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1940 - 4e BCC

Image 4e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
 
 
Tandis que les forces allemandes qui ont réussi la percée à Sedan poursuivent leur marche vers l’ouest, un front se reconstitue hâtivement du côté français, s’étendant de l’est vers l’ouest à l’abri des coupures que sont le canal des Ardennes et l’Aisne, puis l’Ailette, la Somme enfin ; ce front peu à peu s’organise, s’étoffe, se fortifie. C’est ainsi que la IIe armée, une fois la stabilisation acquise dans le fond de la poche de Sedan, porte vers son aile gauche, c’est-à-dire l’Argonne et la vallée de l’Aisne, ses bataillons de chars légers. Parmi ceux-ci, le 4e B.C.C. est affecté au corps d’armée colonial qui tient le front Attigny, le Chesne inclus (36e D.I.), les Petites Armoises, Oches (35e D.I.).
Le 4e B.C.C. n’est plus une unité fraîche ; il a déjà combattu. Il a subi des pertes sérieuses mais a acquis cette fusion des cœurs et des âmes que donne seul le feu ennemi.
Le bataillon est, à cette époque, jugé par le général commandant les chars de la IIe armée comme une unité de tout premier ordre, dotée d’un matériel bien au point, et commandée par un chef vaillant et décidé. Cantonné jusqu’au 10 mai à Stenay, il est entré ce jour-là en Belgique avec notre cavalerie. Dans la nuit du 12 au 13, il a été ramené de la région de Florenville au sud de la Meuse et mis à la disposition du 10e C.A., chargé de la défense du secteur de Sedan. Il connaît à fond le terrain sur lequel il va être appelé à combattre. Il a confiance dans ses chars F.C.M. (Forges et Chantiers de la Méditerranée), chars légers de 13 t, les seuls chars français équipés d’un moteur Diesel (Berliet de 90 CV). Ils sont montés par deux hommes et armés d’un canon de 37 court et d’une mitrailleuse ; on peut reprocher à cet armement son manque de puissance l’armement moderne n’a pas encore été livré, non plus que les appareils de radio. Le personnel, recruté en majorité dans le Sud-Ouest, est jeune et très entraîné. Le bataillon (45 chars) est organisé en 3 compagnies de combat de 13 chars (4 sections de 3 chars plus le char du commandant de compagnie) et une compagnie d’échelon.
A partir du 14 mai, le bataillon participe aux contre-attaques destinées à contenir l’adversaire au sud de Sedan, en collaboration avec son frère d’armes, le 7e B.C.C. d’abord dans la région de Stonne, puis un peu plus au sud, vers la Berlière, Oches, le Mont Damion. Lorsque, le 26 mai, le 4e B.C.C. passe en réserve d’armée, il a perdu environ la moitié de son matériel. Les 1ère et 3e compagnies sont réduites à une seule compagnie de douze engins, moins par le feu de l’ennemi que par le fait de pannes mécaniques ; la 2e compagnie, qui s’est trouvée séparée du bataillon, rejoint fort réduite elle aussi deux chars ont été détruits par bombes d’avions, cinq autres en panne sont ramenés par l’échelon. A aucun moment, au cours de cette période, il n’y a eu contact entre nos chars et ceux de l’adversaire.
La compagnie d’échelons et le parc d’armée se livrent alors à un travail forcené pour réparer ou remplacer le matériel, et le 8 juin au matin c’est un bataillon au complet qui arrive dans la forêt d’Argonne, à la disposition du corps d’armée colonial. On s’attend à une offensive ennemie, mais quel va être son point d’application ? Dans l’ignorance où l’on se trouve encore, l’unité est disloquée (ordre du bataillon, 8 juin 21h30)
- La 1ère compagnie est mise à la disposition de la 36e D.I., et gagnera au cours de la nuit le bois Janson (1 km nord-est de la Croix aux Bois)
- la 2e compagnie est mise à la disposition de la 35e D.I. et se portera en position d’attente au Mont des Grues, 2 km nord de Briquenay ; la 35e D.I. n’étant pas attaquée les 9 et 10 juin, la 2e compagnie ne sera pas engagée ces jours-là, la 3e compagnie restera en réserve à Toges, où va s installer le PC du bataillon.
Une telle dispersion, sur un front de 13 km, présente trop d’inconvénients pour avoir été adoptée de bon gré par le chef de bataillon. Le commandant de Laparre de Saint-Sernin a dû s’incliner devant les ordres qu’il a reçus du C.A.C., désireux de disposer en tous les points de son vaste secteur d’un petit élément de contre-attaque. Le corps d’armée fait valoir, par ailleurs, que ces dispositions sont temporaires et que sous peu d’autres mesures seront prises. Déjà en effet l’intention de la 36e D.I. est de rapprocher la compagnie qui doit éventuellement agir dans sa zone, en l’amenant à Quatre-Champs, à 4 km des Alleux où se trouve le PC du colonel commandant le 57e R.I.
Quoi qu’il en soit, la 1ère compagnie est sur sa position d’attente du bois Janson lorsque, le 9 à 5h30, l’ordre lui arrive de se mettre à la disposition du 57e R.I. pour contre-attaquer sur Voncq. L’ennemi, en effet, a déclenché son offensive à 3h45. Sur le front de la seule 36e DI., deux divisions allemandes ont franchi la ligne d’eau, le 1er bataillon du 57e R.I., qui tenait le canal entre Semuy et Neuville, a subi l’assaut de deux régiments le I.R. 39, dont l’objectif est le pont sur l’Aisne au sud de Voncq, et le I.R. 78, qui plus à l’est marche droit au sud.
Dès réception de l’ordre en question, le capitaine Dayras, commandant la 1ère compagnie, se fait conduire en moto aux Alleux, sous les obus. Il y trouve le colonel Sinais, commandant du 57e R.I., préparant une contre-attaque. En effet, Voncq serait pris et l’ennemi s’infiltrerait dans les bois en direction des Alleux. D’après les indications qui lui sont données, le capitaine Dayras s’attend à rejoindre, à la lisière ouest de la clairière des Alleux, les troupes quelque peu disparates que l’on regroupe pour la contre-attaque. Lorsqu’il arrive en ce point à la tête de ses chars, il ne voit personne. Il continue en colonne sur le chemin des Alleux à Voncq, jusqu’à la lisière ouest des bois, ne trouve là non plus pas trace d’infanterie amie et reçoit des balles venant de tous côtés. Finalement le contact est pris avec les fantassins à l’intérieur du bois, tout près de la clairière. La manœuvre est rapidement montée avec les capitaines d’infanterie (capitaine Parat, du 1er bataillon du 57e R.I., et capitaine Le More, commandant le corps franc du 57e) et à 9h30 l’attaque démarre. Une section éclate sur la droite, le long d’un layon ; une autre sur la gauche; les deux dernières, capitaine en tête, suivent le chemin de Voncq, accompagnées par le gros de l’infanterie. Mitrailleuses et 37 tirent contre les formes vertes qu’on aperçoit dans les fossés ou les fourrés. Les sections qui ont opéré dans les taillis reviennent sur le chemin, et recommencent leur action sur d’autres layons toujours plus à l’ouest. Vers 10h30, chars et fantassins arrivent à la lisière du bois, ayant ainsi bousculé le 1er bataillon du 78e d’infanterie allemand qui, nous le savons, était chargé de couvrir face l’est, dans le bois, l’attaque des deux autres bataillons du régiment en direction du sud.
En réponse au compte rendu adressé aux Alleux, la compagnie reçoit l’ordre de continuer sur Voncq une section (section Rossignol) est envoyée sur Terron et ne participera pas directement à l’action. Comme, depuis le début de la journée, le char du capitaine Dayras (30039) est indisponible (tuyauterie d’eau coupée), c’est donc avec neuf chars que la compagnie débouche : sections Tastet (trois chars) et Bonnabaud (deux chars) en tête, puis derrière le 3e char de la section Bonnabaud (30098) qu’a pris pour lui le capitaine, section Stoven (trois chars). Il est 10h45.
Dès que les chars apparaissent hors du couvert, on entend les canons antichars de l’ennemi, tout proches ; puis l’infanterie se révèle à son tour. Des cinq chars de tête, trois sont immobilisés ; le char du sous-lieutenant Bonnabaud (30061) a sa chenille gauche coupée et se renverse. Les deux chars restant de ces deux sections (30097 et 30073) entraînent jusqu’à Voncq les fantassins et remplissent ainsi la mission. Le capitaine Dayras et la section Stoven ont dû revenir sous bois pour y reprendre la lutte contre l’infanterie ennemie.
Les deux chars ressortent de Voncq et rallient leur capitaine. Le char Bonnabaud est redressé et ramené en remorque ; il porte quarante-deux impacts, mais aucun projectile n’a traversé les blindages. Les deux autres chars endommagés (30047 et 30067) sont également récupérés. Les prisonniers abondent ; ils se rendent par paquets. La matinée se termine donc de la façon la plus encourageante pour la 1ère compagnie du 4e B.C.C.
Le corps franc du capitaine Le More s’est organisé en point d’appui dans le château de Voncq, mais il est harcelé par l’ennemi qui veut se rendre maître du village. A 15 heures, la 1ère compagnie du 4e B.C.C. fournit trois chars (30041, 30097, 30099) qui l’aident à se dégager, puis à pousser jusqu’au bois de la Brouille où des éléments français tiennent encore. La section Rossignol, qui a participé au dégagement de l’artillerie amie vers Terron, reçoit l’ordre de rallier le soir. Même avec cet appoint, la 1ère compagnie n’a plus que cinq chars en état de marche pour le lendemain, dont un fourni par le bataillon. A noter que si, le soir de cette journée, neuf chars sont indisponibles, pas un homme n’a été touché.
La 3e compagnie (lieutenant Ledrappier) était initialement, nous l’avons dit, en réserve de corps d’armée, dans les bois au sud de Toges. A 7h30 l’ordre lui parvient de gagner les Alleux pour renforcer les troupes engagées dans les bois de Voncq. Lorsqu’elle arrive à Quatre-Champs, un contre-ordre l’atteint ; elle effectuera une patrouille sur l’itinéraire : Quatre-Champs, Vandy, Terron, les Alleux. C’est qu’entre temps le colonel du 57e R.I. a appris l’arrivée des Allemands à Vandy, jusqu’aux positions de l’artillerie. A 9h45, section Durand en tête, la 3e compagnie quitte Quatre-Champs sur lequel s’abat précisément un violent bombardement. Peut-être est-ce cette compagnie, qui, entre 10h30 et 11 h, met en fuite, par la seule apparition de ses treize chars sur le plateau 172, la 10e compagnie du I.R. 78 qui a poussé jusqu’au sud du chemin de Vandy à Quatre-Champs ? En tout cas, ces chars n’aperçoivent pas l’ennemi, et ne tirent pas un coup de feu avant d’atteindre Vandy. Par contre, les Allemands sont dans ce village. A la vue des chars, ils abandonnent leur matériel et se retirent dans les maisons. Sans s’arrêter plus longtemps - il s’agit d’une patrouille - la compagnie met le cap sur Terron ; le terrain semble vide. Au cimetière de Terron des hommes font le geste de se rendre : ce sont des blessés français qui ont cru à l’arrivée sur eux de chars ennemis. Le village semble désert. La compagnie prend maintenant la route des Alleux et de là distingue, dans les vergers sur sa droite, des groupes d’Allemands qui progressent vers Vandy. Vers midi, le lieutenant Ledrappier fait son compte rendu l’adversaire a bel et bien atteint Vandy, mais ne semble pas occuper en force le terrain entre Voncq et Vandy. Peut-être le lieutenant ne dit-il pas tout ce qu’il pense, à savoir que pour une telle mission une section seule aurait suffi, ou même une auto blindée. On a imposé à tout le matériel de sa compagnie une grosse fatigue, hors de proportion avec le résultat atteint, lequel aurait pu être tout autre si un détachement, même faible, d’infanterie ou de cavalerie avait accompagné les chars et exploité leur action.
En début d’après-midi, la 3e compagnie reçoit l’ordre de nettoyer Terron, en liaison avec le groupe franc du 14e R.I. et de dégager l’artillerie de Vandy. L’opération s’exécute sur Terron vers 14 h. Deux sections traversent en trombe le village, couvertes par les feux des deux autres, et continuent sur Vandy ; nous allons revenir sur leur action. Les chars de ces dernières sections (Louvet et Cuville) fouillent les rues de Terron, tandis que l’infanterie visite les maisons, où elle ne trouve presque personne. Les chars procèdent alors au nettoyage des vergers au sud du village. Deux d’entre eux, qui ont perdu la liaison, rentrent à Terron et y arrivent juste à temps pour dégager le groupe franc du 14e R.I., qui s’est trouvé submergé par de forts éléments ennemis ; sans doute les restes des 2e et 3e bataillons du I.R. 78, qui à 15 h ont reçu l’ordre de repli. Cette intervention des chars met fin à un moment critique et permet de capturer une soixantaine d’Allemands.
Pendant ce temps, le commandant de la 3e compagnie, laissant quelques chars en D.C.B. aux lisières de Terron, rallie les autres sur la route de Terron aux Alleux et avec eux attaque les groupes ennemis qui refluent de Vandy, cherchant à regagner Voncq. Des pertes importantes sont infligées à l’adversaire, chez qui le désordre est complet.
L’autre demi-compagnie (sections Durand et Le Coroller) marche donc de Terron sur Vandy. En approchant de la barricade qui ferme l’entrée Nord de Vandy (vers 14h30) elle se fait reconnaître. Le 2e Spahis marocains, qu’elle trouve dans le village, lui apprend que l’objet essentiel de la mission est déjà atteint ; néanmoins, les spahis demandent son concours pour trois opérations :
- 1 Soutenir la progression des spahis dans les vergers de Vandy ; un char, puis deux s’en chargent et font un excellent travail, sans pourtant réussir à aborder le plateau 146, de sorte que leur action n’est pas décisive.
- 2 Dégager un peloton de spahis qui se trouve à court de munitions entre Vandy et la Garenne. Cette intervention est décommandée, l’attaque n° 3 la remplaçant.
- 3 Accompagner les cavaliers à pied sur le plateau de la cote 146, en direction de Terron, jusqu’au bois est de la ferme Macquart. La section Durand (deux chars) assure cette mission et part en avant de l’infanterie ; son apparition à la ligne de changement de pente détermine de nombreux Allemands à se rendre et provoque sans doute l’ordre de repli donné à 15 h par le chef de bataillon allemand.
Après ces engagements, la demi-compagnie se rallie vers 16 h à Vandy où elle est rejointe par le lieutenant Ledrappier et les deux sections arrivant de Terron. L’intention du commandant de compagnie, maintenant qu’à nouveau il dispose de tout son monde, moins deux chars endommagés, est de marcher sur Voncq, clé du champ de bataille. L’exécution du mouvement est retardée de trente minutes par une alerte aux chars, résultat d’une méprise. Une section est détachée sur la route de Terron aux Alleux, pour ramasser les éléments ennemis dispersés ; elle rejoindra Voncq peu après. Le reste de la compagnie marche en avant, par Terron, en même temps que le 2e R.S.M. La nuit tombe lorsqu’on arrive devant Voncq, où la situation est confuse. On renonce à pousser plus avant en raison de l’obscurité, et le commandant du 4e B.C.C. donne à la 3e compagnie l’ordre de se rallier dans les fermes au nord de Terron. On verra demain ce qu’il sera possible de faire.
L’intervention, au cours de la journée du 9, des deux compagnies du 4e B.C.C. a été fort utile, puisqu’elle a permis dès le matin de nettoyer le bois de Voncq et dans l’après-midi de résorber la poche que deux bataillons du 78e d’infanterie allemand avaient creusée jusqu’à Vandy. Le report, sur une carte, des axes de marche des deux compagnies, chacune d’elles accompagnant l’infanterie, peut faire croire à une manœuvre en tenaille de type classique, les deux branches se rejoignant à Voncq. Cette vision est trompeuse car il y a eu décalage dans le temps. La 1ère compagnie, agissant d’est en ouest, est arrivée à Voncq en fin de matinée la 3e compagnie, remontant du sud au nord, n’y parvient qu’en fin de soirée. Mais les ennemis que celle-ci refoule devant elle, ébranlés déjà par l’apparition des chars qui, toute la journée, ont meublé le tableau entre la forêt d’Argonne et l’Aisne, cèdent finalement parce qu’ils sont complètement coupés de l’arrière depuis le début de la matinée ; ils n’ont reçu ni renforts, ni ordres, depuis qu’ils sont arrivés sur leur objectif, et ceci est dû aussi bien à l’écroulement du barrage que le 1er bataillon du I.R. 78 devait assurer face à l’est, qu’à la résistance des points d’appui du 57e R.I. sur les pentes entre le canal et la crête du Moulin à Vent.
La bataille, pourtant, n’est pas terminée. Tandis que du côté français on se félicite d avoir reconquis la quasi-totalité du terrain perdu et qu’on s’enorgueillit d’un nombre élevé de prisonniers - dont le nombre grossit considérablement en passant de bouche en bouche - la 26e division allemande procède, au cours de la nuit, à la relève du I.R. 78 fort éprouvé (il a perdu onze cents hommes, dont cinq cents prisonniers) par le 2e régiment de la division de police, division de 2e échelon du corps d’armée. Ainsi renforcée, elle va reprendre l’affaire le 10 juin, pour s’emparer définitivement de l’éperon de Voncq, cet observatoire qui commande la vallée de l’Aisne et donne des vues vers le sud jusqu’au carrefour de Mazagran et au-delà.
En raison de cette position même, Voncq a déjà été l’enjeu de bien des batailles ; à l’heure actuelle, une plaque commémorative rappelle ces dates sinistres de 1792, 1814, 1815, 1870, 1914-1918, 1940 : autant d’invasions, autant d’occupations, autant d’incendies et de destructions. Voncq est un village allongé sur plus de 500 mètres, de part et d’autre d’une rue très large et un peu sinueuse. Les jardins rejoignent les vergers qui couvrent les pentes sud et ouest du coteau, pentes sur lesquelles, jusqu’à la fin du siècle dernier, se récoltait un petit vin léger et gai. A l’est, le chemin des Alleux court au haut d’une pente assez raide, plantée d’arbres fruitiers, avant d’entrer dans le bois. La crête du Moulin à Vent est dénudée et se lie, vers le nord, à des champs de blé ou de betteraves, qui constituent un glacis parfait jusqu’à la coupure nettement tranchée du canal des Ardennes.
L’étendue même du village, l’impossibilité d’en fouiller, d’en occuper toutes les maisons, tous les jardins, vont faire qu’Allemands et Français y resteront côte à côte pendant deux jours, s’ignorant ou plutôt se situant mal, se déclarant les uns et les autres maîtres de la localité, mais y continuant attaques ou contre-attaques pour déloger des voisins gênants. De là vient le caractère extrêmement confus des combats qui se sont livrés les 9 et 10 juin dans Voncq et à ses abords immédiats.
Le 1/57, pour lequel la journée du 9 a déjà été très dure, va donc se trouver, le 10, soumis à de nouveaux efforts, qui finalement lui arracheront ses points d’appui de Voncq et des environs immédiats. Pourtant le 4e B.C.C. lui apporte encore, ce jour-là, son concours actif et dévoué.
La 1ère compagnie, avons-nous dit, ne peut plus mettre en ligne que cinq chars. Ceux-ci, a la fin de la nuit, font le plein de gas-oil et de munitions dans les vergers de la Chapelle, à la sortie nord-ouest des Alleux. Parcourant pour la troisième fois en moins de vingt-quatre heures le chemin des Alleux à Voncq, la compagnie se porte au petit jour à la lisière ouest du bois de Voncq, pour rechercher des éléments qui tiendraient la cote 154, non loin du Moulin à Vent, et dégager une fois de plus le corps franc du capitaine Le More au château de Voncq. Lorsqu’elle débouche du bois, la compagnie voit à sa droite, sur le glacis découvert qui monte du canal des Ardennes, des masses d’infanterie ennemie. Deux chars (30041 et 30096) prennent l’initiative de les attaquer, bien qu’eux-mêmes n’aient aucune infanterie d’accompagnement. Tous les deux sont touchés par une avalanche de projectiles qui ont raison de leur cuirasse (37 antichars tirés à très courte distance). Dans le 30096, le mécanicien est gravement blessé ; le chef de char, sergent de la Myre-Mory, député de Lot-et-Garonne, volontaire pour servir dans les chars, est tué.
Les trois autres chars pénètrent dans Voncq, y retrouvent la 3e compagnie et, de concert avec l’infanterie, procèdent à un nettoyage du village. Le char 30100 disparaît au cours de l’opération du côté de la Brouille ; un deuxième (30097) est touché. Finalement, il n’y a plus à Voncq, de la 1ère compagnie, que le char 30099 ; dans celui-ci, le chef de char ayant été blessé, le mécanicien Chaire se trouve seul, manœuvrant tantôt les commandes, tantôt l’armement. Il rejoindra le 11, blessé lui aussi, avec la 3e compagnie.
En accord avec l’infanterie, le reste de la 1ère compagnie se replie vers midi du bois de Voncq dans les vergers de la Chapelle. Bien que les appareils endommagés aient été dépannés, la 1ère compagnie se trouve réduite à deux chars, dont celui du capitaine. En fin de journée, ils sont mis à la disposition du 57e R.I. pour couvrir son décrochage. Cette mission dure toute la nuit. Le 11 au matin, la compagnie est libérée au village de Quatre-Champs.
La 3e compagnie a été moins éprouvée que la 1ère ; elle met en ligne le 10 au matin onze chars encore. Quittant Terron à 2h45, elle gagne le pied des pentes de Voncq, pour appuyer une attaque de la cavalerie sur Voncq. L’opération est déclenchée à 4h00, et se heurte aussitôt à une vive résistance. L’ennemi occupe aussi bien les vergers qui entourent le village que certaines maisons.
Il faut nettoyer celles-ci une à une ; les chars se séparent pour accompagner partout l’infanterie. Vers 9h00, le combat se transporte dans les vergers au nord-est et à l’est du village, en liaison avec la 1ère compagnie ; l’ennemi se trouve ainsi pris entre deux feux et disparaît. Mais il revient bientôt, après un violent bombardement du village et vers 11h00 l’infanterie est contrainte de se replier sur Terron.
A midi, un chef d’escadron du 8e Chasseurs à cheval (1ère brigade de cavalerie) tente de réorganiser la défense de Voncq, où amis et ennemis s’enchevêtrent. La compagnie, forte encore de huit chars, a mission de garder avec le corps franc du 57e R.I. la barricade établie à la sortie nord du village. Mais le capitaine Le More est blessé par une grenade alors qu’il gagne cette barricade à la tête du corps franc, une violente fusillade oblige ses hommes à s’abriter dans les maisons, et les chars vont rester seuls à la barricade de 12 heures à 20 heures. Il fait une chaleur torride dans les engins, les hommes souffrent de la soif, la situation devient de plus en plus confuse. Vers le soir, un canon antichar allemand a pris position quelque part dans les décombres. Un char (30068), dont le chef a été tué, remonte la rue principale. Le lieutenant Ledrappier quitte la barricade pour prendre la liaison, une fois de plus, avec l’infanterie. Son mouvement est mal interprété par les chars restants, qui se replient et gagnent le chemin de traverse qui coupe le lacet dessiné, à mi-pente, par la route de Voncq à Terron. Un capitaine vient, de la part du chef d’escadrons, demander aux chars de remonter dans le village pour faire taire une mitrailleuse qui gêne le décrochage.
A peine la colonne s’est-elle mise en mouvement, commandant de compagnie en tête, que le char de celui-ci (30042) est atteint et brûle. Le lieutenant Durand, officier en second, prend le commandement ; il revient en arrière pour demander au chef d’escadron au moins un appui de feux, et précise que, d’après l’observation qu’il a pu faire de sa tourelle, l’emplacement de la mitrailleuse est inaccessible à un char. L’attaque est alors décommandée ; elle a coûté la vie au lieutenant Ledrappier, commandant la 3e compagnie.
Après une journée épuisante, la nuit tombe. Un ordre de décrochage arrive pour les troupes engagées autour de Voncq, les chars devant couvrir le mouvement. Mais ceux-ci ne peuvent agir dans l’obscurité, et, pour sauver au moins une partie de ce qui lui reste, le lieutenant Durand dirige immédiatement sur Terron trois de ses appareils. Lui-même et deux autres restent sur la route, les chefs de chars en observation, le buste hors de la tourelle.
Voncq, où l’incendie a gagné pendant toute la journée, brûle en entier. Les flammes éclairent le repli, au cours duquel les chars escortent l’infanterie (des Sénégalais du 3e R.I.C.) jusqu’à Vandy. La compagnie rejoint alors le point de ralliement fixé par le bataillon.
Ainsi, au prix de cinq chars sur onze à la 3e compagnie, de trois sur cinq à la 1ère et de plusieurs tués, blessés et disparus (une quinzaine pour les deux compagnies) le 4e B.C.C. a été engagé pendant toute la journée du 10 juin dans un difficile combat de rues ; il y a accompli de magnifiques actes de courage individuel, sur lesquels nous n’insistons pas, faute de pouvoir les citer tous, et ne voulant pas mettre certains en vedette au détriment des autres. Mais une localité en ruines offre à une infanterie manœuvrière trop de défilements pour que les chars, avec le champ de vision étroit des épiscopes, ne s’y trouvent pas en infériorité. Certes des armes antichars ont été détruites chez l’ennemi mais, à son tour, celui-ci a mis définitivement hors de combat un certain nombre d’engins, réussissant à percer, presque à bout portant, les blindages.
L’ordre de repli général est donné à la 36e D.I. le 10 dans la soirée ; il est rendu nécessaire par l’avance allemande à l’ouest de l’Aisne. Il faut abandonner le village de Voncq. Dans les deux camps, le mélange des unités y est complet. La 26e division allemande y a engagé, dès la nuit du 9 au 10, le 2e régiment de la division de Police et dans l’après-midi du 10 une partie de son régiment réservé, le 77e. Chez les Français, non seulement la cavalerie du groupement Gaillard, mais des éléments de la 6e D.I.C., réserve de la IIe armée, sont venus s’y superposer aux vaillants débris du 57e R.I.
Que devient ensuite le 4e B.C.C. ?
Nous avons vu que sa 2e compagnie, mise à la disposition de la 35e D.I., n’avait pas eu à intervenir. Le 10 juin au soir, ordre lui est donné de rejoindre les échelons qui sont à Véry, à quelques kilomètres au nord de Vauquois. C’est là que se rallie, dans la matinée du 11, ce qui reste des 1ère et 2e compagnies. Une compagnie de marche est alors constituée sous les ordres du lieutenant Lucca, commandant la 2e compagnie. Elle a l’effectif normal de 13 chars, soit deux de la 1ère compagnie, sept de la 2e, quatre de la 3e. Transportée par camions de Véry à Valmy, elle y embarque le 12 en chemin de fer, et débarque le 13 à 3 heures à Sézanne. Rattachée à la 59e D.I., cette compagnie a un engagement dans la journée avec des chars ennemis au nord de Sézanne, puis elle couvre le repli sur Romilly. C’est ensuite la retraite générale, avec ses embouteillages, les attaques ennemies, la hantise du ravitaillement en gas-oil, les chars hors d’usage qu’il faut abandonner et détruire. Une belle citation à l’ordre de l’armée viendra, plus tard, reconnaître la ferme attitude au feu du bataillon et de son chef.
Il est certain que le 4e B.C.C. a ajouté, les 9 et 10 juin, de belles pages de gloire à celles qu’il avait écrites, en mai, au sud de Sedan. Sur le plan de l’exécution, on ne peut qu’admirer le courage et l’endurance des équipages ; chacun a accompli son devoir ; certains ont fait plus, et les anciens du 4e B.C.C. conservent pieusement le souvenir de tel officier, de tel sous-officier, de tel simple chasseur dont la conduite fut admirable.
Mais si l’on veut étudier l’affaire sur un plan plus élevé, celui de la conception, de la doctrine, il faut bien constater que de sérieuses réserves sont justifiées. Le bataillon a efficacement appuyé la défense de Voncq, et ses contre-attaques du 9 juin sont un bel exemple d’emploi de chars d’accompagnement.
Mais l’on ne peut s’empêcher de penser à ce refrain de Guderian : sich Klotzen nicht kleckern, faire bloc, ne pas s’éparpiller. Que voyons-nous tout au long de ces engagements ? De petits paquets ; une poussière de chars.
Le 8 juin, le bataillon est mis tout seul à la disposition du C.A.C. On ne peut faire grief d’une telle décision au commandement. Ce n’est pas sur le front de ce corps d’armée, qui englobe le massif de l’Argonne, que l’ennemi prononcera son effort principal, mais bien plus certainement en Champagne. Les faits du lendemain devaient justifier ce raisonnement. Certes, sous le couvert de la forêt, il aurait été facile de rassembler des masses blindées - en admettant qu’elles existassent - qui auraient débouché irrésistiblement sur le flanc de l’adversaire, d’est en ouest. Mais la coupure de l’Aisne et de son canal latéral devait obligatoirement arrêter leur élan. Sur un champ de bataille ainsi réduit dans ses dimensions et dans son importance relative, il n’y avait donc pas lieu d’accumuler les chars, et c’est à juste titre que les autres bataillons de la IIe armée ont été envoyés à l’ouest de l’Aisne.
Remarquons en passant que, de ce fait, le G.B.C. 503, auquel appartient le 4e B.C.C., ne joue plus aucun rôle tactique. Comment le pourrait-il ? Ses bataillons sont dispersés sur plus de 30 km. Le 7e B.C.C., frère d’armes du 4e, rattaché le 9 juin à la 3e D.C.R. en Champagne, y reste inutilisé ce jour-là ; rappelé le 10, il contre-attaque dans la partie du secteur de la 36e D.I. qui se trouve à l’ouest de l’Aisne, sans que soit organisée aucune coordination entre son action et celle du 4e B.C.C. à l’est de la rivière ; du moins, les deux bataillons travaillent-ils au profit de la même division. Mais le 3e B.C.C. (chars R 35) se bat les 9 et 10 juin avec la 14e D.I., c’est-à-dire dans la zone d’un autre corps d’armée et même d’une autre armée.
Le 8 juin au soir, donc, le C.A.C. voit arriver le 4e bataillon. Qu’en fait-il ? Il l’émiette, donnant une compagnie, soit treize chars, à chacune de ses deux divisions. Sur cette façon de procéder, le commandant du 4e B.C.C. s’exprime en ces termes dans un rapport du 9 juin 3h10 au général commandant les chars de la IIe armée : Voici une compagnie (il s’agit de la 2e) qui appartenait à 19 h à une réserve d’armée ; elle est devenue en quelques heures réserve de C.A., de D.I. et de R.I. A l’heure qu’il est, les sections sont peut-être à la disposition des bataillons. L’explication que donne le chef de bataillon est-elle juste ? A mesure que les chars sont mis à la disposition d’une unité, celle-ci sans discussion les passe à une autre pour se débarrasser du souci des ordres à leur donner. Ne faut-il pas plutôt voir dans cette façon de procéder le désir de saupoudrer de chars le dispositif défensif, d’en mettre quelques-uns un peu partout, de façon que partout les commandants des unités attaquées puissent, sans de longs délais, faire appel à eux pour étayer leur défense ? Quoi qu’il en soit, le chef de bataillon, seul officier compétent pour diriger sur le terrain l’engagement de ses chars, se trouve éliminé, tout comme l’a été le commandant du G.B.C. 503. Cette succession d’ordres va aboutir à un emploi désastreux de mon bataillon. Jusqu’à cette heure, je n’ai pratiquement pas eu un seul ordre à donner, je me suis borné à transcrire tous ceux reçus, sans avoir pris part à aucune discussion. Ne nous étonnons pas si, dans ces conditions, certains commandants de compagnie signalent les ordres très peu logiques qui leur ont été donnés sur le terrain, et qui pourtant furent exécutés. Le résultat : une usure sans grand profit du matériel et du personnel, des pertes, un manque à gagner certain.
Il est bien vrai que le C.A.C., une fois fixé sur le point d’application de l’attaque allemande, y a dirigé la compagnie de chars conservée en réserve. Mais la 2e compagnie va rester inutilisée deux jours, dans un secteur non menacé, A vouloir être un peu fort partout, on a abouti à n’être réellement fort nulle part.
 

