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                  42e BATAILLON

DE CHARS DE COMBAT

      1ère Compagnie Autonome

                                                                                                                                               retranscrit par Alain Cholin

 

Origine de la Cie : La Cie a été prélevée le 2 mai 1940 sur le 48ème B.C.C à l'instruction au camp de COËTQUIDAN.

Le 48ème B.C.C a été formé le 13 novembre 1939 par le dépôt de chars n° 508 à LUNEVILLE. Le chef de bataillon MASSENA de RIVOLI en a pris le commandement à cette même date.
Le bataillon quitte LUNEVILLE pour COETQUIDAN le 15 Novembre où, avec des chars FT puis des H 39 (1 par Cie), l'instruction est menée aussi rapidement que les moyens dont il dispose.
Choisie et désignée par le Colonel LEBRIGAND, la 1ère Cie du 48ème B.C.C commandée par le Capitaine BERTTRAMELLI rejoint VERSAILLES le 2 mai 1940 pour y percevoir son matériel.

Le 15 Mai la 1ère Cie est sur pied de guerre. Dès lors elle sera désignée sous l'appellation de 1ère Cie du 42ème B.C.C (1/42).

15 mai 1940 : le 15 Mai, la Cie doit embarquer pour rejoindre le 42ème B.C.C dont elle fait normalement partie.
L'ordre d'embarquement est différé et le 15, à 16 heures, elle est alertée et dirigée sur SAINT-DENIS (moins l'échelon) où des manifestations sont signalées.
Elle cantonne dans la caserne de l'infanterie coloniale et y demeure de 10 heures à 17 heures.
À 17 heures, l'ordre est donné de porter la Cie en direction de CHATEAU-THIERRY, où elle est rejointe , le 17 à 5 heures par l'échelon qui a quitté VERSAILLES le 16 à 16 heures.

16, 17, 18, 19 et 20 mai 1940 :
La Cie a pour mission de garder les ponts de la Marne de DORNANS à LA FERTE en plaçant un char à chaque pont. Les équipages ont reçu pour mission de canaliser les réfugiés vers certains points de passage obligés, d'assurer, nuit et jour, la protection des ponts contre les engins blindés. Ils sont en rapport direct avec les éléments du génie chargés de la destruction de ces ouvrages.
L'échelon cantonné à CHATEAU-THIERRY, assure du 17 au 20, l'entretien et le ravitaillement des chars ainsi que l'approvisionnement, par chenillettes et camionnettes sous de violents bombardements aériens.
Certains ponts sont pris comme objectifs par l'aviation ennemie. Quelques chars sont encadrés par les bombes. Aucun appareil n'est atteint. Le personnel est indemne.

21 mai 1940 : La Cie reçoit l'ordre de se porter dans le bois d'EPIEDS. Les pleins sont faits et la Cie gagne MURRET-LES-CROUTTES.
La S.E qui avait fait mouvement de CHATEAU-THIERRY à ESSISES rejoint les sections de combat à MURET.

22 mai 1940 : Départ de MURET pour les bois nord de la ferme de CHEMY. Les chefs de section se portent avec le Commandant de Cie en direction de JOUY, NANTEUIL-la-FOSSE, SANCY, en vue d'étudier le terrain pour des attaques éventuelles.

23 mai 1940 : Départ des bois de CHENY pour CHASSENY. La S.E qui se trouvait à MURET, rejoint les sections de combat.
Travail effectué : Edification de barricades, installation des chars aux issues, mise sur pied de la D.C.A, entretien du matériel, parage des freins de canons. Les chefs de section étudient sur place puis par reconnaissance, le terrain, en vue de contre-attaques éventuelles.
Quatre terrains de contre-attaques sont reconnus en direction de BOURG-en-COMMUN, CEUILLY, PONTAVERT et BERRY-au-BAC.

Le 2 juin, départ de HOURGES pour SERZY et PRIN. Dès l'arrivée à SERZY la garde des issues est organisée, 1 char à chacune des sorties du village.

