JOURNAL DE MARCHE DU 7e RCA
En exécution des prescriptions des Notes N°-480/EMG du 14/3/43 et 575/EMG 1/10 du 26/3/43, du Général d'Armée, Major Général des Forces Terrestres et Aériennes, est créé à la date 1er Avril 1943.
7ème RÉGIMENT DE CHASSEURS D’AFRIQUE
Cette Unité, commandée par le Lieutenant Colonel VAN HECKE, est cantonnée initialement à la ferme ROUDIL (4 Escadrons) et BEN CHICAO Village (1 Escadron).
Elle comprend:
— 1 Etat-Major
— 1 E.H.R
— 1 Escadron de reconnaissance
— 3 Escadrons anti-chars.
Le procès-verbal de création du Régiment a été signé le 19 Avril 1943 en présence de Monsieur le Lieutenant-Colonel LACOSTE du 1er Régiment de Spahis Algériens, délégué de Monsieur le Colonel Commandant la Subdivision de MEDEA, de Monsieur MATTE Intendant Militaire de l'Intendance de MEDEA et de Monsieur le Chef d Escadron POUZADOUX, Commandant en second le Régiment, remplaçant le Lieutenant Colonel VAN HECKE en mission.
Ci-dessous, la liste des Officiers et Sous-Officiers affectés ce jour au Régiment :
E.H.R
VAN HECKE Alphonse | Lieutenant-Colonel |
POUZADOUX Claude | Commandant en Second |
DE FREDAIGUE Jean | Capitaine |
CORDOUAN | Capitaine |
VIOLLET | Lieutenant |
NICOLAS | Lieutenant |
BOIG Antoine | Lieutenant |
LARRIEUX | Lieutenant |
DECOULANGE | Lieutenant-Médecin |
GROTTARD Louis | Lieutenant-Dentiste |
LAFFLY Fernand | Sous-Lieutenant |
KALINOVSKY Igor | Sous-Lieutenant |
CIVET Jacques | Sous-Lieutenant |
PREVOST Jean | Aumônier |
1er ESCADRON | 2ème ESCADRON | ||
DE CHAMPEAUX Louis | Lieutenant | PLANES Pierre | Capitaine |
ASSELOT André | Lieutenant | MAGNE Jean | Sous-Lieutenant |
BROUSSE Aimé | Lieutenant | CHARLES Eugène | Sous-Lieutenant |
DUPONT Pierre | Lieutenant |
3ème ESCADRON | 4ème ESCADRON | ||
CAMUS Paul | Capitaine | GUTH Louis | Capitaine |
VIRIOT Robert | Lieutenant | RENE Michel | Lieutenant |
BALDINI Henri | Lieutenant | CHAMARD Roger | Sous-Lieutenant |
FRACHON François | Sous-Lieutenant |
DE ROCHAMBEAU Philippe | Sous-Lieutenant |
CADRES SOUS-OFFICIERS
DUBOS Jean | Adjudant-Chef | ABRASSARD Georges | Adjudant |
SALAUD Raymond | " | BARET Paul | " |
CLERMONT Marcel | " | BERNABEU Roger | " |
CABANNES Raymond | " | DAUREL NOEL Guy Jean | " |
FRACHON Charles | " | RUEFF Roger | " |
GAUTIER Albert | " | BIGARRE Louis | " |
DELAMARRE Robert | " | BOUSQUET Jean | " |
GINISTY Pierre | " | BRUN Octave | " |
MORE CHEVALIER Jacques | " | GIRAUDET Florian | " |
THOREAU Jean | " | ||
VAISSIERE Armand | " |
ABADIE André |
Maréchal-des-Logis-Chef | AVAGRUEZ Louis | Maréchal des Logis |
AMIEL Georges | " | BRET Robert | " |
BIEHLER André |
" | MERONO Joseph | " |
COLL Barthélemy | " | SCHAPPACHER Robert | " |
GUILLET Alain | " | LLINARES Edouard | " |
MAIGROT Fernand | " | GUILLOMET Jean | " |
MARTINEZ Émile | " | CAPELLA Michel | " |
BACHEVALTIER Auguste |
" | LOPEZ Emile | " |
BOLIVAR René | " | FABRE Albert | " |
FROMONT Paul |
" | MORAND Etienne | " |
LOUBET André | " | BEY Albert | " |
MORLEVAT Georges | " | VIALATTE Gabriel | " |
MYRE Gilbert | " | FAIVRE Marcel | " |
RAMBERT Roger | " | MAIRE Jacques | " |
SENDRA Marcel | " | GRUNY Charles | " |
VANACKER Marcel | " | MORIEUX Jacques | " |
CHARDARD Pierre | " | DEFFOBIS Léon | " |
ANDRAL Claude | " | DENIS Guy | " |
COLL Gaston | " | BENAC Antoine | " |
PONCHON Charles | " | TUR Albert | " |
DORSON Maurice |
" | CASTELLANO Victor | " |
GAGNOULET Jean | " | HAEFFLINGER Charles | " |
LEROUX André |
" | FERON Charles | " |
LEFORT Pierre | " | BERENGUER René | " |
PARENT Raymond | " | RHEIN Edouard | " |
RANCINANGLE Marc | " | SAUZEDE Marcel | " |
SULZER Robert | " | BARACHER André | " |
VARANGOIN DE VILLEPIN | " | BARBOLOSI Gabriel | " |
ORTET François | " | GRORUD William | " |
GUILHEM Marcel | " | ||
LECORVEC Jeanny | " | ||
MUSQUERE Marcel | " | ||
LOUNAS Said | " | ||
GIBERT Claude | " | ||
HAREL André | " | ||
DIDERON Gabriel | " | ||
CAZENAVE Robert | " | ||
AUMERAN |
" | ||
PETIT Pierre | " | ||
LECOMTE Marcel | " | ||
MARBACHER Marius | " | ||
BLONDEL Louis | " | ||
DENIS Pierre | " | ||
CERDAN Joseph | " | ||
MOLLARD François | " | ||
MUNOZ Antoine | " | ||
MAGNIEN André | " | ||
POUCET Jacques | " | ||
JACQUET Albert | " | ||
MISSOUR Allahoum | " | ||
BOUTBILA Mamoud | " | ||
ALLAHOUN Mohamed | " | ||
TRICHI Mohamed | " | ||
TALBI |
" |
21 Avril 1943 : 17h.45 Un premier détachement comprenant des voitures Jeep américaines (15) et une sanitaire, commandé par le Sous-Lieutenant KALINOVSKY et le Sous-lieutenant CIVET est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
25 Avril 1943 : 17h.30 Un deuxième détachement comprenant des voitures Jeep américaines (14), sept remorques et un camion 2T.5, commandé par le Lieutenant ASSELOT et le Sous-Lieutenant DE ROCHAMBEAU est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
28 Avril 1943 : 10h.45 Un troisième détachement comprenant des voitures Jeep américaines (14 plus 6) et deux camions 2T.5 commandé par le Capitaine PLANES et le lieutenant NICOLAS est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
29 Avril 1943 : Un quatrième détachement comprenant neuf DESTROYERS commandé par le Commandant en second POUZADOUX. le Capitaine CORDOUAN, le Lieutenant BALDINI, est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
2 Mai 1943 : Un cinquième détachement comprenant dix Destroyers commandé par le Lieutenant BALDINI est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
5 Mai 1943 : 14h.30 Un sixième détachement comprenant treize Destroyers commandé par le Lieutenant DE CHAMPEAUX est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
4 Mai 1943 : 18h. Un septième détachement comprenant quatre voitures amphibies, cinq dodges 750 Kgs et cinq camions 2T.5 commandé par le sous-Lieutenant KALINOVSKY est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
6 Mai 1943 : 19h.30 Un huitième détachement comprenant vingt sept Scout-cars, commandé par le Sous-Lieutenant DE ROCHAMBEAU est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
7 Mai 1943 : 11h. Un neuvième détachement comprenant six ambulances commandé par le Maréchal des Logis Chef SENDRA est arrivé à la ferme ROUDIL.
Affectation en est faite à l'E.H.R. - Peloton Sanitaire sous les ordres du Médecin Chef DECOULANGE.
10 Mai 1943 : 17h. Un dixième détachement comprenant dix Jeeps avec remorques, neuf Camions 2T.5 dont 5 avec remorques, commandé par le Sous-Lieutenant KALINOVSKY est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
12 Mai 1943 : Arrivée de trois remorques 1 tonne. Affectation en est faite à l'E.H.R.
14 Mai 1943 : Un onzième détachement comprenant 20 Motocyclettes, 2 voitures Dodge de Commandement, 5 dodges 750, 11 remorques 1T., 5 remorques 250 Kgs, 1 camion 2.T.5, 13 Jeeps. 3 scout cars. 3 voitures amphibies, commandé par le Lieutenant DE ROCHAMBEAU est arrivé à la ferme ROUDIL.
Répartition en est faite immédiatement dans les Unités.
18 Mai 1943 : Le Colonel DALMAY DE LA GARENNIE, Commandant la Subdivision de MEDEA, inspecte le Régiment.
28 Mai 1943 : Les Généraux HUGHES, MAC LURE, le Colonel EDDY de l'Armée Américaine sont reçus par le Lieutenant-Colonel. Ils passent une revue du Régiment qui défile ensuite devant eux, et assistent à des manœuvres.
31 Mai 1943 : Le Général TOUZET DU VIGIER Commandant la 1ère Division blindée inspecte le Régiment et assiste à plusieurs manœuvres.
2 Juin 1943 : Un détachement de Sûreté comprenant : l’Escadron de reconnaissance renforcé par des pelotons légers des escadrons lourds. 1 Escadron lourd renforcé par un peloton lourd du 3ème Escadron. L'E.M. du Régiment à effectif réduit, fait mouvement sur EL RIATH aux heures ci-après :
- 5h.45 Escadron de reconnaissance (Lt. DE CHAMPEAUX)
- 10h. Escadron Lourd (4ème Esc. Capitaine GUTH)
- 15h. E.M.R (Capitaine DE FREDAIGUE).
Ce mouvement a lieu sur ordre du Général Commandant en Chef Français civil et militaire.
Le détachement de sûreté est commandé par le Lieutenant Colonel VAN HECKE, Commandant le Régiment.
Le Commandement des éléments restants à BEN CHICAO est assuré par le Chef d Escadrons POUZADOUX, Commandant en Second.
9 Juin 1943 : Le détachement de sûreté, moins l'escadron de reconnaissance, réduit à son effectif normal, fait mouvement à 18h. sur BEN CHICAO.
23 Juin 1943 : Le Régiment présenté par le Colonel, est passé en revue sur l'aérodrome de BOUFARIK par SA MAJESTE LE ROI D'ANGLETERRE, accompagné par le Général GIRAUD.
Après la revue, le Régiment fait mouvement sur BEN CHICAO.
25 Juin 1943 : Le Général DARIO Commandant le Corps Blindé N° 1, inspecte le Régiment.
Il était accompagné par le Général DU VIGIER, Commandant la 1ère Division Blindée.
11 Juillet 1943 : Le Régiment perçoit à ORAN. 8 dodges cargo : le détachement est ramené par le Sous-Lieutenant KALINOVSKY.
12 Juillet 1943: Un détachement du Régiment composé de l'E.M.R., de l'escadron de reconnaissance et des 2ème et 4ème Escadrons lourds, fait mouvement sur ALGER, pour participer au défilé du 14 juillet.
Etape au domaine d EL-ZIZA (Beni-Mered).
13 Juillet 1943 : Etape BENI-MERED — EL RIATH.
14 Juillet 1943 : Défilé à ALGER devant le Général De GAULLE.
Défilé à MEDEA du 3ème Escadron Lourd et E.H.R.
15 Juillet 1943 : 10 Chars du 3ème Escadron embarquent à BOUFARIK en direction de SAINT DENIS DU SIG.
16 Juillet 1943 : L’Escadron de reconnaissance fait mouvement à 5h. sur BEN CHICAO.
L'E.M.R fait mouvement à 18h.50 sur BEN CHICAO.
Les 2ème et 4ème Escadrons Lourds restent à EL RIATH en attendant leur embarquement.
19 Juillet 1943 : 12 Chars du 2ème Escadron sont embarqués à BOUFARIK en direction de SAINT DENIS DU SIG.
22 Juillet 1943 : L'E.M.R., le 1er Escadron. l'E.HI.R., et les éléments à roues du 3ème Escadron font mouvement à SAINT DENIS DU SIG. Départ de BEN CHICAO à 4 Heures.
Les éléments à roues des 2ème et 4ème Escadrons cantonnés à EL RIATH, font mouvement sur SAINT DENIS DU SIG.
Départ d'EL RIATH à 4 Heures.
Etape pour tout le Régiment à ROUINA.
Réception par le Groupement 107.
12 Chars du 4ème Escadron sont mis en route par voie ferrée sur SAINT DENIS DU SIG. Embarquement en gare de BOUFAR1K à 9h.30.
23 Juillet 1943 : Etape ROUINA — SAINT DENIS DU SIG.
Départ de ROUINA à 5 Heures.
Arrivé à SAINT DENIS DU SIG à 10h.30.
Le P.C. du Colonel est installé à l’École Communale de garçons, Rue Carnot
26 Juillet 1943 : Départ du Régiment en entier sur MERCIER-LACOMBE.
Départ : 6 Heures — Arrivée : 9 Heures.
27 .Juillet 1943 : La cérémonie des Couleurs a eu lieu devant Monsieur le Général LE COULTEUX DE CAUMONT Commandant la Brigade de Soutien, de Monsieur le Maire de MERCIER-LACOMBE, de Mr. le Curé, de M.M. Les Colonels Cdts les 3ème et 9ème Chasseurs d'Afrique.
Le Lieutenant-Colonel VAN HECKE prononce une allocution et dépose une gerbe au Monument aux Morts.
A l'issue de la Cérémonie aux Couleurs, le Régiment défile à pied devant le Général.
La Musique du Régiment donne un concert à la population de MERCIER-LACOMBE.
31 Juillet 1943 : Tir devant Monsieur le Général LE COULTEUX DE BAUMONT Commandant la Brigade de Soutien.
2 Août 1943 : Inspection du Régiment par le Généra! DARIO, Commandant le 1er Corps Blindé, accompagné du Général DU VIGIER Commandant la 1ère Division Blindée et du Général LE COULTEUX DE BAUMONT Commandant la Brigade de soutien.
12 Août 1943 :
Réception du Général JUIN Commandant le C.E.F.
Honneurs rendus par le 3ème Escadron.
Le Général est reçu par les Généraux DU VIGIER et LE COULTEUX DE GAUMONT.
13 Août 1943 :
Réception du Général GIRAUD Commandant en Chef les Forces Françaises.
Honneurs rendus par deux pelotons de T.D.
Un peloton de l'Escadron do Reconnaissance escorte le Général en Chef jusqu'à SIDI-BEL-ABBES.
15 Août 1943 : Le Lieutenant DUPONT de l'Escadron de Reconnaissance se tue en service commandé, sur la route de BOU-HANIFIA.
17 Août 1943 : Obsèques du Lieutenant DUPONT à SIDI-BEL-ABBES : tous les Officiers du Régiment y assistent.
22 Août 1943 : Visite du Général DE GAULLE accompagné du Général JUIN Commandant le C.E.F.
1er Septembre 1943 : Le Cavalier GARCIA Lucien se tue en service commandé par accident d'auto.
3 Septembre 1943 : Obsèques du Cavalier CARCIA Lucien à l'Hôpital de BEL-ABBES.
7 Septembre 1943 : Le Régiment fait mouvement de MERCIER LACOMBE, sur AIN-FEKAN.
Départ 16 Heures - Arrivée 17 Heures.
21 Septembre 1943 : Le régiment fait mouvement sur MAOUSSA.
Départ 17 Heures - Arrivée 18h.30.
8 Octobre 1943 : Le Général GIRAUD, Commandant en Chef. inspecte la 1ère Division Blindée.
Le Régiment au complet rend les honneurs au carrefour des routes MASCARA, SAIDA, THIERSVILLE, AIN FEKAN.
La Musique prête son concours à la réception du Général à MASCARA.
18 et 19 Octobre : Manœuvres de cadres de la 3ème D.I.A.
27 Octobre 1943 : Le Régiment qui entre dans la composition du Combat-Command I fait mouvement sur l'area 4. région de NOISY les BAINS, pour une période d'instruction de 14 Jours.
Colonne Légère : départ 7h.20 — Arrivée 14h.30
Colonne Lourde : départ 9h.15 — Arrivée 14h.30
13 Novembre 1943 : A compter de ce jour le Régiment est rattaché a la 3ème D.I.A. (Note N°1552 (CEF/3/S en date du 8/11/43 de Monsieur le Général Commandant le C.E.F.).
18 Novembre 1943 : Le Régiment fait mouvement de l'area 4 sur FLEURUS et Saint LOUIS (Dpt. d'ORAN).
Départ 13h.30 — Arrivée 16 Heures.
Le P.C. s'installe à SAINT-LOUIS où sont cantonnés l'E.M.R., l'E.H.R. et le 4ème Escadron.
Les 1er, 2ème et 3ème Escadrons sont cantonnés à FLEURUS.
13 Décembre 1943 :
A 12 Heures le 7ème R.C.A. reçoit ordre de faire mouvement sur l'area d'embarquement.
Le Régiment doit s'embarquer en 2 échelons :
1— Matériel lourd avec chauffeurs
2— Personnel.
Les préparatifs sont activement poussés, et le 14 au soir, après avoir effectué en un temps record et sous la pluie le remplacement des chenilles, les escadrons sont prêts au départ.
16 Décembre 1943 :
Le détachement de Matériel fait mouvement à 8h. du matin pour l'area 44.
Ce déplacement s'effectue sous les ordres du Capitaine PLANES, du 2ème Escadron.
Lui sont adjoints :
Lieutenant FOURIER Officier T.Q.M.
Pour l'E.H.R.: Lieutenants ASSELOT et BALDINI
S/Lts. KALINOVSKI et MAGNE
Lieutenant Dentiste GROTARD.
Pour le 1er Esc. : Lieutenant BROUSSE et S/Lt. VERCHERIN
Pour le 3ème Esc. : S/Lts. FRACHON et LABITTE
Pour le 4ème Esc. : S/Lt. DE ROCHAMBEAU
19 Décembre 1943 :
Arrivée au Régiment du Lieutenant ARPAJOU et du Sous-Lieutenant HACHIN.
Départ du Capitaine VILLEMIN (Off. de renseignements.) qui reçoit une affectation au C.O. Blindé du Maroc.
20 Décembre 1943 :
A 8 Heures du Matin, le régiment quitte les cantonnements de St. LOUIS, LEGRAND, FLEURUS pour s'installer à l’area 44.
Le transport du personnel est assuré par des camions mis à la disposition du 7ème R.C.A par la Direction des Etapes. Le PC reste installé provisoirement à SAINT-LOUIS.
SITUATION D'EFFECTIFS À LA DATE DU : 26-12-43
FRANCAIS | INDIGENES | |
LIEUTENANT COLONEL | 1 | |
CHEF D'ESCADRONS | 1 | |
CAPITAINES | 2 | |
LIEUTENANTS | 13 | |
SOUS LIEUTENANTS | 16 | |
ASPIRANTS | 4 | |
ADJUDANTS-CHEFS | 11 | |
ADJUDANTS | 17 | |
M.D.L. MAJORS | 5 | |
M.D.L. CHEFS | 25 | |
MARECHAUX DES LOGIS | 64 | 5 |
BRIGADIERS CHEFS | 65 | |
BRIGADIERS | 65 | 16 |
1ère CLASSE | 161 | 28 |
2ème CLASSE | 248 | 128 |
730 | 175 | |
Total : 895 |
ORDRE DE BATAILLE A LA DATE DU 27 DECEMBRE 1943
ETAT-MAJOR
Chef de Corps : Lieutenant-Colonel VAN HECKE
Commandant en Second: Chef d'Escadron POUZADOUX
Officier adj. Au Chef de Corps : Lieutenant CHAULEY
Officier adj. Au Cdt. En second : Lieutenant FOURIER-RUELLE
Chef du Service Auto : Lieutenant BALDINI
Officier de Renseignements : Lieutenant DURANEL
Chef du Peloton Trans. : Lieutenant BRUNEL
Officier .Z. : Lieutenant ARPAJOU
Adj. à l'Officier de Rgt.: S/Lieutenant HACHIN.
Aumonier Rd. Père Prévost
ESCADRON HORS RANG
Commandant l'Escadron : Lieutenant ASSELOT
Officier des Détails : Lieutenant BOIG
Officier d'Approvisionnement : Sous-Lieutenant LAFFLY
Chef du Peloton Echelon : Sous-Lieutenant KALINOVSKY
Médecin Chef de Service : Médecin Lt. LATAILLADE
Médecin Adjoint : Médecin S/Lt. MEPLAIN
Médecin Dentiste : Dentiste Lieutenant GROTARD.
ESCADRON DE RECONNAISSANCE (1er Escadron)
Commandant l'Escadron : Lt. De Champeaux de la Boulaye
Chef de Peloton de Pionniers : S/Lieutenant JOUANNIQUE
Chef de Peloton de Recon. : Lieutenant BROUSSE
Sous-Lt. VERCHERIN
Sous/Lt. CIVET.
ESCADRON LOURD (2ème Escadron)
Commandant l'Escadron : Cap. PLANES DE CASTAIGNE
Chef de Peloton Antichars : Lieutenant VIRIOT
Sous/Lit. RINVET
Sous/Lt. LEMAIGNAN.
ESCADRON LOURD (3ème Escadron)
Commandant l'Escadron : Lieutenant SOUDIEUX
Chef du Peloton Hors Rang : S/Lt. MAGNE
Chef de Peloton Antichars : S/Lt. FRACHON
S/Lt. EMIG
S/Lt. LABITTE.
ESCADRON LOURD (4ème Escadron)
Commandant l'Escadron : Capitaine GUTH
Chef du Peloton Hors Rang : S/Lt. SIGWALT
Chef de Peloton Antichars : Lieutenant RENE
S/Lt. CHAMARD
S/Lt. DE ROCHAMBEAU
SECTION AMBULANCIERE FEMININE
Chef de Section : Madame DUSSAUSSOY Hermine lieutenant
S/Chef de sect. : Mademoiselle RIOS Germaine Sous-Liéutenant
Mme PLANES DE CASTAIGNE Aspirant
Mademoiselle DE LA BARRE M.D.L.
Madame NOUSS
Madame PETIT
Madame CASTAING
Madame RAGUENET
Mademoiselle MIGLIERINA
Mademoiselle ITTAH
Madame LUFT.
21 Décembre 1943 : Le Matériel Lourd et les véhicules autos quittent l'area 44 pour Oran où ils seront embarqués.
Le 4ème Escadron, sous le Commandement du S/Lt. DE ROCHAMBEAU sur le “GEORGES H THOMAS".
Ce bâtiment lève l'ancre le 22 Décembre 1943 à 7 Heures du matin.
Le 24, à 17 heures, il jette l'ancre devant BIZERTE d'où il repart à 25 heures.
Arrivée en rade de NAPLES le 26 Décembre. Le débarquement est terminé le 28 décembre à 9 heures. Le matériel de l'E.M.R. - E.H.R. est embarqué le 21 Décembre sur le HILARY HERBERT.
3ème Esc.: Commandant du détachement
1er Esc. Lieutenant ASSELOT
Ce bâtiment quitte le port d'Oran le 23 Décembre 1943 à 15 Heures.
Effectif embarqué : 27 Officiers 450 Hommes.
Traversée normale. Convoi composé d'une cinquantaine de bâtiments qui passeront en vue de BONE - Cap BON - PANTELLARIA - ILE DE MALTE -Détroit de MESSINE - CAPRI.
Le bâtiment jette l'ancre en rade de NAPLES le 30/12/43 à 17 heures,
En raison de l’état de la mer, le matériel ne pourra être débarqué qu'à partir du 5 Janvier 1944, 9 heures.
À 23 Heures alerte avion. La D.C.A. entre en action. Aucune victime.
— Le personnel chauffeur et le matériel du 2ème Escadron sont embarqués sur le s/s "GEORGES MATHENS" le 22 décembre 1943, à 13h.30.
Le 23 Décembre à 7h.30 le bâtiment quitte le port pour aller s'ancrer en rade d'ORAN qu'il quittera le même jour à 12h.30.
RAS, au cours de la traversée qui s'effectua dans d'excellentes conditions en passant en vue de BIZERTE. (le 26/12/43) AUGUSTA (le 28/12/43 à 10 Heures.)
Arrivée à NAPLES le 30/12/43 à 13h30. Le matériel ne rejoindra l'unité à CAIVANO que le 4/1/44 à 10 Heures.
26 Décembre 1943 : Le Régiment reçoit l'ordre d'être prêt à être enlevé le 27 vers 5 heures du matin.
27 Décembre 1943 : A 8 heures, les hommes stationnés au STAGING AREA 44 sont transportés par camions jusqu'à MERS-EL-KEBIR.
Le P.C. Colonel et celui du Commandant en second qui jusqu'à ce jour avaient stationné à SAINT-LOUIS, sont enlevés à 8 heures et transportés par un camion à MERS-EL-KEBIR.
L'embarquement s'effectue sur le navire "NEA-HELLAS" et se termine à 12h.30.
28 Décembre 1943 : A 10h.50 le bateau lève l'ancre, un convoi d'une vingtaine de bateaux se forme et est escorté par 6 croiseurs.
Le convoi passe au large des côtes d'Alger le 29 Décembre vers 4 heures du matin, et suit les côtes de l'Afrique du Nord. Au passage à ALGER et BIZERTE, d'autres Unités se joignent au convoi.
Le Vendredi 31 Décembre, il arrive en rade de NAPLES. mais le mauvais temps empêche le débarquement.
L'ordre de débarquer est reçu le Dimanche 2 Janvier.
Les détachements précurseurs quittent le navire à 9h.30. Le restant du personnel débarque au milieu de l'après-midi et rejoint CAIVANO, cantonnement attribué au Régiment.
Le P.C. du Colonel s'installe 57 rue Umberto. Deux autres régiments sont cantonnés dans la localité :
3ème R.S.A.R. (Lt Colonel BONJOUR) — 8ème R.C.A. (Lt-Colonel SIMON).
Dès l’arrivée, le Lt.-Colonel VAN HECKE accompagné de l'officier de Renseignements se rend au Q.G. des Généraux JUIN et DE MONTSABERT, à ORTA où il déjeunera.
3 Janvier 1944 : Le débarquement du personnel chauffeur & du matériel continue.
Le Lt Colonel VAN HECKE rend visite au Lt Colonel BONJOUR, Cdt. le 3ème R.S.A.R. (Cdt. d Armes de Caivano.)
4 Janvier 1944 : Toutes les Unités stationnées à CAIVANO ont reçu leur matériel.
7 Janvier 1944 : Le Régiment reçoit l'ordre de se tenir prêt à rejoindre sa zone de combat.
10 Janvier 1944 : Le 7ème R.C.A. quitte la zone de rassemblement de CAIVANO pour rejoindre la zone de combat de VENAFRO.
Le mouvement s'effectue en 3 détachements :
a) Éléments précurseurs
Le Colonel
Le Lieutenant CHAULEY (Officier Adjoint)
Le Lieutenant FOURIER
Le Lieutenant DURANEL (Officier de Renseignements)
Le Médecin Lieutenant LATAILLADE
Mademoiselle la S/Lt. RIOS
Le Lieutenant BRUNEL (Officier des Transmissions)
Les Cdts. d'Escadrons.
Ce détachement quitte CAIVANO à 8 Heures du matin.
En attendant son entrée en action, le Régiment s'installe au pied du Mont ONOFRIO.
b) La colonne lourde sous le Commandement du Capitaine GUTH arrive à 23 Heures 30.
c) La colonne légère sous les ordres du Commandant en second arrive à 2h.30 du matin. le 11 Janvier 1944.
11 Janvier 1944 : Un Détachement d'intervention d'artillerie prend position à la tombée de la nuit sur les pentes NE. Du village de POZZILI. Le détachement placé sous le Commandant du Cdt. POUZADOUX, comprend : Le 4ème Escadron au complet (Capitaine GUTH)
Le peloton de pionniers sous les ordres du Sous-Lieutenant JOUANNIQUE.
Un atelier de Transmissions sous les Ordres du Lieutenant BRUNEL.
Un détachement sanitaire sous les Ordres du Médecin-Auxiliaire CABANNES.
Une ambulance masculine.
Mission : Intervention sur le Mt. MOLINO et sur le Village d'ACQUAFONDATA.
Le terrain est difficile. Il faudra travailler une partie de la nuit pour amener le matériel à pied d’œuvre, dresser des pistes, récheniller un char. A l'aube tout est prêt.
12 Janvier 1944 : Le tir est déclenché le 12 Janvier à 10 Heures.
L'attaque de la 3ème D.I.A. réussit parfaitement, l'ennemi a perdu des hauteurs importantes et un certain nombre de localités.
Le Commandant POUZADOUX est évacué sur l’hôpital complémentaire français d'ACERA, pour crise d'urémie.
Visite aérienne : nous assistons à une fuite folle des boches.
La D.C.A. entre en action. Nos chasseurs ont rapidement la direction des opérations. Aucun des appareils n'est touché au cours du combat,
Le Régiment quitte à 15 Heures la région du Mont ONOFRIO pour aller bivouaquer aux environs du village de POZZILI.
13 Janvier 1944 : Le Chasseur FOUGHALI Robert du 3ème Escadron est très grièvement blessé par mine. (il subira dans la journée l'amputation des deux jambes.)
Le Colonel se rend au P.C. avancé de la 3ème D.L.A.
19 Heures : Le régiment est alerté ; il doit se porter dans la nuit dans la région d'ACQUAFONDATA. Nous attendrons en vain. En raison de l'embouteillage de la seule route, le régiment ne pourra quitter son bivouac.
14 Janvier 1944 : Le Chasseur BALLESTER Georges du 4ème Escadron est sérieusement blessé par une mine au cours d'une opération de détection (il est dirigé à 15 heures sur le 3ème Bton. Médical-Cdt. DELABY) qui l'évacuera sur le centre sanitaire de la Comtesse du LUARD.
15 Janvier 1944 : Le Chasseur BALLESTER Georges du 4ème Escadron, blessé grièvement le 14/1/44 par explosion de mine, meurt des suites de ses blessures.
Le Colonel rend visite au Général de MONTSABERT à son P.C. avancé.
La journée a été particulièrement calme. Contrairement à notre attente, aucun ordre de mouvement ne nous est parvenu.
À 23h.30 : nous subissons un violent bombardement qui durera jusqu'à 6 heures 30 du matin. (Nous apprendrons plus tard qu'il s'agissait d'obus de 170 et 270 autrichien, tirés à 25 Kilomètres.)
Les Unités voisines stationnées à POZZILE ont quelques tués et blessés. Nous n'avons fort heureusement aucune perte à déplorer au cours de ce bombardement.
Le Régiment a reçu le baptême du feu.
16 Janvier 1944 : Le Colonel donne l'ordre aux escadrons d'effectuer des travaux de protection contre les bombardements.
A 10 Heures nous assistons à un combat aérien. Un appareil allié est touché. L'équipage peut faire usage de ses parachutes,
A 10h.30, messe au 4ème Escadron par le R.P. PRUVOST, à la mémoire du Chasseur BALLESTER.
Le Colonel cite à l'Ordre du Régiment les chasseurs FOUGHALI et BALLESTER. Une demande d'attribution de la Médaille Militaire est adressée au Commandement.
A 20h.30 : bombardement. Cette fois plus violent que le précédent ; il durera toute la nuit.
Le P.C. est particulièrement arrosé (des éclats fusent de partout).
Un obus tombe à 10 mètres mais ne fait aucune victime.
Bilan après cette nuit : quelques véhicules endommagés, ni tué ni blessé. Le village ou ce qu'il en reste, a néanmoins souffert.
17 Janvier 1944 : Nous recevons l'ordre du Lieutenant Colonel JAMILOUX Major de zone, commandant les arrières, d'évacuer immédiatement la zone de POZZILI, appelée certainement à rester sous le feu ennemi.
A 12 Heures, le Colonel décide d'aller à nouveau s'installer au Sud de VENAFRO : (au pied du Mt-ONOFRIO).
Le mouvement commence à 14 heures, pour se terminer à 16h.45.
Nous pensons bénéficier d'un repos de quelques jours, mais à 18 heures, un ordre du Général de MONTSABERT prescrit la convocation à son P.C.: pour le lendemain matin, du Chef de Corps et des Commandants d'Escadrons.
18 Janvier 1944 : A 6 heures, le Colonel, les lieutenants CHAULEY, DURANET, BRUNEL, les Commandants d'Escadrons se rendent à CASALE, P.C. de la 3ème D.I.A.
Le Régiment étant appelé à porter son appui à l'opération du 20, une reconnaissance devra être effectuée dans la nuit du 18 au 19 Janvier 1944, les passages de jour étant battus par l'artillerie et l'infanterie ennemies.
19 Janvier 1944 : Les Officiers devant participer à la reconnaissance quittent le bivouac avec le colonel à 2 heures du Matin.
Il faudra marcher sans lumière. Nous traversons VENAFRO - POZZILI - ACQUAFONDATA - VALLEROTONDA où nous sommes accueillis par des tirs de minens. Quelques centaines de mètres plus loin, nous arrivons au P.C. du Colonel ROUX Commandant le 4ème R.T.T. (Élément avancé de la Division).
Une patrouille du 4ème RTT. est donnée au Colonel VAN HECKE, pour le guider sur les lieux où il doit effectuer sa reconnaissance.
L'artillerie alliée est en action ; le boche se terre ; à nos pieds SAINT ELIA, plus à l'ouest, dans la brume, CASSINO qu'occupent les Boches. Le jour se lève : il faut rentrer.
Après une visite à l'observatoire, le Colonel décide de ne pas attendre la nuit pour regagner le bivouac : les quatre voitures composant le convoi partiront donc à 1/4 d'heure d'intervalle,
Quelques coups à droite - à gauche - Elles sont passées.
A ACQUAFONDATA (11 Heures) violent bombardement. Un dépôt de carburant prend feu. Il y a quelques victimes. Rien parmi nous.
Le retour s'effectue ensuite normalement.
Dans la soirée nous recevons l'ordre de mettre un Escadron à l'opération du 21 janvier. Le Colonel désigne le 3ème Escadron, sous le Commandement du Lieutenant SOUDIEUX.
Les reconnaissances doivent être faites à l'aube du 20 Janvier 1944.
L'escadron se mettra en batterie, au Sud d'ACQUAFONDATA.
20 Janvier 1944 : Le Colonel est convoqué au P.C, de la D.I. (Belphégor) pour 8 heures 30.— Un Officier adjoint, les Officiers des renseignements et des Transmissions l'accompagnent : le 7ème R.C.A. doit prendre part à l'attaque du 22 : tirs sur CASSINO et LE BELVEDERE, action dans la plaine sur ATINA. Base de départ : ACQUAFONDATA reconnue dans la matinée.
21 Janvier 1944 : En vue de renforcer l'action de l'artillerie dans la zone d'attaque Sud de la 3ème D.I.A. (zone d'action du 4e R.T.T. et du Groupement du 3ème R.S.A.R) le 7ème R.C.A. est mis à la disposition de l'A.D.3.
Dans la nuit le 3ème Escadron fait mouvement sur ACQUAFONDATA, où il se met en position de tir. L'opération a pour but de prendre pied sur les hauteurs à l'Ouest du Rio Secco et d'exploiter par cette vallée en direction d'ATINA, en liaison avec une opération menée par la 54e D.I.U.S. ayant pour but de s'emparer du promontoire du Mont-CASSIN.
Une reconnaissance a lieu dans l'après-midi (Région de l'INFERNO—CERVARO).
22 Janvier 1944 : L'aspirant GILLET du 4ème Escadron est remis à la disposition du Département des Affaires Étrangères par Note de Service N°4246 EMGG—P/NOB du 10/1245 du Général Chef d'E.M.G.G. ; il est mis en route ce jour sur la base 901 en exécution de la note de service N° 382/CEF/1 du 18 Janvier 1944.
Le 2ème Escadron (Capitaine PLANES) est mis à la disposition du Groupement BONJOUR (Mission : appuiera de ses feux la progression du 3ème R.S.A.R.).
27 Janvier 1944 : Le matériel lourd des 2ème et 4ème Escadrons qui avait subi quelques dégâts au cours des déplacements de nuit est remis en état. Ces deux escadrons appuieront respectivement de leurs feux, le Groupement BONJOUR et le 4ème R.T.T.
Le 3ème Escadron reste en réserve d'artillerie.
Le Colonel quitte ACQUAFONDATA à 7h.30 pour se rendre au P.C, avancé de la D.I. En soirée, il rend visite à CASALE aux Généraux GIRAUD et DEWINCK.
28 Janvier 1944 : Le 4ème Escadron subit un bombardement sérieux.
Le Maréchal-des-Logis VIOLON est blessé par balles.
Le Cavalier MULLER est tué par éclat d'obus.
Les pelotons RENE et de ROCHAMBEAU sont engagés.
Le Colonel se rend aux différents P.C. Nous attendons l'ordre de mouvement du Régiment qui doit se porter au contact direct de l'ennemi dans la nuit.
A 14h.30 le Colonel se rend au P.C. du Général Commandant la 3ème D.I.A. Dans l'après-midi il effectue une reconnaissance sous la direction des Généraux JUIN et de MONTSABERT.
Le Régiment est regroupé. A 18h. ordre est donné au P.C. avancé et 3ème Escadron de se porter à partir de 20 heures sur les premières positions. Le mouvement s'effectue de nuit sans incident malgré une nuit d'encre, des chemins défoncés et le bombardement.
Au matin, personnel et matériel sont rassemblés dans le lit de l'Inferno.
Le duel d'artillerie continue. Le 4ème Escadron (peloton de Rochambeau) fait son premier prisonnier et prend un tracteur blindé allemand.
29 Janvier 1944 : Au matin du 29/1/44 (7h.) l'attaque est lancée. Ordre est donné au Régiment d’appuyer l'Infanterie.
A 10h. Le Cavalier LIENARD de l'EHR, assurant le ravitaillement en munitions est tué par éclat d'obus au volant de sa voiture.
À 14h. contre-attaque ennemie : les escadrons exécutent des tirs sur la route BELMONTE - ATINA.
EVACUES DU 29/1/1944 :
BOUAZZA Abdelkader de l'E.H.R. (blessé par éclat d'obus)
SASTRE Pierre de l'E.H.R. (accidenté)
CLEMENT Jean du 3e Esc. (accidenté)
Dans la nuit, nous subissons un violent bombardement.
30 Janvier 1944 : Arrivée au Régiment du Chef d'Escadron PERNOT. Il est chargé des tirs d'artillerie.
“A L'ASSAUT DU CASALE MARINO“
30 Janvier 1944: À table on parle d'une attaque d'infanterie par des éléments du Régiment mis à pied. Le Mont MARINO défendant la coulée de TERELLE est encore occupé par les boches. À 13h.30, toujours, à table, le Lieutenant ARPAJOU est désigné comme Chef de Groupement d'attaque. De. 13h.45 a 14h.20, rédaction de l’ordre d'attaque, À 14h.25, il part porteur de l’ordre.
Le poste radio l'accompagne.
L'heure H est 15 heures.
le Lieutenant ARPAJOU ne sera jamais à cette heure, à la base de départ. Il y a plus de 5 Kms. et le terrain est coupé de fondrières et de seguias. Il arrive à 15h.15 après avoir couru. Il a vu RINVET: il se place: il est 15h25.
Magne n'est pas là.
Il cherche CISEAU et sa Compagnie de Q.G.: elle dort dans les fossés et est sur 300 mètres.
Prise de contact : mise au courant de la situation : il faut attaquer : mais MAGNE n'est toujours pas là: et les chars . . ., rien... aucune liaison.
Le temps passe. 15h.30, le dispositif est prêt. L'attaque se déclenche.
16h.30 MAGNE arrive avec 16 hommes sur 37, et 1 Mitrailleuse...
Il passe Section de réserve.
16h.35, ça progresse. Renseignements par SIGAUD ; les mitrailleuses boches crachent ; la progression se ralentit ; la Section de droite est arrêtée ; une autre section, sur le flanc droit est engagée. Puis une autre, plus au centre (S/Lt. BADERES).
17h. : les mines. Et le S/Lt RINVET est blessé. La Section MAGNE ramassera les blessés. La nuit tombe. Les blessés sont plus nombreux. "Les mines explosent même après le passage de chars", disent-ils. C’est le désarroi et l'arrêt de la progression.
Et les minens qui tombent avec la nuit. Les Sections de tête se replient : les mines ont fait un ravage “moral” plus que physique.
Dispositif de sécurité pour la nuit (dans un demi trou, car personne n'a d'outils). Les minens tombent. Pas de mal.
31 Janvier 1944 : A 3h. du matin, le S/Lt HACHIN arrive, porteur de l’ordre d'attaque pour 7h... BROUSSES et CIVET seront là avec des éléments du 1er Éscadron. A 6h.35, CIVET n'est pas là : il arrive à 7h., se place. A 7h.05, l'attaque se déclenche :
Les chars sont là, tout près : entente parfaite. À 7h35, les Sections BROUSSE et CIVET mettent pied sur le MARINO, sans rencontrer la moindre résistance. Le reste suit : 2 hommes sautent encore sur des mines.
La préparation d'artillerie prévue par l'ordre d'attaque n’a pas eu lieu ; mais l'objectif est atteint, c'est l'essentiel.
8h.30, premier prisonnier; c'est un Alsacien, tout heureux de retrouver des compatriotes. Interrogatoire. Il paraît sincère.
Un vieil Italien renseigne le Lieutenant BROUSSE: “les boches se sont réfugiés sous les premiers ponts de la route de TERELLE".
Chaque P.A. est averti de la sortie de nos patrouilles sous le commandement de CIVET et de BROUSSE. Tout se passe bien !
La file de prisonniers se découpe au loin, et CIVET fait de la moto.
13h., le Colonel et les Officiers de l'E.M. viennent, scrutent l'horizon à la jumelle. CIVET monte jusque près de la Cote 700 (route de TERELLE). La route est bonne et libre ; les allemands se sont repliés en laissant armement, matériel, vivres (que le 1er Escadron se hâte de récupérer).
A 15h violent bombardement du PC. du Lieutenant ARPAJOU. Coup de plein fouet, à 2 mètres de la porte de l'abri ; le Brigadier-Chef SIGAUD est tué net.
PERTES DE LA JOURNEE DU 30/1/44 :
Par bombardements.
Tué : BELTRAND Pierre de l'E.H.R.- E.M.R.
Blessés : COSTA du 3e Escadron
BOMPARD du 3e Escadron
SANTACRUZ du 3e Escadron
Au cours de l'attaque.
Tués : SENDRA du 2e Escadron
BENKIROUR du 2e Escadron
SOLIVERES du 2e Escadron
BOUKRIT du 2e Escadron
KHIAE Salah du 2e Escadron
Blessés : S/Lt RINVET du 2e Escadron
M.D.L. Chef ANDRAL du 2e Escadron
M.D.L. PATRY du 2e Escadron
M.D.L. ROBICHON du 3e Escadron
Cavalier CHAREF du 2e Escadron
LOUCIF du 2e Escadron
NOURINE du 2e Escadron
FERRANDO du 2e Escadron
Disparu : Cavalier FRESCHES du 2e Escadron
1er Février 1944 : Le Groupement d'Infanterie placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel, Commandant le secteur de MARINO, continue son installation sur le MARINO (dit cote 141). Dans l'après-midi nous subissons un violent tir d’artillerie.
Prisonniers dirigés sur le P.C. de la Division :
1er Convoi : 6 Autrichiens dont 1 Officier, 2 S/Officiers.
7 Allemands dont 1 S/Officier.
1 Italien.
2ème Convoi : 2 Alsaciens.
1 Lorrain.
3 Allemands dont 1 S/Officier,
7 Autrichiens dont 1 S/Officier.
1 Polonais.
5 Italiens,
3ème Convoi : 2 Alsaciens,
1 Autrichien.
5 ramassés par le 7ème R.C.A. ont été dirigés sur la D.I par les soins de la Compagnie de Chars. 4 Blessés Allemands sont évacués sur le 3ème Bataillon médical. Une cinquantaine de prisonniers dont 1 Capitaine pris dans le secteur du 7ème R.C.A. ont été dirigés à la D.I. par des éléments du 7ème R.T.A.
Dans la nuit du 31/1 au 1/2 des reconnaissances sont poussées sur la route de TERELLE. Au matin du 1/2/44, un détachement du 1er Escadron effectue une nouvelle reconnaissance : 2 voitures Half-Track sont accidentées par mines.
Le P.C. du Colonel est violemment bombardé dans le courant de l'après-midi. Dans la soirée un prisonnier Autrichien blessé est évacué sur le 3ème Bataillon médical.
2 Février 1944 : La Compagnie de Garde de la 3ème D.I.A.
(Lieutenant CIZEAUX) relève à CAIRO (village), à 10h.30, une Compagnie du 168e R.I.
Dans l'après-midi, les différents secteurs occupés par le Régiment sont violemment pris à partie. À 19h, 1 prisonnier Autrichien du 151e R.I. blessé est évacué sur le 3ème Bataillon médical.
À ce jour et à la suite des diverses opérations, les pertes du Régiment s'établissent ainsi :
Tués : BALLESTER Georges du 4e Escadron
MULLER Gilbert du 4e Escadron
LIENARD de l'E.H.R.
BELTRAND Pierre de l'E.H.R.
SENDRA Pierre du 2e Escadron
BENKIROUR Salah du 2e Escadron
SOLIVERES Roger du 2e Escadron
FRESCHES Raymond du 2e Escadron
KHIAL Salah du 2e Escadron
SIGAUD Georges du 3e Escadron
PALERMO du 1er Escadron
Blessés : Brig. Chef PY Ange du 1er Escadron
Brig. Chef DALMOLIN du 1er Escadron
Cav. FUGUET Jacques du 1er Escadron
" KHERIEF Ali du 1er Escadron
" HAMIDI Mohamed du 3e Escadron
" HADGUT Mohamed du 3e Escadron
" AZZEDINE Mohamed du 2e Escadron
" FOUGHALI Robert du 3e Escadron
MDL. VIOLON Roger du 2e Escadron
Cav. BOUAZZA Abdelkader de l'E.H.R.
" SASTRE Pierre de l'E.H.R.
" CLEMENT Jean du 3e Escadron
" MARTINEZ François du 4eEscadron
S/Lt. RINVET Jean du 2e Escadron
MDL. Chef ANDRAL Claude du 2e Escadron
MDL. ROBICHON Jacques du 3e Escadron
Cav. CHAREF du 2e Escadron
" REOUGIF du 2e Escadron
" NOURI Mosbah du 2e Escadron
" FERRANDO Antoine du 2e Escadron
" BOMPARD Louis du 3e Escadron
" SANTACRUZ Felix du 3e Escadron
" COSTA Emmanuel du 3e Escadron
" BOUGHLITAS Salah du 2e Escadron
" MOHAMED BEN AHMED du 2e Escadron
3 Février 1944 : À la demande du Colonel Commandant l'AD.5. Les 2e et 3e Escadrons effectuent des tirs de harcèlement entire 16h.30 et 18h. Sur la route de BELMONTE et les lacets de la route de Lampo-Ghio. Vers 17h. Les différents secteurs occupés par le Régiment sont pris à partie par l'artillerie ennemie.
Le bombardement continue toute la nuit. Le chasseur DELOGU Antoine, radio de l'E.M.R. est blessé par éclat d'obus.
4 Février 1944 : Le chasseur MARTINEZ François du 4e Escadron, absent de son unité dépuis le 2/2/44 est signalé comme ayant été blessé très grièvement dans la nuït du 1 au 2 février 1944 et évacué sur le 3ème Bataillon-médical par les soins d'une Unité voisine (4e R.T.T.).
Tir d'artillerie ennemie de 9 à 9h.30. Nouveau bombardement à 18 heures.
À 22h. le Général Commandant la 3e D.I.A. demande un tir de harcèlement sur BELMONTE et le Casale CASTERIA {tir exécuté par l'Escadron PLANES). Consommation 480 coups.
5 Février 1944 : Le 2e Escadron exécute dans la nuit du 4 au 5/2/44 des tirs de harcèlement sur les routes et pistes allant de la région de BONTE - ALAARO, jusqu'à 500 mètres au N.O. de BELMONTE.
À 7h.30, sommes survolés par une douzaine de Messerschmitt qui nous arrosent copieusement (aucun dégât) : Vers 11h. et 15h. sommes pris à partie par l'artillerie allemande : Le Cavalier NOCETTI René du 2e Escadron est blessé à la tête par éclat d'obus.
À maintes reprises, au cours de la nuit, l'artillerie ennemie entre en action : aucune perte à déplorer.
6 Février 1944 : A 7h. à nouveau subissons un bombardement aérien. Le 2e Escadron continue ses tirs sur le même objectif. Le 3e Escadron effectue des tirs à vue directe (ravin et pentes de la Côte 171). Le 4e Escadron dont 1 peloton (CHAMARD) opère aux environs de TERELLE, reste à la disposition du Colonel BONJOUR.
À 15h.30 bombardement d'Artillerie.
Le cavalier KERBACHE Abdallah du 3e Escadron est tué ; le cavalier RABATTAN Antoine, du même Escadron, est blessé.
A 19h. le Lt.-Colonel BONJOUR du 3e R.S.A.R. rend visite au Colonel VAN HECKE (demande d'appuyer ses troupes qui doivent attaquer TERELLE le lendemain 6h30), Cette attaque n'aura pas lieu. Dans la nuit, les divers secteurs occupés par le Régiment subissent un violent bombardement d'artillerie et 3 bombardements par avions. La “S.A.F" qui était bivouaquée à ACQUAFONDATA rejoint les premières positions.
7 Février 1944 : La journée s'annonce comme devant être calme. Visibilité parfaite, Le 3e Escadron en profite pour exécuter des tirs à vue, Mais la réaction est brutale ; sommes copieusement arrosés sans dégâts.
8 Février 1944 : Les 2e et 3e Escadrons effectuent des tirs sur FERELLE (400 coups). Nos emplacements de bivouacs sont bombardés dans la nuit du 7 au 8. Un obus tombe sur le local occupé par la S.A.F., Deux cavaliers (mécaniciens) sont blessés : BERT Fernand, de l'E.M.R., MEGARD Fernand, de l'E.M.R.
Le peloton CHAMARD (4e Escadron), à la disposition du Colonel BONJOUR aux environs de TERELLE, est relevé par le peloton RENE.
9 Février 1944 : Dans la nuit l'artillerie ennemie continue à nous bombarder sans dégâts pour le Régiment ; mais une unité voisine (7e R.T.A., stationnée à PORTELLA) a un assez grand nombre de blessés.
Les 2e et 3e Escadrons effectuent des tirs de nuit sur TERELLE.
10 Février 1944 : Le 3e Escadron effectue des tirs d'efficacité sur des emplacements d'armes automatiques ennemies et sur le personnel.
Au cours d'un bombardement d'artillerie, le chasseur CHAUDIERE Claude de l'E.H.R. (Approvisionnement) est blessé et évacué (3e Bataillon Médical).
Bombardement aérien sur CASSINO par l'aviation Américaine.
11 Février 1944 : A 10 h., les troupes Américaines lancent une attaque sur CASSINO. Grosse préparation d'artillerie.
L'Abbaye du Mont-Cassin est sérieusement prise à partie.
Au cours du ravitaillement en munitions un de nos camions est sérieusement endommagé.
4 Blessés dont 1 grave évacué :
Cavalier UMILE Victor (évacué).
Adjt. LOUBET
Cavalier ZIANE Ali
" AZZI Bouzid.
12 Février 1944 : Notre secteur est violemment bombardé par lurtillerie ennemie au cours de la nuit.
13 Février 1944 : Dans la matinée, subissons un nouveau bombardement L'E.H.R. bivouaqué au Sud de VENAFRO (25 Kms du P.C. Avant) est également bombardé dans la nuit.
Total : 35 obus sur le bivouac aucun dégât.
Le peloton RENE du 4e Escadron engagé aux environs de TERELLE est pris à partie par des armes antichars.
Le Brigadier Chef TOVAS est tué. Les cavaliers DE GUZMAN et DE MURCIA sont assez grièvement blessés. Le cavalier BERT Fernand de l'E.H.R. E.M.R.-S.A.F. blessé au cours du bombardement du 8/2/44 est décédé des suites de ses blessures au 3e Bataillon Médical.
La Compagnie de Garde de la 3e D.I.A. qui occupait le village de CAIRO et nos éléments à pied qui occupaient la côte 141 (MARINO) sont relevés.
14 Février 1944 : Le 1er Escadron quitte le secteur à 9h30 pour se rendre à son ancien bivouac (d'ACQUAFONDATA). Le 2e Escadron effectue des tirs sur la côte 862 - 951 (Château de TERELLE). Le peloton RENE (4e Escadron) est relevé par le peloton de ROCHAMBEAU (route de TERELLE après la côte 700).
15 Février 1944 : A 9h. Assistons à une attaque aérienne répétée, par des groupes de Forteresses Volantes et de bombardiers légers (100 forteresses – 100 bombardiers légers plus les chasseurs). L'Abbaye de CASSINO est en voie de destruction. Les environs immédiats sont bombardés. L'Artillerie elle-même entre en action. L'aviation s'est servie de bombes explosives et incendiaires. Les dépots de munitions sautent.
Une brigade Hindoue, des détachements Anglais occupent à notre gauche le secteur de CASSINO qui n'est pas encore tombé.
16 Février 1944 : L'artillerie a continué une partie de la nuit. À 9, 12, 15 et 18 heures, üne cinquantaine de Forteresses Volantes attaquent à
nouveau l'Abbaye. Il ne restera de ce bâtiment que quelques murs noircis. Dans la soirée des mitrailleuses allemandes sont cependant encore installées aux abords immédiats et dans les ruines mêmes de l'Abbaye.
Le Lieutenant RENE Michel du 4e Escadron est blessé à son P.C. À SAN ELIA.
17 Février 1944 : Bombardement d'Artillerie dans la matinée. Nouvelle visite aérienne (forteresses volantes sur le Monastère vers 15 et 16 heures.
Le cavalier LALAIBIA Mohamed du 2e Escadron est blessé par éclat d'obus. Le cavalier GARCIA René du 4e Escadron est blessé grièvement à SAN ELIA et évacué sur le 3e Bataillon médical.
Au cours de la nuit un Bataillon Anglais qui attaquait dans le secteur de CASSINO subit de lourdes pertes (12 Officiers plus 150 hommes mis hors de combat).
18 Février 1944 : Les troupes Anglaises attaquent à notre gauche. CASSINO et l'Abbaye sont soumis à un violent bombardement d'artillerie. Certains éléments d'Infanterie ont réussi à arriver aux murs mêmes de l'Abbaye ; d'autres occupent la gare de CASSINO.
Le Cavalier GARCIA décède des suites de ses blessures à l'H.M. 422.
19 Février 1944 : Effectuant une liaison de nuit, le Brigadier-Chef MARTINEZ Joseph du 4e Escadron est tué. Le cavalier GEOR Gaston du même Escadron est blessé (accident de voiture).
Secteurs occupés par le Régiment : calme relatif.
20 Février 1944 : La population civile stationnée dans les zones occupées par les 2e et 4e Escadrons est evacuée et dirigée sur SAN ELIA pour être rapatriée vers l'arrière ; au total 500 personnes. Le Capitaine DUDET, Chef du S.M. de la 3e D.I.A. Est tué par éclat d'obus à proximité du P.C. Aucune nouvelle sur les opérations se déroulant à notre gauche (Secteur de CASSINO).
21 Février 1944 : Le 4e Escadron qui était à la disposition du Colonel BONJOUR, Cdt. le 3e R.S.A.R. rejoint le Régiment. Un peloton de cet Escadron est toutefois maintenu à la disposition du Colonel DE LINARES Commandant le 3e R.T.A.
175 civils Italiens stationnés dans la zone du 3e Escadron sont dirigés sur SAN ELIA pour évacuation vers l'arrière.
22 Février 1944 : L'artillerie ennemie redevient plus active. Notre secteur est copieusement arrosé dans la nuit du 21 au 22/2/44, et dans la journée du 22. Le 3e Escadron effectue des tirs de 9h.30 à 15h.30 sur la région de TERELLE. Le peloton du 4e Escadron mis à la disposition du Colonel Commandant le 3e R.T.A. effectue des tirs au profit de l'Infanterie pendant un coup de main éxécuté sur la côte 862. Ce peloton (DE ROCHAMBEAU) est relevé dans la nuit du 22 au 253/2/44 par le peloton CHAMARD : mouvement terminé à 3 heures du matin.
23 Février 1944 : Nuit du 22 au 25 extrêmement mouvementée. Montée en ligne des troupes Anglo-Hindoues (Secteur de CASSINO).
L'artillerie allemande pilonne notre secteur durant toute la nuit. Accalmie au matin. Le bombardement reprendra plus âpre vers 9 h.en particulier dans le secteur du P.C. du Régiment.
Quelques Anglais sont tués. Aucune perte pour le Régiment.
