JOURNAL DE MARCHE DU


 13e BATAILLON DE CHARS DE COMBAT

Chars Hotchkiss H 35 

                                                                   

      
A la suite de l'attaque allemande par la BELGIQUE et la HOLLANDE, le Bataillon est alerté, placé en réserve générale de la 1ère Armée, et se met en devoir d'exécuter l'ordre général d'opérations n°5 “Hypothèse DYLE “.
Il fait mouvement à J + 2 pour PONT à CELLES,
éléments sur roues : par route
élément précurseur : Départ 12 Mai - 5 heures
élément léger : Départ 12 Mai - 4 heures
élément lourd : Départ 12 mai - 5 heures
Après un arrêt à HARVENGT, en cantonnement-bivouac, les éléments sur roues poursuivent leur mouvement le 13 Mai et atteignent PONT à CELLES dans la matinée de ce jour.
éléments chenillés : par voie ferrée, départ de Péronne ;
1er train : 12 mai - 21 heures.
2ème train : 13 Mai - 5 heures.
Débarqués en gare de LA LOUVIERE le 13 Mai, les éléments chenillés atteignent PONT à CELLES, à la suite d'une marche sur route par LA CHAPELLE-les-HAIRLEMONT - GOUY-les-PIETONS et arrivent à destination le 13 Mai vers 14 h.
Le 14 mai, le Bataillon est mis à la disposition du 4ème C.A. (P.C. MELLET), et reçoit l'ordre du G.B. 515 de porter immédiatement sur SOMBREFFE-PONT au RIEUX et de s'établir en position d’attente à OTTIAMONT face au Nord.
Départ de PONT à CELLES de 6 heures 30 à 7 heures 15 selon les éléments. Le stationnement préparé à OTTIAMONT, le 13ème Bataillon reçoit du G.B. 515 (ordre n°4) le 14 Mai à 10 heures 45, l’ordre de pousser les Compagnies jusqu'à CORROY-le-CHATEAU, et de s'établir en position d'attente face au Nord. Le Bataillon doit former groupement tactique :
1° - avec le Bataillon réserve de C.A. stationné à BOTHEY (dans l'hypothèse d'une contre-attaque à mener en direction de GEMBLOUX)
2° - avec le Bataillon réserve de D.I. stationné à ALVAUX , dans l’hypothèse d'une attaque sur BEUZET.
Le Bataillon est ainsi regroupé à CORROY-le-CHATEAU dans l’après-midi du 14 Mai et s’y installe en stationnement gardé face au Nord et à l'Est .
Par rectificatif à l'ordre n°4, 1e G.B. 515 précise que le commandant du groupement tactique pourra intervenir et prendre toute décision selon l'opportunité des circonstances et sans attendre les ordres de l'autorité supérieure.
Pendant ces mouvements, l'élément lourd de la C.E. est resté en stationnement à PONT à CELLES, atelier déployé ; un élément léger a été poussé jusqu’à TONGRINNE - TONGRENELLE (point d’échange).
 
 
PREMIERES OPERATIONS : 15 Mai 1940.

Au cours d’une liaison assurée par l'0fficier de renseignements, le Chef de Bataillon apprend qu'une attaque de chars ennemis est signalée dans la région de RATTENTOUT-LA GATTE .
Le Chef de Bataillon alerte immédiatement les Compagnies de combat et leur fait prendre des postions de départ dans les couverts Nord du village de CORROY le CHATEAU,face à cette direction, en dispositif articulé et garde sur les flancs : ce dispositif est réalisé à 8 heures 30.
A 10 heures, le Bataillon reçoit de la 15ème D.I. 1'ordre de prévoir une contre-attaque en direction de LA GATTE, heure H à fixer ultérieurement - c'est ce dispositif qui était assuré depuis 8 heures 30.
La D.I.M. n'a pas donné l’ordre d'attaquer.
Le Colonel commandant l'I.D. 15 donne à 16 heures l'ordre de se préparer à intervenir en contre-attaque dans la direction N.-E., soit A TOUS VENTS - Arbre de la Croix Pierrard.
Le Chef de Bataillon donne immédiatement 1'ordre aux Compagnies de Combat de ne pas quitter leurs P.D. mais de se préparer à prendre de nouvelles positions dès la tombée de la nuit (mouvement prévu pour 21 heures).
A 16 heures 50, le G.B. 515, en fonction de l'ordre de repli de la 1ère Armée , donne l'ordre au 13e Bataillon de faire mouvement sur TONGRINNE-TONGRENELLE : cet ordre, parvenu à 18 heures 15 , est aussitôt exécuté et à 21 heures, les derniers éléments du Bataillon quittent GORROY-le- CHATEAU.
Au cours de cette journée, CORROY-LE-CHATEAU a subi de violents bombardements, et par avions et par artillerie. Un ballon captif d’observation a tenu l'air au-dessus de GEMBLOUX à partir du début de l’après-midi, et, sans être inquiété, a poursuivi sa mission jusqu'à la soirée.
Les bombardements aériens n'ont causé aucun dommage ; les tirs d'artillerie, notamment de 14 à 15 heures, de 15 heures 30 à 16 Heures et de 20 à 21 heures ont grièvement blessé les sergent BOURHIS de la 3ème Compagnie et détruit 2 tracteurs de ravitaillement.

