Equipage : Chef de char : Second-Maître Serge Vez Tireur : Perrichet, blessé le 25/09 puis Le Gourriérec Aide Tireur : Allain Conducteur : Maupin, blessé le 25/09 puis Le Boulc'h Radio : Mouscardès
Informations : Martial Boucheron
"L'affaire du Terrible" Extrait tiré de "Les fusiliers Marins dans la Division Leclerc" Capitaine de Frégate Raymond Maggiar 1947
Strasbourg le 23 novembre 1944
A la fin de la journée, Josse demanda enfin où est passé Le Terrible. Et voilà ce qu'il apprend.
L'explosion qu'il avait entendu sur sa droite en passant par le travers des casernes était le départ d'un coup de 75. Ce coup lui était destiné. Le 75 était caché derrière un kiosque à journaux et guettait le premier véhicule de la colonne française.
Josse était venu sur la gauche pour éviter la charrette emballée… "Il y a des gens qui ont du pot !" Le Terrible qui le suivait avait pris le coup… "Il y a des gens qui n'ont pas de pot !"
L'obus traverse le bloc avant, passe entre les jambes du radio, ce veinard de Mouscardès, déchire son siège, brise les différentiels des moteurs et s'arrête. Le char aussi... ! Lancé à 50km/h, il est freiné comme un terrible coup de poing. Tout le char vibre sous le choc violent. Mais Vez, le chef de char, est un garçon froid, difficile à émouvoir. Il a vu d'où le coup était parti. Le temps de faire tourner sa tourelle et à 25 mètres, Le Gourriérec fait sauter le canon boche. Le Terrible reste seul, immobilisé devant deux casernes allemandes. Ils sont cinq Français, il y a plusieurs centaines de boches, ils pullulent, il en sort de partout comme des rats.
Mais Vez et ses 4 hommes qui viennent de faire 100km en 3 jours dans les lignes allemandes ont un complexe de vainqueurs. Ils n'hésitent pas une seconde et vont faire payer aux boches la destruction du Terrible. Vez, Le Gourriérec, le tireur ; Le Boulch, le conducteur ; Allain, l'aide tireur ; Mouscardès, le radio ; tirent sur tout ce qui bouge. Et comme les boches ne viennent pas assez vite à l'appel, Vez va les chercher ! Il met pied à terre et accompagné des deux conducteurs, il hèle et rassemble les prisonniers qui arrivent les bras en l'air de 200 mètres à la ronde. On les désarme tout en continuant à tirer mais bientôt, il y en a trop. Vez leur donne l'ordre de jeter leurs armes et déclare qu'il fusillera deux prisonniers pour toute arme trouvée. La menace produit son effet. Les boches ont compris, ils jettent tout ce qu'ils possèdent.
C'est au moment où Vez promène un regard satisfait sur le troupeau devenu docile d'au moins 200 boches, au moment où un Colonel allemand lui offre, en guise d'hommage, son revolver et son appareil photo… C'est à ce moment que le second drame se produit !
Vez entend soudain cracher la mitrailleuse du Terrible, il fronce le sourcil, regarde. Dans la cours de la caserne, à moins de 100 mètres, sort un groupe compact d'allemands. Les balles abattent les premiers rangs et soudain, Vez s'aperçoit que derrière cet écran, les boches traînent un canon de 75. Les balles ricochent maintenant sur le masque de la pièce. A 30 mètres du Terrible, le 75 en batterie va tirer !
Aussi vite qui lui permet son pointage à main, Le Gourriérec amène sa tourelle sur le canon boche. Trop tard ! Le 75 boche tire le premier. Son obus traverse Le Terrible de part en part. Le Gourriérec et Allain, indemnes sautent à terre à moment où les flammes jaillissent de partout. En quelques secondes, Le Terrible n'est plus qu'un brasier qui crépite de l'explosion de ses obus (…) !
Vez met son troupeau en marche et s'éloigne des casernes. Avant de donner livraison de ses prisonniers, il les compte. Il y en a 178 dont 18 officiers.
(…) Quelques jours plus tard, le long du Rhin à bord du Terrible II, Vez avait au bout de son canon un char et 3 automitrailleuses allemandes. Le Terrible I était vengé !
|