Le Colonel se rend à 9h.30 au P.C. du Général Cdt. la 3e D.I.A. suivant ordre du Général Cdt. la 3e D.I.A. le 3e Escadron (SOUDIEUX) est mis à la disposition du Colonel BONJOUR en remplacement du 4e Escadron (GUTH). Le peloton EMIG relève le peloton CHAMARD (route de TERELLE). Mouvement terminé à 3 heures. Sans incident.
Les Secteurs occupés par le Régiment subissent dans la journée et en soirée de violents bombardements d'artillerie.
24 Février 1944 : Par ordre du Général Cdt. la 3e D.I.A., une portion du Régiment fait mouvement vers l'arriere (5 Kms Sud de VENAFRO); un élément constitué par l'E.M.R. et le 4e Escadron sous les ordres du Lieutenant DURANEL, quitte SAN ELIA à 4 heures du matin.
La S.A.F. sous le Commandement de Madame le Lieutenant DUSSAUSSOY et le Médecïh-Chef quittent le bivouac à 10h. Le Lieutenant-Colonel VAN HECKE, le Lieutennant CHAULEY rejoignent VENAFRO à 15 heures. Tous ces mouvements s'effectuent sans incident. Le 1er Escadron stationné à ACQUAFONDATA effectue son déplacement sur VENAFRO dans l'après-midi.
À 24 heures, le 2e Escadron quitte SAN ELIA pour se porter à ACQUAFONDATA où il est à la disposition du Colonel LATASSE Commandant l'A.D. de la 3e D.I.A., (Mouvement terminé à 5h. du matin.)
25 Février 1944 : Le Maréchal-des-Logis CAZENAVE du 2e Escadron est blessé trés grièvement à ACQUAFONDATA par éclatement de projectiles, alors qu'il procédait à l'installation de son Tank Destroyer.
À 22 heures le 4e Escadron quitte ses emplacements pour se porter au Sud de VENAFRO où il doit effectuer une révision de son matériel.
26 Février 1944 : Le Colonel se rend au C.E.F.; il est reçu successivement par le Lt.-Colonel MESSONNIER (1er Bureau), le (Général CARPENTIER (Chef d'E.M.) et par le Général JUIN.
Déjeuner au Q.G. JUIN.
Le 2e Escadron stationné dans la cuvette d'ACQUAFONDATA effectue des tirs de nuit sur BELMONTE. L'Escadron SOUDIEUX effectue des tirs dans la région de TERELLE.
Dans la nuit notre dépôt de munitions (Olivetta de SAN ÉLIA) est touché au cours d'un bombardement d'artillerie.
60 nourrices de gasoil prennent feu ; les munitions sont préservées.
L'incendie rapidement circonscrit.
27 Février 1944 : Le Général GIRAUD Commandant en Chef des Armées reçoit le Lieutenant-Colonel VAN HECKE au C.E.F.
Un messe est célébrée à 11 heures au P.C. du Colonel par le R.P. JARRAUD, aumônier Général du C.E.F.
28 Février 1944 : Le Colonel invite à son P.C. le Licutenant-Colonel MESSONNIER, le Commandant CERUTTI et le Capitaine GUERY, du 1er Bureau C.E.F.
29 Février 1944 : À 8h.10, le Général GIRAUD Commandant en Chef des Armées Françaises, accompagné du Général JUIN, Cdt. le C.E.F. inspecte la partie du Régiment stationnée au Sud de VENAFRO. Le Général est reçu à son arrivée par le Lieutenant-Colonel VAN HECKE. Prennent part à la revue :
- éléments de l'E.M.R. - E.H.R.
— la S.A.F.
— le 1er Escadron,
— le 4e Escadron.
À l'issue de la revue, le Commandant en Chef, en une courte allocution, félicite le Régiment pour sa belle tenue au combat, en particulier au cours des opérations qui amenèrent la prise du MARINO.
Le Lieutenant RENE, sortant de l'Hôpital, rejoint le Régiment et reprend le Commandement de son peloton au 4e Escadron.
ACTIVITE DU 3e ESCADRON DU 25 FEVRIER AU 1er MARS 1944
Un peloton relève le peloton CHAMARD du 4e Escadron sur la route de TERELLE. Un autre le 2e Escadron du 8e R.C.A. à l'entrée de la vallée de BELMONTE. Le 3e reste dans la région dite de l'Olivetta. La journée du 24 est consacrée à la relève du peloton CHAMARD par le peloton EMIG. Le passage des consignes est fait en présence du Colonel de LINARES, Commandant le secteur CASALE - ABATE,
La mission reçue est la suivante :
- maintenir l'utilisation de la route de TERELLE entre la Côte 700 et le Col 500 mètres Nord de 862 (829 - 274).
- maintenir la possibilité de déboucher du Col vers le N.O.
L’Infanterie occupant le secteur, demandera à ce peloton des tirs de précision sur les objectifs signalés par ses observatoires :
blockhaus, emplacements d'armes automatiques, observatoires, etc. Le S'Lt. EMIG dispose, en plus de ses 4 T.D.. de 2 chars Sherman de la Cie C du 757e Battaillon U.S. La relève a lieu dans la nuit du 25 au 24. Elle s'effectue sans incident ; les emplacements occupés par les éléments du peloton CHAMARD sont repris sans changement. La sûreté rapprochée du peloton est assurée par le Groupe de Protection en liaison avec l'Infanterie en ligne.
Il neige.
Le 7e R.C.A. doit quitter les emplacements qu'il occupe dans cette région dans la nuit du 24 au 25.
Le peloton FRACHON a pour Mission d'interdire toutes incursions ennemies au Sud de 155 et de prendre à partie et détruire par des tirs à vue de précision, les armes automatiques, ouvrages, observatoires et éventuellement les véhicules ennemis dans la vallée et les pentes Est et Ouest. Il assure sa sûreté rapprochée par son Groupe de protection.
La relève du 2e Escadron du 8e R.C.A. a lieu dans la nuit du 24 au 25.
Rien à signaler. Il pleut...
La même nuit le peloton LABITTE s'installe dans l'Olivetta entre le carrefour 150 et le carrefour 110 ayant pour mission de dissocier par ses feux à vue, toute tentative d'incursion ennemie appuyée ou non par des engins blindés et d'appuyer à vue les contre-attaques du Groupe Blindé constitué par un Escadron de reconnaissance et un peloton de chars-légers du 3e R.S.A.R. Et de la 3e Cie C du 757e Bataillon U.S.
Le Lieutenant SOUDIEUX Commandant l'Escadron installe son P.C. dans l'Olivetta ; maison qu'occupait le P.C. du Régiment.
(I) PELOTON EMIG :
24 Février 1944 : Un groupe du peloton EMIG met en ruines la maison dite "des chars" sur la côte 810, dont l'Infanterie a signalé l'occupation par les Allemands. C'est le premier tir à vue exécuté par les pointeurs des chars "COLERE" et "COURROUX" ; résultat satisfaisant.
25 Février 1944 : L'Infanterie signale deux objectifs : la "Maison de la Crête" où l'Allemand s'est installé, et un nid de mitrailleuses à mi-pente de la côte 875 : Les deux seront détruits avec succès.
Le S/Lt. EMIG exécute dans l'après-midi une reconnaissance avec son groupe de commandement sur la route de TERELLE en avant des avant-postes. Rencontre avec un poste avancé Allemand : grenades, rafales de mitrailleuses ; le poste allemand se replie. Le Cavalier VALDAIRON rapporte de cette reconnaissance un panneau rouge avec auréole blanche et croix gammée noire. Il est fier de sa prise.
L'ennemi arrose le secteur de minen. La nuit sera blanche pour tous ; les Allemands patrouillent et s’avancent jusquà 50 mètres des 2 premiers chars ; Des grenades sont dégoupillées.
26 Février 1944 : Les 4 T.D. du peloton concentrent leur feu sur une maison occupée sur la cote 862, Après le tir personne ne s'est retiré de la maison.
Il y a d'autres objectifs. Le SÆ EMIG emploie cette fois les 2 Sherman U.S. qui s'approchent ; casemate sur les pentes de 871, nid de mitrailleuses sur 810, autre nid d'automatiques sur 810. Un coup au but tue les sérvants.
28 Février 1944 : Objectif: un nid de mitrailleuses sur 862
Le Général GIRAUD visite le secteur. (on le dit.)
(II) PELOTON FRACHON :
25, 26 Février 1944 : Rien à signaler.
Nombreux tirs de minen allemands.
L'emplacement occupé par le Groupe de protection, au Nord de l'Olivetta est particulièrement visé.
27 Février 1944 : Le peloton exécute le premier tir.
Le char, "CHANZY" a pour objectif une maison occupée par l'ennemi ; l'infanterie a demandé sa destruction, consommation 14 coups. Pendant le tir, le char a été, aux dires des observateurs de l'Infanterie, pris à partie par une pièce-antichars.
28 Février 1944 : Le peloton change de dispositif : 2 T.D. restent à lOlivetta, les 2 autres sont en position d'attente à SALDUCCU, à l'abri des minen qui arrosent copieusement le secteur.
On a décidé d'en finir avec la pièce antichars dont la présence hante le secteur, mais l'Infanterie est relevée, la destruction est reportée.
29 Février 1944 : Aucune activité. Il pleut sans arrêt : il y a 50 cms d'eau au gué, et un minen a endommagé la passerelle.
Les Allemands en profitent pour harceler ce passage difficile et obligatoire. Le Brigadier FURET, néanmoins, ravitaille le peloton et fait avec sa Jeep plusieurs voyages par jour.
(III) PELOTON LABITTE :
Aucune activité en dehors d'une étude approfondie de ses possibilités de tir sur les directions :
SALDUCCU - l'OLIVETTA
SALDUCCU - COTE 70 - CASALE MARINO - CAIRO - COTE 70 - LACET INFERIEUR DE LA ROUTE DE TERELLE
SALDUCCU - CROCE.
Son Groupe de protection surveille ces directions, le carrefour 130 est soumis à des tirs de harcèlement.
Le 2ème Escadron stationné dans la cuvette d'ACQUAFONDATA exécute des tirs sur BELMONTE, entre 12 et 16 heures.
Du 2 au 6 Mars 1944 : Les différents secteurs occupés par le 3ème Escadron : OLIVETTA - LACETS DE LA ROUTE DE TERELLE - SAINT ELIA sont quotidiennement pris à partie par l'artillerie ennemie ; aucune perte.
7 Mars 1944 : Un renfort composé du Lieutenant NICOLAS,de l’Aspirant LAFLECHE, de 5 Sous-Officiers et de 40 Hommes arrive d'Afrique du Nord.
Le Lieutenant NICOLAS est affecté au 2ème Escadron.
L'Aspirant LAFLECHE rejoint le 4ème Escadron.
8 Mars 1944 : Rien à signaler.
9 Mars 1944 : Le 3ème Escadron exécute des tirs à vue directe sur la cote 862 (2 casemates détruites) et sur les pentes S.E. de la cote 871 (3 casemates détruites). Il enregistre peu après une forte réaction de la part de l’artillerie ennemie.
10 Mars 1944 : Le Peloton EMIG du 3ème Escadron défendant la route de TERELLE exécute dans la matinée du 10 Mars 1944 des tirs de précision sur des casemates, cotes 862 et 871. Ces tirs sont exécutés avec plein succès, en dépit d'une forte réaction de l'artillerie allemande qui tire sur les 2 chars engagés. Dans l'après midi du 10/3/1944, à la demande de l'infanterie le Sous-Lieutenant EMIG exécute une reconnaissance et une mission de feux avec les deux chars placés sous ses ordres ; il se rend sur la route de TERELLE jusqu'à hauteur de la piste menant à BELMONTE. La réaction ennemie est très violente et pas moins de 200 obus sont tirés sur l'itinéraire emprunté par les chars. Un des obus éclate devant le P.C. EMIG, blessant grièvement deux cavaliers rentrant d’une liaison à la position des Destroyers (15 heures) :
Cavaliers VALDAIRON et LASSOUANI.
Le Brigadier-Chef UZAC témoin de l'accident prend deux brancards au Poste de secours et profite d'un court arrêt de tir pour aller avec les cavaliers METTOUCHE, AISSA Hacène et ZEGLACHE, relever les deux blessés pour les amener au poste de secours, En arrivant au poste de secours et au moment ou un premier brancard franchissait les escaliers un obus tombe à quelques mètres.
Les cavaliers METTOUCHE et ZEGLACHE portant un brancard s'écroulent sur l'escalier, mortellement atteints par éclats.
le cavalier VALDAIRON est à nouveau atteint et succombe quelques minutes après. Le Brigadier-Chef UZAC et le cavalier HAISSA Hacène sont blessés grièvement. Le Sous-Lieutenant EMIG accourt au Poste de Secours, ses deux SHERMAN ayant rejoint leurs positions ; il est atteint à la jambe gauche par un éclat. Deux brancardiers du poste de secours sont également blessés.
Les trois blessés du 7ème R.C.A. sont immédiatement évacués ; le Sous-Lieutenant EMIG, après l'application d'un pansement reste à son peloton.
Le Lieutenant Colonel VAN HECKE, accompagné du Lieutenant CHAULLEY se rend au P.C. de la D.I. (INFERNO) et au P.C. du 3ème Éscadron : Au cours du déplacement un dodge piloté par un sapeur du génie accroche notre jeep... Le Colonel est sétieusement, contusionné à la jambe droite (indisponibilité de 10 jours). Légères contusions pour les autres occupants. (Lt. CHAULLEY - Adjt. Chef MERKLIN - Cavalier MONIO).
11 Mars 1944 : Le secteur de l'OLIVETTA - SAN ELIA est sérieusement bombardé.
Au cours d'une cérémonie intime, le Général CLARK au nom du Président ROOSEVELT nomme le Lieutenant Colonel VAN HECKE au grade d'Officier dans l'ordre de la Légion du Mérite.
Les troupes américaines rendent les honneurs. Le Général BEUCLER, Chef de la Mission Française, les Officiers de l'E.M. du commandement de la Ve Armée, de nombreux officiers français, assistent à cette cérémonie, à l'issue de laquelle le Général s'entretient tout particulièrement avec les Officiers Français.
TEXTE DE LA CITATION DU LIEUTENANT-COLONEL VAN HECKE
"A.S. VAN HECKE, Lieutenant-Colonel, du 7ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, Armée Française, pour conduite exemplaire dans l'accomplissement de services exceptionnels rendus aux Etats-Unis et à la cause alliée entre DECEMBRE 1941 et NOVEMBRE 1942. Pendant cette période, le Lieutenant-Colonel VAN HECKE, Commandant les 10.000. Jeunes gens des Chantiers de la Jeunesse maintint vivace, par son exemple personnel leur détermination de résister à la pénétration de l'Axe en Afrique du Nord, et inspira à ces jeunes gens, la volonté de libérer la France avec l'assistance des Alliés. EN DECEMBRE 1941, le Lieutenant-Colonel VAN HECKE, se place avec son organisation à la disposition des Officiers américains à ALGER, dans le but d'obtenir les renseignements militaires importants pour la cause alliée. Le 26 OCTOBRE 1942, était parmi les Officieis Français qui rencontrèrent le Général MARK W. CLARK au meeting clandestin de CHERCHELL, et prépara les plans définitifs du débarquement allié en Afrique du Nord. Au péril de sa vie menacé par les agents de l'Axe et les agents pro-vichystes, le Lieutenant-Colonel VAN HECKE, pendant les nuits des 4, 5 et 6 NOVEMBRE 1942, prit sous son commandement le Groupe volontaire de patriotes français qui restèrent sur la plage et tentèrent de débarquer 10 tonnes d'armes secrètes, à l'usage des volontaires Français qui prirent les points stratégiques à ALGER, la nuit du débarquement allié.
Il désigna plusieurs centaines de ses hommes pour servir de guides aux forces alliées et de gardes au Général GIRAUD.
Signé : ROOSEVELT.
12 Mars 1944 : Les 1er ét 4ème Escadron au repos au Sud de VENAFRO effectuent la révision de leurs moteurs suivant les ordres de Mr. le Général Commandant la 3ème D.I.A.: le 2ème Escadron stationné dans la cuvette d'ACQUAFONDATA fait mouvement sur VENAFRO dans l'après-midis personnel et matériel au complet sont en place à 17 heures.
Le 3ème Escadron effectue des tirs sur les pentes S.E. de la côte 871 (2 casemates détruites). Aussitôt après, l'ennemi effectue des tirs de harcèlement sur nos chars. Dans l'après-midi, l'activité ennemie augmente sensiblement ; les tirs d'artillerie sont nombreux surtout dans la soirée.
Le P.C. du Peloton LABITTE est pris à partie à 19h.; un coup au but dans la maison sans pertes à enregistrer.
A la même heure le P.C. du Commandant d'Escadron est encadré par une vingtaine d'obus. Le Brigadier-Chef PORTELLI (radio de scout-car est blessé à la tête). Le Cavalier AISSA Hacen du 3ème Escadron blessé et évacué la veille sur la formation sanitaire de la Comtesse de LUARD, meurt des suites de ses blessures.
13 et 14 Mars 1944 : L'ennemi est particulièrement actif dans le secteur : Route de FEREELE - SAN ELIA - OLIVETTA.
15 Mars 1944 : Grosse surprise à VENAFRO.
À 10 heures, nous assistons de notre bivouac à un passage aérien allié de grosse importance. Nous pensons que ces appareils partent déverser leurs bombes chez l'ennemi ; point. Quelques uns se trompent et VENAFRO et ses environs subissent un assez sévère bombardement. Le P.C. d'un C.A. anglais est anéanti. Le P.C. du C.E.F., les hôpitaux Français avoisinant sont encadrés.
La ville elle-même subit de gros dégâts.
À 12 heures 45 une bombe tombe à quelques centaines de mètres de notre bivouac, L'après midi est calme ; mais l'activité aérienne ne cesse pas. À partir de 18 heures, chez SOUDIEUX, grosse activité de l'artillerie ennemie. Tirs sur toute l'OLIVETTA en particulier sur les carrefours et les pistes. Le P.C. de l'Escadron, le P.C. du 3ème Peloton sont encadrés. Un obus tombe sur la maison occupé par les éléments-arrières du 1er Peloton.
Aucune perte à signaler.
Les tirs d'artillerie ennemie commencés le 15 à 18 heures se sont poursuivis à la même cadence, jusqu à 11 heures du matin.
À 15 heures à l'emplacement du 2ème Peloton (Route de TERELLE) 4 gradés et chasseurs de l'Escadron sont blessés dans les circonstances suivantes :
Alors que les cavaliers du 2ème groupe de chars (position de repos) étaient occupés sous la direction du Maréchal des Logis Chef dépanneur BARACHER, à la réparation des M. 10 endommagés le 14, 2 avions chasseurs monomoteurs, 2 mitrailleuses de plan, portant des cocardes anglaises effectuent un passage au dessus de la cote 700. Après un demi tour ils effectuèrent 2 autres passages à la mitrailleuse et lançant des tracts. Puis 5 appareils,
même modèle, cocardes anglaises, effectuèrent 2 passages attaquant les M. 10 à la mitrailleuse et lançant des bombes dans le secteur, (À signaler qu'au 5ème passage seulement les mitrailleuses anti-aériennes et armes automatiques du secteur ouvrirent le feu sur les appareils.)
4 blessés : M.D.L. Chef BARACHER (balle dans la cuisse)
Cavalier LEMAITRE Marc - chauffeur de M. 10 (balle dans le bras)
Cavalier VERNHES - 1er pointeur - (balle dans les reins, blessure grave)
Cavalier HERRERO Eusèbe - Chauffeur de dodge (balle dans la jambe)
Dégâts matériels : 1 moteur de jeep endommagé
Direction de la camionnette
Dodge faussée (axe à changer)
1 tête lunette M-12-A4 brisée.
Les blessés sont évacués immédiatement.
Arrivée au Régiment du Chef d'Escadrons de CARMEJANE.
Il prend les fonctions de Commandant en second.
17 Mars 1944 : Aucune activité marquante de la part de l'ennemi.
Quelques minens entre 9 heures et 9h15. Le cavalier MONTOYA François Mle 3502 du 3ème Escadron est blessé au cours de ce bombardement.
18 Mars 1944 :
L'Adjudant DANGUILHEM du 3ème Escadron
Le M.D.L. DENIS Guy du 3ème Escadron
et les Brigadiers FRAISSE
MISSUD du 3ème Escadron
sont blessés dans le secteur de TERELLE au cours d'un bombardement.
Le Maréchal des Logis DENIS Guy est plus sérieusement atteint que ses camarades (perte d'un oeil).
19 Mars au 24 Mars 1944 : Quelques tirs d'artillerie allemande dans le secteur de l'OLIVETTA - SAN ELIA - ROUTE DE TERELLE, sans causer de pertes ; secteur relativement calme.
25 Mars 1944 : Le Peloton du 3ème Escadron stationné sur les lacets de la route de TERELLE (le peloton LABITTE a relevé le 19/3. sur ses positions le peloton EMIG) effectue à 5 heures 30 des tirs sur un observatoire allemand (cote 862) et sur une casemate (cote 875).
Harcèlement habituel du secteur par artillerie et minens.
La camionnette Dodge assurant le ravitaillement du Peloton stationné devant TERELLE, est mitraillée en assurant cette mission.
26 Mars 1944 : Par Ordre du Colonel BONJOUR, Commandant le Groupement blindé du Secteur de SAN ELIA, le Peloton EMIG; stationné depuis le 20 dans la région de SAN ELIA, rejoint VENAFRO.
Harcèlement habituel (artillerie et minens) dans tous les secteurs occupés par l'Escadron SOUDIEUX.
27 Mars 1944 : Par ordre du Général Commandant la D.I., le peloton LABITTE quitte TERELLE dans la nuit sauf un char qui reste sur la position avec un SHERMAN. Même activité de l'ennemi.
28 Mars 1944 : Les 5 chars du Peloton LABITTE descendus de TERELLE entrent dans le système anti-chars de la vallée de SAN ELIA. Au cours d'un bombardement le Brigadier THOMAS Charles du 3ème Escadron est blessé.
20 Mars 1944 : Le P.C. du Commandant du 3ème Escadron (OLIVETTA) est fortement pris à partie par l'artillerie ennemie.
30 Mars 1944 : Le 4ème Escadron (stationné aux environs de VENAFRO) effectue des exercices avec chars. En rentrant à son bivouac à 11 heures 30 un char provoque l'éclatement d'un explosif, les cavaliers LOPEZ Hubert - GOMEZ François - VALENTE Marcel qui se trouvaient à quelques mètres du lieu de l'explosion sont grièvement blessés. Le chasseur LOPEZ décède durant son transport à l'hôpital, le chasseur GOMEZ meurt des suites de ses blessures le 31 Mars 1944 à l'hôpital 422. Obsèques à VENAFRO), le même jour à 16 heures. Le 4ème Escadron en entier, une délégation de chaque escadron assistent aux obsèques.
31 Mars 1944 : Le dernier élément du Peloton LABITTE resté sur TERELLE rejoint dans la nuit son unité.
1er Avril 1944 : Harcèlement habituel de l'artillerie allemande dans tout le secteur occupé par le 3ème Escadron.
2 Avril 1944 : Au cours d'une liaison avec le P.C, avancé de la Division, le chasseur MACIA Antoine est accidenté. Grièvement blessé, il meurt des suites de ses blessures à l'hôpital 422 le 3 Avril 1944.
Le 3ème Escadron quitte la région SAN ELIA - OLIVETTA pour rejoindre la portion centrale du Régiment (VENAFRO). La colonne arrive au bivouac sans incident à 7 heures du matin le 5 Avril 1944.
Préparatifs de départ. Une reconnaissance est effectuée dans la journée dans le secteur de ROCCA - MONFINA, nouveau lieu de stationnement du Régiment. Y participent, le Colonel, les Chefs d'Escadrons, les Cdts. d'Escadrons, quelques officiers de l'E.M.R.
3 Avril 1944 : Au bivouac, attendons l’ordre de mouvements.
Le mouvement s'effectue en une seule colonne sous le commandement du Lieutenant-Colonel VAN HECKE.
La tête de la colonne arrive à 9 heures 15 au carrefour. Route n°85 et route de CAPRIATI.
À 9 heures 30 en dépit des convois montant et descendant, le Colonel donne l'ordre de départ. Le Régiment est installé dans ses cantonnements à 12 heures. Aucun incident au cours du déplacement.
Points de stationnement du Régiment à la date du 4 Avril 1944 :
GAROFALI : E.M.R - S.AF, une partie de l'E.H.R. et le 3ème Escadron.
Tout le personnel est en cantonnement.
TUORO DI TAVOL A : 1er, 2ème et 4ème escadrons. Le Général JUIN et l'E.M. Du C.E.F. sont à SESSA - AURUNCA.
Le Général DE MONTSABERT et l'E.M. de la 3ème D.I.A. se sont installés à CASALE.
Une division marocaine, la 4ème D.M.M. nouvellement arrivée occupe le secteur du GARIGLIANO.
Le Régiment reste en "réserve générale”.
5 et 6 Avril 1944 : Installation dans les cantonnements. Travaux de défense anti-aérienne.
7 et 8 Avril 1944 : Les escadrons sont installés dans leurs nouveaux cantonnements.
Dans toutes les unités, révision du matériel,
9 Avril 1944 : Fête de Pâques - Grand-messe à 9 heures en l’église de GAROFALE
Gros remous parmi la population civile. Sensibilité poussé, chez ce peuple, aux limites extrêmes de la dignité humaine.
10 Avril 1944 :
Suivant les instructions de Mr. Le Général Commandant la D.I., le 1er Escadron se rend à la cérémonie à la mémoire des morts de la
Division qui se déroule à CASALE et à VENAFRO.
Une délégation emporte le fanion du Régiment ainsi que ceux des différents escadrons, Le Lieutenant-colonel Commandant assiste à la cérémonie.
Dans la soirée à 18 heures, une cérémonie, au cours de laquelle le Chef de Corps fait l'appel des morts du Régiment, devant les unités rassemblées, se déroule à GAROFALE (bivouac du 3ème Escadron). Cette cérémonie toute intime est des plus émouvantes.
Le Colonel très ému lui-même rappelle à tous l'exemple magnifique des camarades déjà tombés pour la France.
11 Avril 1944 : A 10 heures, messe de requiem à la mémoire des morts du Régiment. Tous les officiers et de nombreux cavaliers y assistent,
Le Capitaine DE TAFFANEL DE LA JONQUIERE, affecté par avis de mutation en date du 19 Mars 1944 de l’état-major Général, rejoint ce
jour.
Il prend le commandement de l'E.H.R. En remplacement du Lieutenant ARPAJOU qui revient à l'Etat-Major où il s'occupera du matériel “Z”,
12, 13, 14 Avril 1944 : Révision et entretien du matériel.
15 Avril 1944 : Dans l'après-midi le Colonel remet en toute intimité la Croix de guerre aux gradés et cavaliers du Régiment cités à l'ordre de la
Brigade et du Régiment et profite de cette réunion du Régiment pour présenter les Chefs d'Escadrons PERNOT, DE CARMEJANE et le Capitaine
DE LA JONQUIERE.
17 Avril 1944 : Fête du Régiment. Les Généraux JUIN, DE GOISLARD DE MONTSABERT, le Général Américain PATCH, Lieutenant-Colonel PARDES, Chef d'Etat Major de la D.I. Mr. l'Aumônier du C.E.F, et de nombreux officiers assistent à la cérémonie de la matinée au cours de laquelle le Général JUIN
remet la Croix de guerre avec palme au Lieutenant-Colonel VAN HECKE, la Légion d'Honneur au Lieutenant BRUNEL, la Médaille Militaire à l'Adjudant-Chef MERCKLIN, la Croix de guerre avec palme au 1er Escadron (Lieutenant DE CHAMPEAUX) et au S/Lieutenant CHAMARD Roger du 4ème Escadron, la Croix de guerre avec Etoile de vermeil à Madame la Lieutenant DUSSAUSSOY de MIGI, Chef de la section Ambulancière Féminine. Les conductrices Ambulancières, gradés et cavaliers du Régiment cités à l'ordre de la Division reçoivent la Croix de guerre avec étoile d'argent des mains du Général DE MONTSABERT.
Après la remise des décorations, le Régiment défile en formation de combat, La musique régimentaire joue pendant le défilé, A midi à la popote du Chef de Corps. un repas réunit les personnalités. Pendant le repas un concert est donné par la musique. À l'issue du repas, le Lieutenant-Colonel VAN HECKE
prononce une vibrante allocution à laquelle répond non moins véhémentement le Général JUIN qui annonce l'imminence du coup de poing Français en Italie.
Dans l’après midi des compétitions sportives inter-Escadrons sont organisées.
18 Avril 1944 : Le Chef d'Escadrons PERNOT Camille, Commandant en second. est nommé Lieutenant-Colonel.
19, 20 et 21 Avril 1944 : Les différentes unités poursuivent leurs travaux de réparation et d'entretien du matériel.
22 Avril 1944 : Fête de la Division à POMPEÏ. Le Lieutenant-Colonel VAN HECKE, le Lieutenant-Colonel PERNOT et le Chef d'Escadrons DE CARMEJANE assistent aux différentes cérémonies. La musique régimentaire prête son concours aux manifestations de l'après-midi et s'y fait remarquer.
25, 26 et 27 Avril 1944 : Manœuvre de Cadres de la 3ème D.I.A. Le Colonel, les Officiers de l'Etat Major, les Commandants d'unités et les Chefs de Peloton sauf E.H.R. y participent.
29 Avril 1944 : La musique régimentaire et le 1er Escadron de reconnaissance participent à NAPLES, avec les deux détachements alliés
à la cérémonie aux couleurs à laquelle assistent avec le Colonel, quelques officiers de l'Etat-Major et des différentes unités.
1er Mai 1944 : Le Colonel est convoqué à 18 heures au P.C. du Général Cdt. La 3ème D.I.A. En vue de la préparation d'une manœuvre.
Il s'y rend accompagné du Commandant DE CARMEJANE Chef d'Escadrons Adjoint, du Lieutenant DURANEL, Officier de renseignements
et du Lieutenant SOUDIEUX, artilleur, Commandant le 3ème Escadron.
3 Mai 1944 : Manœuvres de la D.I.
7 Mai 1944 : Un groupement aux ordres du Lieutenant-Colonel PERNOT Commandant en second, et comprenant.
Le 1er Escadron avec 1 Médecin, 1 Equipe sanitaire, 2 Ambulances
et le 4ème Escadron avec 1 Médecin, 1 Equipe sanitaire, 2 Ambulances
fait mouvement sur la Région de LAURO et de RONGOLISI dans la nuit du 7 au 8 Mai 1944. Itinéraire : Route 622 - ROCCAMONFINA - Route 725 - Carrefour FONTANA GALLO - Route CABRE.
8 - 9 Mai 1944 : Le 4ème Escadron effectue des tirs de concentration sur la région au Nord de CASTELFORTE. Tirs de réglage et des tirs au but sur observatoires ennemis.
10 Mai 1944 : Reconnaissance de bivouacs, positions intermédiaires pour les éléments stationnés à TAVOLA et GAROFALI.
11 Maï 1944 : Dans la nuit du 10 au 11 Mai, les éléments du Régiment restés au cantonnement de GAROFALI - TAVOLA font mouvement sur la position intermédiaire (Région sud de RONGOLISI). Commandant du Détachement : Capitaine PLANES.
Déplacement effectué sans incident.
Les généraux ALEXANDER et CLARK envoient un ordre du Jour à toutes les troupes du Front d'ITALIE à l'occasion de la nouvelle offensive générale :
a) ORDRE DU GENERAL ALEXANDER :
"Soldats des Armées Alliées en ITALIE.
Tout au long de l'hiver dernier, vous avez combattu durement et avec vaillance, vous avez tué de nombreux allemands, Peut être êtes-vous déçus de ce que nous n'ayons pas pu progresser plus vite ni plus loin, mais moi, ainsi que tous ceux qui savent, nous réalisons pleinement la façon magnifique dont vous avez combattu parmi ces obstacles presqu'insurmontables de montagnes rocheuses et sans pistes, dans la neige épaisse, dans des vallées barrées par les cours d'eau et la boue, contre un ennemi opiniâtre.
Les résultats des mois passés peuvent ne pas vous paraître spectaculaires mais vous avez attiré et usé en Italie un grand nombre des meilleures divisions dont l’ennemi avait un pressant besoin pour contenir dans l'Est l'avance des armées russes. Hitler a reconnu que ses défaites sur le front de l'Est étaient dues pour une large part à l'âpreté des combats et aux pertes qu'il avait subies en Italie. Le résultat en lui même est un grand succès et vous pouvez, comme je le suis moi-même, être fiers de vous. Vous avez gagné l'admiration du monde et mérité la reconnaissance de nos alliés Russes.
Aujourd'hui les heures sombres appartiennent au passé et, devant nous demain, nous verrons la victoire. Sous les coups sans cesse croissants des forces de l'Air des Nations-Unies, plus violents chaque jour, la machine commence à crouler. Les forces armées alliées $e rassemblent maintenant pour les ultimes batailles sur mer, sur terre et dans les airs, afin d'écraser l'ennemi une fois pour toutes : de l'Est, de l'Ouest, du Nord et du Sud, des coups vont tomber qui provoqueront la destruction finale des nazis, apporteront une fois encore la liberté à l'Europe et hâteront encore l’avènement de la paix pour nous tous. C'est à nous qui sommes en Italie qu’échoit l'honneur de frapper le premier coup.
Nous allons détruire les armées allemandes en Italie. Le combat sera dur, âpre, long peut être, mais vous êtes des guerriers et des soldats de la plus grande classe. Pendant plus d'un an vous n'avez connu que la victoire : vous possédez courage, détermination et adresse.
Vous serez appuyés par des forces aériennes. écrasantes et nous avons sur les Allemands une large supériorité numérique en artillerie et en chars. Aucune armée n'est jusqu à présent entrée dans la bataille pour une cause plus juste et plus droite.
Aussi, avec l'aide et la bénédiction de Dieu, entrons en campagne confiants dans la victoire.
Signé. A.R. ALEXANDER."
b) ORDRE DU GENERAL CLARK :
“Officiers et soldats de la Cinquième Armée :
Pendant les huit mois qui se sont écoulés depuis votre invasion de l'ITALIE continentale, vous avez obtenu des résultats tactiques et stratégiques de grande importance aux Nations-Unies. Le Monde entier, l'Axe compris, connaît ce succès et se rend compte de l'importance de votre débarquement à SALERNE en face d'une opposition acharnée ainsi que de la prise de NAPLES malgré la résolution de l'ennemi de nous empêcher d'occuper ce port si nécessaire à nos futures opérations en Italie. Naples tombée entre nos mains, vous avez poussé votre attaque sans trêve et sans délai, obligeant ainsi les Allemands à battre en retraite jusqu'à leurs lignes préparées à l'avance et avec grand soin dans un terrain montagneux où la nature assure tous les avantages à la défensive.
Malgré les montagnes, malgré le manque de routes, malgré un climat rigoureux et des ouvrages défensifs en béton, vous avez, par vos diverses attaques bien exécutées, obligé l'ennemi à renforcer puissamment ses positions pourtant si avantageuses aux dépens de ses autres besoins urgents et vous l'avez harcelé sans arrêt.
En même temps vous avez établi une forte tête de pont dans la zone ANZIO - NETTUNO où vous menaciez sérieusement ses lignes de communications, menace dont l'ennemi cherche à se protéger en faisant appel à des forces importantes destinées à d'autres opérations.
Mesurée par le faible gain de territoire durant ces derniers mois, il peut vous sembler soit que notre campagne n'ait plus d'importance majeure, soit qu'elle n'obtient pas un sucés influant particulièrement sur le sort de la guerre. Rien ne pourrait être plus inexact. Vous avez brillamment forcé la forteresse européenne dont les Allemands vantaient l'invulnérabilité.
Vous avez contraint les Allemands à affecter plus de vingt Divisions à la coûteuse et vaine tentative de retarder notre avance vers le Nord. Vous leur avez infligé de lourdes pertes et vous avez fait plus de 13.000 prisonniers, vous avez placé l'ennemi dans sa position désespérée d'aujourd'hui quand il cherche à contenir les forces alliées, sachant parfaitement qu'un jour il sera terrassé de deux directions différentes.
Je sais personnellement que les Gouvernements et les peuples des Nations-Unies comprennent et apprécient à leur juste valeur les exploits de la 5ème Armée. Non seulement ils se rendent compte du fait que vous avez accompli tout ce qui était possible avec les moyens à votre disposition, mais également ils savent que vous avez retenu sur ce front des dizaines de milliers de soldats dont les nazis avaient désespérément besoin, aussi bien
pour arrêter les Russes que pour se préparer contre d'autres invasions en Europe.
Depuis quelques semaines un calme relatif règne pendant lequel il a été possible de nous refaire en hommes et en armes.
Bientôt nous reprendrons l'offensive et lancerons les attaques attendues et redoutées de nos ennemis. Vous avez tout ce qu'il faut pour lui porter des coups écrasants et pour les mener à bonne fin. Un entraînement poussé, un équipement supérieur, un courage héroïque, et la confiante certitude de la destruction imminente des armées allemandes.
Comme par le passé, j'ai pleine et entière confiance dans les hommes de la 5ème Armée : ils traverseront les prochaines épreuves en vrais soldats, avec l'aide de Dieu et inspirés par lui, vous marcherez à des victoires aussi grandes que décisives.
Signé : Mark W. CLARK.“
Le Général JUIN s'adresse également aux troupes Françaises dans les termes suivants :
“Combattants français de l'Armée d'Italie, la grande bataille dont le sort peut hâter la victoire définitive et la libération de notre Patrie s engage aujourd'hui.
La lutte sera générale, implacable et poursuivie avec la dernière énergie. Appelés à l'honneur d'y porter nos couleurs, vous vaincrez comme vous avez déjà vaincu, en pensant à la France martyre qui vous attend et vous regarde. En Avant.
Signé : JUIN.“
L'Offensive générale se déclenche le 11 Mai, à 23 heures, appuyée par une violente préparation d'artillerie. Consommation de l'artillerie française dans la nuit du 11 au 12 Mai : 284.000 coups.
12 Mai 1944 : Dans la nuit le 4ème Escadron mis à la disposition du Lieutenant-Colonel DE LAMBILLY (4e R.S.M.), Commandant le Détachement blindé-Ouest, fait mouvement, traverse le Garigliano et se porte dans le village de SAN-LORENZO, au pied de CASTELFORTE.
Le 2ème Escadron mis à la disposition du commandant DODELIER (4e R.S.M.), Commandant le Groupement blindé-Est, fait mouvement, traverse le Garigliano et se porte aux environs de SUJO.
Le 3ème Escadron se porte sur les rives Est du Garigliano (région de MASSA PIETIEROTTI) et s'installe en surveillance sur la région de CASTELFORTE.
L'Etat-Major par éléments séparés quitte l'area 12 de la région de RONGOLISI, le 12 Mai à 7 heures et s'installe à l'ex P.C. du 1er Escadron au Nord de MASSA-PASTENE.
Le 1er Escadron regroupé à MASSA-PASTENE est remis à la disposition du Lieutenant-Colonel Commandant le Régiment. Au cours de cette journée du 12 Mai les Officiers de l'E.M. effectuent diverses reconnaissances au-delà du Garigliano se portant aux P.C. avancés des 4ème et 2ème Escadrons à SAN-LORENZO et PANTANO sur la route de CASTELFORTE.
Les T.D. du 2ème Escadron pénètrent dans CASTELFORTE vers 17 heures, ceux du 4ème Escadron dans SAN COSIMO DAMIANO après avoir appuyé pendant la journée la progression de l'infanterie, par la destruction de nombreux nids de mitrailleuses.
Une arme anti-chars blindée est mise hors de combat par un tir précis à perforant du peloton DE ROCHAMBEAU : l'effet des perforants fut tel que les servants des différentes pièces de ce genre (char ou canon de 75) abandonnèrent leur pièce sans tirer.
Au cours de ces actions, l'Aspirant DUROS est blessé par minen, alors qu'il guidait un T.D. sur la route, vers 16 heures. A 18 heures 30 un obus tombe sur le char DOMPTEUR, blessant grièvement à la tête le chef de char Maréchal des Logis LECOMTE Marcel et le Lieutenant RENE, aux jambes. Ce dernier refuse de se laisser évacuer : il restera en position jusqu'à la prise de DAMIANO et ramènera lui-même ses T.D. à SAN LORENZO. Le
Cavalier SRENDA est tué dans DAMIANO au cours du nettoyage.
Un T.D. du 2ème Escadron saute sur une mine antichars sur la route de CASTELFORTE, et est inutilisable. Les cavaliers GRIMA et MOLTO de l'équipage sont blessés l'un au pied l'autre à l'épaule.
13 Mai 1944 : Le 13 Mai au matin, un peloton de T.D. du 4ème Escadron accompagné de SHERMAN progresse vers VENTOZA : des mines les arrêtent. Les démineurs du 4ème R.S.M. sont pris à partie par des armes automatiques ennemies. A ce moment le Sous-Lieutenant DE ROCHAMBEAU fait avancer doucement 2 T.D. et permet ainsi aux démineurs de travailler à l'abri, couchés à plat-ventre entre les chenilles.
À 17 heures l'EM. le peloton de pionniers, le service de Santé, le 3ème Escadron passent le Garigliano et se dirigent sur SAN-LORENZO où la jonction est prévue avec les 2ème et 4ème Escadrons.
Le Régiment (moins 2 pelotons de T.D.) : l'un reste (peloton DE ROCHAMBEAU 4ème Escadron) avec la colonne DE LAMBILLY, l'autre (peloton LABITTE du 3ème Escadron) mis à la disposition du 2ème R.T.M. pour aider au nettoyage de la région du SIOLA, se trouve regroupé à SAN-LORENZO prêt à se porter au Col Nord-Ouest de CASTELFORTE. Pour des raisons d'encombrement de la route, il stationnera à SAN-LORENZO et ses abords.
14 Mai 1944 : Le 14 Mai au matin, le 2ème Escadron est remis à la disposition du Commandant DODELIER (groupement blindé composé d'un Escadron de reconnaissance du 4ème R.S.M., d'un Escadron de T.D. d'une compagnie de chars américains Médium) qui doit se porter par la vallée de l'AUSENTE sur AUSONIA. Le Lieutenant ARPAJOU est détaché comme Officier de liaison auprès du commandant de groupement.
En fin de matinée le Général Commandant la 3ème D.I.A. constitue un groupement blindé aux ordres du Lieutenant-Colonel VAN HECKE, comprenant le détachement DODELIER, le 7ème R.C.A. aux ordres du Lieutenant-Colonel PERNOT, et un groupe d'artillerie de 105.
La colonne DODELIER quitte SAN-LORENZO à 10 heures 30 ; elle arrivera dans la région du CERRY vers 15 heures, la piste étant quasi impraticable (miné et encombrée par des SHERMAN américains). Le Lieutenant-colonel VAN HECKE arrive seul vers 17 heures devançant son groupement, explique la situation au commandant DODELIER et monte l'attaque du COLLE-TORRERISI A 19 heures le peloton LEMAIGNAN (2e Escadron)
attaque avec les éléments légers du 4ème R.S.M. Il est stoppé à 400 mètres de l'objectif par des mines et la nuit. Un T.D. saute ; pas de blessé.
L'Escadron de Reconnaissance arrivant vers 20h.30 est envoyé en protection des éléments avancés ; la nuit sera calme.
La tête de la colonne du Lieutenant-Colonel PERNOT arrive vers 20 heures 30, au CERRY. La piste est entièrement obstruée interdisant toute circulation. Le Lieutenant BRUNEL, Officier des Transmissions, veut rejoindre plus rapidement le Colonel : il laisse sa jeep, part à pied, mais il est coincé entre deux véhicules vers 21 heures. Il est aussitôt transporté au P.S., d'un G.T.M. et évacué le lendemain (contusions assez fortes au bassin et aux jambes)
15 Mai 1944 : Le 15 à 7 heures, le groupement blindé VAN HECKE fait mouvement sur AUSONIA. L'unique piste est des plus encombrée ; toutefois il pénètre dans AUSONIA vers 9h.30 et opère sa jonction avec la colonne DE LAMBILLY arrivée par CASTELFORTE.
Reconnaissance à 10 heures 30 sur CASTELNUOVO et mise en place du 4ème Escadron en anti-chars, en avant de CASTELNUOVO.
Le Régiment se regroupe au Sud d'Ausonia. 10 heures 45. mitraillage par aviation du PC. VAN HECKE. L'Adjudant ASTONE de l'E.M.R. est grièvement blessé et évacué d'urgence.
Dans l’après-midi vers 15 heures le Général DE MONTSABERT de passage, s'arrête pour féliciter le Colonel VAN HECKE pour la brillante action de son groupement blindé au cours de la soirée du 14 et la matinée du 15.
Le 7ème R.C.A. repasse sous les ordres du Lieutenant-Colonel VAN HECKE qui mettra à la disposition du Colonel DE LAMBILLY, les T.D. nécessaires selon la situation. Le P.C. Du Colonel s'installe à l'entrée Sud d'AUSONIA.
16 Mai 1944 : Un Escadron de T.D. est mis à la disposition lu Colonel DE LINARES pour appuyer l'attaque du 3ème R.T.A. Un peloton de T.D.
(LAFLECHE) à la disposition du groupement DODELIER sur l'axe SAN-GIORGIO, ce peloton assure la liaison avec les éléments de tête de la 1ère D.M.L et du 8ème R.C.A. et effectue à la demande du détachement blindé de tête de cette Division des tirs de destruction sur des nids de mitrailleuses.
L'avant-garde du groupement DODELIER est confié au Lieutenant SOUDIEUX. Seul EMIG est employé, attaque ESPERIA et y entre avec ses chars. Un Escadron de T.D., (PLANES) est mis à la disposition du Colonel DE LAMBILLY sur l'axe AUSONIA—ESPERIA.
Dans la nuit le Cavalier TUR Marcel de l'E.M.R. de garde au PC, est tué à son poste, par éclats d'obus.
Dans la journée le Sous-Lieutenant SIGWALT du 4ème Escadron est blessé par accident en guidant un T.D. sous le feu, il est évacué sur CORENO ainsi que l'Adjudant Chef FRACHON du 3ème Escadron (Peloton EMIG) blessé par un éclat d’obus au bras.
Le 2ème Escadron est en soutien sur la route de CASTELNUOVO pendant l'attaque d'ESPERIA,
A 13 heures il stoppe par les tirs des pelotons LEMAIGNAN et NICOLAS une contre-attaque allemande sur le COLLE-BASTIA.
17 Mai 1944 : ESPERIA pris, le peloton LEMAIGNAN dépasse à 15 heures le peloton EMIG et descend en soutien de l'escadron DE FRACY (4ème R.S.M.) qui marche sur MONTI-CELLI. L'attaque est arrêtée par une barricade. Les T.D. laissés seuls sont attaqués au canon et aux armes automatiques.
Le Sous-lieutenant LEMAIGNAN fait preuve d'une énergie farouche. Blessé, il continue l'action : L'Aspirant DE SAINT PULGENT, son adjoint est tué avec un de ses Chefs de char GAILLARDO, par éclats d’obus. Le 4ème Escadron, toujours en réserve, région d'AUSONIA.
18 Mai 1944 : Le Colonel DE LAMBILLY confie au Capitaine PLANES un groupement comprenant des Sherman, son escadron T.D. (le peloton FRACHON du 3ème Escadron) et un peloton du 4ème R.S.M. avec mission d'attaquer MONTICELLI : l'affaire se développe favorablement. Pris à partie à l'entrée du village par l'artillerie allemande, l'escadron perd l'adjudant ABRASSARD et le Maréchal des Logis BEINTIN blessés par éclats. La lutte s'engage entre T.D. et pièces anti-chars la parole reste aux T.D. et la colonne PLANES pénètre dans MONTICELLI et SAN-OLIVA.
Le peloton NICOLAS est placé en bouchon anti-chars sortie Est de SAN-OLIVA ; direction “Cote 101”. Le peloton FRACHON (3ème Escadron) exécute des tirs sur des objectifs désignés par l'infanterie,
19 Mai 1944 : L'Escadron SOUDIEUX dispersé entre SANTA-MARIA DELLA VALLEE et le village de MONTICELELLI travaille en appui d'infanterie (peloton EMIG et 4ème R.T.T.) FRACHON reçoit ordre de quitter ses positions de MONTICELLI et se porte vers SANTA-MARIA DELLA VALLEE. Au cours d'un harcèlement, le Half-Track FRACHON et un Dodge prennent feu. Le Maréchal des Logis DEFFOBIS et le Cavalier MEZIANE sont enterrés vivants et ne se retrouvent saufs que grâce au sang-froid du Sous-Lieutenant FRACHON.
LA BATAILLE DE CHARS 19 au 24 Mai 1944
A. - L'AFFAIRE DE LA COTE 101
Un Groupement aux ordres du Capitaine PLANES et composé d'un peloton de chars légers, d'un Escadron du 4ème R.S.M. et du 2ème Escadron, est placé sous le commandement du Commandant DE ROQUIGNY (1er Bataillon, 3ème R.T.A.). Les T.D. devront appuyer l'attaque de l'infanterie sur la cote 101. Sont engagés : les Pelotons VIRIOT et NICOLAS.
Un à un les nids de résistance, dont certains sous casemates sont détruits par le tir à vue des TD : la cote 101 est occupée ; mais une Contre attaque allemande se développe avec appui d'anti chars: trois T.D. sont atteints et flambent, L'Adjudant BARET, le Maréchal des Logis CLERGE, le Brigadier Chef LARRIVAUX, les Cavaliers BLASCO, BROTONS, HUND ne peuvent se dégager et brûlent avec leur engin, seul PICONE réussit à se dégager mais est grièvement brûlé. Les renforts d'infanterie arrivent, la cote 101 est solidement tenue et le Groupement blindé se replie.
B. - LE GROUPEMENT VAN HECKE ET LES AFFAIRES DE PICO et COLLEGRANDE
Le 19 après midi un groupement blindé aux ordres du Lieutenant-Colonel VAN HECKE est constitué : il comprend :
- 1 compagnie de Sherman (Cie A)
- 1 Escadron de T.D. (4ème)
- 1 Escadron de reconnaissance moins 1 peloton (1er)
- 1 Bataillon d'infanterie (2ème du 4ème R.T.T. aux ordres du Chef de Bataillon POUPELIN).
Ce groupement quitte la région de SANTA-MARIA-DELLA VALLEE le 20 au matin et se porte vers PICO, par la piste bordant le FORMA DI SAN OLIVA, à l'OUEST. En raison des passages difficiles au départ, le peloton BROUSSES est passé sur la route franchissant le QUESTA et se heurte à un champ de mines sur lequel 3 véhicules avaient sauté et retrouve de ce fait le Lieutenant-Colonel PERNOT grièvement blessé. Le Peloton de pionniers alerté aussitôt commence le déminage : Le Corps de l'Adjudant-Chef CLERMONT disparu la veille avec le S/Lt LABITTE après qu'il fut parti en reconnaissance, ceux du Maréchal des Logis DE VILLERMAY ; du Brigadier-Chef RONDA sont retrouvés dans le champ de mines.
La progression reprend dans la coulée du FORMA SAN OLIVA, peloton CIVET en tête. Vers 12 heures 50 ce dernier détecte plusieurs chars ennemis aux environs de la cote 227, quatre sont abattus par les T.D.; 2 autres sont détruits par l'artillerie. Une tentative d'attaque sur PICO est stoppée en raison de l'heure tardive et des réactions de l'infanterie ennemie.
21 Mai 1944 : La colonne doit se mettre en route à 5 heures.
Le peloton CIVET est poussé en reconnaissance le long de l’oued et, à 7 heures, il se heurte à un feu de mitrailleuses ennemies au débouché de la piste sur la route de PONTECORVO : 2 canons de 105 et autres anti-chars empêchent le débouché de la colonne.
Un tir d'artillerie est demandé ; celui-ci tardant à se déclencher, l'infanterie ayant par ailleurs mis pied dans PICO de nuit puis s'étant fait rejeter, l’action est stoppée dans l'attente de nouveaux ordres.
Le détachement s'organise pour la nuit, 3 P.A. sont constitués ; CIVET patrouille sans résistance, jusqu'au carrefour en uvant de PICO : il est 18 heures 30.
À 20 heures le peloton BROUSSES pousse une pointe jusqu'à 500 mètres Nord de SAN GIOVANNI sans résistance.
22 Mai 1944 : Le Capitaine GUTH est chargé d'étendre le P.A. 3. jusqu'au CAMPO DEL MORA. Les pelotons BROUSSES et JOUANNIQUE appuyés par le peloton CHAMARD et non suivis par les Sherman, se heurtent à une très forte résistance à 200 mètres du carrefour. Il est 9 heures ; on essuie des rafales de mitrailleuses à 50 mètres ; chaque maison, chaque trou est un refuge pour l'ennemi qui résiste avec acharnement.
Nous avons fait 3 prisonniers qui nous permettent d'identifier 3 compagnies ; le terrain en vergers très couvert permet une défensive facile : le Cavalier PEREZ du 4ème Escadron est tué par balle dans le dos.
Devant la faiblesse de nos effectifs et l'absence d'infanterie, le Lieutenant commandant l'Escadron de reconnaissance demande à faire un repli de 500 mètres pour pouvoir dégager nos champs de tir. 4 chars ennemis viennent d'être signalés. L'Escadron de reconnaissance appuyé par le peloton CHAMARD et un peloton de Sherman (l'ensemble aux ordres du Lieutenant DE CHAMPEAUX) s'installe défensivement.
L'ennemi contre-attaque, appuyé par 11 chars MARK IV et tente de déborder sur la droite. Un tir d'artillerie est demandé : sans résultat. Le peloton DE ROCHAMBEAU s'installe à gauche et ouvre le feu ; 2 chars sont descendus. Le peloton CHAMARD en a un à bout portant. L'infanterie ennemie est stoppée par nos tirs de mitrailleuses et se replie à l'abri de couverts, ainsi que les autres chars. Le tir d'artillerie se déclenche, vers 11 heures 30 :
dense et précis et arrête toute nouvelle tentative ennemie. Vers 15. heures, le groupement GUYONNECHE nous dépasse et l'Escadron de reconnaissance se reforme pour reprendre son action en direction de PICO, appuyé par les T.D. Le Sous-Lieutenant JOUANNIQUE, le Brigadier CREMADES et le Cavalier GUIGOU sont tués par obus ; à ce moment l'Aspirant ROLAND GOSSELIN est grièvement blessé.
Les T.D. du 4ème Escadron sont arrêtés sur la route par les grenadiers de la 26ème PANZER qui avaient pour mission de détruire à la grenade anti-chars les T.D. à leur passage. Un chef de char de ROCHAMBEAU est touché et brûlé.
Les pelotons CIVET, BROUSSES et VERCHERIN nettoient le terrain et font en coopération avec les T.D., 26 prisonniers et de nombreux tués. Le peloton de pionniers aménage une piste permettant le passage en direction de PICO.
La nuit tombe ; nous rentrons sur les emplacements de la veille.
23 Mai 1944 : La progression reprend sous une grêle d'obus en tête, le 4ème Escadron couvert par le peloton CIVET. 3 chars ennemis sont mis hors de combat par les T.D. Le P.C. s’installe à PICO vers 11 heures et subit un vif bombardement. Le Sous-Lieutenant CHAMARD est tué vers 15 heures alors qu'il était en reconnaissance devant son peloton. Le 3éme Escadron et le restant de l'Escadron de reconnaissance sont en réserve dans la région du carrefour de SAN GIOVANNI.
À 15 heures, trois détachements sont formés, Le 4ème Escadron aux ordres de son Capitaine continue sa mission sur SAN GIOVANNI avec le peloton CIVET. Le 3ème Escadron aux ordres de son Lieutenant, moins un peloton, renforcé par le peloton VERCHERIN, progresse à gauche de la route de SAN GIOVANNI.
Le Lieutenant DE CHAMPEAUX avec le peloton EMIG et le reste de son escadron est tenu en réserve dans PICO.
Dans la nuit du 25 au 24 l'aviation allemande bombarde la région. les escadrons, le P.C. sont copieusement encadrés, le 4ème Escadron en particulier où l'Aspirant LAFLECHE est légèrement blessé.
Le 24 au matin reprise de la progression. Le 4ème Escadron réussit à pousser quelques Sherman sur la crête, maïs la manœuvre mal exécutée coûte un Sherman ; 2 chars allemands sont cependant mouchés et crament. Les Américains sont un peu en flèche sur la route.
Une compagnie d’allemands contre attaque, et arrive à 30 mètres des Sherman qui ne les voient pas ; mais les T.D. veillent : rafale d'explosifs, et l'ennemi fuit dans l'épouvante.
L'ATTAQUE DE COLLE GRANDE
À 17 heures 30 l'ordre arrive d'attaquer la crête et le village de COLLE GRANDE, seul bastion ennemi résistant encore.
L'action débute bien : les américains démarrent sous l'action conjuguée du Capitaine-commandant le 4ème Escadron et du Lieutenant FRANCK qui se conduira brillamment. Le peloton LAFLECHE prend la tête, et fonce malgré des actions anti-chars très violentes. Un char léger est touché, les Sherman reculent.
Il faut cependant “y aller”, Le peloton LAFLECHE précédant les Sherman les entraîne. Les tirailleurs du 3ème R.T.A. collent.