LE REPLI (15 - 20 mai) ET SES OPERATIONS RETARDATRICES : MANŒUVRE EN RETRAITE

De CORROY-le-CHATEAU, le Bataillon atteint dans la soirée du 14 TONGRINNE-TONGREVILLE, d'où il est immédiatement dérouté, par des ordres du G.B. 515, d’abord sur SOMBREFFE – OTTIAMONT, ensuite sur VILLERS-PERVIN que les derniers éléments atteignent le 15 Mai au matin.
L'é1ément avancé de la C.E. a rejoint PONT à CELLES où elle a retrouvé les éléments lourds .
En raison de la situation imprécise, le Chef de Bataillon fait prendre par les compagnies de combat, un dispositif articulé afin de garder les issues, avec un élément de surveillance vers les crêtes du Nord et de 1’Est.
Le 16 mai à 17 heures, le G.B. 515 donne l'ordre au 13e Bataillon de se porter, de nuit, sur FAYT-LES-SENEFFE, qui est atteint le 17 Mai entre 3 heures et 7 heures du matin. Ce mouvement a duré 8 heures en moyenne, en raison du manque absolu de régulation routière.
La C.E. reçoit l'ordre de se porter sur CIPLY pour ses éléments lourds, sur HAINE SAINT PAUL pour l'élément avancé.
Au 17 Mai, 33 chars restent disponibles ; 5 sont avec la C.E. et 5 ont du être abandonnés après être désarmés et détruits par leurs équipages.
Mais le matériel, qui n'a pu recevoir aucun soin depuis le départ de PERONNE, est extrêmement fatigué, et le personnel a dû faire preuve de la plus grande énergie pour poursuivre ses mouvements successifs de façon presque ininterrompue.
Le Chef de Bataillon rend compte de cette situation à la 15ème D.I., en insistant pour qu'un délai lui soit laissé afin de permettre une révision sommaire du matériel et le graissage de tous les véhicules.
Le 17 Mai à 16 heures, le G.B. 515 donne l'ordre au 13ème Bataillon de rejoindre le bois de la HAUTE HOUSSIERE au Sud-Est de CORAIMOT entre BRAINE LE COMTE et HENRIPONT .
Le départ a lieu immédiatement : l'officier d'Etat-Major du Bataillon, chargé de devancer la colonne "chars" et d'organiser le stationnement, atteint le bois de HAUTE HOUSSIERE à 18 heures 30 : il y trouve l'artillerie abandonnée, pièces, caissons et chevaux, sans un artilleur ; et un peu plus à l'Est, 2 Bataillons d'Infanterie dont l'un a reçu un ordre de repli que l'antre suivra également.
A ce moment, le Chef de Bataillon qui a pris liaison avec le Général LUCAS commandant la 32ème D.I. à son P.C. au château de BOUQUIAU, vient reprendre la colonne "chars" pour la diriger, conformément aux ordres qu'il vient de recevoir, sur SOIGNIES. Le Bataillon reçoit en effet la mission de faciliter le décrochage de la 32ème D.I. et de protéger son repli sur les deux itinéraires prévus :
1° - SOIGNIES - MONS pour le 7ème R.I. - 122ème R.I. et 22ème R.T.A.
2° - HORRUS - LOUVIGNIES - St VINCENT MONTIGNY - pour le 143ème R.I.,
G.R.D., Artillerie d'appui direct.
Les compagnies du 13ème Bataillon de chars qui arrivent à SOIGNIES à 21 heures 45, sont, dans le cadre de cette mission, articulées en 5 groupements :
a) - 1ère Compagnie (Capitaine ROCHET) sur route d’ENGHIEN,
b) - 3ème Compagnie (Capitaine RAOULT) sur route de BRUXELLES
e) - 2ème Compagnie (Capitaine PENTEL) aux lisières de SOIGNIES,
pour couvrir le repli des groupements ROCHET et RAOULT.

