
Dès le mois de mars 1939, le Régiment reçoit l'appoint des disponibles. L'instruction est parfaitement au point et les manœuvres au camp de Mailly de juillet permettent de constater la bonne forme des hommes et du matériel.
Aussi, la mise sur pied de l'échelon A, le 23 août, se fait dans la plus grande facilité, et le départ successif des escadrons dans la région Berru-Nogent-l'Abbesse s'effectue normalement.
Dès le samedi 26, le rappel des réservistes aux fascicules 1, 3, 6, amène au quartier Jeanne-d'Arc de Reims un afflux énorme, en même temps que la réquisition des véhicules autos et motos jouait à plein.
Dès le 1er septembre, l'échelon B rejoint le Régiment, et lorsque le tambour de Berru annonce la mobilisation générale, le 2 septembre, le 4ème Cuirassiers, sous les ordres du lieutenant-colonel Poupel, est prêt à répondre à l'appel de la Patrie, fort de l'ardent esprit de sacrifice de ses 1 000 hommes et de la puissance de ses 90 chars Somua et Hotchkiss.
Les hommes aident à rentrer les récoltes dans les deux villages, déjà fortement vidés de population valide. Le capitaine de Toumemire est muté dans un état-major de division.
Le lundi 11 septembre, le 4ème Cuirassiers au grand complet quitte les coteaux champenois et, sous une pluie fine et incessante, atteint, par Suippes, Sainte-Ménéhould et Clermont-en-Argonne, le village de Souilly, où le souvenir du maréchal Pétain est toujours vivace.
Le Régiment n'y stationne guère, et dès le lendemain repart vers les Hauts de Meuse. Le séjour en Woëvre dure peu, et dès le mardi 19 septembre, le Régiment entier s'établit à Sommedieue, dans la Meuse. Dans ce bourg important, deux mois se passent ; les hommes trouvent auprès des habitants l'hospitalité la plus large. L'instruction est reprise activement : exercices de cadres et tirs.
Rien n'est négligé de ce qui peut en même temps développer et intéresser les hommes : conférences et causeries éducatives faites par les officiers ; sport pratiqué avec ardeur : une équipe de football est opposée avec succès aux hommes de la R.A.F., séances musicales et récréatives fort suivies par la population civile ; foyer du soldat vaste, agréable et abondamment fourni : consommations, fournitures indispensables, jeux divers, bibliothèque.
Pendant ce séjour, à diverses reprises, des éléments spécialistes sont affectés aux D.L.M. en formation : le capitaine Léger à Saumur ; le lieutenant Guérin de Vaux les sous-lieutenants Geneste, Issaverdens, Chauveau, à la 3ème D.L.M.
C'est également à Sommedieue que l'escadron anti-chars commandé par le capitaine Hérail est affecté au 4ème R.D.P. (1er octobre).
Une prise d'armes est prévue, pour le 11 novembre, au cimetière américain de Romagne-sous-Montfaucon. Au dernier moment, le départ est remis : le vendredi 10, le Régiment, alerté dans la matinée, s'ébranle vers 13 heures dans la direction de la frontière belge. Les chars embarquent à Dugny ; les éléments légers forment une colonne ; celle-ci cantonne à Mesnil-Annelles, non loin de Rethel, et le lendemain à l'aube, repart vers les horizons gris et plats du nord. Le soir, sous une pluie battante après avoir passé par Guise, Le Cateau. Valenciennes, la colonne atteint sans incident Saint-Amand, où elle retrouve les chars débarqués à Saultain.
Dès le 12, pourtant la situation se détend ; le Régiment se dirige, le 22 novembre vers le sud de Cambrai où il prend ses quartiers d'hiver.
Vers la mi-janvier 1940, la situation générale devenant plus tendue, le Régiment est alerté. Dans la nuit du 14 au 15 janvier, par un brouillard glacé et un léger verglas, les escadrons se portent vers Valenciennes, pour stationner à Douchy et aux environs immédiats (Noyelles-sur-Selles) ; l'alerte terminée, ils rejoignent, le lendemain, leurs cantonnements d'Esnes, Haucourt, Lesdain. Le retour a lieu par un temps affreux (neige glacée, verglas).
Dès la mi-février, le deuxième tour des permissions de détente peut recommencer grâce à la situation redevenue très calme. C'est au cours du mois de mars que le lieutenant de Genouillac quitte le 1er escadron pour rejoindre la 3ème D.L.M.
Le 27 mars, la D.L.M. passant à la VIIème Armée (général Giraud). le Régiment fait mouvement par route et se rend par Cambrai, Arras, Saint-Pol, à Fressin (E.H.R.). Le 22 avril, le Régiment se porte vers la côte et cantonne dans la région de Montreuil-sur-Mer.
Dans les dunes près de Berck-Plage, les escadrons trouvent à la fois champs de tir et terrain de manœuvres suffisants pour leurs exercices. Le 5 mai. le lieutenant BOUIX est affecté à une formation de l'intérieur.
CAMPAGNE DE BELGIQUE ET DU NORD DE LA FRANCE
(10 MAI - 10 JUIN 1940)
La 1ère D.L.M. dans l'hypothèse "Bréda" a la double mission :
- d'assurer en tout état de cause la liaison entre les forces belges et hollandaises dont les emplacements étaient très mal définis.
- d'assurer la couverture du rassemblement de la VIIème Armée en Hollande, en tenant jusqu'à l'arrivée des 25ème et 9ème D.I.M., soit la coupure à la Resel, soit au pis, allier la coupure de la Dommel-Marck.
Vendredi 10 mai :
Rien ne laisse prévoir des événements précipités. Depuis deux jours néanmoins, les cantonnements sont survolés à la tombée de la nuit par des avions volant très haut.
Vers 4 heures du matin, des bruits sourds de détonation sont perçus. L'aérodrome de Berck est bombardé, un détachement du Régiment au bivouac à proximité reçoit le baptême du feu. Pas de pertes. Puis, vers 5 heures, un ordre préparatoire d'alerte arrive; à 7 heures, l'alerte n°3 est déclenchée. C'est pour le Régiment le signal de son véritable départ en campagne ; l'entrée en Belgique est pour le jour même.
Le 4ème Cuirassiers est presque au complet. L'ordre de bataille des escadrons se présente ainsi :
Etat-Major
Lieutenant-colonel Poupel, commandant le Régiment.
Capitaine Hénin, capitaine adjoint.
Capitaine Henry, officier des transmissions.
Lieutenant Ville, chef du service auto.
Médecin capitaine Faugère, médecin chef.
Aspirant Schreiber, chef du peloton d'orienteurs.
Aspirant Beroud, officier de liaison auprès de la 1ère D.L.M.
Sous-lieutenant Pottier, officier chargé des détails.
E.H.R.
Lieutenant Heckenroth, commandant l'E.H.R., absent (à l'hôpital).
Sous-lieutenant Toupet, faisant fonctions de commandant de l'E.H.R.
Médecin lieutenant Bouniol.
Pharmacien lieutenant Lépice.
Médecin sous-lieutenant Picard (n'a pas rejoint).
Lieutenant Renaud, officier mécanicien.
1er Groupe d'Escadrons - "S 35 - Somua" Désignés Escadrons "S"
Chef d'escadrons Vertier.
Lieutenant Raynaud-Lacroze, détaché à la 1ère B.L.M.
1er Escadron | 3ème Escadron |
Capitaine de Segonzac Lieutenant Champsiaud Sous-lieutenant Guillien Sous-lieutenant Bourgeois Aspirant Dauger |
Lieutenant de Vandières, commandant l'escadron. Lieutenant André de Conigliano Lieutenant Coupé Sous-lieutenant Legendre Aspirant Maesen |
2e Groupe d'Escadrons - "H 35 - Hotchkiss"
Chef d'escadrons de Thelin
2ème Escadron | 4ème Escadron |
Capitaine de Chatellus Lieutenant de la Morsanglière Sous-lieutenant Costerousse Aspirant Aussel |
Capitaine de Viéville Lieutenant de Ferry Aspirant Nicolas Aspirant Pi. |
Sur un effectif de 914, moins de cent hommes sont absents. Le deuxième tour de permissions est presque terminé. Au point de vue matériel de combat, tout est au point. Le Régiment a reçu, depuis une semaine, cinq A.M.R. détachées du 4ème Dragons portés, destinées à faciliter les liaisons intérieures.
Le matériel roulant a été beaucoup amélioré depuis le départ de Reims : les véhicules disparates de réquisition ont été éliminés et presque tous les camions et camionnettes sont des Citroën flambant neufs.
En raison de l'absence momentanée du général Picard, commandant la division, le colonel de Brauer assume son commandement et le lieutenant-colonel Poupel celui de la brigade.
Le Régiment est donc mis en route par le commandant de Thelin. Une reconnaissance automobile sous les ordres de l'officier de renseignements (sous-lieutenant Cordonnier) est envoyée en Belgique, à la frontière hollando-belge, à Oostmalle (futur P.C. de la D.L.M.).
Mission : prise de contact avec les autorités belges ; départ : midi.
Le mouvement des chars est réglé par voie ferrée jusqu'à Malines. L'horaire en avait été minutieusement prévu ; les escadrons S commencent à embarquer à 21h30 à Hesdin et Brimeux. Les embarquements s'échelonnent en cinq trains jusqu'au lendemain matin.
Le T.C. et la base font mouvement par voie de terre. Départ à 14 et 16 heures.
Samedi 11 mai :
La découverte est à Tilburg et éclaire sur Bréda. Le trajet en Belgique, aussi bien par la route qu'en chemin de fer, se fait au milieu d'une population enthousiaste, et le moral de tous est extrêmement élevé.
Les avions ennemis n'ont inquiété qu'un seul train, celui du 3ème escadron (pas de pertes) et le T.C. à Bailleul (aucune perte non plus).
La reconnaissance auto arrive à Oostmalle dans la matinée. Le lieutenant-colonel Poupel reprend le commandement du Régiment vers 16 heures ; il accueille à Duffel le premier train (1° Groupe d'escadrons, S).
Le P.C. du Régiment est établi au lieu-dit "In den Haan Cabaret", 6 km sud d'Oostmalle (région 20 km est d'Anvers), au nord du canal Albert.
Le Groupe d'escadron S est regroupé vers 3 heures du matin, dans les bois environnant le P.C. du Régiment. Le T.C. arrive également dans la nuit dans la zone du P.C..
Les dragons portés s'accrochent avec les premiers éléments de la 9ème Panzer au sud de Bréda.
Dimanche 12 mai :
Pour le P.C., le Groupe d'escadrons S, le T.C. : rien à signaler. Le Groupe H commence ses débarquements à Malines ; le 2ème escadron à 4 heures, le 4ème escadron à 6 heures ; il est dirigé sur Santhoven.
Ses escadrons à peine regroupés, le commandant de Thelin reçoit l'ordre, vers midi, de se porter immédiatement à Rethy. Mission : coopérer à la défense du canal d'embranchement de Tumhout avec la division belge du général Six.
Le P.C. du général Six est à Kasterlé ; le P.C. d'un bataillon belge (commandant Schmidt) à Rethy. L'atmosphère est déjà tendue, les troupes belges, abritées derrière des destructions, se sentent en mauvaise posture ; le rôle immédiat du commandant de Thelin est de rétablir la confiance et de maintenir sur place par tous les moyens ces troupes intactes, déjà fortement ébranlées dans leur moral.
L'arrivée du Groupe s'était faite sans incident ; toutefois, le char S du commandant n'a pu suivre, les ponceaux des routes ne supportant pas un tel poids. Ce point de détail privera le commandant de Thelin de ses moyens de transmission radio.
L'escadron de Viéville H a trois pelotons en soutien des éléments belges barrant trois points dans la région Arendonck, Den Brand.
L'escadron de Chatellus H tient, au sud, la région de Desschel-Donck. Vers 17 heures, une partie est envoyée à Rethy (deux pelotons H, un peloton A.M.D. du 6ème Cuirassiers, les A.M.R. constituées en peloton sous les ordres de l'aspirant Schreiber) ; l'autre partie reste à Desschel avec le lieutenant de la Morsanglière.
Nuit sans incident réel, malgré les multiples demandes inconsidérées du commandant du bataillon belge, qui désirait engager les chars la nuit et par petits paquets pour maintenir le moral de sa troupe.
Pas de nouvelles de la base. Le Régiment a subi ses premiers bombardements aériens, sans pertes.
Lundi 13 mai :
Dans la matinée, deux pelotons du 4ème escadron effectuent quelques patrouilles sur les bords du canal de Tumhout. Le 2ème peloton est en réserve à Rethy. Reconnaissance des officiers du Groupe S en direction du canal de Tumhout et d'Oostmalle en vue de préparer une action retardatrice du nord vers le sud.
Les escadrons S reçoivent l'ordre vers 18h30 de se replier derrière le canal Albert et se portent à Ranst (8 km est d'Anvers).
Vers 13 heures, un peloton du 2ème escadron se porte à l'écluse 4 pour y ramener une A.M.D. enlisée et effectue des reconnaissances sur les bords du canal, puis se replie à la tombée de la nuit sur Dresschel ; dans la nuit, il est sans cesse inquiété par des infiltrations d'infanterie ennemie. Contact d'armes anti-chars.
Toute la journée, atmosphère de plus en plus critique. Le maintien de la position s'avère difficile et le moral du bataillon belge et de ses chefs est atteint. Dans la nuit du 13 au 14, le repli est ordonné.
Mardi 14 mai :
Le Groupe H, aux ordres directs du colonel de Causans, commandant le secteur, décroche vers 4 heures du matin. Le 2ème escadron est dirigé sur Halle ; le 4ème escadron sur Oostmalle par Tumhout.
Les P.C., T.C. et Groupe S se trouvent au sud du canal Albert ; le Groupe H (à la disposition du colonel de Causans) au nord.
Dans l'après-midi, le 4ème escadron est dirigé sur Oostmalle, arrière-garde d'un groupement composé de dragons portés et de Belges. Une flanc-garde du peloton de Ferry est envoyée au pont de Beerse ; un de ses chars, déchenillé, la retarde considérablement dans une zone infestée.
A 14 heures, le Génie belge fait sauter des carrefours importants sur la route Oostmalle-Tomhout. A 17 heures, le capitaine de Viéville, dont le P.C. est à Westmalle, inquiet sur le sort de la flanc-garde du lieutenant de Ferry, se porte à sa recherche avec les pelotons Nicolas et Vigue et la ramène malgré l'intervention des armes anti-chars ennemies. A 18 heures, l'escadron de Viéville se trouve à Westmalle ; l'escadron de Chatellus, dans les bois nord de Halle ; le Groupe S est à Ranst.
Vers 19 heures, ordre est donné de constituer un Régiment S aux ordres du lieutenant-colonel Pinon et un Régiment H aux ordres du lieutenant-colonel Poupel.
Le Groupe S part pour embarquer à 21h30 à Boom et Puers. Un char S du 3ème escadron s'embourbe dans le parc à chars ; il sera détruit ultérieurement.
Le Groupe H repasse aux ordres du lieutenant-colonel Poupel, qui envoie des agents de liaison porter l'ordre de se regrouper à Bouchout (10 km S.-O. d'Anvers).
Le Groupe H du 18ème Dragons (commandant Marchal) était à Halle et reçoit également l'ordre de se porter à Bouchout. Avant que l'ordre de regroupement n'arrive au commandant de Thelin, différentes missions avaient été confiées par le colonel de Causans aux escadrons :
- au 2ème escadron : patrouiller entre Santhoven et Zoersel pour permettre l'installation du 4ème R.D.P. à l'ouest de la route (cette mission a été remplie par le capitaine de Chatellus avec deux pelotons : Morsanglière et Costerousse)
- au 4ème escadron : couvrir l'installation des D.P. face à Oostmalle. Le mouvement du P.C. sur Bouchout s'opère dans la nuit, au milieu d'incidents divers (coups de feu aux abords immédiats de la route ; prétendue intervention de parachutistes ennemis).
Mercredi 15 mai :
Journée sans incident.
Jeudi 16 mai :
L'Escaut est franchi à l'aube sur un pont de bateaux. Les chars S de commandement reçoivent un itinéraire spécial, par Boom-Termonde.
Le Régiment H arrive vers 8 heures du matin à Haaltert, village occupé par les arrières des troupes britanniques (D.C.A. britannique très active).
Deux chars de commandement sur quatre ont des incidents graves (embourbés) et ne rejoindront pas. Ils seront détruits ultérieurement par leurs équipages.
Vers 20 heures, le colonel annonce aux officiers la rupture du front en France.
La division va se porter dans la région sud de Valenciennes pour s'opposer à la ruée des engins blindés ennemis.
La 1ère D.L.M. ne fait plus partie de la VIIème Armée et rejoint la Ière. Du 10 au 14 mai, la division a perdu la moitié de la Découverte (6ème Cuirassiers) et 3 escadrons du 4ème de Dragons portés, 3 canons de 25 ont été perdus le 12 ; 3 chars ont été perdus, embourbés et détruits par leurs équipages.
Vendredi 17 mai :
A partir de cette date, les opérations ne seront pour ainsi dire plus ordonnées. La division, déjà séparée en deux groupements, les dragons portés d'une part, la découverte et les G.R. d'autre part, aura encore ses chars dans d'autres directions. Ce jour-là, elle se trouve dans la région sud de Valenciennes théoriquement en réserve et à la disposition de la IXème Armée. Il n'y a plus de IXème Armée. Elle reçoit l'ordre du G.A./1 de se porter sur Le Cateau (par Valenciennes et Solesmes) et sur Landrecies (par Condé, Morchies, Le Quesnoy) pour agir, soit en direction d'Avesnes, soit en direction de Guise. L'après-midi, la D.L.M., sans chars, se trouve sensiblement sur la ligne Neuvilly - Croix-Caluyau-Ribersart dans un meli-melo de réfugiés et de fuyards. Les Allemands occupent Landrecies. A 9 heures, le Régiment H fait mouvement en direction générale de Valenciennes, étape longue et très lente. Vers midi, le P.C. a dépassé Quarouble, et des premiers renseignements signalent l'ennemi à Avesnes dès le matin. A 13 heures, le P.C. se porte à Jenlain. Violents bombardements aériens ; le T.C., à Quarouble, a quelques pertes. Le Groupe S est toujours en position défensive sur le canal de Charleroi. Au 3ème escadron, le peloton André de Conigliano, alerté à 10 heures, se porte sur Le Cateau. En fin de journée, il rejoint le 4ème R.D.P. à Englefontaine et reçoit l'ordre à 18 heures d'établir une tête de pont à Landrecies. En débouchant du passage à niveau, le lieutenant André de Conigliano, qui est en tête, est violemment pris à partie par des armes anti-chars à bout portant. Son char est détruit ; il est tué ; son conducteur, le brigadier-chef Fresnais, également. Le reste du peloton, sous les ordres du maréchal des logis-chef Léger, se replie sur Englefontaine vers 19h15 et reste en position défensive sur la route de Landrecies.
Le peloton Coupé, en position à Pont-à-Celles, perd la liaison avec son escadron.
Quant au 1er escadron, il reçoit, vers 10 heures, l'ordre de se diriger immédiatement sur Valenciennes. Il s'y porte par l'itinéraire Soignies - Mons-route de Valenciennes.
A Quiévrain, où il est soumis à un violent bombardement, il est orienté sur Le Quesnoy et y arrive vers 18 heures. Il reçoit l'ordre d'envoyer un peloton à Noyelles, sur la Sambre, et deux pelotons à Berlaimont pour occuper les ponts. Ces ponts seront donnés à la garde de l'infanterie qui doit accompagner les chars.
Les renseignements sur l'ennemi sont les suivants : quelques A.M.D. patrouillent dans la forêt de Mormal.
Il reste à peine 60 litres d'essence par char. Le capitaine de Segonzac laisse au Quesnoy, avec le commandant Vertier, le peloton Dauger. Il envoie le peloton Bourgeois à Noyelles et part à Berlaimont avec les pelotons Champsiaud et Guillien par l’itinéraire Jolimetz-Locquignol-Berlaimont. La route est effroyablement encombrée de réfugiés et de fuyards jusqu'à la sortie de Locquignol. Peu après, le peloton Champsiaud, qui est en tête, ouvre le feu sur une auto-mitrailleuse ennemie et la détruit. Le village de Berlaimont paraît inoccupé. L'escadron y entre le plus rapidement possible pour tenter de gagner les ponts. A peine y est-il engagé que les Allemands, parfaitement camouflés dans les maisons et les vergers, ouvrent un feu violent d'armes anti-chars. Plusieurs chars sont atteints ; le cuirassier Gorlier, conducteur du maréchal des logis Gille, a l'épaule et la jambe fracturées. Plusieurs armes anti-chars sont détruites et l'escadron continue d'avancer à l'intérieur du village. Le char du lieutenant Champsiaud en tête prend feu ; le conducteur, brigadier-chef Bernard, est tué ; le lieutenant Champsiaud, sortant de son char, est abattu à coup de pistolets-mitrailleurs. Le brigadier-chef Delaporte parviendra à rejoindre l'escadron. Derrière le char du lieutenant Champsiaud, le char du brigadier-chef Aumaitre, très violemment pris à partie, a son tourelleau arraché et projeté à une vingtaine de mètres. Le capitaine lui donne l'ordre de rentrer au Quesnoy. Quelques armes anti-chars sont encore détruites ; mais la nuit vient, les chars tombent en panne d'essence et l'infanterie d'accompagnement annoncée n'a jamais paru. Dans ces conditions, le capitaine donne l'ordre aux chars qui restent de se reporter à la lisière est de la forêt de Mormal. De là, il envoie le sous-lieutenant Guillien rendre compte au Quesnoy et demander de l'essence à tout prix. Il est environ 21h30. A 24 heures, ne recevant ni essence ni ordres, le sous-lieutenant Guillien n'étant pas encore rentré, le capitaine décide de se replier sur Locquignol, qui est occupé par l'unité à pied de la 1ère D.C.r. La moitié des chars est en panne d'essence ; elle est remorquée par l'autre moitié ; le tout arrive à Locquignol qui vient d'être abandonné par les fantassins. Le capitaine finit par trouver de l'essence et fait ses pleins. Le lieutenant-colonel Pinon lui donne l'ordre de se reporter sur Jolimetz, où il retrouve à 4 heures le peloton Bourgeois.
Samedi 18 mai :
A 13 heures, arrive un ordre du général Giraud d'attaquer dès que possible "pour border la Sombre de Landrecies à Ereux" dit le général Picard.
" Entre Le Cateau et la forêt de Mormal pour prendre en flanc les unités ennemies qui attaquent Le Cateau de front" dira le général Giraud.
Cette attaque "chars en tête" pouvait avoir "des résultats énormes " dira-t-on encore. Il importe donc de s'étendre un peu plus longtemps sur les événements de cette journée : l'ordre d'attaque a donc bien été donné à 13 heures et transmis aux groupements tactiques :
a) Groupement de Beauchesne, qui tient Neuvilly et le bois de Vendrecies, avec deux bataillons du 4ème R.D.P., les chars du 18ème Dragons, un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Le Cateau-Wassigny.
b) Groupement de Causans, qui tient la lisière S.-O. de la forêt de Mormal et de Ribersart, avec un bataillon du 4ème R.D.P., les chars H du 4ème Cuirassiers, un groupe d'artillerie et un détachement de découverte, doit attaquer sur Landrecies.
Or, au début de l'après-midi du 18, les deux groupements, constitués depuis le 15, qui ont fait mouvement depuis le 16 et ont pris contact le 17, sont éparpillés. Le groupement de Beauchesne n'attaque pas "en raison de l'absence des chars" (qui n'ont pu parvenir à temps) en raison aussi d'une attaque allemande qui se produit sur Solesmes à l'heure même où la nôtre devait se déclencher. Le contre-ordre a été donné par le colonel de Beauchesne à 18h30. Le journal de marche du 18ème Dragons dit que les pelotons de chars ayant combattu le 17 et le 18 au matin, se sont trouvés "engagés partout" et n'ont pu être regroupés. Au début de la nuit, le groupement se repliera vers le nord-ouest. Le groupement de Causans a attaqué et progressé jusqu'aux abords de Landrecies. Mais deux escadrons de chars H avaient été retenus au Quesnoy par le général Martin, et, sur l'effectif restant (trente appareils), une vingtaine est détruite vers Jolimetz.
L'attaque ne fut pas exécutée. Dispersée sur un vaste front, ayant exécuté successivement le 17 et le 18 au matin des ordres souvent contradictoires émanant d'autorités très diverses, morcelée en petits détachements sur lesquels les chefs locaux "mettaient la main", lancée en pleine bataille dans une région déjà sillonnée par les blindés allemands, la 1ère D.L.M. se trouve incapable de répondre à la mission que lui avait assignée le général Giraud car elle n'existe déjà plus en tant qu'unité constituée.
Groupe S
Le Groupe S contre-attaque toute la journée en direction de la forêt de Mormal.
Le capitaine de Segonzac, commandant l'escadron, est chargé par le général Martin d'organiser la défense de Jolimetz. Il y a dans le village des A.M.D. du 6ème Cuirassiers, un peloton du 4ème D.P., des éléments de la 1ère D.C.r., une pièce anti-chars belge, etc... A 8 heures, les Allemands commencent à attaquer le village. La plupart des éléments isolés présents disparaissent et il ne reste plus à Jolimetz (en sus des dix chars du 1er escadron) que le commandant de la Sayette, le peloton du 4ème D.P. et une compagnie de tirailleurs algériens qui vient d’arriver.
L’action se poursuit toute la journée, avec des contre-attaques nombreuses, bien soutenues par les tirailleurs et la D.P.. L’ennemi utilise des chars dont plusieurs seront détruits, de l’artillerie de 105 et des armes anti-chars qu’il peut amener en lisière de la forêt de Mormal sans qu’on puisse repérer le mouvement.
A partir de 10 heures, successivement le char du maréchal des logis Gateau est mis en feu, puis brûlent ensuite le char du maréchal des logis Noizet et celui du maréchal des logis Bombaron. Le char du maréchal des logis-chef Litzler est détruit. Le sous-lieutenant Guillien, envoyé en patrouille avec le maréchal des logis Flamant, ne revient pas.
Le capitaine de Segonzac se place au carrefour central du village, avec les sous-lieutenant Bourgeois, le brigadier-chef d’Ormesson restant un peu en arrière avec le chef Enfroy dont le char est en difficulté. Il est environ 17 heures ; à ce moment l’attaque ennemie atteint son maximum d’intensité. Des témoins oculaires prétendront que cinquante chars ennemis occupent le village. A quelques mètres du char du capitaine, le char du sous-lieutenant est immobile et ne répond plus. Un gros char allemand, probablement un PzKpfW IV, vient d’arriver derrière le char du capitaine et le prend à partie. Le sous-officier radio comptera dix perforations dans le char avant que l’équipage soit contraint d’abandonner.
Au Quesnoy, il ne retrouve ni le commandant Vertier qui a été blessé vers 12 heures, ni le peloton Dauger. Un officier d’état-major l’oriente sur Waretz ; il perd le contact avec le 4ème Cuirassiers et ne le rejoindra que le 9 juin, après avoir combattu sur la Somme avec le 7ème Cuirassiers.
Seul, le char du brigadier-chef d’Ormesson a pu quitter Jolimetz et rallier le peloton Dauger qui, à court d’essence, n’a pas été engagé dans ce combat. Ce peloton avait été maintenu en réserve à la disposition du commandant Vertier.
Le 3ème escadron, sous les ordres du lieutenant de Vandières, participe également aux contre-attaques de la forêt de Mormal et se repliera finalement, le soir, sur Iwuy.
Groupe H.
Vers 14 heures, l’ordre d’attaque de la D.L.M. arrive au Régiment le groupe d’escadrons de Thelin passe aux ordres du colonel de Causaus, le groupe d’escadrons Marchal aux ordres du lieutenant-colonel Pinon.
Cette attaque devait s’effectuer au sud de la forêt de Mormal et atteindre le canal de la Sambre. Le groupe d’escadrons de Thelin arrive au Quesnoy, 2ème escadron en tête. Dès son arrivée, le 2ème escadron est poussé pour débloquer la sortie sud du Quesnoy où des éléments allemands de force encore indéterminée ont pris position.
Le 2ème escadron engage successivement le peloton Aussel (aspirant Aussel tué à la tête de son peloton), le peloton de la Morsanglière qui, après avoir fait sauter la résistance et progressé d’un kilomètre environ en direction de Jolimetz, tombe sous un feu extrêmement nourri d’armes anti-chars installées dans les bois en lisière de la route. Ce peloton, qui n’avait plus que quatre chars, est littéralement détruit. Le capitaine de Chatellus se porte en char près du lieutenant de la Morsanglière pour lui donner l’ordre de repli ; il est tué, son char étant percé d’un groupement serré de cinq obus anti-chars. A signaler la belle conduite du maréchal des logis-chef Coquart.
Les pelotons Costerousse et Desmontiers, légèrement en arrière, se replacent sous les ordres directs du commandant de Thelin et sont envoyés sur la route de Landrecies ; à ces deux pelotons se joignent deux chars rescapés du peloton Aussel.
Ce groupement du 2ème escadron subit de fortes pertes et est presque entièrement détruit. Sur les vingt et un chars du 2ème escadron, deux seulement, ceux du maréchal des logis Schiltz et du maréchal des logis-chef Desmontiers, rejoindront Haspres le lendemain matin et se joindront au 4ème escadron.
Le 4ème escadron, pendant ce combat, se trouvait dans Le Quesnoy même. Le général Martin, commandant la place du Quesnoy, fait appeler le capitaine de Viévile à son P.C. Il veut utiliser les chars à son profit ; le capitaine de Viéville lui répondant qu’il est aux ordres du commandant de Thelin, reçoit l’ordre d’aller le chercher ; il trouve le commandant à la sortie sud du Quesnoy, lui transmet le désir du général Martin, que le commandant ne peut satisfaire recevant lui-même ses ordres du colonel de Causans.
Pendant ce temps, le lieutenant de Ferry est appelé auprès du général Martin, qui lui donne l’ordre d’envoyer deux pelotons à Louvignies et deux pelotons à Orsinval, en soutien des éléments d’infanterie qui se trouvaient dans ces deux villages. Le lieutenant de Ferry envoie à Louvignies le peloton de l’aspirant Pi et son peloton personnel sous les ordres du maréchal des logis Durin.
La résistance ennemie à l’est du Quesnoy faiblit ; mais une menace apparaît au nord. L’ennemi attaquait avec des chars appuyés par de l’infanterie. Le pont sud du Quesnoy saute (vers 18 heures). Le lieutenant de Ferry envoie un peloton à la sortie nord du Quesnoy, en soutien de la défense (aspirant Nicolas) et le dernier peloton (adjudant-chef Vigue) à la sortie sud avec la même mission.
Vers 20h30, apprenant que le pont nord allait sauter, le lieutenant de Ferry rassemble les deux pelotons Nicolas et Vigue et se porte en direction générale de l’ouest, rencontre au carrefour de Capelle le lieutenant de la Morsanglière avec quatre chars H absolument hors de combat et arrive à Haspres le lendemain à 4 heures.
Le capitaine de Viéville, sur un renseignement inexact après son entretien avec le commandant de Thelin, était parti pour retrouver son escadron d’abord à Louvignies, où il a pris contact avec le peloton Costerousse, ensuite sur les indications du commandant de Thelin sur la route de Ghissignies-Salesches, Neuville, Vendegiesaux-Bois ; il fait une partie de cette route avec le peloton Dauger, du 1er escadron (Groupe S), peloton presqu’à court d’essence. Vers 23 heures, il rejoint le peloton Dauger à Vertain, où se trouve le Groupe H (Marchal). L’ensemble de ces chars gagne Avesnes-le-Sec vers 4 heures du matin ; le capitaine de Viéville rejoint le reste des deux escadrons H du 4ème Cuirassiers vers 4h30.
Les pertes de la journée sont très dures également au 4ème escadron. Les pelotons Pi et Durin, envoyés à Louvignies, ont disparu.
De plus, aucune nouvelle du commandant de Thelin et de son P.C., qui ont suivi le colonel de Causans. Le lieutenant-colonel Poupel rejoint vers 17 heures le lieutenant-colonel Pinon à Ovillers.
L’attaque prévue n’était pas encore partie ; le colonel décide de se rendre à Bermerain, au P.C. de la D.L.M., pour prendre des renseignements complémentaires.
De retour vers 19 heures à Ovillers, il arrive au moment du repli du colonel Pinon sur Saint-Python près de Solesmes.
La situation était alors extrêmement grave l’attaque prévue avait été devancée par une attaque allemande qui progressait sur l’axe Le Cateau-Cambrai.
Dimanche 19 mai :
La 1ère D.L.M. est attachée ce jour au corps de cavalerie ; repli derrière la Sensée face au sud.
Lundi 20 mai :
A 0 heure, décrochage général de tous les éléments de Verchain. Le maréchal des logis-chef Thomas rejoint avant l’aube le P.C. du Régiment avec son char, après s’être particulièrement distingué.
Le Groupe de Viéville se replie sur Bouchain et Mastaing, où il reprend liaison avec le Régiment ; il reçoit l’ordre, vers 9 heures du matin, de se porter sur Marquette. A peine arrivé, vers midi, il attaque en direction du canal pour y rejeter des éléments ennemis qui l’auraient traversé et reporté sur cette ligne l’infanterie amie.
Le matin, vers 8 heures, le maréchal des logis Schiltz est arrivé au P.C. du Régiment avec deux chars H : le sien et celui de l’aspirant Pi dans lequel se trouvait le cadavre de celui-ci. L’aspirant Pi faisant partie du détachement envoyé la veille sur Louvignies, avait rejoint avec les deux pelotons du 4ème escadron le commandant de Thélin à Englefontaine. Avec le commandant de Thélin, il était revenu à Louvignies puis à Ghissignies.
D’après les déclarations du maréchal des logis Schiltz, l’aspirant Pi, chargé avec trois chars de défendre une des sorties de Ghissignies au moment où l’ennemi y arrivait, avait attaqué, passé au travers de l’ennemi et pris la direction de Solesmes. Arrivé à proximité de cette ville en pleine nuit, apercevant des signaux lumineux, il avait sorti la tête de sa tourelle pour prendre contact avec des éléments qu’il croyait amis, il a été tué à bout portant. En entendant les détonations, le char de tête (brigadier chef Chabert, brigadier Moulin) a foncé en direction de Solesmes. On ne sait ce qu’il est devenu.
Le conducteur de l’aspirant Pi (cuirassier Goupille) fait demi-tour, suivi par le char du maréchal des logis Schiltz qui n’avait pas vu se dérouler cet événement.
Ce n’est qu’au premier arrêt que Schiltz apprend de Goupille la mort de l’aspirant Pi. Il ramène alors les deux chars à Marquette. L’aspirant Pi est enterré dans le parc du château le 20 dans la matinée.
