MARRAKECH II 1er RC 3e Escadron
M 4 A4 n°45 matricule : 420-227 | ||
Détruit à Orbey (Haut-Rhin) le 16 décembre 1944 La fin de l’épopée du MARRAKECH II : Récit de Jean Mignot, Chef de Char Comme le MULHOUSE, il fut également touché sur la route du Faing. Avec un groupe de Tirailleurs, il avait nettoyé la partie Nord-Est d’Orbey en descendant par la rue de la Place en direction de Lapoutroie, à partir de la maison de Charles PIERRE. Puis il avait été ravitaillé en essence comme en munitions. Peu après midi, Jean MIGNOT, qui devait se trouver au bas de la rue Charles de Gaulle, reçut la mission de se porter au soutien des Tirailleurs qui ont atteint un pont à 8 ou 900 m de là. A gauche, ce matin, une arme antichar s'est révélée à la sortie de la ville. Pour l’équipage, tourelle en surveillance à gauche, et en avant. Le pilote est bien rôdé. Nous passons les dernières maisons, un petit cours d’eau à gauche, puis la route fait un coude. A gauche, une petite bâtisse, à droite une ferme je crois. Le petit bois à gauche commence à apparaître. Le bois semble calme, mais, hélas, le danger n'était pas à gauche mais bien à droite. Les minutes qui suivent seront les plus pénibles ; tout va aller très vite. Le char à peine arrêté, un bruit de verre brisé. J’ai compris : “Tireur, tourelle à droite toute “. Le premier obus est arrivé de plein fouet et a percé l’avant. Les moteurs s'arrêtent. Le pilote et l’aide-pilote ne répondent plus, la fumée commence à s’élever de l’avant du char. Plus de courant, donc je dis au tireur : “Tourelle mécanique “. Le tireur aura le temps de remettre la tourelle dans l’axe car, à la main, elle tourne à la vitesse d’un escargot. L‘ennemi, constatant que nous dirigeons le canon vers lui, continue de tirer sur l’arrière droit du char, visant le réservoir à essence, mais si les obus laissent des traces, l’angle de tir est suffisant pour les faire ricocher. Bientôt nous sommes seuls. Le canon est dans l’axe mais il est impossible de continuer. La vitesse de rotation de la tourelle nous demande trop de temps et nous avons déjà encaissé six obus. La fumée envahit la tourelle. Seule solution : essayer de s'en sortir. De la tourelle, impossible de voir ce qui s’est passé à l’avant, mais pas de cri ni de plainte : tous deux ont dû être touchés à mort. Il va falloir évacuer la tourelle sous le feu ennemi. Avant que j’aie fini de donner les consignes d’évacuation, le tireur s’éjecte par la tourelle et se sauve dans la nature. Je dis alors au radio-chargeur qui ne peut sortir avant moi : “Fais exactement comme moi !” Et d’un bond nous nous laissons rouler sur la plaque moteur et atterrissons à l’arrière du char. Nous essayons de voir si on peut passer devant et s’il y a moyen de faire quelque chose pour les deux camarades, mais, hélas, la mitrailleuse ennemie nous l’interdit. C’est le cœur gros qu’il va falloir quitter les lieux. Je dis au radio-chargeur. “Tu vois le ruisseau, il faut sauter dedans et à quatre pattes rejoindre les maisons, mais attention à la mitrailleuse ! “. Sitôt dit, sitôt fait. Je ferme la marche, quelques rafales ratissent la berge. Remontés sur la route aux premières maisons, je cherche mon tireur. Un camarade me dit : “Il est à l'infirmerie. Il a reçu une balle en plein cœur. Il a été fauché par la mitrailleuse en se sauvant". Deux c'était beaucoup, mais trois c'est très dur. Là se termine l'épopée du MARRAKECH II. |
||
|