D'ARTILLERIE D'ASSAUT
FORMATION DU RÉGIMENT
ENGAGEMENTS DE JUIN 1918
ENGAGEMENTS DE JUILLET 1918
ENGAGEMENTS DE SEPTEMBRE-OCTOBRE 1918
I. Formation du Régiment.
Par décision du général commandant en chef, le 501e R.A.S. est formé le 13 mai 1918 sous le commandement du chef d'escadron Velpry.
Le 501e régiment d'artillerie d'assaut comprend à la date du 20 mai :
1° Le Groupement 1 (chars Schneider), commandé par le Chef d'Escadron de Forsanz, et comprenant les Groupes 2, 4, 5, 9, et la S.R.D. 106 (2 compagnies du 262e R.I. sont rattachées au groupement 1 comme infanterie d'accompagnement).
2° Le 1er bataillon de chars légers, sous le commandement du Capitaine Goubenard, comprenant les compagnies 301, 302, 303 de chars légers (chars Renault).
3° Le 2e bataillon de chars légers, sous le commandement du Capitaine Wattel, comprenant les compagnies 304, 305 et 306 de chars légers.
4° Enfin, le 29 mai, le 3e bataillon de chars légers, sous le commandement du Chef de Bataillon Peraldi, comprenant les compagnies 307, 308 et 309, est affecté au 501e R.A.S.
Mais toutes ces unités sont encore dispersées : le 1er groupement est dans la région de Breteuil, le 1er bataillon est dans la région de la Chapelle-aux-Pots, les 2e et 3e B.C.L. sont au camp de Champlieu.
« Réunissant les coeurs et les pensées de tous dans les mêmes espérances, » le Chef d'Escadron Velpry, commandant le Régiment, adresse aux unités sous ses ordres l'ordre n° 1 du Régiment :
« Officiers, sous-officiers, brigadiers et canonniers du 501e, Appelé à l'honneur de vous commander, je compte sur « votre dévouement patriotique pour faire de notre Régiment une unité de combat d'élite. Il est formé le premier ; nous aurons à coeur que par ses services il mérite également la première place, Nous penserons avec reconnaissance à nos camarades de l'artillerie d'assaut qui sont déjà tombés sur le champ de bataille et dont le sacrifice glorieux a montré la valeur de notre arme et lui a permis de grandir. Que leur exemple nous guide dans le combat où, mieux armés qu'eux, nous devons triompher !
Mon désir eût été de pouvoir réunir le Régiment au complet pour que nous apprenions à nous connaître, pour qu'une fréquentation journalière fasse naître entre nous cet esprit de corps qui rend solidaires, dans la bonne et la mauvaise fortune, les hommes d'un Régiment comme les membres d'une même famille.
Les nécessités de la guerre retardent cette réunion, mais nos cœurs et nos pensées sont dès maintenant réunis dans les mêmes espérances, dans le même désir de voir notre Régiment contribuer de toute son âme et de toutes ses forces à la victoire de la France.
Le 8 mai, le groupe 5 (chars Schneider) coopère à l'attaque du 28e R.I. américain sur le village de Cantigny. Sous le commandement du Capitaine Noscereau, les chars précèdent l'infanterie de nos alliés, lui ouvrent le passage et prennent une part brillante au succès complet de l'opération. Le Lieutenant Blancot adjoint au commandant de groupe, est tué d'une balle au front au moment où, avec un admirable mépris du danger, il guidait à pied les chars sous les mitrailleuses allemandes en action.
L'intrépidité des équipages, l'habileté de leurs chefs, provoquent chez nos frères d'armes une vive admiration. La lettre suivante, écrite par le major général Bullard, commandant la 1ère D.I.U.S., au Capitaine commandant le groupe 5, est pour notre arme un précieux témoignage.
« Je tiens à ne pas laisser partir le groupe d'A.S. que vous commandez sans vous dire, à vous et à votre personnel combien la 1ère division américaine apprécie la valeur de votre collaboration à cette opération de Cantigny, que nous avons la fierté d'avoir menée à bonne fin.
Fidèles aux plus nobles traditions de l'armée française, vous avez montré la voie à notre infanterie, lui avez aplani les obstacles et donné le plus bel exemple de cette admirable fraternité d'armes qui subordonne tout au but à atteindre.
Je tiens à rendre hommage aussi à l'aide précieuse que vous avez prêtée à mon état-major pendant la préparation de cette opération, et avec tant de cordialité.
Pour tous, officiers et hommes de la 1ère D.I.U.S., votre passage restera un souvenir inoubliable et un exemple qu'ils auront à coeur de suivre.
Signé: R. L. Bullard. »
Un tel éloge, venant d'un chef et de troupes aussi vaillantes, constitue pour le Régiment un magnifique sujet de fierté.
Les unités de chars légers ne vont pas tarder, elles non plus, à gagner, sur le champ de bataille, leurs lettres de noblesse.
Jusqu'alors, les chars Renault n'avaient jamais été engagés ; les bataillons qui les avaient reçus quelques semaines auparavant poursuivaient leur instruction, et l'intention du commandement était de ne pas présenter ces appareils à la bataille avant qu'on eût pu constituer et instruire d'assez nombreuses unités pour que leur intervention en masse produisît sur l'ennemi un effet de surprise écrasant. Mais l'attaque allemande du 27 mai 1918, par l'ampleur et la gravité de ses premiers résultats, allait précipiter la mise en ligne des unités de chars légers.
II. Engagements du 31 mai et de juin 1918.
Le 27 mai, l'ennemi prononce sur le Chemin des Dames une offensive brusque et très violente ; submergeant nos troupes de défense sous un flot d'assaillants qui avaient été rassemblés en grand secret, il obtient un résultat presque foudroyant. Dès le premier jour, la poussée allemande atteint une profondeur de 30 kilomètres à l'intérieur de nos lignes ; franchissant l'Aisne et la Vesle, elle amenait, dans les journées suivantes, les troupes allemandes sur la Marne jusqu'à Château-Thierry.
La situation de nos armes est véritablement critique, Paris immédiatement menacé. Ces journées sont des plus sombres que nos cœurs de Français aient connues au cours de la guerre, et nous étions ramenés aux plus mauvais moments de la fin août 1914.
C'est à cette heure décisive, devant la nécessité immédiate de tout mettre en oeuvre pour sauver le sort de la France, qu'on fit appel à ces nouvelles formations d'artillerie d'assaut, qu'on avait pensé engager dans des conditions plus favorables et plus heureuses.
Le 29 mai, un ordre préparatoire de l'artillerie d'assaut met les 2e et 3e B.C.L. et éventuellement le 1er B.C.L. à la disposition du Général Lacapelle, commandant le 1er C.A., qui tient le front compris entre Vic-sur-Aisne et la forêt de Villers-Cotterets.
Embarqués le 30 mai, qui sur des remorques rassemblées en toute hâte et venant de Beauvais, de Mouy et de Versailles, qui par voie ferrée, les trois bataillons du 501e sont dirigés vers la forêt de Villers-Cotterets, dans le flanc droit de la poche formée par l'avance allemande. Où débarquera-t-on ?
Où s'engagera-t-on ? Impossible de le prévoir : où l'on pourra ; où l'on rencontrera l'ennemi, car le front est mobile et se rapproche chaque jour davantage, à peine tenu par des troupes harassées et réduites par cinq jours de combat inégal.
Le 31 mai, à 8 heures du matin, les deux tiers des chars du 2e bataillon ont pu être débarqués à Saint-Pierre-Aigle, au nord de la forêt de Villers-Cotterets. La situation ne permet pas même d'attendre que le reste du bataillon ait fini d'arriver, car, si l'ennemi force le dernier barrage que maintiennent avec peine, sur les plateaux au sud de Soissons, les troupes complètement épuisées de l'héroïque division marocaine, c'est l'écroulement et probablement l'encerclement de tout ce qui combat encore dans la région de Compiègne, c'est la route de Paris complètement ouverte.