Sources : Archives du SHAT Vincennes. 

1940 - 4e DCR jmo


Image  JOURNAL DE MARCHE de la

4ème DIVISION CUIRASSÉE

 

Journée du 15 Mai 1940
La formation de la 4e D.C.R. était en cours depuis le milieu de Février. Une partie seulement de ses organes avaient été formée et les opérations semblaient devoir durer encore un certain temps lorsque le Haut Commandement prit la décision de grouper sans délai ses éléments à proximité du front en vue d'un engagement immédiat. La composition initiale de la Division est donnée par l'annexe I du présent journal.
Dans l'après midi du mercredi 15, l'Etat-Major se porta du VÉSINET à CORBENY, puis dans le courant de la nuit à BRUYERES (Sud de LAON).

Journée du 16 Mai 1940
Dés son arrivée à BRUYERES, la Division reçoit par l'intermédiaire du Commandant CHOMEL représentant du G.Q.G. la mission d'éclairer en direction de MONTCORNET où des chars ennemis venant de la direction de CHARLEVILLE, LIART MONTCORNET avaient été signalés et d'établir entre l'Aisne et la Serre un barrage contre les chars ennemis qui pourraient se présenter.
Dès la réception de cet ordre, le Colonel DE GAULLE organisa avec des éléments du 24e B.C.C. - du 303e R.A.T. et du 4e Groupe Autonome d'Artillerie (ce dernier combattant à pied) une défense sur les routes allant de MONTCORNET à LAON, CORBENY et NEUFCHATEL. En outre, les opérations de constitution et de regroupement sont poussées au fur et à mesure de l'arrivée des divers éléments de la Division.
 
Journée du 17 Mai 1940
La Division renforcée par le 4e Groupe Autonome d'Artillerie reçoit la mission de se porter en avant sur l'axe LAON - MONTCORNET et d'occuper cette dernière localité. L'effort principal doit être assuré par la 6e 1/2 brigade (46e B.C.C. et Compagnie Autonome N° 345 Chars D) progressant le long de la route LAON, MONTCORNET tandis que la 6e 1/2 Brigade assurera la protection à l'Est tout en progressant dans la direction LA MAISON BLEUE - SISSONE - LISLET.
La progression se poursuit sans incident notable, jusqu'au canal d'assèchement. Dans la deuxième partie, des résistances plus importantes se révèlent, néanmoins l'objectif est atteint à LISLET comme à MONTCORNET dont les lisières sont tenues par les Chars. Malheureusement le 4e B.C.P. chargé d'occuper ces localités, s'étant trouvé retardé dans son transport, ne peut intervenir à temps et assurer notamment l'occupation de MONTCORNET après le ralliement des chars B1 Bis. Ceux-ci subissent par ailleurs vers 18h30 une violente attaque aérienne qui entraîne des pertes. Finalement, la Division est regroupée derrière la ligne ST-PIERREMONT canal d'irrigation, tout en conservant une tête de pont à CRIVES.
En fin de soirée, le P.C. de la Division est transféré à FESTIEUX. Au cours de la progression vers MONTCORNET un convoi de ravitaillement en munitions d'artillerie de 210 a été intercepté et détruit, une dizaine de prisonniers ont été faits.
 
Journée du 18 Mai 1940
La journée est employée à la remise en état du matériel est au regroupement des unités. Cinq aviateurs, constituant l'équipage d'un HEINKEL de bombardement est abattu dans la région, ont été pris et envoyés à l'arrière.
 
Journée du 19 Mai I940
L'ennemi paraissant en marche vers l'Ouest (ligne générale MALLES - LA FERE) la 4e D.C.R. reçoit la mission de l'attaquer mais son flanc en suivant la direction générale LAON - CRECY SUR SERRE - PARGNY LES BOIS - avec comme objectif :
1°) La ligne, Ruisseau de CHERY, les POUILLY à l'ouest de ce village, CHERY-les-POUILLY, Ancien moulin à 2 km Nord de BARENTON - CEL
2°) Le pont de la Serre à CRECY et MORTIERS.
3°) Eventuellement, la ligne MONTIGNY sur CRECY, PARGNY les BOIS, Lisière Sud du bois de PARGNY.
L'opération doit être menée par trois groupements constitués respectivement de l'Ouest à l'Est par le 3e Régiment de Cuirassiers, la 8e 1/2 Brigade et la 6e 1/2 Brigade. La couverture est assurée sur la droite par le 10e Cuirassiers (Régiment de Découverte).
Le 4e Bataillon de chasseurs, après avoir occupé CHAMBRY avec une Compagnie conservera ses éléments en réserve en vue de l'occupation ultérieure des Ponts sur la ruisseau des BARENTON.
Le 4e Groupe autonome d'Artillerie (combattant à pied) opérera de même pour le pont de CRECY après avoir détaché une batterie au pont de CHIVRES.
L'artillerie renforcée, comprend 4 groupes de 75, et 1 groupe de 105 (322e R.A.T., 303e R.A.T., 72e R.A.)
Après avoir atteint leur objectif, les chars sont l'objet du feu des pièces antichars adverses et de violentes attaques aériennes.
La décision ayant été prise de regrouper la Division au Sud Est de LAON (région LAVAL - MONTCHALONS - VORGES - CHAMOUILLE) celle ci gagne en bon ordre sa nouvelle zone de stationnement non sans subir une fois encore, sur le plateau Nord de LAON, les attaques des bombardiers ennemis.
 
Journée du 20 Mai 1940
A la suite de l'engagement du 19 Mai sur la SERRE, la Division est regroupée à l'Est de LAON avec mission de maintenir le contact dans le massif S.E. de la Ville.
Dans la nuit, devant la pression exercée par l'ennemi, particulièrement au Nord et à l'Est, le Colonel DE GAULLE décide d'opérer la regroupement de la Division au Sud de l'AISNE dans la zone JONCHERY, COURVILLE, ANCIS le FONSART, LHERY, FAVEROLLES en utilisant les couloirs URCEL - CHAVIGNON - VAILLY - BRAISNES, FISMES d'une part, BRUYÈRES, VANDRESSES FISMES d'autre part. Le 10e Cuirassiers, Régiment de découverte, disposant du 4ème Groupe Autonome d'Artillerie est d'un Bataillon de Chars R 35 assure la couverture du mouvement.
Cependant, en raison des nombreuses infiltrations ennemies à l'intérieur même du dispositif, chaque Unité doit se couvrir pour son propre compte et le mouvement exécuté méthodiquement et conformément aux ordres donnés, se caractérise par une série d'escarmouches entre la route CORBENY - FESTIEUX - la route de BRUYÈRES à BOURG et COMIN. C'est une véritable guérilla où l'emportent l'esprit d'initiative et le courage réfléchi.
Les ponts sur l'Aisne doivent sauter après passage des derniers élément français. Le franchissement se poursuit dans de bonnes conditions dans la matinée en fin d'après midi, l'aviation ennemie fait preuve d'une grande activité, bombardant avec intensité les ponts situés entre SOISSONS et NEUFCHÂTEL, ceux-ci sont détruits volontairement vers 20h30. Au cours de cette opération, les pertes en personnel et matériel ont été relativement faibles.
En fin de journée, le P.C. était installé à SAVIGNY et les unités rassemblées dans la région indiquée.

