régiment est regroupé dans un ravin au Nord de Panzoult ; ce qui reste du détachement Roffignac est aux ordres du Cne Ramard de l'Infanterie avec le S-Lt Nepveux au Nord de Cravant. L'ordre 1/21 de la 5e B.L.M. précise les conditions de sécurité de ce stationnement.
Vers 15 H arrive l'ordre 2/21 de la Brigade qui prescrit le repli pour 18 H sur l'itinéraire : Panzoult - Crouzilles -Trogues - Pouzay - La Celle St Avant - Port de Piles - Dangé sous la protection du 2ème Cuirassiers.
Le mouvement s'exécute sous une pluie battante mais sans incident ; des patrouilles allemandes sillonnent la région mais elles n'opèrent pas sur la colonne du Régiment.
La nuit se passe à Dangé.

22 juin 1940
1- Toute la journée l'Escadron Ameil tient Taizé et Bouillé arrêtant l'avance allemande.
Deux chars aux ordres de l'Adjudant Chef Pierson du 7e Cuirassiers viennent le renforcer.
Le Train de combat léger aux ordres du Médecin Auxiliaire de Bricourt est envoyé sur Bressuire et ne rejoindra pas. Six chars du Groupe, hors de combat, sont mis en route, sur le parc d'Angoulême ; ils tomberont aux mains des Allemands entre Parthenay et Niort.
A 21H30, la Division se porte sur Melle. Le Cne Ameil assure l'avant-garde ; le peloton Formond l'arrière garde. L'itinéraire suivi passe par Parthenay - St Maixent - La Motte. A 3 Heures du matin, arrivée à Melle.
2- Sur ordre 1/22 de la 5e B.L.M. le Colonel se porte à Ingrandes, avec la mission de tenir la Vienne face à l'Ouest. Le détachement Huot tient le pont ; le détachement Labarthe est face à Autran. Au Nord le 2ème Cuirassiers est à Dangé.
Au Sud, la Ville de Châtellerault est vide de troupes.
Une patrouille blindée aux ordres du S-Lt Racine y est poussée pour barricader et surveiller les ponts. La population manifeste violemment contre cette action ; le Maire vient en liaison au P.C. du Régiment intervenir dans le même sens. N'ayant pas les moyens de tenir tête à la population et à un ennemi éventuel au milieu de la ville, la patrouille est repliée à la sortie Nord sur la route d'Ingrandes. Les Gendarmes ont pu mettre un peu de calme dans la population, mais celle-ci s'empressa d'enlever les barricades. Un agent de transmissions du Cne de Labarthe est arrêté par le Commissaire de Police, puis relâché au bout d'une demi-heure, sous le prétexte que le bruit de sa moto faisait peur à la population.
Une reconnaissance allemande atteint Châtellerault en fin de journée.
A 23H15 arrive l'ordre 3/22 de la 5e B.L.M., prescrivant un repli dans la nuit sur l'itinéraire : Oyré - St Sauveur - Senillé - Monthoiron - Bonneuil Matours - La Chapelle Mouliere - Liniers - Lavoux - St Julien l'ars - Nienil l'Espoir.
Le mouvement est exécuté sans incident mais très lentement à cause de l'encombrement des routes.
Le Régiment a perdu ce jour : 1 blessé et 12 disparus.

23 juin 1940
1- La Division fait mouvement vers Civray. Le Groupe Loustal est à l'avant-Garde sur la route nationale 148 Départ 7 H - Arrivée 10 H.
A 17 H, la D.L.M. fait mouvement sur l'axe : Civray – Ruffec - Charme - Ligné - Luxé. Les chars stationnent à Fouqueure d'où ils sont pousses à Ambérac au début de la nuit.
Cinq hommes sont portés disparus.
2- Au début de la matinée, le Régiment atteint Roche Prémarie (15 km Sud de Poitiers ).
Par ordre 1/23, la 5e B.L.M. prescrit au Régiment d'aller barrer la route Poitiers-Vivonne et la vallée du Clain.
A la fin de la matinée, le détachement du Cne de Labarthe va tenir Ligugé face à Poitiers ; les notables s'y montrent inquiets des mesures de défense, mais la population est très digne. Le reste du Régiment aux ordres du Colonel va tenir Croutelle.
A 15H45, la 5e B.L.M. prescrit par son ordre 2/23 de reporter la défense pour 20 H sur la Dive face à l'Ouest de Voulon (Sud de Vivonne ) à Couhé Vérac. Les ordres sont donnés en conséquence à 16H30 : les Ponts de Voulon et Villeron sont donnés au Groupement HUOT, ceux de Payré et Ceaux au Groupement La Forest et ceux de Couhé Vérac et Rom au Groupement Labarthe.
Le Régiment se met en route par Vivonne, mais en cours d'installation, il reçoit l'ordre 3/23 de la Brigade qui lui prescrit de se reporter sur la Charente face à l'Ouest (Ruffec) de Verteuil à Taizé-Aizie .
A la tombée de la nuit, le mouvement est entrepris par Couhé Vérac, la route Nationale 10 - Ruffec.

24 juin 1940
1- La 3e D.L.M., devant faire mouvement vers Chalais (30 km Sud de Barbezieux), ordre est donné au Groupe Loustal d'assurer l'arrière-garde. A 11 H le mouvement commence sur l'itinéraire : Genac - St Genis - N139 - Carrefour S.O. de St Yrieix - A cet endroit, on apprend que les Allemands sont à Angoulême et, en arrivant à Linars, qu'ils sont au pont de St Michel. Le Cdt de Loustal, qui se trouve augmenté de nombreux isolés, décide de prendre le chemin de Champmillon et St Limieux, afin de traverser la Charente à Chateauneuf. Le groupe continue vers le Sud et, au carrefour de Pétignac il laisse passer une colonne allemande de chars légers et de motocyclistes.
Il gagne ensuite Blanzac puis St Eutrope où, à la suite de renseignements, il décide de passer par Courgeac - St Martial - St Laurent - Curac.
A 16 H il arrive à Chalais où le rejoint successivement le reste de la division.
Pendant la nuit, le peloton Bouillas garde la route de Barbézieux et le peloton Formont celle d'Angoulême.
2- Avant le jour le Régiment est en place sur la Charente ; Le détachement Huot tient Aizie, le Détachement La Forest le pont de Condac, et le Cne de Labarthe a donné celui de Barro au S-Lt Racine et celui de Verteuil au Lt Finat Duclos.
Au jour une reconnaissance (Aspirant Petitlagrange) est envoyée vers Mansle que l'on dit aux mains des Allemands. Ce pont est tenu par des chasseurs à pied mais menacé par des patrouilles ennemies.
A 11 H, le Régiment suit le mouvement de repli et marche sur l`itinéraire Poursac – Couture - Valence - St Augeau - Aussac afin d'aller renforcer la défense de Mansle.
Mais à 13 H à Valence il est dérouté sur Artenac pour tenir la rivière de la Bonnière.
De là il est porté sur la route nationale 141 afin de tenir face au N.O. La Rochefoucauld (Cne de Labarthe) et Taponnat (Lt Huot).
Enfin, à peine installé, le Régiment reçoit l'ordre de se rassembler dans les bois de la Vallade (5 km S.E. de La Rochefoucauld) ; il y arrive avant la nuit.

25 juin 1940
A minuit 30, l'ordre 1/25 de la 5e B.L.M. prescrit au Régiment de faire mouvement à partir de 3 heures vers Thiviers par Montbron - Etouars - Nontron - St Pardoux - Thiviers.
A midi l'ordre est donné de continuer vers le Sud-Ouest, et le Régiment va cantonner à Clermont (au Sud d'Excidenil ) où il apprend la mise en vigueur de l'Armistice.
Le Groupe Loustal reçoit l'ordre de faire mouvement sur l'itinéraire Aubeterre - Ribérac en vue d'atteindre Villetoureix (N.E. de Riberac). Mouvement sans incident.

26 juin 1940
Le Régiment fait mouvement sur Celles (N.E. de Ribérac) par Thiviers et Brantôme.
Les groupements sont dissous et les Escadrons reconstitués avec leurs éléments présents ; le Groupe Loustal rentre aux ordres du Colonel.
Les derniers chars (6 Somua seront conduits au parc d'artillerie de Périgueux. Le reste de l'armement est conservé.
L'ordre de Bataille des Officiers est le suivant :
E.M.     Chef de Corps : Lt Colonel de Vernejoul.
Cne Adjoint : Cne de Labarthe
Chef du Service Auto : Cne de la Forest Divonne
Médecin Chef : Médecin Cne Basset
Officier de Détails : S-Lt Lagarde
Officier de liaison : Aspirant Martin
1er Groupe             Cdt de Loustal
1er Escadron          Lt Finat Duclos     S-Lt Racine
2e Escadron           Cne Ameil        S-Lt de Bouillas
4e Escadron          Lt Chauffert    S-Lt Nepveux
14 Officiers sont présents sur les 36 pris en compte au 10 Mai.
Le Lt de Roffignac prisonnier ayant pu s'échapper de Saumur rejoint le Corps en juillet ainsi que le S-Lt Oddo blessé.
Le Lt Dorance, également blessé, rejoindra en bout.
La Troupe est à l'effectif de 300, mais il en existe un groupe important (200) à la Base de la Division à Villebruniers près de Montauban et des isolés rejoindront pendant le mois de Juillet.
Au Régiment est venu s'ajouter depuis la Loire le 2e Groupe Franc de Cavalerie Motorisée (2e G.F.C.M.) sous les ordres du Lt Huot avec le S-Lt Limousin et l'Aspirant Barée.