Il faut combattre sans délai avec les trente chars dont on dispose pour arrêter la progression de l'ennemi devant la forêt de Villers-Cotterets.
Pour apprécier à sa valeur l'effort qui va être fourni dans cette journée par les officiers et les équipages du 2e bataillon, il importe d'imaginer par la pensée la situation matérielle et morale dans laquelle ils ont vécu ces heures de crise.
Certes, aucune des conditions matérielles dans lesquelles les officiers et les équipages avaient prévu, étudié et préparé leur entrée dans la bataille n'est réalisée. Aucune liaison préalable n'a pu être établie avec l'infanterie avec laquelle on doit combattre. Cette infanterie, on prendra contact avec elle sur la ligne de feu même, en la traversant où elle sera... là-bas, quelque part vers la route de Soissons à Villers-Cotterets. Cette infanterie se trouve composée de noirs n'ayant jamais aperçu de chars d'assaut. Aucune reconnaissance de terrain ne peut être exécutée, faute de temps.
Au lieu d'une approche de nuit, permettant aux chars de ne se révéler qu'au moment de l'attaque, il faut, pour atteindre nos lignes, franchir en plein midi, par le soleil éclatant d'une belle journée d'été, un glacis de 1500 mètres sous la vue directe des ballons allemands en observation.
Aucun barrage fumigène, aucun appui efficace à escompter d'une artillerie dispersée par des mouvements de replis successifs, n'ayant pas d'organisation de tir. C'est la charge droit devant soi, sur un terrain inconnu, pour arrêter à tout prix la poussée de l'ennemi victorieux.
Le personnel se rend compte des conditions anormales et difficiles dans lesquelles il va s'engager et, dans cette atmosphère déprimante de troupes épuisées et en pleine retraite, il comprend la nature et la grandeur du sacrifice qu'on lui demande.
Les Capitaines Mortureux et Lemoine, menant personnellement l’attaque déploient leurs compagnies en bataille à l'est de Dommiers, sur le front Chaudun, la Croix-de-Fer, Missy-aux-Bois, et à midi foncent droit devant eux dans les blés hauts, salués et escortés par les obus de l'artillerie allemande. Les chars nettoient le bord du ravin de Chazelles et le plateau à l'ouest de Ploisy, détruisant des mitrailleuses et des canons légers, tuant et mettant hors de combat les fantassins et les mitrailleurs allemands, qui subissent de lourdes pertes. La lutte est particulièrement âpre et chacun y rivalise de courage et d'entrain. Le Lieutenant Aubert fonce sur une pièce allemande qui tire à vue sur sa section et la détruit complètement. Le char du Lieutenant Cornic ayant pris feu, celui-ci se dégage, monte dans un nouveau char et continue le combat, faisant par son intrépidité l'admiration de tous.
Le Brigadier Christiaens, dont le char est en panne, démonte sa mitrailleuse et la met en position en première ligne. Le canonnier Bocquillon, de la compagnie 306, grièvement blessé à la tête, continue à combattre avec opiniâtreté et ne se laisse évacuer, une fois le combat fini, que sur l'ordre de ses chefs.
Pour la première fois, l'arme lourde entre toutes a conduit son combat comme une action de cavalerie. C'est une charge en ligne qu'a menée le 2e bataillon, ratissant la plaine de Chaudun, faisant refouler devant lui les ennemis déjà accrochés au plateau où les grands blés favorisaient sa progression.
Cette charge a vu devant elle les fuyards s'engouffrer dans le ravin de Ploisy. Utilisant alors toute la puissance de leur feu, les chars ont creusé dans la cohue ennemie d'effroyables sillons. Quatre chars, atteints par des obus ou renversés dans des chemins creux, restent sur le terrain. D'autres, fort endommagés, parviennent cependant à rejoindre le point de ralliement. L'arme est bonne et bien trempée.
Le résultat répond à la vaillance et aux efforts de tous ; l'attaque, du 31 mai 1918 marque l'arrêt des grands progrès de l'ennemi sur les plateaux au sud de Soissons et sauve la situation des troupes engagées vers Compiègne.
Parmi les braves qui payèrent de leur vie ce grand résultat, il faut citer le nom d'un jeune et brillant officier dont la physionomie pleine de feu et d'intelligence, dont l'élégance souple et aisée attiraient naturellement la sympathie, l'intérêt et l'affection. La mort, qui semble choisir ses victimes, n'en pouvait trouver une dont la perte nous parût plus cruelle.
Un obus qui frappa la tourelle de son char donna au Sous-lieutenant Demay une belle mort de soldat, en plein soleil, en pleine action, en pleine gloire.
Arrêté le 31 mai au sud de Soissons, l'ennemi va, suivant sa coutume, les jours suivants, tenter de tourner la résistance rencontrée et de s'ouvrir, plus au sud, le chemin qui vient de lui être barré. Là encore il va se heurter à nos chars.
Pour faire face à ces nouvelles attaques, les 1er et 3e bataillons, dont le transport se poursuit, vont, au cours des journées du 1er et du 2 juin, entrer en ligne à leur tour sur tout le front marqué par la lisière est de la forêt de Villers-Cotterets.
L'emploi des chars d'assaut va prendre pendant cette période une forme nouvelle et inattendue. Créés pour ouvrir la voie à l'infanterie, au travers des défenses accessoires et des mitrailleuses de l'ennemi, on admettait avec juste raison qu'une fois cette tâche remplie, dès que l'infanterie était installée sur ses objectifs, les chars d'assaut ne devaient pas rester sur la ligne, où ils offriraient une cible trop facile aux coups de l'artillerie ennemie. Ils devaient être aussitôt retirés du combat pour être remis en état et se préparer à de nouveaux engagements. Suivant ces sages principes, les combats de l'artillerie d'assaut avaient jusque-là duré quelques heures : les premiers engagements des bataillons du 501e régiment d'artillerie d'assaut vont durer un mois.
La situation nécessite, en effet, des dispositions particulières. Sur le front de la forêt de Villers-Cotterets ont reflué les débris de 3 ou 4 divisions d'infanterie, soldats épuisés physiquement et moralement par des journées de combat où ils ont été constamment refoulés par l'ennemi, ayant perdu leurs chefs et désaccoutumés d'une forme de guerre où la tranchée n'est plus là pour marquer la ligne à défendre.
Le Boche, enhardi par son succès, devient, au contraire, de plus en plus audacieux, et il semble que rien ne doive plus l'arrêter. Quand, du 31 mai au 2 juin, le fantassin voit apparaître les chars d'assaut, il sent que c'est le salut qui lui arrive et quand, dès les premiers engagements, il voit le Boche refluer partout devant les appareils, il s'accroche à ses chars et perd courage s'il les voit s'éloigner de la ligne de feu. Les sections de chars vont donc être maintenues sur la ligne de combat, en situation de s'engager immédiatement pour refouler l'ennemi dès que celui-ci fera mine de pénétrer quelque part dans nos lignes.
Toujours en alerte, combattant le jour dès que l'ennemi veut mordre, passant la nuit à ravitailler en essence et en munitions, à remettre en état sous le feu les appareils, les équipages vont fournir, pendant cette première quinzaine de juin, le plus bel exemple d'endurance physique et morale.
Du 31 mai au 18 juin, les bataillons du 501e fournissent vingt-sept engagements de section.
Sur le front de 25 kilomètres qui s'étend de Saint-Bandry à Troennes, il n'est pas un point de la carte qui ne rappelle un engagement. Dans les layons de la forêt, dans les blés hauts des plateaux, partout les chars ont laissé la trace sanglante de leurs chenilles.
Ce sont des engagements très chauds et qui exigent du personnel une attention et une tension morale accentuées.
La plupart, en effet, se passent sous bois ; les mitrailleuses ennemies sont parfaitement dissimulées dans les broussailles et peuvent impunément diriger à très courte distance sur les fentes de visée des chars des tirs continus et ajustés ; gênés par la végétation dans leur vue et leurs mouvements, bloqués parfois dans les fourrés inextricables, les équipages tombent à la merci d'ennemis qu'ils ne peuvent découvrir.