A 0 heure 50 le 18 Mai, l'itinéraire de repli est modifié et devient SOIGNIES - NEUVILLE - MONTIGNY - LENS - HERCHIES - SIRAULT.
Au cours de la nuit, SOIGNIES subit un violent tir d'artillerie lourde qui s'abat sur les principaux carrefours : aucun blessé, mais 2 tracteurs de ravitaillement sont gravement détériorés et devront être laissés sur place après avoir été rendus inutilisables .
Pendant la nuit du 17 au 18 mai et la journée du 18 Mai, les chars, en manœuvrant en retraite, par des mouvements en “tiroir” et par bonds successifs, couvrent effectivement le repli de la 32ème D.I. demeurant continuellement à l’arrière-garde de l'infanterie. L'infanterie se replie dans un ordre relatif, à l’exception du 143ème R.I. qui se replie dans des conditions satisfaisantes.
Les derniers chars quittent SOIGNIES après le dernier fantassin, le 18 mai à 12 heures.
Le Bataillon atteint BAUFFE entre 16 et 17 heures : à la demande de l’infanterie, ils sont échelonnés sur la route de BAUFFE à ATH, en surveillance en direction Nord-Est, et y passent la nuit.
La C.E. adresse au Bataillon un C.R. d'installation à CIPLY ; c’était son dernier compte-rendu.

Le 19 mai 1940, le Bataillon continue à protéger le repli de la 32e D.I. sur l'itinéraire BELOEIL - BASEILES - PERUWELTZ - PONT de HERGNIES et poursuit les opérations de manœuvre en retraite. Comme la veille, chaque compartiment de terrain et chaque coupure sont protégé par une section de chars embossée.
Ce mouvement a été considérablement ralenti par l'encombrement effrayant des routes par d'interminables convois de réfugiés, qui, de BAZEILES notamment à HERGNIES, couvrent toutes les chaussées d’un amas indescriptible de véhicules de tous genres.
Vers 14 heures, le Bataillon arrive à son point de stationnement dans la région d'ORMETZ, où il doit participer à la défense du secteur au Pont d'HERGNIES ; dès leur arrivée, les compagnies de chars participent au plan de feux : les fortins de cette zone sont, en effet, ou en voie de construction ou incomplètement armés.
Bien que le repli de l'infanterie soit terminé, le Pont d'HERGNIES est toujours intact ; le Chef de Bataillon doit provoquer des ordres afin que ce pont soit détruit ; le pont saute à minuit.
Le 20 mai, à 5 heures 30, le Bataillon reçoit l'ordre de faire mouvement pour rejoindre OPPY, par l'itinéraire St-AMAND-Les-EAUX – ORCHES – DOUAI - OPPY, où il devra être mis à la disposition du Corps de Cavalerie. C'est une nouvelle étape de 60 kilomètres environ.
Un ravitaillement en essence est prévue à FLINES et RACHES ; aucun dépôt ne s'y trouve.
Par des renseignements obtenus de civils, nous apprenons qu’un dépôt existerait à COURCHELETTE au sud de DOUAI.
DOUAI (Gare et Centre de la ville) est en flammes ; les tracteurs de ravitaillement parviennent cependant à traverser la ville et à faire leurs pleine à COURCHELETTE.
Pendant un arrêt du Bataillon à CUINCY, vers 15 heures (N.O. de DOUAI), le Bataillon reçoit du G.B. 515 l'ordre de se porter sur BAILLEUL – SIRE – BERTHOULT par l’itinéraire LAUWIN - IZEL - OPPY -ARLEUX ; Il parvient à son point de destination vers 22 heures.
Le P.C. du Corps de Cavalerie est à VIMY : une attaque est prévue pour le 22 mai.