4 juin 1940 : à 23 heures, la Cie est alertée. Des parachutistes ont été signalés ou sont à craindre.
Tout le personnel est à la garde des issues avec les chars embossés. La section du Lieut. HEYMES est prête à démarrer au premier signal. Ce dispositif est gardé jusqu'au 5 à 11H.

5 juin 1940 : La Cie reçoit à 14 heures du VIIème corps, l'ordre de faire mouvement immédiatement avec tout le personnel et le matériel disponibles.
Le premier point de destination, BRAINE, sera en cours d'exécution du mouvement, reporté à SERMOISE. Le mouvement s'effectue sous un bombardement violent.
A 18h30 à CROUY, le Lieutenant PICOT retrouve le Capitaine BELTRAMELLI qui part en reconnaissance et lui donne l'ordre de porter les chars ainsi que les camions à essence et à munitions au bois sud de CHAVIGNY et la section d'échelon à POMMIERS sous les ordres de l'Adjudant DONJON.
A 20h30 le Capitaine, de retour, fait porter à la Cie à CHAVIGNY avec comme mission d'assurer la protection du village et de prendre une position de départ au Nord de CHAVIGNY en vue d'une attaque en direction du Nord appuyée par le 2ème bataillon de volontaires étrangers.
Le ravitaillement en essence est effectué à 22 heures. À 23h30 ordre est donné par le Colonel Commandant l'I.D. 7 d'attaquer immédiatement en direction de BAGNEUX où des éléments blindés sont signalés venant de la direction de COUCY-le-CHATEAU.
A 24 heures, la Cie attaque avec ses quatre sections. La nuit est très obscure. La Cie se guide à la lueur des villages en flammes. Pendant une heure, la Cie tire à 150 mètres sur le village de BAGNEUX. A son retour elle est suivie par une série de fusées éclairantes et saluée par de violentes rafales d'artillerie.

6 juin 1940 : Au retour, les chars reprennent leur position initiale en vue d'assurer la protection du village et de pouvoir reprendre l'attaque en direction du Nord.
Vers 7 heures, départ de la Cie (moins la C.E.) de CHAVIGNY pour CLAMECY, par le Nord de SOISSONS. Bombardements à l'arrivée.
Section d'échelon : Le Capitaine donne l'ordre au S/Lieut. LAURAIN d'emmener la S.E. À POMMIERS. Arrivée à destination à 9h30 sous un violent bombardement aérien.
À 11 heures, ravitaillement à CLAMECY, par camionnettes.
À 12 heures, l'Adjudant DONJON part à AINCHAIR pour l'approvisionnement et ne rentre pas. Il est disparu.
Dans l'après-midi, vers 15 heures , le S/Lieut. LAURAIN, voyant les fantassins et les artilleurs reculer et entendant tirer à la mitrailleuse sur la rive Nord de l'Aisne, part reconnaître un emplacement pour la S.E. Et envoie un side-car avec un sous-officier prévenir le Capitaine que l'ennemie est à POMMIERS et l'informer de l'emplacement de la S.E, le side-car revient sous les bombardements et rapporte l'ordre pour le ravitaillement des sections de combat à TERNY-SORNY.
La S.E, se déplace de POMMIERS dans les bois Sud de MERCIN, à peine installée elle subit un bombardement extrêmement violent de 77 et de mortiers et se trouve copieusement arrosée par les mitrailleuses ennemies. De 16 à 20 Heures, il est impossible de faire un mouvement.
À 22 Heures, le S/Lieutenant LAURAIN, envoie un camion pour ravitaillement à TERNY-SORNY et suivant les ordres reçus du Capitaine, emmène la S.E, dans les bois d'HARTENNES, arrivée le 7 vers 7 Heures.