Le 2 juin, une section de la compagnie 308, appuyant une compagnie du 167e R.I., nettoie le plateau de Corcy, où des fantassins allemands se sont infiltrés à la faveur des hautes herbes jusqu'à la ferme Saint-Paul. Après un combat très vif, au cours duquel un sous-officier chef de char est blessé par un coup de pistolet tiré à bout portant contre une fente de visée, les chars permettent à notre infanterie de s'établir solidement à 200 mètres en avant de son objectif primitif.
Le 3 juin 1918, l'ennemi a réussi, pendant la nuit, à progresser de part et d'autre du village de Faverolles et à s'établir dans la partie ouest des ravins au sud-ouest de Faverolles.
Soutenant la contre-attaque du 167e R.I., la compagnie 309 tout entière déployée entre Corcy et Faverolles, et une section de la compagnie 307 au sud de Faverolles, mettent l'ennemi en fuite et permettent le rétablissement de notre ligne. Cette action est une des plus importantes de cette période, tant par les effectifs engagés que par les résultats obtenus. Voici le récit qu'en a fait un officier d'infanterie qui combattait ce jour-là avec nos chars : « Les attaques du 3 vont revêtir un acharnement extraordinaire. L’artillerie allemande s'est renforcée, et, à 4 heures du matin, un tir violent se déclenche sur notre première ligne. Le 75, derrière nous, riposte violemment, et c'est sous un barrage meurtrier que l'infanterie ennemie surgit devant nous de ses lignes de départ. A 7 heures, la lutte s'apaise; notre ligne ne paraît pas entamée. A 9 heures, elle reprend plus violente pour s'interrompre à nouveau à midi. Cette fois l'ennemi a réussi à prendre pied dans le cimetière de Faverolles. A 14 heures, nous apercevons devant nous sur la crête d'Anserville un nombre considérable de camions. Un régiment d’infanterie boche en descend, se déploie et pénètre dans la vallée. C'est lui qui va attaquer Faverolles par le sud pendant que le régiment de l'Impératrice l'attaque par l'est.
Cette attaque d'ensemble se produit à 15 heures 30. On se bat corps à corps dans les fermes sud et sud-est de Faverolles, et l'ennemi parvient jusqu'à la corne du bois qui est au sud-ouest du village. Nos hommes deviennent inquiets. Cette situation, heureusement, ne va pas durer. Un mot bientôt vole de bouche en bouche : « Les tanks vont attaquer. » Cinq débouchent près de nous, d'une allée de forêt ; ils se déploient dans les blés. L'un d'eux prend à partie les occupants de la corne du bois, tandis que les autres continuent vers la route de Troennes. Le tir ajusté des chars, son effet meurtrier mettent l'ennemi en fuite ; nos fantassins sont enthousiasmés, et ce qui reste des Boches disséminés dans les blés est aisément capturé par nos hommes. »
Le même jour (3 juin ), deux sections de la compagnie 301 appuient une contre-attaque du 8e R.I. sur la ferme Vertefeuille, où l'ennemi a réussi à prendre pied. Après un court et vif combat, les Allemands lâchent pied en subissant des pertes sensibles. Au nord-ouest de la ferme Vertefeuille, une section de la compagnie 304 disperse en quelques coups de feu des mitrailleuses ennemies qui avaient réussi à s'infiltrer dans la forêt.
Le 4 juin, c'est la compagnie 302, appuyée par 2 sections de la compagnie 308, qui contre-attaque sur la ferme de la Grille (forêt de Retz, lisière est), sur un terrain que d'épais fourrés et des halliers touffus rendent très difficile. Au cours du combat très rude qui se livre, le Lieutenant de Gissac trouve la mort. Son mécanicien ayant été tué par une balle tirée à courte distance et qui était passée par la fente du volet de conduite, l'officier, blessé lui-même, sort de son char en feu pour continuer à diriger à pied le combat de sa section.
Il tombe, criblé de balles, sur les chenilles de son appareil.
Le 5 juin, par une action rapide et immédiate d'une section de la compagnie 302, nous chassons l'ennemi des lisières de la forêt de Retz, où il a réussi à s'infiltrer à l'ouest de la ferme Chavigny. Au cours du combat, le Brigadier Lucas, ayant eu sa mitrailleuse mise hors d'usage, sort sous le feu, en demande une à l'infanterie qui le suit et continue le combat.
Le 6 juin, une section de la compagnie 308, appuyant une contre-attaque du 91e R.I., permet à notre infanterie de reprendre pied dans les carrières au nord de la ferme de la Grille, malgré un feu très vif de grenades à fusil et de mitrailleuses.
Le 12 juin, les 1er et 2e bataillons de chars légers sont mis en réserve ; le 3e bataillon, qui est resté constamment sur la ligne de résistance, coopère avec la compagnie 309, commandée par l'héroïque Capitaine Clermont, à une vigoureuse contre-attaque entre Corcy et la ferme de la Grille, où l'ennemi, de nouveau, a réussi à prendre pied. Son action brillamment conduite permet à notre infanterie d'améliorer ses positions au nord-est de Corcy.
Là se termine la période de combats défensifs menés par les unités du Régiment. S'il y a eu dans l'histoire du 501e régiment d’artillerie d'assaut des actions peut-être plus brillantes parce qu'elles se sont passées en des journées où la victoire était plus tangible et plus proche, il n'y en a pas dont le Régiment ait le droit d'être plus fier que de celles poursuivies avec une continuité infatigable pendant la première quinzaine de juin 1918 ; car l'intervention des trois bataillons de chars légers, au moment où la fortune des armes nous abandonnait, cloua sur place la plus menaçante des poussées allemandes et lui barra définitivement la route de Paris, c'est-à-dire le chemin de la victoire.
Le 15 juin, l'ennemi est définitivement arrêté. Le Général Mangin vient de prendre le commandement de la 10e armée ; il ne va pas laisser l'ennemi se reprendre et combiner en paix de nouvelles attaques.
L'ennemi est arrêté. On va le refouler sans tarder et se mettre au moins en situation favorable pour pouvoir passer à l'offensive générale dès qu'on en possédera les moyens. En attendant, on va se donner de l'air, reprendre pied sur les plateaux pour acquérir la base de départ indispensable à une opération de grande envergure.
Ce sera l’œuvre des combats des 15, 18 et 28 juin 1918.
Le 15 juin 1918, au jour naissant, la compagnie 303 franchit le ruisseau de Coeuvres sur un pont que l'infanterie enlève à l'ennemi devant son premier char et, par un seul passage, sous un bombardement de gros calibre qui lui cause des pertes sévères, débouche sur la rive droite du ruisseau.
Elle chasse l'ennemi devant elle, gravit les pentes boisées du ravin, tuant ou mettant en fuite les défenseurs ennemis dissimulés dans les bois et les fourrés, puis, se déployant en bataille, nettoie le plateau nord-est de Coeuvres jusqu'à la route Cutry-Saint-Pierre-Aigle.
Ce passage de vive force d'un ruisseau dont les rares points de passage, soigneusement repérés par l'ennemi, étaient constamment bombardés par l'artillerie lourde ; cette escalade en plein combat des pentes escarpées d'un ravin boisé, constituaient une opération aussi audacieuse que difficile d'exécution. Sa réussite fait le plus grand honneur à la compagnie 303 commandée par le Capitaine Gaillet.
Le 18, une section de la compagnie 301 et une section de la compagnie 302 participent à une attaque en direction de Chafosse. L'objectif, qui est de reprendre pied sur le plateau de Montgobert et de rejeter l'ennemi à l'intérieur du bois au sud de Chafosse, est atteint après une lutte très vive qui dure de 4 heures à midi. Le 28 juin, enfin, le 3e B.C.L. en entier et la compagnie 305, appuyant l'attaque de la 153e D.I. et de la 2e D.I. sur le front Saint-Bandry-Laversine-Saint-Pierre-Aigle, prennent une part brillante au succès complet de l'opération et amènent nos fantassins sur la ligne d'où ils s'élanceront à la victoire du 18 juillet.