Du col dominant COLLE GRANDE, les anti-chars tirent de partout. Le T.D. LA FLECHE est touché et prend feu, mais l'équipage, blessé légèrement, réussit à se dégager. Un second Sherman subit le même sort ; les tirailleurs arrivent, pris violemment à partie par des tirs ajustés venant de tous côtés. Les Sherman sont partis. Il faut donner l'exemple et l'on pousse les tirailleurs. Le détachement DE CHAMPEAUX fait à droite de l'excellent travail.
Le T.D. DE ROCHAMBEAU monte sur la crête, au risque d'être à tout coup démoli et de là, nettoie à explosifs jusqu'à la nuit.
Les tirailleurs reviennent ; leur jonction est faite et l'ennemi cesse de contre-attaquer. Le COLLE GRANDE est pris. Le 4ème Escadron rentre au bivouac, exténué, le détachement DE CHAMPEAUX fait de même, le 3ème Escadron restera sur ses emplacements toute la nuit, assurant la sécurité anti-chars de la trouée de. SAN GIOVANNI et du CERVARO, après avoir mis hors de combat 2 chars ennemis et aidé efficacement l'infanterie dans son action sur le FINCCHIARA et la cote 271.
C. - GROUPEMENT DE CARMEJANE ET LES AFFAIRES DU LEUCIO ET DU CAMPO DEL MORA
Le 19 Mai vers 15 heures le Chef d'Escadrons DE CARMEJANE avant pour adjoint le Lieutenant ARPAJOU, reçoit le commandement d'un groupement blindé composé :
- d'une compagnie de chars médium U.S. (Cie C} appuyée par un escadron de T.D. (SOUDIEUX) et couvert par une compagnie de chars M.5. US. (Cie A}, un bataillon d'infanterie (5e du 4ème R.T.T, aux ordres du capitaine CAMUS) et un peloton de reconnaissance (du 1er Escadron du 7ème R.C.A. aux ordres du Sous-Lieutenant VERCHERIN). Le groupement doit déboucher le 20 à 6 heures sur l'axe PONTE LA GUARDIA - FORMA SAN OLIVA.
Vers 16 heures le commandant DE CARMEJANNE recoit l'ordre de se porter aussitôt dans la région de SANTA-MARIA-DELLA-VALLE, sur la rive Sud du RIO FORMA DI SAN OLIVA. avec mission d'enrayer une contre attaque d'infanterie axée Nord-Sud, dans la vallée du FORMA SAN OLIVA. Le peloton EMIG, du 3ème Escadron tire à explosifs dans la vallée : quelques bruits de mitrailleuses, et la nuit tombe. La contre attaque a été stoppée net. Les prisonniers faits dans la soirée affirment que c'est grâce aux effets des obus de T.D,.
Le 20 Mai à 5 heures, le commandant DE CARMEJANE quitte son P.C. de la nuit, à SANTA-MARIA-DELLA-VALLEE pour regrouper ses divers éléments sur la route de SANTA-OLIVA ; la tête se porte aux environs de PONTE LA CALDONA. Le Lieutenant ARPAJOU en profite pour aller prendre liaison auprès du Capitaine CAMUS Commandant le Bataillon du 4ème R.T.T. et auprès d'un Bataillon du 7ème R.T.A. qui doit progresser sur les rives Ouest du FORMA SAN OLIVA. Le Lieutenant ARPAJOU ramène le Capitaine CAMUS auprès du commandant DE CARMEJANE, et l’ensemble démarre à 7 heures.
En tête, le peloton VERCHERIN, derrière 1 peloton de chars légers, 1 peloton de Sherman, 1 peloton de T.D. et de part et d'autres de la colonne et à hauteur des premiers éléments une compagnie d'infanterie du 4ème R.T.T. La piste empruntée passe sur la rive gauche du FORMA DI SAN OLIVA, elle est praticable et en assez bon état. Vers 9 heures, la compagnie LOUISON (4ème R.T.T.) se déploie : réaction de mitrailleuses et de minens ; quelques blessés ; les fantassins signalent un engin blindé et demandent un tir de T.D. sur des nids de résistance. Le peloton FRACHON les exécute, et la progression reprend en direction de l'objectif final du jour : le Monte-Leucio.
Une coupure du terrain nous prive de nos moyens légers (jeeps et Scout-Cars) seuls les chars peuvent passer. Le Commandant DE CARMEJANE rejoint le Capitaine CAMUS à son PC. Ce dernier met son dispositif en place pour l'attaque du LEUCIO qui sera appuyée par des Sherman et le peloton de T.D. tirant à vue sur les résistances signalées. L'attaque se déclenche à 5 heures, Malgré les réactions ennemies et en particulier des tirs d'artillerie et de minens, le LEUCIO est pris. (Ce sera le seul objectif atteint dans l'ensemble des groupements du jour.)
Le 21 au matin, le Capitaine CAMUS transporte son P.C. sur la cote 227, le commandant DE CARMEJANE et son groupe de commandement le rejoindront vers 9 heures après une prise de contact avec le Chef de Bataillon CERUTTI, commandant le 1er Bataillon du 4ème R.T.T., qui est mis à la disposition du groupement pour s'emparer du mouvement de terrain de CAMPO DEL MORA. Mise en place du dispositif en fin de matinée et début d’après midi. Les réactions de l'artillerie et des minens ennemis sont violentes, et la cote 227 avec son observatoire ainsi que la base de départ sont copieusement arrosées : il y a même des tirs lointains de mitrailleuses.
Une section de tirailleurs prise sous le feu violent a un moment de panique, croyant à une contre attaque allemande soudaine. L'équipage du Scout Car “FONTENOY" saute spontanément sur leurs armes et mettent leurs mitrailleuses en batterie, avec un calme et un sang froid remarquables fermement décidés à repousser toute incursion ennemie, Les Officiers présents sont avec eux, deux T.D. du Sous-Lieutenant EMIG arrivent en soutien, laisant preuve du même calme et de la même résolution. Un quart d'heure plus tard tout est fini. Ce n'était qu'une méprise due surtout aux réactions d'artillerie.
L'attaque se déclenche vers 18 heures 30 sans que l'artillerie demandée ait agi, appuyée par le feu des T.D. EMIG.
Le peloton FRACHON renforce les dispositifs anti-chars au bas des pentes Est du LEUCIO en liaison avec la 1ère D.M.I. Après une progression difficile et la nuit arrivant, le commandant CERUTTI décide de se replier sur la base de départ.
Obus et minens ; et la nuit passe.
Le 22 au matin, le Bataillon CERUTTI est remis à la disposition du Colonel Commandant le 4ème R.T.T. Le Commandant DE CARMEJANE demande des instructions au Colonel BONJOUR, ce dernier lui donne le commandement d'une colonne blindée composée du 3ème Escadron du 7ème R.C.A. et du 3ème escadron du 3ème R.S.A. dont le départ est prévu pour 18 heures ; mais en raison de l'arrêt du groupement VAN HECKE et de l'encombrement de la route, la colonne du Commandant DE CARMEJANE passera la nuit aux abords du carrefour 152, Sud du LEUCIO.
25 Mai 1944 : Le 25 à 8 heures le Colonel BONJOUR sur la demande du Lieutenant-Colonel VAN HECKE remet le commandant DE CARMEJANE à sa disposition. Il rejoint aussitôt et reprend les fonctions de Chef d'Etat-Major auprès du Colonel.
D. - LE GROUPEMENT GUYONNECHE ET LES AFFAIRES DE CAMPO DI MORA ET SAN GIOVANI
20 Mai 1944 : Le 2ème Escadron de T.D. est mis à la disposition du Groupement GUYONNECHE qui comprend, en outre, une compagnie de Sherman et une compagnie de chars légers.
Le 2ème Escadron en plein combat reçoit son renfort : 5 sous-Officiers et 21 cavaliers, À 19 heures, le P.C. du Capitaine PLANES est durement pris à partie par l'artillerie. Un nouvel équipage qui recevait des instructions pour la perception d'un char neuf est grièvement blessé.
21 Mai 1944 : Le 2ème Escadron fait mouvement vers l'avant en direction du LEUCIO.
22 Mai 1944 : Les pelotons NICOLAS et LEMAIGNAN sont engagés. Direction SAN GIOVANL 3 prisonniers sont faits.
23 Mai 1944 : Les 2 pelotons sont toujours engagés. Le Capitaine, Commandant le Détachement annonce que les T.D. ont détruit 3 chars Type TIGRE (ou PANTHERE). A 15 heures 30 le Lieutenant NICOLAS est tué par éclat d'obus. 2 T.D. reviennent un peu en arrière ayant des ennuis mécaniques. Le 2ème Escadron ne peut plus mettre en ligne qu'un peloton (LEMAIGNAN).
24 Mai 1944 : Le peloton LEMAIGNAN entre dans SAN GIOVANI. abondamment mais précipitamment miné. Rien à signaler. L'ennemi a évacué le village la veille. Le 2ème Escadron se replie et se regroupe aux abords du COLLE GRANDE le 25.
25 Mai 1944 : Le 4ème Escadron souffle un peu.
Le 2ème Escadron continue son action sur SAN GIOVANI.
Le 3ème Escadron reçoit l'ordre de se porter, couvert par le peloton VERCHERIN et appuyé par un peloton de chars légers et Sherman, au col Sud-Ouest de Monte CERVARO. Aucune résistance ennemie. Les difficultés énormes sont dues à l'état de la piste. Le Colonel et son Etat-Major quittent PICO et le P.C. avancé s'installe dans la région du COLLE GRANDE.
26 Mai 1944 : Le matin, le 2ème Escadron sa mission terminée sur SAN GIOVANI se regroupe dans la région de COLLE GRANDE, le 4ème Escadron continue sa réorganisation.
À 8 heures le Commandant DE CARMEJANE avec pour adjoint le Lieutenant ARPAJOU, reçoit le commandement d'un détachement blindé composé :
- De l'escadron SOUDIEUX
- De tout l'escadron de recofinaissance
- D'une compagnie de Sherman
- D'un peloton de chars légers (déjà en place)
avec mission d'exploiter le succès en direction de FALVATERA.
La liaison est prise avec l'infanterie au Monte MOCELLA et à la cote 551, pendant que les pelotons de l'Escadron de reconnaissance essaient vainement de trouver une piste d'accès. Les recherches sont infructueuses ; peu ou presque pas de réactions ennemies : quelques tirs d'artillerie au Col.
À 15 heures le détachement prend le chemin du retour.
À 17 heures l'ordre arrive de regrouper le Régiment.
Celui-ci se reforme dans la zone Nord Est de PICO (Campo di Mora). L'état-Major, le service de Santé se réinstallent dans PICO.
La 3ème D.I.A. ayant atteint tous ses objectifs passe en réserve de Corps d'Armée, et le Régiment est au repos pour quelques jours : repos bien gagné car il est sans arrêt sur la brèche depuis le 9 Mai, et a été en tête de toutes les attaques ainsi que l'artisan principal de la rupture des lignes GUSTAV et HITLER.
Certes ses pertes en personnel et matériel sont sévères :
27 TUÉS dont 5 OFFICIERS
64 BLESSÉS dont 6 OFFICIERS
8 CHARS HORS DE COMBAT.
Mais son tableau de Chasse est éloquent :
28 CHARS DETRUITS,
10 CANONS ANTICHARS et
127 PRISONNIERS.
La première Bataille de Chars du théatre d'opérations d'ITALIE s'est terminée à l'avantage du Régiment.
27 Mai 1944 : Le Chef d'Escadrons DE CARMEJANE assure le Commandement en second du Régiment tout en conservant les fonctions de Chef d'Etat-Major. Le Capitaine CAMUS Paul rejoint le Régiment, venant du 3ème R.T.A., et est affecté à l'E.M.R.
28 Mai 1944 : Journée de repos consacrée pour chaque Unité à sa réorganisation (Matériel et Personnel).
A 18 heures, ordre arrive de la 3ème D.I.A. de mettre un Escadron de T.D. à la disposition de la 4ème D.MM. qui relèvera un escadron du 8ème R.C.A.
7h. le Peloton EMIG (3e Escadron) entre dans CARPINETTO.
1er Juin 1944 : Le Régiment, moins le 3ème Escadron, quitte PICO, à 15h. pour rejoindre une zone de bivouac à 10 Kms au Sud de CARPINETTO : cinq minutes avant le départ, le corps du Sous-Lieutenant EMIG arrive au P.C. : tué à 7h. par minen, alors qu'il guidait un de ses chars sur une coupure de la route en avant de CARPINETTO.
Le Peloton MAGNE (3e Escadron) entre dans MONTELANICO.
Le Régiment est dérouté à son arrivée sur l'emplacement initial prévu et s'installe aux abords Nord de CARPINETTO.
Le 3ème Escadron poursuit sa progression sur MONTELANICO et la route 6, à la disposition du Groupement BONJOUR.
(Le 4ème R.S.M. venant d'être relevé par le 3ème R.S.A.R.)
À 17 heures l'escadron de reconnaissance, sur ordre de la D.I.M. part pour faire la liaison avec la 1ère D.M.L sur la droite.
Il revient une heure plus tard : mission remplie.
À 19 heures, le Colonel BONJOUR demande la relève et le remplacement le lendemain du 3ème Escadron. Le 2ème Escadron est désigné. Il prend la route à 20 heures.
Le 4ème Escadron, à la disposition du Groupement Blindé GUYONNECHE progresse en direction du Nord (GENZANO) mettant en fuite les dernicrs éléments ennemis. Le Sous-Lieutenant DE ROCHAMBEAU est blessé en fin de matinée par un tir d'autocanon ennemi. La colonne progresse plus à l'Ouest en direction de ROME, afin de protéger la relève des troupes Américaines et s'établit en bouchon anti-chars pour la nuit. Le lendemain, l'escadron reroint le Régiment.
Ce groupement est relevé par un Groupement aux ordres du Capitaine GUTH et reprend sa place derriére l'avant-garde qui sera arrêtée par une forte résistance à VILLA-ADRIANA. Une pièce antichars est détruite par un T.D. : les deux servants boches sont tués.
Le lieutenant SOUDIEUX avec le peloton MAGNE, 2 Sherman US, et 2 chars légers progressent sur les deux routes qui partent vers l'est au carrefour de CAPANELLE et s'empare du Village de St. VITTORINO.
L'ennemi résiste et les T.D. du 3ème Escadron passeront la nuit sur place incorporés dans les points d'apui.
Le 3ème est au Nord à la disposition de la 1ère D.M.I. Une colonne, commandée par le Lieutenant-Colonel VAN HECKE et composée du 4ème Escadron de T.D. et de l'escadron RIVIERE (3e R.S.AR)) et de 4 Sherman doit se porter le plus tôt possible sur le TIBRE pour s'assurer le passage de CASTEL GIUPLILIO en coordination avec le Groupement DE LINARES, le couvrant à droite où l'ennemi est signalé. Le peloton VERCHERIN démarre à 6h.30 avec mission de reconnaître la route et le pont sur le TAVERONE au carrefour 7 de la Via TIBURTINA (N°3), car la route est signalée comme très encombrée et impraticable. VERCHERIN revient à 8 heures : La route est praticable, et la colonne VAN HECKE : démarre à 8h.15 sur l'axe SAN ALESSANDRO - BUFFALOTA - Colle MARIGLIANA. sous la protection d'une avant-garde aux ordres du Capitaine GUTH et constituée par un peloton de reconnaissance (VERCHERIN) 1 peloton de T.D. (MERKLIN) et un peloton de Sherman qui, tardant à se regrouper ne rejoindra pas la colonne. À l'arrivée sur la Nationale N°3 le Colonel DE LINARES demande 2 colonnes :
l'une sur l'axe prévu, l’autre montant droit vers le pont. C'est le peloton BROUSSES qui est poussé sur le nouvel Axe, Il atteint peu de temps après le carrefour 1560, sud COLLE AGNICO ROMANA. Le Sous-Lieutenant CIVET a comme bonds : les carrefours de la route NERMANTANA et OLEOLE. Il doit trouver des Américains au premier bond. À 9h15. ces derniers sont à 2Kms300 du carrefour (un bataillon) et signalent des mouvements douteux.
Près de CIVET l'atmosphère n'est pas bonne. Le Lieutenant DE CHAMPEAUX demande 4 T.D. et revient vers CIVET. Ce dernier est parti, protégé par les Scout-cars. Tout à coup, fusillade à bout portant, et riposte au jugé des scout-cars. On se rend très mal compte de ce qui se passe. La patrouille CIVET est très sérieusement engagée. Les T.D. n'arrivent pas. VERCHERIN s'approche mais il est aussitôt stoppé par des tirs de mitrailleuses et de 31. Le Capitaine RIVIERE survient et propose au Lieutenant DE CHAMPEAUX des Sherman dont deux arrivent, tirent 5 coups : à 11 heures plus de munitions. L'aspirant KELLER arrive avec 2 T.D., C’est trop tard, il ne peut rien faire. Les minens pleuvent ; les 1er et 3ème pelotons du 1er Escadron se replient en voltige à 800 mètres.
À 12 heures, CIVET rentre légèrement blessé, Le Cavalier BOUKARAS a été blessé mortellement. Le Cavalier VIGUIE est resté à 50 mètres des Allemands, CIVET est évacué. Les Américains sont partis à 11h.30.
Le Lieutenant DE CHAMPEAUX se fait couvrir à droite par un élément du 3ème R.S.AR. À 13 heures l'artillerie arrive mais tout réglage s'avère impossible. Le Colonel arrive vers 12h.30 pour coordonner et monter une attaque de chars avec T.D. et 4 Sherman.
L'affaire doit se déclencher à 15h.15 :
1er Peloton du 1er Escadron sur la gauche.
3ème peloton du 1er Escadron à droite, marchant à côté des chars.
Mais l'ennemi décroche vers 15 heures. Le cavalier VIGUIE est retrouvé blessé et est évacué aussitôt.
Plus de nouvelles du Lieutenant BROUSSES depuis 11h.30 ; mais son secteur est calme et l'on s'installe définitivement à 16h.30 au Nord du carrefour St.-ALESSANDRO :
1 Point d'appui à MARIGLIANA (Capitaine GUTH)
1 point d'appui au dessus de la route N°4 (Lt. DE CHAMPEAUX)
1 point d'appui 500 m. Nord de BAFFOLATA (Capitaine RIVIERE).
Ordre est donné de reprendre la progression et d'atteindre le carrefour suivant.
Le départ a lieu dans l'ordre des éléments ci-dessous :
VERCHERIN avec le Capitaine GU'TH est en tête.
Le départ des deux autres éléments ne se fera que lorsque le premier sera arrivé sur la N°4, 2 Kms Ouest de MARCIGLIANA.
VERCHERIN part en tête à 19 heures et retrouve BROUSSES au contact. Les 2 pelotons aidés de T.D. repoussent l'ennemi pas à pas, et à 21 heures VERCHERIN arrive au carrefour de la N°4.
Le contact est pris avec les Sherman U.S. qui se tiennent à proximité de ce carrefour (mais l'abandonnent par la suite). Le Colonel veut absolument occuper MARCIGLIANA. Le Sous-Lieutenant VERCHERIN reçoit l'ordre de s'y porter.
Il part en voiture à 22 heures. Peu après, le Groupement est pris à partie par des tirs provenant de toutes directions : les grenades tombent dans les voitures : VERCHERIN est tué. Un prisonnier fait révéler la présence de nombreux éléments ennemis et d'un char. Les T.D. ripostent faisant de nombreuses victimes (retrouvées le lendemain). Aprés avoir occupé cette position jusqu'à 23 heures, le Groupement se rétablit au premier carrefour.
Pertes : le cavalier GARCIA, tué ; tandis que les Cavaliers VALENTIN, BOUGHELFAS, DERASSE sont blessés.
A notre droite, le 5 Juin, la 1ère D.M.I. a relévé la 3ème D.I.A. Le 1er R.F.M., le 3ème R.S.A.R. et le 3ème Escadron de T.D. SOUDIEUX sont mis à sa disposition. L'ennemi n'a pas décroché et résiste sur la route N°5. VILLA ADRIANA est pris.
Le peloton FRACHON y a appuyé l'attaque de l'infanterie. Le peloton MAGNE est à sa gauche. La route N°5 est atteinte le soir et les T.D. se replient pour la nuit.
Départ du 3ème Escadron avec la 1ère D.F.L., (15 heures.)
LES OPERATIONS AU NORD DE ROME DE 9 au 16 JUIN 1944
9 Juin 1944 : Au matin, le 4ème Escadron quitte son bivouac, traverse ROME et rejoint VETROLA, aux ordres du Groupement du Colonel BONJOUR.
Pendant ce temps, la progression continue sur l'axe de droite, Un T.D. Déchenille ; un autre a ses moteurs qui ne rendent plus.
Les T.D. sont soumis à un violent tir de barrage ennemi.
L'aspirant DUROS est blessé. Un tir précis des T.D. détruit un char MARK IV au carrefour de VALENTANO. Le soir, le groupement bivouaque et le lendemain la progression continue.
Un groupement blindé est constitué aux ordres du Capitaine GUTH.
Il comprend les 6 derniers T.D. de l'escadron, un escadron de reconnaissance des Spahis et un peloton de Sherman. Il démarre le 11 au matin. et appuie la progression du bataillon PEPONNET.
La route VALENTANO - MARTA est atteinte. Le carrefour et VALENTANO sont occupés. La colonne est arrêtée au carrefour de la route VALENTANO - Route N°74 par de fortes destructions. De nombreuses mines sont relevées. Toutefois la colonne progresse jusqu'aux abords de MONTE MAGNO où elle s'établit en bouchon antichars.
Le Groupement DE GUYONNECHE, durant ce temps. progresse a travers champs le long de la route en direction de LATERA avec le peloton de T.D. MERKLIN qui fera des tirs à vue excellents sur des éléments d'infanterie ennemis. Il est arrêté par de violents tirs d'artillerie et antichars. Un T.D. déchenille.
Le 12, le bouchon antichar établit au pied de la cote de MONTE MAGNO est relevé par des éléments d’infanterie munis de canons antichars. Ces éléments sont bousculés par une contre-attaque. Le bouchon est rétabli par le Lieutenant RENE et ses T.D. LE T.D. du lieutenant RENE saute sur une mine : 2 blessés.
Le 15 au soir, le Capitaine GUTH prend la tête d'une colonne comprenant 2 pelotons de l'Escadron DE CHAMPEAUX, plus les 7 T.D. disponibles de son Unité. Cette colonne progresse vers LATERA et prend contact avec le Bataillon BIE du 7ème R.T.A. établi sur le carrefour route 74, GROTTE DI CASTRO et s'établit en bouchon antichars.
De nombreuses destructions sont contournées ; mines en nombre détectées : bon travail du peloton de pionniers.
La liaison est effectuée par des éléments de reconnaissance.
La mission de la colonne est terminée.
LE 3ème ESCADRON TRAVAILLE AVEC LA D.F.L.
Après un trajet de 120 Kms, cette bourgade est atteinte à 23h.
10 Juin 1944 : L'escadron se pousse jusqu’à MONTEFTIAS - CONE ; le P.C. du Régiment est à VALENTANO.
14 Juin 1944 : Le peloton MAGNE atteint BOLSENA et le peloton FRACHON CASTELGEORGIO.
15 Juin 1944 : L'escadron quitte SAN LORENZO NUOVO pour atteindre AQUAPENDANTE ; et le peloton FRACHON atteint TORRE ALFINA.
16 Juin 1944 : La progression continue sur AQUAPENDANTE, ANTENO et TORICELLI et le peloton MAGNE atteint RADICOFANI, pour être relevé le lendemain par le 8ème Chasseurs ; l'escadron rejoint le Régiment au repos à MARTA (lac de Boisena) où il restera jusqu'à la fin juin.
Du 29 Juin au 24 Juillet 1944 : Séjour à VILLA LITERNO :
“MALARIA-ZONE", 20 kms de Naples : Les 8 premiers jours le Régiment est rattaché à la 1ère D.M.L. Les premiers rapports sont excellents. La 3ème D.I.A. après la prise de SIENNE nous rejoint et nous revenons dans son sein à la satisfaction de tous. Les bruits d'embarquement circulent, confirmés d'ailleurs par le Général DE LATTRE DE TASSIGNY au cours de son inspection du 19.
Chacun pense que notre futur théâtre d'opérations sera la FRANCE. Joie au cœur de tous ; attendons avec impatience le départ. Le 21, Fête de la 3ème D.I.A. et adieux émouvants du Général Juin qui quitte le Commandement du C.E.F. L'aspirant DUROS est décoré de la Médaille Militaire. Le Lieutenant SOUDIEUX, le Sous-Lieutenant CIVET sont décorés de la Croix de guerre avec palme au cours de cette cérémonie.
Le 22 arrive l'ordre préparatoire concernant le déplacement de la 1ère Tranche sur TARENTE.
Cette première tranche comprend :
L'E.M.R. : 7 Officiers
Le Lieutenant-Colonel VAN HECKE
Chef d'escadrons DE CARMEJANE
Capitaine CAMUS
Lieutenant ARPAJOU
Lieutenant BRUNEL
Lieutenant FOURIER
Sous-Lieutenant BOUSQUET
Révérend-Père PRÜVOST (Aumônier)
et 52 hommes.
L'E.H.R. :
Le Sous-Lieutenant LAFFLY
Sous-Lieutenant Médecin MEPLAIN
Sous-Lieutenant KALINOVSKY
et 47 hommes.
Le 4ème ESCADRON :
Le Capitaine GUTH
Lieutenant RENE
Sous-Lieutenant DE ROCHAMBEAU
Sous-Lieutenant HACHIN
Sous-Lieutenant SIGWALT
et 94 hommes.
Le 2ème Escadron:
Le Capitaine PLANES
Lieutenant VIRIOT
Sous-Lieutenant LEMAIGNAN
Sous-Lieutenant DAUREL
Sous-Lieutenant GRISON
Aspirant BERECIARTUA
et 94 hommes.
25 Juillet 1944 : Arrivée à 18h30 à TARENTE. Discrimination des véhicules destinés à TARENTE et BRINDISI.
Départ pour le Camp GALWOY et l'Area 37.
Départ à l’aréa 37 de l'E.M.R et E.H.R. et au Camp MYNDES du détachement du Capitaine CAMUS.
31 Juillet 1944 : Départ du 4ème Escadron sur BRINDISI.
1er Aout 1944 : Départ de l'E.M.R. et E.H.R. et Officiers de l'aréa 37 sur BRINDISI. Le 2ème Escadron reste à TARENTE.

Le 4ème Escadron charge son matériel sur le FORT GASPEREAU.
4 Aout 1944 : Séjour port BRINDISI.
5 Aout 1944 : Départ de BRINDISI pour TARENTE à 10 heures du FORT GASPEREAU.
6 Aout 1944 : Arrivée à 7h.30 en rade de TARENTE. Séjour à bord. Baignade. Le Colonel est Commandant d'Armes :
A bord :
1 détachement des Transmissions (Capitaine DETLATTRE)
1 détachement du 8ème R.T.S. (Lieutenant VINCENT)
1 détachement Américain.
7 Aout - 10 Aout : Séjour en rade de TARENTE.
10 Aout 1944 : 14 heures : départ du convoi (30 “Liberty” environ).
Le 2ème Escadron et le 4ème Escadron sont certainement dans le convoi.
11 Aout 1944 : Première journée de haute mer. En vue de l'ETNA (passage à l'Est à 20 heures). Orage des plus violents dans la nuit. Suivons la côte sud de la SICILE filant à droite du Cap BON.
13 Aout 1944 : À 5 heures devant PANTELLARIA. A 12 heures : 8 porte-avions nous doublent. Un important convoi, parti de BIZERTE, nous croise filant vers le Nord. Passons en vue de BIZERTE, 18h.45.
14 Aout 1944 : Mer calme, filons plein Nord, côte ouest SARDAIGNE.
15 Aout 1944 : On apprend à 9 heures le débarquement entre MARSEILLE et NICE. On longe les côtes de la SARDAIGNE et de la CORSE.
Passage vers 19h. en face de BONIFACIO.
16 Aout 1944 : Grenadage de la part des navires d'escorte à l'est à 2 miles. À 14 heures, en vue des côtes de FRANCE (au large du cap CHARAT). À 16h.30 au large de FREJUS et SAINT RAPHAEL. A 17h45 passage devant Ste. MAXIME, A 18h. St. TROPEZ, à 500 mètres, pêcheurs français. A 18h30, un nageur parti de la côte s'approche : c'est le premier Français, il pousse jusqu'au bateau. C’est du délire. “Le premier Francais est à bord..." Questions : "C'est un Parisien..." Photos. Le Commandant du Bord se le fait présenter. Diner avec Officiers, Sous-Officiers. Le Colonel l'invite à s'engager au Régiment : Il accepte sur-le-champ, et à 20h.30 le nageur inconnu est devenu un sous-Officier au béret vert.
À 20 heures 30. cinq Bombardiers allemands viennent nous surprendre. Puissante D.C.A. Aucun dégât, Un avion semble avoir été touché. La nuit est passée au fond du Golfe de SAINT TROPEZ.
17 Aout 1944 : Situation inchangée jusqu à 10 heures, Le débarquement du bateru commence à 14 heures.
18 Aout 1944 : À 10 heures nous avons des nouvelles des 2ème et 4ème Escadrons. RAS. Tout s'est bien passé, mais le débarquement est très long. Tout le monde piétine, On a hâte de retrouver la terre Française. À 10 heures le Colonel descend. Le déchargement s'accélère. Les Officiers descendent. Le bivouac du 7ème R.C.A. se trouve à 2 Kms Sud de GRIMAUD.
On récupére les malades, le renfort de 82 hommes, et on rejoint le bivouac. À 23 heures le premier T.D. arrive.
Reconnaissance nouvelle zône de stationnement du Régiment vers PUGET par le Commandant DE CARMEJANE. Déchargement toujours très lent : 6 T.D. seulement à 16h.
20 Aout 1944 : Dans la nuit le déchargement s'accélère et à 9 heures la quasi-totalité du Régiment (personnel, matériel) est débarquée. À 9h.30 le Régiment fait mouvement sur PUGET VILLE. A 14 heures ordre arrive de poursuivre sur SIGNES Et LE CAMP. En arrivant au Camp, 18 heures, ordre du Colonel BONJOUR de pousser jusqu'au BAUSSET.
Campagne de France
LES OPERATIONS SUR TOULON ET MARSEILLE
21 Aout 1944 : A 1h30 du matin arrive un ordre d'opéraiions du Colonel BONJOUR.
Deux groupements sont constitués.
A) - Le premier aux Ordres du Commandant MAUCHE du 3ème R.S.A.R. avec le 4ème Escadron de T.D. doit marcher sur TOULON par Ste. ANNE.
B) - Le sécond aux ordres du Lieutenant-Colonel VAN HECKE avec le 2ème Escadron de T.D. et un escadron de reconnaissance réduit du 2ème RS.AR. doit marcher sur Bandol (Région Ouest de TOULON).
A 9 heures 30 le détachement VAN HECKE est dans BANDOL. Il a été arrêté par une grosse destruction à hauteur du viaduc, Accueil délirant de la population où le Colonel VAN HECKE accompagné du Président des F.F.I. est chaleureusement acclamé.
Photos. Fleurs. Drapeaux. Sourires de jeunes filles. Tout s'annonce bien, Mais à 10h.30 les batteries allemandes de la pointe de LA CRYDE et de SIX-FOURS tirent sur le viaduc de BANDOL. Blessés et morts au Génie et à l'artillerie. Au 7ème R.C.A. le Maréchal des Logis VIOLON Roger est blessé par mine. Le sous-Lieutenant DAUREL, les cavaliers OLIVES, DJABALLI sont blessés par éclats. Tout l'après-midi, le bombardement continue.
A 17 heures, faisons 2 prisonniers. À 18 heures, mise en déroute d'un détachement allemand en fuite en direction de l'ouest. A 19 heures le P.C. se replie sur la Station électrique à 1Km Nord de BANDOL. A 21 heures dans un accident de Jeep, sont blessés : le Sous-Lieutenant Médecin MEPLAIN, le Sous-Lieutenant BOUSQUET et le cavalier MARTINEZ. Nuit calme, cependant les bombardements ont continué dans la région de BANDOL.
22 Aout 1944 : Au matin, on apprend la mort du Maréchal des Logis MAGNIEN et du cavalier SIMONI du 4ème Escadron.
À 10h.30, le P.C. du Colonel est violemment pris à partie par l'artillerie ennemie de gros calibre. Le tir est dense et précis : durée : plus d’une heure. Huit hommes sont blessés : brigadiers et cavaliers MIKALEFF, RABAH, SOLIVERES, PICO, PARRA, TERRACOL, MARIN, FATANI : ces deux derniers très grièvement. Les pertes en matériel sont aussi sévères : 1 Command-car des Transmissions (par incendie), 1 scout-car, 1 half-track sérieusement endommagés : une moto et un T.D. du 2ème Escadron. Tous les bâtiments de la station sans exception ont leur coup au but. Le P.C. se replie quelques 400 mètres en retrait, à l'abri des vues de l'observatoire de “Gros Cerveau”.
Le peloton LEMAIGNAN parvient à LA CIOTAT ; il y sera renforcé pour la nuit par le peloton CIVET qui débarque à peine.
Vers 18h.30 ; un Sous-Lieutenant allemand vient, en parlementaire, négocier la reddition de la garnison du Fort de PIPAUDON.
Rendez-vous est fixé pour le lendemain matin à SANARY. À 19 heures une section du 3ème R.T.A. commandée par le Sous-Lieutenant CATTANIO est mis à la disposition du 7ème R.C.A.
Nuit calme.
25 Août 1944 : Le Colonel se rend à SANARY à la recherche de l'officier allemand plénipotentiaire de la veille. Une patrouille du 2ème R.S.A. et la section du 3ème R.T.A. assurent la sûreté.
À 10 heures sa Section arrive à SANARY. La colonne auto et hippo allemande déjà constituée se rend au colonel comme convenu.
24 Aout 1944 : À 14 heures, toujours par l'intermédiaire d'un civil Suisse M. W. MERHLETHALER, un Sous-officier allemand vient en parlementaire de la part du Lieutenant de Vaisseau qui commande le Fort de la CRYDE, désireux de se rendre. Les conditions sont fixées. À 18 heures le Lieutenant de Vaisseau rencontre le Colonel à SANARY et l'accord est conclu. À 20 heures Jes munitions et les camions allemands sautent. À 21 heures la colonne de prisonniers arrive : 1 officier et 120 hommes : puis on étudie, les conditions de la reddition du gros ouvrage des SIX-FOURS. Le peloton CIVET revient de LA CIOTAT, tandis que le peloton LEMAIGNAN est mis à la disposition des Tabors pour attaquer MARSEILLE.
25 Aout 1944 : À 10 heures, “un Sous-Lieutenant Allemand” vient négocier la reddition des ouvrages des SIX-FOURS, pointe Nègre et environs. L'accord est conclu pour le 26, 12 heures.
Le Commandant DE CARMEJANE sera l'hôte du fort des SIX-FOURS pendant 24 heures. Le 4ème Escadron qui a combattu sans arrêt dans TOULON depuis le 21 est remis à la disposition du Colonel et se regroupe au BAUSSET.
26 Aout 1944 : 4 heures : 1 peloton du 2ème R.S.A. et un peloton de reconnaissance du 7ème R.C.A. installés en surveillance pour la nuit, au sud du PLAN et vers les débouchés de CALVEY et de PANNINE RAPPE, surprennent un détachement ennemi en armes qui essaie de forcer le barrage. Un combat violent et rapide s'engage et a pour résultats chez l'ennemi, une vingtaine de tués et 32 prisonniers ; ces prisonniers déclarent qu'ils faisaint partie d'un détachement de 76 hommes tentant de gagner la région Nord de MARSEILLE.
8 heures : Le sous-Groupement VAN HECKE reçoit l'ordre de rejoindre le Groupement BONJOUR dans la région Nord-Est de MARSEILLE.
L'escadron du 2ème R.S.A.R. doit rejoindre son Régiment.
De 8 à 11 heures : Le personnel nécessaire à l’escorte des prionniers se rend aux SIX-FOURS et au BRICAILLON : 17 officiers et 600 hommes constituant les garnisons de ces ouvrages sont amenés.
Il est impossible de s'occuper des autres ouvrages prêts à se rendre.
La 9ème D.I.C. tient absolument à attaquer.
Cette attaque devait partie à midi et il a été obtenu à grand peine qu'elle soit reportée à 15 heures.
À 16 heures : L'escadron du 2ème R.S.A.R. fait mouvement pour rejoindre son Régiment.
Les pertes du Régiment ont été minimes : 1 tué - 11 blessés - 1 dodge radio - une motocyclette détruite et quelques véhicules détèriorés. Mais les résultats obtenus sont des plus importants :
17 officiers - 1094 hommes - 50 chevaux - 25 voitures hippo - 11 voitures Auto - 5 cuisines roulantes.
2. - LE SOUS-GROUPEMENT MAUCHE et le 4e ESCADRON FORCENT LES DEFENSES SUD ET CENTRE DE OLLIOULES ET TOULON
Le 21 une colonne blindée se forme aux ordres du Chef d'Escadron MAUCHE du 3e R.S.A.R.
Elle comprend 3 Escadrons de Spahis et le 4e Escadron de T.D. moins le groupe MERKLIN qui s'établit en bouchon anti-chars à l'entrée des gorges d'OLLIOULES : Cette colonne progresse en direction Ouest et atteint par des chemins de montagne le village d'EVENOS et les abords du Fort de PIPAUDON. Les T.D. du peloton ROCHAMBEAU, peloton de tête, réduisent le fort au silence, grâce à l'action décisive du Maréchal-des-Logis MAGNIEN qui payera de sa vie la brillante action de son T.D. L'urgence de la mission de la colonne blindée qui est l'occupation du centre de la ville de TOULON ne permet pas de s'attarder et de prendre le fort. Le col du Corps de Garde est atteint et toute la colonne s'engouffre sur TOULON par la route de POMETS, en dépit d'une violente réaction d'artillerie et des tirs d'armes automatiques provenant de la région des Moulins et de la cote 162,1.
Deux compagnies du Btn de Choc (Capitaines LEFORT et CARBONNIER) accompagnent cette progression. La liaison est faite avec le Bataillon de ROQUIGNY du 3ème RT.A. qui tient la région de l'usine Hydro-Electrique et des quatre-Chemins. Les 2 T.D. de tête de ROCHAMBEAU continuent la progression et occupent le carrefour des routes avec une Compagnie du Bataillon de Choc, détruisant 1 canon antichars, 4 camions chargés de troupes (avec leurs occupants), 5 mitrailleuses sous casemates, et neutralisent une batterie allemande.
Pendant ce temps un autre élément blindé composé de 2 T.D du Peloton SIGWALT et d'éléments de Spahis occupent le région de l'oratoire et de l'Hôpital Militaire. Ce groupe parvient à s'incruster dans ce faubourg, précédent les éléments à pied d'une demi-heure, malgré les violents tirs de PANZERFAUST, de grenades, de mitrailleuses et d'artillerie. Résultats au compte des T.D. : 1 camion de transport de troupes, 2 mitrailleuses sous casemates, 6 prisonniers. Les éléments d'Infanterie arrivent : la progression continue et tous ces éléments réussissent à arrêter une contre-attaque ennemie menée par un Bataillon descendu des Arênes et ayant comme mission de réoccuper les carrefour des routes et les 4-Chemins. Deux armes antichars sont neutralisées. Une reste entre nos mains ; 3 prisonniers sont faits par le Maréchal des-Logis BAUDINIERE qui est blessé par grenade. Le point d'appui est organisé pour la nuit face aux Arènes.
Une patrouille est constituée dans la soirée aux ordres du S/Lieutenant de ROCHAMBEAU avec la Compagnie ALLAND retranchée dans l'USINE HYDRO-ELECTRIQUE.
Pendant ce temps le Lieutenant RENE avec 2 T.D. réduit différentes résistances sur la cote 161,2 et les versants Ouest des Moulins.
Toute la région occupée par les blindés est violemment prise à partie par des tirs de gros calibre provenant des forts, notamment du MALBOUSQUET dont la position-clef permet l'observation facile de tous les mouvements de véhicules dans la ville et dans ses abords.
Néanmoins tous les points occupés par les blindés organisés en P.A, tiendront pendant la nuit.
Les T.D. du S/Lt. LAFEECHE restés au Col du Corps de Garde retournent devant le fort de PIPAUDON réoccupé, et réussissent plusieurs coups d’embrasure. Le fort ne réagit plus.
Le groupe MERKLIN, toujours en bouchon dans les gorges d'OLLIOULES est attaqué par une colonne venant de TOULON.
Sous les tirs conjugués des 2 T.D. et des 2 M 5, quinze véhicules sont incendiés et les occupants massacrés à coup de canon. Les rescapés, 1 Officier et 10 hommes sont faits prisonniers. Cette action déclenche un violent tir d'artillerie, mais le bouchon tient toujours : le groupe continue de neutraliser toutes les positions de tir du fort de PIPAUDON.
Le 22 au matin, les T.D. Du peloton de ROCHAMBEAU, poursuivent leur progression ayec les éléments du bataillon de Choc et réussissent à s'établir place du Colonel BONNIER (lieu dit Place d'ESPAGNE) qui commande les rues conduisant à l'Arsenal Maritime.
L'ennemi pressé sur sa droite, essaie d'organiser des sorties en force vers cette place. Tous les mouvements sont signalés par radio et sous l'action jumelée de l'artillerie et des T.D., toutes les sorties se terminent par un massacre, À l'actif des T.D. : 1 mitrailleuse en position dans les immeubles et un blockhaus contenant 2 armes antichars, 1 char et 4 camions de troupes incendiés.
Les patrouilles de T.D. circulent constamment entre cette place et le carrefour des routes, interdisent toute infiltration. L'une d'elles sous les ordres du S/Lieutenant DE ROCHAMBEAU, effectue la liaison avec le P.C. SIGWALT à l'ORATOIRE et essaie de progresser sur OLLIOULES.
Elle est stoppée par de violents tirs antichars dont il est impossible de déterminer l'origine étant donné “l'inextricable fouillis” d'arbres, de maisons et de coupures de terrain qui caractérisent ce faubourg.
Malgré les risques énormes que présentent ces combats de rues pour nos T.D. aucune perte à signaler.
Le peloton SIGWALT tient toujours, devant les Arènes, malgré un bombardement incessant des batteries lourdes installées dans le fort et de violents tirs de mortiers.
Dans l'après-midi une action blindée est montée pour réduire le P.A. ennemi installé près des Moulins de la POUDRIERE : elle est aux ordres du Capitaine JOURNAUX (avec 2 M 5) et du S/Lt. LAFLECHE (avec 2 M 10) ; elle s'engage par le carrefour des routes, atteint l'usine Hydro-électrique et progresse Sud-Nord. Elle est appuyée par les feux de 2 T.D. (Lieutenant RENE) installés au Nord du carrefour des 4-Chemins.
Le T.D. de tête arrive à proximité d'une école, enfonce l'ouverture à coups de canon et permet la prise de 100 prisonniers. Continuant leur progression, les T.D. réussissent à s'infiltrer face à la poudrière, malgré de violents tirs d'interdiction et des barrages de mines.
Le passage est reconnu à pied, par le S/Lt LAFLECHE, malgré les armes automatiques tirant à bout portant. La progression est appuyée efficacement par les tirs du Lt. RENE (qui détruisent 4 casemates). Le TD. de tête arrive en position de tir, face à l'entrée d'une caverne : il tire et enflamme un H 39. Presque tous les occupants de la caverne crament.
Les autres se rendent aux Tirailleurs descendus des montagnes de DARDENNES. Le T.D. détruit également un affût auto-moteur quadruple, de D.C.A.
Les T.D. Restés en bouchon dans les gorges d'OLLIOULES avaient dès le matin déclenché un violent tir ajusté sur le fort de PIPAUDON dont la garnison se rend le soir à un élément des Spahis (150 prisonniers).
Le 25 au matin, les éléments retranchés dans l'Arsenal essayent de sortir : toutes les tentatives sont stoppées impitoyablement par les T.D. DE ROCHAMBEAU qui mettent en flamme deux autres camions chargés de troupes, tuant tous les occupants.
Le P.A. SIGWALT est toujours face aux Arènes.
Dans l'après-midi une colonne blindée menée par la Compagnie de Choc du Capitaine LEFORT : 2 T.D. et 2 M 5 aux ordres du Lieutenant RENE, va tenter de s'infiltrer dans la ville. Elle quitte le carrefour. Mais est arrêtée en pleine ville (Avenue St.-ROCH - Hopital Civil) par de violents tirs ajustés de 88 venant de MALBOUSQUET et des tirs de gros calibre ; un blockhaus tirant dans l'axe Ouest-Est est reconnu à pied en dépit des tirs de mitrailleuses par le Chef de char Maréchal-des-Logis AMBROSINI qui le fait sauter avec son T.D.
Le Lieuterant RENE réussit néammoins à passer son char de tête puis un char léger et une section de tirailleurs du Bataillon DE ROCQUIGNY.
Le reste de la colonne ne peut suivre. Ce petit élément arrive Place de la Liberté où règne la plus parfaite confusion. Pris à partie par les blockhaus défendant l'entrée de l'Arsenal. Il détruit successivement plusieurs mitrailleuses et fait sauter l'ouvrage, prenant d'enfilade toute la Rue Anatole-Françe. Mais le char léger est en panne d'essence.
La situation est assez tragique. RENE envoie immédiatement des éléments à pied de la Compagnie de Choc. qui arrivent en même temps que 2 AM. Des divisions venant de l'Est. La Place de la Liberté est tenue et le Lieutenant RENE hisse les couleurs sur l'immeuble de la Subdivison ainsi que le fanion de la D.I.A.
Grâce au cran et à l'initiative des T.D. Une liaison est établie avec les éléments venant de l'Est. Pendant ce temps les éléments à pied : Tirailleurs, Compagnie de Choc, F.F.I. font plus de 800 prisonniers dont de nombreux Officiers et réduisent l'Arsenal de Terre. Le bouchon blindé installé dans les Gorges d'OLLIOULES,réussit à progresser avec les éléments de reconnaissance du Capitaine DE QUENNETIN. Les T.D. parviennent à forcer un passage miné et liant leur action à celle des chars légers, détruisent 6 camions et 1 auto-moteur. La route d'OLLIOULES est ouverte.
Le 24 au petit jour, le Capitaine GUTH tente avec le Lieutenant RENE une liaison avec les M 10 du S/Lt. LAFLECHE. Malgré les tirs d'interdiction ennemis et les coups de 88 du fort de MALBOUSQUET qui tient toujours. nous parvenons à établir un itinéraire par la voie ferrée par lequel s'engouffrent tous les véhicules.
À 10 heures la liaison est faite avec le Lieutenant RENE, le Capitaine LEFORT et les premiers éléments de la 9ème D.I.C. et de la 1ère D.F.L. Peu après le Général DE LATTRE DE TASSIGNY et le Ministre de la GUERRE empruntent notre itinéraire, arrivent à la Subdivision et nous félicitent chaleureusement : “VIVE LE 7ème R.C.A.".
Le S/Lt DE ROCHAMBEAU n'est pas resté inactif. Les Allemands tentent toujours de s'échapper de l'Arsenal de Mer. A l'actif des T.D., 1 obusier de 75 de marque Italienne, 1 75 Pack Allemand qui sera mis en batterie par nos soins, 1 fourgon de parc et 4 chevaux.
Les Sénégalais arrivent et dans la soirée toutes les positions occupées par nos éléments sont enfin largement étayées par des Tirailleurs.
Le 25, nous nous regroupons et le soir revenons nous établir à proximité du BEAUSSET.
Les pertes sont relativement minimes : pour les résultats obtenus :
2 Tués - 5 Blessés - 1 voiture incendiée - 1 voiture détruite.
2 CHARS
1 AUTOMOTEUR
1 D.C.A. QUADRUPLE
4 ARMES ANTICHARS
17 CASEMATES
1 OBUSIER DE 75
1 FOURGON
4 CHEVAUX
1.000 PRISONNIERS
qui sont faits en collaboration des Spahis, Tirailleurs et Compagnie de Choc.
3. - LE 2e ESCADRON PARTICIPE À L'ATTAQUE SUR MARSEILLE
25 Août 1944 : Le peloton LEMAIGNAN fait mouvement à 5 heures du matin, direction MARSEILLE.
Passage par SEYRESTE, LA BEDOULE. Le Col de la GINESTE, où l'équipage du Half-track de Commandement fait 9 prisonniers et arrive au REDON où, en collaboration des Goumiers, une attaque est déclenchée.
Les pelotons VIRIOT et DAUREL:sous le Commandement du Capitaine PLANES font mouvement sur les Quatre Saisons où ils sont à la disposition du Capitaine GUYONNECH du 3e R.S.A.R.
Pendant ce temps, au cours de l'attaque dans la matinée, destruction par le peloton LEMAIGNAN d’une maison tenue par les Allemands dans un Chateau du REDON.
L'après-midi, vers 17 heures à MAZARGUES, tir sur un "Château" servant d'observatoire à l'ennemi. Dégâts importants : quelques Allemands parviennent à s'enfuir.
Mouvement des pelotons VIRIOT et DAUREL (toujours sous le Commandement du Capitaine PLANES et à la disposition des Spahis), en direction de CAMOINS-LES-BAINS.
Le P.C. du Capitaine est installé à la ROSE : les T.D. sont mis en position et regroupés le soir.
Le peloton LEMAIGNAN part à 5h.30 du matin et va s installer au rond-point du PRADO à MARSEILLE. L'après-midi il prend position sur le PRADO, à l'entrée de la Corniche.
27 Août 1944 : “DESTROYERS CONTRE SOUS-MARIN“
LEMAIGNAN reste sur ses positions.
A 6h. du matin les pelotons VIRIOT et DAUREL et un Bataillon du 7e R.T.A. font mouvement sur la VISTE. Vers midi un renseignement les avertit de la présence d'un sous-marin ennemi dans le port.
Le groupe LOPEZ va s'installer dans le parc d'un “Château" et en présence des Officiers des Spahis, sous la direction du S/Lt DAUREL, un tir à perforants-explosifs est déclenché sur le sous-marin, où des points d'impact sontbservés.
Vers 16h.30 le P.C. et. les pelotons vont s'installer dans le grand Parc du “Château des Lions", à SAINT JOSEPH.
À 20 h. le S/Lt DAUREL parti en mission rend compte au Capitaine et au Colonel DE LINARES, que le sous-marin est toujours à quai.
27 - 31 Août 1944 : Le Régiment-se regroupe dans la Région de MARSEILLE - AIX.
Le 27, 8h., départ du 4e Escadron, E.M.R. E.H.R., 1er Escadron, sur CAMOINS-LES-BAINS (banlieue Est de MARSEILLE).
Arrivée sans incident. P.C. à Camoins les Bains, À 9h. l'ordre de cesser le feu à MARSEILLE arrive : C'est la reddition du port et la libération de la ville.
29 Août 1944 : Le Régiment participe au “défilé des Troupes” dans MARSEILLE.
À 20h. le 2e Escadron est mis à la disposition du Colonel BONJOUR et se met en route sur GRENOBLE et le JURA.
30 Août 1944 : “TE DEUM" à Notre-Dame de la Garde ; départ à 14h. pour GREASQUE (Région d'AIX) où la Division se regroupe en vue d'un départ proche.
31 Août 1944 : Repos à GREASQUE.
LES OPERATIONS DE TARENTAISE
L'ennemi occupe la rive Nord de l'ISERE à partir de BOURG St MAURICE et les hauteurs dominant cette vallée (COMBOTTIER, pentes vers le Col du Petit Saint Bernard). Son effectif est faible (1.000 à 1.500 environ), et son ravitaillement précaire. Il serait prêt à céder dès l'attaque des troupes régulières.
Les F.F.I. occupent BOURG SAINT MAURICE, le CHATELARD de l'Est, les hauteurs, et observatoires dominant la vallée au Sud de l'IISERE et barrant la vallée de l'ISERE du côté de SAINT FONT TARENTAISE et VILERE.
En conséquence malgré la faiblesse des moyens, la précarité des ravitaillements en carburants et munitions et les difficultés de liaison radio entre les différents éléments du Groupement, il est décidé de pousser hardiment dès le 4 au matin, en direction générale du Col, le Bataillon CONVERT à l'Est, les F.F.I à l'Ouest (sur le COMBOTTIER, la forêt de MASSELARD et le passage du RETOUR).
La mise en place des différents éléments s'effectue en fin de soirée ; de 4 à 6h., l'Infanterie appuyée par la C.C.E et une batierie de 155 du 67e R.A. débouche des rives Nord de l'Isère en direction de l'Ouest de VILLARS et à l'Est de la Chapelle SAINT-MICHEL.
Dès 8h. l'attaque est stoppée par de fortes résistances à SEEZ, à VILLARS, à CHATELARD, à la Chapelle SAINT MICHEL et sur les pentes au Nord de ces points, ainsi que sur celles du COMBOTTIER.
Les F.F.I. n'ont pu prendre pied sur ces crêtes à l'Ouest : Par contre, à l'Est, ils n'ont trouvé presque personne et garnissent les crêtes de “LA ROCHE" au passage du RETOUR.
Il faut enlever SEEZ qui est la clef de la vallée, Une attaque est montée, débouche à 15h. et réussit pleinement en dépit d'une vive résistance et permet ainsi de mettre la main sur VILLERS-DESSUS. (60 prisonniers dont 1 Officier.)
Il résulte des interrogatoires que l'ennemi, ce même jour se préparait à attaquer et à reprendre BOURG SAINT MAURICE.
Les forces en face de nous s'élèvent à environ : 1 Batterie de 105 1 à 2 Batteries de 77 ou de 88 de montagne de nombreuses mitrailleuses lourdes et légères et des mortiers.
Par contre peu de munitions de mortier et d'artillerie.
Etant donné l'avantage de la position ennemie, il n’est plus question, en raison des faibles moyens de la colonne et l'incertitude des ravitaillements essence et munitions, d'espérer conquérir le Col.
Il faut se borner dans les jours suivants à maintenir les positions et à empêcher tout retour offensif ennemi (d'ailleurs assez improbable). Au cours des journées des 5, 6, 7, 8, nous occupons, grâce à de petites opérations de détail et à l'appui très efficace artillerie-T.D., les parties au Nord du BELVEDERE, à la “GALLET", le Belvédère, la Chapelle Saint Michel et le Châtelard. Le Combotier est occupé jusqu'au Courbettes du bas par les F.F.I. ceux-ci continuent à garnir efficacement les crêtes Est du dispositif. Le 8, ils tentent une action sur le Col. De la Forche, mais trouvant une organisation solide, se replient avec des pertes sensibles et demeurent en surveillance sur ce Col.
Au centre les F.F.I. tiennent également la zone comprise entre le Belvédère et le Châtelard en passant par le Sud de la Rosine.
Enfin, sont envoyés de la 3e D.I.A. :
1° - un escadron du 3e R.S.M.R. (installé entre Victoire et St. Fon) avec la double mission de boucher la vallée en direction du Val-d'Isère et d'appuyer l'Infanterie et les F.E.I., à l'Est du dispositif.
2° - Une batterie de 155 Médium et une batterie de 105 du 63e R.A.
Enfin à signaler :
- Pas de relève possible.
- Les liaisons-radio avec les points situés dans la montagne, sont difficiles.
- Le ravitaillement en essence et en munitions artillerie qui s'est légèrement amélioré a été critique au cours des 3 premiers Jours.
— Les F.F.I. sont corrects, certaines Unités se battent même trop bien, mais ils ne peuvent être considérés que comme guérillas.
Les pertes pour le 7ème R.C.A. sont :
1 tué (Officier)
1 Blessé.
LES OPERATIONS DANS LE JURA et le DOUBS
1 - 15 SEPTEMBRE
1 - “LE 4e ESCADRON CONTINUE A FAIRE LE CHAR ET L'ANTI-CHARS"
Le 1er Septembre l'Escadron quitte la Région de MARSEILLE et se porte très rapidement dans la Région de SAINT PIERRE D'ALBIGNY où il arrive le 2 au soir : Les T.D. ont beaucoup souffert de cette randonnée et leur état les handicape fortement dans les actions où ils sont engagés. Les trains de roulement notamment ont beaucoup souffert. L'Unité est scindée en deux éléments. Le peloton RENE est affecté à la colonne blindée VAN HECKE qui doit refouler l'ennemi sur le Col du Petit Saint Bernard. Le reste de l'Escadron, plus le peloton CIVET est mis en route sur le JURA.
Cette dernière colonne atteint GEX le 5, au soir. Elle est sous les ordres du Lieutenant-Colonel GOUTARD du 3e R.T.A., comprenant en outre des éléments à pied de ce Régiment, un peloton du 3e R.S.A. et de l'Artillerie de 105.
Le peloton CIVET est déjà en pleine opération. Il effectue dans la journée du 3 plusieurs opérations de découverte aux environs des ROUSSES. Le 4, le Col de la FAUCILLE est atteint par les T.D. qui font l'admiration du Poste Suisse. Le Général GUIZAN Commandant en Chef des Troupes Helvétiques nous rend visite. La colonne démarre et atteint les rives du Lac de St. Point après la prise de MOUTHE.