Sections de combat : Dès l'arrivée à CLAMECY des reconnaissances sont faites par les sections de combat pour prendre une P.D au niveau de TERNY-SORNY  en vue d'une contre-attaque qui doit être lancée dans le courant de l'après midi direction Nord.
La Cie amorce son mouvement en direction de TERNY-SORNY quand, à 14 h, contre-ordre est donné : La Cie prend immédiatement ses dispositions pour arrêter  toute incursion d'engins blindés.
A 17h45, contre-ordre, la Cie se portera à CLAMECY  occuper des P.D  en vue d'une contre-attaque dont l'heure H, est 19h30.
Arrivée à CLAMECY à 19 heures.
A 19h15 nouveau contre-ordre, la contre-attaque prévue à plusieurs reprises est définitivement décommandée.
Le Capitaine envoie le Caporal VENITA à l'Est de TERNY-SORNY pour rechercher le camion à essence.
La Cie reçoit comme mission de protéger POMMIERS et VAUSRHEZIS. Elle fait mouvement jusqu'au BOIS ROGER où sera effectué le ravitaillement en essence.
Vers 21 Heures, le Capitaine BELTRAMELLI se dirige en side-car vers POMMIERS pour commander l'essence. Il ne sera plus revu. Il était suivi du S/Lieut, WECCHEIDER avec sa section renforcée de 2 chars de remplacement qui doivent rejoindre la S.E. pour réparation .
Vers 21H30 un char de remplacement revient seul : Équipage : Cal-chef BAZIN, chasseurs TREVILLY et LELIEVRE qui déclarent « on nous a tiré dessus à l'entrée de POMMIERS, nous étions le dernier char de la colonne et venons vous prévenir » .
Le Capitaine étant disparu, le commandement de la 1/42 est désormais assuré par le Lieut PICOT. Décision est prise de laisser une section à BOIS-ROGER  pour assurer la protection du village et de porter le reste de la Cie à POMMIERS.
Un char est retrouvé seul sur la route à 150 mètres de POMMIERS. Il est complétement fermé, son épiscope est brisé, il reste muet à tous appels ; son canon est dirigé vers POMMIERS.
Des ombres remuent dans les fossés au bord de la route, des ordres en allemand sont entendus.
De POMMIERS un feu nourri de mitrailleuses et d'anti-chars enveloppe la Cie. Tout les équipages reprennent place dans les appareils et font feu en direction de POMMIERS. Le char isolé sur la route retourne son canon et tire à bout portant sur les chars de la Cie. Un appareil est touché.
Il est 22 heures, la nuit est très sombre. Les chars gardent le carrefour POMMIERS-PASLY.
Le pont sur l'Aisne à BOIS-ROGER est déclaré par le Génie inutilisable par les chars.
Le carrefour POMMIERS-PASLY est gardé jusque 22h45, puis les chars font mouvement vers SOISSONS où à l'entrée du pont, le Lieut. PICOT rend compte de la situation au Col GAUTHIER, commandant l'I.D.7. celui-ci  donne l'ordre à la Cie d'assurer la protection du repli des éléments se trouvant au N.-O. de SOISSONS et de garder le carrefour POMMIERS-PASLY
Une section restera à SOISSONS pour assurer la protection du pont. Le S/Lieut. LERICHE reste auprès du Capitaine du Génie chargé de le faire sauter. Il obtiendra de celui-ci l'assurance que le pont ne sautera qu'après le passage des chars.

7 Juin 1940 : A 4 heures, le 7 juin, la mission est terminée au carrefour de PAULY. Les chars font mouvement jusqu'au carrefour Nord de SOISSONS où ils restent jusqu'à 4h25 et franchissent le pont derrière les derniers éléments du G.R.CA. A  4h30 le pont de SOISSONS saute.
A  4h35 les chars font mouvement de SOISSONS vers SERZY où ils arrivent vers 12 h.
Trois chars puis 4 sur les 10 restant sont remorqués en cours de route.
A  FIMES, le S/Lieut , LERICHE reçoit d'un Général et transmet au Lieutenant PICOT l'ordre de gagner la région de PAVEROLLES.
Liaison est reprise avec le 7ème C.A. qui fournit de l'essence et des vivres pour 2 jours.
A  17 heures à SERZY, visite du Capitaine GLIZE de l 'E.M. des chars de la VIème Armée à qui est remis le compte-rendu des événements survenus.
A 17h30 le Colonel  DU CROUCHET informe le Lieut. PICOT que la S.E.  stationne dans les bois d'HARTENNES  à 17 km au sud de SOISSONS.
A 18h30,  le Colonel DU CROUCHET affecte la 1/42 réduite à 6 chars à la 28ème D.I.
P.C. SAINT-MAAST,  Général  LESTIEN.
La 1/42 est mise à la disposition du 99ème R.I. dont le P.C est à BREUILLE. Les chars devront être dans les bois au Nord de BRAINE le 8 à 4 h.