Le 30 juin, les trois bataillons sont enfin retirés du front pour se reposer, se recompléter et remettre en état les appareils qui leur restent.
III. Engagements de juillet.
Le 14 juillet, tout semble calme ; les bataillons au repos sont : le 1er à Saint-Léonard (Oise), le 2e à Pierrefonds, le 3e à Saint-Martin-du-Tertre ; le 1er groupement de chars Schneider est à Vaumoise, entre Crépy et Villers-Cotterets. Les appareils sont démontés, et une bonne proportion des hommes profitent d’une permission bien gagnée. A la fin de l'après-midi, l'alerte est donnée partout. Il faut être prêt à s'embarquer le lendemain pour une opération offensive immédiate. C'est le branle-bas pour remonter les appareils, recompléter les munitions, recharger les véhicules. On travaillera toute la nuit et toute la journée ; mais, quels que soient les efforts faits, il sera impossible d'avoir les unités au complet, faute de personnel et surtout de matériel. Aucun appareil neuf n'a pu être donné au Régiment ; on n'a pu que remettre en état le mieux possible les chars qui ont fourni le long et dur travail en juin.
Le 1er B.C.L., qui a disposé d'un repos un peu plus long, pourra présenter des compagnies à peu près complètes ; mais le 3e B.C.L., qui a été le plus longtemps engagé, puisqu'il n'est parvenu dans ses cantonnements de repos que le 4 juillet, ne se présentera au combat qu'avec les deux tiers de ses appareils ; les permissionnaires rejoindront sur le champ de bataille.
Le 18 juillet 1918 marque dans l'histoire de la guerre une date mémorable. C'est le grand tournant dans la fortune des armes, l'aube de la victoire pour la France ; le glas de mort qui commence à sonner pour la puissance militaire de l'Allemagne. Nos ennemis eux-mêmes ont indiqué le rôle joué par l'artillerie d'assaut dans cette bataille. « Nos troupes, a écrit le général Ludendorf, chef d'état-major de l'armée impériale, ont été submergées par des escadres de chars d'assaut. C'est l'intervention de ces appareils qui a assuré la victoire aux Français. » Or, pour connaître la part prise par le 501e dans cette bataille, il suffit de mentionner que sur neuf bataillons ou groupements composant l'artillerie d'assaut de la 10e armée, quatre appartenaient au 501e et que, sur ces neuf bataillons ou groupements, six ont été engagés sous les ordres directs de l'état-major du 501e régiment ; deux des trois autres étaient commandés par le chef de bataillon commandant le 3e bataillon du 501e, enfin le 9e était le IIIe groupement de chars moyens qui porte maintenant aussi le numéro 501.
Les unités montrèrent, le 18, le 19, le 20, le 21 et le 23, autant de vaillance que de continuité dans l'effort, se multipliant, multipliant, les vides creusés dans leurs rangs, pour apporter un concours constant à leur infanterie.
Le 18, le 1er groupement, puis, en fin de journée, le 1er B.C.L. s'engagent pour appuyer la 2e D.I.U.S. dans son attaque qui l'amène jusqu'au chemin de Tigny à Villemontoire ; le 2e B.C.L. entraîne la Division marocaine jusqu'à l’Échelle, bousculant l'ennemi qui s'accroche désespérément aux rebords du plateau.
Parmi les braves qui combattirent dans cette journée, où tous les équipages rivalisèrent d'audace, de sang-froid, de ténacité et de mépris du danger, il faut citer le chasseur Rose : son appareil ayant été détruit par un obus, il s'arme d'un fusil et, se portant en avant de la ligne d'infanterie, capture dix prisonniers. Il fut pour ce fait décoré de la médaille militaire.
Le 19, les chars du 1er groupement entraînent les Américains jusqu’aux lisières de Tïgny ; la compagnie 304 appuie une attaque du 7e tirailleurs sur les pentes nord et sud du ravin de l'Echelle ; le 3e B.C.L., dans un combat très dur, ouvre la voie à l'infanterie de la 38e D.I. jusqu'au delà de la ligne Percy - Tigny - Saint-Remy-Blanzy. C'est là que l'Aspirant Lempereur, de la compagnie 307, dont le char a été immobilisé par un obus, en face de la position ennemie, renvoie son mécanicien vers l'équipe de dépannage et reste lui-même dans la tourelle, canonnant sans arrêt les murs d'un jardin fortement organisé jusqu'au moment où il est grièvement blessé à la figure.
Le 20, la compagnie 305 participe à une action avec un bataillon du 7e tirailleurs dans le but de nettoyer et d'occuper le plateau entre Ventigny et Villemontoire ; le 3e B.C.L., avec deux sections, appuie le 233e R.I. au sud de Plessis-Huleux. Le 21, le 1er B.C.L. et le 2e B.C.L. entraînent l'infanterie de la 38e D.I. à l'attaque de Villemontoire et de la Raperie, où le combat est particulièrement acharné, et lui permettent de s'installer en bordure de la route nationale de Château-Thierry à Soissons, malgré une réaction très violente de l'ennemi. Deux sections du 3e B.C.L. coopèrent brillamment à la prise de Plessis-Huleux.
La journée du lendemain est consacrée à une fiévreuse remise en état des chars ; dans la nuit, les 1er et 2e B.C.L. gagnent sur chenilles leurs positions de départ devant Plessis-Huleux, soit 15 kilomètres plus au sud, et attaquent Plessis-Huleux avec le 3e B.C.L., à 5 heures (23 juillet).
Le magnifique effort des unités si éprouvées pourtant au cours des derniers combats (les trois bataillons sont réduits à neuf sections) réussit à entraîner notre infanterie jusqu'à la voie ferrée à l'ouest de la route nationale, au delà de Plessis-Huleux ; le combat est très chaud. La compagnie 306, fournie par le 2e B.C.L., met en fuite les servants d'une batterie de 77, au sud des bois du Plessier. Devant Grand-Rozoy, le Sous-lieutenant Rayer, de la compagnie 301, trouve une mort glorieuse. Sa section, franchissant la route de Soissons à Château-Thierry, est prise à partie à 200 mètres par un canon de 77, habilement caché dans un petit bois, et démolie en quelques minutes.
Le 24, le Régiment est retiré de la bataille ; il va dans la région de Chantilly-Senlis jouir d'un repos bien gagné par deux mois de combat presque ininterrompus, où les équipages ont eu à fournir un effort splendide de continuité et de persévérance dans l'action.
Cette ténacité poussée jusqu'à l'extrême limite des sacrifices, cette résolution de se maintenir à la bataille, quoi qu'il en coûte, jusqu'à ce que la tâche ait été entièrement remplie, sont pour un corps de troupe des vertus précieuses et rares.
Le 501e les a pratiquées dès ses débuts ; il va en donner un témoignage éclatant pendant la bataille de Champagne.
IV. Engagements de Champagne.
Rassemblés entre le 20 et le 23 dans la région de Somme-Suippes, le 2e bataillon (Capitaine Vigneron), le 3e bataillon (Commandant Fischbach) et le 1er groupement (Commandant Laurent) (groupes 4 et 9), opérant dans le secteur compris entre la butte de Souain et la butte de Tahure, vont participer à l'attaque de la 4e armée en direction de Vouziers.
Par la résistance désespérée que l'ennemi va montrer pour défendre ce centre vital de sa ligne de bataille, par les pertes qui seront la conséquence de la lutte acharnée qui s'ensuivra, la bataille de Champagne sera pour les unités du 501e la plus rude épreuve qu'elles aient eue à affronter.
L'attaque est donnée le 26 septembre après une préparation très minutieuse par les états-majors et les cadres de l'A.S. portant sur l'étude du terrain à franchir, étude faite au moyen de reconnaissances de terrain et d'un grand nombre de photographies d'avions obliques et verticales. Toutes les pistes à suivre par les chars ont été précisées sur les plans directeurs. Une compagnie d'infanterie sur chaque piste, dirigée par un officier de l'A.S., travaillera à préparer le passage des appareils à travers la zone bouleversée.