LES OPERATIONS DU 21 MAI.

Le 21 Mai à 10 heures, ordre est donné par le G.B.C. aux 13ème et 35ème Bataillons de se rassembler à ETRUN ; en vue d’un engagement prévu pour 14 heures.
Vers 12 heures, se regroupent ainsi à ce point, le 13ème, le 35ème et une compagnie du 22ème Bataillon (Capitaine PHILIPPON).
A 12 heures le Chef de Bataillon prend liaison à la Mairie d'ANZIN avec le Général commandant le C.C. qui dicte l’ordre d’attaque.
Deux divisions anglaises attaquent à l’est d’ARRAS entre SCARPE et la SENSEE.
Mission des chars : opérer avec une brigade anglaise à l'ouest et au sud-ouest d’ARRAS pour protéger le flanc droit de l'attaqne, empêchant l'ennemi de franchir la voie ferrée ARRAS-ACHIET.
Position de départ des chars : SIMENCOURT.
Heure H : 14 heures, heure à laquelle les chars doivent franchir la voie ferrée ARRAS-DOULLENS.
Deux objectifs :     1er BOIRY - Ste HECTRUDE - BOISLEUX au MONT - BOIRY BECQUERELLE
2e (final) MOYENNEVILLE – HAMELINCOURT - MAISON ROUGE .
Liaisons : à prendre au P.C. anglais à BERNEVILLE.
A 13 heures 15 le Lieutenant GUILLERMIN procède à une reconnaissance de l'itinéraire d'ETRUN à SIMENCOURT : il essuie au retour des tirs de mitrailleuses à la traversée de la route St-POL – ARRAS, et signale que l'ennemi serait à AGNEZ.
Au même moment, des rafales de mitrailleuses battent le nord d'ETRUN.
Quoiqu'il en soit, le départ est immédiatement donné aux chars (15 heures 35) pour atteindre la P.D. de SIMENCOURT : Le Chef de Bataillon prend la direction de l'opération, pour tous les chars du 13e, 35e et 22ème  Bataillon.
1ère phase : La colonne chars(1ère, 2ème, 3ème Compagnie du 13ème, éléments du 35e,et 22ème Bataillon) rencontrer à la hauteur du carrefour des routes nationales 39 et 339, une colonne motorisée allemande : c'est le premier engagement.
Toute la colonne allemande est rapidement détruite, soit 2 voitures de liaison, 12 V.T.T, 3 canons lourds et 1 canon anti-char. Le char du Capitaine ROCHET, a reçu dès le début plusieurs obus dont un dans le différentiel : il reste au bord de la route.
La colonne (2ème et 3ème Compagnies du 13ème) poursuit son mouvement, rencontre,  attaque et détruit en partie une seconde colonne motorisée plus importante que la première et comprenant également des V.T.T. et de l'artillerie.
Pendant ce temps, la 1ère  Compagnie ramène des abords du cimetière de DUISANS une colonne de prisonniers sur lesquels on trouve des documents importante et notamment des cartes renseignées.
Aussitôt après, des nids de résistance se révèlent dans le cimetière de DUISANS ; le Chef de Bataillon organise, avec le concours un peu réticent de l'infanterie anglaise, le nettoyage du cimetière auquel prennent part les chars de la 1/13e et 22ème.
2ème phase : La colonne de chars (2ème et 3ème compagnies du 13ème et quelques éléments du 35ème)  attaquent SIMENCOURT où elle subit un violent bombardement terrestre et aérien.
Elle n’y trouve aucun P.C. ni aucune infanterie anglaise ; elle vient à BERNEVILLE pour essayer de prendre liaison et n'y trouve pas davantage de P.C. d'infanterie mais elle y subit un nouveau bombardement.
Elle cherche à reprendre contact avec les éléments amis et revient vers DUISAN : elle est alors prise à partie par des anti-chars anglais : 4 chars de la 2ème compagnie sont détruits (2 mécaniciens tués, 2 chefs de char grièvement blessés.)
Le Chef de Bataillon Le MERRE donne à la colonne chars, en entier, l'ordre de rejoindre WARLUS et SIMENCOURT ; les chars repartent vers 18 heures 30.
Comme l'infanterie anglaise manque de tout allant, et tient à ne pas dépasser DUISANS, le Chef de Bataillon va prendre liaison à DAINVILLE avec le Général commandant le C.C. ; celui-ci promet qu'un escadron de dragons portés va immédiatement se rendre à SIMINCOURT et donne l'ordre aux chars d'occuper le terrain.
3ème Phase : Au cours de son mouvement la section du Lieutenant RATARD aperçoit et attaque une colonne de 35 chars ennemis : 15 sont mis hors de combat et 7 sont incendiés sur place. Le Lieutenant RATARD est grièvement blessé et les 3 chars de sa section sont immobilisés.
Pendant ce temps les autres chars ont atteint WARLUS et SIMENCOURT et, conformément à leur mission, occupent le terrain.
Vers 21 heures 30, le Lieutenant LORANS chargé de prendre liaison avec les chars pour organiser le ravitaillement et l’approvisionnement, se heurte à la sortie d’AGNEZ-le-DUISAN, à des chars allemands qui stationnent sur la route.
Le Chef de Bataillon en rend compte immédiatement au Général comandant le C.C., lui signale que les chars semblent cernés, qu’aucune infanterie ne les assiste, et demande que la nécessaire soit fait pour les dégager, par exemple en utilisant les Somua du C.C. Toute aide est refusée ; au surplus on nous affirme qu'aucun  élément allemand ne se trouve à WARLUS ou à SIMENCOURT.
4ème Phase : Pendant la nuit, les chars occupent les positions suivantes :
3e Compagnie (Capitaine RAOULT) à SIMENCOURT.
Les autres  (une compagnie du 13e, 35e et 22ème Bataillon) entre WARLUS et SIMENCOURT.
Le Capitaine RAOULT s'aperçoit que son Unité est cernée par des engins blindés et des anti-chars allemands.
Il cherche à se dégager et se heurte à une batterie anti-chars.
Une seconde fois, vers 4 heures du matin la 3e Compagnie essaie de forcer le passage sous les ordres du Sergent BOISECQ.
Aucun char ne devait revenir de SIMENCOURT.
Les chars du 35e, du 22e et 1 char de la 1ère Compagnie du 13e réussissent à rompre l'étreinte ennemie et à rejoindre le Bataillon.