8 Juin 1940 :  La S.E. arrive à SERZY à 4 h du matin. Le mouvement de la Cie est effectué pour 3 h du matin le 8. Liaison est prise avec le Colonel  LACAZE commandant le 99ème R.I.
A  10 heures, reconnaissance est faite en vue d'une attaque sur le plateau N.-E. de BRENELLE.   
A  11 heures, des positions de départ sont prises à la sortie des ravins N.-E. de BRENELLE.
A  12 heures 30, ordre est donné à la Cie de protéger le repli des éléments d'artillerie et d'infanterie de la division.
La liaison est conservée avec l'infanterie, à 14h30, l'ennemi est signalé au Nord de BRENELLE, la Cie prend immédiatement la formation de combat et se porte en avant pour retarder la progression de l'ennemi et permettre le décrochage des éléments amis.
Tous les chars disponibles à SERZY sont ramenés. De 14h30 à 19 h, la Cie travaille sur le plateau de BRUNELLE et subit les tirs les plus violents de l'artillerie allemande (et même parfois de ceux de l'artillerie française au cours de pointes poussées très en avant dans le dispositif ennemi).
Des tirs sont effectués par des chars sur des avions volant à très faible altitude. L'un d'eux est selon toute probabilité abattu dans les lignes ennemies et un second très certainement touché se trouve en difficulté et s'éloigne.
A 19 h l'ordre est donné au Colonel commandant le 99ème R.I. de se maintenir sur place jusqu'à 20h45 et de replier ensuite la Cie en direction de COURCELLES.
A 19h30 le Lieut PICOT apprend que l'ennemi progresse. Décision est prise de lancer en direction Nord de CHASSEMY, une attaque avec les 6 chars disponibles.
L'action des chars déclenche de violents tirs d'artillerie et d'armes automatiques ennemies. Plusieurs de ces dernières sont détruites.
Les chars, suppléés par l'infanterie, prolongent leur action sur le plateau jusqu'à 21h35, Ils se replient sur COURCELLES en flammes par l'itinéraire indiqué.
Arrivée à COURCELLES à 22h30. liaison est reprise à 23h30 avec le Colonel commandant le 99ème R.I qui répond au Lieutenant PICOT : "Les chars vous m'....., allez à LIMAY ou à RETHEL, c'est à choisir", il y a des témoins.
A 24 heures, un renseignement parvient à la Cie, le P.C de la 23ème D.I. est à BASLIEUX-les-FISMES.
La Cie manque de munitions, il reste très peu d'essence. Le mouvement est repris en direction de SERZY.      

10 Juin 1940 : Arrivée à ORBAES-L'ABBAYE à 3 heures. L'élément du P.E.B. 6 est sur les lieux.
Examen du matériel et établissement des plans de dépannage. A 12h30 ordre est donné de transporter toute la Cie à l'échelon lourd du P.E.B.6. La C.T. 79 fournit les porte-chars.  Le mouvement est décommandé, quatre chars sont reconnus aptes au combat et mis sous le commandement du Lieut. PICOT, à la disposition de la 20ème DI. dont le PC. est à ORBAES-L'ABBAYE. Les quatre autres chars sont embarqués sur porte-chars et transportés vers l'échelon lourd du PEB 6. A 16h30 violent bombardement du P.C. qui s'est fait repérer au moment de son installation.