En raison de l'état du terrain, qui comprend une bande de 5 kilomètres absolument couverte de fils de fer, de tranchées, de trous d'obus, impraticable au combat des chars, il est convenu que les chars suivront, dans cette bande de 5 kilomètres, la progression de l'infanterie aussi rapidement qu'il leur sera possible, mais ne s'engageront qu'une fois franchie la crête butte de Souain-Mont-Muret.
Les deux bataillons et le groupement du 501e forment l'A.S. du 20e C.A. et sont répartis comme suit : A droite : le 3e bataillon et le 1er groupement appuieront l'attaque de la 43e D.I., suivie de la 13e D.I.
A gauche : le 2e bataillon appuiera l'attaque de la 167e D.I., suivie de la 170e D.I.
Dans la journée du 26, l'infanterie parvient sans grande difficulté à la crête Mont-Muret-butte de Souain, ne rencontrant que de légères arrière-gardes laissées par l'ennemi, qui a reporté sa résistance en arrière.
Les chars emploient la journée à traverser le terrain bouleversé. Ce travail, accompli sous la surveillance des drachens ennemis est entravé par les bombardements de l'artillerie ennemie. Les compagnies 307 et 308, en particulier, sont violemment prises à partie au moment où elles franchissent la crête de l'Aiguille. Constamment, les travailleurs d'infanterie qui aménagent les pistes doivent s'interrompre par suite du bombardement, et, en fin de journée, les chars n'ont pas dépassé l'alignement de la cote 193.
Ils achèveront le franchissement dans la nuit et aux premières heures de la matinée du lendemain.
Le 27, dès l'aube, l'infanterie veut continuer sa progression ; mais elle se heurte immédiatement à une violente résistance.
L'ennemi a, en effet, reporté sa ligne de résistance dans la cuvette de Sommepy, appuyé par une artillerie très bien placée le long du vaste amphithéâtre qui entoure ce village.
Notre infanterie est arrêtée net devant les tranchées de Wiesbaden et celles du Tunnel. Vers 9 heures, les chars débouchent enfin du terrain bouleversé ; les compagnies 305, 307, 308, 309 s'engagent immédiatement et, après une lutte extrêmement chaude tant pour la conquête des objectifs que pour le maintien de notre gain contre les contre-attaques successives de l'ennemi, permettent à nos fantassins de conquérir les hauteurs du bois de la Pince et de s'y maintenir.
Le 28, dans la matinée, les trois compagnies du 2e B.C.L., soutenant l'attaque de la 167e D.I., livrent à notre infanterie, après un brillant combat, les tranchées des Prussiens et d'Essen, qu'elles nettoient de leurs défenseurs. Les mitrailleuses légères boches, installées en haut des arbres, font subir de lourdes pertes à nos fantassins. Repérés par nos chefs de chars, l'un après l'autre, ceux qui les servent, abattus par les obus de 37 ou les balles, tombent au pied de leurs perchoirs.
A droite, les compagnies 307 et 308 s'engagent dès 7 heures ; la lutte est très âpre ; les Allemands résistent énergiquement, utilisant les bois pour masquer un grand nombre de fusils et de canons anti-chars. Le combat dure toute la journée pour la compagnie 307 : malgré les pertes subies, les équipages montrent une vaillance et une ténacité splendides.
Deux batteries formées par les groupes Schneider reprennent l'attaque en fin d'après-midi et, par un feu nourri, nettoient les mitrailleuses ennemies qui défendent les lisières du bois de l’Araignée, qu'elles livrent à notre infanterie. Le 29 septembre, la compagnie 306, sur le bois des Épines, la compagnie 308 sur le bois des Singes, une batterie du 9e groupe sur le bois de Brünnenwald, appuient avec succès l'attaque de notre infanterie. La résistance de l'ennemi est acharnée ; il faut pour la briser tout l'esprit d'héroïque abnégation des équipages.
Parmi tous ceux qui se distinguèrent au cours de cette journée, il faut citer le Brigadier Besset, qui, arrivé sur l'objectif, sortit de son char et, mettant revolver au poing, fit à lui seul prisonniers vingt fantassins allemands constituant la garnison d'un centre de résistance dont les feux arrêtaient la progression de notre infanterie. Il fut pour ce fait décoré de la médaille militaire sur le champ de bataille.
Le même jour, le Sous-lieutenant Pollet, de la compagnie 306, qui, durant les journées précédentes, a attaqué avec sa section jusqu'à la limite de ses forces, ramène, sous une pluie de balles, un char renversé à quelques mètres de l'ennemi ; son intrépide bravoure est récompensée par la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
Le 30 septembre, les unités du 501e sont placées en réserve d'armée pour se reconstituer sur place et se préparer à reprendre la lutte. Les quatre jours le combats ininterrompus les ont particulièrement éprouvées, surtout en officiers et gradés.
Le 2e B.C.L. a perdu six Lieutenants chefs de section sur neuf.
Le 3e B.C.L. a perdu huit Lieutenants chefs de section sur neuf.
Les Lieutenants Lachaud et Larousse ont été tués. Le Lieutenant Lachaud aussi adoré de ses hommes qu'aimé et estimé de ses chefs, était le modèle de la bravoure simple et calme, de la conscience la plus absolue dans l'accomplissement de tous ses devoirs, aussi bien sur le champ de bataille, où ses actions d'éclat lui avaient valu, à la suite des combats de juillet, la croix de la Légion d'honneur, que dans le service journalier, où il s'occupait de ses hommes et veillait à la mise en état de son matériel avec un zèle inlassable.
Pour combler ces nombreux vides, le Lieutenant-colonel commandant le Régiment préleva sur le 1er groupement, qui avait plus souffert dans ses appareils que dans son personnel, les cadres nécessaires pour reformer les bataillons de chars légers à deux sections au moins par compagnie.
Cet épisode montre, avec la nécessité de l'enrégimentement des compagnies et bataillons, celle d'une parfaite camaraderie de tous les officiers et hommes d'un même régiment.
Pour un chef, combattre avec des hommes qu'il a formés et instruits ; pour un soldat, aller au feu sous les ordres d'officiers qu'il a appris à connaître et à apprécier, est une chose sinon facile, du moins naturelle et satisfaisante. Mais, et surtout dans une arme comme les chars blindés, où la tactique de combat est encore toute récente et où la manière de préparer et de conduire un engagement signifie le succès ou l'échec complet, prendre le commandement d'une unité en pleine bataille ou aller à l'assaut sous les ordres d'un chef arrivé la veille exige des officiers et des hommes une confiance et un esprit de dévouement peu communs.
C'est ici que se montre la belle vertu de l'esprit de corps, cette communauté d'instruction et de pensée, cette affection qui doit réunir tous les officiers et hommes d'un même régiment. C'est ce seul lien, tout moral, existant entre les équipages bien réduits des unités de chars légers et les officiers des groupes Schneider qui en prirent le commandement entre deux combats, qui a permis aux unités du 501e de poursuivre leur tâche jusqu'à achèvement.
Dès le 3 octobre, en effet, les 2e et 3e B.C.L., formant douze sections, soutiennent l'attaque de la 2e division d'infanterie américaine. L'objectif est la crête Blanc-Mont, Médéah, Orfeuil. L'attaque progresse très rapidement, les objectifs sont atteints et dépassés, l'avance obtenue en fin de journée est de plus de 3 kilomètres. C'est au cours de ce rude combat que les Capitaines de Guiroye et Bertrand, le Médecin-major Cormier trouvèrent une mort glorieuse.