29 juin 1940
Avec les autres éléments de la 3e D.L.M., le Régiment fait mouvement par Brantôme et Nontron sur la commune de Teyjat (P.C.. au hameau du Chatelard (Ordre 1/29 de la 5e B.L.M.).
Le Chef d'Escadrons Guibaud de Luzinais du 12ème Cuirassiers est affecté au Régiment et prend le commandement du 2e Groupe.

1er août 1940
Le Régiment est dissout (Ordre 2.539/1 en date du 31 Juillet 1940 du Général Cdt le Département de la Dordogne).
Tous les éléments d'active (Officiers et Troupes) et les Réservistes des classes 1938 - 1939 - 1940 passent au 11e Dragons, dont le Lt Colonel de Vernejoul prend le commandement.
Ce Régiment entre dans la composition de la 3e Brigade de Cavalerie
Tous les autres réservistes sont démobilisés progressivement.

 

  

1940 - 1ère DCR historique

  

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LA 1ère DIVISION CUIRASSÉE
 
 

 

La 1ère division cuirassée est créée le 16 janvier 1940 au camp de Châlons, avec poste de commandement à Suippes. Elle comprend deux bataillons de chars B1 bis, deux bataillons de chars H 39, un bataillon de chasseurs portés, un régiment d'artillerie tractée tous terrains à trois groupes de 155 court, une batterie divisionnaire antichars de 47 mm, etc. Elle est commandée par le général Bruneau.

Le 10 mai 1940, la division, alertée, fait mouvement par voie de terre et voie ferrée vers la région Nord de Charleroi (Pironchamps, Fleurus en vue de soutenir l'action de la 1ère armée. Poste de commandement à Itancours puis à Lambusart. Le 14 mai, elle est dirigée sur le sud de la Sambre, mise à la disposition de la IXe armée, en fâcheuse posture le long de la Meuse, en vue de contre-attaquer dans la région nord de Dinant. l'ennemi ayant franchi la Meuse. Le poste de commandement est à La Chapelle-aux-Rats à 17 h, à Flavion à 19 h. Les éléments de la division parviennent à la nuit sur leur base de départ, à l'ouest de la route Flavion - Ermeton-sur-Biert.

Le 15 mai, les unités sont mises en place : 28e B.C.C. au nord-ouest de Flavion, 37e B.C.C au sud d'Ermeton. La demi-brigade de chars H 39 se place au sud des chars B1 bis, le 25e B.C.C, au nord-ouest de Flavion, le 26e, renforcé de la 2e compagnie du 6e B.C.C. en couverture au sud de Carenne. Le 5e bataillon de chasseurs au sud de Mettet, le 305e d'artillerie au bois sud d'Oret. Poste de commandement à Stave, (2 h), Oret (14 h), Walcourt (minuit). La bataille se livre à partir de 8h30. Plusieurs éléments de la division souffrent du manque de carburant. A 8h30, la première vague blindée ennemie est stoppée par le 37e B.C.C. Tandis que le 305e R.A. se replie sur Erpion, le bataillon de chasseurs est en couverture au sud de Florennes à 10 h. L'attaque ennemie reprend à midi 30. Le 28e B.C.C. est à peu prés complètement détruit, réduit à 7 chars. A 13h30, la 2e compagnie du 37e contre-attaque vers le sud, elle est anéantie, tous les chars détruits. Les 25e et 26e bataillons attaquent les chars allemands qui défilent sur la route Anthée - Philippeville, sous le feu de l'artillerie et des avions. A 14 h, le 25e est installé au sud de Florennes. A 16 h, ordre de repli de toute la division à l'ouest de la route Mettet - Florennes, les débris se regroupent à Solre-le-Château. Le 26e est réduit à une compagnie, le 37e également, le 28e à deux sections. Le 25e est le moins mal en point. La bataille des chars n'a pas tourné à notre avantage, faute de pouvoir utilement manœuvrer.

Le 16 mai, on essaie de défendre le point de Beaumont. Les restes du 28e sont à Walcourt, le 25e à Renlies, les chasseurs à pied à Beaumont et à Leval-Chaudeville. A partir de 15 h, on bat en retraite dans la direction d'Avesnes. A 22 h, une forte attaque ennemie débouche sur l'axe Solre-le-Château - Avesnes, une compagnie du 25e B.C.C. se sacrifie, un groupe du 305e R.A. perd deux batteries vers Landrecies et Semousies. La dernière compagnie du 37e est détruite en se retirant de Beaumont. Les restes du 26e après être passés au groupement Préaud (1er G.R.D.I.), puis à la 4e division légère de cavalerie qui a perdu la moitié de ses effectifs, seront détruits ou capturés le 21 mai à Boussois.

Le 17 mai, la 1ère division cuirassée a cessé d'exister en tant que grande unité, ses derniers éléments se replient en combattant. Ce que l'on appelle encore le 25e bataillon se réduit à 1 char B et à 4 chars H 39 qui battent en retraite par Haudroy, La Chapelle-en-Thiérache et Guise. Les restes du 305e R.A. passent par Cambrai, Bapaume, Albert, se dirigeant vers Amiens. Les dernières sections du 5e bataillon de chasseurs sont avec des éléments épars de la 5e division motorisée dans la forêt de Mormal.

Le 18 mai, le général Bruneau et une partie de son état-major sont capturés à Bantouzelle. Le 19, quelques débris sont rassemblés, vaille que vaille, dans la zone Esternay, Châtillon-sur-Morin, Bouchez-le-Repos.

C'est sur ces bases que le général Welvert, ayant pris le commandement de la division le 31 mai, va procéder à sa réorganisation avec des renforts. Il pourra mettre sur pied deux bataillons de R 35 (25e et 34e), un bataillon de chars B1 bis (28e), le 31 mai, puis recevra le 28e B.C.C. à Pont-Sainte-Maxence le 4 juin, le 5e bataillon de chasseurs reconstitué à Fleurines le même jour. La compagnie antichars de 47 mm a été passée à la 2e D.C.R, un groupe du 305e R.A est arrivé au Centre d'organisation de Nemours.

La nouvelle division, dont le potentiel de combat représente le tiers de la précédente, est mise en place le 5 juin pour contre-attaquer vers Champien-sur-Chaulnes, au bénéfice de la 29e division d'infanterie. Le 6, elle débouche du bois au sud de Champien et atteint à 10 h le village de Carrepuis, puis à 13 h, la route Roye - Liancourt (Oise). Prise sous les attaques de l'aviation ennemie, la 1ère demi-brigade se replie sur sa base de départ, puis sur Cuvilly à 23 h. Le 6 et le 7, le 5e bataillon de chasseurs défendra vaillamment Pont-Sainte-Maxence. Le 34e B.C.C. s'est replié sur Gournay-sur-Aronde.

Les jours suivants, de regroupement en regroupement. la division va couvrir le repli de la VIIe armée face à l'ouest. Le 34e B.C.C. va être presque entièrement détruit à Lieuvillers (31 chars hors de combat, il en restera 8). Le 10, les éléments encore susceptibles de combattre se trouvent vers La Chapelle-en-Serval. Le 11, ils installent des points d'appui au sud de la forêt de Chantilly, cherchent à résorber la tête de pont ennemie de Boran-sur-Oise. Le 12, couverture des replis de la VIIe armée sur la Marne, les éléments blindés sont à Damartin-en-Goële, Juilly, Messy, Lumigny. Le 13, c'est la défense du canal de l'Ourcq à Claye-Souilly, puis de la Marne en aval d'Esbly. On constitue un groupement mécanique aux ordres du général Welvert avec les restes de la 2e D.C.R., le 1er B.C.C., la 4e D.L.M.. La Marne est passée en retraite au pont de Lagny, le repli s'accentue le soir jusqu'à Pezarches, le regroupement s'effectue de nuit en pleine Seine-et-Marne, à Nangis, Jouy-le-Chatel, Touquin, La Chapelle-Gautier. Le 14, se produit un vif engagement du 25e B.C.C. à Bray-sur-Seine, les replis atteignent Villeneuve-la-Guyard, Montereau, Pont-sur-Yonne. Toujours pour couvrir la retraite de la VIIe armée, quelques chars s'efforcent de barrer la direction Sens - Montargis. Le 16, vers 15 h, la 1ère demi-brigade est accrochée à Saint-Germain-des-Prés. Le 17, repli au sud de la Loire, par Gien, puis sur la rive gauche du Cher, à Sainte-Thorette, Villeneuve-sur-Cher, Plou. Au nord de Morthomiers, essai de défense de la ville de Bourges par les restes des 1ère et 2e D.C.R., mais le 19, Bourges ayant été déclarée ville ouverte, la défense est reportée sur l'Yèvre et l'Auron. Le 20, les chars sont à Argenton-sur-Creuse. Le 22, on regroupe les débris de ce qui avait été la meilleure division cuirassée de l'armée française à l'ouest de la Souterraine. C'est là qu'aura lieu la dissolution.



1940 - 1er BCC 2e compagnie


Image 1er BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

        2e Compagnie

 

Témoignage du Caporal-chef Jean LABAYSSE

recueilli par E. Barbanson Août 1999

 

J'étais Caporal-chef et chef de char à la 2ème Compagnie du 1er bataillon, compagnie qui a été lamentablement et tragiquement décimée par les Allemands à Noyon, le 7 juin 1940. Un char près du pont du canal, sept dans la rue de Paris et les deux derniers sur une petite place en V bordée alors d'arbres et d'un café. Sur les 20 membres d'équipages, un seul a pu regagner les lignes françaises et six autres ont été grièvement blessés et prisonniers. De ces six, je crois être le seul pratiquement intact et non infirme. Je me considère comme un miraculé et je suis impressionné qu'un petit rien marque un destin ; comme honteux, moi l'engagé, de m'en être sorti à si bon compte. Je vais maintenant vous faire le récit complet de cette histoire.