REPLI VERS  LES FLANDRES (22 au 26 mai)

Le Bataillon quitte ETRUN le 22 vers 6 heures pour THELUS.
Le Sous-Lieutenant PRUNET avec 5 chars doit se rendre au cimetière britannique de MAREUIL, en assurer la protection, et se mettre aux ordres du Colonel DUVIGIER  commandant le 2e Cuirassiers.
La compagnie du 22e rejoint FARBUS pour se mettre aux ordres du même officier supérieur : le Capitaine PHILIPPON, blessé, refus de se laisser évacuer.
Violent bombardement aérien à THELUS, NEUVILLE St VAAST, VÎMY.
A 13 heures, ordre de départ pour MERVILLE par l'itinéraire VIMY - LENS - LA BASSEE - ESTAIRES.Le 13ème stationnera dans la forêt de NIEPPE, le 35ème à VIEUX-BERQUIN.
Les chars du 13ème arrivent à destination entre 17 et 21 heures.
La colonne de tracteurs de ravitaillement, à sa traversée de MERVILLE, est l'objet d'un violent bombardement aérien (4 tracteurs incendiés, 5 morts dont le Lieutenant CARO du 35ème Bataillon, et 10 blessés).
Le 25 mai à 8 heures, le Chef de Bataillon LE MERRE reçoit l'ordre de prendre le commandement des trois compagnies du 9ème Bataillon qui doivent se trouver à NEUVILLE - ST-VAAST, et y part. Le Lieutenant LORANS va y prendre liaison : aucune trace n'est trouvée du 9ème Bataillon ; NEUVILLE - ST-VAAST est d'ailleurs sous les feux directs de l'ennemi, et sera évacué dans l'après-midi.
 Le Commandant LE MERRE ne devait rejoindre le Bataillon que le lendemain dans l'après-midi.
A 22 heures, le Bataillon reçoit du G.B. 515 l'ordre de se porter à WESTCAPPEL, par HAZEBROUCQ, STEENVOORDE, OOSTCAPPEL et REXPOEDE.
Arrivée vers 4 heures du matin le 24 mai, et installation dans le parc du château que le 13e partage avec le 35ème Bataillon alors sous le commandement du Capitaine MAURY.
A 14 heures, le Général BARTHELEMY, commandant le secteur fortifié de DUNKERQUE, donne l'ordre de se porter à WARHEM ; à 18 heures le Bataillon y est installé.
 
