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                                 LE 45e BATAILLON

                DE CHARS DE COMBAT

                                                                                                                                                                               auteur Eric Denis

Historiquement, et depuis sa création, la Gendarmerie assume régulièrement des missions de combat, et souvent avec succès. Pourtant, pendant la Première Guerre Mondiale, on ne lui confie qu’un rôle de police. En septembre 39, elle exprime à l’État-major sa volonté de renouer avec cette tradition, et de constituer une unité apte au combat. Celui-ci hésite, car la guerre venant d’éclater, la Gendarmerie voit ses missions se multiplier.
Mais il donne finalement son accord, à condition de n’utiliser le personnel de la Gendarmerie que pour les unités combattantes et d’encadrement. Le reste des effectifs sera constitué de soldats mobilisés ayant servi dans des unités blindés, et de réservistes.

A cette époque, la Gendarmerie dispose déjà d’une unité motorisée et blindée, c’est le Groupe Spécial de Garde Républicaine Mobile, stationné à Satory. Elle est équipée depuis 1938 d’automitrailleuses M29. La M29 (AMC Schneider P16) est à l’origine un engin de Cavalerie réformé en 1937, car remplacé par des Somua S35. C’est un blindé semi-chenillé de 6,8 tonnes armé d’un canon court de 37 et d’une mitrailleuse coaxiale, le tout sous tourelle. Cette unité de la Gendarmerie n’a pourtant pas vocation à combattre, c’est un dernier recours, si les forces de sécurité classiques se révèlent incapable de maintenir l’ordre.

Le Groupe Spécial devient donc le 45e bataillon de chars de combat. Les effectifs de l’unité se composent d’une vingtaine d’officiers de l’Arme et d’environ 270 sous-officiers et gendarmes. Ils sont complétés par une quinzaine de cadres venant de l’infanterie et d’environ 270 chasseurs en provenance du 505e Régiment de Chars de Combat de Vanne. Les débuts du 45e BCC sont difficiles, car la pénurie de matériels nuit à l’entraînement jusqu’au 15 mars 1940, date à laquelle elle perçoit ses dotations et se voit équipée de chars R 35, puis avec des H 39 à la fin du mois d’avril. Le 29 avril, le 45e BCC quitte Satory, et rejoint le camp de Mourmelon dans la région de Reims. L’entraînement sera de courte durée, avec des H 39 encore en rodage, et dotés de chenilles d’instruction. De plus, et comme beaucoup d’autres, les chars sont dépourvus de radio, et doivent communiquer entre eux à l’aide de fanions.

Le 12 mai, le 45e BCC rejoint la 3e DCR dont il devient une unité organique.
Il est engagé à Stonne (Ardennes), du 14 au 19 mai, face à la 10e PanzerDivision et au Regiment GrossDeutchland dont il stoppe la progression, accusant de lourdes pertes. Il combat ensuite à Brieule-sur-Bar, à Sy et Tanay. Mis en réserve le 25 mai à Boult-aux-Bois, il se réorganise, puis rejoint Grand-Pré, où il est mis au repos et en profite pour réparer ses matériels.

Le 7 juin, le 45e BCC remonte au front au nord de Sommepy, puis participe à une contre-attaque destinée à briser l’encerclement des troupes françaises enfermées dans la région de Perthes. Il contre-attaque encore à Suippes, et couvre à partir du 12 juin le retrait des troupes vers Autun. L’unité continue ensuite sa retraite vers le Sud, et défend Montbard, en couverture de la 3e DCR Elle livre ensuite ses derniers combats à Précy-sous-Thil et Saulieu. Dépassée par les troupes allemandes, elle forme alors une colonne de véhicules légers, et tente de rejoindre Autun. Mais les rescapés sont capturés à Tavernay le 17 juin. Le 45e bataillon de chars de combats a cessé d’exister, seule subsiste son unité de dépôt. Il sera dissout officiellement le 1er septembre 1940, ses pertes totales se porteront à 34 morts, 59 blessés et 4 disparus. Les quelques Gendarmes restant formeront en 1941 une brigade motorisée équipée de side-cars.

Le 45e BCC sera cité, après la guerre, à l’ordre de l’Armée.