L'avant guerre

Je m'excuse auparavant de faire un portrait de moi-même mais cela peut par la suite éclairer mon comportement.
Je me suis engagé, le 4 novembre 1937, au 501ème Régiment de Chars de Combat à Tours, où une grande campagne publicitaire, pour encourager les engagements, avait attiré beaucoup de monde. Le peloton d'élèves gradés s'est fait, je vous assure, sans ménagement car les places étaient peu nombreuses. Dans l'espoir de faire une carrière militaire j'ai pris cela très au sérieux, ce qui m'a permis de sortir dans les premiers pour pouvoir faire pendant 5 mois à Vannes, au 505ème R.C.C, un peloton pour être spécialiste mécanicien-pilote, autrement dit futur instructeur et pilote de char de combat, diplôme indispensable pour un engagé pour être nommé caporal. Grade obtenu en octobre 1938.
En mars 1939, un capitaine, chargé d'aller récupérer les voitures et le matériel des Espagnols et qui m'estimait bien, m'emmène à Perpignan. Absent de mon régiment et de ma compagnie qui avait changé de commandement, je passe au travers de la nomination au grade de caporal-chef au printemps. Il m'a fallu attendre la promotion d'octobre. Entre temps, la guerre avec l'Allemagne avait été déclarée.

Le matériel et les hommes

Notre régiment était équipé avec le char Renault R35 dont le poids était de 10 tonnes. Ce char était l'un des premiers blindés à remplacer le Renault FT. Cependant, il manquait de nervosité et de crabotage. Il était muni d'un canon de 37 datant de la guerre de 14-18. Ce dernier était précis pour lancer la valeur d'une grenade à 300 m. Pour la mitrailleuse, il était prudent de ne tirer que de très courtes rafales pour éviter que les cartouches ne se mettent de travers. La lunette était peu pratique pour la hausse.
Je vous dirai en toute franchisse que je ne jouissais pas d'une grande sympathie parmi les hommes de ma section car avec 3 éléments troubles affectés à la mobilisation, j'avais de sérieux problèmes de discipline élémentaire. De plus, engagé, caporal-chef au-dessus de la durée légale, je percevais une solde mensuelle au bureau de la compagnie aux yeux et à la vue de tous et très sobre je ne participais pas aux beuveries de mes camarades. C'est pourquoi, je n'ai pas essayé de nouer des relations avec les non combattants sauf avec mon mécanicien Istilart, de Podensac ( Gironde ). J'avais de bonnes relations avec ceux du contingent. Ils ne m'ont jamais fait de reproche à l'inverse de trois réservistes au mauvais esprit, petits voyous et pilleurs de bistrot.
Chaque char avait trois bons conducteurs sauf le hasard, moi ! Tous les conducteurs, bien formés, étaient du contingent de la classe 38, soit un an mes aînés car j'étais de la classe 39 mais de recrutement 37 car étant engagé. En mai 1940, le premier était hospitalisé pour la gorge, le deuxième, Reynaud, sortant des enfants de troupe (18 ans) avait été nommé automatiquement après 6 mois au grade de caporal-chef et était devenu chef de char, quant au troisième, le capitaine l'avait pris pour assurer la popote des officiers. J'essayais d'en former un autre mais il mettait de la très mauvaise volonté pour apprendre et en plus il cassait tout. C'est le 6 juin que mon lieutenant m'a cédé son deuxième conducteur.
Je ne saurai terminer sans dire que de petite taille 1,65 m, menu ( guère plus de 50 kg à l'époque ), très entraîné avec deux stages de 5 mois puis instructeur et enfin connaissant bien mon matériel, j'étais très à l'aise dans le char. Parmi les chefs de char il y avait seulement que Reynaud et l'adjudant-chef Giroir ( vétéran de 14-18, mais un peu trop grand et trop gros dans la tourelle ) expérimentés et de métier. Mauny et Griffon étaient du contingent de la classe 38, les autres chefs de chars et officiers étaient des réservistes donc peu entraînés.
A ce propos, nous n'avons eu qu'une seule manœuvre avec l'infanterie, dans un camp très sablonneux dans les environs d'Haguenau !!!

La drôle de guerre

Remarque préliminaire :
J'ai avec moi la photocopie du livret rédigé par le capitaine Duchet-Suchaux, commandant la deuxième compagnie mais dans mon récit je ne vais nullement en tenir compte sauf pour certains noms de villages où nous avons cantonné. En effet, dans les bois nous ne savions pas où nous étions à moins de posséder des cartes des lieux.
Dans son livret le capitaine ne parle guère de notre séjour en Alsace. Pourtant, j'ai été surpris de voir que les jeunes adultes ne parlaient pas le français. J'ai vu aussi le portrait de Guillaume II dans la cuisine de la ferme où ma section logeait.
Dans le camp, tout près de Haguenau, nous faisions avec le sous-bois ( noisetiers ) des fagots d'un mètre de diamètre. Ces derniers devaient nous faciliter le passage des fossés. Invention de de Gaulle, son utilisation fut un échec lors de son essai à Blamont. Nous étudions constamment le terrain de Wissembourg au Rhin.
Nous étions aussi impressionnés par le grand nombre de canons de tout calibre et en particulier par un long tube sur rail.
Près de Saverne, agréable séjour bien au chaud et hiver froid. Au printemps, un avion français fut abattu tout près de moi et trois camarades ramassant des pissenlits. Quelle frayeur ! Je découvre, avec stupeur, le fusil gras en service chez les ramasseurs d'épaves.
Au deuxième séjour à Blamont (champ d'entraînement des chars de la 5ème Armée), nous avons participé à une vaste démonstration de division cuirassée devant un parterre de gros galons, juchés sur un mamelon ( très bon poste d'observation sur une vaste vallée ). Mon bataillon faisait partie de la contre attaque étudiée à pied plusieurs fois. La 2ème Cie se trouvait à gauche et moi à l'extrême gauche. Quand nous avons eu le signal (feux de Bengale), nous nous sommes élancés en avant, aussi vite que l'on pouvait dans une terre lourde pour voir défiler dans la vallée de magnifiques colonnes de chars avançant avec assurance. On se replie prévoyant une contre attaque qui nous surpris à peine prêt. La manœuvre terminée nous rentrons, mais ma compagnie passe devant le tertre.
Nous nous arrêtons pour ne pas gêner la critique. Par curiosité, j'essaye d'entendre ces dernières, mais je n'entendis que des éclats de voix. Sur ce tertre que d'étoiles sur les manches; des marins, des aviateurs et beaucoup d'officiers dont deux généraux à cinq étoiles. Un général m'amusait beaucoup car il trépignait de colère avec de nombreux gestes. Un grand colonel a côté paraissait bien plus paisible. Plus tard en captivité, parmi mes camarades je racontais, toujours bavard, cet épisode. Un sergent me dit: " Mais j'étais au pied du tertre". Ce grand colonel, qui n'avait pas peur de tenir tête à ces généraux, était le futur général de Gaulle. C'est incroyable. Il y a eu un général qui a bout d'argument a répondu : "C'est une parade militaire que vous avez montrée". Le grand colonel a répondu calmement mais fortement : "Vous verrez dans quelques mois, la parade que nous ferons les Allemands..". Les noms des généraux Georges, Bourret, Prételat ont été cités mais ?.....
Je vous assure que je n'invente rien. On doit bien retrouver trace de cette importante manoeuvre dans les archives !