11 juin 1940 : Vers 8 heures, le Lieut. PICOT Cdt la Cie reçoit du Colonel commandant les chars de l'armée, de ne conserver à ORBAES que les chars avec leurs équipages et d'envoyer l'échelon dans la région d'ESTENAY.
A 10 h la D.I. affecte les quatre chars au 2ème R.I. P.C. à MONCHEVRET à la disposition du Colonel Cdt l'I.D.
L'échelon sur roues se porte dans la région de CHATILLON-S/MORIN et l'échelon sur chenilles dans la région de VAUCHAMPS.
Arrivée de la Cie (4 chars) à MONTCHEVRET vers 12 h, à 17 h fumigènes sur toute la vallée.
A 19 heures, la Cie est mise à la disposition du 47ème R.I. P.C. à St-AGNAN qui ne peut utiliser les chars et les envoie dans les bois au Nord de VERDON. Un compte-rendu est adressé par le Lieut .PICOT à la 20ème D.I. Les quatre chars sont placés aux quatre angles de la ferme du Tremblay et toute la nuit assurent la garde des issues et la sécurité du Général.

12 Juin 1940 : A 10 h la Cie est remise à la disposition du 47ème R.I. lequel la passe à son 2ème Bataillon. Les chars gagnent les bois des Clapieds. Ils reçoivent pour mission de préparer des contre-attaques éventuelles sur le plateau N.-E. des CLAPIEDS en direction de MOTHODON.
Les reconnaissances sont faites dans le courant de la journée.
Le Lieut. CLERIVET du 36ème B.C.C. est affectée par le Colonel Cdt les chars de l'armée à la 1/42e et en prend le commandement à compter du 12 Juin.
Il prend liaison vers 12 heures avec le S/Lieut. LAURAIN Chef de la S.E. et arrive vers 18 heures au P.C. de la D.I. où le Général le met au courant de la situation sur le P.C. du 47ème R.I. Liaison est prise avec le Colonel Cdt le R.I. et avec le Lieut. PICOT.
À 20h30 ordre est donné par le Colonel Cdt le 47e R.I. de porter les chars à LE BORDET pour assurer la protection de l'artillerie et du nouveau P.C. du R.I.
Le mouvement commencé à 21h30 est terminé à 23 heures.

13 Juin 1940 : A 3h30 ordre est donné par le Général Cdt la D.I de porter les chars à ORBAES-L'ABBAYE où ils seront mis à la disposition du Colonel Cdt le 2ème R.I. dont le régiment renforcé par un bataillon du 115ème R.I. et des organes anti-chars est chargé d'assurer la défense.
Le Lieut. PICOT exécute le mouvement pendant que le Lieut. CLERIVET Cdt la Cie prend liaison avec le Commandant LAPONITE à ORBAES-L'ABBAYE et s'entend avec cet officier au sujet de la place des chars dans le dispositif et de leur rôle dans la défense du point d'appui.
Le Lieut. Cdt la Cie rejoint le P.C. de la D.I. à la ferme de PIGNY au Nord de MONTMORT (ordre du Général).
Le Lieut. PICOT reçoit reçoit du chef de Bataillon LAPONITE l'ordre de protéger ORBAES-L'ABBAYE pendant la mise en place des unités d'infanterie et d'anti-chars.
2 chars sont placés à la sortie Ouest d'ORBAES face à la direction de MONTMIRAIL.
2 autres à la sortie N.-O. face à la direction de BREUIL.
A 10 heures le Lieut. PICOT est informé qu'une colonne motorisée ennemie se dirigeant sur BREUIL est aux prises avec un canon de 25 placé à la sortie S.-O. du village.
Décision est prise par le Lieut. PICOT de pousser ses quatre chars en direction de BREUIL.
La colonne allemande est rencontrée et attaquée au delà du village.