Le 6 octobre, les 2e et 3e B.C.L. reçoivent l'ordre d'appuyer l'attaque de la 78e brigade américaine en direction de Machault, la route de Saint-Étienne à Orfeuil constituant la base de départ. Dans la nuit, les deux bataillons gagnent leur position d'attente au bois de la Vipère. Le 8, à 5 heures 15, les 2e et 3e B.C.L. se portent à l'attaque dans l'ordre suivant, de gauche à droite : 305, 304, 306, 307 et 308 (309 en soutien), soutien), unités appuyant toute l'attaque du 142e R.I.U.S. sur les lisières du village de Saint-Étienne à Arne et ayant pour mission de réduire les centres de résistance situés au nord et au nord-est des sources de l'Arne.
Dès le début de l'attaque, les chars sont pris sous un tir de barrage extrêmement violent. Les Sous-lieutenants Friboulet et Whiteley sont tués. Malgré les pertes subies, les unités d'A.S. continuent l'attaque ; mais l'infanterie américaine, qui n'a jamais combattu avec les chars, ne suit pas. Certaines unités, ignorant que les chars français doivent les soutenir, tirent sur une section de la compagnie 306.
Ce sera le dernier engagement du 501e dans cette bataille.
La ligne ennemie est maintenant rompue par cet effort persistant de quinze jours, Le personnel a continué à combattre jusqu'à l'extrême épuisement ; les bataillons de chars légers ont perdu 60 pour 100 de leurs équipages et un chiffre d'officiers supérieur à leur effectif en raison du recomplètement opéré en cours de bataille.
C'est grâce à cet esprit de sacrifice, poussé à l'extrême limite de l'abnégation, à cette volonté de se maintenir sur le champ de bataille jusqu'à ce que le résultat ait été assuré, que la victoire a été acquise.
Du 26 septembre au 8 octobre, le 501e a apporté l'appui victorieux de ses chars à 6 divisions d'infanterie successivement épuisées. Il quitte le champ de bataille de Champagne, sa mission entièrement achevée.
V. Engagements des Flandres.
Le 22 septembre, l'A.S. 302 et, le 27 septembre, l'A.S. 301, s'embarquent à destination du front des Flandres.
Le 3 octobre, l'A.S. 301, appuyant le 152e R.I. et le 133e R.I., attaque au sud d'Hooglede et permet, malgré un terrain difficile, une progression d'environ deux kilomètres.
C'est dans ce combat que le Lieutenant Vecten est tué à la tête de sa section.
Le 4, l'attaque est reprise dans les mêmes conditions : l'ennemi résiste avec acharnement. Mais, pour rompre définitivement la résistance allemande en Belgique, le groupe d'armée des Flandres, sous le commandement du roi Albert, se prépare à une puissante offensive à entamer au milieu d'octobre.
Le plan d'opérations projetées pour l'armée française des Flandres comporte une attaque sur le front compris entre Roulers et Luckock. Le dispositif d'attaque est le suivant, du nord au sud : la 70e et la 77e D.I. du 34e C.A., les 5e et 41e D.I. du 7e C.A.
Le 1er B.C.L. (Commandant Goubernard), le 12e B.C.L. (Commandant Chaigneau) et le 12e groupement Saint-Chamond (Commandant Azais) constituent l'A.S. de l'armée des Flandres sous le commandement du Lieutenant-colonel commandant le 501e.
Le 1er B.C.L. attaque avec le 7e C.A. ; le 12e B.C.L. et le 12e groupement avec le 34e C.A.
L'attaque est déclenchée le 14 octobre à 5 heures 22 avec large emploi d'obus fumigènes.
La compagnie 335 enlève rapidement et brillamment Gaite Saint-Joseph. La compagnie 336 encercle Hooglede et atteint les lisières de Gitsberg.
Le 1er B.C.L. progresse avec le 144e R.I. ; mais, en raison de l'arrêt du 159e à sa gauche, il est pris de flanc des hauteurs de Bellevue et subit de fortes pertes. Néanmoins, il poursuit l'attaque et permet à l'infanterie d'atteindre ses objectifs. En fin de journée, nous avons atteint Wynendaele et Beveren. Les pertes causées par les canons anti-chars sont considérables ; la plupart des sections ont perdu trois chars sur cinq. Le 16, le 1er B.C.L., ayant pu reformer deux sections en état de combattre, ces deux sections appuient l'attaque du 74e R.I. sur Beveren, aident à enlever le village, détruisent de nombreuses mitrailleuses, un canon anti-chars, et permettent à l'infanterie de progresser jusqu'à Bergmolen.
La journée du 17 marque la complète rupture du front ; l'ennemi est en pleine retraite, la poursuite commence. La 1ère section de la compagnie 302 précède, dans sa progression, le 5e R.I., d'Ardoye aux limites de Thielt. Prise à partie par un canon, cette section perd trois chars. Le 18, deux sections de la compagnie 302 attaquent la lisière ouest de Thielt et permettent la prise du moulin.
Le 19, l'ennemi se retire au delà de la Lys. Le 1er B.C.L., épuisé, est retiré du front et envoyé se reformer à Apremont.
Il quitte le sol des Flandres après avoir encore une fois bien rempli sa tâche. Surmontant les difficultés d'un terrain peu favorable à l'emploi des chars, brisant la résistance opiniâtre de l'ennemi prévenu qui disposait de nombreux canons à tir rapproché dissimulés dans les multiples fermes isolées de ce pays, le 1er bataillon apporta à l'infanterie du 7e Corps un concours toujours renouvelé, qui permit de rompre les dernières résistances opposées à nos armes victorieuses.
VI. - Armée d'Orient.
La 3e compagnie du 1er bataillon, commandée par le capitaine GAILLET envoyée en Orient, débarque à Salonique le 4 octobre, puis est dirigée sur Odessa, où elle arrive le 5 janvier 1919.
Le 6 février, la section Marchai, prend part à une opération de nettoyage à Tiraspol, sur la frontière roumaine, soutenue par un bataillon du 1er R.M.A. et une compagnie polonaise ; l'opération réussit complètement. Le 7 mars, la section Bertrand, attaquée à Vassilinovo par les Gardes Rouges, les repousse en leur faisant subir des pertes sérieuses. Cette même section, renforcée par deux bataillons helléniques, est cernée, le 17 mars, dans Beresofka par des forces très supérieures et a sa ligne de retraite presque complètement coupée. Devant l'impossibilité matérielle de ramener ses chars en arrière et sur un ordre formel du colonel commandant le détachement allié, le Lieutenant Bertrand met son matériel hors d'usage et parvient à se frayer un passage en ramenant son personnel au complet.
Obligée d'évacuer Odessa, la compagnie 303 embarque le 6 avril et rentre à Marseille le 13 mai. Pendant cette période de 8 mois, par sa belle tenue, son dévouement et son esprit de discipline, cette compagnie du 501e n'a mérité que des éloges de la part de tous les chefs sous lesquels elle a servi.
Telle est à grands traits l'histoire du 501e au cours de la guerre. Le Régiment a participé à toutes les grandes opérations de la dernière année de la campagne :
a) L'arrêt de la puissante offensive allemande de fin mai, où l'intervention des bataillons du 501e, en une série de combats qui se prolongent jusqu'à la fin de juin, met un terme définitif à la menace sur Paris et amorce la reprise de l'offensive. l'offensive.
b) La bataille du 18 juillet, qui entame la chute de la puissance militaire de l'Allemagne et qui est la grande victoire de l'A.S. française.
c) L'offensive de Champagne, où, appuyant l'infanterie du 20e corps, le 501e tient constamment le centre du front d'attaque, marquant chaque jour une nouvelle avance et, au prix de sacrifices extrêmes, disloque définitivement la ligne allemande.
d) L'offensive d'octobre en Flandre, dernière grande opération de la campagne, qui sonne l'hallali courant de la bête allemande aux abois.
Cette énumération suffit à montrer la part prise par le Régiment dans la conquête de la victoire ; partout le succès a couronné les efforts de nos équipages. Mais ce qu'il importe de répéter, c'est que ce grand résultat n'a été obtenu par les unités qu'au prix d'efforts inlassables et de sacrifices presque inégalés, que nos cadres et nos équipages l'ont payé de leur sang et au prix fort. Gardons pieusement le souvenir de ceux qui sont tombés ; c'est à leur héroïsme, à leur complet esprit de sacrifice que nous devons la gloire du succès et le salut de la France.