Mardi 21 mai :
Les chars S du Régiment, sous les ordres du lieutenant de Vandières, rejoignent le lieutenant-colonel Pinon à Farbus. Pour les chars H, journée semblable à celle de la veille : surveillance de la boucle du canal ; pas d’incidents à noter.
Tous les chars de la brigade ne forment plus qu’un seul groupement (S et H) aux ordres du lieutenant-colonel Pinon. Les escadrons du 18ème Dragons et ce groupement opèrent en fin de journée dans la région du Mont Saint-Eloi une contre attaque fort brillante qui ramène des prisonniers et du matériel.
Les chars S restent en position défensive jusqu’à 18 heures et participent ensuite à l’attaque du Mont Saint-Eloi. Le P.C. du Régiment a reçu un sévère bombardement d’avions en piqué à Farbus.
Le lieutenant-colonel Poupel est appelé au P.C. de la division à 20h30 pour prendre le commandement de tous les chars, le lieutenant-colonel Pinon ayant été grièvement blessé.
Vendredi 24 mai :
Le groupement de chars de la D.L.M. devait attaquer aux premières heures de la journée en direction de Souchez. Le capitaine Miquel, de l’E.-M. de la 1ère D.L.M., apporte à 1 heure l’ordre de repli en direction du nord, canal de la Haute-Deule.
Le décrochage s’opère à partir de 3 heures du matin, l’arrière-garde étant formée par l’escadron de Vandières auquel se joint le peloton de Ferry. Le regroupement du Régiment s’effectue dans les bois de Phalempin, au sud de Seclin, vers 13 heures.
Samedi 25 mai :
A 14h15, départ du Régiment à destination des bois de Phalempin. Le soir, il n’était question que d’une attaque massive franco-anglaise en direction du sud-ouest. Dans la nuit, un violent bombardement dans la région de Carvin fait prévoir au contraire une attaque allemande pour le lendemain.
Dimanche 26 mai :
Les bois de Phalempin, où le maréchal des logis Carette, aumônier régimentaire, dit une messe à 7 heures, résonnent du bruit du canon voisin.
Les chars sont engagés dans des actions répétées au profit de l’infanterie qui défend la boucle de Carvin. Ce qui reste des chars H du Régiment, les pelotons de Ferry et Vigue (neuf chars), passent aux ordres du capitaine de la Chauvelais, du 18ème Dragons, et y restent jusqu’à Dunkerque.
Toute la journée, des demandes de chars affluent au P.C. colonel, et à 18 heures les chars S contre-attaquent en direction de Provin. A la tombée de la nuit, le Régiment s’installe à Annoeulin. Situation confuse. L’infanterie abandonne Carvin. L’escadron de Vandières est mis à la disposition de la 43ème D.I., dans la région de la Bassée.
Lundi 27 mai :
L’ordre de repli arrive et est exécuté à 3 heures du matin, en direction de Petit-Mortier (8 km ouest d’Armentières).
A midi, ordre est donné au lieutenant-colonel Poupel de prendre liaison avec le général commandant la 43ème D.I. pour lui donner l’appui de tous ses chars disponibles. Vers 14 heures, il reçoit un ordre du général commandant la 1ère D.L.M. d’avoir au contraire à rallier le Petit-Mortier et engager ses chars en direction de la forêt de Nieppe.
L’escadron de Vandières fait mouvement vers 4 heures du matin ; il est mis à la disposition du 7ème G.R.D.I. à Illies. Il reçoit l’ordre de rejeter l’ennemi qui s’est infiltré au delà du canal et de tenir ce dernier. Le peloton du sous-lieutenant Legendre contre-attaque en direction de Violaines. Le peloton de l’aspirant Dauger contre-attaque entre la Bassée et Salomé, au-delà de la voie ferrée ; il perd deux de ses chars et dégage un peloton d’A.M.D. Le peloton du lieutenant Coupé tient le passage à niveau sur la route d’Illies à Salomé. Les pelotons Legendre et Coupé, après une lutte sévère, se replient vers 17 heures à Aubers, où ils se regroupent pour gagner Fromelles, où ils s’installent en halte gardée pour la nuit. Le peloton de l’aspirant Dauger ne rejoint pas.
Vers 20 heures, contre-attaque par des éléments blindés ennemis. Vive réaction. Le 7ème G.R.D.I. se replie, protégé par les "Somua", en direction d’Armentières - Bailleul.
Mardi 28 mai :
Le P.C. du Régiment s’installe à Doulieu vers 15 heures. Situation des chars approximativement la même.
A 10 heures, des fantassins britanniques signalent des chars allemands. Des patrouilles sont effectuées par les chars H. Cinq chars ennemis sont signalés à Godevaerswelde. Un peloton s’y porte. Le lieutenant de Ferry se porte au Mont des Cats pour couper la route aux chars ennemis au sud de Godevaerswelde. Le peloton fait sa jonction avec le reste de l’escadron H du capitaine de la Chauvelais, du 18ème Dragons, et l’ensemble contre-attaque. Les chars sont arrêtés par une tranchée profonde.
Le colonel a pu, grâce à une reconnaissance hardie de l’aspirant Schreiber, situer la position de l’escadron de Vandières dans la région des Monts de Flandres. Vers 16 heures, devant la poussée des chars ennemis, il essaie de rattraper ce qui reste de cet escadron, qui a changé de position et continue sa mission initiale au profit du G.R.D.I..
La situation générale a profondément évolué. Les dangers d’enveloppement se précisent. Vers 19 heures, le lieutenant-colonel Poupel est appelé au P.C. de la D.L.M. ; à 20 heures, les ordres de repli vers le littoral sont donnés. Départ à 23h30, après avoir rendu inutilisables les véhicules spéciaux, détruit un grand nombre de documents.
Mercredi 29 mai :
A 3 heures du matin, la colonne est obligée de s’arrêter à 3 km sud de Bailleul. La route est embouteillée d’une manière inextricable. Tous les véhicules à roues sont abandonnés et le Régiment regagnera à pied ou par des moyens de fortune la zone de Ghyvelde qui avait été donnée comme point de première destination.
Les chars arriveront à se frayer un passage et à atteindre vers 20 heures le bivouac à 2 km ouest d’Adinkerke.
Tout le matériel du Régiment, sauf une vingtaine de chars, a été abandonné. Le T.C. avait rejoint le Perroquet, lieu-dit à l’est de Bray-Dunes. Il avait subi le 28 mai un violent bombardement aérien à Berthen et eu de lourdes pertes en matériel. La base de la 1ère D.L.M. était également à Bray-Dunes.
Jeudi 30 mai :
Rassemblement du Régiment sur la plage de Malo-les-Bains. Pas de bateaux à la disposition des troupes françaises.
Les chars, sous les ordres du commandant Marchal, reçoivent une mission de sacrifice : celle de continuer à combattre pour protéger l’embarquement de l’Armée du Nord.
Un groupement est constitué à Coudekerque le 30 mai avec tout ce qui avait pu être rassemblé de chars appartenant aux trois D.L.M., soit 21 chars S et 18 H.
Vendredi 31 mai :
Embarquement à Dunkerque à partir de 13 heures, sur le bateau "Ingénieur Cachin". Bombardement de l’artillerie ennemie. Au large, quelques coups de canon d’une batterie côtière. Arrivée à Douvres vers 20 heures. Débarquement non autorisé.
Samedi 1er juin :
Départ de Douvres vers 6 heures. Arrivée au Havre à 20 heures. Accueil extrêmement cordial de la garnison du Havre. Nuit passée au fort de Toumeville.
Embarquement en chemin de fer à 21 heures à destination de la région d’Evreux.
Lundi 3 juin :
Arrivée à 8 heures en gare de La Bonneville. Le Régiment cantonne à Aulnay-sur-Iton.
Mardi 4 juin :
Repos à Aulnay-sur-Iton. Prises d’armes à 11 heures, au cours de laquelle les premières décorations sont remises.
Mercredi 5 et Jeudi 6 juin :
Repos à Aulnay-sur-Iton.
Vendredi 7 juin :
L’état-major du Régiment ainsi que l’ensemble des équipages de chars et quelques services sont dirigés sur Chevreuse dans le but d’être reformés. Le reste du Régiment, soit trois cents hommes environ, demeure à Aulnay, sous les ordres du capitaine de Viéville, et forme le 4ème Régiment de Cuirassiers B.
Samedi 8 juin :
Le lieutenant de Ferry, resté à Dunkerque pour couvrir l’embarquement des troupes, rejoint Aulnay-sur-Iton.
Dimanche 9 juin :
Le capitaine de Viéville reçoit l’ordre de se rendre à Chevreuse pour y prendre le commandement d’un groupe d’escadrons. Le lieutenant de Ferry prend alors le commandement du détachement resté à Aulnay-sur-Iton.
Vers 23h30, il reçoit l’ordre de se porter immédiatement à pied sur Ambenay. Le capitaine de Viéville, avec quelques éléments, part alors sur le champ pour Chevreuse.
Reconstitution du corps de cavalerie (le 10 juin)
Le 10 juin, le corps de cavalerie et ses trois D.L.M. (1ère, 2ème et 3ème) sont reconstitués sous l’impulsion du général Langlois, commandant le C.C., du général Rupied, directeur de la cavalerie et du commandant Schwartz qui commande le dépôt de matériel de la cavalerie.
1ère D.L.M. :
- 1 régiment de Découverte : le 6ème régiment de Cuirassiers (colonel Dario)
1 peloton de 5 A.M.D. - Panhard 178.
2 escadrons motos
- 1 régiment de chars réduit : le 4ème Régiment de Cuirassiers (colonel Poupel)
1 escadron à 10 chars S 35 Somua.
1 escadron à 10 chars H 39 Hotchkiss.
- 1 régiment de dragons portés réduit : le 4ème régiment de Dragons portés (chef d’escadrons Amanrich)
1 bataillon = 1 escadron moto,
3 Escadrons de fusiliers-voltigeurs sur camions,
1 escadron de mitrailleuses sur camions.
(Un régiment semblable, le 12ème régiment de Dragons portés, rejoindra la 1ère D.L.M. vers le 13 juin).
Ainsi reconstituée, chacune des D.L.M. n’est plus guère comparable qu’à un gros groupe de reconnaissance. Le manque d’artillerie, surtout, se fera sentir, ainsi que les déficiences en engins blindés : le corps de cavalerie voit ses éléments organiques (E.O.C.C.) limités à :
1 groupe de 75 tracté (moins 2 sections)
1 batterie de 47 anti-chars
1 batterie de 25 contre-avions.
Par contre, les combattants qui demeurent, ont maintenant une connaissance de la guerre et une confiance dans leurs cadres, qui suppléent en partie le manque de matériel.
Aussi, le corps de cavalerie ne cessera-t-il pendant la campagne de France, de faire face à l’ennemi avec des faibles moyens, et de le harceler sans cesse. Il exécutera ainsi une série de manœuvres, s’étendant sur un total de plus de 500 kilomètres. Faisant preuve d’une mobilité surprenante, il saura plusieurs fois, après avoir tenu tête à l’ennemi, échapper à son étreinte alors que séparé de toute grande unité, sa situation semblera des plus hasardeuses.
Situation du 4ème Cuirassiers (le 10 juin)
Le 4ème Cuirassiers est articulé comme suit :
- Un E.M. de Régiment très réduit :
Lieutenant colonel Poupel
Capitaine Hénin, adjoint
Un chauffeur, une T.O.
Aspirant Schreiber, en side-car, officier de liaison à la 1ère D.L.M.
- Un Groupe d’escadrons (aux ordres du capitaine de Viéville) comprenant :
un escadron H aux ordres du lieutenant de la Morsanglière,
à trois pelotons : Aspirant Nicolas
Aspirant Dauger
Maréchal des logis-chef Coquart
soit dix chars H 39.
- un escadron S aux ordres du lieutenant Ville,
Lieutenant Coupé
Sous-lieutenant Legendre
Adjudant Ziora
soit dix chars S.
Cent soixante hommes environ.
Un détachement laissé à Chevreuse, aux ordres du capitaine de Segonzac et du sous-lieutenant Toupet, comprenant environ cent hommes.
Un détachement laissé à Aulnay-sur-Iton, aux ordres du lieutenant de Ferry et du sous-lieutenant Cordonnier, comprenant environ quatre cents hommes.
CAMPAGNE DE LA SEINE À LA DORDOGNE (10 JUIN - 25 JUIN)
Lundi 10 juin :
Le Groupe d’escadrons de Viéville, à Houdan, vers 18 heures, est dérouté sur Pacy-sur-Eure, des infiltrations ennemies étant signalées au sud de Vemon.
Vers 20 heures, l’officier de liaison à la D.L.M. (aspirant Schreiber) vient donner le lieu de stationnement pour la nuit : village de la Heunière, et prescrire au colonel une reconnaissance au nord de la forêt de Pacy, afin d’étudier les possibilités d’attaque d’engins blindés ennemis en direction du sud.
Le colonel Poupel se porte au nord de la forêt de Pacy et, dans le but de compléter sa reconnaissance, se dirige seul en side-car un peu plus au nord, vers 21 heures environ. Il tombe dans une embuscade allemande et est fait prisonnier, ainsi que le cuirassier François Le Huérou, conducteur du side-car.
Mardi 11 juin :
Le capitaine de Viéville prend le commandement du 4ème Cuirassiers.
Selon le désir du capitaine Le Tellier, du 4ème R.D.P., chargé de la défense du point d’appui de Pacy, inquiet sur des infiltrations ennemies signalées le long du cours de l’Eure, le capitaine de Viéville pousse un certain nombre de reconnaissances.
- 11 heures. Peloton S (lieutenant Coupé) sur Houlbec, où sont signalés des éléments d'infanterie ennemis. Le lieutenant Coupé prend contact au passage à Menille avec des éléments du 4ème R.D.P. Ceux-ci signalent que les éléments du 6ème Cuirassiers qui devaient tenir Rouvray se sont repliés sur Cocherel. Le lieutenant Coupé se dirige sur Cocherel, dont le pont était barricadé : pas d'éléments du 6ème Cuirassiers. Il poursuit sa mission sur Rouvray. A la sortie de Cocherel, il rencontre, par surprise, cinq cyclistes allemands et ouvre le feu : deux cyclistes sont tués. Un peu plus loin, il est accueilli par le feu nourri d'armes anti-chars : ses trois chars sont percés par plusieurs projectiles. Deux chars sont mis dans l'impossibilité de tirer. Le lieutenant Coupé donne l'ordre de repli en assurant la protection par son feu.
- 15h10. L'escadron H (lieutenant de la Morsanglière) part pour Boncourt avec mission de reporter les éléments du 6ème Cuirassiers (deux pelotons motos) sur le pont de Cocherel. Il y arrive à 16 heures. A peine arrivé, conformément à l'ordre d'opérations de la 1ère D.L.M., il est renvoyé immédiatement sur Boncourt afin de reporter sur le pont de Chambray les mêmes éléments du 6ème Cuirassiers.
- 16 heures. L'escadron S (lieutenant Ville) reçoit l'ordre de se porter à la sortie nord de la foret de Pacy en vue de participer à une attaque en direction de La Heunière et de Bizy en entraînant dans sa zone des éléments du 4ème R.D.P. (capitaine de Vendières de Vitrac).
Le P.C. avancé du Régiment se porte à hauteur du P.C. de la 2ème B.L.M. ; l'aspirant Schreiber y est blessé d'une balle de pistolet mitrailleur à la cuisse. Le débouché de cette attaque a lieu à 18 heures (deux pelotons 1er échelon, un peloton 2ème échelon). Les chars sont pris sous le feu d'une part d'une dizaine d'armes anti-chars installées aux lisières sud de La Heunière, d'autre part d'un barrage d'artillerie de 77.
Après avoir réduit les armes anti-chars, la progression reprend et, à 19h15, le village commence à être contourné par l'ouest en vue d'atteindre le premier objectif, à savoir le carrefour de la route Cocherel-Vemon et Pacy-Vemon.
A 20 heures, la partie nord du village est atteinte. Violente réaction de l'ennemi par armes anti-chars et artillerie. Le nettoyage des lisières sud du village est opéré par le 4ème R.D.P., qui fait de nombreux prisonniers.
Contact pris entre les chars et le 4ème R.D.P. à 20h30 pour prendre des dispositions pour la nuit. Le capitaine de Vendières, au 4ème R.D.P., est grièvement blessé à ce moment et transporté en char par le lieutenant Ville jusqu'au P.C. de la brigade. Le lieutenant Ville reçoit alors des ordres du colonel de Bellefond, commandant la brigade, pour protéger l'installation du 4ème R.D.P. pour la nuit à la lisière nord des bois de Pacy.
Décrochage laborieux sous un feu violent d'armes anti-chars et d'artillerie. L'opération s'effectue la nuit tombée ; les chars se replient sur Pacy vers 23 heures, ramenant en remorque trois canons anti-chars de 37 et leurs munitions. Après recoupement, les pertes causées à l'ennemi sont estimées à :
- une quarantaine de tués et vingt-cinq blessés graves laissés sur le terrain ;
- plusieurs mitrailleuses lourdes détruites ;
- une auto-mitrailleuse détruite ;
- plusieurs camions (quatre à cinq) ;
- un certain nombre d'armes anti-chars neutralisées (trois ramenées, dont deux en parfait état).
Pertes de l'escadron S : un char embourbé et incendié par l'équipage, qui a été récupéré.
Pertes au P.C. : aspirant Schreiber, blessé.
- 18h15. L'escadron H pendant ces événements arrive à Boncourt. Les pelotons Nicolas et Coquart et un peloton moto du 6ème Cuirassiers poussent sur Hardencourt. Le peloton moto est stoppé par des tirs d'armes automatiques.
- 19h30. Les deux pelotons ont terminé le nettoyage d'Hardencourt. Le peloton moto entre dans le village et fouille les maisons ; opération terminée à 20h30. Réaction de l'artillerie ennemie.
Le lieutenant de la Morsanglière décide de se replier sur Boncourt pour y passer la nuit. Arrivé sur Boncourt, sur ordre de la 1ère D.L.M., il reçoit l'ordre de pousser deux pelotons (Dauger, Nicolas) sur Vaux-sur-Eure, avec mission de ramener à Cocherel l'escadron du lieutenant Pottier, du 4ème R.D.P.
Liaison est prise avec le lieutenant Pottier, qui estime impossible de pousser sur Cocherel étant donné la tombée de la nuit. Les deux pelotons reviennent à Boncourt par Croisy et Saint-Aquilin. Installation à Boncourt pour la nuit en point d'appui cerclé. Le T.C., dès 4 heures du matin, avait quitté Pacy pour Boisset.
Mercredi 12 juin :
Au petit jour, la situation des deux escadrons est la suivante :
- Escadron S, regroupé à Saint-Aquilin ; P.C., Saint-Aquilin.
- Escadron H, regroupé à Boncourt.
L'escadron H a reçu l'ordre dans la nuit de recommencer l'opération commencée la veille et interrompue par la nuit, opération destinée à replacer les éléments du 6ème Cuirassiers sur Chambray en passant par Cocherel.
Départ à 4h30 de deux pelotons (Dauger, Coquart). Pendant ce temps, deux pelotons S partent à 4h45 (Coupé, Legendre) avec mission de reporter sur Cocherel en passant par Vaux-sur-Eure l'escadron Pottier du 4ème R.D.P.. Ces deux opérations vont se conjuguer.
Le lieutenant Coupé avec ses deux pelotons prend contact avec le lieutenant Pottier à 5 heures à Vaux-sur-Eure, arrive aux lisières est de Cocherel à 6h15. Rien à signaler. Un peloton S (Legendre) se porte vers le pont pour l'occuper, soutenu par. l'autre peloton. Réaction violente d'armes anti-chars impossibles à déceler étant donnée la configuration du terrain. Le sous-lieutenant Legendre sort de son char pour prendre liaison à pied avec les D.P. ; il est mitraillé à courte distance et tombe. Malgré des recherches effectuées d'une part par le lieutenant Coupé et son peloton, d'autre part par le médecin lieutenant Bouniol avec sa sanitaire, le corps du sous-lieutenant Legendre n'a pu être retrouvé.
Liaison prise avec les éléments H (Coquart) qui progressaient sur l'axe Hardencourt-Cocherel.
Combinaison des efforts et des feux, ce qui permet au maréchal des logis-chef Lambert (S) de détruire successivement trois armes anti-chars qui venaient prendre position et un camion à munitions.
Les pelotons H (Coquart et Dauger) détruisent de leur côté deux armes anti-chars et infligent à l'ennemi placé le long du remblai de la voie ferrée des pertes considérables.
A plusieurs reprises, au cours de la journée, l'escadron H subit de violents tirs d'artillerie notamment vers 16 heures après le survol d'un avion ennemi (sans doute un Morane MS 406 utilisé par les Allemands).
A 18h15, l'encerclement est presque total ; l'escadron H protège le repli des éléments du 6ème Cuirassiers en direction de Caillouet. A 18h35, l'escadron H reçoit l'ordre de quitter Boncourt par la route de Mizerey et se replie sur Saint-Aquilin.
L'escadron S et le P.C. reçoivent l'ordre de se porter à Orgeville, où des infiltrations se révèlent à partir de 21 heures. Le T.C., à 20 heures, reçoit l'ordre de se porter de Boisset aux Essarts (8 km S. de Pacy).
Pertes de la journée : sous-lieutenant Legendre, disparu ; cuirassier Caval, blessé à l'oeil gauche ; 3 sides, 1 solo.
A 21h30, le P.C. et l'escadron S se dirigent d'Orgeville sur Le Plessis, où l'escadron S reste en protection du repli de la D.L.M. jusqu'à minuit avec un peloton du 6ème Cuirassiers (lieutenant de Villèle). L'escadron H se porte de Saint-Aquilin à la Noé-du-Bois au P.C. du 4ème R.D.P.
Jeudi 13 juin :
La D.L.M. opère un repli général vers le sud, protégée par le Régiment, en direction de Blévy (20 km S.-O. de Dreux). Départ de deux escadrons de la Noé-du-Bois à 3 heures. Le 4ème Cuirassiers cantonne à Grolu, le T.C. au Coudray. Arrivée à 9 heures. Entretien et léger repos. Départ à 23h45 pour Fessanvilliers, par Blévy, Brezolles.
Vendredi 14 juin :
Installation sur l'Avre. Arrivée à Fessanvilliers à 4 heures. Entretien, repos.
Départ à 21h30. Le T.C. sur Louvilliers (12 km sud de Brezolles).
L'escadron S part pour Brezolles, en protection du P.C. D.L.M. L'escadron H part pour Revercourt, avec mission de rejeter des éléments ennemis au delà du bois des Drouillets. (P.C. avec l'escadron H). Contact pris avec le commandant Levavasseur, commandant le 12ème R.D.P. Il est décidé de remettre cette attaque du bois des Drouillets au lendemain matin au petit jour. Le 12ème R.D.P. ayant demandé que les chars dégagent le peloton du lieutenant Lagarde fortement accroché aux lisières sud du bois des Drouillets, une opération est montée en pleine nuit (23 heures) avec les pelotons Dauger, Nicolas. Ces pelotons arrivent sans encombre auprès du peloton Lagarde, qui n'était pas sérieusement inquiété, et le ramènent sans difficulté à Revercourt à 23h50.
Une patrouille (peloton Nicolas) est poussée aux abords immédiats de Rivercourt, où les servants d'une pièce de mitrailleuse avaient cru voir des mouvements suspects.
Samedi 15 juin :
L'escadron S tient Brezolles (arrière-garde de la D.L.M.) jusqu'à 3h30et rejoint Le Liberot à 7h30 sans incident. Repos. L'escadron H à 18 heures porte deux pelotons (Coquart et Nicolas), sous les ordres du lieutenant de la Morsanglière, à Senonches, en appui du colonel Dario, commandant le 6ème Cuirassiers. Ces deux pelotons rejoignent Le Liberot à 23h30. Rien à signaler.
Dimanche 16 juin :
L'escadron S, réserve de division, reçoit à 18 heures l'ordre de se porter à Longny ; il part à 18h10, est mis à la disposition de la 3ème D.L.M. (chef d'escadrons Albessard), pour aider au décrochage des éléments de la 3ème D.L.M. dans la région de Moulicent, où il arrive à 20 heures.
Contact à Moulicent, sortie N.-E., entre le peloton Coupé et un détachement motorisé ennemi (motocyclistes, une voiture tout terrain, un canon anti-chars) vers 20h30.
L'ennemi subit les pertes suivantes : un side-car, une arme anti-chars neutralisée, des hommes en nombre indéterminé. Par contre, un blessé à l'escadron S : motocycliste Tissier (une balle dans le bras), évacué sur Longny.
A 20h45, sur ordre du commandant Albessard, l'escadron S se replie, sous le feu des armes anti-chars ennemies, sur la ferme Brochard et Feings, où il arrive vers 23 heures.
Lundi 17 juin :
A 12h30, le peloton Dauger fait une patrouille de liaison à Boissy-Maugis, Saint-Maurice, Courcerault, localités occupées par les D.P., mais où des infiltrations étaient signalées. Le peloton Nicolas fait une patrouille de liaison à Remalard où se trouvait l'escadron Maurice, du 4ème R.D.P.. Rien à signaler.
A 16 heures, tirs d'artillerie ennemie sur Boissy-Maugis, le 4ème R.D.P. décroche, protégé par les deux pelotons Dauger et Nicolas. Le peloton Coquart, à Verrières, a reçu l'ordre de faire une patrouille sur Dorleau et Saint-Germain-des-Croix, d'où il ramène sur ses chars un peloton du 12ème R.D.P. qui n'avait pas décroché.
L'escadron S est alerté à Noce à 14h30 et reçoit l'ordre de se porter à Saint-Jean-la-Forêt et à Bellème et, le cas échéant, de s'engager pour enrayer l'avance d'une forte colonne motorisée ennemie signalée descendant de Mortagne sur Bellème. Une A.M. ennemie est signalée à la sortie nord de Bellème, au contact avec des éléments à pied.
Au moment où le peloton Coupé allait intervenir, l'escadron reçoit l'ordre de repli sur la côte 159, sur la route du Mans, 4 km sud d'Igé, où il arrive sans incident. Dans la nuit (23 heures), le repli général s'effectue ; les deux escadrons à l'arrière-garde, l'escadron S et le P.C. à la Fontaine (3 km N.-E. du Mans), l'escadron H à Coulaines (2 km N. du Mans) ; arrivée des deux escadrons vers 2 heures du matin.
Mardi 18 juin :
La D.L.M. poursuit le mouvement vers la Mayenne. Jusqu'à 11 heures, les deux escadrons tiennent les sorties N. et N.-E. du Mans. Le T.C. dès 8 heures fait route sur Loiré (10 km S.-O. de Segré) où il arrive à midi. Les chars passent aux ordres du colonel Dario, commandant le 6ème Cuirassiers, pour exercer une action retardatrice sur l'axe Le Mans-Sablé-Le Lion d'Angers-Segré. Un détachement retardateur de deux pelotons S et d'un peloton moto du 6ème Cuirassiers sous les ordres du capitaine de Viéville sur l'axe.
- un peloton H (Nicolas) à Rouillon, avec deux pelotons motos ;
- un peloton moto à Allonne ;
- le gros des chars à Saint-Georges-du-Bois.
Premier contact avec l'ennemi à Saint-Georges-du-Plain à 13h30. Une colonne motorisée est prise sous le feu du peloton Lambert, qui détruit plusieurs motocyclistes et ennemis à pied et une arme anti-chars qui se mettait en position de tir. Un char lourd ennemi intervient et disparaît. Le peloton se replie, selon les ordres reçus, en avant de Saint-Georges-du-Bois. Le colonel Dario fait replier les éléments d'Allonne sur la Suze-sur-Sarthe et les éléments de Rouillon sur Souligne-Flace. Les éléments de Saint-Georges-du-Bois restent en flèche.
L'ennemi continue sa progression et amorce un enveloppement ; le contact est repris et les chars du peloton Lambert ouvrent le feu sur des ennemis mettant un mortier en batterie.
Sur ordre du colonel Dario, le peloton Lambert se replie à la sortie est de Saint-Georges-du-Bois. La position qu'il occupait immédiatement après son départ est prise à partie sans effet par des mortiers et par le char lourd ennemi.
Le village de Saint-Georges-du-Bois est bombardé par l'artillerie. Reprise du contact aux lisières est de Saint-Georges-du-Bois, où l'ennemi subit encore quelques pertes. A 17h15, le détachement reçoit l'ordre du colonel Dario, qui était à Chemillé, de le rejoindre immédiatement. La mission du Régiment est changée. L'escadron S devait rejoindre le P.C. de la D.L.M. à la Chapelle-Saint-Oudin (4 km est de Segré). L'escadron H devait tenir trois postes : Château-Gontier, Les Près, Champigné. L'escadron S arrive à Chapelle-sur-Oudin à 2 heures du matin. L'escadron H reçoit l'ordre du capitaine de Viéville d'aller tout entier à Château-Gontier en attendant le ravitaillement en essence ; il y arrive à 22 heures. Ses pleins ne seront pas faits avant 3h30 du matin.
Mercredi 19 juin :
A 7 heures, l'escadron S reçoit l'ordre de se porter au nord de Segré pour tenu-la patte d'oie de la Maison-Neuve et la sortie ouest de Segré. L'escadron H a installé ses postes à partir de 5 heures du matin. Les postes des Prés et Champigné reçoivent l'ordre vers 9 heures de se porter à la Chapelle-Saint-Oudon, en réserve de division.
Le peloton Coquart et le lieutenant de la Morsanglière restent à Château-Gontier pour assurer la protection de l'escadron Hérail, du 12ème R.D.P. A 10h45, cet escadron se replie sur La Ferrière, où il embarque sous la protection du peloton H ; celui-ci reçoit l'ordre de se porter à Vem-d'Anjou.
L'escadron S a reçu l'ordre de tenir Segré jusqu'à 15 heures. Il laisse un peloton à la Maison-Neuve pour intervenir éventuellement en faveur d'un G.R.C.A. (commandant de Hauteclocque) qui attend depuis midi ses camions à La Ferrière. Des éléments ennemis nombreux sont signalés, débordant Segré par l'ouest.
Vers 14h45, le G.R.C.A. est en contact avec l'ennemi ; pour aider son action, le lieutenant Ville envoie une patrouille (lieutenant Coupé) jusqu'à la sortie nord de La Ferrière. Contact avec A.M. ennemies. La patrouille revient et, conformément aux ordres de la D.L.M., les deux pelotons composant l'escadron S tiennent les sorties de Segré jusqu'à 15 heures, d'où ils rejoignent Vem où se trouvent deux pelotons de l'escadron H.
Vem devait être tenu jusqu'à 16 heures ; l'ensemble des deux escadrons (moins le peloton Dauger, qui rejoindra à La Pouèze) entame alors une action retardatrice sur l'axe La Pouèze, Bécon, Les Granits, Saint-Augustin-des-Bois, Saint-Germain-des-Près et Montjean.
Coups de mitrailleuses lourdes à Vem, bombardement des crêtes sur la route, sensation d'infiltrations sur les côtés. Au passage de la Loire, au pont de Montjean vers 18 heures, le Régiment s'est présenté de la façon suivante : deux pelotons H, le P.C., un peloton H (Coquart) et l'escadron S.
Les deux premiers pelotons et le P.C. ont franchi le pont sans incident ; une grenade a été lancée à bout portant sur le char de l'adjudant Coquart, à 2 km avant le pont. L'escadron S est accroché avant le passage du pont par des chars légers ennemis qui le suivaient à distance depuis quelques temps. Combat au canon. Deux chars S étaient hors d'état de tirer. La défense a été assurée spécialement par le lieutenant Coupé et le maréchal des logis-chef Léger.
Le lieutenant Ville, à pied, organise le passage du pont, qui se fait très lentement et parfaitement en ordre ; quatre chars S sont touchés. Pas de pertes d'hommes ; une A.M. ennemie mise hors de combat. L'étape se continue sur Saint-Lambert-du-Latay.
Jeudi 20 juin :
Le Régiment part :
- l'escadron H et le P.C. à 10 heures,
- l'escadron S à 13 heures, arrière-garde de la D.L.M., pour Saint-Paul-en-Gâtines, par Chemigné, Maulevrier, Châtillon sur-Sèvre, Cerizay, Montcoutant, Saint-Paul-en-Gâtines près de l'Absie. Le médecin lieutenant Bouniol est désigné comme officier de liaison pour le Régiment auprès de la D.L.M. Etape sans incident. Arrivée à 16 heures ; l'escadron S, 19 heures. Le T.C. avec le Régiment à Saint-Paul-en-Gâtines.
Vendredi 21 juin :
Départ à 10 heures pour Bressuire, en direction du nord. L'escadron H est dérouté et se porte à Airvault, où il arrive à 14 heures. Il détache deux pelotons (Dauger, Nicolas) sur Moncontour-de-Poitou et Saint-Jouin, avec mission de reconnaître ces villages et de couvrir l'installation des D.P., le peloton Coquart faisant bouchon à Saint-Jouin.
A 16h15, le 12ème R.D.P. étant installé, l'escadron H se regroupe à Airvault. L'escadron S arrive également à Airvault vers 14h30, en réserve de division. A 15 heures, il reçoit l'ordre de se porter à Mirebeau, menacé par une progression allemande se dirigeant vers Poitiers. Liaison est prise à 17 heures avec des éléments du 6ème Cuirassiers. A 18 heures, l'escadron et le 6ème Cuirassiers occupent Mirebeau, où il passe la nuit en point d'appui cerclé. Nuit sans incident.
Le T.C. est dirigé sur La Neuville, où l'arrivée des Allemands était annoncée par la municipalité au moyen de haut-parleurs. Le T.C. se replie en direction de Parthenay ; il est arrêté à La Ferrière par le commandant Massue, de la 1ère D.L.M. ; il y passe la nuit.
Samedi 22 juin :
L'escadron H à 7h30 reçoit l'ordre de pousser un peloton à la disposition du 12ème R.D.P., avec mission de dégager le P.C. installé à Moncontour. Ce P.C. était menacé d'encerclement.
Le peloton Dauger exécute plusieurs patrouilles au N.-O. du village. A 11h30, la menace allemande devient pressante ; le commandant du 12ème R.D.P. décide de se replier sur Saint-Jouin ; le peloton aide au décrochage, détruit plusieurs voitures de transport ennemies, une arme anti-chars qui s'installait et environ une dizaine de cavaliers allemands.
Violent tir d'artillerie et de mortiers. Blessés au 12ème R.D.P.. A 12h10, l'ennemi progresse sur Saint-Jouin et déborde par l'ouest en direction d'Airvault. Le 12ème R.D.P. reçoit l'ordre de se replier de Saint-Jouin sur Airvault. Le peloton Coquart décroche un peloton de D.P. sur la route de Brie.
A 13 heures, action retardatrice des deux pelotons de Saint-Jouin à Airvault.