Résultats de l'opération :
22 véhicules détruits au canon et incendiés.
10 soldats ennemis tués.
6 canons anti-chars détruits.
1 side-car mis hors d'usage et un autre pris par les chars et ramené en bon état.
100 caisses de munitions abandonnées sur place par l'artillerie sont également détruites.
À 17h30 Le Lieut. PICOT ramène ses chars à ORBAES-L'ABBAYE où ils reprennent leur place à la sortie N.-O. du village.
Le corps du sergent PRISON du 47ème R.I. tué à l'ennemi est ramené par le détachement à ORBAES-L'ABBAYE.
Les chars restent à la disposition du chef de bataillon LAPONITE et assurent la protection du repli du 47ème R.I., du 115ème R.I et de quelques unités du 2ème R.I.
Ils quittent le village les derniers et assurent, en liaison avec le 31ème G.R.C.A , la protection des arrières de la D.I  jusqu'à CHAMPAUBERT où ils reçoivent l'ordre de se porter sur OYES.
Le 13 à 11 heures le Lieutenant CLERIVET est autorisé par la D.I. à quitter le P.C. pour prendre liaison avec l'échelon de la Cie et lui fixer un itinéraire de repli et des points de destination.
Le Cdt de Cie cherche en vain l'échelon sur chenilles dans la région de VAUCHAMPS. Le S/Lieut LAURAIN, sentant le danger avait, de sa propre initiative, regroupé la section d'échelon et amorcé un mouvement de repli  à travers la forêt de DRACONNE, en direction de FONTAINE DENIS. Il est rejoint dans la forêt et approuvé par le Cdt de Cie qui lui fixe pour la soirée, au cas où l'avance ennemie se précipiterait un itinéraire de repli et un point de destination : ORVILLERS, au sud-est de ROMILLY.
À 14 heures, le Lieut. commandant la Cie prend liaison avec le P.C du 7ème C.A à GAYE, 5km au sud-est de SEZANNE à qui il demande des renseignements au sujet de l'emplacement du P.C de la 20ème D.I. Ces renseignements, demandés au Commandant POURCHET (ou PORCHET) du 3ème Bureau, sont attendus pendant près de 2 heures. La 20ème D.I appelée à plusieurs reprises au téléphone et par radio ne répond pas. Peu de temps après le dernier appel par radio, le 7ème C.A est avisé que l'ennemi a atteint SEZANNE et que le P.C doit se replier.
La liaison est dès lors coupée entre le Lieut PICOT laissé le matin à ORBAES-L'ABBAYE et le Cdt de Cie qui ne reçoit aucun ordre du 7ème C.A, et prend la décision de replier en direction du Sud les restes de la Cie désormais inapte au combat.
Le mouvement s'effectue à partir de 18 heures, la Cie arrive à ORVILLERS vers 20 heures.
4 tracteurs de ravitaillement, un tracteur SOMUA et un side-car ne rejoignent pas, pris probablement sous le bombardement de ROMILLY.
À 22 heures, sur la recommandation du chef de bataillon cdt le 23ème B.C.C, la Cie se déplace à nouveau vers le S.-O.,  pour rentrer dans la zone de la VIème Armée et arrive dans la nuit à LA RAMEE, au S.-O., de la forêt d'OTHE à environ 15 km N.-E. de JOIGNY.

14 juin 1940 :
A) Détachement du Lieut. Cdt la Cie : par l'intermédiaire d'un Capitaine du Train, le Lieut. CLERIVET reprend contact avec la VIème armée, dont le Q.G, est à AILLAUT, puis avec le Commandement des chars de l'Armée qui rattache la Cie au 36ème B.C.C, et lui donne l'ordre de la rejoindre immédiatement à BLENIAU.
Arrivée à BLENIAU vers 22 heures, le 36ème B.C.C, est parti, il ne sera rejoint que le lendemain 13 Juin vers midi à PIERREFITTE/S/SAULDRE.
La I/42 rattachée au 36ème B.C.C, le suivra désormais dans tous ses déplacements et atteindra CASTELJALOUX le 22 Juin après avoir cantonné :
le 17 Juin à POMMIERS
le 18 Juin à MONTROLLET
le 19 Juin à SAINT-CHRISTOPHE
le 20 Juin à LES VITARELLES (à coté de GOURDON)
le 22 Juin à CASTELJALOUX, elle est rejointe par le détachement PICOT.