L'attaque de PONTARLIER est montée. Les renseignements recueillis par le Lieutenant RANCON du 3e RT.A. menant une patrouille audacieuse, ainsi que les F.F.I. situent exactement les défenses ennemies : un solide barrage est établi sur la Cluse ; les forts persistent à tenir. L'Infanterie s'infiltre par les bois. Une colonne blindée est formée et part au petit jour aborder PONTARLIER par le Sud : L'opération réussit admirablement. La gare est occupée rapidement.
Quelques-coups de 76,2 réduisent la garnison de la Kommandantur. Un Pack 25 est pris. Nombreux prisonniers.
Pendant ce temps le peloton DE ROCHAMBEAU prend à partie la caserne des Gardes-Mobiles solidement tenue par l'ennemi, et en réduit la garnison forte de 200 hommes. Deux cavaliers sont légèrement blessés par balles explosives. Le barrage de la Cluse est pris à revers et à midi la ville est complètement libérée.
Dans l'après-midi la colonne repart en direction de BEAUME LES DAMES pour dégager le 4e R.T.T. et prend position le soir dévant là ville. Le lendemain une action est montée en direction de CLERVAL. Les T.D. sont aux ordres du Commandant CERUTTI du 4e R.T.T. et du Capitaine DE QUENNETIN du 3e R.S.A.R. CROSEY LE PETIT est occupé.
Le peloton DE ROCHAMBEAU en surveillance sur CLERVAL arrête de ses tirs une colonne ennemie. Deux autos mitrailleuses crament. Le carrefour de FERRIERES est occupé et le peloton SIGWALT stoppe une contre-attaque blindée ennemie venant de GLAINANS, capturant une auto-mitrailleuse américaine dont l'équipage allemand était revêtu de tenues américaines. Le soir, la Colonne s'établit sur ce carrefour et est violemment prise à partie par un tir de 105 automoteur, les infiltrations d'Infanterie ennemie sont stoppées. Cinq blessés au peloton CIVET dont deux graves.
Le 7 une patrouille blindée menée par le S/Lt DE ROCHAMBEAU pénètre dans GLAINANS.
Ce village fortement tenu résiste. Un char léger flambe. Le soir, nouvelle et puissante concentration d'artillerie de gros calibre suivie d'une attaque menée par deux compagnies ennemies.
La position est maintenue : des pertes sévères sont infligées à l'ennemi dont les cadavres jonchent les bois.
Le 8, les-pelotons DE ROCHAMBEAU et CIVET repartent pour SAINT-HIPPOLYTE à la disposition du 3e R.T.A. Ils sont attaqués en cours de route à VALONNE par un violent tir de mortiers. Un tué, 4 blessés dont le S/Lt. DUROS.
Le 9, les éléments blindés de reconnaissance de la 9e D.I.C. (R.I.C.M.) relèvent les éléments du 3e R.S.A.R.: Les T.D. sont à la disposition du R.I.C.M. Une action est montée sur TOURNEDOZ.
Lé 10, sur LANTHENANS, HEMONDANS et GOUX. Un canon, de 37 et un de 25 sont détruits. Le 11, VILLARS-sur-ECOT est attaqué. Un T.D. est atteint par un 105 automoteur. Trois blessés, trois tués. La colonne s'établit à GOUX, avec des antennes blindées sur tous les axes. Le village est constamment pris à partie par des tirs ajustés d’automoteur de 105 et de 155. Mais l'ennemi n'attaque plus.
Le 13, les pelotons de T.D. sont relevés par des éléments du R.C.C.C.
Pendant ce temps, le peloton RENE participe à l'attaque de la vallée du Petit-Saint-Bernard.
L'ennemi est stoppé.
Les pertes sont :
4 tués
11 Blessés.
Les résultats obtenus sont :
2 canons antichars détruits
1 canon antichars capturé
3 Auto-blindées détruites
150 prisonniers sont faits exclusivement par les équipages des T.D.
2 - “LE 2e ESCADRON SE FAIT REMARQUER À LANDRESSE et PONT-DE-ROIDE"
29 Aout 1944 : Mis à la disposition du Colonel BONJOUR du 3e R.S.A.R., l'Escadron part à 20h.30 de SAINT JOSEPH. Il passe la DURANCE au PONT MIRABEAU, Le 30, il traverse les villes de MANOSQUE, SISTERON, fait étape à ASPRES-sur-BUECH. Le lendemain par le Col de la Croix Haute, Monestier-de-Clermont. Le Vif, arrivée à GRENOBLE où, au lieu de se diriger sur les Echelles, le Capitaine reçoit l'ordre de, se porter à MONT-MELIAN. Cantonnement le 31 Août à FRANCIN. Le lendemain dans l'après-midi, l'Escadron se dirige sur SAINT-PIERRE-D'ALBIGNY où il arrive le soir à 21 heures et où il passe la nuit.
Le 2 Septembre, départ pour NANTUA, par CHAMBERY, AIX LES BAINS, SEYSSEL où les éléments légers traversent le
Rhône, Les chars traversent le Rhône à RUFFIEU.
L'Escadron arrive à NANTUA le soir à 22h30, repart le lendemain 3, pour OYONNAX, SAINT CLAUDE où il arrive à
midi.
4 Septembre 1944 : Le peloton VIRIOT part en direction de NODS où 1l arrive à 22h.30. Accrochage avec une forte patrouille allemande. L’ennemi laisse sur ie terrain : 4 camions, 1 voiture légère, un side-car et une vingtaine de morts.
5 Septembre 1944 : Le reste de l'Escadron part pour OUHANS, où il arrive à 16h.
Le peloton VIRIOT engage le combat avec des chars allemands à ETELANS, qui rompent le contact. Le Maréchal-des-Logis SICARD René est tué par un obus de plein fouet.
6 Septembre 1944 : Départ 9h.
Le peloton DAUREL, à LANDRESSE, prend part à la capture d'un Général Allemand, de plusieurs centaines d'hommes et d'un grand nombre de véhicules. Arrivée à 20h. à SANCEY le GRAND.
Le peloton est engagé à VILLARS-SOUS-DAMPJOUX.
7 Septembre 1944 : Départ sur MONTECHAUX.
À VILLARS-SOUS-DAMPJOUX, les T.D. DAUREL sont pris au passage sauf un qui reste aux ordres du S/Lt LEMAIGNAN.
Le char du Brigadier-Chef CANETTI François détruit dans le village de PONT DE ROIDE un char Allemand (Panther), un P.Z.K.W. 4, et une voiture blindée.
8 - 9 Septembre 1944 : L'Escadron est mis à la disposition du 3e R.T.A.
Mouvement sur CHAMESOL. Deux chars sous le Commandement du S/Lt. BERRECIARTUA, restent à NOIRE-FONTAINE en position antichars. Deux autres chars sous le Commandement de l'Adjudant-Chef DE VILLEPIN sont à PIERREFONTAINE.
12 Septembre 1944 : A la disposition du 4e R.T.T.
Attaque et prise du village de PONT-DE-ROIDE. Le Maréchal-des-Logis ROLLAND Lucien s'habille “en civil"
et va recueillir des renseignements au sein de l'ennemi. Le Maréchal-des-Logis LOPEZ Emile prend une très large part à la prise du village, est grièvement blessé à la jambe. Le Brigadier-Chef COOK est atteint d'un éclat d'obus au bras. Durant ce temps, les chars de PIERREFONTAINE se portent à NUTECHAUX et attaquent au canon les défenses ennemies d'ECURSEY.
"OÙ LE COURAGE ET LA TEMERITE DU MARECHAL-DES-LOGIS ROLLAND LUI PERMETTENT LA PRISE DU VILLAGE DE PONT-DE-ROIDE".
La première partie de l'attaque du village s'est bien passé. La Compagnie que nous appuyions de nos chars, est installée dans une ancienne carrière. Les T.D. Sont même allés jusqu'au premières maisons, en reconnaissance, et sont maintenant de retour. Des patrouilles maintiennent le contact avec l'ennemi. Cependant, les renseignements que possèdent le Commandement sont contradictoires, pour certains ils se révéleront par la suite périmés.
Les liaisons avec les compagnies voisines sont inexistantes. La radio ne fonctionne pas, les coureurs envoyés dans diverses directions, ne sont pas encore parvenus à leur but. Le Commandant qui dirige l'attaque vient d'arriver.
On discute.
Pendant ce temps, le Maréchal-des-Logis ROLLAND Lucien, des T.D. de soutien, décide d'aller voir lui-même sur place. Il se dirige vers le village, il arrive aux premières maisons, et entre dans l’une d'elles, se procure un vêtement civil, puis ayant très soin de ne pas se faire repérer, continue sa route. Il arrive à un carrefour et s'assure, qu'aucune pièce antichars ne s'y trouve. À sa gauche, deux Allemands dans une maison. Il les fera prisonniers tout à l'heure. Il poursuit son chemin et entre dans un café. Le patron lui fournit des renseignements intéressants.
Dans le jardin, entre autres, se trouve un fusil-mitrailleur qui prend d'enfilade toute une rue. ROLLAND n'hésite pas : il prend un cabas et très calmement pour approcher la pièce, fait semblant de ramasser du persil. Il peut ainsi surveiller les deux Allemands qui le suivent des yeux. Ceux-ci sont très affairés. Ils regardent de tous côtés et l’on sent que l'énervement et l'anxiété les tiennent.
ROLLAND, maintenant, examine l'importance de l'arme, son emploi et ses munitions. Il en note exactement l'emplacement dans sa mémoire. Tout à l'heure il reportera cela sur un plan qu'un “Monsieur” lui a remis au moment où il changeait de vêtements.
Il joue avec le feu même et adresse hardiment la parole aux soldats. Ceux-ci ne lui répondent qu’en grognant et par gestes lui intiment l’ordre de repartir. Il n'insiste pas. Détail qui peut avoir son importance, il s'aperçoit qu'il a oublié dans son déguisement d'enlever ses chaussures américaines. Il ne se trouble pas pour si peu...
Calmement il fait demi-tour et rentre dans la maison D'après d’autres renseignements, une pièce antichars se trouverait dans l'avenue de la Gare. ROLLAND s'y dirige et entre chez un Docteur. Ce qu'il remarque, ce sont de nombreux soldats en position dans les jardins entourant la maison et servant des armes automatiques.
(La pièce antichar signalée s'y trouvait la veille, mais s'est repliée le matin.)
Le temps passe. Après avoir noté ces renseignements ROLLAND prend le chemin du retour et revient sans encombre à l'emplacement où se trouvent la Compagnie et les 2 T.D. Les renseignements recueillis vont permettre de déclencher l'attaque qui nous donnera le village.
Au cours de celle-ci, le Maréchal-des-Logis LOPEZ Émile, se distinguera en entraînant son équipage debout sur la plage arrière de son char, une carabine à la main commandant jusqu'à des tirailleurs, magnifique de courage et de sang-froid au milieu des balles et de la fumée.
Après une heure de combat le village est dégagé. Les T.D. s'installent en antichars et prennent leur emplacement. L’artillerie ennemie déclenche un violent tir sur le village. LOPEZ, hors de son char, au moment où il termine de le placer est grièvement blessé par un éclat. il faudra qu'il subisse l'amputation d'une jambe. Il ne perd pas son courage et en dépit de sa blessure achève de donner ses ordres.
Le Brigadier-Chef COOK chef du 2ème char est également blessé au bras. Il reste avec son équipage pour passer la nuit et ne se laissera évacuer que sur ordre le lendemain dans la matinée.
DU 14 au 30 SEPTEMBE 1944
LE REGIMENT SE REGROUPE DANS LA REGION DE “Le RUSSEY"
On remet le matériel en état en attentant non sans impatience l'arrivée de la 2ème Tranche qui a enfin embarqué ...
Le cantonnement est au RUSSEY agréable et agrémenté de loisirs sains et souriants. (E.H.R. E.M.R.) à BONNETAGE (2ème Escadron) ; ST. JULIEN (4ème Escadron). Le 16, le Lieutenant BRUNEL et le Capitaine COTTON partent à MARSEILLE à la rencontre de la “2ème Tranche” venant d'ITALIE. Le 28 un détachement composé des véhicules à roues du 3ème Escadron, de l'E.M.R. et de l'E.H.R. arrive au RUSSEY.
Toujours pas de T.D. du 3ème Escadron. Ils n'ont parait-il pas encore débarqué.
Ce détachement aux ordres du Chef d'Escadrons Le CANNELIER et composé du 3ème Escadron, d'une partie de l'E.H.R., et de l'E.M.R. ainsi que des bases-arrières des 1er, 2ème, 4ème Escadron avait non sans mélancolie séjourné à VILLA LITERNO du 24 Juillet au 16 Septembre. Embarqué à NAPLES le 16 Septembre, il a débarqué à MARSEILLE (Plage de l'ESTAQUE) le 19. Le voyage a été splendide, la mer calme. Tout le monde était pressé de mettre le pied sur la terre de FRANCE. Le bivouac prévu pour le Détachement se trouvait à LA POMME banlieue de MARSEILLE. Mis en route sur ce bivouac par ses propres moyens sous une pluie battante ; vers 23 heures après avoir traversé Marseille et des banlieues invraisemblables il a accompli, à pied, les 25 kms qui séparaient la plage du dit bivouac.
Il s'installe à LA PENNE, château de la MUSCATELLE.
Le 22 Septembre le matériel à roues débarque.
Pas d'autres nouvelles des chars qui se trouvent en rade de TOULON.
Le 27 la colonne légère se met en route sur LE RUSSEY. Etape à MONTEMELIAN (près CHAMBERY) arrivée au RUSSEY le 28 à 19 heures. Le Lieutenant SOUDIEUX est resté à MARSEILLE pour attendre le débarquement des chars.
Le Général DE MONTSABERT fait ses adieux à “sa D.I.A." et à ses régiments glorieux et attristés. Il n'oublie pas le 7ème R.C.A.: “enfant de la famille..." et le champagne qui coule ce soir d'automne scelle à nouveau un amitié déjà vieille et solide.
Le Général prend le Commandement du 2ème C.A., mais il nous promet que la 3ème D.LA. et nous mêmes reviendrons sous ses ordres. C'est sur ces paroles de réconfort qu'il nous quitte.
29 Septembre 1944 : Le 29, à 10 heures, l'ordre préparatoire de départ du Régiment arrive.
Le départ a effectivement lieu le 30 à 12 heures à destination des Baraques (Nord de LURE).
1er Octobre 1944 : À peine installés (très mal d'ailleurs), le Régiment reçoit l'ordre de cantonner dans la région Sud Ouest de LUXEUIL :
ABELCOURT - E.M.R. - E.H.R.
BREUGES - 4ème Escadron
VELLORCEY - 1er Escadron
STE MARIE - 2ème Escadron
ORMOICNE - 3ème Escadron
Cela dure une semaine et le 8, le Régiment reprend la route pour la région Est de VILLERSEXEL et va aux ordres de la 2ème D.LM. relever le 2ème DRAGON, quitte donc la D.I.A. et repasse directement aux ordres de l'Armée, en tant qu'élément de Réserve générale.
Cantonnements :
MELECEY - E.M.R. - 4ème Escadron
VILLARGENT - 1er Escadron
VILLERSEXEL - E.H.R.
BEVEUCE - 2ème Escadron
Après 24 heures, il est décidé, que seuls le 4ème Escadron et un peloton du 1er Escadron resteront en ligne à MELECEY et VILLARGENT, le reste du Régiment quittera la zone pour cantonner à l’ouest de VILLERSEXEL dans les endroits suivants :
ESPRELS - E.M.R.- 1er Escadron
MOIMAY - E.H.R.
CHASSEY-LES-MONTBAZON - 2ème Escadron
AUTREY LE VAY - 3ème Escadron
Les T.D. du 3ème Escadron ne sont toujours pas là. Dès leur arrivée ils relèveront ceux du 4ème pour permettre la remise en état de ceux-ci. La S.A.F. nous quitte et rejoint le 3ème Bataillon Médical où elle est détachée. Les réparations s'accélèrent tant à l'échelon qu'aux compagnies de réparation (que le Lieutenant BALDINI actionne sans arrêt). On espère avoir à nouveau le Régiment complètement sur pied pour la fin du mois.
Le 16 les T.D. du 3ème Escadron arrivent... 48 heures après, la relève prévue s’effectue.
Le 7ème R.C.A. tout en constituant un “élément réservé de contre-attaque”, tout en détachement 3 pelotons de T.D. et 1 peloton de reconnaissance pour participer à la défense du secteur VILLARGENT - MELECEY - MICNAFANS -COURCHATON (Est et Sud-Est de VILLERSEXEL), pourra continuer à réviser son matériel durement éprouvé par les longues étapes des routes Françaises. Le Régiment doit participer également à l'attaque montée par la 2e D.LM. en direction de MONTBELIARD. Cette opération doit être précédée d'une puissante préparation d'artillerie à la quelle il prêtera son appui : des positions de tir à vue directe sont préparées et le terrain minutieusement étudié en vue d'assurer un débouché rapide des T.D. vers l'Est.
Du 8 au 18 Octobre le 4e Escadron tient le secteur. Il est relevé le 18 par les T.D. de l'Escadron SOUDIEUX.
Du 14 au 18 un peloton du 2e Escadron (S/LE DAUREL) est mis à la disposition du Commandant d'un Bataillon du 5e R.T.M. dans la région de MAGNY D'ANIGON.
Du 21 au 1er Novembre, le 3e Escadron occupe toujours les positions de VILLARGENT et MELECEY, se préparant à appuyer les éléments du 3e R.S.M. pour une attaque à objectifs limités en direction d'HERICOURT
Les trois quarts du Régiment sont pratiquement au repos depuis 1 mois. Le matériel a été réparé et révisé. Tout va bien. Le lieutenant COIRRE, Officier d'Active, nous a été affecté le 11 Octobre.
30 Octobre 1944 : Le Régiment est remis à la disposition de la 3e D.I.A. qui opère dans la vallée de la Moselle et de la Moselotte.
31 Octobre 1944 : Mouvement en direction de REMIREMONT par PLOMBIERES.
Aprés quelques confusions et une arrivée de nuit, cantonnons le 1er Novembre au Château de la Chaudau (E.M.R.). Le 2e Escadron est dirigé sur PLANOIS. Le 4e Escadron est dirigé sur BAMONT..
Le 1er, le 3e et l'E.M. amorcent un déplacement sur CORBENAY le 2.
3 Novembre 1944 : La situation est la suivante :
P.C. avancé du Colonel : ZAINVILLERS
1er Escadron : LES AMIAS
2ème Escadron : PLANOIS
5ème Escadron : . SAINT-AME
4ème Escadron : BAMONT
E.H.R. : SAINT-AME
P.C. de la Division : VECOUX
P.C. de l'Infanterie Divisionnaire : SAULXURES
et le 7ème R.C.A. en entier va connaître dans cet assaut des VOSGES une période dure, ingrate, pénible, effacée où contraint de faire tous les métiers il usera personnel et matériel, mais aura la joie d'être de tous les combats de GERARDMER à ST.-AMARIN et de pénétrer avec les éléments de tête de la D.I.A. en ALSACE.
LES OPERATIONS DE DETAIL DANS VALLEE DE LA
MOSELLE ET DE LA MOSELOTTE, DU 5 AU 26 NOVEMBRE
b) Le 2ème Escadron :
Le peloton LEMAIGNAN, en collaboration avec un peloton de Sherman (6ème Régiment de Chasseurs d'Afrique, Lieutenant TOURNEUX) et une compagnie du 4ème RT.T. (Capitaine BILLARD) attaque le village de ROCHESSON.
Le peloton VIRIOT et le peloton DAUREL font mouvement pour attaquer la ligne de crêtes 956 - 945 en collaboration avec 2 pelotons de chars Sherman (6e R.C.A., Capitaine NODET), un Bataillon de la Légion Étrangère (Commandant DE SERIGNEY) et 2 Tabors du 2ème G.T.M. Un Sherman saute sur une mine et empêche les blindés de passer sur le chemin dans lequel ils sont engagés. Les 2 pelotons de T.D. reviennent à PLANOIS.
Le 5 Novembre 1944 : P.C. De l'Escadron est à LEJOLE avec le peloton DAUREL. Le peloton LEMAIGNAN à ROCHESSON.
Le peloton VIRIOT attaque avec le Bataillon DE SERIGNEY depuis la cote 596 occupée la veille, en direction de 1013. 2 Sherman et 2 T.D. s'engagent sur la route en pleine forêt. Un épais brouillard empêche de voir à plus de 50 mètres. Quelques abatis légers sur la route : pièges ? Le Génie s'emploie à les dégager. Mais un F.M. allemand ouvre le feu : 2 morts et quelques blessés.
Le Sherman de tête fonce, franchit l'obstacle. Rien ne saute.
La progression continue. Tout à coup, cri d'alarme du radio du T.D.
“BUGEAUD" (Chef de char, M.D.L. MAILBEARD) qui ferme la marche: “Nous sommes encerclés, ils nous lancent des grenades !"
Le T.D “BIZERTE (M.D.L. GRIMA) qui le précède arrivé à se dégager à coups de canon ; “BUGEAUD" est serré de plus prés ; les grenades pleuvent sur le char. Fort heureusement il a un toit en madrier. Tout l'équipage se met aux fentes (qui avec sa mitraillette, qui avec son revolver, qui avec son fusil) : le chargeur REIGNIER est blessé par une grenade qui lui entame le cou et la joue. Mais l'ennemi se disperse ; l'alerte a été chaude.
L’après-midi nouvel, objectif dans une autre direction cote 1051, en appui des Tirailleurs, Mais le terrain bon au début devient vite impraticable aux T.D. Il faudra faire appel aux chars légers qui reprendront l'affaire le lendemain.
Le 6 Novembre 1944 : Le peloton LEMAIGNAN soutient par ses feux la progression des fantassins sur la ferme “DES 4-SOUS".
Le 8 Novembre 1944 : Situation sans changement. Le peloton VIRIOT à la ferme du BAS DE PRESLE à proximité du Col de la Croix des Moinats. Le peloton LEMAIGNAN en position antichars dans ROCHESSON. Le cavalier DAUDET de ce peloton est tué par éclats d’obus alors qu'il sortait de son abri pour repérer l'origine des tirs de mitrailleuses et de mortiers.
Le 13 Novembre 1944 : Le P.C. de l'Escadron fait mouvement de LEJOLE sur SAPOIS.
Le peloton DAUREL va relever le peloton du Sous-Lieutenant FRACHON (3e Escadron) à MENAURUPT où il subit de violents bombardements ennemis sans dommage.
Le 18 Novembre 1944 : Mouvement de SAPOIS sur SAULXURES - CORNIMONT. Le peloton VIRIOT reste à PLANOIS. Le peloton LEMAIGNAN a poussé une pointe au-delà de ROCHESSON et se trouve en appui des fantassins à 2 Kms à la sortie de ce village.
Le peloton DAUREL s'installe au Château de CORNIMONT, route de la BRESSE.
Le 19 Novembre 1944 : Les T.D. Du peloton VIRIOT sont en position au Col de la CROIX DES MOINATS pour appuyer le peloton DAUREL qui doit progresser en direction de la BRESSE.
Le 20 Novembre 1944 : Le peloton LEMAIGNAN rejoint le Capitaine et cantonne à la sortie de SAULXURES, à BAMONT.
Le 21 Novembre 1944 : Le peloton VIRIOT rejoint à son tour et s'installe au BARANGES. DAUREL, comme la veille, depuis la route BARANGES - TRAVEXIN, détruit quelques maisons occupées par l'ennemi.
Le 22 Novembre 1944 : Le peloton VIRIOT est mis à la disposition du 3ème G.T.M. Et avec le peloton CARRERES (Escadron DE CHAMPEAUX) et les démineurs, pousse de BARANGES sur TRAVEXIN.
Le 23 Novembre 1944 : Puis de TRAVEXIN au Col du MENIL.
Le 24 Novembre 1944 : Et du Col du MENIL à la tête du SEU.
Les mines empêchent le déroulement de l'opération.
Le 25 Novembre 1944 : Avec un goum, le peloton VIRIOT remonte le ruisseau des GRANGES depuis le SEU jusqu'aux “GRANGES", L'état de la route ne permet pas aux T.D. de poursuivre.
Le 26 Novembre 1944 : L'Escadron s'installe à VENTRON. Le peloton LEMAIGNAN, en collaboration avec 3 chars légers du 3ème R.S.A.R., attaque en direction du Col d'ODEREN en appui d'Infanterie. Il détruit quelques casemates au lieu dit “Le GROS PRE".
Le T.D. “BAGARREUR“ en action : le cavalier MIRTY se rend en liaison de son char à un poste avancé de Tirailleurs ; il aperçoit 8 boches couchés dans l'herbe. Il s'approche les croyant morts, mais ceux-ci impressionnés sans doute par son air résolu, se rendent avec une grande rapidité, 2 autres montrent la tête un peu plus loin, mais n'ont pas l'intention de vouloir venir. Le Chef de char, le Brigadier TISSOT, arrive à la rescousse surveille le groupe de 8, tandis que MIRTY va chercher les 2 autres.
Le soir, par malchance le “BAGARREUR" s'embourbe sur la piste, et c'est une nuit de travail pour le dégager à une centaine de mètres du boche.
Le même jour, le Lieutenant LEMAIGNAN s'aventure sur une piste peu sûre pour une reconnaissance en Jeep. Le chauffeur CANO est au volant. Des rafales de mitrailleuses crépitent tout à coup. Ils s'arrêtent et s'abritent. Mais CANO reçoit une balle qui lui traverse le bras et lui pénètre dans le ventre. Le Lieutenant tourne la Jeep, malgré les rafales qui persistent, charge CANO dans la voiture et revient sans encombre,
c) Le 4ème Escadron :
Le 1er Novembre l'Escadron GUTH est mis à la disposition du Général commandant l'I.D. de la 3ème D.I.A. (P.C. à BAMONT).
Jusqu'au 16, les T.D. seront employés en montagne dans des conditions climatiques très pénibles. froid. boue, neige. Ce sont chaque fois de véritables acrobaties et dans plusieurs cas, de longues journées de travail seront nécessaires, pour désembourber nos engins. Des résultats très satisfaisants seront obtenus, l'ennemi abandonnant toutes les maisons prises sous le feu des T.D.
Le 16 Novembre 1944. l'Escadron fait mouvement sur DOMMARTIN-LES-REMIREMONT. 3 jours de repos, et le 20 mouvement sur RUPT-SUR-MOSELLE. Il relève le 4ème Escadron du 8ème R.C.A. et est mis à la disposition du Colonel AGOSTINI Commandant le 3ème R.T.A.
21 - 26 Novembre : actions ayant pour but de prendre CHATEAU-LAMBERT et le THILLOT.
Le peloton RENE est aux ordres du corps Franc POMMIES, à RAMONCHAMP. Le T.D. “DOMPTEUR" saute sur une mine, personnel intact. Le 22 et les jours suivants, ce peloton effectue des patrouilles sur la route RAMONCHAMP -l'ETAT - LE THILLOT. Le 22 le Maréchal des Logis AMBROSINI est tué par éclats d’obus ; le 24 le Cavalier BOUALLEG est blessé par balle.
Le peloton SIGWALT mis à la disposition du II/3e R.T.A. évolue sur la route de CHATEAU-LAMBERT, fortement minée.
Les Panzerfaust apparaissent : réactions de minen aussi. Le 25, le fort de CHATEAU-LAMBERT et le col des CROIX sont atteints dans la matinée. Le 24 et le 25 des patrouilles blindées (T.D., M 5) appuient la progression d'infanterie sur le village de CHATEAU-LAMBERT. Réaction ennemie des plus vives. Le 25 après midi, cependant, CHATEAU-LAMBERT est pris ; la route s'écroule sous le T.D. “DUGUESCLIN".
Le peloton DE ROCHAMBEAU, jusqu'au 25 Novembre, est à la disposition du III/3e R.T.A. à RAMONCHAMP.
Le 22 Novembre les T.D. tirent sur le clocher du THILLOT, ainsi que sur des mitrailleuses situées sur les pentes-sud de 547. 2 coups au but. Le peloton passe ensuite jusqu'au 26, en réserve à RUPT-SUR- MOSELLE.
A L'ASSAUT DES COLS ET DE LA TERRE D'ALSACE
26 NOVEMBRE - 1er DECEMBRE
a) Le peloton DE ROCHAMBEAU (4e Escadron) premier élément de la 3ème D.I.A. a foulé la terre d Alsace.
Le 26, à 4 heures, départ de RUPT-SUR-MOSELLE, prise de contact avec le I/3e R.S.A.R. et le G.T.M. Midi : halte à SEWEN.
15 heures : un élément blindé aux ordres de l'Aspirant GENEVRIER ( 2 M 5, 1 T.D.) attaque RIMBACH. Le village est enlevé.
Les goumiers n'arrivent que lorsque les blindés s'installent en bouchon pour la nuit. L'après midi, attaque des goumiers. Le 28, patrouille blindée (2 M. 5 et 1 T.D) en direction de MOLLAU.
Occupation de la ferme de LANGERMATTEN. Les goumiers aidés par le tir efficace des T.D., prennent la cote 1057 (Aspirant GENEVRIER, 3 M 5, 1 T.D.). À 16 heures entrée dans MOLLAU.
Le 2/12/1944 : un élément blindé (S/Lieutenant de ROCHAMBEAU, 2 M 5 et 1 T.D.) pousse vers SAINT-AMARIN, par la route nationale. Une patrouille identique, aux ordres de l'aspirant PIRIOU (3e RSAR) nettoie la sortie-Est du village. À 12 heures le S/Lt DE ROCHAMBEAU est blessé par éclat, 14 heures ; un M 5 détruit par Panzerfaust aux lisières-Est du village. À 16 heures, un second M 5 hors de combat : mêmes éléments, mêmes conditions.
Le 4/12/1944 : même position. De nuit, harcèlement ennemi sur nos positions de repos. Le 5/12/1944 relève par le peloton RENE. Le peloton GENEVRIER reste aux ordres du Capitaine JOURNAUX et fait mouvement sur VAGNEY.
b) Le Col de BUSSANG est atteint le 1er Décembre par le 4e Escadron.
Le 26 Novembre, un élément blindé composé de 2 T.D. et 5 M 5 pousse en direction de BUSSANG, mais de grosses destructions obstruent la route et l'obligent à emprunter un itinéraire acrobatique dans la montagne : seuls un T.D. et un M 5 parviendront vers 17h. à BUSSANG. Les jours suivants, les T.D. pousseront des patrouilles avec l'infanterie effectuant des tirs (canon et mitrailleuse) sur des lisières de bois : Le 1er Décembre, le col est atteint par la compagnie ALLAN. Les T.D. du S/Lt. SIGWALT et les M 5 du 3ème R.S.A.R. participent à l'action et en dépit de grosses destructions arrivent à URBES à 19 heures.
La Terre d'ALSACE est atteinte.
FELLERING, ODEREN et KRUTH sont occupés en liaison avec le 3ème R.T.A. et le Corps-Franc POMMIES.
c) Le 2ème Escadron force les défenses du Col d'ODEREN (du 26 au 30).
Le 27 Novembre 1944 : Le peloton DAUREL pousse sur le Col dODEREN. Précédés d'un char léger du 3ème R.S.A.R. les T.D. prennent le contact 200 mètres après des destructions, sous un tir précis d'artillerie et d'automoteur. Le char léger est atteint d'un coup de Panzerfaust et flambe. Les TD. réduisent au silence les mitrailleuses qui arrêtent toute progression amie et qui cherchent à décimer le reste de l'équipage du “petit char”. L'ordre de repli pour les blindés arrive à la nuit.
Le peloton VIRIOT plus au nord, partant de CORNIMONT par XOULCE monte à la Chapelle du BRABANT. Un bataillon F.F.I. attaque le bois de la Roche des Bouchaux. La pénétration est dure et lente. T.D. engagés sur la route prêts à intervenir.
A la tombée de la nuit l'ennemi déclenche une violente contre-attaque. Le T.D.de tête BIZERTE ouvre le feu à 1000 mètres sur les départs de balles traceuses : tous les explosifs du char y passent mais les armes automatiques se taisent et l'ennemi ne débouche pas du bois.
Le 28 Novembre 1944 : Les T.D. de la Chapelle du BRABANT arrosent copieusement les lisières de bois, tirent sur la ferme de MOYENMONT au N.E. de la BRESSE.
Le 29 Novembre 1944 : Le peloton DAUREL participe à l'attaque du Grand Ventron. Destruction d'abris en rondins. 5 allemands tués (et homologués).
Le 30 Novembre 1944 : Reprise de l'attaque du Col d'ODEREN en appui d'infanterie par les T.D. DAUREL et LEMAIGNAN. Mission : destruction des casemates qui flanquent le barrage antichar. Un sous-officier du 7ème R.T.A. Accompagne les T.D. et désigne les objectifs. Casemates et nids de mitrailleuses sautent les uns après les autres malgré une vive réaction qui progressivement faiblit et les blindés franchissent le col le 30.
La terre d'ALSACE, est à leurs pieds. Mais d'énormes destructions au delà du Col empêcheront toute progression avant quelques jours.
d) Les tentatives pour atteindre le col de BRAMONT au nord demeurent infructueuses (26 au 29)
Un groupement aux ordres du colonel VAN HECKE comprenant 2 pelotons de reconnaissance du 1er Escadron, 1 section du génie, un peloton de T.D. (VIRIOT), un bataillon du 51e R.I. (Colonel TRIOCHE) s'engage, fractionnée en 2 éléments en direction du col: le commandant LE CANNELIER commande une colonne, qui dès le début, ne peut franchir le Chajoux débordé. Des dispositions nouvelles sont prises.
Le 27 Novembre 1944 : La compagnie de tête du bataillon DUCHENE monte à la Chapelle du BRABANT par la piste de LANSAUCHAMPS. Elle s'abrite aux environs du col en attendant la progression de la colonne TRIOCHE. Une équipe du génie, pénétrant dans une ferme proche de la Chapelle provoque l'explosion d'un piège : 2 tués, 5 blessés. En fin d'après-midi, des éléments de patrouille de la compagnie Sud de la colonne TRIOCHE sont vus, entre les lisières sud du bois de la Roche des Bouchaux et la piste de la Chauderie. Un T.D. du peloton VIRIOT ouvre le feu sur les armes automatiques qui se sont révélées, et protège la retraite des éléments.
Le 28 Novembre 1944 : Le 5ème compagnie (Capitaine HALLONET) du 2ème Bataillon du Régiment de Franche-Comté (Capitaine DUCHENE) reste en position dans la Région des HUTTES-LA LOUVIERE, avec mission de protéger la BRESSE et de couvrir le débouché de la veillée de la VOLOGNE, La 7e Compagnie (Lieutenant GUILLAUME) et la 6e Cie (Lieutenant MONNET), déployées pour la progression se portent en avant à partir de 10 heures, en collant aussi près que possible aux tirs systématiques déclenchés à l'horaire par la batterie du 2/67 (Capitaine MOLINIER).
Le P.C. de la colonne est assis au Col de la Chapelle du BRABANT. Faute d'autres moyens, la liaison avec les éléments de tête est faite par coureurs.
Le groupe Franc (Lieutenant ROBBE), demeure en réserve à la disposition du Commandant sur les pentes Sud-Ouest du Signal 1.063.
Les deux compagnies ont mission de progresser sur les lisières et à l'intérieur du bois de la poche des Bouchaux. La section de droite de la 6e Compagnie qui suit la lisière sud du bois de la Roche des Bouchaux et manœuvre en pleine vue de l'observatoire du P.C. porte un fanion, qui permet de suivre la progression et de redemander à l'artillerie d'appui direct, les tirs prévus en conservant la marge de sécurité nécessaire.
Vers midi, le bois de la Roche des Bouchaux est aux mains du 2/R.F.C. Sur le terrain le centre du dispositif est un piton abrupt et tout le bois est obstrué d'abatis dus aux tirs de l’artillerie. Sur la ligne atteinte, l'infanterie se heurte à une position allemande organisée.
À partir de 12 heures 30, l'ennemi réagit par des tirs de mortiers qui appliquent sur le bois, sur le glacis au Sud du bois, sur le Signal 1.065, et dans la région du col de la Chapelle du Brabant. A 14 heures, un T.D. du peloton VIRIOT franchit la crête à l'ouest du signal 1.065, et détruit un observatoire ennemi dans une ferme sur les pentes Sud de Moyen-Mont. A la tombée du jour, les 6e et 7e compagnies, à qui ont été apportés des outils de parc, s'organisent en P.A. dans le bois sur les positions conquises. La compagnie du Capitaine ROUCHE, du 1/51 tient le Signal de la Roche des Bouchaux et contrôle les pistes Nord de l'Eperon.
La C.A. du 1/51 tient une position sur la poste Sud de la Chapelle du Brabant et est en mesure de couvrir de ses feux tout le dispositif. La protection du versant Nord est assurée par la compagnie HALLONET.
Le 29 Novembre 1944 : Le dispositif entier se maintient dans une situation étatique offensive. À l'initiative du Capitaine de la JONQUIERE, adjoint au commandant de la Colonne Nord, une patrouille armée d'un Bazooka prend le contact sur la droite du dispositif en provoquant une violente réaction de grenades à fusil ; l'ennemi qu'on a entendu procéder à des abatis pendant la nuit et qui s'était manifesté par des tirs d'artillerie et de mortiers jusqu'au lever du jour révèle ainsi qu'il demeure sur ses positions.
A midi, un ordre du Sous-Groupement dissout la colonne Nord et d'autres dispositions entrent en vigueur.
Pertes : 5 tués. 19 blessés.
Les pionniers du 1er Escadron ont effectué un travail considérable. Plus de 400 mines “S" sont enlevées en moins d’une heure malgré les violentes réactions d'artillerie et de mortiers. Le peloton CIVET entre dans XOULCE, le 26. Une patrouille du 2ème peloton le 29, effectue une reconnaissance à pied dans la vallée du Mur des Granges, atteint la Maison forestière et rapporte des renseignements importants,
Pertes : NEANT.
e) L'activité du 3ème Escadron sur GERARDMER - 2 Nov. - 5 Janv.)
Durant toute cette longue période, le 3ème Escadron. dispersé, morcelé, fait tous les métiers : artillerie, appui d'infanterie, soutien moral, quelquefois anti-char et même génie, le T.D. pouvant à l'occasion faire le bulldozer.
Il ouvre d'abord la route de GERARDMER, en participant à la prise du THOLY et de GERARDMER. Le 2 Novembre, réserve de Division, cantonné à ST. AME il est mis à la disposition du G.T. 4, pour être employé sur l'axe ST, AME - LE THOLY.
Le 5, le char “CHAMBORD" saute sur mine aux abords du THOLY ; aucun blessé.
(Après la prise du village, on récupérera le matériel de pêche du S/Lt MAGNE.)
Le 15 le THOLY est pris (peloton FRACHON). La neige et le gel sont là rappelant ACQUAFONDATA et TERELLE, et aussi les abattis et les mines, les tirs des anti-chars et des auto-moteurs.
Le 18 Novembre : Une lueur dans le ciel, c'est GERARDMER en flammes.
Le 19 Novembre : Offensive sur GERARDMER. Les éléments avancés s'en trouvent à 5 kms : une reconnaissance rapporte que la ville semble abandonnée entourée de champs de mines et d'abatis.
Le 19 dans la soirée, le groupe de chars de l'Adjudant MAIGROT (Peloton MAGNE) entre dans GERARDMER, appuyant le peloton du 2ème R.S.A.R. (du Lt. DE MERGSON).
Le P.C. SOUDIEUX s'y installe; la progression continue.
GERARDMER : amas de ruines fumantes, de pierres calcinées, de décombres où s'entassent encore dix-mille personnes.
Il fait froid, il pleut, le charbon manque.
A la date du 21 Novembre le groupement nord de la 3ème D.I.A. passe aux ordres du Colonel HOGARD qui dispose des éléments suivants : 2e R.S.A.R., fer groupe d'Escadron de Franche-Comté, 3ème Escadron du 7ème R.C.A., III/67 R.A.A., 1ère Cie du génie.
La situation générale est la suivante :
En Haute Alsace, l'ennemi paraît complètement désorganisé.
Entre la Suisse et Belfort, la phase d'exploitation est commencée ; des éléments du 1er C.A. ont atteint le pont de HUNINGUE ; BELFORT a été pris ce matin ; la 5e D.B. pousse sur l'axe Fontaine - Cernay : un groupement de la 1ère D.M.I. fait effort sur l’axe CIRAURAGUY - CERNAY, en vue d'appuyer l’action de la 5ème D.B. et de prendre à son compte, en direction de CERNAY et de découvrir les débouchés des vallées descendant des Vosges.
Il ne peut plus être question de tenir un front, mais d'agir sur des axes. Le 3ème Escadron reçoit pour mission de reprendre progressivement ie contact sur les axes GERARDMER - XONRUPT - LA SCHLUCHT. Du 20 au 25 le peloton FRACHON François tire sur divers objectifs : maisons, abris, bois.
Le 25 on s'aperçoit que l'ennemi a décroché. Progression.
Le 9 Décembre le même peloton se trouve à Retournemer, avec le peloton MAGNE et des éléments du 2ème R.S.A.R. Divers essais de colonnes blindées sur la route de la SCHLUCHT puis sur les pistes restent sans fruits appréciables. (Col et route des Crêtes.)
Du 12 au 14 tirs sur le col du LOUCHBACH - assaut sérieux au Pré-Carré où le Capitaine OSTEN (2ème R.S.A.R.) est tué.
L'ATTAQUE DU COL DU BONHOMME (12 Décembre)
Brillamment menée par un escadron de Spahis et des F.F.I. l'action réussit et le col est enlevé à 12 heures 30. Le Colonel LECOQ donne aussitôt l'ordre aux T.D. de s'y porter ; c'est le S/lieutenant MAGNE qui en est chargé. Ce dernier pousse ses T.D. jusqu'à PLAINFAING et part en jeep avec son adjoint,
l'Adjudant MAIGROT, reconnaître la “vieille route” du Col, ils poursuivent à pied, le chemin étant embouteillé par les spahis. A cent mètres du col, deux obus tombent, l'Adjudant MAIGROT est blessé mortellement : déchiqueté, méconnaissable. MAGNE est grièvement blessé à l'abdomen, il perd son sang en abondance. Relevé aussitôt, il ne perd nullement connaissance et se rend parfaitement compte de ses blessures : il s'occupe de sa jeep, demande qu'on prévienne le Lieutenant SOUDIEUX, et a cette suprême parole : “J'ai vu l'Alsace, j'aurais bien voulu y aller, le col est pris ; je mourrai tranquille“. Malgré la rapidité des soins (évacuations, transfusions de sang), MAGNE succombe à ses blessures, le 15 dans la nuit à l'hôpital de REMIREMONT. Il avait 26 ans. Ses obsèques ont lieu le 15 après-midi. Il est enterré au cimetière de RUPT-SUR-MOSELLE ; MAIGROT l'est auprès de lui, le 14.
Le 17, vers 14 h.30 l'Escadron RENAULT débouche du Col du BONHOMME. Frachon tire sur des casemates situées à l'Est du LOUCHBACH et route du Lac Blanc. Le Maréchal des Logis SAUZEDE saute sur une mine : sans dommage. Le 18 le carrefour du Lac Blanc est atteint, et le contact est pris après avoir dépassé la Ferme du Gazon-du-Faing. Le 20 “train blindé” sur le Gazon ; mais la progression est aussitôt stoppée : mines, abattis et tirs d'automoteurs. Le 21 : second essai sans résultats ; et cette situation demeure jusqu'au 29.
Le 30. un groupe de chars de l'Aspirant DURVICQ part à ORBEY avec le 4ème RTT. Beaux résultats, belle conduite des chefs de char FEYREUR et GIACCOBINI ; le 5 le groupe rejoint FRAIZE où le Régiment se regroupe pour voler à la défense de STRASBOURG : Après 85 jours de ligne - Dans la neige... Le froid. .. La glace.
LA VALLÉE DE LA THUR
(1er Décembre - 15 Décembre)
Pendant que le 3ème Escadron, “en morceaux” lutte de la SCHLUCHT au BONHOMME, le 4ème Escadron, le 2ème et le 1er participent avec Tirailleurs, Goumiers et F.F.I. aux opérations dans cette vallée triste, brumeuse, encaissée, qu'est la vallée de La THUR.
OÙ L'ON MULTIPLIE LES EFFORTS POUR S'EMPARER DE LA “ROUTE DES CRETES" ET AUSSI DU RAINKOPF ET DU HOHNECK :
Après ODEREN, le 2ème Escadron se distingue à RUNSCHE et à la ferme SCHAFFERT :
Le 1er Décembre 1944 : Le peloton VIRIOT rejoint l'escadron, mais d'énormes destructions au-delà du Col d'ODEREN, empêchent toute progression de blindés avant plusieurs jours.
Le peloton DAUREL est en position sur le Grand Ventron.
2 T.D. dissimulés dans les bois surveillent une portion de la route des Crêtes. Une pièce d'artillerie de campagne allemande est signalée ; un premier T.D. ouvre le feu sur les chevaux, qui, affolés quittent la route et dévalent à travers champs ; la pièce est stoppée, et trois chevaux restent étendus sur place. Les artilleurs s'éparpillent et se réfugient dans une maison. Le 2ème T.D. ouvre le feu sur la maison (un prisonnier allemand fait quelques jours après par le 10ème Tabor donnera le bilan : 1 canon détruit, 1 sous-officier et 2 hommes tués).
Le 2 Décembre 1944 : Le peloton VIRIOT en position d'’artillerie (1 km avant le col d'ODEREN et avant son observatoire au Grand-Ventron), arrose la route des Crêtes où la circulation se fait de plus en plus rare. Dans l'après-midi, l’escadron rassemblé se déplace sur l'itinéraire : VENTRON – TRAVEXIN - LE THILLOT – BUSSANG - LE COL DE BUSSANG – URBES - ODEREN (la dernière partie du trajet est faite dans la nuit).
Le 3 Décembre 1944 : Le peloton VIRIOT pousse sur WILDENSTEIN (à la disposition du 3ème G.T.M.). Les coupures de la route du col de BRAMONT et au delà empêchent toute action blindée jusqu’au 9 Décembre. Mission d’artillerie : en attendant.
Du 5 au 7 Décembre 1944 : Le peloton LEMAIGNAN appuie l'infanterie dans la progression vers la route des Crêtes.
Le 5 Décembre 1944 : Le peloton D'AUREL effectue de ses positions un barrage sur les lisières du RUNSCHE. Mais la circulation des véhicules légers est impossible, principalement à certain carrefour obligatoire que les mitrailleuses ennemies battent au moindre mouvement. Les T.D. s'avancent : réactions de minen et les armes automatiques se dévoilent. Nos canons les réduisent une à une, 4 boches s'engouffrent dans une casemate : quelques explosifs et pas un seul n'en réchappe. Mais les mitrailleuses crachent des lisières de bois : celles-ci sont copieusement arrosées et les T.D. rentrent, les soutes vides.
Le 7 Décembre 1944 : Nos engins surveillent la route des Crêtes et ouvrent le feu à 2 reprises sur des convois hippo. Gros dégâts. Le peloton LEMAIGNAN participe à l'attaque de la ferme SCHAFFERT dont il permet la prise par les tirailleurs. Et du 2 au 7 Décembre ce peloton de même que celui de DAUREL forme
des bouchons anti-chars, exécute des tirs de harcèlement, des tirs contre casemates. Le Cavalier GARCIA Georges, du peloton VIRIOT, revenant en jeep de liaison est pris à ODEREN sous un bombardement. Il est tué au volant de sa voiture par un éclat à la base du crâne.
Le 9 Décembre 1944 : Le peloton VIRIOT qui assiste 1 compagnie de tirailleurs et 1 goum, a pour mission de prendre ROTTENBACH auberge, et d'appuyer l'attaque du RAINKOPF.
Progression des T.D. 50 cm de neige jusqu'à 100 mètres de l'auberge. Visibilité nulle. Les fantassins ennemis bien camouflés arrêtent toute progression de front et sur la gauche, et contre-attaquent sur la droite. Les balles sifflent de 3 côtés à la fois et il faut progresser à plat ventre pour aller d'un T.D. à l'autre. L'ordre de décrochage parvient à 16h. Le char “BATAILLEUR" en position près du lac de BLANCHEMER (en appui de l'attaque) se voit transformé en obusier au premier coup de canon par rupture du tube à 1 mètre de la culasse. Le TD. qui le remplace vide ses soutes sur le RAINKOPF et la route des crêtes.
Le 12 Décembre 1944 : A RUNSCHE le Sous-Lieutenant LEMAIGNAN est en observation. Un obus de mortier tombe à proximité et le renverse par son effet de souffle. Un éclat troue son manteau, son blouson et sa chemise : aucune blessure.
Jusqu'au 16 Décembre 1944 : Nombreux tirs des T.D. des 3 pelotons sur des chalets et sur l'activité ennemie de la route des crêtes.
Le 17 Décembre 1944 : Le P.C. de l'Escadron se porte à SAULXURES avec le peloton LEMAIGNAN. Car tous les engins ont besoin de révisions urgentes. Les pelotons DAUREL et VIRIO restent à FELLERING et WESSERLING avec 3 T.D. par peloton “C'est le maximum qu'on puisse faire”.
Le 18 Décembre 1944 : Le peloton de WESSERLING est envoyé à GERARDMER à la disposition du Colonel HOGARD :
Le peloton DAUREL à FELLERING est à la disposition du Général CHEVILELON.
Le 20 Décembre 1944 : Le P.C. de l'Escadron se porte à DOMMARTIN-LES-REMIREMONT.
Jusqu'au 31 Décembre 1944 : Les 2 pelotons engagés effectuent des tirs directs sur maisons, observatoires ennemis, casemates, etc. Mais il n'y a plus à proprement parler de “peloton”, car aussitôt un char remis en état, un autre revient pour se faire réparer. Le matériel est à bout de souffle : il faut faire des acrobaties pour assurer 3 T.D. sur chaque axe.
Du 4 au 16 Décembre tous les pelotons du 1er Escadron se sont multipliés le plus souvent, à pied sur tous les axes pour renseigner, éclairer l'infanterie et dégager la route des nombreuses mines et abatis qui ne se comptent plus.
Le 6 la liaison s'établit au col de BRAMONT. Le même jour la route des Américains est reconnue et les éléments rejoignant la route des Crêtes à l'auberge de ROTTENBACH s'approchent jusqu'à 500 mètres des crêtes.
Le 8, le “chemin des Italiens“ est reconnu : il conduit au refuge de RAINKOPF par le lac de BLANCHEMER, Le 9, le 1er peloton participe à l'attaque menée contre la route des crêtes. Le 10, reconnaissance à pied jusqu'au pont de BLANCHEMER, en direction du col des FEIGNES-SOUS-VOLOGNE. Du 11 au 15 des patrouilles de sécurité sont effectuées aux environs immédiats de WILDENSTEIN.
À bout de souffle, lui aussi, puisqu'engagé à pied depuis 45 jours, l’escadron DE CHAMPEAUX est ramené à ZAINVILLERS, heureux d'aller sécher son personnel et réparer ses véhicules.
IV— LES OPERATIONS DU COL DE BUSSANG ET DE SAINT-AMARIN NE SUFFISENT PAS AU 4ème ESCADRON :
IL LUI FAUT D’AUTRES COLS
Du 6 au 25 Décembre c'est le BONHOMME, le LAC BLANC, le LAC NOIR, le COL DE WETSTEIN.
Engagé le 1er Novembre 1944 dans la région de CORNIMONT, le 4ème Escadron, après une interruption de 4 jours à DOMMARTIN, est à nouveau engagé, le 7 Décembre 1944, dans le secteur de SAINTE-MARIE-AUX-MINES. Personnel et matériel sont fatigués.
a) Période du 6 au 17 Décembre 1944 :
L'Escadron est à la disposition du Colonel BONJOUR. Le P.C. successivement à STE MARIE AUX MINES, AUBURE, FRELAND et BONHOMME. La base est à STE MARIE AUX MINES (Haut-Rhin).
Le 7/12/1944 au soir l’escadron, au complet, est en place à Ste MARIE AUX MINES. Le peloton GENEVRIER pousse jusqu'au FRELAND), aux ordres du Capitaine JOURNAUX, où il s'installe en surveillance.
Le 8/12/44 le P.C. Avant de l'escadron s'installe à AUBURE.
Les peloton RENE et GENEVRIER sont à FRELAND prêts à intervenir. Le peloton SIGWALT est en position sur la route d'URSPRUNG et effectue des tirs sur la région de KAYSERSBERG.
Le 9/12/1944 les pelotons RENE et SIGWALT s'installent en point d'appui à URSPRUNG avec un peloton d'A.M. du R.F.C. et une section de Goumiers.
Le 10/12/1944 le peloton SIGWALT est mis à la disposition de l'Escadron DE QUENETIN qui opère en direction du BONHOMME. Les T.D. effectuent des tirs sur des lisières de forêt et des fermes occupées par l'ennemi. Le peloton GENEVRIER opère au profit des tabors du Colonel HEDON. Il est en position au col de la PERTHE et effectue des tirs d'appui directs. Le peloton RENE quitte le point d'appui d'URSPRUNG et s'installe en réserve à FRELAND.
Le 11/12/1944, le peloton GENEVRIER effectue des tirs sur les objectifs repérés, sur les pentes Ouest du Grand-Faude (775) ; le peloton SIGWALT opère toujours à la sortie Ouest du village du BONHOMME. Le Lieutenant RENE fait reconnaître les positions de tir dans la région du col des BAGENELLES.
Le 12/12/1944 le peloton RENE effectue des tirs sur la haute vallée de la BECHINE et progresse en direction de la maison forestière du Général Bataille. Le peloton SIGWALT continue la progression en direction du Col du BONHOMME et effectue des tirs sur des maisons occupées par l'ennemi. Résultats au but. Le peloton GENEVRIER effectue des tirs sur la vallée et la rocade du secteur du Lac Blanc. Il prend à partie des patrouilles à pied et des batteries hippomobiles en déplacement.
Le 13/12/44 le peloton SIGWALT appuie de ses feux la progression de l'escadron DE LESTRANGES dans la vallée de la BECHING. Le peloton RENE effectue la liaison au col du BONHOMME avec les éléments du 2ème R.S.A.R.
Le 14/12/1944 le peloton SIGWALT travaille toujours au profit de l'Escadron DE LESTRANGES. Le peloton GENEVRIER effectue des tirs sur la route du col de LOUCHSBACH. Le peloton RENE passe la journée au village du BONHOMME et en profite pour revoir son matériel.
Le 15/12/1944 le peloton GENEVRIER effectue des tirs sur la route de LOUCHSBACH, et prend à partie les groupes ennemis en mouvement. Le peloton SIGWALT travaille au profit de l'Escadron De QUENETIN en direction du col du BONHOMME. Des tirs ajustés de minen et d'armes automatiques entravent la progression. Le Lieutenant RENE prend le commandement d'un groupement blindé (un peloton T.D., un peloton SHERMAN du 1er Cuir, un escadron F.F.I. une équipe de démineurs, un peloton de M 5 du 3ème R.S.A.R.). L'objectif de ce groupement est l'Hôtel du Lac blanc.
Le 16/12/1944 ces éléments progressent en direction du col du Lac Blanc. A deux reprises le T.D. “DEBROUILLARD" saute sur mines. (Il sera réparé sur place par l'équipage.) Quelques réactions d'éléments isolés. Le peloton SIGWALT appuie de ses feux la progression de l'Escadron de QUENETIN en direction de la Grande-Ferme. Le peloton GENEVRIER est en attente au BONHOMME.
Le 17/12/1944 les éléments RENE attaquent le col du Lac Blanc, débouchent sur l'Hôtel et progressent jusqu'à l’épingle à cheveux. Deux SHERMAN, un M 5 et le T.D. “DEBROUILLARD" sautent sur mines. Le Brigadier BORGNIET, Chef du T.D. “DANTESQUE" est blessé par éclat au bras. Le peloton SIGWALT demeure en surveillance sur le haut de la vallée de la BECHINE. Le peloton GENEVRIER avec l'Escadron du Capitaine DE LESTRANGES, s'installe au carrefour du Lac Blanc.
b) Période du 17 Décembre au 3 Janvier :
Toujours à la disposition du Colonel BONJOUR. Axe de marche : Lac Blanc, Lac Noir, Col de Wettstein.
Le 18/12/1944 les éléments de RENE descendent du Lac Blanc et progressent en direction de NOIRRUPT. Le T.D. “DANTESQUE” est atteint par un coup d’une arme anti-char. Le radio BONOMO est tué. Le conducteur LEMOINE, grièvement blessé, succombe le lendemain, au 3ème B.M. Le tireur ANDRE est blessé. La progression est stoppée. Les éléments blindés sont soumis à un violent tir d'artillerie ennemie. Le matin les T.D. avaient effectué des tirs sur des fantassins et véhicules en déplacement (route du col de WETTSTEIN), ainsi que sur des emplacements d'armes automatiques. Le peloton GENEVRIER appuie l'attaque des goumiers sur le Lac Noir. Les éléments blindés sont ralentis dans leur progression par mines et abattis. Intervention du Génie qui ne termine son travail qu'à la nuit, Pendant ce temps les T.D. effectuent des tirs sur des mouvements de troupe. au col du WETTSTEIN. Le peloton SIGWALT descend au repos à SAINTE MARIE AUX MINES.