Journée du 21 Mai 1940
La Division met en place dans la zone JONCHERY sur VESLE - FAVEROLLES - ARGIS le PONSART, COURVILLE. En outre, certains éléments d'Artillerie se trouvent dans la forêt de DOLE.
Le regroupement qui a été rendu pénible par la dissémination d'un grand nombre d'unités dans la journée du 20, se poursuit dans celle du 21 qui est utilisée pour la remise en état activement menée du personnel et du matériel.
Le 44e B.C.C. (3 compagnies R 35 à ROZIERES et à CROUY) qui vient de débarquer, est intégré dans la Division, et comptera à la 6e 1/2 Brigade.
Il en est de même du 47e - 2 compagnies B à LONGPORT et CHERY CHARTREUSE qui est affecté à la même Brigade. De la 3e Compagnie de ce bataillon, qui a été dérouté, on n'a pas encore de nouvelles.
En revanche, dans la journée du 21, le 10e Cuirassiers (Régiment de découverte) est mis à la disponibilité de la 3e D.C.R., et le 4ème Groupe Autonome d'Artillerie (combattant à pied) lui même repris par le Direction de son Arme.
La division reçoit en outre le 1er Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés (Cdt. de FORQUOY) qui arrive dans la région d'ARCY le PONSART.
Le Colonel DE GAULLE appelé par le Général Commandant la 7ème Armée (Général FRERE) reçoit de ce dernier des directives en vue de nouvelles opérations.
La 4e D.C.R. qui passe aux ordres de la 7e Armée, doit se mettre en route d'urgence vers l'Ouest.

Journée du 22 Mai 1940
La 1ère étape conduit les éléments de la Division partant de la Région S.E. de FISMES dans la Région de COMPIEGNE.
Couverte par le 1er Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés constituant l'avant garde, la Division fait mouvement dans la journée du 22 Mai et la nuit venant par 3 itinéraires.
I - FISMES - SOISSONS - COMPIEGNE
II - BRANGE - LOGPONT - PIERREFONTS
III - GRAMAILLE - FORET VILLERS COTTERETS - LA MALASSISE
et va stationner dans la Forêt de COMPIEGNE - P.C. à PIERREFONTS
Le 7e Armée doit mettre à la disposition de la 4ème D.C.R. un Escadron d'Entretien et de Réparations pour compléter le 3ème Cuirassiers.
Le 3ème Groupe du 322e R.A.T. est annoncé.

Journée du 23 Mai 1940
Dans la nuit du 22 au 23, la 20e Batterie de D.C.A. (canons de 25) et 1 groupe de 305e R.A.R.R. rejoignent la Division.
La Division se prépare à faire mouvement pour se porter dans la région de CREVECOEUR - MARSEILLE en BEAUVAISIS en vue d'une intervention à l'Ouest d'AMIENS.
A 16h15 arrive l'ordre de surseoir au mouvement. La situation locale s'étant améliorée dans la région d'AMIENS. Le Haut Commandement envisage l'emploi de la D.C.R. pour une intervention plus à l'Est.
En conséquence, dans la nuit du 23 au 24 Mai, la Division se porte dans la Région AILLY sur NOYE, MOREUIL, DAVENESCOURT, PAILLART en établissant une couverture sur la ligne AILLY sur NOYE, FOUENCAMPS, DEMUIN, avec P.C. à PIERREPONT.
La 4ème D.C.R. se trouve à son arrivée incorporée avec les autres forces opérant à l'Ouest de la Ligne AMIENS - BEAUVAIS, au groupe placé sous les ordres du Général ALTMEYER et dont la mission est de refouler les forces ennemies aventurées au Sud de la Basse Somme et de tenir le cours de la rivière, tout en établissant en arrière un barrage anti-chars dans la coupure BRESLE, HORNOY, POIX - CONTY.
Le Commandant CHOMEL prend à ce jour les fonctions de chef d'Etat major de la division.

Journée du 24 Mai 1940
Le 4e Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés est annoncé et doit rejoindre la Division à MAIGNELAY.
Afin d'améliorer la sûreté de la zone de stationnement de la Division la couverture, déjà assurée au Nord par la 4ème D.C.R. est prolongée face au Nord Est le long du cours de l'Avre, qui est tenu par le 1er Bataillon du 7e Régiment de Dragons Portés et les Batteries antichars de la Division.
Cette mesure entraîne un léger regroupement de la Division dont tous les éléments à l'exception des chars, se trouvent ramenés en deçà de l'AVRE.

Journée du 25 Mai 1940
Le Commandement ayant envisagé l'emploi de la 4e D.C.R. dans une zone située sensiblement à l'Ouest de sa zone de stationnement, la Division se porte dans la nuit du 25 au 26 dans la zone CONTY - POIX - GRANDVILLIERS, avec P.C. à ST-ROMAIN. La sûreté de la zone de stationnement est assurée au N.O. par le 7ème Régiment de Dragons Portés, et au Nord par le 4e B.C.P., la garde des passage étant renforcée par les Batteries antichars de la Division. Le mouvement est effectué dans les conditions prévues.
La 665e Batterie antichars et le 2ème Groupe d'Escadrons du 3ème Cuirassiers sont affectés à la Division. qu'ils rejoignent dans le cours de la nuit.
Le Colonel DE GAULLE, Commandant p.i. la Division, est promu Général de Brigade.

Journée du 26 Mai 1940
Après regroupement dans la zone CONTY - POIX - GRANDVILLIERS, la division se trouve en mesure d'agir, soit vers AMIENS, soit entre BRESLE et la SOMME pour aider l'infanterie.
La 3e D.L.C. doit se porter dans l'après midi vers PICQUIGNY pour réduire la tête de pont que les Allemands ont constituée cette localité. La 4e D.C.R. lui fournit dans ce but l'appoint du 44e B.C.C. et du 1er Groupe d'Escadrons SOMUA du 3e Cuirassiers sous les ordres du lieutenant-Colonel SIMONIN ainsi que tout l'A.D.
Le Général Commandant la Division envisage le déplacement de la Division vers le Nord dans l'éventualité d'une action au Nord de la Somme. Cette éventualité ne se confirme pas, les ponts étant rompus.
En outre, la 4e D.C.R. met à la disposition de 7e D.C.. chargée d'une action contre AMIENS, le 19e B.C.C. qui est alerté à 17 heures.

Journée du 27 Mai 1940
Deux sections de 47 automoteurs (à 5 pièces) faisant partie de la 51e Batterie du 10e R.A. et deux sections de D.C.A. (à 3 pièces) armée de 25 (en provenance du 408e R.A.) sont affectées à la Division, qu'ils rejoignent dans la journée.
Ayant décidé d'utiliser la 4e D.C.R. pour la réduction de la tête de pont d'ABBEVILLE, la Division reçoit vers 17 heures du Général Commandant l'ARMEE l'ordre de gagner une zone de stationnement favorable pour cette opération.
En conséquence, la Division se prépare pour se porter à la fin de la nuit dans la zone OISEMONT - DREUIL HAMEL - HORNOY .
Dans la soirée, le Colonel CHAUDSOLLE, Commandant l'A.D. est victime d'un accident d'auto.

Journée du 28 Mai 1940
Dans la nuit, la Division gagne la zone indiquée et le P.C. s'établit au château d'AVESNES au début de la matinée, au château de MERELESSART à partir de midi.
La Division récupère dans la journée le 44e B.C.C. du Groupe d'Escadrons (SOMUA) du 3e Cuirassiers et de l' A.D. prêtés à la 5e D.L.C. chargée de réduire la tête de pont de PICQUIGNY. Elle reste privée du 19e B.C.C. employé dans une attaque sur AMIENS, en appui de la 7e D.I.C.
Elle est renforcée d'autre part par le 22e R.I.C. et l'Artillerie de la 2e D.C.C. - l'A.D. de la 4e D.C.R. n'étant à même d'intervenir dans la journée à cause d'un long déplacement, la 661e Batterie antichars rejoint la Division dans la Journée.
L'attaque pour la réduction de la tête de pont au Sud d'Abbeville est décidée pour 17 heures, l'intention du Général Commandant la Division est de faire effort sur un axe LIMEUX - VILLERS SUR MAREUIL - MONT DE CAUBERT - CAMP DE CESAR, tandis que la 2ème D.I.C. exploitera l'avance de la 4e D.C.R. sur la Gauche, en direction de CAMBRON.
La Base de départ est jalonnée par ST MAIXENT EN VIMEU, WARCHEVILLE - LIMEUX - Lisières Nord du Bois de BAILLEUL, le premier objectif passe par SALLEUX, côte 104 - Bois des HETROY, bois de FRECHANCOURT, la deuxième par BIENFAY et MESNIL TROIS FOETUS à CAMP DE CESAR, et sur la droite la bordure des marais de la Somme.
A la nuit, la Division a atteint le premier objectif et le gros centre de résistance de HUPPY est tombé, le Général Commandant la Division, donne l'ordre de tenir le terrain conquis et de reprendre l'attaque à 4 heures du matin.

Journée du 29 Mai 1940
L'avance, à 4h du matin, reprend en direction du Mont de CAUBERT et dans la vallée de la Somme à l'Est, pour la conquête de l'Objectif N° 2.
L'activité de l'aviation ennemie est faible, grâce au temps couvert, mais la Division se heurte au feu d'armes automatiques, à des tirs de barrage de 105 et surtout à une défense antichars très étoffée et très bien organisée. Le P.C. avancé de la Division est établi au Calvaire, à 1 km au S.E. de LIMEUX.
A midi la résistance faiblit, et on peut penser que les Allemands ne tiennent plus sur la rive Sud de la Somme, à l'Ouest d'Abbeville. Le Général Commandant la Division veut exploiter immédiatement cette situation pour atteindre l'objectif final le bord de la vallée de la Somme entre le carrefour de ROUVROY inclus et le bois au sud d' ERONDELLE inclus, le P.C. avancé de la Division se transporte au Château d'HUPPY.
Mais au cours de l'après midi, l'ennemi réagit vigoureusement. La progression de la Division est arrêtée par des armes anti-chars installées sur le Mont de CAUBERT, des tirs d'artillerie et un bombardement par avions n'arrivent pas à les réduire. Sur la gauche, les éléments de la 2e D.L.C. avancent trop lentement en direction de CAMBRON où des éléments allemands se massent et agissent en direction de MIANNAY et de MOYENNEVILLE. Le 10e Cuirassiers renforcé par un Bataillon de Dragons Portés, est chargé d'arrêter l'ennemi dans cette zone. Enfin, dans la soirée, des tirs d'artillerie allemands pilonnent la région d'HUCHENNEVILLE.
En fin de journée, la D.C.R. a atteint sensiblement son objectif n° 2 mais découverte sur sa gauche ; elle est en butte à une réaction assez vive de l'ennemi. Elle tient la ligne : MOYENNEVILLE - BIENFAY - Bois de VILLERS, MAREUIL GAUBERT, BRAY LES MAREUIL.
La Division a fait une centaine de prisonniers. D'après les interrogatoires, le 57e D.I. (217e et 179e R.I.) non motorisés et commandés par le Général BLUMME, tient la tête de pont d'ABBEVILLE. Elle est renforcée d'éléments du Panzerabwehrabtailung.

Journée du 30 mai 1940
Nouvel effort pour réduire définitivement les éléments ennemis qui tiennent encore au Sud de la Somme.
La 4e D.C.R. attaquera surtout par la gauche, sur l'axe Moyenneville - Cambron.
Le 10e Cuirassiers renforcé du 2ème Bataillon du 7e R.D.P. et des 2 groupes d'Escadrons du 3ème Cuirassiers attaquera de MOYENNEVILLE sur CAMBRONS.
La 4e B.C.P. appuyé par les Chars de la 6e 1/2 Brigade, attaquera MESNIL TROIS FOETUS et YONVAL.
Le 22e R.I.C. et la 8e 1/2 Brigade progresseront par les Pentes Ouest Mont de CAUBERT et le ravin au N.O. et N. du Bois de VILLERS.
L'attaque sera appuyée par l'Artillerie et l'aviation de bombardement. A gauche les éléments de la 5e D.L.C. doivent attaquer vers 15 heures en direction de CAHOR et SAIGNEVILLE.
Le P.C. de la division est transporté à 17 heures aux Croisettes sur la route d'ABBEVILLE à ROUEN.
Au début de l'opération le 10e Cuirassiers avance jusqu'à CROIX QUI CORNE, le 4e B.C.P. jusqu'à MESNIL TROIS FOETUS, le 22e B.C.C. occupe le bois de VILLERS et VILLERS SUR MAREUIL. L'aviation bombarde le Mont de CAUBERT et les ponts de la SOMME. L'aviation allemande est absente, mais la D.C.A. est très active. Mais des canons antichars installés sur le mont de CAUBERT, LE TOQUET, la route de MIANNAY à CAMBRON stoppent l'avance des chars qui éprouvent de lourdes pertes et des barrages violents de 105 arrêtent également l'infanterie. Vers 20 heures, les allemands contre attaquent à l'Ouest du Mont de Caubert. La gauche reflue sur ses positions de départ à BIENFAY et MOYENNEVILLE. A l'Ouest SAIGNEVILLE. Dans la nuit, tirs réciproques d'artillerie de harcèlement. Des pertes lourdes sont infligées à l'ennemi au Mont de CAUBERT et au ravin Sud de CAUBERT.
Au début de l'attaque, le Chef d'Escadron ANTECH, Commandant le 2e Bataillon du 7e R.D.P. est tué par un obus, deux Officiers sont blessés près de lui.

Journée du 31 Mai 1940
La division tient avec ses éléments de combat à pied la ligne suivante :
10e Cuirassiers : MOYENNEVILLE
4e B.C.P. : BlENFAY
22e R.I.C. : Partie Sud du Bois de VILLERS - VILLERS SUR MAREUIL
1er Bataillon du 7e R.D.P. ; Carrefour Sud de MAREUIL CAUBERT - BRAY LES MAREUIL - BOIS SUD D'ERONDELLE .
Un Bataillon de l'armée anglaise arrivé à 4 et 6h30 renforcer la gauche.
- 2 Compagnies à MOYENNEVILLE,
- 2 Compagnies à BIENFAY.
Un bataillon anglais tient BEHEN, un autre LIMEUX et le bois du MONT BLANC - depuis la nuit du 29 au 30 Mai.
En réserve le 2e Bataillon du 7e R.D.P. se trouve à VAUX MARQUENNEVILLE
L'Artillerie est tout entière en position, dans la région Nord de HUPPY et de LIMEUX.
Derrière la ligne de combat sont regroupés
- la 6e 1/2 Brigade à DOUDELAINVILLE
- la 8e 1/2 Brigade à FRUCOURT
- le 3e Cuirassiers à GREBAULT MESNIL
Le P.C. de la Division est transféré dans la journée de HUPPY à MERELESSART.
Aucune réaction de l'ennemi depuis le jour, sinon quelques tirs d'artillerie, dont un sur le Château de HUPPY P.C. de la Division.
Dans l'après midi et la soirée, forte activité de l'aviation ennemie.

Journée du 1er JUIN 1940
La 51e Division Anglaise relève, dans le secteur d'ABBEVILLE, la 4e D.C.R. qui se regroupe dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS, le P.C. de la Division est installé au Château de FONTAINE LAVAGANNE.
Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. reste en position dans la région de MAREUIL CAUBERT - BRAY LES MAREUIL, ERONDELLE, à la disposition de la 51e Division Anglaise, jusque dans la nuit du 2 au 3 Juin.

Journée du 2 Juin 1940 `
La 4e D.C.R. retirée de la 10e Armée, est mise en réserve générale du G.A. 3. Elle ne peut être employée sous aucun prétexte jusqu'à nouvel ordre
Le 19e Bataillon, prêté à la 7e D.I.C. pour l'attaque sur AMIENS, est remis à la disposition de la 4e D.C.R. et rentre dans la zone de la 8e 1/2 Brigade.
15 porte-chars de la 74e Compagnie de Transports sont mis à la disposition de la 4e D.C.R. Ils seront rendus pour 16 heures au Bois de GUERBIGNY (9 km Ouest ROYE).

Journée du 3 Juin 1940
La 4e D.C.R. est mise sous les ordres du Général DELESTRAINT ainsi que la 2e D.C.R. Elle est en réserve de G.A. 3 qui règle son emploi éventuel. Elle est stationnée sur le territoire de la 10e Armée ; sauf en ce qui concerne les réparations du matériel chars, pour lesquelles elle utilise conjointement les parcs de la 10e Armée.
Elle demeure stationnée dans la zone de MARSEILLE en BEAUVAISIS, sauf l'Artillerie qui reste en ligne pour l'opération du 4 Juin sur ABBEVILLE. le P.A.D. a fait mouvement dans la nuit du 2 au 3 Juin de HETTOMESNIL à HAUCOURT.

Journée du 4 Juin 1940
La 4e D.C.R. reste stationnée dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS.
l'A.D. reste en ligne en face d'ABBEVILLE, à la disposition de la 10e ARMEE, elle collabore dans la journée à une nouvelle action pour réduire ce qui subsiste de la poche Sud d'Abbeville (COMBRON - MESNIL TROIS FŒTUS, mont de CAUBERT et CAMP DE CESAR). A cette action participe la 2e D.C.R., la 51e Division Anglaise et la 31e D.I.
Le Général Commandant la 10e Armée, donne ordre au Général Commandant la 4e D.C.R. de mettre la Batterie de D.C.A. de 25 N° 1030 du 404e Réserve Générale à la disposition du 10e Corps d'Armée pour la 16e D.I. Le Général Commandant la 4e D.C.R. fait valoir le tort causé à la Division en lui retirant sa seule défense puissante anti-aérienne. L'ordre de la 10e armée est suspendu.
La Division se prépare à faire mouvement dans la région comprise entre BEAUVAIS, GOURNAY EN BRAY et GISORS.
L'ordre de mouvement est donné le 4 au soir pour être exécuté dans la nuit du 5 au 6.

Journée du 5 Juin 1940
Sur l'ordre du Général Commandant la 10e Armée, la 4e D.C.R. est mise en l'état d'alerte, en prévision d'une attaque allemande partie d'AMIENS et de PICQUIGNY. La Division doit également prévoir la défense contre des attaques de parachutistes.
La Division se déplacera dans la nuit à partir de 21 h. Le P.C. de la Division sera installé au Château de TROUSSURES à partir du 6 Juin à 8 heures. Le 7e R.D.P. et le 3e Cuirassiers restent en place jusqu'à nouvel ordre.
Le Général DE GAULLE demande au Général DELESTRAINT et au Général Cdt le G.A. 3 de refaire d'urgence la 4e D.C.R. comme recours suprême en cas de percée. Il demande la réalisation d'urgence des mesures suivantes :
1 - Recevoir 10 chars B pour avoir 1 bataillon de B
2 - Rendre tous les D 2 existant pour avoir 2 Bataillons de D 2.
3 - Attribuer 35 chars 35, pour avoir deux bataillons 35
4 - Laisser ce qui reste du 3e Cuirassiers (10 Somua - 10 Hotchkiss)
5 - Donner 1 Bataillon de D 2.
6 - Renforcer le 4e B.C.P. et donner un 2ème Bataillon de chasseurs avec moyens de transport
7 - Compléter l'Artillerie et le 10e Cuirassiers
8 - maintenir la Division, jusqu'à l'extrême limite en réserve de G.A. 3.
L'Artillerie de la Division quitte le Secteur d'ABBEVILLE dans la journée et rejoint la Division dans la nuit du 5 au 6.
A 12h30 les avions allemands au cours d'un raid de bombardement sur la route et la voie ferrée BEAUVAIS - ABBEVILLE lâchent plusieurs bombes aux abords immédiats du P.C. de la Division.
A partir de 12h30 arrivent des renseignements sur l'attaque allemande avec chars au Sud de la Somne, entre AIRAINES et AMIENS. Une poche de 20 km de profondeur est ouverte dans notre dispositif au Sud d'AMIENS. Elle est jalonnée par VERS, HERBECOURT, ESSERTAUX, AILLY, BOVES, CAGNY et LONGUEAU ; à l'intérieur de cette poche, des troupes françaises résistent à ST-FUSCIEN, DURY, SAINS, RUMIGNY, ST-SAUFLIEU et ESTRÉES.
A l'Ouest, l'ennemi a également réalisé une avance jusqu'à CAVILLON et RIENCOURT au Sud de PICQUIGNY, AIRAISNES, ALLERY, HALLENCOURT au Sud Est d'ABBEVILLE.
En raison de la situation, la 4e D.C.R. se portera dans la nuit du 5 au 6 dans la région Sud de BEAUVAIS, en dispositif d'attente, en mesure d'intervenir en direction du Nord.
A 15 h un ordre préparatoire alerte les unités dans leurs cantonnements : garder les issues, assurer les liaisons avec les unités voisines, lancer des reconnaissances à courte portée. Le Train, la 2e Compagnie de Transport 74, le P.A.D., le G.S.D. et les T.R. gagneront immédiatement la nouvelle zone.
A Train : BEAUMONT - FRESMAUX - VALDAMPIERRE
- 2e Cie T.74 : MALASSISE, Bois de BESSONS
- P.A.D. : LIANCOURT, ST-PIERRE
- G.S.D. : MESNIL THERIBUS
- T.R. : CHAMBORD ? LATTAINVILLE - DELINCOURT - BOUBIERS.
à I7 h, un ordre de déplacement annule l'ordre du matin. Dans la nuit du 5 au 6 Juin, la Division s'installera au Sud de BEAUVAIS.
- 6e 1/2 Brigade autour d'AUNEUIL
- 8e 1/2 Brigade autour de CRECY et ABBECOURT
- 3e Cuirassiers autour de BERTHECOURT
- 10e Cuirassiers autour d'ALLONNE
- 7e R.D.P. autour de WARLINS
- 4e B.C.P. et C.T. 147 autour de MARAIS
- Artillerie dans la zone VILLOTRAN - AUTEUIL - FROCOURT
Les unités combattantes de la Division (4e B.C.P. - Demi-brigades de Chars, régiments de cavalerie) doivent être groupées à portée de leur Chef, prêtes à combattre).
Le P.C. de la Division est installé au Château de MESNIL THERIBUS à partir de 21 heures.