La campagne et la destruction de la 2ème compagnie

Le 10 mai, les avions allemands passent à très faible altitude mais pas de mitrailleuse en DCA pour les recevoir. De retour à Momenheim, trois avions allemands ont mitraillé la gare lorsque nous avons embarqué tout près pour aller dans le nord.
Quand nous avons débarqué à Noyon, calme plat, gare intacte, il pleuvait. J'étais en DCA et me mouillais. Long trajet avant de rentrer dans un bois. La première section se plaçait en arrivant, tandis que les autres se mettaient plus loin. A chaque déplacement nous faisions toujours la même chose. De garde toute une nuit, j'entendais, à d'assez longs intervalles, le départ de tirs d'un gros canon, puis le froufroutement de l'obus avant son éclatement.
Quand les avions allemands ont bombardé Paris, ils sont passés juste à notre verticale à très faible hauteur (on distinguait nettement les membres d'équipages). Pas un tir de mitrailleuse, personne n'avait pensé à installer une DCA. Il n'y a pas eu non plus de compliment de la part du commandant.
Pour le second cantonnement, nous étions abrités seulement par d'immenses pommiers. En spectateur, on admirait la voltige de nombreux avions allemands. Le commandant de mauvaise humeur nous a fait rentrer dans le bois beaucoup plus loin.
Pour le troisième cantonnement, déplacement à la tombée de la nuit dans une forêt. Nous croisons un convoi de gros et courts canons. Mon mauvais conducteur casse l'arbre reliant le levier de changement de vitesse à la boîte. Mauvaise humeur des artilleurs qui sont bloqués. Heureusement, connaissant bien le matériel, avec un long tournevis j'engage une vitesse et rejoint le cantonnement.
Le 5 juin 1940, perdus en plein bois, de vagues échos nous parvenaient pour nous persuader que " le moment d'entrer en action n'allait pas tarder ".
Le 6, branle-bas de combat. Personne ne montrait de l'inquiétude, nous étions persuadés que cela arriverait seulement aux autres ; d'où la photo de ma section prise au dernier moment. Je suis, sur ce document, à l'extrême gauche et on peut voir mon étui à pistolet bien grand pour mon 7,65. Ensuite, longue descente dans ce bois où nous campions pour nous abriter guère plus loin sous d'immenses pommiers. Les autres sections, où sont-elles passées? Pendant que je distribuais la ration du midi ( singe et pain de campagne ), une violente canonnade à couper l'appétit. Des 75 tout proche et à grande cadence ! Peu de temps après, le lieutenant Lecointre est venu et après un court entretien banal nous a prié de le suivre. Où étions-nous ? Interdit de le savoir, je n'ai aucun souvenir de l'environnement ( maison, hameau ....). Peu de temps après, en bordure d'un bosquet, Arrêt. Le Lt Lecointre vient directement à ma rencontre et sans autre commentaire me dit : "Il y a un début d'incendie dans mon char, je prends le vôtre un point c'est tout".
Je suis resté là, perplexe avec Dubet Raymond, conducteur du char du chef de section. Nous avons pleuré comme des gosses ! Très beau temps, calme et l'on voyait à environ 500 m, les deux chars de notre section en action. Ils allaient, venaient, tournaient en louvoyant et tirant de nombreuses rafales. Des balles sont venues taper sur la route et même dans les arbres du bosquet où nous étions, et cela à plusieurs reprises. Aussi, nous nous sommes abrités derrière le char, trop près car je n'ai pas vu venir au loin un side-car, moteur au ralenti, avec trois hommes. A peine ai-je vu un léger mouvement de main gauche pour saluer. Bizarre ! (J'avais un garde à vous correct). Un lieutenant, dans un excellent français, me pose une question normale :
- Que faites vous là ?
- Un début d'incendie.
- Avez-vous vu telle ou telle unité.
- Non
- Pourtant, c'est étonnant car elles doivent attaquer avec vous !
Puis le side démarre sans précipitation et continue sa route. Brusquement, je me ressaisis et fouille trop nerveusement dans ce grand étui bien raide pour prendre mon pistolet. Hélas, ils sont hors de portée. Bizarre ces trois hommes dont les deux motards étaient bien bronzés, un regard de travers sans sourire et de trop grands fusils pour des motards ! Ils avaient des Lebels à la place des mousquetons qui sont beaucoup plus petits. Je suis persuadé qu'ils étaient allemands. Ceci est vraiment important car on connaîtra par la suite la très faible présence en soldats français, lorsque nos chars essayeront de faire récupérer à ces derniers des positions prises. Un motard de chez nous, cette fois, en patrouille seul, surpris de nous voir là, va en rendre compte au capitaine de la "2" puis revient nous chercher pour rejoindre l'axe de commandement. Ne connaissant ni notre mission ni où nous étions, cela aurait été difficile de rejoindre notre cantonnement. Je n'ai pas pensé dire au capitaine cette histoire du side. Là, je mets ma mitrailleuse en DCA et le temps passe...
Le capitaine, qui n'a pas le commandement de l'opération, trouve le temps long et me demande d'aller chercher nos chars. Comme nous étions le long d'une voie de chemin de fer, le capitaine m'explique où trouver un passage à niveau, pendant qu'un coucou vole à très faible altitude. Je m'empresse, avec ma mitrailleuse, de tirer des rafales courtes. Aussitôt, un panache de fumée, il accélère et prend de la hauteur avant de disparaître. Courtes félicitations du capitaine collé à mon char. Brusquement je le vois pâlir et s'effondrer. Surpris de son malaise, je penche mon buste pour voir. A ce moment des obus éclatent. A l'abri dans ma tourelle, je ne peux qu'assister à ce beau spectacle, celui des accompagnateurs du capitaine à plat ventre dans les fossés, le nez enterré.
Pas besoins de faire le rappel des chars car ils arrivent. Un blessé, le sergent Lucazeau ayant ouvert la porte de sa tourelle pour respirer. On rentre tous dans un assez gros bourg pour boire, ayant tous oublié de l'eau. Les quelques soldats présents, apeurés de nous voir là stationner nous auraient tout donner pour déguerpir. Au cantonnement, tout le monde nous attendait avec inquiétude. Pas d'exploit à raconter, la seule impression, c'est le peu de soldats pour soutenir les chars. Le conducteur Cazenave fait voir un fusil allemand et un casque avec le nom d'un soldat allemand tué dans un grand pommier. Guère de temps après notre arrivée, le caporal-chef, motocycliste secrétaire du commandant, arrive affolé en me disant : " Labaysse, ça va mal. Il faut déguerpir. Où est le capitaine ?". Je m'empresse d'alerter tout ce qui est dans les parages. Le lieutenant Lecointre me sermonne car il ne faut pas céder à affolement. Qu'à fait le capitaine ? Où est-il allé aux renseignements ? Il n'y a pas eu de panique. A la nuit noire, nous sommes partis sans aucun signe de repérage et assez lentement. Nos officiers regardaient les cartes avec une petite lampe électrique sous une petite bâche. Vers 3h00 du matin, chaque section cherche à tâtons dans une forêt très propre, sans sous bois, un emplacement. J'avais signalé que mon char virait avec difficulté à droite et que le bandage d'un galet porteur du char du lieutenant n'existait plus.

Le 7 juin, la fin de la compagnie

Peu de sommeil. Je pars chercher de l'eau à une source toute proche. Toilette succincte et petit déjeuner sur le pouce. Les dépanneurs sont au travail. Sur mon char, la réparation est peu urgente (une biellette à un point fixe un peu tordu ). Sur le char du lieutenant, il faut étendre la chenille, sortir avec difficulté le galet, en remettre un autre puis remettre la chenille en place. Pendant que je déjeunais, j'entrevois dans la pénombre de la forêt trois silhouettes qui semblent jouer à cache-cache. Etonné, sans alerter personne, pistolet au poing, j'attends. Les trois hommes, cachés derrière les arbres, jettent leur fusil et les bras en l'air se rendent. Il s'agit de trois fantassins français qui nous avaient pris pour des allemands. Ils nous préviennent que ces derniers sont tout proche à environ 200 ou 300 mètres. Peu rassurant, je les conduis au capitaine. Que s'est-il passé ? En rentrant, le lieutenant arrive et me dit : "votre char peut rouler ? Je vais le prendre. Vous resterez là et vous agirez selon votre conscience". Il me confit alors son deuxième conducteur, Istilart. Tout le monde se prépare, les dépanneurs plient bagages. Inutile de dire qu'avec Dubet, nous avons remis un galet à coup de masse et le char fut rapidement prêt à rouler, tout ça sans trop se soucier de la qualité du travail.
Presque aussitôt, le lieutenant arrive et ordonne le départ sans explication. Ce dernier semble précipité, pas de capitaine (il est sans doute parti aux renseignements). A la sortie du bois, en plein champ, beaucoup de chars mitraillent sur la gauche. Je me retrouve en queue et j'accroche une rangée de barbelés avec je ne sais combien de piquets. A travers champs, les chars de la compagnie se réfugient dans une "garenne"
(Trois ou quatre rangées de gros arbres), puis attend de nouveaux ordres. Groupés par section et un peu à l'écart des chars nous parlons des événements; Subitement quelques obus espacés tombent d'abord loin de nous puis de plus en plus dans notre direction. Nous rentrons dans nos chars. Cela semble être un tir de réglage et il est peut être pour nous ? Le tir cessé, le capitaine arrive et donne des consignes aux officiers. Je n'entends rien et bien entendu à nous pas d'explications. Départ dans l'ordre : chef de section, sergent et caporal-chef. A nouveau à travers champs nous gagnons une route. Le char de mon sergent manque un petit pont et le ventre du char touche la margelle, tandis qu'une chenille tourne dans le vide. Pas de crabotage comme sur les Hotchkiss. Je le tire en arrière. Nous perdons du temps et les autres chars, sans se soucier de l'ordre, traversent le fossé. Mon sergent se met dans la colonne et moi derrière. Le sergent Roumage ( char du capitaine ) me laisse passer pour fermer la marche. Ceci est très important pour moi pour la suite des événements! Nous rejoignons une route ( Laquelle ? ). Je signale que je n'étais pas dans mon char, mais assis sur la porte de la tourelle.
A ce moment et jusqu'au pont du canal à Noyon, la composition de la colonne sera :
- En tête de la colonne: le sous-lieutenant Lecointre, commandant la première section, conducteur Dubet, char 50687
La 2ème section, Giroir
- Adjudant-chef Giroir, conducteur Aujard, char 50032
- Sergent Chatenay, conducteur Gatineau, char 50666
- Caporal-chef Griffon, conducteur Mirande, char 50166
La 3ème section, Merlateau
- Sous-lieutenant Merlateau, conducteur Maurey, char 50404
- Sergent-chef De Noüel, conducteur Cazenave, char 50613
- Caporal-chef Reynaud, conducteur Lacambra, char 50391
Le reste de la 1ère section Lecointre
- Sergent Mauny, conducteur Labéguère, char 50398
- Caporal-chef Labaysse, conducteur Istilart, char 50677
et enfin le char du capitaine
- Sergent Roumage, conducteur Labat, char 50619

L'entrée dans Noyon

Nous doublons une unité d'infanterie coloniale lourdement chargée avec mitrailleuses Hotchkiss, trépieds, caisses de munitions. J'ai l'impression que peu de temps après, nous avons bifurqué sur la gauche en direction d'un barrage d'artillerie. Nous savions vaguement que nous nous dirigions vers Noyon pour protéger le repli d'une division d'infanterie. Nous passons devant notre capitaine, visage très très inquiet. Tout proche, le fameux barrage d'artillerie (du 75, il me semble), je préfère rentrer dans ma tourelle. Les obus tombent drus mais tous à droite. Je crois que je ne risquais rien.
Peu après, ou peut être à l'entrée de la ville, nous tournons à gauche. En passant, je vois sur ma droite quelques autos et une ambulance aux portières ouvertes, qui ont été mitraillées. Il n'y a pas de cadavre. Inquiétant. Qu'à vu le char de tête ? Ces véhicules ont-ils décidé le lieutenant Lecointre à changer de direction ? Je suis formel, à ces véhicules nous avons tourné à gauche! La route que nous prenons semble large car je vois sur ma droite un camion complètement calciné, auprès d'un immeuble à la façade effondré. Il y a en tas, derrière le camion et sur la route, des soldats allemands morts. Pour un début, cela est vraiment impressionnant. Presque aussitôt, nous tournons à droite. Nous longeons ensuite pendant un bon moment une voie ferrée (wagons de marchandises enchevêtrés), avant de passer devant une gare bombardée, wagons bousculés. A une petite place juste après la gare nous tournons à droite pour emprunter une longue rue pavée. Je remarque en passant (vite, à 20 km/h), dans un espace assez grand, une colonne, en pierre grisâtre de 2 à 3 mètres de haut, sur un rond de pierre. Cela coupe un peu la monotonie de la rue. Peu après, nous virons à gauche dans une sorte de carrefour ou place, de nouveau une longue rue très droite et large. Puis arrêt, Pourquoi ?