L'escadron H se regroupe à Airvault à 14 heures et se dirige sur Veluche, où il arrive à 15h30. L'escadron S à 10 heures prend contact avec l'ennemi. Combat au canon et au mortier. Il reçoit l'ordre de rejoindre Airvault, où il arrive à 13 heures, et repasse sous le commandement du capitaine de Viéville.
Il se dirige sur Veluche, où il arrive à 16 heures. La cuisine roulante de l'escadron S, allant ravitailler à Mirebeau, tombe vers 11h30 dans une embuscade allemande, est soumise à un tir d'armes anti-chars et de mitrailleuses. L'équipe des cuisiniers se regroupe sous les ordres du maréchal des logis-chef Sart.
Ces hommes rejoindront le Régiment vers 18 heures, à Gourge. A Veluche, l'escadron S est obligé de détruire par le feu un char en panne grave d'embrayage. Le Régiment est envoyé à Gourge ; il y arrive à 17h30. L'ordre de repli général pour la division en direction de Saint-Maixent et le sud, étant donné, l'escadron S reçoit l'ordre de se porter en bouchon aux sorties E. et S.-E. de Parthenay.
Arrivé à Parthenay, sur ordre du capitaine Miquel, de la D.L.M., le lieutenant Ville doit boucher La Ferrière et Saint-Martin-du-Fouilloux. Le lieutenant Coupé se porte en direction de La Ferrière vers 20 heures. Il est accueilli par des armes anti-chars au passage à niveau ; à bout portant, le char du maréchal des logis Chalverat est détruit et en flammes. L'équipage ne peut être dégagé. Le peloton Coupé se replie sur la sortie est de Parthenay, qu'il tient solidement.
Le général commandant la D.L.M. ayant décidé de faire passer la division par Parthenay et Saint-Maixent, en direction de Lezay, l'escadron S tient Parthenay jusqu'au passage des derniers éléments de la D.L.M. L'escadron H, à son passage à Parthenay, reçoit l'ordre de passer en tête de la colonne pour aller tenir les sorties E. et 0. de Saint-Maixent, où il arrive à 22 heures, suivi par le P.C. L'escadron S l'y rejoint après minuit, et tout le Régiment repart en queue de la D.L.M. sur Lezay à 1 heure du matin. Arrivée à 4h30.
Pertes de la journée :
- deux chars S ;
- un équipage : maréchal des logis Chalverat, cuirassiers Jamin, Leroux ;
- un camion : une cuisine roulante, un side-car, brigadier-chef Lesueur André, cuirassiers Brillant et Eveiliau ;
- cuirassier Cauffe et sa moto solo, envoyé en liaison par le T.C.
Le T.C., avec qui la D.L.M. a perdu tout contact, quitte La Ferrière à 11 heures pour Vautebis (sud de Parthenay) ; il en part vers 14 heures, roule sans interruption en direction du sud. II a abandonné un char H, pris en remorque, à La Ferrière, après l'avoir rendu inutilisable.
Dimanche 23 et lundi 24 juin :
Poursuite du repli.
Le T.C. quitte Vervant à 11h45, passe à Aubeterre, recoupe le Régiment à La Roche-Chalais et arrive à Saint-Antoine-de-l'Isle. Il rejoindra le Régiment le lendemain, à Siorac-de-Ribérac.
Le Régiment, depuis le 10 juin, a fait en char plus de 1200 kilomètres. A minuit cinq, le Régiment communique aux escadrons la fin des hostilités pour minuit trente cinq. Le Régiment fait mouvement sur Siorac-de-Ribérac, où il arrive à 11 heures.
JOURNAL DE MARCHE ET OPÉRATIONS DU
4e RÉGIMENT DE DRAGONS PORTÉS
Le Journal des Marches, tenu depuis la mobilisation générale de septembre 1939 ayant été brûlé pendant la campagne des Flandres, à Ghyvelde, avec les documents du P.C du régiment, il ne peut être fait qu'un court résumé des mouvements qui ont précédé l'entrée en campagne du 10 Mai. Antérieurement au 10 Mai, le régiment n'a pas été engagé. De la mobilisation générale au 10 Mai le régiment et sous le commandement de son colonel en temps de paix, le colonel Lacroix, qui a fait du régiment une magnifique unité combattante.
En septembre et octobre 1939 le régiment stationne dans la région de Verdun :
Dieue, Génicourt, Sommedieue ; puis Châtillon–sur-les-Côtes, Watronville, Eix, Azannes, Fleury-sur-Aire.
Le 10 novembre, le régiment est alerté, la neutralité Belge est menacée et la 1ère D.L.M.doit se porter aux frontières de la Belgique. Le régiment fait mouvement et se porte dans la région de Quiévy, puis de valenciennes (P.C. à Aubry).
La situation internationale étant détendue, le régiment se replie et cantonne dans la région de Cambrai. PC. E-M. et E.H.R à Naves ; le 1er bataillon à Cagnoncles ; le 2e bataillon à Neuvilly ; le 3e bataillon à Bethencourt. Le 10 janvier 1940, le colonel Lacroix est appelé à prendre le commandement de la 4e B.L.M. et le commandant Causans prend le commandement du 4e dragons.
Le 16 janvier la situation internationale étant de nouveau menaçante, le régiment se porte de nouveau à la frontière, en direction de Bavay. Le 18 janvier une détente s'étant produite le régiment reprend ses cantonnements.
Le 14 mars le régiment rompt de ses cantonnements pour se rendre dans la région de Valenciennes-Curcies et y effectuer des travaux de défense. Il est mis a la disposition du général commandant la 2e D.I.N.A. (général Dame) P.C Marly.
Le 25 mars, le régiment fait mouvement sur ses anciens cantonnements de la région de Cambrai et le 27 il les quitte pour stationner dans la région de Saint-Omer, la première DLM étant mise à la disposition du général commandant la 7e armée (général Giraud).
Le régiment se cantonne dans la région de la Lys (P.C à Delettes) jusqu'au 30 avril.
Le 30 avril, le régiment fait mouvement dans la région de Clairmarais.
10 MAI 1940 – Le régiment est cantonné dans la région de clairmarais à l'est de Saint-Omer, dans des baraquements édifiés par le génie de la 1ère DLM et qui sont en cours de construction.
Le PC est installé dans le parc de l'ancienne abbaye de Woestine, depuis le 30 avril. Le stationnement est le suivant : E.M et E.H.R., ancienne abbaye de Woestine ; le 1er bataillon, à Erques et Erbelles ; 2e bataillon à Nieppe ; 3e bataillon au séminaire Saint-Bernard. Des éléments du 2e bataillon (3e et 14e escadron) cantonnent dans la région d'Oxelaefe.
A partir de 4h30 et pendant plus d'une heure, le camps de Clairemais est survolé par les bombardiers ennemis, pris par la D.C.A de Saint-Omer à Woestine. A 6 heures, est donnée l'alerte numéro 3. Peu après, un message de la division avertit que l'heure «H», c'est-à-dire l'heure où les premiers éléments de la première D.L.M. franchiront la frontière belge est fixée à 10 heures. Le régiment part sur deux itinéraires différents (I4 et I5). Il doit franchir la frontière aux points initiaux suivants : l'Abeele (I4) et Bailleul (I5), à H plus 1h45.
Sur I4 marchent l'EM du régiment et le 2e bataillon ; sur I5 marchent le 1er et 3e bataillons. Le régiment est commandé en l'absence du colonel Causans, en permission et rappelé par télégramme dès le reçu de l'ordre d'alerte, par le chef d'escadrons Amanrich. Le 1er bataillon (bataillon Amanrich) est commandé par le capitaine Clavé.
La traversée de la Belgique s'effectue sur les itinéraires prévus dans un ordre parfait et jusqu'à 18 heures, des bombardiers allemands effectuent à Termonde un bombardement en piqué d'une grande précision, au cours duquel le pont sur l'Escaut est détruit, obligeant ainsi à suivre un autre itinéraire. A 21 heures, sur la transversale Anvers-Malines au carrefour de Waloos, liaison et prise entre les deux éléments du régiment marchant sur les deux itinéraires. A 24 heures le commandant Amalrich se porte, de sa personne, à Oostmalle, où se trouve le P.C. avancé de la division, pour y prendre les ordres du général Picard, tandis que le régiment poursuit sa route.
Le sous-lieutenant Lagary, blessé dans un accident de side-car est évacué.
11 mai 1940
Le régiment a pour mission de se porter sur une ligne Tilbourg et le canal de Turnhout et, en liaison avec les unités de l'armée Hollandaise qui tiennent Tilbourg, arrêter l'ennemi. Dans la matinée, le P.C. du régiment est fixé à Poppel et les escadrons sur leurs positions, en suivant l'itinéraire Ostmalle-Merksplag-Poppel. Pendant toute la journée, un bombardement d'une extrême violence a lieu, par avions, presque sans arrêt. L'aviation allemande en nombre, avec une maîtrise complète de l'air bombarde les colonnes et les villages, parfois à très basse altitude et avec un bruit de sirènes qui marque la volonté de l'ennemi de semer la terreur. Des motocyclistes isolés, agents de transmission, sont pris en chasse par les mitrailleuses. La route entre Osmalle et Merksplag passe par une région de bruyères et de bois qui sont en flammes. Toutefois, l'effet produit par l'aviation est plus psychologique que matériel et les pertes sont légères. Le sous-lieutenant Cara est blessé. A 17 heures ; le P.C du régiment est porté à Hoogh – Eind, à 3 kilomètres au nord-est de Poppel, en territoire hollandais. Les renseignements qui parviennent au P.C. font savoir que les Hollandais se replient sur la région de Tilbourg et qu'il n'ont pas l'intention de tenir ce village (renseignements donnés par le lieutenant de Saint-Hubert, officier de liaison de l'armée belge auprès de l'armée hollandaise). Le dispositif du régiment, qui se réalise dans la soirée, est le suivant : 2e bataillon Loge-Mierde-Hooge-Mierde-Lisière-sud-est des bois de Hooge-Vijvers-Bosch, le 1er bataillon est en réserve à Beerse.
12 mai 1940
Le colonel de Causans rejoint dans la matinée le P.C. d'Hoog-Eind, qui est commun avec celui du 74e régiment d'artillerie (colonel Marguerittes). Vers 11 heures, le commandant de Saint–Martin envoie un premier compte rendu pour avertir d'un premier contact à l'est de Loge-Mierde. Une demi-heure plus tard, le contact se précise sur tout le front du 3e bataillon, qui trouve en face de lui des éléments à pied et des motocyclistes. Toute l'après midi, les combats se poursuivent, dans les bois, et les 13e, 14e et 15e escadrons résistent sur place, sans céder un pouce de terrain. Les mitrailleuses du 13e escadron ont des champs de tir réduits et exécutent des feux meurtriers avec leur hausse de 200.
Vers 15 heures, le commandant Saint-Martin craint d'être coupé du P.C., des infiltrations s'étant produites à l'extrême gauche de son dispositif. Du pont de l'Aa à la sortie nord de Wellenseind.
A la même heure, le contact se précise sur le front du 2e bataillon, notamment pour le 8e escadron qui tient l'Aa dans les bois, au sud-est d'Hoog-Eind. A 16h30 le village de Diessen, tenu par un peloton d'A.M.R du 6e escadron (peloton Delord), le 7e escadron et un peloton divisionnaire anti-chars est attaqué par un détachement ennemi. Le contact est pris, d'abord, par les autos-mitrailleuses légères puis par des chars et des éléments à pied, toujours en plus grand nombre. A 16 heures le colonel déplace le P.C. pour l'installer à Esbeck où se trouve celui du 2e bataillon. A 17h30 l'ennemi attaque également Hilvarenbeck, tenu par le 6e et le 10e escadrons. L'aspirant Vanermarcq, du 7e escadron qui assure la liaison entre la division et le régiment apporte l'ordre de tenir sur la position jusqu'à 20h30.
La mission du régiment se sera de se replier derrière le canal de Turnhourt et de le tenir vers 18h30.
Les éléments qui tiennent Diessen doivent se replier, les pièces d'artillerie sont détruites et la pression de l'ennemi est de plus en plus forte. A 20h30 le régiment commence son décrochage. Le colonel quitte le Village, à 20h45, le pistolet à la main, au moment où les premier soldats allemands débouchent sur la place du village. Le repli est rendu très difficile en raison des bois, en l'absence de chemin et de la nuit. Le 2e bataillon retraite par échelons, il est accroché sur ses flancs et il est accompagné par un très sévère tir d'artillerie ennemi dès le débouché de Poppel. Il fera 40 kilomètres à pied dans la nuit pour rejoindre le lieu de rassemblement (bois est de Vlimmeren) où il arrivera le lendemain à 7h30. le 3e bataillon se replie par les bois, tenus par le 15e escadron et passe le canal d'embranchement sur des portières, le pont de la nationale 25 étant sauté.
Le 15e escadron réussit son décrochage et revient sans pertes ; par contre les 13e et 14e escadrons ont des pertes sévères et ni le lieutenant Fonclade ni le lieutenant Hennessy qui les commandent ne les rejoignent.
A partir de 23h30, le P.C. du régiment est installé dans la villa Ter-Loo, à 2 kilomètres de Kasterlee, sur la route de Retie.
La journée a coûté au régiment les pertes suivantes : le lieutenant Fonclade blessé ; les lieutenants Lafforest, Chabonnier, Hennesy, Yanisse, les sous-lieutenants Béguin-Billecoq, Donneau, Catry ont disparu.
13 mai 1940
La mission du régiment est de tenir le canal d'embranchement depuis Turnhours jusqu'à Deschel.
Pour l'accomplissement de cette mission, le colonel de Causans a sous ses ordres des éléments du 4e cuirassiers et du 18e dragons pour les têtes de ponts, et il a également sous ses ordres la 18e division d'infanterie Belge, dont le P.C. est à Kasterlee. Le premier bataillon tient le canal depuis Turnhours jusqu'à Vooneide. Le P.C. du commandant Amanrich est à Ooend-Turnhours ; le 2e bataillon est à droite du premier et tient le reste du secteur. Le P.C. du commandant Marlard est à Rétie ; le 3e bataillon qui a combattu pendant 24 heures et qui a opéré un décrochage difficile de nuit et dont les pertes sont sérieuses reste en réserve dans les bois entre Tielen et Ciele. Les belges ont préparé sur les routes des «destructions folles» et ont hâte de les mettre en œuvre. La volonté de résistance du 4e dragons ramène de nombreux fantassins sur leur position qu'ils avaient abandonné sur le canal.
Durant la journée, le contact est étroit, notamment sur le front du premier bataillon ; mais, nulle part, l'ennemi ne réussit à franchir le canal, sinon quelques isolés armés de mitrailleuses qui passent à la nage. Deux prisonniers, en civil, mais qui sont porteurs de leur livret de solde, sont amenés au P.C. à 22 heures, ce sont des fantassins qui prétendent avoir quitté leur uniforme pour fuir plus facilement.
Le régiment a perdu au cours de la journée le sous-lieutenant Chévenier, disparu.
14 mai 1940
Vers minuit, les C.R. des escadrons renseignent le colonel et lui apprennent que le pression devient très forte, qu'à la faveur de la nuit, des infiltrations se multiplient, à 1 heure, l'aspirant Vandermarcq apporte les ordres du général Picard qui sont de se replier sans délai pour occuper une nouvelle position. Le repli s'effectue à partir de 3h30. Le régiment doit occuper sa nouvelle position à partir de 7h30. le décrochage et le mouvement ont lieu dans des conditions normales, l'activité de l'aviation ennemie, très intense la veille, est en ce moment presque nulle. La mission du régiment est de tenir la ligne Saint-Lenaarts – Oostmalle – Zoersel – Zandhoven – Vierse. Le 1er bataillon est au nord du dispositif (P.C. à Oosmalle) ; le 2e bataillon est au centre (P.C au carrefour des routes Halles – Pulderbosch) ; le 3e bataillon est au sud (P.C à Lanneremberg).
Les Belges manifestent une hâte inconsidérée pour faire sauter les ponts et veulent, dès le milieu de la matinée (9h30) faire sauter le pont de Massenhoven, rendant de ce fait, tout repli éventuel du 3e bataillon impossible. Le général Giraud, commandant la 7e armée, vient vers 10h30 au P.C. du régiment, à Halle et rédige de sa main l'ordre aux troupes Belges de ne faire sauter les ponts de Massenhoven et de Wignegen, que sur ordre du colonel de Causans ou de son reprèsentant. A partir de 16 heures, sur les fronts des 2e et 1er bataillons les contacts avec l'ennemi se précisent.
Vers 17h30 le commandant Marlard rend compte que l'ennemi attaque en force son bataillon. Le colonel de Causans demande au colonel Marguerittes de faire un tir de barrage dans les bois qui facilitent la progression des Allemands. L'ennemi est stoppé. A la tombé de la nuit le contact est perdu et sur la route, les chars «H» du 4e cuirassiers circulent librement. A 19h30 arrive l'ordre de se replier au sud du canal Albert. Le mouvement doit s'effectuer de nuit.
L'E.M du régiment, les 2e et 1er bataillons se replient par l'itinéraire Halle – Lindenhoek – Wigneghem ; le 3e bataillon se replie par Massenhoven – Lammenrenberg.
Le régiment a perdu dans la journée le lieutenant Parmentier, blessé.
15 mai 1940
Le repli s'effectue dans de bonnes conditions et les destructions n'ont lieu qu'après le passage de tout le régiment, qui se regroupe dans la région de Kontich. Le P.C. et dans le château de Kontich. Vers 18 heures le régiment fait mouvement en direction d'Alots. Le P.C se fixe à Aaigem. L'aviation allemande poursuit son activité, mais la D.C.A. britannique est très active et oblige les avions ennemis à se disperser et à voler haute altitude. A 21 heures, le régiment fait mouvement vers le sud pour regagner la France.
16 mai 1940
A 9 heures, en arrivant à Condé-sur-Escaut, le colonel apprend que les allemands ont pénétré en territoire Français et qu'ils sont à Avesnes, se dirigeant sur Landrecies. Remontant des colonnes de fuyards, le régiment se porte vers le sud, au delà Du Quesnoy. Le P.C s'installe dans une prairie, voitures camouflées sous les arbres et le long des haies, à l'entrée d'Englefontaine.
Le régiment doit tenir depuis Jolimetz jusqu'à La Croix–Caluyau, les lisières de la forêt de Mormal.
Mais le régiment ne forme plus un tout, dans la main de son chef. Le colonel De Causans commande un groupement dans lequel s'intègrent à la fois le 3e bataillon et des chars du 4e et 6e cuirassiers et le 18e dragons et une batterie du 74e R.A ; les 1er et 2e bataillons sont : le premier en réserve de division, le second aux ordres du colonel Beauchesne, qui commande un autre groupement.
Le régiment a perdu, au cours de la journée du 15 le capitaine Mir, évacué.
17 mai 1940
Les renseignements qui parviennent avertissent de l'approche de détachements légers ennemis dans la forêt de Mormal, notamment sur Locquignol. D'autre part, l'ennemi progressant sur l'axe Le Cateau-Cambrai le 2e bataillon reçoit l'ordre du colonel Beauchesne de se porter à Solesmes, où la journée se passe avec de simples accrochages de patrouilles.
18 mai 1940
L'ennemi, par des détachements blindés et motocyclistes, manifeste une activité accrue dans la forêt de Mormal et sur l'axe Locquignol-Jolimetz. Vers midi le P.C. du colonel De Causans est coupé de ses communications avec l'arrière par une auto-mitrailleuse ennemie qui entre Louvignie et Englefontaine, révèle sa présence en mitraillant un agent de liaison du régiment. Le lieutenant Astoul, du 6e cuirassier part avec un blindé repousser la patrouille allemande.
Celle-ci se replie par une petite route en direction de l'est (forêt de Mormal). A 13 heures le colonel De Causant replie son P.C et le porte à la sortie du Quesnoy, sur la route d'Englefontaine, dans une maison où le commandant Saint-Martin a déjà installé le P.C. du 3e bataillon. A 16 heures les chars allemands ont bousculé la résistance française de Jolimetz et approchent Du Quesnoy. Le colonel a l'ordre d'attaquer sur le Quesnoy-Landrecies et de prendre liaison avec le groupe de Beauchesne qui doit attaquer, de son côté, sur l'axe : Solesmes-Neuvilly – Le Cateau. A 17 heures l'attaque débouche Du Quesnoy et les chars du commandant de Thélin repoussent les deux A.M. ennemies, qui étaient arrivées aux portes de la citadelle. Le colonel et son état major, à pied sur la nationale 46 suivent la progression des chars et des dragons du 3e bataillon. A Englefontaine, la liaison est recherchée sur la transversale Bavay-Le Cateau, mais l'attaque du groupement de Beauchesne n'a pu déboucher en même temps. En effet, le colonel de Beauchesne ayant reçu à 15h30 l'ordre d'attaquer à 16h30 demande que l'attaque n'ait lieu qu'à 17h30, les chars du colonel Pinon ne peuvent être en place sur la base de départ qu'à cette heure, le général de division décide que l'attaque ne sera décalée que d'une demi heure, soit 17 heures. N'ayant pu se mettre en liaison avec le colonel Pinon et le commandant Amalrich, le colonel De Beauchesne se rend au P.C. du général de division d'une part pour demander un nouveau décalage de l'attaque, et d'autre part, pour prendre contact avec le colonel commandant les chars et le commandant le 14e D.P.
A 18 heures les chars n'étant pas en place et l'attaque devant avoir lieu, à base de chars, le colonel De Beauchesne envoie le capitaine Boery dire aux deux chefs de bataillon de surseoir l'attaque. Pendant ce temps, le 1er bataillon, qui a pour mission de tenir les lisières et les abords de Vendegies est, depuis 16 heures au contact avec l'ennemi dont il repousse toutes les attaques. A l'heure prescrite, le 2e bataillon occupe sa base de départ, sa droite, au carrefour des routes Neuvilly, le Cateau, à sa gauche 1 kilomètre sud d'Amerval. Dans l'après midi du 18, Neuvilly a été attaqué violemment par l'aviation, de nombreuses bombes incendiaires, qui n'ont pas éclaté jonchent les rues. Une liaison, à gauche, est recherchée, mais une importante colonne motorisée remonte le flanc droit du 2e bataillon par la crête d'Ynchy-Viesly, vers Fontaine-au-Tertre. Bientôt les armes automatiques et anti-chars ennemies prennent de flanc le 2e bataillon et nos chars, malgré les tirs à vue de nos batteries.
Cette colonne est bloquée par un char Somua qui arrivé par hasard à Neuvilly, est mis en place à la sortie nord de la ville, par le capitaine Ségur, en bordure de la rivière, et par le détachement du lieutenant Carini, du 6e cuirassier, qui débouche de Fontaine-au Tertre. Ce dernier a disparu au cours de l'opération, plusieurs chars ennemis sont mis hors de combat.
Le capitaine de Boery (de la brigade) vient de donner l'ordre de se replier à Solesmes et de tenir le village. La nuit est tombée quand les chars du colonel Pinon arrivent sur la base de départ, l'ordre de repli apporté par le capitaine de Boery était en cours d'exécution. Le décrochage a lieu par échelons, couvert sur le flanc gauche ouest par nos chars. Il a lieu sous un violent bombardement de 77. Les A.M.R. du B.T.N. restent en soutien du B.T.N. du 131e qui coopèrent à l'action et ne se replient qu'après le décrochage de l'infanterie. Le bataillon reprend ses emplacements à Solesmes.
Le 1er bataillon reçoit l'ordre de se replier sur Escarmain. A la même heure, ordre est donné au 2e bataillon de poursuivre le repli et d'aller occuper défensivement, face au sud, Montrecourt, Saulzoir, et Villers-en-Cauchie, en liaison, avec le 131e R.I. (établi à Verchain).
Pour le groupement de Causans, demeuré seul, la situation devient sérieuse. Il réussit à progresser au delà de Ronbersart et jusqu'à deux kilomètres environ de Landrecies. Mais 22h30, il doit s'arrêter et, tandis que le 3e bataillon s'installe définitivement pour la nuit, le colonel porte son P.C. dans une ferme, à proximité immédiate de la route. Les chars se tapissent en lisières des bois.
Un convoi de munitions allemand incendié par les chars jette les lueurs d'un véritable feu d'artifice.
19 mai 1940
A 1h30 le colonel De Causans donne l'ordre aux éléments de son groupement de se replier sur Le Quesnoy. Le repli s'effectue sans grande difficulté et le groupement s'arrête vers 8 heures à Louvignies. Le lieutenant Hennesy, du 12e escadron, reçoit l'ordre de reconnaître avec son peloton moto la route Du Quesnoy. Une demi heure plus tard, son sous-officier adjoint ramène le peloton. Le lieutenant Hennesy a été fait prisonnier par l'ennemi, qui tient les abords du Quesnoy. Devant la situation créée par la présence de l'ennemi sur l'itinéraire de repli et l'absence de communication, le groupement s'installe en position défensive pour tenir le village de Louvignies. A 10 heures, le lieutenant Botreau-Bonneterre part en voiture pour rejoindre la division et demander des ordres. Une demi heure plus tard sa voiture revient à Louvignies, la présence de blindés allemands oblige l'officier de liaison à abandonner sa voiture et de poursuivre sa mission à pied. A partir de 11 heures, des détachements légers ennemis, composés soit d'un blindé, soit d'un blindé et de quelques motocyclettes ou même de motocyclettes seules viennent au contact et sont repoussés par les A.M. embossés aux sorties du village grâce aux mitrailleuses du 15e escadron et un canon de 47, placé sur la route nationale, en direction d'Englefontaine. Vers 15 heures la pression ennemie devient plus active et des infiltrations se font par les vergers qui entourent le village. A partir de 17 heures la fusillade s'intensifie, des avions survolent à très basse altitude les défenseurs de Louvignies, qui tirent sur eux au fusil.
Quatre chars du groupement qui sont en assez mauvais état mécanique (chenilles détendues), reçoivent l'ordre de se replier par Ghissignies, en direction de l'ouest, pour regagner la division. A 19 heures des infiltrations ont permis à l'ennemi de pénétrer dans Louvignies. Les mitraillettes crépitent. Le feu est très dense, mais ne semble pas ajusté. Les balles font sauter les tuiles des toits, écaillent les murs ou ricochent sur les pavés des rues. Le colonel donne alors l'ordre de repli sur Ghissignies, qui est à 3 kilomètres, tenu par un bataillon du 27e R.T.A. Le repli s'effectue par une route étroite heureusement bordée de talus et sous le feu des balles traçantes que prodigue l'ennemi. A 21 heures le groupement du colonel De Causans se resserre avec les 600 tirailleurs dans la cuvette de Ghissignies. Pendant cette journée, le 1er bataillon, qui s'est replié à 2 heures sur Escarmin, continue son mouvement vers l'ouest, jusqu'à Iwuy, où il arrive vers midi. A partir de 19 heures, l'ennemi attaque vigoureusement sur tout le front du bataillon, qui brise ses élans. Le contact intense dure jusqu'à 23 heures, heure à laquelle le bataillon reçoit l'ordre de décrocher et de franchir le canal de l'Escaut, à Bouchain. Le 2e bataillon est installé défensivement à Montrecourt, Saulzoir, Villers-en-Cauchies (8e escadron renforcé d'A.M.R). A 17 heures violente attaque, chars et infanterie ennemis cherchant à progresser par les vergers dans Montrecourt et Villers-en-Cauchies. Une batterie R.A.C, placés à proximité des voies pénétrantes, détruits trois chars, les canons anti-chars et mortiers du bataillon enflamment trois nouveaux chars. Les équipages et l'infanterie d'accompagnement sont dispersés par nos tirs d'armes automatiques et mitrailleuses, les allemands subissent de lourdes pertes. A Villers-en-Cauchies le 8e escadron résiste également à tous les assauts.
Le lieutenant Ménières capture une voiture ennemi contenant trois officiers (l'un s'échappera lors du décrochage de l'escadron). Vers 21 heures arrive l'ordre de décrochage. Le capitaine Roger (adjoint envoyé en liaison à Noyelles, près du colonel commandant le 131e R.I.) ne rentre pas. Le contact avec l'ennemi est en ce moment très étroit pour le 8e escadron et les éléments de droite. Le décrochage ne pourra être terminé qu'à 24 heures (sans pertes). Le commandant se porte aux ponts du canal (au sud de Denain) conformément aux ordres reçus.
20 mai 1940
Depuis le décrochages des 1er et 2e bataillons, décrochage qu'il ignore, le groupement De Causans est seul à 25 kilomètres des lignes en avant des lignes françaises, qu'il ne pourra rejoindre. A 1h30 le colonel De Causans renvoie, sous les ordres du capitaine Serre, du 74e R.A. les T.C du groupement et ceux du bataillon de tirailleurs. Les blessés sont mis dans une camionnette, la sanitaire du bataillon
étant insuffisante. Une heure plus tard, le capitaine Serre ramène la colonne de T.C. : il s'est heurté aux sorties de Salesches, à des barricades gardées par des chars ennemis. A 6 heures, la fusillade commence et ne cessera de s'intensifier. A 11 heures, le groupement tente une sortie et réussit une sortie en direction de Bermerain. Mais les chars n'ont plus d'essence, les vivres et les munitions manquent : le sort du groupement est de plus en plus critique. Cependant d'après les renseignements recueillis, le groupement Causans, attaqué de toutes parts, réussira à gagner Saint-Hilaire-Les-Cambrai, à plus de 15 kilomètres de son point de départ. Il ne sera capturé que le lendemain. Le régiment (les 1er et 2e bataillons), sous les ordres du chef d'escadron Amanrich, tient le canal de la Sensée, de Paillencours à Brunemont. Dans la matinée pour rejoindre leurs positions, les colonnes sont prises sous un violent bombardement. Le 2e bataillon a reçu l'ordre de tenir les points de passage sur le canal de la Sensée, sud de Vasner-au-bac, Paillancourt et l'est de Wavrechain.
Cependant, pendant cette occupation, des éléments du G.R.4, qui défendaient le pont de Paillencourt sont bousculés avec quelques pertes ; l'ennemi s'infiltre au nord du canal, vers 14 heures. Le 2e escadron monte une contre-attaque (2 pelotons des 8e et 9e escadrons plus le 10e escadron) sur l'axe Wavrechain, pont de Paillecourt ; devant cette attaque, les éléments ennemis repassent le pont, mais les pelotons sont soumis toute la soirée à des tirs ennemis. Le front est rétabli avant la nuit. De plus sur la gauche du 2e bataillon, à Bouchain, l'infanterie amie déclenche une forte attaque pour dégager entièrement Bouchain, au sud du canal.
Le 7e escadron en entier a été prêté à l'infanterie et participe à cette attaque (aucune perte). Le P.C. du Régiment est installé à Fressain, le 1er bataillon est commandé par le capitaine Clavé.
Le régiment a subi les lourdes pertes suivantes : colonel De Causans, commandant Saint-Martin, les lieutenants Sappey, Botreau, Hamon, Poncy, Logeard, Vande-Viele, Hennesy, Mazerot, Véne, Chevillot, Verdier, Cicéron, médecin lieutenant Bonin, capitaine De Chabalier disparus. Lieutenant Devoyot tué au combat.
21 mai 1940
Au début de la matinée, un renseignement signale que l'ennemi fait mouvement de l'ouest vers l'est, ordre est donné au 2e bataillon d'occuper Paillencourt et de pousser une reconnaissance vers Thun, Iwuy, par la crête sud-est de Paillencourt. Paillencourt est rapidement occupé par les 8e et 9e escadrons, une reconnaissance motos, A.M.R, (aux ordres du capitaine Ségur) est poussée vers Thun. Cette reconnaissance signale qu'une importante colonne motorisée se dirige vers le sud-ouest. Dans l'après midi l'ennemi revient en force et cherche à forcer les ponts de Paillencourt et le pont sud de Wasnes-au-bac, mais le génie de la D.L.M. parvient à temps à détruire ces ponts. Les tentatives ennemies sont rapidement brisées avec pertes. Le lieutenant Becker est blessé. A partir de 21heures, le régiment est relevé par les éléments de la 25e division d'infanterie et le 4e G.R.D.I., le 4e dragons fait mouvement en direction du nord-ouest sur Aubigny.
Le régiment a perdu le lieutenant Becker, blessé, l'aspirant Fortin disparu.
22 mai 1940
L'état-major du régiment et le 1er bataillon font mouvement par l'itinéraire Fresnes-Gravelles-Thélus. Le 2e bataillon, par Drocourt-Acheville-Vimy-Givenchy-Souchez-Carency. Au carrefour de la route de Thélus-Neuville, avec la nationale 26 (Arras-Lens), le commandant Amanrich apprend que les allemands occupent le mont Saint Eloi, à Neuville-Saint-Waast. Mais la relève du 2e bataillon par la 25e D.I. ne sera terminée que vers midi. A ce moment l'aviation ennemie bombarde intensément les routes entre Marcq et Villers-au-Tertre.
Le groupe de commandement du 2e bataillon, qui ferme la marche est violemment pris à partie et subit des pertes lourdes ; la voiture du commandant Marlard est criblée de balles, le chauffeur est tué au volant. Le 2e bataillon, à Souchez, reçoit l'ordre de se porter sur Carency et forme une charnière entre les 2 bataillons.
Le 1er bataillon attaque vigoureusement et prend possession du mont Saint Eloi, à 16h30 malgré un tir violent de l'artillerie et les bombardements aériens. Dans le mont Saint Eloi, le 1er bataillon fait 130 prisonniers et s'installe en position défensive.
Le régiment a perdu, au cours de la journée, le lieutenant Coche, disparu.
23 mai 1940
A 7 heures, le 1er bataillon reçoit l'ordre de se replier sur la ferme de Berthonval. Le 2e bataillon, s'établit défensivement à Carency et aux lisières ouest du bois à 2 kilomètres au sud-ouest. Le 8e escadron pousse dans la matinée, une reconnaissance motorisée (aux ordres du capitaine Segur) sur Villers-au-Bois. Des renseignements très importants sont rapportés. Une très forte colonne motorisée ennemie se dirige sur Carency, une autre sur le mont Saint Eloi. Vers 14 heures, une violente attaque ennemie se présente à l'ouest de Carency et contourne ce village par Amblain-Saint-Nazaire, abritée par une crête. Le 2e bataillon se défend avec acharnement, tenant en échec l'avance Allemande et s'opposant au mouvement débordant par le nord ; vers 17 heures, l'attaque ennemie s'intensifie par l'ouest le nord et le sud. Le chef d'escadron est blessé près des mortiers en s'efforçant de parer au mouvement enveloppant par le nord de Carency.
Pendant toute la journée, la bataille est très dure, le régiment a en face de lui les chars de la 7e panzer-Division, des chars en nombre et sur tout le front du régiment de mont Saint Eloi à Carency, se déroule une bataille de chars et d'infanterie. Les chars de la 1ère D.L.M, attaquent, en liaison avec les chars Britanniques, tandis que l'aviation allemande bombarde les villages (Thélus, Neuville-Saint-Vaast, Givenchy, Souchez) et les combattants.