Le 19/12/1944, le peloton RENE réduit au seul T.D. “DIABOLIQUE" est renforcé par les T.D. “DIPLODOCUS" et “DINOSAURE" (peloton GENEVRIER). Ces éléments progressent et au cours de cette progression malgré les champs de mines qui sont “systématiquement négligés” mais qui feront sauter un M 5, le T.D. “DIPLODOCUS" détruit un MARK IV (à 50 mètres). Mort du cavalier PHALIP. Installation sur la route du Col de WETTSTEIN, au carrefour 45/27 - 1457, avec un peloton d'A.M. du R.F.C. Le peloton GENEVRIER poursuit son action sur le Lac Noir. Les T.D. “DIB“ et “DRAGON effectuent des tirs sur des éléments ennemis en retraite. Le Capitaine GUTH installe son P.C. au Lac Noir et écrit sa “BATAILLE DE CHARS DANS LES HAUTES VOSGES".
BATAILLE DE CHARS DANS LES HAUTES VOSGES
Sous la poussée brutale des blindés, le col du Lac Blanc est forcé, le Sanatorium atteint. Deux chars moyens, un char léger, un T.D. sautent sur des mines, traîtreusement enfoncées dans la neige. Qu'importe ! L’ennemi fuit, accompagné par nos explosifs et le feu nourri des goumiers. La ruée se poursuit. L'ennemi n'a pas le temps de réagir. Les blindés protégés par les goumiers déferlent.
Des mines en verre sont abandonnées sur les bas-côtés de la route, sans que l'ennemi ait eu le temps de les poser. Le Lac Noir est atteint.
Le lendemain on se remet en route pour le carrefour WEYERMATT. Les blindés progressent à découvert, lentement, par bonds.
Bientôt le boche se révèle : un sifflement, un coup au but, un T.D. est atteint. La nuit tombe. Il faut le venger. Le lendemain, de la position atteinte la veille, un T.D. et un char léger foncent. A toute vitesse le “DIPLODOCUS" charge et vient se camoufler derrière la ferme d'où la veille un char allemand a arrêté notre avance. Moins heureux le char léger saute sur une mine. L'équipage du T.D. est aux aguets ; où est le boche ? On a signalé la ferme comme étant évacuée. Le Chef du T.D. un chasseur de 2e classe, surnommé : “PICO“ observe autour de lui. Soudain il entend marcher avec précaution autour du T.D. Un goumier ? Non. Un S.S. qui vide sur l'équipage à découvert un chargeur de mitraillette. D'une fenêtre une grenade est lancée sur le T.D. et l’atteint heureusement sur la plage arrière. “DIPLODOCUS" quitte cette maison inhospitalière et lentement se glisse à travers champs, tournant sa tourelle vers la ferme. Tout à coup l'arrière d'un MARK IV se profile de l’autre côté de la maison. C’est le char boche d'hier. Vite un perforant. Le MARK IV touché, mouché, flambe. L'équipage se sauve dans l'épouvante.
Capturé par les nôtres, il ne dira qu'une phrase : “Seuls les Français sont capables d'une telle audace".
Le 20/12/1944 : Même position pour le peloton RENE qui effectue des tirs sur des objectifs signalés, Le peloton GENEVRIER tente de progresser sur la piste sud du Lac Noir. Dès sa sortie du bois le T.D. “DIB“ exposé au soleil est pris à partie par un char ennemi. Un perforant dans le hublot du pilote, et de nombreux explosifs.
Le 21/12/1944 : RAS. Le brouillard empêche toute action.
L’artillerie ennemie manifeste sa présence.
Le 22/12/1944 : Aucun changement dans le dispositif. Dans l'après-midi, par leurs tirs ajustés les T.D. des pelotons RENE et GENEVRIER contribuent pour une bonne part à l'arrêt brutal d’une contre-attaque.
“NOEL — JOUR DE L’AN"
Les T.D. sont dans la neige, le Capitaine GUTH part en permission. Le Lieutenant RENE prend le commandement de l'Escadron qui, à trois reprises, au carrefour de WEYERMATT contribue largement à stopper brutalement de fortes contre-attaques ennemies. La montagne a fait payer un lourd tribut à
cette unité (qui ne compte plus, en ce début d'année 1945, que 5 T.D.). La campagne des Vosges est terminée. Le Régiment “doit” se regrouper aux abords de REMIREMONT pour revoir, réparer son matériel faire reposer son personnel, épuisés l’un et l’autre par près de trois mois d'engagements ininterrompus. Mais le boche contrecarre ces projets : Il espère reprendre STRASBOURG.
Et c'est à la 5ème D.I.A. et au 7ème Chasseurs que l'on fait appel, une fois de plus, pour sauver la situation. Le 4 Janvier à FRAIZE, le Colonel réunit ses Officiers et constitue un “escadron de marche” avec ce qui reste, soit 16 chars, et faisant appel au cœur de chacun, il lance l’ordre du jour suivant :
“Le Régiment est appelé à l'honneur de foncer au cœur de l'ALSACE pour prendre part à la défense de sa capitale STRASBOURG. Quoique notre belle unité ne dispose pas de tous ses moyens, le Colonel a la certitude que notre splendide Régiment sera comme toujours égal à lui même. Souvenons nous de toutes nos prouesses d'ITALIE et de FRANCE ; accomplissons-en d'autres, oublions nos fatigues ; il n'y aura plus de place que pour notre enthousiasme et les manifestations de notre patriotisme. Le 7ème R.C.A. va écrire les plus belles pages de son livre de gloire pourtant déjà très riche en beaux faits d'armes. L’Armée et le pays ont le regard sur nous, soyons dignes de leur confiance.
Début Janvier 1945 : Les allemands ont traversé le RHIN et établi une forte tête de pont sur la rive droite : ils occupent à 16 kilomètres de STRASBOURG, les villages de KILSTET, GAMBSHEIM et OFFENDORF
détachement lourd : commandé par le Lieutenant SOUDIEUX
comprenant 12 T.D. fait mouvement sur TRUCHTERSHEIM. Dès leur arrivée les chars sont disposés en bouchon anti-chars. Un peloton de T.D. (2ème escadron) est mis à la disposition du 3ème R.T.A. et se rend à SOUFFELWEYERSHEIM.
Le 7 Janvier 1945 : Un peloton de TD, du Lieutenant SOUDIEUX est mis à la disposition du 3ème R.S.A.R. pour être dirigé sur ENTZHEIM (entre STRASBOURG et MOLSHEIM) afin de reconnaître la route STRASBOURG - KRAFFT et détruire les détachements ennemis pour leur interdire l’accès de cette route.
L'ATTAQUE de GAMBSHEIM
Une fraction de l'Escadron de marche composée du peloton COIRRE (5 T.D.) et du peloton SIGWALT (3 T.D.) est en position d'attente vers 10 heures à HOENHEIM (Nord de STRASBOURG).
Liaison est prise à la WANTZENAU avec le Commandant DAIGNY (Légion) qui conduit la première phase de l'attaque sur GAMBSHEIM. L'heure H est 13 heures 30. Le peloton FRACHON (4 T.D.) mis primitivement à la disposition du Colonel AGOSTINI vient se mettre à la disposition du Commandant DAIGNY. Celui-ci le charge d'appuyer le Bataillon de Tirailleurs qui prend à son compte la seconde phase de l'attaque : nettoyage de GAMBSHEIM et du STEINWALD.
Moyens Blindés : 2 pelotons de chars légers, 1 peloton de Médium, 5 pelotons de T.D.
À 15 heures 25 les chars traversent la WANTZENAU pour se rendre à la base de départ (village de KILSTETT) : le T.D. “BORDEAUX" qui cisaille ses chenilles avec les rebords des galets dépourvus de caoutchouc et qui a une poulie folle fendue reste à la WANTZENAU. Le peloton SIGWALT se met en position aux sorties Sud et Sud-Est de KILSTETT pour surveiller la digue et les lisières du bois qui bordent le RHIN. Le peloton COIRRE
d'abord, axé sur la sortie Nord-Est du village pour soutenir les blindés qui progressent de part et d'autre de la voie ferrée voit ceux-ci atteints les uns après les autres par des “Panzerfaust” embusqués dans une tranchée bordant le village au Nord-Ouest.
Le char “BIZERTE“ démolit avec 8 explosifs le clocher de BETTENHOFEN : signalé comme observatoire ennemi. Ne pouvant rien faire contre les tireurs de Panzerfaust et des chars ennemis se déplaçant sur la droite, le peloton de T.D. prend position à la sortie Est de KILSTETT.
Les chars légers et les Sherman ont été stoppés et atteints par un anti-chars sous casemate et par 3 chars ennemis en embuscade à contre-pente. Vers 15 heures un char léger revient, ce qui contraint un char ennemi à se découvrir. Le T.D. “BIZERTE" envoie 2 perforants qui ricochent sur le char, le 3ème perforant “pénètre” et le char ennemi “fume la pipe”. Une dizaine d'autres obus tirés par “BIZERTE" et “BOUSILLEUR“ le mettent en feu. “BIZERTE" quitte sa position mais en reculant heurte un poteau téléphonique avec son canon : le volant de pointage en direction est cassé ; un groupe de chars du S/Lieutenant FRACHON (Charles) est demandé en renfort. Vers 16 heures un deuxième char ennemi se révèle et s'embosse auprès de la carcasse du premier.
Le T.D. “BOUSILLEUR" qui a changé de position ouvre le feu.
8 coups partent avant que le char ne flambe (4 coups observés : 1 sur la tourelle, 3 sur le côté). Mais le 3ème char ennemi prend BOUSILLEUR comme cible et l’atteint, un perforant dans les moteurs et les réservoirs à mazout. Des débris de métal atteignent le Lieutenant COIRRE aux jambes (fractures ouvertes), le souffle projette à terre son adjoint (Maréchal des Logis BOHIC), mais sans autre dommage. “BOUSILLEUR" flambe : l’équipage au complet a eu le temps de sortir.
Le T.D. "CLERY" du peloton FRACHON, prend à partie le 3ème char ennemi, des coups au but sont observés (Aspirant DURVICO) le char ennemi ne flambe pas, mais est néanmoins rendu inutilisable, il ne bougera plus, ni ne tirera. Un quatrième char se dévoile et tire sur “CLERY "qui reçoit un perforant sur la plage arrière et se retire. Le T.D. est pris à partie par une mitrailleuse lourde (tirant à balles traceuses). Le T.D. “CHATEAU-CHINON" tire ce quatrième char et au 8ème perforant atteint la tourelle. Le char ennemi “crame“. À ce moment “CHATEAU-CHINON“ reçoit sur sa tourelle un perforant de 75 qui arrache “du métal“ sur le contre-poids, enlève un paquetage et un rouleau de couvertures.
Le T.D. recule, mais dans cette manœuvre accroche un piquet de fer et crève un radiateur.
L'ordre de repli est donné aux fantassins. Les T.D. restants : 6 sur 10, montent la garde jusqu'à la nuit. Ils se regroupent alors 50 mètres en arrière de la ligne des fantassins qui défend la périphérie du village. L'ordre de repli pour la Légion et les blindés n'arrive que vers 20 heures : décrochage dans une nuit noire, trouée par les fusées-parachutes ennemies, sur La WANTZENAU et HOENHEIM. La mort du Lieutenant COIRRE survient dans la nuit, à l'hôpital de STRASBOURG.
Le 6 Janvier 1945 : Obsèques du Lieutenant COIRRE au cimetière de CRONENBOURG. Détachement à la disposition du Sous-secteur Nord : 5 T.D. restant engagés après l'attaque du 7 Janvier sur GAMBSHEIM et articulés en 2 pelotons (3 - 2).
Détachement mis à la disposition du Sous-secteur Sud : 3 T.D. engagés sans incident durant la journée.
Par ordre de la D.I. des patrouilles sont effectuées en raison de l'activité aérienne ennemie et du risque de parachutage au-dessus de notre secteur, Le 7ème R.C.A. patrouille entre TRUCHTERSHEIM - KLEIN-FRANKENHEIM et SCHNERSHEIM.
Le 9 Janvier 1945 : Le Régiment fait mouvement sur une nouvelle zone de stationnement. Départ de TRUCHTERSHEIM à 14 heures.
E.M.R. HANGENBITEN
1er Escadron ENTZHEIM
Escadron SOUDIEUX DUPPIGHEIM
Escadron VIRIOT ALTORF
1 peloton T.D. à la disposition du secteur Nord (3 T.D.) engagés vers HOENHEIM. Aucun incident au cours de la journée.
2 pelotons de T.D. sont mis à la disposition du secteur Sud :
1 peloton engagé vers PLOBSHEIM (3 T.D.)
1 peloton engagé vers NORDHOUSE (2 T.D.)
Le 10 Janvier 1945 : R.A.S.
Le 11 Janvier 1945 : Le peloton de pionniers du 1er Escadron occupe et met en état de défense le village d'HIPSHEIM et le bois au Sud-Est, en liaison avec le 3ème Escadron du 3ème R.S.A.R.
Le 12 Janvier 1945 : Le 1er Escadron relève à NORDHOUSE le 3ème R.S.A.R. Il passe sous le commandement du commandant MAUCHE, et a pour mission le barrage de la coulée comprise entre l'ILL et la zone boisée Ouest et Sud-Ouest d'HINDISHETM.
Le 15 Janvier 1945 : T.D. du Régiment disponibles.
2ème Escadron — 5 en réserve à ALTORF
3ème Escadron — 6 à la disposition Secteur Sud
4ème Escadron — 5 à la disposition Secteur Nord
Le 14 Janvier 1945 : La base arrière du Régiment fait mouvement (à l'exception de l'E.H.R. et P.C. 2).
Au point de vue opérations : RAS.
Le 1er Escadron a sa base à HINDISHEIM. Il est en position à NORDHOUSE
Le 2ème Escadron a sa base à ALTORF et un peloton engagé au Nord de STRASBOURG (secteur CHEVILLON).
Le 3ème Escadron a sa base à DUPPIGHEIM ; tous T.D. disponibles.
Le 4ème Escadron : base à DUTTLENHEIM.
Le 15 Janvier 1945 : Le 2ème Escadron détache un groupe de T.D. à LIMERSHEIM et un T.D. du 3ème Escadron rejoint son peloton à NORDHOUSE. R.A.S.
1 groupe de T.D. À PLOBSHEIM
2 pelotons en réserve de secteur à HINDISHEIM
Le 3ème Escadron laisse sa base à DUPPIGHEIM. Le Commandant de l'Escadron se porte de sa personne à HINDISHEIM.
Le III/3e R.T.A. doit attaquer BETTENHOFEN et GAMBSHEIM tandis que les U.S. attaqueront OFFENDORF et HERLISHEIM.
La mission des T.D. est la même que le 7 Janvier et ils s'en acquitteront fort bien.
Le 17 Janvier 1945 : R.AS.
Le 20 Janvier 1945 : P.C. Avancé à PFETTISHEIM.
Echelon de combat du 2ème Escadron à LAMPERTHEIM renforcé par 1 peloton de reconnaissance du 1er Escadron.
Echelon de combat du 3ème Escadron (8 T.D.) et escadron de reconnaissance (1 peloton) à VENDENHEIM.
Les 4 chars du 4ème Escadron restent à la WANTZENAU.
Le groupement VAN HECKE comporte de plus 3 escadrons du 3ème R.S.A.R.
Missions :
1/ S'installer en point d'appui fermé avec surveillance principale vers le nord, l'Est et le Sud.
2/ Établir la liaison (motorisée) entre les différents points d'appui.
3/ Faire d'urgence toutes les reconnaissances de terrain afin de pouvoir intervenir en, masse en direction de MITTELSCHAFFOLSHEIM, de HOERDT, de la WANTZENAU et des faubourgs Nord de STRASBOURG.
"À KILSTETT le 23 Janvier 1945 s'est livrée la dernière bataille pour STRASBOURG“
“Je mets en vous toute ma confiance et tous mes espoirs pour que dans quelques jours je puisse annoncer au Führer que la croix gammée flotte de nouveau sur la cathédrale de STRASBOURG.“ VON MAUR.
Le 25 dans la nuit, deux des meilleurs éléments du Régiment MARBACH (vieille connaissance) contre-attaquent sur KILSTETT, débordent par l'ouest le village où résistait un bataillon du 3ème R.T.A., se déploient dans la plaine et poussent jusqu'aux abords de la WANTZENAU. Préparation de l'artillerie allemande :
un roulement ininterrompu. À minuit l'ennemi se trouve à 10 kilomètres de STRASBOURG.
L'Aspirant GENEVRIER et son peloton se distinguent. Le 25 Janvier 1945 à 1 heure du matin le peloton est alerté, sa mission est de se rendre à KILSTETT menacé par une attaque.
Les T.D. “DINAUSAURE" et “DEMON“ (aux ordres du chef de peloton) réussissent à gagner KILSTETT malgré un tir très violent d'artillerie ennemie. Les T.D. “DUGUESCLIN et "DAMOCLES" sont en réserve (sortie Nord de la WANTZENAU) et aux ordres du Maréchal des Logis Chef ADRIEN.
A KILSTETT l'ennemi progresse de maisons en maisons dans le secteur de la gare, le T.D. “DINAUSAURE" effectue des tirs à la lueur des fusées éclairantes. Un résultat non observé. Après un incident de tir il est remplacé par le T.D. “DEMON" qui casse sa vis de pointage. Ordre lui est donné de rejoindre la WANTZENAU.
En cours de route il est attaqué par panzerfaust. Touché au moteur gauche il parviendra à rejoindre sur le seul moteur droit.
A la WANTZENAU, l'infanterie ennemie s’est infiltrée le long de l'ILL jusqu'aux premières maisons. Les T.D. “DUGUESCLIN“ et “DAMOCLES" participent à une contre attaque.
KILSTETT est largement débordé vers 3 heures, puis encerclé. Aucun champ de tir dans le village ; le T.D. “DINAUSAURE" est réduit à l’inaction. À 7 heures malgré la promesse d'une forte contre-attaque, l'étreinte allemande se resserre. À 8 heures le Chef de bataillon commandant le III/3e R.T.A. autorise le T.D. “DINAUSAURE“ à tenter de rejoindre la WANTZENAU : sa présence à KILSTETT n'est même plus un appui moral étant donné la situation désespérée du village. À 35 milles “DINAUSAURE" franchira les postes ennemis faisant feu de toutes ses armes. À KILSTETT où reste l’Aspirant GENEVRIER, le Brigadier LUQUE et un poste radio, la situation s'aggrave : les tirailleurs n'occupent plus que quelques maisons, au P.C. tous les documents sont brûlés. Le boche réussira-t-il sa manœuvre d’encerclement de STRASBOURG ? A la WANTZENAU, alertés dans la nuit, bérets verts et calots rouges une fois de plus sont là, ensemble, renforcés par ceux-là même qui ont pris PARIS : le Combat Command de la 2ème D.B. (Général DE LANGLADE).
L'opération de dégagement est prévue pour les premières heures de la matinée et se composera de deux actions simultanées :
- l’une par la route et le long de la voie ferrée attaquera à 9 heures le carrefour cote 139 (éléments de reconnaissance, T.D., infanterie portée).
- l’autre, après préparation d'artillerie, attaquera KILSTETT par la plaine : (1 bataillon d'infanterie appuyé par 6 T.D.).
Toutes deux seront soutenues par des éléments du corps aérien français.
Le 3ème Escadron de T.D. est chargé de l'affaire. Le terrain est magnifique, coupé de buttes ; les marécages sont gelés. De position en position les T.D. progressent, appuyant le bataillon DESTREMAU ; des boches sont tirés à explosifs presqu'à bout portant. Aviation, piqués, descentes en vrille.
À 11 heures après une brillante et commune action, KILSTETT est dégagé. L’Aspirant GENEVRIER qui a passé la nuit, maintenant la liaison avec son poste radio, éprouve quelque soulagement. Le bataillon de RAYNIES, aussi.
La journée se termine par la destruction de casemates sur la route de GAMBSHEIM (S/Lieutenant DURVICQ). De son côté, le S/Lieutenant SALAUD ‘“neutralise” à bout portant les derniers “salopards” qui le long de la digue stoppaient la progression de la Compagnie ALBERTINI. Celle-ci rejoint KILSTETT. Nettoyage terminé. Le peloton SALAUD s'y installe pour la nuit.
Bonne journée pour le 3ème Escadron qui inscrit à son actif :
3 chars lourds, de nombreuses armes automatiques (et leurs servants), et fait prés de 50 prisonniers,
La bataille de France dépassée, classée, la bataille d'ALSACE était définitivement perdue pour les nazis. Au sud leur manœuvre ne réussissait pas mieux : ERSTEIN n'était pas repris et nos troupes entraient dans COLMAR. Le communiqué de la 1ère Armée Française pouvait brièvement dire :
“La menace qui hier, pesait encore sur STRASBOURG est aujourd'hui complètement écartée.”
Le 26 Janvier 1945 : Mouvement du P.C.A. sur LAMPERTHEIM. La 12ème D.B.U.S. a réalisé dans la journée son nouveau stationnement dans la zone arrière de la 3ème D.I.A., au nord de la BRUCHE et est en mesure d'intervenir en contre-attaque sur le front de la Division.
Le 27 Janvier 1945 : Front de la Division : R.A.S. Au sud de SELESTAT, nos éléments ont occupé HOLZWHIR, WIEKERSWHIR. Le bois d'ELSENHEIM est entièrement nettoyé. Le 1er G.T.M. réserve de Division, effectue des reconnaissances en vue de préparer son intervention éventuelle au profit des secteurs Nord et Sud.
Le 28 Janvier 1945 : Tirs de harcèlement ennemis (mortiers et artillerie) sur KILSTETT. Sur le front russe, les armées du Maréchal STALINE ont foncé en direction de DANTZIG. L'ODER est franchi en différents points. Les Russes sont à 160 kms de BERLIN.
Le 29 janvier 1945 : Il semble, d'après différents renseignements que l'ennemi a renoncé à une action offensive sur KILSTETT.
Sur le front russe les colonnes mobiles du Maréchal JOUKOV avancent en direction de la frontière du Reich après avoir dépassé POZNAN.
Le 30 Janvier 1945 : Rien à signaler sur le front de la Division.
Dans la région de COLMAR, 1150 prisonniers sont capturés en 24 heures.
Le 31 Janvier 1945 : Le Commandement du groupement blindé de la 3ème D.I.A. est assuré par le Colonel VAN HECKE.
GAMBSHEIM est occupé et après le rétablissement du pont un peloton de T.D. (SALAUD 3e Escadron) est poussé dans la village.
Le 1er Février 1945 : Le 2ème Escadron relève, avec tous ses moyens, les éléments du Régiment dans la région de KILSTETT et de GAMBSHEIM. Les éléments relevés passent à la disposition des Commandants d'Escadron. Rien d'important à signaler sur le front de la Division. Sur le front du 2ème C.A., les abords du terrain de manœuvre de COLMAR sont atteints par nos troupes.
Le 2 Février 1945 : R.AS. sur le front de la Division. Sur le front du XXIe C.A.US. les unités américaines appuyées par des blindés français ont atteint COLMAR.
Le 5 Février 1945 : Tirs des T.D. sur les casemates du bord du RHIN. Après l'occupation de la casemate “La Sorcière" par les tirailleurs, on constate que des perforants ont pénétré de 1 mètre dans le béton armé, un coup d'embrasure par la porte et deux coups d'embrasure par fente de visée des tourelleaux.
Le 8 Février 1945 : Les pelotons de T.D. de KILSTETT et de GAMBSHEIM (2ème Escadron) sont remis à la disposition du Colonel VAN HECKE.
Le 9 Février 1945 : R.A.S.
Le 10 Février 1945 : Les 2ème et 3ème Escadron exécutent une reconnaissance sur BERSTETT afin de pouvoir y faire mouvement, le cas échéant dans les moindres délais.
Le 11 Février 1945 : Le Général DE GAULLE décore le Colonel VAN HECKE de la Cravate de la Légion d'Honneur au cours d'une prise d'armes à STRASBOURG. Le Lt. RENE est fait Chevalier de la Légion d'Honneur. Dans la soirée le Général DE MONTSABERT invite le Colonel, les Capitaines ARPAJOU et CAMUS, le Lieutenant HACHIN à dîner à son P.C. à MOLSHEIM. Le “jazz” du Régiment prête son concours à cette soirée.
Le 18 Février 1945 : Prise d'armes à LAMPERTHEIM. Le Général GUILLAUME arrive à 11 heures 20. Remise de décorations. Revue, défilé, grand repas offert par le Colonel VAN HECKE. Le soir bal avec le concours du jazz du Régiment. On remarquait de nombreuses Alsaciennes en costume provincial. Fête réussie qui laissera une forte impression dans le village.
Le 23 Février 1945 : Le Général Cdt. la 3ème D.I.A. prend le commandement du secteur OBERHOFFEN - KILSTETT.
Le 24 Février 1945 : R.AS.
Le 5 Mars 1945 : La situation des Escadrons à ce jour se présente de la façon suivante :
4ème Escadron pelotons en ligne à BISHWILLER
3ème Escadron pelotons en ligne à RORHWILLER
2ème Escadron pelotons en ligne à HERRLISHEIM
La relève est à assurer par les unités tous les huit jours.
Le 13 Mars 1945 : Les Américains devant attaquer en direction du RHIN, demandent à la 1ère Armée de mener en même temps une action de protection sur leur flanc droit.
LA FRONTIERE EST FRANCHIE LA LIGNE SIEGFRIED EST ROMPUE
LES FRANCAIS BORDENT LE RHIN
15 AU 26 MARS 1945
LES TD. du 7ème CHASSEUR APRES AVOIR SAUVE
STRASBOURG ACHEVENT LA LIBERATION DE L'ALSACE
Un escadron de marche est formé aux ordres du Capitaine GUTH, qui comprend :
1 peloton de T.D. (LAFLECHE) 4ème Escadron
Personnel de Cdt. et Ravitaillement 4ème Escadron
1 peloton de T.D. (Lt, LEMAIGNAN) 2ème Escadron
1 peloton de T.D. (S/Lt. KELLER) 3ème Escadron
LE 14 Mars 1945 : L'attaque devient imminente...
Le 15 Mars 1945 : L'action est déclenchée : le 4ème R.T.T. et le 3ème R.T.A. attaquent le camp d'OBERHOFEN. Ils sont appuyés par les Sherman du 6ème R.C.A. et les TD. du 7ème qui opéraient dans ce secteur depuis plusieurs jours. 3 groupements blindés sont constitués par le 6ème et 7ème chasseurs :
1) sous les ordres du Lieutenant LAFLECHE
2) sous les ordres du Lieutenant CHEVALIER
avec les T.D. du Lieutenant LEMAIGNAN
5) sous les ordres du Lieutenant SALAUD
Les Allemands résistent avec ténacité ; infanterie et chars subissent artillerie et minens. Malgré cela la voie ferrée est atteinte. Les chars poussent jusqu'aux premières maisons du Camp d'OBERHOFFEN mais l'infanterie ne peut pas suivre. 1 Sherman saute sur une mine, un autre est atteint par perforant. Le S/Lieutenant LAFLECHE est tué devant ses chars par éclats d'obus.
Le 16 Mars 1945 : Le C.C. 6 reprend l'action à son compte.
Le camp est débordé et occupé, les T.D. SIGWALT poussent sur les lisières nord de la clairière. LEMAIGNAN effectue d’excellents tirs. Le S/Lieutenant SALAUD perd deux hommes. (M.d.L.-Chef CARROUSTE et Cavalier PARIS tués durant la progression dans le bois).
Le 17 Mars 1945 : L'ennemi décroche en accumulant les destructions. Le contact ne sera repris que le 19 à LAUTERBOURG. SOUFFLENHEIM est occupé par les T.D. LEMAIGNAN.
RONTZERHEIM par ceux de SIGWALT..
Le 18 Mars 1945 : SIGWALT occupe ROESCHWOOG, ROPPENHEIM, DERRISHEIM, mais est arrêté dans sa progression par des destructions (ponts) et rejoignent NIEDERHOFFEN.
A cette heure, l'Alsace est complètement libérée et les troupes françaises pénètrent en ALLEMAGNE.
Le 20 Mars 1945 : Dans la nuit du 19 au 20 un pont est lancé et à 9 heures les T.D. foulent le sol allemand. Du 20 au 25 ce sont d’incessants coups de boutoir pour trouver le passage. Vives réactions ennemies.
Le 23 Mars 1945 : Grand événement. Des chars en bon état de marche arrivent au Régiment. Pour la 1ère fois depuis le débarquement, le régiment compte ses chars au complet. Il est prêt pour la campagne de l'autre côté du RHIN. A 18 heures la ligne SIEGFRIED est enfoncée et traversée après de durs combats.
Le 24 Mars 1945 : À 3 heures KANDEL est atteint : à l'aube le groupement BOULANGER (C.C.6.) quitte KANDEL et fonce vers JOCKRIM, WORTH et MAXIMILIANSAU. Tout ce secteur est réservé aux Français : C’est la véritable revanche qui commence. JOCKRIM est rapidement atteint ; toutes les maisons arborent des drapeaux blancs. Puis de nombreux ouvriers étrangers dont des Français. La progression reprend sur WORTH.
Un Sherman reçoit un projectile de Panzerfaust. Nous avons devant nous un bataillon de S.S. Polizei décidés à se faire tuer sur place. L'infanterie n'arrive pas à suivre. Mais à l’ouest l’autre groupement a traversé le BIENWALD d'Ouest en Est.
À l'arrière l'E.M.R., l'approvisionnement et les différents services et bases font mouvement de LAMPERTHEIM sur ROESCHWOOG et ROPPENHEIM. Dans la matinée le Colonel et une délégation sont partis pour PARIS recevoir des mains du Général de GAULLE l’Étendard (tant attendu) du Régiment.
Le 25 Mars 1945 : WORTH est atteint et occupé. La jonction est faite. Le RHIN est atteint, tirailleurs, goumiers et légionnaires achèvent de nettoyer les derniers îlots de résistance. La voix du canon baisse. Il faut maintenant préparer une nouvelle campagne d'exploitation en Allemagne.
Le 26 Mars 1945 : L'Escadron de marche du 7ème R.C.A. mis à la disposition du C.C. 6. est dissous. Les chars regagnent dans la journée du 27 leurs bases arrières.
Le 27 Mars 1945 : Grande effervescence à l'E.H.R. : La musique appelée par un ordre du Ministre de la guerre, part pour PARIS.
Elle prêtera son concours aux fêtes de la remise des Étendards.
Monsieur MORTELMANS baigne dans la joie.
Le Chef d'Escadrons DE CARMEJANE Commandant le Régiment P.I. adresse aux officiers, Sous-Officiers, Brigadiers et Chasseurs l'ordre du Jour suivant :
ORDRE DU JOUR N° 54
“Officiers, Sous Officiers, Brigadiers et Chasseurs de l'Escadron de marche, vous venez d'écrire une page de plus et parmi les plus belles au palmarès de gloire du Régiment.
Alors que celui-ci, faute de matériel, ne pouvait participer tout entier au dernier effort de l'Armée Française sur la Rive gauche du RHIN, vous avez été, phalange réduite mais intrépide les heureux et dignes dépositaires de sa glorieuse tradition.
Parmi les tous premiers, vous avez libéré les derniers morceaux de terre Française, foulé la terre allemande, enfoncé la redoutable ligne SIEGFRIED et contribué largement à ouvrir toute grande, une nouvelle porte vers le cœur même du REICH :
Grâce à vous l'action du 7ème Chasseur n'aura pas connu d'interruption dans la lutte que nous reprendrons tous cette fois et bientôt sans doute, pour porter le coup de grâce à la bête traquée dans sa bauge.
Je m'incline devant nos morts. Leur sacrifice et leur exemple n'auront pas été inutiles et par eux, comme par vous “La FRANCE RENAITRA" Signé : DE CARMEJANE.
Le 29 Mars 1945 : Un ordre préparatoire de mouvement est diffusé dans la matinée. Le Régiment ne va pas tarder à passer au complet la frontière.
Stationnement du Régiment :
E.M.R. - Approvisionnement - Détails - 1er et 4ème Escadrons, Service de Santé à DUDENHOFFEN
2ème et 3ème Escadrons à SPIRE
E.H.R. - Echelon - PFULGRIESHEIM
P.C. 2 - LAMPERTHEIM
Campagne d'Allemagne
Volturno -
Garigliano -
Durance -
Doubs -
Rhin et Danube enfin...
En ltalie
Comme en France
Calots ROUGES et bérets VERTS sont là . . . . ..
sur le sol Allemand
(31 Mars — 26 Avril)
Le 31 Mars 1945 : Le Capitaine PLANES fait mouvement avec son Escadron et passe le RHIN avec les éléments du 3ème R.S.A.R. avec mission d'éclairer et de soutenir les éléments d'infanterie du 3ème R.T.A. qui ont franchi le RHIN dans la nuit du 30 au 31 Mars.
Le 1er Avril 1945 : A 21 heures 40 un ordre de mouvement prescrit le déplacement du 1er Escadron, E.M.R., 4ème Escadron, 2ème Escadron, 3ème Escadron et Service de Santé pour traverser le RHIN et se porter sur ST. LEON. Le Maréchal des Logis MAGNIER est porté disparu : noyé dans le RHIN au cours d'une reconnaissance avec le Lieutenant LAFFELY qui s'en sort de justesse. La colonne démarre à 22 heures 45.
Le 2 Avril 1945 : 2e Escadron : Le RHIN est franchi au pont de MANNHEIM à 1 heure 30. À midi halte à KIRBACH. Puis mouvement sur RELLINGEN où le P.C. est installé à 17 heures.
Les chars arrivent une demi-heure plus tard.
Du 1er au 30 Avril 1945 : A tout moment et sur un front de prés de 50 Kms, le 7ème R.C.A. a des éléments incessamment engagés. Toutefois, certaines périodes sont plus particulièrement intenses, absorbant la totalité du Régiment dans de durs combats :
c'est alors qu'à un objectif atteint succède un objectif à atteindre. En même temps change l'articulation des Unités et du commandement.
Ces diverses considérations permettent de distinguer trois phases principales :
1) du 1er au 8 Avril (entre le RHIN et l'ENZ)
2) du 15 au 24 Avril (entre l'ENZ, le NAGOLD, et le NECKAR)
5) du 27 au 30 Avril (entre le DANUBE et le Lac de CONSTANCE)
PERIODE DU 1er AU 8 AVRIL (entre RHIN et ENZ)
Le 7ème R.C.A. franchissant le RHIN au cours de la journée du 1er Avril et de la nuit du 1er au 2 appuie immédiatement les éléments d'infanterie qui ont franchi le RHIN à SPIRE et les aide efficacement à élargir leur tête de pont.
C’est ensuite une période de morcellement pour le Régiment dont chacun des Escadrons appuie un groupement d'infanterie de la Division. Période d’enchevêtrement aussi : les exigences du combat réunissent parfois des éléments d'escadrons différents.
Cette situation complique à l'extrême le problème des ravitaillements,
Pourtant, si au cours de cette période, le 7ème R.C.A. subit quelques pertes, en revanche il en inflige à l'ennemi.
Pertes subies :
Personnel : 1 tué
1 disparu (dans le RHIN)
14 blessés( dont 2 Officiers)
Matériel : 2 T.D. endommagés (l'un par mine, l'autre par Anti-char)
2 véhicules blindés et 5 jeeps détruits ou endommagés.
Pertes infligées à l'ennemi :
2 Chasseurs de chars détruits à HELMSHEIM le 4/4/45, à DERDINGEN le 4/4/45
1 canon de 88 détruit à HELMSHEIM le 4/4/45.
16 prisonniers (officiellement : beaucoup plus pratiquement, en raison de l'éternelle difficulté pour les blindés de ”conserver” leurs prisonniers).
De nombreux morts. tirés à obus explosifs et à la mitrailleuse.
A la suite de quoi le 7ème R.C.A. (moins un escadron lourd) se regroupe à DERDINGEN. Pour fort peu de temps.
LA BATAILLE DE STUTTGART
(du 15 au 24 Avril)
Le 7ème R.C.A. adopte un moment une attitude défensive sur l'ENZ.
Toutefois, dès le 15, le Colonel VAN HECKE prend le commandement d'un détachement de Cavalerie comprenant le 7ème R.C.A., moins un escadron de T.D, demeurant à la disposition du groupement CHEVILLON, et plus un escadron de reconnaissance du 3ème R.S.A.R. Cette colonne est destinée à éclairer et à appuyer l'action du groupement LEBLANC.
Le détachement de Cavalerie est regroupé dans la zone de NEUENBURG, le 15 Avril vers 18 heures. Dès 18 heures 30 une reconnaissance du 3ème R.S.A.R. est poussée sur LANGENBRAND et SALMBACH en vue d'éclairer l'engagement de l'infanterie.
Journées des 16 et 17 Avril (action d'Ouest en Est à partir de NAGOLD). “Eclairer et appuyer” l'action du groupement LEBLANC en direction de TIEFENBRONN : la mission assignée au détachement pour la journée du 16. Deux détachements pour l'accomplir :
détachement DE CHASSEY (du 3ème R.S.A.R.)
détachement DE CHAMPEAUX (du 7ème R.C.A.)
L'ennemi nous oppose une farouche résistance devant BAD LIEBENZELL. Le détachement DE CHASSEY ne peut atteindre ce village le 16, mais au Nord du dispositif, DE CHAMPEAUX avec les Goums pénètre dans UNTERREICHENBACH, SCHELLBRONN, HOHENWART, déblayant ainsi le travail pour le lendemain. Cependant que l’un de nos pelotons prélevé sur le détachement DE CHASSEY, brise une contre-attaque allemande vers HÜCHENBRONN.
Nos pertes sont assez sévères ; celles de l'ennemi ne le sont pas moins.
L'action est reprise le 17 matin par exploitation du succès obtenu la veille au Nord du dispositif : DE CHAMPEAUX poussera avec ses Goums et des T.D. sur HAMBERG - STEINEGG - TIEFENBRONN, tandis que DE CHASSEY s'efforcera d'atteindre TIEFENBRONN par BADLIEBENZELL – MANAKAM - NEUHAUSEN. |
L'action sur HAMBERG - STEINEGG – TIEFENBRONN réussit pleinement : TIEFENBRONN est occupé tôt dans l'après-midi, tandis que sur les flancs Nord, les éléments CIVET et SIGWALT (détachement de CHAMPEAUX) agissent sur HUCHENFELD, vers WURM, et au-delà de BUCHENBRONN. Cependant le détachement DE CHASSEY occupe BADLIEBENZELL mais se heurte au-delà, dans un terrain difficile, à de très vives résistances.
Le Colonel VAN HECKE décide d'attaquer NEUHAUSEN par le Nord et de ramener à cet effet le gros du détachement DE CHASSEY à SCHELBRONN. Le plan d'attaque est mis au point dans la soirée pour le lendemain matin. C'est au cours des reconnaissances rendues nécessaires pour cette mise au point, que le Colonel et le Commandant en second, suivis de l'Officier de renseignements et de quelques cavaliers, tombent, en plein bois, dans une embuscade dont ils ne se tirent que de justesse.
2 Officiers blessés au cours de la journée. Sur un axe différent mais dans des circonstances analogues un cavalier tué par balle dans la tête. Nous capturons d'assez nombreux prisonniers.
Journée du 18 Avril : Attaque et occupation de NEUHAUSEN (et de MONAKAM) : Le détachement de CHASSEY part de SCHELLBRONN, le détachement DE CHAMPEAUX, de STEINEGG. Très vive résistance et réactions de l'ennemi devant NEUHAUSEN. Toutefois à 8 heures 30, NEUHAUSEN est occupé.
A 19 heures DE CHASSEY occupe MONAKAM faisant la jonction avec les éléments de BADLIEBENZELL,
1 Officier (S/Lt. R. SALAUD) tué et plusieurs officiers blessés au cours de la journée. Nous infligeons à l'ennemi de nombreuses pertes. Des prisonniers.
Journées des 19 et 20 Avril : De NEUHAUSEN à MAGSTADT.
L'ordre d'opérations pour la journée du 19 Avril prescrit au détachement de cavalerie d'appuyer l'action sur WEIL DER STADT par deux détachements blindés de part et d'autre de la WURM.
Le 19, De CHASSEY se heurte à de vives résistances à la cote 550. Pourtant, en fin de soirée. Civet (Détachement DE CHAMPEAUX) occupe LENHINGEN en capturant 50 prisonniers.
L'action est ee) le 20 au matin : nous dépassons les objectifs prévus. Dès 15 heures, DE CHASSEY occupe WEIL DER STADT (après MUNKLINGEN, NOTTLINGEN, et MERKLINGEN. au cours de la matinée). À 18 heures il est à SCHAFFHAUSEN et à 21 heures 45, nuit tombée, DE CHASSEY pénètre dans MAGSTADT, suivi de près par de CHAMPEAUX qui au cours de la journée a occupé HAUSEN et réalisé des liaisons extrêmement difficiles (notamment avec le groupement CHEVILLON) dans le triangle MERKLINGEN – MALMSHEIM – WEIL DER STADT. Pertes extrêmement sévères pour l'ennemi en tués et prisonniers ; très légères de notre coté.
À noter “la besogne abattue” au cours de cette seule journée par les T.D. de l'Escadron GUTH (détachement DE CHASSEY) :
2 canons de 88, 7 canons de 105, 1 véhicule blindé, 3 camions dont 1 chargé de munitions, 5 mitrailleuses, détruits dans la zone de SCHAFFHAUSEN – DOFFINGEN - MAGSTADT.
Sans compter de nombreux cadavres sur le terrain.
Au cours de la période du 16 au 22 cet escadron inscrira à son actif :
3 chars, 3 canons de 88, 7 canons de 105, 17 mitrailleuses dont 2 quadruplées, 12 camions.
De nombreux tués et prisonniers.
Journée du 21 Avril : De MAGSTADT aux faubourgs de STUTTGART.
L'ordre d'opérations pour la journée du 21 prescrit au détachement de cavalerie d'appuyer l'action des Goums à travers la zone boisée comprise entre la route MAGSTADT - BOBLINGEN à l'Ouest, et la route MUSBERG -VAIHINGEN Carrefour 429 à l'Est.
DE CHAMPEAUX appuie la progression sur l'axe MAGSTADT, cote 495, coté 433, VAIHINGEN. DE CHASSEY sur l'axe MAICHINGEN - SINDELFINGEN cote 525, VAITHINGEN.
- obstacles et résistances à hauteur de l'autostrade ; les obstacles sont tournés et la résistance brisée.
Deux chars ennemis sont détruits à l'entrée de VATHINGEN où nos détachements entrent vers 18 heures 30 et 19 heures faisant la liaison avec la 5ème D.B. A 20 heures toute résistance a cessé dans VAIHINGEN.
Journées des 22, 23, et 24 Avril : Opérations de nettoyage de BOBLINGEN et de la forêt du SCHONBUCH (en appui des Goums) nombreux prisonniers ; un char ennemi détruit ; aucune perte de notre côté.
STUTTGART tombe le 22 Avril - le 3ème R.S.A.R. et le 7ème R.C.A. se regroupent, avec P.C. à VAHINGEN pour le 7ème R.C.A. (Pas pour longtemps.)
PERIODE DU 27 au 30 Avril
(Entre DANUBE et LAC DE CONSTANCE)
Un groupement comprenant le 3ème R.S.A.R., moins 1 peloton de RENE et 1 peloton de chars légers, et le 7ème R.C.A. moins 2 pelotons de T.D. est constitué aux ordres du Colonel VAN HECKE et mis à la disposition du 1er C.A.
Contact est pris avec le 1er C.A. : Le groupement est mis à la disposition du C.A. 3 (P.C. à AACH) qui n'a pas de mission à lui confier.
Alors, de sa propre initiative, le groupement effectue des manœuvres de ratissage autour de sa zone de stationnement (Ouest de STOCKACH) et fait de nombreux prisonniers dont :
- le 28 Avril : 5 Officiers
- le 29 Avril : 1 Colonel et le Général de Division ZIEGER
(ce dernier au château de LANGENSTEIN. avec son/aide de camp et ses ordonnances, dans des circonstances curieuses, dont le détail a été relaté au C.R. des opérations du groupement VAN HECKE du 27 au 50 Avril, en date du 2 Mai).
- Le 29 Avril le groupement est remis à la disposition du 2ème C.A. et fait mouvement de Stockach sur STUTTGART le 30.
- Aucune perte au cours de cette période de “retour au calme”, au terme de trois campagnes si souvent meurtrières.
TABLEAU RECAPITULATIF. DES PERTES
du 1er au 30 Avril
1) PERTES SUBIES:
Personnel : 7 tués dont 1 Officier
1 disparu (dans le RHIN)
59 blessés dont 6 Officiers
Matériel : 2 TD. Endommagés ( 1 par mine, 1 par anti-char)
8 véhicules blindés (scouts-car ou HT.)
1 dodge
11 jeeps
détruits ou endommagés
2) PERTES INFLIGEES A L'ENNEMI :
Matériel : 3 chars détruits
4 canons de 88
7 canons de 105
17 mitrailleuses dont 2 quadruplées
12 camions
(sans compter des véhicules pris intacts et versés au service de récupération)
Prisonniers : 470 dont 1 Général de Division
1 Colonel
1 Médecin Lt. Colonel
5 Officiers (période du 27 au 30 Avril).
Des tués (sans nombre) à obus explosifs et à la mitrailleuse.
Un observatoire détruit.
Le 30 Avril 1945 : On sent que la guerre tire à sa fin.
Le 1er Mai 1945 : En terre allemande, cet étendard que chaque homme du Régiment a tant désiré d'avoir et de voir le voici enfin : Le Colonel l’a ramené de PARIS. Aujourd'hui présentation des hommes à l'Etendard. en présence du Général de Division. Prise d'armes ensuite à STUTTGART ; la musique y est comme toujours à l'honneur, et “reçoit” les généraux DE LATTRE, DE MONTSABART et GUILLAUME.
Le Général DE LATTRE, puis le Général de MONTSABERT dans deux ordres du jour clament leurs remerciements, la Gloire et la vaillance de nos troupes.
Le 9 Mai 1945 : Le Régiment fait mouvement sur HERRENBERG, le 1er Escadron stationne à EUTINGEN, le 2ème Escadron à HOCHDORF.
Le 13 Mai 1945 : Fête de la Division à STUTTGART en présence des Généraux DE LATTRE et DEVERS et de M. François MAURIAC. La musique prête son concours. Apothéose à l'opéra, dans l'après-midi.
Le 19 Mai 1945 : Revue à STUTTGART en présence du Général DE GAULLE et des Généraux DE MONTSABERT, De LATTRE et GUILLAUME. Au cours de la remise de décorations, le Général DE GAULLE remet au Capitaine DE CHAMPEAUX la croix de chevalier de la Légion d'Honneur.
Le 21 Mai 1945 : Fête du Régiment. Le Colonel arrive à 16 heures à la piscine et ouvre les jeux sportifs. Le concours de natation se déroule sous la pluie. Le reste du programme ne peut avoir lieu à cause du mauvais temps (qui persiste). À 10 heures 30 arrivés au P.C. des Généraux DE MONTSABERT et GUILLAUME, la pluie tombe toujours. Grand dîner. À 22 heures 30 feu de camp à la piscine. Puis Bal jusqu'à 4 heures 30.
Le 29 Mai 1945 : Fête du 3ème R.S.A.R.
Le 11 Juin 1945 : Fêtes à CONSTANCE et LINDAU.
Le 25 Juin 1945 : Le Régiment défile à STUTTGART devant le SULTAN du MAROC et le Général DE LATTRE.
Le 1er Juillet 1945 : Jour des adieux du Colonel au Régiment.
La prise d'armes se déroule sur le terrain d'aviation de ETLINGEN. À 10 heures le Général GUILLAUME et le Colonel arrivent.
Appel des morts, Remise de décorations. Défilé. Déjeuner au P.C.
À 20 heures arrivé de Madame JUIN et du Général de MONTSABERT, Dîner. Feu de camp à la piscine, 4ème discours du Colonel qui, la voix brisée par l'émotion, les larmes aux yeux, embrasse à genoux, une dernière fois, l'étendard de son Régiment.
21 Mai 1945 : FETE DE FIN DE CAMPAGNE.
La bourgade d'Herrenberg est située sur la route de Sigmaringen, à, 40 kilomètres de Stuttgart ; le samedi de Pentecôte, des chars en étaient partis pour cette inspection par le général de Gaulle, qui fut, parmi les ruines et les couleurs déployées, une apothéose tranquille et belle. Ce 21 mai, un peu après dix heures du soir, le général commandant le 2ème C.A., faisait son entrée dans le petit hall de la piscine d'Herrenberg. Les sonneries étaient données du fond de la prairie, dans l'ombre, au delà de l’eau : une seule lumière dans cette nuit : un des pavillons monstres de la revue de Stuttgart, hissé à un pin coupé de la veille, dormait doucement dans son éclairage tricolore.
Il y eut une minute émouvante : ce fut celle de la décoration, en pleines ténèbres, face à un jeune Etendard, au bord d'une eau calme, sous les faisceaux jumelés de deux jeeps, de cinq officiers de ce régiment qui allait donner devant mille spectateurs groupés dans l'herbe, sa première fête de paix, de fin de campagne, sur terre d'Allemagne.
Tous les jours de cette guerre et du léger temps qui la suit, sont des anniversaires : dans la poussière vieille d'une année, est restée l'empreinte d'un passage dont on dira plus tard qu'il fut épique. Ces mêmes hommes qui allumèrent ces quatre feux aux coins de l'eau, étaient, il y a un an, sur la ligne Hitler, dans le matin pluvieux de Monticelli : et ce même jour, à l'heure où les voitures des invités se hâtaient sur une route allemande, deux colonnes aux bérets verts, le détachement Van Hecke, celui de Carmejane opéraient leur jonction au bas du Leucio, prenaient Pico. Il v avait un peu de ces souvenirs dans l'air de la fête.
C'était même l’occasion, dans cette nuit encore cinglée de musique de victoire, de faire le point.
La journée n'avait pas été somptueuse. Il avait plu tout le jour. Vers huit heures, à la tombée du soir. le vent changea, emportant tous les nuages, et la lune se leva. Il y eut deux choses infimes qui changèrent tout : la présence de cette eau qui était vraiment une présence, et ce meneur de jeu, ce paysan cassé dans son veston trop étroit, qui vint dire tout à coup, en allumant le dernier bûcher : “il y a cinquante ans, c'était en 1945, un soir de mai, nous avions allumé une veillée devant le général de Montsabert, j'avais vingt-cinq ans, j'étais chef de peloton dans l'Escadron Soudieux, et les aspirants, dans ce temps-là, on les appelait les brels..."
C’est exact qu'à cette minute-là tout se transforma : il n'est pas un de ces témoins, un des acteurs présents qui n'ait éprouvé à la minute même, qu'il était situé, classé, au bord de sa propre histoire ; les souvenirs évoqués, égrenés, sortis de la plus noire des terres, au long de ces tableaux qui forment un lourd tissu de deux années, prirent la suite et la forme d'une étrange présentation.
Chaque unité, chaque régiment a son histoire ; mais je crois bien qu'après ce stage de combats et de vie étonnante ("le métier de soldat, disait Maurois, comporte parfois de réels dangers ..."), nous retirons tous à peu près la même âme. Ce nocturne de Chasseurs d'Afrique, à la fin d'une soirée de printemps, n'a fait que préciser de facon curieuse ce sentiment. Deux chars s'avancèrent sur la plate-forme, et la vie des moteurs qui ont tant tourné, des chenilles, des barbotins, la poussière d'échappement, le mazout, un bruit infini, se mêlèrent aux cris et aux appels des hommes de la tourelle qui mimaient un départ dans un matin de guerre. Lorsque l'embarcation des troupes de Turenne passant le Rhin se leva sur l'eau de ténèbres et que l'artillerie ouvrit le ban, nous savions bien que nous n'assistions pas à l'un de nos rêves : il est bien que le bourgmestre et sa troupe en cuirasse aient porté sur le ventre la croix nazie et n'aient opposé aux troupes envahissantes qu'une résistance extrêmement sporadique : le drapeau blanc, grotesque, qui s'élevait derrière la table culbutée représentant un fortin, nous l'avons vu et nous continuerons de le voir aussi longtemps que nous aurons des souvenirs.
Autour de l'étendard du régiment se groupa un calvaire pathétique : un blessé, genou en terre, tête baissée, tenait cette hampe verticale, au seuil de deux corps allongés dans cette immobilité qu'avait l'un des nôtres, ce matin de Carpinetto où il fut abattu en avant de sa colonne. Ces feux mourants, dans l'ombre des arbres et de l'eau, ont chanté avec nous cette mélodie des Adieux qui, chaque fois que nous la réentendrons, au-delà des anciens feux des camps de notre jeunesse, au-delà de notre jeunesse même réveilleront le souvenir de nos amis qui, à cause d'une étrange épopée qui a duré cinq ans, dorment aujourd'hui du sommeil de la paix.
21 Mai 1945 : NOCTURNE DE FIN DE CAMPAGNE
Camarades, mes frères qui êtes restés dans les solitudes vertes de Pico et de Monticelli, dans ces cols vosgiens, au bord des lacs gelés, et jusque dans ce printemps d'Allemagne, votre souvenir est en nous comme cette fleur d'acier qui est au plus secret des hommes la source de leur tristesse et pourtant de leur espoir.
Compagnons d'un moment et parfois d'un hasard, vous demeurerez longtemps, dans le silence de nos nuits et de nos vies, les témoins silencieux des rêves que nous avons perdus.
Il y a, au fond de notre humble et commune histoire qui n'a pas duré deux ans, une image vive qui est notre dernier souvenir de paix. C'était un matin de l'hiver 43, un matin d'embarquement.
Les chars et les camions bourrés d'hommes descendaient cette longue avenue qui menait au port. Des femmes aux fenêtres, sur les trottoirs, agitaient des mouchoirs et des mains. Le matin n'était pas très clair ; par dessus la muraille de la digue, les vagues lançaient des paquets de mer. Nous chantions., Le premier jour a commencé par un chant. Et nous étions tous là, réunis, serrés les uns contre les autres, unis les uns aux autres. Il y avait dans ce moment une beauté et une inconscience tragiques. Mais au fond de nos cœurs, si inconscients qu'ils fussent, si navrés de joie de vivre et de cette joie qui peut-être n'a pas d'autre nom, nous savions qu'un soir, plus tard, par une nuit comme celle-ci, il faudrait faire le compte.
Que ce silence, que cette nuit où l'amitié des combats cherche encore entre nous, de l'un à l'autre, des uns aux autres, un cheminement ultime qui, comme l'orage de notre embarquement, ira en s’apaisant, en s’effritant désespérément, que cette nuit, pendant une minute, vous témoigne de cette fraternité qui lie à nos gestes les plus humbles, à nos mots humains les plus quotidiens, votre présence qui est un souvenir vivant et humain.
J. ROBICHON
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JOURNAL DE MARCHE DU 1er RÉGIMENT DE CUIRASSIERS |
1er janvier 1940
Le Régiment est formé par le Centre d'Organisation Mécanique de la Cavalerie. Ses cadres proviennent de divers Régiments et du C.O.M.C. ; la troupe provient de plusieurs dépôts et ne comprend à quelques exceptions près que des réservistes.
1°) L'effectif est de : 37 Officiers - 125 Sous-Officiers - 800 Hommes
2°) Son Organisation est la suivante :
- Un Etat-Major.
- Un E.H.R.
- Un Groupe d'Escadrons (n°1) à 2 Escadrons et 4 Pelotons de 5 chars Somua.
- Un groupe d'Escadrons (n°2) à 2 Escadrons et 4 Pelotons de 5 Chars Hotchkiss,
Soit avec les chars de Commandement :
46 Chars Somua
42 Chars Hotchkiss
En tout : 350 véhicules.
3°) L'Ordre de Bataille des Officiers est le suivant :
Chef de Corps : Lt Colonel de Vernejoul (Active)
État-Major Capitaine adjoint : Cne de Labarthe (Active)
Officier de Renseignements : Lt Leitienne (Réserve)
Officier de Transmissions : Lt Rabot (Réserve)
Officier orienteur : S-Lt Misse (Réserve)
Chef de Service Auto : Cne de la Forest Divonne (active)
Médecin Chef : Médecin Capitaine Basset (Réserve)
Officier de Détails : S-Lt Meric (Active)
E.H.R. Capitaine Commandant : Cne Wurtz (Réserve)
Officier d'Approvisionnement : Lt Pruvost (Active)
Chef d'Atelier: S-Lt Barraud (Active)
Dentiste : Dentiste Auxiliaire Chapard (Réserve)
Pharmacien : Pharmacien Auxiliaire Prunet (Réserve)
1er GROUPE D'ESCADRONS Chef d'Escadrons de Loustal (Active) Adjoint : S-Lt de Bouillas (Active)
Médecin Auxiliaire Duché de Bricourt (Réserve)
1er ESCADRON. Cne Cdt : Lt Mazeran (Réserve)
Chefs de Pelotons : Lt Finat Duclos (Réserve) S-Lt Spangenberger (Active) S-Lt Baillou (Active) S-Lt Racine (Active)
2e ESCADRON Capitaine Cdt : Capitaine Ameil (Active)
Chefs de Pelotons : Lt Dorance (Active) Lt Aubry de la Noé (Active) S-Lt Issaverdens (Active) S-Lt Pasteur
2e GROUPE d'ESCADRONS Chef d'Escadrons : de Lépinay (Active) Adjoint : S-Lt Bigourdan
Médecin Lieutenant Dulongcourty (Réserve)
3e ESCADRON Capitaine Cdt : Capitaine de Geffrier (Active)
Chefs de Pelotons : Lt Robert (Réserve) S-Lt Oddo (Active) S-Lt Lagarde (Active) Aspirant Raison (Réserve)
4e ESCADRON Capitaine Cdt : Lt de Roffignac (Active)
Chefs de Pelotons : Lt Chauffert (Active) S-Lt Depinay (Active) S-Lt Nepveux (Active) Aspirant de Montmorin (Réserve)
Le Régiment est cantonné dans la région Sud de Saumur.