CITATIONS OBTENUES PAR LE 501e REGIMENT D'ARTILLERIE D'ASSAUT
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 301, 302, 303).
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 307, 308, 309).
LE 2e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 304, 305, 306).
(Villers-Cotterets. - Juin 1918.)
Sous le commandement supérieur du Commandant Velpry ont mené, au cours du mois de juin dernier, douze attaques qui, après avoir brisé les tentatives d'un ennemi nombreux et enhardi par de récents succès, ont entraîné maintes fois notre infanterie au cœur des lignes ennemies.
(Ordre n° 147331 D » du G.Q.G., du 21 mars 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Cutry. – 28 juin 1918.)
Les Compagnies 307, 308 et 309, énergiquement conduites par les Capitaines de Guiroye, Bertrand et Clermont, ont pris une part brillante et efficace à l'attaque du 21 juin 1918, malgré les plus grandes difficultés : franchissement de ruisseau, ruisseau, abrupt, tir précis et réglé de l'ennemi sur les chars. Malgré des pertes sévères en personnel et matériel, ont conservé jusqu'au bout leur ardeur combative et fait preuve des plus belles qualités guerrières.
(Ordre de la Xe Armée, n° 9371 « D », du 9 octobre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
Unité d'élite, toujours prête à s'acquitter avec entrain des missions les plus difficiles, se reconstituant rapidement après le combat pour être prête à de nouveaux efforts. Entraînée par la bravoure de son chef, le Commandant Goubernard, elle s'est particulièrement distinguée le 18, le 21 et le 23 juillet 1918, réalisant chaque fois une progression importante, reprenant, inlassablement le combat pour repousser toutes les contre-attaques de l'ennemi.
(Ordre n° 10866 du G.Q.G., en date du 7 octobre 1918, à l'ordre de la Xe Armée.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Au cours des opérations offensives à l'est de la forêt de Retz, du 19 au 24 juillet 1918, le 3e B.C.L., sous l'impulsion éclairée et énergique de son chef le Commandant Peraldi, a participé à toutes les attaques exécutées par plusieurs Divisions. Malgré ses pertes, la fatigue de ses équipages et l'usure de son matériel, a toujours réclamé son poste d'honneur auprès de l'infanterie, qu'il a puissamment aidée à la conquête d'objectifs opiniâtrement défendus par l'ennemi. A fait preuve d'un cran, d'une initiative manœuvrière, au mépris du danger et d'un esprit de sacrifice qui ont définitivement réalisé sur le champ de bataille la liaison morale et l'estime réciproque des deux armes.
(Ordre de la Xe Armée n° 342, du 11 octobre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 2e BATAILLON DU 501e R.A.S. (Cies 304, 305 et 306.)
Brillante unité de combat qui, sous l'entraînement de son chef, le Capitaine Vigneron, a montré, pendant les combats du 25 au 30 septembre 1918, en Champagne, le plus magnifique esprit de courage, d'abnégation et d'endurance.
Après avoir, pendant les journées du 20 au 30 septembre, ouvert à l'infanterie de deux Divisions successives une brèche profonde de 6 kilomètres, dans des positions que l'ennemi défendait avec acharnement, a, malgré les pertes subies et l'extrême fatigue du personnel et du matériel, repris le combat le 3 octobre avec une nouvelle Division dont elle a précédé l'attaque pendant plus de 3 kilomètres ; s'est reconstituée sur place et a pris de nouveau une part glorieuse aux opérations du 8 octobre.
(Ordre n° 13744 « D », du 22 février 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE 3e BATAILLON DU 501eR.A.S. (Cies 307, 308 et 309.)
(Champagne. - Septembre et octobre 1918.)
Magnifique unité de combat qui, sous l'énergique impulsion de son chef, le Commandant Fischbach, a pris une part glorieuse aux journées des 26 au 30 septembre 1918, frayant le chemin sur plus de 6 kilomètres de profondeur à l'infanterie de deux Divisions successives, malgré l'âpre résistance de l'ennemi et de nombreuses contre-attaques. Après l'épreuve de ces dures premières journées de lutte, a reconstitué, avec des cadres improvisés, ses unités de combat et, le 3 octobre, a repris sa place dans la bataille, pour entraîner à l'attaque pendant plus de 3 kilomètres l'infanterie d'une nouvelle Division, par une action brillante qui lui a mérité les remerciements élogieux de cette grande unité. Oubliant ses fatigues et ses pertes, a, le 3 octobre, repris une fois encore le combat avec les troupes d'une quatrième Division, se donnant tout entière avec un admirable esprit de bravoure et d'abnégation.
(Ordre n° 22126 du Maréchal Commandant en chef, du 13 janvier 1919.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Hooglede. - Roulers. - Luckoock. - Octobre 1918.)
Sous les ordres du Commandant Goubernard, comprenant la 301e Compagnie sous les ordres du Capitaine CAMUS, la 302e Compagnie sous les ordres du Lieutenant James : Superbe Unité qui a fait preuve, en toute occasion, d'un entrain, d'une capacité manoeuvrière et d'un esprit de sacrifice au-dessus de tout éloge.
Les 3 et 4 octobre 1918, malgré le mauvais temps et l'état déplorable du terrain, a réussi à appuyer efficacement l'attaque de l'infanterie sur la position des Flandres. Bien qu'ayant subi des pertes sévères, s'est reconstituée assez rapidement pour pouvoir donner à l'infanterie, sans interruption pendant six jours consécutifs, du 14 au 20 octobre, l'appui de ses chars, le personnel fournissant un effort extraordinaire de nuit et de jour.
A provoqué à plusieurs reprises, par les actes de bravoure de son personnel et la liaison intime établie avec les camarades de l'infanterie, l'enthousiasme et les témoignages de gratitude de ceux-ci.
(Ordre n° 46870 du Maréchal Commandant en chef, du 30 novembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE GROUPEMENT III (Groupes AS-1, AS-6, AS-15) DU 501e R.A.S.
(Contre-attaque de Méry. - 11 juin 1918.)
Bouillant d'impatience, a contre-attaqué avec une fougue, digne des vieilles traditions françaises. Malgré un feu très violent d'artillerie ennemie, qui a, dès le début de l'action, mis hors de combat un grand nombre de ses chars, a continué la lutte jusqu'au soir ; l'a reprise le surlendemain avec des unités reconstituées et des équipages exténués, se dévouant ainsi jusqu'à l'extrême limite de ses forces au service de l'infanterie.
(Ordre de la Xe Armée n° 341, du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LA 1ère SECTION DE LA COMPAGNIE 305 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Le Général de division Mangin cite à l'Ordre de la Xe Armée LA 1ère SECTION DE LA COMPAGNIE 305, commandée par le Sous-Lieutenant Bejanin.
Ayant, au cours de sa marche d'approche, perdu deux chars, a engagé résolument le combat avec trois chars restants ; l'a continué, malgré la mise hors de combat successive de ses trois chefs de chars, jusqu'au moment où le dernier resté valide a été grièvement blessé dans les lignes ennemies sur l'objectif qu'il avait à conquérir.(Ordre n° 342 de la Xe Armée, en date du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE 305 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. du 18 juillet 1918.)
Le Général de division Mangin cite à l'ordre de la Xe Armée LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE DE CHARS 305, commandée par le Sous-Lieutenant Tracou : Amenée à s'engager seule par suite de retards dans l'arrivée des sections voisines, s'est dépensée avec la plus complète abnégation pour prendre à son compte la mission des sections retardées ; bien que suivie par un tir ennemi de gros calibre, est revenue à la charge sans relâche jusqu'au moment où l'infanterie l'a définitivement libérée, sa mission terminée.
(Ordre n° 342 de la Xe Armée, du 20 septembre 1918.)
A L'ORDRE DE L'ARMÉE
LE GROUPEMENT III DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - Juillet 1918.)
