Equipage : Chef de char : André Magnien, Tireur : Jean Casteran dit " P'tit Jean ", Pilote : Lucien Lozza dit " La Chouette ", Radio : Marcel Valente Chargeur : Henri Martinez
EVENOS 21 AOÛT 1944
Lucien LOZZA relate l'odyssée du tank-destroyer "DRAGON", depuis son débarquement à Saint-Tropez jusqu'à la disparition de son chef. 20 août 1944 à 6 heures : "DRAGON" débarque de son navire de transport. Nous foulons enfin le sol de la patrie. A 8 heures, notre escadron (le 4e) se rassemble à Saint-Tropez devant la ferme de l'Amirauté. Dès lors, tout va très vite… A 10 heures, les tubes des canons et les soutes à munitions sont approvisionnées et nous mettons le cap à l'ouest. L'avance est rapide. 21 août : il est tout juste 5 heures quand nous traversons Sainte-Anne d'Évenos. Nous sommes en tête de colonne et grimpons par le chemin du Cimaï, guidés par des civils. Arrivé en vue de Pipaudon, notre char, accompagné du lieutenant de ROCHAMBEAU, commandant le peloton, reçoit l'ordre de tirer sur l'objectif. Étant à distance raisonnable, nous ouvrons aussitôt le feu. Mais nous avons été repérés et la réplique ne se fait pas attendre. Qui plus est, avec du gros calibre ! Les tirs proviennent de la montagne en face (Gros-Cerveau). Descendu à terre pour mieux régler le tir du char, André MAGNIEN est atteint à la tête par un éclat. Son casque est perforé. Il meurt pratiquement sur le coup. " C'était un chic type " Lucien LOZZA ajoute : " MAGNIEN, notre chef, était un chic type. C'était un frère pour nous. Natif de la région, il avait eu la joie, en traversant certains villages, de retrouver de bons amis. Il leur avait même fixé rendez-vous pour après. Le destin est cruel… La mort de ce garçon jeune, dynamique et courageux nous a bouleversés. Les tirs ennemis devenant plus précis, c'est le cœur serré que nous nous sommes repliés. Péniblement, nous avons rejoint le village du Broussan où nous avons été accueillis dans la joie. Certes, pour nous, la bataille aura été brève. Elle a hélas coûté la vie à notre camarade ". Et de conclure : " quelques jours plus tard, au Brûlat où l'on nous avait regroupés, quelques jeunes sont venus admirer nos tanks-destroyers. Parmi eux, un proche ami d'André MAGNIEN avec lequel nous avons sympathisé. C'est à lui que nous avons remis le casque troué. Il a promis de le déposer sur sa tombe… " Enfant unique, né à Toulon en 1922, André MAGNIEN avait été élève au collège Rouvière. Après avoir fait les Chantiers de jeunesse en A.F.N., il s'engage au 7e Régiment de Chasseurs d'Afrique jusqu'à ce fatidique matin du 21 août 1944, où il tombe, mortellement blessé à la tête, pendant le siège du fort de Pipaudon. Il commandait le TD DRAGON
Informations : Capitaine (H) Francis JOSSE Secrétaire de l'Amicale du 7ème Chasseurs (d'après un article de presse fourni obligeamment par Messieurs Paul PAXÉ et Romuald RETTIEN)
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