Le capitaine Clavé étant blessé, le chef d'escadron Amanrich prend lui même et directement le commandement du 1er bataillon. Le chef d'escadrons Malard est blessé et c'est le capitaine Ségur qui prend le commandement du 2e bataillon, dont la situation est sérieuse car l'ennemi arrêté par le régiment cherche sur Notre Dame de Lorrette, à le déborder par la droite. A 23h30, le commandant Amanrich reçoit l'ordre de replier son régiment dans la région de Vimy.
Le régiment a perdu le capitaine Clavé, le commandant Marlard et l'aspirant Frémaux blessés.
24 mai 1940
Au reçu de nouveaux ordres parvenus au P.C. du mouvement de Vimy, à 2 heures, le régiment se porte à Gondecourt (3 kilomètres de Seclin). A 14 heures le régiment fait mouvement sur Herliès (E.M et 2e bataillon) et Erquinghem. Le 1er bataillon durement éprouvé au mont Saint Eloi, est renforcé par le 38e G.R.D.I ; il est commandé par le capitaine Arenemann.
Le régiment a perdu le lieutenant de Marne, tué, et le sous-lieutenant Hébert, blessé.
25 mai 1940
Journée calme, marquée seulement par quelques bombardements aériens. Le capitaine Grimbert, du 18e dragons, est affecté au régiment, comme officier des transmissions en remplacement du capitaine Botreau-Bonneterre, disparu le 20 mai.
26 mai 1940
A 9 heures, le régiment reçoit une nouvelle mission. Il s'agit de tenir le canal de la Deule, de Bauvin au sud, à Bac-à-Wavrin au nord. Le commandant Amanrich porte son P.C. à la ferme de Coquerez (sortie nord-ouest de Saint-chin) puis à la ferme de Coupignies, tandis que le 1er bataillon s'installe au nord ; de Bac-à-Wavrin à Don et que le 2e escadron s'installe au sud, depuis le pont de Don. Nos lignes sont sous le feu de l'artillerie ennemie.
27 mai 1940
Le régiment en ayant reçu l'ordre, décroche à partir de 3 heures ; sa mission est de tenir la Lys depuis Estaires (2e bataillon) à Bac-Saint-Maure (1er bataillon). La relève s'effectue normalement pour les unités de gauche ; le 8e escadron, qui tient la boucle du canal devant Bercleau n'a pu être touché, vers 4 heures, alors que la relève venait de se terminer, le 8e escadron est violemment attaqué ; il est obligé de se dégager après un combat au corps à corps.
Le lieutenant de la Panousse est blessé.
L'installation du régiment est terminée à midi, de nombreuses péniches, bord à bord, qui pourraient permettre les infiltrations ennemis sont coulées. A 15 heures, les renseignements qui arrivent au P.C. signalent que les Allemands ont percé entre Hazebrouck et Cassel et qu'ils s'infiltrent dans la forêt de Nieppe. Le régiment doit alors faire face au sud-ouest et à l'ouest et tenir depuis Estaires jusqu'à Vieux-Berquin. A 19h30, le 9e escadron est au contact de l'artillerie ennemie, puis le 8e et 10e escadrons sont au contact de l'infanterie allemande qui s'infiltre et traverse le canal de Nieppe
28 mai 1940
A 14 heures, le capitaine de l'Escalle, de l'E.M. de la 3e D.L.M, vient en liaison au P.C. du régiment (sortie ouest de Doulier) et rend compte que la 3e D.L.M. tient la ligne Estaire-La Bassée. Toute la journée, le régiment est au contact, légèrement d'abord, puis, vers le soir, des contacts se précisent avec des éléments de l'infanterie, appuyés de chars. Un char et une voiture de D.P. ennemis sont détruits devant Estaire, par les canons et les mitrailleuses du lieutenant Becker. La menace pèse lourdement à la droite du dispositif du régiment, qui risque d'être tourné par le nord. Les renseignements qui arrivent sur la situation de l'armée des Flandres sont d'une gravité exceptionnelle : l'ennemi occupe Cassel et Hazebrouck. A 21 heures le chef d'escadron Amanrich reçoit l'ordre de se replier sur Zuydcoote, par l'itinéraire : Bailleul-l'Abeele-Watou-Rondschoote-Guyvelde. Le décrochage s'effectue à partir de 22 heures, alors que des infiltrations se sont produites entre les P.A .de droite et le repli a lieu lentement, à travers les décombres de Bailleul, sur un itinéraire déjà utilisé à plein par les grandes unités qui retraitent.
Le régiment a perdu, dans la journée le lieutenant Boyer.
29 mai 1940
Vers 8 heures les premiers éléments du régiment arrivent à Guyvelde et se rassemblent dans le cimetière. Ordre est donné d'abandonner les voitures, de saboter les camions et le matériel automobile. A 13 heures les avions allemands font leur apparition. Jusqu'à la nuit, ils ne cesseront de bombarder Bray-Dunes et le pont sur le canal de Dunkerque, entre Bray-Dunes et Guyvelde sans toutefois, réussir à atteindre ce dernier point. La D.C.A. britannique est en action.
Le régiment a perdu dans la journée, le sous lieutenant Couturier, l'aspirant Bazier, le lieutenant Soye et l'aspirant Perrée, disparus.
30 mai 1940
A 8 heures, à pied, le régiment quitte Ghyvelde et va s'installer dans les dunes de Zuydcoote. A 11h50, le régiment fait à nouveau mouvement pour se regrouper dans les dunes de Malo-Terminus. La mer est d'huile.
A 21 heures, l'artillerie allemande entre en action et les obus tombent dans les dunes et encadrent le Casino-Hôtel ou se trouvent de nombreux blessés.
31 mai 1940
Le régiment, par détachement de 250 hommes embarque à Dunkerque sous les bombardements de la fin de l'après-midi. Les éléments du régiment débarquent à Douvres et sont acheminés vers des destinations différentes (Porthsmouth, Bournmouth, Plymouth) ; la campagne des Flandres est terminée.
6 juin 1940
De retour sur le sol Français le régiment se regroupe à Gaudreville-la-Rivière. Il doit se reformer sur de nouvelles bases : 1 escadron de motos, 3 escadrons de F.V. et 1 escadron de mitrailleuses et d'engins.
8 juin 1940
Les éléments du régiment, qui doivent former le nouveau 4e Dragons, quittent par la route, Gaudreville pour Saint-Rémy-Les-Chevreuses. Le 4e Dragons est à nouveau constitué et son ordre de bataille est le suivant :
ETAT MAJOR
Chef d'escadron Amanrich, commandant le régiment
Capitaine Bonamy, capitaine adjoint
Lieutenant Chaussivert, chef du peloton de commandemant
Lieutenant Couchard, chef officier de détails
Lieutenant Stalin, chef du service auto
Lieutenant de la Pradelle, officier de renseignement
Capitaine médecin Lafargue, chef du service santé
Sous lieutenant médecin Rudaux adjoint au chef de service de santé
E-M DU BATAILLON
Capitaine Baillet, commandant le bataillon
Sous-lieutenant Delord, adjoint au capitaine commandant la bataillon
1er ESCADRON
Lieutenant Potier, commandant l'escadron
Sous-lieutenant Carissimo Sous-lieutenant Albert Lieutenant Chaperon Adjudant Gaumé
2e ESCADRON
Capitaine Arnemann, commandant l'escadron
Lieutenant Lejoindre Sous-lieutenant Bonneau Adjudant-chef Merle
3e ESCADRON
Capitaine Thuillier, commandant l'escadron
Lieutenant Albaut Lieutenant Gascard Aspirant Cazenobe Aspirant Gazats
4e ESCADRON
Capitaine De Vandière
Sous-lieutenant Maurice Sous-lieutenant Onof Adjudant-chef Bourdon Sous-lieutenant Falgas
5e ESCADRON
Capitaine Le Teillier
Sous-lieutenant Vernon Sous-lieutenant Dosnon Lieutenant Parriaux Sous-lieutenant Pornin
10 juin 1940
A 2 heures le régiment reçoit l'ordre d'alerte. Il doit avoir touché son matériel pour 11 heures. Durant toute la matinée, à Saint-Rémy-les-Chevreuses, s'effectue la distribution, des armes, des munitions et des véhicules. Les hommes touchent des équipements et des effets. A 14 heures le régiment quitte Saint-Rémy et fait mouvement sur Pacy-sur-Eure. A 19 heures le P.C. est installé dans une ferme, à Saint-Aquillin-de-Pacy. L'ennemi a franchi la Seine dans la région de Vernon et avance en direction de Pacy. Le régiment prend ses dispositions pour la nuit.
11 juin 1940
Le régiment est installé en position défensive : le 1er escadron tient Vaux-Cocherel ; le 2e escadron Ménille ; les 4e et 5e escadrons Pacy-sur-Eure et Saint-Aquillin. Le 3e escadron les rejoint dans l'après midi.
A 18 heures, le régiment attaque en partant de la lisière nord du bois de Pacy appuyé par des chars de la D.L.M. et renforcé par des chars B, en direction de la Heunière. Malgré la pluie et le feu violent des armes automatiques et des minen, la résistance ennemie est brisée ; dans un élan admirable le 4e escadron (capitaine de Vandières) atteint la Heunière, qui était son premier objectif. Une quarantaine de prisonniers sont faits et l'ennemi laisse sur le terrain de nombreux morts et blessés. Mais la 2e D.L.M, qui devait attaquer sur la droite du régiment n'a pu faire déboucher son attaque. L'aile droite du régiment n'est pas couverte et vers 21 heures, il doit exécuter l'ordre de repli sur la ligne Ménille-Pacy.
Le P.C. du régiment est à la mairie de Pacy-sur-Eure.
Le régiment a perdu, au cours de la journée, le capitaine de la Vandières mortellement blessé ; le sous lieutenant Falgas blessé.
12 juin 1940
A 5 heures, le 1er escadron reçoit l'ordre de prendre le pont de Cocherel, que l'ennemi tient sous son feu depuis la veille au matin. Pris à partie, non seulement par des éléments ennemis qui marchent dans la région de Vernon vers l'ouest, mais également par des forces qui viennent des Andelys opérant nord-sud, occupent depuis la veille au matin les crêtes dominant Cocherel et d'autre part, les éléments devant opérer à gauche (6e cuirassiers et le 1er bataillon du 236e R.I.) n'ayant pu progresser, le 1er bataillon ne peut atteindre que les lisières sud-est du village. Il occasionne de grosses pertes à l'ennemi, mais contre-attaqué par des forces importantes, l'escadron subit de sérieuses pertes :
Le capitaine Bonaly et le sous lieutenant Carissimo sont mortellement atteints ; les lieutenants Pottier et Chaperon sont grièvement blessés. Le 1er escadron doit se replier sur Vaux.
A 18 heures, le 3e escadron (capitaine Thullier) reçoit l'ordre de tenir la ferme et le bois de Préaux (1.500 mètres ouest de Saint-Aquilin). Le capitaine part avec le lieutenant en premier, le lieutenant Albaut, et reconnaît la ferme qui ne doit pas être occupée. Aussi décide-t-il de faire débarquer son escadron à proximité de la ferme qui doit devenir son P.C, mais au débarquement, l'ennemi enveloppe la ferme de ses feux. Un rude combat s'engage, acharné, au cours duquel chaque officier, chaque gradé, chaque homme, fait preuve d'un magnifique élan. Des hommes empoignent des mitrailleuses et font un tir incendiaire, mais continu, qui crée l'épouvante chez l'ennemi dont le détachement se replie, laissant sur le terrain deux mitrailleuses et 18 prisonniers et de nombreux morts. A la tombée de la nuit les escadrons sont resserrés à Saint-Aquilin, Pacy, Fains. Le P.C. est porté à la Noé-du-Bois.
13 juin 1940
A 2 heures, le régiment qui a reçu l'ordre, se replie en direction du sud de Dreux, à Torcay. Il reste stationné dans les bois. A 21 heures, il fait mouvement en direction de Verneuil.
LES COMBATS DE COCHEREL DU 11 ET 12 JUIN
C'est en ce paisible et riant village de l'Eure, à Cocherel où naquit Aristide Briand, le démagogue de la paix, aux pieds même de sa statue, que devait se dérouler dans la journée du 11 et 12 juin 1940, les combats les plus sanglants de la campagne de l'Ile de France. Venons aux faits.
Le 11 juin dans la matinée, le 1er escadron, commandé par le lieutenant Pottier, et dont le peloton (lieutenant Chaperon) est resté à la disposition du général commandant la division, reçoit l'ordre de se porter successivement sur Vaux, puis de pousser sur Cocherel, afin d'y assurer la défense du pont et de ses abords.
A Vaux, l'escadron prend liaison avec une patrouille du 6e Cuirassiers qui s'y trouve. Les renseignements recueillis sont très imprécis, des civils prétendent avoir vu des allemands à Jouy. Le lieutenant Pottier envoie immédiatement la patrouille du 6e Cuirassiers dans cette direction. Puis une autre patrouille reçoit pour mission d'aller reconnaître Cocherel, dont la vue est cachée par un rideau d'arbres, à 500 mètres de là. Arrivé à proximité de ces bosquets, elle est arrêtée par des rafales d'armes automatiques provenant des hauteurs qui couronnent la rive droite de l'Eure et le village. Cependant, aucun ennemi n'est visible. Poursuivant la mission reçue, le lieutenant commandant, après avoir fait garer ses side-cars sous les arbres du village de Vaux, donne l'ordre au sous-lieutenant Albert de se rendre avec son peloton au pont de Cocherel, en utilisant les couverts de la rive gauche de l'Eure. Lui-même se porte avec le sous-lieutenant Carissimo et son peloton dans la même direction, mais en empruntant un itinéraire différent. Au cours de l'avance, des rafales de mitrailleuses passent très au dessus des hommes. L'ennemi devine plus qu'il ne voit, tire au jugé.
Bientôt, arrive le capitaine Baillet qui vient aux renseignements et qui accompagne le peloton Carrissimo jusqu'au pont. Ce dernier est désert, mais très exposé aux vues des crêtes environnantes. Des matériaux gisent à quelques pas, ils vont servir à élever des barricades. A ce moment, le capitaine Baillet, en se retournant aperçoit la statue d'Aristide Briand qui, avec ironie, semble présider aux travaux. «dire que c'est à cet apôtre-là que nous devons d'être ici», lâche avec écœurement le capitaine. Un F.M est mis rapidement en batterie au bord de la rive et dans l'axe du pont. Un groupe de combat a franchi la route et s'installe au nord ouest. Le maréchal des logis Joly, qui le commande, s'apprête à le rejoindre, à peine s'est-il élancé qu'une rafale de mitrailleuse, le cloue au sol. Son sang ira fouetter la statue. Une deuxième rafale troue le casque du capitaine Baillet, fou de colère, celui-ci s'empare d'un mousqueton et tire dans la direction de l'emplacement de l'arme ennemi. Le lieutenant Pottier, en fait autant avec un F.M et les hommes suivent leur exemple. Plus loin, le peloton Albert, ouvre également le feu sur des allemands qui se retirent à travers des jardins de la rive droite. Le maréchal des logis Joly est évacué, le capitaine Baillet repart porter les renseignements au commandant Amanrich. A peine a-t-il quitté l'escadron que les 77 et les minenwerfers entrent en action. les obus viennent s'abattre autour du pont. L'ennemi qui, des hauteurs, a repéré, ajuste et amplifie son tir. Le peloton Carissimo risque d'être anéanti sans pouvoir être employé efficacement. Le lieutenant Pottier décide de revenir aux bosquet situé en deçà de la voie ferrée. Le mouvement, pour échapper aux vues de l'ennemi, se fait par l'Eure, dont le niveau et très bas. Quelques rafales viennent néanmoins frapper l'eau à peu de distance. L'une d'elle arrache le F.M des mains du lieutenant. Les balles font un bruit semblable à celui que feraient de grosses gouttes de pluie tombant dans un bassin. Personne ne manque sur la nouvelle position que vient de rejoindre le peloton Albert. Le repli est de courte durée. L'ennemi s'infiltre de tous les côtés et bientôt le combat reprend plus violent et plus meurtrier. Les hommes tirent sans arrêt. Le sous-lieutenant Albert doit à son intervention personnelle le sauvetage d'un groupe de combat qui va être fait prisonnier. Deux blessés et deux disparus. Cependant l'effectif des deux escadrons fond d'un gros tiers. Les blessés sont emmenés. A ce moment, un bruit de tonnerre se fait entendre ; un Potez 63 passe comme un bolide à 20 mètres au dessus de nous, poursuivit par deux Messerschmitt 109. Lui aussi a chaud !!! Le jour décline, passer la nuit à cette endroit, c'est la capture inévitable. Le peloton du sous-lieutenant Bonnaud (3e escadron) est à 200 mètres en arrière et occupe également une mauvaise position. Le lieutenant Pottier et le sous lieutenant Bonnaud décident de s'installer en point d'appui cerclé à Vaux, en mettant toutes leurs ressources en commun. Là, au moins, on tiendra le coup.
Au cours, de la nuit du 11 au 12, le commandant Amanrich est venu se rendre compte de la situation et a donné l'ordre au lieutenant Pottier de reprendre coûte que coûte Cocherel et le pont. Le 18e escadron (lieutenant Chaperon) rejoindra l'escadron. 6 chars Somua (lieutenant coupé) prendront part à l'attaque. L'opération doit se faire dès que les renforts arriveront.
Au lever du jour, arrivent successivement, les chars et le 1er peloton. Le lieutenant Pottier, met le lieutenant Coupé au courant de la situation, et lui demande de faire copieusement arroser les taillis au cours de la progression.
Les divers éléments d'attaque sont rapidement en place. L'ordre est donné ; les Somuas débouchent, l'escadron à pied les suit, en utilisant le plus possible les couverts existants. Le lieutenant commandant marche devant le peloton du centre à proximité du char du lieutenant Coupé. Les deux Somuas de tête fouillent les buissons de leurs rafales de mitrailleuses. Aucune réaction de l'ennemi. Puis, ils abordent et pénètrent dans le village. Même silence de l'ennemi. L'infanterie approche elle aussi, atteint le remblai de la voie ferrée puis le franchit. L'escouade de tête du lieutenant Chaperon est entrée dans le village et doit se trouver près du pont. Le lieutenant commandant, revolver au poing, s'apprête à bondir en avant. Tout à coup, à 30 mètres devant lui, derrière un muret de jardin, se découvre un groupe d'allemands encadrant une mitrailleuse. A peine a-t-il le temps d'esquisser un geste, que le lieutenant Pottier tombe grièvement blessé, sous une longue rafale de mitrailleuse (4 balles l'ont atteint au bassin. Comme si c'était là le signal convenu, immédiatement après s'abat sur l'escadron et sur les chars une grêle de balles et d'obus venant principalement des hauteurs avoisinantes et des maisons situées sur la rive droite. Nos chars répliquent : le 47 et la 7,5 crépitent, l'escadron utilise ses F.M. au maximum. Le peloton Chaperon réussit à atteindre son objectif, occasionnant de grosses pertes à l'ennemi, qui se replie de l'autre côté en lançant des grenades. Des deux côtés, on entend les cris de rage et des hurlements de douleur.
Au plus fort du combat, l'agent de transmission Couvreux narguant les balles, n'hésite pas, à se porter vers son lieutenant commandant, lui donne à boire, essaie de panser ses plaies, mais il a trop à faire. Il retourne à la bataille en lui promettant de le venger. Sur ces entrefaits, le capitaine adjoint Bonamy est arrivé sur le terrain de combat, des renseignements sont nécessaires à son chef, il vient les chercher. Mais le 1er escadron, dont il vient de quitter le commandement pour prendre son nouveau poste. Son cœur reste attaché à ses hommes et le lieutenant Pottier ne l'a pas quitté depuis son arrivée au régiment. C'est vers lui qu'il se dirige aussitôt, méprisant les rafales qui s'abattent alentours. Parvenu à proximité, il lui prodigue des paroles d'encouragements et le félicite de sa conduite. Cependant l'endroit est terriblement exposé. Le lieutenant Pottier, étendu, reçoit encore une balle qui lui troue la poitrine. D'autre part, il n'y a plus d'officiers ; deux chefs de peloton, le lieutenant Chaperon et le sous-lieutenant Carissimo sont tombés à leur tour, le second mortellement blessé. Le sous-lieutenant Albert a fortement à faire à l'aile gauche du dispositif où les baïonnettes des dragons font merveille. Bonamy reprend de lui même le commandement de son ancien escadron. Il veut traverser la route pour donner des ordres à Gaumé, son adjudant, mais il s'écroule aussi, blessé à mort «m.... , ils m'ont touché», dira-t-il en tombant. En même temps que ses chefs, peu à peu l'escadron est décimé, mais il tient toujours, et il tiendra encore.... L'esprit du «grand Charles» et de son «terrible neveu» souffle en lui. Esprit de lutte et de sacrifice, l'escadron ne se repliera que lorsque, l'ordre lui en sera donné. Celui-ci est arrivé, il faut maintenant décrocher. Des hommes sont là, à proximité des blessés, ils s'interrogent du regard ; nos officiers ? un char se replie en tirant. Par malheur il ne voit pas le lieutenant Pottier et se dirige sur lui. Va-t-il l'écraser ? non au dernier moment, rassemblant un peu de vie, le lieutenant lève son casque. Le chef de voiture l'aperçoit et fait stopper. Le portillon s'ouvre, alors sans fièvre, pieusement, au mépris des coups qui continuent à pleuvoir, l'adjudant Gaume, le maréchal des logis-chef Damien et des volontaires, saisissent les corps de leurs chefs, les déposent côte à côte, le capitaine et son fidèle second.
A Cocherel, le 1er escadron a lutté jusqu'au bout de ses forces : 10 tués, 45 blessés, sur un effectif de 78 hommes, contenant pendant vingt quatre heures un ennemi dix fois supérieur en hommes et en matériel de toutes sortes, occupant d'autre part, une position privilégiée, que les chasseurs d'Evreux connaissent bien.
14 juin 1940
Le régiment tient l'Avre depuis Verneuil jusqu'à Tillières, le P.C. est installé à Pléviellier. Aucun contact sérieux dans le courant de la journée. Vers le soir, l'ennemi exerce une pression sur le 12e dragons, à la droite du dispositif du régiment.
15 juin 1940
A 2 heures, le régiment reçoit l'ordre de se replier et de faire mouvement en direction de Remalard. Sa mission est de tenir les lisières nord est nord-ouest des bois de Vore. Le P.C. du régiment est installé à Freulement. Aucun contact avec l'ennemi
16 juin 1940
A 18 heures, le régiment se replie sur l'Huisne pour en tenir le cours depuis Remalard jusqu'à La Fouquelière. ( 2 kilomètres de Maison-Maugis). A 22 heures le P.C.s'installe dans la château de Perrines. Le 1e escadron tient les sorties nord de Remalard. Les 3e et 4e escadrons tiennent l'Huisne depuis Dorceau jusqu'à Bellon, en liaison du 5e qui tient Boissy-Maugis
17 juin 1940
Dès les premières heures de la matinée, l'observatoire du régiment est installé à 500 mètres du château des Perrines deux batteries du C.C, en appuie direct du régiment, joignent leurs moyens de d'observations. Vers 10 heures le contact est pris, dans Remalard, par le 1er escadron, puis par les escadrons qui tiennent l'Huisnes. L'artellerie effectue des tirs qui paraissent efficaces sur les sorties nord de Remalard et sur les crêtes nord de Boissy-Maugis. Dans la région de Boissy-Maugis le contact est pris avec des cavaliers ennemis. C'est la première fois depuis le début de la campagne que le régiment se trouve devant des éléments à cheval. Les combats sont rudes, les armes automatiques sont très actives. Le 5e escadron met en action ses mortiers qui sèment un grand désastre parmi les chevaux ennemis. Chez ce dernier les pertes sont sévères, au régiment elles sont presque nulles.
A 14 heures le régiment sur l'ordre qu'il a reçu décroche et se replie dans la région de Bellevue pour y attendre de nouveaux ordres. Le P.C s'installe de 15 à 18 heures, au château des Fleugerets. A 18 heures, le régiment fait mouvement sur la Fontaine à 2 kilomètres du Mans.
18 juin 1940
A 8 heures, après avoir été survolé en rase-motte par deux escadrilles de bombardiers qui, d'ailleurs, ne lancent aucun bombe, le 4e Dragons fait mouvement. Il traverse Le Mans et arrive à Lion-d'Angers vers 14 heures. Le régiment à une nouvelle mission : tenir la Mayenne depuis Château-Gonthier. Son dispositif est le suivant : le 4e escadron à La Neuville ; le 5e escadron et le 1er escadron, à Montreuil le 2e escadron du pont sur la Mayenne au Lion-d'Angers ; le 3e à Grez ; réserve de bataillon 1er peloton du 3e escadron. P.C. du régiment, stationné à Lion-d'Angers.
19 juin 1940
A 8h45, le contact est pris à Lion-d'Angers, au pont qui traverse la Mayenne. L'ennemi manifeste son mordant : certains des allemands traversent la rivière à la nage, sous les feux de nos mitrailleuses. A 10 heures un char ennemi réussit à neutraliser le canon de 47 qui tient le pont. Vers 11 heures les chars Hotchkiss du 4e cuirassiers arrivent et permettent d'arrêter l'ennemi. Le 3e escadron est fortement accroché à Grez-Neuville ; l'ennemi s'infiltre sur l'aile gauche du village et fait pleuvoir sur le village une pluie de projectiles divers. Les pertes sont sensibles. Le Lion-d'Angersest bombardé à coup de minen mais sans grand dégats. Vers midi, la situation du régiment qui se trouve devant un ennemi très supérieur en nombre et en matériel devint critique et l'encerclement se précise. C'est alors qu'arrive, à 12h30 l'ordre de se replier sur la Loire. Le régiment fait mouvement sur Challonnes où il franchit la Loire ; puis il se regroupe à Breuil (15 kilomètres est de Challonnes), à partir de 17 heures.
Le régiment à perdu, dans la journée ; le lieutenant Bonneau, disparu et l'aspirant Cazats blessé.
20 juin 1940
A 11 heures, le régiment quitte Le Breuil puis, par Chenille-Mauvelier va stationner à Le Bourneuf, à 1 kilomètre au nord de l'Asbie. Il cantonne sur place, tout en gardant les issues du village.
21 juin 1940
Le régiment quitte Le Bourgneuf à 8h45 par Breuil-Chaussée. A 9h30, il reçoit l'ordre de se porter à Thouars, avec mission de barrer la route de Saumur. A 11h30, le régiment forme un centre de résistance aux lisières de Thouars, face au nord à l'est et à l'ouest. A 12h45, un lieutenant d'artillerie se présente au P.C et informe le commandant Amanrich que, sur ordre du commandant de la subdivision de Niort, Thouars est déclarée ville ouverte. Le chef d'escadrons lui répond qu'il a des ordres pour accomplir une mission et qu'il les exécutera, qu'il n'a d'ordre à recevoir que du général de division. Le 3e escadron est désigné pour assurer la défense du pont, appuyé par deux canons de 47 de l'artillerie du C.C. l'escadron établit sa position sur les hauteurs, à l'est du pont. Vers 15h45, deux blindés allemand qui s'étaient présentés sont neutralisés par les canons anti-chars. A partir de 16 h l'ennemi pousse ses armes automatiques dans les maisons et le 3e escadron, violemment pris à partie, subit de lourdes pertes. A l'est l'ennemi dessine une manœuvre d'encerclement qui se précise vers 18 heures. En ayant reçu l'ordre, l'escadron se replie sur Saint-Chartres, en réserve du régiment, qui doit tenir la rivière de Moncontour.
Le P.C. est à Saint-Chartres. Le régiment tient la ligne Messais-Marnes sur laquelle, il n'a pas de contact avec l'ennemi.
Le régiment à perdu l'aspirant Cazenobe du 3e escadron blessé.
22 juin 1940
A 11 heures, le régiment, en ayant reçu l'ordre, se replie pour tenir la ligne Les Jumeaux-Assais. Le P.C. est fixé à Venhuchen. A 17 heures le contact est pris aux Jumeaux par le 5e escadron, qui se dérobe péniblement, après un violent combat, quand il en a reçu l'ordre. A 17h30, le régiment, suivant le sort de la division se replie vers le sud, en direction de Saint-Maixent, qui est traversé durant la nuit. Une forte colonne motorisée allemande a passé dans Saint-Maixent entre 18 heures et 19h15. Lle régiment est groupé pour la nuit, dans les pacages, à Bouhas.
Le régiment a perdu, dans la journée, le sous-lieutenant Vernon, du 5e escadron, qui observait dans le clocher des Jumeaux lorsque celui-ci, atteint par un obus, s'est effondré.
23 juin 1940
L'armistice est signé entre la France et l'Allemagne mais la cessation des hostilités doit intervenir 6 heures après la signature de l'armistice entre la France et l'Italie.
A 18 heures, le régiment quitte Bouhas pour stationner à Epanvilliers et tenir le village. A 19h30 il fait mouvement pour tenir le nœud de communication à Rouillac, où il arrive dans la nuit.
24 juin 1940
A 7 heures, le régiment se porte dans la région de Saint-Aguilin, à 17 kilomètres au nord-ouest de Coutras, en vue d'interdire à l'ouest de Saint-Aguilin les directions Monvendre-Libourne, aux sorties de la Roche-Chalais. Le P.C. est installé à la Roche-Chalais.
25 juin 1940
A 0h35, les hostilités ont cessé entre la France et l'Allemagne, l'armistice étant signé avec l'Italie depuis le 24 juin à 18h30. A 6 heures le régiment fait mouvement sur Chanterac (Dordogne), où il cantonne à partir de 9h30.
1er juillet 1940
Prise d'armes du régiment, au château de Chanterac, à 8 heures. Le colonel remercie le 4e dragons pour sa belle conduite au feu et demande à tous de rester unis après la démobilisation.
2 juillet 1940
A 5 heures, le régiment rompt de son cantonnement de Chanterac pour stationner dans la région du Double. P.C. à Saint-Michel-de-Double.
8 juillet 1940
Le régiment prend part à la dernière prise d'armes de la 1ère D.L.M. au moulin de Saint-Vincent-de-Connezac.
Le général Langlois, commandant le corps de cavalerie, passe en revue les troupes que lui présente le général de Beauchesne commandant la 1ère D.L.M.
Le 4e régiment de dragons portés est dissout.
Pertes totales du régiment
Du 10 mai au 24 juin 1940
Officiers 49 Sous officiers 174 Troupes 1351
4e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT
Le 4e B.C.C. n’est plus une unité fraîche ; il a déjà combattu. Il a subi des pertes sérieuses mais a acquis cette fusion des cœurs et des âmes que donne seul le feu ennemi.
Le bataillon est, à cette époque, jugé par le général commandant les chars de la IIe armée comme une unité de tout premier ordre, dotée d’un matériel bien au point, et commandée par un chef vaillant et décidé. Cantonné jusqu’au 10 mai à Stenay, il est entré ce jour-là en Belgique avec notre cavalerie. Dans la nuit du 12 au 13, il a été ramené de la région de Florenville au sud de la Meuse et mis à la disposition du 10e C.A., chargé de la défense du secteur de Sedan. Il connaît à fond le terrain sur lequel il va être appelé à combattre. Il a confiance dans ses chars F.C.M. (Forges et Chantiers de la Méditerranée), chars légers de 13 t, les seuls chars français équipés d’un moteur Diesel (Berliet de 90 CV). Ils sont montés par deux hommes et armés d’un canon de 37 court et d’une mitrailleuse ; on peut reprocher à cet armement son manque de puissance l’armement moderne n’a pas encore été livré, non plus que les appareils de radio. Le personnel, recruté en majorité dans le Sud-Ouest, est jeune et très entraîné. Le bataillon (45 chars) est organisé en 3 compagnies de combat de 13 chars (4 sections de 3 chars plus le char du commandant de compagnie) et une compagnie d’échelon.
A partir du 14 mai, le bataillon participe aux contre-attaques destinées à contenir l’adversaire au sud de Sedan, en collaboration avec son frère d’armes, le 7e B.C.C. d’abord dans la région de Stonne, puis un peu plus au sud, vers la Berlière, Oches, le Mont Damion. Lorsque, le 26 mai, le 4e B.C.C. passe en réserve d’armée, il a perdu environ la moitié de son matériel. Les 1ère et 3e compagnies sont réduites à une seule compagnie de douze engins, moins par le feu de l’ennemi que par le fait de pannes mécaniques ; la 2e compagnie, qui s’est trouvée séparée du bataillon, rejoint fort réduite elle aussi deux chars ont été détruits par bombes d’avions, cinq autres en panne sont ramenés par l’échelon. A aucun moment, au cours de cette période, il n’y a eu contact entre nos chars et ceux de l’adversaire.
La compagnie d’échelons et le parc d’armée se livrent alors à un travail forcené pour réparer ou remplacer le matériel, et le 8 juin au matin c’est un bataillon au complet qui arrive dans la forêt d’Argonne, à la disposition du corps d’armée colonial. On s’attend à une offensive ennemie, mais quel va être son point d’application ? Dans l’ignorance où l’on se trouve encore, l’unité est disloquée (ordre du bataillon, 8 juin 21h30)
- La 1ère compagnie est mise à la disposition de la 36e D.I., et gagnera au cours de la nuit le bois Janson (1 km nord-est de la Croix aux Bois)
- la 2e compagnie est mise à la disposition de la 35e D.I. et se portera en position d’attente au Mont des Grues, 2 km nord de Briquenay ; la 35e D.I. n’étant pas attaquée les 9 et 10 juin, la 2e compagnie ne sera pas engagée ces jours-là, la 3e compagnie restera en réserve à Toges, où va s installer le PC du bataillon.
Une telle dispersion, sur un front de 13 km, présente trop d’inconvénients pour avoir été adoptée de bon gré par le chef de bataillon. Le commandant de Laparre de Saint-Sernin a dû s’incliner devant les ordres qu’il a reçus du C.A.C., désireux de disposer en tous les points de son vaste secteur d’un petit élément de contre-attaque. Le corps d’armée fait valoir, par ailleurs, que ces dispositions sont temporaires et que sous peu d’autres mesures seront prises. Déjà en effet l’intention de la 36e D.I. est de rapprocher la compagnie qui doit éventuellement agir dans sa zone, en l’amenant à Quatre-Champs, à 4 km des Alleux où se trouve le PC du colonel commandant le 57e R.I.
Quoi qu’il en soit, la 1ère compagnie est sur sa position d’attente du bois Janson lorsque, le 9 à 5h30, l’ordre lui arrive de se mettre à la disposition du 57e R.I. pour contre-attaquer sur Voncq. L’ennemi, en effet, a déclenché son offensive à 3h45. Sur le front de la seule 36e DI., deux divisions allemandes ont franchi la ligne d’eau, le 1er bataillon du 57e R.I., qui tenait le canal entre Semuy et Neuville, a subi l’assaut de deux régiments le I.R. 39, dont l’objectif est le pont sur l’Aisne au sud de Voncq, et le I.R. 78, qui plus à l’est marche droit au sud.
