Chef de char : Maréchal des Logis-chef Louis Lolliot, blessé le 7 octobre 1944, puis Brigadier-chef Gallan, tué le 1er décembre 1944. Pilote : Cuirassier Henri Faurel, tué le 7 octobre 1944. Tireur : Cuirassier Amengal, tué le 7 octobre 1944. Aide pilote : Cuirassier Serge Fritsch, tué le 7 octobre 1944. Radio-chargeur : Cuirassier Lucien Legrand, grièvement blessé.
REMANVILLERS (Vosges) le 7 octobre 1944 A 17 heures, le village a été nettoyé et occupé. La nuit est proche, la progression ne sera pas poussée plus loin. Deux chars devront cependant faire une patrouille jusqu'à l'Etraye, le faubourg Nord de Ramonchamps. Il l'exécuteront seuls, sans accompagnement d'infanterie. .. Le JOURDAN démarre, suivi du DUGUESCLIN, et file d'un seul bond vers l'objectif qui lui a été assigné. Il tire de toutes ses armes... Panique dans l'Etraye.... des Allemands sortent des maisons, se pressent dans la rue, les bras levés... Le maréchal des logis-chef Lolliot qui commande le JOURDAN, continue à pousser en avant. Le DUGUESCLIN suit toujours, à une centaine de mètres... Une lueur jaillit tout à coup de la fenêtre d'une maison... Le JOURDAN vient d'être atteint d'un coup de Panzerfaust, juste au dessus du volet de conducteur... Le conducteur, le cuirassier Henri Faurel, atteint en pleine tête est tué sur coup. L'aide-conducteur, le cuirassier Serge Fritsch, est mort également, touché en pleine poitrine. Le tireur, le cuirassier Amengal, a les deux jambes broyées et est mourant. Le maréchal des logis chef Lolliot et le cuirassier Lucien Legrand, chargeur, sont blessés par de nombreux éclats. Malgré ses blessures, le maréchal des logis chef sort du char et tire derrière lui le cuirassier Legrand. Il se porte ensuite au secours d'Amengal et parvient à grand peine à le dégager de la tourelle. L'ennemi commence à réagir violemment : les obus pleuvent autour des sherman. Le maréchal des logis chef Lolliot, le colt à main rassemble les prisonniers pendant que le maréchal des logis chef Schatacz, chef de char du DUGUESCLIN manœuvre pour accrocher le câble de remorquage. Le câble est en place, mais qui prendra les commandes du char endommagé ? le maréchal des logis chef Lolliot n'hésite pas, armé d'une barre à mine il monte sur le JOURDAN et tente d'ouvrir le volet du poste de conduite... Impossible, il est coincé... Une seule solution : le trou d'homme... Il descend du char, rampe sur le sol, se glisse dans le poste de conduite, écartant le corps de Fritsch... Rien à faire pour enlever le corps de Faurel... Il faut s'asseoir sur les genoux du mort. 19h30 Les deux chars regagnent Remanvillers avec soixante prisonniers.
LUTTERBACH (Haut-Rhin) le 1er décembre 1944 Une contre attaque est montée pour reprendre et consolider la tête de pont établie au nord de la Doller. Les Sherman démarrent à 13 heures. Le glorieux JOURDAN ouvre la marche, attaquant pour la première fois sans son chef, le Maréchal des Logis-chef Lolliot, qui vient de quitter le 2e Cuir. Derrière, le JEAN-BART, char du Maréchal des logis chef Bourassin, suivi, lui-même du JOFFRE, char de l'Adjudant-chef Formell. Le JEANNE D'ARC II et le JOUBERT II restent momentanément en appui, à hauteur du passage à niveau, base de départ. Au dernier moment, alors que le JOFFRE est déjà engagé sur le remblai de la voie ferrée, un message radio signale que la préparation d'artillerie sera prolongée jusqu'à 13 heures 30. Les Sherman s'arrêtent, puis joignent leur voix à celles des 105, pilonnant sévèrement leur objectif tout proche. 13 heures 30.. Le JOURDAN passe le pont et bondit sur l'objectif, suivi par les autres chars du peloton. Le croisement de la voie ferrée avec le chemin joignant la fabrique au château d'eau, est atteint en quelques minutes. Mais réaction de l'ennemi... Deux coups de bazooka frappent le Sherman, l'immobilisant. "A terre ! " commande le chef de char. Les hommes quittent leurs postes de combat, se glissent, un à un, dans les trous d'obus.. c'est le tour du Brigadier Galan... Il apparaît à la tourelle, la mitraillette à la main et les poches bourrées de chargeurs... Une rafale d'arme automatique le fauche au même instant. Le JEAN-BART qui a vengé le JOURDAN en abattant le tireur de bazooka posté contre le remblai de la voie ferrée, continue, mais faisant face de tous les côté à la fois, il est bientôt sur le point d'être à court de munitions. L'Adjudant-chef Formell fait passer aussitôt en tête le JEANNE D'ARC II et le JOUBERT II. .... En fin de journée, le Lieutenant Bérard donne l'ordre à l'Adjudant-chef Formell de ramener le JOURDAN sur la rive sud de la Doller. Le char blessé est pris en remorque par le JEAN-BART qui l'entraîne sans incident jusqu'au pont ; ici, catastrophe... la moitié de l'ouvrage est déjà franchie quand le JOURDAN glisse et passe en partie à travers la claire voie du tablier. Tous les efforts pour le dégager de cette position étant restés vains, le Lieutenant Bérard ne peut qu'alerter le dépannage régimentaire. La nuit est tombée, les canons ennemis battent sans relâche les alentours du pont et le pont lui-même. Il est impossible de rien entreprendre avant le jour. Le 2 décembre, le Commandant Quiniou et le Lieutenant Monier, chef du peloton d'échelon, reviennent au pont avec trois rescapés de l'équipage du JOURDAN. Rampant sur la voie ferrée, ils tentent d'étayer avec des traverses le tablier défoncé de l'ouvrage. Entreprise héroïque car l'ennemi tire furieusement sur le pont des lisières de Lutterbach et de Pfastatt, à peine distantes de 7 à 800 mètres... Essai infructueux qui se solde par deux blessés, le Brigadier-chef Forbras et le Cuirassier Tortosa... Le JOURDAN est dès lors condamné : les canons ennemis s'acharnent de plus en plus sur lui ; il est atteint par un obus de 88 et brûle, communiquant le feu aux madriers du pont.
Source : JOURNAL DE MARCHE du 2e Cuirassiers
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