Journée du 6 Juin 1940
A la suite des attaques ennemies du 5 Juin effectuées au S.O. de PERONNE au Sud d'AMIENS et dans la Région de PICQUIGNY, les Divisions en Ligne continuent à tenir dans leurs zone dont elles défendent les centres de résistances. Des divisions réservées sont actuellement engagées ou en cours d'arrivée dans la région de GRANDVILLIERS (40e D.I.) sur la ligne CONTY - AILLY sur NOYE - (24e D.I.) et sur l'Avre de PIERREPONT à ROYE (47e D.I.) dans le massif de LASSIGNY (7e D.I.C.).
Ayant fait mouvement dans la nuit du 5 au 6, la 4e D.C.R. s'installe le 6 Juin au matin dans la zone BEAUVAIS, AUNEUIL, FRESNEAUX - BERTHECOURT avec son P.C. à MESNIL THERIBUS. Elle se couvre au Nord sur la voie ferrée BEAUVILLERS, BEAUVAIS, VILLERS sur THERE, HERMES, MENECOURT avec les éléments du 4e B.C.P. - 7e R.D.P. et 10e Cuirassiers.
Le Groupe de 105 reporté à l'arrière n'appartient plus à la Division. Mais la Compagnie D 2 du Capitaine COLLOT rassemblée dans la forêt de Compiègne reçoit l'ordre de rejoindre la 4e D.C.R. et renforcera le 19e B.C.C.
La 85e D.I. qui arrive du Sud, le 6 Juin au Matin ; s'installe dans la même zone (P.C. au Château d'Auteuil). La 241e D.I. à droite, a son gros dans la région de CLERMONT, MOUY LIANCOURT. Avec ces deux Divisions la 4e D.C.r. forme le XXVe C.A. sous le Commandement du Général AUDOT, en réserve Générale de G.A.3. (P.C. du XXVe C.A. - NOAILLES). Le XXVe C.A. doit se mettre en mesure de tenir les carrefours principaux : BEAUVAIS CLERMONT - AUNEUIL - HERMES - PONT SAINT MAXENCE, et d'intervenir en Direction de BRETEUIL et SAINT JUST.
Le Général Commandant la Division donne l'ordre de porter les efforts sur la remise en état du matériel, tous les ateliers doivent s'installer et travailler avec tous leurs moyens.
Au cours du déjeuner les Officiers de l'Etat-Major ont la confirmation d'une nouvelle qui se propageait depuis le début de la matinée : Le Général DE GAULLE est nommé sous-Secrétaire d'Etat au Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre. Par l'ordre général N° 271/I, le Général DE GAULLE fait ses adieux à la Division.
"Je quitte à la date d'aujourd'hui le Commandement de la 4e Division Cuirassée, pour prendre les fonctions de sous-Secrétaire d'État à la Guerre.
Je tiens à dire à tous, Officiers - sous-Officiers et soldats, quelle a été ma fierté de les avoir sous mes ordres dans les combats victorieux menée par la Division depuis le 15 Mai.
J'ai la certitude que la Division va poursuivre ses succès et sera un élément capital du triomphe final de la France.
Je transmets le Commandement de la Division au Colonel CHAUDESSOLLE."
A 14 heures, le Général fait ses adieux aux Officiers de l'État-major et quitte MESNIL THERIBUS pour Paris. Le Commandant CHOMEL Chef d'État Major, quitte également la Division pour accompagner le Général dans sa nouvelle destinée.
Le Colonel CHAUDESSOLLE, désigne le Commandant FAIVRE, Chef des 2e et 3e Bureaux, comme Chef d'État-major, le Colonel ANSELME Commandant le 322e R.A.T. prend le Commandement provisoire de l'A.D. Le Chef d'Escadron de MOULIAVE, Commandant le 1er Groupe du 322e R.A.T. prend le Commandement provisoire du 322e R.A.T.

Journée du 7 Juin 1940
La pression ennemie s'est affirmée dans la journée avec des moyens de chars importants. La 24e D.I. tient fortement la ligne CONTY - AILLY encadrée à droite et à gauche par les éléments des Divisions voisines. Mais une forte infiltration de chars s'est produite entre POIX et AUMALE. Les engins circulent par petits groupes de 2 à 3 et sont signalée jusque dans la Région Ouest de GRANDVILLIERS.
Pour la 4e D.C.R. la journée va se passer en ordre et contre ordres venus du groupement Cuirassé, qui veut maintenir la Division en place pour continuer sa réorganisation et G.A. 3. qui veut engager la Division.
Au début de la matinée le Colonel CHAUDESSOLLE s'entend avec le Général Commandant la 85e D.I. pour décongestionner la région Sud de BEAUVAIS où s'entremêlent sans liaison ni concordance, les éléments des 2 divisions. Dans la soirée, le 7e R.D.P. et le 4e B.C.P seront reportés plus à l'Ouest entre LA HOUSSOYE et GISORS, le long de la voie ferrée BEAUVAIS - GISORS ; le 3e Cuirassiers s'installera dans la Région NOAILLES, Bois MONCHY.
A 11h30 le Général DELESTRAINT venu de MESNIL THERIBUS confirme que la 4e D.C.R. doit rester au moins 48 heures en place.
A 12 h la 4e D.C.R. reçoit l'ordre du G.A. 3. de se tenir prête à partir de 19 heures en direction du Nord pour une action contre les formations blindées ennemies. D'accord avec le Général DELESTRAINT, le Colonel CHAUDESSOLLE rend compte au G.A. 3. qu'un tel mouvement est impossible, les chars en réparation sont démontés, les chars de remplacement ne sont pas encore arrivés, du personnel est en déplacement pour aller les chercher.
A 15 heures arrive le Général de la FONT, désigné pour prendre le Commandement de la 4e D.C.R.
Le 10e Cuirassiers envoie à partir de 16 heures 2 reconnaissances sur l'axe BEAUVAIS - GRANDVILLIERS et BEAUVAIS - FORMERIE qui signalent la présence des allemands aux environs de GRANDVILLIERS et au sud de FORMERIE.
Le Déplacement envisagé le matin, est ordonné à 17 heures 30 et se fera dans la nuit du 7 au 8, le 4e B.C.P., occupera la zone la HOUSSOYE à PORCHEUX avec P.C. à HOUSSOYE - le 7e R.D.P. occupera la zone de BOUTENCOURT ENENCOURT - VILLERS sur TRIE, BRAGY, BAZINCOURT, avec P.C. à BOUTENCOURT. Le 3e Cuirassiers s'installera à NAILLES et Bois de MOUCHY, P.C. à NOAILLES. Le 10e Cuirassiers prend position au val de L'EAU et St-QUENTIN P.C. à St-Quentin.
Le 4e B.C.P. renforcé d'une batterie de canons de 47 a la mission de tenir les passages de la voie ferrée. Le 7e R.D.P. renforcé d'une batterie de canons de 47, a la mission de barrer vers le Nord les itinéraires de sa zone de stationnement entre le Moulin de la Forge inclus et L'EPLE incluse.
A 19h30 un coup de téléphone du G.A.3. renouvelle l'ordre du matin.
La D.C.R. doit se tenir prête à partir vers le Nord. A 20 heures, ordre est donné de surseoir au mouvement ordonné par l'ordre Général d'Opérations N° 296/3 F.
A 22 heures, un ordre préparatoire prescrit à la Division de se tenir prête à faire mouvement dans la nuit avec ses éléments de combat, y compris l'artillerie. Les 1/2 Brigades et le 3e Cuirassiers constitueront des groupements de Marche comprenant les États-Major et les éléments prêts au combat. Les autres éléments et tous les Chars B seront laissés sur place et poursuivront la remise en état des chars indisponibles. Marcheront avec les éléments de combat de la Division - 1 Échelon du Q.G. - Cie de Transmissions, le Génie et le G.S.D.
Aucune modification dans le stationnement de la Division le 7 Juin au soir.
La 51e Batterie d'autos-canons du IIe R.A. installée à BOUGENOULT pour garder le P.D. du groupement Cuirassé abat 2 avions ennemis dans la journée.
La Cie du 4e B.C.P installée dans les faubourgs Sud de BEAUVAIS souffre des bombardements intenses et répétés des avions ennemis - 2 morts et 4 blessés.

Journée du 8 Juin 1940
L'ennemi a fait une incursion entre POIX et AUMALE durant la journée du 7 Juin et a poussé des éléments mécaniques jusque dans la région de FORMERIE et GRANDVILLIERS,
Le XXVe C.A. comprenant la 85e, la 241e D.I. et la 4e D.C.R. se porte au Nord de BEAUVAIS pour défendre la région en direction du Nord et de l'Ouest. La 4e D.C.R. couvre le flanc Ouest, tandis que la 85e D.I. et la 241e D.I. défendent les voies d'accès venues du Nord. Des autos mitrailleuses du 10e Cuirassiers forment bouchons à SONGEONS et à HALLOT au Sud de GRANDVILLIERS. Devant Sully une auto-mitrailleuse est mise hors de combat après avoir détruit 3 A.M. ennemies.
Le Général Commandant la D.C.R. décide de réaliser un dispositif de résistance tenu par les éléments à pied et les antichars couvert par l'artillerie sur la ligne BONNIÈRES LA NEUVILLE, DETROIT, PlERREFITTE. Les chars protégeront la mise en place de ce dispositif, puis ultérieurement rallieront le gros des chars, qui seront en mesure de contre attaquer vers le Nord ou l'Ouest, Une fraction de chars, maintenue en avant, ralentira l'avance ennemie.
2 groupements sont constitués :
- 1) Groupement Nord aux ordres du Colonel SUDRE - 6e 1/2 Brigade de Chars - 3e Cuirassiers - 7e R.D.P. - 1 Groupe d'appui direct du 322e R.A.T. - Une batterie de 47 - dans la région de Bannières et de Milly sur Thérain,
- 2) Groupement Sud aux ordres du Colonel SIMONIN - 8e 1/2 Brigade de chars - 4e B.C.P. - 1 Groupe d'appui direct du 322e R.A.T. - 1 Batterie de 47.
Le Colonel Cdt l'Artillerie réglera l'appui des feux de toute l'artillerie, organisera la défense aérienne et une 2ème défense anti-chars sur la ligne PIERREFITTE, HERCHIES et MILLY.
Le Génie organisera la défense de HERCHIES avec un escadron motocycliste du 10e Cuirassiers. Le G.S.D. s'installera à la Maison Forestière Centrale du Bois de St-Quentin. Le P.C. de la Division d'installe à HERCHIES à partir de 14 heures. Le Mouvement de la Division se fait à partir de 11 heures sans incident.
Les éléments lourds du P.C. les ateliers de réparations et les trains restent dans la zone sud de Beauvais, en leurs cantonnements actuels.
A 20 heures, le Général reçoit un message d'ALLONNE lui apprenant que le Général AUDOT, Commandant le XXVe Corps vient d'être blessé par bombe, que le Général WEYMAR, Commandant la 85e D.I. prend la commandement du Corps d'Armée, et lui demandant de venir d'urgence à ALLONNE, pour prendre les ordres.
Le Village de HERCHIES connaît un effroyable encombrement dû aux colonnes refluant du front de combat et à la lamentable théorie des réfugiés.

Journée du 9 Juin 1940
L'ennemi a accentué son effort sur la Basse-Seine, mais ne semble pousser que des éléments légers sur le front de la 4e D.C.R.
La 4e D.C.R. se décroche à la fin de la nuit avec tout le XXVe C.A. pour prendre position au Sud-Ouest de BEAUVAIS. Deux violents bombardements par 105 ont lieu, l'un à 2 heures du Matin, sur le P.C. à HERCHIES, l'autre à 6 heures du matin sur les colonnes en marche dans la région de HERCHIES - SAVIGNIES - PIERREFITTE. Le P.C. de la Division s'installe au Château de la SAUSSAIE à 2 km 500 de la HOUSSOYE à partir de 7 heures du matin. Des auto-mitrailleuses du 10e Cuirassiers font des reconnaissances en direction de GOURNAY.
A partir de 8 heures nouveaux ordres de mouvement.
La 4e D.C.R. doit couvrir vers l'Ouest le mouvement de repli du XXVe C.A. L'intention du Général est de :
1°) Pousser aux ponts de MANTES, MEULAN et POISSY des antichars.
2°) Couvrir le flanc ouest de la 85e D.I. en barrant successivement les directions :
- GOURNAY - AUNEUIL
- FLEURY - ETREPAGNY - MARINES
- MAGNY EN VEXIN - PONTOISE
- LES ANDELYS - Vallée de la SEINE
par l'action de 3 détachements se déplaçant par échelons vers le Sud.
Le Mouvement commence à 11 heures du matin. A Partir de midi le P.C. se déplace à ARTIMONT, 2 km S.E. de MARINES (le P.C. arrière parti de MESNIL THERIBUS le 9 Juin est installé le 9 Juin à HARAVILLIERS, fait mouvement dans la nuit du 9 au 10 à THIVERVAL, au Sud de la Seine).
Une compagnie de chars 35, retardée par les Allemands dans la Région de ONS en BRAY se dégage violemment en détruisant 3 armes anti-chars, mais en perdant le char du Capitaine.
Dans l'après midi, les reconnaissances sont accomplies par des éléments du 10e Cuirassiers et des Officiers de liaisons aux Ponts de MANTES - MEULAN et POISSY afin de prendre entente avec les Officiers du Génie chargés de faire sauter les ponts.
Une compagnie de 11 chars B stationnée à VIGNY, VILLENEUVE ST-MARTIN, PUISEUX est mise à la disposition de la 6e 1/2 Brigade.

Journée du 10 Juin 1940
Passage de la seine sur le pont de POISSY, seul pont restant en état.
Dans la journée et la soirée du 9 Juin, les ponts de MANTES, de MEULAN de TREIL ont été détruits, sans que la Division ait été préalablement avertie.
La 4e D.C.R. se regroupe au sud de la Seine dans la Région de THIVERVAL, BEAUPHLE, BLANCOURT, avec son P.C. à THIVERVAL.
Elle garde toute la journée un groupement mixte aux ordres du Colonel SIMONIN pour couvrir la 85e D.I. Division de gauche du 25e C.A. et principalement faciliter l'installation du 11e R.T.T. sur une position défensive jalonnée par VAUREAL, BOISEMONT, VAUX sur SEINE (Hauteurs de l'HAUTIL). A partir de 9 heures, le Groupement SIMONIN est fortement accroché par des détachements allemands composés de fantassins, de cavaliers, d'auto-mitrailleuses, de canons de 77 et 105 et subi des pertes sévères : 2 sections du 4e B.C.P. sont encerclées et faites prisonnières - 3 chars - 3 pièces antichars sont détruits. Il ne se replie qu'à partir de 17 h après entente avec le général Commandant la 85e D.I.
Le passage de la Seine ne fut troublé par aucun raid aérien ennemi.
Le 4e B.C.P, et le 7e R.D.P. soutenus par l'Artillerie, sont maintenus jusqu'au 11 Juin, 5 heures du matin, en garde sur la rive sud de la Seine de Meulan à POISSY et en tête de pont à POISSY.

Journée du 11 Juin 1940
La 4e D.C.R. ne fait plus partie du XXVe C.A. Le Général de la FONT le notifie à la Division par l'ordre général N° 404.
Le Général Cdt le XXVe C.A. a bien voulu témoigner sa satisfaction pour la façon dont la 4e D.C.R. a couvert son flanc gauche dans les journées du 8, 9 et 10 Juin. Le Général Commandant la D.C.R. est heureux de transmettre à toutes les unités les félicitations du général LIBAUD et profite de cette occasion pour exprimer sa fierté d'avoir été appelé à commander les magnifiques troupes qui composent la Division. L'effort qui nous a été demandé et qui nous sera encore demandé est considérable. Mais dans la dure bataille qui est engagée, il s'agit du salut du pays et nous ne devons pas ménager notre peine. Sus aux Boches.
Le Groupement Cuirassée reprend la Division à ses ordres et décide son regroupement dans la zone de la forêt de RAMBOUILLET. En même temps la D.C.R. assurera une couverture en direction du Nord et du Nord Ouest.
La 6e 1/2 Brigade comprend désormais les Bataillons 46/47 et 2/24, la 8e I/2 Brigade, les Bataillons 44 et 19.
La Compagnie COLLOT (Chars D 2) qui rejoignait la Division depuis la forêt de Compiègne est perdue dans la journée du 10 Juin, sans doute restée aux mains de l'ennemi.

Journée du 12 Juin 1940
Une fois de plus la 4e D.C.R. se trouve entre deux nécessités : se refaire et parer à la pression ennemie. Elle est ballottée entre le Groupement Cuirassé soucieux de la ramener à l'arrière pour faciliter sa reconstitution, et le G.M.P. inquiet d'une pression ennemie sur le flanc gauche de l'Armée.
Les Allemands ont passé la Seine à ROUEN - PONT DE LARCHE - LES ANDELYS - VERNON. A partir de cette tête de pont ils ont exercé une vigoureuse poussée en direction de PAGNY SUR EURE, puis se sont rabattus vers le S.E. et attaquent avec chars entre SEINE ET EURE.
Dans la matinée la Division prépare son mouvement ordonné par le Groupement Cuirassé, en direction du N.O. de la forêt de Rambouillet. Le départ des unités a lieu à partir de 12 heures ; le P.C. de la Division s'installe à partir de 14 heures au Château de la BOISSIÈRE, somptueuse demeure de la famille HERIOT.
A son passage à MONTFORT L'AMAURY ; à 13 heures, le Général de la FONT est avisé que la 4e D.C.R. est mise par le G.M.P. à la disposition du Xe C.A. Le Xe C.A. tient le Secteur de MANTES à BONNIERES, il doit interdire le franchissement de la Seine de MANTES à BONNIERES, et couvrir le flanc gauche de l'armée menacée par les forces allemandes qui ont débouché de VERNON. La 4e D.C.R. devra contre-attaquer l'ennemi pour dégager le flanc gauche du Xe C.A. entre la SEINE et l'EURE, de BONNIERES aux lisières Ouest de la foret de ROSNY et la Vallée de l'Eure en aval d'IVRY la BATAILLE
Le Général de la FONT se rend aussitôt AU P.C. avancé du Xe C.A. à SEPTEUIL, où il reçoit l'ordre de se préparer à s'engager dans la journée du 13 Juin.
A 19 heures, le Général DELESTRAINT arrive au Château de la BOISSIERE et apporte un ordre de maintien de la Division en réserve jusqu'au 14 Juin midi.
Dans la soirée la base arrière fait mouvement de la région de THIVERVAL dans la région de LIMOURS, BRISIS, ANGERVILLIERS. Le P.C. arrière s'installe à 2 km Est de LIMOURS.
L'A.D. récupère une batterie de 75, des transmissions et matériel de toute sorte au Fort d'IVRY. La 6e 1/2 Brigade récupère 10 chars B à SATORY, mais les canons de 75 et 47 n'ont pas de percuteurs, ni de lunettes binoculaires, ni de lunettes pour canons de 47. Les chargeurs et les munitions manquent également.

