CROUY n° 404 47e BCC 2e compagnie
Char perçu à Gien le 29 avril 1940
BATAILLE D'ABBEVILLE
COMBAT DU 28 MAI 1940 à HUPPY - LES CROISETTES
Equipage :
Chef de char : Lieutenant Bauché Paul, tué
Pilote : Sergent Rouille Marcel, grièvement blessé
Aide-Pilote : 2e classe Baulmont René, tué
Radio : Caporal Nacré, blessé
COMPTE RENDU de COMBAT du CHAR CROUY
Le Sergent Pilote ROUILLE Marcel
du 47e B.C.C. 1ère Cie
Matricule 2261
A
Monsieur le Général KELLER
Commandant les Chars de Combat
Le 28 Mai 1940, lors de l'engagement de la 1ère Compagnie du 47e B.C.C., le char Crouy n° 404 fut touché en pleine tourelle, côté droit, par un obus de 88 vers 18 H 30, près du Carrefour des Croisettes près de la Commune de Huppy (Somme).
Après avoir traversé plusieurs lignes anti-chars et détruit plusieurs armes ennemies et voitures blindées, le chef du Char Lieutenant BAUCHE fut touché en pleine poitrine et tué sur le coup ; il tomba sur moi qui étant à mon poste de pilotage tournais la tête en entendant les cris ; à ce moment j'eus la mâchoire fracturée en deux endroits, la joue gauche emportée, la langue coupée côté gauche, ainsi que des éclats à l'épaule gauche et dans la partie inférieure de la face.
Pendent ce temps, le Radio Caporal NACRE essayait de sortir du char aidé par mon aide pilote BAULMONT. Mon radio, avait le bras cassé, brûlé aux mains et la face ; il réussit à sortir après bien des efforts ; mon aide pilote BAULMONT sortait à son tour ; à peine couché non loin du char, il fut tué par un obus.
Le feu était dans le char, je ne pouvais sortir étant coincé sur mon siège ; aveuglé par le sang, malgré mes blessures et après de douloureux et terribles efforts je réussis à éteindre le feu, et sortais du char. Là j'aperçus le corps de ce brave BAULMONT, et tombai évanoui dans le terrain pour me réveiller à l'arrivée d'un Char du 46e B.C.C. qui me ramasse ainsi que mon Radio.
Nous sommes conduits au Poste de Secours du 4e Chasseurs, Hôpital Jeanne Hachette à BEAUVAIS (d'où je ne revis plus mon Radio) - Hôpital de Senlis, Alençon, Fougères, Rennes où j'étais lors du bombardement, et au centre Maxillo Facial de Neuilly sur Seine où j'en suis sorti le 17 Juin 1941 après 13 opérations et des souffrances.
Diagnostic de ma blessure :
Double Fracture du maxillaire inférieur avec perte de substances,
Perte partielle de dents ; reste 8 dents - coefficient de mastication 6 %
Vue faible,
Vaste plaie juguale gauche,
Eclats multiples à la partie inférieure de la face et à l'épaule gauche,
Troubles dispepsiques provenant de la mauvaise mastication.
Note du Lieutenant adjoint de Compagnie Jean ORTEL
Le Sergent ROUILLE a en outre eu la présence d'esprit malgré ses souffrances, de détériorer à coups de marteau les 2 magnétos du char afin d'éviter que celui ci puisse servir à l'ennemi, ce fait été constaté lors de la récupération du Char.
Source : Jacques Guérout.