B) Détachement du Lieut. PICOT : arrivé à OYES, vers 23h30 (le 13), le détachement du Lieut. PICOT, y cantonne avec des éléments du 2ème R.I. et du 31ème G.R.C.A.
La liaison est reprise à VILLEVENARD avec le Colonel commandant le 2ème R.I.
Des recherches sans résultats sont effectuées à BANNES par le Lieut. PICOT pour retrouver le P.C. de la 20ème D.I.
A 10 heures, ordre est donné par le Colonel commandant le 2ème R.I. de porter les chars à la sortie Nord du Bois des Allemands, à 800 m au sud du château DE MONDEMENT.
Le Lieut. PICOT reste en liaison avec le Lieut. DUPUIS officier de renseignements du 2ème R.I.
Des éléments du 2ème R.I. partis en direction de BROYES refluent vers le Nord puis font mouvement sur ALLEMANT où ils sont encerclés.
Vers 14 Heures, le Lieut. PICOT prend contact avec l'officier de renseignements du 2ème R.I, qui a pris le commandement d'éléments épars de ce régiment et fournit au Lieut. PICOT toute l'essence dont il dispose pour faire une percée en direction de FAUX, FRESNAY puis de COURCEMAIN.
La percée réalisée, le Lieut. PICOT reprend liaison vers 20 Heures  à BESSY, avec le Colonel Cdt le 2ème R.I, qui lui donne l'ordre de se diriger vers le Sud-Est le plus rapidement possible, en évitant ROMILLY.

15 Juin 1940 : les quatre chars sous le commandement du Lieut. PICOT franchissent l'Aube à VIAPRES-le-PETIT, la Seine à PONT-st-JULIEN, S.-E. de TROYES, et font route en direction de TONNERRE. L'essence nécessaire est récupérée dans les véhicules abandonnés au bord de la route puis les pleins sont complétés avec de l'essence d'aviation à l'entrée de la forêt d'AUTMONT, une camionnette 402 PEUGEOT est également récupérée et sert au transport du personnel qui n'entre pas dans la composition des équipages des chars.
Arrivée à 4 heures de TONNERRE, le détachement PICOT est détourné vers le S.-E. tandis que l'infanterie qui se replie continue en direction de la ville. Vers 18 heures, une partie de cette infanterie rejoint les chars et signale au Lieut. PICOT que les allemands sont à TONNERRE avec des engins blindés. Décision est prise par le Lieut. PICOT de pousser avec les quatre chars dans TONNERRE.
Bilan de l'opération : 1 auto-mitrailleuse - 1 canon anti-chars et un barrage de mines détruits. Le Lieut. PICOT assure ensuite avec ses quatre chars, jusqu'à 21h35 la protection du repli d'éléments de toutes armes. Le char du Lieut. HEYMES, atteint au barbotin droit, par un obus anti-chars, devient inutilisable et sera abandonné au Nord d'ANOY-le-FRANC après avoir été mis hors d'usage (canon détruit, munitions, mitrailleuse, magnéto et carburant ôtés du char et toutes connections coupées).

16 juin 1940 : le détachement PICOT réduit à 3 chars, 1 side, 1 touriste et une camionnette, fait route vers DIJON, en passant par MONBART, il rencontre des éléments du 3ème B.C.C, qui le ravitaillent en essence. Arrivée à VITEAU vers 9 heures. Détachement dirigé sur CHALON-sur-SAONE par le Maire qui a reçu des instructions de l'autorité militaire.
À 15 heures, arrivée à ARNAY-le-DUC. Liaison est prise avec le Colonel commandant le 311ème Régiment d'Artillerie qui organise la défense de la ville encerclée par des blindés ennemis.
Les 3 chars sont immédiatement  engagés. Le Lieut. HEYMES prend le char d'un sous-officier.
Le S/Lieut. LERICHE part seul en direction de SEAULIEU, fait usage de ses armes, essuie le feu de l'Artillerie antichar et des armes automatiques très nombreuses et est bientôt réduit au silence.
Les 2 autres chars (Lieut. HEYMES et sergent KOBLER) envoyés sur le chemin en direction N.-O. arrivent sur un plateau où ils tombent en panne l'un après l'autre.
Ils sont réparés, sous le feu, par l'équipage de dépannage (les allemands sont à moins de 20 mètres) sous la protection du reste du détachement qui fait usage d'armes individuelles d'infanterie récupérées par le Sergent LABOUNOUX. Le chasseur DELAUME, conducteur de la voiture de liaison abat d'un coup de mousqueton à bout portant, un ennemi qui le sommait de se rendre.