Journée du 13 Juin 1940
A 4 heures du matin arrive un nouvel ordre, la 4e D.C.R. se tiendra prête à faire mouvement vers le Sud à partir de 6 h.
En effet la pression ennemie s'est accentuée à l'Ouest et surtout à l'Est de PARIS, où les Allemands ont franchi la MARNE au Sud de CHATEAU-THIERRY. L'Armée de PARIS risque d'être encerclée. Dans ces conditions on décide d'abandonner la défense de PARIS et d'exécuter un repli général vers le Sud.
10h30, l'ordre de la nuit est confirmé, la 4e D.C.R. protégera le repli de la gauche de l'armée de PARIS, sur l'axe lisière Ouest Forêt de RAMBOUILLET - lisière Ouest forêt d'ORLEANS
Le mouvement de la Division commence à partir de 14 h :
Le 7e R.D.P. et 1er escadron du 3e Cuirassiers continuent un barrage antichar aux lisières Est de CHARTRES, interdisant les routes de CHARTRES, PARIS et ORLEANS. La 8e 1/2 Brigade barre la route direction CHARTRES, ARTENAY. L'Artillerie Divisionnaire forme un barrage antichar arrière sur la route PARIS - ORLEANS.
La Base arrière s'installe au Sud O. d'Orléans dans la zone ST-HILAIRE CLARY - MEZIERES, avec son P.C. à la Mairie de ST-HILAIRE.
Dans la journée un matériel important est récupéré, grâce aux soins de la base arrière (side-cars, camions, camionnettes, munitions, essence) dans la région parisienne.

Journée du 14 Juin 1940
Journée de stationnement pour la Division couverte par le Xe C.A. qui tient la ligne NONANCOURT - DREUX - Vallée de CHEVREUSE. L'activité terrestre et aérienne de l'ennemi est très peu marquée.
Durant toute la journée le Xe Corps et le G.A. 3 se disputent l'appartenance de la 4e D.C.R. Finalement le G.A.3. l'emporte.
A 22 heures un ordre du Xe Corps prescrit à la 4e D.C.R. de se porter au N.O. de CHARTRES pour intervenir, soit au profit de la 2e D.L.M. soit au profit de la 8e D.I.C.
A 23 heures arrive un ordre du G.A.3. prescrivant à la 4e D.C.R. de constituer des barrages aux issues de CHARTRES et d'interdire les directions CHARTRES - ORLEANS - CHARTRES - CHATEAUDUN.

Journée du 15 Juin 1940
L'ordre du G.A. 3 parvenu le 14 Juin à 23 heures est exécuté à partir de 3 heures du matin. Le Groupement LONGUEMAR (1 Bataillon du 7e R.D.P. et 1 Batterie de 47 - 1 Escadron de marche du 3e Cuirassiers) assure la défense des issues N.O. et E. de CHARTRES.
Le Groupement SIMONIN (8e 1/2 Brigade - 1 Bataillon du 7e R.D.P. et 1 Batterie de 47) assure la défense des issues O. et S. de CHARTRES
L'Artillerie protège le dispositif sur les flancs O. et E., groupement des deux groupes aux ordres du Colonel ANSELME.
Des pièces de 47 barrent les passages - Pont - tranchée - Foetus - FONTENAY SUR EURE - THIVAIS - VERS. Une Section de 47 assure la protection du P.C. à MORANCEZ, une autre section est en réserve au même endroit.
Le Groupement SUDREE (6e 1/2 Brigade et 4e B.C.P,) se tient en réserve à BARJOUVILLE.
Le P.C. de la Division est à MORANCEZ à partir de 8 heures du matin.
Des découvertes sont lancées dans la matinée en Direction de VERNEUX sur AVRE et de NOGENT LE ROTROU pour renseigner sur les mouvements de 1ère D.L.M.
L'ennemi manifeste surtout une grande activité aérienne, de plus en plus violente au cours de la Journée. A 20 heures, une batterie de 25 est mitraillée au sol par des avions volant à 20 mètres d'altitude, la batterie ne cesse de tirer, mais à deux blessés graves,
Les éléments de ravitaillement de 1ère urgence s'installent au Nord de CHATEAUDUN (Zone MARBOUE - ST-CHRISTOPHE) la Base arrière demeure dans la Région d'OLIVET.
Le Lieutenant CALDERON prend à partir du 15 Juin au soir la direction de la popote des Officiers.

Journée du 16 Juin 1940
Le repli prématuré d'un régiment de la 84e D.l. entraîne le repli général de la Division. Un trou se produit entre elle et la 8e D.I. Les Allemands profitent de la situation ; leurs engins blindés et leurs colonnes motorisées avancent profondément jusque dans la région de PARZY - BOISVILLE - LOUVILLE - ANGERVILLE.
L'escadron du 6e Cuirassiers qui vient de renforcer la Division est durement accroché dans la région de BERCHERE. Tandis que les Groupements SIMONIN et SUDRE s'établissent dans la région de BONNEVAL et SANCHEVILLE. Le 7e R.A.D.P. est maintenu à CHARTRES jusqu'à 24 heures et reçoit l'ordre de se replier dans la nuit par échelons successifs. Des patrouilles de chars au N.E. de CHARTRES suivent le repli du 4e Zouaves en grande difficulté.
Le P.C. de la Division est maintenu à MORANCEZ jusqu'à 20 heures puis transporté à VALLIERES.

Journée du 17 Juin 1940
Les nombreux accrochages de la soirée du 16 Juin, l'avance profonde de l'ennemi sur ORLEANS, le trou existant entre le Xe et le XXVe C.A. entraîne la mise en place du dispositif suivant :
Le Groupement SIMONIN est chargé de la défense du pivot de BONNEVAL.
Le Groupement SUDRE installé dans la région d'ORGERES en BEAUCE, sur le flanc de la 84e D.I. peut agir en direction d'ALLAINES et de VIABON. Le Groupement LONGUEMAR pousse 1 escadron et 1 Batterie de 47 au pont de BEAUGENCY pour enrayer toute avance d'ennemis venant d'ORLEANS. Le reste se replie entre les Groupements SIMONIN et SUDRE. L'escadron du 3e Cuirassiers barre sur la CONIE les passages de VALLIERES, CONIE, MOLITAN, le P.C. de la Division est momentanément maintenu à VALLIERES.
La décision est prise de replier tout le Xe Corps en camions et de lui faire repasser la LOIRE avant la nuit. La 4e D.C.R. devra couvrir l'opération. A 8 heures du matin, le Général de la FONT ordonne au Groupement SUDRE de tenir la région de VILLAMPUY et de barrer la direction de CHATEAUDUN - ORLEANS. Le Groupement LONGUEMAR est mis à la disposition du Lt-Colonel SIMONIN au pont de MARBOUE sur le LOIR. Les Chars du Commandant HOGOT D'ERVILLE sont placés à la disposition immédiate du Général Commandant la Division. L'escadron du 6e Cuirassiers tient la coupure de la CONIE, le 10e Cuirassiers le pont de VARIZE et pousse des reconnaissances sur LEGAULT ST-DENIS. A Midi le P.C. de la 4e D.C.R. se trouve avec celui de la 84e D.I. à THIVILLE.
L'ennemi occupe PATAY, il se montre très actif dans la région d'ORGERES EN BEAUCE. Une contre attaque de chars B permet le repli de la 84e D.I. L'aviation allemande attaque à la bombe les ponts de BEAUGENCY, MER et BLOIS sans parvenir à les atteindre.
Dans l'après midi, le décrochage de la Division par échelons successifs en direction de la LOIRE et retardé par la lenteur des mouvements de la 84e D.I. qu'elle est chargée de couvrir. D'autre part le Groupement SIMONIN repousse vigoureusement de 16 h à 17h30 une colonne motorisée ennemie venant de la direction de PATAY et appuyée par de violents tirs de 105, le Chef d'Escadron MONIN est blessé, le 7e R.D.P. est dirigé sur BLOIS, le 4e B.C.P. sur MER pour renforcer la garde des ponts, le décrochage progressif des 1/2 Brigades a lieu à partir de 21 heures et le passage de la Loire a lieu sans incident au cours de la nuit.
Le P.C. de la Division transporté à LORRY vers 16 h se déplace de LORRY à CHEVERNY durant la nuit.
Jusqu'au 18 Matin des éléments de la base arrière ont arrêté l'ennemi au sud d'ORLEANS. Le G.S.D. a soigné de nombreux blessés militaires et civils durant les 3 jours et 3 nuits de la retraite.
Le Général de la FONT félicite la Division du dur travail accompli par l'ordre général N° 486/3 P.
"Le Général est heureux de féliciter toutes les troupes et Services pour l'effort fourni dans les journées des 16 et I7 Juin.
Grâce au dévouement et au courage de toutes les unités de l'avant et de l'arrière, la 84e D.I. a pu se décrocher et la 4e D.C.R. a repassé la LOIRE, avec le minimum de pertes."

Journée du 18 Juin 1940
Derrière la Loire la Division se regroupe dans la zone BLOIS - SELLES - DHUISON. Mais si le Pont de MER a bien sauté à 7 h du matin celui de BEAUGENCY est intact, les allemands ayant surpris nos éléments au cours de la nuit ont aussitôt installé une tête de pont au sud de la Loire, de plus des colonnes motorisées descendent d'ORLEANS en direction du Sud et du S.O. La Division doit donc se couvrir et couvrir en même temps le 8e Corps dont les divisions d'infanterie sont réduites et épuisées. Action très réduite de l'aviation ennemie. Les éléments de combat de la Division sont rassemblés dans la zone BLOIS - CHERVERNY, DHUISON. Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. garde le débouché du pont de Blois. Le 2e Bataillon du 7e est porté dans la région de DHUISON pour couvrir face à l'Est la zone stationnement de la Division. L'artillerie s'installe dans la région CONTRES, SOING en SOLOGNE, la base arrière et les T.R. dans la région COUDDES Forêt de CHOUSSY - ST-ROMAIN - MEHERS.
A Midi 30 par suite des infiltrations ennemies parties d'ORLÉANS et de BEAUGENCY, par suite des craintes suscitées par la non-destruction du pont de BLOIS (malgré une mise de feu), la Division se met en mesure de parer à une action ennemie au Sud de la Loire.
Un groupement composé de la 8e 1/2 Brigade du Bataillon du 7e R.D.P. installé à BLOIS, d'une batterie de 75, d'une 1/2 batterie de 47, est mis sous les ordres du Colonel SIMONIN et reçoit la mission d'empêcher le débouché de l'ennemi du pont de BLOIS.
Un groupement composé de la 6e 1/2 Brigade du 4e B.C.P. et d'un bataillon du 7e R.D.P. d'une batterie de 47 et des éléments combattants de la base arrière est mis sous les ordres du Lt-Colonel SUDRE et reçoit la mission de barrer les directions venant de BEAUGENCY et de NOEUNG.
Le 10e Cuirassiers continue ses découvertes, les batteries de 47 disponibles gardent les ponts du Cher à CHABRY SELLE - ST-AIGNAN.
Dans la soirée, le Xe corps décide de se replier dans la nuit du 19 au 20 sur la ligne BLOIS - ST-GERVAIS, forêt de HUSSY BEUVRON. La D.C.R. couvre le repli du Xe Corps et la gauche du XXVe Corps.

Journée du 19 Juin 1940
Les allemands occupent au début de la matinée ROMORANTIN et SELLES sur CHER, de BEAUGENCY au CHER, ils vont toute la journée exercer une forte pression en direction de l'Ouest, menaçant le flanc et les lignes de retraite du Xe C.A. d'autre part, au Sud-Ouest, de Blois, des éléments légers d'infanterie réussissent à passer la Loire et l'ennemi s'efforce d'installer un pont de péniches. Quelques avions de reconnaissance seulement survolant la zone de combat de la Division.
La 4e D.C.R. couvre dans la journée le repli du Xe C.A. sur l'axe HUIDES, CHEVERNY, CONTRES, CHAUSSY, ST-AIGNAN, et permet à ces unités de passer le Sud du Cher.
A la fin de la nuit, la Division se dispose en formation de combat face à BLOIS vers le Nord et face aux Forêts de SOLOGNE vers l'Est. Le P.C. de la Division s'installe au Château de CHITENAY à partir de 16 heures.
La pression ennemie à l'Est et au S.E. et le repli du Xe Corps vers le S.E. amènent un regroupement de la Division dans la région de PAMBIN, THÉNAY, PONTLEVOY, en dispositif de défense vers les forêts de SOLOGNE et la Vallée du Cher.
La 8e 1/2 Brigade installe des bouchons de chars à PHAGES et CONTRES en direction du Nord et du N.E. La 6e 1/2 Brigade installe des bouchons de chars à la CLOUJEAN, COUDDES, ST-ROMAIN en direction, de l'Est et du S.E. Le 6e Cuirassiers se rassemble à PONTLEVOY. Le Détachement LONGUEMAR arrête à ST-AIGNAN la progression ennemie dans la vallée du Cher
L'Artillerie rassemblée au Sud du Cher, dans la région de MONTRICHARD et d'ANGE barre la vallée du Cher vers l'Est et l'axe BLOIS PONTLEVOY. Le P.C. de la Division se déplace de CHITENAY vers PONTLEVOY vers 13 heures.
Une section de chars de la 8e 1/2 Brigade repousse l'ennemi infiltré au S.O. de BLOIS et l'ARTILLERIE détruit les éléments de pont déjà installés sur la LOIRE.
Les A.M. du 10e Cuirassiers et la 6e 1/2 Brigade repoussent plusieurs tentatives ennemies sur le flanc Est de la Division, dans le Région de BRACIEUX, NEUVY, COURMEMAIN, SOING, SELLES sur CHER. Notamment un groupement comprenant un régiment à cheval, une trentaine de camions et quelques A.M. s'est montré très agissant dans la région de COURMEMAIN.
Dans la soirée la Division passe le Cher par les ponts de THESNE, BOURRE et MONTRICHARD et se reporte au Sud du Cher dans la zone CHENILLE, LE LIEGE, CERE, ORBIGNY, CHEMILLE, couverte par les divisions du Xe et XXVe C.A. qui assureront la défense du Cher. Cependant son dispositif lui permet de faire face au Nord et à l'Est et des bouchons sont placés sur la ligne CERE, PERTHUIS, ORBIGNY, MONTRESOR, en raison de la présence d'éléments légers ennemis opérant dans la région de SELLES, VALENCAY.
Le P.C. de la Division s'installe à GENILLE à partir de 21 heures. A signaler :
1 - Une batterie de 25 D.C.A. ayant perdu son unité et se dirigeant de VALENCAY à CHATEAUROUX a été entourée par des A.M. ennemies dans la forêt de ST-PAUL (30 km au Sud de VALENCAY) et annihilée.
2 - A plusieurs reprises, les allemands cherchent à convaincre nos troupes de se rendre sans conditions. "La lutte est finie, l'armistice est signé, l'armée française doit se soumettre sans conditions".
"En conséquence, le Général de la FONT donne dans la soirée l'ordre suivant : "Les allemands utilisent actuellement des drapeaux blancs pour tromper nos troupes, en alléguant une cessation des hostilités. Les éléments de la 4e D.C.R. ne doivent pas se laisser prendre à ce piège mais tirer sur tous les ennemis, qui l'emploient.

Journée du 20 Juin 1940
Nouvelle journée de repli, la 85e D.I. n'a pu tenir devant ST-AIGNAN et se replie vers le Sud entraînant le repli du Xe Corps. La 4e D.C.R. couvre ce repli en constituent des points d'appui à MONTPOUPON, CERE, PERTHUIS, ORBIGNY, BEAUMONT VILLAGE.
A partir de 14 heures, la 4e D.C.R. est mise à la disposition du XXVe C.A. Elle couvre sur la droite le repli de l'Armée jusqu'à la coupure de l'INDRE. Dans la nuit, la Division franchit l'INDRE par les ponts de LOCHE de PERRUSSON et de ST-GERMAIN et se regroupe dans la zone BETZ le CHATEAU, ST?FLOVIER, forêt de ST-JULITTE. P.C. de la Division à BETZ le CHÂTEAU.
Activité aérienne réduite. Dans la soirée cependant un avion allemand bombarde l'Artillerie de la Division à la Pyramide de GENILLE avec des petites bombes de 20 kgs, 10 blessés légers.

Journée du 21 Juin 1940
La 4e D.C.R. doit étayer à droite le XXVe C.A., sur les rives de l'INDRE entre CHATILLON inclus et ST-HIPPOLYTE exclus. Le Groupement SUDRE s'installe dans la région de ST-FLOVIER prêt à agir en direction du Nord. Le Groupement SIMONIN s'installe dans la région de ST-CLERE, sous bois prêt à agir en direction de l'Est, particulièrement en direction de CHATILLON sur INDRE pour soutenir la défense de la tête de pont.
Dans la Région de PREUILLY sur GLAISE l'artillerie et les éléments d'infanterie recueillis sont mis sous le Commandement du Colonel CHAUDESOLLE pour barrer la grande route CHATILLON - LE BLANC au cas ou l'ennemi s'emparerait de CHATILLON sur INDRE. Le P.C. de la Division est porté à OBTERRE à partir de 7 heures du matin.
Quelques infiltrations ennemies sont signalées vers ST-HIPPOLYTE et au Sud de CLERE. A 11h45 à CHATILLON sur INDRE, une colonne motorisée allemande composée de 50 à 60 motos et de voitures de liaison se présente au pont sur l'Indre avec le drapeau blanc. Un capitaine Allemand parlemente avec nos éléments, le Commandant du point d'appui ordonne aux allemands de reculer de 800 mètres, sinon dans un quart d'heure il ouvrira le feu sur lui. Les allemands se replient. A la même heure, ils tentent une manœuvre semblable au pont de CLION. Dans l'après midi la colonne allemande de CHATILLON s'augmente de plusieurs auto-mitrailleuses et de mortiers. Un pli important de terrain empêche de voir la concentration de troupes allemandes. A 16 heures un Général allemand se présente à nouveau en parlementaire, demande la reddition de la ville, sinon elle sera attaquée à partir de 17 heures. L'attaque allemande de CHATTILLON se bornera à 20 coups de mortier et de 60 tirés dans la soirée.
Le Général de la FONT s'était dans l'après midi porté de sa personne à CHATILLON sur INDRE pour encourager le 3e Bataillon du 31e R.I.C. à la résistance et l'assurer de l'appui éventuel des chars de la 8e 1/2 brigade mais à 17h30 lui parviennent les renseignements suivants sur la situation à la gauche de la Division. La 84e Division n'a pas résisté dans la région de LIGUEIL, le 4e Zouaves, appartenant à la 85e Division découvert sur sa gauche se replie de ST-SENOCH sur BETZ le CHÂTEAU. Un trou impossible à colmater avec de l'Infanterie se trouve ainsi ouvert dans le dispositif. Le Général Commandant le XXVe C.A., donne l'ordre de rompre le combat, de se replier de l'Indre sur la Creuse, mouvement ayant lieu à partir de 18 heures. La 4e D.C.r. couvrira ce mouvement de repli dans la Région de ST-FLOVIER, puis se regroupera au Sud de la CREUSE.
Mais le 1er Corps d'Armée tenant toujours la ligne de l'Indre, la 4e D.C.R. pour couvrir son flanc gauche s'installe au Nord des étangs de la BRENNE, tenant approximativement la ligne PREUILLY SUR CLAISE, ARTIZAY, MEZIERES EN BRENNE. Ce mouvement de la Division est gêné par quelques accrochages, la 6e 1/2 Brigade reçoit quelques obus de 105, un char a sa tourelle coincée. Mais la 6e 1/2 brigade démolit 4 auto-mitrailleuses allemandes.
Le P.C. de la Division se transporte à partir de 21 heures de ODTERRE à LUREUIL.