Dès réception de l’ordre en question, le capitaine Dayras, commandant la 1ère compagnie, se fait conduire en moto aux Alleux, sous les obus. Il y trouve le colonel Sinais, commandant du 57e R.I., préparant une contre-attaque. En effet, Voncq serait pris et l’ennemi s’infiltrerait dans les bois en direction des Alleux. D’après les indications qui lui sont données, le capitaine Dayras s’attend à rejoindre, à la lisière ouest de la clairière des Alleux, les troupes quelque peu disparates que l’on regroupe pour la contre-attaque. Lorsqu’il arrive en ce point à la tête de ses chars, il ne voit personne. Il continue en colonne sur le chemin des Alleux à Voncq, jusqu’à la lisière ouest des bois, ne trouve là non plus pas trace d’infanterie amie et reçoit des balles venant de tous côtés. Finalement le contact est pris avec les fantassins à l’intérieur du bois, tout près de la clairière. La manœuvre est rapidement montée avec les capitaines d’infanterie (capitaine Parat, du 1er bataillon du 57e R.I., et capitaine Le More, commandant le corps franc du 57e) et à 9h30 l’attaque démarre. Une section éclate sur la droite, le long d’un layon ; une autre sur la gauche; les deux dernières, capitaine en tête, suivent le chemin de Voncq, accompagnées par le gros de l’infanterie. Mitrailleuses et 37 tirent contre les formes vertes qu’on aperçoit dans les fossés ou les fourrés. Les sections qui ont opéré dans les taillis reviennent sur le chemin, et recommencent leur action sur d’autres layons toujours plus à l’ouest. Vers 10h30, chars et fantassins arrivent à la lisière du bois, ayant ainsi bousculé le 1er bataillon du 78e d’infanterie allemand qui, nous le savons, était chargé de couvrir face l’est, dans le bois, l’attaque des deux autres bataillons du régiment en direction du sud.
En réponse au compte rendu adressé aux Alleux, la compagnie reçoit l’ordre de continuer sur Voncq une section (section Rossignol) est envoyée sur Terron et ne participera pas directement à l’action. Comme, depuis le début de la journée, le char du capitaine Dayras (30039) est indisponible (tuyauterie d’eau coupée), c’est donc avec neuf chars que la compagnie débouche : sections Tastet (trois chars) et Bonnabaud (deux chars) en tête, puis derrière le 3e char de la section Bonnabaud (30098) qu’a pris pour lui le capitaine, section Stoven (trois chars). Il est 10h45.
Dès que les chars apparaissent hors du couvert, on entend les canons antichars de l’ennemi, tout proches ; puis l’infanterie se révèle à son tour. Des cinq chars de tête, trois sont immobilisés ; le char du sous-lieutenant Bonnabaud (30061) a sa chenille gauche coupée et se renverse. Les deux chars restant de ces deux sections (30097 et 30073) entraînent jusqu’à Voncq les fantassins et remplissent ainsi la mission. Le capitaine Dayras et la section Stoven ont dû revenir sous bois pour y reprendre la lutte contre l’infanterie ennemie.
Les deux chars ressortent de Voncq et rallient leur capitaine. Le char Bonnabaud est redressé et ramené en remorque ; il porte quarante-deux impacts, mais aucun projectile n’a traversé les blindages. Les deux autres chars endommagés (30047 et 30067) sont également récupérés. Les prisonniers abondent ; ils se rendent par paquets. La matinée se termine donc de la façon la plus encourageante pour la 1ère compagnie du 4e B.C.C.
Le corps franc du capitaine Le More s’est organisé en point d’appui dans le château de Voncq, mais il est harcelé par l’ennemi qui veut se rendre maître du village. A 15 heures, la 1ère compagnie du 4e B.C.C. fournit trois chars (30041, 30097, 30099) qui l’aident à se dégager, puis à pousser jusqu’au bois de la Brouille où des éléments français tiennent encore. La section Rossignol, qui a participé au dégagement de l’artillerie amie vers Terron, reçoit l’ordre de rallier le soir. Même avec cet appoint, la 1ère compagnie n’a plus que cinq chars en état de marche pour le lendemain, dont un fourni par le bataillon. A noter que si, le soir de cette journée, neuf chars sont indisponibles, pas un homme n’a été touché.
La 3e compagnie (lieutenant Ledrappier) était initialement, nous l’avons dit, en réserve de corps d’armée, dans les bois au sud de Toges. A 7h30 l’ordre lui parvient de gagner les Alleux pour renforcer les troupes engagées dans les bois de Voncq. Lorsqu’elle arrive à Quatre-Champs, un contre-ordre l’atteint ; elle effectuera une patrouille sur l’itinéraire : Quatre-Champs, Vandy, Terron, les Alleux. C’est qu’entre temps le colonel du 57e R.I. a appris l’arrivée des Allemands à Vandy, jusqu’aux positions de l’artillerie. A 9h45, section Durand en tête, la 3e compagnie quitte Quatre-Champs sur lequel s’abat précisément un violent bombardement. Peut-être est-ce cette compagnie, qui, entre 10h30 et 11 h, met en fuite, par la seule apparition de ses treize chars sur le plateau 172, la 10e compagnie du I.R. 78 qui a poussé jusqu’au sud du chemin de Vandy à Quatre-Champs ? En tout cas, ces chars n’aperçoivent pas l’ennemi, et ne tirent pas un coup de feu avant d’atteindre Vandy. Par contre, les Allemands sont dans ce village. A la vue des chars, ils abandonnent leur matériel et se retirent dans les maisons. Sans s’arrêter plus longtemps - il s’agit d’une patrouille - la compagnie met le cap sur Terron ; le terrain semble vide. Au cimetière de Terron des hommes font le geste de se rendre : ce sont des blessés français qui ont cru à l’arrivée sur eux de chars ennemis. Le village semble désert. La compagnie prend maintenant la route des Alleux et de là distingue, dans les vergers sur sa droite, des groupes d’Allemands qui progressent vers Vandy. Vers midi, le lieutenant Ledrappier fait son compte rendu l’adversaire a bel et bien atteint Vandy, mais ne semble pas occuper en force le terrain entre Voncq et Vandy. Peut-être le lieutenant ne dit-il pas tout ce qu’il pense, à savoir que pour une telle mission une section seule aurait suffi, ou même une auto blindée. On a imposé à tout le matériel de sa compagnie une grosse fatigue, hors de proportion avec le résultat atteint, lequel aurait pu être tout autre si un détachement, même faible, d’infanterie ou de cavalerie avait accompagné les chars et exploité leur action.
En début d’après-midi, la 3e compagnie reçoit l’ordre de nettoyer Terron, en liaison avec le groupe franc du 14e R.I. et de dégager l’artillerie de Vandy. L’opération s’exécute sur Terron vers 14 h. Deux sections traversent en trombe le village, couvertes par les feux des deux autres, et continuent sur Vandy ; nous allons revenir sur leur action. Les chars de ces dernières sections (Louvet et Cuville) fouillent les rues de Terron, tandis que l’infanterie visite les maisons, où elle ne trouve presque personne. Les chars procèdent alors au nettoyage des vergers au sud du village. Deux d’entre eux, qui ont perdu la liaison, rentrent à Terron et y arrivent juste à temps pour dégager le groupe franc du 14e R.I., qui s’est trouvé submergé par de forts éléments ennemis ; sans doute les restes des 2e et 3e bataillons du I.R. 78, qui à 15 h ont reçu l’ordre de repli. Cette intervention des chars met fin à un moment critique et permet de capturer une soixantaine d’Allemands.
Pendant ce temps, le commandant de la 3e compagnie, laissant quelques chars en D.C.B. aux lisières de Terron, rallie les autres sur la route de Terron aux Alleux et avec eux attaque les groupes ennemis qui refluent de Vandy, cherchant à regagner Voncq. Des pertes importantes sont infligées à l’adversaire, chez qui le désordre est complet.
L’autre demi-compagnie (sections Durand et Le Coroller) marche donc de Terron sur Vandy. En approchant de la barricade qui ferme l’entrée Nord de Vandy (vers 14h30) elle se fait reconnaître. Le 2e Spahis marocains, qu’elle trouve dans le village, lui apprend que l’objet essentiel de la mission est déjà atteint ; néanmoins, les spahis demandent son concours pour trois opérations :
- 1 Soutenir la progression des spahis dans les vergers de Vandy ; un char, puis deux s’en chargent et font un excellent travail, sans pourtant réussir à aborder le plateau 146, de sorte que leur action n’est pas décisive.
- 2 Dégager un peloton de spahis qui se trouve à court de munitions entre Vandy et la Garenne. Cette intervention est décommandée, l’attaque n° 3 la remplaçant.
- 3 Accompagner les cavaliers à pied sur le plateau de la cote 146, en direction de Terron, jusqu’au bois est de la ferme Macquart. La section Durand (deux chars) assure cette mission et part en avant de l’infanterie ; son apparition à la ligne de changement de pente détermine de nombreux Allemands à se rendre et provoque sans doute l’ordre de repli donné à 15 h par le chef de bataillon allemand.
Après ces engagements, la demi-compagnie se rallie vers 16 h à Vandy où elle est rejointe par le lieutenant Ledrappier et les deux sections arrivant de Terron. L’intention du commandant de compagnie, maintenant qu’à nouveau il dispose de tout son monde, moins deux chars endommagés, est de marcher sur Voncq, clé du champ de bataille. L’exécution du mouvement est retardée de trente minutes par une alerte aux chars, résultat d’une méprise. Une section est détachée sur la route de Terron aux Alleux, pour ramasser les éléments ennemis dispersés ; elle rejoindra Voncq peu après. Le reste de la compagnie marche en avant, par Terron, en même temps que le 2e R.S.M. La nuit tombe lorsqu’on arrive devant Voncq, où la situation est confuse. On renonce à pousser plus avant en raison de l’obscurité, et le commandant du 4e B.C.C. donne à la 3e compagnie l’ordre de se rallier dans les fermes au nord de Terron. On verra demain ce qu’il sera possible de faire.
L’intervention, au cours de la journée du 9, des deux compagnies du 4e B.C.C. a été fort utile, puisqu’elle a permis dès le matin de nettoyer le bois de Voncq et dans l’après-midi de résorber la poche que deux bataillons du 78e d’infanterie allemand avaient creusée jusqu’à Vandy. Le report, sur une carte, des axes de marche des deux compagnies, chacune d’elles accompagnant l’infanterie, peut faire croire à une manœuvre en tenaille de type classique, les deux branches se rejoignant à Voncq. Cette vision est trompeuse car il y a eu décalage dans le temps. La 1ère compagnie, agissant d’est en ouest, est arrivée à Voncq en fin de matinée la 3e compagnie, remontant du sud au nord, n’y parvient qu’en fin de soirée. Mais les ennemis que celle-ci refoule devant elle, ébranlés déjà par l’apparition des chars qui, toute la journée, ont meublé le tableau entre la forêt d’Argonne et l’Aisne, cèdent finalement parce qu’ils sont complètement coupés de l’arrière depuis le début de la matinée ; ils n’ont reçu ni renforts, ni ordres, depuis qu’ils sont arrivés sur leur objectif, et ceci est dû aussi bien à l’écroulement du barrage que le 1er bataillon du I.R. 78 devait assurer face à l’est, qu’à la résistance des points d’appui du 57e R.I. sur les pentes entre le canal et la crête du Moulin à Vent.
La bataille, pourtant, n’est pas terminée. Tandis que du côté français on se félicite d avoir reconquis la quasi-totalité du terrain perdu et qu’on s’enorgueillit d’un nombre élevé de prisonniers - dont le nombre grossit considérablement en passant de bouche en bouche - la 26e division allemande procède, au cours de la nuit, à la relève du I.R. 78 fort éprouvé (il a perdu onze cents hommes, dont cinq cents prisonniers) par le 2e régiment de la division de police, division de 2e échelon du corps d’armée. Ainsi renforcée, elle va reprendre l’affaire le 10 juin, pour s’emparer définitivement de l’éperon de Voncq, cet observatoire qui commande la vallée de l’Aisne et donne des vues vers le sud jusqu’au carrefour de Mazagran et au-delà.
En raison de cette position même, Voncq a déjà été l’enjeu de bien des batailles ; à l’heure actuelle, une plaque commémorative rappelle ces dates sinistres de 1792, 1814, 1815, 1870, 1914-1918, 1940 : autant d’invasions, autant d’occupations, autant d’incendies et de destructions. Voncq est un village allongé sur plus de 500 mètres, de part et d’autre d’une rue très large et un peu sinueuse. Les jardins rejoignent les vergers qui couvrent les pentes sud et ouest du coteau, pentes sur lesquelles, jusqu’à la fin du siècle dernier, se récoltait un petit vin léger et gai. A l’est, le chemin des Alleux court au haut d’une pente assez raide, plantée d’arbres fruitiers, avant d’entrer dans le bois. La crête du Moulin à Vent est dénudée et se lie, vers le nord, à des champs de blé ou de betteraves, qui constituent un glacis parfait jusqu’à la coupure nettement tranchée du canal des Ardennes.
L’étendue même du village, l’impossibilité d’en fouiller, d’en occuper toutes les maisons, tous les jardins, vont faire qu’Allemands et Français y resteront côte à côte pendant deux jours, s’ignorant ou plutôt se situant mal, se déclarant les uns et les autres maîtres de la localité, mais y continuant attaques ou contre-attaques pour déloger des voisins gênants. De là vient le caractère extrêmement confus des combats qui se sont livrés les 9 et 10 juin dans Voncq et à ses abords immédiats.
Le 1/57, pour lequel la journée du 9 a déjà été très dure, va donc se trouver, le 10, soumis à de nouveaux efforts, qui finalement lui arracheront ses points d’appui de Voncq et des environs immédiats. Pourtant le 4e B.C.C. lui apporte encore, ce jour-là, son concours actif et dévoué.
La 1ère compagnie, avons-nous dit, ne peut plus mettre en ligne que cinq chars. Ceux-ci, a la fin de la nuit, font le plein de gas-oil et de munitions dans les vergers de la Chapelle, à la sortie nord-ouest des Alleux. Parcourant pour la troisième fois en moins de vingt-quatre heures le chemin des Alleux à Voncq, la compagnie se porte au petit jour à la lisière ouest du bois de Voncq, pour rechercher des éléments qui tiendraient la cote 154, non loin du Moulin à Vent, et dégager une fois de plus le corps franc du capitaine Le More au château de Voncq. Lorsqu’elle débouche du bois, la compagnie voit à sa droite, sur le glacis découvert qui monte du canal des Ardennes, des masses d’infanterie ennemie. Deux chars (30041 et 30096) prennent l’initiative de les attaquer, bien qu’eux-mêmes n’aient aucune infanterie d’accompagnement. Tous les deux sont touchés par une avalanche de projectiles qui ont raison de leur cuirasse (37 antichars tirés à très courte distance). Dans le 30096, le mécanicien est gravement blessé ; le chef de char, sergent de la Myre-Mory, député de Lot-et-Garonne, volontaire pour servir dans les chars, est tué.
Les trois autres chars pénètrent dans Voncq, y retrouvent la 3e compagnie et, de concert avec l’infanterie, procèdent à un nettoyage du village. Le char 30100 disparaît au cours de l’opération du côté de la Brouille ; un deuxième (30097) est touché. Finalement, il n’y a plus à Voncq, de la 1ère compagnie, que le char 30099 ; dans celui-ci, le chef de char ayant été blessé, le mécanicien Chaire se trouve seul, manœuvrant tantôt les commandes, tantôt l’armement. Il rejoindra le 11, blessé lui aussi, avec la 3e compagnie.
En accord avec l’infanterie, le reste de la 1ère compagnie se replie vers midi du bois de Voncq dans les vergers de la Chapelle. Bien que les appareils endommagés aient été dépannés, la 1ère compagnie se trouve réduite à deux chars, dont celui du capitaine. En fin de journée, ils sont mis à la disposition du 57e R.I. pour couvrir son décrochage. Cette mission dure toute la nuit. Le 11 au matin, la compagnie est libérée au village de Quatre-Champs.
La 3e compagnie a été moins éprouvée que la 1ère ; elle met en ligne le 10 au matin onze chars encore. Quittant Terron à 2h45, elle gagne le pied des pentes de Voncq, pour appuyer une attaque de la cavalerie sur Voncq. L’opération est déclenchée à 4h00, et se heurte aussitôt à une vive résistance. L’ennemi occupe aussi bien les vergers qui entourent le village que certaines maisons.
Il faut nettoyer celles-ci une à une ; les chars se séparent pour accompagner partout l’infanterie. Vers 9h00, le combat se transporte dans les vergers au nord-est et à l’est du village, en liaison avec la 1ère compagnie ; l’ennemi se trouve ainsi pris entre deux feux et disparaît. Mais il revient bientôt, après un violent bombardement du village et vers 11h00 l’infanterie est contrainte de se replier sur Terron.
A midi, un chef d’escadron du 8e Chasseurs à cheval (1ère brigade de cavalerie) tente de réorganiser la défense de Voncq, où amis et ennemis s’enchevêtrent. La compagnie, forte encore de huit chars, a mission de garder avec le corps franc du 57e R.I. la barricade établie à la sortie nord du village. Mais le capitaine Le More est blessé par une grenade alors qu’il gagne cette barricade à la tête du corps franc, une violente fusillade oblige ses hommes à s’abriter dans les maisons, et les chars vont rester seuls à la barricade de 12 heures à 20 heures. Il fait une chaleur torride dans les engins, les hommes souffrent de la soif, la situation devient de plus en plus confuse. Vers le soir, un canon antichar allemand a pris position quelque part dans les décombres. Un char (30068), dont le chef a été tué, remonte la rue principale. Le lieutenant Ledrappier quitte la barricade pour prendre la liaison, une fois de plus, avec l’infanterie. Son mouvement est mal interprété par les chars restants, qui se replient et gagnent le chemin de traverse qui coupe le lacet dessiné, à mi-pente, par la route de Voncq à Terron. Un capitaine vient, de la part du chef d’escadrons, demander aux chars de remonter dans le village pour faire taire une mitrailleuse qui gêne le décrochage.
A peine la colonne s’est-elle mise en mouvement, commandant de compagnie en tête, que le char de celui-ci (30042) est atteint et brûle. Le lieutenant Durand, officier en second, prend le commandement ; il revient en arrière pour demander au chef d’escadron au moins un appui de feux, et précise que, d’après l’observation qu’il a pu faire de sa tourelle, l’emplacement de la mitrailleuse est inaccessible à un char. L’attaque est alors décommandée ; elle a coûté la vie au lieutenant Ledrappier, commandant la 3e compagnie.
Après une journée épuisante, la nuit tombe. Un ordre de décrochage arrive pour les troupes engagées autour de Voncq, les chars devant couvrir le mouvement. Mais ceux-ci ne peuvent agir dans l’obscurité, et, pour sauver au moins une partie de ce qui lui reste, le lieutenant Durand dirige immédiatement sur Terron trois de ses appareils. Lui-même et deux autres restent sur la route, les chefs de chars en observation, le buste hors de la tourelle.
Voncq, où l’incendie a gagné pendant toute la journée, brûle en entier. Les flammes éclairent le repli, au cours duquel les chars escortent l’infanterie (des Sénégalais du 3e R.I.C.) jusqu’à Vandy. La compagnie rejoint alors le point de ralliement fixé par le bataillon.
Ainsi, au prix de cinq chars sur onze à la 3e compagnie, de trois sur cinq à la 1ère et de plusieurs tués, blessés et disparus (une quinzaine pour les deux compagnies) le 4e B.C.C. a été engagé pendant toute la journée du 10 juin dans un difficile combat de rues ; il y a accompli de magnifiques actes de courage individuel, sur lesquels nous n’insistons pas, faute de pouvoir les citer tous, et ne voulant pas mettre certains en vedette au détriment des autres. Mais une localité en ruines offre à une infanterie manœuvrière trop de défilements pour que les chars, avec le champ de vision étroit des épiscopes, ne s’y trouvent pas en infériorité. Certes des armes antichars ont été détruites chez l’ennemi mais, à son tour, celui-ci a mis définitivement hors de combat un certain nombre d’engins, réussissant à percer, presque à bout portant, les blindages.
L’ordre de repli général est donné à la 36e D.I. le 10 dans la soirée ; il est rendu nécessaire par l’avance allemande à l’ouest de l’Aisne. Il faut abandonner le village de Voncq. Dans les deux camps, le mélange des unités y est complet. La 26e division allemande y a engagé, dès la nuit du 9 au 10, le 2e régiment de la division de Police et dans l’après-midi du 10 une partie de son régiment réservé, le 77e. Chez les Français, non seulement la cavalerie du groupement Gaillard, mais des éléments de la 6e D.I.C., réserve de la IIe armée, sont venus s’y superposer aux vaillants débris du 57e R.I.
Que devient ensuite le 4e B.C.C. ?
Nous avons vu que sa 2e compagnie, mise à la disposition de la 35e D.I., n’avait pas eu à intervenir. Le 10 juin au soir, ordre lui est donné de rejoindre les échelons qui sont à Véry, à quelques kilomètres au nord de Vauquois. C’est là que se rallie, dans la matinée du 11, ce qui reste des 1ère et 2e compagnies. Une compagnie de marche est alors constituée sous les ordres du lieutenant Lucca, commandant la 2e compagnie. Elle a l’effectif normal de 13 chars, soit deux de la 1ère compagnie, sept de la 2e, quatre de la 3e. Transportée par camions de Véry à Valmy, elle y embarque le 12 en chemin de fer, et débarque le 13 à 3 heures à Sézanne. Rattachée à la 59e D.I., cette compagnie a un engagement dans la journée avec des chars ennemis au nord de Sézanne, puis elle couvre le repli sur Romilly. C’est ensuite la retraite générale, avec ses embouteillages, les attaques ennemies, la hantise du ravitaillement en gas-oil, les chars hors d’usage qu’il faut abandonner et détruire. Une belle citation à l’ordre de l’armée viendra, plus tard, reconnaître la ferme attitude au feu du bataillon et de son chef.
Il est certain que le 4e B.C.C. a ajouté, les 9 et 10 juin, de belles pages de gloire à celles qu’il avait écrites, en mai, au sud de Sedan. Sur le plan de l’exécution, on ne peut qu’admirer le courage et l’endurance des équipages ; chacun a accompli son devoir ; certains ont fait plus, et les anciens du 4e B.C.C. conservent pieusement le souvenir de tel officier, de tel sous-officier, de tel simple chasseur dont la conduite fut admirable.
Mais si l’on veut étudier l’affaire sur un plan plus élevé, celui de la conception, de la doctrine, il faut bien constater que de sérieuses réserves sont justifiées. Le bataillon a efficacement appuyé la défense de Voncq, et ses contre-attaques du 9 juin sont un bel exemple d’emploi de chars d’accompagnement.
Mais l’on ne peut s’empêcher de penser à ce refrain de Guderian : sich Klotzen nicht kleckern, faire bloc, ne pas s’éparpiller. Que voyons-nous tout au long de ces engagements ? De petits paquets ; une poussière de chars.
Le 8 juin, le bataillon est mis tout seul à la disposition du C.A.C. On ne peut faire grief d’une telle décision au commandement. Ce n’est pas sur le front de ce corps d’armée, qui englobe le massif de l’Argonne, que l’ennemi prononcera son effort principal, mais bien plus certainement en Champagne. Les faits du lendemain devaient justifier ce raisonnement. Certes, sous le couvert de la forêt, il aurait été facile de rassembler des masses blindées - en admettant qu’elles existassent - qui auraient débouché irrésistiblement sur le flanc de l’adversaire, d’est en ouest. Mais la coupure de l’Aisne et de son canal latéral devait obligatoirement arrêter leur élan. Sur un champ de bataille ainsi réduit dans ses dimensions et dans son importance relative, il n’y avait donc pas lieu d’accumuler les chars, et c’est à juste titre que les autres bataillons de la IIe armée ont été envoyés à l’ouest de l’Aisne.
Remarquons en passant que, de ce fait, le G.B.C. 503, auquel appartient le 4e B.C.C., ne joue plus aucun rôle tactique. Comment le pourrait-il ? Ses bataillons sont dispersés sur plus de 30 km. Le 7e B.C.C., frère d’armes du 4e, rattaché le 9 juin à la 3e D.C.r. en Champagne, y reste inutilisé ce jour-là ; rappelé le 10, il contre-attaque dans la partie du secteur de la 36e D.I. qui se trouve à l’ouest de l’Aisne, sans que soit organisée aucune coordination entre son action et celle du 4e B.C.C. à l’est de la rivière ; du moins, les deux bataillons travaillent-ils au profit de la même division. Mais le 3e B.C.C. (chars R 35) se bat les 9 et 10 juin avec la 14e D.I., c’est-à-dire dans la zone d’un autre corps d’armée et même d’une autre armée.
Le 8 juin au soir, donc, le C.A.C. voit arriver le 4e bataillon. Qu’en fait-il ? Il l’émiette, donnant une compagnie, soit treize chars, à chacune de ses deux divisions. Sur cette façon de procéder, le commandant du 4e B.C.C. s’exprime en ces termes dans un rapport du 9 juin 3h10 au général commandant les chars de la IIe armée : Voici une compagnie (il s’agit de la 2e) qui appartenait à 19 h à une réserve d’armée ; elle est devenue en quelques heures réserve de C.A., de D.I. et de R.I. A l’heure qu’il est, les sections sont peut-être à la disposition des bataillons. L’explication que donne le chef de bataillon est-elle juste ? A mesure que les chars sont mis à la disposition d’une unité, celle-ci sans discussion les passe à une autre pour se débarrasser du souci des ordres à leur donner. Ne faut-il pas plutôt voir dans cette façon de procéder le désir de saupoudrer de chars le dispositif défensif, d’en mettre quelques-uns un peu partout, de façon que partout les commandants des unités attaquées puissent, sans de longs délais, faire appel à eux pour étayer leur défense ? Quoi qu’il en soit, le chef de bataillon, seul officier compétent pour diriger sur le terrain l’engagement de ses chars, se trouve éliminé, tout comme l’a été le commandant du G.B.C. 503. Cette succession d’ordres va aboutir à un emploi désastreux de mon bataillon. Jusqu’à cette heure, je n’ai pratiquement pas eu un seul ordre à donner, je me suis borné à transcrire tous ceux reçus, sans avoir pris part à aucune discussion. Ne nous étonnons pas si, dans ces conditions, certains commandants de compagnie signalent les ordres très peu logiques qui leur ont été donnés sur le terrain, et qui pourtant furent exécutés. Le résultat : une usure sans grand profit du matériel et du personnel, des pertes, un manque à gagner certain.
Il est bien vrai que le C.A.C., une fois fixé sur le point d’application de l’attaque allemande, y a dirigé la compagnie de chars conservée en réserve. Mais la 2e compagnie va rester inutilisée deux jours, dans un secteur non menacé, A vouloir être un peu fort partout, on a abouti à n’être réellement fort nulle part.
Sources : Archives du SHAT Vincennes.
JOURNAL DE MARCHE de la
4ème DIVISION CUIRASSÉE
Journée du 15 Mai 1940
La formation de la 4e D.C.R. était en cours depuis le milieu de Février. Une partie seulement de ses organes avaient été formée et les opérations semblaient devoir durer encore un certain temps lorsque le Haut Commandement prit la décision de grouper sans délai ses éléments à proximité du front en vue d'un engagement immédiat. La composition initiale de la Division est donnée par l'annexe I du présent journal.
Dans l'après midi du mercredi 15, l'Etat-Major se porta du VÉSINET à CORBENY, puis dans le courant de la nuit à BRUYERES (Sud de LAON).
Journée du 16 Mai 1940
Dés son arrivée à BRUYERES, la Division reçoit par l'intermédiaire du Commandant CHOMEL représentant du G.Q.G. la mission d'éclairer en direction de MONTCORNET où des chars ennemis venant de la direction de CHARLEVILLE, LIART MONTCORNET avaient été signalés et d'établir entre l'Aisne et la Serre un barrage contre les chars ennemis qui pourraient se présenter.
Dès la réception de cet ordre, le Colonel DE GAULLE organisa avec des éléments du 24e B.C.C. - du 303e R.A.T. et du 4e Groupe Autonome d'Artillerie (ce dernier combattant à pied) une défense sur les routes allant de MONTCORNET à LAON, CORBENY et NEUFCHATEL. En outre, les opérations de constitution et de regroupement sont poussées au fur et à mesure de l'arrivée des divers éléments de la Division.
Journée du 17 Mai 1940
La Division renforcée par le 4e Groupe Autonome d'Artillerie reçoit la mission de se porter en avant sur l'axe LAON - MONTCORNET et d'occuper cette dernière localité. L'effort principal doit être assuré par la 6e 1/2 brigade (46e B.C.C. et Compagnie Autonome N° 345 Chars D) progressant le long de la route LAON, MONTCORNET tandis que la 6e 1/2 Brigade assurera la protection à l'Est tout en progressant dans la direction LA MAISON BLEUE - SISSONE - LISLET.
La progression se poursuit sans incident notable, jusqu'au canal d'assèchement. Dans la deuxième partie, des résistances plus importantes se révèlent, néanmoins l'objectif est atteint à LISLET comme à MONTCORNET dont les lisières sont tenues par les Chars. Malheureusement le 4e B.C.P. chargé d'occuper ces localités, s'étant trouvé retardé dans son transport, ne peut intervenir à temps et assurer notamment l'occupation de MONTCORNET après le ralliement des chars B1 Bis. Ceux-ci subissent par ailleurs vers 18h30 une violente attaque aérienne qui entraîne des pertes. Finalement, la Division est regroupée derrière la ligne ST-PIERREMONT canal d'irrigation, tout en conservant une tête de pont à CRIVES.
En fin de soirée, le P.C. de la Division est transféré à FESTIEUX. Au cours de la progression vers MONTCORNET un convoi de ravitaillement en munitions d'artillerie de 210 a été intercepté et détruit, une dizaine de prisonniers ont été faits.
Journée du 18 Mai 1940
La journée est employée à la remise en état du matériel est au regroupement des unités. Cinq aviateurs, constituant l'équipage d'un HEINKEL de bombardement est abattu dans la région, ont été pris et envoyés à l'arrière.
Journée du 19 Mai I940
L'ennemi paraissant en marche vers l'Ouest (ligne générale MALLES - LA FERE) la 4e D.C R. reçoit la mission de l'attaquer mais son flanc en suivant la direction générale LAON - CRECY SUR SERRE - PARGNY LES BOIS - avec comme objectif :
1°) La ligne, Ruisseau de CHERY, les POUILLY à l'ouest de ce village, CHERY-les-POUILLY, Ancien moulin à 2 km Nord de BARENTON - CEL
2°) Le pont de la Serre à CRECY et MORTIERS.
3°) Eventuellement, la ligne MONTIGNY sur CRECY, PARGNY les BOIS, Lisière Sud du bois de PARGNY.
L'opération doit être menée par trois groupements constitués respectivement de l'Ouest à l'Est par le 3e Régiment de Cuirassiers, la 8e 1/2 Brigade et la 6e 1/2 Brigade. La couverture est assurée sur la droite par le 10e Cuirassiers (Régiment de Découverte).
Le 4e Bataillon de chasseurs, après avoir occupé CHAMBRY avec une Compagnie conservera ses éléments en réserve en vue de l'occupation ultérieure des Ponts sur la ruisseau des BARENTON.
Le 4e Groupe autonome d'Artillerie (combattant à pied) opérera de même pour le pont de CRECY après avoir détaché une batterie au pont de CHIVRES.
L'artillerie renforcée, comprend 4 groupes de 75, et 1 groupe de 105 (322e R.A.T., 303e R.A.T., 72e R.A.)
Après avoir atteint leur objectif, les chars sont l'objet du feu des pièces antichars adverses et de violentes attaques aériennes.
La décision ayant été prise de regrouper la Division au Sud Est de LAON (région LAVAL - MONTCHALONS - VORGES - CHAMOUILLE) celle ci gagne en bon ordre sa nouvelle zone de stationnement non sans subir une fois encore, sur le plateau Nord de LAON, les attaques des bombardiers ennemis.
Journée du 20 Mai 1940
A la suite de l'engagement du 19 Mai sur la SERRE, la Division est regroupée à l'Est de LAON avec mission de maintenir le contact dans le massif S.E. de la Ville.
Dans la nuit, devant la pression exercée par l'ennemi, particulièrement au Nord et à l'Est, le Colonel DE GAULLE décide d'opérer la regroupement de la Division au Sud de l'AISNE dans la zone JONCHERY, COURVILLE, ANCIS le FONSART, LHERY, FAVEROLLES en utilisant les couloirs URCEL - CHAVIGNON - VAILLY - BRAISNES, FISMES d'une part, BRUYÈRES, VANDRESSES FISMES d'autre part. Le 10e Cuirassiers, Régiment de découverte, disposant du 4ème Groupe Autonome d'Artillerie est d'un Bataillon de Chars R 35 assure la couverture du mouvement.
Cependant, en raison des nombreuses infiltrations ennemies à l'intérieur même du dispositif, chaque Unité doit se couvrir pour son propre compte et le mouvement exécuté méthodiquement et conformément aux ordres donnés, se caractérise par une série d'escarmouches entre la route CORBENY - FESTIEUX - la route de BRUYÈRES à BOURG et COMIN. C'est une véritable guérilla où l'emportent l'esprit d'initiative et le courage réfléchi.
Les ponts sur l'Aisne doivent sauter après passage des derniers élément français. Le franchissement se poursuit dans de bonnes conditions dans la matinée en fin d'après midi, l'aviation ennemie fait preuve d'une grande activité, bombardant avec intensité les ponts situés entre SOISSONS et NEUFCHÂTEL, ceux-ci sont détruits volontairement vers 20h30. Au cours de cette opération, les pertes en personnel et matériel ont été relativement faibles.
En fin de journée, le P.C. était installé à SAVIGNY et les unités rassemblées dans la région indiquée.
Journée du 21 Mai 1940
La Division met en place dans la zone JONCHERY sur VESLE - FAVEROLLES - ARGIS le PONSART, COURVILLE. En outre, certains éléments d'Artillerie se trouvent dans la forêt de DOLE.
Le regroupement qui a été rendu pénible par la dissémination d'un grand nombre d'unités dans la journée du 20, se poursuit dans celle du 21 qui est utilisée pour la remise en état activement menée du personnel et du matériel.
Le 44e B.C.C. (3 compagnies R 35 à ROZIERES et à CROUY) qui vient de débarquer, est intégré dans la Division, et comptera à la 6e 1/2 Brigade.
Il en est de même du 47e - 2 compagnies B à LONGPORT et CHERY CHARTREUSE qui est affecté à la même Brigade. De la 3e Compagnie de ce bataillon, qui a été dérouté, on n'a pas encore de nouvelles.