E.M. - E.H.R. au Coudray-Maconard.
1er Groupe : St Cyr en Bourg
2e Groupe : Mollay
Il poursuit son instruction pendant les mois de Janvier et de Février et perçoit tout son matériel.
Mars 1940
Aux environs de cette date et en plusieurs trains, le Régiment est transporté au Camp de Sissonne où il continue son instruction en exécutant de nombreuses manœuvres et tirs, seul et dans les cadres de la 5ème Brigade Légère Mécanique sous les ordres du Général de La Font (qui provient toute entière du C.O.M.C.) et de la 3ème Division Légère Mécanique sous les ordres du Général Langlois, qui se trouve rassemblée pour la première fois au Camp.
8 avril 1940
La Division fait mouvement sur la région Est de Cambrai, le 1er Cuirassiers allant occuper les villages de Saint-Aubert ( E.M.- E.M.R. - 2ème Esc.) Villers en Concies (2e Groupe) St Hilaire en Cambraisis (1er Escadron).
Le matériel est remis en état à la suite des fatigues du travail au camp.
14 avril 1940
La Brigade se rapproche de la frontière sur alerte et y reste après l'alerte. Le Régiment occupe La Sentinelle (Faubourg Ouest de Valenciennes) par son E.M., E.H.R. et Groupe Somua, et Condé sur Escaut par son groupe Hotchkiss renforcé de deux Escadrons de chars H du 11e Dragons Portés.
Le Lt Leitienne est affecté au Dépôt de Guerre de Cavalerie N° 41 à Luneville. Le S-Lt Bigourdan le remplace comme Officier de Renseignements, et le S-Lt de Bouillas vient à l'État-Major comme Officier de Liaison.
10 mai 1940
Pendant la matinée, le Régiment est alerté. Du fait des permissions, malades, etc....; 6 Officiers et 124 Hommes sont absents. Son effectif de départ sera de 682 Hommes. Quelques chars sont en cours de réparation et ne pourront être emmenés (Sept). Reste 80 chars à partir.
Le mouvement à réaliser est celui prescrit par l'Ordre Général d'Opérations N°7 de la 3e D.L.M. en date du 13/4/40, précisé par l'Ordre d'Opérations pour la journée de J.1 de la 5e B.L.M., sur lesquels est basé l'ordre de mouvement pour J.1 du Chef de Corps. La mise en route est ordonnée par l'ordre 657/3/ de la 3e D.L.M. en date du 10 mai ; la frontière doit être franchie à 13H45 .
Le Régiment se porte en Belgique sur la Dyle, en premier échelon de la Division, couvert par la Découverte et la Sûreté Eloignée. Il marche (entre le 2e Cuirassiers au Sud et le 4/17 Dragons britanniques au Nord) en deux colonnes ;
Colonne Nord, le groupe Hotchkiss sur l'axe : Condé – Chièvres – Tubize – Waterloo - Rixensart ;
Colonne Sud, le groupe Somua, avec le Chef de Corps et les trains, sur l'axe : Valenciennes – Mons - Soignies - Braine le Comte - Ninelle - Wavre.
La marche s'oriente régulièrement et se termine de jour pour la Colonne Sud, de nuit pour la colonne Nord.
Le Cuirassier Levaux de l'E.M. cycliste est blessé au genou par une balle tirée d'avion. Le T.C.1 rejoint Limal.
11 mai 1940
Le Régiment se met en route à 6 Heures en exécution de l'ordre d'Opérations pour la Journée de J.2 de la 5ème B.L.M., complété par l'ordre N° 8. Il marche en une seule colonne dans l'ordre groupe H, groupe S, sur l'itinéraire Jodoigne - Marilles en vue d'aller tenir la Petite Gette avec les Escadrons Hotchkiss de Orp Le Petit à Pellaines, le groupe S étant en réserve à Marilles et Jauche en vue de contre-attaquer. Le départ est en retard d'une heure par suite du bombardement de Rixensart, qui occasionne au Groupe H, 4 tués dont l'Aspirant Raison, et 16 blessés dont le S-Lt Oddo.
La marche et la mission sont exécutés sans incidents.
Le P.C. est à Marilles - Le T.C.I est à Glimes.
12 mai 1940
Dans la nuit du 11 au 12, le Régiment est relevé par des éléments de la 6ème B.L.M. Le P.C. se transporte à Antre Eglise, le groupe S. en réserve de Division à Jauche, le groupe H en réserve du Corps de Cavalerie à Foix les Caves. (Ordre d'Opérations pour J.3 de la 3e B.L.M.)
Les Unités étudient et se tiennent prêtes à exécuter des contre-attaques. Le contact avec des forces blindées ennemies est pris sur la Petite Gette par les Dragons Portés et le 2ème Cuirassiers.
13 mai 1940
Dans la nuit du 12 au 13, le groupe H passe aux ordres du Lt-Colonel de Vigier Cdt le 2ème Cuirassiers, et reste à Foix Les Caves.
Le Lt Colonel de Vernejoul reçoit le Commandement du Quartier de Jauche et comprenant le point d'appui de Jandrain, occupé par le Bataillon Laffargue du 11ème D.P.) et le groupe S. à Jauche qui a été bombardé pendant la nuit.
La matinée est calme et se passe à mettre au point l'organisation défensive. Un escadron de mitrailleuses et d'engins et un escadron moto du 6e G.R.C.A. viennent renforcer le point d'appui de Jandrain (Somua), qui possède déjà son Escadron de Char Hotchkiss (Cne Lizeray du 11ème D.P.).
Un autre escadron de Mitrailleuses et d'Engins vient tenir Jauche, avec le Lt-Colonel de Boissieu, qui est chargé d'organiser la défense de ce village dont le débouché Nord est déjà tenu par le peloton Baillou (Somua) et le débouché Est par le peloton de La Noé (Somua).
A la fin de la matinée, l'aviation ennemie est de plus en plus active. Elle attaque les villages à la bombe et à la mitrailleuse, notamment Marilles à 11 H.
A 11H30, on voit des chars ennemis se profiler dans tout l'horizon à l'Est : le feu s'allume sur la Petite Gette. Le point d'appui de Jandrain (Capitaine Laffargue) est vite pris à partie par les engins blindes, qui, après s'être heurté au village, s'engagent d'abord au Nord, puis au Sud en direction de Jauche.
A 13 H, le Colonel décide de les contre-attaquer en direction de Jandrenouille avec le 2e Escadron (Cne Ameil) ; ceux des Lt Dorance et Issaverdens, menacés sur leur gauche, reçoivent l'ordre de se replier sur Jauche.
La liaison avec Jandrain réalisée au début par motocyclette, l'est ensuite par char ; ce qui permet au Capitaine Laffargue de recevoir l'ordre de repli envoyé par le Colonel (14H45) - Aucune radio n'était possible faute de postes.
Mais entre temps, le Général Cdt la 3ème D.L.M. (Ordre 65) prescrivait directement de mettre 2 pelotons Somua à la disposition du Cne Brault, Cdt le 2ème Bataillon du 11ème Dragons à Marilles. Cette mission fut remplie par le peloton du S-Lt Spangenberger qui disparut en direction du Nord vers Noduwez, pris à partie par les chars ennemis ayant franchi la Petite Gette, et par le Lt Finat Duclos qui se bat à l'Est de Marilles et parviendra le lendemain seulement à rejoindre le Régiment après avoir subi de lourdes pertes (4 chars sur 5).
Il restait donc cinq pelotons dans la zone du Régiment : trois en premier échelon autour de Jauche (Lt Dorance, S-Lt Baillou, de La Noé) deux en deuxième échelon (S-Lts Racine et Issaverdens ). Le Peloton Racine est vivement pris à partie à proximité du P.C. et devra être recomplété en munitions, mais il empêchera les chars ennemis ayant franchi la Petite Gette vers Orp le Petit de descendre vers le sud.
Vers 15H30, arrive l'ordre de la 5e B.L.M. autorisant de manœuvrer en retraite. Tout le monde est engagé dans la bataille, et aucun élément du point d'appui de Jandrain n'a encore atteint Jauche.
Les chars allemands sont de plus en plus nombreux sur la rive Ouest de la Petite Gette au Nord de Jauche, et ce village est sous le feux d'armes tirant des lisières de Jandrain.
Le Colonel donne alors l'ordre de repli des chars (16H45) qui est porté au 6 pelotons Somua, par le Cdt de Loustal. Par suite de l'intensité du feu ennemi le Colonel se replie à pied avec le P.C. vers Enines, au delà duquel il retrouve des véhicules.
Puis avec les chars il suit l'itinéraire prescrit ; Huppaye - Glimes - Carrefour St Michel - Route de Gembloux, puis route de Wovre - La Tombe de Libersart. L'arrière garde était assurée par le Capitaine Ameil disposant du peloton du S-Lt Issaverdens, qui sera grièvement blessé en se décrochant au contact de nombreux chars ennemis.
Le Lt de la Noé disparaît en quittant Jauche au milieu de chars ennemis. Les pelotons Baillou et Dorance se replient ensemble par Bomal et retrouvent le Régiment à la Tombe de Libersart au début de la nuit.
Pendant la plus grande partie de la journée le Groupe d'Escadrons Hotchkiss (Cdt de Lepinay) était resté en réserve à Foix les Caves par ordre du Lt-Colonel de Vigier.
Le Chef d'Escadrons et le 3ème Escadron, (Cne de Geffrier) rejoindront le Régiment le soir à la Tombe de Libersart sans avoir été engagés.
Par contre le 4e Escadron (Lt de Roffignac) fut mis à la disposition de la 6e B.L.M. (ordre de la 5e B.L.M. daté de 16H20). Cet Escadron fut employé en deux parties :
Les pelotons Montmorin et Depinay, sous les ordres du dernier contre attaquent les chars ennemis au N.E. de Marilles pour dégager les Dragons Portés.
Dans la nuit, ils rejoignent le Régiment par Piétrain et Jodoigne.
Les pelotons Chauffert et Nepveux sous les ordres du Lt de Roffignac contre attaquent dans la Région Est de Goetsenhoven pour dégager les combattants à pied. Ils rejoignent également le Régiment dans la nuit par Piétrain et Jodoigne avec des éléments du 11ème Dragons.
Les T.C. cantonnent à Montain le Val.
Les pertes du Régiment ont été ce jour de 6 Blessés et 44 disparus.
Le S-Lt Issaverdens est blessé, le Lt de la Noé et les S-Lts Pasteur et Spangenberger disparus.
Vingt cinq chars ont été mis hors de combat.
3 Somua sont tombés en panne par le fait du feu ennemi.
8 Somua et 3 Hotchkiss ont été détruits par le fait du combat.
12 Somua ont disparu avec leurs équipages, ne revenant pas des contre attaques effectuées à l'Est et au Nord de Jauche.
Au cours de la nuit, deux ordres successifs (N° 9 daté de 22 H le 13 et N° 11 daté de 3 H le 14) de la 5e B.L.M. précisent la mission du Régiment qui est en réserve de Brigade. Il devra s'éclairer par des patrouilles motos poussées vers Opprebois et Wastines à hauteur de la ligne anti-chars belge et préparer des contre attaques en direction de Jodoigne, si cette ligne anti-chars était franchie par des engins blindes ennemis.
Au lever du jour, deux patrouilles motos sont envoyées ; celle de Wastines sous les ordres du S-Lt Misse rentrera à la fin de la matinée après avoir renseigné ; celle d'Oprebois sous les ordres du S-Lt Bigourdan tombe sous le feu d'engins blindés dans les environs d'Incourt. L'Officier et son conducteur sont touchés et ne rejoindront pas le corps ; le reste de la patrouille retrouve le P.C.dans l'après midi mais à pied, n'ayant pu ramener ses véhicules.
Le groupe Hotchkiss, sur ordre du Colonel, envoie deux patrouilles blindées jusqu'à la route Wavre - Thorembois St Trond.
A 8 H, par suite des débordements allemands du Nord et du Sud, la 5e B.L.M. donne l'ordre de se replier sur Nil St Martin, déjà tenu par le 7e G.R.D.I. Le mouvement s'exécute aussitôt couvert vers le Nord en direction de Corroy le Grand par l'Escadron Ameil. Le Régiment vient s'articuler à Corbais - Nil Abesse - Nil St Martin - Nil St Vincent.
Vers 14 H des chars allemands sont signalés vers Saint-Paul remontant vers le Nord. Le Colonel organise aussitôt une contre-attaque avec le 4e Escadron (Lt de Roffignac). Mais aucun char ennemi n'est en vue, et l'ordre arrive de se replier à Court St Etienne derrière la position de Résistance tenue par les Corps d'armée.
Le mouvement s'exécute en ordre par Mont St Guibert sous les yeux du Colonel ; le dernier char passe la ligne principale de Résistance à 17 H.
Le Groupe Somua est mis à la disposition du 3e C.A. et va cantonner à la sortie ouest de Court St Étienne -(Parc de Wisterzte).
Le P.C. du Colonel et le Groupe Hotchkiss vont stationner à Suzeril (1 Km S.E. de Court St Etienne).
Dans la matinée le P.C. arrière du Colonel avait été pris à partie par des parachutistes du coté d'Hévillers.
Les pertes du Régiment sont de 5 blessés et 4 disparus dont le S-Lt Bigourdan
1 Char Somua et 2 Hotchkiss tombent en panne et doivent être évacués.
Le T.C. cantonne à Houtain le val.
15 mai 1940
Dans la matinée arrivent les ordres particuliers N° 54 du 3e C.A. et l'ordre 1309/35 de la 1ère D.I.M. Ils prescrivent de porter le groupe Somua au Sud de Suzevil sous les ordres de la 1ère D.I.M, le P.C. et le groupe Hotchkiss à Bonsval sous les ordres du 3e C.A.
Ce dernier mouvement s'exécute sans incident à la fin de la matinée.
Pour le groupe Somua , dont le Commandant était parti en liaison au 3e C.A. un contre ordre et des renseignements sur la situation au N. de Court St Etienne font qu'il se dirige vers Bousval par des chemins de terre à l’Ouest de la route nationale Wavre - Mérilles . En arrivant sur le plateau du S.O. de Wisterzte, les chars sont pris à partie par l'artillerie allemande, les batteries de 47 françaises et des armes automatiques de Tirailleurs : 4 chars seront détruits et le Lt Mazeran et le S-Lt Baillou blessés, le premier grièvement. Le reste des véhicules avec le Capitaine Ameil rejoint Bousval.
A midi 15, l'ordre N° 13 de la 5e B.L.M. annonce que la Brigade passe à la disposition du 4e C.A. et prescrit de se porter sur Marbais, (P.C.) Sart Dame, Avelines (Groupe S), Tilly (Groupe H).
Le mouvement s'exécute dans l'après-midi malgré l'encombrement des routes utilisées par les Trains des Corps d'Armée.
Les pertes de ce jour ont été de :
5 blessés dont le S-Lt Baillou et le Lt Mazeran qui mourra à l'Hôpital de Marcoing.
4 chars S ont été détruits, 3 chars S et 1 char H tombent en panne mécanique dues au feu.
Le T.C. cantonne à Frasnes Les Gosselies.
16 mai 1940
La Brigade étant mise à la disposition de la Division Marocaine, par son ordre N° 15 daté de 0H30, le Régiment est chargé de renforcer le 7e Tirailleurs qui s'est replié sur la voie ferrée de Tilly.
Le Colonel articule le Régiment de la façon suivante :
le Groupe Hotchkiss à Rigéné, le groupe Somua dans les bois à l'Est de Sart Dame Avelines. Les mouvements s'exécutent avant le jour et des contre-attaques sont préparées en direction de Tilly.
A la fin de la matinée une menace ennemie se faisant sentir sur Genappe la 5e B.L.M. donne à 11H55 l'ordre n° 17 de porter le Régiment dans la région du carrefour des Quatre Bras face au Nord. Cette région étant absolument découverte et sans aucun obstacle, le Colonel décide de s'installer sur la voie ferrée au Nord de Franes les Gosselies, où il porte son P.C., et de se couvrir au Quatre Bras par le 2e Escadron (Cne Ameil) qui a le moins de chemin à parcourir pour atteindre ce point. Les mouvements ont lieu aussitôt.
A 14H30 et à 15H des comptes rendus du Lt Dorance (2e Escadron) et du S-Lt Neveux (12e Cuirassiers) signalent que Genappe est libre. Le Colonel décide alors de relever le 2e Escadron en raison de ses pertes et de sa fatigue par le 3e Escadron (Cne de Geffrier) encore complet et de confier le commandement des éléments des Quatre Bras au Chef d’escadrons de Lepinay.
La Division Marocaine devant se décrocher dans la nuit, l'ordre N°19 de la 5e B.L.M. daté de 15H50 prescrit au Régiment de rester en place jusqu'à 2 Heures du matin, puis d'aller former une tête de pont à Rénissart sur le canal de Charleroi. Un ordre (daté de 12 H) est envoyé aux Escadrons dans ce sens.
A 18H30, l'Escadron Geffrier arrive au carrefour et détache des reconnaissances vers le Nord, où des colonnes ennemies ont été repérées. Une patrouille de 3 chars commandée par le Lt Robert disparaîtra entièrement en direction de Lancée.
A 18H45 des contacts se produisent avec des chars légers ennemis. La relève est suspendue : les 2e et 3e Escadrons restent superposés.
L'attaque allemande se poursuit jusqu'à la nuit malgré de nombreuses pertes en chars ; elle est exploitée par des éléments à pied qui progressent à l'Est et à l'Ouest en direction de Fresnes. Tous les éléments non blindés sont alors renvoyés à l'arrière sous les ordres du Lt Rabot. Une batterie de 75, qui se repliait est arrêtée par le Colonel et ses derniers obus viennent aider nos chars attaqués dont la situation était angoissante. Des patrouilles blindées ont lieu sans arrêt entre les Quatre Bras et Frasnes pour empêcher l'ennemi de couper la retraite des chars.
Une fois la nuit tombée, la bataille cesse sans que les Allemands aient atteint la voie ferrée. Le Colonel, en char, patrouille sans arrêt dans Frasnes.
Vers 23 H l'écoulement de l'infanterie étant terminé, et craignant que les Allemands atteignent le Canal avant nous, le Colonel envois le S-Lt Nepveux en char porter au Cdt de Lepinay l'ordre d'exécution du repli et lui-même avec les chars de Frasnes, il se porte aussitôt vers le pont de Rénissart.
Toute la nuit se passe à rouler dans des chemins compliqués ; des chars du 2e Cuirassiers viennent s'agglutiner aux nôtres. Au petit jour le pont est atteint mais il a sauté la veille par ordre du Génie belge. Le S-Lt de Lavalette, détaché de la Brigade, conduit la colonne vers le pont de la route Nivelles - La Louvière qui est également sauté, puis vers celui du village d'Arquennes qui est franchi au moment où quelques chars allemands se présentent sur la rive est du canal.
Pendant ce temps, les chars aux ordres du cdt de Lepinay qui ont pu quitter les quatre Bras sans difficultés, rencontrent une colonne du 2e Cuirassiers aux ordres du Lt-Colonel du Vigier. Celui-ci conduit l'ensemble vers le Nord de Godarville où le canal passe en tunnel.
Les pertes de ce jour ont été de 1 tué, 4 blessés et 7 disparus dont le Lt Robert.
8 chars sont hors de combat et 5 ont disparu.
Le T.C. a cantonné dans le bois d'Havre.
17 Mai 1940
Après avoir franchi le canal de Charleroi, le Régiment se regroupe dans les bois 5 km Nord de La Louvière pour se transporter au cours de l'après-midi dans les bois 2 km Nord de Roeulx.
Par ordre N° 21 de la 5e B.L.M. (daté de 20H30).
1- Les chars en état de combattre sont formés en deux groupements :
- Groupement Hotchkiss aux ordres du Cne de Geffrier avec 2 pelotons de chaque régiment (S-Lt Lagarde et Lepinay du 1er Cuirassiers. Ce groupement fera mouvement sur Chièvres dans la nuit pour se mettre en réserve de D.L.M.
- Groupement Somua aux ordres du Cne Hardoin du 2e Cuirassiers avec 1 peloton de chaque régiment (Lt Dorance du 1er Cuirassiers) en vue d'être mis à la disposition du 4e C.A. Le Cne Ameil fait fonction d'Officier de liaison avec ce Corps d'Armée.
2- Le personnel disponible aux ordres du Colonel est dirigé dans la nuit sur Wez (6 Km Sud de Tournai) par Roeulx , Thiensis, Casteau, Mons, Lens, Ath, Leuze, Tournai.
3- Les chars hors de combat sont mis ordres du Lt de Roffignac et mis en route de nuit sur Aniche en vue de retrouver l'E.R.D. Itinéraire : Mons - Valenciennes - Denain .
Le T.C. cantonne â Quiévy.
Le Régiment perd 1 cavalier tué par bombe d'avions.
18 mai 1940
1- Les groupements Geffrier (Chars H) et Hardoin (Chars S), mis à la disposition du 4e C.A. et regroupés à Chièvres dans la matinée tiennent tête tout l'après-midi à des chars et de l'infanterie ennemie devant Casteau Cambron (Est de Chèvres).
2- Dans la nuit du 18 au 19 le personnel disponible aux ordres du Colonel (par ordre N° 21 de la 5e B.L.M. daté de 17H55) fait mouvement de Wez vers Bugnicourt, entre Douai et Cambrai par Orchies-Roches-Douai en vue de retrouver la Brigade qui se replie de Chièvres à Villers au Tertre.
3- Les chars hors de combat aux ordres du Lt de Roffignac atteignent Aniche à midi et vont cantonner à Lewarde (7 km S.E. de Douai). l'Effectif des chars est de 32.
Le T.C. cantonne à Inchy.
Les pertes du Régiment sont de 1 blessé et 2 disparus.
Deux chars sont mis hors de combat et 1 disparaît.
19 Mai 1940
1- Les groupements Geffrier et Hardoin atteignent la région de Villers au Tertre entre Douai et Cambrai, puis suivent la Brigade à Roclincourt et Bailleul Sire Berthoult (Nord d'Arras) et passent aux ordres du Lt Colonel du Vigier
2- Les trains et le personnel disponible des 2 Régiments sont groupés du Lt Colonel de Vernejoul et font mouvement dans l'après midi sur Méricourt (S.E. de Lens) (Ordre 1/19 du Lt Colonel du Vigier).
3- Les chars hors de combat du Lt de Roffignac font mouvement sur Rouvroy (S.E. de Lens).
Le Régiment perd 3 disparus.
20 mai 19640
1- Les groupements H et S sont en situation défensive au Nord d'Arras
2- Les Trains aux ordres du Colonel, après plusieurs ordres et contre ordres, font mouvement sur Coucourt et Freyvillers (10 km Sud de Bruay) et se groupent dans le second village au cours de la nuit par suite d'une menace allemande, dont les éléments avancés atteignent St Pol (Renseignements envoyés à la Brigade).
3- Les chars hors d'état de combattre du Lt de Roffignac font mouvement sur Vaudricourt (Sud de Bethune)
Le Régiment perd 4 disparus.
21 mai 1940
1- Les groupements H et S sont engagés avec succès dans des combats très vifs au Sud-Est d'Arras dans la région : Achicourt - Dainville - Warins Berneville - Bac du Nord. Le Capitaine de Geffrier y est tué par un obus. 3 chars sont mis hors de combat.
2- Les trains sous les ordres du Colonel font mouvement sur Givenchies (Est de Béthune) Ordre N°34 de la 5e B.L.M. daté de 8 H . Itinéraire Gauchin-Barlin - Houchin.
Le Colonel envoie à la Brigade des renseignements sur l'ennemi, recueillis auprès du P.C. du 12ème Lanciers Britanniques à Freyvillers.
3- Par ordre du Cdt de Béthune, les chars hors de combat du Lt de Roffignac passent au Nord du canal et vont cantonner au Hamel.
22 Mai 1940
Le matin à Dainville, les groupements H et S sont engagés contre des éléments à pied ; vers midi, ils se replient vers Neuville St Waast.
3 chars sont mis hors de combat.
Le S-Lt Depinay rejoint le P.C. ; les chars H du Régiment restent sous les ordres du S-Lt Lagarde, les chars S sous les ordres du Lt Dorance et l'ensemble sous les ordres du Cne de Beaufort.
2- Les trains sous les ordres du Colonel stationnent à Givenchies et coopèrent avec les Anglais à la surveillance du canal. Des renseignements sur l'ennemi sont envoyés à la Brigade.
3- Dans la nuit le Lt de Roffignac embarque tous les chars hors de combat (37) à la gare de Fouquereuil (Ouest de Béthune) puis le personnel rejoint le corps.
23 mai 1940
1- Les Pelotons Lagarde et Dorance contre attaquent un ennemi supérieur en nombre et doté de chars dans la région Hersin - Noeux les Nimes (S.E. de Bruay).
Trois chars sont mis hors de combat.
2- Les Trains aux ordres du Colonel font mouvement sur Verte Rue et Caudescure (lisière Est de la forêt de Nieppe) par la Couture - La Gorgne-Merville
1 orienteur est blessé.
24 mai 1940
1- Les Pelotons Lagarde et Dorance se portent à Wachemy, près de Séclin (11 km Sud de Lille).
2- Sur la demande du Cne d'Andoque, Cdt l'E.R.D., qui est en contact à Merville, le Colonel lui envoie le Capitaine Ameil, le Lt Finat Duclos et le S-/Lt Nepveux pour prendre les chars disponibles et protéger l'E.R.D. Trois chars en état de combattre sont aussitôt utilisés et se portent en direction d'Haverskergue ; ils rencontrent des patrouilles ennemies et détruisent 1 char, 1 canon anti-chars, des motocyclettes.
Puis sur ordre du Colonel, ils se replient avec l'E.R.D., et rejoignent le P.C.
3- Les trains aux ordres du Colonel se portent à Berthen (entre le Mont des Cats et le Mont Noir), où ils sont bombardés arrivant.
Le Régiment perd 4 tués, 3 blessés et 2 disparus.
25 mai 1940
1- Le Lt Dorance et le S-Lt Lagarde rejoignent le P.C. avec leurs chars qui ne sont plus en état de combattre.
2- Avec d'autres chars récupérés, le Colonel constitue 2 pelotons aux ordres des S-Lt Racine (Somua) et Nepveux (Hotchkiss) et les envoie en ligne sous les ordres de la Brigade à Wathessart (Sud de Séclin).
3- Le reste du Régiment séjourne à Berthen.
Pendant la journée il y a 1 blessé.
26 Mai 1940
1- Les pelotons Racine et Nepveux contre-attaquent en direction de Carvin, puis se portent à Ploegstert (Nord d'Armentières).
2- L'ordre N°28 daté de 11H30 de la 5e B.L.M. prescrit aux Trains de se porter dans la forêt d'Houthulst (S.E. de Dixmude), Le Colonel les y conduit par Poperinge - Elverdinge Zuidxhote - Kippe dans l'après-midi.
Le Régiment compte 5 disparus.
27 Mai 1940
1- Le S-Lt Nepveux rejoint le Corps. Le Peloton Racine va à Sailly sur la Lys, et assure la protection des Dragons Portés à Laventie.
2- Le Régiment aux ordres du Colonel fait mouvement vers Leisele (10 km S.S.O de Furnes) par Kippe - Merken - Noordschote - Reninge – Loo - Weagscheede - Kruiske.
28 Mai 1940
1- Le peloton Racine effectue des contre attaques pour protéger le décrochage de combattants à pied à Laventie puis il se replie à Nieppe.
2- En exécution de la Note de Service 3872 - 3/3 de la 1re Armée en date du 26 mai, la 5e B.L.M. donne l'ordre (N°1/28 daté de 6 H) de constituer dans le Régiment deux échelons : un 1er échelon comprenant les officiers, les équipages, radios et mécaniciens de chars sous les ordres du Colonel ; un 2e échelon avec le reste du personnel et les conducteurs de véhicules aux ordres de l'Officier commandant le T.R. (Lt Pruvost).
Le même ordre prescrit de se porter sur Zuydcoote par Izenberge - Vinken - Bulskamp - Adinkerque. Le mouvement s'effectue au milieu de la journée. Le 1er échelon doit s'embarquer à Dunkerque le soir même ; le 2e échelon ultérieurement.
A Zuydcott, le regroupement de la colonne est long par suite de l'extrême encombrement des routes. Les voitures rangées en parc, le personnel est conduit dans les dunes afin d'être à l'abri des bombardements. La Brigade fait alors savoir que les navires sur lesquels devaient embarquer le 1er échelon ayant sauté en rade, l'embarquement prévu est annulé, Le Colonel du Vigier envoie alors l'ordre 2/28 daté de 11H30 qui organise la défense contre avions.
Mais le Régiment reçoit l'ordre 3/28 daté de 15H40 qui prescrit au 1er Echelon de se mettre en route à pied à 16H30 pour Dunkerque.
Seuls les paquetages individuels peuvent être emportés sur l'homme.
La marche s'effectue sous une pluie battante et sans halte ; à 19 H on atteint Malo Les Bains et à 20 H le port de Dunkerque. L'Etat-major et le 1er Groupe vont embarquer sur le "Sauternes" ; le 2e Groupe et l'E.H.R. ne trouvant plus de places sur le "Hird" sont embarqués sur le "Douaisien".
A 20H30, les navires quittent le port,
3- A Zuydcott , le Lt Pruvost se met aux ordres du Cne Malfroy du 2e Cuirassiers (Ordre 3/28 de la 5e B.L.M.).
29 Mai 1940
1- Le Peloton Racine exécute une action retardatrice au profit de l'Infanterie sur l'axe : Bailleul – Hautkerque - Houdschoott – Ghywelde dans les circonstances les plus graves.
2- Le "Sauternes" continue sa traversée sans incident hormis un abordage de nuit qui fait peu de dégâts et pas de victimes.
3- Le "Douaisien" saute sur une mine au milieu de la nuit du 28 au 29 à proximité de Dunkerque et va s'échouer sur un banc de sable. Les éléments du Régiment sont évacués à la fin de la matinée vers le port et y séjournent toute la journée sous un violent bombardement. Le S-Lt Depinay est tué ; il y a en plus 3 blessés et 1 disparu.
A la tombée de la nuit, le 2e Groupe et l'E.H.R. sont embarqués sur le "Thérèse Louis" qui est remorqué jusqu'à Douvres.
4- Le Lt Pruvost et son personnel séjournent à Zuydcott.
30 mai 1940
1- Le Peloton Racine retrouve à Zuydcott le 2e échelon du Régiment sous les ordres du Lt Pruvost et se repose.
2- L'E.M. et le 1er Groupe débarquent le matin à Cherbourg et sont transportés en fin de journée par voie ferrée à Neuilly la Forêt (Calvados)
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. débarquent à Douvres (Grande Bretagne) et sont conduit en Chemin de fer à Southampton.
4- Le 2e Échelon (Lt Pruvost fait mouvement de Zuydcott vers Malo Les Bains.
1 cavalier est blessé par un éclat d'obus sur la plage de Malo.
31 Mai 1940
1- Le Peloton Racine rejoint à Coudekerque Branche le groupement de chars du Secteur Fortifié des Flandres en vue de couvrir Dunkerque.
2- L'E.M. et le 1er Groupe séjournent à Neuilly la Forêt .
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. arrivent à Southampton et embarquent sur le "Wicking".
4- Le 2e échelon (Lt Pruvost) est réparti en plusieurs groupes qui embarquent à Dunkerque sur plusieurs navires à destination de l'Angleterre.
Tout ce personnel sera ensuite réembarqué pour la France et débarquera soit à Cherbourg soit à Brest dans les environs du 4 Juin. Une bonne partie rejoindra le Régiment dans les environs de Conches,
Le S-Lt Meric, Officier de Détails, blessé dans l'accident du "Douaisien" sera hospitalisé à Cherbourg.
Les pertes du Régiment ont été de 2 tués, 1 blessé et 8 disparus.
1er juin 1940
1- Le Peloton Racine à Teteghem (S.E. de Dunkerque) atteint dans l'après-midi le canal de la Basse Colme par Galgoeck au cours d'une reconnaissance. Le soir il contre attaque sur le même axe. 2 chars sont mis hors de combat.
2- L’E.M. et le 1er Groupe séjournent à Neuilly la Forêt.
3- Le 2e Groupe et l'E.H.R. débarquent à Cherbourg , et sont transportés par voie ferrée à Conches (Eure).
2 juin 1940
1- En avant de Galgoeck, le Peloton Racine contre attaque deux fois pour soutenir l'Infanterie. Deux chars sont mis hors de combat par le bombardement de l'Artillerie.
2- l'E.M. et le 1er Groupe sont transportés par voie ferrée à Conches où ils retrouvent le 2e Groupe et l'E.H.R.
3 juin
1- Le Peloton Racine attaque le matin à Galgoeck , puis continue à protéger l'Infanterie qui se replie derrière le canal des Moères. Sur ordre du Cdt Chemel, des chars dont il dépendait, les deux derniers chars sont détruits et le personnel se dirige à pied vers les quais de Dunkerque, où il devait s'embarquer avec l'Etat-Major du Secteur fortifié des Flandres.
2- Le Régiment séjourne à Conches.
A ce moment, la situation du Corps des Officiers est la suivante :
État-Major : Complet, sauf l'Officier de Renseignements. L'Officier de détails sera successivement le Lt Rabot et le S-Lt Lagarde du 3ème Escadron.
E.H.R. Complet (Le Lt Pruvost rejoindra le surlendemain).
E.M. des groupes d'Escadrons complet.
1er Escadron : Seul le Lt Finat Duclos est présent. Le S-Lt Racine rejoindra le 10.
2e Escadron : Cne Ameil et Lt Dorance présents.
3e Escadron : Plus d'Officiers, le S-Lt Lagarde devenant Officier de Détails.
4e Escadron : Lt de Roffignac, Lt Chauffert, S-Lt Nepveux, et Asp. de Monmorin présents. Soit 23 officiers sur 37 au départ.
Le Régiment n'a plus de chars ni de véhicules automobiles. Tout son matériel est resté à Zuydcott.
4 juin 1940
1- Le S-Lt Racine embarque une partie de ses hommes (les volontaires) sur une barque à rames et quitte le port de Dunkerque à 6 H ; l'équipage (3 b) est complété par du personnel d'autres armes. Le soir, à la tombée de la nuit, il est pris à partie de la côte par un canon de 70 qui tue 2 hommes et en blesse 4 dont 1 mortellement. Le canot est à ce moment à hauteur du Cap Gris Nez.
2- Le Régiment fait mouvement à pied de Conches vers Quincarnon (E.M. et E.H.R) et Collandres (1er et 2e Groupes) - Étape de 11 km.
Le soir le Capitaine Ameil, le Lt Dorance et le S-Lt de Bouillas avec 12 chefs de chars et 12 conducteurs de chars sont envoyés au Centre d'Organisation Motocycliste et d'Autos Mitrailleuses à Montlhéry pour former un Escadron de Chars Somua.
5 juin 1940
1- Le S-Lt Racine et son canot voguent en mer le long des cotes de France.
2- Le Régiment séjourne à Quincarnon - Collandres.
6 juin 1940
1- Le S-Lt Racine atteint le Tréport et débarque après une navigation de 52 Heures.
2- Le Régiment séjourne à Quincarmon - Collandres.
7 juin 1940
Le Régiment séjourne à Quincarnon - Collandres. Il se constitue sous la force suivante :
- E.M. et E.H.R.
- 1 Groupe Somua, dont le Régiment fournit 1 Escadron (Cne Ameil)
- Le personnel pour constituer un peloton de chars sous les ordres du Lt de Roffignac.
- Ce personnel est transporté dans la nuit du 7 au 8 à Pecqueuse, Ouest de Limours, (Seine et Oise)
Le reste est maintenu à Collandres, aux ordres du Cdt de Lepinay et du S-Lt Nepveux.
8 juin 1940
Séjour à Pecqueuse. Le Groupe Somua perçoit à Montlhéry ses chars (10 par Escadron et ses véhicule)s.
9 juin 1940
Séjour à Pecqueuse. Perception d'effets d'habillement. Le Cdt de Lepinay quitte Collandres, et est affecté au Commandement du 17e Dragons.
10 juin 1940
1- Le Groupe Somua aux ordres du Cdt de Loustal avec l'Escadron Ameil (Lt Dorance et S-Lt de Bouillas) sont mis en route pour Merey (7 km S.S.E. de Pacy sur Eure) par ordre de la 3e D.L.M. daté à 0H40. Itinéraire : Cernay la Ville - Auffargis - Le Perray - St Léger en Yvelines - Houdan - Oulins - La Chaussée - Yvry la Bataille.
De Merey, le groupe est porté à St Aquilin puis à Couches par St André et Damville.
L'Escadron Ameil tient Conches en fin de journée.
2- L'E.M., l'E.H.R. et le Peloton B (sans chars) séjourne à Pecqueuse.
Le S-Lt Racine rejoint le P.C. avec 5 hommes.
L'Aspirant Martin est affecté au Régiment E.M. et va percevoir quelques véhicules à Montlhéry.
11 juin 1940
1- Le Groupe Somua part à 6H30 pour la Mare Hermier par Bacquepuis et Houdouville ; l'Escadron Ameil assure la défense du village. A 22 H, le Groupe se porte au Mesnil Jourdain.
2- L'E.M., l'E.H.R. et le Peloton B (sans chars) séjournent à Pecqueuse.
12 juin 1940
1- L'Escadron Ameil couvre la Division en tenant les carrefours de Verron et Intremare. Puis à midi le Groupe se porte à Ecquetot.
2- Par ordre 1217/C du C.O.M.A.M. (donné à la suite d'un ordre verbal de la Direction de la Cavalerie) le personnel présent à Pecqueuse est réparti en trois détachements.
a) Les équipages, radios et mécaniciens de chars sont groupés aux ordres du Lt de Roffignac, Lt Finat Duclos, S-Lt Racine, Aspirant de Montmorin et Aspirant Deymiers (2e Cuirassiers). Ce détachement est conduit au C.O.M.A.M. à Montlhéry. Il servira à conduire des véhicules de cet endroit au Coudray Macouard près de Saumur, où se transporte le C.O.M.A.M.
Son effectif est de 5 Officiers, 18 S-Officiers, 51 cavaliers.
b) constitution d'un renfort destiné au 17ème Dragons. Ce renfort comprend 3 Officiers (Lt Prupost, Lt Rabot, S-Lt Lisse), 8 S-Officiers, 104 Cavaliers ; il rejoint le 17ème Dragons à "Les Molières" (Nord de Pecqueuse) dans l'après midi.
c) Constitution d'un E.M. et E.H.R. réduit aux ordres du Colonel (7 Officiers, 9 S-Officiers - 61 Cavaliers) - Par ordre 54/4 de la 3e D.L.M., ce personnel est envoyé sur "le centre de Fontevrault" le 13.
13 juin 1940
1- Le Groupe Somua couvre le mouvement de la Division : le peloton Dorance à Verron, le reste de l'Escadron Granel à l'arrière Garde sur l'axe : St Aubin - Bacquepuis - Conche - Le groupe arrive vers 21 H au Val St Martin et passe la nuit dans la forêt.
2- L'E.M. et l'E.H.R. réduits aux ordres du Colonel font mouvement vers Fontrevault. Gênés par l'encombrement des routes, Ils passent la nuit auprès de Brou (S.O. de Chartres) .
Le Régiment perd 1 blessé.
14 juin 1940
1- Le Groupe Somua protège l'installation de Dragons Portés, l'Escadron Ameil à Granvillers ; cette unité se porte ensuite à Breteuil.
2- L'E.M. et l'E.H.R. réduits aux ordres du Colonel terminent leur mouvement vers la Loire et atteignent Savigny (Nord de Chinon) le soir.
Le Colonel se met aux ordres du Colonel du Vigier qui est arrivé dans la journée de Conches, amenant avec lui le S-Lt Nepveux et 170 Hommes du Régiment, qui ont débarqué à Port Boulet.
Le Régiment se trouve à l'effectif de 240 ; Le Colonel demande qu'il soit reconstitué en unité combattante et utilisé comme tel.
15 juin 1940
1- Le Groupe Somua se porte par Breteuil - Verneuil - La Ferté Vidame - Longny , en vue de tenir Les Mazes (Lt de Bouillas) - Le Pas St Chaume (M.d.L. Formond ) St Jean des Miergers (Lt Dorance).
2- A Savigny le Régiment parvient à récupérer le détachement Roffignac (venant du C.O.M.A.M.) et du C.O.M.C. (Centre d'Organisation Mécanique de la Cavalerie ) un certain nombre de militaires qui étaient en permission le 10 Mai.
Il se trouve ainsi avec un effectif de 14 Officiers et de 350 Hommes de troupe.
Du Lt-Colonel du Vigier, commandant la 5e B.L.M., le Colonel reçoit la mission de préparer la défense de la Loire de l'embouchure de la Vienne à Longeais avec des éléments du 54e Bataillon de Mitrailleurs Motorisés.
Un ordre est donné dans ce sens aux unités.
16 juin 1940
1- Le Peloton Bouillas, qui est venu renforcer l'Escadron de Dragons du Cne de la Conte (11e Dragons) a un violent engagement dans la direction de la Ferté Vidame. Il a un char mis hors de combat, mais il détruit 3 chars légers allemands ainsi que 5 armes anti-chars et des combattants à pied.
Le Peloton Formond à Marchanville est en contact de l'ennemi et permet le décrochage des Dragons du Cne de Montferrand du 11ème Dragons.
Ces pelotons protègent le repli vers Longny et dans la nuit viennent occuper le ruisseau de Ménar entre Igé et la Ferté Bernard puis se regroupent à Haute Biche (10 km N.O. de la Ferté Bernard).
2- Le Régiment perçoit au camp du Ruchard des fusils-mitrailleurs, mitrailleuses et mortiers ainsi que des voitures tous-terrains (Latil - Unic- Chenillettes).
Le Bataillon 93bis de Tirailleurs commandé par le Cne Pajot et le 2e Groupe Franc de Cavalerie Motorisée (G.F.C.M. ) sont mis aux ordres du Colonel.
L'Organisation de la Défense de la Loire est fixée par l'ordre 1511/3 de la 9e Région et l'ordre d'opérations 1/16 de la 3e D.L.M.
L'ensemble des éléments sous les ordres du Colonel est organisé en cinq détachements.
- Détachement sous les ordres du Lt de Roffignac destiné à la défense du Pont de Port Boulet .
- Détachement aux ordres du Cne de Labarthe destiné à la défense du Pont de Langeais.
- Détachement sous les ordres du Lt Huot destiné à la défense du Pont de Cinq-Mars .
- Détachement aux ordres du Cne Pajot pour la défense de l'Indre (2e position).
- Détachement aux ordres du Cne de La Forest Divonne, en réserve. Le Lt Chauffert et le S-Lt Baillou rejoignent le Corps venant de l'hôpital.
17 juin 1940
1- A midi l'Escadron Ameil va tenir la Ferté Bernard (Lt Dorance) et St Georges de Rosay (Cne Ameil).
A 17 h, le peloton Dorance est mis à la disposition du détachement retardateur de la colonne est ; le reste des chars sous les ordres du Cdt de Loustal fait mouvement par St Georges - La Bosse - Tuffé - Changé - Ruardière - Parigné au cours de la nuit.
2- Au cours de la nuit, le Colonel a pris à son compte la défense de la Loire de l'embouchure du Cher (en liaison avec l'Ecole de Cavalerie aux ordres du Colonel Michon) à Tours, qui est défendu par la 2e D.L.M. (Général Bougrain).
Le Colonel transporte son P.C. et sa réserve à Azay le Rideau ; les autres détachements sont mis en place au lever du jour.
Un ordre écrit daté de 14 H est envoyé aux commandants de détachements.
Le S-Lt Baillou est porté à Noyant en vue de renseigner sur l'avance allemande au Nord de la Loire.
Vers l'est, l'ennemi atteint Blois.
Le personnel qui n'a pas pu être armé est rassemblé aux ordres du S-Lt Barraud et mis en route sur Thouars Ce personnel sera embarqué en chemin de fer à destination de Villebruniers, près de Montauban ; il ne rejoindra pas le Régiment.
La journée se passe à mettre au point l'organisation de la Défense qui est assuré par un personnel varié (Cuirassiers, Fantassins, Tirailleurs, Artilleurs).
Le S-Lt Nepveux et l'Aspirant de Montmorin font partie du détachement du Lt de Roffignac ; le Lt Finat Duclos et le S-Lt Racine sont aux ordres du Cne de Labarthe ; le Lt Chauffert et l'aspirant Martin sous les ordres du Cne de La Forest.
Le Lt de Roffignac a un Sous-Secteur allant de l'embouchure de la Vienne à Croix Rouge ; celui du Cne de Labarthe va de ce point au Moulinet ; celui du Lt Huot du Moulinet au viaduc de St Côme.
18 juin 1940
1- L'escadron Ameil suit l'itinéraire : Mulsanne - Pontvallain - Le Sude - Thoré - Chevire - Jarzé - Seiches - Angers, se repliant avec la Division.
2- Sur les ponts de la Loire, la circulation civile et militaire est toujours très active du Nord au Sud ; elle ne s'arrêtera qu'en fin de journée.
Les dispositifs de mise de feu sont terminés ; le Général Pichon, Commandant la Défense de la Loire délégue aux Officiers Commandant les Ponts le droit d'ordonner la mise en oeuvre des dispositifs (ordre daté de 18H30).
Dans l'après midi, l'ennemi est signalé à 50 km puis à 20 km au Nord marchant vers Bourgueuil.
A la tombée de la nuit, les barricades sont fermées sur les ponts, ce qui isole les deux rives. A Langeais qui est sur la rive Nord, la municipalité en profite pour faire enlever les barricades qui avaient été placées aux issues de la ville.
Vers 23 Heures, l'ennemi arrive au Pont de port Boulet où un échange de coups de canon a lieu entre 75 français et 37 anti-chars allemands. Une tentative de faire sauter le pont échoue. Le M.d.L. Wauters et le Cuirassier Louet envoyés en reconnaissance signalent que le canon de 37 est abandonné ; aussitôt le Lt de Rouffignac l'envoie chercher et ramener sur la rive Sud.
Le reste de la nuit est calme.
19 juin 1940
1- Dans la matinée, le Groupe Loustal se reforme à St Clément de la Place sous la protection des pelotons Bouillas et Dorance qui sont face à Angers.
A midi, ordre est donné de franchir la Loire ; le pont de Chalonnes étant trop faible, les chars passent sur celui de Montjean ; puis le Groupe atteint en fin de journée Grézillé (10 km Ouest de Gênnes).
2- La matinée est calme dans les sous-secteurs de Cinq-Mars et de Langeais ; sur ordre du Général Pichon , les deux ponts sont détruits ; les opérations réussissent.
A Port Boulet, l'ennemi bombarde violemment la sortie Sud du Pont ; un nouvel essai de mise de feu échoue.
Des renforts sont mis à la disposition du Colonel, Une Compagnie d’Elèves aspirants de Réserve de St Maixent sous les ordres du Cne Ramard et un Escadron d'Autos Mitrailleuses sous les ordres du S-Lt Perreau de Launay. L'ensemble, sauf un peloton d'.A.M. est affecté au sous-secteur de Port-Boulet.
La Compagnie du S-Lt Heren du Bataillon Pajot est passée au sous-secteur de Langeais et va tenir Rupuanne et Bréhémmont.
Dans l'après-midi, de nouveaux essais de faire sauter le Pont de Port Boulet échouent. L'ennemi réagit vigoureusement ; son feu occasionne des pertes en personnel (4 tués et 15 blessés ) et en matériel (1 canon de 75). Quoique annoncé, aucun avion ne vient détruire le pont.
A Langeais, violente canonnade sans suite vers 19H15 - 2 blessés.
Dans la nuit, un nouvel essai de faire sauter le pont de Port Boulet échoue encore. Des mines sont placées au travers du pont.
Sur la rive Nord de la Loire, on entend des bruits de patrouilles ennemies.
20 juin 1940
1- L'Escadron Ameil est à l'avant-garde d'une des colonnes de la Division sur l'itinéraire : Grézillé - Ambillou - St Georges - Tancoigné - Cléré/Layon - Cersay - Massais - Moutiers – La Chapelle Gaudin - Noirterre - Faye l'Abbesse – Chiché - Clessé - Pougue.
Le soir le groupe Loustal se reforme à la Vieille Touche.
2- A Port Boulet, à la fin de la nuit, une brèche de moins de 3 mètres a pu être faite dans le Pont . A 7 H, 10 H et 14 H, l'Artillerie allemande bombarde violemment les alentours du pont et occasionne des pertes ; des bruits de marteaux sont entendus sur la rive Nord.
A Langeais , les Allemands envoient des parlementaires (Maire Adjoint, instituteur) pour demander de ne pas tirer, sans quoi la ville serait détruite. Ces plénipotentiaires sont envoyés au P.C, du Général Pichon à Azay le Rideau et gardés sur parole.
A l'ouest, des patrouilles A.M.D. sous les ordres du S-Lt Perreau de Launay, puis du S-Lt Paume (qui ne reviendra pas) sont envoyées chercher des renseignements dans la région de Saumur où le franchissement de la Loire est signalé.
A l'Est, la 2e D.L.M. doit se replier sur l'Indre ; cette mesure est prescrite par l'ordre 4/20 de la 5e B.L.M.
Des ordres préparatoires sont donnés dans ce sens au détachement Huot et à la droite du détachement Labarthe.
A partir de 19 H, le Pont de Port Boulet est violemment attaqué. Appuyés par des feux d'artillerie et d'infanterie, les Allemands progressent de part et d'autre du pont et vers le Néman en radeaux puis sur le pont même en colonne par quatre. Il est alors 21 H.
Nous perdons 15 tués dont l'aspirant de Montmorin au cours d'une patrouille vers Bertignolle et vingt blessés. Certains de nos éléments sont faits prisonniers, d'autres se replient en direction d'Avoine.
A 22 H l'ordre 5/20 de la 5e B.L.M. prescrit de regrouper tous les éléments dans la forêt de Chinon ; L'Infanterie dans la partie N.E. ; la cavalerie dans les bois au Nord de Panzoult et Cravan.
Les mouvements ont lieu pendant la nuit et au lever du jour sans incidents sauf pour les unités du sous-secteur de Port-Boulet.
Le Lt de Rouffignac est fait prisonnier ainsi qu'un certain nombre de ses éléments.
21 juin 1940
1- Le Groupe Loustal assure l'arrière-garde de la Division qui remonte vers Argenton Château. L'itinéraire est : Vernoux - St sauveur - St Porchaire - Chambroutet - Noirlieu - Le Condre.
Départ 10H30.
A 13H30 à Noirlieu, le Groupe reçoit l'ordre de se porter vers Thouars et passe à Moutiers - Mauzé - Thouarsais - Rigné.
L'escadron Ameil garde le P.C. de la Division sur la route Thouars - Bessuire. De 15H45 à 16H30, une violente attaque aérienne se produit : le Commandant Demange, Chef d'État-Major de la Division, est tué. Le Lt Dorance est grièvement blessé, ainsi qu'un homme du Régiment.
Pendant ce temps, le peloton Bouillas, envoyé à Thouars, permettait par une contre-attaque le décrochage des Dragons Portés, puis se repliait sur le Chillas.
L'ensemble du groupe est rassemblé pendant la nuit à Bouillé.
2- A la fin de la Matinée, l'ensemble du Régiment est regroupé dans un ravin au Nord de Panzoult ; ce qui reste du détachement Roffignac est aux ordres du Cne Ramard de l'Infanterie avec le S-Lt Nepveux au Nord de Cravant. L'ordre 1/21 de la 5e B.L.M. précise les conditions de sécurité de ce stationnement.
Vers 15 H arrive l'ordre 2/21 de la Brigade qui prescrit le repli pour 18 H sur l'itinéraire : Panzoult - Crouzilles -Trogues - Pouzay - La Celle St Avant - Port de Piles - Dangé sous la protection du 2ème Cuirassiers.
Le mouvement s'exécute sous une pluie battante mais sans incident ; des patrouilles allemandes sillonnent la région mais elles n'opèrent pas sur la colonne du Régiment.
La nuit se passe à Dangé.
22 juin 1940
1- Toute la journée l'Escadron Ameil tient Taizé et Bouillé arrêtant l'avance allemande.
Deux chars aux ordres de l'Adjudant Chef Pierson du 7e Cuirassiers viennent le renforcer.
Le Train de combat léger aux ordres du Médecin Auxiliaire de Bricourt est envoyé sur Bressuire et ne rejoindra pas. Six chars du Groupe, hors de combat, sont mis en route, sur le parc d'Angoulême ; ils tomberont aux mains des Allemands entre Parthenay et Niort.
A 21H30, la Division se porte sur Melle. Le Cne Ameil assure l'avant-garde ; le peloton Formond l'arrière garde. L'itinéraire suivi passe par Parthenay - St Maixent - La Motte. A 3 Heures du matin, arrivée à Melle.
2- Sur ordre 1/22 de la 5e B.L.M. le Colonel se porte à Ingrandes, avec la mission de tenir la Vienne face à l'Ouest. Le détachement Huot tient le pont ; le détachement Labarthe est face à Autran. Au Nord le 2ème Cuirassiers est à Dangé.
Au Sud, la Ville de Châtellerault est vide de troupes.
Une patrouille blindée aux ordres du S-Lt Racine y est poussée pour barricader et surveiller les ponts. La population manifeste violemment contre cette action ; le Maire vient en liaison au P.C. du Régiment intervenir dans le même sens. N'ayant pas les moyens de tenir tête à la population et à un ennemi éventuel au milieu de la ville, la patrouille est repliée à la sortie Nord sur la route d'Ingrandes. Les Gendarmes ont pu mettre un peu de calme dans la population, mais celle-ci s'empressa d'enlever les barricades. Un agent de transmissions du Cne de Labarthe est arrêté par le Commissaire de Police, puis relâché au bout d'une demi-heure, sous le prétexte que le bruit de sa moto faisait peur à la population.
Une reconnaissance allemande atteint Châtellerault en fin de journée.
A 23H15 arrive l'ordre 3/22 de la 5e B.L.M., prescrivant un repli dans la nuit sur l'itinéraire : Oyré - St Sauveur - Senillé - Monthoiron - Bonneuil Matours - La Chapelle Mouliere - Liniers - Lavoux - St Julien l'ars - Nienil l'Espoir.
Le mouvement est exécuté sans incident mais très lentement à cause de l'encombrement des routes.
Le Régiment a perdu ce jour : 1 blessé et 12 disparus.
23 juin 1940
1- La Division fait mouvement vers Civray. Le Groupe Loustal est à l'avant-Garde sur la route nationale 148 Départ 7 H - Arrivée 10 H.
A 17 H, la D.L.M. fait mouvement sur l'axe : Civray – Ruffec - Charme - Ligné - Luxé. Les chars stationnent à Fouqueure d'où ils sont pousses à Ambérac au début de la nuit.
Cinq hommes sont portés disparus.
2- Au début de la matinée, le Régiment atteint Roche Prémarie (15 km Sud de Poitiers ).
Par ordre 1/23, la 5e B.L.M. prescrit au Régiment d'aller barrer la route Poitiers-Vivonne et la vallée du Clain.
A la fin de la matinée, le détachement du Cne de Labarthe va tenir Ligugé face à Poitiers ; les notables s'y montrent inquiets des mesures de défense, mais la population est très digne. Le reste du Régiment aux ordres du Colonel va tenir Croutelle.
A 15H45, la 5e B.L.M. prescrit par son ordre 2/23 de reporter la défense pour 20 H sur la Dive face à l'Ouest de Voulon (Sud de Vivonne ) à Couhé Vérac. Les ordres sont donnés en conséquence à 16H30 : les Ponts de Voulon et Villeron sont donnés au Groupement HUOT, ceux de Payré et Ceaux au Groupement La Forest et ceux de Couhé Vérac et Rom au Groupement Labarthe.
Le Régiment se met en route par Vivonne, mais en cours d'installation, il reçoit l'ordre 3/23 de la Brigade qui lui prescrit de se reporter sur la Charente face à l'Ouest (Ruffec) de Verteuil à Taizé-Aizie .
A la tombée de la nuit, le mouvement est entrepris par Couhé Vérac, la route Nationale 10 - Ruffec.
24 juin 1940
1- La 3e D.L.M., devant faire mouvement vers Chalais (30 km Sud de Barbezieux), ordre est donné au Groupe Loustal d'assurer l'arrière-garde. A 11 H le mouvement commence sur l'itinéraire : Genac - St Genis - N139 - Carrefour S.O. de St Yrieix - A cet endroit, on apprend que les Allemands sont à Angoulême et, en arrivant à Linars, qu'ils sont au pont de St Michel. Le Cdt de Loustal, qui se trouve augmenté de nombreux isolés, décide de prendre le chemin de Champmillon et St Limieux, afin de traverser la Charente à Chateauneuf. Le groupe continue vers le Sud et, au carrefour de Pétignac il laisse passer une colonne allemande de chars légers et de motocyclistes.