Journée du 22 Juin 1940
La 4e D.C.R. couvre la droite de la XXVe C.A. et bouche un intervalle entre le XXVe et le 1er Corps dans la zone de contact de l'Armée de PARIS et de la VIIe Armée.
Au point du jour des patrouilles d'A.M. ont repris le contact à CHÂTILLON et à ST-FLOVIER. L'ennemi débouchant sur les directions FLOVIER - PREUILLY, LA ROCHE POSAY, CHATILLON, MARTIZAY, CLERE, MEZIERES cherche à acculer la Division dans les marais de la Brenne, où les chars ne pourraient plus agir. Il pousse durement en direction de PREUILLY - TOURNON et PREUILLY - LUREUIL. Il tourne PREUILLY et cerne une partie du 10e Cuirassiers, qui réussit à se dégager dans la journée. Vers 12 heures, des infiltrations sont signalées au pont d'IZEURES, La 6e 1/2 Brigade engage une action de chars pour dégager le 10e Cuirassiers, la 8e 1/2 Brigade en direction de MEZIERE en BRANTE mal tenue par la 85e D.I. de façon à couvrir le pont de TOURNON par lequel doit passer le gros de la Division.
Dans l'après midi la Division se replie par le Pont de TOURNON (6e 1/2 Brigade) le BLANC (8e 1/2 Brigade). PONTGOMBAULT (7e R.D.P.) le XXVe C.A. lui demande encore de couvrir son passage sur la Creuse. Des éléments à pied tiennent PONTGOMBAULT LUNEL et TOURNON, jusqu'à ce que la 7e D.I.N.A. ait pu les relever à partir de 17 heures, les éléments sont reportés sur l'Anglin et toute la Division est regroupée dans la zone ANGLE, ST-PIERRE de MAILLE, NALLIERS TILLOUX en mesure d'agir en direction de TOURNON et le BLANC,
L'avance allemande sur POITIERS menace la flanc Est de l'Armée. En fin de journée, l'armée se reporte vers le S.O. La 4e D.C.R. couvre ce repli sur le flanc Est et s'installe dans la zone de LUSSAC LES CHÂTEAUX en arrière de la Vienne, le P.C. de la Division s'installe à BOURESSE à partir de 21 heures,

Journée du 23 Juin 1940
Tandis que l'armée de Paris et la VIIe Armée se replient loin vers le Sud, jusqu'à la ligne CHARENTE - VIENNE - SUPRE, la 4e D.C.R. est laissée en plein "no man's land" pour faciliter le décrochage des deux armées. Journée calme sans pression ennemie. Le repli de la Division dans la zone de LUSSAC les CHÂTEAUX à la zone HUSSON, CHARROUX, AVAILLES a lieu sans incident durant l'après midi. A partir de 17 heures, le P.C. est installé à MONTPREVOIR.

Journée du 24 Juin 1940
Le Général Commandent la 4e D.C.R. décide de continuer le repli en portant la Division durant l'après midi dans la zone CHAMPAGNE MOUTON ST-CLAUD, ROUMAZIERES, CONFOLENS, mais les unités de gauche, ayant largement décroché dans la nuit, sans aviser la 4e D.C.R., la Division va subir tout au long de son décrochage des attaques sur son front et sur ses flancs. Une colonne ennemie descend de CIVRAN vers RUFFEC et ANGOULÊME, cette ville est occupée vers la fin de la matinée. La 9e Panzerdivision se montre très pressante au Nord et à l'Est. L'ennemi s'efforce de s'infiltrer en de multiples endroits. Une voiture allemande amenant un adjudant chargé de faire le cantonnement à CHAMPAGNE MOUTON est détruite à ST-MARTIN DE CARS et l'adjudant fait prisonnier. Un motocycliste allemand sur le bord de la route d'USSE à ST-MARTIN de CARS est arrêté.
Le 4e B.C.P. à USSON du POITOU est attaqué par une première colonne venue du Nord qui réussit à lui prendre un petit poste.
Les allemands mettent les prisonniers sur le devant des camionnettes et menacent d'attaquer le bataillon. Une 2ème colonne allemande, avec chars et armes antichars venant de l'Est attaque également le 4e B.C.P. Il a grand peine à se dégager malgré l'intervention de la 6e 1/2 Brigade, qui perd 4 chars dont 2 par le feu. Finalement, le 4e B.C.P., bat en retraite sur MAUPREVOIR par JUSSE et PEYROUX. Le P.C. de la Division toujours à MAUPREVOIR risque d'être encerclé si la colonne ennemie descendant par la route de PRESSAG et de CONFOLENS n'était arrêtée par la 8e 1/2 Brigade en avant de ST-MARTIN DE CARS.
Le Général décide que le repli dans la zone CHAMPAGNE MOUTON, ST-CLAUDE, ROUMAZIERES, CONFOLENS, ne constituera plus qu'une première étape du repli et ordonne le regroupement de la Division en fin de journée dans la zone CHABANAIS, MONTEMBOEUF, MEMPREC, PRESSINGNAC au Sud de la vienne et à l'Ouest de ROCHECHOUART de façon à faire front soit vers le Nord dans la direction de CONFOLENS, soit vers l'Ouest dans la Direction d'ANGOULÊME.
Des combats assez vifs ont lieu à CHATEAU GARNIER, CHARROUX CHAMPAGNE MOUTON, l'ennemi subit des pertes en Officiers, motocyclistes, camions. Un Officier d'Etat-Major est livré au P.C. de la 7e D.I.C.
Le P.C. de la Division se déplace de MAUPREVOIR à CHANTREZAC à 13 heures, de CHANTREZAC à LEZIGNAC à 18h30. Le Général de la FONT reçoit à LIZIGNAC la visite du Général BOURGRAIN Commandant la 2e D.L.M. La Situation aventurée des 2 Divisions, le vaste repli de l'Armée de PARIS et de la VIIe armée sur la Vézère amènent les 2 Généraux à coordonner leur action. La 4e D.C.R. formant groupement avec la 2e D.L.M. se portera le 25 Juin vers le S.E. en direction générale de JUNHILHAC - ST-YRIEIX. Le groupement LONGUEMAR, l'Escadron du 6e Cuirassiers et le 10e Cuirassiers couvriront le mouvement en gardant les ponts sur la Vienne face au Nord. Le Mouvement s'exécute à partir de 2 heures du matin.

Journée du 25 Juin 1940
L'armistice avec l'Italie est signé le 24 au soir, les hostilités contre l'Allemagne et l'Italie cessent à partir de 0h35. Mais la Division ne reçoit la notification que dans la matinée dans la région de CHALUS, en plein cours de déplacement. La Division stoppe sur place et le P.C. de la Division est reporté au Château de CROMIERES près de CUSSAC.
Le Générai de la FONT donne l'ordre suivant :
"Les hostilités sont suspendues depuis le 25 Juin à 0h35 à la suite de la conclusion d'un armistice.
Il est dorénavant interdit de tirer sauf pour répondre éventuellement au feu de l'ennemi.
Toutes relations avec les Allemands demeurent strictement interdites.
Dès que l'installation en cantonnements sera effectuée, la troupe devra se reposer et se nettoyer. Le seul travail à effectuer immédiatement sera le nettoyage des armes,"

Journée du 26 Juin 1940
La division continue à former groupement avec la 2e D.L.M. et sous les ordres du Général BOUGRAIN, Commandant la 2e D.L.M.
Elle se rend, durant l'après midi, dans une zone comprise entre ISLE ET NIZON à l'Ouest et au N.E. de PERIGUEUX, le 7e R.D.P, assure une surveillance sur la ligne MAREUIL, LE BUDEAU pour qu'aucun militaire ne la franchisse vers le Nord. Il organise à MAREUIL un centre de rassemblement pour les isolés.
La Division s'installe difficilement dans sa nouvelle zone. Cette région du Périgord, assez pauvre, ne comporte que de petits villages, surpeuplés de réfugiés, de plus, les troupes du Corps de Cavalerie et d'autres éléments y cantonnent déjà, enfin des unités de la 2e D.L.M. et de la 4e D.C.R. viennent s'installer dans le même village (4e B.C.P. à BOURDEILLES). La 6e 1/2 Brigade doit passer la nuit sur le nord de la route aux environs de la TOUR BLANCHE.
Le P.C. de la Division s'installe au Château de MAROUATTE (2e et 3e Bureauxl) au dessus de ST-VIVIENS et dans le VILLAGE DE PAUSSAC (1er et 4e Bureaux).
Au terme de cette période de 40 jours, remplie de combats et de déplacements incessants, le Général de la FONT adresse à la Division l'ordre Général suivant :
" l'ordre de cesser le feu nous a été donné.
Dans l'épreuve qui atteint la FRANCE, la 4e Division Cuirassée a le droit de tenir la tête haute et demeurer fière.
Elle a fait tout son devoir. Elle a combattu tous les jours depuis le 16 Mai jusqu'au dernier moment.
Elle reste non seulement invaincue, mais elle a toujours conservé l'ascendant sur l'ennemi.
Le Général Commandant la Division exprime à tous son admiration pour le courage, la ténacité et l'ardeur dont ont fait preuve au milieu des fatigues et des souffrances tous les équipages et toutes les unités de la Division, sans aucune exception.
Le Général tient à dire que ce sera la fierté de sa vie d'avoir eu l'honneur de commander de telles troupes.
Restons unis, disciplinés, résolus à tous les efforts et les sacrifices qui nous seront demandés pour le relèvement de la France.
Gloire Éternelle à nos Morts. Gardons en précieusement et religieusement le souvenir.

"VIVE LA FRANCE "
"VIVE LA 4ème DIVISION CUIRASSÉE

1940 - 4e DCR historique

Image HISTORIQUE des Combats de la
4e DIVISION CUIRASSÉE

                                                                                           16 Mai - 25 Juin 1940 

 

I INTRODUCTION
1°) CONSTITUTION DE LA DIVISION
La 4e D.C.R, s'est constituée sur le champ de bataille même.
Elle fut engagée dès le 17 Mai à l'aube dans une action de LAON sur MONTCORNET. Or l'Etat-Major de la Division venant de VESINET, s'installa à BRUYERES, au Sud de LAON, dans la nuit du 15 au 16. Les Bataillons de chars venus du Centre, du Sud, de l'Est, débarquent dans la journée du 16 et la nuit du 16 au 17, une compagnie de chars rejoindra son bataillon dans la journée du 17, en plein cours de l'action. Le 47ème Bataillon de Chasseurs portée est directement jeté du train dans la bataille.
La 4e D.C.R. s'est constituée peu à peu au cours même des combats.
Le 17 mai, elle ne possède encore que le gros de ses chars et le 4e B.C.P. Le 47e Bataillon de Chars B et le 44e Bataillon de Chars R 35 arrivent le 21 Mai, le 2e Groupe d'Escadron de chars Hotchkiss du 3e Cuirassiers, seulement la 25 Mai. Le 10e Cuirassiers, Régiment de découverte, rejoint dans la nuit du 17 au 18 Mai. Le 17 Mai, la Division est encore dépourvue de la majeure partie de ses éléments à pied et de son artillerie. Le 7e Régiment de Dragons Portés arrive en deux morceaux : le 1er Bataillon le 21, le 2e Bataillon le 24 Mai.

Le Tableau suivant concerne l'Artillerie Divisionnaire.

Unités Arrivée Départ Observations
322e R.A.T.T. - 1er Groupe 17/05/1940    
322e R.A.T.T. - 2e Groupe 17/05/1940    
10/80e B.D.A.C. 20/05/1940    
11/86e D.D.A.C. 20/05/1940    
Etat-Major - A.D. 23/05/1940    
1020e Bie du 404 D.C.A. 23/05/1940    
1er Gr. 305e R.A.T.T. (105) 23/05/1940 06/06/1940 Réparti à la R.G. D'art.
665e B.D.A.C. 25/05/1940    
51e Bie Anti-chars aut. 27/05/1940    
661e B.D.A.C. 28/05/1940    
 

Ainsi la constitution de la Division devait se poursuivre jusqu'à la fin Mai.

2°) ETAT DU MATERIEL
Les deux demi brigades de chars arrivent progressivement avec tous leurs moyens de combat. Le 3e Cuirassiers n'a aucun matériel de dépannage ou atelier de Corps, aucun moyen de ravitaillement en essence. Le 10e Cuirassiers est amputé de deux détachements de 3 A.M. mis le 16 Mai à disposition du Gouverneur de PARIS.
Les éléments à pied sont les plus mal dotés. Le 4e B.C.P. ne possède aucun matériel auto de combat, aucune des 5 A.M.D. prévues, aucune voiture T.T. de Commandement , seule la C.E. avait reçu depuis plusieurs jours ses voitures Latil à 4 roues motrices. Les motocyclettes Terrot sont plus des machines de liaison que de combat. Le Bataillon n'a pas de camion atelier et possède un seul camion de dépannage en mauvais état qu'il faudra abandonner dès les premières étapes.
Au 7e R.D.P. chaque bataillon est privé de son escadron d'A.M.R. Les caisses de bandes de mitrailleuses et d'obus de 81 mm manquent, les pourvoyeurs prendront des seaux dans les localités pour transporter les munitions sur la ligne de feu. Plusieurs canons de 25 mm n'ont pas leurs freins réglés et sont inutilisables. Les cuisines roulantes faisaient totalement défaut. Au 2e bataillon. une centaine d'hommes n'avaient pas touché de casque.
Enfin, à part les deux demi-brigades de chars, les Unités de la Division sont dépourvues de matériel de transmission. Aucune liaison par T.S.F. ne pourra être établie au cours des opérations entre ces unités et le P.C. de la Division.

3°) INSTRUCTION DU PERSONNEL

Dans beaucoup d'unités, l'instruction du personnel est demeurée très incomplète.
A la 6e demi-brigade. La 46e Bataillon, primitivement destiné à utiliser des chars légers venait d'être transformé en Bataillon B. L'instruction suffisante en ce qui concerne la technique pratique du Char était à peine ébauchée quant à son emploi. Le bataillon n'avait fait aucune évolution de compagnie, exécuté qu'un seul tir au 75.
Au 3e Cuirassiers, aucun des Lieutenants, frais émoulus de SAINT-CYR , n'avait jamais commandé un peloton blindé. Les Chefs de Chars, dans la proportion de 4 sur 5, provenaient de régiments hippomobiles Spahis, ils montaient dans un char pour la première fois ignorant tout de la conduite de celui-ci, de la vie et du tir sous tourelle. Les conducteurs, recrues de Novembre 1939 n'avaient jamais suivi d'instruction dans le cadre du groupe et du peloton. Sur 119 motocyclistes orienteurs ou agents de transmissions, à peu près tous manquaient. Dans ce Régiment hâtivement formé, les cadres n'avaient pas eu le temps de connaître leurs hommes et inversement.
Le 16 Mai 1940, le 3e Cuirassiers ne pouvait être considéré comme une Unité apte à être lancée le lendemain dans la Bataille.
Le 7e R.D.P était formé : moitié de jeunes recrues de 6 mois, moitié de récupérés de vieilles classes des Dépôts de Remonte et hôpitaux vétérinaires. Sauf de très rares exceptions, Officiers, gradés et hommes n'avaient servi jusqu'alors que dans des formations montées.

4°) COMMANDEMENT

Malgré toutes ces insuffisances en matériel, malgré l'inexpérience d'une grande partie des combattants, la Division devait se battre durant 45 jours de façon magnifique.
D'une part les hommes et les Chefs feront preuve d'un cran et d'un allant admirables. D'autre part, la Division sera commandée :
- du 16 Mai au 6 juin - par le Général DE GAULLE, qui quitta le Commandement de la Division pour devenir Sous-Secrétaire d'État à la Guerre (Chef d'Etat-Major : Lt-Colonel RIME-BRUNEAU, puis Commandant CHOMMEL).
- du 6 au 7 Juin - par le Colonel CHAUDESOLLE, Chef de l'A.D. (Chef d'Etat-Major : Commandant FAIVRE).
à partir du 7 Juin, par le Général de la FONT qui vient de rentrer de Belgique (Chef d'Etat-Major : Commandant FAIVRE).

5°) UTILISATION DE LA 4e D.C.R.

Au début, la 4e D.C.R. passe à l'offensive .
Dans la région de LAON, les 17 et 19 Mai elle attaque en direction de MONTCORNET et des ponts de la SERRE. pour arrêter l'avance allemande en direction de PARIS et de l'Ouest. Dans la Somme, elle attaque les 28 - 29 et 30 Mai pour réduire la tête de pont d'ABBEVILLE.
A partir du mois de Juin, durant la bataille et retraite de FRANCE. elle luttera défensivement.
D'une part, usée par les combats du mois de Mai, elle n'aura plus de force offensive suffisante. D'autre part, la pression ennemie de plus en plus dangereuse obligera la Division à de perpétuels engagements au profit des Grandes Unités, afin de les dégager, tenir le terrain et permettre leur décrochage.

