DOUAUMONT           501e RCC    3e Compagnie

 

M 4 A2 n° 40     matricule : 420-584  Photo : ECPA

Chef de char : Sergent Marcel BIZIEN, tué le 25 août 1944 remplacé par le Sergent GIANGANDI, tué le 17 septembre 1944
Tireur : MIGURAS (après le 17 septembre muté sur char ARGONNE II)                 
Radio chargeur :
Pilote : Maurice GATOR, tué le 13 août 1944, remplacé par CAMPILLO, remplacé par DELEPINE ?
Aide pilote : CAMPILLO, devient pilote du char à Paris

Paris 25 août 1944
A 13 heures, sous le commandement du commandant de La Horie, la 1ère section de chars (lieutenant Bénard) se lance à l'attaque de l'hôtel Meurice appuyée dans sa progression par deux sections d'infanterie du Tchad. L'hôtel Meurice est le Q.G. du général von Choltitz, commandant la garnison allemande du "Gross Paris". La progression commence le long de la rue de Rivoli ; les fantassins bondissent de pilier en pilier et de porte en porte ; le lieutenant Bénard défonce une barricade antichars et débouche sur la place de la Concorde. Là, son char de tête le DOUAUMONT (chef de char, sergent Bizien, vingt et un ans) tombe nez à nez avec un Panther, engagé dans un duel au canon avec des Sherman qui le tirent du haut de l'avenue des Champs-Élysées. Il lui envoie l'obus qui est dans son 75, un explosif dont l'effet est nul sur l'épais blindage de l'Allemand ; puis le tireur, n'ayant plus de perforants sous la main, recharge avec un fumigène encore plus inefficace. Cependant le Panther commence à tourner son terrible 75 PAK vers le DOUAUMONT, mais heureusement sa tourelle, actionnée à la main, ne peut tourner rapidement : le conducteur du DOUAUMONT, Campillo, fonce sur le Panther et l'éperonne ; le 75 allemand, vu sa longueur, est arrêté dans sa rotation par la paroi de la tourelle du DOUAUMONT et ne peut tirer sur celui-ci. L'équipage boche, profitant du nuage artificiel provoqué par le fumigène, quitte son Panzer et s'engouffre par la grille de la place de la Concorde dans le jardin des Tuileries.
Hélas ! à peine le sergent Bizien qui, fou de joie, s'embrasse avec son équipage, se remet-il en route, qu'une balle tirée d'un toit l'atteint en pleine tête. Il s'écroule, mort, dans sa tourelle. Encore un ancien de la compagnie qui part en héros !
Hasard étrange : dix mois plus tard, sur l'autostrade de Munich, les chasseurs de l'équipage du DOUAUMONT II qui est tombé en panne, interpellent un tankiste allemand, qui passe muni d'un laissez-passer américain, pour rejoindre son foyer ; ils lui demandent un coup de main - entre collègues des chars - pour les aider à faire monter leur Sherman sur un porte-chars ; au cours de la conversation, ils apprennent de lui qu'il était précisément le conducteur du Panther allemand éperonné place de la Concorde par le char qu'il aide à manœuvrer.

Chatel le 17 septembre 1944  
De Nomexy où je suis avec ma jeep, et où les obus éclatent de tous côtés, je vois à la jumelle tout le combat se dérouler à quelques centaines de mètres devant moi. Soudain, j'aperçois un de nos chars qui flambe. Lequel est-ce ? Quels sont ceux de mes camarades qui se débattent dans les flammes ? C'est le DOUAUMONT.
Voici ce qui s'est passé, d'après ce que me dira plus tard un membre de l'équipage. Le tireur Miguras, un volontaire chilien, les yeux collés à sa lunette, aperçoit une masse sombre dans un buisson ; il prévient aussitôt le chef de char, le sergent Giangandi, mais celui-ci lui dit : ne tire pas, c'est peut être un Sherman. Miguras insiste, mais Giangandi veut être sûr que ce n'est pas un char français. Enfin Miguras ne doutant, plus qu'il a affaire à un boche, appuie sur la détente en hurlant : "Merde, je tire !" A la même fraction de seconde le tireur boche fait feu, lui aussi, et son obus atteint le DOUAUMONT en pleine tourelle. L'équipage saute du char qui commence à flamber ; le malheureux Giangandi, gravement touché, fait des efforts surhumains pour sortir du char. Son buste émerge de la tourelle et il crie, il hurle : "Sauvez-moi, les copains, sauvez-moi ! " Un de ses camarades regrimpe sur le char : au moment où il va le saisir, le souffle d'un obus de 88 le rejette à terre. Giangandi disparaît dans l'explosion des munitions du char. C'était un nouveau à la compagnie, qu'il avait ralliée en Normandie après avoir fait plusieurs mois de maquis dans des conditions très pénibles. Le jour de son arrivée, voyant nos chars, il nous avait dit : "C'est une vraie partie de rigolade de faire la guerre avec un pareil matériel ! "
Le caporal-chef qui avait tenté de le sauver sautait pour la 3e fois avec son char : pour la 3e fois il n'avait pas la moindre égratignure.

 

 

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