Le Canal

Nous étions tous arrêtés et afin de ne pas se perdre nous nous suivions de trop prêt
(4 ou 5 mètres). On se cachait ainsi la vue, même celle de droite et de gauche. Nous avions roulé comme si rien ne devait se passer, armement devant soi.
A ce sujet, le conducteur disposait devant son visage d'une vitre rectangulaire (un court périscope) qui lui permettait une bonne visibilité sauf lorsque de la poussière s'y était déposée. Le chef de char disposait, étant assis sur une large sangle, outre sa lunette de tir, devant lui à côté de la lunette, à droite ainsi qu'à gauche, d'un épiscope (semblable à des jumelles non grossissantes, gros blocs de verre très épais). En se levant, il pouvait mettre la tête dans le tourelleau mobile grâce à une tirette et avec le bourrelet en cuir du casque on dégageait une fente longue de 5 à 6 cm et haute de 4 à 5 mm. Très beau perchoir à l'arrêt, mais impossible d'étudier un paysage en marche et de plus nous n'avions pas été formés pour cela. Les chars n'étaient qu'un bon poste de tir et d'observation à l'arrêt.
Arrêté en fin de rue, le char de devant me cachait toute perspective et la dernière maison de gauche se terminait juste devant mon char (2 m). Par contre, la dernière maison de droite était vraiment derrière (15 à 20 m). Aucun tir à droite, tout sur la gauche; rivé à la lunette de tir, presque pas de perspective, comprenant tout juste qu'il y avait des jardins avec quelques petits arbustes. Je ne voyais rien, sauf subitement car on vient de bouger dans l'angle mort de ma lunette. C'était vraiment près, par l'épiscope à coté de l'arme, je vois avec surprise un soldat allemand sur le dos les bras en croix. Vite, je regarde derrière moi, le char du capitaine, mené par Roumage, a son armement tourné vers l'arrière. L'avait-il depuis le départ ?... Je suis donc paré vers l'arrière. Ma droite est très bien dégagée. Il y a un champ cultivé sur un terrain surélevé par rapport à la route. Dans cette culture, un homme allongé ne se serait pas vu. Effectivement, je vois deux fois deux hommes qui rampaient vite, leurs têtes dépassaient de temps en temps. Vite, vite, je tourne la manivelle à crémaillère de ma tourelle pour diriger mon armement, mais je n'ai pas suivi des yeux, par le tourelleau, leur progression. Ont-ils eu le temps de franchir d'un grand bond les 30 à 40 mètres pour s'abriter dans la grande brèche d'une maison ou se sont-ils dissimulés à plat ventre ? J'ai copieusement arrosé à la mitrailleuse et au canon leur emplacement. Nous avons décroché pour connaître le résultat, avec difficulté car le char virait mal sur la droite. Dès le petit talus franchi, la colonne a fait demi-tour. Je suis très surpris de ne pas voir mon lieutenant en tête. Oubliant de jeter un coup d'œil vers l'avant de peur de me perdre, je fais l'impossible pour me coller à mon sergent. Mais pourquoi ce demi-tour ?
Je sus la raison, peu de temps après par un caporal-chef du 33ème colonial. Prisonnier, je suis interpellé par ce dernier :
"- Tu es des chars ?
- Oui
- Où cela s'est-il passé ?
- A Noyon.
- Alors c'est avec vous qu'on a eu une histoire."
Il me raconte ensuite cette dernière. "Je m'occupais du fusil mitrailleur qui protégeait un canon de 25 antichar à l'entrée d'un pont enjambant le canal. Comme on vous voyait arriver, le lieutenant téléphona au commandant pour le prévenir de la présence de char français. Ce dernier affirma qu'il n'y avait pas de chars français engagés dans le secteur. Le lieutenant insista et dit apercevoir sur le char de tête un fanion tricolore. Le commandant précisa qu'il s'agissait sûrement d'un camouflage et qu'en absence de chars français, il fallait exécuter les ordres. Le pont étant miné, le lieutenant ordonna la mise à feu. Le pont sauta, puis le canon tira sur le char de tête.
Le lieutenant Lecointre fut tué en sortant de son char détruit, tandis que Dubet, son conducteur, indemne, a mis près de 36 heures avant de pour pouvoir rejoindre nos lignes. Dès qu'il levait la tête, les Français ou les Allemands lui tiraient dessus.

 

La destruction de la compagnie

Je croise le char de Roumage et excessivement surpris, je vois un canon antichar allemand sans servant. Que faisait-il là, comment y est-il venu, qu'avait fait Roumage ? Je suis persuadé que ce canon était déjà en place avant notre arrivée, face à l'infanterie française tenant le pont du canal, mais nous nous suivions tous de trop prêt et nous avons tous été aveugles devant un paysage dansant. Peu importe ce canon, nous partons. Hélas la colonne s'arrête de nouveau en plein milieu de la rue ! Qu'à fait l'adjudant-chef Giroir ? Ce vétéran de 18 était alors à la tête de la colonne. Et pourquoi est-il resté là ? Tout le monde est resté à attendre, mais une fois de plus nous étions beaucoup trop entassés. Je ne voyais à nouveau donc pas grand chose. Pas un mouvement de char, pas un fanion ne bougeait.
Je fais monter le char sur le trottoir pour être dégagé et mieux voir. Je n'ai pas eu l'idée de descendre du char et d'aller voir à pied, cela aurait peut être eu des conséquences moins dramatiques pour nous ? Las d'attendre, je décide mon conducteur d'aller en tête par le large trottoir de droite. En arrivant au carrefour, je constate, étonné, que le char du lieutenant Merlateau avait pénétré (par le devant) dans un garage ou remise muni d'un rideau métallique en partie levé. Porte de tourelle ouverte, je voyais bien que le char était vide. Je suis formel, le char était vide de ses occupants. Mon conducteur Istilart m'a dit avoir vu deux silhouettes qui s'enfuyaient vers la gauche. Que sont-ils devenus ? S'ils sont morts, ce n'est pas dans leur char et je ne les ai pas vu prisonniers. Je place mon char au carrefour longeant le trottoir. Paré en principe derrière moi, à ce carrefour je surveillais bien ma droite d'où nous venions. En face de moi, au loin, une rue très sombre et le clocher d'une église ( ou cathédrale ). J'ai mis du temps à réaliser que ce noir c'était l'ombre des bâtiments. J'avais beau agité mon fanion de détresse et faire des appels pressants avec l'autre, personne ne répondait. (en absence de radio, les chars pouvaient communiquer entre eux en utilisant des fanions que l'on pouvait dresser à travers la tourelle. Chaque fanion avait bien entendu une signification précise). J'apercevais dans l'ombre de l'église et à une bonne distance une masse indéfinie. Mon conducteur ne pouvait lui aussi comprendre ce que c'était. Je tire un obus au pied pour faire bouger. Rien ! Je vise mieux et ça bouge. Un tube, une roue, un timon; il s'agissait bien d'un canon antichar et il nous attendait.
Et toujours mes appels désespérés. Enfin un char bouge et se met tout près du mien. La porte de la tourelle s'entrebâille et le caporal-chef Reynaud me dit (ma porte aussi ouverte) :
- Il y a deux chars qui brûlent derrière nous. Que fait-on ?
- Il ne faut pas rester là.
- Et aller où ?
- Revenons sur nos pas et puis dans la nature on verra bien !
Je ne me suis rendu compte de rien sur le drame qui se jouait à ce moment car le bruit des moteurs des chars a complètement étouffé celui des tirs des canons antichars.
J'aperçois alors sur le trottoir, longeant le mur, Roumage, boitant et pleurant. Je lui demande ce qui se passe et il me dit :
- Mon conducteur est tué, moi blessé. Je me rends !
- Penses-tu ! Nous partons avec Reynaud.
Il ne se fait pas prier et Istilart descend pour l'aide à monter. Je suis aussi descendu pour l'aider, mais au même moment deux nouveaux chars ont bougé ; Celui du sergent Mauny, conducteur Labéguère et celui du caporal-chef Griffon, conducteur Mirande. Ils entrouvrent nettement leur porte et Mauny me demande :
- Que faut-il faire car je veux me rendre !
Griffon approuve. Les deux conducteurs n'ont probablement rien entendu.
- Non, on ne peut pas abandonner comme ça, nous sommes quand même 4 chars. Là,
on ne peut pas passer, alors revenons sur nos pas et dans la nature on verra bien.
- D'accord
- Mauny, tu es sergent, passe devant.
- Je ne peux pas, je suis blessé.
- Alors Griffon. Caporal-chef le plus vieux, c'est à toi.
- Ecoute Labaysse, je ne suis pas engagé comme toi.
- Bon, d'accord.
Je rentre sans affolement dans mon char, Roumage entre mes jambes. Il faut s'arc-bouter pour soulever la porte et la fermer. Comme je la verrouillais, le nez plongé vers les persiennes séparant le moteur, une très, très forte explosion a lieu et aussitôt des flammèches sur le plancher du moteur. Je m'en assure et comme elles grandissaient, je ne sus que crier aux hommes : " Le feu, le feu, l'extincteur ". Istilart actionna la manette pour les deux bouteilles. Les deux hommes sont vite sortis et se sont précipités sur les autres chars ; Istilart avec Mauny et Roumage avec Griffon.
Derrière mon char, je l'inspecte vite. Je ne vois rien, aucun trou, mais par contre la bâche négligemment pliée est sur la queue du char et se consume. Pensant à une grenade, je remonte dans le char car celui ne doit pas être détruit. J'actionne le démarreur plusieurs fois mais rien. Le carburateur est noyé par la mousse carbonique. Tentative infructueuse de démontage de la mitrailleuse et appels désespérés de Griffon : " Mais que fais-tu ?". Le char de Reynaud est fermé, je me dirige vers celui de Griffon, mais comme ils sont déjà trois je me suis alors assis sur la porte de la tourelle laissant pendre mes jambes dans le char. Griffon démarre aussitôt passe le carrefour et tourne à droite. Mauny suit mais hélas je ne vois plus le char de Reynaud.
A ce moment , huit chars ont été détruits ou abandonnés dans cette large rue menant au canal et à ce carrefour. Si les chars ont ensuite été retrouvés disperser hors de la rue de Paris, c'est qu'ils gênaient pour la circulation des troupes allemandes. Ou alors, ils ont été utilisés pour un simulacre de combat pour la propagande et les actualités. J'affirme que nous étions tous dans cette grande rue à part les chars de Mauny et Griffon.
Lecointre, au pied du pont, Roumage toujours derrière, mon char resté au carrefour avec peut être celui de Reynaud, Merlateau dans ce garage. Parmi les autres chars détruits se trouvait celui de l'adjudant-chef Giroir avec celui de Chatenay et de Nouel. Je ne sais pas quels sont les chars à avoir brûler.

