CHEMIN DES DAMES       501e RCC  3e Compagnie

 

M 4 A2 n° 41 matricule :  420-566

Grussenheim    26 janvier 1945
"Nos quatre chars, eux, se lancent à l'attaque. Tout soutien d'infanterie est impossible, car les fantassins ne peuvent progresser à pied dans la neige, tant elle est épaisse ; cela promet de barder, à en juger d'après les cinq chars français qui ont été mis hors de combat quelques heures plus tôt, au cours d'une attaque infructueuse, et que nous voyons encore en train de brûler. Parmi eux se trouve celui d'un de nos anciens camarades de la 3e compagnie, l'aspirant Picard, qui a été tué dans sa tourelle. C'était son premier combat de chars, et il avait vingt et un ans.
L'ennemi dispose de quatre de ses trop fameux 88 automoteurs, type Nashorn, les plus puissants de ses antichars. Et ceux-ci ont l'avantage d'être cachés dans des buissons et d'attendre que nos chars se montrent à découvert.
Ces derniers s'avancent en formation déployée, à travers un terrain peu accidenté, après avoir embarqué sur leurs plages arrière les chasseurs du groupe franc du sergent Minozi. Les mitrailleuses avant des chars arrosent les buissons dans lesquels se cachent les tirailleurs allemands, sur lesquels nos fantassins tirent, eux aussi. Minozi en tue plusieurs à coups de carabine. Les chefs de chars, la tête hors de la tourelle, scrutent à la jumelle, à s'en faire mal aux yeux, la lisière des bois dont ils s'approchent.
Tout à coup le chef de char du CHEMIN DES DAMES aperçoit une masse sombre : c'est un des Nashorn. Il ouvre instantanément le feu, et en un clin d’œil l'automoteur allemand brûle comme une torche. Mais à son tour le CHEMIN DES DAMES est pris à partie par un deuxième Nashorn. Le sergent-chef Minozi, posté sur la plage arrière du char, et qui l'a repéré, hurle "Tourelle à droite", mais trop tard : l'Allemand a bien visé, le CHEMIN DES DAMES est atteint de plein fouet. Minozi est projeté loin du char mais s'en tire sans dommage ; le chef de char, bien que très sévèrement blessé, réussit à sauter à terre, mais notre pauvre camarade Mager n'a pas cette chance : gravement touché, il parvient à grand'peine à se hisser hors du char au milieu des flammes, mais là ses forces l'abandonnent... Le lendemain un volontaire ira sous les obus chercher son cadavre calciné et ratatiné : c'est tout ce qui restera d'un joyeux compagnon de vingt ans qui, hier encore, nous faisait rire avec ses blagues.
Le FRANCHEVILLE, de son côté, prend à partie le dernier des automoteurs. Celui-ci, voyant la partie perdue, décroche en vitesse. Belle victoire ! Trois Nashorn cramés en moins de cinq minutes et le quatrième peut-être atteint. Les Boches ont payé cher notre CHEMIN DES DAMES.
Un peu plus tard, un quatrième automoteur, détruit par le FRANCHEVILLE, viendra s'ajouter au tableau de chasse de la 3e compagnie. Le FRANCHEVILLE est commandé par l'adjudant Huot qui, fait extraordinaire, a reçu deux fois la médaille militaire. Elle lui a été attribuée une première fois en 1940 alors qu'il était déjà dans les chars ; mais, passé en Angleterre, il ne l'a pas appris avant de s'évader ; elle lui a été conférée une seconde fois peu avant le combat du carrefour 177."

Source : Du Cotentin à Colmar de Maurice Boverat Editions Berger-Levrault 1947

Equipage :
Chef de char :  Lieutenant MEYER Raymond, blessé le 16 août 1944 en Normandie                         
                    remplacé par DAVREUX Jean (après Paris)
                   remplacé par MEYER Raymond, blessé le 31 octobre à Hablainville
                    remplacé par le Lt Pierre de la FOUCHARDIERE grièvement blessé le 26 janvier 1945
Tireur :      André ISSALY  indemne
Chargeur :    CHAPON puis Armand MAGER  tué le 26 janvier 1945
Pilote :      ROBIN, en permission à Badonviller et Strasbourg remplacé par Henri PRINGENT  blessé
Aide-pilote :  RODOLPHY jusqu'à Chatel remplacé par COURCIER jusqu'en janvier, devient tireur sur le char LES      EPARGES (n°43) remplacé par DANIC Marcel

 

 

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