REORGANISATION DES BATAILLONS (25 – 26 mai)

Le 25 mai, le Chef de Bataillon LE MERRE reçoit l'ordre de prendre le commandement des C.E. des 2 G.B, de réunir tous leurs moyens, de coordonner leurs efforts en vue d’assurer la remise en état du plus grand nombre de chars possible.
Postérieurement, ce regroupement a été organisé par nature du matériel, d’une part les 13ème et 39ème Bataillons (chars H.35) d’autre part les 35ème et 38ème Bataillons (chars R.35).
A 10 heures arrive du Commandement des Chars de l’Armée un ordre en date du 24 mai 1940 prescrivant au Commandant LE MERRE de diriger sur HAUBOURDIN tous les chars susceptibles d’être engagés dans une attaque qui doit avoir lieu le 26 au matin.
A 18 heures 15, le Chef de Bataillon LE MERRE  rend compte au Colonel BARON de ce que :
1. Le groupement PHILIPPON comptant 9 chars a été engagé entre SAINT-GEORGES et ST-FOLQUIN au sud de GRAVELINES et n'a encore pu être récupéré.
Le Chef de Bataillon MAUREL commandant les chars du secteur B de DUNKERQUE qui a prescrit cet engagement fait le nécessaire pour leur récupération.
Il parait peu probable qu'ils puissent être dirigés sur HAUBOURDIN en totalité et pour le 26 an matin.
2. Deux chars, 1 du 13e et 1 du 39e sont dirigés sur HAUBOURDIN par porte-char. Ils sont accompagnés d'une équipe de dépannage munie d’un certain nombre de pièces de rechange qui permettront le dépannage de chars H. se trouvant dans la Région de BIZET.
3. Cinq chars indisponibles viennent d’arriver sur porte-chars et doivent être réparés par les C.E. 13 et 38 ; on peut envisager que plusieurs de ces chars seront en état du marche le 27 au matin.
4. Un char du 13ème et un char du 35ème Bataillon seront disponibles pour le 26 mai à midi. Le Commandant LE MERRE demande dans quelles conditions et à quel endroit il doit les faire parvenir au Colonel BARON.
5. Le regroupement des C.E. 13, 35 et 38 est terminé. La C.E. 99 ayant son atelier déployé rejoindra le 35ème Bataillon pour le lendemain à midi.
6. Le Commandant LE MERRE demande où se trouvent les P.C. du Bataillon du Groupement actuellement en ligne.

26 mai 1940 : Le Bataillon stationne à WARHEM. Les C.E. 13 et 38 poursuivent leur travail .
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27 mai 1940 : A 17 heures le Colonel BOISSIERE commandant le G.B. 515 adresse au Commandant LE MERRE l'ordre suivant : "En exécution de l'ordre général N°6 du Commandant des Chars de l'Armée, au fur et à mesure de la récupération et de la mise en état des chars, des équipages seront désignés nominativement par les Commandants des 13e, 35e, 38e, 39e B.C.C. et le Capitaine Commandant les char du 9ème et 22ème Bataillons, à raison de 1 chef de char et 1 mécanicien par appareil pris dans les Unités d’où proviennent ces appareils.
En cas de départ des Bataillons, les chars et les équipages désignés resteront sur place à la disposition du Commandant CHEVREL.
Une seule C.E. sera constituée pour l'ensemble des G.B.C. 515 et 519 et les 9ème et 22ème Bataillons sous les ordres du Capitaine MAURY du 35ème Bataillon. Elle comprendra une section atelier dépannage de chacun des deux matériels utilisés (35 R et 35 H).
Le Capitaine MAURY en liaison avec les Capitaines CHATOT (C.E. 39) et CLORIS (C.E. 38) désignera nominativement l'encadrement et le personnel de cette Unité, ainsi que le matériel et les véhicules qui lui seront indispensables.
Compte rendu d’excédent du personnel sera adressé nominativement au Commandant du G.B. 515 par le Capitaine MAURY et du G.B. 519 par les Capitaines CHATOT et CLORIS.
En cas d'avance ennemie brutale, l'excédent du matériel sera détruit.
En exécution de cet ordre, le dernier char restant au Bataillon qui a été remis en état est mis à la disposition  du Chef du Bataillon CHEVREL, commandant le 38ème Bataillon.
A 22 heures le Bataillon est alerté sur p1ace. Il doit se tenir prêt à faire mouvement vers le Nord en direction de BRAY DUNES.
    