Il gagne ensuite Blanzac puis St Eutrope où, à la suite de renseignements, il décide de passer par Courgeac - St Martial - St Laurent - Curac.
A 16 H il arrive à Chalais où le rejoint successivement le reste de la division.
Pendant la nuit, le peloton Bouillas garde la route de Barbézieux et le peloton Formont celle d'Angoulême.
2- Avant le jour le Régiment est en place sur la Charente ; Le détachement Huot tient Aizie, le Détachement La Forest le pont de Condac, et le Cne de Labarthe a donné celui de Barro au S-Lt Racine et celui de Verteuil au Lt Finat Duclos.
Au jour une reconnaissance (Aspirant Petitlagrange) est envoyée vers Mansle que l'on dit aux mains des Allemands. Ce pont est tenu par des chasseurs à pied mais menacé par des patrouilles ennemies.
A 11 H, le Régiment suit le mouvement de repli et marche sur l`itinéraire Poursac – Couture - Valence - St Augeau - Aussac afin d'aller renforcer la défense de Mansle.
Mais à 13 H à Valence il est dérouté sur Artenac pour tenir la rivière de la Bonnière.
De là il est porté sur la route nationale 141 afin de tenir face au N.O. La Rochefoucauld (Cne de Labarthe) et Taponnat (Lt Huot).
Enfin, à peine installé, le Régiment reçoit l'ordre de se rassembler dans les bois de la Vallade (5 km S.E. de La Rochefoucauld) ; il y arrive avant la nuit.
25 juin 1940
A minuit 30, l'ordre 1/25 de la 5e B.L.M. prescrit au Régiment de faire mouvement à partir de 3 heures vers Thiviers par Montbron - Etouars - Nontron - St Pardoux - Thiviers.
A midi l'ordre est donné de continuer vers le Sud-Ouest, et le Régiment va cantonner à Clermont (au Sud d'Excidenil ) où il apprend la mise en vigueur de l'Armistice.
Le Groupe Loustal reçoit l'ordre de faire mouvement sur l'itinéraire Aubeterre - Ribérac en vue d'atteindre Villetoureix (N.E. de Riberac). Mouvement sans incident.
26 juin 1940
Le Régiment fait mouvement sur Celles (N.E. de Ribérac) par Thiviers et Brantôme.
Les groupements sont dissous et les Escadrons reconstitués avec leurs éléments présents ; le Groupe Loustal rentre aux ordres du Colonel.
Les derniers chars (6 Somua seront conduits au parc d'artillerie de Périgueux. Le reste de l'armement est conservé.
L'ordre de Bataille des Officiers est le suivant :
E.M. Chef de Corps : Lt Colonel de Vernejoul.
Cne Adjoint : Cne de Labarthe
Chef du Service Auto : Cne de la Forest Divonne
Médecin Chef : Médecin Cne Basset
Officier de Détails : S-Lt Lagarde
Officier de liaison : Aspirant Martin
1er Groupe Cdt de Loustal
1er Escadron Lt Finat Duclos S-Lt Racine
2e Escadron Cne Ameil S-Lt de Bouillas
4e Escadron Lt Chauffert S-Lt Nepveux
14 Officiers sont présents sur les 36 pris en compte au 10 Mai.
Le Lt de Roffignac prisonnier ayant pu s'échapper de Saumur rejoint le Corps en juillet ainsi que le S-Lt Oddo blessé.
Le Lt Dorance, également blessé, rejoindra en bout.
La Troupe est à l'effectif de 300, mais il en existe un groupe important (200) à la Base de la Division à Villebruniers près de Montauban et des isolés rejoindront pendant le mois de Juillet.
Au Régiment est venu s'ajouter depuis la Loire le 2e Groupe Franc de Cavalerie Motorisée (2e G.F.C.M.) sous les ordres du Lt Huot avec le S-Lt Limousin et l'Aspirant Barée.
29 juin 1940
Avec les autres éléments de la 3e D.L.M., le Régiment fait mouvement par Brantôme et Nontron sur la commune de Teyjat (P.C.. au hameau du Chatelard (Ordre 1/29 de la 5e B.L.M.).
Le Chef d'Escadrons Guibaud de Luzinais du 12ème Cuirassiers est affecté au Régiment et prend le commandement du 2e Groupe.
1er août 1940
Le Régiment est dissout (Ordre 2.539/1 en date du 31 Juillet 1940 du Général Cdt le Département de la Dordogne).
Tous les éléments d'active (Officiers et Troupes) et les Réservistes des classes 1938 - 1939 - 1940 passent au 11e Dragons, dont le Lt Colonel de Vernejoul prend le commandement.
Ce Régiment entre dans la composition de la 3e Brigade de Cavalerie
Tous les autres réservistes sont démobilisés progressivement.
46e BCC BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Chars B1 bis
Souvenirs du Lieutenant KRESSMANN
Char FAIDHERBE n° 483
Août 39 : je suis un jeune cadre en vacances, en train de me livrer à un de mes sports favoris : les "grandes Régates du Havre". Arrivent les gendarmes à 6 heures du matin chez mon cousin (chez qui je suis reçu : c'est lui le propriétaire du "6 mètres" dans lequel je régate) : c'est la Mobilisation ! C'est que ça vous tombe dessus, sans crier-gare. Et c'est encore comme ça que ce peut vous tomber dessus demain, ne l'oubliez pas !…
Je saute en voiture avec ma jeune épouse, en filant sur Neuilly pour y prendre l'essentiel des affaires nécessaires, et poursuis dare-dare sur Bordeaux afin d'y mettre à l'abri mon épouse dans la propriété familiale (Martillac, dans les Graves).
Puis retour sur Tours, où je rejoins le 501ème Chars, selon mon ordre de mobilisation. J'y suis affecté comme Lieutenant à la "Cie Hors Rang". Au 12ème jour, l'administrateur signale que nous devons déménager pour l'Île Bouchard ! Rien n'a été prévu pour un tel déménagement, pas plus que pour le logement de la Cie "chez l'habitant" !... Ce va être le "système D" à 200%. On s'organise tant bien que mal, dans les granges qu'on peut trouver. Je "pique" le courant sur des poteaux électriques passant près de là etc. ...Grâce à tout ce que nous arrivons à mettre debout malgré la situation, mes gars (tous plus vieux que moi, et "réservistes" ne tenant nullement à "rejouer au petit soldat") commencent à me considérer avec un peu moins de "réserve" et à mieux accepter l'esprit d'équipe que je m'efforce de leur inculquer non sans mal.
Mais, bien sûr : si nous sommes une "Unité Chars" ... il n'y en a pas un seul !
C'est que nous autres, les Français nous sommes plus intelligents que les autres" !. Pour avoir le matériel le plus moderne nous ne faisons que des prototypes que ce soit pour les chars ou pour les avions. De la sorte le jour où on en aura besoin, ce seront les matériels les plus "up-to-date" qu'il n'y aura plus qu'à produire pour disposer d'une armée la mieux équipée du monde !
En attendant, que faire sinon "enfiler des perles" ???. C'est ce qu'on a osé nommer "la drôle de guerre"... comme si une guerre pouvait être "drôle" à n'importe quel moment de son déroulement !
Début 1940 : grâce à des "pistons" (obtenus surtout par amitié et grâce au fait que, fils de "pinard Bordelais", j'ai proposé d'ouvrir une "section de Dégustation" à l'Ecole des Chars de Versailles), j'obtiens enfin la possibilité de faire un "stage B". C'est ainsi que l'on nomme les séances d'apprentissage théorique, il n'y a là encore, aucun modèle réel) du dernier char né, le plus moderne qui soit : le char B1bis.
Fin avril 1940 : me voici enfin, ayant réussi mon stage théorique B, affecté à un Bataillon de Chars B1bis : le 46ème BCC, Commandant Bescond, alors stationné à Aubigny (dans la Bourgogne). Je me hâte de me présenter à mon nouveau commandant qui, n'ayant encore reçu aucun char, décide de m'envoyer "en perme de détente". Je repars donc dans mon Bordelais, où je passe quelques jours avec mon épouse et ma première fille, Agnès, née le 21/11/1939.
A noter que je me suis mis "sur mon 31" pour me présenter à mon nouveau Commandant, non sans porter mes gants "en pécari blanc" (manie de jeune Dandy Parisien). Or, manifestement, le Cdt Bescond n'a pas apprécié ; Un gars des Chars doit plutôt savoir se salir les mains que de se pavaner avec des gants blancs !
6 mai 40 : Les Gendarmes de Labrède m'apportent un télégramme de mon Bataillon me donnant ordre de "REJOINDRE AUSSITÔT -. LES CHARS B VONT ÊTRE LIVRÉS !"
7/8 mai : retour à Aubigny... où je suis émerveillé des 5 chars B1bis placés sous mon commandement (je suis en effet "section de renforcement'' à 3 chars B comme toutes les autres Sections, mais j'ai en plus 2 autres chars : celui du Commandant Bescond et celui du Colonel Sudre commandant la 6ème Demi-Brigade). Tout ému d'un tel commandement, je dis à mes gars que je voulais pouvoir entrer dans n'importe lequel de "mes 5 Chars" avec mes fameux gants blancs sans les salir !... (quiconque a mis les pieds - ou les mains - dans un char peut se rendre compte de la folie d'une telle prétention. On comprendra pourquoi mes hommes m'ont regardé alors d'un drôle d'air.
Nuit du 8 au 9 mai : Il y avait de quoi ! je l'ai passée avec nos dépanneurs à démonter et réparer notre boîte des vitesses. Bien que le char était neuf (sortant de chez Renault), les vitesses ne passaient pas ! Inutile de dire que, là, je n'étais plus "en gants pécari blanc" !... Aussi, quand le Commandant Bescond passa par-là (il surveillait tout ce qui se passait dans son Bataillon), me voyant plein de cambouis, il n'hésita pas à m’embrasser. Cette nuit là fut la première sans sommeil d'une série à suivre.
10 mai 1940 : C'est la fête du Bataillon, dont la Marraine est Mme Viollet, patronne de l'apéritif BYHRR ... qui coule à flots. Mais, en plein déjeuner de cette Fête, notre Commandant reçoit un câble qu'il nous lit : "LES ALLEMANDS ONT ATTAQUÉ, ils viennent de traverser la Meuse à Sedan". Nous partons le lendemain, moi avec la 1ère Compagnie, le reste suivant dans l'ordre des Numéros, (ce qui veut dire que ma Section "de Renforcement" sera la dernière). "Distribution sur l'heure des armes individuelles." La Fête s'interrompt ainsi : tout tourne cette fois au drame. Cesse définitivement là cette "drôle" de guerre !
Nuit du 10 au 11 mai 1940 : Le malheur veut que notre Bataillon soit constitué et de Bordelais, et d'Alsaciens, les premiers s'en prenant aux seconds (à cause de leur accent prononcé) en les traitant de "Boches"...et les Alsaciens s'en montrant terriblement offensés et furieux. L'affaire est d'autant plus grave que les uns comme les autres sont maintenant armés ! Profitant de mon nom alsacien (avec un K, 2 SS, et 2 NN), bien que né à Bordeaux d'une famille réputée dans le vin, je parviens à calmer tous les agités. Mais non sans mal tant le Byhrr laisse de traces. C'est ma 2ème nuit sans sommeil !
Jours et Nuits du 11 au 17 mai 1940 : ce seront les embarquements dans les trains successifs jusqu'au nôtre. Puis un voyage interminable dont nous ignorons tout de la destination. Sans doute sera ce Mourmelon ou un terrain quelconque où nous pourrons nous exercer avec nos superbes "bêtes" (dont personne ne sait encore se servir. Elles n'ont même pas encore de cocardes tricolores !) Plus la moindre instruction !
Vendredi 17 mai 1940 : après être passé par Soissons (dans une gare complètement sens dessus dessous après un sérieux bombardement des Allemands), nous voici stoppant à Crouy, petit village au nord de Soissons. Ordre de débarquer. Alors que je m'informe auprès de l'officier commandant cette petite gare de campagne, il me répond : "Foutez le camp ! "
Moi : " Mais pour où ??? Où est mon Bataillon ?"
Lui : " Je m'en fous. Mais grouillez-vous de foutre le camp d'ici, sinon vous allez nous attirer un autre bombardement !..."
Si bien que me voilà, avec mes cinq si superbes - et coûteuses - bêtes "foutant le camp" loin de la gare ... et, faute de savoir où aller, me dirigeant vers le nord, à contre courant d'un atroce flot venant de là, fait de tout, voitures, chariots, piétons, charrettes à bras, soldats dépenaillés etc. C'est le 1er aspect de la guerre que nous voyons là. Il est déjà atroce ! Insupportable. Il m’oblige à me donner un air martial, assis à la tourelle de mon premier char, suivi des 4 autres, le tout représentant une force formidable : je me donne l'air de "Vous allez voir ce que vous allez voir !", le menton haut et plein de mépris pour tous ces soldats défaits !... dont nous remontons la longue queue. En chemin, voici que vient vers moi une voiture d'officiers qui m'arrêtent.
"Vous êtes bien Hannibal ?"
Moi : "Hannibal je ne connais pas"
Eux : "En tout cas vous êtes des Chars !"
Moi : "Assurément !"
Eux : "Bon, suivez-nous, vous êtes à nos ordres !"
Moi : "Désolé, mais je ne dépends que de mon Chef de Bataillon : le Cdt Bescond, commandant le 46ème BCC ! Je n'accepte d'ordre que signé de lui !"
Sur quoi les officiers font demi-tour, furieux, non sans m'avoir demandé comment s'écrivait mon nom ! Je remets ma colonne en route, en allant toujours vers le nord. Lorsque nous arrivons au pied de Laon, voici la voiture des officiers qui revient "Cette fois, voici un ordre du Grand Q.G. établi à votre nom, Lieutenant Kressmann. Suivez-nous !"
Mis devant un tel ordre écrit en effet et à mon nom, je stoppe ma colonne en confiant mes si précieuses bêtes à mon adjoint (Roblot, Je crois ?) en lui donnant ordre de m'attendre avant de faire quoi que ce soit. Et me voici parti avec la voiture de ces officiers. Nous montons la forte pente qui conduit au centre de Laon, et c'est littéralement "encadré" par 2 de ces officiers (me tenant chacun par un bras) que je suis introduit dans une pièce où trône un Colonel : c'est le Commandant de la place de Laon :
"Vous mériteriez, jeune homme, que je vous fasse passer au poteau d'exécution pour "refus d'obéissance en temps de guerre ! "
Moi : "Désolé, mon Colonel ! Mais je débarque à peine et je cherche mon Unité : le 46ème BCC dont je dépends !"
Lui : "Nous n'en sommes plus là ! Laon est menacé par des parachutistes ennemis qui veulent investir la ville ! Vous allez me placer vos 5 Chars sur les routes entrant dans Laon et interdire toute infiltration au cours de cette nuit. Je vous donnerai mes ordres demain matin ! Rompez et exécution !"
Moi : " Désolé à nouveau, mon Colonel. Je ne peux accepter un tel ordre qui aurait pour effet de sacrifier stupidement des engins qui ne sont pas faits pour l'usage que vous préconisez. En tant que spécialiste des chars, je ne demande pas mieux que de vous aider. Dites moi seulement quel est votre problème et je vous offrirais ma solution en fonction de la correcte utilisation d'engins qui n'ont pas de prix et qui ont été confiés à mon commandement !"
Sur quoi une discussion s'est ouverte, en fin de quoi il a été accepté que nous lancerions dès le petit matin du Samedi 18 mai une "tournée-attaque" au nord de Laon, en corps constitué de mes 5 Chars, ayant pour but à la fois d'éclairer le Commandement et de détruire tout nid de résistance. Ainsi se passa cette nouvelle nuit sans sommeil : c'était la 10ème !.
Samedi 18 mai 1940 : Comme convenu, nous voici "attaquant" au petit jour, ou, plutôt, faisant une randonnée tout autour de Laon, du nord/ouest à l'Est ... tournée au cours de laquelle nous n'avons vu ... que des Français tirant sur d'autres Français, le tout sans la moindre liaison entre les divers éléments "perdus dans la nature"'... Ce dont je rends compte en rentrant à Laon après cette "première simili attaque dont j'avais décidé moi-même... de ma petite autorité de jeune Lieutenant de réserve !
Entre temps, et heureusement, un des Officiers de l'Etat-Major du 46 me rejoignait à Laon et me "rameutait" avec le reste du Bataillon, dans la forêt de Samoussy. Quelle fantastique délivrance pour moi que de me retrouver enfin dans le cadre normal !
Ce Samedi soir là, alors que nous étions plus ou moins camouflés dans cette forêt de Samoussy (et que j'avais eu la "confession émouvante" du Lt Buchsenschutz ayant été amené à tirer sur un Allemand rencontré au cours d'une mission d'éclairage. C'était au premier qui tirait ! Et ce fût moi ! C'est affreux de tuer un homme ! voici qu'un petit Heinkel d'observation tournicote au dessus de nous : je grimpe dans ma tourelle et je le tire à la mitrailleuse : il prend feu et s'éloigne avec une torche de fumée derrière lui ! ... Or voici que je me fais sérieusement tancer par les copains me disant que je n'aurais jamais dû : "Tu vas nous faire repérer, salaud ! Et tu vas vite comprendre ! " En fait, c'était leur expérience... que je n'avais pas acquise car je "débarquais" seulement. Pas eux, qui avaient déjà fait merveille à Montcornet et Rethel... où notre cher Commandant Bescond avait trouvé la mort le 1er jour ! Cette nuit là (la 11ème !) il a fallu assurer la garde ! Et recevoir l'ordre de faire les pleins afin d'attaquer au petit jour le Dimanche 19 ! Départ de Samoussy à 0 Heure !
Dimanche 19 mai 1940 : Nous exécutons notre mission : faire sauter le pont de Crécy/Serre, au Nord Nord/Ouest de Laon. Mais, en nous rendant sur les lieux, nous avons été tirés par des 105 Allemands dont nous ne parvenions pas à voir les départs ! Ce qui nous interdisait de rendre le moindre coup. Pas plus que nous ne pouvions tirer sur les fort nombreux Stukas hurleurs qui nous piquaient dessus dans l'angle "neutre" laissé par nos armes de tourelle.
Tout chasseur en a fait l'expérience : autant il est fatiguant de marcher dans les champs tant qu'on ne rencontre aucun gibier, autant toute fatigue disparaît dès la première rencontre de gibier. Or, dans la situation où nous étions, non seulement n'avions nous le moindre "gibier" à mettre au bout de nos armes mais bien plus nous étions nous-même gibier !...
Arrivés malgré tout jusqu'à l'objectif (le pont de Crécy à faire sauter et y ayant envoyé quelques obus de 75, j'ai ouvert mon portillon de tourelle pour mieux pouvoir constater si notre mission était accomplie. A peine avais-je sorti le buste qu'arrivaient à nouveau nos damnés "moustiques Stukas" m'obligeant à rentrer dare-dare dans ma carapace ! Je n'avais pas fini de revisser mon portillon que les premières bombes tombaient si près que le souffle, entraînant sans doute poussière et sable (?), ma main droite s'est trouvée curieusement piquée "à sang" !.. sans autre dommage pourtant que l’émotion.
Mission accomplie, donc, je remmène ma section vers Laon, toujours poursuivi et par les obus de 105 et par les Stukas. Je n'ai pas encore dit que nos liaisons radio étaient inutilisables : nous avions pourtant de bons appareils servis par un vrai spécialiste radio dans chaque char (nous étions 4 hommes par char B : un Sous-Officier "Pilote" le mien était un Garde-Mobile, un Caporal-Chef "Aide-Pilote" chargé d'approvisionner le canon de 75 que le "Pilote" dirigeait grâce au viseur qu'il avait devant les yeux et à une direction "Naeder" extrêmement précise permettant de pointer son canon en faisant virer le char dans l'axe duquel le 75 était fixe, un "Radio" et un Officier "Chef de Char") ,,, mais non seulement nos ondes étaient brouillées par l'ennemi mais certains d'entre nous avaient reçu des ordres donnés par le commandement Allemand ... les envoyant là où les attendaient les armes pour les détruire ! ... si bien que nous avions décidé de ne plus utiliser nos radios !...en en revenant au système de liaison "par fanion" adopté pendant la guerre de 14 ! ...
Ayant donc donné "au fanion" l'ordre à mes autres Chars de me suivre en prenant la direction de Laon, je me retourne pour m'assurer que "ça suit" quand je vois avec horreur une bombe Stuka atteignant de plein fouet le devant de mon premier char lequel se trouve littéralement liquéfié par la déflagration formidable ! Je hurle à mon Pilote de foncer plus vite en faisant davantage de zigs-zags. Et je m'efforce de me remémorer les noms des 4 malheureux formant l'équipage du char ainsi liquéfié sous mes yeux ; il n'y a que quelques jours que nous nous connaissons. Puis je me demande si, après tout, il n'y aurait pas éventuellement un rescapé ou deux à secourir ? Je me retourne à nouveau dans ma tourelle ... dans la fente de visée de laquelle je suis ahuri de voir mon brave suivant poursuivre sagement sa route comme si de rien n'était ! Sa liquéfaction" n'avait été qu'une illusion d'optique ! Comme quoi il est imprudent de se fier à ce qu'on a vu... ou qu'on croit avoir vu !
Nous voici donc poursuivant notre chemin de retour quand, tout à coup, je reçois deux coups énormes sur la plaque avant (heureusement particulièrement épaisse : 60 mm d'acier spécialement traité) : ne comprenant pas comment nous pouvions recevoir de tels coups en provenance de Laon vers quoi nous revenions dans "nos lignes", je vise l'endroit de départ supposé avec ma lunette de 47 ... et je découvre une batterie de 75 française que nos "moustiques-stukas" accompagnateurs ont vue avant moi.. qui les bombardent sous mes yeux, en faisant voler en éclats hommes et matériels ! Les malheureux nous avaient pris pour des chars Allemands faisant une attaque combinée avec les Stukas ! ... Il est vrai que nous n'avions pas de cocardes tricolores et que nos artilleurs n'avaient pas de carnets de silhouettes (alors que les Allemands, eux, en avaient !... comme aussi des cartes d'Etat-Major des lieux... alors que nous n'avions même pas de cartes Michelin ! ... ) Ah ! Quelle pitié ! Et quel crime que de s'être aussi mal préparés à une guerre que tout laissait hélas prévoir !
Ce Dimanche 19 mai 1940, mission remplie, nous revenons au point de ralliement convenu. De là nous sommes renvoyés un peu plus loin, non sans avoir dû refaire nos pleins (600 litres chaque fois !). Pour nous y rendre c'est la Nationale que nous empruntons (à peu près cachés des vues aériennes par les arbres). J'en profite pour m'allonger sur mon char, dehors, à côté de la tourelle : Et je m'endors, en pleine marche du char !
Arrivés au point de ralliement du Bataillon, nous ne sommes plus que 3 ou 4 Chars B (sur les 35 que comptait le Bataillon au départ) : beaucoup ont été détruits mais d'autres sont tombés en panne de terrain du fait de nombreux marais à l'entour (les dépanneurs de la CHR vont s'employer à en récupérer).
Alors que réveillé de ce sommeil de plomb je suis en train d'examiner le "beurre" qu'a enlevé chaque coup de 75 reçu tout-à-l'heure, et de bénir le ciel de l'épaisseur et de la qualité de l'acier qui m'avait sauvé la vie, voici qu'arrive un nouvel ordre de la Division : il faut aller dégager une compagnie du 7ème Régiment de Dragons Portés, encerclée dans le village d'Athies, à quelques km au Nord de là où nous sommes. Je suis désigné pour cette mission plus ou moins "impossible" ne serait-ce qu'à cause de l'heure tardive : il n'est pas loin de 21 heures … et si de jour on ne voit guère depuis l'intérieur d'un char, de nuit (même avec le plus beau clair de lune qu'on puisse imaginer, et ce va être heureusement ce dont nous allons bénéficier) on n'y voit pratiquement plus goutte ! N'oublions pas l'état de fatigue dans laquelle nous sommes tous Et il n'en faut pas moins assurer encore cette mission là ! Comme il se trouve que nous disposons d'un stock de munitions j'en profite pour charger une invraisemblable quantité d'obus de 47 : nous en remplissons tous nos casiers et en mettons en vrac à même le plancher : ce sont ainsi 72 obus de 47 que nous emportons en plus des chargeurs de mitrailleuses Reibel (nous en avons 2 à bord : une dans l'axe du 75, servie par le Pilote, l'autre en tourelle jumelée avec le 47 et servie comme le 47 par le Chef de Char, moi en l'espèce). Je dis à mon Radio qu'il est inutile (c'était un jeune engagé volontaire et, comme dit plus haut, nous savions qu'on ne pouvait compter sur nos liaisons Radio, brouillées et interceptées par l'ennemi) ; nous refaisons les pleins (c'est la 3ème fois depuis 0 Heure le matin, ce sont ainsi 3 x 600 Litres 1.800 litres d'essence... auxquels je vais bien souvent repenser avec regret par la suite ! Quelle fortune !), et nous sommes à ce point "crevés" de fatigue que nous ne revissons même pas les plaques au dessus du moteur ! ... ce qui se fait bien sûr par l'intérieur et exige des efforts que plus aucun de nous n'est capable de fournir !...
Je grimpe sur le char et donne ordre de départ. Quelle n'est pas ma surprise quand je descends un peu plus tard dans ma tourelle de trouver à son poste mon petit Radio : il n'avait pas voulu se désolidariser de notre équipe ! Engagé volontaire, il l'était en effet. Et le restait ! La preuve !
Nous entrons dans Athies sans coup férir et prenons contact avec le Capitaine dont la Cie est encerclée. "L'ennemi est appuyé sur le remblai de la ligne de chemin de fer et son point fort est la maison de la Garde-Barrière d'où vous voyez les balles traçantes qu'ils nous tirent, passant à côté sur la "route qu'il va vous falloir prendre pour les déloger. Mais attention, ils ont fermé la barrière ! je ne sais si vous allez pouvoir passer !" Quelle rigolade ! Pensez : une barrière ? Qu'est-ce que ce peut opposer à nos Chars de 32 tonnes avec 300 CV de puissance ???
Nous voici donc nous engageant dans cette rue dans la gerbe des balles traçantes éclairant la nuit et sonnant sur notre blindage comme de la vulgaire grêle. Seulement, ce qu'il y a d'essentiellement nouveau, c'est que cette fois nous voici devenus chasseurs approchant du "gibier" que nous savons là à notre portée !. Tout ce que nous avons dû supporter jusque là nous monte dans la tête : c'est la terrible folie de la vengeance qui nous envahit, le désir aveugle de tuer pour venger ceux qui sont morts et que nous n'avions pas eu la possibilité de venger faute d'avoir un seul ennemi devant nous !
Bien sûr que cette malheureuse petite barrière "de théâtre" n'a pas offert la moindre résistance elle s'écrase comme fétu de paille. Nous nous arrêtons en plein milieu de la voie, face à la maison de la Garde-Barrière et, comme j'en avais donné instruction à mon Garde-Mobile Pilote, il tire dans la porte avec notre 75 pendant que je m'apprête à tirer dans les fenêtres avec le 47 ! Mais, au premier coup de 75 dans la porte, tout saute et les "Boches" sortent de partout de la maison ! C'est alors ma mitrailleuse Reibel (800 coups /Minute) qui entre en action en fauchant tout ce qui bouge ! Quelle hargne ! Et - oh horreur – quelle volupté de tuer, de mitrailler, d'écraser de nos meurtrières chenilles, de semer la mort ! Quel abominable carnage !...
Nous avançons de façon à mitrailler tout le long du remblai, tant à droite (vers Reims) qu'à gauche (vers Laon) et, comme plus rien ne bouge (du moins pour autant que nous soyons capables de le constater au travers de nos fentes de visée), je décide, excité par cette victoire incontestable et, sans doute, par l'odeur de la poudre, de pousser plus loin chez l'ennemi dans l'espoir de trouver quelques "arrières" voire Etat-Majors à détruire ? (Je prenais là un risque certain car je débordais, ce faisant, ma mission consistant seulement à dégager le 7ème RDP, après quoi j'avais ordre de revenir au point de ralliement d'où j'étais parti !).
Toujours est-il que, après avoir franchi quelques km (2 ou 3 ?) sans rien rencontrer qui se manifeste d'aucune façon, je donne alors ordre à mon Pilote de faire demi-tour pour rentrer comme prévu. C'est là que se produit le drame : mon Pilote, au lieu de se servir de sa direction Naeder lui permettant de pivoter sur place (une chenille avançant pendant que l'autre recule), faute de connaître suffisamment les possibilités extraordinaires de ce char B1bis (avec lequel il n'a pas eu possibilité de s'entraîner) procède ici comme avec une auto : il recule en marche arrière et sort de la route bitumée ... pour tomber de l'arrière dans le marais bordant la route ! ... Je hurle de tout stopper et me précipite aux commandes, mais j'aurai beau m'y prendre avec toute la douceur possible je n'arrive pas à remettre notre "monstre" trop lourd sur la route : j'ai beau faire, nous nous enfonçons irrémédiablement de l'arrière ! Tout est fichu Nous voilà "pris au piège de ces fichus marais, dont nous connaissions pourtant l'existence dans la région. Quelle pitié que mon malheureux pilote n'ait pas eu la chance de s'entraîner pratiquement faute de matériel disponible là encore : Toujours la même et désastreuse raison !
Nous en sommes là, prisonniers de notre engin en plein chez l'ennemi, quand des coups de feu retentissent à hauteur de la tourelle : j'y bondis et, virant ma tourelle vers l'arrière du char, voici que, dans ma lunette du 47 et à bout portant, je vois la tête d'un Allemand qui grimpe sur le char, tente de tirer dans les fentes !... Quel culot malheureux homme ! Je lui lâche une rafale de ma Reibel en "pleine poire" : elle le projette en arrière ! C'est le seul homme que j'aie tué ! Je vois encore sa tête avec sa moustache, en pleine lumière d'une lune éblouissante ! (Si seulement il avait eu l'idée de soulever une des plaques sur lesquelles il était grimpé, il mettait le feu à notre char et nous serions tous 4 morts à sa place !)
De longues minutes passent sans que plus rien ne bouge. Quand, tout à coup. non sans qu'un de ces abominables et indiscrets Henschel d'observation ne nous ait fait entendre le bruit caractéristique de son moteur ce qui voulait assurément dire que nous étions repérés sous cette si terrible lune) que nous recevons de brutaux coups nous cognant sur 'tribord' ! Je prends mon 47 et, tant bien mal tant le char est de travers, je pointe ma lunette vers l'origine supposée des départs.
J'attends un autre départ, dont je repère la flamme explosant dans la nuit, et je tire à mon tour sur cette flamme ... avec la chance incroyable d’exploser une première blindée dont le feu m'éclaire toute une colonne rangée là touche-touche sur la route (j'ai pu repérer plus tard que c'était celle de Laon à Vervins ), colonne que je n'ai plus eu qu'à tirer … comme à la foire, en sautant les "impairs" à l'aller pour les reprendre au retour (je voulais les empêcher de défaire la si-bien-rangée" colonne !) j'ai tiré là mes 72 coups de 47 !. A raison de 2 ou 3 par blindé, je pense en avoir détruit de l'ordre de 27 : ça brûlait sur 300 mètres !
Au moins, puisque nous étions fichus, aurions-nous bien vengé notre peau !
Mais comme plus rien ne bougeait, j'ai eu tout-à-coup l'idée de profiter encore mieux du carnage que nous venions de faire chez l'ennemi : puisqu'ils nous écoutaient sur notre longueur d'onde radio, et que mon petit Radio était là, il allait servir lui aussi ! Je lui demande d'envoyer en clair un message disant : "Mission parfaitement accomplie. L'ennemi est en déroute. Occupons tout le terrain. J'entends le radio s'affairer. Il me rend compte ensuite : "Message envoyé, mon Lieutenant, j'ai juste ajouté "SOS !!!"
Bref, nous voici, tous 4 enfermés dans notre carapace d'où tout laissait entendre que nous n'avions plus la moindre chance de sortir vivants. Quant à moi, ayant cédé la place de surveillance dans la tourelle à mon Cal-Chef, j'étais effondré sur le plancher revoyant passer toute ma vie, tout comme n'importe quel Romancier le décrit de celui qui va mourir !...
Sur quoi, le Cal-Chef nous annonce que la lune est couverte ! "Que fait-on mon Lieutenant ?"
Moi, soumis à ces 3 paires d'yeux qui me transpercent dans le petit éclairage de nos lumières de bord : "Que voulez-vous faire ? voulez-vous tenter de sortir ???"
Eux, d'une seule voix : "Comme vous en déciderez mon Lieutenant !"
Ah ! Quelle responsabilité, là encore ! Il est évident que j'ai la vie de mes 3 compères entre mes mains. Après tout, foutus pour foutus, je décide de "plonger" ! Je remonte dans la tourelle non sans avoir ouvert les robinets des réservoirs et avoir demandé à mon Garde-Mobile "tireur'' de placer dans le fut du 75 la "grenade spéciale" pour le faire éclater (comme le prévoit le Règlement) ,,, ce qui m'a fait découvrir ... qu'un obus était à demi-engagé dans notre 75, qu'il était impossible d'arracher, sans doute coincé qu'il avait été par une balle entrée dans le canon pendant l'attaque de la voie ferrée à Athies ! Quel pot là encore ! Car notre obus avait sa fusée de rupture vissée dessus ... que tout pouvait faire exploser ... nous avec, bien sûr Cette chance inouïe s'ajoutait encore à une autre du même ordre : pendant que je tirais avec mon 47, j'ai eu un ''long feu". Mon coup n'étant pas parti, j'ai armé à nouveau. Toujours rien. Je décide alors de changer d'obus, et, au moment où j'ouvre la culasse le coup s'est "décidé" ! ... l'obus partant heureusement en avant pendant que seul le culot partait en arrière tournoyant dans la tourelle ! ... mais sans blesser personne ! C'était déjà là la marque de la "baraka" dont j'allais bénéficier pendant les mois et années qui vont suivre.
Ayant pris toutes les dispositions en notre pouvoir pour assurer la destruction de notre char, ce dont sera chargé le Sous-Officier qui sortira le dernier, j'entre-ouvre mon portillon de tourelle (la seule ouverture non encore condamnée, "plancher" dans le marais, coincé par le poids du char ; porte latérale sans doute bloquée par les coups de canon reçus et impossible à ouvrir) et, le "trouillomètre à zéro", je fais passer mon casque au bout de la main, en l'agitant en différents sens, persuadé que je vais recevoir une rafale !...mais rien ne se passe ! C'est le silence complet ! Sur quoi je prends ce qui me reste de courage "à 4 mains" et je me glisse dehors, en attrapant la Reibel de tourelle (que nous avions démontée dans ce but) avec laquelle je m'installe assis sur la tourelle et prêt à tirer en toute direction. Je fais alors sortir le Radio, qui sort comme une anguille et saute terre. Puis sort le Caporal-Chef, lui-même un peu gros et maladroit : en sortant il glisse sur les tôles en pente et décroche la lourde barre qui sert à soulever nos 32 Tonnes en cas de besoin ! chahut infernal de cette lourde barre tombant sur la chenille de tribord !
On imagine à quel point mon doigt était crispé sur la gâchette de ma lourde mitrailleuse, prêt à "couvrir" mes gars si on les prenait pour cible. Mais oh stupeur, rien ! Pas le moindre bruit (alors que notre colonne brûle à 500 mètres de là en nous éclairant, même à cette distance Comme Laon aussi brûle à l'ouest) Bref, rien ne se passant, je descends à mon tour et nous nous écartons tous pour attendre notre dernier camarade, chargé de mettre le feu à l'essence répandue dans tout le char.
Sur quoi nous voici repartis direction Sud, mais en évitant, bien sûr, de repasser par la route et la barrière de chemin de fer où nous avions fait notre carnage. A chaque fourré, j'étais prêt à tirer, pistolet au poing ! Mais nous n'avons eu aucune rencontre tout au long de ces quelques 2 heures de marche, d'autant plus pénibles que nous marchions sur un sol boueux quand il n'était pas marécageux ! et que nous portions notre lourde Reibel et 3 chargeurs (sauvés du "naufrage"). Tout le long de ce pénible périple nous étions guidés par les 2 lumières celle au Nord, de notre colonne de blindés en flammes, et celle, à l'ouest, de ce malheureux Laon flambant aussi !... Seules quelques balles sifflaient au-dessus de nos têtes, ne nous faisant que peu d'impression après les obus de 105 reçus toute la journée, et surtout les bombes des Stukas plus paniquant que n'importe quoi !. Ayant repassé la voie de chemin de fer au bout de cette longue marche, et ayant rencontré une route nationale bitumée allant d'ouest en est, nous l'empruntons, puis prenons la première "à droite" se dirigeant vers le sud. Au bout d'un km ou deux (il doit être de l'ordre de 4 ou 5 heure du matin), je décide que si nous ne sommes pas "chez les Français", nous n'y serons jamais. Nous avançons donc "à découvert" sur le bitume. Tout-à-coup un bruit bizarre provenant d'une lisière de forêt sur notre gauche : comme un klaxon de moto ! Réflexe de nous 4 aussitôt piquant du nez dans le fossé. Nous mettons notre Reibel en batterie et je décide de tenter d'avancer seul, étant entendu que mes 3 autres ouvrent le feu si on me tire dessus. Et me voici me relevant (dans le jour pointant) et hurlant aussi fort que possible : " Ne tirez pas ! Officier français : je viens me faire reconnaître !" (imaginez mon "trouillomètre" !) Sur quoi bruit caractéristique de la culasse d'une mitrailleuse qu'on arme ! ... et le mot de la délivrance : "Avance !" C'était donc la fin de cette fantastique première aventure que me faisait vivre cette guerre. (Ce ne sera pas la dernière !)
Nous sommes maintenant le 20 mai au matin ! Et je n'ai toujours pas dormi depuis le 8 ! ... sauf la seule heure ou deux sur non char en rentrant de Laon. On comprendra que je ne vise qu'à D O R M I R ! Je n'en peux littéralement plus ! D'autant que nous n'avons pas été nourri non plus : nous avons tenté de "compenser" en buvant (Beaucoup de Cognac récupéré dans les caves. Bref, c'est dans un side-car qu'on me reconduit en arrière je suis incapable de dire où ni comment je me suis retrouvé dans une petite maison abandonnée par ses habitants, où je me suis jeté sur un lit dont les draps ex-blancs étaient gris de crasse ! Je ne me soutiens pas d'avoir jamais dormi d'un aussi profond et réparateur sommeil ! ( Moi qui jusque là, croyais qu'on ne pouvait pas vivre sans un bain chaque matin !... )
Ce qui m'amène à ce fameux 21 Mai où j'apprends que, maintenant que je n'ai plus de char, je suis nommé "Officier de Liaison" entre la 6ème Demi-Brigade (Colonel Sudre) et... et qui ? Le colonel de Gaulle commandant cette 4ème Division Cuirassée (dont je ne savais pas faire partie) !…
Et c'est ainsi que je me suis trouvé doté d'un side-car avec un certain Rabb comme chauffeur (le frère d’un Jockey fort connu et que j'ai été conduit par ses soins dans cette propriété de Mr Tirant de Bury (Père de l'actuel), où j'ai la surprise émerveillée de retrouver mon ancien instructeur des E.O.R. de Tours, le maintenant capitaine faisant partie de l'Etat-Major du colonel de Gaulle, qui, me reconnaissant, me réserve l'accueil le plus chaleureux. Je lui raconte brièvement l'enfer d'où je sors. Mais le temps presse : une voiture de la Radio Française est dans la cour qui se prépare à enregistrer une déclaration du fameux de Gaulle (connu par ses livres ) prônant l'importance des Divisions Cuirassées. Et le voici, qui déclare "majestueusement" le texte que l'on connaît ! Quelle autorité en un tel moment !
Les yeux écarquillés, je n'en crois pas mes oreilles Ainsi, tout n'est pas "foutu" comme tout me le laissait croire l'instant d'avant ? Il y a des choses qui marchent en France (témoin ce camion et ce journaliste Alex Surchamp qui a trouvé moyen de nous retrouver dans ce petit bled !) Et cet incroyable de Gaulle qui parle comme s'il dominait la question ! – Et mon cher ex-Lieutenant-Instructeur (qui m'avait durant mon Service, fait la plus grande impression... au point que j'avais failli me lancer dans la carrière militaire, tant j'avais d'admiration pour un si brillant Officier).
On comprendra que, quand Alex Surchamp me proposa de raconter mon ahurissante aventure de l'avant-veille (sur la suggestion du Cne Viard), je n'ai pas hésité une seconde, dans la mesure même où cela allait peut-être redonner courage à d'autres Français prêts d'être bousculés eux aussi par l'ennemi !
Et voilà comment j'ai eu l'honneur invraisemblable, moi petit civil mobilisé peu avant, d'être enregistré derrière Charles de Gaulle la première fois qu'il parlait à ce qu'on appelait alors la T.S.F. (Télégraphie Sans Fil).
N'oublions jamais tout ce que nous lui devons, autant qu'à nos Alliés, Britanniques d'abord, qui ont supporté le choc premier, derrière nous, Américains ensuite, grâce à qui, en effet, la Mécanique, servie par des hommes d'un courage indomptable, a fini par triompher, tout comme l'avait, ici même et dès le 21 mai 1940, prédit Charles de Gaulle, dans cette si belle cour d'une si belle propriété.
JOURNAL DE ROUTE
DU LIEUTENANT BRESSON
Raymond Bresson (1912-2006)
Chevalier de la Légion D’Honneur
Chef d’Escadron Honoraire de l’Arme Blindée
Campagne de France mai - juin 1940
Le 46ème Bataillon de Chars de Combat a été mis sur pieds par le dépôt 506 de Besançon en novembre 1939 à partir d’éléments prélevés sur les 16, 17 et 18ème Bataillons et sur le dépôt, puis envoyé au camp de Mesves sur Loire où il avait commencé à recevoir des chars R35. En janvier 1940, il fut transformé en Bataillon de Chars de Bataille armé de chars B1 bis de 32 tonnes. Le Commandant Jalot fut remplacé par le Commandant Bescond, et le Capitaine de la 1ère Cie par le Lieutenant Bibes, précédemment au 511 à Bourges.
La plupart des Officiers réservistes du Bataillon d’origine effectuèrent un stage du 12 février au 9 mars à Versailles pour s’initier aux chars B1 bis. Une douzaine de jeunes Officiers, des Sous-Officiers et des spécialistes arrivèrent de Bourges.
La plupart étaient d’origine Franc-comtoise et Alsacienne, avec des minorités notables de Bourgogne, Auvergne et Champagne. Les réservistes et appelés étaient très largement majoritaires parmi la troupe et constituaient au moins les 2/3 des Officiers.
Les chars Renault B1 bis et la majorité des matériels ont été touchés de fin février à début mai, certains matériels le seront jusqu’au 15 mai. Un seul exercice de tir a pu être effectué le 8 mai à La Chapelle d’Angillon et à cette occasion le seul déplacement sur route. Le camp de Mesves ne permettait seulement que des exercices de section.
Vendredi 10 mai :
Au cours de la réception d’un détachement du 46 par la marraine Madame Viollet à la Société Byrrh à Thuir, le Commandant Bescond fait part de la nouvelle qu’il a reçue du déclenchement d’une offensive Allemande.
Samedi 11 mai :
Formation de la 4ème Division Cuirassée, commandée par le Colonel de Gaulle et dont le "noyau dur" est constitué par la 6ème ½ Brigade du Lieutenant-Colonel Sudre comprenant les 46ème et 47ème Bataillons de chars B1 bis.
Dimanche de Pentecôte 12 mai :
Entrée de l’armée Allemande en France.
Lundi 13 mai :
Fête du Bataillon à Mesves sur Loire : revue par le Colonel Sudre, remise du Fanion au Commandant, présentation à la marraine Madame Viollet, services religieux et repas. A 13h le Bataillon est alerté. Il doit se tenir prêt à faire mouvement.
Mardi 14 mai :
Alertée à 12h la ½ Brigade donne l’ordre d’embarquement, confirmé par écrit dans la soirée. L’État-Major de la ½ Brigade et le 46 partiront de La Charité sur Loire en 6 trains échelonnés de 5 à 6 heures les 15 et 16 mai. Pour le 46, l’ordre d’embarquement sera : Etat-Major et détachements précurseurs, 1ère compagnie, 2ème compagnie, 3ème compagnie, compagnie d’Échelon à qui il reste encore du matériel à toucher à Gien.
Nuit du 14 au 15 mai :
Restitution des cantonnements, chargement des véhicules, pleins, graissages perceptions diverses, constitution des colonnes qui gagnent les zones d’attente fixées pour l’embarquement.
Mercredi 15 mai :
A 9 heures départ de La Charité sur Loire du 1er train, celui des États-Majors et des détachements précurseurs. Les destinations successives seront : Creil, Longueau, Montdidier, Laon et, finalement Crouy 3 km au nord est de Soissons.
Jeudi 16 mai :
Embarquement des 2 derniers trains, essentiellement la Cie d’Échelon, vers 10 et 15 heures avec les 3 chars de remplacement de la C.E. et celui du Commandant. Débarquement à Crouy, terminé à 16h30 pour la 1ère Cie, à 20h pour la 2ème, et à 23h pour la 3ème. Les 1ère et 2ème Cies gagnent la forêt de Samoussy par Chavignon, Urcel, Athies sous Laon. La 3ème Cie se dirige vers le pont sur le canal de l’Aillette.
Vendredi 17 mai :
La Cie d’Échelon et notamment la Section de remplacement avec le char du Commandant l’ARMOR, ne débarquera à Crouy que vers le milieu de la journée. A 4h attaque des 1ère et 2ème Cies en direction de Montcornet par Gizy, Liesse, Chivres, Bucy, Clermont les Fermes. Les chars R35 du 24ème B.C.C. et D2 de la 345ème C.A.C.C. participent à l’attaque, les R35 à Chivres, les D2 à gauche du 46ème B.C.B. après Chivres. Sur la droite, vers Sissonne, d’autres R35 des 24ème et 2ème B.C.C. attaquent.
La 1ère Cie est en tête, le Commandant est à bord du char SAMPIERO-CORSO de la 2ème Cie, en tête de celle-ci, son char, l’ARMOR n’étant pas arrivé.
Dès le débouché 5 chars s’enlisent à Gizy dont les 3 de la 3ème Section du Lt. Pellerin. A Chivres les R35 du 24ème B.C.C. ont arrêté une colonne ennemie transportant des munitions d’artillerie. Un camion de munitions brûle et explose sur le pont à l’entrée de Chivres. Le 1er char, le D’ARTAGNAN du Lt. Anderruthy et du Sgt-chef. Dumonteil ne peut passer ni ouvrir le passage.
Le Commandant Bescond prend alors la tête de la colonne à bord du char BERRY AU BAC de la 2ème Cie et, après avoir dispersé au canon les restes du brasier, entraîne la douzaine de chars vers Moncornet.
L’attaque progresse sans difficultés majeures, panne mécanique momentanée du char du Commandant de la 1ère Cie et accident de terrain de celui du Commandant de la 2ème qui est un peu "sonné". L’aile gauche du Bataillon est aux abords de Montcornet avec les D2 à sa gauche. Le centre et la droite s’échelonnent jusque devant La Ville aux Bois. Peu de réactions ennemies, que de violents bombardements aériens causant des dégâts relativement mineurs. Vers 11h tous les chars rallient Bucy pour faire les pleins et procéder à quelques réparations.
A Chivres, après le passage des chars, des résistances se révèlent de la part des rescapés de la colonne cachés ou faisant "les morts" et d’attaques d’automitrailleuses légères venues du nord ouest. Les États-Majors de la ½ Brigade et du 46e ainsi que les éléments avancés des Sections d’Échelon sont pris à partie. Des chars dont l’ALBERT 1er du Lieutenant Legret protègent les liaisons entre Bucy (où le Colonel Sudre est parvenu) et l’arrière.
Vers 11h la 3ème Cie, précédemment en attente au pont sur l’Ailette arrive à Chivres , à peu près en même temps qu’une Compagnie du 4ème B.C.P. acheminée par autocars. Les 3 chars de la Section Forrer de la 3ème Cie aident les Chasseurs à nettoyer Chivres.
Au retour, le CAMBRONNE s’enlise en bord de route. Par ailleurs, le CRAONNE tombe en panne de transmission (1/2 arbre). Un 3ème char ayant des ennuis mécaniques momentanés, ce sont 7 chars de la 3ème Cie qui gagnent Bucy vers 15h et prennent position à environ 1km au sud ouest du village.
Les 1ère et 2ème Cies subissent, alors un bombardement aérien, sans dégâts notables. A 14h, le Commandant avait préparé une deuxième attaque. Deux chars, hors d’état de combattre, le JEAN MERMOZ et le SAINT MICHEL n’y participeront pas, deux chars D2 de la 345ème C.A.C.C. constitueront l’aile gauche.
Au début, l’attaque semble tomber dans le vide, elle dévie vers la droite. Le char DUGUESCLIN du Lieutenant Schmidt canonne le clocher de La Ville au Bois.
Des faux messages sont passés par les Allemands.
Le BERRY AU BAC à bord duquel est le Commandant, tombe en panne de direction (pompe Henry) et passe un vrai message. Les chars DUGUESCLIN, SAMPIERO-CORSO du sous Lieutenant Henrion et le VAUBAN du Lieutenant Demonet se portent à son secours. Le Commandant Bescond, son radio et son mécanicien prennent place à bord du SAMPIERO-CORSO, le pilote et l’aide-pilote à bord du DUGUESCLIN.
Le SAMPIERO-CORSO recule et fait sauter au 75 le BERRY AU BAC dont la porte a été laissée ouverte.
Une contre-attaque ennemie se déclenche alors, atteint dans la soute à munitions, le SAMPIERO-CORSO explose, ses 8 occupants sont tués : Cdt. Bescond, Lt. Henrion, Sgt. Mousset, Sgt. Vaille, Capl. Durand, Chas. Lauxeur, Chas. Richard, Chas. Robellet.
Le VAUBAN, touché est hors de combat. Le Lieutenant Demonet est blessé, le Sergent-chef de Couesnongle et les Chasseurs Benevent, Becherau et Fontaine sont faits prisonniers. Le Lieutenant Gougelot, Officier de transmissions du Bataillon, porte, en side-car un ordre au Commandant, croisant le DUGUESCLIN il prend avec lui le Sergent Signol du BERRY AU BAC, on ne les reverra plus : ils seront fait prisonniers. Vers 20h, les chars des 1ère et 2ème Cies regagnent Bucy. Le D’ARTAGNAN du Lieutenant Anderruthy de la 1ère Cie se renverse sur la tourelle dans une coupure de terrain (route en déblai), un autre se serait enlisé le PORTHOS ?
Deux chars, dont l’ATHOS de l’Adjudant-chef Poupenez sont en alerte au centre du village. Les 7 chars de la 3ème Cie sont portés à 1km au sud ouest.
A la tombée de la nuit vers 21h, 3 événements presque simultanés :
1- Repli précipité d’un petit groupe d’Artillerie ;
2- Ordre de repli sur la Forêt de Samoussy apporté par un motocycliste et transmis verbalement ; les 2 chars, en alerte se portent face à l’ennemi. L’ATHOS tombe en panne d’essence à l’orée d’un bois au nord de Bucy et le «LYAUTEY du Lieutenant Solier tombe en panne mécanique à la sortie ouest de Bucy ,il sont désarmés et incendiés.
3- Harcèlement ou, au moins reconnaissance ennemie.
Trois chars de la 3ème Cie, le GENERAL MONHOVEN, le MANGIN et le CHASSEUR EUTZINGER, non touchés par l’ordre de repli, restent sur place, les membres des équipages se relayent dans la tourelle et au poste de conduite, conformément aux ordres reçus. Ils entendent les bruits de moteurs à Bucy, quelques rafales de mitrailleuses, distinguent une ou des fusées, puis, tout se calme très vite.
Une dizaine de chars se regroupent à Chivres et regagnent la forêt de Samoussy où ils retrouvent 4 des 5 chars enlisés le matin à Gizy, dépannés par la Cie et 2 ou 3 arrivés individuellement. D’autres les rejoignent, vers minuit, ils sont environ 18.
Samedi 18 mai :
Le Capitaine de Chalain prend le commandement du Bataillon. Le Lieutenant Cottenceau devient chef de l’État-Major, le Lieutenant Riou de la 1ère Cie devient officier des détails et est remplacé à la Section d’Échelon de la 1ère Cie par le Lt Mayer.
Au petit jour après avoir, en vain, cherché une liaison radio, les 3 chars de la 3ème restés près de Bucy, se replient sur Chivres, croisant, à la sortie de Bucy un char du Bataillon désarmé puis détruisant d’un coup de 75, un véhicule ennemi, venant en sens inverse, qui explose et dont les occupants disparaissent dans la nature. A Chivres, le Capitaine du 4ème B.C.P. qui tient le village avec un seul canon, demande au Lieutenant Bresson de le couvrir avec ses 3 chars.
L’équipage de l’ATHOS ayant décelé une présence ennemie et perdu tout contact avec le Bataillon met le feu au char et rentre à pied non sans essuyer des tirs d’armes automatiques jusqu'à Chivres.
En milieu de matinée, les 3 chars font une sortie en direction d’éléments motorisés ennemis qui progressaient sur la droite et qui se retirent vers Sainte Preuve.
En fin de matinée, les 4 chars de la C.E. et du commandant qui, débarqués la veille sous le commandement du Lieutenant Kressmann, avaient été requis par la Place de Laon pour assurer sa sécurité, rejoignent le Bataillon.
Vers 14h un char de la 3ème Cie vient rechercher les 3 chars du Lieutenant Bresson et regagne avec eux la forêt de Samoussy.
Ce sont donc 25 chars qui, après entretiens et petites réparations, seront disponibles pour le lendemain.
Intense activité de l’aviation ennemie, sans bombardements, infiltrations ennemies nécessitant, dans l’après-midi, patrouilles et reconnaissances.
Vers 19h, les éléments sur roues sont repliés sur Laval.
Vers 23h, arrivée de l’ordre d’attaque pour le lendemain. Reconnaissance du trajet pour le débouché avec seulement quelques chefs de Section en l’absence du Capitaine commandant la 3ème Cie.
Dimanche 19 mai :
Départ à 2h de la forêt de Samoussy, arrivée à 4h sur la base de départ, environ à 5km au nord de Laon. Elle est encombrée, car, outre les Chasseurs du 4ème B.C.P. qui vont nous suivre, les D2, les R35 et des Cavaliers, avec des Somua, participent à l’attaque.
Les 3 chars de la C.E. et l’ARMOR du Commandant viennent en renfort des 1ère et 2ème Cies qui n’ont plus que chacune 6 chars.
Le débouché a lieu à 4h15 : 1ère Cie en tête à gauche ; 2ème Cie, 5 minutes plus tard, au centre ; 3ème Cie immédiatement après à droite, Section de droite en Échelon refusé au départ. Dispositif très serré au départ, mais très étalé sur le 1er objectif : Chery les Pouilly, cote 102, atteint vers 5h30 et légèrement dépassé sans réaction notable de l’ennemi.
Les pleins sont faits, en terrain découvert et les bombardements aériens commencent. L’attaque reprend vers Chalandry et la Serre, de Crecy sur Serre à Mortiers. Des antichars sont neutralisés à Chalandry, le pont de Mortiers est atteint en fin de matinée par 3 chars. L’attaque piétine. De faux messages sont passés par l’ennemi. Les ordres sont transmis par agents de liaison, voire donnés verbalement, par les chefs, du Colonel de Gaulle lui-même, aux chefs de Sections.
Dans l’après-midi, 2 chars de la 2ème : le SAINT-MICHEL du Lieutenant Gohin et le BEAUMANOIR du Lieutenant de Feydeau, sont pris à partie par des Somua venus de Chery les Pouilly, ceux ci ne connaissaient pas les chars B et se croyaient attaqués par l’est. Perforés par les obus de 47, les 2 chars sont hors de combat. Le sous-Lieutenant Gohin et le radio Colbert sont mortellement blessés, le mécanicien Jung sérieusement blessé. Ils sont secourus par le Sergent Martin et l’aide-pilote Fosse, moins atteints. A bord du BEAUMANOIR, le radio Gironnet est tué.
L’aile droite arrête par ses tirs des éléments ennemis sur la route de Marle et est prise à parti par des pièces d’artillerie. Le CHASSEUR EUTZINGER est déchenillé.
L’équipage du DUGUESCLIN retrouve l’ARMOR défoncé par des obus de 105 (?) avec, auprès de lui, le radio Deschamps, mort, un filet de sang au nez. Le Lieutenant Ballot, descendu de char, près de Barenton est mortellement blessé par une arme automatique alors qu’il se trouvait près du Lieutenant Pellerin. Il est évacué en side-car par le Lieutenant Buchsenschutz.
Notre Artillerie tire trop court, et, se repliant pour venir aux ordres, le Capitaine Menet, à bord du MAGINOT, pris à partie par elle se fait reconnaître en brandissant, par la porte entrouverte un journal français.