Sous les ordres du Chef d'escadron Lefebvre, les Groupes de chars d'assaut nos A.S.1, A.S.6, A.S.15, constituant le Groupement III d'A.S., se sont couverts de gloire dans les journées des 18, 19, 20 et 21 juillet 1918. Après avoir aidé l'infanterie à triompher de toutes les difficultés et de toutes les résistances, à travers une contrée coupée de tranchées et de ravins profonds, ont attaqué une position hérissée de mitrailleuses, en écrasant ou détruisant un grand nombre, et ne se retirant de l'action qu'après la mise hors de combat de la plus grande partie de leurs équipages.
(Ordre de la Xe Armée du Général en chef, du 22 août 1918.)
A L'ORDRE DU Ier CORPS D'ARMÉE
LE 1er BATAILLON DU 501e R.A.S.
(Forêt de Villers-Cotterets. - 3, 4, 5 juin 1918.)
Le 1er Bataillon de chars légers du 501e R.A.S., commandé par le Chef de bataillon Goubernard, a, dans les journées du 3, 4 et 5 juin 1918, contribué largement à arrêter l'ennemi à la lisière d'une forêt, en le rejetant, par des contre-attaques incessantes, des points où il avait pris pied. S'est dépensé sans compter avec un entrain et une bravoure exemplaires, tant dans le combat que pour ramener dans nos lignes les chars restés sur le terrain et, sous le bombardement, remettre le matériel en état de reprendre la lutte.
(Ordre général n° 49 «R» du 1er C.A., du 8 juin 1918.)
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA COMPAGNIE AS.303 DU 501e R.A.S.
(Coeuvres et Valsery. - 15 juin 1918.)
Sous le commandement du Capitaine Gaillet, chargée le 15 juin 1918 d'appuyer une attaque d'infanterie dans un terrain extrêmement difficile et battu par l'artillerie ennemie, s'est parfaitement acquittée de sa mission, causant à l'ennemi des pertes importantes et permettant à l'infanterie d'occuper tous nos objectifs.
Malgré des pertes sensibles en personnel, a travaillé pendant une journée et réussi à remettre en état de marche, sous un feu violent d'artillerie, cinq chars renversés par des obus.
(Ordre de la 153e D.I. n° 123, du 25 juin 1918.)
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA COMPAGNIE 304 DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - 19 juillet 1918.)
Le Général Daugan, Commandant la 1ère D.M., cite à l'Ordre de la Division : LA COMPAGNIE DE CHARS 304, commandée par le Lieutenant Jaluzot.
Le 19 juillet 1918, avec un allant superbe et un admirable esprit de sacrifice, a secondé l'attaque d'un Bataillon de première ligne. Malgré un feu très violent de l'artillerie ennemie, a poursuivi l'accomplissement de sa mission jusqu'à la mise hors de service de la plupart des chars.
(Ordre général n° 172, du 15 septembre 1918.)
Le Colonel Bouchez, Commandant p.i. la D.M., cite : A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE 304 DU 501e R.A.S.
Dans l'attaque du 19 juillet 1918, a fait preuve des plus belles qualités guerrières. Sous l'impulsion de son chef, le Sous-Lieutenant de La Plagnole, a aidé puissamment la progression de l'infanterie, malgré les feux d'artillerie violents a atteint ses objectifs, donnant un bel exemple de cohésion et de camaraderie au combat.
(Ordre général n° 147, du G.Q.G., du 29 juillet 1918).
A L'ORDRE DE LA DIVISION
LA 3e SECTION DE LA COMPAGNIE DU 501e R.A.S.
(Contre-offensive. - 18-20 juillet 1918.)
Le Colonel Commandant p.i. la D.M. cite à l'Ordre de la Division marocaine
LA 3e SECTION, sous le commandement du Sous-Lieutenant Strauss.
Ne faisant qu'un bloc depuis le départ jusqu'au retour, a mené très habilement et très vigoureusement le combat.
A obtenu le maximum de résultats avec le minimum de pertes, détruisant de nombreuses mitrailleuses qui s'opposaient à la marche de l'infanterie.
(Ordre général n° 147, de la 1ère D.M.)
A L'ORDRE DE L'A.S.
LA SECTION DE RÉPARATIONS A.S.106 DU 501e R.A.S.
(Récupération du matériel sur les champs de bataille de Champagne. - Juillet-octobre 1918.)
Au cours de la bataille du 18 juillet et de la bataille de septembre-octobre en Champagne, la S.R.R.106, sous la direction des Lieutenants Bart et Dehan, par un travail acharné et poursuivi dans des circonstances de terrain difficiles et sous des réactions souvent très violentes de l'ennemi, a assuré la récupération de nombreux chars d'assaut et permis ainsi au 501e R.A.S. de présenter au combat des unités rapidement remises en état. Le dévouement de son personnel pour la seule période du 8 au 30 octobre 1918 a permis de récupérer 156 chars d'assaut.
(Ordre n° 185 «P» du Général Commandant les Chars d'assaut, du 17 février 1919.
A L'ORDRE DU RÉGIMENT
LA COMPAGNIE AS301 LA COMPAGNIE AS307 LA COMPAGNIE AS309 DU 501e R.A.S.
(Bois du Plessier, Hartennes et Taux. - 23 juillet 1918.)
Au cours des opérations du …, a coopéré, avec un dévouement absolu et une bravoure incomparable, à l'enlèvement des objectifs donnés au Régiment. Malgré un violent feu de barrage et les pertes cruelles qu'elle a eues, s'est maintenue jusqu'au dernier moment sur la position, provoquant par la bravoure de ses équipages l'admiration de ses camarades d'infanterie.
(Ordre du 201e R.I. n° 830, du 27 juillet 1918.)
A L'ORDRE DU RÉGIMENT
LES 1ère ET 3e SECTIONS DE LA COMPAGNIE 306 DU 501e R.A.S.
(Champagne. - 29 septembre 1918.)
Le Colonel Zop cite à l'Ordre du Régiment :
LES 1ère ET 3e SECTIONS DE LA COMPAGNIE 306.
Pendant les deux combats du 29 septembre 1918, sous le commandement du Sous-Lieutenant Pollet et du Sous-Lieutenant Lestocquoy, ont, par leur marche audacieuse, leur manœuvre habile et leur ténacité, malgré la violente réaction de l'ennemi qui leur a causé des pertes sensibles, prêté un appui très efficace au 116e R.I. en réduisant de nombreux centres de mitrailleuses dans des combats allant jusqu'au corps, à corps.
(Ordre du 8 novembre 1918 du 116e R.I.)
ORDRE N° 139 F
Par Ordre 139 « F », le droit au port de la Fourragère aux couleurs du ruban de la CROIX DE GUERRE est accordé aux COMPAGNIES AS-301 ET AS-302 DU 501e R.A.S. qui ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
ORDRE GÉNÉRAL N° 150 F
Par Ordre 150 « F », le droit au port de la Fourragère est conféré :
1° Aux couleurs du ruban de la MÉDAILLE MILITAIRE : AUX COMPAGNIES 307, 308, 309 DU 501e R.A.S. de Chars Légers, qui ont obtenu quatre Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
2° Aux couleurs du ruban de la CROIX DE GUERRE : AUX COMPAGNIES 303, 304, 305, 306 DU 501e R.A.S. qui ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
DROIT AU PORT DE LA FOURRAGÈRE
ORDRE GÉNÉRAL N° 122 F
Par application des prescriptions de la circulaire N° 2156 « D » du 22 février 1918, le Général Commandant en chef des Armées françaises du Nord et du Nord-Est a décidé que les Unités ci-dessous auront droit au port de la Fourragère :
GROUPE AS-1 GROUPE AS-6 GROUPE AS-15 DU 501e R.A.S.
Ces Unités ont obtenu deux Citations à l'Ordre de l'Armée pour leur belle conduite devant l'ennemi.
(G.Q.G., le 3 septembre 1918.) Le Général Commandant en chef Signé : PÉTAIN.