 

La fin tragique des deux derniers chars

Nous remontons la rue vers la gare. Je revois sur ma gauche cette colonne mais avec un grand écriteau sur lequel une grande flèche avec écrit au charbon de bois "Nach Compiègne". Nous tournons à gauche (tant face à la voie ferrée) et repassons devant la gare et là, je vois très nettement une importante masse de soldats allemands qui se mettait en mouvement avec deux canons antichars (étant hors du char je voyais bien). J'ai eu beau hurler : " Des canons! des canons! Arrêtez !", nous avons fait demi-tour. Le conducteur devait certainement les voir mais Roumage, déjà blessé dans son char et qui faillit aussi brûler dans le mien, assis sur le plancher du char et ne voyant rien, a dit au conducteur de faire demi-tour. Ce dernier fut effectué immédiatement, d'un seul coup de levier. Aussitôt dit aussitôt fait ! Je tournais maintenant le dos aux allemands. Ces derniers ont tiré. Je voyais autour de moi des étoiles filantes. Cela m'inquiétait. Le char de Mauny a fait de même. J'avais beau hurler de passer par la gare, même si cette dernière bombardée n'avait pas une approche rassurante,( mais qui dit gare, dit campagne proche) rien. J'ai alors eu une vive altercation devant la panique générale. Griffon m'a rétorqué que s'il n'y connaissait rien, je n'avais qu'à prendre sa place. Je ne demandais pas mieux que de me mettre à l'abri. Prenant place dans la tourelle, j'installais tant bien que mal mes jambes car avec maintenant deux hommes assis sur le plancher du char cela n'était pas facile. Je hurle alors ( à cause de l'important bruit du moteur et des chenilles sur les pavés ) au conducteur Mirande : "Ne reviens pas au carrefour, prend la première rue à gauche ou à droite". Ce fut chose faite au niveau de cette colonne sur son socle. Nous avons pris une courbe avant d'entrer dans une rue droite et d'arriver sur une petite place en V, bordée d'arbres qui va vers l'arrière de la cathédrale.
Là, je vois très surpris un groupe de soldats français bien aligné. Que font-ils là ? En fait, ils cachent cinq canons antichars; deux sont dirigés vers la colonne et se trouvent donc face à nous, tandis que les trois autres protègent les accès aux autres rues. Inutile de dire mon étonnement . J'ai fermé les yeux, je me voyais mort, puis j'ai hurlé "Fonce !". A peine dit, deux coups de feux très rapides, le char a semblé se cabrer. Nous nous sommes arrêtés net, puis un grand silence. Sur cette tragique place je venais d'être descendu pour la deuxième fois. Comme un pantin poussé par un ressort, je gicle debout sur le côté droit du char. Ma jambe gauche semble morte, je ne la sens plus. Je vois beaucoup de fusils allemands braqués sur moi, ils sont posés sur les épaules des soldats français. Cela était impressionnant. Un officier ( le commandant ) nu-tête, veste ouverte, un pistolet à la main, donne des ordres secs, répétés, puis un "Heil Hitler" général. Je me cache derrière le char espérant une porte ouverte ou une fenêtre, mais rien. Je jette alors mon casque et mon ceinturon avec l'étui à pistolet ( ce dernier était resté dans mon char, au carrefour ) et je me mets debout à la droite du char, les mains levées à hauteur de mes hanches. Malgré de grands signes, j'hésite à avancer puis je me décide très lentement et bien peu rassuré surtout quand je suis passé à côté du canon. Quelle oeillade sans sourire des servants. Un sous-officier, caché derrière un des arbres, braquait toujours un revolver sur les servants. Un sous-officier se dégage promptement de derrière les Français et d'un pas décidé vient à ma rencontre, dégage un revolver parmi deux grenades à manche et me met en joue. Un ordre sec du commandant, il remise son arme et d'un geste me fait signe de rejoindre les Français. En trois ou quatre bonds, ça y est et de plus je suis vivant même si ma jambe gauche est très lourde. Un prisonnier déchire ma combinaison et mon caleçon. Ma jambe est rouge de sang, criblée de grenaille assez profondément. Ma blessure sera suffisamment spectaculaire pour m'éviter de longues marches.
Le char de Mauny, situé sur le côté droit de la rue, reste silencieux. Roumage sort péniblement du char de Griffon, assis sur la porte de la tourelle, la main et le visage ensanglanté, il pleure à chaudes larmes en criant " Camarades, camarades ". Un capitaine du 126e régiment de Brive, m'a vertement reproché de n'avoir pas tiré. Comment lui faire comprendre qu'en roulant le paysage danse à travers les fentes du char et qu'au début nous n'avons vu que des soldats français et puis avec l'affolement du conducteur, connaissant le peu de puissance de nos canons...... Si je les avais vu dès le monument, je les aurais tiré à condition que le conducteur garde son sang froid. Ce capitaine en nous voyant remonter vers la gare et nous entendant revenir aurait dit:
" Voilà les chars français qui viennent nous délivrer. A mon commandement que chacun s'empare d'un fusil ".
Par la suite, ces français m'ont avoué qu'ils avaient préféré que nous soyons descendus. Le capitaine m'aurait également dit que j'avais eu de la chance de sortir du char seul, car le commandant allemand voulait un prisonnier pour obtenir des renseignements. Sinon ?... ...
Puis, je vois Istilart mon conducteur, l'avant bras droit déchiqueté, venir soutenu par deux allemands. Je me demande comment il a pu sortir seul du char de Mauny. Istilart me dit : " Va voir Mauny, ça ne va pas". Après de grands gestes, je décide deux allemands de m'accompagner. Mauny râlait , j'ai voulu essayer de le sortir mais il s'est effondré. Je saisis la pince monseigneur pour aider à ouvrir la porte du conducteur Labéguère. Cette dernière est déjà ébranlée, puis je vais au char de Griffon, où je me trouvais. Ce dernier est mort. J'essaye alors d'ouvrir la porte du conducteur Mirande mais à ce moment les Allemands semblent pris de panique et je suis traîné par ces derniers. En tout cas étonné d'être vivant et quelque peu honteux devant mes camarades qui m'avait écouté pour ne pas se rendre. Beaucoup de blessés graves qui ne cessent de gémir, installés inconfortablement sur des caisses de vin " St Estèphe" et sur des grosses meules de fromages. Il n'y avait pas de brancard. Je ne me souviens pas de la présence de Labat, le conducteur de Roumage.
Devant cette maison de deux pièces, on voyait bien les deux chars puis derrière, la colonne sur son socle. A gauche comme à droite une rue, celle de droite menait devant la cathédrale, tout prés d'elle un canon antichar abandonné. Un français motocycliste reconnaissable à son blouson me dit : " J'étais le premier prisonnier. Lorsque vous avez tiré tout à l'heure, il y a eu un tué".
A l'angle de cette rue, un café avec sur le trottoir des caisses en bois portant des arbustes ( genre citronnier ), c'est le PC allemand. Le commandant me fait appeler pour m'interroger. Il paraissait sympathique mais pas le capitaine à côté de lui. On appelle un interprète. Je reste assis sur une caisse faisant voir ma jambe. Le jeune interprète de circonstance parlait mal le français et je ne le favorisais pas vu mon fort accent et ma rapidité de parole. Prié sèchement de faire attention, voici la première question : " Qui vous a donné l'ordre d'attaquer?". Je n'ai pas saisi le piège ( prétendant être d'une unité autonome, nous n'avions pas d'écusson sur nos vestes en cuir ). Je ne peux tout de même pas donner les noms des officiers, je réponds :
- Mais nous n'avons pas attaqué parce que nous venions de la gare vers le sud.
- Ne me dites pas que vous n'avez pas attaqué car je vous ai vu venir à l'inverse.
- D'accord mon commandant, mais allez voir en bas vous verrez les autres chars immobiles ( il ne le savait pas ).
- Mais où étiez-vous, en me tendant une carte.
Je désigne du doigt le nom du bois où nous avons passé notre premier cantonnement car je crois que nous avons laissé de multiples traces de campement et de chenilles. En tout cas, nous n'avons jamais effacé ces traces et puis où étaient les autres compagnies. Que fallait-il faire ?

