RIVOLI   n° 490      47e BCC   1ère compagnie

 

Perçu par le 47e BCC 1ère compagnie à Gien le 10 mai 1940.

Combat à Abbeville le 28 mai 1940.

Le 5 juin, le  RIVOLI est abandonné, moteur grillé, entre Milly-sur-Therain et le Vauroux.
 

47e Bataillon de chars de Combat
COMPTE RENDU DE FIN DE COMBAT DU LIEUTENANT GAZELLE
(Chef de la 1ère Section)
I - COMBAT du 28 MAI 1940
II - COMPOSITION DE LA SECTION
Section à deux chars                                            -                      

équipages RIVOLI
CROUY
Chefs de char Lieutenant GAZELLE BAUCHE
Pilotes Sergent MIARD
ROUILLE
Aides-pilotes Chassseur GUILLOT
BAUMONT
Radios Chasseur   RIEDINGER NACRE


III - SITUATION AVANT L'ENGAGEMENT
a) zone de stationnement - Bois de Bienflos - venant de Guizancourt
b) déplacements avant le combat : mouvement sur chenilles du Bois de Bienflos à la position de départ (Fontaine le Sec - Oisemont - Doudelainville)
c) emplacement   occupé avant l'attaque :
l'emplacement prévu pour la position de départ était le ravin situé au N.E. de Doudelainville. Par suite de l'arrivée à cette position à 17 h 15 (l'heure H étant 17 h) aucun arrêt ne peut être fait et les chars partent à l'attaque dès leur arrivée au N. E. de Doudelainville.
IV - ORDRES RECUS AVANT L’ATTAQUE
Ces ordres furent donnés verbalement quelques instants avant notre départ de la position d'attente, ils définissaient O1 (côte 104) et O2 (le Mont Caubert), fixaient à la première compagnie la mission de nettoyer en passant le village de Huppy où quelques éléments ennemis étaient installés. L'ordre donnait également quelques détails sur l'importance des forces ennemies dans la région attaquée.
V - ORDRES DONNES EN EXECUTION DE CEUX RECUS
Les deux chars constituant la 1ère section agissaient à gauche du dispositif de progression de la Compagnie, pour parer à une éventuelle panne de radio qui devait d'ailleurs se produire. Il était convenu que les chars de la 1ère Section gardant un contact étroit se suivraient à vue. Le Chef de section aidant le Crouy.
VI - RECONNAISSANCES EFFECTUEES - LIAISONS PRISES  
Aucune reconnaissance ne fut effectuée - Aucune liaison ne put être prise.
VII - TROUPES APPUYEES
Aucune troupe ne précédait les chars à l'arrivée sur la position de départ.
Relation complète, exacte et détaillée de l'action de la section à partir de l'heure H jusqu' au moment du regroupement.
Au débouché du ravin N.E. de Doudelainville, les chars de la Compagnie se trouvent dans une prairie bordée de haies dans laquelle ils cherchent un passage durant quelques minutes, ce passage trouvé une nouvelle haie bordant un chemin encaissé se présenta et fût franchie avec quelque difficulté. Le Rivoli précédait le Crouy dans ces passages.
A ce moment n'étant pas muni de cartes, je n'avais qu'une notion très vague de la direction à suivre, le village de Huppy que nous espérions apercevoir dès le débouché n'était pas visible.
La section progresse le long de la route de Doudelainville – Poultières - Huppy et se trouve à quelques 100 mètres de buissons en apparence inoccupés.
C'est à ce moment que quelques salves de mitrailleuses et vraisemblablement de 37 atteignent le Rivoli. Le Crouy était à ce moment à ma droite. En se dirigeant vers la direction d'où venaient les coups j'aperçus le Jeanne d’Arc, longeant la haie occupée par l'ennemi, écrasant un anti-char dont les servants se camouflaient aussi bien que possible, continuer sa progression.
M'engageant dans ce champ où quelques éléments ennemis avaient eu le temps d’installer mitrailleuses et canons de 37, je m'efforçais de réduire ces résistances. Ma mitrailleuse s'enraye malheureusement et il ne fut pas possible de la dépanner (un étui s'étant coincé violemment). A coups de 75 et de 47 nous nettoyâmes cet  endroit.
Sortant de cette prairie nous aperçûmes l'Arcole qui cherchait visiblement sa voie. Le Crouy n'était plus visible. Nous passâmes quelques instants à nettoyer le bois que nous longions...
Le village de Huppy était toujours invisible. A ce moment mon aide pilote m'annonce que le Naeder fuyait, le niveau transparent était vide d'huile. Nous arrêtâmes le moteur pour essayer d'identifier cette fuite. N'ayant pu y parvenir nous essayâmes de retrouver le village de Huppy. Le Rivoli se porte alors sur la route qui joint Doudelainville à Huppy. Cette route était jalonnée de chasseurs qui s’efforçaient de progresser dans chaque fossé. Ils nous demandèrent de nettoyer une haie dans laquelle étaient encore postés des éléments ennemis empêchant leur progression. Ce nettoyage effectué, le char éprouvant quelques difficultés à virer, nous regagnâmes la position de regroupement sise au N.E. de Doudelainville espérant réparer promptement afin de reprendre le combat. A la fuite du Naeder (plus importante que je ne pensais se joignait une fuite à la tuyauterie de réchauffage du carburateur).
Le combat était terminé pour le Rivoli à 19 h 30. Le Char ne devait être disponible que le surlendemain où il fut affecté, ainsi que le Vercingétorix, à la protection du 4e B.C.P.
IX – PERTES SUBIES EN PERSONNEL ET EN MATERIEL
Le Crouy qui avait vaillamment continué le combat fut retrouvé à 100 m N. E. des Croisettes - ayant brûlé en partie - traversé de part en part d'éclats d'obus et de deux coups de 105. Le Lieutenant BAUCHE fut trouvé mort dans le char
(vraisemblablement à la suite du coup de 105 qui perça la tourelle, provoquant le décollement du tourelleau).
Le Chasseur BAUMONT fut trouvé mort le long du char (vraisemblablement transpercé par le coup de 105 qui atteignit le blindage avant droit à hauteur des glissières).
Le sergent ROUILLE et le Caporal NACRE furent évacués grièvement blessés. On ignore sur quel poste de secours.
X - CONSOMMATION CARBURANT : 150 litres
CONSOMMATION MUNITIONS : Obus de 75 : 15, Obus de 47 : 24
Cartouches de mitrailleuse - néant (enrayée)
CONSTATATIONS FAITES AU SUJET L'ACTION DES CHARS
Action entravée par l'absence de radio et de moyens d'orientation.
L'action d'infanterie ne fut pas liée à celle des chars.
L'action d'Artillerie ne fut pas perceptible.
Le matériel s'avéra résistant à tous les coups inférieurs au 47 mais fût également percé par les coups de 105 perforants.
Le personnel fût à la hauteur de la situation.
L'ennemi était beaucoup plus fortement organisé qu'on ne nous l'avait laissé prévoir.
Le 3 JUIN 1940
Lieutenant   GAZELLE

Informations Jacques Guérout

 

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