II    LES OPERATIONS DEFENSIVES

I°) LES COMBATS AUTOUR DE LAON
A- Les combats de MONTCORNET
Le 17 Mai 1940 ; la Division attaque sur l'axe LAON - MONTCORNET afin de refouler l'ennemi de la Région de LAON vers le Nord et l'Est. Ce fût une opération profonde, menée sur un front restreint rapidement, au bénéfice de la 6e Armée.
Deux demi-brigades de chars y prennent part, la 6e demi-brigade de chars lourds (1 Bataillon de B et 1 Compagnie autonome D 2) sous la commandement du Lieutenant Colonel SUDRES, la 8e demi-brigade de chars légers (2e et 24e Bataillon de R 35) sous le commandement du Lieutenant-Colonel SIMONIN avec le soutien de l'infanterie du 4e B.C.P. (Commandant BERTRAND). La 6e demi-brigade doit fournir l'effort principal en progressant le long de la route de LAON MONTCORNET, la 8e Demi-brigade assurera la protection à l'Est tout en progressant dans la direction de LISLET.
La mise en place des unités se fait aux lisières Est de la forêt de SAMOUSSY, dans la nuit du 16 au 17. Le débouché a lieu à 4h15. Peu après, 6 chars B s'enlisent dans une zone marécageuse, le temps ayant manqué pour reconnaître le terrain ; 5 pourront être récupérés dans la soirée. Les chars réduisent des îlots ennemis peu nombreux mais résistants, installés dans les vergers des villages de CHIVRES, de BUCY, dans les boqueteaux de la VILLE aux BOIS.
Dans l'après midi, les chars pénètrent dans LISLET et MONTCORNET après avoir détruit de nombreuses armes anti-chars très bien camouflées et souffert de mines posées sur la chaussée.
Mais le 4e B.C.P. débarqué dans la matinée, doit quitter ses chars assez loin de la zone du feu et ne peut suivre les chars qu'avec un assez long retard. De plus, le flanc gauche de la Division est découvert au Nord Ouest et des auto-mitrailleuses ennemies, des troupes transportées en camions, une poussière d'éléments motorisés à chefs entreprenants, avançant dans toutes les directions libres, agissant derrière les derniers échelons de chars, cherchent à atteindre les éléments du 4e B.C.P. et les P.C. Ces actions ennemies obligent à un constant nettoyage par chars et infanterie.
La nuit vient, l'infanterie manque pour tenir MONTCORNET et LISLET. Les chars subissent une violente attaque aérienne. Le Colonel DE GAULLE décide de regrouper la Division dans la région à l'Ouest de la ligne CHIVRES - SISSONNE. Le 4e B.C.P. assure la couverture du mouvement en tenant les passages du canal d'assèchement de PIERREFONT à SISSONNE.
b) Les combats de la Serre et de Laon (19 Mai)
Le gros des forces ennemies, au lieu de diriger sur PARIS marche d'Est en Ouest, suivant l'axe MARLES - LA FERE. La 4e D.C.R. reçoit la mission de l'attaquer dans son flanc, suivant la direction générale LAON - CRECY-sur-SERRE - PARGNY les BOIS.
L'opération est menée par trois groupements, constitués respectivement d'Ouest en Est par les chars SOMUA du 3e Cuirassiers, la 6e et 8e Demi-brigades qui reçoivent pour objectifs :
1) Ruisseau de CHERY les POUILLY - Moulin de BARENTON,
2) Ponts de la Serre de CRECY à MORTIERS,
3) Éventuellement , la ligne MONTIGNY sur CRECY - PARGNY les BOIS, lisière Sud du bois de PARGNY.
La couverture est assurée par le 10e Cuirassiers régiment de découverte (sous les ordres du Lieutenant Colonel HAM) et par deux compagnies du 4e B.C.P. qui occupent CHAMBRY et gardent les ponts sur le ruisseau de BARENTON, les autres compagnies en réserve.
Les chars atteignent la ligne de la SERRE, mais ne peuvent la dépasser. Ils sont en butte au tir très ajusté et meurtrier d'armes anti-chars. Les ponts sur la rivière sont minés. Au début de la matinée, un avion de reconnaissance ennemi a survolé les chars. Dès lors les bombardements par avion, qui opèrent en piqué se succèdent sans interruption. Les Chars en souffrent peu mais il en résulte une dispersion qui rend difficile le commandement des unités.
Le Colonel de GAULLE décide de regrouper la Division au Sud Est de LAON dans la région de LAVAL MONTCHALONS, VORGES, CHAMOUILLE.
Durant toute la journée, des éléments légers ennemis, flanc-gardes des colonnes qui, au bord de la SERRE, marchent vers l'Ouest attaquent le flanc et les arrières de la Division. Le 4e B.C.P. encerclé dans CHAMBRY, se dégage à grand peine avec l'aide du 10e Cuirassiers. Dans la nuit du 19 au 20, la pression ennemie s'accentue au Nord et à l'Est.
Le Colonel de GAULLE décide de reporter la Division au Sud de l'Aisne dans la zone : JONCHERY, MURVILLE, ARCIE le PONSART, FAVEROLLES, en utilisant les couloirs d'URCEL - CHAVIGNON, VAILLY - BRAISNE et celui de BRUYERE - VANDRESSE - FISMES. Le 10e Cuirassiers renforcé d'un bataillon de chars R 35 couvre le mouvement. En raison des nombreuses infiltrations ennemies, chaque Unité doit se couvrir pour son propre compte et soutenir une série d'escarmouches. C'est une véritable guérilla où l'emportent l'esprit d'initiative et le courage réfléchi. Les unités du Train sont attaquées sur le plateau de CRAONNE et éprouvent des portes importantes en personnel et matériel. Les troupes franchissent l'Aisne dans de bonnes conditions durant la matinée. Le dégagement de l'arrière-garde, cernée à FESTIEUX, fut extrêmement pénible. Le Colonel donne ordre aux médecins de rester aux chevets des nombreux blessés et, sous la protection des Chars, il tente une sortie, réussit à bousculer l'ennemi et à rejoindre l'AISNE dans l'après-midi du 20 Mai. Le 19 mai à 24 heures, le 10e Cuirassiers disposait encore de 35 A.M.D. Il n'en possédait plus que 11 le 20 Mai au soir.
Les combats dans la région de LAON des 17 et 18 Mai ont causé à la Division de grandes pertes en matériel. Mais la 4e D.C.R. en a également infligé de très lourdes à l'ennemi, elle a arrêté sa progression en direction du S.O. ralenti sa marche en direction de l'Ouest et permis aux troupes françaises de s'installer solidement sur la ligne de l'AISNE.

2°) LES COMBATS AU SUD d'ABBEVILLE (29 - 30 Mai)
Du 22 au 24 Mai, la 4e D.C.R. se déplace de l'AISNE à la SOMME, de la région de FISMES à celle d'AMIENS, de la VIe à la VIIe ARMEE. Le Haut Commandement envisage de l'engager d'abord à l'Est d'AMIENS en corrélation d'une attaque de l'Armée du Nord partie d'ARRAS, puis au Sud d'AMIENS pour réduire la tête de pont. Finalement, le 27 Mai, il décide de lancer la 4e D.C.R. sur les positions tenues par l'ennemi au Sud d'ABBEVILLE.
La Division reçoit en renfort le 22e R.I.C. et l'Artillerie de la 2e D.L.C. Le Général DE GAULLE décide de faire effort sur l'Axe : LIMEUX - VILLERS sur MAREUIL - Mont de CAUBERT - Camp de CÉSAR - tandis que le 3e D.L.C. à gauche exploitera l'avance de la 4e D.C.R. sur la gauche en direction de CAMBRON.
La base de départ est jalonnée par SAINT-MAXENT en VIMEUX, WARCHEVILLE, LIMEUX, les lisières Nord du bois de BAILLEUL - côte 104 - bois des HETRON - bois de FRECHANCOURT, le deuxième par BIENFAY, MESNIL TROIS FOETUS - Camp de CÉSAR et, sur la droite les marais de la SOMME. Une préparation d'Artillerie de 15 minutes précédera le débouché de la base de départ. L'attaque décidée pour 17 heures, part avec un retard de 30 minutes à 1 heure selon les unités, dû au long trajet que les chars ont du parcourir pour se mettre en place. La préparation d'Artillerie doit se prolonger. Les Chars précédent l'Infanterie. A l'Ouest, la 6e Demi-brigade entraîne le 4e B.C.P. à l'attaque de HUPPY et de la cote 104, au centre la 8e Demi-brigade entraîne le 22e R.I.C. en direction de la crête de LIMEUX, de CAMBRON et de HUCHENNEVILLE, à droite le 3e Cuirassiers aide l'action du 7e R.D.P. commandé par le Lieutenant-Colonel de LONGUEMARD, vers le Bois de FRECHANCOURT et les rives de la Somme.
A la nuit le premier objectif est atteint malgré une défense anti-chars très nourrie et une forte résistance à HUPPY et à HUCHENNEVILLE. Mais l'heure d'attaque trop tardive ne permet pas d'exploiter la surprise de l'ennemi et le succès de l'attaque. De plus les effectifs d'Infanterie sont trop faibles sur ce front de 15 kilomètres pour attaquer, nettoyer, défendre et organiser les positions.
Le 29 à 4 heures du matin, l'avance reprend en direction du Mont de CAUBERT et la vallée de le Somme à l'Est. Grâce au temps couvert, l'activité de l'aviation ennemie est faible, mais la Division se heurte au feu d'armes automatiques, à des tirs de barrage de 105 et surtout à une défense anti-chars très étoffée, très bien organisée, sans aucun doute renforcée au cours de la nuit. La Division atteint sensiblement le 2e Objectif, sans pouvoir toutefois prendre pied sur le Mont de CAUBERT.
Mais sur la gauche, les éléments de la 2e D.L.C. avancent trop lentement en direction de CAMBRON. Au cours de l'après midi les Allemands contre-attaquent dans le bois de VILLERS contre le 4e B.C.P. et le 22e R.I.C. et en direction de MIANNAY et MOYENNEVILLE. Le 10e Cuirassiers, renforcé par un bataillon du 7e R.D.P. arrêtent l'ennemi.
Le 30 Mai, malgré la fatigue et les pertes la Division tente un nouvel effort pour réduire les élément ennemis qui tiennent encore au Sud de la Somme. Le Colonel DE GAULLE décide de porter son effort sur la gauche, sur l'axe : MOYENNEVILLE - CAMBRON afin de déborder le mont de CAUBERT fortement organisé. L'attaque sera menée par le 10e Cuirassiers renforcé du 2e Bataillon du 7e R.D.P., des chars SOMUA et HOTCHKISS du 3e Cuirassiers. Au Centre, le 4e B.C.P. avec les chars de la 6e demi-brigade attaquera MESNIL TROIS FOETUS et YONVAL. Le 22e R.I.C. et la 8e demi-brigade progresseront sur les pentes Ouest du Mont de CAUBERT. Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. tiendra les rives de la SOMME déjà atteintes. L'attaque sera appuyée par l'artillerie et l'aviation de bombardement. A L'Ouest la 5e D.L.C. et les Britanniques tacheront d'avancer jusqu'à la Somme. Heure de l'attaque : 17 heures.
Au début avance générale, mais bientôt des canons anti-chars fort bien camouflés sur le Mont de CAUBERT et la route de MIANNAY à CAMBRON stoppent l'avance des chars qui éprouvent de grandes pertes. Des barrages violents de 105 arrêtent l'Infanterie.
Vers 20 heures, les allemands contre-attaquent sur notre gauche, dont les éléments reviennent à leur base de départ BIENFAY et MOYENNEVILLE
Le lendemain 30 Mai, une Division Britannique relève la 4e D.C.R. ramenée à l' arrière dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS. L'Artillerie reste sur place trois jours encore pour appuyer de nouvelles attaques.
Certes, la 4e D.C.R. n'a pu supprimer la tête de pont au Sud d'ABBEVILLE, mais elle l'a réduite considérablement, si bien quelle ne pouvait plus servir efficacement de base de départ.
Certes, la 4e D.C.R. a subi des pertes lourdes en hommes et matériel, mais elle a détruit de nombreuses armes anti-chars par son artillerie, elle a décimé la 57e Division Allemande. Elle a capturé des prisonniers et un matériel important.

III - LES OPÉRATIONS DÉFENSIVES
LA RETRAITE DE FRANCE (4 - 25 Juin 1940)
Le 4 Juin 1940, quand se déclenche l'attaque allemande sur la SOMME, la 4e Division Cuirassée est stationnée au Nord de BEAUVAIS.
Trois jours de dur combat dans la région de LAON, les marches et contre-marches, de l'AISNE à la SOMME, l'attaque au Sud d'AMIENS et surtout les trois jours de combat pour réduire la tête de pont d'ABBEVILLE l'ont considérablement usée. Les tableaux suivants en font foi.

1°) Chars de la 4e D.C.R.

Unités Dotation Normale Disponibles le 5 Juin
46e B.C.C. ( Chars B1 bis) 33 3
47e B.C.C.           "
33 5
Total chars B 66 8
2e B.C.C (Chars R 35) 45 3
24e B.C.C.      " 45 3
44e B.C.C.      " 45 22
Total chars R 35 135 28
19e B.C.C. (Chars D 2) 45 14
3e Cuirassiers - SOMUA S 35 H 35 40 + 40 2 + 11
10e Cuirassiers - A.M.D. P 178 48 10
 

Comme tout renfort la Division ne recevra que 10 Chars B et une compagnie qui rejoint avec un seul char. Elle récupérera quelques chars provenant d'un P.E.D.
2°) Effectifs de 3 Unités typiques

Unités Officiers S/Officiers H. de Troupe Total
6e demi-brigade de chars 16 Mai 89 183 1221 1473
5 Juin 78 147 1047 1272
10e Cuirassiers 16 Mai 35 139 763 937
5 Juin 18 45 213 276
4e Bataillon de chasseurs portés 16 Mai 27 118 831 976
15 Juin 15 89 464 568
 

La 4e D.C.R. se trouvera constamment prise entre deux nécessités.
1°) se refaire pour récupérer une force offensive
2°) contenir la pression ennemie, rétablir la situation des corps d'Armée et des Armées dans le territoire desquelles elle se trouvait.
La deuxième l'emportera sans cesse. La Division luttera jusqu'à l'extrême limite de ses forces au profit du G.A.3 des Xe et VIIe Armées, de l'Armée de PARIS ; des Xe et XXVe C.A. Elle couvrira la retraite des Armées.

LES COMBATS DU NORD DE LA SEINE (8 - 10 JUIN)

Sur l'ordre du G.A. 3, la Division se porte dans la nuit du 7 au 8 Juin, au Nord de BEAUVAIS, pour agir contre les formations blindées qui, d'une part, foncent vers ROUEN, et d'autre part, menacent BEAUVAIS et la direction de PARIS.
Contenu devant BEAUVAIS, l'ennemi progresse rapidement vers la Basse-Seine à l'Ouest, vers l'Oise à l'Est. Pour ne pas être débordées les Armées doivent battre en retraite vers la Seine. La 4e D.C.R. couvre vers l'Ouest le mouvement du XXVe C.A.
Le 9 Juin, le 10e Cuirassiers pousse vers GOURNAY et GISORS des reconnaissances qui entrent en contact avec l'ennemi glissant vers le Sud-Ouest. Les Chars de la 8e demi-brigade et le 4e B.C.P. prennent part à de vifs combats de décrochage dans la région de ON en BRAY. Facilement contenu de face, l'ennemi tente de déborder nos éléments par les flancs.
Dans ces engagements, les allemands révèlent une tactique qu'il répéteront maintes fois dans la suite, ils prennent le contact avec des motocyclistes, A.F. ou troupes en camions, une fusée verte avertit de la présence des chars. Des armes anti-chars sont poussées, placées et camouflées avec une rapidité et une habileté remarquables.
Le 10 Juin tandis que le gros de la Division passe la Seine au pont de POISSY, un groupement mixte (8e Demi-brigade, 4e B.C.P., 1 batterie de 47) aux ordres du Lieutenant Colonel SIMONIN, couvre au Nord de la Seine, la gauche du XXVe C.A. installé défensivement sur la ligne US - VILLENEUVE, PUISEUX, VRIGNY, il protège la retraite de la 85e D.I. vers l'OISE et la mise en place du IIe R.T.T. sur le massif de l'HAUTIL.
A partir de 9 heures, le groupement est fortement accroché. L'ennemi prend contact avec des A.M., des motocyclettes et des cavaliers, il simule une attaque de front avec une préparation de mortiers, de 77 et de 105 et action immédiate des anti-chars sur nos chars légers, mais il déborde par les deux ailes vers US et VRIGNY, des fantassins et des cavaliers occupent l'arrière de nos positions, le repli de nos postes doit se faire sous les feux de face et de flanc. Le Groupement SIMONIN ne se repliera qu'à partir de 17 heures après entente avec le Général Commandant la 85e D.I.
Des éléments du 4e B.C.P. attendent la nuit pour traverser les lignes ennemies.
Les chasseurs et les Dragons portés, soutenus par l'Artillerie défendent les rives Sud du fleuve jusqu'à leur relève par le XXVe C.A. le 11 Juin au matin.

LES COMBATS DE LA LOIRE (12 - 19 Juin)
Le 12 Juin, la 4e D.C.R. est mise, par l'Armée de PARIS, à la disposition du Xe C.A. qui doit interdire la franchissement de la Seine de MANTES à BONNIERES et couvrir le flanc gauche de l'Armée menacé par les forces allemandes débouchant de VERNON. La 4e D.C.R. reçoit mission de contre attaquer entre VIRE et EURE.
Mais dans la nuit du 12 au 13, l'Armée de PARIS menacée d'encerclement aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest, décide d'abandonner le défense de la Capitale et de se replier vers le Sud. La 4e D.C.R. couvrira la gauche de l'Armée sur l'Axe : Lisières Ouest Forêt de Rambouillet - Lisière Ouest forêt d'ORLEANS.
Le général de la FONT articule la Division en 3 groupements mixtes :
- Groupement SUDRE
6e demi-brigade de chars
4e B.C.P.
1 batterie de 75
Éléments de 47 et de 25 D.C.A.
- Groupement SIMONIN
8e demi-brigade de chars
1 Bataillon du 7e R.D.P.
1 batterie de 75
Éléments de 47 et 25 D.C.A.
- Groupement LONGUEMAR
1 Bataillon du 7e R.D.P.
3e Cuirassiers
1 batterie de 47
Le 10e Cuirassiers, avec ses dernières A.M. et ses dernières motos, continuera sa mission journalière. Grâce à lui, le Commandement sera constamment renseigné sur l'ennemi et celui-ci sera durement éprouvé.
Quant aux éléments lourds et non combattants, ils sont groupée en une "base arrière" véritable usine de ravitaillement et de réparations. La "Base arrière" stationnera à 20 ou 30 km en arrière des unités combattantes et synchronisera avec elles ses déplacements.
Le 15 Juin, sur ordre de l'Armée de Paris, la 4e D.C.R. tient le nœud routier de CHARTRES et interdit la directions d'ORLEANS et CHATEAUDUN.
Elle aide le 4e Zouaves à se dégager au Nord-Ouest de CHARTRES. L'ennemi manifeste une grande activité aérienne, de plus en plus violente au cours de la journée. A 20 heures, une batterie de 25 est mitraillée au sol par des avions volent à 20 mètres, la batterie ne cesse de tirer et a deux blessés graves.
Le 16 Juin, un trou se produit dans le dispositif du Xe C.A. les Allemands en profitent et poussent leurs engins blindés et leurs colonnes motorisées jusque dans la région de PARAY, BOISVILLE , LOUVILLE, ANGERVILLE, l'escadron DELARUE est durement accroché à BERCHERES.
Le 17, la menace se précise, de plus, les allemands occupent ORLEANS et menacent de couper la retraite vers les ponts de la LOIRE. Le Xe C.A. décide de transporter ses troupes en camions et de passer le fleuve, la 4e D.C.R. doit assurer la couverture du mouvement. Le Groupement SIMONIN tient le pivot de BONNEVAL. Le Groupement de SUDRE défend la droite, dans la région d'ORGERES EN BEAUCE, il détruit plusieurs A.M. et pièces de 105. Le Groupement de LONGUEMAR pousse un escadron et une batterie de 47 au pont de BEAUGENCY, le reste se replie avec le 10e Cuirassiers et l'escadron DELARUE sur la CONIE.
Dans l'après midi la lenteur des embarquements de la 84e D.I. impose un temps d'arrêt à la retraite de la 4e D.C.R. Celle-ci fait front au Nord et à l'Est pour protéger la 84e D.I. malgré la menace d'une attaque allemande sur son flanc droit. Le groupement SUDRE doit repousser à VILLEMPUY, une colonne motorisée appuyée de violents tirs de 77 et 105.
Le 7e R.D.P. est dirigé sur BLOIS, le 4e B.C.P. sur MER pour renforcer la garde des ponts. Les demi-brigades se décrochent partir de 21 heures et passent la LOIRE sans incident au cours de la nuit.
Les 18 et I9 Juin, la 4e D.C.r. défend la coupure de la LOIRE.
Au sud d'ORLEANS, les détachements de la base, sous le commandement des Commandants PARIAT et GROTH, contiennent l'ennemi durent 48 heures.
A BEAUGENCY, l'ordre de faire sauter le pont est donné le 17 à 23 heures, après le passage des derniers éléments du 19e R.T.A. Mais la dispositif de mines de fonctionne pas. L'ennemi franchit le pont, bouscule les éléments du 7e R.D.P. et du 10e Cuirassiers qui se retranchent à 1 km au Sud du Pont.
Le Pont de MER saute parfaitement grâce aux mesures prises par le Colonel CHAUDESOLLES, Commandant l'A.D.
A BLOIS, une irruption d'A.M. et de motos ennemies est arrêtée par le feu des mitrailleuses. Le dispositif de mines fonctionne partiellement, un tir bien ajusté de 75 détermine de nouvelles explosions et la destruction du pont. Le Groupement SIMONIN reçoit la mission d'interdire la franchissement de la LOIRE dans la Région de Blois.
Le 19, une action de chars repousse des éléments infiltrés au Sud-ouest de la ville, et l'Artillerie détruit un équipage de pont déjà installé sur le fleuve.
Vers l'Est, en raison d'incursions allemandes en SOLOGNE, le groupement SUDRE, renforcé d'un bataillon du 7e R.D.P. barre la direction de BEAUGENCY et de NOEUNG en SOLOGNE, tandis que le 10e Cuirassiers multiplie les découvertes et les accrochages avec les éléments avancés de l'ennemi.
Le 19 Juin, les Allemands occupent au début de la matinée ROMORANTIN et SELLES sur CHER. Un Bataillon du 7e R.D.P. est rapidement poussé à SAINT-AIGNAN pour arrêter la progression ennemie dans la vallée du Cher. La 4e D.C.R. va se battre toute le journée pour aider au décrochage du Xe C.A. qui se replie au sud du CHER. Elle résiste en de multiples petits combats à la forte pression ennemie qui, de BEAUGENCY à SAINT-AIGNAN menace les lignes de retraite du C.A. Dans la soirée, la Division passe le CHER par les ponts de THESEE, BOURRE, MONTRICHARD.