28 mai 1940 : A 5 heures, le Bataillon fait mouvement de WARHEM à PAPEGAI par l'itineraire LES MOERES - GHYVELDE - ZUYDCOOTE -et BRAY DUNES. Il arrive à son point de destination à 9 heures, après du emprunter une variante. Toute la journée, le personnel du Bataillon se tient dispersé dans les dunes, au nord du passage à niveau.
A 22 heures 30, le Colonel BARON donne 1'ordre au Bataillon de se porter à DUNKERQUE pour y embarquer au Quai FREYSINET 8. Le mouvement s'exécute aussitôt.
A 23 heures 30, à la sortie Ouest de BRAY DUNES, l’encombrement des routes est tel que les véhicules doivent être abandonnés. Le Bataillon va atteindre DUNKERQUE à pied ; au cours du trajet, i1 est dérouté sur MALO-les-BAINS où il arrive le 29 mai vers 5 heures.

29 mai Le Général FAGALDE donne à 12 heures 15 aux 13e, 38e et 35e Bataillons (Note de service du 16e C.A. N° 1713/C3) l'ordre d'embarquer à l'est du bassin 32.
Le torpilleur CYCLONE reçoit la 2ème Compagnie, une partie de la 3ème Compagnie et l'Etat-major du 13ème Bataillon.
Avant même l’arrivée des autres éléments chars, et sur l'ordre de l'Amiral ABRIAL, présent à quai, le CYCLONE appareille en raison de l'arrivée d'avions ennemis.
Il subit pendant trois quart d'heure un violent bombardement aérien.
Les autres éléments chars, demeurés à terre, sont également bombardés.

30 mai 1940 : Le CYCLONE arrive à DOUVRES.
Les autres : éléments du Bataillon embarquent à 8 heures sur l'aviso mouilleur de mines, l’IMPETUEUSE.
 
RETOUR EN FRANCE.

Après des séjours plus ou moins longs en ANGLETERRE, TITWOOD pour les uns, NORTHAMPTON ou SOUTHAMPTON pour les autres, les divers éléments du Bataillon se regroupent à MESNIL FUGUET (Nord d’EVREUX).
Le Sous-Lieutenant PRUNET, qui avait été perdu depuis le 22 Mai matin, y arrive également avec ses équipages.
Le 13e Bataillon a été fusionné avec le 38e Bataillon au début de juin 1940 et le Chef de Bataillon LE MERRE appelé à l’Etat-Major d’une Division Cuirassée.

 

EPISODE DU S/LT PRUNET

Du 22 au 29 mai, il n’a cessé avec sa section de combattre dans le cadre d’unités de cavalerie.
22 et 25 Mai : Patrouilles dans MAREUIL et tire sur les engins et l’infanterie allemande qui enveloppe MAREUIL et MONT St ELOI sous de violents bombardements d'artillerie.
Le 25 Mai, avec un escadron SOMUA , du 18ème Dragons (Capitaine DUSSEL), il participe à la défense du MONT ST ELOI.
Le 24 Mai , il est intégré dans le 3e Escadron du 18e Dragons (Lieutenant de KERMADEC) qui possède des chars H 35 et prend le commandement de la 4e section.
26 mai, il combat sous CARVIN, puis sous PHALEMPIN.
Il est ensuite employé, avec son escadron, à des combats retardateurs, à GEER (Belgique), à STRAZEELE (France).
A ZUYDCOTE , il rejoint avec le 18e Dragons, il détruit ses 3 chars, conformément aux ordres reçus en y mettant le feu après avoir enterré les munitions.
Il embarque le 31 mai sur l’Ingénieur CACHIN.