BRAZZAVILLE n° 289 28e BCC 3e compagnie
Affecté au 1er bataillon du 512e RCC à Châlons.
Versé au 28e BCC le 26 août 1939.
Souvenirs du Sous-Lieutenant Bernard Lemaire, chef de char
"C'était l'un des 6 chars sur les 10 de la 3e compagnie du 28e B.C.C. arrivés sur la position de départ le 14 mai au nord de Flavion en Belgique. Les 4 autres chars étaient soit en panne d'essence, soit en panne de Naëder.
Vers 8h30, l'attaque allemande se déclenche et nous recevons une grêle d'obus. En ripostant, je constate que mon blocage de tourelle ne fonctionne pas, d'où pivotement de la tourelle à chaque départ de 47 et perte de temps pour repointer. Puis nous recevons l'ordre de repli que le lieutenant Konninck, mon chef de section sur le TOMBOUCTOU, ne peut exécuter, son Naëder étant en panne. Après le combat il est fait prisonnier avec son équipage. Peu après le repli, la 5e panzer arrive et les tirs reprennent. Contrairement à ce qui est dit dans le journal de marche du bataillon, le BRAZZAVILLE ne fut pas atteint par un obus de 150 mais par 3 obus de moindre calibre arrivant coup sur coup presque au même endroit et tirés par un antichar, provoquant de gerbes d'éclats de blindage rougeoyants de plus en plus importants qui ont blessé tout mon équipage (mon pilote Aubert est ensuite décédé à l'hôpital). Les coups ayant porté "bas", j'ai été épargné. Sortant du char, nous avons été recueillis par le TUNIS et le CASABLANCA après une course à découvert accompagnée d'un tir de mitrailleuse dont je voyais les balles traceuses passer près de nous.
Travaillant à Paris en 1941, j'ai eu l'occasion de revoir le BRAZZAVILLE dans une cour de chez Renault, mais de dos. Une sentinelle allemande m'empêchant de l'approcher, j'ai demandé à un ouvrier d'aller voir les impacts à l'avant du char et m'a confirmé ce que je pensais : les obus, dont il n'a pu me donner le calibre, n'ont pas percé le blindage mais les gerbes d'éclats ont suffi à blesser l'équipage et rendu le char inutilisable. Il est aussi vraisemblable que la liaison mécanique pilote-canon de 75 a été endommagée."
Equipage :
Chef de char : Sous-lieutenant Bernard Lemaire.
Pilote : Caporal René Aubert.
Aide-pilote : Chasseur Georges Mandin.
2e Aide-pilote : Chasseur René Saludes de Ruitz
Radio : Caporal Dupré.