 

Prisonnier

Les prisonniers valides ont passé la nuit dans une cave puis ils sont partis à pieds. Je suis resté, quelle soif et ces blessés qui gémissaient. J'ai eu beau demander par signe de l'eau, on ne me montrait que du vin. C'est bien peu désaltérant. Deux jeunes officiers viennent avec un très beau et grand carnet. Ils regardent les numéros des régiments sur les écussons des uniformes et les comparent sur leur registre et écrivent. L'un d'eux, fine lunette, belles bottes en cuir, belle culotte de cheval avec de larges bandes rouges, m'interpelle dans un français sans accent. Je lui demande poliment à qui j'ai à faire. Surpris, il me répond :
- Lieutenant X, officier d'état major. Que pensez-vous de notre canon antichar.
- Ce n'est pas bien de votre part, car vous avez mis un rideau de prisonniers français.
- Peu importe seul le résultat compte.
Avec un autre officier, il consulte un très beau calepin et compare les numéros des chars. Par-dessus son épaule j'essaye de voir, il me le montre mais en souriant me le claque au nez.
Dans l'après midi, des avions allemands se présentent. Des soldats allemands déploient sur le sol de grandes banderoles à croix gammées, puis les avions vont lancer, un peu plus loin de là, leurs bombes en deux ou trois passages. A part cela, le silence complet.
Des officiers de hauts grades, sirotant au café, sont délogés par quelques obus français de 75. Cela devient inquiétant car ils sont de plus en plus nombreux.
Tard dans la soirée, un camion emporte les blessés. Je peux faire embarquer mes camarades. Nous sommes vus et soignés dans un poste de secours aussi bien que les soldats allemands et dirigés vers St Quentin, dans un lycée. Triste spectacle, peu de personnel soignant et l'on meurt faute de soins. J'y retrouve mes compagnons presque honteux de mes égratignures : Istilart, mon conducteur a le bras droit amputé, Labéguère a l'épaule abîmé et tout le bassin brûlé par la mousse carbonique des extincteurs, Mirande l'épaule abîmé, Roumage a un trou dans la fesse et un doigt déchiqueté ainsi que le visage égratigné, mais pas de Labat ( pourtant ce dernier a aussi été grièvement blessé dans l'action de Noyon ).
Toujours rien à manger, puis je suis transféré tout près dans un autre lycée, plein de paille. Là ce caporal-chef de la coloniale me raconte l'histoire du char du lieutenant Lecointre. Préoccupé surtout pour le manger ( rien, rien ), je me moquais de ces histoires et puis le moral ne brillait pas.....
Puis c'est la captivité comme bien d'autres.
Prisonnier à la citadelle de Cambrai, j'étais repérable avec ma veste en cuir, la seule. De nouveaux arrivants m'interpellent :
- Où as-tu été prisonnier ?
- A Noyon.
- Nous avons sorti tes copains, quelle corvée. Ce gros adjudant-chef et ce jeune caporal-chef !
Quand le commandant allemand m'a interrogé, je lui avais demandé de faire sortir des chars tous les corps mais il avait refusé.

Conclusion et réflexions

Je me pose toujours la question ; malgré cette précipitation pourquoi avoir choisi de revenir sur nos pas. En face, j'avais démoli un canon et à gauche, l'inconnu...?
Et puis pourquoi nous sommes-nous tous suivis si près ? Nous étions au secret, il nous suffisait de suivre et nous avions peur de nous perdre, aussi nous nous suivions de trop près, nous fermant la vue et oubliant une règle élémentaire importante : neutraliser la direction de l'armement plutôt vers l'arrière que vers l'avant du char.
Quel itinéraire devait suivre le lieutenant Lecointre ? Pourquoi a-t-il tourné à gauche ? Réflexion faite, se sont sans doute ces véhicules abandonnés en pagaille et ces traces de combats. Mais nul ne le saura.
Pourquoi n'a t-on pas vu ce canon antichar presque au bout de la rue ? Nous sommes tous coupable mais j'estime surtout Roumage qui l'avait dans les pattes (moi-même l'ayant vu à la dernière minute avec surprise). Mais nous partions tous pressés. Puis nous avons stationné sans rien voir. Pourquoi aussi longuement ? En allant me positionner de moi-même au carrefour pour voir plus clair, je n'ai plus pensé à ce canon et hélas, s'est sûrement lui notre perte.
Je me suis souvent posé la question suivante : Que pouvais-je faire, moi l'engagé payé ? Je m'en étais tiré à bon compte. Je n'ai jamais osé prendre de nouvelles de mes camarades. Honteux de n'avoir pas été blessé un peu plus par rapport à ces derniers de un an plus âgés que moi et qui étant dans la meilleure compagnie se mettaient par obligation au garde à vous, quelques mois auparavant dans la caserne.
Vers 1957, je suis entré en correspondance avec mon conducteur Istilart, amputé du bras droit mais écrivant très bien. Lettres banales où je n'ai pas su évoquer les événements me sentant responsable de son infirmité. Personne n'a franchi le pas et j'ai cessé la correspondance. J'aurai même pu aller le voir, car il était seulement à 170 km. J'ai su plus tard qu'il était décédé la même année.
Avec mon capitaine j'ai eu toute une série de correspondance mais il était inconsolable de la perte de son fils, mort dans les tabors comme lieutenant, sur les marches de Notre Dame de la Garde, lors de la libération de Marseille en 1944.
Après un pèlerinage à Noyon en 1984, je me suis adressé à la caserne de Pau, afin de retrouver l'adresse de mes camarades. Là, j'ai appris le décès de Istilart en 57. La famille Mirande m'a répondu que ce dernier venait de décéder. Malgré deux appels, Labéguère n'a pas répondu. Il vient lui aussi de décéder bien médaillé. Seul Dubet m'a répondu et est venu chez moi. Je n'ai pas recherché Roumage.
Je n'ai jamais osé écrire aux familles de mon lieutenant Lecointre, de Mauny, Griffon et Reynaud.
Regrets avec bien d'autres regrets !

Jean LABAYSSE

1940 - 1er BCC 6-9 juin 1940

1er BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

 (6-9 juin 1940)

 

La 1er septembre 1939, le 1er bataillon du 501e, en garnison à Tours, forme, avec l’appoint des réservistes, le 1er bataillon de chars de combat. Tous les officiers, sous-officiers, caporaux et chasseurs, tant d'active que de réserve, se jurent que leur bataillon, premier du nom, le sera aussi par la valeur et le courage. On verra comment ils tinrent leur serment.

Embarqué en Alsace le 26 mai 1940, le bataillon arrive à Noyon le 28, et est mis aussitôt à la disposition du 24e corps d`armée, au sud de Lassigny.

Le 5 juin au matin, les Allemands attaquent. Le soir, vers 20 heures, la 3e compagnie est chargée de dégager un groupe d'artillerie en difficulté vers Dreslincourt. Elle quitte, en colonne, le bois de Liancourt, traverse Étalon et se heurte, sur la crête au nord de ce village, à une vingtaine de chars légers ennemis qui, aussitôt, ouvrent le feu. Les chars français se déploient en deux échelons et ripostent. Après trois quarts d'heure de lutte, les blindés allemands s'enfuient, mais cinq d'entre eux, dont deux en flammes, restent sur le terrain. Les pièces d'artillerie sont délivrées. Seul, le char du capitaine Datcharry, qui a reçu huit obus, dont un dans un épiscope de tourelle, doit être abandonné. Au retour, un amas de paille arrosé d'essence et enflammé par des éléments ennemis qui se sont infiltrés derrière les chars, barre le carrefour ouest du village d'Étalon qu'il faut traverser. Avec une belle crânerie, le capitaine descend du char qui l'a recueilli et fait manœuvrer les extincteurs. Les chars peuvent alors poursuivre leur route et regagner leur position de départ.

Le 6 juin, à l’aube, le village de Liancourt, tenu par la 6e demi-brigade de chasseurs, est brusquement attaqué par une vague d'engins blindés débouchant des crêtes au sud du ruisseau d'Ingon. La 3e compagnie, à nouveau, prend l’ennemi de flanc, démolit six blindés et chasse les autres. Cinq gros chars armés de canons de 75 débouchent alors à l’est du village.

Nos chars leur font face, mais la plupart sont atteints, à sept ou huit cents mètres, par des obus perforants.

Celui du sergent Lhuillié, en position avancée, tombe soudain sur un blindé ennemi camouflé dans un verger et reçoit un obus tiré à très courte distance. Le volet du mécanicien., touché, s'ouvre : le chasseur Gatti est tué sur le coup. Le sergent Lhuillié se penche sur son camarade, dont le pied est resté appuyé sur la pédale de l’accélérateur, et le soulève, mais il reçoit deux balles de mitrailleuse, une dans la cuisse, l’autre dans l’épaule. Refermant alors le volet, il tire sur son adversaire qui, réduit au silence et immobilisé, prend feu. Puis, il traîne son mécanicien dans la tourelle, prend sa place et ramène le char au bois de Liancourt où, épuisé, exsangue, il tombe évanoui dans les bras de ses camarades.

Le char du commandant de la 3e section reçoit un obus de plein fouet. Le lieutenant Neguelouard est tué, et son mécanicien, le chasseur Chounet, très grièvement blessé. L'essence du réservoir s'enflamme. Le capitaine Datcharry sort de son appareil et cherche à ouvrir la porte du mécanicien. En vain. Par le petit volet ouvert, il voit Chounet tomber en syncope et doit l’abandonner à son sort tragique.