En revanche, dans la journée du 21, le 10e Cuirassiers (Régiment de découverte) est mis à la disponibilité de la 3e D.C.R., et le 4ème Groupe Autonome d'Artillerie (combattant à pied) lui même repris par le Direction de son Arme.
La division reçoit en outre le 1er Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés (Cdt. de FORQUOY) qui arrive dans la région d'ARCY le PONSART.
Le Colonel DE GAULLE appelé par le Général Commandant la 7ème Armée (Général FRERE) reçoit de ce dernier des directives en vue de nouvelles opérations.
La 4e D.C.R. qui passe aux ordres de la 7e Armée, doit se mettre en route d'urgence vers l'Ouest.
Journée du 22 Mai 1940
La 1ère étape conduit les éléments de la Division partant de la Région S.E. de FISMES dans la Région de COMPIEGNE.
Couverte par le 1er Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés constituant l'avant garde, la Division fait mouvement dans la journée du 22 Mai et la nuit venant par 3 itinéraires.
I - FISMES - SOISSONS - COMPIEGNE
II - BRANGE - LOGPONT - PIERREFONTS
III - GRAMAILLE - FORET VILLERS COTTERETS - LA MALASSISE
et va stationner dans la Forêt de COMPIEGNE - P.C. à PIERREFONTS
Le 7e Armée doit mettre à la disposition de la 4ème D.C.R. un Escadron d'Entretien et de Réparations pour compléter le 3ème Cuirassiers.
Le 3ème Groupe du 322e R.A.T. est annoncé.
Journée du 23 Mai 1940
Dans la nuit du 22 au 23, la 20e Batterie de D.C.A. (canons de 25) et 1 groupe de 305e R.A.R.R. rejoignent la Division.
La Division se prépare à faire mouvement pour se porter dans la région de CREVECOEUR - MARSEILLE en BEAUVAISIS en vue d'une intervention à l'Ouest d'AMIENS.
A 16h15 arrive l'ordre de surseoir au mouvement. La situation locale s'étant améliorée dans la région d'AMIENS. Le Haut Commandement envisage l'emploi de la D.C.R. pour une intervention plus à l'Est.
En conséquence, dans la nuit du 23 au 24 Mai, la Division se porte dans la Région AILLY sur NOYE, MOREUIL, DAVENESCOURT, PAILLART en établissant une couverture sur la ligne AILLY sur NOYE, FOUENCAMPS, DEMUIN, avec P.C. à PIERREPONT.
La 4ème DC.R. se trouve à son arrivée incorporée avec les autres forces opérant à l'Ouest de la Ligne AMIENS - BEAUVAIS, au groupe placé sous les ordres du Général ALTMEYER et dont la mission est de refouler les forces ennemies aventurées au Sud de la Basse Somme et de tenir le cours de la rivière, tout en établissant en arrière un barrage anti-chars dans la coupure BRESLE, HORNOY, POIX - CONTY.
Le Commandant CHOMEL prend à ce jour les fonctions de chef d'Etat major de la division.
Journée du 24 Mai 1940
Le 4e Bataillon du 7ème Régiment de Dragons Portés est annoncé et doit rejoindre la Division à MAIGNELAY.
Afin d'améliorer la sûreté de la zone de stationnement de la Division la couverture, déjà assurée au Nord par la 4ème D.C.R. est prolongée face au Nord Est le long du cours de l'Avre, qui est tenu par le 1er Bataillon du 7e Régiment de Dragons Portés et les Batteries antichars de la Division.
Cette mesure entraîne un léger regroupement de la Division dont tous les éléments à l'exception des chars, se trouvent ramenés en deçà de l'AVRE.
Journée du 25 Mai 1940
Le Commandement ayant envisagé l'emploi de la 4e D.C.R. dans une zone située sensiblement à l'Ouest de sa zone de stationnement, la Division se porte dans la nuit du 25 au 26 dans la zone CONTY - POIX - GRANDVILLIERS, avec P.C. à ST-ROMAIN. La sûreté de la zone de stationnement est assurée au N.O. par le 7ème Régiment de Dragons Portés, et au Nord par le 4e B.C.P., la garde des passage étant renforcée par les Batteries antichars de la Division. Le mouvement est effectué dans les conditions prévues.
La 665e Batterie antichars et le 2ème Groupe d'Escadrons du 3ème Cuirassiers sont affectés à la Division. qu'ils rejoignent dans le cours de la nuit.
Le Colonel DE GAULLE, Commandant p.i. la Division, est promu Général de Brigade.
Journée du 26 Mai 1940
Après regroupement dans la zone CONTY - POIX - GRANDVILLIERS, la division se trouve en mesure d'agir, soit vers AMIENS, soit entre BRESLE et la SOMME pour aider l'infanterie.
La 3e D.L.C. doit se porter dans l'après midi vers PICQUIGNY pour réduire la tête de pont que les Allemands ont constituée cette localité. La 4e D.C.R. lui fournit dans ce but l'appoint du 44e B.C.C. et du 1er Groupe d'Escadrons SOMUA du 3e Cuirassiers sous les ordres du lieutenant-Colonel SIMONIN ainsi que tout l'A.D.
Le Général Commandant la Division envisage le déplacement de la Division vers le Nord dans l'éventualité d'une action au Nord de la Somme. Cette éventualité ne se confirme pas, les ponts étant rompus.
En outre, la 4e D.C.R. met à la disposition de 7e D.C.. chargée d'une action contre AMIENS, le 19e B.C.C. qui est alerté à 17 heures.
Journée du 27 Mai 1940
Deux sections de 47 automoteurs (à 5 pièces) faisant partie de la 51e Batterie du 10e R.A. et deux sections de D.C.A. (à 3 pièces) armée de 25 (en provenance du 408e R.A.) sont affectées à la Division, qu'ils rejoignent dans la journée.
Ayant décidé d'utiliser la 4e D.C.R. pour la réduction de la tête de pont d'ABBEVILLE, la Division reçoit vers 17 heures du Général Commandant l'ARMEE l'ordre de gagner une zone de stationnement favorable pour cette opération.
En conséquence, la Division se prépare pour se porter à la fin de la nuit dans la zone OISEMONT - DREUIL HAMEL - HORNOY .
Dans la soirée, le Colonel CHAUDSOLLE, Commandant l'A.D. est victime d'un accident d'auto.
Journée du 28 Mai 1940
Dans la nuit, la Division gagne la zone indiquée et le P.C. s'établit au château d'AVESNES au début de la matinée, au château de MERELESSART à partir de midi.
La Division récupère dans la journée le 44e B.C.C. du Groupe d'Escadrons (SOMUA) du 3e Cuirassiers et de l' A.D. prêtés à la 5e D.L.C. chargée de réduire la tête de pont de PICQUIGNY. Elle reste privée du 19e B.C.C. employé dans une attaque sur AMIENS, en appui de la 7e D.I.C.
Elle est renforcée d'autre part par le 22e R.I.C. et l'Artillerie de la 2e D.C.C. - l'A.D. de la 4e D.C.R. n'étant à même d'intervenir dans la journée à cause d'un long déplacement, la 661e Batterie antichars rejoint la Division dans la Journée.
L'attaque pour la réduction de la tête de pont au Sud d'Abbeville est décidée pour 17 heures, l'intention du Général Commandant la Division est de faire effort sur un axe LIMEUX - VILLERS SUR MAREUIL - MONT DE CAUBERT - CAMP DE CESAR, tandis que la 2ème D.I.C. exploitera l'avance de la 4e D.C.r. sur la Gauche, en direction de CAMBRON.
La Base de départ est jalonnée par ST MAIXENT EN VIMEU, WARCHEVILLE - LIMEUX - Lisières Nord du Bois de BAILLEUL, le premier objectif passe par SALLEUX, côte 104 - Bois des HETROY, bois de FRECHANCOURT, la deuxième par BIENFAY et MESNIL TROIS FOETUS à CAMP DE CESAR, et sur la droite la bordure des marais de la Somme.
A la nuit, la Division a atteint le premier objectif et le gros centre de résistance de HUPPY est tombé, le Général Commandant la Division, donne l'ordre de tenir le terrain conquis et de reprendre l'attaque à 4 heures du matin.
Journée du 29 Mai 1940
L'avance, à 4h du matin, reprend en direction du Mont de CAUBERT et dans la vallée de la Somme à l'Est, pour la conquête de l'Objectif N° 2.
L'activité de l'aviation ennemie est faible, grâce au temps couvert, mais la Division se heurte au feu d'armes automatiques, à des tirs de barrage de 105 et surtout à une défense antichars très étoffée et très bien organisée. Le P.C. avancé de la Division est établi au Calvaire, à 1 km au S.E. de LIMEUX.
A midi la résistance faiblit, et on peut penser que les Allemands ne tiennent plus sur la rive Sud de la Somme, à l'Ouest d'Abbeville. Le Général Commandant la Division veut exploiter immédiatement cette situation pour atteindre l'objectif final le bord de la vallée de la Somme entre le carrefour de ROUVROY inclus et le bois au sud d' ERONDELLE inclus, le P.C. avancé de la Division se transporte au Château d'HUPPY.
Mais au cours de l'après midi, l'ennemi réagit vigoureusement. La progression de la Division est arrêtée par des armes anti-chars installées sur le Mont de CAUBERT, des tirs d'artillerie et un bombardement par avions n'arrivent pas à les réduire. Sur la gauche, les éléments de la 2e D.L.C. avancent trop lentement en direction de CAMBRON où des éléments allemands se massent et agissent en direction de MIANNAY et de MOYENNEVILLE. Le 10e Cuirassiers renforcé par un Bataillon de Dragons Portés, est chargé d'arrêter l'ennemi dans cette zone. Enfin, dans la soirée, des tirs d'artillerie allemands pilonnent la région d'HUCHENNEVILLE.
En fin de journée, la D.C.r. a atteint sensiblement son objectif n° 2 mais découverte sur sa gauche ; elle est en butte à une réaction assez vive de l'ennemi. Elle tient la ligne : MOYENNEVILLE - BIENFAY - Bois de VILLERS, MAREUIL GAUBERT, BRAY LES MAREUIL.
La Division a fait une centaine de prisonniers. D'après les interrogatoires, le 57e D.I. (217e et 179e R.I.) non motorisés et commandés par le Général BLUMME, tient la tête de pont d'ABBEVILLE. Elle est renforcée d'éléments du Panzerabwehrabtailung.
Journée du 30 mai 1940
Nouvel effort pour réduire définitivement les éléments ennemis qui tiennent encore au Sud de la Somme.
La 4e D.C.R. attaquera surtout par la gauche, sur l'axe Moyenneville - Cambron.
Le 10e Cuirassiers renforcé du 2ème Bataillon du 7e R.D.P. et des 2 groupes d'Escadrons du 3ème Cuirassiers attaquera de MOYENNEVILLE sur CAMBRONS.
La 4e B.C.P. appuyé par les Chars de la 6e 1/2 Brigade, attaquera MESNIL TROIS FOETUS et YONVAL.
Le 22e R.I.C. et la 8e 1/2 Brigade progresseront par les Pentes Ouest Mont de CAUBERT et le ravin au N.O. et N. du Bois de VILLERS.
L'attaque sera appuyée par l'Artillerie et l'aviation de bombardement. A gauche les éléments de la 5e D.L.C. doivent attaquer vers 15 heures en direction de CAHOR et SAIGNEVILLE.
Le P.C. de la division est transporté à 17 heures aux Croisettes sur la route d'ABBEVILLE à ROUEN.
Au début de l'opération le 10e Cuirassiers avance jusqu'à CROIX QUI CORNE, le 4e B.C.P. jusqu'à MESNIL TROIS FOETUS, le 22e B.C.C. occupe le bois de VILLERS et VILLERS SUR MAREUIL. L'aviation bombarde le Mont de CAUBERT et les ponts de la SOMME. L'aviation allemande est absente, mais la D.C.A. est très active. Mais des canons antichars installés sur le mont de CAUBERT, LE TOQUET, la route de MIANNAY à CAMBRON stoppent l'avance des chars qui éprouvent de lourdes pertes et des barrages violents de 105 arrêtent également l'infanterie. Vers 20 heures, les allemands contre attaquent à l'Ouest du Mont de Caubert. La gauche reflue sur ses positions de départ à BIENFAY et MOYENNEVILLE. A l'Ouest SAIGNEVILLE. Dans la nuit, tirs réciproques d'artillerie de harcèlement. Des pertes lourdes sont infligées à l'ennemi au Mont de CAUBERT et au ravin Sud de CAUBERT.
Au début de l'attaque, le Chef d'Escadron ANTECH, Commandant le 2e Bataillon du 7e R.D.P. est tué par un obus, deux Officiers sont blessés près de lui.
Journée du 31 Mai 1940
La division tient avec ses éléments de combat à pied la ligne suivante :
10e Cuirassiers : MOYENNEVILLE
4e B.C.P. : BlENFAY
22e R.I.C. : Partie Sud du Bois de VILLERS - VILLERS SUR MAREUIL
1er Bataillon du 7e R.D.P. ; Carrefour Sud de MAREUIL CAUBERT - BRAY LES MAREUIL - BOIS SUD D'ERONDELLE .
Un Bataillon de l'armée anglaise arrivé à 4 et 6h30 renforcer la gauche.
- 2 Compagnies à MOYENNEVILLE,
- 2 Compagnies à BIENFAY.
Un bataillon anglais tient BEHEN, un autre LIMEUX et le bois du MONT BLANC - depuis la nuit du 29 au 30 Mai.
En réserve le 2e Bataillon du 7e R.D.P. se trouve à VAUX MARQUENNEVILLE
L'Artillerie est tout entière en position, dans la région Nord de HUPPY et de LIMEUX.
Derrière la ligne de combat sont regroupés
- la 6e 1/2 Brigade à DOUDELAINVILLE
- la 8e 1/2 Brigade à FRUCOURT
- le 3e Cuirassiers à GREBAULT MESNIL
Le P.C. de la Division est transféré dans la journée de HUPPY à MERELESSART.
Aucune réaction de l'ennemi depuis le jour, sinon quelques tirs d'artillerie, dont un sur le Château de HUPPY P.C. de la Division.
Dans l'après midi et la soirée, forte activité de l'aviation ennemie.
Journée du 1er JUIN 1940
La 51e Division Anglaise relève, dans le secteur d'ABBEVILLE, la 4e D.C.R. qui se regroupe dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS, le P.C. de la Division est installé au Château de FONTAINE LAVAGANNE.
Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. reste en position dans la région de MAREUIL CAUBERT - BRAY LES MAREUIL, ERONDELLE, à la disposition de la 51e Division Anglaise, jusque dans la nuit du 2 au 3 Juin.
Journée du 2 Juin 1940 `
La 4e D.C.R. retirée de la 10e Armée, est mise en réserve générale du G.A. 3. Elle ne peut être employée sous aucun prétexte jusqu'à nouvel ordre
Le 19e Bataillon, prêté à la 7e D.I.C. pour l'attaque sur AMIENS, est remis à la disposition de la 4e D.C.R. et rentre dans la zone de la 8e 1/2 Brigade.
15 porte-chars de la 74e Compagnie de Transports sont mis à la disposition de la 4e D.C.R. Ils seront rendus pour 16 heures au Bois de GUERBIGNY (9 km Ouest ROYE).
Journée du 3 Juin 1940
La 4e D.C.R. est mise sous les ordres du Général DELESTRAINT ainsi que la 2e D.C.R. Elle est en réserve de G.A. 3 qui règle son emploi éventuel. Elle est stationnée sur le territoire de la 10e Armée ; sauf en ce qui concerne les réparations du matériel chars, pour lesquelles elle utilise conjointement les parcs de la 10e Armée.
Elle demeure stationnée dans la zone de MARSEILLE en BEAUVAISIS, sauf l'Artillerie qui reste en ligne pour l'opération du 4 Juin sur ABBEVILLE. le P.A.D. a fait mouvement dans la nuit du 2 au 3 Juin de HETTOMESNIL à HAUCOURT.
Journée du 4 Juin 1940
La 4e D.C.R. reste stationnée dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS.
l'A.D. reste en ligne en face d'ABBEVILLE, à la disposition de la 10e ARMEE, elle collabore dans la journée à une nouvelle action pour réduire ce qui subsiste de la poche Sud d'Abbeville (COMBRON - MESNIL TROIS FŒTUS, mont de CAUBERT et CAMP DE CESAR). A cette action participe la 2e D.C.R., la 51e Division Anglaise et la 31e D.I.
Le Général Commandant la 10e Armée, donne ordre au Général Commandant la 4e D.C.R. de mettre la Batterie de D.C.A. de 25 N° 1030 du 404e Réserve Générale à la disposition du 10e Corps d'Armée pour la 16e D.I. Le Général Commandant la 4e D.C.R. fait valoir le tort causé à la Division en lui retirant sa seule défense puissante anti-aérienne. L'ordre de la 10e armée est suspendu.
La Division se prépare à faire mouvement dans la région comprise entre BEAUVAIS, GOURNAY EN BRAY et GISORS.
L'ordre de mouvement est donné le 4 au soir pour être exécuté dans la nuit du 5 au 6.
Journée du 5 Juin 1940
Sur l'ordre du Général Commandant la 10e Armée, la 4e D.C.R. est mise en l'état d'alerte, en prévision d'une attaque allemande partie d'AMIENS et de PICQUIGNY. La Division doit également prévoir la défense contre des attaques de parachutistes.
La Division se déplacera dans la nuit à partir de 21 h. Le P.C. de la Division sera installé au Château de TROUSSURES à partir du 6 Juin à 8 heures. Le 7e R.D.P. et le 3e Cuirassiers restent en place jusqu'à nouvel ordre.
Le Général DE GAULLE demande au Général DELESTRAINT et au Général Cdt le G.A. 3 de refaire d'urgence la 4e D.C.R. comme recours suprême en cas de percée. Il demande la réalisation d'urgence des mesures suivantes :
1 - Recevoir 10 chars B pour avoir 1 bataillon de B
2 - Rendre tous les D 2 existant pour avoir 2 Bataillons de D 2.
3 - Attribuer 35 chars 35, pour avoir deux bataillons 35
4 - Laisser ce qui reste du 3e Cuirassiers (10 Somua - 10 Hotchkiss)
5 - Donner 1 Bataillon de D 2.
6 - Renforcer le 4e B.C.P. et donner un 2ème Bataillon de chasseurs avec moyens de transport
7 - Compléter l'Artillerie et le 10e Cuirassiers
8 - maintenir la Division, jusqu'à l'extrême limite en réserve de G.A. 3.
L'Artillerie de la Division quitte le Secteur d'ABBEVILLE dans la journée et rejoint la Division dans la nuit du 5 au 6.
A 12h30 les avions allemands au cours d'un raid de bombardement sur la route et la voie ferrée BEAUVAIS - ABBEVILLE lâchent plusieurs bombes aux abords immédiats du P.C. de la Division.
A partir de 12h30 arrivent des renseignements sur l'attaque allemande avec chars au Sud de la Somne, entre AIRAINES et AMIENS. Une poche de 20 km de profondeur est ouverte dans notre dispositif au Sud d'AMIENS. Elle est jalonnée par VERS, HERBECOURT, ESSERTAUX, AILLY, BOVES, CAGNY et LONGUEAU ; à l'intérieur de cette poche, des troupes françaises résistent à ST-FUSCIEN, DURY, SAINS, RUMIGNY, ST-SAUFLIEU et ESTRÉES.
A l'Ouest, l'ennemi a également réalisé une avance jusqu'à CAVILLON et RIENCOURT au Sud de PICQUIGNY, AIRAISNES, ALLERY, HALLENCOURT au Sud Est d'ABBEVILLE.
En raison de la situation, la 4e D.C.R. se portera dans la nuit du 5 au 6 dans la région Sud de BEAUVAIS, en dispositif d'attente, en mesure d'intervenir en direction du Nord.
A 15 h un ordre préparatoire alerte les unités dans leurs cantonnements : garder les issues, assurer les liaisons avec les unités voisines, lancer des reconnaissances à courte portée. Le Train, la 2e Compagnie de Transport 74, le P.A.D., le G.S.D. et les T.R. gagneront immédiatement la nouvelle zone.
A Train : BEAUMONT - FRESMAUX - VALDAMPIERRE
- 2e Cie T.74 : MALASSISE, Bois de BESSONS
- P.A.D. : LIANCOURT, ST-PIERRE
- G.S.D. : MESNIL THERIBUS
- T.R. : CHAMBORD ? LATTAINVILLE - DELINCOURT - BOUBIERS.
à I7 h, un ordre de déplacement annule l'ordre du matin. Dans la nuit du 5 au 6 Juin, la Division s'installera au Sud de BEAUVAIS.
- 6e 1/2 Brigade autour d'AUNEUIL
- 8e 1/2 Brigade autour de CRECY et ABBECOURT
- 3e Cuirassiers autour de BERTHECOURT
- 10e Cuirassiers autour d'ALLONNE
- 7e R.D.P. autour de WARLINS
- 4e B.C.P. et C.T. 147 autour de MARAIS
- Artillerie dans la zone VILLOTRAN - AUTEUIL - FROCOURT
Les unités combattantes de la Division (4e B.C.P. - Demi-brigades de Chars, régiments de cavalerie) doivent être groupées à portée de leur Chef, prêtes à combattre).
Le P.C. de la Division est installé au Château de MESNIL THERIBUS à partir de 21 heures.
Journée du 6 Juin 1940
A la suite des attaques ennemies du 5 Juin effectuées au S.O. de PERONNE au Sud d'AMIENS et dans la Région de PICQUIGNY, les Divisions en Ligne continuent à tenir dans leurs zone dont elles défendent les centres de résistances. Des divisions réservées sont actuellement engagées ou en cours d'arrivée dans la région de GRANDVILLIERS (40e D.I.) sur la ligne CONTY - AILLY sur NOYE - (24e D.I.) et sur l'Avre de PIERREPONT à ROYE (47e D.I.) dans le massif de LASSIGNY (7e D.I.C.).
Ayant fait mouvement dans la nuit du 5 au 6, la 4e D.C.R. s'installe le 6 Juin au matin dans la zone BEAUVAIS, AUNEUIL, FRESNEAUX - BERTHECOURT avec son P.C. à MESNIL THERIBUS. Elle se couvre au Nord sur la voie ferrée BEAUVILLERS, BEAUVAIS, VILLERS sur THERE, HERMES, MENECOURT avec les éléments du 4e B.C.P. - 7e R.D.P. et 10e Cuirassiers.
Le Groupe de 105 reporté à l'arrière n'appartient plus à la Division. Mais la Compagnie D 2 du Capitaine COLLOT rassemblée dans la forêt de Compiègne reçoit l'ordre de rejoindre la 4e D.C.r. et renforcera le 19e B.C.C.
La 85e D.I. qui arrive du Sud, le 6 Juin au Matin ; s'installe dans la même zone (P.C. au Château d'Auteuil). La 241e D.I. à droite, a son gros dans la région de CLERMONT, MOUY LIANCOURT. Avec ces deux Divisions la 4e D.C.r. forme le XXVe C.A. sous le Commandement du Général AUDOT, en réserve Générale de G.A. 3. (P.C. du XXVe C.A. - NOAILLES). Le XXVe C.A. doit se mettre en mesure de tenir les carrefours principaux : BEAUVAIS CLERMONT - AUNEUIL - HERMES - PONT SAINT MAXENCE, et d'intervenir en Direction de BRETEUIL et SAINT JUST.
Le Général Commandant la Division donne l'ordre de porter les efforts sur la remise en état du matériel, tous les ateliers doivent s'installer et travailler avec tous leurs moyens.
Au cours du déjeuner les Officiers de l'Etat-Major ont la confirmation d'une nouvelle qui se propageait depuis le début de la matinée : Le Général DE GAULLE est nommé sous-Secrétaire d'Etat au Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre. Par l'ordre général N° 271/I, le Général DE GAULLE fait ses adieux à la Division.
"Je quitte à la date d'aujourd'hui le Commandement de la 4e Division Cuirassée, pour prendre les fonctions de sous-Secrétaire d'État à la Guerre.
Je tiens à dire à tous, Officiers - sous-Officiers et soldats, quelle a été ma fierté de les avoir sous mes ordres dans les combats victorieux menée par la Division depuis le 15 Mai.
J'ai la certitude que la Division va poursuivre ses succès et sera un élément capital du triomphe final de la France.
Je transmets le Commandement de la Division au Colonel CHAUDESSOLLE."
A 14 heures, le Général fait ses adieux aux Officiers de l'État-major et quitte MESNIL THERIBUS pour Paris. Le Commandant CHOMEL Chef d'État Major, quitte également la Division pour accompagner le Général dans sa nouvelle destinée.
Le Colonel CHAUDESSOLLE, désigne le Commandant FAIVRE, Chef des 2e et 3e Bureaux, comme Chef d'État-major, le Colonel ANSELME Commandant le 322e R.A.T. prend le Commandement provisoire de l'A.D. Le Chef d'Escadron de MOULIAVE, Commandant le 1er Groupe du 322e R.A.T. prend le Commandement provisoire du 322e R.A.T.
Journée du 7 Juin 1940
La pression ennemie s'est affirmée dans la journée avec des moyens de chars importants. La 24e D.I. tient fortement la ligne CONTY - AILLY encadrée à droite et à gauche par les éléments des Divisions voisines. Mais une forte infiltration de chars s'est produite entre POIX et AUMALE. Les engins circulent par petits groupes de 2 à 3 et sont signalée jusque dans la Région Ouest de GRANDVILLIERS.
Pour la 4e D.C.R. la journée va se passer en ordre et contre ordres venus du groupement Cuirassé, qui veut maintenir la Division en place pour continuer sa réorganisation et G.A. 3. qui veut engager la Division.
Au début de la matinée le Colonel CHAUDESSOLLE s'entend avec le Général Commandant la 85e D.I. pour décongestionner la région Sud de BEAUVAIS où s'entremêlent sans liaison ni concordance, les éléments des 2 divisions. Dans la soirée, le 7e R.D.P. et le 4e B.C.P seront reportés plus à l'Ouest entre LA HOUSSOYE et GISORS, le long de la voie ferrée BEAUVAIS - GISORS ; le 3e Cuirassiers s'installera dans la Région NOAILLES, Bois MONCHY.
A 11h30 le Général DELESTRAINT venu de MESNIL THERIBUS confirme que la 4e D.C.R. doit rester au moins 48 heures en place.
A 12 h la 4e D.C.R. reçoit l'ordre du G.A. 3. de se tenir prête à partir de 19 heures en direction du Nord pour une action contre les formations blindées ennemies. D'accord avec le Général DELESTRAINT, le Colonel CHAUDESSOLLE rend compte au G.A. 3. qu'un tel mouvement est impossible, les chars en réparation sont démontés, les chars de remplacement ne sont pas encore arrivés, du personnel est en déplacement pour aller les chercher.
A 15 heures arrive le Général de la FONT, désigné pour prendre le Commandement de la 4e D.C.R.
Le 10e Cuirassiers envoie à partir de 16 heures 2 reconnaissances sur l'axe BEAUVAIS - GRANDVILLIERS et BEAUVAIS - FORMERIE qui signalent la présence des allemands aux environs de GRANDVILLIERS et au sud de FORMERIE.
Le Déplacement envisagé le matin, est ordonné à 17 heures 30 et se fera dans la nuit du 7 au 8, le 4e B.C.P., occupera la zone la HOUSSOYE à PORCHEUX avec P.C. à HOUSSOYE - le 7e R.D.P. occupera la zone de BOUTENCOURT ENENCOURT - VILLERS sur TRIE, BRAGY, BAZINCOURT, avec P.C. à BOUTENCOURT. Le 3e Cuirassiers s'installera à NAILLES et Bois de MOUCHY, P.C. à NOAILLES. Le 10e Cuirassiers prend position au val de L'EAU et St-QUENTIN P.C. à St-Quentin.
Le 4e B.C.P. renforcé d'une batterie de canons de 47 a la mission de tenir les passages de la voie ferrée. Le 7e R.D.P. renforcé d'une batterie de canons de 47, a la mission de barrer vers le Nord les itinéraires de sa zone de stationnement entre le Moulin de la Forge inclus et L'EPLE incluse.
A 19h30 un coup de téléphone du G.A.3. renouvelle l'ordre du matin.
La D.C.R. doit se tenir prête à partir vers le Nord. A 20 heures, ordre est donné de surseoir au mouvement ordonné par l'ordre Général d'Opérations N° 296/3 F.
A 22 heures, un ordre préparatoire prescrit à la Division de se tenir prête à faire mouvement dans la nuit avec ses éléments de combat, y compris l'artillerie. Les 1/2 Brigades et le 3e Cuirassiers constitueront des groupements de Marche comprenant les États-Major et les éléments prêts au combat. Les autres éléments et tous les Chars B seront laissés sur place et poursuivront la remise en état des chars indisponibles. Marcheront avec les éléments de combat de la Division - 1 Échelon du Q.G. - Cie de Transmissions, le Génie et le G.S.D.
Aucune modification dans le stationnement de la Division le 7 Juin au soir.
La 51e Batterie d'autos-canons du IIe R.A. installée à BOUGENOULT pour garder le P.D. du groupement Cuirassé abat 2 avions ennemis dans la journée.
La Cie du 4e B.C.P installée dans les faubourgs Sud de BEAUVAIS souffre des bombardements intenses et répétés des avions ennemis - 2 morts et 4 blessés.
Journée du 8 Juin 1940
L'ennemi a fait une incursion entre POIX et AUMALE durant la journée du 7 Juin et a poussé des éléments mécaniques jusque dans la région de FORMERIE et GRANDVILLIERS,
Le XXVe C.A. comprenant la 85e, la 241e D.I. et la 4e D.C.R. se porte au Nord de BEAUVAIS pour défendre la région en direction du Nord et de l'Ouest. La 4e D.C.R. couvre le flanc Ouest, tandis que la 85e D.I. et la 241e D.I. défendent les voies d'accès venues du Nord. Des autos mitrailleuses du 10e Cuirassiers forment bouchons à SONGEONS et à HALLOT au Sud de GRANDVILLIERS. Devant Sully une auto-mitrailleuse est mise hors de combat après avoir détruit 3 A.M. ennemies.
Le Général Commandant la D.C.R. décide de réaliser un dispositif de résistance tenu par les éléments à pied et les antichars couvert par l'artillerie sur la ligne BONNIÈRES LA NEUVILLE, DETROIT, PlERREFITTE. Les chars protégeront la mise en place de ce dispositif, puis ultérieurement rallieront le gros des chars, qui seront en mesure de contre attaquer vers le Nord ou l'Ouest, Une fraction de chars, maintenue en avant, ralentira l'avance ennemie.
2 groupements sont constitués :
- 1) Groupement Nord aux ordres du Colonel SUDRE - 6e 1/2 Brigade de Chars - 3e Cuirassiers - 7e R.D.P. - 1 Groupe d'appui direct du 322e R.A.T. - Une batterie de 47 - dans la région de Bannières et de Milly sur Thérain,
- 2) Groupement Sud aux ordres du Colonel SIMONIN - 8e 1/2 Brigade de chars - 4e B.C.P. - 1 Groupe d'appui direct du 322e R.A.T. - 1 Batterie de 47.
Le Colonel Cdt l'Artillerie réglera l'appui des feux de toute l'artillerie, organisera la défense aérienne et une 2ème défense anti-chars sur la ligne PIERREFITTE, HERCHIES et MILLY.
Le Génie organisera la défense de HERCHIES avec un escadron motocycliste du 10e Cuirassiers. Le G.S.D. s'installera à la Maison Forestière Centrale du Bois de St-Quentin. Le P.C. de la Division d'installe à HERCHIES à partir de 14 heures. Le Mouvement de la Division se fait à partir de 11 heures sans incident.
Les éléments lourds du P.C. les ateliers de réparations et les trains restent dans la zone sud de Beauvais, en leurs cantonnements actuels.
A 20 heures, le Général reçoit un message d'ALLONNE lui apprenant que le Général AUDOT, Commandant le XXVe Corps vient d'être blessé par bombe, que le Général WEYMAR, Commandant la 85e D.I. prend la commandement du Corps d'Armée, et lui demandant de venir d'urgence à ALLONNE, pour prendre les ordres.
Le Village de HERCHIES connaît un effroyable encombrement dû aux colonnes refluant du front de combat et à la lamentable théorie des réfugiés.
Journée du 9 Juin 1940
L'ennemi a accentué son effort sur la Basse-Seine, mais ne semble pousser que des éléments légers sur le front de la 4e D.C.R.
La 4e D.C.R. se décroche à la fin de la nuit avec tout le XXVe C.A. pour prendre position au Sud-Ouest de BEAUVAIS. Deux violents bombardements par 105 ont lieu, l'un à 2 heures du Matin, sur le P.C. à HERCHIES, l'autre à 6 heures du matin sur les colonnes en marche dans la région de HERCHIES - SAVIGNIES - PIERREFITTE. Le P.C. de la Division s'installe au Château de la SAUSSAIE à 2 km 500 de la HOUSSOYE à partir de 7 heures du matin. Des auto-mitrailleuses du 10e Cuirassiers font des reconnaissances en direction de GOURNAY.
A partir de 8 heures nouveaux ordres de mouvement.
La 4e D.C.R. doit couvrir vers l'Ouest le mouvement de repli du XXVe C.A. L'intention du Général est de :
1°) Pousser aux ponts de MANTES, MEULAN et POISSY des antichars.
2°) Couvrir le flanc ouest de la 85e D.I. en barrant successivement les directions :
- GOURNAY - AUNEUIL
- FLEURY - ETREPAGNY - MARINES
- MAGNY EN VEXIN - PONTOISE
- LES ANDELYS - Vallée de la SEINE
par l'action de 3 détachements se déplaçant par échelons vers le Sud.
Le Mouvement commence à 11 heures du matin. A Partir de midi le P.C. se déplace à ARTIMONT, 2 km S.E. de MARINES (le P.C. arrière parti de MESNIL THERIBUS le 9 Juin est installé le 9 Juin à HARAVILLIERS, fait mouvement dans la nuit du 9 au 10 à THIVERVAL, au Sud de la Seine).
Une compagnie de chars 35, retardée par les Allemands dans la Région de ONS en BRAY se dégage violemment en détruisant 3 armes anti-chars, mais en perdant le char du Capitaine.
Dans l'après midi, les reconnaissances sont accomplies par des éléments du 10e Cuirassiers et des Officiers de liaisons aux Ponts de MANTES - MEULAN et POISSY afin de prendre entente avec les Officiers du Génie chargés de faire sauter les ponts.
Une compagnie de 11 chars B stationnée à VIGNY, VILLENEUVE ST-MARTIN, PUISEUX est mise à la disposition de la 6e 1/2 Brigade.
Journée du 10 Juin 1940
Passage de la seine sur le pont de POISSY, seul pont restant en état.