DE LA LOIRE A LA CHARENTE (19 - 25 Juin)
Inlassablement, la Division poursuit le combat contre l'envahisseur avec des forces réduites, mais une volonté tenace. Elle est sans cesse engagée : reconnaissances et combats d'automitrailleuses du 10e Cuirassiers, contre-attaques de chars des 6e et 8e demi-brigades, résistance acharnée du 4e B.C.P. et du 7e R.D.P.
Toujours au profit des autres unités, la division se bat le jour, retraite durant la nuit, travaille sans répit. La même tâche se renouvelle sur la LOIRE, au CHER, du CHER à l'INDRE, de l'INDRE à la CREUSE et à la CHARENTE : couvrir la retraite de l'Armée de PARIS, et du Xe C.A., assurer la soudure de l'Armée de PARIS avec la VIIe Armée au Nord des rivières, rétablir les situations compromises, permettre le décrochage des Divisions, protéger le passage des ponts, au sud, retarder leur franchissement par l'ennemi, se décrocher au dernier moment pour éviter l'encerclement.
Le 20 Juin, la Division, mise à la disposition du XXVe C.A. couvre sur la droite le repli de l'Armée de PARIS jusqu'à la coupure de l'INDRE. Dans la nuit, elle franchit l'INDRE par les ponts de LOCHES, PERRUSSON, SAINT-GERMAIN et se regroupe dans la zone BETZ le CHATEAU, ST-FLOVIER, forêt de SAINT-JULITTE.
Le 21 Juin, le XXVe C.A. ne peut tenir sur l'INDRE, la 4e D.C.R. couvre son repli, tout en assurant la soudure du 1er Corps qui se maintient encore sur la rivière. La 6e Demi-brigade subit dans la région de ST-FLOVIER une attaque par A.M. et un bombardement de 105. Un char D 2 à sa tourelle coincée, mais 4 A.M. allemandes sont détruites. La 6e Demi-brigade doit attendre la nuit pour se décrocher.
Le 22 Juin, la 4e D.C.R. couvre la droite du XXVe C.A., bouche l'intervalle entre le XXVe et le 1er C.A. dans la zone de contact entre l'Armée de PARIS et la VIIe Armée. Il assure le repli sur la CREUSE. L'ennemi cherche en vain à acculer la Division aux marais de la BRENNE. Un détachement du 10e Cuirassiers cerné dans PREUILLY sur CLAISE, se dégage grâce à une action de chars de la 6e Demi-brigade.
A partir du 23, l'Armée de PARlS et la VIIe Armée se replient loin vers le Sud, jusqu'à la ligne CHARENTE - VIENNE supérieure. La 4e D.C.R. et la 2e D.L.M. à sa gauche sont laissées en plein no man's land pour couvrir le décrochage des deux armées.
Le 24 Juin au matin, la Division est disposée face au Nord et à l'Est dans la zone : USSON DU POITOU - CHATEAU-GARNIER - MAUPREVOIR. Par suite du décrochage au cours de la nuit, de la 2e D.L.M., la 4e D.C.R. se trouve absolument seule dans l'espace. Une colonne ennemie descend de CIVRAY et de RUFFEC sur ANGOULEME qui est occupée à la fin de la matinée.
Au nord et à l'Est, la 9e Panzerdivision se montre très pressante et cherche à s'infiltrer en de multiples endroits. A USSON du POITOU les allemands arrivent par le Nord, surprenant le poste du B.C.P., s'emparant des moyens de transport du bataillon, ils sont arrêtés par les postes plus au Sud. Les deux compagnies engagées en tête de pont à l'Est du village peuvent se replier et faire face au Nord. Une compagnie de chars R 35 de la 6e Demi-Brigade arrive à la rescousse et éprouve le feu des armes anti-chars (un char détruit) ; le 4e B.C.P. se retire, partie à pied, partie sur les camions et chenillettes de la 6e Demi-brigade.
Dans l'après midi, la Division se replie en un premier bond dans la région de CHAMPAGNE - MOUTHON à CONFONANS - en un deuxième bond dans la zone de CHABANAIS à MONTABOEUF - PRESSIGNAN, à l'ouest de ROCHECHOUART. Elle est en butte à des attaques sur son flanc gauche à CHARROUX - CHAMPAGNE MOUTHON, SAINT CLAUDE et CHASSENEUL où le 10e Cuirassiers, avec ses dernières A.M. tient tête à de nombreux éléments ennemis. Mais la Division a permis l'embarquement des troupes de l'Armée de PARIS et de la VIIe Armée qui vont s'installer derrière la VEZERE.
Dans la nuit du 24 au 25, quand intervient l'Armistice, la 4e D.C.R. fait front vers le Nord en direction de CONFOLENS, vers l'Ouest, en direction d'ANGOULEME. Elle se bat encore 20 minutes avant la fin.
Du 5 au 25 Juin la 4e D.C.R. a parcouru 700 kilomètres et livré d'innombrables combats. Elle fut, vingt jours et vingt nuits sans peur et sans reproches.

 

1940 - 3e RC

HISTORIQUE DU 3e RÉGIMENT DE CUIRASSIERS
                   1940

H. AZEMA

 

Le 10 mai 19401 les troupes allemandes lancent leur grande offensive sur la Belgique et la France. Le commandement Français rassemble en hâte tout le personnel et le matériel disponible et c'est dans ces conditions qu'est reconstitué le 16 mai, dans la région de Fontevrault-Saumur le troisième régiment de cuirassiers. Il est commandé par le lieutenant-colonel François. Composé d'un groupe d'escadrons de chars Somua, et d'un groupe d'escadron de chars H39 et doit entrer dans la composition de la quatrième division cuirassée aux ordres du colonel de Gaulle.

Composition du 3e régiment de cuirassiers (Type D.L.M.)

- commandement   - 2 S35 et 1 H39

- Escadron hors rang   - 2 S35 et 2 H39


- 2 escadrons de chars légers

- 1 H39 de commandement, 3 tracteurs de ravitaillement Lorraine 37 L

- 4 pelotons de 5 H39

- 2 escadrons de chars moyens

- 1 S35 de commandement. 3 tracteurs de ravitaillement Lorraine 37L

- 4 pelotons de 5 S35

 

Le 17 mai après avoir mis le régiment sur pied, l’état-major du régiment et le groupe d'escadrons Somua font mouvement en direction de Soissons où ils arrivent en fin de soirée. Le 3e cuirassiers sera au complet le lendemain 18 mai avec l’arrivée des derniers éléments.
Il est intégré à la 4e division cuirassée du colonel de Gaulle et est en compte à la 8e demi-brigade du lieutenant-colonel Simoni composée des :

- 2 /24e bataillon de chars de combat

- 44e bataillon de combat

- 3e Régiment de Cuirassiers. Lt colonel François

- 10e Régiment de Cuirassiers. Lt colonel Jacqueminot de Ham

 

Le 19 mai le groupe blindé du chef d'escadrons Huguet mène, à 4 heures, une action offensive en direction de Crécy-sur-Serre par Besny et Loisy et Pouilly entre Laon et La Fère. Ce n'est qu'à 21h45 que l'affaire est stoppée pour effectuer un mouvement sur Soissons le lendemain.

Du 20 mai au 23, le régiment, basé à Broullet, s'oppose dans cette région à la poussée allemande. Mais il y subit des pertes et la 7e Armée met à la disposition de la 4e DCR un escadron d'entretien et de réparations pour compléter le 3e cuirassiers.

Le 25 mai le 2e groupe d'escadrons est détaché à la 5e division légère de cavalerie qu'il rejoint à Saint-Romain dans la nuit. Le 26 le 1er groupe Somua du régiment mis également sous les ordres du lieutenant-colonel Simonin, prêté également à la 5e D.L.C, se porte sur Picquigny pour y réduire la tête de pont que les allemands ont constitués dans ce bourg.
Tous ces éléments rejoindront leur formation initiale le 28 mai 1940.

Le 28 mai, le 3e cuirassiers débarque dans la région sud d'Abbeville, il est immédiatement engagé mais n'ayant pu se ravitailler en carburant il attaque avec une heure de retard pour les 13 H39 et deux heures pour 10 Somua. Après la perte de plusieurs Somua, Mareuil-Caubert est conquis. Des éléments du 22ème RIC occupent alors le village et ramènent vers l'arrière de nombreux prisonniers.
Les cavaliers poussent jusqu'aux lisières nord du bois de Fréchencourt, puis se replient à la nuit jusqu’à Bailleul qui est en dehors de la poche allemande, alors que des éléments du 22e RIC occupent le bois à la place du 3e cuirassiers et s'y installent.

Le 29 mai , le 3e cuirassiers participe au nettoyage du bois de Fréchencourt. Mais les combats de ces derniers jours ont causé de lourdes pertes en blindés. 10 Somua sont égarés et 13 H39 sont endommagés ou en panne.

Le 30 mai 1940 les allemands, notablement renforcés, vont contre-attaquer jusqu'à Mesnil et le bois de Villers. Nouvel effort pour réduire définitivement les éléments ennemis qui tiennent encore au sud de la Somme. Le 10e cuirassiers renforcé du 2ème bataillon du 7e R.D.P. et des 2 groupes d'escadrons du 3e cuirassiers attaque de Moyenneville sur Cambrons.

Le lendemain, la 4e D.C.R sera définitivement retirée du champ de bataille, ne disposant plus que de 34 chars. Le régiment, pour sa part, ne dispose plus que de 2 chars Somua et 11 chars H39.

Placé en réserve derrière la ligne des combats, le 3e cuirassiers stationne le 31 mai 1940 à Grémault-Menil ; jusqu'au 5 juin le 3e régiment de cuirassiers reste dans la région d'Abbeville-Amiens.

Malheureusement la jonction n'ayant pu être opérée avec les unités françaises anglaises et belges du réduit de Dunkerque, les allemands reprennent le 5 juin leur poussée vers le sud avec une supériorité en hommes et matériels. Alors commence le repli.

Du 5 au 6 juin, la 4e division cuirassée se déplace dans la nuit et va s'installer au château de Troussure, le 3e régiment de cuirassiers reste en place avant d'aller s'installer autour de Berthecourt où il a pour mission d’assurer. Dans cette région, la couverture de la 5e Armée jusqu'au 7 juin.

Le 6 juin le général de Gaulle nommé sous-secrétaire d'état au Ministère de la Guerre, laisse la responsabilité de la division au colonel Chaudessolle. Le 7 juin le général de la Font prend le commandement de la 4e DCR. Le régiment qui s'est déplacé à Naílles et dans le bois de Mouchu assure en plus de la 5e Armée, la couverture du 25e Corps d'Armée.

Le 8 juin 1940, le 7e régiment de dragons portés, les restes du 3e régiment de cuirassiers entrent dans la composition d'un nouveau groupement aux ordres du colonel Sudre qui prend le nom de "6e 1/2 brigade de chars".

Le régiment jusqu'au 12 juin, couvre l'Armée de Paris dans son repli en direction de Blois et Poitiers.

Pour le 3e cuirassiers cette retraite est jalonnée par des combats retardateurs, Chartres le 13/14 juin où aux lisières sud de la ville le 1er escadron constitue un barrage antichars efficace, tandis que l'escadron de marche participe à la défense nord-ouest de la ville. Le 16 juin avec le s/groupement Sudre il s'établit dans la région de Sanchecille avant de se placer en bouchon le 17 juin au pont de Vallières. Le 18 juin dans la région Blois il barre les directions venant de Beaugency et de Nueug.
Ce sera ensuite la retraite de la Loire à la Charente du 19 au 25 juin par Cheverny Courdemain, il passe le Cher à Montrichard, l'Indre le 20 juin par le pont de Perrusson, le 20 juin il s’installe dans la région de Saint-Flovier. Le 22 ses restes sont engagés pour dégager avec succès des éléments du 10e cuirassiers en difficulté à Preuilly.

Le 25 juin 1940 les hostilités sont suspendues. L'ordre de cessez le feu est donné à toutes les unités.

Le 26 juin 1940, tous les éléments du 3e régiment de cuirassiers sont regroupés autour du PC dans la région de Brantôme.

Le 11 juillet 1940 le 3e régiment de cuirassiers est dissous ses éléments répartis entre le 2e cuirassiers et le 7e dragons porté.
Son étendard est versé au dépôt du 1er régiment de chasseurs à Vienne, où il restera jusqu’à la dissolution de l’armée d'armistice.

1940 - 3e DCR historique

Image LA 3e DIVISION CUIRASSÉE

 

La 3e division cuirassée est créée à partir du 20 mars 1940 avec des éléments créés à l'intérieur (Q.G. et services à Chatou), des corps venant des armées (41e B.C.C., 16e B.C.P., 319e R.A.T.T.T.), des corps venant de l'intérieur (42e B.C.C. Vannes, 45e B.C.C Satory, 49e B.C.C., Mehun-sur-Yêvre). Elle se rassemble dans la région de Mourmelon. Lorsqu'elle sera alertée le 11 mai, c'est une unité non soudée, un état-major non rodé, un bataillon de chars amputé d'une compagnie, sans éléments de génie, sans forces aériennes, avec un déficit total en tracteurs de ravitaillement et de dépannage, un déficit de 50 % pour les véhicules de combat de l'infanterie, qui sera envoyée à la bataille.Elle se compose d'une demi-brigade de chars B1 bis, une demi-brigade de chars H 39 (un bataillon, le 45e, est formé par la Gendarmerie, c'est celui de Satory), un bataillon de chasseurs portés, un régiment d'artillerie portée à 2 groupes de 105 court, une compagnie de transmissions et les services.

Le 13 mai, la division entame son mouvement sur Vouziers. Il s'agit d'une mise en place à titre de précaution ordonnée verbalement par l'Inspection des Chars. II faut se porter aussi vite que possible à l'ouest du Chesne-Populeux, sensiblement à cheval sur la route Sedan - Le-Chesne-Attigny, et dans la zone Le Chesne - Marquigny - Tourteron - Sézanne -Neuville - Quatre-Champs. Le mouvement est sensiblement ralenti par l'état des routes, la population qui fuit, l'absence d'organes de circulation routière. Le Chesne est en flammes. Le P.C. s'installe le 13 au soir à la ferme Mélimé (1 kilomètre au sud de Montgon, 4 kilomètres au sud-ouest du Chesne. La 3e division cuirassée se trouvera engagée inopinément dans la bataille et sera étroitement associée à la 3e division d'infanterie motorisée (général Bertin-Boussus). Cette division. qui était stationnée entre Vitry-le-François et Saint-Dizier, en réserve générale de Q.G. a reçu l'ordre, le 12 mai, de se porter dans la région Attigny - Voncq pour être mise à la disposition de la IIe armée. Elle va se trouve sur le flanc gauche de l'avance ennemie.
 
Le 14 mai, la division cuirassée doit se porter sans délai au nord des bois de la Cassine et du Mont-Dieu pour contre-attaquer, avec les éléments de la division d'infanterie, en direction de Bulson en vue de pousser vers Donchery, Wadelincourt, et de rejeter l'ennemi au-delà de la Meuse. Ce jour-là, l'Infanterie monte en ligne au milieu d'un flot de fuyards, sous les bombardements aériens et parvient à Stonne. La brèche de Sedan, ne fait que s'ouvrir de plus en plus.
 
C'est le général Flavigny, commandant le 21e corps d'armée, qui coordonne les mouvements de la 3e division d'infanterie motorisée, de la 3e division cuirassée et de la 5e division légère de cavalerie, cette dernière déjà ébranlée.
 
Le P.C. de la 3e D.C.R. est aux Petites Armoises, à côté du P.C. de la 3e division motorisée. Les éléments blindés sont en position de départ au sud du bois du Mont-Dieu, entre les Grandes-Armoises et Stonne, Aucun d'ordre d'attaque ne leur parvient. Le général Flavigny a renoncé à contre-attaquer avec la 3e D.C.R. et décidé d'appliquer tous ses moyens à la consolidation de son front qu'il redoute de voir craquer. Il prescrit au commandant de la division, le général Brocard, de répartir ses éléments sur tout le front du corps d'armée. Décision malheureuse s'il en fut. Les chars avaient atteint leurs emplacements de départ au milieu de difficultés inouïes. Il leur faut faire demi-tour et se porter en soutien d'infanterie pour interdire aux blindés ennemis les itinéraires de pénétration. En somme constituer des bouchons mixtes, chars B et chars H.

On venait de casser la troisième de nos divisions cuirassées.
 
Pourquoi cet ordre du général Flavigny ? Il a été diversement interprété. On a dit qu'il avait une mauvaise impression lorsqu'il avait eu les comptes rendus du général Brocard lui exposant l'état de sa division, de ses déficiences techniques. Qu'il savait que le souci majeur du haut commandement était d'éviter la prise à revers de la position fortifiée, que si les positions de Stonne et du Mont-Dieu étaient forcées, rien ne pourrait plus interdire l'invasion de la Champagne. On en était là le 14 mai... Il savait qu'il y avait, devant lui, trois divisions blindées allemandes, que les troupes chargées d'assurer la défense de la Meuse n'avaient pas tenu, que la panique régnait sur les arrières. Cette contre-attaque, a-t-on dit également, n'aurait pas ralenti la course à la mer de l'ennemi, même si elle avait été couronnée de succès, car cette course était surtout le fait d'autres unités blindées et motorisées qui avaient franchi la Meuse plus au nord, dans la zone de la 1ère armée. La tête de la 6e Panzer atteignait Montcornet le 15, alors que les 1ère, 2e et 10e, engagées contre la IIe armée, étaient encore loin...
 
Quoi qu'il en soit, le fait est là : les chars de la 3e D.C.R. servirent à constituer des "bouchons", dans la plus belle tradition de 1918. Il en résulta une quantité de petits engagements. Un bataillon entier était demeuré en réserve. Le 22, après une remise en état, l'ennemi avait glissé devant le groupement, il restait aux trois autres bataillons 45 chars H 39 et 15 chars B.

A partir du 24 mai, repli sur la ligne du Chesne, Oches, Sommauthe, avec abandon des chars en panne. Le 30, mouvement vers la zone de Grandpré. La division y demeura jusqu'au 7 juin, pansant ses plaies, puis ira participer à la bataille de l'Aisne. Le 9, elle sera en place au sud de la Retourne de Juniville. La 10, on fera les comptes : restent la moitié du bataillon de chasseurs à pied, 30 chars B, 50 chars H 39, 40 chars H 35. Des actions de détail se déroulent les 10 et 11. La soir du 11, repli au sud-ouest de Suippes, combats le 12, repli vers l'Est le 13, puis vers le sud, franchissement de la Marne et des canaux à Vitry-le-François et plus à l'Est. Le 14, après une résistance sur place sur la Marne de Frignicourt à Perthes, repli au sud de l'Aube, Le 15, passage de la Seine à Bar-sur-Seine. Le 16, les unités sont dispersées. Des détachements isolés chercheront à gagner le Sud ou le Sud-Est. Quelques chars seront encore capturés à Montbard et Sainte-Seine-l'Abbaye, peu s'échapperont.

Notons que les débris du 49e B.C.C. sont passés par Bellac et Chabanais, puis qu'ils ont atteint Casteljaloux. Ceux du 42e, par Dijon, Chalons, Feurs, et Aurillac se sont retrouvés à Capdenac. Ceux du 45e, après être passés par Autun, Moulins, Clermont-Ferrand, se sont rééquipés avec le matériel d'une compagnie polonaise de chars à Saint-Chamond et ont combattu à La Fouillouse (Loire) les 22 et 23 juin, puis ils se sont repliés au sud de Saint-Étienne. Du 41e B.C.C. aucun élément cohérent n'est revenu. Du 16e bataillon de chasseurs, quelques isolés seulement. De l'artillerie, à peu près personne. Le 10e B.C.C. qui avait été rattaché à la division le 8 juin, revenu à son dépôt de Valence, a pu constituer une compagnie de marche de chars B dans la région de Bollène le 20 juin.
  1. 1940 - 3e BCC 3e compagnie
  2. 1940 - 2e RD JMO
  3. 1940 - 3e BCC
  4. 1940 - 2e RC JMO

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