Vers 16h, le Colonel Sudre apporte l’ordre de repli. Le regroupement du Bataillon s’amorce sous les bombardements aériens à partir de 17h près de la sucrerie d’Aulnois. Le GASTON DE FOIX est touché, 2 blessés.
Peu avant la nuit, le Lieutenant Kressmann reçoit la mission de dégager, au profit des Cavaliers du 7ème R.D.P. (?) avec son char le FAIDHERBE et le MARECHAL PETAIN de l’Aspirant Roblot, Athies sous Laon et Chambry en direction de Marle. Mission accomplie, destruction d’une colonne blindée ennemie, mais en faisant ½ tour, le char du Lieutenant Kressmann reste enlisé sur le bord de la route. A la nuit, les chars du Bataillon sont regroupés à Urcel. Le dernier, le DUGUESCLIN, n’arrivera qu’au petit jour, le 20.
Lundi 20 mai :
Dès le matin, des infiltrations ennemies conduisent à organiser des patrouilles et des reconnaissances. Des méprises sont évitées de peu. 3 chars de la 3ème Cie protègent le P.C. du Colonel Sudre à Laval et y couvrent le repli, par le village, d’éléments de la 4ème DCR.
En début d’après-midi, un individu en uniforme douteux, s’approche gesticulant et semblant demander du secours. Le Chasseur Chichera se porte à sa rencontre. Il est aussitôt abattu d’une rafale de mitraillette par l’individu qui réussit à s’enfuir dans les bois avant que personne n’ait eu le temps d’intervenir.
A 15h, début du repli vers Crugny par : canal de l’Ailette, Pargny, Chemin des Dames, Vailly, canal de l’Aisne, Chassemy, Braine, Mont notre-Dame, Chery-Chartreuse, Dravegny, Arcy le Ponsart.
Au passage du canal de l’Ailette, alors que le pont doit sauter et que l’ennemi commence à harceler les arrières, deux chars gravement endommagés : le CHEF D'ESCADRON BOSSUT de la 3ème et le LIEUTENANT DE GISSAC de la 1ère sont désarmés et abandonnés. Repli couvert par le DUGUESCLIN et le TURENNE.
Mardi 21 mai :
Route de nuit pénible, les équipages s’endorment aux arrêts. Arrivée des chars à Crugny entre 1h et 4h.
La journée du 21 est consacrée par les dépanneurs des Compagnies et les membres "non embarqués" des équipages à l’entretien et à quelques réparations. La C.E. est peu présente, pas assez, sans doute. Les équipages les plus sollicités pendant les 4 jours précédents ayant un gros retard de sommeil sont au repos.
Dans la soirée, ordre préparatoire de mouvement pour le lendemain : les 2 ou 3 jours de repos se réduisent à 24 heures.
Mercredi 22 mai :
Vers 11h : ordre de mouvement vers Compiègne. Départ prévu : 15h, en fait, échelonné de 16h30 à 18h. Itinéraire : Crugny, Arcis le Ponsart, Corcy, forêt de Villers-Cotterêts, Observatoire Mangin, forêt de Compiègne.
Arrivée à 23h à 2km Ouest de La-Croix-St Ouen.
Le Lieutenant Clave quitte la 3ème Cie pour devenir Officier de transmission du Bataillon. La nouvelle se répand que le Colonel de Gaulle est nommé Général.
Jeudi 23 mai :
Stationnement en forêt de Compiègne, nombreux bombardements aériens sans dégâts.
Des pannes survenues au cours du dernier déplacement nécessitant des réparations et des mises au point.
On peint des cocardes tricolores sur les chars, on distribue des fanions tricolores du T.C.F. et des chaînes de pompes "Henry" qui ont une propension à sauter.
A 12h, le Capitaine, Chef de Bataillon par intérim, est convoqué à Pierrefonds au P.C. de la 4ème DCR.
A 17h ordre préparatoire de mouvement. 21h45 ordre de départ. 23h départ de la colonne vers le nord ouest : La-Croix-StOuen, franchissement de l’Oise, Canly, Remy, Moyenneville, Wacquemoulin, Tricot, Montdidier, Grivennes, Ainval, Septoutre.
Vendredi 24 mai :
Arrivée vers 6h. Stationnement : E.M., 1ère et 2ème Cies à Ainval, 3ème Cie et éléments avancés de la C.E. au bois de la Morliére. Vers 13h bombardement aérien à 1500m.
Entretien du matériel et repos.
Samedi 25 mai :
Stationnement, la Section Schmidt assure la surveillance vers le nord et le nord est. Le sol est détrempé, il faut désembourber les camions. Survol de bombardiers mais pas de bombes pour le Bataillon.
A 11h le Capitaine Menet est emmené au P.C. du Bataillon par le Lt Cottenceau. A 14h ordre de passer 2 chars de la 3ème à la 1ère Cie avec leur pilote comme aide-pilote. A la demande des équipages, le Capitaine Menet et le Lt Bresson rencontrent le Capitaine de Chalain, l’ordre est annulé.
Vers 16h : ordre préparatoire de mouvement, rassemblement des Commandants de Compagnies. Départ prévu : 21h30. A 22h30 les 1ère et 2ème Cies partent vers l’ouest, itinéraire : Ainval, Esclainvilliers, Quiry, Paillart, Esquenoy, Villiers-Viconte, Cormeilles, Fontaine, Lavaquerie, Thoix, Offroy, Dargies, Lahaye, Equennes.
Gênée par les camions, la 3ème Cie part vers 2h30.
Dimanche 26 mai :
Entre Fontaine et Lavacquerie, la 1ère Cie se trouve face à face avec le 47ème Bataillon qui fait ½ tour et repart, comme le 46, vers le nord est. Arrivée à Equennes : 1ère Cie à 4h, 3ème Cie à 6h30.
Le Lt Buschenschutz prend le commandement de la Cie d’Échelon en remplacement du Capitaine Debruyne évacué pour raisons de santé ainsi que son adjoint : le Lt Carteret. La Section composée des équipages des 3 derniers chars de la 2ème Cie : le DUGUESCLIN (Lt Schmidt), l’ALBERT 1er (Lt Legret) et le JEAN-BART (Adj.-Ch. Goullier) passent à la 1ère Cie qui dispose également du MARECHAL PETAIN de l’Asp Roblot, seul char restant à la C.E. après la perte du MONTFAUCON et évacuation du GASTON DE FOIX. Avec les 4 chars qui lui restent : ARAMIS, TURENNE, AQUITAINE et D'ARTAGNAN la 1ère Cie est presque complète. La 3ème Cie dispose, encore de 6 chars : MAGINOT, VERCINGETORIX, MARECHAL DES LOGIS DUMOUTIER, GENERAL MONHOVEN, MARECHAL JOFFRE et MANGIN.
Depuis le 21 mai, les Compagnies disposent de presque 2 équipages par char. Lors des marches de nuit les équipages, et, surtout les pilotes se relaient, le plus souvent au sein des Sections. Les 28, 29 et 30 mai devant Abbeville, ce ne seront pas toujours les équipages titulaires qui mèneront les chars au combat.
Lundi 27 mai :
Stationnement à Equennes. On distribue des écussons du 46e qui doivent être fixés sur les vestes de cuir afin que les prisonniers ne soient pas considérés comme des francs-tireurs.
A 21h : ordre préparatoire de départ vers Oisemont en vue d’une attaque.
A 23h : ordre de départ immédiat apporté par un motocycliste.
Mardi 28 mai :
Grosses difficultés pour former la colonne sur la route très encombrée. Elle s’ébranle à 3h30 par : Equennes, Thieulloy, Hornoy, Andainville, Frettecuisse et arrive à 7h30 à Fontaine le Sec.
La Compagnie d’Echelon est à Sénarpont.
Vers 11h, 2 chars de la 3ème Cie : GENERAL MONHOVEN et MANGIN, avec leurs équipages, munis d’une journée de vivres sont mis à la disposition de la 1ère Cie du Lt Bibes. A 13h, le Colonel Sudre réunit les Commandants des Bataillons et de Compagnies de la 6ème ½ Brigade, et leur communique l’ordre du Général de Gaulle pour l’attaque de l’après-midi. Le Capitaine Menet et 4 chars de sa Cie (dont un en panne momentanée) restent à la disposition du Général de Gaulle.
Le Capitaine de Chalain, les Commandants de Cies et de Sections procèdent à une reconnaissance rapide à Warcheville où une patrouille Allemande vient de passer et d’où des blindés ennemis auraient été aperçus.
Le Lt Bibes prendra, pour l’attaque, l’ARAMIS du Lt Krebs, lequel remplacera l’Adj.-Ch. Goullier, indisposé, au commandement du JEAN-BART. Les 2 équipages de la 3ème Cie n’ont reçu comme consigne que la direction générale : Abbeville et, faute de mieux, garderont le contact, à vue, avec le Lt Bibes.
Parties peu avant la Cie du 46, les 2 Cies du 47, ont traversé la droite de Huppy, détruisant quelques antichars, puis débordé le village de l’est.
Vers 17h15, les 10 chars du 46 débouchent, en colonne de Warcheville et se déploient en bataille, Section Schmidt à gauche, Section Pellerin à droite, Commandant de Compagnie et 3 chars, au centre.
La Section de droite, dans la foulée du 47, progresse rapidement jusqu’aux Croisettes où elle est prise sous les feux des antichars lourds de la cote 104. Elle revient aux lisières nord de Huppy.
La Section de gauche et les chars du centre, se heurtent, dans les vergers, aux barrages successifs des antichars d’infanterie, peu efficaces, sauf de très près sur leurs blindages. Le JEAN-BART est toutefois perforé par un obus qui tourne dans l’habitacle ne faisant qu’un blessé mais détruisant les circuits électriques. Les points de passage dans les haies sont peu nombreux. Les armes automatiques sont difficiles à identifier. A 3 reprises, les chars doivent revenir chercher les Chasseurs du 4ème B.C.P. La bâche restée sur le dessus du GENERAL MONHOVEN prend feu et doit être enlevée par l’équipage.
A 21h30 Huppy est conquis et les Chasseurs s’y installent. De nombreux prisonniers sont faits. Du matériel, des armes et de la documentation, tellement plus abondante que la nôtre, sont récupérés. Des blessés et des morts chez l’ennemi et chez nos Chasseurs, un seul chez nous.
Mercredi 29 mai :
La nuit a été courte : regroupement, ravitaillement, réparations urgentes permettant d’aligner une dizaine de chars à la ½ Brigade (7 ou 8 du 46e, 3 ou 4 du 47e ?).
L’attaque reprend à 4h, sous le commandement du Capitaine de Chalain. Démarrage prudent en terrain compartimenté, puis débouché sur le plateau. Démarrages successifs pour obliger les antichars à se dévoiler. Une batterie (105 ?) est neutralisée, son dépôt de munitions saute. A 2 reprises, au moins, des vagues d’Infanterie Allemande sont décimées et stoppées. L’ARAMIS du Lt Bibes est gravement touché, sans blessés graves mais le char est bon à évacuer. Le Lt Pellerin prend un moment le commandement. A la mi-journée, les chars, ayant aidé les Chasseurs du 4ème B.C.P. à nettoyer le parc du château d’Huchenville atteignent Villiers sur Mareuil, mais le TURENNE du Lt Pellerin, tourelle bloquée et, au moins 2 chars du 47e sont bons à évacuer.
Pendant une accalmie, les chars sont ravitaillés en essence et munitions.
Sur un ordre du début de l’après-midi du Général de Gaulle d’avoir à reprendre l’attaque, sous le commandement du Commandant Petit du 47e, les quelques (6 ?) chars présents et opérationnels tentent de reprendre la progression vers le Mont de Caubert mais doivent y renoncer, une batterie d’Artillerie ennemie ayant pris position sur le Mont.
Le matin à 5h30 le Capitaine Menet et ses 4 chars ont été mis à la disposition de la 8ème ½ Brigade, et de Citerne ont gagné le moulin de Limeux. A 16h 2 chars le MAGINOT du Capitaine confié au Lt Forrer et le VERCINGETORIX du Lt Vadon ont été envoyés en reconnaissance à Villiers sur Mareuil et dans les bois au sud est du village où se trouverait une arme antichar. Ils voient arriver, de l’ouest d’autres chars du 46e et aucune arme ne se révèle. De retour à 17h30, ils recueillent des Fantassins du 22ème R.I.C. qui se replient et prennent position sous leur protection. Vers 18h, le Capitaine Menet et ses chars gagnent le château d’Huchenville où se trouvent les États-Majors des 6ème et 8ème ½ Brigades. Le Capitaine Mousquet, Chef d’État-Major de la 6ème ½ Brigade vient d’être blessé et est évacué. Pour la nuit, Menet assure la sécurité du château avec 3 chars.
Toute la journée, la C.E. travaille à remettre des chars en état : le TURENNE, l’ARAMIS et d’autres. On prélève une porte sur le JEAN-BART pour réparer l’ARAMIS, moins gravement touché. Le travail se poursuit la nuit, les Sections d’Échelon prenant en charge les réparations moins importantes.
Jeudi 30 mai :
Dans la nuit du 29 au 30, les chars encore opérationnels ont changé au moins 3 fois de stationnement. Vers 5h ils rallient le château d’Huchenville où le Capitaine Menet vient d’être chargé de prendre, pour l’attaque prévue vers midi le commandement de tous les chars de la 6ème ½ Brigade, encore en état de combattre. Certains équipages sont relevés. Trois Sections peuvent être constituées, 4, peut-être, difficilement. Le Lieutenant Sarraz-Bournet est envoyé en liaison avec le Commandant Bertrand qui tient Bienfay avec son 4ème B.C.P., puis auprès des Écossais qui arrivent et dont il maîtrise bien la langue.
A 12h, le Capitaine de Chalain arrive avec l’ordre d’attaque. Le Capitaine Menet demande des modifications pour éviter qu’au départ les chars soient trop longtemps sous le feu des batteries du Mont de Caubert. Le ravitaillement arrive vers 12h, en même temps que se déclenche un bombardement de l’artillerie ennemie. Deux chars sont endommagés, dont un gravement. Ils partent vers l’arrière, deux autres, réparés, reviennent.
A 13h : ordre définitif. Le Lieutenant Bresson part à Bienfay prendre liaison avec le Commandant Bertrand et reconnaître les débouchés. Les Chasseurs ont déjà subi quelques pertes. Vers 15h30, la colonne part pour Bienfay. Le débouché a été fixé à 16h30, puis 16h45. Un violent bombardement d’artillerie s’abat précisément à ce moment sur Bienfay.
Le débouché a lieu à 17h40.
♦ A droite : n°441 GENERAL MONHOVEN (Bresson), n°482 MANGIN (Michel), n°414 MARECHAL PETAIN (Roblot)
♦ Au centre : n°485 MAGINOT (Forrer), n°481 VERCINGETORIX (Vadon), n°412 JOFFRE (Letourneur)
♦ A gauche : n°477 AQUITAINE (Lartigau), n°417 ALBERT 1er (Vinciguerra), n°426 VERCINGETORIX (Arnoult du 47) , CONDE ( Bizet du 47)
♦ En réserve : n°443 MARECHAL DES LOGIS DUMOUTIER (Dehorne).
♦ A droite, le petit bois est livré aux Chasseurs qui s’y installent
Au centre, les lisières sont atteintes et neutralisées mais dans le couloir dégagé vers la droite, des tirs lointains empêchent la progression des Chasseurs.
A gauche les lisières du Bois des Anglais sont conquises mais les Chasseurs y sont en difficulté.
L’ennemi s’est replié sur Yonval, mais Mesnil-trois-Fétus ne peut être tenu par le 4ème B.C.P. et les batteries du Mont de Caubert "sonnent" les chars.
A 18h, le Lieutenant Michel blessé est ramené sur une civière. Le Sergent Rolet gravement blessé au visage est secouru par l’équipage d’un char de Cavalerie.
Les équipages du MANGIN, du JOFFRE, du CONDE et du MARECHAL PETAIN rentrent à pieds. Le MARECHAL PETAIN brûle à peu de distance. Le DUGUESCLIN réparé, rejoint Bienfay mais sa direction (joint de Naeder) est défaillante. Il prend position pour la défense du village et passe une partie de ses munitions au Lieutenant Vinciguerra qui a tout épuisé.
Le GENERAL MONHOVEN revient avec 3 patins coupés à moitié et la poulie de tension faussée. Au Capitaine de Chalain venu voir la situation à Bienfay, le Capitaine Menet demande de tenter d’obtenir l’intervention de notre artillerie sur la batterie du Mont de Caubert. Cette intervention n’aura pas lieu.
A la demande du Commandant Bertrand, 3 chars tentent d’aider les Chasseurs, qui ont pris pied à gauche, à se maintenir. Ils devront se replier. Les bombardements se succèdent. Le 22ème R.I.C. se replie sur notre droite. Le VERCINGETORIX de Vadon l’aide à rétablir sa situation.
L’incendie du MARECHAL PETAIN s’étant arrêté, l’Aspirant Roblot avec l’aide de l’équipage du MAGINOT réussit à le ramener dans Bienfay. Mais, de nouveau, son moteur refuse tout service. Vers 21h, le Capitaine Menet donne l’ordre aux 4 chars les plus mal en point de se replier : le DUGUESCLIN de Schmidt, le GENERAL MONHOVEN et les chars AQUITAINE de Lartigau et l’ALBERT 1er de Vinciguerra. Au bout de 2 km, à hauteur de Behen, la chenille du GENERAL MONHOVEN casse. Après essai de dépannage par les équipages, c’est la C.E. qui prendra le relais vers minuit.
Après 22h, les 4 chars encore opérationnels se sont repliés, essuyant sans dégâts, le feu d’un antichar Écossais arrêté sur l’intervention de Sarraz-Bournet.
Auprès du GENERAL MONHOVEN, en panne, la colonne trouve l’État-Major du Bataillon. Ordre lui est donné, par le Capitaine de Chalain de retourner à Bienfay en appui du 4ème B.C.P. Un char du 47e, le RIVOLI du Lt Gazel, se joint aux 4 chars de Menet.
Vendredi 31 mai :
Au petit jour les chars prennent position à proximité des différents débouchés.
Nouveaux bombardements. Chaque fois que quelqu’un s’approche du carrefour où stationne le MARECHAL PETAIN les artilleurs adverses s’acharnent sur lui mais ne l’atteignent pas.
A 14h parvient l’ordre de tenir jusqu'à 18h. De leur côté, les Chasseurs du 4ème B.C.P. sont relevés par les Écossais de la 51ème Division Britannique à qui le MARECHAL PETAIN est confié.
A 18h les 5 chars quittent Bienfay pour un cantonnement dans un verger entre Huppy et Doudelainville où se trouve le Bataillon.
Samedi 1er juin :
A 2h, on vient chercher les 2 Officiers du 47e Arnoult et Gazel qui rejoignent leur Bataillon avec leurs chars : VERCINGETORIX et RIVOLI.
A 3h arrive l’ordre de gagner Oisemont, puis Roy-Boissy, pour la 1ère Cie et l’E.M., Morvilliers, pour la 2ème Cie et la C.E., le Mesnil-Valran pour la 3ème Cie.
A 20h 4 chars : l’ARAMIS, le JEAN-BART, le GENERAL MONHOVEN et l’ALBERT 1er de Vinciguerra sont dirigés sur Vieux-Rouen pour être évacués par chemin de fer sur le P.E.B.7 (Parc d’engins blindés) à Rosny sur seine. Certains devront partir par la route par Forges-les-Eaux.
Dimanche 2 juin :
Stationnement à Roy-Boissy , Morvilliers et Le-Mesnil-Valran.
Lundi 3 juin :
Stationnement sur place. Entretien et réparations.
Le Lt Krebs, l’Asp Pincemin et un Sous-officier dépanneur sont envoyés à Bienfay pour dépanner et ramener le MARECHAL PETAIN. Ils sont retenus près de 24h par les Britanniques qui les prennent pour des Allemands. Après justification, ils peuvent revenir avec le char à Senartpont d’où il sera évacué sur le P.E.B.7.
A 17h la 3ème Cie reçoit l’ordre de livrer ses 3 derniers chars : MAGINOT, VERCINGETORIX et MARECHAL DES LOGIS DUMOUTIER à la 1ère Cie et d’aller dans la région de Versailles pour toucher des chars neufs à Satory.
Elle ne reviendra pas. Constituée le 9 juin en Cie autonome (352ème C.A.C.C.). Elle sera mise le 10 à la disposition du Corps de Cavalerie. Les 1ère et 2ème Cies seront fusionnées en une Cie de marche au sein d’un Bataillon de marche comprenant la Cie du 46, une Cie de marche du 47 et, plus tard, une Cie du 37ème B.C.C. Ce Bataillon de marche, noyau de la 6ème ½ Brigade terminera la campagne au sein de la 4ème Division Cuirassée.
SOUVENIRS D'UN ARTILLEUR sur M 41 155mm
Mes Souvenirs du Service Militaire, 1963/1964.
Mi juillet 1963.
N° I
Nous sommes arrivés à la gare de TREVES en Allemagne au petit matin, nous étions épuisés par une nuit sans sommeil, le voyage me parut interminable, changement de loco à APACH gare située à la frontière germano-française. A l'époque la vapeur était encore en activité, je me rappelle les escarbilles et le long panache de fumée qui nous gratifiait lorsque l'on ouvrait les vitres du wagon, la chaleur était étouffante, mais bon, il fallait faire avec !
Arrivés en gare de TREVES il me fallut un certain moment pour rassembler mes idées et comprendre que le moment était venu de bouger, je n'étais d'ailleurs pas le seul, nous étions reconnaissables à des lieux à la ronde, la Police Militaire était là pour nous guider et nous faire monter dans les camions militaires, des GMC devais-je apprendre plus tard, car j'étais complètement ignorant de tout ce qui concernait l'armée, et de ce qui m'attendait !
Embarquement immédiat dans un certain désordre et sans plus attendre direction la caserne, c'est à dire Le Quartier du Belvédère au 68ème RALD (lire Régiment d'Artillerie Lourde Divisionnaire).
Nous étions un certain nombre à nous rassembler dans la cour du quartier, avec notre valise et nos cheveux un peu trop longs, c'était le temps des Yéyés, des chemises noires, des Ypies, le temps aussi des contestataires et des objecteurs de conscience, je n'étais aucun de tous ceux là, j'étais un paysan à peine sorti du travail de la terre, et qui venait de découvrir le travail dans le bâtiment, comme plombier. Je n'avais pas l'âme d'un contestataire et je réalisais tout juste ce qui m'arrivait, d'autant que mes origines italiennes me faisaient parfois douter de tout, et j'avais bien du mal à me situer, dans le temps, dans la vie de notre jeunesse, ce futur inconnu qui vous tombe dessus comme par mégarde, sans y avoir été invité, bref j'étais là, nous étions là, je faisais désormais partie d'un groupe, il fallait assumer !
Quand on est jeune finalement on s'habitue à tout rapidement, je n'était pas un militariste, loin sans fallait, je n'étais pas non plus anti-militariste, d'autant que la France avait été la terre d'accueil des familles de mes parents, je ne pouvais l'oublier et j'étais donc là pour faire mon devoir, comme tout citoyen « normal » car je pense l'avoir déjà souligné, quelques camarades de ma connaissance avaient fait des pieds et des mains, pour se faire exempter par quelques artifices, plus ou moins imaginatifs, mais bon c'était leur affaire !
Il faut dire que les derniers événements venus d'Algérie, Tunisie, Maroc, n'avaient rien de bien engageant et les récits de certains appelés qui avaient réussi à rentrer étaient carrément terribles !
Mon frère venait précisément de rentrer d'Algérie mais n'avait heureusement pas vécu de drame comme ce fut le cas pour de nombreux appelés, ou rappelés, d'autant que mon frère avait été appelé sous les Drapeaux en tant qu'Italien sans que personne ne ce soucie du peu ! Ce n'est qu'à son retour que l'on appris que son service militaire ne lui avait pas ouvert le droit à obtenir la Nationalité Française, c'est donc à ce moment là que nos parents nous firent naturaliser Français, mes deux frères, ma jeune sœur et moi-même, au vu du prix des timbres fiscaux mes parents restèrent Italiens, car mon père dût débourser un mois de son maigre salaire pour les timbres !
Nous habitions Le Fauga et cela c'était passé à la Sous-Préfecture de Muret, juste avant que je ne parte pour TREVES en Allemagne.
N ° II
Les deux premiers mois avaient été assez durs, puisque c'était la période pratiquement incompressible de ce que nous appelions «Les Classes». Ensuite on m'a demandé si je voulais faire Les Pelotons, en réalité je ne savais pas du tout ce que cela pouvait représenter, mais j'étais loin de chez moi, que pouvais-je faire d'autre, pas un sou en poche, lorsque nous allions en manœuvre au Grünberg, une vaste zone de manœuvre proche de Trêves, après les exercices un véhicule casse-croûte, venait proposer canettes de bière et autres sandwiches, pour ma part je ne pouvais jamais m'offrir les deux, je devais choisir, mais souvent je m'abstenais, je me contentais de l'ordinaire du foyer du soldat, malgré tout il était facile de voir les jeunes dont les parents envoyaient colis et mandats !
Il faut quand même dire que la belle jeune fille qui servait était à elle seule une nourriture spirituelle c'était un bon moment de divertissement et d'évasion …..et puis on pouvait toujours rêver un peu !
Durant les classes où je fut rapidement nommé Brigadier, nous partions souvent en manœuvres et passions la nuit dehors, sous les tentes individuelles, j'étais assez robuste, je ne me plaignais pas comme certains le faisaient, chez moi nous avions été habitués à la dure, la neige, le givre, le froid, je connaissais déjà, j'encaissais…..
Un jour, je ne me rappelle plus pour quelle raison, ma section avait été consignée ; en punition nous avons dû faire une marche de nuit, sous la pluie encadrement compris, c'est à dire avec Officiers et Sous-Officiers compris. Je me rappelle avoir porté l'arme d'un jeune canonnier qui n'en pouvait plus, c'était des fusils Garand assez lourds (FSA), j'avais donc ma propre arme un PM pistolet-mitrailleur, la pluie ruisselait sur mon imperméable et sur mon visage, mais mon esprit était ailleurs, peu m' importait ce qu'ils nous faisaient voir, cela ne me touchait guère, je souriais et je me disais « Bande de ......ce n'est pas la pluie qui me fait peur » car finalement les officiers étaient aussi punis que nous, le lieutenant qui s'appelait CANY juste à ce moment là, dirige sa lampe-torche sur moi et me voit donc sourire et me demande pourquoi ? Honnêtement je n'ai pas voulu dire le fond de ma pensée, me voyant porter l'arme d'une jeune recrue, il ne me dit plus rien !
Je souffrais davantage pour tous ces jeunes dont certains n'étaient pas très résistants.
Cet officier était réglo avec nous, jamais d'injustice, c'était un officier que j'appréciais !
Au casernement lors du rassemblement matinal et de la levée des couleurs au son du clairon, environ vers les sept heures du matin, il fallait être fin prêts pour une journée de travail qui était articulée entre le parcours du combattant, le close-combat, l'EPM éducation physique militaire, cours en salle etc... autant de matières qui maintenaient en forme sous réserve de ne pas tirer au flanc, comme certains le faisaient, mais c'était pire que de travailler, chose que j'avais compris depuis le début, mieux valait faire le travail demandé et voilà, il en était de même pour les corvées, j'étais toujours parmi les volontaires du début, car par la suite ceux qui n'avaient rien pris comme corvée se retrouvaient à balayer la place d'arme au vu de tous, je préférais donc choisir dès le début, corvée de pluches, où l'on était assuré d'avoir un bon casse croûte par les cuistots, de service en ville au Mess Sous-Officiers ou de corvée de sanitaires, pas toujours agréable ….., et puis il y avait le service de table, les brigadiers étaient systématiquement chefs de table, pas toujours simple ce rôle car il y avait toujours quelques grincheux qui ne voulaient rien faire !
Dès le début de notre incorporation, nous avions eu comme camarade un jeune sursitaire qui était le neveu du Général de la Place d'Arme de TREVES, le Général DEBREBISSON. Ce jeune avait sur nous un certain ascendant mais c'était un gars bien, c'était un ancien séminariste, il connaissait quantité de choses qui nous étaient inconnues, il avait mis en place un Groupe d'Amitié auquel je participais volontiers, ce qui nous exemptait souvent d'appel le soir.
Nous avons gardé le souvenir de l'assassinat du président des Etats-Unis, KENNEDY, triste souvenir où je revois encore le drapeau de la place d'Armes en berne.
N° III
Au mois d'octobre 1963, j'avais sollicité une permission exceptionnelle pour le mariage de mon frère aîné Laurent, qui me fut accordée, ce fut certes très court car j'avais quitté TREVES le vendredi soir après le travail, pour être de retour au casernement le lundi matin à 8h, le trajet dévorait la moitié du temps, mais bon, je m'en étais accommodé ! Il est vrai qu'un paysan qui cherche son itinéraire en alternant, métro et taxi entre gare du Nord et Austerlitz, c'était assez stressant pour moi.
Le quartier du Belvédère comportait, outre les obusiers, la partie des fusées HONEST JOHN, unité très particulière à laquelle nous n'avions pas accès, bien que j'ai le souvenir d'avoir eu des camarades y avoir été affectés, et outre les Américains et les Allemands qui en principe en faisaient partie, nous n'avions aucun contact ! J'ai juste quelques photos transmises par l'un de ceux là qui en témoignent, mais c'est tout ce que je peux en dire.
Le parcours du combattant faisait partie des entraînements obligatoires qui nous étaient dévolus de parcourir ; combien étaient-ils ces jeunes à ne pas pouvoir sortir de « la fosse à ours », c'était également les sorties d'instruction à Baumohlder où nous allions faire du tir d'entraînement, soit au FSA ou à la grenade, au FLG ou bien encore à la 12/7 qui était une arme lourde posée sur affût, et de maniement assez physique ! avec de nombreux incidents de tir.
Impossible de passer sous silence les batailles de polochons !
Certains soir où nous savions que la surveillance était relâchée, batailles où parfois les matelas se retrouvaient au sol, nous étions au 1er étage, du moins pendant les classes, après c'était différent, les Sous-Officiers avaient droit à une chambre à deux lits, ainsi qu'un planton, et nous étions à ce moment là dispensés de faire notre lit au carré, pour ma part j'ai continué à faire comme au début et de ce fait en cas de problème j'éliminais la possibilité d'une revue de casernement imprévue comme ce fut souvent le cas, un gradé ganté de blanc venait vérifier qu'il n'y avait pas de poussière à tel ou tel endroit, vous imaginez le résultat, punitions sur punitions.....
Et puis il y eu ce mémorable Noël 1963/64 passé à la caserne, et surtout le complément que nous avions joint à l'ordinaire et que nous avions dégusté dans notre chambrée, il y avait un camarade dont j'ai oublié le nom qui avait emmené son accordéon et qui jouait comme un dieu, nous l'écoutions goulûment, du moins moi, car l'accordéon est, et demeure mon instrument préféré !
Tous ces souvenirs se bousculent dans ma mémoire, peut être de façon dispersée, mais tous sont encore intacts.
A la 11ème Batterie où j'étais affecté nous avions à tour de rôle la semaine à assurer et lors du rassemblement du matin nous devions passer en revue les troupes en présence ou non d'un officier ou d'un Adjudant de Batterie. Nous avions par exemple l'adjudant chef RIOLLACCI (je ne suis pas du tout sûr de l'orthographe), il était corse, et assez sévère. La semaine consistait à être responsable de l'emploi du temps pré-établi par l'autorité supérieure, y compris la nuit ; combien de nuits sans sommeil... à surveiller ceci ou cela.
Impossible de passer sous silence l'épisode des boutons….. une tradition voulait que celui qui inspectait les troupes le matin coupe tout bouton non boutonné ….. j'ai vu des boutons coupés, ces pauvres jeunes n'en revenaient pas de voir se réaliser de telles bêtises, et obligé de faire comme les autres et d'appliquer avec sévérité cette façon de faire, à part que je n'ai jamais coupé un seul bouton. J'avais trouvé la parade, je mettais un bouton dans la main à l'insu des autorités, et j'inspectais les rangs, le couteau prêt à sévir, car il y avait toujours un étourdi qui avait oublié la farce du coupe bouton, les jeunes s'en apercevaient bien-sûr….. Ainsi j'étais apprécié par les jeunes et passait pour un bon Sous-Officiers pour les autorités.
Tout cela pour dire qu'à l'époque les jeunes étaient assez rudoyés par les gradés, mais ceux qui prenaient le plus de plaisir à les faire souffrir étaient les Sous-Officiers subalternes de carrière en quête d'avancement de solde et de galons !
Pour ma part je n'ai jamais puni qui que ce soit, je me débrouillais comme je pouvais avec les autorités.
N° IV
En général les Officiers Supérieurs étaient bien plus sympathiques, nous avions eu aussi des Sous-Officiers sursitaires qui de par leurs études se croyaient tout permis, même avec les anciens, je vous raconte un épisode :
Un soir nous avions fait une sortie de nuit avec les quatre obusiers, ce qui signifiait que le chef de pièce, dont j'étais, percevait chez le fourrier tout le matériel nécessaire pour faire du tir fictif. Cela fait nous voilà, en route vers le Grünberg, chaque équipage au complet avec ses dix personnes, dont une partie était embarquée sur des GMC ou des Unimog ce qui représentait quand même pas mal de matériel, que je détaillerai dans un autre chapitre. Nous voilà donc à pointer sur les étoiles, réaliser les tirs fictifs avec tout ce que cela représentait comme préparation, mesures de sécurité, etc.... Au retour, au petit matin, il fallait restituer le matériel chez le fourrier qui vérifiait soigneusement la liste du matériel ainsi que l'armement individuel. Pour moi tout était OK sauf que le lendemain on me signale que le refouloir de déchargement des obus à disparu, cette pièce en bronze servait à décharger l'obus engagé dans le tube, en cas d'incident de tir ou de toute autre ordre de déchargement pour une raison donnée.
Voilà que ma pièce avait disparu, or l'Adjudant de Batterie me demande de trouver un responsable et de faire une déclaration de perte, ce qui devait m'en coûter selon ses dires de faire du rab et de faire des jours de consigne, autrement dit la prison ! Je ne me suis pas démonté, bien que je savais ce qui m'attendait, je n'avais désigné qu'un responsable, moi même et préparé mon 21x27 que je n'ai jamais envoyé et gardé par devers moi jusqu'au jour où lors du lavage des automoteurs, le refouloir de déchargement fut retrouvé dans une alvéole d'obus de l'obusier d'un Sous-Officier sursitaire qui ayant égaré le sien, avait tout simplement demandé à ses canonniers de se débrouiller…. Ils avaient resquillé le mien, bien que je soupçonnais le fourrier d'avoir été complice car les appareils portaient un N° de série, le contrôle avait dû être assez aléatoire et de me féliciter de n'avoir pas désigné d'office un responsable parmi mes jeunes, j'aurai eu l'air de quoi !
Pour l'histoire je conserve toujours dans mes archives ce fameux document qui atteste mes dires !
Du fait de l'éloignement je n'ai bénéficié que de deux permissions, la première lorsque mon frère aîné Laurent s'est marié en octobre 1963 et l'autre en tant que permission libérable juste avant la fin de mon service, il est vrai que j'avais cumulé des heures de «perm» notamment des 48h, à diverses occasions, par exemple le don du sang entre-autres, mais vu la distance de mon domicile, je ne pouvais pas partir.
Avec mes camarades, j'ai participé à trois manœuvres en France à tir réels en EAF (Ecole à Feu), se répartissant entre Suippes et Valdahon, lors des premières manœuvres, j'étais artificier, c'est à dire que j'étais sensé visser et régler les fusées sur les obus, cette fusée comportait le système de mise à feu des obus qui explosaient ainsi soit en fusant, c'est à dire que l'explosion se produisait à une certaine hauteur, celle-ci étant calculée par le PCT Poste de Commandement de Tir, l'explosion pouvait également survenir avec du retard, réglable, et enfin explosion en percutant, chaque obus portait des repères de couleur différentes pour identification.
Toutefois ce travail était plutôt effectué par l'Adjudant de Batterie qui avait bien trop peur que le jeune canonnier artificier ne commette une erreur…... C'était certainement une sage précaution.
Car nous avions eu comme information, que lors de manœuvres précédentes un obus avait par mégarde causé un accident et le tracteur d'un agriculteur avait été détruit...... Sans plus de détails !
N° V
Lors des deuxièmes manœuvres, j'étais brigadier et pointeur, mon travail consistait donc à mettre en œuvre le système de visée grâce à un appareil qui s'appelait le goniomètre, appareil très sensible qui permettait de contrôler et de procéder à la mise en fonction de l'obusier, il fallait afficher le gisement en un premier temps, la dérive en second temps, régler la hausse, tout cela grâce à deux manettes, réglage qu'il fallait parfaire, lors du premier tir, car au départ du coup, l'obusier faisait un bond et la bêche arrière se plantait dans le sol, c'était donc le rôle du pointeur d'affiner les éléments de dérive et de gisement en alignement sur les doubles piquets pour arriver à obtenir le meilleur réglage et donc faire le meilleur score qui était collationné par l'équipe des Observateurs situés quelque part dans ou près de la zone de tir. C'est la raison pour laquelle avant chaque tir réel, les tubes des obusiers étaient positionnés de telle façon que l'Officier de Tir devait contrôler le gisement de chaque tube à l'aide d'une boussole. Toutefois l'officier de tir positionnait un autre instrument qui permettait la mise en œuvre des données de tir, c'était ce qui s'appelait le TS théodolite simplifié, genre appareil de géomètre.
Pour mes troisièmes manœuvres j'étais Chef de Pièce MDL Maréchal des Logis, avec malgré tout la responsabilité de mes neuf canonniers, ce n'était pas de l'amusement de gamin, et je m'étais d'ailleurs souvent demandé comment j'en étais arrivé là, moi qui ne connaissais rien à la géographie, car entre le nord de la carte, le nord géographique et le nord magnétique, j'y perdais mon latin, ajouté à tout cela les dérives et les gisements, les DZ et de me retrouver responsable de mes gars, j'avais malgré moi fait bien du chemin….... Au quartier Castelforte il y avait bien ce qui s'appelait le CIDB, le Centre d'Instruction des Blindés mais nous n'y avions été que deux ou trois fois.
D'ailleurs lors de nos dernières manœuvres à Suippes , il m'arrive un incident notable. Nous avions perdu une fusée. Catastrophe, j'étais bon pour faire du Rab, de là à trouver la raison, ou un responsable il était dès lors trop tard pour épiloguer. Comme notre pièce avait été désignée pièce directrice, nous avions eu le mérite de faire mouche à la distance maximum autorisée par l'engin, nous étions les meilleurs... de la batterie. C'est vrai que j'avais de braves gars qui m'estimaient et je n'avais jamais eu à me plaindre d'eux, il faut dire que j'étais (je pense) brave avec eux , ils me le rendaient bien !
Malgré tout ce jour là, j'ai eu la frayeur de ma vie, je décidais donc d'envoyer l'obus sans fusée avec son anneau de transport, en me disant que si un incident survenait et s'il fallait décharger l'obus (voir refouloir de déchargement cité plus haut) j'étais bon pour le conseil de guerre... Toutefois après une longue attente faite d'ordres et de contre-ordres nous recevions l'ordre de tir pour ce dernier «pélo» obus. Ouf quel soulagement, d'autant que l'obus en question avait été dédicacé en la circonstance, celui-là n'a jamais explosé. Je suppose que lors d'opérations de déminage beaucoup plus tard il a du être retrouvé intact, car sans sa fusée un obus ne peut pas exploser, sauf situation particulière, c'est à dire à l'aide d'explosif genre TNT, lire trinitrotoluène, ou nitralite, ou cheddite avec cordeau détonnant.
Personne ne vendit la mèche, (sans jeu de mots) et je n'en ai jamais eu d'écho !
Malheureusement lors de ses dernières manœuvres et dans l'autre l'équipe car il y avait deux batteries de quatre obusiers en action autrement dit huit obusiers, il y a eu un terrible accident, le tireur de l'une des pièces commit une imprudence qui devait lui coûter la vie. En effet il y eu un long feu, c'est à dire qu'après avoir percuté l'étoupille (sorte d'amorce qui était le système de mise à feu de la charge ), le coup ne part pas, et ce pauvre gars d'actionner à la main le marteau qui servait de percuteur, là le coup est parti.... le tuant net sur place la tête déchiquetée. Halte au feu tout azimut !
N° VI
Un hélicoptère était intervenu immédiatement dans un délai très court et notre camarade transporté dans un hôpital, mais ses blessures étaient irréversibles, il succomba avant même l'atterrissage de l'hélicoptère !
Le chef de pièce était de Montauban, il s'appelait LATAILLADE, un MDL comme nous, sauf que c'était un ADL c'est à dire un rengagé, Au Dessus de la Durée Légale donc un professionnel, et non pas un appelé comme je l'étais.
De retour au casernement une messe avait été dite pour le repos de son âme, l'aumônier militaire avait demandé quelqu'un pour servir la cérémonie, comme personne ne se présentait, j'y suis allé comme lorsque j'étais gamin. Pauvre camarade, il s'appelait CADET, le prénom ne me revient plus, ses parents étaient venus assister à l'office et récupérer ses affaires, triste, triste journée !
Un peu de technique sur l'obusier Automoteur M 41 Chaffee, c'était un engin d'un peu plus de 20t, équipé de deux moteurs à essence, soit Cadillac d'origine ou Massey Harrys en réparation, comportant deux réservoirs d'essence de 200 L chacun, avec train de roulement chenillé, une bêche arrière permettait de stabiliser le char lors des tirs réels. La bêche était comme une pelle d'un chenillard qui se plantait lors du tir, et qu'il fallait relever à chaque déplacement de l'engin. L'autonomie était assez réduite, mais les deux batteries ne se déplaçaient qu'en groupe organisé, avec les véhicules transportant les munitions, les charges de poudre séparées, les réserves de carburant, le PCT Poste de Commandement de Tir, les Observateurs, les Transmissions, le véhicule sanitaire, le véhicule Lot 7 c'est à dire un puissant véhicule de dépannage, au total cela représentait une quantité de matériel assez impressionnant.
En fait le moment le plus impressionnant, se situait lors du rassemblement de tout le matériel sur la place d'armes du quartier Castelforte, y compris tous les paquetages du personnel au complet prêt à embarquer sur les transports de troupe qui devaient les emmener à la gare, y compris les véhicules et les chars qui étaient eux embarqués sur des engins porte-char que l'on appelait des Wreckers.
Toutefois j'ignore si les munitions étaient transportées en même temps, mais je suppose que non, celles-ci devaient être acheminées directement sur place depuis les soutes à munitions situées en France.
Tout ce matériel, y compris le personnel était ensuite chargé et embarqué en gare de Trêves sur le train, ou les locomotives à vapeur étaient encore en service, c'était « fumant et impressionnant ».
Pour le trajet, nous recevions des boites de ration contenant «du singe» et une petite dose d'alcool , le trajet était très long car le train devait laisser la priorité aux trains de voyageurs et de marchandises, nous restions de longs moments à l'arrêt, des heures entières, ne sachant trop comment occuper notre temps, il fallait faire avec !
L'arrivée à destination était toujours un moment de désorientation, où tout se passait de manière assez confuse, et l'arrivée sur le lieu des manœuvres ne passait pas inaperçu dans la campagne. Il faut dire que lors de mes trois manœuvres, je n'ai jamais eu de permission de sortie, la première fois, nous étions jeunes je le comprenais, mais aux deuxièmes manœuvres, nous avions été consignés pour je ne sais plus quelle raison, donc nous vivions en vase clos sans contact avec les populations extérieure, chose qui nous aurait remonté le moral. Pour les dernières manœuvres comme j'étais de garde, pas de permission possible, d'autant qu'une nuit un jeune chauffeur «subtilise» une jeep pour aller en ville, il est repéré par un planton de la garde qui vient m'en rendre compte, et à mon tour obligé d'aller réveiller l'officier de permanence, car en cas d'accident j'aurai été responsable. La Police Militaire prévenue, notre camarade fut ainsi ramené au camp et mis en cellule, il a dû me «bénir», mais que pouvais-je faire d'autre !
N° VII
Plus tard j'ai revu ce camarade mais j'ignore s'il a su qu'il avait été mis en cellule par ma faute ! Il s'appelait AVINET.
D'autant qu'à la fin de ces dernières manœuvres, j'avais accumulé les incidents. En effet à un certain moment un niveau qui servait à vérifier et à contrôler l'horizontabilité de l'obusier lors du tir, avait été endommagé et l'officier de batterie m'avait demandé de nouveau de désigner un responsable, et de faire un 21x27, un compte rendu en règle, or je ne l'ai jamais fait et de retour au casernement personne ne m'a rien demandé.
Les quelques mois qui précédèrent ma libération furent très occupés, en rentrant à Trêves, je fus consécutivement de semaine et de garde, alors que jusque là nous en avions été exemptés, une nuit, une rixe éclate dans une chambre, nous recevons un appel, et me voilà doté du piquet de garde composé de trois canonniers armés obligé d'aller calmer le jeu, en fait il s'agissait d'un sursitaire qui avait déjà eu semble-il des problèmes avec la justice et qui avait dégainé un énorme couteau et voulait en découdre…... J'ai dû user de diplomatie pour le lui enlever et le conduire en cellule escorté de la garde. Je n'étais pas tranquille du tout, car nos munitions étaient cousues dans des sortes de pochettes de toile que l'on ne pouvait ouvrir qu'en cas de danger grave et immédiat !
Je ne citerai que son prénom Salas P…....... Grosse frayeur cette nuit là. Dans la même semaine, toujours lors de la garde, un planton nous signale de la fumée dans une cellule de la prison, et nos voilà de nouveau à intervenir, pour connaître les causes de cette fumée qui provenait en fait d'une cigarette, cachée et mal éteinte sous une lame du sol, j'avais dû confisquer les cigarettes, mais partiellement simplement, merci qui …...ce camarade que je connaissais bien car il était de ma classe s'appelait GAYE.
Toutefois rien de bien méchant, par contre quelque temps plus tard, mon camarade Jean-Paul MUNIER était de semaine à son tour, et à un certain moment il reçoit la plainte d'un jeune appelé se plaignant d'avoir reçu des «avances….» d'un MDL qui était affecté au Groupement d'Instruction dont nous faisions partie. J'ai oublié le nom de ce Sous-Officier Nord Africain, comme le jeune en question ne voulait pas en démordre, force fût à mon camarade Jean Paul de noter l'incident sur le cahier de semaine, document sur lequel étaient notés tous les événements quels qu'ils soient. L'affaire bien sûr fit grand bruit, le sous-officier en question passa en conseil de discipline et fut radié de l'armée, alors que c'était un engagé. Il avait menacé de mort mon camarade qui n'était plus tranquille du tout, et depuis lors, il ne sortait plus qu'accompagné, il est vrai que nous nous entendions bien, et le peu que nous pouvions sortir nous étions ensembles !
Il s'en falait que nous approchions de la fin de notre service, cela aurait pu devenir dangereux pour ce camarade !
La plupart du temps nous allions simplement au Foyer du Soldat ou le demi valait 5fr, nous ne pouvions nous offrir plus. De temps à autre nous allions assister à la messe à la cathédrale de Trêves, peu importe si on n'y comprenait rien, on y voyait entre-autres la Tunique du Christ comme relique.
En descendant à pied vers la ville, nous passions à travers la campagne et souvent les chevreuils traversaient les vergers de pommiers devant nous !
Une fois nous avions entrepris d'aller au plus près de la vierge noire, statue monumentale haut perchée dans les coteaux de la ville, qui surplombaient la rivière, la Moselle je pense, mais vu la distance, nous y avions renoncé !
N° VIII
De retour à Trêves, lors des dernières manœuvres, le travail qui m'avait été confié était de plus en plus intense, comme si l'autorité profitait de mes derniers jours pour me faire craquer, mais j'ai toujours tenu bon. D'une part il avait été demandé aux Sous-Officiers qui étaient chef de Pièce de passer le permis char. En effet, lors de déplacements avec les chars, le chef de Pièce était considéré comme étant chef de voiture, il devenait donc obligatoire qu'il ait le permis approprié. Nous avons donc eu une formation théorique du code allemand et pris quelques cours de pilotage sur les engins chenillés, qui demandaient une formation spécifique. Pour moi qui dans ma campagne conduisait depuis bien longtemps, le tracteur à boule chaude, un Percheron, dont le plus compliqué était le démarrage, ensuite je pilotais la moto de mon père, moto que je prenais sans son aval et avec la complicité de ma mère pour aller faire les courses, ainsi que la voiture, une P60 Simca que je conduisait la nuit principalement pour ramener l'amie de mon frère chez elle….. Tout cela bien entendu sans permis d'aucune sorte.
La conduite fut pour moi comme un jeu d'enfant, toutefois je fus collé au code, car on nous avait questionné sur le code allemand, et mis à part quelques mots, je n'y comprenait rien du tout. Quelques jours plus tard, nous repassions ce fameux code de la route au casernement en questions bien françaises, malgré cela mon permis ne me servit à rien, car il fallait avoir fait un certain nombre de km pour pouvoir le faire valider !
Finalement nous avions été deux à avoir le permis chenilles, car lors d'un cours pratique sur engin chenillé, mon camarade Jean-Paul commit une erreur de pilotage qui aurait pu être fatale à l'Officier instructeur, la tourelle du char s'était détachée et avait sérieusement commotionné le lieutenant CANY qui était notre moniteur, il n'eut jamais son permis !
En ce qui me concerne quelques jours avant mon départ, un camarade de ma classe, me demande mon brevet, et je pensais qu'il m'était retiré, mais voilà que quelques jours plus tard, mon permis militaire m'est rendu, dûment tamponné, comme si j'avais fait le nombre de km requis et ce même camarade de me dire que sitôt rentré dans mes foyers je pourrais le faire transformer en civil. En fait je n'y croyais qu'à demi, toutefois c'est ce qui se passa de retour chez moi et avant la fin 1964 je me présentais à la Sous Préfecture de Muret où mon brevet de pilote toutes catégories, sauf moto de plus de 125cc fut validé en permis civil. Vous imaginez ma joie et l'incrédulité de certains, y compris mon père qui avait investi une somme importante dans ce papier rose, eu égard à son maigre salaire ! Ce fut en quelque sorte mon salaire, merci l'armée…...
Quinze jours avant la date de ma libération, on me demande de passer le CIA, Certificat Inter Armes, en réalité je ne voyais pas du tout l'utilité de la chose, mais bon, j'acceptais, et me voilà retourné sur les bancs d'école à refaire une formation théorique et pratique approfondie.
Or dès le premier jour d'exercice, au cours du passage de l'échelle de rail en sautant après avoir fait «le soleil» je me réceptionne mal au sol et me foule la cheville, impossible de marcher, j'ai du aller à l'infirmerie voir le Médecin Colonel qui me prescrit une exemption de service, me donna des médicaments que je n'ai jamais pris. Pour moi c'était une catastrophe car je pensais bien rester à Trêves pour profiter de voir autre chose que le quartier du Belvédère, alors je demandais une dispense de certaines activités, mais j'ai toujours suivi le groupe en clopinant et continué les activités comme par exemple la natation. Moi qui ne savait pas nager, j'ai appris en trois séances à plonger et à remonter à la surface, ….. où l'on me tendait la perche, mais l'honneur était sauf, car la natation était note éliminatoire. Le jour de l'examen j'ai eu le minimum requis et c'est ainsi qu'après avoir passé les différentes épreuves je fut reçu avec une moyenne de 12,5 avec mention passable.
A noter que lors de ce court passage dans cette unité de formation, une alerte générale se déclare. Je n'avais pas mon paquetage, je ne savais plus où me mettre, je me rappelle m'être caché pour éviter que l'on me voie et puis tout redevint dans l'ordre !
N° IX
A noter que pour moi avoir le CIA ou pas n'avait aucune importance, et ce n'est que plus tard lors de mes périodes de Réserviste que je recevais la notification de mon grade de MDL-CHEF, or il n'en allait pas de même pour les Sous-Officiers d'active qui voyaient leur solde et leur grade augmenter, et l'on voyait la mine déconfite de ceux qui n'avaient pas été reçus aux épreuves !
Peu avant le grand départ, nous avions eu un entretien avec le Commandant d'unité ASSELINAU qui nous proposait de nous engager dans l'armée. Il m'avait ainsi été proposé de faire l'école d'Artillerie de Châtellerault et l'on nous proposait même une certaine somme bien rondelette mais moi j'avais mon métier, j'étais plombier chauffagiste, j'ai préféré rentrer chez moi et me remettre au travail.
J'avais fait mon service National, j'avais servi la France, la terre d'accueil de mes parents, j'avais en quelque sorte payé ma dette, et j'avais choisi de tourner la page, d'ailleurs juste avant le départ nous avons reçu notre Certificat de Bonne Conduite, nous en étions fiers, j'en étais fier !
C'est là qu'un jour dans un couloir, je rencontre un jeune récemment appelé qui me dit :
Maréchal des Logis on t'aime bien, mais on ne veut pas que tu rempiles». Le jeune canonnier avait certainement dosé ses paroles car il était strictement interdit de se tutoyer, et bien sûr je le rassurais sur le champ !
Ainsi je quittais donc définitivement TREVES quand même le cœur gros, nous y avions passé certes une partie de notre jeunesse, mais aussi de bons moments de camaraderie, comme de moins bons moments vite oubliés .
Je retournais dans mes foyers avec deux mois de permission libérable, et le reste de ma vie à pouvoir ! Juste un détail avant ma permission de libérable, j'avais envoyé mes cigarettes à mon beau-père, car je ne fumais pas, et lors du retour chez moi j'ai dû aller régler une amende de douane, motif 10 paquets de dépassement non autorisé !
Et c'est là que dès mon retour chez moi je reçus la visite d'une personne qui m'entretint de la Réserve.
Il faut dire que dès le début je n'étais pas très chaud de me remettre dans le bain, car le but était de participer à l'encadrement des jeunes pour La PME la préparation militaire élémentaire, et puis ce fut l'enchaînement avec des Sous-Officiers qui avaient fait l'Algérie notamment, et sans savoir pourquoi je me suis laissé faire, à l'époque la Section de Muret comportait plus de 40 membres.
Et c'est ainsi que je me retrouvais à l'encadrement de la PME et à participer à quantité de manœuvres : Caylus, Camps de GER, Toulouse , etc.......
Entre-temps je m'étais installé artisan. Les conditions devenaient de plus en plus dures, mais j'ai toujours tenu bon, jamais le meilleur, jamais le dernier, mais toujours prêt à SERVIR avec les modestes moyens qui étaient les miens.
Bien plus tard voyant que je ne servais plus à rien, j'ai demandé à être Porte Drapeau. Une façon comme une autre de garder le lien avec la FRANCE notre terre d'accueil et ma PATRIE, et de travailler sur le Devoir de Mémoire.
Composition de l'équipage de l'obusier automoteur de 155mm M 41 en ordre de service.
Le M 41 comportait un équipage de 10 personnes au total pour servir la pièce.
Le chef de pièce qui était obligatoirement un Sous-Officier au minimum
Le pointeur qui était un brigadier.
Le premier artificier, vissait et réglait les fusées sur les obus.
Deuxième artificier aidait le premier artificier, ils étaient complémentaires.
Le pilote dont la principale mission était de conduire le char à sa destination.
Le chef de voiture responsable du matériel.
Le tireur dont la mission était d'introduite l'étoupille et actionnait le cordon de mise à feu.
Le chargeur qui préparait les charges selon les ordres reçus du chef de pièce.
L'aide chargeur qui aidait au chargement de l'obus sur la civière pour l'introduire dans le tube et procédait également à la mise en œuvre des doubles piquets.
Le pourvoyeur qui approvisionnait les obus qui étaient stockés dans une zone dite de sécurité.
Des tâches supplémentaires étaient dévolues à certains canonniers, je n'ai plus le souvenir de tout, mais il fallait outre les tâches citées ci dessus, enlever le couvre-bouche, baisser la bêche, déverrouiller la masse pivotante. Etc........ Le chef de pièce était doté d'un moyen de transmission radio genre ANGRC 9 ou TRPP 8 A et était en liaison permanente avec le PC.
Caractéristiques de l'obusier.
22 obus étaient chargés sur chaque pièce, et 67 sur le véhicule support.
Composition d'une charge : l'étoupille, et la gargousse qui contenait les différentes charges, ces dernières étaient calculée par le PCT, fonction de la vitesse du vent et de la distance prévue par l'impact, le tout associé à l'inclinaison du tube, et le gisement corrigé de la dérive.
La masse reculante, était composée du lien élastique, c'est à dire de vérins hydrauliques et de puissants ressorts de rappel, le tube pouvait reculer de 1,50 m en charge maximum et pesait 1500 kg, la culasse était de type à vis à filets interrompus, et le tube était rayé de façon à donner à l'obus une trajectoire stabilisée, il comportait 48 rayures.
L'obus comportait une bande de forcement en laiton ou en cuivre qui épousait les rayures du tube lors du départ du coup.
Les obus pesaient en moyenne 43 kg et la portée maximum de l'obusier était de 15 km.
Voici en vrac les authentiques et principaux souvenirs de mon Service Militaire, vestiges du passé.
Fait à Muret le 25 Août 2016. C Fred .
Alfred Contarin