Dans la journée et la soirée du 9 Juin, les ponts de MANTES, de MEULAN de TREIL ont été détruits, sans que la Division ait été préalablement avertie.
La 4e D.C.R. se regroupe au sud de la Seine dans la Région de THIVERVAL, BEAUPHLE, BLANCOURT, avec son P.C. à THIVERVAL.
Elle garde toute la journée un groupement mixte aux ordres du Colonel SIMONIN pour couvrir la 85e D.I. Division de gauche du 25e C.A. et principalement faciliter l'installation du 11e R.T.T. sur une position défensive jalonnée par VAUREAL, BOISEMONT, VAUX sur SEINE (Hauteurs de l'HAUTIL). A partir de 9 heures, le Groupement SIMONIN est fortement accroché par des détachements allemands composés de fantassins, de cavaliers, d'auto-mitrailleuses, de canons de 77 et 105 et subi des pertes sévères : 2 sections du 4e B.C.P. sont encerclées et faites prisonnières - 3 chars - 3 pièces antichars sont détruits. Il ne se replie qu'à partir de 17 h après entente avec le général Commandant la 85e D.I.
Le passage de la Seine ne fut troublé par aucun raid aérien ennemi.
Le 4e B.C.P, et le 7e R.D.P. soutenus par l'Artillerie, sont maintenus jusqu'au 11 Juin, 5 heures du matin, en garde sur la rive sud de la Seine de Meulan à POISSY et en tête de pont à POISSY.
Journée du 11 Juin 1940
La 4e D.C.R. ne fait plus partie du XXVe C.A. Le Général de la FONT le notifie à la Division par l'ordre général N° 404.
Le Général Cdt le XXVe C.A. a bien voulu témoigner sa satisfaction pour la façon dont la 4e D.C.R. a couvert son flanc gauche dans les journées du 8, 9 et 10 Juin. Le Général Commandant la D.C.R. est heureux de transmettre à toutes les unités les félicitations du général LIBAUD et profite de cette occasion pour exprimer sa fierté d'avoir été appelé à commander les magnifiques troupes qui composent la Division. L'effort qui nous a été demandé et qui nous sera encore demandé est considérable. Mais dans la dure bataille qui est engagée, il s'agit du salut du pays et nous ne devons pas ménager notre peine. Sus aux Boches.
Le Groupement Cuirassée reprend la Division à ses ordres et décide son regroupement dans la zone de la forêt de RAMBOUILLET. En même temps la D.C.R. assurera une couverture en direction du Nord et du Nord Ouest.
La 6e 1/2 Brigade comprend désormais les Bataillons 46/47 et 2/24, la 8e I/2 Brigade, les Bataillons 44 et 19.
La Compagnie COLLOT (Chars D 2) qui rejoignait la Division depuis la forêt de Compiègne est perdue dans la journée du 10 Juin, sans doute restée aux mains de l'ennemi.
Journée du 12 Juin 1940
Une fois de plus la 4e D.C.R. se trouve entre deux nécessités : se refaire et parer à la pression ennemie. Elle est ballottée entre le Groupement Cuirassé soucieux de la ramener à l'arrière pour faciliter sa reconstitution, et le G.M.P. inquiet d'une pression ennemie sur le flanc gauche de l'Armée.
Les Allemands ont passé la Seine à ROUEN - PONT DE LARCHE - LES ANDELYS - VERNON. A partir de cette tête de pont ils ont exercé une vigoureuse poussée en direction de PAGNY SUR EURE, puis se sont rabattus vers le S.E. et attaquent avec chars entre SEINE ET EURE.
Dans la matinée la Division prépare son mouvement ordonné par le Groupement Cuirassé, en direction du N.O. de la forêt de Rambouillet. Le départ des unités a lieu à partir de 12 heures ; le P.C. de la Division s'installe à partir de 14 heures au Château de la BOISSIÈRE, somptueuse demeure de la famille HERIOT.
A son passage à MONTFORT L'AMAURY ; à 13 heures, le Général de la FONT est avisé que la 4e D.C.R. est mise par le G.M.P. à la disposition du Xe C.A. Le Xe C.A. tient le Secteur de MANTES à BONNIERES, il doit interdire le franchissement de la Seine de MANTES à BONNIERES, et couvrir le flanc gauche de l'armée menacée par les forces allemandes qui ont débouché de VERNON. La 4e D.C.R. devra contre-attaquer l'ennemi pour dégager le flanc gauche du Xe C.A. entre la SEINE et l'EURE, de BONNIERES aux lisières Ouest de la foret de ROSNY et la Vallée de l'Eure en aval d'IVRY la BATAILLE
Le Général de la FONT se rend aussitôt AU P.C. avancé du Xe C.A. à SEPTEUIL, où il reçoit l'ordre de se préparer à s'engager dans la journée du 13 Juin.
A 19 heures, le Général DELESTRAINT arrive au Château de la BOISSIERE et apporte un ordre de maintien de la Division en réserve jusqu'au 14 Juin midi.
Dans la soirée la base arrière fait mouvement de la région de THIVERVAL dans la région de LIMOURS, BRISIS, ANGERVILLIERS. Le P.C. arrière s'installe à 2 km Est de LIMOURS.
L'A.D. récupère une batterie de 75, des transmissions et matériel de toute sorte au Fort d'IVRY. La 6e 1/2 Brigade récupère 10 chars B à SATORY, mais les canons de 75 et 47 n'ont pas de percuteurs, ni de lunettes binoculaires, ni de lunettes pour canons de 47. Les chargeurs et les munitions manquent également.
Journée du 13 Juin 1940
A 4 heures du matin arrive un nouvel ordre, la 4e D.C.R. se tiendra prête à faire mouvement vers le Sud à partir de 6 h.
En effet la pression ennemie s'est accentuée à l'Ouest et surtout à l'Est de PARIS, où les Allemands ont franchi la MARNE au Sud de CHATEAU-THIERRY. L'Armée de PARIS risque d'être encerclée. Dans ces conditions on décide d'abandonner la défense de PARIS et d'exécuter un repli général vers le Sud.
10h30, l'ordre de la nuit est confirmé, la 4e D.C.R. protégera le repli de la gauche de l'armée de PARIS, sur l'axe lisière Ouest Forêt de RAMBOUILLET - lisière Ouest forêt d'ORLEANS
Le mouvement de la Division commence à partir de 14 h :
Le 7e R.D.P. et 1er escadron du 3e Cuirassiers continuent un barrage antichar aux lisières Est de CHARTRES, interdisant les routes de CHARTRES, PARIS et ORLEANS. La 8e 1/2 Brigade barre la route direction CHARTRES, ARTENAY. L'Artillerie Divisionnaire forme un barrage antichar arrière sur la route PARIS - ORLEANS.
La Base arrière s'installe au Sud O. d'Orléans dans la zone ST-HILAIRE CLARY - MEZIERES, avec son P.C. à la Mairie de ST-HILAIRE.
Dans la journée un matériel important est récupéré, grâce aux soins de la base arrière (side-cars, camions, camionnettes, munitions, essence) dans la région parisienne.
Journée du 14 Juin 1940
Journée de stationnement pour la Division couverte par le Xe C.A. qui tient la ligne NONANCOURT - DREUX - Vallée de CHEVREUSE. L'activité terrestre et aérienne de l'ennemi est très peu marquée.
Durant toute la journée le Xe Corps et le G.A. 3 se disputent l'appartenance de la 4e D.C.R. Finalement le G.A.3. l'emporte.
A 22 heures un ordre du Xe Corps prescrit à la 4e D.C.R. de se porter au N.O. de CHARTRES pour intervenir, soit au profit de la 2e D.L.M. soit au profit de la 8e D.I.C.
A 23 heures arrive un ordre du G.A.3. prescrivant à la 4e D.C.R. de constituer des barrages aux issues de CHARTRES et d'interdire les directions CHARTRES - ORLEANS - CHARTRES - CHATEAUDUN.
Journée du 15 Juin 1940
L'ordre du G.A. 3 parvenu le 14 Juin à 23 heures est exécuté à partir de 3 heures du matin. Le Groupement LONGUEMAR (1 Bataillon du 7e R.D.P. et 1 Batterie de 47 - 1 Escadron de marche du 3e Cuirassiers) assure la défense des issues N.O. et E. de CHARTRES.
Le Groupement SIMONIN (8e 1/2 Brigade - 1 Bataillon du 7e R.D.P. et 1 Batterie de 47) assure la défense des issues O. et S. de CHARTRES
L'Artillerie protège le dispositif sur les flancs O. et E., groupement des deux groupes aux ordres du Colonel ANSELME.
Des pièces de 47 barrent les passages - Pont - tranchée - Foetus - FONTENAY SUR EURE - THIVAIS - VERS. Une Section de 47 assure la protection du P.C. à MORANCEZ, une autre section est en réserve au même endroit.
Le Groupement SUDREE (6e 1/2 Brigade et 4e B.C.P,) se tient en réserve à BARJOUVILLE.
Le P.C. de la Division est à MORANCEZ à partir de 8 heures du matin.
Des découvertes sont lancées dans la matinée en Direction de VERNEUX sur AVRE et de NOGENT LE ROTROU pour renseigner sur les mouvements de 1ère D.L.M.
L'ennemi manifeste surtout une grande activité aérienne, de plus en plus violente au cours de la Journée. A 20 heures, une batterie de 25 est mitraillée au sol par des avions volant à 20 mètres d'altitude, la batterie ne cesse de tirer, mais à deux blessés graves,
Les éléments de ravitaillement de 1ère urgence s'installent au Nord de CHATEAUDUN (Zone MARBOUE - ST-CHRISTOPHE) la Base arrière demeure dans la Région d'OLIVET.
Le Lieutenant CALDERON prend à partir du 15 Juin au soir la direction de la popote des Officiers.
Journée du 16 Juin 1940
Le repli prématuré d'un régiment de la 84e D.l. entraîne le repli général de la Division. Un trou se produit entre elle et la 8e D.I. Les Allemands profitent de la situation ; leurs engins blindés et leurs colonnes motorisées avancent profondément jusque dans la région de PARZY - BOISVILLE - LOUVILLE - ANGERVILLE.
L'escadron du 6e Cuirassiers qui vient de renforcer la Division est durement accroché dans la région de BERCHERE. Tandis que les Groupements SIMONIN et SUDRE s'établissent dans la région de BONNEVAL et SANCHEVILLE. Le 7e R.A.D.P. est maintenu à CHARTRES jusqu'à 24 heures et reçoit l'ordre de se replier dans la nuit par échelons successifs. Des patrouilles de chars au N.E. de CHARTRES suivent le repli du 4e Zouaves en grande difficulté.
Le P.C. de la Division est maintenu à MORANCEZ jusqu'à 20 heures puis transporté à VALLIERES.
Journée du 17 Juin 1940
Les nombreux accrochages de la soirée du 16 Juin, l'avance profonde de l'ennemi sur ORLEANS, le trou existant entre le Xe et le XXVe C.A. entraîne la mise en place du dispositif suivant :
Le Groupement SIMONIN est chargé de la défense du pivot de BONNEVAL.
Le Groupement SUDRE installé dans la région d'ORGERES en BEAUCE, sur le flanc de la 84e D.I. peut agir en direction d' ALLAINES et de VIABON. Le Groupement LONGUEMAR pousse 1 escadron et 1 Batterie de 47 au pont de BEAUGENCY pour enrayer toute avance d'ennemis venant d'ORLEANS. Le reste se replie entre les Groupements SIMONIN et SUDRE. L'escadron du 3e Cuirassiers barre sur la CONIE les passages de VALLIERES, CONIE, MOLITAN, le P.C. de la Division est momentanément maintenu à VALLIERES.
La décision est prise de replier tout le Xe Corps en camions et de lui faire repasser la LOIRE avant la nuit. La 4e D.C.R. devra couvrir l'opération. A 8 heures du matin, le Général de la FONT ordonne au Groupement SUDRE de tenir la région de VILLAMPUY et de barrer la direction de CHATEAUDUN - ORLEANS. Le Groupement LONGUEMAR est mis à la disposition du Lt-Colonel SIMONIN au pont de MARBOUE sur le LOIR. Les Chars du Commandant HOGOT D'ERVILLE sont placés à la disposition immédiate du Général Commandant la Division. L'escadron du 6e Cuirassiers tient la coupure de la CONIE, le 10e Cuirassiers le pont de VARIZE et pousse des reconnaissances sur LEGAULT ST-DENIS. A Midi le P.C. de la 4e D.C.R. se trouve avec celui de la 84e D.I. à THIVILLE.
L'ennemi occupe PATAY, il se montre très actif dans la région d'ORGERES EN BEAUCE. Une contre attaque de chars B permet le repli de la 84e D.I. L'aviation allemande attaque à la bombe les ponts de BEAUGENCY, MER et BLOIS sans parvenir à les atteindre.
Dans l'après midi, le décrochage de la Division par échelons successifs en direction de la LOIRE et retardé par la lenteur des mouvements de la 84e D.I. qu'elle est chargée de couvrir. D'autre part le Groupement SIMONIN repousse vigoureusement de 16 h à 17h30 une colonne motorisée ennemie venant de la direction de PATAY et appuyée par de violents tirs de 105, le Chef d'Escadron MONIN est blessé, le 7e R.D.P. est dirigé sur BLOIS, le 4e B.C.P. sur MER pour renforcer la garde des ponts, le décrochage progressif des 1/2 Brigades a lieu à partir de 21 heures et le passage de la Loire a lieu sans incident au cours de la nuit.
Le P.C. de la Division transporté à LORRY vers 16 h se déplace de LORRY à CHEVERNY durant la nuit.
Jusqu'au 18 Matin des éléments de la base arrière ont arrêté l'ennemi au sud d'ORLEANS. Le G.S.D. a soigné de nombreux blessés militaires et civils durant les 3 jours et 3 nuits de la retraite.
Le Général de la FONT félicite la Division du dur travail accompli par l'ordre général N° 486/3 P.
"Le Général est heureux de féliciter toutes les troupes et Services pour l'effort fourni dans les journées des 16 et I7 Juin.
Grâce au dévouement et au courage de toutes les unités de l'avant et de l'arrière, la 84e D.I. a pu se décrocher et la 4e D.C.R. a repassé la LOIRE, avec le minimum de pertes."
Journée du 18 Juin 1940
Derrière la Loire la Division se regroupe dans la zone BLOIS - SELLES - DHUISON. Mais si le Pont de MER a bien sauté à 7 h du matin celui de BEAUGENCY est intact, les allemands ayant surpris nos éléments au cours de la nuit ont aussitôt installé une tête de pont au sud de la Loire, de plus des colonnes motorisées descendent d'ORLEANS en direction du Sud et du S.O. La Division doit donc se couvrir et couvrir en même temps le 8e Corps dont les divisions d'infanterie sont réduites et épuisées. Action très réduite de l'aviation ennemie. Les éléments de combat de la Division sont rassemblés dans la zone BLOIS - CHERVERNY, DHUISON. Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. garde le débouché du pont de Blois. Le 2e Bataillon du 7e est porté dans la région de DHUISON pour couvrir face à l'Est la zone stationnement de la Division. L'artillerie s'installe dans la région CONTRES, SOING en SOLOGNE, la base arrière et les T.R. dans la région COUDDES Forêt de CHOUSSY - ST-ROMAIN - MEHERS.
A Midi 30 par suite des infiltrations ennemies parties d'ORLÉANS et de BEAUGENCY, par suite des craintes suscitées par la non-destruction du pont de BLOIS (malgré une mise de feu), la Division se met en mesure de parer à une action ennemie au Sud de la Loire.
Un groupement composé de la 8e 1/2 Brigade du Bataillon du 7e R.D.P. installé à BLOIS, d'une batterie de 75, d'une 1/2 batterie de 47, est mis sous les ordres du Colonel SIMONIN et reçoit la mission d'empêcher le débouché de l'ennemi du pont de BLOIS.
Un groupement composé de la 6e 1/2 Brigade du 4e B.C.P. et d'un bataillon du 7e R.D.P. d'une batterie de 47 et des éléments combattants de la base arrière est mis sous les ordres du Lt-Colonel SUDRE et reçoit la mission de barrer les directions venant de BEAUGENCY et de NOEUNG.
Le 10e Cuirassiers continue ses découvertes, les batteries de 47 disponibles gardent les ponts du Cher à CHABRY SELLE - ST-AIGNAN.
Dans la soirée, le Xe corps décide de se replier dans la nuit du 19 au 20 sur la ligne BLOIS - ST-GERVAIS, forêt de HUSSY BEUVRON. La D.C.R. couvre le repli du Xe Corps et la gauche du XXVe Corps.
Journée du 19 Juin 1940
Les allemands occupent au début de la matinée ROMORANTIN et SELLES sur CHER, de BEAUGENCY au CHER, ils vont toute la journée exercer une forte pression en direction de l'Ouest, menaçant le flanc et les lignes de retraite du Xe C.A. d'autre part, au Sud-Ouest, de Blois, des éléments légers d'infanterie réussissent à passer la Loire et l'ennemi s'efforce d'installer un pont de péniches. Quelques avions de reconnaissance seulement survolant la zone de combat de la Division.
La 4e D.C.R. couvre dans la journée le repli du Xe C.A. sur l'axe HUIDES, CHEVERNY, CONTRES, CHAUSSY, ST-AIGNAN, et permet à ces unités de passer le Sud du Cher.
A la fin de la nuit, la Division se dispose en formation de combat face à BLOIS vers le Nord et face aux Forêts de SOLOGNE vers l'Est, Le P.C. de la Division s'installe au Château de CHITENAY à partir de 16 heures.
La pression ennemie à l'Est et au S.E. et le repli du Xe Corps vers le S.E. amènent un regroupement de la Division dans la région de PAMBIN, THÉNAY, PONTLEVOY, en dispositif de défense vers les forêts de SOLOGNE et la Vallée du Cher.
La 8e 1/2 Brigade installe des bouchons de chars à PHAGES et CONTRES en direction du Nord et du N.E. La 6e 1/2 Brigade installe des bouchons de chars à la CLOUJEAN, COUDDES, ST-ROMAIN en direction, de l'Est et du S.E. Le 6e Cuirassiers se rassemble à PONTLEVOY. Le Détachement LONGUEMAR arrête à ST-AIGNAN la progression ennemie dans la vallée du Cher
L'Artillerie rassemblée au Sud du Cher, dans la région de MONTRICHARD et d'ANGE barre la vallée du Cher vers l'Est et l'axe BLOIS PONTLEVOY. Le P.C. de la Division se déplace de CHITENAY vers PONTLEVOY vers 13 heures.
Une section de chars de la 8e 1/2 Brigade repousse l'ennemi infiltré au S.O. de BLOIS et l'ARTILLERIE détruit les éléments de pont déjà installés sur la LOIRE.
Les A.M. du 10e Cuirassiers et la 6e 1/2 Brigade repoussent plusieurs tentatives ennemies sur le flanc Est de la Division, dans le Région de BRACIEUX, NEUVY, COURMEMAIN, SOING, SELLES sur CHER. Notamment un groupement comprenant un régiment à cheval, une trentaine de camions et quelques A.M. s'est montré très agissant dans la région de COURMEMAIN.
Dans la soirée la Division passe le Cher par les ponts de THESNE, BOURRE et MONTRICHARD et se reporte au Sud du Cher dans la zone CHENILLE, LE LIEGE, CERE, ORBIGNY, CHEMILLE, couverte par les divisions du Xe et XXVe C.A. qui assureront la défense du Cher. Cependant son dispositif lui permet de faire face au Nord et à l'Est et des bouchons sont placés sur la ligne CERE, PERTHUIS, ORBIGNY, MONTRESOR, en raison de la présence d'éléments légers ennemis opérant dans la région de SELLES, VALENCAY.
Le P.C. de la Division s'installe à GENILLE à partir de 21 heures. A signaler :
1 - Une batterie de 25 D.C.A. ayant perdu son unité et se dirigeant de VALENCAY à CHATEAUROUX a été entourée par des A.M. ennemies dans la forêt de ST-PAUL (30 km au Sud de VALENCAY) et annihilée.
2 - A plusieurs reprises, les allemands cherchent à convaincre nos troupes de se rendre sans conditions. "La lutte est finie, l'armistice est signé, l'armée française doit se soumettre sans conditions".
"En conséquence, le Général de la FONT donne dans la soirée l'ordre suivant : "Les allemands utilisent actuellement des drapeaux blancs pour tromper nos troupes, en alléguant une cessation des hostilités. Les éléments de la 4e D.C.R. ne doivent pas se laisser prendre à ce piège mais tirer sur tous les ennemis, qui l'emploient.
Journée du 20 Juin 1940
Nouvelle journée de repli, la 85e D.I. n'a pu tenir devant ST-AIGNAN et se replie vers le Sud entraînant le repli du Xe Corps. La 4e D.C.R. couvre ce repli en constituent des points d'appui à MONTPOUPON, CERE, PERTHUIS, ORBIGNY, BEAUMONT VILLAGE.
A partir de 14 heures, la 4e D.C.R. est mise à la disposition du XXVe C.A. Elle couvre sur la droite le repli de l'Armée jusqu'à la coupure de l'INDRE. Dans la nuit, la Division franchit l'INDRE par les ponts de LOCHE de PERRUSSON et de ST-GERMAIN et se regroupe dans la zone BETZ le CHATEAU, ST?FLOVIER, forêt de ST-JULITTE. P.C. de la Division à BETZ le CHÂTEAU.
Activité aérienne réduite. Dans la soirée cependant un avion allemand bombarde l'Artillerie de la Division à la Pyramide de GENILLE avec des petites bombes de 20 kgs, 10 blessés légers.
Journée du 21 Juin 1940
La 4e D.C.R. doit étayer à droite le XXVe C.A., sur les rives de l'INDRE entre CHATILLON inclus et ST-HIPPOLYTE exclus. Le Groupement SUDRE s'installe dans la région de ST-FLOVIER prêt à agir en direction du Nord. Le Groupement SIMONIN s'installe dans la région de ST-CLERE, sous bois prêt à agir en direction de l'Est, particulièrement en direction de CHATILLON sur INDRE pour soutenir la défense de la tête de pont.
Dans la Région de PREUILLY sur GLAISE l'artillerie et les éléments d'infanterie recueillis sont mis sous le Commandement du Colonel CHAUDESOLLE pour barrer la grande route CHATILLON - LE BLANC au cas ou l'ennemi s'emparerait de CHATILLON sur INDRE. Le P.C. de la Division est porté à OBTERRE à partir de 7 heures du matin.
Quelques infiltrations ennemies sont signalées vers ST-HIPPOLYTE et au Sud de CLERE. A 11h45 à CHATILLON sur INDRE, une colonne motorisée allemande composée de 50 à 60 motos et de voitures de liaison se présente au pont sur l'Indre avec le drapeau blanc. Un capitaine Allemand parlemente avec nos éléments, le Commandant du point d'appui ordonne aux allemands de reculer de 800 mètres, sinon dans un quart d'heure il ouvrira le feu sur lui. Les allemands se replient. A la même heure, ils tentent une manœuvre semblable au pont de CLION. Dans l'après midi la colonne allemande de CHATILLON s'augmente de plusieurs auto-mitrailleuses et de mortiers. Un pli important de terrain empêche de voir la concentration de troupes allemandes. A 16 heures un Général allemand se présente à nouveau en parlementaire, demande la reddition de la ville, sinon elle sera attaquée à partir de 17 heures. L'attaque allemande de CHATTILLON se bornera à 20 coups de mortier et de 60 tirés dans la soirée.
Le Général de la FONT s'était dans l'après midi porté de sa personne à CHATILLON sur INDRE pour encourager le 3e Bataillon du 31e R.I.C. à la résistance et l'assurer de l'appui éventuel des chars de la 8e 1/2 brigade mais à 17h30 lui parviennent les renseignements suivants sur la situation à la gauche de la Division. La 84e Division n'a pas résisté dans la région de LIGUEIL, le 4e Zouaves, appartenant à la 85e Division découvert sur sa gauche se replie de ST-SENOCH sur BETZ le CHÂTEAU. Un trou impossible à colmater avec de l'Infanterie se trouve ainsi ouvert dans le dispositif. Le Général Commandant le XXVe C.A., donne l'ordre de rompre le combat, de se replier de l'Indre sur la Creuse, mouvement ayant lieu à partir de 18 heures. La 4e D.C.r. couvrira ce mouvement de repli dans la Région de ST-FLOVIER, puis se regroupera au Sud de la CREUSE.
Mais le 1er Corps d'Armée tenant toujours la ligne de l'Indre, la 4e D.C.R. pour couvrir son flanc gauche s'installe au Nord des étangs de la BRENNE, tenant approximativement la ligne PREUILLY SUR CLAISE, ARTIZAY, MEZIERES EN BRENNE. Ce mouvement de la Division est gêné par quelques accrochages, la 6e 1/2 Brigade reçoit quelques obus de 105, un char a sa tourelle coincée. Mais la 6e 1/2 brigade démolit 4 auto-mitrailleuses allemandes.
Le P.C. de la Division se transporte à partir de 21 heures de ODTERRE à LUREUIL.
Journée du 22 Juin 1940
La 4e D.C.R. couvre la droite de la XXVe C.A. et bouche un intervalle entre le XXVe et le 1er Corps dans la zone de contact de l'Armée de PARIS et de la VIIe Armée.
Au point du jour des patrouilles d'A.M. ont repris le contact à CHÂTILLON et à ST-FLOVIER. L'ennemi débouchant sur les directions FLOVIER - PREUILLY, LA ROCHE POSAY, CHATILLON, MARTIZAY, CLERE, MEZIERES cherche à acculer la Division dans les marais de la Brenne, où les chars ne pourraient plus agir. Il pousse durement en direction de PREUILLY - TOURNON et PREUILLY - LUREUIL. Il tourne PREUILLY et cerne une partie du 10e Cuirassiers, qui réussit à se dégager dans la journée. Vers 12 heures, des infiltrations sont signalées au pont d'IZEURES, La 6e 1/2 Brigade engage une action de chars pour dégager le 10e Cuirassiers, la 8e 1/2 Brigade en direction de MEZIERE en BRANTE mal tenue par la 85e D.I. de façon à couvrir le pont de TOURNON par lequel doit passer le gros de la Division.
Dans l'après midi la Division se replie par le Pont de TOURNON (6e 1/2 Brigade) le BLANC (8e 1/2 Brigade). PONTGOMBAULT (7e R.D.P.) le XXVe C.A. lui demande encore de couvrir son passage sur la Creuse. Des éléments à pied tiennent PONTGOMBAULT LUNEL et TOURNON, jusqu'à ce que la 7e D.I.N.A. ait pu les relever à partir de 17 heures, les éléments sont reportés sur l'Anglin et toute la Division est regroupée dans la zone ANGLE, ST-PIERRE de MAILLE, NALLIERS TILLOUX en mesure d'agir en direction de TOURNON et le BLANC,
L'avance allemande sur POITIERS menace la flanc Est de l'Armée. En fin de journée, l'armée se reporte vers le S.O. La 4e D.C.R. couvre ce repli sur le flanc Est et s'installe dans la zone de LUSSAC LES CHÂTEAUX en arrière de la Vienne, le P.C. de la Division s'installe à BOURESSE à partir de 21 heures,
Journée du 23 Juin 1940
Tandis que l'armée de Paris et la VIIe Armée se replient loin vers le Sud, jusqu'à la ligne CHARENTE - VIENNE - SUPRE, la 4e D.C.R. est laissée en plein "no man's land" pour faciliter le décrochage des deux armées. Journée calme sans pression ennemie. Le repli de la Division dans la zone de LUSSAC les CHÂTEAUX à la zone HUSSON, CHARROUX, AVAILLES a lieu sans incident durant l'après midi. A partir de 17 heures, le P.C. est installé à MONTPREVOIR.
Journée du 24 Juin 1940
Le Général Commandent la 4e D.C.R. décide de continuer le repli en portant la Division durant l'après midi dans la zone CHAMPAGNE MOUTON ST-CLAUD, ROUMAZIERES, CONFOLENS, mais les unités de gauche, ayant largement décroché dans la nuit, sans aviser la 4e D.C.R., la Division va subir tout au long de son décrochage des attaques sur son front et sur ses flancs. Une colonne ennemie descend de CIVRAN vers RUFFEC et ANGOULÊME, cette ville est occupée vers la fin de la matinée. La 9e Panzerdivision se montre très pressante au Nord et à l'Est. L'ennemi s'efforce de s'infiltrer en de multiples endroits. Une voiture allemande amenant un adjudant chargé de faire le cantonnement à CHAMPAGNE MOUTON est détruite à ST-MARTIN DE CARS et l'adjudant fait prisonnier. Un motocycliste allemand sur le bord de la route d'USSE à ST-MARTIN de CARS est arrêté.
Le 4e B.C.P. à USSON du POITOU est attaqué par une première colonne venue du Nord qui réussit à lui prendre un petit poste.
Les allemands mettent les prisonniers sur le devant des camionnettes et menacent d'attaquer le bataillon. Une 2ème colonne allemande, avec chars et armes antichars venant de l'Est attaque également le 4e B.C.P. Il a grand peine à se dégager malgré l'intervention de la 6e 1/2 Brigade, qui perd 4 chars dont 2 par le feu. Finalement, le 4e B.C.P., bat en retraite sur MAUPREVOIR par JUSSE et PEYROUX. Le P.C. de la Division toujours à MAUPREVOIR risque d'être encerclé si la colonne ennemie descendant par la route de PRESSAG et de CONFOLENS n'était arrêtée par la 8e 1/2 Brigade en avant de ST-MARTIN DE CARS.
Le Général décide que le repli dans la zone CHAMPAGNE MOUTON, ST-CLAUDE, ROUMAZIERES, CONFOLENS, ne constituera plus qu'une première étape du repli et ordonne le regroupement de la Division en fin de journée dans la zone CHABANAIS, MONTEMBOEUF, MEMPREC, PRESSINGNAC au Sud de la vienne et à l'Ouest de ROCHECHOUART de façon à faire front soit vers le Nord dans la direction de CONFOLENS, soit vers l'Ouest dans la Direction d'ANGOULÊME.
Des combats assez vifs ont lieu à CHATEAU GARNIER, CHARROUX CHAMPAGNE MOUTON, l'ennemi subit des pertes en Officiers, motocyclistes, camions. Un Officier d'Etat-Major est livré au P.C. de la 7e D.I.C.
Le P.C. de la Division se déplace de MAUPREVOIR à CHANTREZAC à 13 heures, de CHANTREZAC à LEZIGNAC à 18h30. Le Général de la FONT reçoit à LIZIGNAC la visite du Général BOURGRAIN Commandant la 2e D.L.M. La Situation aventurée des 2 Divisions, le vaste repli de l'Armée de PARIS et de la VIIe armée sur la Vézère amènent les 2 Généraux à coordonner leur action. La 4e D.C.R. formant groupement avec la 2e D.L.M. se portera le 25 Juin vers le S.E. en direction générale de JUNHILHAC - ST-YRIEIX. Le groupement LONGUEMAR, l'Escadron du 6e Cuirassiers et le 10e Cuirassiers couvriront le mouvement en gardant les ponts sur la Vienne face au Nord. Le Mouvement s'exécute à partir de 2 heures du matin.
Journée du 25 Juin 1940
L'armistice avec l'Italie est signé le 24 au soir, les hostilités contre l'Allemagne et l'Italie cessent à partir de 0h35. Mais la Division ne reçoit la notification que dans la matinée dans la région de CHALUS, en plein cours de déplacement. La Division stoppe sur place et le P.C. de la Division est reporté au Château de CROMIERES près de CUSSAC.
Le Générai de la FONT donne l'ordre suivant :
"Les hostilités sont suspendues depuis le 25 Juin à 0h35 à la suite de la conclusion d'un armistice.
Il est dorénavant interdit de tirer sauf pour répondre éventuellement au feu de l'ennemi.
Toutes relations avec les Allemands demeurent strictement interdites.
Dès que l'installation en cantonnements sera effectuée, la troupe devra se reposer et se nettoyer. Le seul travail à effectuer immédiatement sera le nettoyage des armes,"
Journée du 26 Juin 1940
La division continue à former groupement avec la 2e D.L.M. et sous les ordres du Général BOUGRAIN, Commandant la 2e D.L.M.
Elle se rend, durant l'après midi, dans une zone comprise entre ISLE ET NIZON à l'Ouest et au N.E. de PERIGUEUX, le 7e R.D.P, assure une surveillance sur la ligne MAREUIL, LE BUDEAU pour qu'aucun militaire ne la franchisse vers le Nord. Il organise à MAREUIL un centre de rassemblement pour les isolés.
La Division s'installe difficilement dans sa nouvelle zone. Cette région du Périgord, assez pauvre, ne comporte que de petits villages, surpeuplés de réfugiés, de plus, les troupes du Corps de Cavalerie et d'autres éléments y cantonnent déjà, enfin des unités de la 2e D.L.M. et de la 4e D.C.R. viennent s'installer dans le même village (4e B.C.P. à BOURDEILLES). La 6e 1/2 Brigade doit passer la nuit sur le nord de la route aux environs de la TOUR BLANCHE.
Le P.C. de la Division s'installe au Château de MAROUATTE (2e et 3e Bureauxl) au dessus de ST-VIVIENS et dans le VILLAGE DE PAUSSAC (1er et 4e Bureaux).
Au terme de cette période de 40 jours, remplie de combats et de déplacements incessants, le Général de la FONT adresse à la Division l'ordre Général suivant :
" l'ordre de cesser le feu nous a été donné.
Dans l'épreuve qui atteint la FRANCE, la 4e Division Cuirassée a le droit de tenir la tête haute et demeurer fière.
Elle a fait tout son devoir. Elle a combattu tous les jours depuis le 16 Mai jusqu'au dernier moment.
Elle reste non seulement invaincue, mais elle a toujours conservé l'ascendant sur l'ennemi.
Le Général Commandant la Division exprime à tous son admiration pour le courage, la ténacité et l'ardeur dont ont fait preuve au milieu des fatigues et des souffrances tous les équipages et toutes les unités de la Division, sans aucune exception.
Le Général tient à dire que ce sera la fierté de sa vie d'avoir eu l'honneur de commander de telles troupes.
Restons unis, disciplinés, résolus à tous les efforts et les sacrifices qui nous seront demandés pour le relèvement de la France.
Gloire Éternelle à nos Morts. Gardons en précieusement et religieusement le souvenir.
"VIVE LA FRANCE "
"VIVE LA 4ème DIVISION CUIRASSÉE

16 Mai - 25 Juin 1940
I INTRODUCTION
1°) CONSTITUTION DE LA DIVISION
La 4e D.C.R, s'est constituée sur le champ de bataille même.
Elle fut engagée dès le 17 Mai à l'aube dans une action de LAON sur MONTCORNET. Or l'Etat-Major de la Division venant de VESINET, s'installa à BRUYERES, au Sud de LAON, dans la nuit du 15 au 16. Les Bataillons de chars venus du Centre, du Sud, de l'Est, débarquent dans la journée du 16 et la nuit du 16 au 17, une compagnie de chars rejoindra son bataillon dans la journée du 17, en plein cours de l'action. Le 47ème Bataillon de Chasseurs portée est directement jeté du train dans la bataille.
