Char du groupement AS n° III, engagé et détruit le 11 juin 1918 au Sud/Ouest de Belloy.
Chef de char : Maréchal des Logis Pierre Chrissement, tué. Equipage : Brigadier David, tué, Canonnier Martinet (mécanicien), Canonnier Soulier (mitrailleur), Canonnier Merle (mitrailleur) mortellement blessé.
Rapport du Canonnier Martinet (mécanicien du char) Char 61248 Chef de char Maréchal des Logis Chrissement. Notre char a suivi constamment le char du Lt Orens qui était notre chef de section. Nous étions à sa droite et à environ 50 mètres, au moment où notre char a été touché. Ordre reçu : Je suis allé au char au Lt Orens demander ce qu'il nous fallait faire. Les chars de la deuxième Batterie se repliaient, il m'a dit de rester à sa droite et de faire le même mouvement que lui. De retour à mon char, nous cherchions une mitrailleuse qui était à notre droite et nous tirait dessus. A ce moment, la chenille de droite a été coupée, nos fantassins d'accompagnement nous ont crié d'arrêter, je suis sorti, la chenille était complétement déroulée et le moteur a calé. Les fantassins se sont repliés. Je me suis couché à gauche du char et à sa hauteur. Je suis revenu au char comme un deuxième obus venait de rentrer au-dessus du canon. J'ai vu le mitrailleur Soulier qui saute du char en me disant qu'il était blessé. Je l'ai amené à une trentaine de mètres du char et fait quitter sa veste et nous nous sommes aperçus qu'il n'avait rien. Nous avons trouvé à ce moment le Lt du Halgouët qui nous a dit que le Lt Orens n'avait plus d'équipage et de retourner voir notre char. Nous revenons et nous trouvons le mitrailleur Merle étendu le long de la chenille. Nous lui avons demandé ce qu'il avait, il était blessé à la cuisse gauche et avait ligaturé sa jambe avec son mouchoir. Je lui ai dit que j'allais le mettre dans un trou d'obus qui était à quelques mètres du char, il s'est retourné sur le dos et je l'ai pris par l'épaule et aidé à se trainer environ deux mètres. Il m'a dit de le laisser qu'il souffrait trop et que je me ferais tuer (la mitrailleuse nous tirait dessus). Je l'ai laissé n'étant pas assez fort pour le porter. Je suis revenu au char et ai trouvé Soulier qui en redescendait. Je suis monté et ai vu le Brigadier David, le dos contre le contre-poids de la mitrailleuse de gauche et la tête pendante sur la poitrine, et le MdL Chrissement était tombé sur le canon, tout deux étaient morts. Je suis redescendu et ai trouvé Soulier un peu plus loin et nous avons passé dans un boyau où nous avons trouvé le Lt Orens qui se repliait avec son équipage, et nous lui avons rendu compte de ce qui nous était arrivé. Il nous a dit de le suivre et nous avons été dans un chemin creux. Il nous a dit de ne pas retourner à notre char, qu'il était repéré et de l'attendre, qu'il allait voir. Nous l'avons attendu environ une demi-heure et ne le voyant pas revenir, nous sommes partis avec son équipage et quelques hommes de la deuxième Batterie."
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