Le char du Lieut.HEYMES, réparé le premier part à la recherche du S/Lieut. LERICHE.
Il est arrêté sur une crête par de nombreux anti-chars et un barrage de mines.
Il rencontre un camion ennemi, muni de la croix rouge et d'un drapeau. Une dizaine d'hommes en descendent armés de mitrailleuses et font feu sur lui.
Le camion est détruit par le Lieut. HEYMES, plusieurs allemands sont tués ou blessés.
Malgré les recherches, le char du S/Lieut. LERICHE reste introuvable.
Le Lieut. HEYMES revient à ARNAY-LE-DUC où il rejoint le sergent KOBLER. Les 2 chars remontent sur la crête où ils sont accueillis par un très violent feu d'armes anti-chars et de mitrailleuses et poussent néanmoins une pointe profonde dans le dispositif ennemi. Le S/Lieut.LERICHE n'est pas retrouvé.
Le Sergent KOBLER est blessé à l'épaule par un anti-char qui a traversé la tourelle. Son char est ramené à l'arrière par son mécanicien. Les deux chars se retrouvent à nouveau à ARNAY-LE-DUC.
Le Lieut. PICOT craignant une méprise se rend auprès du Capitaine Cdt, la pièce pour lui signaler l'arrivée de ses chars.
Cette pièce est immédiatement soumise au feu très intense de l'ennemi et neutralisée. Le Capitaine est très gravement blessé (aux cotés du Lieut. PICOT) et les servants sont mis hors de combat.
Vers 18H40 le Cdt, du 511ème R.A. donne au Lieut. PICOT l'ordre d'assurer la protection du repli des éléments qui se trouvent encore dans ARNAY-LE-DUC, puis de se replier sur BEAUNE et CHALON/S/SAONE. La mission est remplie, les deux chars (Lt HEYMES et sergent KOBLER qui a enfin consenti à se faire soigner) restent sur place jusqu'à 20H30, protégés par le reste du personnel à pied faisant le coup de feu. Les fusées lancées par l'infanterie ennemie dans toutes les directions donnent au détachement qu'il est totalement encerclé. Néanmoins un passage est trouvé. Les deux chars perforés de toutes parts, manquant de munitions, mécaniquement hors d'usage et presque à bout d'essence, sont menés dans un bois voisin et incendiés par leurs équipages avec tout le matériel restant, y compris le side-car allemand récupéré à Breuil, les documents de la Cie détenus par le Lieut. PICOT ainsi que ceux pris à l'ennemi.
La voiture de liaison, incendiée par le tir de l'ennemi doit aussi être abandonnée.
C'est grâce à la camionnette PEUGEOT récupérée que le détachement peut reprendre la route en direction de CLUNY.

17, 18, 19 et 20 juin 1940 : désormais inapte au combat, le détachement PICOT se déplace à la recherche d'une formation de chars à laquelle il pense se raccrocher.
Il passe  à CLUNY le 17, à THIERS le 18, à MONTAIGNAC St-HYPOLITE le 19, à TERRASSON le 20. 

21 au 26 juin 1940 : Le détachement PICOT se trouve à CONDAT-le-LARDIN, Le P.E.B. 6 le prend en subsistance jusqu'au 26 inclus.
Le 26 juin il rejoint avec son personnel la 1/42 cantonnée à la ferme des Randrognes à 1 km de CASTELJALOUX.

27 juin au 1er juillet 1940 : La Cie regroupée cantonne à SEMEZIES - CACHAN (15 km N.-O. de LOMBEZ).

2 juillet 1940 : Sur l'ordre du Colonel Cdt le Centre de Regroupement des chars, la 1/42 doit quitter le 36e BCC et se trouve désormais rattachée au 42e BCC stationné à LABARTHE (6 km de MURET).

5 juillet 1940 : Par Ordre du Chef de Bataillon Commandant le 42e BCC, la 1/42 cesse d'exister à compter du 5 et se trouve fondue avec d'autres éléments du 42e BCC sous le Commandement du Cne de la Hitte.