La 4e D.C.R. s'est constituée peu à peu au cours même des combats.
Le 17 mai, elle ne possède encore que le gros de ses chars et le 4e B.C.P. Le 47e Bataillon de Chars B et le 44e Bataillon de Chars R 35 arrivent le 21 Mai, le 2e Groupe d'Escadron de chars Hotchkiss du 3e Cuirassiers, seulement la 25 Mai. Le 10e Cuirassiers, Régiment de découverte, rejoint dans la nuit du 17 au 18 Mai. Le 17 Mai, la Division est encore dépourvue de la majeure partie de ses éléments à pied et de son artillerie. Le 7e Régiment de Dragons Portés arrive en deux morceaux : le 1er Bataillon le 21, le 2e Bataillon le 24 Mai.
Le Tableau suivant concerne l'Artillerie Divisionnaire.
Unités | Arrivée | Départ | Observations |
322e R.A.T.T. - 1er Groupe | 17/05/1940 | ||
322e R.A.T.T. - 2e Groupe | 17/05/1940 | ||
10/80e B.D.A.C. | 20/05/1940 | ||
11/86e D.D.A.C. | 20/05/1940 | ||
Etat-Major - A.D. | 23/05/1940 | ||
1020e Bie du 404 D.C.A. | 23/05/1940 | ||
1er Gr. 305e R.A.T.T. (105) | 23/05/1940 | 06/06/1940 | Réparti à la R.G. D'art. |
665e B.D.A.C. | 25/05/1940 | ||
51e Bie Anti-chars aut. | 27/05/1940 | ||
661e B.D.A.C. | 28/05/1940 |
Ainsi la constitution de la Division devait se poursuivre jusqu'à la fin Mai.
2°) ETAT DU MATERIEL
Les deux demi brigades de chars arrivent progressivement avec tous leurs moyens de combat. Le 3e Cuirassiers n'a aucun matériel de dépannage ou atelier de Corps, aucun moyen de ravitaillement en essence. Le 10e Cuirassiers est amputé de deux détachements de 3 A.M. mis le 16 Mai à disposition du Gouverneur de PARIS.
Les éléments à pied sont les plus mal dotés. Le 4e B.C.P. ne possède aucun matériel auto de combat, aucune des 5 A.M.D. prévues, aucune voiture T.T. de Commandement , seule la C.E. avait reçu depuis plusieurs jours ses voitures Latil à 4 roues motrices. Les motocyclettes Terrot sont plus des machines de liaison que de combat. Le Bataillon n'a pas de camion atelier et possède un seul camion de dépannage en mauvais état qu'il faudra abandonner dès les premières étapes.
Au 7e R.D.P. chaque bataillon est privé de son escadron d'A.M.R. Les caisses de bandes de mitrailleuses et d'obus de 81 mm manquent, les pourvoyeurs prendront des seaux dans les localités pour transporter les munitions sur la ligne de feu. Plusieurs canons de 25 mm n'ont pas leurs freins réglés et sont inutilisables. Les cuisines roulantes faisaient totalement défaut. Au 2e bataillon. une centaine d'hommes n'avaient pas touché de casque.
Enfin, à part les deux demi-brigades de chars, les Unités de la Division sont dépourvues de matériel de transmission. Aucune liaison par T.S.F. ne pourra être établie au cours des opérations entre ces unités et le P.C. de la Division.
Dans beaucoup d'unités, l'instruction du personnel est demeurée très incomplète.
A la 6e demi-brigade. La 46e Bataillon, primitivement destiné à utiliser des chars légers venait d'être transformé en Bataillon B. L'instruction suffisante en ce qui concerne la technique pratique du Char était à peine ébauchée quant à son emploi. Le bataillon n'avait fait aucune évolution de compagnie, exécuté qu'un seul tir au 75.
Au 3e Cuirassiers, aucun des Lieutenants, frais émoulus de SAINT-CYR , n'avait jamais commandé un peloton blindé. Les Chefs de Chars, dans la proportion de 4 sur 5, provenaient de régiments hippomobiles Spahis, ils montaient dans un char pour la première fois ignorant tout de la conduite de celui-ci, de la vie et du tir sous tourelle. Les conducteurs, recrues de Novembre 1939 n'avaient jamais suivi d'instruction dans le cadre du groupe et du peloton. Sur 119 motocyclistes orienteurs ou agents de transmissions, à peu près tous manquaient. Dans ce Régiment hâtivement formé, les cadres n'avaient pas eu le temps de connaître leurs hommes et inversement.
Le 16 Mai 1940, le 3e Cuirassiers ne pouvait être considéré comme une Unité apte à être lancée le lendemain dans la Bataille.
Le 7e R.D.P était formé : moitié de jeunes recrues de 6 mois, moitié de récupérés de vieilles classes des Dépôts de Remonte et hôpitaux vétérinaires. Sauf de très rares exceptions, Officiers, gradés et hommes n'avaient servi jusqu'alors que dans des formations montées.
Malgré toutes ces insuffisances en matériel, malgré l'inexpérience d'une grande partie des combattants, la Division devait se battre durant 45 jours de façon magnifique.
D'une part les hommes et les Chefs feront preuve d'un cran et d'un allant admirables. D'autre part, la Division sera commandée :
- du 16 Mai au 6 juin - par le Général DE GAULLE, qui quitta le Commandement de la Division pour devenir Sous-Secrétaire d'État à la Guerre (Chef d'Etat-Major : Lt-Colonel RIME-BRUNEAU, puis Commandant CHOMMEL).
- du 6 au 7 Juin - par le Colonel CHAUDESOLLE, Chef de l'A.D. (Chef d'Etat-Major : Commandant FAIVRE).
à partir du 7 Juin, par le Général de la FONT qui vient de rentrer de Belgique (Chef d'Etat-Major : Commandant FAIVRE).
Au début, la 4e D.C.R. passe à l'offensive .
Dans la région de LAON, les 17 et 19 Mai elle attaque en direction de MONTCORNET et des ponts de la SERRE. pour arrêter l'avance allemande en direction de PARIS et de l'Ouest. Dans la Somme, elle attaque les 28 - 29 et 30 Mai pour réduire la tête de pont d'ABBEVILLE.
A partir du mois de Juin, durant la bataille et retraite de FRANCE. elle luttera défensivement.
D'une part, usée par les combats du mois de Mai, elle n'aura plus de force offensive suffisante. D'autre part, la pression ennemie de plus en plus dangereuse obligera la Division à de perpétuels engagements au profit des Grandes Unités, afin de les dégager, tenir le terrain et permettre leur décrochage.
II LES OPERATIONS DEFENSIVES
I°) LES COMBATS AUTOUR DE LAON
A- Les combats de MONTCORNET
Le 17 Mai 1940 ; la Division attaque sur l'axe LAON - MONTCORNET afin de refouler l'ennemi de la Région de LAON vers le Nord et l'Est. Ce fût une opération profonde, menée sur un front restreint rapidement, au bénéfice de la 6e Armée.
Deux demi-brigades de chars y prennent part, la 6e demi-brigade de chars lourds (1 Bataillon de B et 1 Compagnie autonome D 2) sous la commandement du Lieutenant Colonel SUDRES, la 8e demi-brigade de chars légers (2e et 24e Bataillon de R 35) sous le commandement du Lieutenant-Colonel SIMONIN avec le soutien de l'infanterie du 4e B.C.P. (Commandant BERTRAND). La 6e demi-brigade doit fournir l'effort principal en progressant le long de la route de LAON MONTCORNET, la 8e Demi-brigade assurera la protection à l'Est tout en progressant dans la direction de LISLET.
La mise en place des unités se fait aux lisières Est de la forêt de SAMOUSSY, dans la nuit du 16 au 17. Le débouché a lieu à 4h15. Peu après, 6 chars B s'enlisent dans une zone marécageuse, le temps ayant manqué pour reconnaître le terrain ; 5 pourront être récupérés dans la soirée. Les chars réduisent des îlots ennemis peu nombreux mais résistants, installés dans les vergers des villages de CHIVRES, de BUCY, dans les boqueteaux de la VILLE aux BOIS.
Dans l'après midi, les chars pénètrent dans LISLET et MONTCORNET après avoir détruit de nombreuses armes anti-chars très bien camouflées et souffert de mines posées sur la chaussée.
Mais le 4e B.C.P. débarqué dans la matinée, doit quitter ses chars assez loin de la zone du feu et ne peut suivre les chars qu'avec un assez long retard. De plus, le flanc gauche de la Division est découvert au Nord Ouest et des auto-mitrailleuses ennemies, des troupes transportées en camions, une poussière d'éléments motorisés à chefs entreprenants, avançant dans toutes les directions libres, agissant derrière les derniers échelons de chars, cherchent à atteindre les éléments du 4e B.C.P. et les P.C. Ces actions ennemies obligent à un constant nettoyage par chars et infanterie.
La nuit vient, l'infanterie manque pour tenir MONTCORNET et LISLET. Les chars subissent une violente attaque aérienne. Le Colonel DE GAULLE décide de regrouper la Division dans la région à l'Ouest de la ligne CHIVRES - SISSONNE. Le 4e B.C.P. assure la couverture du mouvement en tenant les passages du canal d'assèchement de PIERREFONT à SISSONNE.
b) Les combats de la Serre et de Laon (19 Mai)
Le gros des forces ennemies, au lieu de diriger sur PARIS marche d'Est en Ouest, suivant l'axe MARLES - LA FERE. La 4e D.C.R. reçoit la mission de l'attaquer dans son flanc, suivant la direction générale LAON - CRECY-sur-SERRE - PARGNY les BOIS.
L'opération est menée par trois groupements, constitués respectivement d'Ouest en Est par les chars SOMUA du 3e Cuirassiers, la 6e et 8e Demi-brigades qui reçoivent pour objectifs :
1) Ruisseau de CHERY les POUILLY - Moulin de BARENTON,
2) Ponts de la Serre de CRECY à MORTIERS,
3) Éventuellement , la ligne MONTIGNY sur CRECY - PARGNY les BOIS, lisière Sud du bois de PARGNY.
La couverture est assurée par le 10e Cuirassiers régiment de découverte (sous les ordres du Lieutenant Colonel HAM) et par deux compagnies du 4e B.C.P. qui occupent CHAMBRY et gardent les ponts sur le ruisseau de BARENTON, les autres compagnies en réserve.
Les chars atteignent la ligne de la SERRE, mais ne peuvent la dépasser. Ils sont en butte au tir très ajusté et meurtrier d'armes anti-chars. Les ponts sur la rivière sont minés. Au début de la matinée, un avion de reconnaissance ennemi a survolé les chars. Dès lors les bombardements par avion, qui opèrent en piqué se succèdent sans interruption. Les Chars en souffrent peu mais il en résulte une dispersion qui rend difficile le commandement des unités.
Le Colonel de GAULLE décide de regrouper la Division au Sud Est de LAON dans la région de LAVAL MONTCHALONS, VORGES, CHAMOUILLE.
Durant toute la journée, des éléments légers ennemis, flanc-gardes des colonnes qui, au bord de la SERRE, marchent vers l'Ouest attaquent le flanc et les arrières de la Division. Le 4e B.C.P. encerclé dans CHAMBRY, se dégage à grand peine avec l'aide du 10e Cuirassiers. Dans la nuit du 19 au 20, la pression ennemie s'accentue au Nord et à l'Est.
Le Colonel de GAULLE décide de reporter la Division au Sud de l'Aisne dans la zone : JONCHERY, MURVILLE, ARCIE le PONSART, FAVEROLLES, en utilisant les couloirs d'URCEL - CHAVIGNON, VAILLY - BRAISNE et celui de BRUYERE - VANDRESSE - FISMES. Le 10e Cuirassiers renforcé d'un bataillon de chars R 35 couvre le mouvement. En raison des nombreuses infiltrations ennemies, chaque Unité doit se couvrir pour son propre compte et soutenir une série d'escarmouches. C'est une véritable guérilla où l'emportent l'esprit d'initiative et le courage réfléchi. Les unités du Train sont attaquées sur le plateau de CRAONNE et éprouvent des portes importantes en personnel et matériel. Les troupes franchissent l'Aisne dans de bonnes conditions durant la matinée. Le dégagement de l'arrière-garde, cernée à FESTIEUX, fut extrêmement pénible. Le Colonel donne ordre aux médecins de rester aux chevets des nombreux blessés et, sous la protection des Chars, il tente une sortie, réussit à bousculer l'ennemi et à rejoindre l'AISNE dans l'après-midi du 20 Mai. Le 19 mai à 24 heures, le 10e Cuirassiers disposait encore de 35 A.M.D. Il n'en possédait plus que 11 le 20 Mai au soir.
Les combats dans la région de LAON des 17 et 18 Mai ont causé à la Division de grandes pertes en matériel. Mais la 4e D.C.R. en a également infligé de très lourdes à l'ennemi, elle a arrêté sa progression en direction du S.O. ralenti sa marche en direction de l'Ouest et permis aux troupes françaises de s'installer solidement sur la ligne de l'AISNE.
2°) LES COMBATS AU SUD d'ABBEVILLE (29 - 30 Mai)
Du 22 au 24 Mai, la 4e D.C.R. se déplace de l'AISNE à la SOMME, de la région de FISMES à celle d'AMIENS, de la VIe à la VIIe ARMEE. Le Haut Commandement envisage de l'engager d'abord à l'Est d'AMIENS en corrélation d'une attaque de l'Armée du Nord partie d'ARRAS, puis au Sud d'AMIENS pour réduire la tête de pont. Finalement, le 27 Mai, il décide de lancer la 4e D.C.R. sur les positions tenues par l'ennemi au Sud d'ABBEVILLE.
La Division reçoit en renfort le 22e R.I.C. et l'Artillerie de la 2e D.L.C. Le Général DE GAULLE décide de faire effort sur l'Axe : LIMEUX - VILLERS sur MAREUIL - Mont de CAUBERT - Camp de CÉSAR - tandis que le 3e D.L.C. à gauche exploitera l'avance de la 4e D.C.R. sur la gauche en direction de CAMBRON.
La base de départ est jalonnée par SAINT-MAXENT en VIMEUX, WARCHEVILLE, LIMEUX, les lisières Nord du bois de BAILLEUL - côte 104 - bois des HETRON - bois de FRECHANCOURT, le deuxième par BIENFAY, MESNIL TROIS FOETUS - Camp de CÉSAR et, sur la droite les marais de la SOMME. Une préparation d'Artillerie de 15 minutes précédera le débouché de la base de départ. L'attaque décidée pour 17 heures, part avec un retard de 30 minutes à 1 heure selon les unités, dû au long trajet que les chars ont du parcourir pour se mettre en place. La préparation d'Artillerie doit se prolonger. Les Chars précédent l'Infanterie. A l'Ouest, la 6e Demi-brigade entraîne le 4e B.C.P. à l'attaque de HUPPY et de la cote 104, au centre la 8e Demi-brigade entraîne le 22e R.I.C. en direction de la crête de LIMEUX, de CAMBRON et de HUCHENNEVILLE, à droite le 3e Cuirassiers aide l'action du 7e R.D.P. commandé par le Lieutenant-Colonel de LONGUEMARD, vers le Bois de FRECHANCOURT et les rives de la Somme.
A la nuit le premier objectif est atteint malgré une défense anti-chars très nourrie et une forte résistance à HUPPY et à HUCHENNEVILLE. Mais l'heure d'attaque trop tardive ne permet pas d'exploiter la surprise de l'ennemi et le succès de l'attaque. De plus les effectifs d'Infanterie sont trop faibles sur ce front de 15 kilomètres pour attaquer, nettoyer, défendre et organiser les positions.
Le 29 à 4 heures du matin, l'avance reprend en direction du Mont de CAUBERT et la vallée de le Somme à l'Est. Grâce au temps couvert, l'activité de l'aviation ennemie est faible, mais la Division se heurte au feu d'armes automatiques, à des tirs de barrage de 105 et surtout à une défense anti-chars très étoffée, très bien organisée, sans aucun doute renforcée au cours de la nuit. La Division atteint sensiblement le 2e Objectif, sans pouvoir toutefois prendre pied sur le Mont de CAUBERT.
Mais sur la gauche, les éléments de la 2e D.L.C. avancent trop lentement en direction de CAMBRON. Au cours de l'après midi les Allemands contre-attaquent dans le bois de VILLERS contre le 4e B.C.P. et le 22e R.I.C. et en direction de MIANNAY et MOYENNEVILLE. Le 10e Cuirassiers, renforcé par un bataillon du 7e R.D.P. arrêtent l'ennemi.
Le 30 Mai, malgré la fatigue et les pertes la Division tente un nouvel effort pour réduire les élément ennemis qui tiennent encore au Sud de la Somme. Le Colonel DE GAULLE décide de porter son effort sur la gauche, sur l'axe : MOYENNEVILLE - CAMBRON afin de déborder le mont de CAUBERT fortement organisé. L'attaque sera menée par le 10e Cuirassiers renforcé du 2e Bataillon du 7e R.D.P., des chars SOMUA et HOTCHKISS du 3e Cuirassiers. Au Centre, le 4e B.C.P. avec les chars de la 6e demi-brigade attaquera MESNIL TROIS FOETUS et YONVAL. Le 22e R.I.C. et la 8e demi-brigade progresseront sur les pentes Ouest du Mont de CAUBERT. Le 1er Bataillon du 7e R.D.P. tiendra les rives de la SOMME déjà atteintes. L'attaque sera appuyée par l'artillerie et l'aviation de bombardement. A L'Ouest la 5e D.L.C. et les Britanniques tacheront d'avancer jusqu'à la Somme. Heure de l'attaque : 17 heures.
Au début avance générale, mais bientôt des canons anti-chars fort bien camouflés sur le Mont de CAUBERT et la route de MIANNAY à CAMBRON stoppent l'avance des chars qui éprouvent de grandes pertes. Des barrages violents de 105 arrêtent l'Infanterie.
Vers 20 heures, les allemands contre-attaquent sur notre gauche, dont les éléments reviennent à leur base de départ BIENFAY et MOYENNEVILLE
Le lendemain 30 Mai, une Division Britannique relève la 4e D.C.R. ramenée à l' arrière dans la région de MARSEILLE en BEAUVAISIS. L'Artillerie reste sur place trois jours encore pour appuyer de nouvelles attaques.
Certes, la 4e D.C.R. n'a pu supprimer la tête de pont au Sud d'ABBEVILLE, mais elle l'a réduite considérablement, si bien quelle ne pouvait plus servir efficacement de base de départ.
Certes, la 4e D.C.R. a subi des pertes lourdes en hommes et matériel, mais elle a détruit de nombreuses armes anti-chars par son artillerie, elle a décimé la 57e Division Allemande. Elle a capturé des prisonniers et un matériel important.
III - LES OPÉRATIONS DÉFENSIVES
LA RETRAITE DE FRANCE (4 - 25 Juin 1940)
Le 4 Juin 1940, quand se déclenche l'attaque allemande sur la SOMME, la 4e Division Cuirassée est stationnée au Nord de BEAUVAIS.
Trois jours de dur combat dans la région de LAON, les marches et contre-marches, de l'AISNE à la SOMME, l'attaque au Sud d'AMIENS et surtout les trois jours de combat pour réduire la tête de pont d'ABBEVILLE l'ont considérablement usée. Les tableaux suivants en font foi.
1°) Chars de la 4e D.C.R.
Unités | Dotation Normale | Disponibles le 5 Juin |
46e B.C.C. ( Chars B1 bis) | 33 | 3 |
47e B.C.C. " |
33 | 5 |
Total chars B | 66 | 8 |
2e B.C.C (Chars R 35) | 45 | 3 |
24e B.C.C. " | 45 | 3 |
44e B.C.C. " | 45 | 22 |
Total chars R 35 | 135 | 28 |
19e B.C.C. (Chars D 2) | 45 | 14 |
3e Cuirassiers - SOMUA S 35 H 35 | 40 + 40 | 2 + 11 |
10e Cuirassiers - A.M.D. P 178 | 48 | 10 |
Comme tout renfort la Division ne recevra que 10 Chars B et une compagnie qui rejoint avec un seul char. Elle récupérera quelques chars provenant d'un P.E.D.
2°) Effectifs de 3 Unités typiques
Unités | Officiers | S/Officiers | H. de Troupe | Total | |
6e demi-brigade de chars | 16 Mai | 89 | 183 | 1221 | 1473 |
5 Juin | 78 | 147 | 1047 | 1272 | |
10e Cuirassiers | 16 Mai | 35 | 139 | 763 | 937 |
5 Juin | 18 | 45 | 213 | 276 | |
4e Bataillon de chasseurs portés | 16 Mai | 27 | 118 | 831 | 976 |
15 Juin | 15 | 89 | 464 | 568 |
La 4e D.C.R. se trouvera constamment prise entre deux nécessités.
1°) se refaire pour récupérer une force offensive
2°) contenir la pression ennemie, rétablir la situation des corps d'Armée et des Armées dans le territoire desquelles elle se trouvait.
La deuxième l'emportera sans cesse. La Division luttera jusqu'à l'extrême limite de ses forces au profit du G.A.3 des Xe et VIIe Armées, de l'Armée de PARIS ; des Xe et XXVe C.A. Elle couvrira la retraite des Armées.
Sur l'ordre du G.A. 3, la Division se porte dans la nuit du 7 au 8 Juin, au Nord de BEAUVAIS, pour agir contre les formations blindées qui, d'une part, foncent vers ROUEN, et d'autre part, menacent BEAUVAIS et la direction de PARIS.
Contenu devant BEAUVAIS, l'ennemi progresse rapidement vers la Basse-Seine à l'Ouest, vers l'Oise à l'Est. Pour ne pas être débordées les Armées doivent battre en retraite vers la Seine. La 4e D.C.R. couvre vers l'Ouest le mouvement du XXVe C.A.
Le 9 Juin, le 10e Cuirassiers pousse vers GOURNAY et GISORS des reconnaissances qui entrent en contact avec l'ennemi glissant vers le Sud-Ouest. Les Chars de la 8e demi-brigade et le 4e B.C.P. prennent part à de vifs combats de décrochage dans la région de ON en BRAY. Facilement contenu de face, l'ennemi tente de déborder nos éléments par les flancs.
Dans ces engagements, les allemands révèlent une tactique qu'il répéteront maintes fois dans la suite, ils prennent le contact avec des motocyclistes, A.F. ou troupes en camions, une fusée verte avertit de la présence des chars. Des armes anti-chars sont poussées, placées et camouflées avec une rapidité et une habileté remarquables.
Le 10 Juin tandis que le gros de la Division passe la Seine au pont de POISSY, un groupement mixte (8e Demi-brigade, 4e B.C.P., 1 batterie de 47) aux ordres du Lieutenant Colonel SIMONIN, couvre au Nord de la Seine, la gauche du XXVe C.A. installé défensivement sur la ligne US - VILLENEUVE, PUISEUX, VRIGNY, il protège la retraite de la 85e D.I. vers l'OISE et la mise en place du IIe R.T.T. sur le massif de l'HAUTIL.
A partir de 9 heures, le groupement est fortement accroché. L'ennemi prend contact avec des A.M., des motocyclettes et des cavaliers, il simule une attaque de front avec une préparation de mortiers, de 77 et de 105 et action immédiate des anti-chars sur nos chars légers, mais il déborde par les deux ailes vers US et VRIGNY, des fantassins et des cavaliers occupent l'arrière de nos positions, le repli de nos postes doit se faire sous les feux de face et de flanc. Le Groupement SIMONIN ne se repliera qu'à partir de 17 heures après entente avec le Général Commandant la 85e D.I.
Des éléments du 4e B.C.P. attendent la nuit pour traverser les lignes ennemies.
Les chasseurs et les Dragons portés, soutenus par l'Artillerie défendent les rives Sud du fleuve jusqu'à leur relève par le XXVe C.A. le 11 Juin au matin.
LES COMBATS DE LA LOIRE (12 - 19 Juin)
Le 12 Juin, la 4e D.C.R. est mise, par l'Armée de PARIS, à la disposition du Xe C.A. qui doit interdire la franchissement de la Seine de MANTES à BONNIERES et couvrir le flanc gauche de l'Armée menacé par les forces allemandes débouchant de VERNON. La 4e D.C.R. reçoit mission de contre attaquer entre VIRE et EURE.
Mais dans la nuit du 12 au 13, l'Armée de PARIS menacée d'encerclement aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest, décide d'abandonner le défense de la Capitale et de se replier vers le Sud. La 4e D.C.R. couvrira la gauche de l'Armée sur l'Axe : Lisières Ouest Forêt de Rambouillet - Lisière Ouest forêt d'ORLEANS.
Le général de la FONT articule la Division en 3 groupements mixtes :
- Groupement SUDRE
6e demi-brigade de chars
4e B.C.P.
1 batterie de 75
Éléments de 47 et de 25 D.C.A.
- Groupement SIMONIN
8e demi-brigade de chars
1 Bataillon du 7e R.D.P.
1 batterie de 75
Éléments de 47 et 25 D.C.A.
- Groupement LONGUEMAR
1 Bataillon du 7e R.D.P.
3e Cuirassiers
1 batterie de 47
Le 10e Cuirassiers, avec ses dernières A.M. et ses dernières motos, continuera sa mission journalière. Grâce à lui, le Commandement sera constamment renseigné sur l'ennemi et celui-ci sera durement éprouvé.
Quant aux éléments lourds et non combattants, ils sont groupée en une "base arrière" véritable usine de ravitaillement et de réparations. La "Base arrière" stationnera à 20 ou 30 km en arrière des unités combattantes et synchronisera avec elles ses déplacements.
Le 15 Juin, sur ordre de l'Armée de Paris, la 4e D.C.R. tient le nœud routier de CHARTRES et interdit la directions d'ORLEANS et CHATEAUDUN.
Elle aide le 4e Zouaves à se dégager au Nord-Ouest de CHARTRES. L'ennemi manifeste une grande activité aérienne, de plus en plus violente au cours de la journée. A 20 heures, une batterie de 25 est mitraillée au sol par des avions volent à 20 mètres, la batterie ne cesse de tirer et a deux blessés graves.
Le 16 Juin, un trou se produit dans le dispositif du Xe C.A. les Allemands en profitent et poussent leurs engins blindés et leurs colonnes motorisées jusque dans la région de PARAY, BOISVILLE , LOUVILLE, ANGERVILLE, l'escadron DELARUE est durement accroché à BERCHERES.
Le 17, la menace se précise, de plus, les allemands occupent ORLEANS et menacent de couper la retraite vers les ponts de la LOIRE. Le Xe C.A. décide de transporter ses troupes en camions et de passer le fleuve, la 4e D.C.R. doit assurer la couverture du mouvement. Le Groupement SIMONIN tient le pivot de BONNEVAL. Le Groupement de SUDRE défend la droite, dans la région d'ORGERES EN BEAUCE, il détruit plusieurs A.M. et pièces de 105. Le Groupement de LONGUEMAR pousse un escadron et une batterie de 47 au pont de BEAUGENCY, le reste se replie avec le 10e Cuirassiers et l'escadron DELARUE sur la CONIE.
Dans l'après midi la lenteur des embarquements de la 84e D.I. impose un temps d'arrêt à la retraite de la 4e D.C.R. Celle-ci fait front au Nord et à l'Est pour protéger la 84e D.I. malgré la menace d'une attaque allemande sur son flanc droit. Le groupement SUDRE doit repousser à VILLEMPUY, une colonne motorisée appuyée de violents tirs de 77 et 105.
Le 7e R.D.P. est dirigé sur BLOIS, le 4e B.C.P. sur MER pour renforcer la garde des ponts. Les demi-brigades se décrochent partir de 21 heures et passent la LOIRE sans incident au cours de la nuit.
Les 18 et I9 Juin, la 4e D.C.r. défend la coupure de la LOIRE.
Au sud d'ORLEANS, les détachements de la base, sous le commandement des Commandants PARIAT et GROTH, contiennent l'ennemi durent 48 heures.
A BEAUGENCY, l'ordre de faire sauter le pont est donné le 17 à 23 heures, après le passage des derniers éléments du 19e R.T.A. Mais la dispositif de mines de fonctionne pas. L'ennemi franchit le pont, bouscule les éléments du 7e R.D.P. et du 10e Cuirassiers qui se retranchent à 1 km au Sud du Pont.
Le Pont de MER saute parfaitement grâce aux mesures prises par le Colonel CHAUDESOLLES, Commandant l'A.D.
A BLOIS, une irruption d'A.M. et de motos ennemies est arrêtée par le feu des mitrailleuses. Le dispositif de mines fonctionne partiellement, un tir bien ajusté de 75 détermine de nouvelles explosions et la destruction du pont. Le Groupement SIMONIN reçoit la mission d'interdire la franchissement de la LOIRE dans la Région de Blois.
Le 19, une action de chars repousse des éléments infiltrés au Sud-ouest de la ville, et l'Artillerie détruit un équipage de pont déjà installé sur le fleuve.
Vers l'Est, en raison d'incursions allemandes en SOLOGNE, le groupement SUDRE, renforcé d'un bataillon du 7e R.D.P. barre la direction de BEAUGENCY et de NOEUNG en SOLOGNE, tandis que le 10e Cuirassiers multiplie les découvertes et les accrochages avec les éléments avancés de l'ennemi.
Le 19 Juin, les Allemands occupent au début de la matinée ROMORANTIN et SELLES sur CHER. Un Bataillon du 7e R.D.P. est rapidement poussé à SAINT-AIGNAN pour arrêter la progression ennemie dans la vallée du Cher. La 4e D.C.R. va se battre toute le journée pour aider au décrochage du Xe C.A. qui se replie au sud du CHER. Elle résiste en de multiples petits combats à la forte pression ennemie qui, de BEAUGENCY à SAINT-AIGNAN menace les lignes de retraite du C.A. Dans la soirée, la Division passe le CHER par les ponts de THESEE, BOURRE, MONTRICHARD.
DE LA LOIRE A LA CHARENTE (19 - 25 Juin)
Inlassablement, la Division poursuit le combat contre l'envahisseur avec des forces réduites, mais une volonté tenace. Elle est sans cesse engagée : reconnaissances et combats d'automitrailleuses du 10e Cuirassiers, contre-attaques de chars des 6e et 8e demi-brigades, résistance acharnée du 4e B.C.P. et du 7e R.D.P.
Toujours au profit des autres unités, la division se bat le jour, retraite durant la nuit, travaille sans répit. La même tâche se renouvelle sur la LOIRE, au CHER, du CHER à l'INDRE, de l'INDRE à la CREUSE et à la CHARENTE : couvrir la retraite de l'Armée de PARIS, et du Xe C.A., assurer la soudure de l'Armée de PARIS avec la VIIe Armée au Nord des rivières, rétablir les situations compromises, permettre le décrochage des Divisions, protéger le passage des ponts, au sud, retarder leur franchissement par l'ennemi, se décrocher au dernier moment pour éviter l'encerclement.
Le 20 Juin, la Division, mise à la disposition du XXVe C.A. couvre sur la droite le repli de l'Armée de PARIS jusqu'à la coupure de l'INDRE. Dans la nuit, elle franchit l'INDRE par les ponts de LOCHES, PERRUSSON, SAINT-GERMAIN et se regroupe dans la zone BETZ le CHATEAU, ST-FLOVIER, forêt de SAINT-JULITTE.
Le 21 Juin, le XXVe C.A. ne peut tenir sur l'INDRE, la 4e D.C.R. couvre son repli, tout en assurant la soudure du 1er Corps qui se maintient encore sur la rivière. La 6e Demi-brigade subit dans la région de ST-FLOVIER une attaque par A.M. et un bombardement de 105. Un char D 2 à sa tourelle coincée, mais 4 A.M. allemandes sont détruites. La 6e Demi-brigade doit attendre la nuit pour se décrocher.
Le 22 Juin, la 4e D.C.R. couvre la droite du XXVe C.A., bouche l'intervalle entre le XXVe et le 1er C.A. dans la zone de contact entre l'Armée de PARIS et la VIIe Armée. Il assure le repli sur la CREUSE. L'ennemi cherche en vain à acculer la Division aux marais de la BRENNE. Un détachement du 10e Cuirassiers cerné dans PREUILLY sur CLAISE, se dégage grâce à une action de chars de la 6e Demi-brigade.
A partir du 23, l'Armée de PARlS et la VIIe Armée se replient loin vers le Sud, jusqu'à la ligne CHARENTE - VIENNE supérieure. La 4e D.C.R. et la 2e D.L.M. à sa gauche sont laissées en plein no man's land pour couvrir le décrochage des deux armées.
Le 24 Juin au matin, la Division est disposée face au Nord et à l'Est dans la zone : USSON DU POITOU - CHATEAU-GARNIER - MAUPREVOIR. Par suite du décrochage au cours de la nuit, de la 2e D.L.M., la 4e D.C.R. se trouve absolument seule dans l'espace. Une colonne ennemie descend de CIVRAY et de RUFFEC sur ANGOULEME qui est occupée à la fin de la matinée.
Au nord et à l'Est, la 9e Panzerdivision se montre très pressante et cherche à s'infiltrer en de multiples endroits. A USSON du POITOU les allemands arrivent par le Nord, surprenant le poste du B.C.P., s'emparant des moyens de transport du bataillon, ils sont arrêtés par les postes plus au Sud. Les deux compagnies engagées en tête de pont à l'Est du village peuvent se replier et faire face au Nord. Une compagnie de chars R 35 de la 6e Demi-Brigade arrive à la rescousse et éprouve le feu des armes anti-chars (un char détruit) ; le 4e B.C.P. se retire, partie à pied, partie sur les camions et chenillettes de la 6e Demi-brigade.
Dans l'après midi, la Division se replie en un premier bond dans la région de CHAMPAGNE - MOUTHON à CONFONANS - en un deuxième bond dans la zone de CHABANAIS à MONTABOEUF - PRESSIGNAN, à l'ouest de ROCHECHOUART. Elle est en butte à des attaques sur son flanc gauche à CHARROUX - CHAMPAGNE MOUTHON, SAINT CLAUDE et CHASSENEUL où le 10e Cuirassiers, avec ses dernières A.M. tient tête à de nombreux éléments ennemis. Mais la Division a permis l'embarquement des troupes de l'Armée de PARIS et de la VIIe Armée qui vont s'installer derrière la VEZERE.
Dans la nuit du 24 au 25, quand intervient l'Armistice, la 4e D.C.R. fait front vers le Nord en direction de CONFOLENS, vers l'Ouest, en direction d'ANGOULEME. Elle se bat encore 20 minutes avant la fin.
Du 5 au 25 Juin la 4e D.C.R. a parcouru 700 kilomètres et livré d'innombrables combats. Elle fut, vingt jours et vingt nuits sans peur et sans reproches.