KELLERMAN   n° 514         28e BCCr   2e compagnie

 

OPÉRATIONS SUR L'OISE       8 JUIN - 13 JUIN 1940

A partir du 8 au matin, l’insécurité est totale. L’ennemi est partout. A l’ouest, il a percé et fonce. Le bataillon rassemble tous ses moyens. Sans désemparer la S.D. et l’atelier réparent. Pour faire face à toutes les missions, des groupements de B., de D. et de Chasseurs sont constitués qui, les 8 et 9 Juin, vont combattre presque simultanément, dans trois directions "Saint-Just-en-Chaussée - Nomptel - Clermont" et permettre à notre infanterie de se dégager.
Une section B (chars BUGEAUD, MURAT et KELLERMAN ), deux sections du 25e BCC et une compagnie du 5e Chasseurs sont dirigés sur Saint-Just-en-Chaussée avec mission de prendre et de tenir toute la nuit le croisement de la N 16 et de la route Montdidier - Beauvais. Point de passage de repli de la 7e DINA.

Témoignage du caporal-chef Maurice Giraud, pilote.
"Le 9 juin, à sept heures, nous étions en place à la sortie de Saint-Just-en Chaussée, lorsqu'un détachement allemand s'avance dans la ville : environ 30 hommes. À 200 m du char il s'arrête pour examiner l'appareil, croyant peut-être que c'était un des leurs.
Le sous-lieutenant Masson me dit : " on va leur faire une petite réception. Obus de 75, obus de 47, le détachement est pulvérisé." Nous allions " au résultat quand un agent de transmission du 12e BCC vient nous chercher : une division nord-africaine est bloquée sur la route de Montdidier par des armes automatiques, des mitrailleuses, des engins blindés ; le commandant de compagnie nous envoie car le blindage du R 35 est trop faible."
Le char 514, KELLERMANN, se met en route seul. Un caporal-chef du 12e BCC vient avec nous, pour nous montrer l'emplacement présumé des armes antichars.
À 1600 m de la sortie de la ville environ, de mon poste de pilotage, je vois soudain, à 300 m devant moi, une lueur. Au même instant le char prend feu (un obus est entré à hauteur des pédales, les éclats me traversant les deux jambes).
Je me retourne ; mes cinq petits camarades sont écroulés, blessés mortellement. J'appelle…… Rien !
À travers les flammes, péniblement, je me traîne hors du char qui brûle toujours ; je tombe épuisé dans un fossé à moitié rempli d'eau, les vêtements et le corps brûlé. J'attends de longues minutes : je ne verrai plus rien de mes camarades !
Après m'être traîné près d'une heure, j'ai réussi, exténué, à rejoindre le commandant de compagnie. Je lui rends compte, puis je perds connaissance."

Le caporal-chef Giraud, pilote, est le seul rescapé.

Equipage :
Chef de char : Lieutenant Etienne Masson
Pilote : Caporal-chef Maurice Giraud
Aide-pilote : Caporal Jean Claverie
Radio : Caporal Jean Lacube
2e Aide-pilote : Chasseur Crépin
un caporal-chef inconnu du 12e BCC

 

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