Un troisième char prend feu, au retour, dans Rethonvillers, et doit être abandonné. Huit chars sur douze devaient se regrouper à la nuit, au bois de Thiescourt, tous fortement endommagés. Celui du sergent Coucard avait sa tourelle transpercée par trois obus. Le sergent lui-même, à demi aveugle, avait la moitié du visage arrachée.

Il manquait un autre char à l'appel : celui du caporal-chef Bellou. Un obus avait traversé son blindage et tué le mécanicien Paris. Bellon continua le combat seul, puis, prenant la place de son camarade, essaya de ramener son appareil. Isolé, sans guide, égaré, il erra ainsi toute la journée, tantôt conduisant, tantôt tirant, et forçant plusieurs fois des barrages ennemis.

Enfin, retrouvant des fantassins français, il se décida, avec leur aide, à enterrer son mécanicien, refit son plein d'essence avec un bidon de cinquante litres trouvé en chemin et repartit. Après une nuit de veille, il finit par rejoindre sa compagnie le 7, à 15 heures, au moment où elle allait faire mouvement sur Sermaize. Il demande aussitôt à son capitaine à repartir au combat avec un autre char. Le jugeant trop fatigué, le capitaine refuse.

Bellon, furieux, s'en prend à celui de ses camarades qui part à sa place et qui lui conseille de se reposer ; il l'étourdit d'un coup de  en pleine figure, bondit vers son capitaine et déclare qu'un mécanicien vient de se trouver mal. Le capitaine, prêt à donner le signal du départ, accepte le volontaire qui s'offre, et Bellon, souriant, retourne au combat.

Le même jour, 7 juin, la 2e compagnie est appelée à dégager la 7e division d'infanterie coloniale, complètement débordée dans la région de Noyon.

La section du lieutenant Laporte reçoit mission de nettoyer le village d'Happlincourt, où elle est accueillie par un feu nourri d'armes automatiques.

Quant aux autres sections, engagées vers Noyon et sur la route de Roye, prises à partie, de face et de flanc, par de nombreux canons anti-chars, elles devaient être anéanties. Pas un char n'échappa au tir ennemi et pas un homme n'en revint, mais les éléments dispersés de la 7e division d'infanterie coloniale purent décrocher et reporter leur ligne plus à l'ouest, où ils résistèrent jusqu'au 9 juin.

C'est aussi le 7 juin que la 1ère compagnie se déploie et attaque le plateau de Tirlancourt, tirant à la mitrailleuse sur tout ce qui lui paraît suspect. Les Allemands quittent leurs abris et lèvent les bras. Mais l’alerte a été donnée et les 77 commencent un barrage d'obus fusants pour enrayer l’avance des fantassins français.

Le caporal-chef Bureau déclenche quelques rafales dans les arbres et voit, à 50 mètres, une masse verdâtre tomber des branches. Devant lui, dans les buissons, il observe une certaine agitation. Il donne l'ordre à son mécanicien Gastichet de foncer et tire sur l'objectif quelques obus explosifs. Deux corps sont projetés en l’air et retombent lourdement. Il s'aperçoit alors que les autres chars de sa section font demi-tour et fait virer le sien sur la droite. Le moteur cale. Par trois fois, le mécanicien tente vainement d'avancer. Bureau tourne sa tourelle et, vaguement masqué par un arbre, ouvre la porte arrière. En se penchant, il constate que la chenille de droite est sortie de la poulie de tension. Il faut reculer. Au bout d'une vingtaine de mètres, dans un fracas inquiétant, la chenille reprend sa place. Le char peut, à nouveau, démarrer en avant. Sur le chemin du retour, Bureau prend les troupes ennemies à  revers et sème parmi elles la panique. Puis, embossé entre deux buissons, il attend. Les trois chars de la 4e section, conduits par le lieutenant Boulmer, passent.

Ils vont nettoyer quelques bosquets sur la gauche. Bureau se joint à eux. L'opération terminée, les chars rejoignent, à contre-pente, le 3e section.

Le capitaine Pin félicite ses équipages et décide de monter une nouvelle attaque pour faciliter le repli du 11e  régiment d'infanterie. Mais, déjà, les balles sifflent. L'une d'elles frappe le sergent Ménard au moment où il ouvre la porte de sa tourelle pour mieux observer le terrain. Ses camarades le confient à des brancardiers et remontent précipitamment dans leurs chars.

Après s'être enfoncé profondément dans le dispositif ennemi, le capitaine rallie ses véhicules, mais, au cours du repli, un obus de 47 le frappe en pleine poitrine.

Père de quatre enfants, il s'était refusé à quitter ses hommes pour aller à. L’arrière. La 1ère compagnie, qui l’adorait, lui rend les derniers devoirs à la tombée de la nuit. On l'a couché dans une bière de fortune, confectionnée avec de vieilles portes. L'émouvante cérémonie n'est troublée que par un gros bombardier qui lance une fusée pour photographier la ferme.

Le lendemain matin, à 4 heures, arrive l'ordre de départ. Les moteurs sont mis en marche.

Tandis que l’échelon sur roues poursuit vers Senlis le mouvement de repli qui se dessine, les dix chars indemnes de la 1ère compagnie s'embusquent dans un bois voisin. Ils n'y resteront pas longtemps. La 7e division d'infanterie coloniale, serrée de près par des colonnes motorisées, a besoin de secours. La section du lieutenant Thoreau est désignée pour dégager un bataillon du 7e régiment d'infanterie coloniale, encerclé dans Mareuil-la-Motte. Ses hommes sont un peu émus, mais fiers tout de même ; ils vont enfin se battre.

A l’aube du 8  le capitaine Datcharry se fait exposer la situation et explique au lieutenant quelle doit être sa mission. Un conducteur de side-car, du 77e groupe de reconnaissance divisionnaire d'infanterie, en position à Marquéglise, lui servira de guide. Mais ce sous-officier part trop vite et, la liaison perdue, les chars ont bien du mal à gagner le village. Lorsqu'ils y parviennent, il est désert. Leur tâche ne pouvant être remplie sans le groupe de reconnaissance, ils rebroussent chemin.

En repassant à Autheuil, le caporal-chef Durand aperçoit, dans une Citroën rangée sur le bord du trottoir, un fusil et un mousqueton. Il crie à son mécanicien Bourboul d'arrêter le char, descend et revient en courant avec les armes, quand, tout à coup, débouche sur la route un motocycliste feldgrau. C'est la première fois que Durand voit un Allemand de si près.

Interloqué, il le regarde faire demi-tour et disparaître.

L'éclaireur ennemi va sans doute signaler la présence des Français. Après tout, peut-être aura-t-il pris pour un civil ce soldat, tête nue, en blouson de sport ?

Mais Bourboul crie: «Dépêchez-vous ; il y a des Fritz partout !» Ils ont évidemment tourné les chars, pendant que ceux-ci s'attardaient dans les chemins de terre. Durand jette son fusil et son mousqueton dans la chambre de combat, s'y engouffre, ferme la porte de la tourelle, introduit un obus dans le canon, arme la mitrailleuse et attend. Soudain, le motocycliste allemand, suivi d'une voiture tous-terrains transportant d'autres soldats, apparaît au virage de la route. Ils ont aperçu le char. Trop tard. Durand était prêt. Le coup est parti ; l’arme était bien pointée. La voiture flambe ; les blessés poussent des cris de douleur.

Maintenant, le crépitement de la 7,5 mm déchire l’air. Un «feldgrau», un seul, sautant dans le fossé, s'échappe.

L'émotion de Durand s'est calmée ; une sorte de fièvre l'a pris. Son mécanicien ne dit mot. Il paraît calme et conduit bien. L'œil rivé à l’épiscope, le caporal chef inspecte la route. Tiens... Que sont ces longs tubes montés sur pneus ? Les canons anti-chars !

Il ressent un frisson dans le dos, malgré la chaleur qui règne dans la chambre de tir. Et il en compte sept, alignés sur les bas-côtés et qui attendent. Le char français est une aubaine. Les servants allemands s'affairent autour de leurs pièces. Trois aboiements secs. Rien de cassé. Durand et ses camarades, très calmes, ripostent. Les coups portent. Une phrase, lancée par Bourboul, donne confiance à tous: «On se croirait à la manœuvre». Un à un les canons sont détruits d'un obus entre les deux roues, sous le tablier.

Nos chars l'ont échappé belle. Seul, celui du lieutenant Thoreau a dû être abandonné. Le lieutenant, blessé, a été fait prisonnier. La section Laporte le vengera, l’après-midi, en détruisant, au canon, à la sortie d'Autheuil, une voiture chargée d'officiers penchés sur une carte déployée et, à la mitrailleuse, tout un escadron motocycliste qui suivait.

Désormais et jusqu'au 25 juin, le 1er bataillon de chars, jour après jour, couvrira la retraite, défendant successivement le passage de la Marne, de l'Yonne et de la Loire dans les conditions les plus difficiles en raison de l’embouteillage des routes et des bombardements incessants de l’aviation.

Lorsque sonnera le : «Cessez le feu», après cette marche de plus de 800 kilomètres, il ne restera au chef de bataillon Warabiot que trois chars péniblement «rafistolés» qui, commandés par les lieutenants Delvaque, Laporte et Mère, n'auront cessé de tenir tête à l’irrésistible ruée de l’ennemi.

Extrait de « AVEC LES HEROS DE 40… »

 

Historique du 1er BCC  1939-1940

       Patrick Binet - Silvère Bastien

Ce récit et ces témoignages, en vous replongeant dans le quotidien et la tragédie d'une petite unité de l'armée française, vous permettront de mesurer combien nombre d'entre elles, en 1940, sont dignes d'éloges, même si la France a subi l'une des plus grandes défaites de son histoire.
  1. 1917-1918 508e RAS Historique
  2. 1917-1918 507e RAS Historique
  3. 1917-1918 506e RAS Historique
  4. 1917-1918 505e RAS Historique

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